Nuage de sable du Sahara : une pollution radioactive qui revient comme un boomerang ; mis à jour au 17.03.2022

Mise à jour le 22 mars 2022 :

L’ACRO a effectué une nouvelle mesure suite à un épisode survenu en mars 2022 en France et les niveaux détectés sont comparables. Lire le communiqué.

Communiqué du 24 février 2021 :

Alors que les vents chargés de poussières en provenance du Sahara, survolent à nouveau l’Europe cette semaine, des analyses réalisées par l’ACRO montrent que celles-ci contiennent des résidus de pollution radioactive datant des essais de la bombe atomique pratiqués par la France dans les années 60.

Une pollution radioactive qui revient comme un boomerang

Entre 1945 et 1980, les Etats-Unis, l’Union soviétique, le Royaume-Uni, la France et la Chine ont réalisé 520 essais nucléaires atmosphériques atteignant des niveaux stratosphériques et dispersant de grandes quantités de produits radioactifs à la surface du globe, principalement dans l’hémisphère nord. Au tout début des années 60, la France a procédé à des essais nucléaires atmosphériques dans le Sahara algérien (Reggane) exposant aux radiations ses propres soldats mais aussi les populations sédentaires et nomades de la région. Depuis ce premier essai au Sahara en 1960 jusqu’à l’ultime expérimentation de 1996 en Polynésie française, la France aura procédé à 210 tirs nucléaires.

Pourquoi parler aujourd’hui – 60 ans plus tard – de ces essais nucléaires du Sahara ?
Le 6 février dernier, une large partie de la France a été l’objet d’un phénomène météorologique apportant des vents chargés de sable et de fines particules en provenance du Sahara.
Pour illustration, dans le massif du Jura, le ciel est demeuré orange toute la journée et ces particules atmosphériques se sont déposées au sol. La neige bien blanche le matin est devenue orange à son tour.

Photos prises le 6 février 2021 dans le massif du Jura © ACRO

Photos prises le 6 février 2021 dans le massif du Jura © ACRO

 

 

 

 

 

 

 

Toutes les surfaces étaient, le soir, recouvertes d’une fine couche de ces particules. L’ACRO a alors fait un prélèvement sur toute la surface d’une voiture à l’aide de multiples frottis.

Photo des dépôts de fines particules de sable © ACRO

Ces frottis ont été transférés au laboratoire de l’ACRO pour une analyse de radioactivité artificielle par spectrométrie gamma (sur un détecteur GeHP).

Le résultat de l’analyse est sans appel. Du césium-137 est clairement identifié.
Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire.

Considérant des dépôts homogènes sur une large zone, sur la base de ce résultat d’analyse, l’ACRO estime qu’il est retombé 80 000 Bq au km2 de césium-137.

L’épisode du 6 février constitue une pollution certes très faible mais qui s’ajoutera aux dépôts précédents (essais nucléaires des années 60 et Tchernobyl).
Cette pollution radioactive – encore observable à de longues distances 60 ans après les tirs nucléaires – nous rappelle cette situation de contamination radioactive pérenne dans le Sahara dont la France porte la responsabilité.

Photo du spectre de résultat de l’analyse des poussières en provenance du Sahara par spectrométrie gamma Haute résolution (GeHP). L’analyse radiologique permet d’identifier la présence de césium-137 (Cs-137) matérialisée ici par son pic caractéristique (en rouge) © ACRO.

Version du communiqué en PDF

acronique du nucléaire #131, décembre 2020

  •  Edito
  • Surveillance de la Loire par l’ACRO (suite)
  • Surveillance de l’ACRO du plateau de la Hague
  • L’ACRO démissionne du Comité d’Orientation des recherches (COR) de l’IRSN
  • Centrale de Flamanville : état des lieux des réacteurs
  • revue de presse

 

Surveillance citoyenne de la radioactivité dans l’environnement autour des installations nucléaires de la Loire et de la Vienne

L’ACRO et le collectif de préleveurs Loire Vienne à Zéro nucléaire (LVZn) publient ce jour un nouveau bilan de leur surveillance citoyenne du tritium dans l’eau du bassin de la Loire et de la Vienne à retrouver sur le site de l’ACRO (acro.eu.org). Cet élément radioactif, rejeté par intermittence par les cinq centrales nucléaires situées sur ces cours d’eau, se retrouve dans les écosystèmes et l’eau de consommation.

Cette surveillance citoyenne fait apparaître deux points saillants :

• En aval de la centrale nucléaire de Dampierre, la concentration en tritium dans la Loire a dépassé la limite de qualité pour les eaux de consommation fixée à 100 Bq/L. Les résultats de la surveillance d’EDF font état de valeurs proches, alors que l’autorisation de rejet limite à 80 Bq/L en moyenne la concentration en tritium dans l’eau du fleuve.

• A Saumur, en aval de toutes les installations nucléaires situées sur la Loire et la Vienne, on retrouve presque systématiquement du tritium dans l’eau du fleuve et dans l’eau du robinet. La valeur la plus élevée détectée à ce jour reste celle du 21 janvier 2019, avec 310 Bq/L dans la Loire, qui a déjà été rendue publique en juin 2019. L’ASN a exclu un incident à la centrale de Chinon ayant entraîné un rejet anormal ce jour-là. Après avoir exclu l’existence d’une autre source de contamination, l’IRSN a, dans une note datée du 17 octobre 2019, mis en cause la « méthodologie du prélèvement » qui n’aurait pas été effectué dans la « zone de bon mélange ».

Les investigations supplémentaires que nous avons effectuées montrent qu’il n’y a pas de « bon mélange » à Saumur, contrairement à ce qui est admis. La contamination en tritium sur la rive gauche est encore influencée par les eaux de la Vienne et celle en rive droite, par les eaux de la Loire.

Le 21 janvier 2019, EDF n’a relevé que 32,8 Bq/L au niveau de son hydro-collecteur, situé en amont de la confluence avec la Vienne, soit environ 10 fois moins que nous. Il est donc fort probable qu’il n’y avait non plus de « bon mélange » dans l’eau de la Loire et que l’hydro-collecteur ne permet donc pas de suivre correctement les rejets de la centrale de Chinon.

Ainsi, ce ne sont donc pas les prélèvements qui doivent être remis en cause, mais la modélisation effectuée par l’IRSN et la surveillance effectuée par EDF.

Dans un rapport pas encore publié sur son site Internet, mais transmis à la CLI de Chinon le 1er octobre 2020 (ce rapport est désormais public : lien direct, copie), l’IRSN corrobore nos observations : « L’homogénéisation des concentrations en Loire des rejets liquides du CNPE de Chinon n’est pas atteinte en toutes circonstances au niveau de sa station de surveillance aval. En conséquence, il est fortement pressenti que la mesure du 21 janvier 2019 traduise la persistance jusqu’à Saumur de concentrations de tritium hétérogènes consécutives aux rejets liquides du CNPE de Chinon ». Ce n’est donc pas notre « méthodologie de prélèvement » qui est en cause ! De plus, selon ce rapport, entre mai 2018 et mai 2019, l’hydro-collecteur en question, qui sert à EDF et à l’IRSN, n’a détecté les rejets de Chinon que de la « fin juillet 2018 à début novembre 2018 ». Le reste du temps, les « mesures effectuées à cette station sont essentiellement représentatives des contributions des CNPE amont ». Ce dysfonctionnement n’aurait pas été découvert sans la surveillance citoyenne effectuée par l’ACRO et le collectif de préleveurs !

Communiqué au format pdf

Tous les résultats de la surveillance citoyenne de la radioactivité dans le bassin de la Loire sont dans notre rapport :

 

Soutenez l’observatoire citoyen de l’ACRO grâce au moteur de recherche LILO

Lancé en 2015 par 2 français, Lilo est un moteur de recherche solidaire, qui redistribue la moitié de ses revenus à des projets sociaux et environnementaux et respecte votre vie privée. L’Observatoire Citoyen de l’ACRO peut être financé grâce Lilo.

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Engagement étudiant : rejoignez l’ACRO !

Mis en avant

Etudiants, participez à la surveillance citoyenne de la radioactivité dans l’environnement mise en place par l’ACRO. Vous pourrez mettre à profit vos compétences en biologie, environnement, physique ou informatique (gestion de bases de données, SIG…) dans un cadre convivial !

L’ACRO a créé l’Observatoire Citoyen de la radioactivité dans l’environnement, un réseau de surveillance basé sur la vigilance des citoyens, riverains ou non d’installations nucléaires. Les deux principaux volets sont le suivi des niveaux de radioactivité le long du littoral normand et le suivi du tritium dans les eaux douces et les eaux de consommation. Dans les deux cas, il s’agit d’évaluer les répercussions des rejets d’effluents radioactifs des installations nucléaires dans l’environnement.

Vous pouvez participer à l’ensemble des opérations, des prélèvements dans l’environnement jusqu’à la valorisation des résultats, en passant par toutes les étapes de traitement et d’analyse des échantillons au sein du laboratoire de l’ACRO. L’équipe sera présente pour assurer un encadrement technique et scientifique qui vous permettra d’acquérir, ou de perfectionner différents savoirs et savoir-faire, certains étant propre à notre domaine d’activités (analyses par spectrométrie gamma et scintillation liquide), d’autres étant plus universels (préparation d’échantillons, gestion de bases de données, SIG, sites internet…).

Par votre implication au sein de l’Observatoire Citoyen vous acquerrez de nouvelles compétences qui vous seront profitables.

Si vous êtes intéressés, contactez-nous au plus vite !

L’héritage de Tchernobyl et la voie navigable transeuropéenne E40 – Chernobyl heritage and the E40 trans-Europe waterway – Наследие Чернобыля и трансъевропейский водный путь Е40

English belowРусская версия ниже

Le projet de voie navigable internationale E40 vise à relier la mer Baltique et la mer Noire, de Gdansk à Kherson, en passant par la Pologne, la Biélorussie et l’Ukraine. Elle doit notamment traverser la Polésie, qui est la plus grande région sauvage d’Europe, où elle est susceptible de poser un risque élevé de dégradation des étendues naturelles dans le parc national Pripiatsky (Прыпяцкі нацыянальны парк). En outre, une partie du projet comprend l’aménagement de la rivière Pripiat qui coule au pied de la centrale nucléaire de Tchernobyl et traverse la réserve radio-écologique d’État de Polésie (Палескі дзяржаўны радыяцыйна-экалагічны запаведнік) dans la zone d’exclusion de Tchernobyl qui est fortement contaminée par divers radioéléments.

C’est dans ce contexte que l’ACRO a effectué une première étude radio-écologique du projet pour le compte de la société zoologique de Francfort et le collectif « Save Polesia ».

Conclusions

Tchernobyl est l’accident industriel le plus grave de l’histoire. Plus de 30 ans plus tard, la contamination radioactive résiduelle est telle qu’elle interdit de vivre dans une zone d’exclusion étendue. Aujourd’hui, la contamination est dominée par le césium-137, le strontium-90 et divers isotopes du plutonium hautement toxique. L’américium-241, le noyau fils du plutonium-241, est également très toxique et sa contribution croissante devrait dominer l’impact radiologique à l’avenir. La stratégie générale consiste à attendre la lente décroissance radioactive et la réhabilitation de la zone d’exclusion de Tchernobyl demeure impossible pendant des décennies. Le démantèlement du bassin de refroidissement de Tchernobyl – le point chaud le plus radioactif – est la seule exception. Il existe également environ 90 sites de stockage de déchets radioactifs dans la zone d’exclusion de Tchernobyl qui doivent encore être démantelés.
Au-delà de la zone d’exclusion, la vie quotidienne de millions de personnes est toujours affectée par la contamination résiduelle. L’ensemble du bassin versant Pripiat-Dniepr a été contaminé par les retombées et les transferts directs dans la rivière. En aval de la zone d’exclusion de Tchernobyl, environ 8 millions d’Ukrainiens boivent l’eau du Dniepr, et jusqu’à 20 millions mangent des aliments irrigués avec cette eau. Les principaux contaminants sont le césium-137 qui tend à se fixer dans les sédiments de fond et le strontium-90 qui est continuellement transporté vers la mer Noire par la cascade du Dniepr. Les sédiments contaminés par le césium-137 ont été lentement recouverts par des sédiments moins contaminés et plus propres au fond du réservoir de Kiev, offrant un bouclier naturel à ce polluant. L’AIEA recommande, comme stratégie globale, de laisser ces sédiments en place et d’éviter tous processus qui conduiraient à leur remise en suspension. Pour le strontium-90, rien ne peut être fait.
En amont de la zone d’exclusion de Tchernobyl, il existe des zones le long de la rivière Pripiat qui ont été contaminées par les retombées radioactives au moment de l’accident. Le césium-137 est le contaminant dominant. La stratégie globale consiste également à attendre sa lente désintégration radioactive.
La CIPR considère ces situations comme des situations existantes pour lesquelles elle recommande un processus d’optimisation visant à retrouver les niveaux d’exposition prévalant avant l’accident. Les mesures de protection consistent principalement à adapter la vie quotidienne des habitants des territoires contaminés, car les modes de vie individuels sont des facteurs influents de l’exposition. Cela suppose que les personnes touchées soient pleinement conscientes de la situation et bien informées.
La convention d’Aarhus exige également que les États veillent à ce que les informations environnementales soient disponibles dans des bases de données électroniques facilement accessibles au public. Actuellement, ce n’est pas le cas. Il est très difficile d’accéder aux données sur la contamination radioactive afin d’évaluer les doses d’exposition.
Dans un tel contexte, la voie navigable intérieure E40 projetée, qui devrait passer à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl et traverser la zone d’exclusion de Tchernobyl, aura nécessairement un impact radiologique sur les travailleurs de la construction et de la maintenance, ainsi que sur la population en aval qui dépend de l’eau des rivières Pripiat et Dniepr. Bien que ce projet nécessite de grands travaux tels que la construction d’un barrage et l’alignement du cours de la rivière dans la partie la plus contaminée de son cours, aucune étude d’impact radiologique n’est disponible.
Les principes de la CIPR en matière de radioprotection et les conventions d’Aarhus et d’Espoo exigent des études environnementales et radiologiques, une justification du projet et la participation des parties prenantes et du grand public au processus de décision.
La présente étude montre que les travaux de construction pour la partie de la voie navigable E40 qui traverse la zone d’exclusion de Tchernobyl et passe à proximité de la centrale nucléaire ne sont pas réalisables. L’exposition estimée des travailleurs serait trop élevée pour être acceptée. En outre, le bassin de refroidissement de Tchernobyl, fortement contaminé, et les stockages temporaires de déchets radioactifs dans la plaine d’inondation de la rivière Pripiat n’ont pas encore été démantelés, ce qui empêche tout travail de construction. L’AIEA recommande également une liste d’autres mesures de protection qui restent à mettre en œuvre.
La partie de la voie navigable E40 qui se trouve en amont de la zone d’exclusion de Tchernobyl serait alors inutile, car sans connexion avec le Dniepr. Cela signifie également que les travaux d’aménagement qui consistent en la construction de plusieurs barrages et l’alignement des méandres de la rivière Pripiat pour accepter les navires de classe V ne sont pas justifiés.
Enfin, la portion de la route E40 allant de la mer Noire au réservoir de Kiev nécessite principalement des travaux de dragage réguliers. L’étude de faisabilité mentionne 68 000 m3 de travaux de dragage par an dans le réservoir de Kiev, qui stocke du césium-137 dans ses sédiments de fond. Une telle activité est contraire aux recommandations de l’AIEA de laisser les sédiments en place car elle augmentera la dose des personnes qui dépendent de l’eau du réservoir de Kiev pour leur approvisionnement en eau et en nourriture.


Chernobyl heritage and the E40 trans-Europe waterway

The E40 international waterway project aims to link the Baltic and Black Seas, from Gdansk to Kherson, via Poland, Belarus and Ukraine. In particular, it should cross the Polesia, the largest wilderness area in Europe, where it is likely to pose a high risk of degradation of natural areas in the Pripiatsky National Park (Прыпяцкі нацыянальны парк). In addition, part of the project includes the development of the Pripiat River, which flows at the foot of the Chernobyl nuclear power plant and crosses the Polesie State Radio-Ecological Reserve (Палескі дзяржаўны дзяржаўны радыяцыйна-экалагічны запаведнік) in the Chernobyl Exclusion Zone, which is heavily contaminated by various radioelements.

It is in this context that ACRO carried out a first radio-ecological assessment of the project on commission of the Frankfurt Zoological Society and the “Save Polesia” partnership.

Conclusions

Chernobyl is the most severe industrial accident in history. More than 30 years later, residual radioactive contamination is such that it forbids living in an extended exclusion zone. Nowadays, the contamination is dominated by cesium-137, strontium-90 and various isotopes of the highly toxic plutonium. Americium-241, the daughter nucleus of plutonium-241, is also highly toxic and has an increasing contribution that is expected to dominate the radiological impact in the future. The general strategy is to wait for the slow radioactive decay and rehabilitation of the Chernobyl exclusion zone remains impossible for decades. Decommissioning of the Chernobyl cooling pond – the most radioactive hot spot – is the only exception. There are also about 90 radioactive waste storage sites in the Chernobyl exclusion zone that remain to be decommissioned.
Beyond the exclusion zone, the daily life of millions of people is still affected by the residual contamination. The whole Pripyat-Dnieper watershed was contaminated by the fallouts and direct transfers to the river. Downstream of the Chernobyl exclusion zone, approximately 8 million Ukrainians drink water from the Dnieper River, and as many as 20 million eat foods irrigated with Dnieper River water. Dominating contaminants are the cesium-137 that tends to be fixed in bottom sediments and the strontium-90 that is continuously transported down to the Black Sea through the Dnieper cascade. Sediments contaminated by cesium-137 have been slowly covered by less contaminated and clean sediments in the bottom of the Kyiv reservoir, offering a natural shield to this pollutant. The IAEA recommends, as an overall strategy, to leave these sediments as is and avoid processes that will lead to their resuspension. For strontium-90 nothing can be done.
Upstream of the Chernobyl exclusion zone, there are zones along the Pripyat river that were contaminated by the radioactive fallouts at the time of the accident. Cesium-137 is the dominating contaminant. The overall strategy there is also to wait for the slow radioactive decay.
The ICRP considers these situations as existing situations for which it recommends an optimisation process intended to recover the exposure levels prevailing before the accident. Protection measures mainly consist in adapting the daily life of the inhabitants of the contaminated territories because individual lifestyles are key drivers of the exposure. This supposes that affected individuals are fully aware of the situation and well informed.
The Aarhus convention also requires that States ensure that environmental information is available in electronic databases which are easily accessible to the public. Presently, this is not the case. It is very difficult to access to data about the radioactive contamination in order to assess the exposure doses.
In such a context, the projected E40 inland waterway, which is supposed to pass nearby the Chernobyl nuclear power plant and go through the Chernobyl Exclusion Zone, will necessarily have a radiological impact on both construction and maintenance workers, as well as on the population depending on the water of the Pripyat and Dnieper rivers. Although this project requires heavy works such as dam construction and alignment of the river course in the most contaminated part of its route, no radiological impact study is available.
ICRP principles for radiation protection, Aarhus and Espoo conventions require environmental and radiological studies, a justification of the project and the participation of the stakeholders and the general public in the decision process.
The present study shows that the construction works for the part of the E40 waterway route that crosses the Chernobyl exclusion zone and passes nearby the Chernobyl nuclear power plant are not feasible. The forecasted exposure of the workers would be too high to be accepted. Moreover, the heavily contaminated Chernobyl cooling pond and temporary radioactive waste storages in the floodplain of the Pripyat River have not been decommissioned yet, preventing any construction work. The IAEA also recommends a list of other protective actions that remain to be done.
The portion of the E40 waterway that lies upstream the Chernobyl exclusion zone would then be useless without a connection to the Dnieper river. This also means that development works that consist of several dam construction and alignment of meandering Pripyat river to accept class V vessels are not justified.
Finally, the portion of the E40 route from the Black Sea to the Kyiv reservoir mainly requires regular dredging work. The feasibility study mentions 68 000 m3 of dredging work every year in the Kyiv reservoir, that stocks cesium-137 in its bottom sediments. Such an activity is contrary to the IAEA’s recommendations to leave the sediments in place because it will increase the dose of people who depend on the water from the Kyiv reservoir for their water and food supply.


Наследие Чернобыля и трансъевропейский водный путь Е40

В преддверии годовщины аварии на ЧАЭС опубликовано научное исследование «Наследие Чернобыля и трансъевропейский водный путь Е40», над которым работала независимая команда экспертов совместно с представителями беларусских общественных организаций АПБ и «Багна».

план строительства судоходной трассы длиной более 2000 км, который хотят проложить по Висле, Припяти и Днепру для того, чтобы соединить Балтийское и Чёрное моря для судов. План проекта предполагает строительство обводного канала в Польше, 6-7 плотин и шлюзов на Припяти, углубительные работы по всему маршруту, чтобы по этим рекам могли ходить многотоннажные суда класса «река-море». Инициаторами строительства Е40 выступила коалиция организаций из трёх стран во главе с РУЭСП «Днепро-Бугский водный путь».

Чтобы узнать, как строительство Е40 может повлиять на радиационную ситуацию в регионе, Лаборатория по контролю за радиоактивностью Франции (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest, ACRO) провела независимое экспертное исследование по заказу Франкфуртского зоологического общества (ФЗО).

Дноуглубительные и инфраструктурные работы в Чернобыльской зоне отчуждения, по мнению учёных:

  • поднимут со дна Киевского водохранилища загрязнённые радионуклидами донные отложения, которые Международное агентство по атомной энергии рекомендует не трогать;
  • подвергнут строителей опасным уровням радиации;
  • подвергнут миллионы людей ниже по течению повышенному риску через загрязнённую радионуклидами воду.

Дэвид Бойли, один из авторов исследования, физик-ядерщик и председатель ACRO, отозвался о планах создания E40:

«Принимая во внимание результаты нашего анализа радиоактивности, строительство водного пути E40 через чернобыльскую зону отчуждения не представляется возможным».

-> Скачать брошюру исследования
-> Скачать полную версию исследования

Выводы

Чернобыль – самая крупная промышленная авария в истории человечества. Более 30 лет спустя уровень остаточного радиоактивного загрязнения все еще настолько высок, что запрещает жить в расширенной зоне отчуждения. В настоящее время в загрязнении преобладают цезий-137, стронций-90 и различные изотопы высокотоксичного плутония. Америций-241, дочернее ядро плутония-241, также очень токсичен и оказывает все большее воздействие, которое, как ожидается, будет доминировать среди других элементов в плане радиологического воздействия в будущем. Общая стратегия состоит в том, чтобы ждать медленного радиоактивного распада, при этом восстановление чернобыльской зоны отчуждения остается невозможным в течение десятилетий. Вывод из эксплуатации Чернобыльского пруда-охладителя – наиболее радиоактивной горячей точки – является единственным исключением. В Чернобыльской зоне отчуждения также находится около 90 хранилищ радиоактивных отходов, которые еще предстоит вывести из эксплуатации.

За пределами зоны отчуждения остаточное загрязнение по-прежнему влияет на повседневную жизнь миллионов людей. Весь Припять-Днепровский водораздел был загрязнен осадками и прямыми уносами в реку. Вниз по течению от зоны отчуждения около 8 миллионов украинцев пьют воду непосредственно из Днепра, а до 20 миллионов едят продукты, орошаемые его водой. Доминирующими загрязняющими веществами являются цезий-137, который имеет тенденцию накапливаться в донных отложениях, и стронций-90, который непрерывно переносится в Черное море через Днепровский каскад. Отложения, загрязненные цезием-137, медленно покрывались менее загрязненными и чистыми отложениями на дне Киевского водохранилища, которые создавали естественный «щит». В качестве общей стратегии МАГАТЭ рекомендует оставить эти отложения как есть и избегать процессов, которые приведут к их ресуспендированию. В отношении стронция-90 сделать что-либо невозможно.

Вверх по течению от зоны отчуждения вдоль реки Припять есть зоны, загрязненные радиоактивными осадками во время аварии. Цезий-137 является доминирующим загрязняющим веществом. Общая стратегия также заключается в ожидании медленного радиоактивного распада.

МКРЗ рассматривает это как существующие ситуации, для которых рекомендуется провести процесс оптимизации, предназначенный для восстановления уровней воздействия (облучения), преобладавших до аварии. Меры защиты в основном состоят в адаптации повседневной жизни жителей загрязненных территорий, поскольку индивидуальный образ жизни является ключевым фактором воздействия. Это предполагает, что жители пострадавших территорий полностью осведомлены о ситуации и хорошо проинформированы.

Орхусская конвенция также требует, чтобы государства обеспечивали доступность экологической информации в электронных базах данных, которые были бы легко доступны для общественности. В настоящее время это никак не реализуется. Очень сложно получить доступ к данным о радиоактивном загрязнении, чтобы в должной мере оценить дозы облучения.

В таком контексте разрабатываемый внутренний водный путь E40, который должен проходить рядом с Чернобыльской АЭС и через чернобыльскую зону отчуждения, обязательно окажет радиологическое воздействие как на строителей, так и на ремонтников, а также на население, зависящее в своей хозяйственной деятельности от Припяти и Днепра. Несмотря на то, что в рамках проекта предусмотрено проведение сложных и трудоемких работ, таких как строительство плотины и выравнивание русла реки в наиболее загрязненной части его пути, какие-либо исследования по радиологическому воздействию отсутствуют.

Принципы МКРЗ в области радиационной защиты, Орхусская и Эспоо конвенции требуют наличия экологических и радиологических исследований, обоснования проекта и участия заинтересованных сторон и широкой общественности в процессе принятия тех или иных решений.

Настоящее исследование показывает, что строительные работы для части водного пути E40, которая пересекает чернобыльскую зону отчуждения и проходит рядом с Чернобыльской атомной электростанцией, невозможны. Прогнозируемое радиологические воздействие на работников будет неоправданно высоким. Более того, сильно загрязненный прудохладитель Чернобыльской АЭС и временные хранилища радиоактивных отходов в пойме реки Припять еще не выведены из эксплуатации, что не позволяет проводить рядом с ними какие-либо строительные работы. МАГАТЭ также рекомендует список других защитных мер, которые еще предстоит предпринять.

Часть водного пути E40, находящаяся выше по течению зоны отчуждения, будет бесполезной без соединения с Днепром. Кроме того, работы по строительству нескольких плотин и выравниванию меандрирующей Припяти для приема судов класса V должным образом не обоснованы.

Наконец, участок пути E40 от Черного моря до Киевского водохранилища требует регулярных дноуглубительных работ. В технико-экономическом обосновании упоминается о 68000 м3 дноуглубительных работ в год, их необходимо проводить на Киевском водохранилище, которое хранит большие запасы цезия-137 в своих донных отложениях. Такая деятельность противоречит рекомендациям МАГАТЭ о том, чтобы оставить отложения нетронутыми, поскольку это увеличит дозу воздействия для людей, которые зависят от воды из Киевского водохранилища в своих хозяйственных и пищевых нуждах.

Перевод на русский: АПБ (Ахова птушак Бацькаўшчыны)

©Olga Kaskevich

Nouvelle prolongation de l’autorisation de création de l’EPR de Flamanville

Mise en service de l’EPR (Flamanville 3) : Projet de décret soumis par l’ASN à la CLI de Flamanville

Contexte

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a été saisie en juillet 2019 par le ministre en charge de la sûreté nucléaire pour qu’elle porte un avis sur la demande d’EDF de proroger de 4 ans la durée avant la mise en service de l’EPR de Flamanville.

A la suite de la réunion de la CLI de Flamanville le 30 janvier 2020, l’ASN adresse un courrier sollicitant l’avis de la CLI, le 3 février 2020, sur le projet de décret d’autorisation de création de l’installation nucléaire de base dénommée Flamanville 3. L’objectif de cette modification est de porter à 17 ans, contre 13 en 2017 et 10 en 2007, le délai fixé pour la mise en service de l’installation.

Cette modification ne fait pas l’objet d’une consultation du public.

Avis de l’ACRO

La date de la mise en service de l’EPR de Flamanville est à nouveau reportée, cette fois-ci en 2024. En 2016, il avait été révélé que les calottes supérieure et inférieure de la cuve n’étaient pas conformes à cause d’une concentration carbone anormalement élevée affectant les propriétés mécaniques. Cette anomalie est inacceptable car l’hypothèse d’une défaillance de la cuve étant exclue, aucune solution pour y remédier n’est prévue. L’ASN avait ensuite donné son accord pour une mise en service en 2020 sous réserve du changement du couvercle de la cuve en 2024.

Entre temps, d’autres anomalies ont été révélées, en particulier dans les soudures des circuits secondaires principaux. La réparation des 8 soudures de traversées, exigée par l’ASN, amène EDF à demander ce nouveau report de la mise en service. Ainsi, il va falloir découper les tuyaux, pour introduire un robot, ce qui va générer 8 soudures supplémentaires sur le circuit secondaire et le rendre plus vulnérable. Contrairement aux affirmations d’EDF et de l’ASN, rien n’assure que ce nouveau délai de 4 ans soit suffisant.

Depuis 2007, la catastrophe de Fukushima a entraîné un renforcement des exigences de sûreté, le chantier et les équipements ont connu de très nombreux défauts et anomalies. Le coût initial de l’EPR a été multiplié par quatre alors que celui des énergies éolienne et solaire baisse et les rend plus économiques.

L’ACRO estime donc qu’un nouveau débat public sur la mise en service du réacteur doit être organisé. Pour cela, elle demande qu’EDF explique publiquement toutes les raisons ayant généré les reports de mise en service, et que l’ASN et l’IRSN contribuent à la totale et nécessaire transparence sur la sûreté de cet EPR.

L’ACRO demande qu’au cas où une mise en service serait envisagée en 2024, celle-ci soit effectuée avec le nouveau couvercle de cuve, comme exigé par l’ASN en 2017.

L’ACRO émet donc un avis défavorable au décret visant à prolonger de 4 ans le délai de mise en service de l’EPR de Flamanville, faute de garanties sur la sûreté et sur l’organisation d’un nouveau débat public.

avis précédents :

Avis de l’ACRO sur le projet de décret de prolongation à 13 ans du délai fixé pour la mise en service de l’EPR de Flamanville, février 2017
Réacteur EPR Flamanville 3 : position de l’ACRO relative au projet d’avis de l’ASN concernant l’anomalie de la composition de l’acier du fond et du couvercle de la cuve, septembre 2017

Saisie par l’ACRO, la CADA demande plus de transparence à l’industrie nucléaire

Première publication : 18 décembre 2019 – Mise à jour : 22 janvier 2020

Les piscines de combustibles usés devraient arriver à saturation à l’horizon 2030, entraînant un arrêt forcé d’une partie du parc nucléaire si aucune solution n’est mise en œuvre d’ici là. Mais le rapport « impact cycle 2016 » d’EDF et Orano sur le sujet est secret. L’expertise qu’en a fait l’IRSN n’est que partiellement publique : 10% du rapport ont été noircis à la demande des exploitants. Il n’y a quasiment aucun chiffre.

L’ACRO a donc saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) qui vient de rendre son avis (n°20192568 du 28 novembre 2019) : plusieurs passages occultés devront être dévoilés. C’est le cas, en particulier, de toute la partie concernant l’étude des aléas.

Pour l’ACRO, l’industrie nucléaire abuse de la loi sur le secret des affaires. Heureusement, la CADA est venu rappeler que le code de l’environnement prime.

La place disponible dans les piscines de La Hague n’était plus que de 7,4% en 2016 (chiffre noirci dans le rapport IRSN, mais révélé par l’ACRO en octobre 2018) : en cas d’aléa sur une des étapes de la chaîne du combustible (retraitement, transport, MOx), la saturation interviendrait au bout d’un an et il faudra arrêter le parc nucléaire français pour cause d’occlusion intestinale ! Ce délai va se raccourcir à mesure que l’on s’approche de l’échéance de 2030. Il y a là une vulnérabilité majeure pour l’approvisionnement électrique français que l’industrie nucléaire voulait cacher.

L’ACRO a donc écrit à l’IRSN pour lui demander de se conformer à l’avis de la CADA. Pour l’Association, qui a eu le rapport non censuré entre les mains, rien ne justifie ces cachotteries. Elle milite pour une publication intégrale du rapport.

EDF arrivera-t-elle à construire sa piscine centralisée avant 2030 ? Le calendrier est tendu alors que l’emplacement envisagé est toujours secret.

L’ACRO regrette que toutes ces informations n’aient pas été disponibles pour les deux débats publics sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et le Plan de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs (PNGMDR) organisés en 2018 et 2019. Une fois de plus, sans l’action d’associations citoyennes, le défaut de transparence aurait perduré.

Extrait sur les aléas du rapport IRSN qui devra être dévoilé :


Mise à jour du 22 janvier 2020 :

Suite à l’action de l’ACRO et à l’avis de la CADA, l’IRSN a mis en ligne une nouvelle version de son rapport “impact cycle 2016”. La partie “aléas” a été largement dévoilée, mais pas complètement. En revanche, même si certains tableaux sont maintenant en clair, beaucoup de chiffres restent secrets, sans justification.

Le rapport EDF, quant à lui, reste secret.

Le sujet va être abordé par le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) lors de sa séance du 22 janvier 2020 (voir l’ordre du jour). Voici l’intervention de l’ACRO au sein de ce Comité.

La transparence reste un combat pour tout ce qui touche au nucléaire.

acronique du nucléaire #127, décembre 2019

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