Despite France’s international commitments, radioactive discharges at sea are not decreasing

Press release of 29 September 2021

With its reprocessing plant at La Hague, France has the highest radioactive discharges into the sea in Europe. And these discharges are not decreasing, despite the commitments made in 1998 in Sintra, Portugal, by the member states of the OSPAR Convention for the Protection of the North-East Atlantic:
“WE AGREE […] to prevent pollution of the maritime area from ionising radiation through progressive and substantial reductions of discharges, emissions and losses of radioactive substances, with the ultimate aim of concentrations in the environment near background values for naturally occurring radioactive substances and close to zero for artificial radioactive substances. […] WE SHALL ENSURE that discharges, emissions and losses of radioactive substances are reduced by the year 2020 to levels where the additional concentrations in the marine environment above historic levels, resulting from such discharges, emissions and losses, are close to zero.”
These commitments were confirmed at subsequent meetings in 2003 in Bremen and 2010 in Bergen.

However, the results of ACRO’s 25 years of citizen monitoring of radioactivity in the environment show that this is not the case: discharges from the Orano reprocessing plant in La Hague can be seen all along the Channel coastline and, in the summer of 2021, could still be detected as far as the Danish border. The association therefore urges France to respect its international commitments by significantly reducing its radioactive discharges at sea. It will, for its part, maintain its vigilance.

Major radioelements

The OSPAR Convention’s 2010 “Quality Status” states that fuel fabrication and reprocessing plants are responsible for 98% of radioelement discharges from the nuclear sector. With the UK’s Sellafield reprocessing plant closing in 2020, French discharges are now ultra-dominant.

In its latest contribution to the OSPAR Convention, dated 2019, France acknowledges that the radioelements with the greatest impact are iodine-129 and carbon-14: the dose to the reference group, i.e. local fishermen, would be reduced by 30% if these two radioelements were filtered. The reduction of cobalt-60 discharges would lead to a 4% reduction in the dose of the same reference group. Unfortunately, Orano has not implemented the technologies available in other countries to reduce discharges of these three elements. Iodine and cobalt are among the 62 radioelements filtered by the ALPS station at Fukushima.

As part of its Citizen’s Observatory of Radioactivity in the Environment, ACRO systematically detects iodine-129 in algae all along the Channel coastline at levels that do not decrease with time. It has detected it as far as the Danish border.

Cobalt-60 is regularly detected in algae collected in the Nord-Cotentin region and more episodically in St-Valéry-en-Caux, near the Penly and Paluel nuclear power plants in the Seine Maritime.

ACRO does not have the technical capacity to measure carbon-14, which is also naturally present in the environment, but the radiological report published by IRSN shows that there is a systematic contribution from discharges from nuclear facilities and that levels significantly exceed natural levels in the Channel and the North Sea, as far as the Netherlands. The highest levels are more than twice as high as natural levels.

It is important to note that tritium (radioactive hydrogen) discharges have risen sharply since the Sintra declaration. Orano’s La Hague plant has the highest discharges in the world, according to the Japanese government’s assessment: the plant discharges every 30 days what Japan is about to discharge in 30 years in Fukushima!

ACRO also monitors tritium in seawater. In the Nord-Cotentin region, the levels are more than 100 times higher than the natural background.

All results are detailed in the appendice to the OSPAR Press Release

Ambient levels in the marine environment are not close to zero for artificial radioactive substances (iodine-129 and cobalt-60), nor close to background levels for tritium and carbon-14. The excuse of the need for more research and development to reduce radioactive discharges at sea, put forward in the French contribution to OSPAR, is not acceptable. With the exception of tritium, technologies are available and used in other countries. They must be used in France.

Tritium dans la Loire : la surveillance officielle défaillante

Depuis que l’ACRO a étendu son observatoire citoyen de la radioactivité dans l’environnement au bassin de la Loire et de la Vienne, les choses bougent. La mesure, en janvier 2019, de 310 Bq de tritium par litre d’eau de la Loire à Saumur, à une vingtaine de kilomètres en aval de la centrale de Chinon a déclenché une vaste étude menée par l’IRSN qui conduit les autorités à admettre que les rejets radioactifs ne se diluent pas comme prévu dans le fleuve.

Repartons du début : les quatre réacteurs de la centrale de Chinon sont autorisés à rejeter 80 TBq de tritium par an dans la Loire, soit environ 4 fois plus que ce qui devrait être rejeté chaque année à Fukushima. Lors de ces rejets, EDF doit veiller à ce que la concentration moyenne sur 24h, en supposant un bon mélange dans l’eau du fleuve, ne dépasse pas 80 Bq/L. Ce bon mélange est très théorique et personne ne peut dire à quelle distance de la centrale il a lieu. Localement, au niveau de la station de mesure multiparamètres, située à 6,5 km en aval du point de rejet, l’activité volumique mesurée dans l’environnement ne doit pas dépasser, en moyenne sur une heure, 280 Bq/L à mi-rejet et 140 Bq/L en moyenne journalière (décision n°2015-DC-0528 de l’ASN).

Ainsi, quand l’ACRO a mesuré 310 Bq/L à Saumur, à environ 20 km en aval de la centrale de Chinon, ces valeurs étaient largement dépassées. Pourtant rien d’anormal n’avait été relevé au niveau de la station multiparamètres aval… L’ASN et l’IRSN ont donc cherché à comprendre en lançant une étude au niveau du pont Cessart de Saumur, exactement là où l’échantillon particulièrement contaminé a été prélevé. Le coût global pour l’IRSN de cette étude est supérieur à 650 000€ !

L’IRSN a installé des préleveurs automatiques de part et d’autre du pont. Elle a aussi fait faire des prélèvements manuels depuis le pont afin d’étudier la dispersion latérale de la pollution au tritium. Les premiers résultats ont été présentés à un comité de suivi auquel l’ACRO participe. Il en ressort que le mélange est, la plupart du temps, imparfait au niveau du pont Cessart à Saumur, comme l’ACRO l’avait déjà montré en octobre 2020. La contamination en rive gauche est généralement caractéristique de l’eau de la Vienne et celle en rive droite de l’eau de la Loire dans laquelle les rejets de Chinon ne sont pas encore bien mélangés.

L’IRSN a aussi accès aux informations détaillées concernant les rejets de toutes les installations nucléaires sur la Loire et la Vienne ce qui lui permet de confronter les mesures à la modélisation de l’impact des rejets radioactifs. A l’aide du code utilisé habituellement, basé sur un modèle à une dimension, il arrive à expliquer les concentrations observées en changeant les hypothèses de mélange en fonction des circonstances. Cela signifie que l’institut ne peut pas prédire le comportement de la pollution, juste interpréter ce qui est mesuré.

L’IRSN a aussi confronté les résultats des mesures d’EDF au niveau de sa station multiparamètres avec ses modèles. Il en ressort que, très souvent, cette station ne détecte pas les rejets de Chinon, qui passent, en majorité, de l’autre côté de l’île située en face de la station (voir les images satellite ci-dessous) ! Il lui arrive aussi de ne même pas détecter le tritium rejeté par les centrales en amont. L’IRSN l’explique par les eaux du Cher et de l’Indre qui se jettent dans la Loire en amont de Chinon et qui ne se seraient pas encore bien mélangées.

La station multiparamètres d’EDF ne surveille donc pas bien les rejets de Chinon. Contraindre les rejets par une concentration maximale à ce niveau n’est donc pas très contraignant !

EDF est consciente du problème et elle mène des études qui « [contribuent] à alimenter la réflexion sur l’amélioration de la représentativité du point de prélèvement de la surveillance aval »… Elle a aussi reconnu, lors de la réunion du 22 mars 2021 du comité de suivi, que ce problème concerne aussi St Laurent des Eaux et parfois Belleville.

L’IRSN a aussi développé, pour l’occasion, un modèle à deux dimensions de la dispersion du tritium afin de mieux appréhender les variations transversales de concentration dans l’eau du fleuve. Il arrive à reproduire les concentrations mesurées à une distance suffisante du point de rejet, sauf pour le fameux prélèvement de janvier 2019. Le modèle montre bien que la concentration était la plus forte au centre du fleuve, exactement là où les préleveurs ont collecté l’échantillon, mais avec une valeur de 80 Bq/L environ, alors que l’on a mesuré 4 fois plus (310 Bq/L). Un tel écart pourrait être expliqué par une erreur dans la détermination de la quantité de tritium rejeté, comme cela a eu lieu le 22 septembre 2020, sans que la station multiparamètres ne le voit.

En conclusion, sans la surveillance citoyenne mise en place par les associations locales et l’ACRO, tous ces problèmes seraient restés méconnus. Les autorités doivent mieux contraindre les rejets d’EDF et imposer une surveillance plus stricte.

Pour pouvoir continuer cette surveillance indépendante des rejets des installations nucléaires,
adhérez à l’ACRO ou faites un don.

Incident dans le 1er EPR de Taishan : le peu que l’on sait

Mis à jour le 30 juillet 2021

Lundi 14 juin 2021, CNN révèle que Framatome a prévenu, le 8 juin, les autorités américaines d’un incident en cours sur l’EPR n°1 – le premier mis en service sur la planète – de Taishan, situé dans la province de Guangdong, au sud de la Chine. S’il ne s’agit pas d’un accident, la situation aurait été jugée suffisamment préoccupante pour provoquer plusieurs réunions. Dans la note, Framatome aurait écrit que « la situation constitue une menace radiologique imminente pour le site et pour le public et Framatome demande de toute urgence l’autorisation de transférer les données techniques et l’assistance nécessaires pour remettre le réacteur en état de fonctionnement normal. » Bigre.

Selon CNN, les niveaux en gaz nobles, radioactifs, seraient trop élevés. Cela est dû à un endommagement de la gaine de crayons de combustible qui laissent s’échapper ces gaz. Dans sa note, Framatome aurait écrit que « pour garantir que les limites de dose hors site sont maintenues dans des limites acceptables afin de ne pas causer de dommages excessifs à la population environnante, TNPJVC (exploitant de Taishan-1) est tenu de respecter une limite réglementaire et d’arrêter le réacteur si cette limite est dépassée ». Mais les autorités chinoises auraient relevé les autorisations de rejet pour ne pas avoir à arrêter le réacteur alors qu’en France, une situation similaire aurait entraîné l’arrêt du réacteur. Le seuil aurait été multiplié par plus de deux, sans qu’aucun chiffre ne soit donné.

Le 30 mai 2021, les niveaux de gaz nobles radioactifs auraient atteint 90% de la nouvelle limite, faisant craindre à Framatome une nouvelle hausse du niveau autorisé.

Toujours selon CNN, ce problème serait connu depuis octobre 2020.

Un peu plus tard, EDF a mis en ligne un communiqué laconique dans lequel elle reconnaît avoir été informée de l’augmentation de la concentration de certains gaz rares. La compagnie précise avoir, “en tant qu’actionnaire de la société TNPJVC, sollicité la tenue d’un conseil d’administration extraordinaire de TPNJVC pour que le management présente l’ensemble des données et les décisions nécessaires.”

Etonnament, le mot “EPR” n’apparaît pas dans le communiqué. Aucune information technique n’est donnée.

Framatome a suivi avec un communiqué encore plus laconique dans lequel la compagnie explique que : “Sur la base des informations disponibles, le réacteur est actuellement dans son domaine de fonctionnement et de sûreté autorisé.” Tout va bien donc. Pourquoi avoir alerté les autorités américaines ?  Les informations de CNN ne sont pas démenties dans le communiqué, qui ajoute que les équipes de Framatome “travaillent avec les experts concernés pour suivre et évaluer la situation, et si nécessaire, proposer des solutions.”

Framatome ne mentionne pas qu’elle a fabriqué les combustibles qui sont dans l’EPR de Taisahn… information, parue dans divers médias français. Voir, par exemple, l’article de France bleue.

Il faudra attendre le mercredi 16 juin 2021 pour avoir la première réaction de l’administration de sûreté nucléaire chinoise qui se montre presque plus transparente que nos deux “champions” du nucléaire ! Elle confirme une augmentation de l’activité du circuit primaire du réacteur n°1 de Taishan liée à la rupture de barres de combustible. Elle estime à 5 le nombre de crayons endommagés. Les différents paramètres seraient toujours dans la plage de fonctionnement stable admissible.

L’administration de sûreté nucléaire dément toute fuite, précisant que l’élévation de la contamination radioactive est restée confinée dans le réacteur. Elle dément aussi avoir relevé les autorisations de rejet. En revanche, elle reconnaît, du bout des lèvres, avoir “examiné et approuvé les limites liées à l’activité spécifique des gaz nobles dans réfrigérant du réacteur”. Aucune donnée n’est communiquée. La transparence a des limites…

Pour finir, l’administration chinoise prétend continuer à surveiller étroitement le niveau de radioactivité dans le circuit primaire et dans l’environnement. Elle explique aussi maintenir la communication avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et les autorités françaises.

Selon le Canard Enchaîné du 16 juin 2021, EDF aurait omis d’informer les autorités françaises, alors que le retour d’expériences des EPR chinois est important pour l’EPR de Flamanville…

L’ASN a fini par communiquer le 16 juin à 18h20, juste pour dire qu’elle est en contact avec son homologue chinoise sur ce sujet depuis le 12 juin. L’ASN ne donne pas la moindre information technique. Rien sur le site Internet de l’IRSN.

Tant que le réacteur chinois est exploité avec des barres défectueuses, les problèmes demeurent et les niveaux de radioactivité augmentent. La pratique normale aurait dû consister en l’arrêt du réacteur pour remplacer les assemblages “fuitards”.

Selon le Figaro du 18 juin 2021, la contamination du circuit primaire de Taishan-1 serait comprise entre 250 et 300 MBq/L alors que la limite révisée a été fixée à 324 MBq/L. EN France, avec un tel niveau de contamination, le réacteur serait arrêté en moins de 48h, selon le journal. Par ailleurs, EDF n’aurait alerté les autorités françaises que le 10 juin 2021, alors que CNN a déjà commencé son enquête. Et elle aurait demandé à son partenaire chinois un conseil d’administration extraordinaire le 12 juin 2021.

EDF détient 30% de la centrale de Taishan et la compagnie chinoise CGN 70%. Cette dernière étant sur la liste des entreprises avec lesquelles il est interdit de faire des affaires aux Etats-Unis depuis le 14 août 2019 (communiqué, copie), Framatome devait demander l’autorisation pour impliquer des employés basés dans ce pays. Et dire que CGN est impliquée dans la construction des EPR d’Hinckley-Point au Royaume-Uni…

Dans un communiqué daté du 22 juillet 2021, EDF annonce que le conseil d’administration de TNPJVC s’est enfin tenu : tout va bien, puisque “les paramètres radiochimiques de l’eau du circuit primaire demeurent en deçà des seuils réglementaires en vigueur à la centrale de Taishan, seuils qui sont cohérents avec les pratiques internationales”. Mais “les procédures d’EDF en matière d’exploitation du parc nucléaire français conduiraient EDF, en France, à mettre le réacteur à l’arrêt pour caractériser précisément le phénomène en cours et arrêter son évolution”… Ces deux affirmations sont contradictoires. EDF note aussi “un caractère évolutif” des fuites, pardon, de “l’inétanchéité de crayons de combustible”. Bref, cela s’aggrave.

Le 30 juillet, CGN, l’exploitant annonce finalement avoir arrêté la tranche 1 pour “maintenance”. Il va rechercher le combustible fuitard et le remplacer. Le reste du communiqué n’est que du blabla sans intérêt.

Fukushima : bilan de dix années de suivi par l’ACRO

Alors que l’on va commémorer le dixième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’ACRO propose :

Cela fait 10 ans que l’ACRO effectue un suivi de la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi et de ses conséquences sur un site Internet dédié : Fukushima.eu.org. Avec plus de 2 700 articles, c’est le site francophone le plus complet sur le sujet.

Le bilan chiffré traite :

  • de l’avancement du démantèlement des réacteurs accidentés ;
  • de la gestion de l’eau contaminée ;
  • des travailleurs du nucléaire et des décontamineurs ;
  • de la décontamination dans les territoires affectés par les retombées radioactives et de la gestion des déchets engendrés ;
  • du retour des populations dans les zones évacuées ;
  • de l’impact sanitaire ;
  • du coût de la catastrophe ;
  • de la situation du parc nucléaire japonais.

Résumé de la revue sur les cancers de la thyroïde :

L’ACRO a effectué une revue de la littérature scientifique à propos des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Les dernières données publiées font état de 252 cas de cancer suspecté, dont 202 ont été confirmés après une intervention chirurgicale. Mais ces données officielles ne prennent en compte que les cas découverts dans le cadre du suivi sanitaire lancé en 2011 par la province de Fukushima et ne sont donc pas complètes. Il n’est pas possible de connaître le nombre exact de cas.

S’il y a consensus sur le fait que le nombre de cas de cancer de la thyroïde observé est beaucoup plus élevé que ce qui est observé généralement sans dépistage, et ce, dès la première campagne de dépistage, les explications de cette augmentation sont très controversées. L’un des principaux objectifs du suivi en cours, outre de rassurer les familles, est de déterminer si l’exposition à de faibles doses de rayonnements a des effets sur la santé. Cependant, l’ancien directeur du suivi sanitaire de Fukushima, Shunichi Yamashita, a déjà conclu que « bien que les effets sur la santé directement liés à l’exposition aux radiations soient très peu probables dans les circonstances actuelles et les niveaux de radiation à Fukushima, une augmentation des cas de cancer de la thyroïde chez les enfants à Tchernobyl due à l’exposition interne à l’iode radioactif a conduit à exagérer le risque sanitaire des radiations à faibles doses et a également suscité une peur des radiations ». Quels que soient les résultats obtenus, les organisateurs de l’enquête s’en tiennent à cette interprétation.

Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer que les cas de cancer de la thyroïde découverts au cours de la première campagne n’étaient pas le résultat d’une exposition aux radiations après l’accident de Fukushima dai-ichi. Premièrement, une grande part de la population cible a reçu de faibles doses. Cependant, l’UNSCEAR, qui a procédé à une évaluation des doses à la thyroïde, n’exclut pas quelques cas de cancer liés aux radiations. Deuxièmement, la latence prévue pour le cancer de la thyroïde radio-induit est de 4 à 5 ans. Mais la plupart des cancers découverts à partir de la deuxième campagne sont apparus en très peu de temps. Troisièmement, aucun cas de cancer n’a été découvert dans la tranche d’âge la plus jeune, de 0 à 5 ans, au cours de la première campagne. Depuis, plus de 8 cas de ce type ont été découverts lors des campagnes suivantes.

En ce qui concerne les corrélations statistiques avec les doses d’exposition, les données disponibles ne sont pas suffisamment détaillées pour permettre des études précises. Il est intéressant de noter que les études réalisées par les membres du groupe de suivi sanitaire de Fukushima ne trouvent jamais de corrélation avec les doses de radiation, alors que les études réalisées par des chercheurs externes ont trouvé de telles corrélations.

Les arguments avancés pour exclure tout lien avec les retombées radioactives sont contredits par les faits. Si, dix ans après la catastrophe de Fukushima, il n’est toujours pas possible de tirer des conclusions définitives sur les raisons de la forte augmentation du taux de cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima, il n’est plus possible d’exclure que des cancers puissent être induits par les radiations.

Nuage de sable du Sahara : une pollution radioactive qui revient comme un boomerang ; mis à jour au 17.03.2022

Mise à jour le 22 mars 2022 :

L’ACRO a effectué une nouvelle mesure suite à un épisode survenu en mars 2022 en France et les niveaux détectés sont comparables. Lire le communiqué.

Communiqué du 24 février 2021 :

Alors que les vents chargés de poussières en provenance du Sahara, survolent à nouveau l’Europe cette semaine, des analyses réalisées par l’ACRO montrent que celles-ci contiennent des résidus de pollution radioactive datant des essais de la bombe atomique pratiqués par la France dans les années 60.

Une pollution radioactive qui revient comme un boomerang

Entre 1945 et 1980, les Etats-Unis, l’Union soviétique, le Royaume-Uni, la France et la Chine ont réalisé 520 essais nucléaires atmosphériques atteignant des niveaux stratosphériques et dispersant de grandes quantités de produits radioactifs à la surface du globe, principalement dans l’hémisphère nord. Au tout début des années 60, la France a procédé à des essais nucléaires atmosphériques dans le Sahara algérien (Reggane) exposant aux radiations ses propres soldats mais aussi les populations sédentaires et nomades de la région. Depuis ce premier essai au Sahara en 1960 jusqu’à l’ultime expérimentation de 1996 en Polynésie française, la France aura procédé à 210 tirs nucléaires.

Pourquoi parler aujourd’hui – 60 ans plus tard – de ces essais nucléaires du Sahara ?
Le 6 février dernier, une large partie de la France a été l’objet d’un phénomène météorologique apportant des vents chargés de sable et de fines particules en provenance du Sahara.
Pour illustration, dans le massif du Jura, le ciel est demeuré orange toute la journée et ces particules atmosphériques se sont déposées au sol. La neige bien blanche le matin est devenue orange à son tour.

Photos prises le 6 février 2021 dans le massif du Jura © ACRO

Photos prises le 6 février 2021 dans le massif du Jura © ACRO

 

 

 

 

 

 

 

Toutes les surfaces étaient, le soir, recouvertes d’une fine couche de ces particules. L’ACRO a alors fait un prélèvement sur toute la surface d’une voiture à l’aide de multiples frottis.

Photo des dépôts de fines particules de sable © ACRO

Ces frottis ont été transférés au laboratoire de l’ACRO pour une analyse de radioactivité artificielle par spectrométrie gamma (sur un détecteur GeHP).

Le résultat de l’analyse est sans appel. Du césium-137 est clairement identifié.
Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire.

Considérant des dépôts homogènes sur une large zone, sur la base de ce résultat d’analyse, l’ACRO estime qu’il est retombé 80 000 Bq au km2 de césium-137.

L’épisode du 6 février constitue une pollution certes très faible mais qui s’ajoutera aux dépôts précédents (essais nucléaires des années 60 et Tchernobyl).
Cette pollution radioactive – encore observable à de longues distances 60 ans après les tirs nucléaires – nous rappelle cette situation de contamination radioactive pérenne dans le Sahara dont la France porte la responsabilité.

Photo du spectre de résultat de l’analyse des poussières en provenance du Sahara par spectrométrie gamma Haute résolution (GeHP). L’analyse radiologique permet d’identifier la présence de césium-137 (Cs-137) matérialisée ici par son pic caractéristique (en rouge) © ACRO.

Version du communiqué en PDF

acronique du nucléaire #131, décembre 2020

  •  Edito
  • Surveillance de la Loire par l’ACRO (suite)
  • Surveillance de l’ACRO du plateau de la Hague
  • L’ACRO démissionne du Comité d’Orientation des recherches (COR) de l’IRSN
  • Centrale de Flamanville : état des lieux des réacteurs
  • revue de presse

 

Surveillance citoyenne de la radioactivité dans l’environnement autour des installations nucléaires de la Loire et de la Vienne

L’ACRO et le collectif de préleveurs Loire Vienne à Zéro nucléaire (LVZn) publient ce jour un nouveau bilan de leur surveillance citoyenne du tritium dans l’eau du bassin de la Loire et de la Vienne à retrouver sur le site de l’ACRO (acro.eu.org). Cet élément radioactif, rejeté par intermittence par les cinq centrales nucléaires situées sur ces cours d’eau, se retrouve dans les écosystèmes et l’eau de consommation.

Cette surveillance citoyenne fait apparaître deux points saillants :

• En aval de la centrale nucléaire de Dampierre, la concentration en tritium dans la Loire a dépassé la limite de qualité pour les eaux de consommation fixée à 100 Bq/L. Les résultats de la surveillance d’EDF font état de valeurs proches, alors que l’autorisation de rejet limite à 80 Bq/L en moyenne la concentration en tritium dans l’eau du fleuve.

• A Saumur, en aval de toutes les installations nucléaires situées sur la Loire et la Vienne, on retrouve presque systématiquement du tritium dans l’eau du fleuve et dans l’eau du robinet. La valeur la plus élevée détectée à ce jour reste celle du 21 janvier 2019, avec 310 Bq/L dans la Loire, qui a déjà été rendue publique en juin 2019. L’ASN a exclu un incident à la centrale de Chinon ayant entraîné un rejet anormal ce jour-là. Après avoir exclu l’existence d’une autre source de contamination, l’IRSN a, dans une note datée du 17 octobre 2019, mis en cause la « méthodologie du prélèvement » qui n’aurait pas été effectué dans la « zone de bon mélange ».

Les investigations supplémentaires que nous avons effectuées montrent qu’il n’y a pas de « bon mélange » à Saumur, contrairement à ce qui est admis. La contamination en tritium sur la rive gauche est encore influencée par les eaux de la Vienne et celle en rive droite, par les eaux de la Loire.

Le 21 janvier 2019, EDF n’a relevé que 32,8 Bq/L au niveau de son hydro-collecteur, situé en amont de la confluence avec la Vienne, soit environ 10 fois moins que nous. Il est donc fort probable qu’il n’y avait non plus de « bon mélange » dans l’eau de la Loire et que l’hydro-collecteur ne permet donc pas de suivre correctement les rejets de la centrale de Chinon.

Ainsi, ce ne sont donc pas les prélèvements qui doivent être remis en cause, mais la modélisation effectuée par l’IRSN et la surveillance effectuée par EDF.

Dans un rapport pas encore publié sur son site Internet, mais transmis à la CLI de Chinon le 1er octobre 2020 (ce rapport est désormais public : lien direct, copie), l’IRSN corrobore nos observations : « L’homogénéisation des concentrations en Loire des rejets liquides du CNPE de Chinon n’est pas atteinte en toutes circonstances au niveau de sa station de surveillance aval. En conséquence, il est fortement pressenti que la mesure du 21 janvier 2019 traduise la persistance jusqu’à Saumur de concentrations de tritium hétérogènes consécutives aux rejets liquides du CNPE de Chinon ». Ce n’est donc pas notre « méthodologie de prélèvement » qui est en cause ! De plus, selon ce rapport, entre mai 2018 et mai 2019, l’hydro-collecteur en question, qui sert à EDF et à l’IRSN, n’a détecté les rejets de Chinon que de la « fin juillet 2018 à début novembre 2018 ». Le reste du temps, les « mesures effectuées à cette station sont essentiellement représentatives des contributions des CNPE amont ». Ce dysfonctionnement n’aurait pas été découvert sans la surveillance citoyenne effectuée par l’ACRO et le collectif de préleveurs !

Communiqué au format pdf

Tous les résultats de la surveillance citoyenne de la radioactivité dans le bassin de la Loire sont dans notre rapport :

 

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L’ACRO a créé l’Observatoire Citoyen de la radioactivité dans l’environnement, un réseau de surveillance basé sur la vigilance des citoyens, riverains ou non d’installations nucléaires. Les deux principaux volets sont le suivi des niveaux de radioactivité le long du littoral normand et le suivi du tritium dans les eaux douces et les eaux de consommation. Dans les deux cas, il s’agit d’évaluer les répercussions des rejets d’effluents radioactifs des installations nucléaires dans l’environnement.

Vous pouvez participer à l’ensemble des opérations, des prélèvements dans l’environnement jusqu’à la valorisation des résultats, en passant par toutes les étapes de traitement et d’analyse des échantillons au sein du laboratoire de l’ACRO. L’équipe sera présente pour assurer un encadrement technique et scientifique qui vous permettra d’acquérir, ou de perfectionner différents savoirs et savoir-faire, certains étant propre à notre domaine d’activités (analyses par spectrométrie gamma et scintillation liquide), d’autres étant plus universels (préparation d’échantillons, gestion de bases de données, SIG, sites internet…).

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