Contamination radioactive des sables du Sahara : mise au point

6 février 2021, le ciel est jaune ocre sur tout l’est de la France. Cette couleur est due à des particules fines transportées par un vent venant du Sahara. Ces phénomènes météorologiques se répètent fréquemment. Ce jour-là, l’ACRO collecte un échantillon de ces retombées de sable et l’analyse dans son laboratoire. Du Césium-137 est mesuré et l’ACRO l’attribue aux essais nucléaires réalisés dans les années 60, notamment les 4 essais nucléaires atmosphériques réalisés par la France dans la région de Reggane au Sahara (voir communiqué 24 février 2021)

Photos prises le 6 février 2021 dans le massif du Jura © ACRO

Photos prises le 6 février 2021 dans le massif du Jura © ACRO

 

 

 

 

 

 

 

La mesure sera répétée par notre laboratoire associatif agréé, l’année suivante à l’occasion d’un nouvel épisode de vents du Sud, sur un échantillon de poussières de sable plus conséquent, récolté en Touraine par un préleveur bénévole de l’association. Notre constatation est identique, cette nouvelle analyse montrant à nouveau la présence de césium-137 avec un niveau mesuré (22 Bq/kg de sable) bien plus élevé que les niveaux généralement relevés dans les sables du territoire métropolitain (voir communiqué du 22 mars 2022).

Rappelons que les retombées globales de ces essais nucléaires proviennent des plusieurs centaines d’essais atmosphériques réalisés dans le monde pendant les années 60 à 80 par l’URSS (219 tirs), les Etats-Unis (219 tirs), La Chine (22 tirs), la France (50 tirs, dont 4 tirs au Sahara et 46 en Polynésie) et le Royaume-Uni (23 tirs).

Ce 31 janvier 2025 parait une publication scientifique qui réinterroge plus précisément l’origine de cette radioactivité véhiculée avec ces particules portées par des vents provenant d’Afrique du nord. A partir d’échantillons de particules fines collectées dans plusieurs pays européens en mars 2022, les auteurs utilisent des techniques sophistiquées d’analyse portant notamment

  • sur les ratios des isotopes du plutonium,
  • sur les ratios d’activité entre le Cs-137 et les plutonium239/240 et
  • sur des analyses minéralogiques.

Les concentrations massiques en césium-137 dans ces sables mesurées par l’ACRO sont cohérentes avec les valeurs de la publication, qui confirme que cet élément radioactif, qui n’existe pas à l’état naturel, a pour origine les retombées des essais nucléaires. Mais, sur la base de leurs analyses, les auteurs considèrent que ces particules fines véhiculées par des vents provenant de ces régions d’Afrique du Nord portent une « signature isotopique » caractéristique des essais nucléaires globaux, dominés par les essais américains et russes, alors que les essais nucléaires français présentent, selon eux, une autre « signature isotopique ».

L’ACRO prend acte de ces résultats et n’a aucune raison de les contester. Il s’agit de laboratoires universitaires reconnus, notamment le LSCE avec lequel le laboratoire de l’ACRO a pu travailler en partenariat dans le passé. Sur un plan scientifique, les résultats présentés dans la revue SCIENCE ADVANCES ne manqueront pas d’intéresser la communauté scientifique concernée par ce sujet.

Sur un plan sociétal, compte tenu que les retombées globales de l’ensemble des essais nucléaires ont largement contaminé l’hémisphère nord de la planète et donc le Sahara d’où partent régulièrement ces vents de sable, nos concitoyens retiendront d’abord une responsabilité collective – dont celle de la France – de tous ces Etats engagés dans une course effrénée pour construire leur armement nucléaire. 60 ans plus tard, ces armes continuent de menacer l’humanité, avec un risque plus élevé dans le contexte géopolitique actuel.

Risque de conflit d’intérêt à la tête de l’ASN, puis de l’ASNR

Face au conflit d’intérêt que pourrait représenter la nomination de Pierre-Marie Abadie, actuel directeur de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), aux fonctions de président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), un groupement d’associations alerte les député·es de la commission du Développement durable, instance dans laquelle aura lieu mercredi 16 octobre un vote sur ce projet de nomination.
 
En tant que directeur général de l’Andra, M. Abadie a engagé sa responsabilité sur les dossiers de déclaration d’utilité publique (DUP) et de demande d’autorisation de création (DAC) du projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique destiné aux déchets de haute activité et moyenne activité à vie longue). Nommer le responsable de ce projet à la tête de l’autorité chargée d’instruire la demande d’autorisation de création de ce centre de stockage jettera nécessairement le doute sur l’impartialité de cette instance.
 
Les associations ACRO, BURESTOP, CEDRA 52, Coordination Stop Cigéo, CRIIRAD, Global Chance, GSIEN comptent donc sur le discernement des député·es pour ce vote qui, dans un contexte particulièrement tendu (refonte du système de contrôle de la sûreté nucléaire, relance de la filière nucléaire, instruction d’un projet d’envergure inégalée), représente un enjeu majeur pour la sûreté nucléaire en France. 

Distribution de comprimés d’iode autour des centrales nucléaires : la population mal protégée

Alors que la France s’apprête à renouveler la distribution d’iode dans un rayon de 10 km autour de ses 18 centrales nucléaires (site de la campagne), l’ACRO demande à ce que tout foyer puisse bénéficier de cette protection, s’il le souhaite. Une extension de la distribution jusqu’à 20 km a eu lieu en 2019 et le renouvellement entre 10 et 20 km aura lieu en 2026. Actuellement, moins de 3 millions de personnes bénéficient d’une protection de leur thyroïde en cas d’accident nucléaire grave (chiffres officiels par centrale). Cela représente à peine 4,6% des 65 millions d’habitants en France métropolitaine.

A titre de comparaison, la Belgique propose de l’iode à toute sa population, ce qui représente un rayon de 100 km autour de ses centrales. Le Luxembourg aussi. La Norvège, qui ne possède pas de centrale nucléaire, recommande, depuis janvier 2019, à toute sa population d’avoir de l’iode à la maison. En Suisse, 60% de la population a reçu de l’iode à la maison, suite à l’extension de 20 à 50 km de la distribution après la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi. La France, qui a la plus forte densité d’installations nucléaires en Europe, reste très en retrait par rapport à ces pays.

Tirant les leçons des accidents nucléaires à Tchernobyl et Fukushuma, l’ACRO réclame que la zone de distribution soit étendue à 100 km afin de permettre aux familles avec enfants, aux femmes enceintes ou allaitantes de bénéficier d’une protection optimale en cas d’accident grave. Ces comprimés d’iode existent, mais ne seraient distribués qu’une fois l’accident en cours, en contradiction totale avec un éventuel ordre de rester à l’abri.

L’ACRO milite depuis des années pour l’extension de la distribution d’iode en France. Des réunions d’informations devraient être organisées prochainement pour organiser la distribution d’iode autour des centrales nucléaires françaises. Il faut continuer à faire pression sur les autorités pour obtenir une meilleure protection.

Mise en service de l’EPR de Flamanville : l’inquiétude gagne !

Communiqué de presse commun
ACRO – CRIIRADGLOBAL CHANCEGSIEN

La mise en service de l’EPR est attendue au premier trimestre 2024, selon les dernières annonces. On peut en douter car, dix-sept ans après le début des travaux, la situation s’avère très confuse. Après les vicissitudes qui ont émaillé le chantier de construction, les événements des derniers jours interrogent sur les conditions de la mise en service et sur le fonctionnement futur du réacteur.

Juin 2022 : EDF est confiante, l’EPR de Flamanville va démarrer en 2023.
Décembre 2022 : EDF annonce une mise en service “au premier trimestre 2024 au plus tard” (Par mise en service il faut entendre “chargement du premier assemblage combustible dans le cœur”).
30 janvier 2024 : Bernard Doroszczuk, Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), annonce avoir relevé quarante-trois cas de falsifications, fraudes ou irrégularités dans l’industrie du nucléaire (Par falsification, fraude ou irrégularité il faut entendre des cas de personnes ayant déclaré une action déclarée sans l’avoir réellement réalisée ou des irrégularités chez les fournisseurs, falsifications de certificats notamment). Trois de ces affaires font l’objet d’une saisine de la Justice au titre de l’article 40 du Code Pénal. Un de ces cas semble concerner l’EPR. On évoque des vannes et soupapes, composants très sensibles pour la sûreté du réacteur.
23 février 2024. Lors de la Commission Locale d’Information (CLI) de Flamanville, les falsifications ont été abordées dès le début de la réunion mais aucune réponse n’a été apportée. Les présents, notamment les élus, repartent sans savoir si oui ou non des falsifications ont affecté des composants majeurs de l’EPR.

Puis l’ASN a présenté les résultats de l’ « inspection renforcée » (qui a eu lieu les jeudi 1er et vendredi 2 février 2024 sur le chantier du réacteur n°3 de Flamanville”). La conclusion est sans appel, il reste encore beaucoup de travail à réaliser d’ici la mise en service : documents opératoires en cours de mise à jour, une centaine d’alarmes qui clignotent, une centaine d’essais périodiques à réaliser…

Et encore n’est-il pas fait mention des multiples problèmes techniques qui ont émaillé la construction du réacteur, “sujets désormais clos” comme l’a souligné le Président de l’ASN, mais loin d’être réglés.

Qu’à cela ne tienne, EDF continue de répéter « chargement du combustible en mars 2024 ».

Le public, les élus, les associations s’interrogent sur les risques que ferait courir une mise en service hâtive de l’EPR et attendent des réponses concernant les falsifications qui ont possiblement affecté la construction : quels sont les composants concernés et la nature de la fraude incriminée ?

Ce réacteur n’est manifestement pas prêt à être mis en service en toute sûreté

L’Article 3 du décret n°2007-534 du 10 avril 2007 autorisant la création de l’EPR de Flamanville, fixait à dix ans le délai pour réaliser le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur. Cette échéance a été portée à 13 ans le 25 mars 2017, puis à 17 ans le 28 mars 2020. La dernière date d’échéance étant proche (10 avril 2024), EDF veut éviter à tout prix un troisième report. Il ne faudrait pas sacrifier la sûreté pour cela.

Il est impératif que les autorités de sûreté fournissent des précisions, en particulier :
• Quand aura lieu la prochaine et dernière consultation du public relative à l’autorisation de mise en service ?
• L’autorisation de mise en service sera-t-elle publiée avant le 10 avril 2024, date limite du délai défini par le décret d’autorisation de création du 10 avril 2007.
• Si cette date n’est pas respectée, quelle procédure sera mise en œuvre ?
• Une autorisation de divergence sera-t-elle délivrée ? Après la divergence toute opération est beaucoup plus complexe et entraine des risques accrus pour les travailleurs notamment pour changer le couvercle de la cuve, mais aussi pour corriger les problèmes liés au plenum inférieur de la cuve.

Une fusion ASN-IRSN qui rime avec atomisation de l’efficacité de la gouvernance des risques nucléaires et radiologiques

Communiqué de presse commun
ACROAMFPGNCRIIRADGLOBAL CHANCEGSIEN

Le Gouvernement – avec une ardeur incomparable à celle qu’il déploie en faveur de l’efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables – veut relancer la filière nucléaire : tant en souhaitant prolonger la durée d’exploitation du parc actuel de réacteurs vieillissants qu’en préparant un nouveau programme de construction de réacteurs EPR2, voire de Petits Réacteurs Modulaires.

Pour pouvoir relancer rapidement la filière nucléaire – aux motifs discutables de la souveraineté nationale et de la lutte contre le changement climatique – le Gouvernement a déposé un projet de loi visant à absorber l’IRSN (chargé de l’expertise en matière d’évaluation des risques technologiques et radiologiques) dans l’ASN (Autorité de sûreté chargée du contrôle de l’exploitant), projet de loi dont l’examen va débuter au Parlement le 7 février 2024.

Nous continuons de penser, à l’instar de nombreuses organisations et de diverses personnalités, que cette fusion entre ces deux organismes va dégrader l’efficacité de la gouvernance des risques nucléaires et radiologiques à tous les stades du cycle de vie (de la conception au démantèlement en passant par l’exploitation des unités de production d’énergie ou de gestion des déchets) de ces installations industrielles complexes :

  • dégradation de l’expertise mise sous tutelle du décideur,
  • dégradation de l’évaluation de la robustesse des installations résultant du transfert dans deux entités différentes de l’expertise de sûreté et de l’expertise de sécurité des installations civiles,
  • dégradation de la capacité de reconstitution de la dose globale reçue par les travailleurs et la population en cas d’accident résultant du transfert dans deux entités différentes de la dosimétrie interne et de la dosimétrie externe.

De plus, comment ne pas pointer la disparition des avis d’expert et la suppression de l’obligation légale de leur publication inscrite dans la loi depuis 2015, ce qui constitue une véritable régression de la transparence tant sur le plan environnemental et sanitaire que démocratique.

Enfin, rien ne garantit que la recherche menée par l’IRSN sera maintenue au même niveau, le projet de loi ignorant complètement toute la gouvernance de ces activités.

Les catastrophes technologiques majeures du passé, les difficultés de conception de nouveaux réacteurs ou d’exploitation d’un parc vieillissant, l’apparition de phénomènes physiques improbables ou non supposés nous rappellent et démontrent quotidiennement la nécessité et l’utilité d’une évaluation robuste et pluraliste. Un parc nucléaire avec l’ensemble de ses équipements connexes n’est pas un jouet.

Pour ces raisons, mais aussi bien d’autres, nous appelons les parlementaires à rejeter ce projet de loi.

Le contrôle nucléaire recadré

Le 8 février 2023, le gouvernement avait annoncé vouloir démanteler l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), l’expert officiel. L’expertise devait passer sous la tutelle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et la recherche retourner au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), comme c’était le cas au siècle dernier. Ce projet de réforme imposé sans justification ni concertation a provoqué une levée de boucliers de tous les côtés (lire la réaction de l’ACRO, qui avait publié la lettre de mission adressée à l’ASN, l’IRSN et le CEA), une grève massive du personnel de l’IRSN et un vote défavorable du parlement, le 15 mars 2023.

Mais le gouvernement n’a pas lâché l’affaire : le Conseil de Politique Nucléaire (CPN) du 19 juillet 2023 « a décidé d’un renforcement significatif de la gouvernance du nucléaire ». Aucun argument ni justification ne sont apportés. Il est juste fait référence à un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) « qui recommande de créer une grande autorité indépendante de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dont les moyens financiers et humains seraient renforcés. Cette nouvelle autorité permettra d’adapter la sûreté nucléaire face aux 3 défis de la relance nucléaire que sont (i) la prolongation du parc existant, (ii) la construction de nouveaux EPR et (iii) le développement de petits réacteurs modulaires innovants. Le CPN a confirmé la volonté du Gouvernement d’avancer en ce sens en veillant à ce que l’ensemble des missions de l’ASN et l’IRSN soient préservées et leurs moyens humains renforcés. »

Quels sont les arguments avancés par le rapport de l’OPECST en faveur de cette réforme ?

Le rapport commence par vanter le système actuel de contrôle qui jouit d’une « réputation élevée » dans les arènes internationales. Il souligne aussi l’excellence de la recherche menée par l’IRSN, qui nourrit l’expertise et lui assure « les moyens d’investigation les plus performants ». Le système dual actuel, avec l’expertise séparée de l’autorité – ce qui est remis en cause par le gouvernement – n’est pas non plus critiqué par le rapport de l’OPECST qui note que « l’existence d’un écart entre les expertises et la décision n’est pas par elle-même problématique, tant que les premières ne forcent pas la seconde ».

Alors, pourquoi vouloir changer le système ? Comme le souligne aussi le CPN, l’ASN et l’IRSN vont faire face à un accroissement des travaux liés au parc actuel, vieillissant, et au nouveau parc à construire. Et le gouvernement ne semble pas prêt à mettre les moyens nécessaires pour l’expertise et le contrôle. Alors, sous couvert de « fluidifier » les procédures, il espère faire des économies d’échelle en fusionnant l’ASN et l’IRSN. A ce propos, le rapport précise : « bien que l’organisation actuelle ait permis de gérer de façon satisfaisante les enjeux de sûreté nucléaire et de radioprotection depuis 2006, dans un contexte de calme relatif dans le domaine de l’industrie nucléaire, elle pourrait être moins adaptée à ce nouveau contexte. »

Jamais, le rapport de l’OPECST n’explique en quoi le nouveau système, qu’il va jusqu’à baptiser en Autorité indépendante en sûreté nucléaire et radioprotection, ou AISNR, serait plus performant ou mieux adapté. Au contraire, il souligne que des personnes auditionnées « ont attiré l’attention sur les tensions, frictions et inquiétudes inéluctables que fait naître toute perspective de changement institutionnel », sans plus de précisions, ce qui est bien dommage. Et le rapport de souligner, en langage technocratique, que les bouleversements envisagés vont engendrer des difficultés nouvelles : « Puisqu’est projetée une évolution structurelle, il faut s’attendre à ce que son appropriation par les acteurs fasse l’objet d’une courbe d’apprentissage : le risque n’est pas exclu que l’organisation ait d’abord tendance à piétiner, voire à légèrement régresser, avant de s’engager sur la voie d’un progrès global. » Aucune durée de la « courbe d’apprentissage » n’est donnée.

Et sans la moindre analyse de risque, la conclusion est de foncer vers le nouveau système car « cette période transitoire, par nature délicate, ne saurait donc être concomitante avec la phase opérationnelle des nouveaux programmes attendus, ce qui ouvre, pour une éventuelle réorganisation, une fenêtre d’opportunité relativement étroite, sans doute d’ici fin 2024. » Cela ne laisse pas beaucoup de temps à la ministre de la transition énergétique, missionnée par le CPN pour « engager les concertations avec les parties prenantes et les parlementaires en vue de préparer un projet de loi d’ici l’automne ». La sûreté nucléaire et la radioprotection sont des biens communs. Une réforme d’une telle ampleur nécessite un projet clair qui permet de comprendre les bénéfices obtenus et de mener des consultations, forcément longues et difficiles. Avec un projet de loi à l’automne, il faut donc s’attendre à un passage en force.

Pour ce qui est des activités commerciales de l’IRSN, qui n’ont pas leur place au sein d’une autorité administrative indépendante, elles devraient être externalisées. Quant à l’expertise pour le nucléaire de défense de l’IRSN, elles pourraient être transférée au ministère de la défense qui sera juge et partie. La sûreté n’en sortira pas grandie. Mais c’est ce que suggère l’amiral Guillaume, consulté. Alors, pas besoin de poser la question à d’autres…

Quels sont les risques du nouveau système aux contours bien flous ?

Suite à la première tentative de fusion entre l’ASN et l’IRSN, seuls les salariés de l’IRSN se sont mis en grève car il ne s’agit pas d’une fusion entre deux entités mais de la mise sous tutelle de l’expert. Le fait que le Directeur général de l’IRSN n’ait pas été consulté en amont, ni même informé, n’est pas rassurant. La première version du projet prévoyait, en plus, un complet démantèlement de l’Institut avec le transfert des activités de recherche au CEA. Le rapport parlementaire mentionne le maintien, « en première approche », de la recherche au sein de l’AISNR.

A propos de la recherche, le rapport ne parle que d’excellence à maintenir et renforcer. Rien sur l’ouverture à la société, le lien avec l’expertise, la gouvernance, la publication des résultats…

Quant à l’expertise, pourra-t-elle faire l’objet de pression en interne d’une seule entité ? C’est l’une des craintes le plus souvent exprimées. En particulier, l’IRSN publie ses avis indépendamment de la décision de l’ASN, souvent en amont. Les rapporteurs soulignent que « les expertises devront continuer d’être publiées à destination du grand public : au lieu d’être des expertises de l’IRSN, ces études seront simplement celles des services instructeurs d’une nouvelle autorité. À l’avenir, même si les rapporteurs ne sauraient se prononcer sur un calendrier idéal de publication, il leur semble, dans un souci d’apaisement, que les expertises et recommandations doivent être diffusées de manière concomitante, au moment où l’autorité indépendante rend sa décision. » Que signifie « dans un souci d’apaisement » ? Si cela n’avait pas été un sujet de controverse, la publication des expertises n’aurait plus été garantie ?

De fait, le rapport ne contient pas un mot sur la gouvernance de la nouvelle entité. L’IRSN est dotée d’un conseil d’administration, d’un conseil scientifique et d’un comité d’orientation des recherches. Que vont-ils devenir ? La relation avec la société civile, va au-delà de la simple transparence, qui devra être maintenue à un même « niveau élevé ».

Cela en fait des détails à régler pour un projet de loi à l’automne ! Que veut le gouvernement ? Le rapport de l’OPECST semble nostalgique d’un âge d’or qui se concrétisa « par la construction, pour l’essentiel sur quinze ans, de 1971 à 1986, d’un parc de 58 réacteurs nucléaires. » Et d’ajouter que « l’une des explications majeures de cette réussite porte sur la souplesse du système de contrôle de la sûreté nucléaire et le caractère pragmatique de la démarche française dans ce domaine. » Que signifie cette « souplesse » ? Du laxisme, comme en Chine, où deux EPR ont été construits plus rapidement qu’en Europe ?

Le passage sur le projet de piscine centralisée est symptomatique de ce pourrait être la « souplesse » espérée. EDF n’a toujours pas transmis de dossier de demande d’autorisation de création alors que l’ASN lui a demandé de le faire avant décembre 2020. Ce retard n’est pas mentionné dans le rapport de l’OPECST qui reporte toute la charge sur le contrôle : « Ce dossier devra être instruit dans des délais très brefs, le risque d’une saturation de l’entreposage actuel, anticipée à l’horizon 2030, ayant été accentué par les difficultés de fabrication de combustible MOX survenus ces dernières années. » Les rapporteurs auraient plutôt dû s’interroger sur un renforcement des pouvoirs du contrôleur afin qu’EDF respecte ses décisions…

Il y a eu deux catastrophes nucléaires majeures depuis cet âge d’or, fantasmé, et il n’est pas possible de revenir en arrière. Rappelons que le système de contrôle actuel, avec l’expertise séparée de l’autorité, a été préconisé en 1998 par Jean-Yves Le Déaut, député de la Meurthe-et-Moselle, suite à une saisine de Lionel Jospin alors premier ministre (et non Michel Rocard, comme écrit par erreur dans le rapport de l’OPECST). Il s’agissait alors de répondre à « une crédibilité écornée de l’ensemble du système », notamment, à cause du « nuage de Tchernobyl qui vient le premier fragiliser la confiance que les citoyens pouvaient avoir dans le système » de l’époque. Dans le rapport de l’OPECST, cela se traduit par « en France, l’idée de la nécessité d’un contrôle plus indépendant fait son chemin » et c’est tout !

Sans comprendre les erreurs du passé, il n’est pas possible de construire un système de contrôle robuste.

Conclusions

Insistons sur le fait que la sûreté nucléaire et la radioprotection sont des biens communs indispensables à la protection des populations qui doivent donc être consultées. Le passage en force du gouvernement est donc inadmissible. Alors que trois anciens présidents de l’OPECST, de trois familles politiques différentes, avaient alerté, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, sur ce qu’ils considèrent être une « une dérive technocratique dangereuse », le rapport de ce même Office, rédigé à la va-vite pour relancer le projet gouvernemental après son rejet par le parlement ne fait aucune analyse des faiblesses du système actuel ni des bénéfices et des risques du nouveau système. Ce rapport est affligeant et ne grandit pas l’OPECST.

L’ACRO est attachée au système dual, avec l’expertise clairement séparée de l’autorité, qui a fait ses preuves, mais appelle aussi à une plus grande liberté académique pour les chercheurs qui, à l’IRSN, ne sont pas libres de publier ou de parler aux médias. Et, sur certains domaines non soumis au secret, il y a nécessité de voir émerger d’autres acteurs, aussi bien en recherche qu’en expertise. Rien ne permet de penser que la réforme gouvernementale, imposée par le haut, sans concertation avec toutes parties prenantes, apporte le moindre progrès. Au contraire, elle va commencer par déstabiliser tout le système actuel, avec un risque de dégradation pérenne.

Orano La Hague peut rejeter 840 fois plus de tritium que Fukushima. Venez prélever avec l’ACRO

ACRO, Communiqué du 29 août 2023

L’ACRO commence demain sa campagne de prélèvements le long des côtes Normandes avec son réseau de préleveurs volontaires. Le programme est en ligne ici : C’est ouvert à tous.
Les échantillons seront ensuite analysés dans le laboratoire de mesure de la radioactivité de l’association, qui est agréé par l’Autorité de sûreté nucléaire et les résultats publiés sur notre site (acro.eu.org).
Les rejets d’Orano La Hague sont les plus élevés au monde et peuvent être détectés jusqu’en Mer du Nord. Certains radioéléments, comme l’iode-129 ou le carbone-14, pourraient pourtant être filtrés. Et pour le tritium, de l’hydrogène radioactif difficile à filtrer, l’autorisation annuel de rejet en mer est 840 fois plus élevée qu’à Fukushima (18 500 Tera becquerels par an contre 22 TBq/an).
L’Observatoire citoyen de la radioactivité dans l’environnement, créé par l’ACRO il y 25 ans, permet un suivi des rejets des installations nucléaires de la région dans le temps et dans l’espace. Sur de nombreuses stations, l’ACRO est la seule à faire des contrôles.
Pour en savoir plus :
Observatoire OCRE : https://www.acro.eu.org/lassociation/o-c-r/
Rejets en mer au japon (article ACRO) : https://fukushima.eu.org/debut-du-rejet-en-mer-de-leau-contaminee-traitee-a-la-centrale-de-fukushima-dai-ichi/

L’ACRO déplore la volonté du gouvernement d’affaiblir le contrôle en sûreté nucléaire et radioprotection

Le 8 février 2023, le gouvernement a annoncé vouloir démanteler l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), l’expert officiel. L’expertise passerait sous la tutelle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et la recherche retournerait au CEA, comme c’était le cas au siècle dernier. La décision a été prise à huis-clos, sans la moindre concertation, officiellement lors du Conseil de Politique Nucléaire qui s’est tenu à l’Elysée le 3 février dernier, mais annoncée plus tard. Cette instance, créée en 2008 par Nicolas Sarkozy, réunit des ministres, le chef d’état-major des armées, le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale et l’administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique autour du président de la République. Mais, elle n’inclut pas les ministres en charge du travail, de la santé ou de l’environnement…

La ministre de la Transition énergétique a demandé au président de l’ASN, au directeur général de l’IRSN, et à l’administrateur général du CEA, de lui proposer, d’ici fin février, les premières mesures et une méthode de travail permettant de mettre en œuvre ces orientations, avant une feuille de route plus détaillée en vue de la loi de finances 2024. Voir la lettre de mission.

Pourquoi cette décision, prise sans concertation, est inquiétante ?

La recherche et l’expertise se nourrissent mutuellement. En les séparant, le gouvernement va entraîner une perte de compétence et, in fine, affaiblir l’expertise. Ce doit être le but recherché suite aux déboires à répétition de l’EPR de Flamanville, de Melox et à la fragilité du parc nucléaire vieillissant. Et, sous la tutelle du CEA, la part de la recherche dédiée à la sûreté, à la radioprotection et à l’environnement risque de diminuer.

En plaçant l’expertise au sein de l’ASN, il y a un risque que cette dernière cherche à influencer l’avis technique. La séparation des deux acteurs, comme c’est le cas actuellement, oblige à un dialogue approfondi et permet aussi une plus grande transparence dans le processus.

Rappelons que le système actuel est issu des travaux présidés par le député Le Déaut, missionné par le premier ministre en 1998, qui avait mené une large concertation. Dans son rapport il soulignait :

  • Il faut garder une distinction entre, d’une part le niveau de l’autorité, d’autre part l’expertise.
  • Un expert en sûreté ne peut pas dépendre d’un exploitant ni d’un grand organisme de recherche promoteur du nucléaire. Il faut séparer administrativement l’IPSN (Institut de protection et de sécurité nucléaire) du CEA (Commissariat à l’énergie atomique).

La décision du gouvernement ne repose sur aucun audit ou étude qui viendrait étayer ce changement majeur de la gouvernance du pays le plus nucléarisé au monde. Sacrifier la sûreté pour gagner quelques mois sur la construction des futurs EPR n’a aucun sens alors que les retards actuels sont techniques et non procéduriers. Le communiqué gouvernemental ne contient ni le mot « concertation » ni le mot « transparence ». Des concepts sans importance, sans doute…

Le fonctionnement de l’IRSN doit être réformé en l’ouvrant plus au monde académique et aux parties prenantes en acceptant une plus grande pluralité d’approches. Il y a aussi la nécessité de garantir la liberté académique à ses chercheurs qui ne sont pas libres de publier ou de parler aux médias. Nous n’oublions pas le licenciement d’une chercheuse de cet institut en 2020, car ses résultats de recherches ne plaisaient pas à sa hiérarchie. En réaction, l’ACRO avait démissionné du Comité d’Orientation des Recherches de l’IRSN où elle siégeait depuis une dizaine d’années. Enfin, sur certains domaines non soumis au secret, il y a nécessité de voir émerger d’autres acteurs, aussi bien en recherche qu’en expertise.

Le sort que promet le gouvernement à l’IRSN va aggraver la situation. L’ACRO, organisme indépendant et citoyen œuvrant à toujours plus de transparence, ne peut que déplorer cette politique gouvernementale, tant sur le fond que sur la forme.


Dans un nouveau communiqué publié le 23 février, le gouvernement répond indirectement aux critiques et inquiétudes nombreuses qui se sont exprimées de tous les côtés en corrigeant sa copie :

  • les compétences en matière de recherche et d’expertise en sûreté nucléaire en radioprotection, en protection et surveillance de l’environnement seront maintenues ensemble au sein de la future autorité de sûreté ;
  • les rôles exécutifs respectivement du contrôle et de l’expertise resteront séparés du rôle de décision et de pilotage stratégique ;
  • l’information, la transparence et le dialogue technique avec la société devront être garanties.

Cependant, le gouvernement va se contenter d’amender son projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires alors que le sujet aurait mérité une loi à lui tout seul en se donnant le temps de la réflexion et de la concertation. Le gouvernement veut donc réformer autoritairement par décrets, au mépris de la démocratie.

Une réforme du contrôle ne changera rien aux retards et aux surcoûts de l’EPR de Flamanville, aux déboires de Mélox, à la saturation inquiétante des entreposages de combustibles nucléaires et au vieillissement des installations actuelles.


Le samedi 25 février, le gouvernement a déposé un premier amendement à son projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes, confirmant ainsi sa volonté de passer en force. Il n’a mené aucune consultation des parties prenantes alors qu’il reste de nombreux problèmes à régler.

Tout tient dans une phrase : “L’Autorité de sûreté nucléaire exerce des missions d’expertise et de recherche dans les domaines de la sûreté nucléaire, de la radioprotection ainsi que des actions de sécurité civile en cas d’accident radiologique”. Le reste, et l’autre amendement, concernent surtout le statut des futurs agents. L’IRSN ne faisait pas que de l’expertise et de la recherche : que deviendront ses autres activités ? Qu’en est-il de son expertise sur la sécurité ? Et toujours pas un mot sur la gouvernance du nouvel organisme, ni sur la transparence ou la démarche d’ouverture.

La seule justification apportée par le gouvernement est que “le présent projet de loi vise à accélérer et sécuriser les projets de construction de nouveaux réacteurs nucléaires”, sans expliquer comment EDF ira plus vite grâce à cette loi. L’EPR de Flamanville a plus de dix ans de retard !

Notons que deux autres amendements, visant à maintenir une séparation entre l’ASN et l’IRSN, ont été déposés par le groupe “socialistes et apparentés”, ainsi que par le groupe “Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires”.


L’ACRO appelle les députés à voter CONTRE les amendements du gouvernement entraînant la fusion de l’ASN et de l’IRSN car l’impact de cette réforme n’a pas encore été évaluée. De nombreux points restent flous. Par exemple :

  • la partie expertise du futur ensemble pourra-t-elle publier ses avis avant la prise de décision comme c’est le cas actuellement ?
  • quel est le sort promis à toute la partie de l’IRSN en charge de l’expertise des installation nucléaires secrètes ?

Une réforme de la sûreté et de la radioprotection ne peut se faire qu’APRES avoir mené de larges consultations avec tous les acteurs et parties prenantes. Les amendements actuels sont prématurés et ne garantissent pas une évolution favorable de l’organisation de l’expertise et du contrôle.


Merci aux députés qui, le 15 mars, ont adopté un amendement maintenant la séparation entre l’ASN et l’IRSN. Le gouvernement a, le lendemain, a déposé un autre amendement – retiré dans la journée – modifiant les finalités du rapport étudiant une fusion des deux organismes.

Lors du débat parlementaire, selon Ouest-France, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a répondu à l’ancienne ministre Barbara Pompili : « Tu sais parfaitement que cette réforme et cette interrogation étaient engagées déjà il y a quelques mois, on ne va pas rentrer dans ce débat-là. » Si tel est le cas, pourquoi avoir agi en secret sans la moindre consultation des principaux intéressés ?

Il faut lancer des assises pour discuter de l’expertise et du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection et panser les plaies ouvertes par le projet brutal du gouvernement.

Combien de rebuts de MOx japonais à La Hague ?

Un départ de combustibles MOx vers le Japon est prévu dans les jours qui viennent. Cela semble paradoxal dans un contexte où l’usine Mélox ne peut pas produire assez pour fournir les réacteurs nucléaires Edf. En effet, un changement de procédé a induit une forte baisse de la productivité et génère une grande quantité de rebuts qui sont entreposés à La Hague en attendant de trouver une solution. Combien de temps vont-ils rester là ?

En attendant, les rebuts continuent à s’accumuler et, en avril dernier, Orano était très proche de la saturation. Il lui a fallu ouvrir, en urgence, de nouveaux entreposages. Or, en cas de saturation prolongée, c’est l’occlusion qui menace, car il faudra arrêter l’usine Mélox, puis le retraitement, ce qui engendrera une saturation des entreposages de combustibles usés et un arrêt des réacteurs nucléaires, dans une situation énergétique dégradée.

Alors que les entreposages sont dans une situation critique, quelle est la part des rebuts japonais à La Hague ? L’ACRO réclame plus de transparence sur le sujet et un débat démocratique sur la gestion des combustibles nucléaires.

Nuage de sable du Sahara : nouvelle mesure de la radioactivité

A l’occasion du nouvel épisode de vents transportant des poussières de sable du Sahara, l’ACRO a réalisé une analyse de la radioactivité. La mesure a porté sur un échantillon d’environ 30 g de sable récolté en Touraine le 16 mars 2022 par l’un de nos préleveurs volontaires.

L’analyse par spectrométrie gamma, met clairement en évidence la présence de césium-137 – un élément radioactif artificiel – dans l’échantillon de sable, avec un niveau très similaire à ce qui avait été constaté l’année dernière. En supposant d’un dépôt homogène sur une large zone, on estime que, durant ce nouvel épisode, il est retombé environ 75 000 Bq de césium-137 au km2 dans la région Touraine (ou 75 mBq/m2).

Comme nous l’avions souligné l’an dernier (communiqué du 24 février 2021), ce nouveau dépôt constitue une pollution très faible, sans risque sanitaire, mais qui s’ajoute aux dépôts précédents (essais nucléaires des années 60-70 et Tchernobyl).

Le césium-137 dans le sable du Sahara est un résidu des pollutions radioactives dispersées lors des essais atmosphériques de la bombe atomique, tels que pratiqués par la France au début des années 60 dans le désert algérien. En effet, la concentration en césium-137 mesurée ici (22 Bq/kg de sable) est bien plus élevée que les niveaux généralement relevés dans les sables sur le territoire métropolitain français[1] et met en évidence une pollution rémanente locale.

Cette pollution radioactive – encore observable 60 ans après les tirs nucléaires – nous rappelle la contamination radioactive pérenne dans le Sahara dont la France porte la responsabilité et suggère que ces retombées ont dû être particulièrement élevées durant les années 60.

[1] Les niveaux en France métropolitaine sont généralement inférieurs au becquerel par kilogramme dans les sables récoltés dans des lieux hors de toute influence des rejets d’une installation nucléaire.