Nucléaire au Japon : un redémarrage aux forceps

ACRO, 9 juillet 2012 ; mis à jour le 18 juillet.

« 再稼働「反対」- Saïkadô hantaï – saïkadô hantaï… » (Non au redémarrage). C’est le cri de protestation de milliers de manifestants devant la résidence du premier ministre japonais tous les vendredis à 18h. Ils étaient 150 000 selon les organisateurs vendredi 6 juillet, 21 000 selon la police. C’est plus que la semaine précédente. Le nombre de participants n’a fait qu’augmenter depuis le 29 mars, semaine après semaine, le bouche à oreille et les réseaux sociaux aidant. Du jamais vu au Japon depuis les années 70. A tel point que les grands médias commencent à en parler. Le vendredi suivant, ils étaient tout aussi nombreux, bien que la police ait essayé de bloquer les accès en mettant des barricades et en fermant la station de métro la plus proche.

A Ôsaka, devant le siège de KEPCo, Kansaï Electric Power Co, qui est en train de redémarrer deux de ses réacteurs de la centrale d’Ôï (ou Ohi) dans la province de Fukui, sur la côte de la Mer du Japon, la manifestation du vendredi voit aussi le nombre de participants augmenter, même si l’affluence n’est pas encore comparable. Là aussi, la police a fermé la station de métro la plus proche le vendredi 13 juillet, en vain. D’autres manifestations plus sporadiques ont aussi été organisées ça et là au gré des déplacements des ministres.

Mais c’est le lundi 16 juillet, férié au Japon, qu’a eu lieu la plus grosse manifestation anti-nucléaire de l’histoire du Japon : 170 000 personnes dans le parc de Yoyogi à Tôkyô selon les organisateurs, 75 000 selon la police. L’objectif de 100 000 personnes a donc été fort probablement dépassé.

« Saïkadô hantaï… »

Sur 54 réacteurs de production de l’électricité, 14 ont été arrêtés par le séisme du 11 mars 2011. En mai 2011, le premier ministre de l’époque a ordonné l’arrêt immédiat de la centrale de Hamaoka située sur une faille. Les autres réacteurs ont été arrêtés les uns après les autres après 13 mois de fonctionnement pour remplacer une partie du combustible et assurer la maintenance. Le dernier s’est arrêté le 5 mai 2012. Leur redémarrage est tributaire des autorités locales qui exigent des garanties après la catastrophe survenue à la centrale de Fukushima daï-ichi.

La décision prise par le gouvernement, le 16 juin dernier, d’autoriser le redémarrage de deux réacteurs avant l’été suscite une forte réaction d’opposition de la population, ce qui est compréhensible après la catastrophe de Fukushima, et divise aussi la majorité au pouvoir. 30% des parlementaires du Parti Démocratique du Japon, soient 117 personnes, ont signé une pétition demandant au gouvernement de ne pas redémarrer de réacteur cet été. Il est possible pour eux de faire des économies d’électricité. Mais, le premier ministre, faute d’avoir pu convaincre, dit endosser la responsabilité de cette décision. Alors qu’il ne sera bientôt plus premier ministre…

L’arrêt de tout le parc nucléaire japonais dernier coûte cher aux exploitants. Les compagnies d’électricité et le gouvernement mettent en avant le coût élevé des énergies fossiles de substitution. Mais ce qui plombe les comptes des compagnies, c’est l’investissement massif dans une technologie nucléaire qui se trouve inutilisable. A cela s’ajoutent la main d’œuvre et les frais liés au maintien des centrales et le refroidissement des combustibles usés. La pression est donc forte pour redémarrer au plus vite les réacteurs. Selon une estimation du ministère de l’économie japonais, 4 compagnies feraient faillite si le nucléaire était abandonné dès 2012 parce qu’elles sont trop endettées.

« Saïkadô hantaï… »

Le gouvernement, surpris par l’opposition des élus locaux et des populations, a organisé des stress-tests en prenant exemple sur l’Europe. Il voulait aller vite pour qu’il n’y ait pas d’arrêt complet du parc nucléaire. Ce sont les réacteurs n°3 et 4 de la centrale d’Ôï qui ont rendu le plus vite leur copie. Mais il ne s’agit que d’un exercice de simulation numérique sur un réacteur virtuel qui ne permet en rien de garantir la sûreté des réacteurs réels. Par ailleurs, l’autorité de sûreté en place, complètement discréditée par la catastrophe en cours qu’elle n’a pas su prévenir, n’a aucune légitimité pour les expertiser. Elle a beau avoir entériné l’exercice fait par l’exploitant en mars 2012, cela n’a pas suffit à convaincre. L’AIEA, appelée à la rescousse, n’a pas été plus convaincante car elle est aussi plus préoccupée par la promotion du nucléaire que par sa sûreté.

« Saïkadô hantaï… »

Les élus locaux ont demandé en préalable que toute la lumière soit faite sur l’accident de Fukushima et de nouveaux standards de sûreté qui éviteront une nouvelle catastrophe. Un processus trop long pour le gouvernement. Si le pays pouvait se passer du nucléaire cet été, au moment où la demande en électricité est la plus forte à cause de la climatisation, comment convaincre ensuite que le pays a un besoin impératif de cette énergie ?

Le gouvernement a donc entériné de nouveaux standards de sûreté en deux jours ! 3 jours plus tard, KEPCo soumettait un rapport au gouvernement expliquant comment il satisfaisait à ces nouveaux critères pour sa centrale d’Ôï et son plan à moyen et long terme de renforcement de la sûreté. Et il n’a fallu qu’une demi-journée au gouvernement pour se déclarer satisfait de ce rapport. Plus besoin d’autorité de contrôle ! Mais il a décidé de laisser passer une semaine pour annoncer sa décision officielle, histoire de paraître plus crédible. Nous sommes encore à la mi-avril et il n’a pas encore perdu espoir de pouvoir annoncer un redémarrage avant le 5 mai.

« Saïkadô hantaï… »

Ne restait plus qu’à convaincre les élus locaux. Quels élus ? Dans quel périmètre ? Uniquement ceux de la ville d’Ôï et de la province de Fukui qui dependent des subsides de la centrale, bien que la catastrophe en cours à Fukushima a montré que les particules radioactives pouvaient retomber massivement jusqu’à plus d’une cinquantaine de kilomètres. Les autres élus sont donc légitimement inquiets. Avec l’élargissement du périmètre de sûreté à 30 km autour de la centrale, de nombreux maires ont demandé voix au chapitre. Ce nouveau périmètre empiète aussi sur le territoire des provinces voisines de Kyôto et Shiga. Les gouverneurs ont donc posé leurs conditions. Enfin, le maire de la ville d’Ôsaka, située plus loin, mais sous les vents dominants, s’est fermement opposé au redémarrage de toute centrale nucléaire. Il réclame qu’un accord soit signé avec toutes les communes dans un rayon de 100 km et une nouvelle autorité de sûreté indépendante. Le lac Biwa, le plus grand du Japon, qui alimente en eau potable une partie de cette région du Kansaï est aussi menacé par un accident à la centrale.

« Saïkadô hantaï… »

Mais le gouvernement n’en démord pas. Pas question d’élargir le périmètre de la consultation. Il est soutenu par l’exploitant nucléaire, Kepco. Evidemment. C’est le gouverneur de Fukui qui exigera que le gouvernement convainque les gouverneurs de provinces voisines pour qu’il donne son accord. Les tractations sont allées bon train, et finalement à la mi-mai, il y a eu un retournement spectaculaire des opinions des gouverneurs de la région et du maire d’Ôsaka, mais juste pour la période de l’été.

Les populations quant à elles, n’auront jamais été consultées. Pourtant, tous les sondages montrent qu’une majorité de Japonais est opposée au redémarrage et préfère affronter la pénurie d’électricité. Une pétition a rassemblé suffisamment de signatures aussi bien à Ôsaka qu’à Tôkyô pour réclamer un référendum d’initiative populaire sur la question du nucléaire. En vain, les gouvernements locaux ont rejeté la demande comme la loi le leur permet.

« Saïkadô hantaï… »

Le 26 avril, des représentants du gouvernement, accompagnés de membres de la NISA, organisme en charge de la sûreté, ont tenu une réunion publique à Ôï à propos du redémarrage des réacteurs. L’accès à la réunion n’était possible qu’aux porteurs d’une invitation et le contrôle était aussi sévère que dans les aéroports : passage sous des détecteurs de métaux, contrôle des sacs, interdiction d’apporter de la nourriture ou une boisson… Les manifestants contre le redémarrage ont été tenus à distance par des contrôles très stricts : chaque voiture, camion ou bus ont été arrêtés et contrôlés. Malgré cela, environ 540 personnes ont assisté à la réunion, soit environ 10% des électeurs du village. Les opinions étaient partagées entre les risques économiques (la centrale fournit 58% du budget de la commune) et les risques nucléaires. L’assemblée était plutôt favorable au redémarrage, mais a critiqué la façon dont le gouvernement a traité ce dossier.

Impossible de connaître le détail des tractations qui ont conduit au revirement des élus locaux. Mais le risque de coupure pendant l’été, faute de capacité suffisante d’approvisionnement, a sûrement pesé fortement dans la balance. Si ces coupures provoquent des drames, sûr que le gouvernement en fera porter la responsabilité aux élus locaux qui, inconscients, refusaient le redémarrage du nucléaire. Le maire d’Ôsaka a reconnu sa défaite mais a affirmé qu’il allait tenter d’obtenir l’arrêt des réacteurs à l’automne quand la situation sur le marché de l’électricité ne sera plus tendue. Les gouverneurs de Kyôto et de Shiga lui ont emboîté le pas, mais il est peu probable qu’ils obtiennent gain de cause.

« Saïkadô hantaï… »

La région desservie par Kepco, l’exploitant de la centrale d’Ôï, est celle où la situation est la plus critique car cette compagnie tirait 40% de sa production de l’énergie nucléaire. Si l’été 2012 est aussi chaud que l’été 2010, qui a été exceptionnellement chaud, il manquera à KEPCo 16,3% des capacités de production au moment des pointes de consommation. Même avec le redémarrage de deux réacteurs d’Ôï, la situation restera tendue car il pourra manquer jusqu’à 8% des capacités de production. De toutes façons, il faudra faire des économies. Avec la température moyenne des dernières années, il manquera 13,5%. Ces chiffres de l’exploitant ne prennent pas en compte les possibilités d’achat d’électricité aux autres compagnies qui sont dans une situation moins tendue. Ni les possibilités d’imposer une baisse de la consommation aux gros consommateurs comme cela a été fait l’été dernier dans la zone alimentée par TEPCo, l’exploitant de la centrale de Fukushima.

KEPCo avait déjà hurlé au loup en février dernier, appelant à une baisse de 10% de la demande pour éviter la rupture de l’approvisionnement et cela s’est avéré inutile… Les capacités hydrauliques ont été plus abondantes que prévu. La fourniture d’électricité des autres compagnies a aussi été supérieure. Evidemment, les efforts des consommateurs ont aidé à diminuer le pic de demande. Les prédictions pour l’été à venir de KEPCo ne prennent pas en compte cette nouvelle réalité sociétale.

« Saïkadô hantaï… »

Le réacteur n°3 d’Ôï a finalement redémarré le 1er juillet et atteint sa pleine puissance le 9. Le redémarrage du réacteur n°4 est en cours depuis le 18 juillet. Après de longues tractations avec l’opposition, le parlement japonais a réussi à s’entendre sur la nouvelle autorité de sûreté nucléaire qui devrait être mise en place à l’automne. En attendant, les réacteurs d’Ôï satisfont très partiellement à des critères de sûreté provisoires. KEPCo affirme que sa centrale d’Ôï peut faire face à un tsunami de 11,4 m. Pourquoi 11,4 m et pas 11 ou 12 m, voire 15 m comme à Fukushima daï-ichi ? La plus grosse vague attendue à Fukushima était de 5,5 mètres, d’après les calculs de la Société japonaise des ingénieurs en génie civil. Mais le tsunami du 11 mars 2011 faisait 9,5 m de plus que prévu. La NISA, l’autorité de sûreté japonaise, a donc demandé à chaque exploitant d’ajouter 9,5 m à ses prédictions. A Ôï, les calculs savants avaient prédit une vague de 1,9 m maximum. Et le nouveau critère est devenu 1,9+9,5 = 11,4 m. Rassuré ? Pour les centrales où les prédictions étaient déjà assez élevées, la NISA fixé la barre à 15 m, pas plus haut. Ces 15 m correspondent à la hauteur de la vague à la centrale de Fukushima daï-ichi, pas la plus grande hauteur enregistrée sur la côte pacifique…

Une faille active courrait aussi sous cette centrale, selon deux sismologues japonais réputés. La commission d’experts auprès de la NISA a aussi de sérieux doutes sur cette faille présentée comme inactive par l’exploitant. L’enjeu est important, car, d’après la loi japonaise, il n’est pas possible de construire une centrale nucléaire sur une faille active. Le 18 juillet, la NISA a officiellement demandé à KEPCo de réétudier cette faille et de présenter son plan de travail avant la fin du mois, mais n’a pas arrêté pour autant le réacteur n°3 ni bloqué le démarrage du n°4.

« Saïkadô hantaï… »

Des camions avec des générateurs électriques de secours ont été positionnés sur place. Mais parmi les 91 mesures nécessaires à l’amélioration de la sûreté, 37 restent à implémenter, et pas des moindres : le centre de secours résistant aux séismes sera prêt, promis, en 2015. Le centre actuel est dans les sous-sols et peut être inondé en cas de tsunami… En attendant, la compagnie va aménager une salle de réunion à proximité de la salle de contrôle, qui ne peut accueillir que 50 personnes et qui est trop près des réacteurs. Les filtres qui doivent retenir une partie de la radioactivité si les réacteurs doivent être éventés, ne seront installés qu’en 2015. La digue sera rehaussée en 2014…

Mais, il n’y a pas que les réacteurs à améliorer. Il y a aussi la gestion de la crise. La centrale d’Ôï est située tout au bout d’une péninsule avec une seule route d’accès qui peut être bloquée par la neige en hiver ou être très glissante (carte). Les secours pourront-ils arriver ? Le jour du redémarrage du réacteur n°3, le 1er juillet, seulement quelques centaines manifestants avaient réussi à bloquer l’accès à la centrale. Le président de Kepco a dû se rendre sur les lieux en bateau… En cas d’accident, comment évacuer les 300 000 personnes qui vivent dans un rayon de 30 km de la centrale ? En hiver, il y a peu de routes pour s’enfuir et une seule ligne de chemin de fer.

« Saïkadô hantaï… »

Le gouvernement ne veut pas s’arrêter là. Il commence déjà à annoncer partout qu’il y aura une pénurie cet hiver à Hokkaïdô, la région la plus froide du pays, si l’on ne redémarre pas de réacteurs nucléaires sur cette île. Même TEPCo n’a pas renoncé à redémarrer un jour sa centrale de Fukushima daï-ni, située à 12 km de celle accidentée de Fukushima daï-ichi ! Elle dépense 90 milliards de yens (900 millions d’euros) par an pour tenter une remise en état de marche alors que les autorités régionales n’accepteront naturellement jamais. Elles ont été claires là-dessus. Et les dommages sont probablement irréversibles. In fine, c’est le consommateur qui paye cette folie. La compagnie a inclus ces coûts dans son bilan pour justifier l’augmentation de ses tarifs. 2 000 personnes y travaillent quotidiennement dans un environnement très contaminé et prennent des doses inutiles.

« Saïkadô hantaï, saïkadô hantaï… »

Les informations de cet article sont tirées du suivi quotidien de la catastrophe fait par l’ACRO.

Ancien lien

アクロ(ACRO)による日 本の放射能モニタリング結果

(2012.07.12)

see Environnement Japon on a bigger map


カンパをお願いします



福島原発の事故の後、アク ロは、日本でも市民によって環境放射能のモニタリングができるようにと協力をしてきました。

2011年3月
福島県の土壌と水 (2011年3月31日)

2011年4月
宮城県の野菜とシイタケ (2011年4月2日)
大阪市内のスーパーで購入した野菜(2011年4月22日)
日本の土壌と藁 (2011年4月12日 ~18日)
福島県相馬市の海水 (2011年4月16 日)

2011年5月
•  福島 県の海藻  (2011年5月4日~9日)
宮城県南部の土壌と水と野菜 (2011年5月14日~18日)
東京江東区のスラッジプラントの周辺のサンプル (2011年5月22日~25日)
茨城県南部と千葉県の土壌 (2011年5月15日~17日)
福島市の子供の尿 (2011年5月19日~21日)

2011年6月
福島県と宮城県の土壌と牧草 (2011年5月5日 ~4日)
福島県と宮城県の水道水 (2011年6月8日~19日)
福島市の野菜 (2011年6月18日 ~20日)

2011年7月
福島市と宮城県の野菜と 牛乳 (2011年7月3日 ~5日)
福島県小名浜港の魚 (2011年5月23日と7月23日 ~24日)
福 島の子 どもの尿分析(2回目)(2011年07月)
福島県、宮城県、神奈川県と北海道の土 (2011年6月28日~2011年7月31日)
福島県のジャガイモ (2011年07月)

2011年8月
東北の魚と海藻 (2011年8月19日~2011年8月22日)

2011年9月
東北の魚と海藻 (2011年9月13日~2011年9月14日)
福島県のサンプル (2011年9月)

2011年10月
東北の魚と海藻 (2011年10月12日~2011年10月13日)

2011年11月
掃除機のホコリや尿 (2011年9月~2011年11月)
福島県川俣のひらたけについての調査 (2011年11月)

2011年12月
東北の魚とカキ (2011年11月~2011年12月)

2012年01月
岩手 県一関市の食品 (2011年05月~2012年01月)
東北地方の掃除機からのハウスダスト (2012年01月)

2012年02月
日本各地の尿検査結果 (2012年02月)

2012年03月
日本各地の尿検査結果 (2012年03月)

2012年04月
食品 (2011年07月~2012年04月)
日本各地の尿検査結果 (2012年04月)

2012年05月
日本各地の尿検査結果 (2012年05月)
水と土壌 (2011年02月~2012年05月)

2012年06月
日本各地の尿検査結果 (2012年06月) 解説
-> 子供たちに対する放射能の説明、ACRO 2011

放射能測定に資金が必要です-ちくりん舎へカンパをお願いします


福島県の土壌と水 (2011年3 月31日)

すでに福島県からいくつかのサンプルがアクロに届き、測定の結果、基準を超える高い数値の放射性物質が検出されました。これらのサンプルは、日本の一般市 民によって採取されたものであります。

解説:

高度な濃度の放射能の汚染はチェルノブイリ原発事故と同レべルに値します。
アクロが測定したサンプルの中では、飯舘村前田の農地の土壌から最も高い放射性物質が検出されました。
放射性ヨウ素の値が一番高く、住民を避難させるべきであります。
長期的にみれば、半減期が約30年のセシウム137が最も心配されます。

土壌の測定の結果(単位はベクレル/ キロあたり)、その多くが、日本政府が定めた水田の土壌中の放射
性セシウムの濃度基準(5 000ベクレル以下/ 土1キログラムあたり)を上回るものでありました。
この結果をみれば、コメの作付けは見送られるべきです。

アクロが測定した数値(ベクレル/平方メートル)をチェルノブイリ事故後のベラルーシでの測定値と比べてみます。
185 000 –    555 000ベクレル/ m²           避難区域
555 000 – 1 480 000 ベクレル/m²           強制避難区域

ほとんどの測定結果の値はこの基準値を上回るものであります。

Download the analysis report in English

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宮城県の野菜とシイタケ  (2011年4月2日)

サンプルはフランスのテレビ局のレポーターによって宮城県から持ってこられま した。
これらは福島第一原発から約80キロの場所で採取されました。

解説:

野菜から検出されたセシウム137の値は基準値の500ベクレル/kgを大幅に上回っています。

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大阪市内のスーパーで購入した野菜 (2011年4月22日)

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日本の土壌と藁 (2011年4月12日~18日)

解説:

ACROは日本の市民が日本各地で 集めたサンプルを分析した。
福島から遠く離れた神戸では汚染は発見されなかった。佐賀(九州)と福井ではセシウム137の みが発見された。セシウム134が同じレベルで発見されないのでこのセシウム137は 過去の汚染であることを示している。
福島に近いところでは全てのサンプルは損壊した原発からの降下物による多数の放射性元素により汚染されている。
藁が高い放射能濃度であるのは藁が軽いことによる。一平方メートル当たりで同じ量の降下物による汚染でも、藁は土と比べるとキログラム当たりの汚染では非 常に高いものとなる。
前回の福島県からの土のサンプル分析ではヨウ素131が強く出ていた。しかしヨウ素131の 半減期は非常に短い(8日間)ので比較的早く消滅する。今回測定されたヨウ素はセシウ ムと比べ低い。
テルル129mは崩壊して半減期の非常に長いヨウ素129に なる。半減期は16百万年である。この核種は原発周辺で注意深く監視する必要があ る。
中間的なセシウム137は最もやっかいな核種とな るだろう。今回測定された濃度は全て日本政府により決定された米の作付基準であるキログラム当たり5,000ベクレルを下回っている。
1平方メートル当たりのセシウム137のベクレルを計算すれば、福島県の全てのデータはベラルーシで は移住の許可が与えられた185,000ベクレルを上回っている。
宮城県の汚染も極めて高いものである。それは以前に我々が宮城県の野菜で測定した高い汚染と符合する。

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福島県相馬市の海水 (2011年4月16日)

解説:

通常、海水の汚染は検出することができない。原発から40Km以上北に位置する相馬で発見された放射性元素は福島原発からの ものである。海水の汚染は海の生物に蓄積される特性をもっている。例えば海藻のヨウ素汚染は海水のそれに比べ1,000倍から10,000倍もの濃度になりうる。魚や貝類ではこの値は10倍 から100倍となる。セシウムは生物種により10倍 から400倍に濃縮される場合がある。

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福島県の海藻 (2011年5月4日~9日)

グリン ピースによって採取された海藻。

Download the analysis report in English

国際環境NGOグリーンピースが福島第一原発の南方80Km沖で採取した海藻のうち1つの試料を除き、その他全ての試料について警戒レベルの放射能汚染を計測しました。

ヨウ素131の濃縮数値においては、日本政府の設定した暫定基準値である2000bq/kgを遥かに超える数値が検出されました。

この藻類は福島第一原発の第2号機から高濃度の汚染水が海へ流出した時点から約1ヶ月後に採取された試料です。この結果は公に汚染について公表されたものは異なり、また同時に、汚染は残留するという事を立証しました。

海藻がこれほどまでのレベルに汚染されている事から、海水も同じ様に汚染されています。しかしながら、日本政府による検査分析はより厳密に行われるべきで あり、日本政府によって行われた検査の検出限界はヨウ素131は4bq/L、 セシウム134は6bq/L、セシウム137は9bq/L としています。 放射能物質は海洋生物に濃縮する事から、この政府の設けた検出限界よりもより低い検出限界を設定する必要があります。藻類で計測されるヨウ素汚染は水の汚 染と比較した場合、1000倍高い数値になる場合もあります。

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宮城県南部の土壌と水と野菜 (2011年5月14日~18日)

Download the analysis report in English

解説:

今回調査した宮城県南部の野菜は輸出が許可されるレベルの汚染度である。
これらの野菜と同時に収集した土は全て日本政府の米の作付基準以下の汚染度であった。すなわち、全てセシウム汚染は上限の5000Bq/kg以下である。
しかしながら、放射能に安全なしきい値は無いということに注意を払うことが重要である。
Fの畑の表面汚染はベラルーシでは定期的な監視が必要となる37,000Bq/m2 の基準を超えている。
今回の水のサンプルからは汚染は検出されなかった。

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東京江東区のスラッジプラントの周辺のサンプル (2011年5月22日~25日)

解説:

東京湾にある汚泥焼却プラントの周辺は高度に汚染されている。
この汚染はおそらく大部分が放射能に汚染された汚泥を焼却する焼却プラントからの煙によるものだろう。
セシウム137による表土汚染は定期的監視が必要となるベラルーシの基準である37,000Bq/m2を超えている。
植物の汚染も高い。キログラム当たりの値で表される事実から枯れ草と苔の鋭い違いがある。
この地域の汚染についてはより詳細な調査が必要である。
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茨城県南部と千葉県の土壌 (2011年5月15日~17日)

解説:

東京近郊で採取された土のサンプルは全て福島原発事故による降下物で顕著に汚染されている。
柏市(千葉県)のセシウム-137による表土汚染はベラルーシでは定期的監視が必要とされる37,000Bq/m2の基準を超えている。
この地域ではより詳細な調査が行われるべきである。

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福島市の子供の尿 (2011年5月19日~21日)

ACRO press release
Download analysis report

解説:

ACROは福島原発から約60Kmに位置する福島市に住む子どもの尿を分析した。その結果は極めて明確である:全てのサンプルは セシウム134と137に汚染されている。その濃度範囲は0.4から1.3ベクレル/リットルである。
このことは、これら6歳から16歳の子どもたち全員がセシウム134と137に汚染されていることを意味する。おそらくヨウ素1 31にも汚染されていた可能性があるが、ヨウ素131は素早く消失するため現在では検出されない。
これらのデータから全身の被ばく量を評価することは難しい。このことは放射能雲にさらされた人々と汚染された地域に住む人々の内 部被ばくを組織的に測定することを日本政府に強く求めている。これは簡単にできる(アントロポガンマメトリーにより(ホールボ ディカウンタのこと;訳注)。
内部被ばくの測定結果は公衆の被ばく量の評価において、その一部として考慮されるべきである。
今回の測定結果は、日本政府により決定された避難基準は高すぎるという我々の意見を補強するものである。ACROのみならず多くのNGOが、事故後1年間で20ミリシー ベルトと定められた基準を批判して来た。それはフランス政府により設定された事故後の基準である10ミリシーベルトの2倍であり 平常時の公衆の許容レベルの20倍である。
この内部被ばくは放射能雲によるものか、または汚染された食物によるもの、あるいはその両方による被ばくである。内部被ばくにつ いても放射能汚染による別の形態の被ばくとして付け加えられなければならない。この内部被ばくについての許容基準は減少されるべきである。

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福島県と宮城県の土壌と牧草 (2011年5月5日~19日)

Download analysis report

解説:

全てのサンプルは福島原発事故の降下物によるセシウム134と137に
汚染されている。その大部分は日本政府が決めた米の作付制限である
5000Bq/kg以下である。
温室の サンプルは雨よけの場所から収集されたものであり汚染は少ない。
2か所での表面汚染はベラルーシでは定期的監視が必要な37,000Bq/m2を
超えている。
牧草もセシウム134と137に汚染されているが放牧可能なレベルである。

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福島県と宮城県の水道水 (2011年6月8日~19日)

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福島市の野菜 (2011年6月18日~20日)

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福島市と宮城県の野菜と 牛乳(2011年7月03日~05日 )

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福島県小名浜港の魚(2011年5月23日7月23日~24日 )

グリーン ピースによって採取された魚。

国際環境NGOグリーンピースは8月9日、福島第一原子力発電所周辺で実施した、海産物の放射線調査において、福島県いわき市の小名浜港で採取したアイナメやクロメバルなどの魚から、暫定規制値を超える放射性物質を検出したことを発表しました。

サンプリングした海産物を、フランス原子力安全機関(ASN)認定機関のアクロ(ACRO)研究所で核種分析したところ、アイナメ(福島県小名浜港で採 取)から 1kgあたり749Bqのセシウム(Cs-134 + Cs-137)、クロメバル(福島県小名浜港で採取)から同1,053Bqのセシウム(Cs-134 + Cs-137)など、複数のサンプルから暫定規制値を超える放射性物質を検出しました。

魚 がこれほどまでのレベルに汚染されている事から、海水も同じ様に汚染されています。しかしながら、日本政府による検査分析はより厳密に行われるべきで あり、日本政府によって行われた検査の検出限界はヨウ素131は4bq/L、 セシウム134は6bq/L、セシウム137は9bq/L としています。 放射能物質は海洋生物に濃縮する事から、この政府の設けた検出限界よりもより低い検出限界を設定する必要があります。

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福島の子 どもの尿分析(2回目)(2011年07月)

ACRO 記者会見発表

解説:

日本の市民からの要求によりACROは18人の日本人の子どもの尿を分析した。子どもたちは福島県および東京都その周辺の出身である。

福島県の15人の子どもたちは全て、約60キロメートル離れた場所での核事故による放射性降下物で尿が汚染され続けている。このことは子どもたち自身がずっと汚染され続けていることを示している。一方で、東京とその周辺の3人の子どもたちの尿からは汚染は検出されなかった。

日本政府により実施された検査では福島の子どもたちの約半数が汚染されているとしているが、我々の結果では100%である。このことは日本政府の測定精度が不十分であり全ての汚染を検出していないことによる。

最初の10人の子どもたちは我々が前回測定(結果は6月30日に発表)した子どもたちと同一である。子どもたちのうち9人はその後、福島を離れた。一人だけが留まっている(U2)。U6の子どもは3月末に避難した。U3とU4は5月末に避難した。3人は6月から7月始めに福島を去り、残りの3人も7月22日からの夏休みの始めに避難した。

後の5人の新しい子どもたちは福島市周辺に住んでいる。そのうちの一人は5月中旬に避難した(U14)。

U11とU12は同じ高校の生徒であり同じグラウンドで頻繁に運動の練習を行っている。2人の汚染の違いは食物からのものであろう。

子どもたちの親は汚染を減らそうと精一杯の努力をしているにもかかわらず、環境中への大量の放射性物質の放出から4カ月以上もたった後、採尿の時期に未だ福島にいる子どもたちは全て汚染されていた。避難は汚染を減らすための一つの方法である。子どもたちの間での内部被ばくのバラつきは食物によるものであろう。

福島の子どもたちの内部被ばくを正確に、系統的にかつ定期的に監視することが重要である。家族はこの汚染を減らすことができるように放射能の測定結果について知ることができなければならない。

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福島県の子どもの尿分 析 (2011年07月)

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 東京周辺の子どもの尿 分析結果 (2011年07月)

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福島県、宮城県、神奈川県と北海道の土 (2011年6月28日 ~ 2011年7月31日)

解説:

福島原発から75kmの宮城県南部に位置する白河市越河ではセシウムによる汚染の合計は343,000Bq/m2に達した。これはベラルーシでは住民は移住の権利が与えられるレベルである。
原発から66kmの宮城県角田市ではセシウムの汚染は合計で163,000Bq/m2である。ベラルーシでは継続的な放射能監視が必要なレベルに相当する。
原発から約300kmの横浜でもかなりの汚染がある。北海道富良野市は原発から670Kmである。

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福島県のジャガイモ (2011年07月)

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東北の魚と海藻 (2011年8月19日~ 2011年8月22日)

グリーン ピースによって採取された海藻と魚

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東北の魚と海藻 (2011年9月13日~ 2011年9月14日)

グリーン ピースによって採取された海藻と魚

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福島県のサンプル (2011年9月)

サンプルはフランスのテレビ局のレポーターによって福島県から持ってこられました。場所の詳細は確認されていません。
地元住民は川前町のホットスポットを知っている。

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東北の魚と海藻 (2011年10月12日~ 2011年10月13日)

グリーン ピースによって採取された海藻と魚

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掃除機のホコリや尿 (2011年9月~ 2011年11月)

掃除機のホコリ

ACROは日本の市民からの求めに応じて13軒の家の掃除機のホコリを分析した。原発から600Km離れた大阪を除いて、これらのホコリは全て福島での大惨事によるセシウム134と137で汚染されていた。

セシウムにより1キログラム当たり約20,000ベクレルという最も高い汚染を示したのは福島市渡利地区のものである。原発から約60 kmの場所にあるこの地域は特に汚染されている地域として知られており、コメの出荷も禁止されている。

北は岩手県一関市、南は東京の北の郊外に位置する千葉県柏市の住宅も相当に汚染されている。両市は原発から約200 km離れているが、汚染されたホコリは1キログラム当たりほぼ6,000ベクレルである。

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 東北の子どもの尿

ACROは日本の市民からの求めに応じて子どもたちの尿の分析を続けてきた。今回、福島からの尿が100%汚染されてはいなかったのは良いニュースではあるが、しかし依然として多くの子どもたちが汚染され続けており、そのレベルは減衰していない。

これらの子どもたちの何人かは掃除機のホコリの比較調査を行った家に住んでいる。しかしホコリと尿の汚染の間にはどんな相関関係もなさそうである。このことからは食品が指摘される。

事故を起こした原発からほぼ200Kmの岩手県一関市の尿が最も高い汚染であった。

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関東の子どもの尿

初めて東京の子どもの尿からセシウムを検出した。これはおそらく食品によるものである。

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福島県川俣のひらたけについての調査 (2011年11月)

解説:

今回、生のヒラタケを初めて分析した。それらは30分間水に浸したもの、水あるいは酢を加えた水で15分間煮たものである。これらの結果、水に浸したものでは、わずかに11%のセシウムが水に移ることが分かった。一方で煮出した水には31から32%のセシウムが移動した。

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東北の魚とカキ (2011年11月~ 2011年12月)

解説:

フランス人ジャーナリストがこれらの魚、カキを持ち帰った。 魚のセシウム汚染は500Bq/Kgの現在の規制よりは低い。しかしこれ らの魚のうち2品目は将来予定されている100Bq/Kgの規制を超えている。

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岩手 県一関市の食品 (2011年05月~ 2012年01月)

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東北地方の掃除機からのハウスダスト (2012年01月)

ACROは宮城県と福島県の掃除機から集められたハウスダストを分析した。全てのハウスダストが高いレベルで汚染されていることを確認した。ちなみに日本政府は廃棄物の放射能レベルを8,000Bq/kgと定めている。サンプルのうち2つはゴミ箱に酢捨てることはできないことになる。
家の汚染の継続的なモニタリングも必要であろう。

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日本各地の尿検査結果 (2012年02月)

ACROは日本のNGOや個人からの尿検査の要望に応えて無料での分析を行っている。今回の結果は福島原発から遠く離れた県からのものである。
3月11日からほぼ1年経過し福島原発から約220km離れた奥州市(岩手県)でも尿がまだ汚染されていることを示している。より近くの宮城県でも、特に丸森町で見られるように尿が汚染されている。
サンプルNo.11は前回の一関市の女児のものである。尿の汚染は顕著に改善された。両親は祖父母の菜園の野菜が汚染されているとは知らずに食べていた。ACROによる尿検査は、彼らが食生活を改善して予防ができるようにした。

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日本各地の尿検査結果 (2012年03月)

尿の 結果のコメントはこちらへ

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食品 (2011年07月~2012年04月)

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日本各地の尿検査結果 (2012年04月)

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日本各地の尿検査結果 (2012年05月)

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水と土壌 (2011年02月~2012年05月)

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日本各地の尿検査結果 (2012年06月)

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解説:

フランスのNGO ACROは日本からの依然として続く尿検査の強い要望に応え測定を行っている。ここに59例の新たな結果を公表する。
千葉県松戸市を除き、東京とその近郊の子どもたちの検査結果では汚染は検出されなかった。
環境中への大規模な(放射能)放出から1年以上たっても、福島原発からそれほど遠くない地域では子どもたちの尿は汚染されている。
これは特に福島地方で顕著だが近隣の宮城、栃木県でも同様である。これらの汚染は低いが長期に渡る。
宮城県栗原の子どもたちは全て自家の作物を食べている農家の子どもである。尿からの検出はセシウム134,137合計で1.68から2.5Bq/Lの範囲であり同一レベルである。
5人についてはフォローアップ検査である。全ての事例で汚染の減少が見られた。このことは、こうした検査が人々に注意を促す上で有効であることを示している。

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Ancien lien

Incendie et défaillance d’une pompe primaire du réacteur n°2 à la centrale nucléaire de Penly : l’ACRO sur le pont !

ACROnique du nucléaire n°97 – juin 2012


Rappel de l’incident.

Dans la journée du 5 avril, deux départs de feu dans le bâtiment réacteur suivis d’une fuite sur une des quatre pompes du circuit primaire ont entraîné l’activation du plan d’urgence interne de l’exploitant, l’intervention des pompiers et l’arrêt du réacteur. L’autorité de sûreté nucléaire et son centre d’urgence (ASN + IRSN) ont été mobilisés au cours de cet événement.

Dès le 6 avril, après avoir adressé au président de la Commission Locale d’Information (CLI) une proposition de s’associer à des contrôles indépendants (courriel resté sans réponse à ce jour), l’ACRO est allée collecter de l’herbe avec l’aide de préleveurs volontaires dieppois. Les prélèvements ont été effectués à environ 2 km sous le vent de la centrale (voir carte jointe), mais notre équipe n’a pu s’approcher de la centrale du fait du verrouillage de ses abords par la gendarmerie.

Malgré les limites imposées à son intervention, l’ACRO a démontré une fois de plus sa capacité à réagir rapidement pour produire un contrôle indépendant nécessaire à une information pluraliste.

Les résultats d’analyses n’ont pas mis en évidence de contamination artificielle dans l’environnement terrestre mais cela ne signifie pas pour autant l’absence d’un impact plus proche de la centrale, notamment dans la zone touchée par les fumées provenant du bâtiment réacteur bien visibles sur les photos de presse.

Remarques et commentaires : EDF a précisé à de nombreuses reprises qu’il n’y avait aucune conséquence sur l’environnement.

S’il est indiqué que les effluents liquides radioactifs ont été collectés à l’intérieur du bâtiment réacteur, rien n’est dit dans les communiqués EDF et les rapports ASN concernant la gestion et le contrôle des effluents gazeux produits lors de ces incidents. Ces points devraient faire l’objet de précisions à donner à la CLI. Autre affirmation à justifier ou préciser : aucun intervenant n’aurait été contaminé aux dires de l’exploitant. Il n’en reste pas moins que les taux d’irradiation devaient être significatifs dans l’enceinte du bâtiment réacteur.

Par ailleurs, on peut noter que les enregistrements des débits de dose, sur le site et à ses abords, ne sont diffusés sur le Réseau National de Mesure (RNM) que jusqu’au 1er avril, juste avant l’incident, et qu’au 15 mai, il n’y avait toujours pas d’actualisation du RNM pour Penly.

Suite à cet événement, le réseau Sortir du nucléaire et le collectif Stop EPR ni à Penly ni ailleurs ont organisé une conférence de presse le 18 avril à laquelle l’ACRO était invitée à présenter les résultats de ses contrôles.

Le président de la CLI, M. Boulanger, a refusé l’accès à ces associations à la réunion de la CLI qui avait lieu le même jour au même endroit. Les citoyens dieppois et les élus écologistes qui avaient fait également le déplacement se sont heurtés au même refus.

On notera que la CLI dans son communiqué de presse du 18 avril mentionne le travail effectué par l’ACRO en s’en félicitant (!) et demande à EDF et à l’ASN une meilleure information sur l’incident.

Peut-on suggérer à M. Boulanger qu’il faudrait peut-être s’appuyer sur une structure indépendante et un questionnement malheureusement porté le plus souvent par les seuls associatifs au sein de la CLI pour permettre une information pluraliste.

Ancien lien

Résultats des analyses ACRO autour de la centrale nucléaire de PENLY suite aux incidents du 05/04/12

Aussitôt l’incident à la centrale de Penly connu, des préleveurs volontaires de l’ACRO ont effectué 3 prélèvements d’herbe sous les vents dominants de la centrale.

Les résultats d’analyse n’ont pas mis en évidence de contamination artificielle à 2 km de la centrale. Nous regrettons que nos préleveurs n’aient pas eu le droit de prélever plus près.

Le rapport d’analyse est en ligne sur notre site internet.

L’ACRO a démontré, une fois de plus, sa capacité à réagir rapidement pour produire un contrôle indépendant nécessaire à une information pluraliste.

La CLI a été invitée à s’associer à notre action mais n’a pas répondu.

 

Enseignements de Fukushima

Rapport de Greenpeace International sur la catastrophe de Fukushima avec une contribution importante de l’ACRO. Ce rapport met en lumière les échecs de la gestion de la crise dans un pays qui est particulièrement bien préparé pour faire face aux catastrophes naturelles, la difficulté d’obtenir des compensations et de l’état du “village nucléaire” mettant en avant la collusion entre les exploitants et les autorités.

Rapport “Les enseignements de Fukushima”

Version anglaise : Lessons from Fukushima

Version espagnole : Las lecciones de Fukushima

La partie rédigée par l’ACRO est aussi disponible en allemand :

Notfallplan und Evakuierung

An un de la catastrophe de Fukushima

A partir de 2015, suivez l’actualité sur http://www.fukushima.eu.org/

An deux de la catastrophe de Fukushima

Suivi au jour le jour du 11 mars 2011 au 10 mars 2012

 Sommaire
Evacuation des habitants
Défis
Réactions nucléaires ?

Réacteur n°1
– Chronologie des évènements
– Etat actuel du réacteur

Réacteur n°3
– Chronologie des évènements
– Etat actuel du réacteur

Réacteur n°2
– Chronologie des évènements
– Etat actuel du réacteur

Réacteur n°4
– Chronologie des évènements
– Etat actuel du réacteur

Réacteur n°5 et 6
– Etat actuel des réacteurs

Radioactivité au Japon
Contamination de l’eau
Contamination de l’alimentation
Contamination des sols
Contamination de la mer
Déchets radioactifs
Doses reçues par la population
Doses reçues par les intervenants
Impact sur la faune et la flore

Autres informations
Gravité de l’accident
Coût financier
Pénuries d’électricité
Divers

Compléments


L’accident de fusion du cœur est le plus craint par l’industrie nucléaire. Après le tremblement de terre d’une magnitude exceptionnelle et le tsunami qui ont frappé le Nord Est du Japon, la fusion partielle du coeur a eu lieu dans trois des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima dai-ichi où la situation est encore incertaine. Elle aussi peut-être eu lieu dans la piscine de combustible du réacteur n°4.

Nous tentons, sur cette page de suivre les évènements en nous basant essentiellement sur la presse japonaise, les communiqués officiels de l’exploitant et des autorités japonaises. Merci aux nombreux contributeurs qui nous signalent des informations intéressantes. La crise s’installe dans la durée et il nous faut tenir : les mises à jours, faites entièrement bénévolement, ne seront pas aussi fréquentes que dans les premiers jours…

Notre pensée va d’abord aux nombreuses victimes et leurs proches. Nous saluons aussi le courage des employés de la centrale qui font le maximum pour éviter le pire dans une situation de désastre. Outre les problèmes personnels qui doivent les frapper dans ces circonstances, les employés de la centrale prennent des risques. En cas d’explosion, ils seraient les premiers touchés. Il a aussi été relevé aussi des taux d’irradiation  très élevés à proximité du réacteur. De plus, les conditions matérielles dans lesquelles ils interviennent sur le site sont déplorables : deux repas par jour, pas de couchage correct, stress…

La situation est très grave. Le système de refroidissement de secours de plusieurs réacteurs, tous à l’arrêt, n’a pas démarré suite à l’inondation liée au tsunami. Le cœur a commencé à s’échauffer et la pression a augmenté. Les populations riveraines ont été évacuées, d’abord dans un rayon de 3 km, puis 10 et maintenant 20 km en fonction de l’évolution. Et cela dans des conditions extrêmement difficiles. Entre 20 et 30 km, les habitants ont été confinés, puis invités à évacuer s’ils le voulaient.

Un tsunami d’une telle ampleur n’avait pas été prévu par l’industrie nucléaire et l’autorité de sûreté. Une perte simultanée de l’alimentation électrique et de l’eau non plus. La centrale était mal conçue et les procédures d’urgences  inadéquates. Par exemple les pompes de refroidissement ont été placées du côté de la mer sans être protégées. Elles étaient mieux protégées à la centrale dai-ni. Il n’y avait pas de mur de protection comme à la centrale n°2 de Tokai. Des mauvaises décisions ont aussi été prises au début de la catastrophe. Cette analyse arrive malheureusement trop tard… Selon le Wall Street Journal, il n’y avait qu’un seul téléphone satellitaire à la centrale, et un seul brancard.

C’est sans rire que le PDG de TEPCo a annoncé jeudi 31 mars que la centrale ne sera plus utilisée et devra être démantelée. Le gouvernemnt japonais estime maintenant que cela prendra des mois avant de pouvoir prendre le contrôle de la centrale et limiter, voire arrêter, les rejets dans l’environnement.

Les répliques sismiques se succèdent et il n’est pas impossible qu’une autre secousse de forte magnitude aggrave la situation.

Dimanche 17 avril, TEPCo a annoncé qu’elle en avait pour 6 à 9 mois pour prendre le contrôle du refroidissement des réacteurs et des piscines et arrêter les rejets dans l’environnement. La feuille de route de TEPCo est ici en anglais. Le plus urgent est de réduire le risque d’explosion hydrogène. Le gouvernement a annoncé qu’il prendrait sa décision à propos des zones évacuées quand les rejets auront cessé. TEPCO ne garantit pas pouvoir se tenir à sa feuille de route.


Evacuation des habitants

Mars 2011

Mardi 15 mars matin, alors que la situation était extrêment critique à la centrale, il restait 354 personnes à évacuer dans le rayon des 20 km. Ce sont par exemple des personnes hospitalisées. L’évacuation a finalement eu lieu pendant la journée de mardi. Deux personnes hospitalisées sont mortes pendant l’évacuation. Selon la télévision japonaise, il resterait quelques personnes dans la zone d’évacuation qui ont refusé de partir. Etant isolées du monde, personne ne sait comment elles vivent.

Les secours à la recherche des victimes du tremblement de terre et du tsunami ne peuvent pas opérer dans la zone d’évacuation, ce qui rend difficile la recherche des disparus. Un millier de corps radioactifs ne peuvent pas être évacués de la zone.

Toujours mardi 15 matin, le mot “Tchernobyl” a commencé à apparaître dans les déclarations officielles… pour dire que c’est moins grave.

Mercredi 16 mars, l’ambassade des Etats-Unis à Tokyo a recommandé aux citoyens américains l’évacuation d’un périmètre de 50 miles (80 km) autour de la centrale de Fukushima.

 Samedi 19 mars, plus de mille patients hospitalisés ont été évacués de la zone de sécurité située dans un rayon de 20 à 30 km.

Vendredi 25 mars, les autorités ont encouragé les habitants confinés dans la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale à évacuer car les rejets radioactifs vont continuer pendant longtemps. Le même jour, 25 membres du parlement avaient signé une lettre demandant aux autorités d’évacuer les enfants et les femmes enceintes de cette zone. Les villes et villages aux abords de la zone d’évacuation se vident petit à petit. Environ la moitié des habitants de Iitate où des niveaux élevés de césium ont été détectés, sont partis (à la date du vendredi 25 mars). 50 000 habitants sur 340 000 auraient aussi quitté Iwaki à la même date. La population de Minami-Soma (Soma sud) est passée de 70 000 à 20 000.

Lundi 28 mars, les autorités ont appelé la population à ne pas pénétrer dans la zone des 20 km pour récupérer des affaires. Après deux semaines, il resterait une soixantaine de personnes dans la zone interdite : des personnes âgées ou des agriculteurs qui ne veulent abandonner leur animaux.

Le maire de Minami Soma (Soma Sud) a posté un message émouvant sur Internet pour témoigner des conditions de vie des personnes confinées. Voir le message sur Youtube sous-titré en anglais.

Avril 2011

Une vidéo prise le 3 avril dans la zone interdite est disponible sur Youtube. C’est en japonais avec quelques sous-titres en anglais.

Mardi 5 avril, les habitants évacués ont demandé l’autorisation de retourner brièvement chez eux pour prendre des effets personnels. Etant partis en catastrophe pour une courte durée, ils n’ont pratiquement rien emporté et manquent de tout. De fait, beaucoup d’habitants sont déjà retourné illégalement dans la zone et le gouvernement hésite à l’interdire complètement. Ils s’inquiètent aussi de l’indemnisation s’ils ne peuvent jamais rentrer.

Plus de 10 000 animaux, essentiellement des bovins, mais aussi des porcs, poulets et autres animaux d’élevage privés d’eau et de nourriture ont été abandonnés lorsque le gouvernement a ordonné l’évacuation. Nombreux sont les éleveurs qui bravent les interdits pour nourrir leurs animaux. Un a été exposé à 5 millisieverts (5 fois la limite annuelle) lors d’une de ses visites.

Lundi 11 avril, les autorités ont décidé d’étendre la zone d’évacuation à plusieurs communes. Les habitants de Katsurao, Namie, Iitate, d’une partie de Kawamata et de Minamisoma sont priés de partir d’ici un mois. Ce même jour, l’ACRO a publié des résultats de mesure qui confirment la nécessité d’évacuer Iitate et Kawamata. Ces communes sont dans un rayon de 40 km environ. “Là-bas si j’y suis” sur France Inter était présent lors de l’annonce aux habitants.

Le Jeudi 21 avril, le gouvernement a interdit l’accès à la zone des 20 km autour de la centrale. Les 80 000 personnes concernées ne sont plus autorisées à retourner chez elle. Seul un membre par famille peut retouner durant deux heures pour récupérer des effets personnels à condition d’être équipé de vêtements de protection et d’un dosimètre individuel. Les familles dont le logement est situé dans un rayon de 3 kilomètres de la centrale ne bénéficieront pas de ce droit de retour très restreint.

Environ 30 000 porcs, 600 000 poulets et 3 000 vaches sont abandonnées à leur triste sort dans cette zone des 20 km. Certains d’entre eux sont morts de faim dans leurs enclos, d’autres ont été lachés dans la nature, mais tous n’arrivent pas à se nourrir par eux-même tant ils sont dégénérés. Certains fermiers ont demandé de les abattre plutôt que de les laisser mourir de faim, mais ce n’est pas possible tant qu’il y a des fuites radioactives.

Vendredi 22 avril, le premier ministre a confirmé l’évacuation de plusieurs municipalités en dehors de la zone des 20 km d’ici la fin mai. Si les populations restent sur place, la dose reçue peut dépasser les 20 millisieverts la première année. Dans les autres municipalités de la zone des 20 à 30 km, les populations restantes devront se tenir prêtes à fuir en cas d’aggravation soudaine à la centrale. C’est le cas en particulier de Hirono et Naraha, du village de Kawauchi, et des parties de Tamura et Minamisoma. Les femmes enceintes, les enfants et les personnes vulnérables doivent déjà partir. Dans le même temps, le confinement a été levé dans cette zone.

Il y a 10 000 personnes à évacuer, mais 6 000 seraient déjà parties. Le gouvernement réfléchit aussi à l’évacuation des 10 000 vaches de la zone.

Lundi 25 avril, le gouvernement a annoncé que les personnes désirant retourner chez elles pourront le faire courant mai, pendant une durée qui ne doit pas dépasser les 5 heures de façon à ne pas dépasser la dose de 1 millisievert. Ils n’auront pas le droit de rapporter de la nourriture ou un animal. Le gouvernement a aussi annoncé qu’il va abattre les animaux abandonnés.

L’évacuation d’Iitate est plus compliquée que prévu : les habitants se sont organisés en association le mercredi 27 avril et demandent à TEPCO de fortes compensations et la décontamination de leur village. Se pose aussi le problème d’un hospice pour personnes âgées atteintes de démence sénile avec ses 107 résidents, dont une trentaine de grabataires. Etant donné leur état, il vaudrait mieux ne pas les évacuer, mais comment faire avec le personnel soignant ?

45 personnes parmi 440 patients de l’hôpital (340) et de l’hospice (100) adjacent de Futaba à Okuma sont décédés après l’évacuation forcée. Les autorités sont en train d’enquêter pour comprendre pourquoi 90 patients ont été abandonnés sur place. Après le tremblement de terre et la coupure d’électricité suivis de l’ordre d’évacuer, le 12 mars, 209 personnes en mesure de marcher sont parties avec le personnel. Les grabataires et les personnes handicapées n’ont pas pu suivre. Le directeur de l’hôpital aurait alerté les autorités qui ne sont intervenues que le 14 mars. Entre temps, les patients abandonnés étaient dans un état déplorable. Ils souffraient de déshydratation car ils n’avaient rien eu à manger pendant 3 jours. L’abri supposé les accueillir n’avait aucune structure médicale. 10 sont décédés pendant ou après l’évacuation. 21 autres sont partis le 15 mars en bus pour l’hôpital d’Aizu. 6 autres sont décédés dans les jours qui ont suivi. Le 6 avril la police a découvert 4 corps à l’hôpital de Futaba. Ils n’ont jamais été évacués. Pour l’un d’entre eux, le certificat de décès mentionne : “décédé le 14 mars d’un cancer du poumon”. D’autres patients, évacués vers d’autres lieux sont aussi décédés. (D’après une enquête publiée dans le quotidien Mainichi du 26 avril)

Jeudi 28 avril, 45 personnes résidaient toujours dans la zone interdite des 20 km, malgré les injonctions des autorités d’évacuer. De la nourriture leur serait fournie une fois par semaine pour qu’ils ne meurent pas de faim.

Vendredi 29 avril, il reste encore 45 enfants à Iitate-mura (village situé à 40 km de la centrale et particulièrement contaminé), malgré les injonctions des autorités d’évacuer les enfants rapidement. Une mère de 41 an a expliqué au quotidien Mainichi qu’elle se souciait de la santé de son fils, mais qu’elle n’avait pas les moyens de partir et ne savait pas quoi faire. Le 4 avril, il y avait encore 662 enfants et 467 le 20 avril. Dans le district de Nagadoro, la dose annuelle est estimée à 62 millisieverts, au-dessus des critères d’évacuation (fixés à 20 mSv par an).

Mai 2011

Dimanche 8 mai, le gouvernement a autorisé l’industrie de pêche à naviguer au-delà de 30 km de la centrale pour pêcher ou pour retirer des débris ou décombres dus au tsunami.

Jeudi 12 mai, le gouvernement a annoncé qu’il allait abattre le béatil dans la zone interdite de 20 km autour de la centrale. Avant l’accident, il y avait 3 400 vaches, 31 500 porcs et 630 000 poulets. Mais il leur faut d’abord obtenir le consentement des agriculteurs.

Dimanche 15 mai, l’évacuation d’Iitate et des autres villages concernés a commencé.

Lundi 23 mai, la moitié des habitants de Kawamata et Iitate ne sont pas encore partis alors que le gouvernement leur a demandé d’évacuer d’ici la fin du mois de mai. Certains se plaignent que leur nouvelle affectation soit trop éloignée de l’école ou du lieu de travail. D’autres craignent de perdre leur emploi s’ils partent. 7 800 personnes sont concernées.
Par ailleurs, 9 compagnies d’Iitate ont obtenu l’autorisation de reprendre leur activité à la condition d’avoir vérifié les niveaux de radioactivité sur le lieu de travail et que les employés portent des dosimètres relevés tous les jours. Les premières mesures ont commencé.

Il reste 18 irréductibles dans la zone interdite des 20 km autour de la centrale. Certains ne veulent pas laisser leurs animaux, d’autres un parent âgé qui ne supporterait pas le déménagement.

Mardi 31 mai, date limite fixée pour l’évacuation supplémentaire, environ 1 800 personnes sur 10 000 ne sont pas parties. A Iitate, il reste 1 427 personnes, soi 23% de la population du village.

Juin 2011

Mercredi 1er juin, le ministère de l’éducation a annoncé qu’au 1er mai, 9 998 enfants avaient quitté la préfecture de Fukushima. 5 500 autres ont changé d’école à l’intérieur de la préfecture.

Samedi 4 juin, les autorités ont reconnu avoir caché qu’elles avaient détecté de fortes contaminations en iode 131 dans des herbes prélevées jusqu’à une cinquantaine de kilomètres de la centrale et ce dès le 15 mars. 123 millions de becquerels par kilo par exemple à 38 km au Nord-Ouest. Ces données auraient dû entraîner une évacuation plus large plus rapidement.

Lundi 6 juin, le Yomiuri (version anglaise) a enquêté dans les zones limitrophes à la zone d’évacuation : nombreuses sont les personnes inquiètes qui souhaitent partir aussi mais qui ont peur de toute perdre. Le choix est difficile pour les agriculteurs en particulier. Certaines municipalités proposent des abris temporaires gratuits à ce personnes.
En fait, dans certaines communes limitrophes, la dose reçue la première année dépasse la limite de 20 millisieverts fixée par les autorités pour l’évacuation. Cette évaluation de la dose suppose que la personne reste toujours à la même place pendant un an, mais ne prend pas en compte la contamination par l’alimentation ni la dose prise par l’exposition directe aux rejets.
Quand les habitants ont demandé des conseils aux autorités pour diminuer la dose, la seule réponse a été que les autorités allait surveiller la situation. Le gouvernement n’a pas l’intention d’étendre la zone d’évacuation.

Vendredi 10 juin, selon un recensement effectué par le Daily Yomiuri, il resterait encore 1 700 enfants dans la zone comprise entre 20 et 30 km de la centrale, malgré les recommandations d’évacuer.

Samedi 11 juin, trois mois après le début de la catastrophe, il reste encore 90 000 personnes dans les centres d’évacuation à cause des dégâts provoqués par le tsunami et l’évacuation des zones contaminées.

Mercredi 15 juin, il reste encore environ 1 500 personnes à Iitate qui avait été classé parmi les 100 plus beaux villages du Japon. L’élevage bovin, qui faisait la fierté du village avec le label “Iitategyu” est en désarroi. 70% des éleveurs veulent abandonner. Il y avait environ 220 familles d’éleveurs et 2 300 têtes de bétail avant la catastrophe. Seulement 7 familles ont profité des aides gouvernementales pour transférer 150 têtes vers d’autres localités. Le reste du village s’accroche à son label lancé il y a 25 ans. Certains éleveurs espèrent garder la race et continuent à garder quelques jeunes bêtes.

Jeudi 16 juin, environ 150 familles évacuées de Minami-Sôma et Iwaki ont perdu toutes les aides sociales qu’elles recevaient après avoir touché une compensation de TEPCo (6 500 euros pour un célibataire et 8 700 euros pour une famille de plusieurs personnes). Certaines personnes, incrédules, se sont plaint car elles ne considéraient pas la compensation comme un revenu, mais comme une consolation. Il y a en tout 620 familles qui touchaient des aides sociales dans la zone d’évacuation et qui risquent de subir le même sort. Elles pourront recandidater à l’aide sociale quand elles auront dépensé la compensation de TEPCo.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu’il allait évacuer les “points chauds” trouvés en dehors de la zone d’évacuation avec toujours comme critère la limite de 20 millisieverts pour la première année. Les familles concernées seront contactées individuellement par les autorités locales. Celles qui voudront partir bénéficieront du soutien gouvernemental comme les autres évacués et celles qui voudront rester le pourront. Le gouvernement va encourager les familles avec de jeunes enfants ou des femmes enceintes à partir.
Il s’agit d’un changement de doctrine, puisque les précédentes évacuations ont été décidées à l’échelle d’une municipalité. Maintenant, le gouvernement va décider maison par maison.
De fait, quatre zones “chaudes” ont été détectés à Daté et Minami-Sôma. Elles sont situées entre 33 et 55 km de la centrale accidentée. Une soixantaine de points de mesure ont une contamination supérieure à 3,2 microsieverts par heure et donc 20 millisieverts par an. Au point le plus chaud, le débit de dose est de 6,6 microsieverts par heure dans le quartier de Kamioguni (Daté). Il y a 5,6 microsieverts par heure dans le quartier de Takanokura (Minami-Sôma).

Mercredi 22 juin, lors d’une visite dans la préfecture de Fukushima, le gouverneur a tancé les dirigents de TEPCo qui s’excusaient : “Vous ne pouvez rien comprendre en ne venant ici que deux ou trois heures. Venez essayer de vivre ici 100 jours ou plus”.
Interrogées par la NHK, 6 des 10 municipalités autour de la centrale de Fukushima ont répondu n’avoir reçu aucun ordre d’évacuer juste après l’accident. Okuma a reçu 80 fax de la part de TEPCo et Namié aucun. Ce manque d’information a retardé l’évacuation qui s’est faite dans la confusion. Ces problème sont probablement dus au fait que la plupart des moyens de communication étaient coupés.

Mardi 28 juin, 285 vaches de Iitate ont été vendues lors de la dernière vente aux enchères ce jour. 1 600 vaches et veaux auront été vendus en tout à des prix de 5 à 10% plus faible qu’avant la catastrophe.

Jeudi 30 juin, le gouvernement a recommandé à 113 familles de Daté d’évacuer la zone car elles sont à proximité d’un “point chaud”, c’est à dire une zone où la radioactivité ambiante dépasse la limite fixée. Mais l’évacuation se fait sur la base du volontariat. Les familles qui décideraient de partir recevront une aide financière. Les familles sont désemparées : quelle compensation vont-elles recevoir si elles partent ? Quelles précautions prendre si elles restent ? D’autres se demandent pourquoi on leur demande de partir plus de 3 mois après le début de la catastrophe.

Juillet 2011

Dimanche 3 juillet, selon une enquête du Yomiuri, 77 personnes âgées qui ont dû évacuer leur maison de retraite sont décédées dans les 3 mois qui ont suivi la catastrophe. C’est 3 fois plus que les 25 décès enregistrés pendant la même période l’année précédente. Elles avaient entre  68 et 104 ans. Le Journal a contacté 15 établissements accueillant des personnes dépendantes dans la zone des 30 km autour de la centrale. 826 personnes ont été évacuées de 12 établissements.

Lundi 4 juillet, la ville de Daté, où il a été recommandé à 113 familles d’évacuer, a annoncé vouloir décontaminer les lieux. La municipalité va prendre en charge les coûts dans un premier temps, puis va demander à TEPCo de rembourser.

Jeudi 7 juillet, alors que la saison des pluies se termine et que les fortes chaleurs de l’été approchent, la ville de Fukushima ressemble à une ville morte : pas d’enfant dans les parcs ou les fontaines, pas de terrasse. Les gens vivent terrés chez eux, ne sortent que quand ils n’ont pas le choix, n’ouvrent pas les fenêtres, sèchent le linge à l’intérieur…

Mardi 12 juillet, sur les 113 familles de Daté à qui il a été recommandé d’évacuer, 60% ont demandé à partir avant la date limite fixée vendredi 8 juillet. Sur 92 familles qui ont répondu, 71 ont demandé à partir et 21 ont déclaré préférer rester. La municipalité va contacter les 21 familles qui n’ont pas répondu. Le maire a déclaré que le nombre de familles voulant partir est supérieur à ce qu’il avait prévu.
En parallèle, des volontaires se sont regroupés pour décontaminer les points chauds de Daté. Ils ont commencé par l’école élémentaire de Tominari avec l’aide de la Japan Atomic Energy Agency de Tokaï-mura. L’eau de la piscine, qui contenait de 100 à 600 becquerels de césium par litre, a été filtrée avec des zéolites et est passée à 20 becquerels par litre, soit moins que la nouvelle norme pour les eaux de baignade (qui est à 50 Bq/l). La municipalité a voté un budget supplémentaire de 3,5 millions d’euros pour décontaminer, mais cela ne suffira pas et a lancé un appel à bénévoles.

Mercredi 13 juillet, la municipalité de Fukushima a décidé de suivre l’exemple de Daté et de tenter de décontaminer toute la zone sous sa juridiction. Elle devrait commencer par les quartiers de Watari et Onami qui sont les plus contaminés. La municipalité est consciente que cela prendra des années pour achever ce projet, peut-être une vingtaine d’années. La municipalité va se concentrer sur les zones publiques et va distribuer un manuel aux résidents pour qu’ils décontaminent les lieux privés.

Jeudi 14 juillet, le gouvernement a annoncé qu’il songeait à revoir la zone d’évacuation et d’autoriser les gens à revenir en certains endroits. L’évacuation avait deux buts : éloigner les populations des rejets, d’où le rayon de 30 km et d’éloigner les gens des zones les plus contaminées, d’où les zones évacuées jusqu’à une quarantaine de kilomètres. Le gouvernement pense que le risque de rejets gazeux massifs est maintenant réduit et qu’il peut autoriser le retour des populations dans les zones pas trop contaminées.

On déplore plusieurs vols dans des maisons abandonnées des zones évacuées.

Mardi 19 juillet, suite à la présentation de la nouvelle feuille de route, le gouvernement a précisé le calendrier du retour éventuel des populations vers les zones interdites pas trop contaminées : ce devrait être après janvier 2012, quand l’arrêt à froid des réacteurs sera réalisé, c’est à dire quand la température sera passée sous les 100°C. Personne ne peut si cette échéance est réaliste. Par ailleurs, dans la zone des 20 km, les infrastructures n’ont pas été réparées depuis le séisme du 11 mars, ni les débris enlevés. Comme tout est contaminé et qu’il n’y a toujours pas de solution pour stocker les débris et les boues contaminées à plus de 8 000 Bq/kg, le retour des populations risque d’attendre encore plus. Dans la zone entre 20 et 30 km, les réseaux d’eau ont été maintenus, ce qui pourrait rendre le retour plus rapide. Par ailleurs, le gouvernement n’a toujours pas dit qu’il y a des zones où les populations ne pourront jamais rentrer. Des discussions vont être menées entre les autorités locales et le gouvernement à ce propos.
Ce retour signifiant la reprise des services (mairie, écoles, commerces…), il faut que suffisamment de personnes retournent ensemble.
A Iitatemura, 97% de la population est partie.

Jeudi 21 juillet, de nouveaux points chauds ont été découverts le 27 juin à Minami-Sôma, en dehors de la zone d’évacuation. 59 familles réparties dans 4 zones ont reçu une recommandation d’évacuer.

Vendredi 22 juillet, les autorités provinciales de Fukushima ont annoncé que tous les 557 abris qui accueillent 15 000 personnes environ seront fermés d’ici la fin octobre car des solutions alternatives de logement seront trouvées. Les deux autres provinces de Miyagi et Iwate aussi touchées par le tsunami n’ont pas encore donné de date.
A Fukushima, il y a actuellement 2 199 personnes évacuées dans 42 abris et 12 329 autres dans des hôtels et auberges transformées en abris. L’hébergement et la nourriture y sont gratuits. 10 632 hébergements provisoires sur les 15 000 prévus devarient être disponibles d’ici août.

Dimanche 24 juillet, la ville de Fukushima a commencé, de façon expérimentale, à décontaminer les voies d’accès aux écoles de quartier de Watari avec des jets haute pression. 3 800 employés municipaux et des bénévoles, ont aussi fauché les mauvaises herbes et enlevé la boue des caniveaux et rigoles. Des mesures seront faites dans quelques jours. Si la baisse du débit de dose est significative, la méthode sera étendue aux autres quartiers.
Ils ont aussi décontaminé le toit et les murs d’une maison. Les résultats serviront à la rédaction du guide de décontamination pour les habitants.

Jeudi 28 juillet, selon un recensement de l’inspection académique locale, 310 enfants de la ville de Fukushima ont été scolarisés dans d’autres villes par crainte de la radioactivité, bien que leur résidence officielle soit encore Fukushima. C’est à peu près 1,3% de l’effectif total. Souvent, les enfants seuls ou avec la mère, sont dans de la famille ou chez des amis, les pères restant pour le travail. Les débits de dose dans les écoles sont tous inférieurs à 3,8 microsieverts par heure qui correspond à la limite fixée par les autorités. Pour les crèches, ce nombre s’élève à 137, soit 3,7% du nombre total d’enfants mis à la crèche.
Les premiers habitants de Daté qui vivent près de points chauds ont reçu les clés de leur nouveau logement. Ce seront les premiers à évacuer les points chauds. 10 familles sont déjà parties d’elles-mêmes. 39 autres devraient être parties d’ici la fin août.

Août 2011

Mercredi 3 août, le gouvernement a proposé à 72 familles vivant près de points chauds d’évacuer. Il s’agit de zones à Kawauchi et Minami-Sôma, au Nord de la zone d’évacuation.

Jeudi 4 août, le Asahi consacre un article à la montée des cas de dépression chez les évacués. L’alcoolisme serait aussi en hausse. Une équipe spécialisée a déjà traité 262 personnes dans les centres d’évacuation. 51 évacués, soit près de 20% des personnes traitées, souffraient de dépression. D’autres racontent être hantés par des cauchemars qui les empêchent de dormir.
La clinique spécialisée d’Aratamé à Iwaki a vu une augmentation de 20% du nombre de patients. Dans la province de Fukushima, le nombre de suicides en mai et juin a augmenté de 20% par rapport à la même époque l’année précédente.
La solitude est pour beaucoup dans la montée de ces problèmes dans un pays ou le lien social est plus fort qu’en occident.
Par ailleurs, selon une association de crèches de la province de Fukushima, environ 2 300 enfants ont quitté les crèches de la région par crainte de la radioactivité, soit plus de 10% des 19 193 enfants initialement inscrits.800 d’entre eux sont partis car ils vivaient dans des zones à évacuer.
Les enfants ont été placés dans d’autres crèches, plus loin, ou sont simplements gardés à la maison. Cela ne se fait pas sans difficultés pour les enfants et la famille.
Les crèches tentent de s’adapter : nombreuses sont celles qui ont fait retirer la couche superficielle de sol dans la cour, nettoyé les édifices, les gouttières. D’autres ont installé des systèmes de filtration de l’eau, de nouveau climatiseurs pour pouvoir avoir des activités sportives à l’intérieur… Ces coût additionels et la perte de revenu ont conduit les crèches à demander des compensations à TEPCo.
Un groupe de travail du parti au pouvoir, le Parti Démocratique du Japon, a proposé que le gouvernement achète les terres à proximité de la centrale où la contamination est trop forte pour espérer un retour des habitants. Cela devrait permettre aux habitants évacués de refaire leur vie ailleurs. Le gouvernement est encore très réticent à admettre qu’il y a des zones où les gens ne rentreront pas.

Vendredi 5 août, la Nuclear Safety Commission of Japan (NSC) a endossé le rapport de la NISA disant que le risque de nouveaux rejets massifs est faible. Le risque d’explosion hydrogène est très faible et si le refroidissement des piscines s’arrêtait, il y a du temps avant que cela deviennent catastrophique. Et si une explosion hydrogène avait lieu, elle aurait un impact limité sur la zone proche. C’est une des conditions pour permettre le retour des populations.
Mais il y a des doutes sur la pertinence de ce rapport. Comment a été faite l’évaluation ? Est-ce que tous les risques ont bien été pris en compte ? Que s’est-il pendant les réunion à huis-clos entre les autorités et l’exploitant ?

Samedi 6 août, le quotidien Asahi (version anglaise) a découvert une décharge secrète où la municipalité de Fukushima va mettre “temporairement” les déchets radioactifs issus de la décontamination de la ville. Les riverains ont des doutes sur le “temporairement” car il n’y a pas de centre de stockage national. Tout le monde attend la décision du gouvernement en la matière. La municipalité n’a rien dit car elle savait qu’il lui serait impossible d’obtenir l’assentiment des riverains. La décharge a ouvert le 28 juillet.
La municipalité encourage les résidents à décontaminer. Elle offre 500 000 yens (4 500 euros) de soutien à chaque association de quartier qui s’engage dans la décontamination. Elle doit donc faire face à de grandes quantités de matières radioactives dont elle ne sait pas quoi faire. Les résidents engagés dans les opérations de décontamination ne savaient pas où allaient les déchets collectés et ne pouvaient pas demander.
Le gouvernement envisage de laisser les résidents qui habitaient dans un rayon de 3 km autour de la centrale retourner chez eux pour une courte visite.
Le gouvernement travaille sur un grand programme de décontamination pour permettre aux personnes évacuées de retourner chez elles. Au-delà d’une dose annuelle de 20 mSv/an la charge en incombera au gouvernement. Dans les zones où la dose annuelle est comprise entre 1 et 20 mSv/an, ce sera aux municipalités d’agir. En dessous, ce sera laissé aux particuliers, avec un guide. Mais les utorités ne savent toujours pas quoi faire des déchets liquides et solides générés par ces opérations.

Dimanche 7 août, la ville de Minami-Sôma a dévoilé un plan de décontamination de la partie de la ville est située au-delà des 20 km en collaboration avec le Centre des radio-isotopes de l’université de Tokyo. Le centre ville sera décontaminé en priorité, laissant les forêts et autres parties non prioritaires pour plus tard. La municipalité va commencer par faire une cartographie précise de la contamination en utilisant un hélicoptère et d’autres moyens au sol. Les zones les plus contaminées seront laissées aux spécialistes, comme par exemple un drain dans une école maternelle où il a été mesuré 33 microsieverts par heure. Ailleurs, la municipalité va utiliser des jets haute-pression pour laver les bâtiments et remplacer le sol des écoles. Pour les habitations, la municipalité va faire appel à des organisations caritatives pour aider au financement et au bénévolat. Elle a voté un budget supplémentaire de 960 millions de yens (8,7 millions d’euros). Environ 33 600 personnes ont quitté la municipalité et 37 900 sont restées.
Les travaux vont comencer lundi 8 août.

Lundi 8 août, le sol de l’école primaire de Kashima a commencé à être raclé. Le sol contaminé sera enfoui au bout de la cour.
Selon l’inspection académique de Fukushima, plus de 1 000 enfants ont quitté l’école et le collège pendant les vacances d’été, les parents en profitant pour les envoyer ailleurs. Cela s’accompagne souvent d’une séparation dans la famille.

Mardi 9 août, le gouvernement a annoncé son intention de dissoudre la zone comprise en les 20 et 30 km de la centrale où les habitants ont longtemps été confinés puis invités à partir. Ceux qui sont restés doivent se tenir prêts à évacuer ou se confiner rapidement. La situation dépend des municipalités. Une partie de la zone sous le panache, est une zone évacuée car trop contaminée. A Narahamachi, la plus grande partie de la commune se trouve dans la zone interdite des 20 km. Les 59 habitants vivant au-delà sont tous partis. Dans la commune voisine de Hironomachi, entièrement située dans la zone des 20 à 30 km au sud de la centrale, ce sont 90% des 5 516 habitants qui sont partis. Au Nord, à Minami-Sôma, 20 000 des 46 000 personnes concernées sont parties.
La levée des restrictions prévue pour début septembre suscite interrogations. Personne ne sait combien reviendront. Les municipalités attendent des plans pour la décontamination. Ce pose aussi le problème des services publics, commerces… ils ne peuvent pas ouvrir si les habitants ne rentrent pas et les habitants ne rentreront pas s’ils ne sont pas rétablis. A Hironomachi, il n’y a plus de station d’épuration des eaux usées car elle été détruite par le tsunami. Les eaux sont actuellement traitées par un installation de fortune pour les 300 habitants qui sont restés.

Vendredi 12 août, le journal Asahi (version anglaise) a fait un sondage et a trouvé que sur un total de 1 160 écoles, collèges, lycées… publics de la province de Fukushima, 584 ont raclé ou vont racler le sol de leur cour. 97% de ces 584 établissements pensent finir avant la fin des vacances d’été. (299 l’ont déjà fait,  268 espèrent finir avant la fin août et 17 ne savent pas encore quand). Parmi les 287 établissements qui n’ont pas prévu de racler le sol, il y a ceux situés dans la région d’Aizu où la radioactivité est faible et ceux situés dans les zones évacuées. 289 autres établissements n’ont pas pris de décision. Certains établissements n’ont pas raclé le sol, mais ont décontaminé les bâtiments au jet haute pression, nettoyé les gouttières et autres rigoles…
Les établissements où la terre a été raclée, la mesure a été efficace puisque les débits de dose ambiant sont passés, par exemple, de 3 à 0,2-0,3 microsieverts par heure. Le volume de sol enlevé dans 19 municipalités où les travaux ont déjà été effectués représente 178 000 m3. Dans la plupart des cas, ces déchets radioactifs ont été enfouis dans un coin de la cour.
Le Asahi a calculé qu’il y en aurait pour au moins pour 6 milliards de yens (55 millions d’euros) si les établissements privés qui reçoivent de l’argent public sont inclus.
Par ailleurs, une méthode de décontamination du sol a été testée la veille dans une école de Kawamata. Le sol est raclé, lavé, pour être ensuite réutilisé. L’eau de lavage est ensuite décontaminée à l’aide d’agents absorbants. Là ou un débit de dose de 2,7 microsieverts par heure était détecté avant lavage, le débit de dose de 80% de ce sol est passé sous 0,4 microsieverts par heure.  Les promoteurs du test conseillent l’utilisation de cette nouvelle méthode plutôt que d’enterrer la partie enlevée.
Enfin, TEPCo est en train de former 4 000 de ses employés à la mesure de la radioactivité pour évaluer la contamination des zones évacuées afin d’évaluer les possibilités de retour. Comme la compagnie paye régulièrement des dédommagements aux prsonnes évacuées, on peut soupçonner TEPCo de ne pas être objective. Si elles laissent faire cela, les autorités montrent qu’elles n’ont rien compris aux conflits d’intérêt.

Par ailleurs, un groupe représentant 411 familles vivant en dehors des zones d’évacuation, mais ayant choisi de partir, on présenter une requête de dédommagement auprès de TEPCo. La commission gouvernementale en charge des compensations a décidé d’exclure ces personnes des droits au dédommagement. TEPCo devrait suivre ces recommandations.

Mercredi 17 août, le Yomiuri (version anglaise) fait part du désarroi des populations vivant dans les municipalités où des points chauds ont été détectés. En plus de la zone d’évacuation, les autorités ont recommandé à 113 familles de Daté, 131 de Minami-Sôma et une de Kawauchi-mura d’évacuer. Mais les règles dépendent des municipalités. La limite gouvernementale était de 3,2 microsieverts par heure en juin et 3,1 en juillet à 1 m du sol. A Minami-Sôma, si une maison dépasse cette limite et qu’il y a des femmes enceintes ou des familles avec des enfants de moins de 12 ans dans la même communauté, il leur est aussi recommandé de partir, même si leur maison ne dépasse pas la limite. De plus, si une famille a des enfants scolarisés jusqu’au niveau collège et que le débit de dose à 50 cm du sol dépasse les 2 microsieverts par heure, il leur est recommandé d’évacuer. A Daté, c’est la règle gouvernementale qui est appliquée. Il y a aussi des cas où la maison voisine, située à moins de 2 m d’une maison évacuée, n’a pas reçu de recommandation de partir.
Enfin, un fermier de Minami-Sôma explique dans son quartier, les maisons qui ont été désignées comme à évacuer sont les maisons vides. Les familles qui sont restées ont arrosé, lavé, coupé les herbes… pour décontaminer et leur maison n’a pas été désignée. Les familles qui sont parties d’elles-mêmes dès le début de la catastrophe, n’ont rien fait et leur maison dépasse la limite. Ils auront droit à des compensations. Pas ceux qui sont restés et ont nettoyé… Cela créer des mécontentements.

Dimanche 21 août, la municipalité d’Okuma, ville située près de la côte à moins de 20 km de la centrale, a déménagé à Aizuwakamatsu située à 100 km à l’intérieur des terres. Environ 4 500 habitants y sont hébergés temporairement dans des hôtels. La municipalité d’Okuma a commencé à installer des logements préfabriqués temporaires pour loger ses réfugiés. Fin mai, la municipalité a reçu 1 000 candidatures pour les 610 premiers logements. Maintenant qu’il y en a 558 de terminés, la municipalité a enregistré 116 défections, soit environ 20%. C’est essentiellement le climat qui ferait peur aux habitants qui ont renoncé. A Aizuwakamatsu, il fait chaud en été et il y a jusqu’à 60 cm de neige en hiver alors que le climat d’Okuma est plus tempéré.
La municipalité a voulu préserver les liens sociaux existants en relogeant les gens par district. Ces défections qui arrivent alors qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui attendent complique cette stratégie.
La municipalité prévoit aussi des logements à Iwaki, plus près de la mer et risque de faire face à de nouvelles difficultés pour départager les gens.

Pour la première fois depuis le début de la crise, une dépêche d’agence mentionne que le gouvernement prévoit d’annoncer qu’il y a des zones dans un rayon de 3 km où les gens ne reviendront pas avant longtemps (“plusieurs décennies”). C’est le cas en particulier pour 35 points de mesure à Okuma et Futaba où les doses cumulées sur la première année sont énormes. 508,1 millisieverts pour le district de Koirino et 393,7 millisieverts pour celui de Ottozawa à Okuma. Le Premier Ministre, Naoto Kan, devrait l’annoncer officiellement le samedi 27 lors d’une visite sur place.
Cela risque d’être le cas bien au-delà des 3 km, mais c’est déjà un premier pas. C’est important pour les populations déplacées qui doivent refaire leur vie.
Le gouvernement envisage d’utiliser ces zones comme centre d’entreposage pour les déchets radioactifs accumulés dans tout le pays : débris, boues de station d’épuration, sols…

Lundi 22 août, on en sait un peu plus sur les plans du gouvernement à propos des territoires où le retour est exclu sur une période qui dépase ls 10 ans. Il voulait initiallement acheter ces terrains, mais comme les familles y sont généralement attachées car elles les possèdent depuis des générations, le gouvernement envisage plutôt de les louer. Ce serait TEPCO qui payerait le loyer.

Mardi 23 août, 51 576 résidents de la province de Fukushima vivent en dehors de celle-ci. Cela devrait augmenter car de nombreuses familles avec enfants ont profité des vacances d’été pour scolariser leurs enfants ailleurs. 1 081 enfants devraient changer d’école durant l’été.

Jeudi 25 août, un recensement a montré que 17 651 enfants, soit environ 8% des enfants de la province de Fukushima ont quitté les établissements scolaires pour aller ailleurs. Dans 70% des cas, c’est par crainte des radiations. 8 000 environ sont allés dans d’autres provinces.

Vendredi 26 août, 117 personnes de 64 familles différentes sont retournées temporairement chez elles, à Futaba et 28 personnes de 21 familles à Okuma. C’est la première fois que des pesonnes retournent dans la zone des 3 km depuis l’accident. Il y a 1 300 personnes et 400 familles qui vivaient dans la zone des 3 km.

Dès que la situation est plus stable à la centrale, les autorités espèrent permettrent aux personnes dont le lieu d’origine n’est pas trop contaminé de rentrer chez elles, mais elles sont généralement réticentes. A Hirono, par exemple, situé entre 20 et 30 km de la centrale : il ne reste plus que 300 personnes sur 5 500, essentiellement des personnes âgées et quelques commerces. La municipalité s’est installée à Iwaki, ainsi que l’école. Le maire est conscient qu’il lui faudrait effectuer une décontamination complète pour convaincre les gens de revenir. Certains ont déjà fait leur deuil de leur ancienne vie et pensent ne jamais revenir.

Samedi 27 août, le gouvernement, qui n’en a plus que pour quelques jours, a déclaré, lors d’une rencontre avec le gouverneur de la province de Fukushima, qu’il faudra attendre au moins 20 ans pour que les gens puissent revenir dans les zones où la dose annuelle est de plus de 200 millisieverts. Pour les zones où la dose annuelle est de 150 millisieverts, c’est 15 ans.

Mercredi 31 août, selon un article du Asahi du jour (version anglaise) qui cite des statistiques officielles, 470 000 étrangers ont quitté le Japon dans les 3 semaines qui ont suivi le tsunami, dont 70 000 étudiants.

Le plus grand abri de la province de Fukushima situé à Koriyama a fermé ses portes. Il a accueilli jusqu’à 2 500 réfugiés.

Septembre 2011

Jeudi 1er septembre, une contamination record de 368 microsieverts par heure a été détectée sur une route de Futaba. En moins de 3 heures sur place, on atteint la limite de 1 millisievert pour une année.

Selon les autorités régionales, il y a encore un millier de vaches en liberté à errer dans la zone interdite des 20 km. Presque tous les porcs et poulets sont apparemment morts de faim. Il y avait environ 33 500 animaux (30 000 porcs, 3500 bovins et environ 440 000 volailles) au mois d’août l’année dernière. Depuis l’accident nucléaire environ 4000 animaux, dont 170 bovins, ont été abattus avec le consentement des agriculteurs. 132 des 315 agriculteurs de la zone ont donné leur consentement pour ce faire.

Mardi 6 septembre, dans une interview, l’ancien premier ministre Naoto Kan, a expliqué avoir craint de devoir faire évacuer Tokyo et avoir eu froid dans le dos à la pensée terrifiante d’une mégapole abandonnée, aux rues désertes, sans âme qui vive. Si Tepco s’était retirée des centrales Fukushima Daiichi – accidentée – et Fukushima Daini – stoppée automatiquement -, comme elle en avait un temps eu l’intention, il n’y aurait peut-être plus personne à Tokyo aujourd’hui, des rejets radioactifs des dizaines de fois supérieurs à ceux de Tchernobyl auraient peut-être été dispersés, a confié M. Kan. Il aurait alors fallu évacuer quelque 30 millions d’habitants, ce qui aurait signifié la chute du Japon. Fort heureusement, les équipes techniques sont restées sur place, aidées par les militaires et pompiers pour contenir l’accident, employant tous les moyens imaginables d’arrosage des installations afin d’éviter une réaction en chaîne incontrôlable dans les 10 réacteurs et 11 piscines de désactivation que totalisent les deux complexes nucléaires.

Vendredi 9 septembre, selon un décompte fait par le Mainichi, 101 931 residents de la province de Fukushima ont dû quitter leur municipalité. Pour cela, le journal a interrogé 12 municipalités sur la situation des évacués au 31 août. C’est la ville de Minami-Sôma qui est la plus concernée avec 25 184 personnes évacuées, suivie par Namié, avec 20 115. La population de la province est aussi passée sous la barre des 2 millions d’habitants pour la première fois en 33 ans.

Dimanche 11 septembre, selon un sondage du Asahi (version anglaise), environ un tiers des résidents de Fukushima partiraient s’ils le pouvaient. Sur les 941 personnes de la province de Fukushima interrogées par téléphone, 34% on répondu oui à la question : “Si possible, voudriez vous vivre en un lieu à Fukushima ou ailleurs où le niveau de radiation est moindre pour vous protéger ?” Si l’on restreint le décompte aux familles avec enfants, ce chiffre monte à 55%. Parmi ceux qui veulent partir, c’est la perte de l’emploi et la perte d’un environnement familier qui sont les deux principaux obstacles. 59% de ceux qui ne veulent pas partir, restent avec leur communauté et 18% parce qu’il ne pensent pas qu’il y ait de problème avec la radioactivité chez eux.
48% font des efforts pour minimiser l’impact de la radioactivité. Cela passe à 71% pour les familles avec enfant.
68% des habitants de Fukushima pensent qu’il faudra plus de 10 ans pour revenir à la normale.

Mardi 13 septembre, le maire du village de Kawauchi, situé en grande partie entre les 20 et 30 km et qui a perdu 90% de ses 2 800 habitants, veut voir la population revenir pour mars 2012. C’est la première municipalité à présenter un plan pour le retour des habitants. Outre la décontamination, le contrôle etc, la municipalité veut construire un hébergement temporaire pour ses 350 personnes dont les habitations sont en-deça des 20 km.

Lundi 19 septembre, des habitants de la zone des 20 km sont retournés chez eux pour la seconde fois pour récupérer des habits d’hiver. Ils ont pu conduire leur propre véhicule cette fois. 227 personnes de 92 familles ont saisi cette opportunité.

Mardi 20 septembre, le gouvernement a informé 5 municipalités situées entre 20 et 30 km de la centrale, qu’il comptait lever leur désignation comme zone de préparation à l’évacuation. Il était recommandé aux habitants de partir et à ceux qui sont resté, de se tenir prêts à partir en cas d’urgence. Il s’agit du Nord au Sud, de Minami-Soma, Tamura, Kawauchimura, Narahamachi et Hironomachi qui, pour certaines, ont soumis un plan de retour au gouvernement. Elles regroupaient 58 000 habitants avant la crise. 30 000 sont partis. Certaines municipalités comme Kawauchimura espère permettre le retour des habitants au mois de mars prochain. D’autres, comme Minami-Sôma, n’ont pas fixé de date. La plus grande partie de Narahamachi étant dans la zone des 20 km, la municipalité n’a pas de plan de retour pour le moment. Mais certaines compagnies espèrent y reprendre le travail à partir de mars. La municipalité de Kawauchi estime à 20 ans le temps nécessaire à la décontamination des forêts. Les personnes concernées sont dubitatives.

Le ministre de la catastrophe, Goshi Hosono, a déclaré à Vienne, lors du meeting de l’AIEA, qu’il espérait que TEPCo achève la phase 2 de la feuille de route avant la fin de l’année civile. Lundi 19 à 11h, la température en bas de cuve des réacteurs 1 et 3 est passée sous la barre des 100°C. Ces températures sont mesurées à l’extérieur de la cuve. TEPCo doit encore démontrer que cette température est bien inférieure à 100°C dans le coeur et que le risque de reprise de réactions de criticité est complètement écarté.
Mais la feuille de route diffusée ce jour par TEPCo maintient l’ancien calendrier avec un arrêt à froid pour la fin janvier.

Vendredi 30 septembre, comme annoncé, le gouvernement a levé la recommandation de se tenir prêt à évacuer ou se confiner pour les habitants qui sont restés dans la zone de 20 à 30 km.
Restent donc les zones évacuées qui sont à une distance inférieure à 20 km et celles où le débit de dose dépasse les 20 millisieverts par an.
Cette décision pourrait laisser croire que tout risque est écarté à la centrale, ce qui est loin d’être le cas. Les fuites continuent, le risque d’explosion hydrogène est toujours là, comme l’a montré la découverte récente d’hydrogène dans un tuyau du réacteur n°1 et le système de refroidissement est fragile.
La NSC a cependant accepté la levée sous le prétexte que les populations pourront à nouveau fuir rapidement en cas de tremblement de terre ou de tsunami.
Mais il faudra décontaminer avant le retour des gens et ce n’est pas si facile : à l’école primaire d’Omika à Minami-Sôma, le sol de la cour a été enlevé et le débit de dose est passé de 0,3 à 0,08 microsievert par heure. Les routes d’accès ont aussi été nettoyées, mais il reste les arbres contaminés…
Se pose aussi le rétablissement des services publics quand on ne sait pas combien de personnes vont réellement rentrer. Il n’y a pas d’emploi non plus.
La station d’épuration de Hironomachi a été emportée par le tsunami. Elle a été remplacée par une installation temporaire qui ne suffira pas si les gens reviennent. La nouvelle station ne sera pas prête avant la fin 2012, voire 2013. La maire conseille au gens de ne pas revenir avant que la zone soit sûre.

Octobre 2011

Lundi 3 octobre, des habitants de Fukushima qui sont partis d’eux mêmes ont réclamé des compensation à la commission de recours des indemnités. Ils demandent à être traités comme ceux qui été forcés à partir.

Mardi 4 octobre, selon un bilan fait par la fédération des cliniques de Fukushima, le personnel médical a quitté la région en masse. 125 médecins, soit 12% des médecins travaillant dans de telles structures, ont démissionné. 407 infirmières sont aussi parties, soit 5% d’entre elles. Il s’agit là d’un bilan partiel effectué à la fin juillet. C’est à Minami-Sôma que le manque est plus criant : 46% des médecins des 4 cliniques sont partis. Pour les infirmières, c’est 16%. Les responsables ne veulent pas blâmer leurs collègues, mais n’arrivent pas à trouver des remplaçants.

A Koriyama, certaines crèches emmènent les enfants jouer dans des lieux moins contaminés pour qu’ils puissent sortir. Dans la cour de l’une d’entre elles, il y a 0,9 millisievert par heure, alors que sur l’aire de jeu, il y a 0,1 millisievert par heure. Le déplacement se fait en bus, ce qui a un coût.

La ville de Minami-Sôma a l’intention de rouvrir 5 écoles à partir du 17 octobre, mais va limiter à 2 heures par jour les activités à l’extérieur. Les enfants devront porter un masque et des manches longues. Ces écoles ont été décontaminées et le débit de dose à un mètre du sol est de l’ordre de 0,1 millisievert par heure. Mais les autorités municipales veulent que la dose annuelle ne dépasse pas 1 millisievert par an. A raison de 2 heures par jour pendant un an, les activités extérieures vont contribuer à hauteur de 0,3 millisievert en un an.

Mercredi 5 octobre, les mesures de débit de dose faites par le prof. Yamauchi de l’université de Kobé à la demande de citoyens japonais sont inquiétantes : dans un bâtiment utilisé pour les activités extra-scolaires d’une école primaire de Watari dans la commune de Fukushima, il a mesuré 0,33 microsievert par heure près du sol, 0,52 près des poutres et 0,72 près du plafond. Sur le toit, c’est 1,74 microsievert par heure, bien qu’il ait été “décontaminé” à l’aide d’eau sous pression. Si pour les cours d’école, il a été possible d’enlever une grande partie de la radioactivité en raclant le sol, pour le toit et ses tuiles en ciment, il semble qu’il n’y ait pas d’autre solution que de changer les tuiles, ce qui va générer une grande quantité de déchets radioactifs. Il en est de même pour l’asphalte. Bref, les populations ne sont pas prêtes de rentrer chez elles.

Jeudi 6 octobre, une semaine après que les autorités aient levé les restrictions de séjour, personne n’est rentré à Hirono. Même le maire n’est pas rentré. Il n’y a que les résidents qui ne sont pas partis et les intervenants sur la centrale. Personne n’est prêt à rentrer avant longtemps, même si cela signifie vivre dans des logements de fortune.

Mardi 11 octobre, l’administration Noda compte se donner comme objectif de tout décontaminer pour la fin de l’année fiscale 2013 qui se termine en mars 2014. Cela ne s’applique pas aux zones près de la centrale qui sont très contaminées. Ce n’est qu’après que les évacués pourront rentrer chez eux. Ce plan paraît bien optimiste. On ne sait pas de combien sera la contamination après les opérations de décontamination. Ni où ils vont mettre tous les déchets.
Le ministère de l’environnement a demandé 11 milliards d’euros d’ici la fin 2013 pour financer ces travaux.
La ville de Daté, quant à elle, vient d’ouvrir un centre de décontamination où les habitants peuvent trouver conseil et matériel. Il est géré par deux employés municipaux et deux employés d’une compagnie spécialisée dans la décontamination radioactive.

De nombreux habitants des zones montagneuses (70% de Fukushima !) commencent à ne plus se faire d’illusion : A chaque pluie, il faut recommencer à décontaminer. Pendant combien de temps cela va durer ? Auront-ils droit aux aides du gouvernement assez longtemps ?
La ville de Fukushima a aussi eu à faire à des expériences similaires : certains points étaient plus contaminés après le décontamination qu’avant !
Même en décontaminant la forêt aux alentours des habitations concernées, dans un rayon de 20 mètres environ, les aiguilles de pin, qui sont chargées et ne tombent qu’au bout de 3 ou 4 ans environ, obligent à rester vigilant longtemps.
La ville de Fukushima envisage de décontaminer les forêts, en retirant toutes les feuilles et branches mortes, sur une distance de 75 mètres, ce qui est plus que les 20 mètres recommandés par le ministère de l’agriculture, de la pêche et des forêts.

3 écoles situées dans la zone des 30 km ont rouvert ce jour, exactement 7 mois après le déclenchement de la catastrophe. Il s’agit de celles du quartier de Hisanohama à Iwaki. Sur les 225 inscrits avant la catastrophe, environ 190 étaient de retour en ce jour de rentrée.

Mercredi 12 octobre, selon un sondage publié par l’Asahi (version anglaise) seulement 43% des personnes évacuées interrogées ont déclaré vouloir absolument rentrer chez elles, contre 62% en juin. 17% ne veulent plus rentrer, contre 12% en juin.
46% des personnes interrogées vivent séparées de leur famille, les femmes et les enfants ayant été éloignés plus de la centrale. 42% pense ne pas retrouver l’emploi qu’ils avaient avant la catastrophe. Enfin 78% se sont déclarés opposés à l’énergie nucléaire.

Ce même journal a estimé à 13 000 km2, la surface à décontaminer dans 8 provinces en fonction des nouveaux critères : le ministère de l’environnement a décidé de prendre en charge cette décontamination si la dose annuelle dépasse 1 millisievert. Sur les 13 000 km2, 8 000 km2 sont dans la province de Fukushima où ils représentent 60% du territoire.
Avec une limite annuelle à 5 mSv, c’étaient 1 800 km2 à décontaminer et seulement dans la province de Fukushima. Avec le nouveau critère, les provinces de Gunma (2 100 km2), Tochigi (1 700 km2), Miyagi (440 km2), Ibaraki (440 km2), Chiba (180 km2), Tokyo (20 km2) et Saïtama (20 km2) sont aussi concernées.
Ces estimations ont été faites à partir des cartes de la contamination effectuées par hélicoptère. Les provinces d’Iwate, Niigata et Nagano n’ont pas encore été contrôlées. Ces surfaces à décontaminer peuvent encore augmenter…

Lundi 17 octobre, 3 écoles et 2 collèges ont rouvert dans le district de Haramachi situé dans la zone comprise entre 20 et 30 km dans la ville de Minami-Sôma. Le nombre d’élèves est passé de 2 200 à 900. Le temps passé à l’extérieur est limité à 2 heures par jour et les enfants devront être entièrement recouverts pendant les activités sportives et mettre un masque. Le débit de dose est de 0,11 microsievert par heure à 50 cm du sol dans la cour d’une des écoles. Nombreux sont les enfants qui ont un dosimètre autour du cou.

Jeudi 20 octobre, ils environ 36 000 à être partis d’eux-mêmes des territoires contaminés de Fukushima alors qu’ils vivaient dans une zone où le gouvernement ne soutient pas financièrement l’évacuation. Ce sont très souvent la mère et les enfants qui sont partis. Ils demandent une soutien moral et financier au gouvernement. Certains, plus qu’une compensation, ils demandent une reconnaissance officielle que leur choix de partir est censé.
Le 22 avril, les autorités avaient interdit l’accès à la zone des 20 km et demandé aux personnes qui sont restées entre 20 et 30 km de se tenir prêtes à évacuer rapidement en cas d’aggravation soudaine. La commission de compensation a suggéré que les personnes parties de cette zone avant le 22 avril soient compensées, pas les autres. Une telle recommandation est incompréhensible pour les personnes concernées.

Vendredi 21 octobre, selon une étude officielle des autorités régionales, environ 70% des personnes évacuées qui vivent dans des hébergements de secours et qui travaillaient avant le 11 mars n’ont pas retrouvé un emploi. Ce sont surtout les personnes évacuées à cause de la catastrophe nucléaire qui sont touchés : ceux qui travaillaient dans une usine située dans la zone des 20 km ne peuvent plus se rendre à leur travail et leur employeur n’a pas encore redémarré une activité ailleurs. Toutes les personnes qui travaillaient dans l’agriculture, la pêche ou les forestiers sont aussi particulièrement touchés. La majorité des ces personnes veulent retrouver un emploi à plein temps. Pour ceux qui ne veulent pas reprendre, l’âge ou l’absence d’avenir est souvent évoqué comme raison.

Lundi 24 octobre, si la plupart des habitants d’Iitate-mura sont partis, il reste les 106 résidents de hospice. Le Yomiuri du jour leur consacre un article. Ils ne peuvent plus sortir, ni ouvrir les fenêtres. L’air est filtré et les sorties remplacées par du Karaoké ou du Tamaïré (jeu de lancé de balle). L’âge moyen est de 86,7 ans. Nombreux sont alités ou ne peuvent plus se déplacer tout seul. Les déménager aurait représenté un risque trop grand pour eux. Le personnel qui avait de jeunes enfants est parti. D’autres ont été embauché. Le nombre total est passé de 88 à 76 personnes. Il porte constamment des dosimètres. La majorité du personnel vivait à Iitaté. Il est maintenant réfugié à Fukushima, Koriyama, voire Sendaï. Avec l’approche de l’hiver et les fortes chutes de neige attendues, le directeur ne sait pas si le personnel pourra être présent tous les jours.
Le débit de dose à l’intérieur est de 0,2 microsieverts par heure. Il est 10 fois plus élevé à l’extérieur.

Lundi 31 octobre, The Tohoku Geographical Association publie un bulletin sur les conséquences des catastrophes. Le dernier article concerne les réfugiés de la catastrophe nucléaire. 63 000 personnes sont parties des 8 communes évacuées qui ont aussi déménagé leurs services. La moitié est encore dans la province de Fukushima, l’autre moitié ailleurs. Si l’on regarde par sexe et âge, il y a plus d’enfants et de femmes à avoir quitté la région.
L’article donne des statistiques sur les conditions des personnes originaires d’Okuma (emploi, volonté de rentrer…) et est en anglais ici.

Novembre 2011

Mercredi 2 novembre, selon la fédération des crèches de Fukushima il y a environ 18% d’enfants en moins par rapport à l’avant catastrophe. Dans la ville de Fukushima, les inscriptions pour la rentrée prochaine (qui a lieu le 1er avril au Japon), sont en chute de 24% par rapport à l’année précédente.

Lundi 7 novembre, un éleveur de Namié, située à 14 km de la centrale, dans la zone interdite donc, continue à alimenter ses vaches avec l’espoir qu’elles serviront à la recherche. Les autorités avaient proposer à tous les éleveurs d’abattre les vaches qui restaient dans la zone interdite. Il a refusé.

Les autorités ont commencé une cartographie plus précise de la contamination des zones évacuées.

Mardi 8 novembre, selon une étude effectuée par l’université de Fukushima auprès des personnes évacuées de 8 communes du district de Futaba, environ 27% ont déclaré ne pas vouloir rentrer. C’est plus de la moitié chez les moins de 30 ans. Sur les trois communes situées dans la zone interdite de 20 km, plus de 30% disent ne pas vouloir rentrer. La moitié des foyers sondés, soit 13 463, ont répondu.

Mercredi 9 novembre, le Japan Times consacre un dossier à la décontamination. Pour le journal, le message est clair : le gouvernement n’en fait pas assez et les populations ne doivent pas attendre. Il propose donc une sorte de guide avec de nombreux conseils pratiques. Il est conseillé d’enterrer les déchets produits dans des sacs plastics au fond de son jardin, le temps qu’il y ait un centre puissant les accueillir.
Certaines municipalités proposent aussi du matériel et des conseils pour que les gens puissent essayer de décontaminer leur habitation.
Mais le journal est assez pessimiste : la décontamination ne devrait faire diminuer le débit de dose que de 10 à 20%, ce qui est quasiment le taux de décroissance si l’on ne fait rien : en effet, avec une demi-vie de 2 ans, le césium 134 diminue relativement vite. A cela, s’ajoute ce qui est lessivé par les pluies et qui peut aller s’accumuler ailleurs. En plus, les moyens disponibles sont dérisoires par rapport à l’enjeu : comment aller rechercher les radioéléments dans les fissures et autres anfractuosités ?

Vendredi 11 novembre, le gouvernement a entériné les plans du ministère de l’environnement la décontamination sera entreprise dans toutes les zones où la contamination entraîne une dose supérieure à 1 millisievert par an. Le gouvernement sera responsable de la décontamination des zones évacuées et de la zone interdite. Ailleurs, la décontamination doit être prise en charge par les municipalités, avec le soutien financier du gouvernement. Dans les zones non-évacuées, le plan est de réduire la dose de 50% en deux ans. Dans les zones où les enfants passent beaucoup de temps comme les cours d’école ou les parcs, ce sera 60%. Le gouvernement aura aussi la responsabilité des déchets à moyen et long termes.
La nouvelle loi dvrait entrer en vigueur en janvier 2012.

Mardi 15 novembre, la municipalité de Daté est la première à entreprendre la décontamination des maisons pour permettre aux habitants de rentrer. Elle a commencé par le district de Shimo-Oguni à Ryozenmachi, où il est recommandé d’évacuer. Il est situé à 300 m d’altitude dans une zone montagneuse à 55 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. Mais comme de nombreux habitants sont des agriculteurs, ils ne sont pas tous partis.
Les travaux de décontamination ont commencé le 26 octobre avec un budget de 150 millions de yens (1,4 millions d’euros) et comme but affiché de descendre en-dessous de 1 à 1,5 microsieverts par heure dans les zones fréquentées. Sur 26 maisons décontaminées à ce jour, cet objectif n’a été atteint que pour 4 d’entre elles. La décontamination est bien plus complexe que ce que ne le prétendent les autorités. Chez une famille, après avoir retiré 5 cm de terre, les débits de dose ont augmenté au lieu de diminuer en un lieu où les eaux de pluie s’enfoncent dans le sol.

Jeudi 17 novembre, les forces armées, pudiquement appelées forces d’auto-défense au Japon, vont être impliquées dans la décontamination de la zone interdite des 20 km.

Deux personnes sont candidates à la mairie d’Okuma, située à 3 km de la centrale. L’un plaide pour une relocalisation complète de la ville dans un autre lieu, l’autre pour une décontamination et un retour. Le verdict des urnes est pour le 20 novembre.

Vendredi 18 novembre, des expériences de décontamination sont menées à Okuma situé dans la zone interdite des 20 km. C’est une compagnie privée qui effectue le travail et qui commence par une série de mesures dans des zones tests. Jusqu’à 43,4 microsieverts par heure ont été mesurés.

Dimanche 20 novembre, c’est le candidat qui prônait la décontamination et le retour qui a gagné la mairie d’Okuma.

Jeudi 24 novembre, le Maïnichi explique que la décontamination des habitations n’est pas aussi effective qu’espéré : 6 maisons du district d’Onami, dans la municipalité de Fukushima, où du riz dépassant la limite a été trouvé, ont été décontaminées depuis le 18 octobre. En moyenne, la contamination a baissé de 70% devant l’entrée et au niveau des parkings en gravier. Mais pour le toit c’est 30% et l’asphalte 25%. Au premier étage, à l’intérieur, la contamination n’a baissé que de 22%.  Pour les toits, la municipalité accuse les forêts avoisinantes qui ne sont pas décontaminées. Et elle envisage de retirer la couche superficielle de l’asphalte.
Il était prévu de décontaminer 367 habitations d’ici la fin de l’année, mais les délais ne seront pas tenus. 33 compagnies devaient être impliquées, mais comme les employés craignaient les radiations, il n’en reste plus que deux à travailler. 19 autres compagnies ont été contactées, mais cela ne suffira pas. Les coûts varient entre 800 000 yens (7 800 euros) et 1,3 million de yens (12 600 euros) par maison, en fonction des compagnies.

Vendredi 25 novembre, le gouvernement a recommandé à 37 nouvelles familles demeurant à Minami-Sôma (22 familles) et Daté (15 familles) d’évacuer leur quartier suite à la découverte de nouveaux points chauds : 13 dans 3 districts de Daté et 20 dans 4 districts de Daté. 9 de ces 37 familles risquent d’avoir une exposition annuelle supérieure à 20 millisieverts. Cela fait un total de 282 familles à qui il a été recommandé d’évacuer suite à la découverte de points chauds près de leur habitation.

Mardi 29 novembre, les autorités ont commencé un projet pilote de décontamination des zones fortement contaminées à Minami-Sôma à 25 km de la centrale. La zone test fait 4 ha. Un premier parking a été décontaminé par une dizaine de personnes qui a travaillé avec des pelles. Au vu de la surface à décontaminer, cela va prendre du temps en travaillant de cette façon. Et il n’y a toujours pas de solution pour les déchets engendrés.
Par ailleurs, des experts mandatés par le ministère de la santé ont recommandé que le travail de décontamination engendrant une dose annuelle supérieure au millisievert soit confié à des sociétés spécialisées avec contrôle des travailleurs. Le ministère promet des règles et recommandations avant la fin de l’année dans les zones où le débit de dose dépasse 0,23 microsievert par heure, ou 1 millisievert par an. En dessous de 2,5 microsieverts par heure, le gouvernement devrait autoriser la décontamination “amateure” une dizaine de fois par an, mais avec des règles strictes.

Décembre 2011

Dimanche 4 décembre, le gouvernement a organisé un voyage de presse à Okuma, situé à 5 km de la centrale pour observer une expérience de décontamination. C’est la mairie et ses environs qui ont été nettoyés à l’aide de jets à haute pression. Les feuilles, branches etc ont aussi été collectés. Résultat : là où il y avait 20 microsieverts par heure avant la décontamination, il y a 6 après, ce qui est toujours plus que la limite d’évacuation. Sur le toit du bâtiment, il y avait 16 microsiverts par heure. 10 après 10 minutes de lavage, 9,3 après 15 minutes et 9 après 20 minutes. L’eau chaude n’a pas été plus efficace.
Le gouvernement veut mener un ou deux chantiers modèle par municipalité, mais pour le moment seulement deux ont accepté. 8 autres sont en train de cartographier précisément la contamination. La ville de Futaba n’a aucun projet de décontamination. Pour un officiel de la ville, la “décontamination” ne fait que déplacer le problème sans le résoudre.

Dimanche 11 décembre, le ministre de l’environnement a expliqué que la décontamination à grande échelle des zones les plus contaminées ne pourrait pas commencer avant la fin mars car il lui faut d’abord trouver des lieux d’entreposage des déchets générés.

Mardi 13 décembre, ce même ministre de l’industrie a des visées sur le canton de Futaba pour son centre d’entreposage des déchets de la décontamination. Ce canton inclut 8 municipalités dont Futaba et Okuma qui hébergent la centrale. La décision devrait être prise d’ici la fin de l’année fiscale 2012 (qui se termine en mars 2013).

Mercredi 14 décembre, c’est maintenant officiel, le Ministère de l’environnement a décrété que le gouvernement centrale prendra à sa charge la décontamination des sols à partir de 0,23 microsievert par heure, soit 1 millisievert par an. Une centaine de municipalités sont concernées. Il va aussi prendre en charge les déchets, débris, boues… à partir de 8 000 becquerels par kilo.
Par ailleurs, le gouvernement envisage de considérer les zones où la dose annuelle serait supérieure à 50 millisieverts comme des zones où le retour ne sera pas possible avant plusieurs décennies. Il sera donc amené à acheter de nombreux terrains dans ces zones. Il y aurait donc 3 types de zones : celle où la dose annuelle est inférieure à 20 mSv ; celle où elle est comprise entre 20 et 50 mSv, appelée “zone résidentielle restreinte” et celle où elle est supérieure à 50 mSv, appelée “zones avec retour difficile”.
Après avoir déclaré officiellement “l’arrêt à froid des réacteurs” prévu pour le 16 décembre, le gouvernement envisage de permettre aux gens de rentrer si la dose annuelle est inférieure à 20 mSv. Mais il faut d’abord réparer les dégâts provoqués par le séisme, le tsunami et l’abandon et décontaminer les points chauds. Cela pourrait commencer au printemps.
Dans les zones résidentielles restreintes, il faudra d’abord décontaminer, ce qui pourrait prendre des années.

Par ailleurs, on a appris que la NISA avait recommandé au gouvernement d’élargir la zone d’évacuation au-delà des 20 km dès le 23 mars, mais il n’en aurait pas tenu compte. Cela correspond à la date où les premières estimations de dispersion de la pollution par le logiciel SPEEDI sont sorties, soit 12 jours après le déclenchement de la catastrophe. Pour un logiciel conçu pour pouvoir gérer une crise, ce n’est pas très performant… Ces premiers calculs prédisaient une forte contamination jusqu’à Iitate, mais le gouvernement n’a pas jugé bon d’évacuer si loin à cette époque. Il le fera bien plus tard, le 11 avril pour un effet prévu pour avant la fin mai.

Jeudi 15 décembre, le ministre de l’environnement a confirmé vouloir autoriser le retour des gens dans la zone des 20 km là où la contamination des sols n’entraîne pas une dose supérieure à 20 mSv par an. Les autorités semblent s’accrocher à leur limite de 20 mSv qui est tant décriée.

Un chercheur (Eisaku Katayama, Université de Chiba) et un industriel (Isamu Kawakami, Shibukawa, Gunma Prefecture) on développé un moyen de réduire les volumes de biomasse contaminée au césium. Il ont remarqué que le césium se fixait préférentiellement sur certaines parties des plantes et ont trouvé un moyen de séparer cette partie du reste, beaucoup plus volumineux. In fine, le volume de déchets engendré serait réduit de 90%. Il reste encore à passer de l’échelle de la paillasse à l’échelle industrielle…
Selon une autre étude (Toshihiko Ohnuki et al., Japan Atomic Energy Agency), le césium n’aurait pas pénétré dans le sol des forêts, mais serait resté fixé sur les feuilles, brindilles et branches. Les chercheurs expliquent cette découverte par le fait que les sols étaient gelés lors des retombées radioactives. En enlevant, la surface des sols forestiers, il serait donc possible de les décontaminer de manière significative.

Vendredi 16 décembre, 900 soldats ont, du 7 au 16 décembre, décontaminé les mairies de 4 municipalités (Namié, Narahara, Iitate et Tomioka). Il s’agit d’une travail expérimental en prélude à la mise en oeuvre d’une décontamination de plus grande ampleur. Le ministère de l’environnement va venir faire des mesures pour contrôler l’efficacité du travail effectué. 900 personnes pendant neuf jours pour 4 bâtiments… le bout du tunnel est encore loin.

Samedi 17 décembre, la mairie d’Iitaté, village situé entre 30 et 50 km de la centrale, a présenté son plan de retour : l’ambition est de décontaminer à 5 mSv/an et de permettre aux premiers habitants de rentrer d’ici deux ans, et la moitié d’entre eux d’ici 5 ans. La contamination est telle, actuellement, qu’elle conduirait à une dose annuelle de 20 à 50 mSv. 90% des 6 200 habitants sont partis.
La mairie veut aussi son propre laboratoire de mesure pour vérifier la qualité des produits agricoles produits et développer les énergies renouvelables.

Dimanche 18 décembre, le gouvernement a annoncé vouloir réorganiser les zones interdites et d’évacuation à partir du mois de mars. La zone interdite devrait être levée le 1er avril.

Jeudi 22 décembre, selon un rapport à paraître, l’évacuation n’a pas été rationnelle durant les premières heures de la catastrophe : des personnes vivant dans la zone des 20 km ont été évacuées vers des zones plus exposées alors que les autorités (NISA et ministère des sciences et technologies) avaient les données, mais ne les ont pas transmises au centre de crise (chez le premier ministre). Par exemple, les habitants des zones côtières, peu touchées par les retombées, ont été évacuées vers des zones sous les vents contaminés.

Lundi 26 décembre, la municipalité de Kawauchi-mura, située à cheval dans la zone des 20 et la zones des 20 à 30 km de la centrale accidentée, a enquêté auprès des ses habitants et il apparaît que la majorité d’entre eux ne compte pas remettre leurs enfants dans les écoles de la commune. 142 personnes, parents de 227 enfants scolarisés dans la commune, ont été interrogés par questionnaire anonyme en novembre. 88 d’entres elles, parents de 147 enfants, ont répondu : seulement 26 enfants (soit 18%) devraient revenir dans les écoles de la commune. Les parents de 8 d’entre eux ont répondu positivement à condition que l’école soit correctement décontaminée. 80 enfants, soit 54% ne reviendront pas. Les parents de 14 enfants n’ont pas encore décidé.
40% de ces enfants sont à Koriyama où sont installées les autorités municipales. En juin, 80% de la population du village avait déclaré vouloir revenir.
Il y a 139 personnes à Kawauchi-mura actuellement. Après la levée des restrictions dans la zone tampon de 20 à 30 km fin septembre, on s’attendait à voir des habitants revenir, mais c’est l’inverse qui s’est produit. Une cinquantaine de personnes sont parties depuis. Le maire a déclaré qu’il avait peur des radiations, mais encore plus peur du fait que les gens ne veulent pas rentrer.

Par ailleurs, le gouvernement a entériné la nouvelle définition des zones (cf 14 décembre ci-dessus) et annoncé qu’il ne lèverait pas l’interdiction d’entrer dans la zone des 20 km avant avril 2012.

Mercredi 28 décembre, le dernier centre d’accueil de secours de la province de Fukushima a fermé. Toutes les réfugiés sont hébergés dans des logements temporaires. Il y a eu jusqu’à 448 000 personnes hébergées d’urgence dans ces centres à cause du séisme, du tsunami et de la catastrophe nucléaire. Ils étaient 73 608le 16 mars dans la province de Fukushima, répartis dans 403 centres.
Il reste encore 631 personnes de Futaba dans un lycée situé à Kazo, dans la province de Saïtama (banlieue de Tôkyô).

Par ailleurs, le ministre de l’environnement, Goshi Hosono, a demandé officiellement aux responsables politiques locaux d’accepter un centre d’entreposage des déchets issus de la décontamination. Il sera fort probablement installé à Futaba. L’accueil a été contrasté : le gouverneur n’a pas dit non, mais veut l’assentiments des riverains évacués. Les riverains qui pensent ne jamais pouvoir rentrer chez eux à cause des niveaux élevés de contamination, sont plutôt enclins à accepter. D’autres, veulent revenir et n’y sont donc pas favorable. Mais, s’il n’y a pas de centre d’entreposage, la décontamination n’est pas possible et le retour non plus. Face à cette alternative infernale, certains demandent des garanties que l’entreposage ne durera pas plus de trente ans. Nombreux sont ceux qui pensent que cet entreposage “temporaire” deviendra un centre de stockage définitif.

Janvier 2012

Jeudi 5 janvier, les maires des 8 municipalités du comté de Futaba où le gouvernement veut installer un centre d’entreposage des déchets issus du démantèlement ont demandé l’aide des autorités provinciales pour faire face au gouvernement centrale. Ils leur est difficile de consulter les citoyens dispersés suite à l’évacuation forcée. Le maire de Futaba est opposé au projet. D’autres maires ont dit ne pas avoir le choix.

Dimanche 8 janvier, il reste encore 13 habitants d’Iitaté répartis dans 8 foyers sur les 6 200. Tous les autres sont partis. Les 13 restants refusent de partir pour diverses raisons : animaux, refus de changer d’environnement ou d’aller dans une habitation temporaire. Ils préfèrent finir leur vie chez eux.
Il y a aussi une résidence pour personnes âgées avec une centaine de résidents.

Lundi 9 janvier, environ 109 000 personnes ont été évacuées à cause de la catastrophe nucléaire, dont 86 000 des zones d’évacuation. Le gouvernement va bientôt annoncer les zones où les personnes ne pourront pas retourner avant plus de 5 ans car la contamination y dépasse les 20 millisieverts par an. 25 000 personnes pourraient être concernées selon des sources gouvernementales et 7 des 11 municipalités évacuées. 90% des habitants de la ville d’Okuma et 70% de celle de Futaba ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux. Les villes vont-elles survivrent ? En certains points de ces deux villes la dose annuelle peut dépasser les 100 millisieverts. Sur les 3 000 points de mesures du gouvernement dans la zone des 20 km, la dose annuelle est supérieure à 50 millisieverts pour 700 d’entre eux. Le maire de Futaba demande une relocalisation de sa ville.
Le gouvernement a aussi demandé à certaines municipalités de fusionner.

Samedi 14 janvier, selon un sondage, un tiers des habitants de Namié se sont résignés à ne jamais rentrer chez eux. Un questionnaire a été envoyé à 18 448 résidents. 11 001 ont répondu, soit environ 60%. 64% d’entre eux espèrent pouvoir rentrer un jour. Les conditions pour que le retour soit possible sont:
– une baisse de la contamination,
– une reconstruction des infrastructures,
– un pourcentage suffisant de résidents qui rentrent.
33% ont déclaré qu’ils pensaient ne jamais pouvoir rentrer. Sur certains questionnaires, la réponse a été changée plusieurs fois…

Dimanche 15 janvier, 11 personnes réparties dans 6 foyers vivent encore dans la zone interdite des 20 km. Les municipalités tentent, en vain, de les persuader à partir. Chez un homme, il n’y a ni électricité, ni eau courante à cause de l’impossibilité de réparer les dégats des séismes.

Jeudi 26 janvier, le ministère de l’environnement a rendu publique sa feuille de route en ce qui concerne la décontamination et le retour des populations. Le gouvernement va directement prendre en charge la décontamination des zones évacuées là où la dose annuelle est inférieure à 50 mSv/an dans le but de la baisser à une valeur inférieure à 20 mSv/an d’ici mars 2014. Pour les zones les plus contaminées, rien n’est décidé. Mais avec le temps, le césium 134, qui a une demi-vie de 2 ans, va disparaitre.
La priorité va être donnée aux zones les moins contaminées. Des réunions publiques vont être organisées pour les habitants des zones où la contamination induit une dose annuelle qui est déjà inférieure à 20 millisieverts. Il va leur être demandé d’approuver que des décontamineurs entrent sur leur terrain dans le but d’abaisser cette dose à une valeur inférieure à 10 millisieverts par an. Pour les écoles, ce sera 5 millisieverts par an. Les travaux devraient commencer en juillet pour finir en décembre de cette année. Cela donne une idée du calendrier de retour.
Pour les zones où la contamination induit une dose anuelle déjà inférieure à 10 millisieverts par an la décontamination commencera dès juin s’il y a accord des propriétaires. La décontamination devrait être terminée en mars 2013 dans les zones où la dose annuelle est comprise entre 5 et 10 millisieverts par an, et en mars 2014 pour les zones où elle est comprise entre 1 et 5 millisieverts par an.
Le ministère évalue à 27 000 hectares les surfaces à décontaminer dans la zone des 20 km et à 9 200 hectares la zone où la contamination entraîne une dose annuelle supérieure à 50 millisieverts.
La feuille de route ne se donne aucun objectif clair à atteindre en terme de décontamination, ce qui est déconcertant pour les populations.

Vendredi 27 janvier, la municipalité de Kawauchi devrait appeler bientôt ses résidents à rentrer chez eux à partir d’avril. C’est la première municipalité à appeler au retour. Les écoles et l’hôpital devraient rouvrir début avril. Le village a 3 000 habitants évacués. Une partie est au-delà des 20 km et il y est donc possible d’y vivre depuis la fin septembre. Mais seulement 200 personnes environ sont rentrées. Il n’y a pas de services publics et ne nombreux magasins sont fermés.
Les travaux de décontamination ont commencé en novermbre dernier en mettant la priorité sur les lieux recevant du public et les maisons avec des enfants d’ici la fin mars. Cela représente environ 150 maisons sur 940. Pour le reste, il faudra attendre décembre.
La municipalité demande au gouvernement de terminer sa part de décontamination dans la zone des 20 km d’ici la fin de l’année.
Une carte montrant le village est ici en japonais.

Deux journalistes de France 24 se sont fait attrapés dans la zone interdite des 20 km avec de faux laisser-passer qu’ils auraient fabriqués à partir de scan de laisser-passer d’ouvriers travaillante à la centrale. Ils sont donc accusés d’avoir pénétré dans la zone interdite et de faux et usage de faux.
Il y a environ une centaine de cas qui concernent des habitants de la zone qui retournent chez eux sans autorisation. Dans ce cas, la police ne les punit pas pas mais leur demande des excuses par écrit.

Mardi 31 janvier, le maire de Kawauchi a bien appelé ses résidents à rentrer pour avril 2012.

Mercredi 1er et jeudi 2 février, les interviews parues dans les médias japonais laissent penser que les habitants ne sont pas prêts à retourner à Kawauchi. Les parents de jeunes enfants craignent les radiations. Et la centrale est toujours menaçante pour beaucoup d’entre eux. Leurs enfants vont à l’école du village qui a été délocalisée à Koriyama. Si l’école retourne au village, mais pas eux, il va leur falloir trouver une nouvelle à proximité de leur habitation temporaire. Selon un sondage fait par la mairie, seulement 30 enfants sur 210 veulent rentrer en avril.
Les anciens se demandent si les magasins seront ouverts et s’il pourront se ravitailler. Les agriculteurs, qui n’auront pas le droit de cultiver le riz se demandent à quoi bon rentrer si vite.
Pour ceux qui ont leur habitation d’origine dans la zone des 20 km, c’est plus simple, ils ne pourront pas rentrer tout de suite.
Le maire veut cependant rouvrir sa mairie à la fin mars.

Lundi 6 février, les effectifs d’enfants scolarisés (et dans les crèches) a chuté de 17 308 en un an dans la province de Fukushima. Pour Miyagi, c’est 5 124 et 3 735 à Iwaté.

Vendredi 10 février, le New York Times revient sur la difficile décontamination. Ce sont trois grosses compagnies qui ont emporté les premiers marchés. Ce sont elles qui ont construit 45 des 54 réacteurs nucléaires du pays, dont ceux de Fukushima. Et elles n’ont aucune expérience dans la décontamination. Un sous-traitant embauché à la journée confirme : “nous sommes tous des amateurs. Personne ne sait comment nettoyer la radioactivité”.
Taisei Corporation, Obayashi et Kajima ont remporté 12 chantiers pilotes pour un budget total de 93 millions de yens (930 000 euros). Un porte-parole de Taisei explique qu’il est en train de construire son expertise. Au ministère de l’environnement, on explique le choix par le fait que ces majors du BTP sont équipées et ont beaucoup de main d’oeuvre. Mais dans les faits, l’essentiel du travail est effectué par des sous-traitants qui embauchent des journaliers. Cette répartition du travail avec autant d’intermédiaires qui prélèvent leur quote-part, est typique de l’industrie nucléaire et du BTP. Certains critiques pensent qu’il aurait été préférable de créer une compétence locale qui aurait relancé l’économie de la région. Cela aurait coûté moins cher tout en favorisant l’emploi localement.
Les habitants d’Iitaté ont commencé à décontaminer leur maison par eux-mêmes avec l’aide d’universitaires. Leur conclusion est qu’il faut commencer par décontaminer les forêts et montagnes avoisinantes, autrement il faut tout recommencer régulièrement. Ce travail amateur ne reçoit aucun soutien financier. Mais ces personnes sont convaincues de mieux connaître le terrain que les majors du bâtiment et de faire un meilleur travail.

Dimanche 26 février, la télévision suisse romande a diffusé un reportage vidéo de Georges Baumgartner alias Frédéric Charles, dans la zone interdite des 20 km. A voir ici.

Février 2012

Lundi 27 février, 4 écoles ou collèges ont réouvert après décontamination à Minami-Sôma. Ils sont dans la zone comprise entre 20 et 30 km où l’ordre d’évacuation ou de se tenir prêt à partir a été levé fin septembre 2011.
Les cours avaient lieu dans des locaux provisoires ailleurs depuis la rentrée d’avril 2011. A l’école élémentaire Ishigami Daini, située à 25 km de la centrale, il y avait 197 enfants sur 493 avant la catastrophe ce matin.
Le fonctionnement de l’école n’est pas encore normal : les parents doivent emmener et chercher leurs enfants en voiture car le chemin passe par un point chaud. Les activités à l’extérieur sont limitées à 3 heures par jours et les enfants doivent porter des masques. Ils peuvent utiliser la bibliothèque et le gymnase librement.
Les 12 écoles et collèges de la ville ont tous réouvert maintenant.

Le Maïnichi revient sur l’évacuation chaotique des 6 hôpitaux situés dans la zone comprise entre 20 et 30 km. Le confinement de la population y a été ordonné le 15 mars, mais l’évacuation n’a pas commencé avant le 18 mars et l’ordre ne venait pas du cabinet du premier ministre. Le ravitaillement a rapidement manqué pendant ces 3 jours et de nombreux patients sont décédés. Une province voisine a déclaré refuser les patients évacués, sauf s’ils ne sont pas contaminés.

Mardi 28 février, TEPCO a finalement décidé de donner une petite indemnité aux femmes enceintes et enfants de moins de 18 ans qui sont partis sans y être obligées. Ils recevront 200 000 yens (2 000 euros) pour l’année 2011 de plus qui sont restés. Les femmes enceintes et enfants qui sont restés auront droit à 400 000 yens (4 000 euros) pour la même période. Toutes les autres personnes, qu’elles soient parties ou pas recevront 80 000 yens (800 euros). Le communiqué avec la liste des 23 communes éligibles et la procédure sont ici en anglais.

Mercredi 29 février, le journal Gendai mentionne que les données sur la contamination du MEXT (ministère des sciences et technologies) sont fausses et sous-estiment la réalité. Les habitants se plaignaient en prétendant que leur résultats de mesure étaient plus élevés. Le ministère de l’environnement vient de leur donner raison. L’entreprise Taisei, engagée dans la décontamination, aurait décontaminé les environs immédiats du poste de mesure installé sur place. La mesure n’est donc plus représentative. La compagnie nie, mais il y a au moins 10 témoins.

Jeudi 1er mars, la ville de Hirono, située dans la zone évacuée des 20 km est la première à rouvrir sa mairie à partir de ce jour. Le retour des habitants n’est pas pour maintenant puisque les travaux de décontamination n’ont pas commencé. Le maire espère que les écoles rouvrent cet automne.

Les indemnités de décontamination des lieux publics dépendent de la zone : au-delà de 5 mSv/an, la décontamination des toits et sols de jardin est financièrement prise en charge par le gouvernement, mais pas en deça. En revanche, les efforts pour ramasser les feuilles et branches mortes, la décontamination des caniveau, gouttières et le nettoyage des murs est subventionné dans toutes les zones où la dose annuelle peut dépasser un millisievert. Le ministère de l’environnement justifie son choix par l’efficacité de la méthode : dans les zones où la contamination est “faible”, il est inutile d’essayer de décontaminer les toits et sols car le gain est faible.
La municipalité de Nagareyama, dans la province de Chiba, est la première a avoir établi un plan de décontamination.

Samedi 10 mars, les municipalités evécuées sont face à un dilemme : maintenir le lien social parmi les réfugiés le temps qu’il faudra avant de revenir ou construire une nouvelle ville ailleurs en faisant son deuil de la zone évacuée. Les maires sont partagés. Sur les 12 municipalités concernées, 4 souhaitent fonder une nouvelle ville (Futaba, Namié, Tomioka et Okuma), alors que 6 sont contre. Le maire de Futaba a déjà exprimé sa volonté de construire une nouvelle ville “temporaire” d’ici 3 ans.
La mairie de Futaba a été installée dans un lycée désaffecté de Kazo, dans la province de Saïtama (banlieue de Tôkyô). Mais les 7 000 habitants sont dispersés dans tout le pays.Il y en a la moitié qui sont restés à Fukushima, et 1 300 sont à Saïtama. La mairie a donc un bureau de liaison à Koriyama (Fukushima) et Tsukuba (Ibaraki).

-> Des photos de la zone d’exclusion sont disponibles ici.

Sommaire


Défis

Mars – Mai 2011

Afin de conserver l’intégrité de l’enceinte de confinement, qui doit garantir le confinement du combustible, des relargages de gaz radioactifs ont eu lieu. A cela s’ajoute la vapeur d’eau dégagée par les piscines de combustibles usés et les fuites des coeurs de réacteur. De fortes contaminations de l’environnement, notamment en iode et césium, ont été relevées. Voir plus bas.

Il a été annoncé jeudi 17 mars, que malgré la situation radioactive, tout était fait pour apporter de l’électricité au plus vite vers la centrale. Après avoir été attendue pour jeudi après midi, tarde à être rétablie. Cette électricité permettra peut-être de remettre en route de circuits de refroidissement classiques pour les réacteurs pas trop endommagés. Cela pourrait être le cas du n°2. Voir plus bas. Mardi 22 mars, les 6 réacteurs étaient reliés à une source électrique extérieure au site.

TEPCo a annoncé utiliser de l’eau douce à la place de l’eau de mer depuis le Samedi 26 mars dans les 3 réacteurs endommagés. L’eau de mer est plus corrosive et le sel peut bloquer des vannes ou robinets. La compagnie espère pouvoir utiliser rapidement de l’eau douce pour les piscines aussi. Une barge d’eau douce est partie des Etats-Unis pour alimenter la centrale et est arrivée le 1er avril. Une autre suit.

L’eau est devenue le problème n°1 : il en faut beaucoup pour refroidir les réacteurs et les piscines, mais on ne peut pas la rejeter car elle est très radioactive. Les cuves de stockage sont pleines et il faut l’évacuer. Plusieurs options sont étudiées en ce moment, dont celle de faire venir un pétrolier ou de creuser un immense réservoir... Les galeries souterraines inondées qui aussi ont recueilli involontairement l’eau jusqu’à maintenant sont presque pleines : 10 000 tonnes (le 30 mars 2011) pour un volume total de 13 300 tonnes environ. Il y a des cables électriques et des tuyaux dans ces galeries qui doievnt donc être asséchées avant de remettre l’électricité. Vendredi 1er avril, il est question de 13 000 tonnes d’eau à évacuer. TEPCo compte utiliser une grande barge (faisant 136 mètres sur 46 et d’une capacité de 10 000 tonnes) amarrée au large de la centrale pour entreposer cette eau, le temps de trouver une meilleure solution. Lundi 4 avril, on appris que le Japon a demandé à la firme russe Rosatom d’accepter les déchets radioactifs liquides. Le complexe industriel ne peut en accueillir que 30 000 tonnes.

TEPCO envisage d’asperger l’intérieur des réacteurs de résines pour fixer la radioactivité et diminuer les rejets dans l’environnement. En effet, de nombreux débris et poussières très radioactifs jonchent le sol et les bâtiments. La radioactivité pourrait être dispersée par le vent ou lessivée par les eaux de pluie. Les opérations devaient commencer dès le jeudi 31 mars, mais n’ont pas eu lieu à cause de la pluie. Un robot mènerait cette opération, sachant qu’il y a 80 000 mètres carrés à couvrir. 60 000 litres devraient être étendus. Des premiers tests ont eu lieu le vendredi 1er avril. 2 000 litres de résine ont été répandus sur 500 m2 environ.

Lundi 4 avril, le gouvernement a demandé à TEPCo d’étudier la possibilité de recouvrir les réacteurs d’une toile pour limiter les rejets dans l’atmosphère. Les travaux pour une telle structure pourraient prendre 2 mois. De nombreux experts sont sceptiques sur son efficacité. Et si la structure était efficace, cela risquerait d’augmenter la radioactivité ambiante sur le site et géner encore plus les travaux. La mise en place ne pourrait pas être réalisée avant septembre 2011.

Mardi 5 avril, TEPCo estime à 60 000 tonnes la quantité d’eau radioactive à évacuer des sous-sols des réacteurs. 10 370 tonnes d’eau “légèrement” radioactive ont été rejetées en mer pour faire de la place à de l’eau beaucoup plus contaminée. Les capacités d’entreposage sont de 30 000 tonnes. Il faut donc construire de nouveaux réservoirs ou évacuer le surplus.

Le 14 avril, la NISA (autorité de sûreté nucléaire japonaise) a demandé à l’exploitant de vérifier la résistance des bâtiments aux répliques qui continuent à secouer le Japon. Mais TEPCo n’est pas en mesure de la faire à cause des niveaux de dose. Les générateurs électriques de secours et les camions pompe vont être sécurisés et doublés pour faire face à d’éventuelles défaillances.

TEPCo envisage de créer un nouveau système de refroidissement des réacteurs et piscines de combustibles à l’extérieur des bâtiments qui sont trop radioactifs et inondés. L’eau de refroidissement circulerait en circuit fermé et serait refroidie avec de l’eau de mer et un système d’échangeurs thermiques. Le 16 avril, la compagnie aurait déjà commandé des douzaines de tels échangeurs à plaque. 5 à 6 seraient nécessaires pour un réacteur. La compagnie envisage aussi d’utiliser les pompes et tuyaux qu’elle a mis en place dans l’urgence afin de limiter la dose des intervenants.

Par ailleurs, TEPCo va essayer de sortir le combustible des piscines à l’aide d’un hélicoptère américain.

Dans la feuille de route présentée le dimanche 17 avril, TEPCo envisage de remplir l’enceinte de confinement afin de noyer le coeur du réacteur et le refroidir. Mais ces enceintes, très probablement endommagées, pourront-elles supporter une telle pression ? Même en cas de réplique sismique de magnitude élevée ? Certains s’inquiétent. Les enceintes peuvent contenir entre 6 000 et 7 400 tonnes d’eau. Cette opération est une première mondiale. Le noyage devrait prendre 3 mois environ. Pour le réacteur 2 probablement endommagé, il n’est pas sûr que cela soit possible. Le remplissage va aussi chasser les gaz et entraîner des rejets radioactifs.

Les températures au-dessus des réacteurs et des piscines mesurées par l’armée par hélicoptère à l’aide d’un caméra infrarouge le dimanche 24 avril sont disponibles ici, avec un récapitulatif des jours précédents.

Le mercredi 27 avril, TEPCo estime à 87 500 tonnes la quantité d’eau radioactive à traiter dans les 4 réacteurs endommagés. Cela peut atteindre 200 000 tonnes à la fin de l’année si toute l’eau utilisée devient très radioactive. Le gouvernement et TEPCo ont précisé conjointement leur plan pour traiter l’eau : une station d’épuration va être construite sur place afin de réduire la contamination radioactive de l’eau. Le césium va être piégé par des zéolites et il devrait en avoir 10 000 fois moins dans l’eau qui va subir d’autres traitements pour piéger d’autres radioéléments et être désalée. L’eau ainsi traitée sera réinjectée dans les réacteurs et les piscines. Le sort des déchets radioactifs produits n’est pas encore décidé. TEPCo et ses sous-traitants (Areva et Kurion) espèrent pouvoir traiter 1 200 tonnes par jour. TEPCo va aussi contruire une cuve d’une capacité de10 000 tonnes au cas où la station d’épuration ne serait pas aussi performante que prévu.

Les travaux de construction vont commencer en mai et la station devrait être opérationnelle en juin. TEPCo va aussi installer un mur de sacs de sable pour protéger l’installation d’un autre tsunami.

Dimanche 1er mai, le nouveau mur anti-tsunami que TEPCo projette de construire aurait 2 m de haut et serait fait de pierres empilées dans une armature métallique afin d’atteindre le niveau de 12 m au dessus de la mer. ce devrait prêt pour la mi-juin. TEPCo prévoit aussi de boucher les galeries qui mènent vers la mer. Voir l’article du Yomiuri en anglais pour les schémas.

Début mai, il est question de 90 000 tonnes d’eau très radioactive accumulées dans les sous-sols des 6 réacteurs.

Dimanche 15 mai, on a appris qu’une plateforme est en route pour stocker 10 000 tonnes d’eau très radioactive. Elle devrait arriver d’ici une à deux semaines.

Mardi 17 mai, TEPCo a revu sa feuille de route : elle ne compte plus noyer les coeurs en emplissant l’enceinte de confinement car c’est impossible. L’eau fuit ! TEPCo veut pomper l’eau des sous-sols, la décontaminer partiellement et le réinjecter dans les coeurs pour les refroidir. La compagnie veut aussi installer des échangeurs de chaleur pour refroidir les piscines 1, 3 et 4. TEPCo estime à 200 000 tonnes l’eau contaminée à traiter en un an.
La compagnie veut aussi bloquer les fuites d’eau souterraine contaminée et installer des barrières dans la mer. Elle promet aussi d’améliorer les conditions de vie des intervenants.

Jeudi 26 mai, TEPCO estime à 3 000 kilowatts la chaleur totale qui sera dégagée par le combustible dans les 3 réacteurs 6 mois après l’accident. Il faut donc absolument mettre en place un système de refroidissement pérenne. Actuellement, la chaleur produite est estimée entre 1 000 et 2 000 kilowatts par réacteur.

Vendredi 27 mai, alors que TEPCo a tous ses réservoirs pleins, il est de plus en plus urgent de pouvoir traiter l’eau contaminée. Mais le traitement de l’eau proposé par AREVA coûte 210 yens (1,83 euro) le litre. Sachant qu’il y a 1 000 litres dans une tonne d’eau et qu’il y a des milliers de tonnes à traiter, le malheur des uns fait le bonheur des autres… TEPCo estime à 460 millions d’euros, le coût pour traiter 250 000 tonnes.

Juin 2011

Vendredi 3 juin, TEPCo estime à 105 100 tonnes l’eau très radioactive qui l’encombre. Cette quantité augmente de 500 tonnes par jour. Cela représente une activité de 720 000 térabecquerels, soit 720×1015 becquerels. La station d’épuration pourvant traiter 1 200 tonnes par jour devrait démarrer le 15 juin. A la mi-août, TEPCo espère avoir fini de construire le réservoir souterrain de 100 000 tonnes. En attendant, il lui faut trouver une solution de secours si la station d’épuration ne fonctionne pas correctement ou tombe en panne.

Vendredi 10 juin, les premiers tests de la station d’épuration ont été reportés à cause d’un dysfonctionnement : une dizaine de joints fuyaient. On peut craindre des retards au démarrage malgré la situation menaçante pour la mer.
Les boues issues de ce traitement devraient contenir 100 milliards de becquerels par litre selon une estimation de TEPCo. La compagnie ne sait pas ce qu’elle va en faire. Elle estime à 2 000 mètres cube de boues le volume généré, mais elle ne peut en stocker sur place que 1 200 mètres cube. Areva a reconnu n’avoir jamais eu à traiter de telles boues et n’a pas de solution à proposer.

Dimanche 12 juin, TEPCo a déclaré craindre que la tuyauterie de la nouvelle station de traitement des eaux radioactives soit obstruée. Les fuites détectées vendredi ont été réparées, mais le nouveau problème risque de retarder le démarrage de la station alors que les eaux des sous-sols menacent de déborder dans la mer. La quantité d’eau qui sortait de la station a diminué avec le temps lors de l’essai, faisant penser à une obstruction. Le débit était de 0,5 tonne par heure pour 12 tonnes par heure attendues. Dans la soirée, TEPCo a finalement trouvé l’origine du problème : une valve qui ne fonctionnait pas correctement. Des tests plus poussés devraient avoir lieu lundi.

Lundi 13 juin, les tests de la station d’épuration ont encore été reporté suite à des problèmes. TEPCo prévoit un débordement dans la mer à partir du 20 juin si elle n’arrive pas à traiter l’eau.

Mardi 14 juin, les tests de la station d’épuration ont repris. Tout semble fonctionner correctement cette fois-ci. Après 10 heures de fonctionnement, TEPCo a suspendu les opérations pour analyser l’eau : la concentration en césium 134 a été réduite par un facteur 2 900 et celle en césium 137 par un facteur 3 300. (Note : il est bizarre d’avoir des facteurs de réduction différents ! Les propriétés chimiques sont les mêmes. Les incertitudes de mesure étant très larges, TEPCo ferait mieux d’annoncer  3 000 environ.)

Jeudi 16 juin, TEPCo a testé une par une les composantes de la station d’épuration : un déshuileur développé par Toshiba, un absorbeur de césium développé par Kurion, un décontaminateur développé par Areva et un désanilisateur développé par Hitachi. Elle doit encore les tester ensemble. Après, la station sera si contaminée qu’il ne sera plus possible d’approcher pour intervenir. Elle sera pilotée à distance.
La station est prévue pour traiter 1 200 tonnes d’eau par jour alors qu’il y a environ 500 à 520 tonnes par jour injectées dans les 3 réacteurs (1 à 3).
Dans la soirée, l’installation de Kurion s’est arrêtée automatiquement suite à une fuite.

Vendredi 17 juin, TEPCo a trouvé l’origine : une valve de ventilation d’un des conteneurs était abimée et l’eau fuyait par là. TEPCo a aussi découvert qu’une autre valve pour l’eau cette fois-ci était fermée.
La nouvelle station d’épuration a finalement été mise en route vers 20 h.
TEPCo a aussi rendu publique sa nouvelle feuille de route : elle compte refroidir les piscines et les réacteurs d’ici un mois. Pour les réacteurs, cela se fera en utilisant l’eau partiellement décontaminée de la station d’épuration. Pour la première fois, les mesures pour contrôler et limiter les doses des travailleurs sur le site ont été incluses dans cette feuille de route.

Samedi 18 juin, TEPCo a suspendu le traitement de l’eau à 0h54 après 5 heures de fonctionnement. Le niveau de dose au niveau de l’absorbeur de césium de Kurion avait déjà atteint la limite à ne pas dépasser. Cette limite n’aurait dû être atteinte qu’au bout d’un mois.
Le filtre de Kurion est constitué de cylindres de 90 cm de diamètre et de 2,3 mètres de haut remplis de zéolite qui absorbe le césium. TEPCo avait prévu de remplacer les cartouches quand elles dépassent 4 millisieverts par heure pour limiter l’exposition de ses travailleurs. Or, elle a mesuré 4,7 millisieverts par heure à l’entrée d’une série de cylindres et 3,9 millisieverts par heure à l’entrée d’une autre. TEPCo ne sait pas pourquoi de tels niveaux ont été atteints si vite.

Mardi 21 juin, TEPCo a continué ses expériences et tests sur la station d’épuration. Ils ont débuté à l’aube et une pompe d’injection dans la partie “Areva” s’est arrêtée automatiquement à 7h20. La compagnie a dû ajuster le débit avant de reprendre les opérations. Comme les sous-sols menacent de déborder d’ici une semaine, TEPCo a réduit la quantité d’eau injectée dans les réacteurs à 1,5 tonnes par heure et surveille attentivement les températures. Si elle n’arrive à faire fonctionner la station d’épuration, elle pourrait entreposer l’eau contaminée dans les cuves prévues pour l’eau traitée.
La saison des pluies a démarré ce jour dans la région, augmentant ainsi les risques de débordement. La compagnie a empilé des sacs de sable pour retenir le ruissellement des eaux de pluie, mais comme la plupart des réacteurs n’ont plus de toit, cela ne suffit pas.

Mercredi 22 juin, les données publiées par TEPCo montrent que la station d’épuration ne fonctionne pas comme prévu : la concentration en césiums 134 et 137 n’est que de 1% par rapport à l’entrée, ce qui est beaucoup moins que prévu.
A 10h, la compagnie a annoncé avoir réussi à traiter 1 825 tonnes d’eau contaminée depuis le 17 juin. Cela a permis de pomper de l’eau des sous-sols du réacteur n°3 et le niveau est resté à 12 cm sous la surface alors qu’auparavant, il augmentait de 2 cm par jour environ.
Même si la station d’épuration finit par fonctionner normalement, TEPCo n’est pas à l’abri d’un débordement en cas de fortes pluies.

Jeudi 23 juin, TEPCo a trouvé pourquoi la concentration en césiums n’est que de 1% par rapport à l’entrée : l’eau ne passait que dans une cuve avec absorbant au lieu de 3 parce que les indications “ouvert” et “fermé” sur une valve étaient incorrects. Le problème était là depuis le début. La compagnie a inspecté toutes les valves et repris les tests.

Vendredi 24 juin, le système d’épuration semble enfin fonctionner…

Lundi 27 juin, TEPCo a commencé à injecter de l’eau de la station d’épuration dans les réacteurs. Sur les 16 tonnes d’eau par heure injectées dans les réacteurs 1 à 3, 13 viennent du recyclage. Jusqu’à maintenant, 1 850 tonnes d’eau traitée ont été produites. Mais l’injection d’eau traitée dans les réacteurs n’a finalement fonctionné que 90 minutes. L’injection a commencé à 16h20 pour finalement être arrêtée à 18h suite à la découverte d’une fuite. Envion une tonne d’eau a fui à cause d’un joint défaillant. La station d’épuration, quant à elle, a continué à fonctionner.

Mardi 28 juin, TEPCo a repris l’injection d’eau recyclée après avoir colmaté les fuites, mais d’autres fuites sont immédiatement apparues. TEPCo a de nouveau cessé les opérations.

Mercredi 29 juin, TEPCo a repris l’injection d’eau recyclée.
Elle a aussi trouvé une fuite au niveau d’une cuve de stockage qui a été colmatée au bout de 2 heures. Vers 19h, elle a dû arrêter la station d’épuration suite à un débordement. Après investigation, la compagnie a trouvé que c’était dû à une valve défaillante. L’épuration a repris 2 heures plus tard. C’était le deuxième arrêt dans la journée.
Par ailleurs, la compagnie a annoncé qu’il y avait désormais 121 000 tonnes d’eau très radioactive dans les sous-sols des réacteurs 1 à 4, soit 16 000 tonnes de plus qu’à la fin mai. La compagnie prévoit d’épurer partiellement 3 000 tonnes par semaine.

Le Asahi du jour consacre un article au cauchemar des combustibles usés qui s’accumulent dans les centrales japonaises. Ces combustibles usés qui dégagent de la chaleur et de la radioactivité pendant des années doivent être entreposés dans des piscines en attendant de trouver mieux. Au Japon, ces combustibles sont entreposés sur le site des centrales, mais les piscines sont bientôt pleines. Une fois encore, c’est TEPCo qui est en tête avec 93% de remplissage. L’usine de retraitement de Rokkasho ne fonctionne toujours pas et personne ne peut dire quand elle va démarrer. Sa piscine d’entreposage est pleine à 90%. TEPCo a bien un projet d’entreposage intermédiaire à Mutsu, dans la province d’Aomori, qui doit accepeter 5 000 tonnes de combustibles usés, mais les travaux de construction ont été suspendus après le séisme et les règles de sûreté seront vraisemblablement révisées. Il est donc difficile de savoir quand il sera terminé. En attendant, les compagnies resserrent les combustibles dans les piscines.
Une façon simple et efficace de sécuriser les piscines des 4 réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima, serait de retirer les combustibles usés pour les mettre en un lieu plus sûr. Surtout pour le réacteur n°4 qui a la piscine la plus chargée et dont la structure de soutainement a été endommagée par l’explosion. Mais TEPCo n’a nulle part d’autre où les mettre.

Jeudi 30 juin, TEPCo a fini de construire le mur de protection contre les tsunamis. Des photos sont disponibles sur son site Internet. La compagnie a aussi commencé à transférer de l’eau faiblement radioactive des sous-sols du réacteur n°6 vers la barge géante.

Juillet 2011

Dimanche 3 juillet, TEPCo a annoncé que le système d’épuration est maintenant complètement opérationnel : la compagnie n’injecte plus d’eau fraîche dans les réacteurs, mais de l’eau recyclée. Elle a aussi commencé à utiliser la barge pour entreposer de l’eau faiblement contaminée.

Mercredi 6 juillet, TEPCo a annoncé qu’elle espère que la station d’épuration atteigne 80% de ses capacités et que la compagnie allait en rester là. La compagnie préfère stabiliser les opérations qui se sont arrêtées 3 fois la semaine dernière, plutôt que de chercher à augmenter les performances. Entre le 29 juin et le 5 juillet, elle était à 76%, c’est mieux que les 55% atteints entre le 17 et 28 juin.
Presque 15 000 tonnes d’eau ont été traitées depuis le début des opérations et 5 450 désalinisées.
Le système de traitement, monté dans la précipitation reste fragile. Avec ses 4 km de tuyaux, teindra-t-il en cas de typhon ou de forte secousse ?

Dimanche 10 juillet, TEPCo a de nouveau suspendu la station d’épuration après la découverte d’une nouvelle fuite au niveau du tuyau d’injection des produits chimiques de la partie Areva. Une cinquantaine de litres auraient fui.

Lundi 11 juillet, la commission pour l’énergie nucléaire du gouvernement a présenté un plan à moyen et long terme : les combustibles des piscines devraient être retirés à partir de 2014 et avant 2016. Il y a 3 108 assemblages en tout dans les piscines 1 à 4. TEPCo veut les mettre dans une autre piscine commune sur le site en attendant de trouver mieux. Les palans de chargement et déchargement des piscines ne fonctionnent plus et il faut fabriquer de conteneurs pour pouvoir transporter ce combustible usé.
Pour le combustible fondu dans les réacteurs, il faudra attendre au moins jusqu’à 2021. Il y avait 1 496 assemblages avant la fusion. Le combustible fondu doit rester noyé pendant toutes ces années, mais les cuves et enceintes de confinement sont percées. TEPCo doit donc repérer les fuites et trouver un moyen de les colmater. Personne ne sait où mettre le combustible fondu une fois qu’il est retiré pour le moment.
L’eau qui inonde les sous-sols reste toujours un défi. Elle contient environ 800 000 térabecquerels (1 térabecquerel étant un million de millions de becquerels). La moindre fuite est donc une menace pour l’environnement.
Par ailleurs, le ministre de la catastrophe nucléaire a poussé à la construction d’une barrière souterraine pour bloquer les fuites par infiltration. Il y en a pour 870 millions d’euros environ et TEPCo ne peut tout prendre à sa charge. Le ministre suggère donc que le gouvernement en paye une partie.

Mardi 12 juillet, TEPCo a suspendu l’épuration de l’eau pendant 8 heures pour remplacer un joint fuyant. Le joint a été corrodé par les produits chimiques qui sont injectés dans la partie “Areva”. Il a été remplacé par un joint avec une protection en acier inoxydable.

Mercredi 13 juillet, nouvelle panne : encore un joint en résine qui lâche au niveau de l’injection des produits chimiques de la partie “Areva”. 5 litres ont fui. Il faut changer le joint, ce qui nécessite une intervention humaine à un endroit où le débit de dose est de 100 à 250 millisieverts par heure. Il y a deux joints similaires dans l’unité. L’autre a été changé suite à une fuite. Celui là n’avait pas été remplacé.
Le refroidissement avec de l’eau traitée continue car le stock est suffisant.

Vendredi 15 juillet, malgré la réparation du joint défaillant qui a eu lieu la veille, TEPCo a dû à nouveau arrêter la station de décontamination tôt dans la matinée. La compagnie a découvert que le système ne pouvait traiter que 37 tonnes par heure, soit 20% de sa capacité. La compagnie s’était donné jusqu’au 17 juillet pour atteindre son premier objectif, qui inclut un traitement stable de l’eau. Elle n’y arrivera pas.
TEPCo a purgé un tuyau qui contenait de l’air et a repris les opérations de décontamination après 9 heures d’arrêt. Les performances de la station sont encore inférieures à ce qui était prévu.
Les résultats de mesure de la pollution de l’eau en amont et en aval de la station d’épuration peuvent être téléchargés sur le site de TEPCo en anglais.
Si les performances ne s’améliorent pas et si les pannes continuent, TEPCo ne pourra peut-être pas décontaminer toute l’eau qui s’accumule dans les sous-sols avant la fin de l’année.

Dimanche 17 juillet, tout le monde se félicite que TEPCo a tenu les délais pour l’étape n°1 de sa feuille de route : injection d’azote dans les 3 réacteurs, refroidissement en circuit fermé. S’il est évident que le travail accompli est impressionant, il est difficile de parler de refroissement en circuit fermé. Cela est le cas pour les piscines des réacteurs 1 à 3, mais pas encore pour la piscine du réacteur n°4. Quant aux réacteurs, ils fuient. Certes, l’eau injectée vient de la station d’épuration, mais elle continue à fuir dans les sous-sols d’où elle est pompée. Parler de “circuit fermé” nous semble abusif.

Lundi 18 juillet, la station d’épuration est redescendue à un débit de 37 tonnes par heure dans la matinée sans que TEPCo ne sache pourquoi.

Mardi 19 juillet, TEPCo a fait le point sur l’avancement des travaux par rapport à sa feuille de route. Tout est ici en anglais. Le dernier document contient de nombreuses photos.
TEPCo et le gouvernement se sont félicités d’avoir presque atteint les buts qu’ils se sont fixés pour la première étape de la feuille de route. En particulier les conditions de vie et de travail des intervenants se sont fortement améliorées, même s’il y a encore des progrès à faire.
Le but est d’atteindre l’arrêt à froid d’ici janvier 2012, c’est à dire une température inférieure à 100°C. Pour cela, il faudra injecter plus d’eau et donc il faudra sécuriser ou remplacer la station d’épuration de l’eau qui ne fonctionne pas comme voulu. De plus, sa tuyauterie ne satisfait aux normes sismiques et est donc très fragile.
Pour le moment, la compagnie ne parle plus de pouvoir colmater les fuites des réacteurs. Elle envisage donc la construction d’une barrière souterraine pour empêcher l’eau contaminée de s’infiltrer et de se mélanger avec les nappes phréatiques puis de s’écouler vers la mer. En effet, il lui faudra tenir des années avec ce système de refroidissement qui inonde les sous-sols. La construction de ces barrières devrait commencer en janvier prochain et durer 3 ans.
TEPCo prévoit aussi de retirer les combustibles usés des piscines d’ici 3 ans.

Jeudi 21 juillet, TEPCo a annoncé qu’entre le 13 et le 19 juillet, la station d’épuration n’a traité, en moyenne que 37 tonnes par heures contre 50 tonnes par heure attendues, soit une efficacité de 53,7%, le plus bas depuis le démarrage. TEPCo prévoit toujours une efficacité de 70% à la fin juillet et 90% à la fin août.

Dimanche 24 juillet, nouvelle panne de l’usine de traitement des eaux contaminées. Le traitement a été suspendu vers midi après qu’une alarme ait sonné dans l’unité de désalinisation. Dans la soirée, les opérations ont repris avec une autre unité qui ne peut traiter que la moitié du volume de la partie arrêtée. TEPCo n’a plus assez d’eau de traitement pour refroidir les réacteurs et utilise de l’eau externe qui vient d’une retenue d’eau proche de la centrale. Ainsi, le volume d’eau contaminée accumulé dans les sous-sols augmente à nouveau. Ce système de refroidissement dit à “circuit fermé” est la clé de la politique de stabilisation des réacteurs et il n’est malheureusement pas fiable.

Mardi 26 juillet, des éléments d’une nouvelle installation de décontamination sont en train d’arriver à la centrale. Le nouvel équipement, appelé Sarry et fourni par Toshiba, est constitué de 14 cuves cylindriques qui doivent réduire la teneur en césium et autres radioéléments à un millionième de la teneur d’entrée. TEPCo pense utiliser le nouveau système à partir de début août.
La station d’épuration actuelle n’a marché qu’à 58% de ses capacités pendant la semaine écoulée, et 63% depuis le début, soient 29 000 tonnes. TEPCo ne pourra sûrement pas traiter l’équivalent du volume d’eau des sous-sols avant la fin de l’année comme elle l’avait prévu.
Selon le dernier bilan, il y a 120 650 tonnes d’eau radioactive dans les sous-sols, soit 3 000 tonnes de plus qu’avant le début des opérations de traitement.

Vendredi 29 juillet, TEPCo estime à environ 1 milliard de becquerels par heure les rejets aériens actuels des 3 réacteurs accidentés. Ce chiffre est estimé à partir des mesures faites à l’extérieur à partir de balises. TEPCo veut mesurer la contamination de l’air contenu dans les enceintes de confinement des réacteurs 1 et 2 afin d’affiner son estimation et essayer de juguler ces rejets. Pour le réacteur n°3, ce n’est pas possible car il est trop radioactif.
Par ailleurs, TEPCo a arrêté de pomper l’eau contaminée des sous-sols des réacteurs 2 et 3 car la cuve est pleine, la station d’épuration ne pouvant pas traiter les volumes prévus. Selon la compagnie, il n’y a pas de risque de débordement. Elle espère reprendre le pompage d’ici 2 jours.

Samedi 30 juillet, TEPCO a découvert 700 tonnes d’eau fortement contaminée dans les sous-sols d’un bâtiment annexe par lequel passe un tuyau installer pour pomper l’eau vers une cuve de stockage. Il y a 19 millions de becquerels de césium 134 par litre et 22 millions de becquerels de césium 137 par litre. TEPCo recherche la fuite.

Août 2011

Lundi 1er août, TEPCo a commecé à installer le nouveau système de traitement de l’eau contaminée Sarry. Il doit être testé avant d’être utilisé.

Mardi 2 août, la station de décontamination a fonctionné à 74% de ses capacités au cours de la semaine écoulée. Sur un mois, cela fait un taux de 65% environ. Il y a 120 770 tonnes d’eau accumulées dans les sous-sols des réacteurs 1 à 4, soit 120 tonnes de plus que la semaine précédente.

Jeudi 4 août, à la demande de l’autorité de sûreté nucléaire (NISA), TEPCo a soumis un rapport sur le refroidissement des réacteurs en cas de panne électrique ou mécanique. En cas de coupure de courant ou de panne sur une pompe, TEPCo prétend pouvoir rétablir la situation en 30 minutes. Si les problèmes ont lieu simultanément, TEPCo peut reprendre l’injection d’eau à l’aide des camions de pompier en moins de 3 heures. Le rapport reconnait que si l’injection d’eau est suspendue pendant plusieurs heures, la température va monter rapidement et pourrait entraîner d’autres rejets radioactifs ou une nouvelle explosion hydrogène.
Par ailleurs, TEPCo pense que les tuyaux de sa station d’épuration sont entartrés par endroits et va donc les doubler. Cela va entrâiner une suspension des opérations pendant 12 heures environ. Le nouveau système de décontamination devrait être testé durant le week-end à venir et mis en service dès la semaine suivante.
Enfin, le gouverement a mis en place un groupe de travail qui doit faire une proposition de feuille de route pour le démantèlment des réacteurs accidentés de Fukushima dai-ichi. Le rapport devra être rendu en janvier, mais il est déjà évident que cela prendra au moins une vingtaine d’années avant de pouvoir retirer le combustible fondu (corium).

Dimanche 7 août, peu après 7h, les pompes de la station d’épuration sont tombées en panne et n’ont pas pu être redémarrées au niveau de l’installation de Kurion. Une heure plus tard, une pompe au niveau de la partie Areva a suivi. La pompe de secours n’a pas démarré et c’est toute l’installation qui a dû être stoppée. Jeudi, une pompe était déjà tombée en panne et vendredi une alarme aussi. La panne de ce jour a duré 7 heures et demie environ. C’est encore l’injection des produits chimiques qui est en cause.
Par ailleurs, TEPCo a commencé les tests d’une nouvelle unité de désalinisation par évaporation qui devrait réduire de 30% la quantité d’eau salée.

Mardi 9 août, la station d’épuration a battu un record en atteignant une performance de 77% entre le 3 et 9 août. 6 500 tonnes d’eau contaminée ont été traitées durent cette semaine. Il y a encore 121 140 tonnes d’eau à traiter… soit 2 740 tonnes de moins que le 12 juillet.

Vendredi 12 août, l’unité de désalinisation de la station d’épuration des eaux fortement contaminées s’est arrêtée suite au séisme qui a eu lieu à 3h22. Elle a redémarré 20 minutes plus tard.

Mardi 16 août, la station d’épuration a battu un nouveau record d’efficacité avec 88,3% pour la semaine écoulée, mais seulement 69% depuis le début des opérations.

Jeudi 18 août, TEPCo a démarré sa nouvelle installation de décontamination de l’eau après deux jours de test. Le nouveau système, SARRY, développé par Toshiba en collaboration avec d’autres compagnies, devrait absorber le césium de 50 tonnes d’eau par jour avant de réduire la concentration à un millionième de la concentration initiale. Au début, cette nouvelle installation devrait fonctionner en parallèle avec l’installation Kurion-Areva afin d’atteindre 100 tonnes par jour, mais dans l’avenir, TEPCo pourrait ne garder que SARRY.
Areva et Kurion sont les deux seules compagnies à avoir accepté d’installer une station de décontamination en moins de 2 mois. SARRY a été développé en 4 mois.

Lundi 22 août, un bout de tuyau du nouveau système de décontamination de l’eau (SARRY) avait un débit de dose de 3 sieverts par heure quand des ouvriers de TEPCo sont intervenus pour changer un filtre à 7h. Cela a entraîné une suspension des opérations. Après avoir nettoyé les environs, le début de dose a baissé et les opérations de décontamination ont repris à 20h15. Le changement de la pièce n’a pas pu être effectué. TEPCo ne comprend pas d’où vient la fuite.

Mardi 23 août, la chambre basse a adopté une loi rendant le gouvernement responsable de la gestion des déchets radioactifs radioactifs produits par l’accident de Fukushima (débris du tsunami et séisme, boues, sols…).

Par ailleurs, TEPCo a annoncé que les ouvriers qui ont découvert, la veille, le débit de dose très élévé sur l’installation SARRY ont reçu une dose inférieure à la limite. L’ouvrier le plus exposé a reçu 3,47 millisieverts.

Septembre – Octobre 2011

Vendredi 9 septembre, TEPCo fait le point sur l’eau contaminée accumulée dans les sous-sols des réacteurs, ses capacités de traitement et de stockage. Tout est ici en anglais.

Samedi 10 septembre, TEPCo publie une vidéo sur le système de refroidissement des réacteurs. C’est en japonais, mais les images parlent d’elles-même. A voir sur le site de TEPCo ou Youtube. Une version anglaise est maintenant disponible sur le site de TEPCo : à regarder en ligne ou télécharger.

Mercredi 14 septembre, TEPCo a annoncé qu’elle avait retenu le nouveau système SARRY développé par Toshiba pour décontaminer l’eau et garder le système Kurion-Areva en secours. Actuellement, TEPCo traite 30 tonnes par heure avec l’ancien système et 25 avec le nouveau. Le niveau de l’eau dans les sous-sols est maintenant à 1 m sous la limite de débordement.

Mardi 20 septembre, TEPCo pense qu’entre 200 à 500 tonnes d’eau souterraine par jour pénètre dans les sous-sols des réacteurs 1 à 4. La compagnie a refait les compte et cela ne colle pas : malgré les efforts pour pomper l’eau des sous-sols et la décontaminer, le niveau ne baisse pas comme prévu. Il y avait 121 000 tonnes d’eau en juin, avant le démarrage de l’épuration. TEPCo espérait qu’il n’y en ait plus de 60 000 tonnes et il y en a 98 000 tonnes.
Ce que ne dit pas la compagnie, c’est que les échanges avec la nappe phréatique doivent avoir lieu dans les deux sens et que la pollution se répand. TEPCo pompe et décontamine 1 000 tonnes par jour actuellement. Elle en injecte 550 tonnes pour refroidir les réacteurs. S’il en pénètre 500 tonnes supplémentaires des nappes phréatiques, le niveau ne peut pas baisser.

Jeudi 22 septembre, suite au passage du 15ième typhon de l’année, le typhon Roke, le niveau de l’eau est monté de 8 à 44 cm en 24 heures dans les sous-sols de la centrale.

Mardi 27 septembre, TEPCo a accumulé 4 700 fûts d’eau très contaminée après 3 mois de décontamination de l’eau qui inonde les sous-sols. Il y a 307 m3 de déchets très radioactifs issus du système Kurion et 581 m3 de boues très contaminées issues du système Areva. Personne ne sait qu’en faire.

Jeudi 29 septembre, le directeur de la NISA, dans une interview au Asahi (publiée le 1er oct. en version anglaise), rappelle des évidences : le système de refroidissement actuel repose sur des “équipements de fortune”. Comme il n’y a pas d’autres possibilités avant longtemps, ce système doit être renforcé, doublé car il est très vulnérable en cas de fort séisme ou de tsunami.

Samedi 1er octobre, TEPCo a estimé qu’en cas de rupture du refroidissement des réacteurs (suite à un séisme ou un tsunami), elle a 38 heures le temps disponible avant une nouvelle fusion. La température devrait monter de 50° toutes les heures et atteindre la température de fusion de 2 200 en 38 heures. Les 1 200°C à partir desquels l’hydrogène est généré seraient atteints en 18 à 19 heures.
La compagnie estime pouvoir remplacer n’importe quel composant du système de refroidissement en 30 minutes en cas de panne. Dans une situation similaire à celle du 11 mars, TEPCo estime être en mesure de rétablir le refroidissement de fortune en moins de 3 heures car elle a de nombreuses pompes de secours et l’eau peut être pompée à partir de plusieurs sources. Espérons qu’il n’y aura pas besoin de vérifier…

TEPCo a cessé d’utiliser le système de décontamination d’Areva et Kurion et n’utilise que SARRY de Toshiba. Le système Areva-Kurion est là en secours désormais.

Lundi 17 octobre, TEPCo a rendue publique une nouvelle version de sa feuille de route. C’est ici en anglais.
TEPCo estime que le point faible de la centrale de Fukushima daï-ichi est son système de refroidissement. L’arrêt d’injection d’eau dans les réacteurs pendant 18 heures entraînerait une nouvelle fusion. Ce que craint le plus la compagnie, c’est un nouveau tsunami qui balayerait tout. En cas d’agression extérieure, les pompes actuelles sont dix fois plus vulnérables que les pompes d’origine. Le communiqué de TEPCo à ce propos est ici en anglais.

Mercredi 26 octobre, le Maïnichi a pu obtenir un document de travail de la Nuclear Safety Commission qui pense qu’il faudra plus de 30 ans pour venir à bout de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il faudra attendre 2015 pour commencer à enlever les combustibles usés des piscines et 2022 pour le combustible fondu des réacteurs. Le combustible des piscines est apparemment peu endommagé, mais il n’y a plus de grue pour le soulever. Quant au combustible fondu, c’est plus que les 20 ans qui ont été nécessaires à Three Mile Island pour le retirer, mais la commission estime qu’il en faudra une trentaine à Fukushima avec 3 réacteurs.

Vendredi 28 octobre, le document mentionné ci-dessus est maintenant public en japonais. Le coût de ces opérations devrait dépasser les 10 milliards d’euros.

Novembre – Décembre 2011

Mercredi 9 novembre, le gouvernement a demandé à TEPCo de revoir sa feuille de route et de retirer les combustibles usés des piscines des réacteurs un an avant la date prévue. La compagnie a donc deux ans, et non trois devant-elle pour ce faire.  Elle doit aussi proposer une feuille de route pour le démentèlement.
L’eau des sous-sols continue à poser des problèmes : il y en a encore 77 000 tonnes. En plus de l’eau versée pour refroidir les réacteurs, qui est très contaminée, de l’eau souterraine s’infiltre, à raison de 200 à 500 tonnes par jour. Pour colmater les fissures, il faut vider les sous-sols et pour vider les sous-sols, il faut colmater les fissures… En attendant, TEPCo a commencé la construction de la barrière souterraine pour retenir les écoulements vers la mer, mais ne prévoit pas de construire une barrière de l’autre côté pour empêcher l’eau de pénétrer dans la centrale. A tout cela, s’ajoutent les boues de décontamination : il y en 581 m3.

Jeudi 17 novembre, TEPCo a publié une nouvelle version de sa feuille de route. C’est ici en anglais.

Mercredi 7 décembre, TEPCo a publié son plan à moyen terme concernant la sûreté de ses 4 réacteurs accidenté. Le communiqué de presse laconique est en anglais ici, toutes les pièces jointes avec les détails étant en japonais.

Vendredi 16 décembre, comme annoncé par la presse depuis plusieurs jours, le gouvernement a déclaré que l’arrêt à froid des réacteurs était réalisé. Les températures au pied des cuves de réacteur 1 à 3 sont comprises entre 38 et 68°C. Cela ne signifie pas pour autant que les problèmes sont derrière : il y en a encore pour 30 à 40 ans, selon les estimations officielles, avant de pouvoir tout démanteler. Les combustibles usés des piscines endommagées devraient être retirés entre avril 2012 et mars 2015 : de 2012 à 2014, la piscine centrale de la centrale, non endommagée, va être vidée, puis les combustibles contenus dans les piscines de ces réacteurs seront transférés dans cette piscine centrale, en commençant par le n°4. Il faut aussi déterminer l’origine des fuites des enceintes de confinement qui inondent les sous-sols des réacteurs pour pouvoir espérer les colmater entre 2015-2021. Puis, ces enceintes devraient être remplies d’eau pour diminuer le flux de rayonnement. Et c’est seulement à ce moment là que TEPCo envisage d’envoyer une caméra filmer l’intérieur des cuves afin de trouver où est passé le corium (combustible fondu). Enfin, TEPCo espère pouvoir aller rechercher ce corium à partir de 2022. Le démantèlement complet, bâtiments compris, n’aura pas lieu avant 2041.
La nouvelle feuille de route est ici en anglais.

Dimanche 18 décembre, un ouvrier a trouvé une flaque d’eau très contaminée dans un tunnel sous une cuve. Il y a environ 230 tonnes, sur une profondeur de 0,5 à 3 m et une longueur de 54 m. Le débit de dose à la surface est de 3 mSv/h. L’eau de la fuite est moins chargée que l’eau de la cuve. TEPCo pense que l’eau qui a fui a été diluée par de l’eau souterraine. Ce tunnel n’est pas relié à la mer.

Lundi 19 décembre, Haruki Madarame, président de la Nuclear Safety Commission, a déclaré que l’arrêt à froid ne signifie pas que les réacteurs soient sûres : le système de refroidissement, installé à la hâte, est très fragile. Et comme on ne sait pas où est le corium, il peut y avoir des surprises.

Mercredi 21 décembre, TEPCo a mis en ligne des photos et schéma d’une nouvelle installation d’entreposage des déchets issus de la décontamination en césium des eaux qui baignent les sous-sols des réacteurs.
Elle a aussi mis en ligne la feuille de route concernant le démantèlement (résumé en anglais).

Lundi 26 décembre, TEPCo a eu bien du mal à installer un système de refroidissement de fortune de ses réacteurs accidentés. Or, ses tuyaux en PVC ne supportent pas le gel et il peut faire très froid à Fukushima ! La compagnie va donc tenter de protéger ses tuyaux du froid. Il y en a 4 km en tout. Il y a donc un risque de fuite ou d’arrêt temporaire du refroidissement des réacteurs.

Jeudi 29 décembre, nouvelle fuite sur un tuyau transportant de l’eau filtrée provenant d’une cuve. Des photos sont disponibles ici avec des commentaires en anglais.

Janvier 2012

Mardi 17 janvier, une baisse de tension momentanée sur le réseau électrique de la région a entraîné un arrêt du refroidissement des piscines de combustibles usés des réacteurs n°1 à 4. Cette baisse est due à un dysfonctionnement d’un transformateur situé à Tamura. Le refroidissement des réacteurs, quant à lui, n’a pas été arrêté. Cet arrêt, qui a duré 3 heures, montre l’absence de système de secours du refroidissement des piscines et rappelle la fragilité de la centrale face aux aléas. Le système d’injection d’azote a aussi été suspendu pendant 50 minutes. Au total, 11 équipements se sont arrêtés.

Samedi 28 janvier, TEPCo publie une série de photos de fuites de ses installations de traitement de l’eau. D’abord au niveau d’une valve d’une unité de déminéralisation, puis une valve au niveau d’une pompe d’injetion et d’une autre valve. TEPCo pense que c’est dû au gel et veut isoler tous ses tuyaus d’ici la fin février.
TEPCo a aussi mis en ligne des photos de l’inspection des installations suite à la demande des autorités de sûreté.

Dimanche 29 janvier, ce sont pas moins de 14 fuites dues au gel (-8°C le matin) découvertes par TEPCo ces derniers jours. Le froid et le gel sont pourtant habituels dans cette région du Japon… Près de 8 tonnes d’eau aurait fui en tout, dont 7 du réacteur n°6.
La liste des 14 fuites est ici et le plan du site avec leur localisation, ici, le tout en anglais.

Lundi 30 janvier, 2 fuites de plus ! Il y avait -8,7°C ce matin.

Pour éviter les fuites radioactives vers la mer comme celle qui a eu lieu le 4 décembre dernier et qui avait contaminé en strontium l’eau de mer, TEPCo veut mieux traiter l’eau. A partir du mois de mars, la compagnie veut retirer aussi le strontium, cobalt, manganèse… grâce à un nouvel équipement à définir qui devra pouvoir traiter 500 tonnes d’eau par jour. Les résines qui doivent absober ces éléments radioactifs seront entreposées sur le site pendant au moins 20 ans et TEPCo espère pouvoir rejeter l’eau mieux décontaminée dans la mer car les cuves seront pleines en mars.

Février 2012

Mercredi 1er février, le feuilleton des fuites dues au gel se poursuit, avec de nouvelles photos mises en ligne : ici en anglais. TEPCo prend donc mesures pour protéger sa tuyauterie contre le gel. C’est ici en anglais. On voit que les pompes montées sur camion ont droit à une couverture. Elle aurait pu y penser avant…

Vendredi 3 février, TEPCo a mis en ligne des photos des travaux de décontamination d’un parking de la centrale. C’est ici en anglais. La baisse n’est pas énorme. A noter qu’il y a une erreur en bas à gauche, le débit de dose moyen est supérieur au débit de dose max, ce qui est très impossible. La version japonaise donne 1240 microsieverts par heure et non 240 microsieverts par heure pour la valeur max.
Il y a aussi des photos d’une nouvelle fuite, ici en anglais.

Mardi 28 février, Toshiba aurait mis au point une nouveau système de purification de l’eau qui enlèverait jusqu’à 45 radioéléments. Le système actuel n’enlève, essentiellement, que le césium et l’eau ‘décontaminée’ est encore très chargée en strontium par exemple. Selon Toshiba et TEPCo l’eau ainsi obtenue pourrait être rejetée en mer sans dépasser les limites de rejet. TEPCo espère pouvoir rejeter à partir de septembre 2012, le temps de mettre en place l’équipement à grande échelle et obtenir le consentement des autorités. Il y a urgence cependant, car les capacités de stockage de l’eau sont limitées et TEPCo n’aura plus de place à l’automne.
Actuellement 10 000 tonnes d’eau doivent être traitées par mois. Cette eau vient de ce qui est injecté dans les réacteurs pour les refroidir et qui finit par fuire par le bas, et de l’eau souterraine, aussi contaminée, qui s’infiltre dans les sous-sols. L’excédent d’eau contaminée s’accumule.
TEPCo a une capacité de stockage de 165 000 tonnes d’eau et a déjà utilisé 125 000 tonnes. Elle compte augmenter cette capacité à 205 000 tonnes en installant une cuve souterraine de 4 000 m3 surmontée par 40 000 m3 de cuves. Le volume total d’eau contaminée, incluant l’eau déjà traitée, cumule à 200 000 tonnes.
Quand cela gèle (comme en ce moment), ce sont des risques de fuites. Les tuyaux sont donc isolés petit à petit et des radiateurs sont installés dans les points névralgiques. Le gel a causé 28 fuites cet hiver. La plus grave a entraîné 8 tonnes d’eau dans les sous sols du réacteur n°4.
Ce cauchemar va durer puisque TEPCO estime qu’il lui faut au moins 6 ans pour colmater les fuites et 25 ans pour retirer le combustible fondu. Plus la compagnie pompe, plus l’eau souterraine pénètre dans les sous-sols. TEPCo maintient donc les sous-sols inondés d’eau contaminée. Quant aux boues de traitement, il y en avait 581 m3 le 21 février auxquelles s’ajoutent 358 filtres à césium. TEPCO ne sait pas quoi faire de ces déchets très radioactifs. Elle indique qu’ils seront évacués vers un centre de stockage, comme si cela existait au Japon…
Le dernier bilan de TEPCo sur l’eau est ici en anglais.

Mercredi 29 février, avec la levée de l’interdiction de survol, les hélicoptères transportant des caméras se succèdent à Fukushima. Sur cette prise de vue, les images sont impressionnantes. On voit les travaux de démentèlement du réacteur n°4 pour y retirer les combustibles usés. Pour le réacteur n°3, les journalistes n’arrivent pas à voir la piscine de combustible usé avec l’enchevètrement de poutrelles métalliques. On voit aussi les cuves avec l’eau contaminée qui s’accumule et les boues de traitement.
Les commentaires sont en japonais.

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Réactions nucléaires ?

Archives

La journée la plus inquiétante a été mardi 15 mars. Un tableau de données de mesures sur le site de la centrale de Fukushima dai-ichi, mis en ligne sur le site Internet de TEPCO (en japonais), montre une élévation d’un facteur 10 du rayonnement neutron à partir de ce jour, ce qui est un très mauvais signe. En effet, c’est un signe de démarrage de réactions nucléaires. Pourtant, les intervenants ne semblent pas bénéficier d’une dosimétrie neutron.

Mercredi 16 mars dans la journée, TEPCo a reconnu que la possibilité du redémarrage d’une réaction en chaîne n’était pas à exclure. Le rayonnement neutron n’a pas augmenté depuis.

La Corée du Sud a annoncé mercredi qu’elle envoyait 52,6 tonnes d’acide borique au Japon sur son stock de 309 tonnes. Le bore sert à empêcher ou arrêter les réactions en chaîne. La France a suivi avec 100 tonnes.

Mercredi 23 mars, TEPCo a dit qu’ils avaient observé 13 flash neutron à 1,5 km au Sud des réacteurs n°1 et 2 pendant 3 jours à partir du 13 mars. Ce serait une preuve que de l’uranium et/ou du plutonium aient eu des réactions de fission.

Dans une note parue aux Etats-Unis le 28 mars, il est fait mention d’une mesure du 25 mars avec un taux de Chlore 38 dans le réacteur n°1 qui est trop élevé pour pouvoir être expliquée par le flux neutronique dû aux fissions spontanées. Est-ce dû à des petits évènements de criticité ? Une erreur de mesure ?

Une vidéo en anglais diffusée depuis le 3 avril explique pourquoi la thèse de l’existence d’une réaction en chaîne périodique dans le réacteur n°1 est plausible.

Vendredi 15 avril, l’Atomic Energy Society of Japan a déclaré que seule une petite partie des coeurs des réacteurs aurait fondu, excluant ainsi toute possibilité de reprise des réactions nucléaires. Elle se base pour cela sur les mesures de température.

Mais le mardi 19 avril, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise a admis qu’une partie des pastilles contenues dans les barres de combustible avait fondu. Il y a 3 niveaux d’endommagement des pastilles :
– la gaine métallique est endommagée et plus étanche, mais la pastille est intègre ;
– la pastille a commencé à fondre
– le coeur a largement fondu et s’est accumulé au fond de la cuve.
Les niveaux de radioation indiquent que des pastilles ont fondu, mais la NISA ne peut pas dire dans quelle proportion. L’explosion hydrogène du réacteur n°1 est aussi probablement due à la fusion partielle du coeur.

Novembre 2011

Mercredi 2 novembre, TEPCo a annoncé avoir trouvé des “traces” de xénon-133 et de xénon-135 dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Ce sont des produits de fission gazeux (gaz rares) d’une durée de vie de 5 jours et 9 heures respectivement, ce qui laisse penser que des réactions de fission ont eu lieu récemment. La concentration serait de l’ordre de la dizaine de becquerels par mètre cube. Les données précises sont ici en japonais.
En revanche, il n’y aurait pas d’iode 131. Ni anomalie dans la température et la pression. Il y avait 76°C à 5h. Comme les enceintes sont endommagées, la pression ne veut plus dire grand chose. Si la réaction en chaîne, qui aurait repris par intermittence, est localisée, il se peut qu’elle ne change pas de manière significative la température.
La compagnie a immédiatement injecté de l’eau borée pendant une heure environ (à partir de 2h50 heure locale), le bore étant un “poison” captant les neutrons pour empêcher ou ralentir les réactions en chaîne.
La compagnie n’a pas encore vérifié pour les deux autres réacteurs.
Le ministre de l’industrie a réprimandé la NISA pour sa lenteur à transmettre les information relatives à la fission : bien qu’informée par TEPCo dans la soirée du 1er novembre, elle n’a transmis l’information que le lendemain à 7h.

Jeudi 3 novembre, TEPCo est revenue sur ces dires et pense maintenant que les xénons détectés dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2 sont dus à la fission spontanée du Lundi 26 décembrecurium. Une reprise d’une réaction en chaîne, même localisée, aurait créé 10 000 fois plus de xénon, selon la compagnie.
TEPCo ne fait que suivre le point de vue de la NISA qui argumente ses conclusions sur le fait que l’injection de bore n’a pas fait baisser le taux de xénon. Or le bore est supposer arrêter une réaction en chaîne. Mais rien ne permet d’affirmer que l’eau borée est bien parvenue à l’endroit où la réaction en chaîne aurait pu avoir lieu. Les détecteurs de neutron qui pourraient permettre de conclure sont hors service depuis le 11 mars.
Et donc rien ne change dans sa feuille de route : l’arrêt à froid pour la fin de l’année et le retour des populations, sauf dans les zones trop contaminées.
Pour les réacteurs 1 et 3, il faudra attendre pour savoir s’il y a du xénon dans l’enceinte de confinement car ils sont trop radioactifs pour pouvoir aller vérifier.

Lundi 7 novembre, la NISA a confirmé que le xénon était dû à la fission spontanée et non à une reprise de réaction en chaîne.

Mardi 22 novembre, TEPCo a révélé que des employés on fermé manuellement un valve qui dirigeait la vapeur vers un condenseur, où l’eau obtenue est réinjectée vers le réacteur sans pompe. La valve d’un des deux condenseurs a d’abord été ouverte à 18h18 le 11 mars. Mais ils n’ont pas pu confirmer l’arrivée de la vapeur dans le condenseur. Ils ont donc refermé la valve à 18h25. Pour eux, il était possible que le condenseur ne contienne pas d’eau et que l’opération puisse endommager les tuyaux et conduire à des fuites radioactives. En octobre, TEPCo a découvert que le condenseur en question était plein à 65%…
La valve a été réouverte à 21h30, mais on ne sait pas si cela a servi à quelque chose. Pour TEPCo, a posteriori, la fusion était inévitable, condenseur ou pas. La fusion aurait eu lieu en 4 heures sans les condenseurs et en 7 heures (c’est à dire avant 22h) si les condenseurs étaient entré en fonction à 18h. A ce demander à quoi ils servent…
Seul le réacteur n°1 est équipé de tels condenseurs.

Sommaire


Réacteur n°1

Chronologie des évènements

Mars 2011

Suite à une réplique sismique, une explosion d’hydrogène a soufflé le toit du bâtiment réacteur n°1 le samedi 12 mars, mais l’enceinte de confinement serait intègre. En libérant des gaz radioactifs, l’explosion aurait entraîné une baisse de l’irradiation ambiante au niveau de la centrale.

Lors d’une conférence de presse du dimanche 13 mars à 19h30 (heure japonaise), le CNIC a expliqué que la pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement a atteint 1,5 fois la pression maximale autorisée.

Dans la soirée du samedi 12 mars, les autorités ont autorisé le noyage du bâtiment réacteur avec de l’eau de mer borée afin de refroidir le cœur. Dimanche, la situation se serait stabilisée. Le bore absorbe les neutrons et est injecté pour éviter un accident de criticité (réaction nucléaire en chaîne explosive).

Pour le moment, il est fait mention de 4 employés de la centrale blessés lors de l’explosion et d’un mort. Au moins 21 personnes auraient été contaminées par les dégazages pendant qu’elles attendaient les secours dans la zone d’évacuations des 20 km. On a appris plus tard, que le nombre total de personnes contaminées pourrait atteindre les 160.

Mardi 14 mars, le niveau de dose a atteint un record de 162 sieverts par heure près du réacteur. C’est un niveau phénoménal, car d’habitude, on parle de micro ou millisieverts !

Mercredi 16 mars, TEPCo a annoncé qu’elle pense que 70% du combustible de ce réacteur est endommagé suite à un début de fusion. La situation semble stabilisée.

TEPCo espère rétablir l’électricité dans ce réacteur, d’abord vendredi 18 ou samedi 19 mars. La date est repoussée sans cesse. La compagnie a aussi envisagé d’asperger préventivement de l’eau dans la piscine pour éviter les problèmes survenus dans les autres réacteurs.

L’électricité étant arrivée jusqu’au réacteur, TEPCo espère remettre sous tension certains équipements à partir de mercredi 23 mars.

Mercredi 23 mars à 10h, heure locale, la température du réacteur n°1, maintenant connue grâce au retour de l’électricitée, est montée jusqu’à 400°C. Elle est descendue à 390° C, ce qui est toujours au-dessus de la température maximale fixée par le constructeur qui est de 302°C, après que TEPCo ait multiplié par 9 la quantité d’eau injectée dans le réacteur, même s’il n’y a pas de risque de fusion du coeur à cette température. Le flux est passé 18 tonnes d’eau de mer par heure. Ce réacteur est considéré comme inquiétant.

Jeudi 24 mars à 11h30, l’électricité a été rétablie dans le salle des commandes. La vérification de chaque composant avant mise sous tension continue. De la vapeur d’eau a été vue au dessus de la piscine de combustibles.
Ce réacteur montre des signes d’instabilité : la température et la pression fluctuent. Jeudi après midi, alors que la température n’était que de 218°C, la pression a commencé à monter. TEPCo essaye d’éviter à avoir à rejeter des gaz radioactifs pour faire baisser la pression.

Vendredi 25 mars, TEPCo a annoncé avoir commencé à injecter de l’eau douce dans le coeur de ce réacteur. En effet, l’eau salée risquait de gripper les pompes à terme. La pression semble s’être stabilisée. Le coeur avait 204,5 °C à 6h10 (heure locale).
De l’eau très radioactive a été trouvée dans le bâtiment abritant la turbine. Le niveau de contamination est proche de celui du réacteur n°3 : 3,8 milliards de becquerels par litre. Des informations plus complètes sont sur le site de la NISA. (Il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre).

Le défi est maintenant de pomper cette eau très contaminée du sous-sol sans trop exposer les intervenants. Cela a commencé dimanche 27 mars et l’eau sera mise dans une cuve.

Lundi 28 mars, on a appris que la veille, une galerie souterraine (“trench” en anglais et en japonais… qui se traduit par tranchée, mais le schéma du quotidien Asahi montre une galerie) contenant de l’eau extrêmement radioactive a été découverte à proximité du réacteur n°1. Une galerie similaire a été trouvée près du réacteur n°2, mais avec un débit de dose beaucoup plus élevé. Ici, il est de 0,4 millisieverts par heure à la surface de l’eau.

Cette galerie étant pleine, elle risque de déborder dans la mer. Il faut d’abord pomper toute cette eau et TEPCo n’a plus de cuve disponible. Le pompage risque de prendre beaucoup plus de temps que prévu. Et pendant ce temps, il n’est pas possible de remettre en route le système de refroidissement. TEPCo s’est empressée d’empiler des sacs de sable pour empêcher l’eau de couler vers la mer. En effet, le niveau de l’eau n’était que de 10 cm sous la surface du sol.

Le condenseur a une capacité de 1 600 tonnes et n’est pas encore plein.

TEPCo a reconnu pour la première fois que l’enceinte de confinement n’était peut être pas étanche. En effet, malgré l’injection d’eau, le niveau ne monte pas comme prévu. Selon des calculs faits par l’université de Kyoto, le dégagement de chaleur du coeur entraîne l’évaporation de 80 à 140 litres par minute.

Dans une note parue aux Etats-Unis le 28 mars, il est fait mention d’une mesure du 25 mars avec un taux de Chlore 38 dans le réacteur n°1 qui est trop élevé pour pouvoir être expliqué par le flux neutronique dû aux fissions spontanées. Est-ce dû à des petits évènements de criticité ? Une erreur de mesure ?

Mardi 29 mars à 2h, la température et la pression à l’intérieur de l’enceinte n’étaient pas stables. TEPCo a donc augmenté la quantité d’eau injectée dans la nuit de lundi à mardi pour réduire l’augmenation de température qui avait débuté samedi 26 mars. A 6h mardi, la température s’est stabilisée à 323,3°C, un peu plus bas que quelques heures auparavant.

Mercredi 30 mars, TEPCo a publié en anglais l’analyse de l’eau présente dans les galeries souterraines (il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre). La compagnie n’a pas pu mener à bien le pompage car la cuve destinée à recueillir l’eau s’est vite trouvée pleine. Le niveau de l’eau dans le bâtiment turbine aurait cependantdiminué de moitié, à 20 cm.

Jeudi 31 mars, de l’eau souterraine se révèle être très contaminée. Un échantillon d’eau prélevé mercredi à 15 mètres sous le réacteur 1 de la centrale a révélé un taux de 430 000 becquerels par litre en iode 131, soit “10 000 fois la limite”. Il contient de nombreux autres radioéléments. Voir ici pour plus de détails.

Avril 2011

Vendredi 1er avril, TEPCO a encore trouvé des erreurs dans ces données sur l’eau souterraine : elle a surestimé certaines contaminations. Celle en iode est correcte.

Dans une note parue aux Etats-Unis le 28 mars, il est fait mention d’une mesure du 25 mars avec un taux de Chlore 38 dans le réacteur n°1 qui est trop élevé pour pouvoir être expliquée par le flux neutronique dû aux fissions spontanées. Est-ce dû à des petits évènements de criticité ? Une erreur de mesure ?

Une vidéo en anglais diffusée depuis le 3 avril explique pourquoi la thèse de l’existence d’une réaction en chaîne périodique dans le réacteur n°1 est plausible. De fait la température de ce réacteur demeure instable.

Mardi 5 avril à 6h00 (heure locale) la température du réacteur était encore de 234°C. L’exploitant envisage d’injecter de l’azote pour diminuer les risques d’explosion hydrogène.

Jeudi 7 avril, l’exploitant a commencé à injecter de l’azote dans le coeur du réacteur et la pression a augmenté comme prévu. 200 m3 ont été injecté ce jour entre 1h30 et 9h50 (heure locale). Il est prévu d’en injecter 6 000 m3 dans les 6 jours à venir. Les deux autres réacteurs devraient suivre. Il se peut que les rejets gazeux augmentent, même s’il n’a pas été observé d’augmentation de la radioactivité ambiante. Les arrosages se poursuivent.

Jeudi 14 avril, TEPCo a annoncé avoir mis en évidence une augmentation de la contamination de l’eau souterraine. Sous le réacteur n°1, la contamination de l’eau en iode 131 est passée de 72 000 becquerels par litre le 6 avril à 400 000 becquerels par litre le 13 avril. La concentration en césium 134 est passé de 1 400 à 53 000 becquerels par litre.

Dimanche 17 avril, un robot américain a mesuré des débits de dose allant de 10 à 49 millisieverts par heure à l’intérieur du bâtiment réacteur (rez de chaussée), rendant l’intervention des travailleurs difficile. Au Sud du réacteur, un débit de dose de 270 millisieverts par heure a été enregistré.

Mercredi 20 avril, TEPCo a injecté 8 700 m3 d’azote.

Samedi 23 avril, le gouvernement japonais a exprimé ses craintes quant à la solidité de l’enceinte de confinement du réacteur n°1. TEPCo injecte actuellement 6 tonnes d’eau par heure dans la cuve. C’est environ une tonne de plus par heure que ce qui s’évapore. 7 000 tonnes ont déjà été versées. Au contact du combustible fortement endommagé, cette eau se vaporise pour se recondenser dans l’enceinte de confinement, la chambre de suppression étant pleine d’eau. En tant normal, cette chambre n’est qu’à moitié pleine. L’accumulation d’eau dans l’enceinte exerce une pression élevée sur les parois et la fragilise en cas de séisme. Le niveau de l’eau serait de 6 mètres dans l’enceinte, soit 3 mètres sous la cuve. TEPCo, conformément à sa feuille de route, continue à emplir l’enceinte et se veut rassurante…

Le remplissage de l’enceinte de confinement est une première mondiale. Cela va chasser les gaz et entraîner des rejets radioactifs.

Mardi 26 avril, des robots ont détecté jusqu’à 1 120 millisieverts par heure dans le bâtiment réacteur, rendant son accès impossible. TEPCo soupçonne une fuite d’eau de la tuyauterie.

Mercredi 27 avril, TEPCo va passer progressivement à 14 tonnes d’eau par heure afin de remplir l’enceinte de confinement. Elle va d’abord passer de 6 à 10 tonnes par heure pendant 6 heures, puis à 14 tonnes par heure. Elle va surveiller de près la pression, la température et le niveau de l’eau pendant 18 heures avant de décider si elle peut aller jusqu’au remplissage complet comme elle le souhaite. Jeudi, TEPCo prévoit de redescendre à 6 tonnes par heure et d’envoyer des robots inspecter l’enceinte.

Finalement, TEPCo est restée à 10 tonnes par heure et reporte de quelques heures la possibilité d’augmenter le débit.

TEPCo a réévalué l’endommagement du combustible à 55% au lieu des 70% initiallement annoncés.

Jeudi 28 avril, TEPCo a annoncé que suite à l’injection d’eau dans l’enceinte de confinement, la température et la pression baissaient. Le sommet du réacteur était à 107°C à 11h, soit 25°C de moins qu’avant le remplissage. Elle y voit un signe encourageant. Le débit est resté à 10 tonnes par heure. Un niveau de dose de 1,120 sievert par heure a été détecté par les robots dans le bâtiment réacteur mardi dernier, au niveau des pompes au rez de chaussée. Il sera donc difficile de remettre les pompes en marche.

Vendredi 29 avril, le débit d’injection d’eau est redescendu à 6 tonnes par heure. La température était de 113°C à 5h et la pression de 1,1 atm contre 1,5 avant les opérations de noyage. TEPCo craint que si la pression baisse plus, de l’air et donc de l’oxygène ne rentre dans le réacteur et provoque une nouvelle explosion hydrogène, même si le risque est faible après l’injection d’azote.

Mai 2011

Lundi 2 mai, TEPCo a déjà injecté 7 400 tonnes d’eau dans la cuve, grosso modo son volume, mais elle n’est pas pleine. La compagnie ne sait pas pourquoi…

La compagnie se prépare à installer un sas à l’entrée du réacteur pour éviter les fuites de gaz radioactifs quand des employés vont pénétrer dans le bâtiment turbine pour la première fois depuis l’explosion. Ils doivent installer un système de ventilation avec filtres pour purifier l’air intérieur. L’intervention est prévue pour jeudi 5 mai.

Jeudi 5 mai, 13 personnes ont pénétré pour la première fois dans le bâtiment réacteur pour la première depuis le 11 mars. Elles doivent installer 8 tuyaux connectés aux pompes qui filtrent l’air dans le bâtiment turbine. Elles interviennent par groupes de 3 et ont  a priori 10 minutes maximum par équipe. Les travailleurs ont une tenue avec alimentation en air qui fait 13 kg. TEPCo pense filtrer l’air pendant 3 jours en espérant que le niveau de radioactivité baissera significativement. Ils espèrent pouvoir envoyer du personnel dimanche.

L’opération a finalement pris 1h30 et le système de ventilation fonctionne. 9 personnes ont effectué les travaux et 4 ont vérifié les doses. Les débits de dose mesurés allaient de 10 à 93 millisieverts par heure et les intervenant ont pris des doses allant de 0,24 à 2,8 millisieverts, conformément à ce qui a été prévu.

Le même jour, TEPCo a estimé que le remplissage de l’enceinte de confinement était sûr. Dans son calcul, TEPCo ne prévoit pas de nouveau séisme d’une magnitude 9. En cas de fuite, TEPCo prétend que l’eau ira dans les sous-sols puis dans le bâtiment turbine sans contaminer l’environnement. Une fois le feu vert de la NISA (autorité de sûreté) obtenu, TEPCo veut passer à 8 tonnes d’eau par heure et espère remplir l’enceinte en 20 jours. Le but est d’abaisser la température sous les 100°C.

Le but de la compagnie est d’installer un nouveau système de refroidissement du coeur noyé car elle ne peut pas accéder au système de refroidissement classique qui est trop radioactif. Pour cela, elle va utiliser les tuyaux qui ont servi à l’injection d’azote pour injecter l’eau refroidie. Elle doit en installer d’autres pour extraire l’eau chaude. L’eau va circuler en circuit fermé.

La compagnie prévoit faire circuler l’eau à un débit de 100 tonnes par heure dans ce circuit “primaire”. Cette eau sera refroidie à l’aide d’un échangeur de chaleur et d’un circuit secondaire où de l’eau circulera avec un débit de 200 tonnes/h. L’eau de ce circuit secondaire sera refroidie par ventilation. Cela devrait permettre d’évacuer beaucoup plus de chaleur qu’avec les moyens de fortune utilisés pour le moment.

L’installation de la ventilation devrait débuter le 8 mai et de l’échangeur de chaleur, le 16 mai. La compagnie espère être prête pour la fin mai. La partie la plus “dosante” est l’installation des tuyaux dans la bâtiment réacteur.

Vendredi 6 mai, TEPCO est passée à 8 tonnes par heure après le feu de la NISA.

Samedi 7 mai, la radioactivité a commencé à baisser à l’intérieur du bâtiment réacteur.

Dimanche 8 mai, TEPCo estime que les niveaux sont tels que les ouvriers peuvent maintenant pénétrer dans le bâtiment. La compagnie a obtenu le feu vert de la NISA pour ouvrir les portes du bâtiment réacteur, ce qu’elle à fait vers 20h. Si des gaz devaient s’échapper, l’impact serait très faible. Aucune augmentation de la radioactivité n’a été observée par les 9 balises du site.
Des ouvriers devraient y pénétrer lundi matin vers 4h pour y mesurer la radioactivité.
La compagnie a posté sur son site Internet une vidéo prise le 6 mai au rez de chaussée du bâtiment turbine. Elle peut être téléchargée ici.

Lundi 9 mai, 9 techniciens (7 de TEPCo et 2 de la NISA) ont pénétré dans le bâtiment réacteur pour y mesurer la radioactivité ambiante : les niveaux atteignent 700 millisieverts par heure au rez de chaussée, mais les ouvriers n’auront pas à y travailler. Le niveau le plus bas est de 10 millisieverts par heure, ce qui reste élevé. La compagnie envisage d’installer un tunnel métallique pour atténuer les doses prises par les intervenants lors du passage.
TEPCo se veut rassurante : cela ne devrait pas retarder sa feuille de route.
C’est la première fois depuis l’explosion que des hommes pénètrent au premier étage du bâtiment réacteur où la mise en place du système de reforidissement doit être faite : les débit de dose y allaient jusqu’à 100 millisieverts par heure. Cela limite drastiquement le temps d’intervention. Les 9 techniciens ont pris des doses allant de 2,7 à 10,56 millisieverts.
A partir de mardi, TEPCo va installer des instruments de mesure pour savoir ce qui se passe dans le réacteur et comencer à décontaminer pour permettre le travail.
A minuit, 9 911 tonnes d’eau ont été injectées dans le réacteur, mais TEPCo ne sait pas quelle proportion est entrée dans la cuve.

Mercredi 11 mai, TEPCo envisage de revoir ses plans ou reprogrammer sa feuille de route car les niveaux de radioation dans le réacteur n°1 sont tels qu’il est difficile d’y intervenir.

Jeudi 12 mai, TEPCo pense que l’eau doit fuir de la cuve du réacteur. Jusqu’à maintenant, elle soupçonnait que le capteur de niveau d’eau ne fonctionnait pas : l’eau ne montait pas malgré l’injection de 150 tonnes d’eau par jour. Les ouvriers sur place ont découvert ce matin que le niveau de l’eau est 1 mètre en dessous du niveau des barres de combustible. Ils pensent donc que la cuve fuit. La grande majorité des 190 tonnes d’eau injectées quotidiennement fuyerait. Le capteur utilisé jusqu’à maintenant était largement au-dessus du niveau de l’eau, c’est pourquoi il ne détectait aucun changement.
La température en bas de la cuve est entre 100 et 120°C, ce qui suggère que les barres ont glissé ou fondu au fond de la cuve et sont recouvertes de 4 m d’eau. TEPCo va continuer à injecter de l’eau et essayer de comprendre où elle passe.
En conclusion, l’eau n’aurait rempli que 20% de la cuve et le combustible aurait finalement été beaucoup plus exposé à l’air que ce qu’affirmait TEPCo jusqu’à maintenant. Une grande partie aurait fondu. Il est possible que le coeur fondu ait percé par endroit la cuve, épaisse de 16 cm.
La compagnie va donc revoir ses plans concernant ce réacteur : il n’est peut-être pas possible et peut être pas nécessaire de remplir toute l’enceinte de confinement pour refroidir le combustible accumulé de bas de cuve. TEPCo ne peut pas exclure que du combustible fondu soit sorti de la cuve.
La quantité totale d’eau injectée est de 10 000 mètres cube, ce qui est plus que 360 mètres cube de la cuve et les 7 800 mètres cubes de l’enceinte. L’eau fuit donc aussi de l’enceinte dans les sous-sols, puis vers le bâtiment turbine. La hauteur d’eau dans l’enceinte serait aussi plus basse qu’imaginé, même si la compagnien’a pas les moyens de la mesurer directement.

Vendredi 13 mai, TEPCo a trouvé plus de 3 000 tonnes d’eau dans les sous-sols du bâtiment réacteur, ce qui est beaucoup plus que ce qu’elle avait anticipé. Cela va ralentir les opérations.

Samedi 14 mai, TEPCo a commencé les travaux pour couvrir le réacteur n°1 afin de limiter les fuites. Mais cela va augmenter la radioactivité ambiante et donc géner encore plus l’intervention humaine. TEPCo va donc installer une ventilation avec filtre pour évacuer les gaz radioactifs. Les débris ont été dégagés pour permettre l’installation d’une grue. Voir le communiqué en anglais de TEPCo avec schéma.

TEPCo a reconnu que le réacteur a sûrement été gravement endommagé par le tremblement de terre, avant même le tsunami. Le tremblement de terre a eu lieu à 14h46 et le réacteur s’est arrêté automatiquement. Plusieurs vagues de tsunami, qui sont arrivées environ une heure plus tard, ont arrêtés les générateurs d’électricité de secours et le refroidissement du réacteur a cessé à 16h36. Dans la nuit, avant l’explosion et les relargages de gaz, des employés de TEPCo qui inspectaient le réacteur ont dû fuir car les débits de dose atteignaient 300 millisieverts par heure par endroit. De fortes fuites avaient donc déjà eu lieu.
Cela change du discours officiel jusqu’à maintenant et cela change la donne pour les autres réacteurs nucléaires au Japon et ailleurs.

Dimanche 15 mai, TEPCo a annoncé que le niveau d’eau des sous-sols augmentait : la hauteur d’eau était de 4,2 mètres vendredi. Par ailleurs, un robot a détecté jusqu’à 2 000 millisieverts par heure au rez de chaussée du bâtiment réacteur. Mais la compagnie va injecter plus d’eau dans la cuve : elle va passer de 8 à 10 tonnes par heure.
Le statut officiel du réacteur par TEPCo est ici en anglais : selon le dernier scénario de l’exploitant, le réacteur a perdu ses capacités de refroidissement juste après le tremblement de terre du 11 mars. Trois heures plus tard, le haut des barres de combustibles étaient dénoyé. Les barres ont commencé à fondre dans l’heure et demie suivante. La température des barres a probablement atteint 2 800°C à ce moment là. Presque toutes les barres avaient fondu ou étaient tombées en fond de cuve dès le lendemain 12 mars à 6h50. La température a commencé à baisser quand TEPCo a commencé à injecter de l’eau à 5h50 ce même jour. Bref, le coeur aurait fondu en 16 heures selon le dernier scénario de TEPCo.

Lundi 16 mai, TEPCo a finalement annoncé qu’elle pense maintenant que les barres de combustible sont partiellement dénoyées et génèrent de la vapeur. Après avoir augmenté de débit d’injection d’eau la température du haut de la cuve a en effet baissé.
TEPCo a admis ce jour qu’un système de refroidissement de secours du réacteur n°1 n’a fonctionné que 10 minutes après le séisme et que l’arrêt a duré 3 heures.
TEPCO a rendu publiques près de 3000 pages de données sur le début de l’accident. Immédiatement après la secousse, à 14h46 le 11 mars, les barres de contrôle ont arrêté le réacteur et les diesels de secours se sont mis en route pour garantir l’alimentation électrique. Le système de refroidissement de secours s’est aussi mis en route, mais la pression a soudainement baissé 10 minutes plus tard. Les données sur la pression suggèrent que les opérateurs ont arrêté et remis en route plusieurs fois ce circuit de refroidissement avant le tsunami qui est arrivé à 15h30.

Mardi 17 mai, TEPCo a expliqué qu’environ 70 camions générateur d’électricité des forces armées étaient rapidement arrivé sur le site de la centrale, mais qu’ils avaient été inutiles : des débris jonchaient le sol ou des circuits électiques étaient inondés. Un camion a finalement pu être branché au circuit électrique du réacteur n°2 environ 24 heures après le séisme, mais peu de temps après l’explosion du réacteur n°1 a grillé des cables et rendu le générateur inopérant. L’explosion du réacteur n°3 qui a eu lieu deux jours plus tard a endommagé plusieurs véhicules de secours.

Vendredi 20 mai, TEPCO a confirmé qu’il y avait de l’eau sur une hauteur de 4,2 mètres dans les sous-sols du réacteur n°1. Ce niveau a monté depuis la semaine dernière. Deux équipes ont pénétré dans le réacteur ce jour pour mesurer les niveaux de débit de dose et trouver comment installer un système de refroidissement.

Samedi 21 mai, l’injection d’azote a été stoppée pendant 3 heures à cause d’une panne.

Dimanche 22 mai, la NHK a pu consulter le manuel de secours des réacteurs nucléaires et rélève que les procédures n’ont pas été suivies. Le manuel recommande de décompresser le coeur quand la pression dépasse les 853 kilopascals, c’est à dire le double de la pression normale. La pression était proche de cette limite 13 heures avant l’explosion. Mais l’exploitant n’a pas commencé à ventiler le réacteur jusqu’à 6 heures et trente minutes avant l’explosion. La décompression a finalement eu lieu une heure et demie avant l’explosion, les travaux ayant été génés par de fortes radioactivités.

Mardi 24 mai, TEPCo ne peut toujours pas dire combien de temps le système de refroidissement du réacteur n°1 a été arrêté le 11 mars, jour du tremblement de terre et du séisme. Les interviews des salariés confirment que le système a été arrêté manuellement à 15h03, après 11 minutes de fonctionnement. A 18h18, il fonctionnait. Pendant ces 3 heures, TEPCo ne peut dire avec certitude ce qui s’est passé.
TEPCo évalue à 800 kg la quantité d’hydrogène générée lors de la phase de fusion.
Pour la première fois, TEPCo estime qu’il est possible que l’enceinte de confinement soit percée. Le trou pourrait avoir de 7 cm de diamètre. Si c’est confirmé, cela explique que l’eau injectée inonde les sous-sols. TEPCo va avoir du mal à un système de refroidissement en circuit fermé.

Mercredi 25 mai, TEPCo a annoncé avoir détecté 360 becquerels de césium 134 par mètre cube d’air au dessus du réacteur n°1, ce qui est 18 fois plus que la limite autorisée au niveau du périmètre de la centrale.

Vendredi 27 mai, 8 personnes ont pénétré dans le bâtiment réacteur pour mesurer la radioactivité de l’eau des sous-sols. Il y aurait de l’eau sur une hauteur de 5 mètres. D’autres ouvriers ont intallé un tuyau à la piscine de combustibles usés en vue de la mise en place d’un système de refroidissement qui devrait être achevé en juillet.

Dimanche 29 mai, TEPCo a fait circulé 5 tonnes d’eau à titre de test dans le système de refroidissement de la piscine. Le réacteur n°1 est le dernier à être rétabli.

Lundi 30 mai, avec le passage du typhon, les fortes pluies ont interrompu les travaux sur place et entraîné une montée rapide des niveaux dans les sous-sols. Le record est pour le bâtiment réacteur n°1 où le niveau a monté de 1,1 cm entre le 28 et le 29 mai à 7h, puis de 19,8 cm lors des 24 heures suivantes. TEPCo a mesure 2 milliards de becquerels de césium par litre d’eau des sous-sols. Cette eau a dû être en contact avec le combustible fondu.

Mardi 31 mai matin, le niveau de l’eau des sous-sols est encore monté de 37,6 cm en 24h.

Juin 2011

Jeudi 2 juin, le niveau de l’eau dans les sous-sols du bâtiment réacteur n°1 est en baisse ! Il était monté de 37,6 cm entre lundi et mardi, puis a baissé de 1 mm les 24 heures suivantes. Il a plongé de 7,9 cm entre mercredi 1 juin 7h et jeudi 2 juin à la même heure. TEPCo ne sait pas où est allée l’eau. Vers le réacteur n°2 ?

Vendredi 3 juin, TEPCo estime à 16 200 tonnes l’eau qui encombre les sous-sols du réacteur n°1.
Un robot a détecté jusqu’à 4 sieverts (4 000 millisieverts !) par heure dans le bâtiment réacteur. TEPCo a détecté une fuite de vapeur très radioactive qui pourrait expliquer ce niveau de radiations. La vapeur sort d’une petite crevasse dans le sol et pourrait venir de l’eau accumulée dans les sous-sols qui est à 50°C.
Par ailleurs, 9 ouvriers ont pénétré dans ce bâtiment pour installer un appareil qui mesure la pression dans la cuve du réacteur. Ils ont pris jusqu’à 4 millisieverts.

Samedi 4 juin, la NISA a reconnu avoir détecté dans la matinée du 12 mars du tellure 132 à 7 km de la centrale. Cela signifie que le combustible avait commencé à fondre, mais lors d’une conférence de presse qui a eu lieu quelques heures après que cette donnée ait été collectée, la NISA et le gouvernement ont affirmé que le combustible était intact.
A 11h, la nouvelle sonde de pression indique 1,26 atmosphères (contre 70 atmosphères en fonctionnement normal), ce qui confirme que la cuve et l’enceinte sont percées.

Lundi 6 juin, la NISA a réévalué les données de TEPCo et estime que les barres de combustible du réacteur n°1 ont été exposées deux heures après le séisme et que la fusion du coeur a eu lieu 5 heures après le séisme, soit une dizaine d’heures plus tôt que l’estimation de TEPCo.

Mardi 7 juin, la NISA a revu à la hausse la quantité d’hydrogène produite lors de la fusion du coeur du réacteur n°1. Elle estime à 1 000 kg cette quantité.

Mercredi 8 juin, une coupure de courant a eu lieu pendant 3 heures dans les salles de contrôle des réacteurs 1 et 2. La transmission des données a été suspendue. L’injection d’azote aussi.

Mardi 14 juin, TEPCo a présenté la maquette de la structure temporaire qu’elle prévoit pour couvrir le réacteur n°1 afin de retenir la vapeur radioactive qui s’échappe continument. Les travaux devraient débuter le 27 juin et se terminer avant la fin septembre. L’armature est en acier et la couverture en polyester. La structure devrait être bâtie avec une grue contrôlée à distance pour éviter d’exposer les ouvriers. Aucune intervention humaine sur place n’est a priori nécessaire. Le toit sera amovible pour permettre d’intervenir dans le réacteur avec une grue si nécessaire. L’assemblage de la grue a débuté le 12 juin.

Vendredi 24 juin, le quotidien Mainichi Daily News remet en cause la version des faits de TEPCo concernant la ventilation du réacteur n°1 le 12 mars en s’appuyant sur des sources internes. La compagnie ne peut pas confirmer que les valves aient bien été ouvertes. La pression dans l’enceinte de confiment est passée de 755 kilopascals à 530 kilopascal vers 14h30 le 12 mars, mais c’est toujours au dessus de la pression limite de 427 kilopascal. Elle est remontée à partir de 15h et aucune augmentation de la radioactivité ambiante n’a été notée. Le journal accuse aussi les autorités de ne pas avoir vérifié la version de l’exploitant avant d’écrire dans le rapport soumis à l’AIEA que la ventilation a été un succès.

Juillet-Août 2011

Lundi 4 juillet, la quantité d’eau injectée dans le réacteur n°1 pour le refroidir a baissé. Cela aurait commencé la veille vers 21h. A 8h13, seulement 3 tonnes d’eau par heure étaient injectées au lieu des 3,7 prévues. Les ouvriers ont immédiatement augmenté la quantité d’eau injectée et à 9h le débit normal était de retour. Il n’y a pas eu d’augmentation de la température et TEPCo recherche la cause de l’incident.

Dimanche 17 juillet, le débit d’injection d’eau traitée est à nouveau passé sous les 3 tonnes d’eau par heure déclenchant une alarme. Normalement, il est 3,8 tonnes par heure. C’est la troisième fois ce mois-ci. La même pompe est utilisée pour le réacteur n°2 et il n’y a pas de problème. TEPCo soupçonne de la tuyauterie entartrée.
Le 17 juillet est l’échéance de la première étape de la feuille de route que s’est fixée TEPCo. La piscine est refroidie en circuit fermé. L’eau injectée dans le réacteur à environ 4 tonnes par heure est de l’eau provenant de la station d’épuration. De l’azote est injecté pour prévenir un risque d’explosion hydrogène. Mais, le réacteur continue à fuir vers les sous-sols. On ne peut pas parler de circuit fermé.

Mardi 19 juillet, la température en bas de cuve est de 100°C.

Mercredi 20 juillet, à 7h00 le niveau de l’eau dans les sous-sols du bâtiment réacteur a monté de 13 cm par rapport à la veille à cause des fortes pluies liées à l’arrivée du typhon.

Jeudi 21 juillet, 7h00 le niveau de l’eau est monté de 44 cm par rapport à la veille pour les mêmes raisons. Il n’y a pas de risque de débordement.

Dimanche 24 juillet, un thermomètre fixé en bas de réacteur indique une température inférieure à 100°C depuis 6 jour. Il indique entre 96 et 97°C. Cette baisse est due à une augmentation de la quantité d’eau injectée dans le réacteur. Mais le système de refroidissement est toujours instable : le débit est passé de 3,8 tonnes par heure qui est le fonctionnement nominal à 3,3 tonnes par heure dans la matinée sans que TEPCo ne puisse fournir d’explication.

Vendredi 29 juillet, TEPCo estime à environ 1 milliard de becquerels par heure les rejets aériens actuels des 3 réacteurs accidentés. Ce chiffre est estimé à partir des mesures faites à l’extérieur à partir de balises. TEPCo veut mesurer la contamination de l’air contenu dans les enceintes de confinement des réacteurs 1 et 2 afin d’affiner son estimation et essayer de juguler ces rejets. Pour le réacteur n°3, ce n’est pas possible car il est trop radioactif.

Lundi 1er août, un niveau de débit de dose de 10 sieverts (10 000 millisieverts) par heure a été découvert à proximité de débris situés entre les réacteurs 1 et 2. Ce sont des tuyaux ayant servi à dépressuriser le réacteur n°1 qui en serient à l’origine. Les ouvriers qui ont fait cette découverte ont pris 4 millisieverts.
L’appareil de mesure sature à 10 sieverts par heure, ce qui signifie que le débit de dose réel est plus élevé. Cela vient d’un tuyau d’évacuation des gaz qui relie le réacteur à la cheminée située à côté.
Des photos du tuyau sont disponibles ici et ici.
La température en bas de la cuve du réacteur est de 93°C.

Mardi 2 août, TEPCo a confirmé avoir détecté un débit de dose de 5 sieverts par heure à l’intérieur du réacteur n°1, dans la salle de climatisation au 1er étage (2ième niveau). Des tuyaux qui traversent la pièce ont été utilisés pour dépressuriser le réacteur. L’accès a été interdit. 5 sieverts correspond à la valeur de saturation du détecteur. Le débit de dose réel est donc supérieur.
Des images et un plan des lieux sont disponibles ici en anglais. Une vidéo prise par un robot sur les lieux peut être téléchargée ici.
TEPCo a trouvé un autre point avec un débit de dose qui dépasse les 10 sieverts par heure. Il est situé à proximité du précédent, au niveau d’un tuyau d’évacuation des gaz à 10 m du sol environ.

Mercredi 10 août, TEPCo a commencé les travaux pour couvrir le réacteur n°1. L’idée est de retenir la radioactivité à l’intérieur et d’empêcher la pluie de pénétrer. Les travaux sont visibles avec la webcam.
Les niveaux de débit de dose à proximité du réacteur varient entre 1 et 20 millisieverts par heure. 6 ventillateurs avec filtre seront installés pour tenter de purifier l’air. Ils doivent filtrer 40 000 m3 d’air par heure. La structure a été conçue pour supporter des vents de 90 km/h. Un système de climatisation doit aussi abaisser la température pour permettre l’intervention humaine.
A 17h, il y avait 46°C dans la piscine de combustibles usés. Depuis ce jour, cette piscine est refroidie en circuit fermé. C’est la dernière piscine du site à être refroidie par un tel circuit.

Jeudi 11 août, 17h, la température de la piscine est de 40,5°C.

Samedi 20 août, la température au niveau des 19 thermomètres placés dans le réacteur n°1 est passée sous les 100°C à 23h. 12 heures plus tard, la situation était stable. Les deux autres réacteurs restent au dessus de 100°C.

Mardi 30 août, TEPCO a annoncé avoir fait des prélèvements d’air au-dessus du bâtiment abritant les réacteurs 1 et 2 et n’avoir détecté que des “traces” : entre 1 et 100 becquerels de césium par m3 au dessus du 1 et 1 000 Bq/m3 au dessus du réacteur n°2. Elle n’a pas détecté d’iode.

Septembre – Octobre 2011

Vendredi 9 septembre, TEPCo a fini de construire l’armature métallique du chapiteau qui va couvrir le réacteur n°1 pour diminuer les fuites de gaz radioactifs et arrêter l’eau de pluie. Une photo est disponible sur le site de TEPCo.

Samedi 10 septembre, TEPCo publie une vidéo sur le système de refroidissement des réacteurs. C’est en japonais, mais les images parlent d’elles-même. A voir sur le site de TEPCo ou Youtube. Une version anglaise est maintenant disponible sur le site de TEPCo : à regarder en ligne ou télécharger.

Vendredi 16 septembre, TEPCo a reconnu que presque tous les détecteurs situés sous la cuve du réacteur n°1 étaient morts. Après la fusion du coeur, ce n’est pas trop une surprise.

Mardi 20 septembre, la température du réacteur (à l’extérieur de la cuve) est de 82°C.

Jeudi 22 septembre, suite au passage du 15ième typhon de l’année, le typhon Roke, le niveau de l’eau est monté de 44 cm en 24 heures dans les sous-sols du réacteur n°1.

Vendredi 23 septembre, TEPCo a annoncé avoir mesuré un taux d’hydrogène d’au moins 1% dans un tuyau relié à la cuve. A partir de 4%, cela peut exploser ! Un schéma avec l’emplacement des détecteurs d’hydrogène est ici en anglais.
TEPCo ne sait pas combien il y a d’hydrogène dans la cuve du réacteur. Peut-être plus que prévu.

Samedi 24 septembre, TEPCo a revu à la hausse la concentration en hydroène dans le tuyau : elle dépasse les 4% et pourrait même être proche de 100%. Pour exploser, il faut aussi de l’oxygène. TEPCo se veut rassurante, mais en cas de fuite, le mélange hydrogène oxygène aurait devenir explosif. Et comme ils comptaient couper le tuyau qui contenait d’hydrogène, on aurait pu craindre le pire.
Le premier instrument de mesure apporté par TEPCo, ne pouvait pas détecter des concentrations supérieures à 1%. Le deuxième ne pouvait pas dépasser 4%. Maintenant, TEPCo penche vers 100% avec un détecteur plus sophistiqué.
La compagnie ne sait pas si cet hydrogène est là depuis le début ou s’il est arrivé par la suite. Elle ne sait pas non plus combien il y a d’hydrogène dans l’enceinte de confinement.

Lundi 26 septembre, la NISA a ordonné à TEPCo de vérifier les deux autres réacteurs pour voir s’il n’y a pas d’hydrogène qui s’y accumule.

Mercredi 28 septembre, TEPCo a finalement annoncé avoir mesuré 63% d’hydrogène (un pourcentage explosif s’il y a de l’oxygène) dans le tuyau, mais pas d’oxygène. Elle va injecter de l’azote dans le tuyau.

Samedi 8 octobre, TEPCo a rendu publiques de nombreuses photos des réacteurs et de la centrale. Elles sont rassemblées dans un fichier pdf avec légendes en anglais.
Elle diffuse aussi une vidéo à télécharger du sommet du bâtiment réacteur prise depuis une grue. Les explications sont ici en anglais. (Les images datent du 3 octobre).
Dans la salle de contrôle commune aux réacteurs 1 et 2, le débit de dose maximal enregistré est de 10 microsieverts par heure.

Par ailleurs, TEPCo a commencé à purger les tuyaux contenant de l’hydrogène en y injectant de l’azote qui est inerte. Les opérations ont duré une heure environ. 30 minutes plus tard, le taux d’hydrogène est descendu près de 0%, mais après deux heures, le taux d’hydrogène est remonté à 3,9%. A 4%, en présence d’oxygène, cela peut exploser… Elle devrait reprendre les opération le lendemain.

La compagnie a commencé à installer le toit de la structure qui abrite le réacteur n°1. Une photo supplémentaire est disponible ici.

Lundi 10 octobre, TEPCo a fini de purger l’hydrogène la veille. Le niveau d’hydrogène serait “bas”. TEPCo a ensuite coupé le tuyau en deux points pour pouvoir installer un filtre qui doit diminuer la radioactivité dans l’enceinte de confinement. Des photos des travailleurs en train de couper les tuyaux sont disponibles ici. Des photos des tuyaux coupés sont ici.

Mercredi 12 octobre, TEPCo a effectué un exercice de crise en ce jour au niveau du réacteur n°1 ! L’exercice supposait qu’un séisme de magnitude 8,0 arrêtait le système de refroidissement du coeur.

Vendredi 14 octobre, TEPCo a fini de couvrir le réacteur n°1. Les réacteurs n°3 et 4 vont suivre l’été prochain. Deux photos sont disponibles ici et ici.

Mardi 18 octobre, vidéo de TEPCo montrant des hommes tentant de pénétrer à travers les gravats du réacteur n°1. La vidéo peut être téléchargée ici. Ils explorent le condenseur.

Novembre – Décembre 2011

Samedi 12 novembre, 8 mois après le déclenchement de la catastrophe, la température en bas de la cuve du réacteur n°1 est de 38,7°C, de l’azote est injecté régulièrement, il y a 15 050 tonnes d’eau contaminée dans les sous-sols et le réacteur est couvert. L’air à l’intérieur est filtré.

Jeudi 24 novembre, TEPCo a annoncé vouloir réduire la quantité d’eau injectée pour augmenter la température des réacteurs 1 à 3, c’est à dire l’inverse de ce qu’elle a chercher à faire jusqu’à maintenant. Par crainte d’une explosion hydrogène, la compagnie espère ainsi augmenter la part de vapeur d’eau dans la cuve du réacteur. Elle est aussi en cours de préparatifs pour injecter de l’azote dans la cuve. La température est actuellement inférieure à 70°C et TEPCo veut repasser au-dessus de 80°C. En bas de la cuve, la température est actuellement de 40,4°C.
La quantité d’eau injectée va être réduite de 0,5 m3/h pour passer à 5 m3/h dans le réacteur n°1.

Mercredi 30 novembre, TEPCo assure que le combustible fondu (corium) est resté dans l’enceinte de confinement et ne l’a pas traversée. Il est donc refroidi par l’injection d’eau. Pour le réacteur n°1, presque tout le combustible a fondu, soit 68 tonnes, car il est resté sans refroidissement pendant longtemps, suite aux dysfonctionnements des systèmes de secours. Une grande partie aurait percé la cuve mais se serait arrêtée dans l’enceinte de confinement. Si tout le corium s’était retrouvé sur le socle en béton et acier de cette enceinte, qui fait 100 cm d’épaisseur au point le plus fin, TEPCo a calculé qu’il l’aurait érodé le béton sur une épaisseur de 65 cm. L’acier n’aurait pas été érodé. Mais le corium avait érodé le béton sur 37 cm de plus, l’acier aurait été entamé.
Les diapos de la présentation sont ici en japonais. Le texte explicatif est ici en japonais. D’autres séries de diapos sur le même sujet sont disponibles en japonais ici, ici, ici et ici. Les calculs ont été faits à l’aide d’un code intitulé Modular Accident Analysis Program et développé par Fauske & Associates LLC, une filiale de Westinghouse Electric.
Le combustible est enfermé comme dans les poupées russes : la gaine, puis la cuve et enfin, l’enceinte de confinement. Le combustible ayant fondu, la gaine ne retient plus rien. La cuve étant percée par le corium, ne reste que le dernier rempart, l’enceinte de confinement, qui, selon ces calculs, n’était pas loin d’être aussi traversée par le corium. Si cela avait été le cas, le refroidissement du corium aurait été plus difficile, voire impossible. Lors de l’accident de Three Mile Island en 1979, le corium n’avait pas percé la cuve.
Toujours est-il que cette enceinte de confinement fuit et que l’eau de refroidissement, fortement contaminée, s’écoule dans les sous-sols et que cela va durer encore des années car il n’est pas possible d’approcher pour colmater les fuites.
TEPCo estime à 30 cm la hauteur d’eau dans l’enceinte de confinement, mais cela suffirait à refroidir le corium. Mais ce qu’elle ne dit pas, c’est que le corium n’est refroidi qu’en surface et qu’il doit continuer à ronger le béton en dessous.

Vendredi 2 décembre, TEPCo a commencé à injecter de l’azote à l’intérieur de la cuve des réacteurs 1, 2 et 3. En octobre, quand la compagnie a commencé à extraire les gaz radioactifs de la cuve du n°2, elle a mesuré 2,9% d’hydrogène. A partir de 4%, cela peut exploser. Elle injecte donc de l’azote pour réduire la concentration en hydrogène.

Mercredi 28 décembre, suite à une inspection sur le réacteur n°3 (cf “réacteur n°3” ci-dessous), il n’est pas impossible que l’explosion hydrogène du réacteur n°1 soit due à un défaut de conception du système d’échappement des gaz relargués en situation d’urgence.

Etat actuel du réacteur n°1

Le réacteur a subi une explosion hydrogène le samedi 12 mars à 15h36. Selon le dernier scénario, c’est le tremblement de terre qui l’a endommagé : en effet, le bâtiment réacteur était déjà très radioactif avant la ventilation du coeur qui a conduit à des relargages de gaz très radioactifs, ce qui laisse penser que le réacteur fuyait déjà.

De l’eau de mer y est injectée régulièrement pour le refroidir. Depuis le 25 mars, c’est de l’eau douce qui est utilisée.

TEPCo a initiallement estimé à 70% l’endommagement du coeur. Le 27 avril, elle a revu son estimation à la baisse : 55% du coeur serait endommagé. Mais le 12 mai, TEPCo a découvert que tout le combustible était au fond de la cuve où il a partiellement ou complètement fondu. Il aurait aussi percé la cuve par endroits.

Selon le dernier scénario de l’exploitant, le réacteur a perdu ses capacités de refroidissement juste après le tremblement de terre du 11 mars. Trois heures plus tard, le haut des barres de combustibles étaient dénoyé. Les barres ont commencé à fondre dans l’heure et demie suivante. La température des barres a probablement atteint 2 800°C à ce moment là. Presque toutes les barres avaient fondu ou étaient tombées en fond de cuve dès le lendemain 12 mars à 6h50. La température a commencé à baissé quand TEPCo a commencé à injecter de l’eau à 5h50 ce même jour. Pour la NISA, la fusion du coeur a eu lieu 5 heures après le séisme. Les barres de combustible ont commencé à être exposées deux heures après le séisme.

TEPCo évalue à 800 kg la quantité d’hydrogène générée lors de la phase de fusion. La NISA pense plutôt que c’est 1 000 kg.

TEPCo estime qu’il est possible que l’enceinte de confinement soit percée. Le trou pourrait avoir de 7 cm de diamètre. Si c’est confirmé, cela explique que l’eau injectée inonde les sous-sols. TEPCo va avoir du mal à un système de refroidissement en circuit fermé.

Selon des calculs faits par l’université de Kyoto, le dégagement de chaleur du coeur entraîne l’évaporation de 80 à 140 litres par minute. La chaleur dégagée sera moitié moindre dans six mois et sera à un tiers de la valeur actuelle dans un an.

Il y a de fortes chances pour qu’une réaction nucléaire en chaîne périodique non contrôlée ait eu lieu dans ce réacteur.

Selon la NISA (autorité de sûreté japonaise), des gaz radioactifs ont été relâchés une seule fois le 12 mars pour faire baisser la pression.

Le débit dose maximal enregistré le 14 mars au niveau de l’enceinte de confinement était de 162 sieverts par heure (non, il n’y a pas d’erreur d’unité !). Il est actuellement de 20 à 30 sieverts par heure. Il est donc impossible de s’en approcher : un intervenant atteindrait sa limite de dose en une minute environ. En avril, un robot a détecté des débits de dose allant jusquà 1 000 millisieverts par heure au niveau de certaines pompes. Pour d’autres, cela allait de 10 à 49 millisieverts par heure.

De l’azote est injecté dans le réacteur depuis le 7 avril.

Le condenseur a une capacité de 1 600 tonnes.

L’électricité est arrivée dans ce réacteur. Le système de refoidissement de la piscine est rétabli.

De la vapeur d’eau s’échappe de l’enceinte de confinement.

Des hommes sont entrés dans la bâtiment réacteur pour la première fois le jeudi 5 mai. Ils ont installé un système de ventilation pour filtrer l’air et le décontaminer.

Depuis le 10 août, la piscine de combustibles usés est refroidie en circuit fermé.

Sommaire


Réacteur n°3

Chronologie des évènements

Ce réacteur est chargé en MOx, combustible contenant plus de plutonium que le combustible classique. La température de fusion du MOX est aussi plus basse que celle du combustible classique. Un nouveau chargement de Mox aurait dû quitter la France pour ce réacteur.

Mars 2011

La situation est aussi devenue inquiétante dans le réacteur n°3 dimanche 13 mars matin (heure japonaise). L’eau de refroidissement a aussi manqué. Le niveau d’eau aurait ensuite été rétabli.

Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu vers 17h30 heure japonaise dimanche 13 mars, l’autorité de sûreté japonaise a annoncé que de l’eau de mer a aussi été injectée dans ce réacteur et des gaz relargués. Elle n’exclue pas la présence de poches d’hydrogène pouvant entraîner une explosion comme pour le réacteur n°1.

De fait, deux explosions hydrogène ont aussi eu lieu dans le réacteur n°3, lundi 14 mars à 11h, heure locale. Il y aurait 11 blessés. L’enceinte de confinement n’aurait pas été endommagée.

Le niveau de débit dose au niveau de l’enceinte de confinement était de 167 sieverts par heure (non, il n’y a pas d’erreur d’unité !). C’est le maximum enregistré.

Les autorités japonaises ont déclaré dimanche, en début d’après midi (heure japonaise), qu’elles considéraient comme fort probable que la fusion du coeur ait eu lieu dans les réacteurs n°1 et 3 de la centrale de Fukushima dai-ichi. Même si elles ne peuvent pas le vérifier, elles travaillent actuellement avec cette hypothèse. Mardi 15 mars, la situation semblait stabilisée dans ces deux réacteurs.

D’après le Japan Times daté du 15 mars, dans la nuit de dimanche à lundi (à confirmer) l’injection d’eau de mer dans le réacteur n°3 a cessé entre 1h et 3h20 du fait du manque d’eau dans la citerne. Cela a entraîné un échauffement, une montée en pression et une augmentation du rayonnement. TEPCo a envisagé de relâcher de la vapeur radioactive pour faire baisser la pression et d’évacuer ses employés. Mais la pression a finalement baissé et les opérations ont repris.

Depuis mercredi 16 mars 10h (heure locale) de la fumée blanche est visible au dessus du réacteur n°3. Les niveaux de radioactivité ont augmenté soudainement jusqu’à 6,4 millisieverts/h et fluctuent ensuite autour de la valeur moitié. L’origine de cette vapeur d’eau radioactive a fait l’objet de toutes les spéculations :
– eau dans le bassin de suppression qui est sous le coeur pour recueillir les condensats ?
– fuite du coeur endommagé ?
Dans la soirée, les autorités se sont montrées plus rassurantes : il semblerait que ce soit de la vapeur provenant de la piscine de combustible. Si de la vapeur d’eau était visible, cela signifie que la température du bassin doit être élevée. Il ne doit plus en rester beaucoup. Il faut donc trouver un moyen d’ajouter de l’eau dans cette piscine, mais le rayonnement est trop élevé pour pouvoir approcher. Plusieurs solutions ont été recherchées et testées.

Jeudi 17 mars matin, des hélicopters de l’armée japonaise ont effectué 4 rotations pour arroser le réacteur n°3, mais le niveau de radiation n’a pas baissé. Leur survol était beaucoup plus élevé que lors du test de la veille au dessus du réacteur n°4 et donc le largage d’eau moins précis. Il faudrait plus d’une centaine de rotations pour remplir le bassin à un niveau minimal. Des camions pompiers sont ensuite arrivés sur le site en soutien. La pression dans le réacteur est toujours en hausse. A 16h, heure locale, de nouveaux camions de pompier avec un chargement d’eau sont arrivés. Dès que l’évacuation des personnels est terminée, ils vont commencer à asperger le réacteur n°3.

Mais, les premiers camions se sont révélés inopérants à cause du niveau de radioactivité. Cinq nouveaux camions anti-émeutes de l’armée qui peuvent être actionnés sans sortir de la cabine sont arrivés sur place pour prendre le relai. Cela représente 30 tonnes d’eau en tout. Il ne peuvent rester que très peu de temps sur place (90 secondes).

Depuis jeudi 17 mars au soir, la piscine du réacteur n° 3 est source d’inquiétude. Le panache de vapeur serait un signe que l’eau atteint bien les combustibles. La présence de MOx dans le coeur est une source d’inquiétude supplémentaire qui fait que ce réacteur nécessite plus d’attention. Vendredi 18 mars, la situation de la piscine semble stabilisée. Les arrosages à partir des camions anti-émeutes se poursuivent. 50 tonnes d’eau auraient été aspergées ce jour. Un canon à eau puissant a été prêté par l’armée américaine. Le même jour, le survol des réacteurs a confirmé que les niveaux d’eau dans les piscines n°3 et n°4 étaient bas.

Les pompiers de Tokyo ont aussi été impliqués car ils possèdent un camion qui peut arroser sur une hauteur de 22 mètres à un débit de 3,8 tonnes d’eau par minute. Ce camion, utilisé pour les incendies dans les grands bâtiments, peut être actionné à distance, sans exposer les pompiers. D’autres camions l’alimentent en eau. Mais, le plein de diesel doit être fait deux ou trois fois sur une intervention de 7 heures. D’autres pompiers d’autres grandes villes pourraient aussi intervenir.

Ces opérations ont continué au cours de la journée de samedi 19 mars et la situation semblait se stabiliser. Dimanche 20 mars, les autorités ont annoncé avoir aspergé 2 000 tonnes d’eau dans la piscine du réacteur qui ne peut en contenir de 1 400 tonnes.

Un hélicoptère de l’armée a survolé la centrale dimanche 20 pour mesurer la température. Dimance matin, la pression a recommencé à monter dans le coeur. Elle semble s’être stabilisée dans l’après-midi, après avoir relâché des gaz radioactifs. La température du coeur serait de 128°C. Celle de la piscine est inférieure à 100°C.

De la fumée a été vue lundi 21 mars, entraînant l’évacuation d’une partie des personnels, sans que l’origine soit connue. Cette fumée a disparu vers 18h (heure locale). Les pompiers encore aspergé de l’eau auparavant, pendant 6 heures trente minutes. La quantité totale d’eau pour la piscine de ce réacteur s’élève à 3 700 tonnes.

Mardi 22 mars, l’électricité a été rétablie. Chaque pièce doit maintenant être contrôlée avant d’être mise sous tension qui devrait commencer jeudi. La lumière de la salle de contrôle a été rétablie mardi 22. De grandes quantités d’eau ont encore été aspergées au dessus de la piscine.

Mercredi 23 mars, de la fumée a de nouveau été aperçue au-dessus du réacteur vers 16h40 (heure locale) et a entraîné encore une fois une évacuation temporaire des ouvriers et l’arrêt de l’arrosage de la piscine. La situation serait redevenue normale une heure plus tard. LA NISA évoque l’hypothèse de lubrifiants ayant pris feu.

Les niveaux de radioaction, quant à eux, n’ont pas changé. La température du coeur, maintenant connue grâce au retour de l’électricité, dépasse la valeur maximale estimée à la conception, mais resterait stable autour de 305°C.

Jeudi 24 mars, la piscine est toujours arrosée. 3 ouvriers ont été sévèrement irradiés alors qu’ils posaient un cable dans le bâtiment réacteur n°3. Deux ont été conduits à l’hôpital pour des brûlures aux pieds causées par le rayonnement bêta. Les doses reçues iraient de 173 à 180 millisieverts. De l’eau fortement contaminée serait entrée en contact avec leur peau, malgré les protections. Les deux personnes hospitalisées n’avaient pas de bottes. Le troisième en avait et n’a pas été contaminé. Le rayonnement à la surface de la flaque d’eau atteignait 400 millisieverts par heure, alors qu’il y avait 200 millisieverts par heure dans l’air. Quand le site avait été inspecté la veille, il n’y avait pas d’eau et les niveaux d’irradiation de quelques millisieverts par heure.

Vendredi 25 mars, la forte contamination de l’eau (3,9 milliards de becquerels par litre) dans le réacteur n°3 qui a conduit deux ouvriers à l’hôpital semble indiquer que de l’eau fuit de l’enceinte de confinement qui ne serait donc pas étanche. Neuf radioéléments différents ont été identifiés dans cette eau, dont de l’iode 131, du cérium 144 et du césium 137. Une telle contamination ne peut s’expliquer que par du combustible fondu qui est entré en contact avec l’eau. Des informations plus complètes sont sur le site de TEPCo. (Il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre).

La NISA (ASN japonaise) a indiqué qu’il y a de fortes chance que le réacteur soit endommagé. Il faut encore trouver comment de l’eau aussi radioactive a pu arriver dans les sous-sols du réacteur. Les autorités ont donc encouragé les habitants confinés dans la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale à évacuer car les rejets radioactifs vont continuer pendant longtemps. La NISA a plus tard démenti cette information, indiquant qu’aucun paramètre comme la pression, ne confirmait cette option. L’origine de la fuite n’est toujours pas connue.

Dans sa note quotidienne datée du 24 mars, l’IRSN évoque aussi que “l’enceinte de confinement ne semble plus étanche selon les indications de pression ; cette perte d’étanchéité serait à l’origine de rejets radioactifs “continus” non filtrés dans l’environnement.”

4 000 tonnes d’eau auraient été aspergées sur la piscine du réacteur n°3 à ce jour, soit 5 fois plus que pour chacune des autres piscines.

Dans la soirée, TEPCo a annoncé avoir commencé à injecter de l’eau douce dans le coeur de ce réacteur. En effet, l’eau salée risquait de gripper les pompes à terme.

Le défi est maintenant de pomper l’eau très contaminée du sous-sol sans trop exposer les intervenants. Il est prévu de mettre l’eau dans une cuve. Le condenseur a une capacité de 3 000 tonnes et est plein.

Lundi 28 mars, TEPCo a reconnu pour la première fois que l’enceinte de confinement n’était peut être pas étanche. En effet, malgré l’injection d’eau, le niveau ne monte pas comme prévu.

Mardi 29 mars, TEPCo envisage de vider le condenseur vers d’autres cuves extérieure situées au sud du réacteur n°4, pour ensuite pomper l’eau qui stagne dans le bâtiment qui abrite la turbine dans le condenseur. Le niveau de l’eau dans les galeries souterraines est à environ 1,5 sous le niveau du sol. TEPCo n’a donc pas empilé des sacs de sable pour le moment.

Avril 2011

Mercredi 6 avril, TEPCo a annoncé avoir estimé que 25% du coeur serait endommagé. Elle se base pour cela sur les taux de xénon et krypton mesurés à proximité du réacteur. Elle n’en sait pas plus sur l’étendue et la nature des dommages.

Jeudi 14 avril, l’autorité de sûreté japonaise a annoncé que la température du réacteur n°3 augmentait sans que l’on sache pourquoi. Elle est passée de 170°C mardi à 200°C mercredi et 250°C jeudi.  Il n’est pas sûr que ces valeurs soient exactes, mais l’augmentation de la température est confirmée. L’injection d’eau a été ajustée en conséquence.

Dimanche 17 avril, un robot américain a mesuré des débits de dose allant de 28 à 57 millisieverts par heure à l’intérieur du bâtiment réacteur (rez de chaussée), rendant l’intervention des travailleurs difficile. Le robot a aussi photographié de nombreux débris qui l’ont empéché d’avancer plus.

Jeudi 21 avril, il est apparu que le réacteur n°3 suit le réacteur n°2, l’eau très radioactive des sous-sols va bientôt déborder. Elle est à 108 cm seulement en dessous du niveau du sol et le niveau de l’eau est monté de 3 cm entre mardi et mercredi 11h. Il faut donc pomper, mais le condenseur est plein et TEPCo ne sait pas où mettre l’eau.

Samedi 23 avril, un ouvrier a trouvé un gravat de béton ayant un débit de dose de 900 millisieverts par heure près du réacteur n°3. Il a été déplacé avec un équipement lourd. A ce jour, TEPCo aurait injecté 9 600 tonnes d’eau dans ce réacteur.

Mardi 26 avril, TEPCo a annoncé que le niveau de l’eau monte dans les galeries souterraines. Il est à 98 cm sous le haut du tunnel et a monté de 3 cm ces dernières 24h. TEPCo ne peut pas évacuer cette eau, faute de cuve de stockage.

Mercredi 27 avril, TEPCo a revu à la hausse le taux d’endommagement du combustible dans le coeur du réacteur : il est passé de 25 à 30%.

Samedi 30 avril, TEPCo a commencé à installer des pompes et tuyaux pour évacuer l’eau qui inonde les sous-sols. Elle injecte actuellement 6,5 tonnes d’eau par heure dans le réacteur. L’eau des sous-sols continue à monter et est à 94 cm du niveau du sol.

Mai 2011

Dimanche 1er mai, le niveau d’eau monte toujours : 90 cm sous le niveau du sol à 7h. TEPCo est en train d’installer le matériel pour évacuer l’eau.

Jeudi 5 mai, on a appris que la température du réacteur n°3 avait augmenté : à 11h, il y avait 143,5°C en bas du réacteur, soit 33°C de plus qu’une semaine avant. TEPCO est donc passé de 7 à 9 tonnes par heure pour l’injection d’eau.

Dimanche 8 mai, la température est à nouveau montée : 206°C au niveau de la partie supérieure de la cuve, contre 163°C la veille à 11h. En bas de la cuve, elle était de 150,3°C la veille à 11h contre 110°C environ en avril. TEPCo envisage de remplacer le système d’injection d’eau qui fuit peut-être.

Mardi 10 mai, TEPCo a rendu publics des résultats d’analyse de l’eau de la piscine du réacteur n°3 : 140 millions de becquerels de césium 134, 150 millions de becquerels de césium 137 et 11 millions de becquerels de d’iode 131 par litre. Ces substances n’étaient pas détectées le 2 mars, avant l’accident. Une vidéo de la piscine peut être téléchargée sur le site de TEPCo.
Quant au réacteur, suite à la montée en température, TEPCo a injecté 9 tonnes d’eau par heure depuis mercredi dernier, contre 7 tonnes par heure auparavant. Mais le bas du réacteur est toujours à 150,6°C à 5h. La compagnie soupçonne qu’une partie de l’eau n’atteint pas la cuve. Elle veut utiliser donc un autre tuyau d’entrée à partir de jeudi si tout va bien.
Enfin, l’eau des sous-sols est à 76 cm du niveau du sol, soit une montée de 16 cm ces 10 derniers jours. La compagnie s’était donné comme objectif de commencer à pomper à partor d’un mètre…

Un robot a détecté des débits de dose allant de 49 à 120 millisieverts par heure dans la section Nord-Ouest du bâtiment réacteur rendant difficile l’intervention humaine. Des photos montrent que des débris jonchent le sol et qu’une porte donnant sur l’extérieur est grande ouverte.

Mercredi 11 mai, TEPCo a découvert que de l’eau très radioactive fuyait dans une fosse à l’extérieur du réacteur n°3. Cette fosse est proche de la prise d’eau en mer, mais la compagnie ne sait pas si cette eau va ensuite dans la mer ou non. Le débit de dose près de la surface de cette eau est de 1,5 millisieverts par heure.

Jeudi 12 mai, TEPCo a admis qu’elle savait depuis dimanche 8 mai que le niveau d’eau était alarmant dans les sous-sols. La compagnie aurait colmaté cette fuite avec du béton. Elle ne sait depuis quand cela fuyait. A l’aide d’une caméra, les ouvriers ont découvert que cette eau partait dans la mer. La contamination en césium 134 dans la fosse est de 37 millions de becquerels par litre. Celle en césium 137 était de 39 millions de becquerels par litre. Dans la mer, à proximité de la prise d’eau et à l’intérieur de la barrière mise en place, il y avait environ 2 millions de becquerels par litre pour ce même élément.
TEPCo pense que cette eau vient du bâtiment turbine puisque le niveau a commencé à baisser mardi 10 mai. Voir le communiqué laconique de TEPCo à ce sujet.

L’édition du samedi 14 mai du quotidien Asahi (version anglaise) révèle que TEPCo avait caché des données avant l’explosion du réacteur n°3 qui a blessé 7 ouvriers. Le journal a obtenu une note d’une centaine de pages contenant l’évolution des niveaux de radioactivité ainsi que le niveau d’eau et la pression dans le réacteur. Ces données n’ont jamais été rendues publiques. Le 13 mars à 13h17 il y avait 300 millisieverts par heure à la porte d’entrée du bâtiment réacteur. Des valeurs similaires voire supérieures ont été enregistrées au Nord de la porte vers 14h31. Les intervenants qui essayaient de prendre le contrôle du réacteur n’étaient pas informés de ces niveaux.
Les données font aussi apparaître une forte concentration en hydrogène alors que la compagnie tentait d’injecter de l’eau de mer dans le réacteur. L’explosion a eu lieu le lendemain à 11h.

Dimanche 15 mai, TEPCo a annoncé avoir mesuré la veille 140 000 becquerels de césium 134 par litre d’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°3. Pour le césium 137, c’est 150 000 becquerels par litre. C’est moins que vendredi.

Lundi 16 mai, TEPCo a annoncé commencer à pomper l’eau des sous-sols à partir du lendemain. Elle estime à 22 000 tonnes la quantité à évacuer. C’est que le niveau de l’eau a encore monté de 20 cm ces deux dernières semaines. La compagnie espère pomper 4 000 tonnes à un rythme de 10 tonnes par heure.
Le conseiller spécial du premier ministre, Goshi Hosono, a déclaré que TEPCo a mis plus de 6 heures pour injecter de l’eau dans les réacteurs 2 et 3 après le séisme et le tsunami. Il est donc fort probable que les coeurs aient largement fondu.

Mardi 17 mai, TEPCo a expliqué qu’environ 70 camions générateur d’électricité des forces armées étaient rapidement arrivé sur le site de la centrale, mais qu’ils avaient été inutiles : des débris jonchaient le sol ou des circuits électiques étaient inondés. Un camion a finalement pu être branché au circuit électrique du réacteur n°2 environ 24 heures après le séisme, mais peu de temps après l’explosion du réacteur n°1 a grillé des cables et rendu le générateur inopérant. L’explosion du réacteur n°3 qui a eu lieu deux jours plus tard a endommagé plusieurs véhicules de secours.

Mercredi 18 mai, une reconstitution des évènements faite par le quotidien Asahi du jour (version anglaise) la pression dans la cuve a commencé à chuter dans la nuit du 15 mars. Le 16 mars vers minuit, elle était au niveau de la pression atmosphérique. Au même moment, la pression dans l’enceinte de confinement qui entoure la cuve a fait un bond. Le 20 mars, elle a encore bondi, ce qui suggère que du combustible fondu a fuit et est entré en contact avec le béton. Par conséquence, une fumée grise s’est élevée au dessus du réacteur n°3 un peu avant 16h le 21 mars.
Ce réacteur demeure inaccessible à cause des niveaux de radiation et des débris qui jonchent le sol. Il est par ailleurs instable : la température augmentant depuis la fin avril.
TEPCO n’a pas été en mesure d’injecter de l’azote pour prévenir une explosion hydrogène.

Vers 16h30, des hommes ont pénétré pour la première fois depuis l’explosion dans le bâtiment réacteur n°3. Ils ont fait des mesures de débit de dose en vue d’injecter de l’azote. Ils ont mesuré des débits de dose allant jusqu’à 170 millisieverts par heure près d’une canalisation et 50 millisieverts par heure près d’une valve.

Vendredi 20 mai, TEPCo a trouvé un débris devant le réacteur n°3 avec un débit de dose de 1 000 millisieverts par heure. A l’intérieur, jusqu’à 900 millisieverts par heure ont été mesurés.

Samedi 21 mai, TEPCo a estimé à 20 térabecquerels (20 millions de millions de becquerels), la quantité d’éléments radioactifs rejeté en mer par la fuite du réacteur n°3. 250 tonnes d’eau auraient fui. C’est beaucoup moins que la fuite du réacteur n°2, mais plus que l’autorisation de rejet.

Lundi 23 mai, TEPCo continue à pomper l’eau radioactive des sous-sols des réacteurs n°2 et 3, mais va bientôt devoir arrêter par faute de place. En effet, l’installation de traitement de l’eau ne sera pas prête avant la mi-juin. 2 700 tonnes ont été transférées du réacteur N°3 à ce jour, à un rythme de 20 tonnes par heure. Il reste 1 300 tonnes à transférer pour remplir la cuve.

Mardi 24 mai, TEPCo a confirmé que le combustible du réacteur n°3 avait fondu. Il se peut que la cuve soit endommagée, mais TEPCO doit encore mesurer le niveau de l’eau pour le savoir. La compagnie estime que le refroidissement a été perdu à 2h00 le 13 mars, que le coeur a commencé à fondre le même jour à 9h et qu’il a complètement fondu à 3h le 14 mars, soit 60 heures après l’arrêt du réacteur. La température a dû atteindre 2 800°C à ce moment là. Les températures actuelles font penser que le coeur fondu est bien refroidi.
TEPCo évalue à 600 kg la quantité d’hydrogène générée lors de la phase de fusion.
TEPCo estime que 50% du coeur est endommagé si le niveau de l’eau a été maintenu, mais elle n’y croit plus trop.

Mercredi 25 mai, des données nouvelles suggèrent qu’un système de refroidissement de secours du réacteur a été endommagé par le séisme, pas par le tsunami. Un ballon pressurisé normalement à 75 atmosphères doit injecter de l’eau automatiquement dans le réacteur en cas de baisse de niveau d’eau dans la cuve. Mais la pression a baissé à 10 atmosphères en 6 heures, ce qui est impossible en temps normal. D’où le soupçon d’une fuite provoquée par le séisme qui a entraîné la baisse de pression.
Mais TEPCo maintient sa position : le tremblement de terre n’y est pour rien, tout est dû au tsunami exceptionnel. Et d’accuser le dysfonctionnement d’un capteur de pression.

Lundi 30 mai, avec le passage du typhon, les fortes pluies ont interrompu les travaux sur place et entraîné une montée rapide des niveaux dans les sous-sols. En temps normal, le niveau monte de 3 cm par jour. Mais entre le dimanche 29, 7h, et le lundi 30 à 7h, le niveau a monté de 4,4 cm dans une galerie souterraine et de 4,2 cm dans le bâtiment turbine du réacteur n°3.

Juin 2011

Mercredi 1er juin, le niveau de l’eau a encore monté de plus de 2 cm depuis la veille.

Jeudi 2 juin, l’eau des sous-sols du réacteur n°3 n’est plus qu’à 24 cm du niveau du sol.

Vendredi 3 juin, TEPCo commencé à vider le condenseur d’une capacité de 3 000 tonnes vers une autre cuve temporaire afin de pouvoir pomper l’eau des sous-sols dans le condenseur à partir de la semaine suivante. TEPCo estime à 28 100 tonnes l’eau qui encombre les sous-sols du réacteur n°3. A 7h, le niveau de l’eau n’est plus qu’à une vingtaine de cm du niveau du sol.

Lundi 6 juin, la NISA a estimé, à partir des données de TEPCo, que la fusion du coeur a eu lieu 79 heures après le séisme, soit 13 heures plus tard que ce qu’avait estimé TEPCo.

Mardi 7 juin, la NISA a revu à la hausse la quantité d’hydrogène produite lors de la fusion du coeur du réacteur n°3. Elle estime à 1 000 kg cette quantité.

Vendredi 10 juin, TEPCo a envoyé 9 travailleurs dans le bâtiment réacteur pendant 20 minutes. Ils ont détecté un débit de dose de 100 millisieverts par heure près de l’enceinte de confinement et sont donc ressortis. TEPCo essaye de limiter à 5 millisierverts par heure l’exposition des travailleurs.

Mercredi 15 juin, TEPCo a mis en ligne une nouvelle vidéo du réacteur n°3. Elle peut être téléchargée ici. Par ailleurs, la compagnie devrait commencer samedi à installer un système de refroidissement de la piscine en circuit fermé. Actuellement, TEPCO injecte de l’eau tous les 4 jours et la température est de 60°C environ. Elle drevrait passer sous les 40°C quand les travaux seront terminés début juillet.

Mercredi 22 juin, la température du réacteur monte car TEPCo a réduit le volume d’eau injectée pour ralentir la survenue des débordements des sous-sols inondés. La température en haut et en bas du réacteur a augmenté de 4 et 7°C respectivement. La température des deux autres réacteurs est restée stable. La compagnie ne va pas augmenter la quantité d’eau injectée dans le réacteur n°3, mais va continuer à surveiller attentivement la température. Dans les deux autres réacteurs, elle va diminuer le volume d’eau injectée.
Le niveau de l’eau dans une galerie souterraine du réacteur n°3 a atteint son plus haut niveau depuis le début de la crise et n’est plus qu’à 12 cm du niveau du sol (à 7h, heure locale). Si l’eau n’est pas pompée, cela pourrait déborder le mercredi suivant, voire avant s’il y a de fortes pluies. Fin mai, le niveau était monté de 6,5 cm en un jour suite au passage d’un cyclone à proximité.
A 10h, la compagnie a annoncé avoir réussi à traiter 1 825 tonnes d’eau contaminée depuis le 17 juin. Cela a permis de pomper de l’eau des sous-sols du réacteur n°3 et le niveau est resté à 12 cm sous la surface alors qu’auparavant, il augmentait de 2 cm par jour environ.
Même si la station d’épuration finit par fonctionner normalement, TEPCo n’est pas à l’abri d’un débordement en cas de fortes pluies.

Jeudi 30 juin, TEPCo a mis en service un système de refroidissement de la piscine de combustibles usés en circuit fermé.

Juillet 2011

Vendredi 1er juillet, TEPCo a envoyé un robot pour nettoyer l’intérieur du bâtiment réacteur. Il enlève les débris et poussières radioactifs. Le but est de faire baisser le niveau de radioactivité ambiante pour permettre aux travailleurs d’entrer et installer un système d’injection d’azote afin de prévenir une nouvelle explosion hydrogène. Une vidéo du nettoyage peut être téléchargée ici sur le site de TEPCo.

Samedi 2 juillet, la température de la piscine de combustibles usés était de 39,9°C à 5h contre 62°C la veille. La compagnie espère descendre à 30°C dans les jours qui suivent. Un autre robot a été envoyé dans le bâtiment réacteur pour mesurer le niveau de radioactivité ambiant. Il a baissé grâce au nettoyage de la veille mais est encore trop élevé pour permettre une intervention humaine.

Jeudi 7 juillet, il est fort possible que l’injection d’azote soit retardée dans le réacteur n°3 car les niveaux de dose sont trop élevés. Jusqu’à 50 millisieverts par heure ont été détectés par un robot.

Vendredi 8 juillet, TEPCo a cependant décider d’envoyer des hommes pour voir s’il est possible de brancher des tuyaux pour injecter de l’azote car les robots ne peuvent pas approcher à cause des débris qui jonchent le sol.

Mardi 12 juillet, TEPCo a fini d’installer la tuyauterie pour injecter de l’azote et attend le feu vert des autorités.

Jeudi 14 juillet, TEPCo a reçu le feu vert pour injecter de l’azote dans le réacteur n°3 et elle a commencé rapidement après.

Vendredi 15 juillet, TEPCo a annoncé avoir injecté 200 m3 d’azote dans la cuve du réacteur, mais la pression n’a pas augmenté. La compagnie soupçonne donc une fuite.

Dimanche 17 juillet est l’échéance de la première étape de la feuille de route que s’est fixée TEPCo. La piscine est refroidie en circuit fermé. L’eau injectée dans le réacteur à environ 9 tonnes par heure est de l’eau provenant de la station d’épuration. De l’azote est injecté pour prévenir un risque d’explosion hydrogène. Mais, le réacteur contniue à fuir vers les sous-sols. On ne peut pas parler de circuit fermé.

Lundi 18 juillet, TEPCo se dépèche de mettre un bout de toit sur le bâtiment turbine du réacteur n°3 avant l’arrivée du typhon Ma-on qui a des trous suite à l’explosion hydrogène. Mais rien n’est fait pour les bâtiments réacteur n°1, 3 et 4 qui n’ont plus de toit non plus. Il pleut déjà fortement sur l’Ouest du pays.
Un premier trou a ainsi été couvert ce jour. Un autre devrait l’être le lendemain.

Mardi 19 juillet, la température en bas de cuve est de 111°C.

Vendredi 22 juillet, à 7h10, une sur-consommation soudaine a déclenché un disjoncteur et coupé l’alimentation électrique des réacteur n°3 et 4. TEPCo a dû suspendre le traitement de l’eau contaminée et le refroidissement de la piscine du réacteur n°3 pendant 5 heures. Le refroidissement a repris grâce à une autre source d’alimentation électrique. Quant au traitement de l’eau, il n’a repris qu’à 15h30. L’injection d’eau et d’azote dans le réacteur n’ont pas été affectés.
Les alimentations électriques de secours ne se sont pas équipées de système d’enclenchement automatique.

Samedi 23 juillet, TEPCo a déclaré que le disjoncteur était mal réglé, c’est pourquoi il s’est déclenché intempestivement. Mais il a tout de même fallu 8 heures pour rétablir le courant partout.

Mardi 26 juillet, TEPCo a envoyer un robot inspecter les tuyaux et valves du réacteur n°3 afin de réduire la quantité d’eau injectée. Elle injecte actuellement environ 390 tonnes d’eau par jour dans les 3 réacteurs, qui fuit ensuite dans les sous-sols après avoir été fortement contaminée. Ce réacteur nécessite plus d’eau que les deux autres : 9 tonnes par heure. Des images prises par le robot sont disponibles ici.

Mercredi 27 juillet, TEPCo a finalement décidé d’envoyer 6 personnes inspecter le réacteur n°3 car le robot n’a pas découvert de fuite particulière. Ils doivent pénétrer dans les 1er et 2ièmes étages pour voir si la tuyauterie peut être utilisée pour le refroidissement. Le débit de dose maximal mesuré par le robot est de 75 millisieverts par heure.

Jeudi 28 juillet, TEPCo a répété qu’il était pour elle inconcevable que les séisme ait endommagé le circuit de refroidissement de secours. Et d’ajouter qu’un ouvrier est entré dans la salle où il y a les pompes de ce circuit et qu’il n’y avait pas de vapeur. Mais il faudra attendre de pouvoir accéder au réacteur pour pouvoir conclure de façon définitive.

Vendredi 29 juillet, TEPCo a arrêté de pomper l’eau contaminée des sous-sols des réacteurs 2 et 3 car la cuve est pleine, la station d’épuration ne pouvant pas traiter les volumes prévus. Selon la compagnie, il n’y a pas de risque de débordement. Elle espère reprendre le pompage d’ici 2 jours.

Août – Septembre 2011

Lundi 1er août, la température en bas de la cuve du réacteur est de 106°C. Pour passer sous les 100°C pour réduire la quantité de vapeur, il faut injecter plus d’eau. Mais comme le système de décontamination de l’eau ne marche pas bien, ce n’est pas possible.

Vendredi 5 août, TEPCo envisage de changer le mode de refroidissement pour le réacteur n°3 car il consomme trop d’eau, environ 3 fois plus que le réacteur n°2 qui est similaire : 216 tonnes par jour contre 84. TEPCo pense que c’est dû au fait que le combustible fondu n’est pas descendu en fond de cuve, mais une partie est restée accorchée au support. L’eau injectée actuellement n’atteint pas se niveau, entraînant un refroidissement inadéquat et une forte consommation d’eau qu’il faut décontaminer ensuite. TEPCo envisage donc d’utiliser un autre circuit de refroidissement qui, comme une douche, asperge les combustibles par le haut. Le 3 août, des employés de TEPCo ont pu inspecter les tuyaux et valves de ce système.

Lundi 8 août, Selon Fumiya Tanabe, un scientifique qui a été chercheur au Japan Atomic Energy Research Institute, estime qu’il y a eu deux fusions dans le réacteur n°3. Le réacteur a été à sec pendant six heures environ avant l’injection d’eau à 9h25 le 13 mars. Le lendemain à 11h, il y a eu une explosion hydrogène due à la fusion du coeur. 300 tonnes d’eau par jour ont été injectées dans le réacteur jusqu’au 20 mars selon les données de TEPCo. Mais entre le 21 et 23 mars, seulement 24 tonnes d’eau ont été injectées. 69 tonnes le 24 mars. Ce serait dû à une augmentation de la pression qui a empêché l’eau de pénétrer. M. Tanabe, qui travaillé sur l’accident de Three Mile Island quand il était chercheur, cette quantité d’eau ne représente que 11 à 32% de la quantité nécessaire pour refroidir le coeur. Dans de telles conditions, le coeur peut entrer en fusion  en une journée, entraînant de nouveaux rejets radioactifs. Selon M. Tanabe, le combustible en fusion aurait percé la cuve pour atteindre l’enceinte de confinement. Il appuye ses dires sur les niveaux élevés de radioactivité mesurés sous les vents à cette époque au niveau de Kita-Ibaraki, Takahagi et Mito. Entre 1h et 3h le 21 mars, la pression est soudainement montée à 110 atmosphères, ce qui serait un autre signe d’une seconde fusion. Des fumées noires ont été vues au dessus du réacteur les 21 et 23 mars qui pourraient être dues à la réaction entre le corium (coeur fondu) et le béton.
Afin de proclamer l’arrêt à froid, il faut encore mesurer la température au bon endroit, c’est à dire là où il y a le combustible.

Début août, la température de la piscine varie entre 35 et 40°C.

Jeudi 1er septembre, après midi, TEPCo a commencé à asperger l’eau de refroidissement comme avec une douche car elle pense qu’une partie du combustible est resté accroché et n’est pas descendu en fond de cuve.

Samedi 3 septembre, la méthode semble efficace puisque la température a baissé. A 5h, la température en haut de cuve était de 115,7°C, soit environ 3° de moins que jeudi matin. En bas de cuve, elle était de 107,7°C, soit environ 2° de moins que l’avant-veille.

Lundi 5 septembre, la température de la cuve du réacteur est passée sous la barre symbolique des 100°C, ce qui redonne espoir à TEPCo qui envisage d’asperger de la même façon le coeur du réacteur N°2.

Vendredi 9 septembre, juste un mois et un jour après que Fumiya Tanabe ait avancé l’hypothèse d’une deuxième fusion dans le réacteur n°3, TEPCo a démenti, étude à l’appui. Alors que les autorités n’avaient rien demandé, TEPCo a rédigé pas moins de 565 pages (disponibles ici en japonais) pour réfuter la deuxième fusion du réacteur n°3. Etonnant pour une compagnie plutôt avare de détails sur ce qui s’est passé. Une version anglaise a été promise. En attendant, il y a des graphes en anglais pour prouver ses dires.

Samedi 10 septembre, TEPCo publie une vidéo sur le système de refroidissement des réacteurs. C’est en japonais, mais les images parlent d’elles-même. A voir sur le site de TEPCo ou Youtube. Une version anglaise est maintenant disponible sur le site de TEPCo : à regarder en ligne ou télécharger.

Vendredi 16 septembre, TEPCo a aussi indiqué qu’elle allait augmenter le débit d’injection d’eau de 7 à 12 tonnes par heure dans le réacteur afin de réduire la température du coeur. Cela aura pour conséquence d’augmenter le volume d’eau à décontaminer.

Mardi 20 septembre, la température du réacteur (à l’extérieur de la cuve) est de 88°C.

Dimanche 25 septembre, TEPCo a mis en ligne sur son site une vidéo muette avec des images prises par une caméra suspendue à une grue. Elle peut être téléchargée ici. On voit bien l’ampleur des dégats provoqués par l’explosion hydrogène. On aperçoit aussi de la vapeur d’eau.

Octobre – Décembre 2011

Samedi 8 octobre, TEPCo a rendu publiques de nombreuses photos des réacteurs et de la centrale. Elles sont rassemblées dans un fichier pdf avec légendes en anglais.
La compagnie diffuse aussi une vidéo à télécharger du sommet du bâtiment réacteur prise à partir d’une caméra suspendue à une grue. Les explications sont ici en anglais. Les images, qui sont datées du 6 octobre, n’apportent rien… Comme on ne voit pas de vapeur d’eau, TEPCo pense que la température du coeur a bien baissé.

Mercredi 12 octobre, vidéo de l’intérieur du bâtiment réacteur prise depuis une caméra suspendue. Vidéo à télécharger ici. Explications ici en anglais.

Samedi 5 novembre, TEPCo a mis en ligne des photos prises après des travaux de déblaiement au rez de chaussée du réacteur n°3 par un robot. Il y a aussi des relevés de débit de dose : le débit maximal relevé est de 620 millisievert par heure. L’intervention humaine est impossible : en 10 minute, la dose de 100 millisievert est atteinte ! Le document en anglais est ici.
Des vidéos des travaux du robot peuvent être téléchargées ici et ici.

Elle au aussi publié une vidéo prise par une caméra pendue à une grue au dessus du réacteur qui permet de visualiser les dégâts. Elle peut être téléchargée ici. La localisation de la prise de vue est ici.

Samedi 12 novembre, 8 mois après le déclenchement de la catastrophe, la température en bas de la cuve du réacteur n°3 est de 69°C, de l’azote est injecté régulièrement, il y a 22 900 tonnes d’eau contaminée dans les sous-sols. Des débris très irradiants gènent toute intervention dans le réacteur. Ils vont être retirés à l’aide d’une grue.

Mercredi 16 novembre, un robot a mesuré jusqu’à 1 300 millisieverts par heure (1,3 Sv/h !) dans un coin du rez de chaussée du réacteur n°3. C’est la plus forte valeur mesurée dans le bâtiment de ce réacteur pour le moment. Le lieu est indiqué ici en anglais avec d’autres mesures de débit de dose. Une vidéo de la mesure peut être téléchargée ici (avancez à 2 min).

Mardi 22 novembre, après nettoyage des rails par un robot, le débit de dose a augmenté pour atteindre 1 600 millisieverts par heure (1,6 Sv/h). Les détails sont ici en anglais. Une vidéo du nettoyage peut être téléchargée ici. Une vidéo des rails nettoyés peut être téléchargée ici.

Jeudi 24 novembre, TEPCo a annoncé vouloir réduire la quantité d’eau injectée pour augmenter la température des réacteurs 1 à 3, c’est à dire l’inverse de ce qu’elle a chercher à faire jusqu’à maintenant. Par crainte d’une explosion hydrogène, la compagnie espère ainsi augmenter la part de vapeur d’eau dans la cuve du réacteur. Elle est aussi en cours de préparatifs pour injecter de l’azote dans la cuve. La température est actuellement inférieure à 70°C et TEPCo veut repasser au-dessus de 80°C. En bas de la cuve, la température est actuellement de 66,6°C.
La quantité d’eau injectée va être réduite de 1,5 m3/h pour passer à 8,5 m3/h dans le réacteur n°3.

Mercredi 30 novembre, TEPCo assure que le combustible fondu (corium) est resté dans l’enceinte de confinement et ne l’a pas traversée. Il est donc refroidi par l’injection d’eau. Pour le réacteur n°3, TEPCo estime que 63% du combustible a fondu. Si tout ce corium s’était retrouvé sur le socle en béton et acier de cette enceinte, TEPCo a calculé qu’il aurait érodé le béton sur une épaisseur de 20 cm. Mais TEPCo pense que la plus grande partie est restée dans la cuve du réacteur. Un expert officiel de la Japan Nuclear Energy Safety Organization contredit cette analyse et pense que la majorité du corium a traversé la cuve.
Les diapos de la présentation sont ici en japonais. Le texte explicatif est ici en japonais. D’autres séries de diapos sur le même sujet sont disponibles en japonais ici, ici, ici et ici. Les calculs ont été faits à l’aide d’un code intitulé Modular Accident Analysis Program et développé par Fauske & Associates LLC, une filiale de Westinghouse Electric.
Toujours est-il que cette enceinte de confinement fuit et que l’eau de refroidissement, fortement contaminée, s’écoule dans les sous-sols et que cela va durer encore des années car il n’est pas possible d’approcher pour colmater les fuites.
Ce que TEPCo ne dit pas, c’est que le corium n’est refroidi qu’en surface et doit continuer à ronger le béton. Une estimation de ce processus serait utile.

Mercredi 28 décembre, suite à une inspection de l’installation de traitement des gaz évacués en situation d’urgence qui a eu lieu le 22 décembre, TEPCo pense que les explosions hydrogène pourraient être dues à un défaut de conception des réacteurs. Jusqu’à maintenant, TEPCo prétendait que l’hydrogène accumulé dans le bâtiment réacteur provenait de fuites de l’enceinte de confinement ou de tuyaux de connexion. Mais l’inspection du 22 décembre a montré que de l’hydrogène a bien pu être refoulé vers le bâtiment réacteur lors de la dépressurisation des enceintes de confinement pour éviter qu’elles ne soient endommagées.
Dans le réacteur n°3, les gaz contenus dans l’enceinte de confiment ont été ventilés vers l’extérieur à plusieurs reprises à partir du 13 mars. L’hydrogène doit alors passer à travers un système de traitement de ces gaz. Les tuyaux sont équipés de valves anti-retour qui n’étaient pas entièrement étanches. De l’hydrogène a donc pu s’accumuler à partir de là dans le bâtiment réacteur. Les valves anti-retour se positionneraient en position ouverte en l’absence d’alimentation électrique…
On savait déjà que ces tuyaux d’évacuation des gaz sont connectés au réacteur n°4 où de l’hydrogène a pu y être refoulé, provoquant une explosion. Le réacteur n°4 n’est pas équipé de valves empèchant l’arrivée de gaz en provenance du réacteur n°3.
C’est la même chose pour le réacteur n°1 où il y a aussi eu une explosion hydrogène. Et c’est la même chose pour tous les réacteurs à eau bouillante du Japon exploités par TEPCo, mais aussi par Tohoku Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., Hokuriku Electric Power Co., Chugoku Electric Power Co., et Japan Atomic Power Co.
La NISA a dit ce jour, qu’elle ne peut pas nier que l’hydrogène ait pu s’accumuler de cette façon. Elle étudie sérieusement le problème. Mais, elle pense que de grandes quantités d’hydrogène ont pu fuir directement des enceintes de confinement.

Janvier – février 2012

Jeudi 12 janvier, TEPCo a découvert environ 300 tonnes d’eau très contaminée dans un tunnel situé à proximité du réacteur n°3. L’eau est contaminée entre 49 000 et 69 000 Bq/l en césium. La compagnie ne sait pas comment cette eau est parvenue dans ce tunnel qui sert à faire passer des cables électriques.

Vendredi 20 janvier, 600 tonnes d’eau très contaminée ont été trouvé dans une fosse située à proximité du réacteur n°3. La concentration en césium est de 860 000 becquerels par litre. Plus de détails ici en anglais.

Mardi 7 février, TEPCo a présenté le système de traitement des gaz prévu pour ce réacteur. C’est ici en anglais et c’est très laconique, comme d’habitude.

Etat actuel du réacteur

Ce réacteur est chargé avec du MOx, un combustible plus dangereux que le combustible classique. Le coeur de 548 grappes est partiellement fondu. 25% du combustible du coeur serait endommagé. Le 27 avril, TEPCo a revu à la hausse le taux d’endommagement du combustible dans le coeur du réacteur : il est passé à 30%. Après avoir découvert début mai que le combustible du réacteur n°1 était beaucoup plus endommagé que ce qui était envisagé, il se peut que la combustible ait largement fondu car il s’est passé 6 heures avant que TEPCo n’injecte de l’eau dans le réacteur. Le combustible fondu aurait percé la cuve.

TEPCo évalue à 600 kg la quantité d’hydrogène générée lors de la phase de fusion. La NISA pense que c’est plutôt 1 000 kg.

Selon le Prof. Koide, de l’université de Kyoto, les barres de combustibles dans le coeur dégagent environ 6 000 kilowatts sous forme de chaleur. Cela devrait passer à 3 000 kilowatts dans 6 mois et 2 000 kilowatts dans un an.

Selon la NISA (autorité de sûreté japonaise), des gaz radioactifs ont été relâchés trois fois les 12, 13 et 14 mars pour faire baisser la pression.  De l’eau de mer continue à y être pompée. Depuis le 25 mars, c’est de l’eau douce qui est utilisée.

Malgré les pompages, la jauge indiquant le niveau d’eau n’a pas bougé : elle ne doit peut-être plus fonctionner. L’appareil de mesure de la pression dans la chambre de suppression ne fonctionne plus depuis lundi 14 mars, sans que l’on sache pourquoi.

Le débit dose maximal enregistré le 14 mars au niveau de l’enceinte de confinement était de 167 sieverts par heure (non, il n’y a pas d’erreur d’unité !). Il est actuellement de 20 à 30 sieverts par heure. Il est donc impossible de s’en approcher : un intervenant atteindrait sa limite de dose en une minute environ.

De l’eau douce est injectée depuis le 25 mars et de l’azote depuis le 14 juillet.

L’électricité d’origine extérieure au site est maintenant disponible pour ce réacteur. Le système de refoidissement de la piscine est rétabli.

Le condenseur a une capacité de 3 000 tonnes et est plein.

De la vapeur d’eau s’échappe de l’enceinte de confinement.

La piscine contient 514 assemblages de barres de combustible usé et 52 de combustible neuf. Elle est à moitié pleine. La chaleur émise n’est que de 10% de celle émise dans la piscine du réacteur n°4. Elle a probablement des fuites et c’est pour cela qu’elle a été plus arrosée que les autres. Une vidéo de la piscine prise par TEPCo est disponible ici. On ne voit que les débris qui jonchent la piscine et pas les barres de combustible. La piscine est refroidie par un nouveau système de refroidissement depuis le 30 juin.

Sommaire


Réacteur n°2

Chronologie des évènements

Mars 2011

Dimanche 13 mars au soir (heure japonaise), des préparatifs sont en cours pour injecter de l’eau de mer dans le réacteur n°2 de la centrale de Fukushima dai-ichi. Lundi 14 mars après midi le porte-parole du gouvernement a annoncé qu’il n’y avait plus aucun système de refroidissement fonctionnel dans le réacteur n°2 et que la pression montait dans l’enceinte. Le toit du bâtiment réacteur a été percé lors de l’explosion du bâtiment voisin, permettant d’éviter l’accumulation d’hydrogène et une explosion. Les barres de combustible dans ce réacteur seraient complètement sorties de l’eau. TEPCo se veut rassurante en disant qu’ils ajoutent de l’eau dans le réacteur, mais ne peut pas dénier que le coeur ait commencé à fondre. On ne sait pas exactement combien de temps les barres sont restées hors de l’eau ni la température qu’elles ont atteinte. Il est fait mention de 2 heures et demie. Le seul employé qui s’occupe de la pompe ne se serait pas rendu compte qu’elle manquait du fuel. Un peu plus tard, les autorités ont annoncé que l’eau de mer a atteint un niveau de 2 mètres dans le coeur. Les barres font 4 m.

La situation dans le réacteur n°2 s’est aggravée dans la nuit de lundi à mardi. Le niveau de l’eau a de nouveau baissé. Des chiffres de 3 millisievert par heure ont été annoncés à la télévision japonaise durant la nuit de lundi à mardi (heure locale). La fusion du coeur de réacteur est très probable. Les opérations de pompage ont repris mardi matin très tôt. A 3h, heure locale, la pression a baissé, mais TEPCo ne peut pas confirmer que les barres de combustible sont bien noyées. Des valves pour la vapeur se seraient fermées sans que l’on comprenne pourquoi. Il se pourrait aussi que l’eau fuit de l’enceinte de confinement. Bref, l’eau ne semble pas monter aussi vite qu’attendu.

Mardi 15 mars matin à 6h10, une nouvelle explosion a été entendue et il est probable que l’enceinte de confinement du réacteur n°2 soit endommagée. La “chambre de suppression” qui sert à réguler la pression si la vapeur ne peut pas être conduite correctement à la turbine, est endommagée. Selon les autorités, la situation demeure incertaine dans ce réacteur.

Mardi, il a été annoncé que l’enceinte de confinement n’était plus étanche. Ce réacteur relargue des gaz radioactifs de façon incontrôlée. L’appareil de mesure de la pression dans la chambre de suppression ne fonctionne plus depuis l’explosion.

Le niveau de débit de dose maximal a été enregistré ce jour là à 138 sieverts par heure.

Mercredi 16 mars, la température semble stabilisée.

Jeudi 17 mars, de la vapeur a été aperçue au dessus du réacteur n°2 laissant présager que la piscine se soit aussi mise à bouillir.

TEPCo espérait rétablir l’électricité dans ce réacteur vendredi 18 ou samedi 19 mars. C’est la priorité n°1 pour l’alimentation électrique, car le toit n’ayant pas explosé, il est difficile d’y verser de l’eau dans la piscine depuis l’extérieur. Un cable électrique a été connecté Samedi 19 mars au réacteur n°2 pour relancer les systèmes de refroidissement, mais le courant n’a pas encore été établi. L’électricité est arrivée dimanche 20 mars à 3h46 (heure locale), mais il faut s’assurer de la qualité des circuits électriques avant de les remettre sous tension pour ne pas ajouter un accident électrique. Ils vont commener par rebrancher les détecteurs de radioactivité, la lumière… avant d’essayer de remettre en marche les pompes pour le coeur et la piscine. TEPCo espère aussi pouvoir remettre en route les systèmes de ventilation et les filtres afin de limiter les rejets radioactifs.

Les pompes électriques en place, si elles marchent, sont plus puissantes que les pompes amenées sur le site. Mais la pompe électrique qui pourrait refroidir la piscine du réacteur n°2 chauffe et doit aussi être refroidie avec une autre pompe qui doit, elle-aussi, être opérationnelle…

Ces conditions font qu’il est difficile d’établir un calendrier prévisionnel. D’autant plus que des pièces ont sûrement été endommagées lors de l’explosion qui a eu lieu au niveau de la piscine de suppression.

De la vapeur d’eau a été vue au dessus du réacteur n°2 lundi 21 mars vers 18h20 (heure locale). Elle vient s’ajouter à la fumée vue sur les réacteur n°3 et a retardé les opérations de rétablissement de l’électricité. La radioactivité a soudainement augmenté avant de redescendre. Dans la matinée, les pompiers ont giglé de l’eau dans la piscine de ce réacteur pendant 2 heures environ.

Mardi 22 mars, deux ouvriers travaillant sur le rétablissement du circuit électrique ont été blessés et ont dû être hospitalisés. Ce n’est pas un problème d’irradiation.

TEPCo espère remettre sous tension certains équipements à partir de mercredi 23 mars. Le même jour, la NISA (Autorité de Sûreté japonaise) a expliqué qu’il y a deux jours, le rayonnement était de 500 millisieverts par heure dans la salle des machines, rendant difficile le rétablissement de l’électricité dans la salle de contrôle. Une valeur de 720 millisieverts par heure a été détectée dans le bâtiment de la turbine vendredi dernier. La compagnie n’a donc pas pu redémarrer la pompe du système de refroidissement. La température du coeur varie entre 102 et 109°C.

Vendredi 25 mars, de l’eau très radioactive a été trouvée dans le bâtiment abritant la turbine.

Samedi 26 mars, TEPCo a pu allumer la lumière dans la salle de contrôle de ce réacteur et de l’eau douce additionnée de bore est maintenant utilisée.

Dimanche 27 mars, TEPCo a trouvé une flaque extrêmement radioactive dans les sous-sols du réacteur : le débit de dose de 1 sievert par près de sa surface (les autres données étaient en micro- ou milli-sieverts par heure…). La personne qui a découvert la flaque s’est enfuie immédiatement sans effectuer une mesure de confirmation, ce qui est naturel. Le réacteur a été évacué et l’accès à la pièce contaminée est impossible. Une contamination de l’eau de 2,9 térabecquerels par litre est évoquée (1 téra becquerel correspond à un million de millions de becquerels). C’est 1 000 fois plus que ce qui a été trouvé dans les réacteurs n°1 et 3 et c’est 100 000 fois plus que ce que l’on trouve habituellement dans l’eau des réacteurs.

Cette eau a été en contact direct avec le combustible fondu. Comment est-elle arrivée là ? Confirmation de la non-étanchéité de l’enceinte de confinement ?

Plus tard dans la journée, TEPCo a annoncé qu’elle avait fait une erreur. Les chiffres ci-dessus sont corrigés. Mais, TEPCo avait initiallement annoncé avoir détecté de l’iode 134 à une concentration de 2,9 térabecquerels par litre. Comme cet élément a une demi-vie de 53 minutes, cela aurait signifié que la fuite était récente. TEPCo a ensuite démenti : il n’y a pas cet élément dans l’eau. En revanche, l’iode 131 et le césium 137 sont bien présents à des fortes concentrations. Le détail est disponible ici en anglais.

Le défi est maintenant de pomper cette eau sans trop exposer les intervenants. Il est prévu de mettre l’eau dans une cuve.

Lundi 28 mars, le gouvernement a admis officiellement que le coeur du réacteur a fondu partiellement et sa principale crainte est qu’une fuite de grande ampleur se produise, contaminant la mer et condamnant définitivement l’accès au sol sol du réacteur. D’autant plus qu’une réplique de 6,7 sur l’échelle de Richter a de nouveau secoué la province de Miyagi (avec Sendai comme capitale) dans la matinée.

La veille, une une galerie souterraine (“trench” en anglais et en japonais… qui se traduit par tranchée, mais le schéma du quotidien Asahi montre une galerie) contenant de l’eau extrêmement radioactive a été découverte à proximité du réacteur n°2 : le débit de dose est de 1 Sv par heure (1 000 millisieverts par heure !). Il est de 200 à 300 millisieverts par heure dans l’air à proximité. Une galerie similaire a été trouvée près du réacteur n°1.

Cette galerie étant pleine, elle risque de déborder dans la mer. Il faut d’abord pomper toute cette eau et TEPCo n’a plus de cuve disponible. Le condenseur, d’une capacité de 3 000 tonnes, est plein.

TEPCo a reconnu pour la première fois que l’enceinte de confinement n’était peut être pas étanche. En effet, malgré l’injection d’eau, le niveau ne monte pas comme prévu.

C’est en fait tout le bâtiment générateur qui est inondé par de l’eau contaminée. Il est impossible de remettre en route les turbines et donc le refroidissement dans que l’eau n’a pas été pompée et il y en a de grandes quantités. Le niveau de l’eau dans les galeries souterraines est à environ 1 sous le niveau du sol. TEPCo n’a donc pas empilé des sacs de sable pour le moment.

Dimanche 27 mars, TEPCo a réduit de de 17 tonnes par heure à 7 tonnes par heure, la quantité d’eau injectée dans le réacteur. La température est alors passée de 125 °C dimanche à 148°C à 19h lundi 28 mars et à 152°C à 2h mardi 29 mars.

Avril 2011

Samedi 2 avril, TEPCo annoncé avoir découvert une fissure d’une vingtaine de centimètres dans une fosse du réacteur n°2 entraînant une fuite d’eau très contaminée vers la mer. Le débit de dose à la surface de l’eau qui fuit est de 1 sievert par heure (1 000 millisieverts par heure !). A la demande de l’autorité de sûreté, l’exploitant compte colmater la fuite avec du béton le plus rapidement possible et inspecter les autres réacteurs. La fosse est à proximité d’une prise d’eau utilisée pour pomper de l’eau de mer dans le réacteur. Ses dimensions sont 1,2 m x 1,9 sur une profondeur de 2 m. Elle sert habituellement à stocker des cables et elle directement reliée au bâtiment réacteur via une galerie souterraine permettant de faire passer des cables. Il se peut donc que l’eau contaminée vienne directement du réacteur. La galerie en question ici n’est pas la même que celle qui sert à faire passer des tuyaux et où l’on a trouvé de l’eau aussi contaminée. Bien que ces deux galeries soient connectées, on n’avait pas trouvé d’eau dans celle des cables car elle est plus élevée. Combien d’eau a fui par là et pendant combien de temps ? Personne ne sait pour le moment. Lire le communiqué de TEPCo en anglais.

L’eau de cette fosse serait contaminée à 5,2 à 5,4 milliards de becquerels d’iode 131 par litre.

Dimanche 3 avril, TEPCo a commencé à injecter un polymère absorbant mélangé à de la sciure et du papier dans la fissure. Les tuyaux menant à la fosse devraient suivre. Ce polymère, similaire à ce qui est utilisé dans les couches-culottes, peut absorber 50 fois son volume. Mais, l’eau radioactive continue à couler dans la mer malgré les efforts de TEPCo de colmater la fuite avec du béton, puis des polymères. Le béton n’a pas pris dans l’eau. Près de 60 kg de sciure et papiers additionnés de 8 kg de polymère ont été injectés en vain.
Voir la photo de la fuite sur le site du quotidien Asahi.

Lundi 4 avril, TEPCo a injecté 13 kg de colorant dans les galeries souterraines inondées à 7h (heure locale), mais à à 11h, rien n’était encore sorti au niveau de la fuite.

Mardi 5 avril, TEPCo a annoncé avoir prélevé, devant le réacteur n°2 le samedi précédent, un échantillon d’eau de mer qui avait une concentration en iode 131 qui était à 7,5 millions de fois la limite. Le débit de la fuite du réacteur n°2 semble diminuer. TEPCo y voit un signe d’encouragement : ses dernières tentatives de la colmater en injectant 1 500 litres de silicate de sodium.

Mercredi 6 avril, TEPCo a annoncé avoir trouvé le chemin suivi par l’eau et à 5h38, la fuite du réacteur n°2 a été colmatée.

Samedi 9 avril, TEPCo a commencé à construire une clôture en acier pour retenir d’éventuelles fuites vers la mer. Ils ont commencé par la zone du réacteur n°2 où il y avait eu la fuite.

Le Yomiuri rapporte que des experts de la NRC (autorité de sûreté américaine), le réacteur n°2 serait plus endommagé que ce que l’on pensait. Du combustible fondu serait probablement sorti de la cuve pour s’accumuler au fond de l’enceinte de confinement. Ce sont les niveaux de radioation à proximité qui l’induisent à cette conclusion. L’autorité de sûreté japonaise a précisé que cela ne correspondait pas à son point de vue sur la question.

Dimanche 10 avril, TEPCo a annoncé commencer à pomper l’eau très contaminée des sous-sols du réacteur. Il y a une certaine urgence car le niveau monte et risque de déborder. L’eau est introduite dans le condenseur de 3 000 tonnes qui a fini d’être vidé la veille.

Mercredi 13 avril, TEPCo a annoncé avoir pompé la veille 600 tonnes d’eau des sous-sols de ce réacteur. Elle espère arriver à 700 tonnes jeudi. Le niveau aurait baissé de 8 cm le mercredi à 11h. Il y en a encore pour des semaines.

Jeudi 14 avril, TEPCo a continué à pomper. Elle était arrivée à 660 la veille au soir. Mais le niveau de l’eau dans la galerie souterraine est monté de 4,5 cm entre la veille à 18h et le jeudi à 11h. ce qui fait que l’eau n’a baissé que de 1,5 cm depuis le début du pompage mardi. Cette remontée est peut-être due au fait que de l’eau continue à être injectée dans le réacteur.

TEPCo a aussi annoncé avoir mis en évidence une augmentation de la contamination de l’eau souterraine sous les réacteurs n°1 et 2. Sous le réacteur n°2, la concentration en iode 131 est passée de 36 000 becquerels par litre le 6 avril à 610 000 becquerels par litre, soit 17 fois plus.

Samedi 16 avril, la contamination de l’eau de mer à l’intérieur du système de barrières mis en place à proximité du réacteur n°2 a soudainement monté ce jour. Cela semble indiquer que la barrière sert bien à contenir la radioactivité, mais aussi qu’il y aurait probablement encore des fuites vers la mer. Il y avait 260 000 becquerels d’iode radioactif par litre d’eau samedi matin, contre 42 000 la veille, soit 6 fois plus. La concentration en césium est aussi 4 fois plus forte que la veille. TEPCo va couler des sac de sable contenant de la zéolite pour absorber les contaminants.

Lundi 18 avril, l’eau continue à monter dans les sous-sols du réacteur, faisant craindre une nouvelle fuite importante vers la mer. L’eau est montée de 3 cm la veille et de 82 cm le matin à 7h. Il y a sûrement une fuite du coeur et TEPCo étudie les moyens de la colmater.

La contamination de l’eau de la piscine de combustible du réacteur n°2 est plus élevée que la normale, laissant présager un endommagement du combustible : les mesures faites le samedi précédent faisaient apparaître une contamination en césium-134 de 160 millions de becquerels par litre, en césium-137 de 150 millions de becquerels par litre et en iode-131 de 4,1 millions de becquerels par litre.

Mardi 19 avril, TEPCo a commencé à pomper les 25 000 tonnes d’eau très radioactive des sous-sols du réacteur n°2. Elle compte en mettre 10 000 tonnes dans une cuve située au premier étage du bâtiment de stockage situé à 800 m du réacteur. Le débit de dose à la surface de cette eau est de 1 sievert par heure (1 000 millisieverts par heure). Le risque de fuite n’est pas nul et l’exploitant fait passer les tuyaux par les bâtiments réacteur n°3 et 4 pour récupérer l’eau qui pourrait fuire. Il s’agit de la cuve qui a été vidée récemment dans la mer.

Areva a proposé de traiter cette eau à partir de la fin mai à un rythme de 50 tonnes par heure. L’eau issue du traitement serait 1 000 à 10 000 fois moins radioactive, ce qui est encore beaucoup. Rien n’est dit sur le destin des déchets produits. Quant à l’eau issue du traitement, elle devrait être utilisée pour refroidir les coeurs de réacteur.

Mercredi 20 avril à 18h, le niveau de l’eau dans la galerie souterraine a baissé de 2 cm par rapport à la veille. Le robot envoyé dans le réacteur pour l’inspecter et mesurer de nombreux paramètres a été géné par la vapeur : de la buée a rendu la caméra aveugle. Le pompage continue et devrait se terminer le 14 mai.

Jeudi 21 avril, TEPCO a annoncé que la fuite d’eau maintenant colmatée a entraîné un relargage estimé à 520 tonnes d’eau très radioactive, soit 4 700 térabecquerels (1 terabecquerel représente un million de millions de becquerels) ou 20 000 fois l’autorisation de rejet annuel. Plus précisément, il y avait 2 800 terabecquerels d’iode-131, 940 térabecquerels de césium 134 et autant de césium 137. Ce seul rejet mériterait d’être classé au niveau 5 ou 6 de l’échelle internationale INES, note le Yomiuri daté du 23 avril.

Samedi 23 avril, à 7h, TEPCo a annoncé avoir pompé 930 tonnes d’eau des sous-sols. A ce jour, TEPCo aurait injecté 14 000 tonnes d’eau dans ce réacteur.

Dimanche 24 avril, TEPCo a rendu publique une carte de la contamination de la centrale. Les niveaux de débits de dose sont tels que cela gène les opérations. Un débit de dose de 160 millisieverts par heure a été mesuré au contact du tuyau d’évacuation de l’eau des sous-sols. Il est impossible de rester longtemps à proximité. TEPCO ne peut pas expliquer pourquoi il est si élevé.

Lundi 25 avril, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise a entériné l’évaluation de TEPCo et a publié un rapport détaillé sur la fuite dans la mer et son impact. Il est ici en anglais.

Mardi 26 avril, à 7h, le niveau de l’eau dans ls galeries souterraines était toujours à 89 cm sous le niveau de débordement. Le niveau de l’eau ne baisse pas malgré le pompage.

Mercredi 27 avril, TEPCo a revu à la hausse le taux d’endommagement du combustible dans le coeur du réacteur : il est passé de 30 à 35%.

Jeudi 28 avril, TEPCO a annoncé que le niveau de l’eau a baissé de 10 cm pendant les 9 jours de pompage.

Samedi 30 avril, après une pause la veille pour vérifier l’état des pompes et tuyaux et ajouter une nouvelle pompe, TEPCo a repris le pompage à 14h et a annoncé vouloir doubler le débit de pompage en passant à 20 tonnes par heure. 2 400 tonnes ont déjà été pompées depuis le 19 avril. La compagnie espère évacuer 10 000 tonnes d’eau d’ici la mi-mai. Elle injecte actuellement 6,9 tonnes d’eau par heure dans le réacteur.

Mai 2011

Dimanche 1er mai matin, TEPCo continue à pomper : 2 560 tonnes depuis le 19 avril et le niveau d’eau n’a baissé que de 4 cm. A 7h, il est à 84 cm sous le niveau du sol. Elle a abandonné l’idée d’installer une deuxième pompe car la priorité est le réacteur n°3 qui menace de déborder.

Lundi 16 mai, le conseiller spécial du premier ministre, Goshi Hosono, a déclaré que TEPCo a mis plus de 6 heures pour injecter de l’eau dans les réacteurs 2 et 3 après le séisme et le tsunami. Il est donc fort probable que les coeurs aient largement fondu.

Mardi 17 mai, TEPCo a expliqué qu’environ 70 camions générateur d’électricité des forces armées étaient rapidement arrivé sur le site de la centrale, mais qu’ils avaient été inutiles : des débris jonchaient le sol ou des circuits électiques étaient inondés. Un camion a finalement pu être branché au circuit électrique du réacteur n°2 environ 24 heures après le séisme, mais peu de temps après l’explosion du réacteur n°1 a grillé des cables et rendu le générateur inopérant. L’explosion du réacteur n°3 qui a eu lieu deux jours plus tard a endommagé plusieurs véhicules de secours.

Mercredi 18 mai, une reconstitution des évènements faite par le quotidien Asahi du jour (version anglaise) la pression dans la cuve a commencé à chuter précipitament dans la nuit du 15 mars jusqu’à la pression atmosphérique. La pression dans l’enceinte de confinement qui l’entoure a commencé à monter le 16 mars. La chaleur générée par le coeur en fusion a probablement percé la cuve et augmenté la pression.
Le réacteur n°2 demeure inaccessible à cause des niveaux de radiation et de la forte humidité.

Pour la première fois depuis l’explosion, des hommes ont pénétré dans le bâtiment réacteur. Quatres techniciens ont mesuré la radioactivité et inspecté les lieux. Le débit de dose le plus élevé qu’ils ont relevé est de 50 millisieverts par heure. Ils ont pris entre 3 et 4 millisieverts sans être resté plus de 14 minutes à cause de la vapeur. TEPCo veut refroidir l’air du bâtiment et pense que la vapeur vient de la piscine de combustible usé. Comme le toit est resté intact, elle a plus de mal à sortir.
La température a l’intérieur du bâtiment est insupportable pour les humains. Un des 4 techniciens qui ont pénétré dans le bâtiment a fait un malaise à cause de la chaleur, mais a pu être réanimé. Il est difficile de rester plus de 15 minutes dans ces conditions.

Selon TEPCo, l’endommagement de l’enceinte de confinement du réacteur n°2 est probablement due à l’échec de deux tentatives de ventilation au début de la crise : les valves ont été ouvertes par TEPCo à 11h le 13 mars, mais la pression n’a pas baissé. Ni les niveaux de radiation autour. Deux autres valves ont été ouvertes à 12h02 le 15 mars, mais la pression n’a toujours pas baissé. Dans le deuxième cas, les valves se sont refermées automatiquement au bout de quelques minutes car les batteries qui devaient les maintenir ouvertes étaient probablement mortes. La pression n’a pas baissé dans la cuve non plus.

Lundi 23 mai, TEPCo continue à pomper l’eau radioactive des sous-sols des réacteurs n°2 et 3, mais va bientôt devoir arrêter par faute de place. En effet, l’installation de traitement de l’eau ne sera pas prête avant la mi-juin. 8 700 tonnes ont été transférées à ce jour à un rythme de 12 tonnes par heure. Il reste donc 1 300 tonnes à transférer pour remplir la cuve.
TEPCo explique que le niveau de l’eau dans les sous-sols du réacteur n°2 ne va pas changer rapidement et qu’il n’y a pas de risque immédiat d’inondation.

Mardi 24 mai, TEPCo annonce qu’elle va installer un échangeur de chaleur pour la piscine de combustibles usés d’ici la fin du mois car la température actuelle est de l’ordre de 70 – 80°C alors qu’elle devrait être de l’ordre de 30-35°C. Actuellement, la compagnie injecte autant d’eau qu’il ne s’en évapore.
L’échangeur de chaleur va être installé à l’extérieur du bâtiment. L’eau chaude primaire, venant directement de la psicine, va échanger sa chaleur avec de l’eau secondaire qui va être refroidie par ventilation. TEPCo espère atteindre 41°C dans la piscine en un mois.
La tuyauterie du réacteur n°2 étant la moins endommagée, TEPCo commence par ce réacteur. Les autres piscines (1, 3 puis 4) suivront.
TEPCo a confirmé que le combustible du réacteur n°2 avait fondu. Il se peut que la cuve soit endommagée, mais TEPCO doit encore mesurer le niveau de l’eau pour le savoir. La compagnie estime que le refroidissement a été perdu après 13h le 14 mars, que le coeur a commencé à fondre le même jour vers 20h et qu’il a complètement fondu à 20h le 15 mars, soit 101 heures après l’arrêt du réacteur. La température a dû atteindre 2 800°C à ce moment là. Les températures actuelles font penser que le coeur fondu est bien refroidi.
TEPCo estime que 50% du coeur est endommagé si le niveau de l’eau a été maintenu, mais elle n’y croit plus trop.
Pour la première fois, TEPCo estime qu’il est possible que l’enceinte de confinement soit percée. Les trous pourraient avoir 10 cm de diamètre. Si c’est confirmé, cela explique que l’eau injectée inonde les sous-sols. TEPCo va avoir du mal à un système de refroidissement en circuit fermé.
La compagnie estime à 400 kg la quantité d’hydrogène générée par la fusion dans ce réacteur.

Samedi 28 mai, TEPCo a détecté 24 000 becquerels d’iode 131 par litre d’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°2. C’est 4,6 fois plus que la veille. Cela augmente aussi pour les césiums. La compagnie ne sait pas pourquoi.

Lundi 30 mai, avec le passage du typhon, les fortes pluies ont interrompu les travaux sur place et entraîné une montée rapide des niveaux dans les sous-sols. En temps normal, le niveau monte de 3 cm par jour. Mais entre le dimanche 29, 7h, et le lundi 30 à 7h, le niveau a monté de 6,2 cm dans une galerie souterraine du réacteur n°2, de 6,1 cm dans le bâtiment turbine du réacteur n°2.
Le niveau le plus haut n’est plus qu’à 50 cm du niveau du sol et menace donc de déborder.

Mardi 31 mai matin, l’eau est encore montée de 8,6 cm en 24 heures dans la galerie souterraine. Le niveau n’est plus qu’à 39 cm du niveau du sol.
TEPCo injecte 50 tonnes d’eau dans la piscine tous les quelques jours. La température est de 70°C environ, ce qui provoque une humidité de l’ordre de 99% à l’intérieur du bâtiment réacteur (qui a encore son toit…). Cette forte humidité et chaleur s’ajoutent à la radioactivité ambiante pour gêner l’accès au bâtiment.
TEPCo a installé un système de refroidissement à circuit fermé avec échangeur de chaleur. C’est le premier circuit fermé mis en place depuis le 11 mars. La compagnie espère ainsi faire baisser la température de la piscine à 40°C environ. Les réacteurs 1 et 3 devraient suivre en juin et le 4 en juillet.

Juin 2011

Mercredi 1er juin, le niveau de l’eau a encore monté de 6 à 6,2 cm depuis la veille.

Jeudi 2 juin, l’eau des sous-sols du réacteur n° 2 n’est plus qu’à 28 cm du niveau du sol.
La température de la piscine est descendue à 42°C suite à l’installation d’un système de refroidissement.

Vendredi 3 juin, TEPCo estime à 24 600 tonnes l’eau qui encombre les sous-sols du réacteur n°2. A 7h, le niveau de l’eau n’est plus qu’à une vingtaine de cm du niveau du sol.

Lundi 6 juin, l’humidité n’a pas baissé dans le réacteur n°2, malgré le refroidissement de la piscine. TEPCo cherche d’autres solutions pour rendre le réacteur accessible. La compagnie envisage de simplement ouvrir les portes pour aérer le réacteur, mais cela va entraîner des rejets supplémentaires. Elle va donc faire une évaluation avant. Cela retarde d’autant tous les plans d’intervention sur ce réacteur.
La NISA a estimé, à partir des données de TEPCo, que la fusion du coeur a eu lieu 80 heures après le séisme, soit 29 heures plus tôt que ce qu’avait estimé TEPCo.

Mardi 7 juin, la NISA a revu à la hausse la quantité d’hydrogène produite lors de la fusion du coeur du réacteur n°1. Elle estime à 800 kg cette quantité.

Mercredi 8 juin, TEPCo va finalement ouvrir les portes du réacteur n°2 pour chasser la vapeur d’eau radioactive. Mais auparavant, elle va tenter de filtrer l’air pendant 3 jours. Ensuite, la compagnie espère pouvoir injecter de l’azote dans le réacteur pour prévenir une explosion hydrogène.
Une coupure de courant a eu lieu pendant 3 heures dans les salles de contrôle des réacteurs 1 et 2. La transmission des données a été suspendue.

Samedi 11 juin, TEPCo a commencé à filtrer l’air du bâtiment réacteur avec deux pompes équipées de filtre. L’air est ensuite réinjecté.

Jeudi 16 juin, TEPCo a annoncé que la filtration de l’air a entraîné une baisse d’un facteur 10 de la concentration en iode dans l’air du réacteur et d’un facteur 4 du césium. Elle a calculé que l’ouverture des portes aura un impact faible. Elle attend le feu vert de la NISA.

Dimanche 19 juin, TEPCo a ouvert à moitié les portes du réacteur n°2 à 20h51. Elle compte les ouvrir graduellement jusqu’à les ouvrir complètement lundi à 4h s’il n’y a pas de problème. La compagnie veut éviter des courants d’air qui entraîneraient des poussières radioactives. Ensuite, la compagnie va injecter de l’azote dans le réacteur pour éviter une nouvelle explosion hydrogène.

Lundi 20 juin, le taux d’humidité est déscendu à 60% près de la porte ouverte. Mais près de la porte de service pour les matériels, il est toujours de 90%. TEPCo a aussi ouvert cette porte dans l’après midi. Le débit de dose mesuré à l’intérieur est compris entre 5 et 27 millisieverts par heure.

Mercredi 22 juin, un débit de dose de 430 millisieverts par heure a été détecté sur une mezzanine située entre le rez de chaussée et le premier sous-sol. Ce débit énorme est dû à l’eau radioactive qui inonde les sous-sols sur une hauteur de 6,1 mètres.
C’est la première fois que des hommes pénètrent dans un sous-sol du réacteur n°2 depuis le 11 mars.
Au premier étage, le débit de dose atteint 97,2 millisieverts par heure par endroit. Il varie entre 15 et 60 millisieverts par heure au rez de chaussée. Les travaux prévu à l’étage qui devaient commencer jeudi sont reportés à cause du niveau de radiations.
L’humidité dans le bâtiment varie entre 45 et 65%. Des ouvriers ont commencé à installer un capteur du niveau d’eau et une caméra.

Mardi 28 juin, TEPCo a commencé à injecter de l’azote dans le réacteur n°2 pour prévenir une nouvelle explosion hydrogène.

Juillet-Août 2011

Lundi 11 juillet, TEPCo a rendu publiques des photos des étages supérieurs du bâtiment réacteur qui montrent qu’ils se sont pas trop endommagés par l’explosion. En revanche, les niveaux de débit de dose sont élevés : jusqu’à 50 millisieverts par heure.

Samedi 16 juillet, TEPCo a mis en ligne des images du bâtiment réacteur n°2 prise par un robot. Le fichier vidéo peut être téléchargé ici.

Dimanche 17 juillet est l’échéance de la première étape de la feuille de route que s’est fixée TEPCo. La piscine est refroidie en circuit fermé. L’eau injectée dans le réacteur à environ 4 tonnes par heure est de l’eau provenant de la station d’épuration. De l’azote est injecté pour prévenir un risque d’explosion hydrogène. Mais, le réacteur contniue à fuir vers les sous-sols. On ne peut pas parler de circuit fermé.

Mardi 19 juillet, la température en bas de cuve est de 125°C.

Vendredi 22 juillet, alors que TEPCo a réglé l’injection sur 3,8 tonnes par heure, le système a soudainement décru à 3,4 tonnes par heure dans la journée sans que l’exploitant ne puisse donner d’explication.

Samedi 24 juillet, le volume d’eau injectée est encore descendu à 3,2 tonnes par heure.

Vendredi 29 juillet, TEPCo estime à environ 1 milliard de becquerels par heure les rejets aériens actuels des 3 réacteurs accidentés. Ce chiffre est estimé à partir des mesures faites à l’extérieur à partir de balises. TEPCo veut mesurer la contamination de l’air contenu dans les enceintes de confinement des réacteurs 1 et 2 afin d’affiner son estimation et essayer de juguler ces rejets. Pour le réacteur n°3, ce n’est pas possible car il est trop radioactif.
Par ailleurs, TEPCo a arrêté de pomper l’eau contaminée des sous-sols des réacteurs 2 et 3 car la cuve est pleine, la station d’épuration ne pouvant pas traiter les volumes prévus. Selon la compagnie, il n’y a pas de risque de débordement. Elle espère reprendre le pompage d’ici 2 jours.

Lundi 1er août, un niveau de débit de dose de 10 sieverts (10 000 millisieverts) par heure a été découvert à proximité de débris situés entre les réacteurs 1 et 2. TEPCo n’en connait pas l’origine pour le moment.
L’appareil de mesure sature à 10 sieverts par heure, ce qui signifie que le débit de dose réel est plus élevé. Cela vient d’un tuyau d’évacuation des gaz qui relie le réacteur à la cheminée située à côté.
Des photos du tuyau sont disponibles ici et ici.
La température en bas de la cuve du réacteur est de 121°C. Pour passer sous les 100°C pour réduire la quantité de vapeur, il faut injecter plus d’eau. Mais comme le système de décontamination de l’eau ne marche pas bien, ce n’est pas possible.

Mardi 2 août, TEPCo a trouvé un autre point avec un débit de dose qui dépasse les 10 sieverts par heure. Il est situé à proximité du précédent, au niveau d’un tuyau d’évacuation des gaz à 10 m du sol environ.

Début août, la température de la piscine varie entre 30 et 40°C.

Mardi 30 août, TEPCO a annoncé avoir fait des prélèvements d’air au-dessus du bâtiment abritant les réacteurs 1 et 2 et n’avoir détecté que des “traces” : entre 1 et 100 becquerels de césium par m3 au dessus du 1 et 1 000 Bq/m3 au dessus du réacteur n°2. Elle n’a pas détecté d’iode.

Septembre – Octobre 2011

Samedi 10 septembre, TEPCo publie une vidéo sur le système de refroidissement des réacteurs. C’est en japonais, mais les images parlent d’elles-même. A voir sur le site de TEPCo ou Youtube. Une version anglaise est maintenant disponible sur le site de TEPCo : à regarder en ligne ou télécharger.

Jeudi 15 septembre à 11h, la température en bas de la cuve du réacteur n°2 est de 114,4°C, contre 85°C pour le réacteur n°1 et 101,3 pour le 3. La veille, TEPCo a augmenté le débit d’injection de l’eau qui est passé de 3 à 4 m3/h, mais cela ne suffit pas. La compagnie va donc asperger de l’eau à partir de plusieurs entrées, comme pour le réacteur n°1 car elle ne sait pas où est le combustible.

Vendredi 16 septembre, TEPCo a aussi indiqué qu’elle allait augmenter le débit d’injection d’eau de 6 à 7 tonnes par heure dans le réacteur afin de réduire la température du coeur. Cela aura pour conséquence d’augmenter le volume d’eau à décontaminer.

Mardi 20 septembre, la température du réacteur (à l’extérieur de la cuve) est de 112°C.

Jeudi 22 septembre, selon des calculs faits par Yasuteru Shibamoto, chercheur à la Japan Atomic Energy Agency, l’enceinte de confinement du réacteur n°2 aurait pu être percée juste après le séisme du 11 mars. Le trou ferait une diamètre de 7,6 cm s’il est circulaire.

Dimanche 25 septembre, TEPCo a mis en ligne sur son site une vidéo muette avec des images prises par une caméra suspendue à une grue. Elle peut être téléchargée ici. On voit de la vapeur d’eau sortir du réacteur.

Lundi 26 septembre, TEPCo, qui a déjà augmenté le débit d’eau injectée le 14 septembre, asperge en plus de l’eau par d’autres entrées. Résultat, ce sont 10 tonnes d’eau qui sont injectées toutes les heures.

Mercredi 28 septembre, à 17h, la température en bas de la cuve du réacteur n°2 est passée à 99,4°C. TEPCo est très fière d’annoncer que les trois réacteurs sont passés sous la barre des 100°C. Mais la température à l’intérieur de la cuve est inconnue et elle est sûrement supérieure à 100°C.

Jeudi 29 septembre, la température est repassée au dessus des 100°C…

Lundi 3 octobre, selon le Yomiuri (version anglaise), la commission d’enquête interne à TEPCo qui travaille sur les causes de l’accident pense qu’il n’y a pas eu d’explosion hydrogène dans le réacteur n°2. C’est ce qui ressort d’une version de travail du rapport d’étape. Ce même rapport défend TEPCo : la compagnie ne pouvait anticiper un tel tsunami ; la réponse de la compagnie n’aurait pas pu être plus rapide…
Ce rapport confirme qu’un son a été entendu au niveau du réacteur n°2 le 15 au matin et des dégâts au niveau du réacteur n°4. Il confirme aussi la chute de la pression immédiatement après le “bruit”, mais le rapport évoque la possibilité d’une autre cause, sans la donner.

Samedi 8 octobre, TEPCo a rendu publiques de nombreuses photos des réacteurs et de la centrale. Elles sont rassemblées dans un fichier pdf avec légendes en anglais.
La compagnie diffuse aussi une vidéo à télécharger de l’intérieur du bâtiment réacteur prise à partir d’une caméra suspendue à une grue. Les explications sont ici en anglais. Les images, prises à travers une brèche, sont datées du 5 octobre. On ne voit pas grand chose… Comme on ne voit pas de vapeur d’eau, TEPCo pense que la température du coeur a bien baissé.
Dans la salle de contrôle commune aux réacteurs 1 et 2, le débit de dose maximal enregistré est de 10 microsieverts par heure.

Jeudi 20 octobre, le robot Quince, qui prend des images et des mesures dans les réacteurs depuis le début de la crise, est coincé au deuxième étage du réacteur n°2. La communication est coupée. Il se peut qu’il faille envoyer du personnel le chercher s’il n’est pas possible de le redémarrer. Il pèse 26 kg. Ces derniers relevés de température et débit de dose sont ici en anglais. Quant à ses dernières images vidéo, elles peuvent être téléchargée ici.

Vendredi 21 octobre, TEPCo confirme que l’explosion entendue le 15 mars matin n’était pas dans le réacteur n°2, mais dans le 4. Pour cela, elle se base sur les enregistrements de sismographes placés sur le site de la centrale. L’explosion qui a provoqué les vibrations enregistrées à 6h12 a eu lieu dans le réacteur n°4 et a été provoquée par de l’hydrogène venu du réacteur n°3. Cette révision des faits n’explique toujours pas pourquoi la pression dans la chambre de suppression du réacteur n°2 a baissé soudainement au même moment.

Dimanche 30 octobre, TEPCo a annoncé que le gaz pompé de l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°2 a eu une teneur en hydrogène de 2,7%, bien que de l’azote y soit injecté régulièrement. A partir de 4%, cela explose ! Le pompage de ce gaz a commencé le 28 octobre. La concentration en hydrogène était de l’ordre de 1%. Dimanche à 17 h, c’est passé à 2,7%. TEPCo a augmenté la quantité d’azote injecté.

Novembre – Décembre 2011

Mercredi 2 novembre, TEPCo a annoncé avoir trouvé des “traces” de xénon-133 et de xénon-135 dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Ce sont des produits de fission gazeux (gaz rares) d’une durée de vie de 5 jours et 9 heures respectivement, ce qui laisse penser que des réactions de fission ont eu lieu récemment. La concentration serait de l’ordre de la dizaine de becquerels par mètre cube. Les données précises sont ici en japonais.
En revanche, il n’y aurait pas d’iode 131. Ni anomalie dans la température et la pression. Il y avait 76°C à 5h. Comme les enceintes sont endommagées, la pression ne veut plus dire grand chose. Si la réaction en chaîne, qui aurait repris par intermittence, est localisée, il se peut qu’elle ne change pas de manière significative la température.
La compagnie a immédiatement injecté de l’eau borée pendant une heure environ (à partir de 2h50 heure locale), le bore étant un “poison” captant les neutrons pour empêcher ou ralentir les réactions en chaîne.
La compagnie n’a pas encore vérifié pour les deux autres réacteurs.

Jeudi 3 novembre, TEPCo est revenue sur ces dires et pense maintenant que les xénons détectés dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2 sont dus à la fission spontanée du curium. Une reprise d’une réaction en chaîne, même localisée, aurait créé 10 000 fois plus de xénon, selon la compagnie.
TEPCo ne fait que suivre le point de vue de la NISA qui argumente ses conclusions sur le fait que l’injection de bore n’a pas fait baisser le taux de xénon. Or le bore est supposer arrêter une réaction en chaîne. Mais rien ne permet d’affirmer que l’eau borée est bien parvenue à l’endroit où la réaction en chaîne aurait pu avoir lieu. Les détecteurs de neutron qui pourraient permettre de conclure sont hors service depuis le 11 mars.
Et donc rien ne change dans sa feuille de route : l’arrêt à froid pour la fin de l’année et le retour des populations, sauf dans les zones trop contaminées.

Lundi 7 novembre, TEPCo a commencé à décontaminer et désaler les 1 500 tonnes d’eau de la piscine de combustibles usés du réacteur n°2. Il s’agit avant tout d’éviter la corrosion qui pourrait endommager tout le système de refroidissement. La contamination actuelle est de 200 millions de becquerels par litre. TEPCo veut la réduire d’un facteur à 100 à 1000 en un mois.

Samedi 12 novembre, 8 mois après le déclenchement de la catastrophe, la température en bas de la cuve du réacteur n°2 est de 69,5°C, de l’azote est injecté régulièrement, il y a 21 600 tonnes d’eau contaminée dans les sous-sols. L’air à l’intérieur de la cuve est pompé et filtré.

Jeudi 24 novembre, TEPCo a annoncé vouloir réduire la quantité d’eau injectée pour augmenter la température des réacteurs 1 à 3, c’est à dire l’inverse de ce qu’elle a chercher à faire jusqu’à maintenant. Par crainte d’une explosion hydrogène, la compagnie espère ainsi augmenter la part de vapeur d’eau dans la cuve du réacteur. Elle est aussi en cours de préparatifs pour injecter de l’azote dans la cuve. La température est actuellement inférieure à 70°C et TEPCo veut repasser au-dessus de 80°C. En bas de la cuve, la température est actuellement de 68,3°C.
La quantité d’eau injectée va être réduite de 1,5 m3/h pour passer à 8,5 m3/h dans le réacteur n°2.

Lundi 28 novembre, il semble que des sondes de température de ce réacteur ne fonctionnent pas correctement. C’est la conclusion à laquelle est arrivée TEPCo après avoir observé des fluctuation de température et adapté le débit d’injection d’eau. Les détails sont ici en anglais.

Mercredi 30 novembre, TEPCo assure que le combustible fondu (corium) est resté dans l’enceinte de confinement et ne l’a pas traversée. Il est donc refroidi par l’injection d’eau. Pour le réacteur n°3, TEPCo estime que 57% du combustible a fondu. Si tout ce corium s’était retrouvé sur le socle en béton et acier de cette enceinte, TEPCo a calculé qu’il aurait érodé le béton sur une épaisseur de 12 cm. Mais TEPCo pense que la plus grande partie est restée dans la cuve du réacteur. Un expert officiel de la Japan Nuclear Energy Safety Organization contredit cette analyse et pense que la majorité du corium a traversé la cuve.
Les diapos de la présentation sont ici en japonais. Le texte explicatif est ici en japonais. D’autres séries de diapos sur le même sujet sont disponibles en japonais ici, ici, ici et ici. Les calculs ont été faits à l’aide d’un code intitulé Modular Accident Analysis Program et développé par Fauske & Associates LLC, une filiale de Westinghouse Electric.
Toujours est-il que cette enceinte de confinement fuit et que l’eau de refroidissement, fortement contaminée, s’écoule dans les sous-sols et que cela va durer encore des années car il n’est pas possible d’approcher pour colmater les fuites.
Ce que TEPCo ne dit pas, c’est que le corium n’est refroidi qu’en surface et doit continuer à ronger le béton. Une estimation de ce processus serait utile.

Mardi 27 décembre, TEPCo a annoncé vouloir faire une endoscopie des réacteurs accidentés, en commençant par le n°2. L’appareil, qui fait 8 m de long et 8 mm de diamètre va être introduit dans les réacteurs pour mesurer la température et filmer. Pour cela, un petit trou va être percé dans le mur Nord-Ouest de l’enceinte de confinement du réacteur n°2.

Jeudi 12 janvier, TEPCo a publié des données sur la contamination des gaz de l’enceinte de confinement. c’est ici en anglais.

Vendredi 13 janvier, un thermomètre situé au pied de la cuve du réacteur n°2 a enregistré une température supérieure à 100°C alors que le réacteur est supposé “arrêté à froid”. Les thermomètre voisins donnent une température comprise entre 40 et 50°C. TEPCo pense donc à un malfonctionnement.
La température indiquée par ce capteur, fixé sur le tube qui contient l’équipement qui permet d’actionner les barres de contrôle, était de 48,4°C le 12 janvier à 17h. Elle est passée à 102,3°C vers 23h et était de 116,4°C le 13 janvier à 5h.

Lundi 16 janvier, la température du réacteur n°2 continue à être élevée : jusqu’à 142°C le 14 et 138°C le 15 janvier. Les données complètes sont ici en anglais.
La composition radiologique des gaz contenus dans l’enceinte de confinement est ici en anglais.

Janvier 2012

Mercredi 18 janvier, comme annoncé le 27 décembre, TEPCo veut faire une endoscopie de l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Aujourd’hui, elle a mis en ligne une vidéo du test qu’elle a conduit le 30 novembre sur le réacteur n°5. Les détails sont ici en anglais. La vidéo peut être téléchargée en cliquant ici.

Jeudi 19 janvier, TEPCo a inséré l’endoscope dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2, à une hauteur de 7 m par rapport au fond, et a mis en ligne les premières images. Ces images sont très floues à cause de la vapeur et il n’a pas été possible d’évaluer l’état de la tuyauterie ou du combustible fondu. Le thermomètre fixé au bout de l’appareil a mesuré 45°C. La visibilité ne dépassait 2 à 3 mètres.
Contrairement à ce qu’avait prévu la compagnie, l’endoscope n’a pas pu atteindre l’eau : à partir des données sur la pression, TEPCo pensait qu’il y avait environ 4,5 m d’eau. Après une heure d’observation, il s’avère qu’il y en a moins que 4 m.
La compagnie va continuer les opérations et l’on n’en a pas fini avec les surprises !
TEPCo a mis en ligne 4 vidéos prises lors de cette endoscopie : vidéo 1, vidéo 2, vidéo 3 et vidéo 4.

Vendredi 20 janvier, 500 tonnes d’eau très contaminée ont été trouvées dans une fosse située à proximité du réacteur n°2. La concentration en césium est de 16 millions de becquerels par litre. Plus de détails ici en anglais.

Dimanche 5 février, nouvelle poussée de fièvre du réacteur n°2 qui a conduit TEPCo à augmenter l’injection d’eau de refroidissement. Un thermomètre situé sous la cuve affichait 71,7°C ce jour à 16h alors qu’il affichait 52°C le 2 février. Deux autres thermomètres situés à la même hauteur continuent à afficher une température proche de 45°C. L’injection d’eau a été augmentée d’une tonne par heure pour atteindre 9,6 tonne par heure (ou m3 par heure) et la température a baissé à 69,4°C à 17h.
A partir de 80°C, TEPCo doit absolument augmenter l’injection d’eau et reporter l’incident. Après l’accident, la compagnie estime en effet qu’il y a une erreur potentielle de mesure de 20°C. Pour avoir un réacteur sous les 100°C, il faut donc maintenir les thermomètres sous les 80°C !

Février 2012

Lundi 6 février, la température du réacteur n°2 demeure élevée : le thermomètre situé sous la cuve affiche encore 73,3°C à 7h. TEPCo est pourtant passée à 10,6 tonnes d’eau par heure à 1h30. A 17h, la température est encore de 69,2°C. TEPCo va augmenter de 3,5 tonnes/h l’injection d’eau. Elle va aussi injecter 960 kg d’azote. La compagnie n’a pas trouvé d’augmentation du taux de xénon qui aurait pu signer un redémarrage de réaction en chaîne.
Le 26 janvier, TEPCo avait changé de méthode d’injection de l’eau, par crainte du gel. Il y a de l’eau versée pour le fond et de l’eau aspergée pour le combustible qui serait resté accroché. La compagnie a diminué l’aspersion et augmenté l’injection, le temps des travaux. Les travaux terminés, la compagnie est revenue aux débits initiaux, mais la température s’est mise à monter. La compagnie pense que le combustible n’est plus arrosé convenablement suite aux travaux de plomberie.
TEPCo a aussi injecté de l’acide borique pour prévenir une reprise de réactions nucléaires en chaîne suite aux exigences de la NISA.

Mardi 7 février, TEPCo est passée à 13,5 tonnes d’eau par heure à partir de 4h24 mais la température ne baisse pas. Le thermomètre affiche 72,2°C à 5h, 70,1°C à 6h, 71,4°C à 8h et 69°C à 10h (heure locale, bien-sûr).
Les températures sont ici en anglais. L’analyse du gaz contenu dans le réacteur est ici en anglais. TEPCo confirme qu’il n’y a pas de reprise de réactions nucléaires.
En conséquence, le niveau de l’eau dans les sous-sols du réacteur augmente. C’est ici en anglais.

Nouveau relevé de température de TEPCo ici en anglais : 68,5°C à 17h. Cela baisse légèrement, mais nécessite beaucoup d’eau qu’il faudra ensuite décontaminer…

Mercredi 8 février, le thermomètre affichait 66,7°C à 5h et presque 68°C à 10h. TEPCo continue à injecter 13,5 tonnes d’eau par heure, ce qui est le débit le plus fort depuis enregistré, sauf au tout début de la crise en mars 2011 où il était plus élevé.
Le dernier relevé de températures en anglais est ici. Une courbe montre l’évolution récente. Cette courbe commence suffisamment tard pour éviter de montrer l’augmentation soudaine de la température… Le niveau d’eau accumulée dans les sous-sols est ici en anglais : il continue à monter dans le réacteur n°2.

Jeudi 9 février, la température continue à baisser très doucement. Le dernier tableau de températures est ici. Des données plus détaillées, heure par heure, sont ici.
Une photo de la fuite du jour est ici.

Vendredi 10 février, la température remonte : 71,1°C à 21h.

Samedi 11 février, la température continue de monter : 71,3°C à 3h, 70,0°C à 11h,  69,5°C à 17h, puis 71,2°C un peu plus tard. TEPCo a augmenté le débit d’eau injecté d’une tonne par heure à 22h45. Il est maintenant de 14,6 tonnes par heure (c’était 8,5 tonnes/h en novembre). La température était de 74,9°C à 23h. Elle est repassée à 71,1°C à minuit.
Les deux autres thermomètres sont toujours aux environs de 35°C.
Rappelons qu’il y a une incertitude de ±20°C.

Dimanche 12 février, le thermomètre affiche jusqu’à 79,2°C (à 15h) ! Les données sont ici en anglais. Si l’on ajoute les 20°C d’incertitude, cela peut dépasser les 100°C. On ne peut plus parler d’arrêt à froid. Mais TEPCo et la NISA, maintiennent que le réacteur est bien arrêté à froid.
TEPCo devrait augmenter de 3 tonnes/h le débit d’eau injectée pour passer à 17,6 t/h au total dans l’après midi.
Le thermomètre est passé à 82°C à 14h20. TEPCo croit de plus en plus qu’il est défaillant, faute de pouvoir dire autre chose.
L’emplacement des thermomètres et les courbes de température sont ici en japonais (la version anglaise est maintenant disponible). Un nouveau relevé de température heure par heure est ici en anglais.
TEPCo a enfin rédigé un communiqué sur ce problème, ici en anglais. La compagnie est soucieuse de pourvoir continuer à déclarer que le réacteur est arrêté à froid. En effet, elle espère que les gens vont rentrer bientôt pour ne plus avoir à payer d’indemnités.

Lundi 13 février, le thermomètre est monté à 89,6°C à 5h, 93,7°C à 11h, 94,9°C à 12h, 93,3°C à 13h…
Puis à partir de 15h, le thermomètre affiche 285,4°C. Il est monté jusqu’à 342,2°C juste avant 15h… Puis, 260,9°C à 16h et 275,9°C à 17h. TEPCo en conlut qu’il est mort. Elle venait de finir de mesurer la résistance du thermocouple quand ces valeurs ont surgi. A 18h, ce même thermomètre affichait 272,8°C, puis est passé au-dessus des 400°C, le maximum qu’il peut mesurer.
Les deux autres thermomètres situés à la même hauteur affichent une valeur proche de 32°C et celui juste en dessous, proche de 38°C.
Le relevé horaire des températures est ici en anglais. La courbe représentant l’évolution de la température est ici.

Il y a 35 thermomètres tout autour de la cuve. Les 34 autres thermomètres montrent des valeurs stables. Ceux situés vers le bas de la cuve ont tendance à afficher des valeurs décroissantes depuis que TEPCo a augmenté le débit d’eau injectée.

Les autorités régionales ont publié les dernières données sur les retombées radioactives sur la ville de Fukushima : il y a une augmentation ces derniers jours. Est-ce dû à ce qui se passe au niveau du réacteur n°2 ? Données ici en japonais (une version anglaise est maintenant diponible). Mais les niveaux autour de la centrale n’ont pas changé. Cette augmentation dans la ville de Fukushima peut être due à la remise en suspension de poussières.

Mardi 14 février, TEPCo a mis en ligne les résultats de l’analyse Xénon en améliorant la sensibilité. Elle en détecte, mais à des niveaux faibles. C’est ici en anglais.

Mercredi 15 février, le thermomètre est cassé mais TEPCo continue à publier les valeurs qu’il affiche ici en anglais. Comprenne qui pourra !

Jeudi 16 février, TEPCo a rendu son rapport à la NISA à propos du thermomètre défaillant. La compagnie pense que la malfonction est due à un cable sectionné. La compagnie explique qu’il faudrait que 60% du combustible fondu soit à proximité du thermomètre pour expliquer une telle montée en température.
Si la NISA accepte le rapport, TEPCo va réduire le débit d’eau injectée.
Le communiqué laconique de TEPCo est ici en anglais.

Mercredi 22 février, TEPCo a commencé à réduire progressivement le débit d’eau injectée dans le réacteur n°2. Voir le communiqué en anglais. Le but est de revenir à la situation avant la crise du thermomètre défaillant.

Jeudi 23 février, un thermomètre situé en bas de la cuve a un comportement différent des autres. Voir le communiqué du 24 fév. en anglais.

Lundi 27 février, TEPCo a annoncé vouloir refaire un endoscopie bientôt en utilisant un cable plus long qui devrait lui permettre d’atteindre l’eau.

Mardi 28 février, TEPCo a envoyé le robot Quince 2 explorer le 4ième étage (5ième niveau) du réacteur n°2. La compagnie a mis en ligne 6 vidéos et des données de mesure. Les vidéos peuvent être téléchargées ou visionnées à partir d’ici. Il y a des flaques d’eau.
Quince2 a mesuré jusqu’à 220 millisieverts par heure! D’autres données sont ici en anglais. Elles sont toutes supérieures à 40 mSv/h ce qui empêche l’intervention humaine.

Mars 2012

Vendredi 2 mars, TEPCO a publié le rapport remis à la NISA à propos de la mesure des températures du réacteur n°2. Le communiqué est en anglais, mais le rapport en japonais. 12 des 59 thermomètres du réacteur fonctionnent mal.
La compagnie va introduire un thermomètre à l’intérieur de la cuve du réacteur en passant par une canalisation. Elle veut aussi faire une endoscopie par la même occasion. Le tuyau fait une vingtaine de mètres avec des angles à 90°. L’endroit le plus étroit a un diamètre de 6,4 mm. La mesure ne devrait pas commencer avant juillet, si TEPCo y arrive. Des tests auront donc d’abord lieu sur le réacteur n°5 et d’autres installations pour étudier la faisabilité.

Samedi 3 mars, le dernier relevé de température est ici. C’est stable. Mais un nouveau thermomètre a un comportement anormal. C’est ici en anglais.

Etat actuel du réacteur n°2

TEPCo pense qu’environ 30 à 33% du combustible du réacteur n°2 est endommagé suite à un début de fusion.  Le 27 avril, la compagnie a revu à la hausse le taux d’endommagement du combustible dans le coeur du réacteur : il est passé à 35%. Après avoir découvert début mai que le combustible du réacteur n°1 était beaucoup plus endommagé que ce qui était envisagé, il se peut que la combustible ait largement fondu car il s’est passé 6 heures avant que TEPCo n’injecte de l’eau dans le réacteur. Le combustible fondu aurait percé la cuve.

TEPCo estime qu’il est possible que l’enceinte de confinement soit percée. Les trous pourraient avoir 10 cm de diamètre. Si c’est confirmé, cela explique que l’eau injectée inonde les sous-sols. TEPCo va avoir du mal à un système de refroidissement en circuit fermé.

La compagnie estime à 400 kg la quantité d’hydrogène générée par la fusion dans ce réacteur. La NISA pense que c’est plutôt 800 kg.

Selon le Prof. Koide, de l’université de Kyoto, les barres de combustibles dans le coeur dégagent environ 6 000 kilowatts sous forme de chaleur. Cela devrait passer à 3 000 kilowatts dans 6 mois et 2 000 kilowatts dans un an. Un système de refroidissement de la piscine est en marche depuis le 31 mai.

Selon la NISA (autorité de sûreté japonaise), des gaz radioactifs ont été relâchés une seule fois le 13 mars pour faire baisser la pression. Une tentative a eu lieu le 15 mars pour faire baisser la pression, mais il n’est pas sûr que cela ait entraîné un relâchage de gaz radioactifs. Il est possible que l’enceinte de confinement soit abimée et que des gaz radioactifs sortent en continu.

De l’eau de mer continue à y être pompée. Depuis samedi 26 mars, c’est de l’eau douce qui est utilisée. L’électricité est arrivée au réacteur n°2 qui n’a pas encore été mis sous tension.

Le niveau de débit de dose maximal a été enregistré le 15 mars à 138 sieverts par heure. Il est actuellement de l’ordre de 20 à 30 sieverts par heure près du coeur. Il est donc impossible de s’en approcher : un intervenant atteindrait sa limite de dose en une minute environ.

Le condenseur a une capacité de 3 000 tonnes et est plein.

L’enceinte de confinement est endommagée et de l’eau extrêmement radioactive fuit du réacteur. La piscine est refroidie à l’aide d’un circuit fermé à échangeur de chaleur depuis le 31 mai.

Sommaire


Réacteur n°4

Chronologie des évènements

Mars 2011

Ce réacteur était arrêté depuis novembre 2010, c’est à dire bien avant le tremblement de terre de vendredi 11 mars. L’eau de refroidissement du bassin avec le combustible usé s’est évaporée. Le combustible s’est échauffé, il y a eu une explosion d’hydrogène mardi 15 mars matin à 9h40 (heure locale), suivie d’un incendie. Le niveau de radioactivité à proximité des réacteurs a atteint les 400 millisieverts. L’incendie a finalement été maîtrisé et les niveaux de radioaction ont baissé.

Des niveaux de quelques microsieverts par heure ont été détectés à des dizaines de kilomètres de l’incendie. Les vents étaient dirigés vers les terres et le temps était à la pluie et neige. Un niveau de radioactivité légèrement supérieur à la normale a également été relevé mardi à la mi-journée à Tokyo ainsi qu’en extrême-orient russe.

Toutes les personnes (sauveteurs…) ont été évacuées dans un rayon de 20 km. Les personnes confinées dans un rayon de 30 km.

Les consignes de protection et de confinement tournent en boucle sur la télévision japonaise.

Il semblerait que de nombreuses personnes ont commencé à s’éloigner le plus loin possible de la centrale de Fukushima dai-ichi par tous les moyens de transports disponibles.

Mardi 15 mars, vers 22h (heure locale), il a été annoncé que le niveau de radioactivité dans la salle de contrôle du réacteur n°4 est devenu trop élevée pour que les ingénieurs puissent y effectuer un travail normal. Ils ne peuvent pas rester longtemps et doivent effectuer des va-et-vient. Cela menacerait les opérations de pompage dans la piscine de combustibles usés. Tepco a évacué 750 employés du site de Fukushima, où il ne reste que 50 ingénieurs et techniciens. Actuellement, ils seraient 180 à la centrale, même s’ils ont dû se réfugier pendant un temps mercredi.

L’exploitant TEPCo semble complètement dépourvu face à la situation. La compagnie a étudié l’option d’utiliser un hélicoptère pour arroser la piscine, mais mercredi 16 mars matin, TEPCo a annoncé avoir abandonné cette idée trop compliquée. En effet, un hélicoptère ne peut transporter qu’une petite quantité d’eau à la fois.

La température à l’intérieur de la piscine est inconnue. Lundi, elle était de 84°C, plus du double de la normale. Le niveau d’eau a aussi diminué. Il se peut qu’il n’y ait plus d’eau.

TEPCo est sans nouvelles de deux techniciens après l’explosion. IIs se trouvaient dans le secteur de la turbine du réacteur n°4.

Mercredi vers 6h00, heure locale, un incendie s’est à nouveau déclaré dans la piscine de combustibles usés. Une demie-heure plus tard, le feu semble éteint. Vers 17h, un hélicoptère de l’armée a décollé pour arroser la piscine et mesuré la radioactivité. Il a fait demi-tour à cause du niveau trop élevé de radioactivité, la dose limite pour l’armée ayant été atteinte. Il a cependant pu observer qu’il restait de l’eau dans la piscine, ce qui laisse un peu de temps pour réagir.

Une tentative de refroidissement avec des lances de pompier devait démarrer jeudi 17 mars matin (heure japonaise). Il faut d’abord évaluer la distance optimale en terme de radiation et apporter de l’eau en quantité suffisante. Puis, c’est la piscine du réacteur n°3 qui a été prioritaire.

Il se peut que l’armée aide à arroser la piscine du réacteur n°4 menaçante et actuellement inaccessible à cause des niveaux de radioactivité. Les Etats-Unis, qui ont d’importantes bases militaires dans le pays, vont fournir de nouvelles pompes puissantes. En effet, l’eau de mer dégrade vite les pompes et il en faut de secours sous la main.

Jeudi soir, les piscines des réacteurs 3 et 4 retenaient encore toute l’attention. Mais, vendredi 18 mars, la situation semble stabilisée. Bref, les informations contradictoires se succèdent.

TEPCo espérait rétablir rétablir l’électricité avant dimanche 20 mars sur ce réacteur.

80 tonnes d’eau ont enfin été aspergées dans la piscine à partir de dimanche 20 mars matin pour la première fois. L’opération a duré une heure. L’armée a repris les opérations dimanche vers 18h20 (heure locale). Elle compte aussi enlever des décombres et débris radioactifs qui gènent les opération à l’aide de tanks. Les opérations de déblaiement ont débuté lundi 21 mars.

Lundi 21 mars, TEPCo a réussi à tirer un cable électrique jusqu’au réacteur n°4. L’electricité est arrivée mardi 22 mars à 10h35. Chaque pièce doit maintenant être contrôlée avant la mise sous tension qui devrait commencer jeudi. De grandes quantités d’eau ont encore été aspergées au dessus de la piscine (150 tonnes avec une pompe allemande).

Jeudi 23 mars, de l’eau est toujours aspergée dans la piscine. La lumière serait revenue dans la salle de contrôle.

Dimanche 27 mars, on apprend que l’eau de la piscine est aussi contaminée, mais pas autant que ce qui a été trouvé dans les flaques des réacteurs 1, 2 et 3.

Avril 2011

Mardi 12 avril, un feu s’est déclenché près de la station de prélèvement du réacteur n°4 située au bord de la mer. Il a rapidement été maîtrisé et il n’y aurait pas eu d’augmentation du niveau de radioactivité de détectée.

Mercredi 13 avril, TEPCo a annoncé qu’elle a la confirmation que des barres de combustible de la piscine d’entreposage sont bien endommagées. Pour cela, elle se base sur une analyse de l’eau de la piscine qui contient de l’iode 131 et du césium 134 et 137 à des concentrations anormalement élevées :  220 000, 88 000 et 93 000 becquerels par litre en iode 131, cesium 134 et cesium 137, respectivement. En situation normale, ces chiffres sont inférieurs à 1 000. Ces concentrations sont cependant inférieures à ce qui est mesuré dans les réacteurs. Si du combustible de la piscine est endommagé, il ne semble pas avoir fondu selon TEPCo.

Il y a débat entre les experts sur l’étendue des dommages des combustibles : TEPCo va vérifier ses chiffres.

Selon une caméra sur place, les combustibles seraient bien recouverts d’eau, mais la température est de 90°C alors qu’elle est généralement de 20 à 30°C. 195 tonnes d’eau douce ont donc été ajoutées pendant la nuit. Elle était de 84°C avant l’incendie…

Le débit de dose à 6 mètres au dessus de la piscine est de 84 millisieverts par heure alors qu’il est normalement de 0,1 microsievert par heure.

Lundi 18 avril, une poche d’eau très contaminée a été découverte dans les sous-sols de ce réacteur. Elle fait environ 5 m de profondeur et le débit de dose à sa surface est de 100 millisieverts par heure.

Samedi 23 avril, TEPCo a injecté 140 tonnes d’eau dans la piscine, en plus des 200 tonnes injectées la veille car la température est toujours au dessus de 90°C. Le niveau de l’eau est monté d’un mètre et la température est redescendue à 66°C. L’eau dépasse de 2 m le haut des barres de combustible, selon une caméra fixée au bout du bras qui injecte l’eau. Il y a des craintes que le poids de l’eau endommage plus le bâtiment.

Lundi 25 avril, la température ayant à nouveau atteint 81°C la veille, TEPCo a injecté 210 tonnes d’eau dans la piscine. C’est beaucoup plus que les 70 tonnes par jour auxquelles TEPCo tente de se tenir à cause du poids. La veille se sont 165 tonnes qui ont été injectées.

Mardi 26 avril, TEPCo a annoncé que le niveau de l’eau monte dans les galeries souterraines. Il est monté de 5 cm ces dernières 24h et de 25 cm depuis le 13 avril. TEPCo ne peut pas évacuer cette eau, faute de cuve de stockage. Les niveaux de radioactivité en césium mesurés dans cette eau sont environ 250 fois plus élevés qu’un mois plus tôt. Le jeudi 21 avril, il y avait 8,1 millions de becquerels par litre en césium 137 et 7,8 millions de becquerels par litre en césium 134. Pour l’iode 131, avec 4,3 millions de becquerels par litre, la concentration a été multipliée par 12.
TEPCo soupçonne dont une contamination du réacteur n°4 par le réacteur n°3 qui sont connectés par des galeries.

Mercredi 27 avril, TEPCo a reconnu que la piscine du réacteur n°4 avait probablement une fuite : bien qu’ayant injecté de 140 à 210 tonnes d’eau chaque jour ces derniers temps, le niveau est 10 à 40 cm plus bas que prévu. Les murs du réacteurs ayant été endommagé par l’explosion, il se peut que la piscine soit elle aussi endommagée et fuit.

TEPCo est revenue plus tard sur ses déclarations et estime maintenant qu’il n’y a plus de fuite et que l’eau manquante s’est évaporée… Environ 70 tonnes d’eau s’évaporent chaque jour.

Jeudi 28 avril, TEPCo a présenté une reconstitution des évènements au niveau du réacteur n°4 :
– après le séisme et le tsunami, le refroiddissement s’est arrêté et l’eau de la piscine s’est évaporée, exposant à l’air libre le combustible irradié ;
– le métal de la gaine du combustible a chauffé, a réagi avec l’eau en dégageant de grandes quantités d’hydrogène ;
– l’hydrogène a explosé le 15 mars, détruisant une partie du bâtimet réacteur et une vanne située à proximité de la piscine ;
– les dommages occasionnés à la vanne ont entraîné une inondation salutaire de la piscine : des centaines de tonnes d’eau ont éteint l’incendie et arrêté la surchauffe des barres de combustible.

Sans cela, les barres de combustible auraient pu fondre et entraîner des rejets beaucoup plus massifs.

Vendredi 29 avril, une vidéo obtenue en plongeant une caméra dans la piscine est disponible en ligne. La plongée dans la piscine dure 7 secondes. La descente de la caméra au dessus de la piscine fumante dure presque 2 minutes.

Par ailleurs, les derniers résultats d’analyse de l’eau dans la piscine sont disponibles ici en anglais. Il faut multiplier par 1 000 pour avoir des becquerels par litre. Ils sont en baisse significative par rapport aux précédentes analyses. Cela est dû à la décroissance radioactive pour l’iode et à la dilution par apport d’eau. La température était de 88°C vendredi matin. TEPCo en déduit que les combustibles sont moins endommagés que ce qu’elle avait pensé auparavant et que la contamination relevée dans la piscine est peut-être due à l’eau de mer contaminée qui a été utilisée.

Mai – Juin 2011

Lundi 16 mai, TEPCo a expliqué qu’elle pense que l’explosion du réacteur n°4 est due à de l’hydrogène venant du réacteur n°3. En effet, les images vidéo prises dans la piscine montrent que les barres de combustibles ne semblent pas endommagées. L’hydrogène aurait pénétré dans le réacteur n°4 quand TEPCo a ventilé le n°3 via un conduit qui rejoint les deux réacteurs.

Lundi 23 mai, les travaux de renforcement de la structure qui porte la piscine de combustibles usés commencent. La première étape consiste à installer des protections pour diminuer la radioactivité ambiante, puis à ériger un échaffaudage. Une trentaine de piliers en acier doivent être installés en juin. Il est aussi prévu une nouvele structure en béton sous la piscine. Les travaux devraient être terminés fin juillet.
La température de la piscine est toujours de 80°C environ.

Mercredi 25 mai, TEPCo a annoncé avoir détecté 30 becquerels de césium 134 par mètre cube d’air au dessus du réacteur n°4, ce qui est 7,4 fois plus que la limite autorisée au niveau du périmètre de la centrale. La compagnie pense qu’il provient du réacteur n°3 voisin.

Vers 14h30 : Un bruit d’explosion a été entendu du côté Sud du réacteur n°4. TEPCo dit que c’est une bombonne d’oxygène qui a explosé après avoir été heurtée par un engin qui déplaçait des débris. Cela n’aurait pas provoqué de dégât au réacteur ni de blessure au personnel.

Vendredi 3 juin, TEPCo estime à 22 900 tonnes l’eau qui encombre les sous-sols du réacteur n°4.

Vendredi 10 juin, les travailleurs ont pénétré pour la première fois au 3ième étage (4ième niveau au Japon) de la centrale n°4 afin d’inspecter l’état de la tuyauterie et de mesurer les débits de dose. Le but est d’installer un système de refroidissement de la piscine qui est à 80°C environ.

Dimanche 12 juin, TEPCo a annoncé devoir revoir ses plans pour le refroidissement de la piscine du réacteur n°4. Un tuyau nécessaire au refroidissement a été endommagé par l’explosion. Il est difficile de travailler à côté de la piscine à cause des dommages et des débris qui jonchent le sol : réparer le tuyau endommagé semble impossible. Une photo est disponible ici.

Mardi 14 juin, un enregistrement nocturne (entre minuit et une heure) de la webcam de surveillance de TEPCo a fait un buzz. Allez voir. Cela commence après une minute quarante environ. On voit comme de la fumée surgir soudainement. Des lumières apparaissent au pied des réacteurs comme des flammes. Au même moment, à Ibaraki, une augmentation de la radioactivité ambiante est enregistrée. Elle était visible ici le 14. Mais comme le graphe est remis à jour régulièrement, on ne la voit plus. Il faudrait rechercher les archives. De quoi se faire peur et provoquer de nombreuses spéculations qui ont circulé (surtout en japonais) sur Internet. Il suffit d’observer le nombre de consultations de cette vidéo par rapport aux autres du même type…
Que s’est il passé ? Apparemment rien ! Ce n’est que l’arrivée du brouillard passée en accéléré. La prise de vue qui a durée une heure passe en 3 minutes sur youtube. Avec la cheminée en fond, cela débute par une forme de champignon atomique… Quant à la radioactivité, son augmentation serait due à la pluie alors que les vents étaient dirigés vers le Sud.
Le principal intérêt de cette vidéo est que l’on voit bien la vapeur d’eau radioactive émis par les réacteurs, avant l’arrivée du brouillard ! La webcam peut être consultée en live ici.

Lundi 20 juin, TEPCo a annoncé qu’elle avait commencé à injecter plus d’eau dans la piscine du réacteur n°4. Le réacteur était à l’arrêt au moment du séisme et le coeur vidé de son combustible. TEPCo avait aussi entreposé dans la piscine une pièce très irradiante du coeur pour atténuer les radiations. Comme le niveau de l’eau n’est qu’à un tiers de son niveau normal, une partie de cette pièce est dénoyée et irradie les travailleurs qui veulent s’approcher de la piscine. Le débit de dose actuel au dernier étage est tel qu’ils ne peuvent pas entrer. Quand cette pièce sera à nouveau noyée, le débit de dose devrait baisser et permettre les travaux.
Pendant ce temps là, les travaux de renforcement de la structure qui soutient la piscine continuent : les 32 piliers métalliques de soutainement sont maintenant installés. TEPCo va ensuite les couler dans du béton d’ici la fin juillet. La compagnie espère ensuite pouvoir installer un système de refroidissement similaire à celui du réacteur n°2 car la température de la piscine est de 86°C environ.

Mardi 21 juin, TEPCo a confirmé le scénario proposé précédemment : c’est une inondation accidentelle qui aurait permis de garder les combustibles usés de la piscine du réacteur n°4 sous l’eau. Sans cela, le réacteur n°4 aurait été dans une situation beaucoup plus sérieuse, pouvant aller jusqu’à la fusion de ces combustibles non confinés. Avec la coupure de courant, l’eau de la piscine a commencé à s’évaporer et le niveau a baissé. Mais l’explosion hydrogène a déplacé une paroi et entraîné un déversement d’un bassin adjacent vers la piscine de combustible. Quand TEPCo a commencer à asperger la piscine depuis l’extérieur le 20 mars, cela aurait remis la paroi du bassin adjacent à sa place et l’eau ne serait pas retournée dans le bassin. La pièce fortement irradiante qui y était entreposée a été dénoyée. TEPCo veut réinjecter de l’eau dans ce bassin, non pas pour abaisser la température puisque cette pièce ne chauffe pas, mais pour atténuer le rayonnement émis.

Mercredi 29 juin, des ouviers ont pénétré pour la première fois depuis l’explosion au 4ième étage (5ième niveau) du réacteur n°4. Le débit de dose est de moins de 1 millisievert par heure, ce qui permet de travailler sur place pendant un temps raisonnable. En revanche, il y a plein de débris qui gènent.

Juillet – Septembre 2011

Vendredi 1er juillet, TEPCo a rendu publique une photo de la piscine du réacteur n°4 en train de fumer. La température était de 85°C la veille à 16h.

Dimanche 31 juillet, TEPCo a testé un système de refroidissement pour la piscine du réacteur n°4. La température de l’eau est toujours aux alentours de 85 – 86°C. Elle espère la réduire en-dessous de 55°C. Par ailleurs, la compagnie a fini la veille les travaux de renforcement de la structure de soutainement de la piscine.

Lundi 1er août, TEPCo a commencé à refroidir la piscine à l’aide d’un système à circuit fermé. La température de l’eau, qui était de 86°C dans la matinée, est passée à 82 – 84°C vers 17h.

Début août, la température de la piscine varie entre 40 et 45°C.

Mardi 16 août, TEPCo a annoncé l’arrivée de nouvelles unités de désalinisation pour dessaler l’eau de des piscines, le sel risquant de corroder les tuyaux. L’installation devrait être faite d’ici la fin de la semaine. TEPCo espère ainsi baisser la quantité de sel de 96% en deux mois. Des photos datées du Mercredi 17 août sont ici.

Lundi 22 août, TEPCo a trouvé une petite fuite dans l’installation de refroidissement de la piscine. Comme la contamination de l’eau est de l’ordre de 10 becquerels par litre et qu’il fuit environ une goutte toutes les 30 secondes, TEPCo a décidé de mettre une bassine pour récupérer cette eau.

Lundi 29 août, TEPCo pense avoir trouvé une preuve de plus que l’explosion hydrogène du bâtiment réacteur n°4 est due à de l’hydrogène provenant du réacteur n°3. La compagnie avait déjà émis cette hypothèse quand elle a découvert, grâce à une caméra, que le combustible de la piscine du réacteur n°4 n’était pas particulièrement endommagé. Quand TEPCo a mesuré la contamination des filtres des tuyaux d’échappement des gaz en amont de la cheminée commune aux réacteurs 3 et 4, la contamination allait en diminuant en s’approchant du bâtiment de réacteur n°4. Il y avait 6,7 millisieverts par heure près de la jonction entre les deux tuyaux, 0,5, puis 0,1 plus près du bâtiment réacteur 4.

Mercredi 14 septembre, des chercheurs de l’université de Tokyo et de la Japan Atomic Energy Agency s’apprêtent à annoncer à un colloque scientifique qu’ils ne croient pas à l’explication de TEPCo concernant l’explosion hydrogène du bâtiment réacteur n°4. En effet, elle a eu lieu une vingtaine d’heures après celle du réacteur n°3. Ils suspectent d’autres facteurs. Ils ont donc étudié l’effet des radiations sur de l’eau à température ambiante, à 97°C et à ébullition. La production d’hydrogène était 1,5 fois plus forte à 97°C qu’à température ambiante. A ébullition, cette même production était 100 fois plus forte. L’hydrogène peut exploser quand sa concentration dans l’air dépasse 4%. Pour les chercheurs, en plus de l’hydrogène qui est parvenu du réacteur n°3, de l’hydrogène a été produit par les radiations quand la piscine était à ébullition.

Septembre – Décembre 2011

Samedi 8 octobre, TEPCo a rendu publiques de nombreuses photos des réacteurs et de la centrale. Elles sont rassemblées dans un fichier pdf avec légendes en anglais.

Vendredi 14 octobre, la Japan Nuclear Energy Safety Organization vient de rendre publique une étude effectuée en juin qui montre que la piscine du réacteur n°4 était très vulnérable aux répliques sismiques. En cas the fissure de la piscine, des fuites radioactives étaient possibles 3 heures après le séisme, quand les combustibles atteignent 900°C. Les combustibles auraient commencé à fondre à partir de 2 800°C, environ 7 à 8 heures après la perte du refroidissement.

Mercredi 9 novembre, il y a eu une petite fuite dans l’installation de désalinisation de la piscine du réacteur n°4. Des photos sont ici, avec des légendes en anglais.

Jeudi 10 novembre, TEPCo a mené l’enquête dans le réacteur n°4 et confirme son explication que l’explosion hydrogène est due à de l’hydrogène qui est venu du réacteur n°3 via les conduits d’évacuation des gaz. Cette fois-ci, la compagnie vient avec des photos à l’appui de ses dires car elle n’avait pas complètement convaincu la dernière fois (cf 14 septembre, ci-dessus). Les photos avec les légendes en anglais sont ici.

Samedi 12 novembre, 8 mois après le déclenchement de la catastrophe, il y a 17 900 tonnes d’eau contaminée dans les sous-sols. Des débris très irradiants gènent toute intervention dans le réacteur. Ils vont être retirés à l’aide d’une grue.

Mardi 29 novembre, TEPCo qui avait dessalé l’eau de la piscine entre le 20 août et le 8 novembre avec une méthode basée sur l’osmose inverse est passée à une méthode basée sur des résines échangeuses d’ion. La compagnie veut atteindre une concentration d’environ 10 ppm (ou 10 g de sel par kg d’eau) d’ici un mois. La salinité naturelle de l’eau de mer varie de 10 ppm dans la Baltique à 40 ppm dans la Mer Rouge
Le nouveau système est présenté ici en anglais.

Jeudi 1er décembre, selon un rapport intermédiaire de TEPCo, le niveau d’eau dans la piscine du réacteur n°4 a atteint un niveau dangereux et les combustibles usés étaient proches d’être dénoyés. Il n’y avait plus qu’1,5 m d’eau au dessus des combustibles alors qu’il y en a 7 m habituellement. L’eau manquante s’était évaporée du fait de la chaleur dégagée par les combustibles. Le niveau est resté bas jusqu’au 20 avril. 930 tonnes d’eau ont été injectées les 22 et 27 avril. Sans cet apport, les combustibles auraient été dénoyés début mai.
Rappelons que les piscines de combustibles ne sont pas protégées par une enceinte de confinement et, qu’en cas de fusion, de plus fortes quantités de radioéléments auraient été relargués dans l’environnement.

Janvier 2012

Lundi 2 janvier, suite au fort séisme qui a eu le jour du nouvel an dans la région, le niveau d’eau dans une cuve de stockage a diminué anormalement. Cette cuve reçoit l’eau contaminée de la piscine du réacteur n°4, où elle est ensuite réinjectée après refroidissement et filtrage. Selon TEPCo, le niveau de l’eau dans cette cuve dimunue de 1,6 cm par heure à cause de l’évaporation. Juste après le séisme, le niveau diminuait de 7 à 8 cm/h. La compagnie pense que le séisme a arrêté l’arrivée d’eau de la piscine vers la cuve, mais pas de la cuve vers la piscine.

Jeudi 5 janvier, dès le début de la catastrophe, le chef de la Japan Atomic Energy Commission, Shunsuke Kondo, a, à la demande du premier ministre, élaboré un rapport basé sur le scénario du pire : une deuxième explosion hydrogène du réacteur n°1 entraîne l’évacuation complète du site et l’entrée en fusion des combustibles de la piscine du réacteur n°4. Il aurait fallu évacuer jusqu’à 170 km, voire jusqu’à 250 km par endroit, en fonction des vents. Cela aurait inclu des métropoles très peuplées et une partie de Tôkyô. Ce rapport a été transmis au premier ministre le 25 mars mais n’a pas été rendu public pour ne pas effrayer les gens. C’est une des raisons qui a conduit aux travaux de renforcement de la structure de soutainement de cette piscine. De tels risques seraient écartés actuellement.

Dimanche 8 janvier, TEPCo a trouvé une fuite dans la cuve de stockage de l’eau filtrée issue de la piscine du réacteur n°4. Cela pourrait-il expliquer la baisse de niveau rapportée le 2 janvier ? Des photos sont là en anglais.

Jeudi 12 janvier, TEPCo a publié les résultats de ses inspections de la turbine du réacteur n°4. Des photos avec commentaires en anglais sont ici. Les dégâts dus aux séismes seraient très limités selon la compagnie.

Février 2012

Mercredi 1er février, TEPCo a annoncé avoir trouvé une fuite dans un tuyau situé au rez-de-chaussée du réacteur n°4. La compagnie a d’abord annoncé que 6 litres d’eau contaminée à 35 500 becqurels par litre auraient fui sans sortir du réacteur, puis 8 500 litres un peu plus tard. Elle a réussi à la colmater en fermant une valve 10 minutes plus tard.
Des photos de la fuite avec légendes en anglais sont ici.

Par ailleurs, TEPCo a commencé à démanteler la partie supérieure du bâtiment réacteur. Des photos sont disponibles ici en anglais.

Jeudi 2 février, les informations complémentaires de TEPCo sur la fuite sont ici en anglais. Allez voir, il n’y a rien. C’est assez effarant.

Vendredi 3 février, le réacteur n°4 continue à fuir mais TEPCo ne sait pas où. Une des cuves du système de refroidissement de la piscine de combustibles usés se vide à une vitesse trop élevée. La compagnie pense que l’eau contaminée s’accumule dans les sous-sols et soupçonne le froid.

Jeudi 9 février, TEPCo a annoncé qu’elle allait faire une investigation visuelle de l’état du combustible dans la piscine à l’aide d’une caméra pour préparer son retrait de la piscine.

Vendredi 10 février, TEPCo a annoncé que le combustible usé de la piscine du réacteur n°4 n’était pas endommagé. Des explications sur la prise de vue sont ici en anglais. Une première vidéo de 30 s est ici (on ne voit pas grand chose). Une deuxième vidéo de 2 mn où l’on voit des débris est plus intéressante.

Lundi 20 février, TEPCo a organisé un voyage de presse sur le site de la centrale. Les photos des journalistes permettent de voir l’avancement du démantèlement de la partie supérieure du réacteur n°4 pour aller y retirer les combustibles usés. Photos du Maïnichi commentées en anglais.

Etat actuel du réacteur n°4

Le coeur du réacteur est vide. Seule l’armature métallique du bâtiment est encore en place. On craint la reprise d’une réaction nucléaire en chaîne dans la piscine qui contient 783 grappes de barres de combustible usés plus 584 grappes partiellement utilisées. Ces dernières ont été retirées du coeur pour y remplacer une pièce. Ce sont elles qui sont la principale source de chaleur dans la piscine.

Il y a environ deux millions de kilocalories par heure de chaleur qui est générée dans cette piscine, soit trois fois plus que dans les piscines des réacteurs 1 et 3 réunis. Un simple calcul permet de montrer que l’eau de la piscine augmente de 2°C par heure si elle n’est pas refroidie. Si le système de refroidissement peut être remis en route, la température pourra être maintenue en dessous de 40°C. Sans lui, il faut environ une journée pour que la piscine commence à bouillir et une dizaine de jours pour évaporer complètement l’eau. A la mi-avril, environ 70 tonnes d’eau s’évaporent chaque jour.

La piscine est refroidie par un nouveau circuit fermé et un échangeur de chaleur depuis le 31 juillet.

Le condenseur n’est pas plein.

La piscine de combustibles ne résisterait peut-être pas à une forte secousse car les murs de soutainement sont endommagés. Ils doivent être renforcés.

Jeudi 28 avril, TEPCo a présenté une reconstitution des évènements au niveau du réacteur n°4 :
– après le séisme et le tsunami, le refroidissement s’est arrêté et l’eau de la piscine s’est évaporée, exposant à l’air libre le combustible irradié ;
– le métal de la gaine du combustible a chauffé, a réagi avec l’eau en dégageant de grandes quantités d’hydrogène ;
– l’hydrogène a explosé le 15 mars, détruisant une partie du bâtimet réacteur et une vanne située à proximité de la piscine ;
– les dommages occasionnés à la vanne ont entraîné une inondation salutaire de la piscine : des centaines de tonnes d’eau ont éteint l’incendie et arrêté la surchauffe des barres de combustible.

Sans cela, les barres de combustible auraient pu fondre et entraîner des rejets beaucoup plus massifs.

Dimanche 8 mai, TEPCo a mis en ligne sur son site une vidéo (à télécharger) montrant les barres de combustibles de la piscine du réacteur n°4 : on voit des morceaux d’échelle et des bulles. La température serait de 84°C.

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Réacteurs 5 et 6

Etat actuel des réacteurs

Comme le réacteur n°4, les réacteurs 5 et 6 étaient arrêtés avant le séisme. Mais après les évènements dans les autrs réacteurs, leur surveillance des réacteurs a été renforcée : le refroidissement ne semble pas fonctionner correctement. A la différence du réacteur n°4 où tout le chargement était dans la piscine d’entreposage, il n’y en a qu’un tiers dans les piscines des 2 autres réacteurs arrêtés. La température y est plus élevée que la normale.

Les toits de ces deux réacteurs ont été percés samedi 19 mars pour éviter une accumulation d’hydrogène et une explosion. Un générateur électrique a pu être réparé sur le réacteur 6 et alimente une pompe de refroidissement des deux piscines de combustible. Dimanche 20 mars matin, la température a commencé à baisser. A 7h (heure locale), elle était de 37,1 et 41 °C respectivement. Enfin une bonne nouvelle !

Les combustibles usés de la piscine du réacteur n°5 constituent la deuxième plus forte source de chaleur de la centrale. La piscine est remplie au deux tiers, mais la quantité de chaleur émise représente un quart de celle émise par les combustibles de la piscine du réacteur n°4.

L’électricité extérieure est arrivée lundi 21 mars à 11h30 (heure locale) au réacteur n°5 et a pu prendre le relais du générateur de secours 90 minutes plus tard.

La température des coeurs de ces deux réacteurs semble stabilisée en dessous de 100°C et celle des piscines à des niveaux normaux.

Dimanche 29 mai, TEPCo a découvert la veille à 21h qu’une pompe du système de refroidissement de la piscine de combustibles usés et du coeur du réacteur n°5 a cessé de fonctionner. C’est l’eau de mer qui refroidit le circuit primaire qui ne fonctionne plus. La température a monté de 24°C pour atteindre 92,2°C dans le réacteur et de 4,7°C pour atteindre 45,7°C dans la piscine dimanche 29 mai à 11h. TEPCo a installé une nouvelle pompe qui a commencé à fonctionner à 12h31 et surveille les températures.
Dans le réacteur, elle est redescendue à 76,5°C à 14h. Elle se stabilise aussi dans la piscine.

Jeudi 2 juin, TEPCo a montré des photos des 45 cuves qu’elle a installées près des réacteurs 5 et 6. Comme le niveau des nappes phréatiques monte, les sous-sols des bâtiments turbine de ces deux réacteurs commencent à être inondés, ce qui peut poser des problèmes pour les pompes et l’installation électrique. TEPCO a donc commencé à pomper cette eau dans les nouvelles cuves d’une capacité totale de 12 200 tonnes. Jeudi à 9h, elle avait déjà pompé 4 340 tonnes.

Jeudi 30 juin, TEPCo a commencé à transférer de l’eau faiblement radioactive des sous-sols du réacteur n°6 vers la barge géante installée à quai qui peut contenir 10 000 tonnes d’eau.

Dimanche 3 juillet, des employés de TEPCo qui faisaient une ronde ont découvert une fuite dans le circuit de refroidissement du réacteur n°5. Le refroidissement a été stoppé à 10h pour remplacer le tuyau endommagé. La température du coeur était de 43,1°C à 8h. TEPCo prétend que la température ne devrait pas monter plus de 2,5°C le temps de la réparation. La réparation faite, le refroidissement a repris 3 heures trente plus tard. La température a monté de 5°C.

Jeudi 22 septembre, TEPCo a présenté un plan pour se débarasser de l’eau faiblement radioactive qui inonde les sous-sols du réacteur n°6. Une partie de cette eau (10 000 tonnes) a été pompée dans une cuve et une autre (7 000 tonnes) dans la barge amarrée devant la centrale. La contamination est de l’ordre de 10 becquerels par litre, mais TEPCo veut décontaminer plus avant d’asperger cette eau sur une pile de bois pour prévenir les incendies ou sur les routes pour éviter la remise en suspension des poussières. La compagnie espère obtenir l’assentiment des autorités locales. Elle voulait faire la même chose avec l’eau qui inonde l’autre centrale, Fukushima daï-ni, mais avait essuyé un refusdes municipalités et des pêcheurs.

Dimanche 25 septembre, TEPCo a mis en ligne sur son site Internet de nombreuses photos des réacteurs 5 et 6. Un fichier regroupant tout avec des légendes est disponible ici en anglais. Les photos peuvent aussi être téléchargées individuellement.

Vendredi 7 octobre, TEPCo a commencé à asperger les environs de la centrale avec de l’eau “faiblement” contaminée dont elle ne sait que faire. Elle doit se débarrasser ainsi de 17 000 tonnes d’eau qui provient des réacteurs 5 et 6. La compagnie a commencé par le bois entassé près de la centrale pour prévenir les incendies. Elle va continuer ainsi à un rythme de 100 tonnes par jour sur 1,2 million de mètres carré de la centrale. Des photos sont disponibles sur le site de TEPCo. Une vidéo est aussi disponible.

Samedi 8 octobre, TEPCo a rendu publiques de nombreuses photos des réacteurs et de la centrale. Elles sont rassemblées dans un fichier pdf avec légendes en anglais.

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Radioactivité au Japon

Dans une note publiée le dimanche 13 mars à 19h, l’IRSN “craint que des rejets très importants se soient produits en même temps que l’explosion”. La télévision japonaise a diffusé des images de radiamètres saturant dans une mairie proche du réacteur qui a explosé. Le discours officiel est toujours rassurant. On ne voit aucune image de personne en shadok ou se protégeant des radiations dans les médias japonais, contrairement aux médias étrangers.

Suite aux évènements du mardi 15 mars, le gouvernement a ordonné à toutes les préfectures de rendre publiques les données de mesure de la radioactivité. De fait, de nombreuses données sont apparues sur Internet. Nous donnons quelques liens en anglais ci-dessous. Il y en a beaucoup plus en Japonais.

Attention, les chiffres sont donnés en microsieverts par heure. Pour rassurer, les autorités japonaises donnent les doses reçues lors de certains actes médicaux à titre de comparaison. Mais ces doses sont données en microsieverts. Ce n’est donc pas directement comparable.

Les niveaux de radioactivité ambiante (débits de dose) évoluent très vite et fluctuent en fonction de la météo. De nombreux sites japonais recensent des données.

Voici quelques sites en anglais :
– à Wako dans la banlieue de Tokyo, laboratoire RIKEN
– au niveau de la centrale de Monju dans la préfecture de Fukui
– en différents points du pays
– les maxima sont répertoriés sur une carte
– les niveaux ambiants sont rassemblés ici, avec une possibilité de regarder des rétrosceptives
cartographie des débits de dose ambiants fait par un réseau amateur
– des résultats gouvernementaux de surveillance de l’alimentation sont ici

Il y en a beaucoup plus en japonais. Nous consulter. Pour la journée du 17 mars dans la préfecture de Fukushima, voir par exemple ici.

A titre de comparaison, le bruit de fond naturel est autour de 0,05 microsieverts/h.

Des mesures à Tsukuba de la composition du panache des centrales sont disponibles en ligne en anglais. Seuls les émetteurs gamma sont donnés.

L’IRSN a publié une évaluation de la radioactivité rejetée par la centrale de Fukushima Dai-ichi jusqu’au 22 mars 2011 :
Gaz rares  : 2 10+18 Bq ;
Iodes        : 2 10+17 Bq ;
Césiums    : 3 10+16 Bq ;
Tellures    : 9 10+16 Bq.
Plus de détails ici. Cela représente grosso modo 10% des rejets de Tchernobyl. Mais, un Institut Autrichien de météorologie (ZAMG) donne un terme source plus élevé et l’estime à 20% des rejets de Tchernobyl pour l’iode et à 50% pour le césium.

La NISA a estimé que la quantité d’iode relâchée par la centrale de Fukushima dai-ici entre le 12 mars 6h00 et le mercredi 23 mars minuit devait être comprise entre 30 000 et 110 000 térabecquerels. (1 térabecquerel correspond à 1012 bequerels, soit un million de millions). A Tchernobyl, ces rejets ont été estimés à 1,8 millions de térabecquerels.

Lundi 21 mars, de fortes activités ont été détectées à Hitachinaka (Ibaraki) à 120 km au Sud Ouest de la centrale : 13 000 becquerels de césium-137 par mètre carré. Mais la NISA (ASN Japonaise) s’est voulue rassurante : c’est un tiers de la limite pour les personnes vivant en zones contaminées qui est de 40 000 Bq/m2. Pour l’iode 131, la valeur était de 93 000 becquerels par mètre carré, soit le double de la limite.

Il n’est toujours pas question d’étendre la zone d’évacuation et la zone de confinement.

Le mardi 22 mars, le journal Asahi indique qu’à l’hôpital d’Iwaki dans la province de Fukushima, il manque un peu près 30% des médecins et infirmières, ce qui pose un problème face à l’afflux de patients. Ils se seraient enfuis par crainte des radiations.

Lundi 4 avril, les média ont découvert que la météo japonaise calculait une à deux fois par jour une prédiction précise de la dispersion des polluants radioactifs, transmettait ces informations à l’AIEA, mais ne la rendait pas publique… Suite au tollé provoqué par cette révélation, le gouvernement japonais a ordonné à la météo de rendre publique ses prédictions.

Mardi 12 avril, la NISA a réévalué l’accident de Fukushima au niveau 7, comme à Tchernobyl. Elle a précisé que les rejets ont dépassé les 10 000 térabecquerels par heure pendant plusieurs heures (1 térabecquerel = 1012 becquerels = 1 million de millions de becquerels). Les rejets seraient actuellement inférieurs au térabecquerel par heure. Elle estime la quantité d’iode 131 rejetée par les réacteurs n°1 à 3 entre 370 000 et 630 000 terabecquerels. Une grande partie semble venir du réacteur n°2 endommagé par une explosion. Les rejets auraient culminé les 15 et 16 mars.

TEPCo a expliqué que les rejets ne sont pas encore maîtrisé et qu’elle craint, qu’in fine, la quantité totale rejetée dépasse celle de Tchernobyl.

Dimanche 24 avril, TEPCo a estimé à 1 térabecquerel par heure (1 million de millions de becquerels par heure) les rejets de la centrale. Ils seraient en baisse. Les rejets étaient estimés à 6,4 térabecquerels par heure le 5 avril.

Lundi 6 juin, la NISA a revu à la hausse la quantité de radioéléments rejetés lors de l’accident : le nouveau chiffre est de 850 000 terabecquerels. La quantité d’iode 131 relâchée durant les 6 premiers jours de la catastrophe serait de 770 000 térabecquerels selon cette estimation, alors que les précédentes évaluations étaient comprises entre 370 000 (TEPCo) et 630 000 terabecquerels (Nuclear Safety Commission).  Voir “12 avril” ci-dessus.

Dimanche 24 juillet, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise a rendu publiques sur son site Internet les cartes d’estimation des rejets jours après jours depuis le début de la catastrophe. Il y en a environ 600. C’est en japonais…

Mercredi 17 août, les autorités et TEPCo ont annoncé qu’ils allaient essayer de filtrer directement l’air des cuves des réacteurs pour diminuer les rejets radioactifs estimés à 1 milliard de becquerels par heure.
Par ailleurs, les rejets gazeux ont baissé estime TEPCo : ils seraient passé à 200 millions de becquerels par heure entre le 26 juillet et le 2 août. Ils étaient estimé à un milliard de becquerel par heure auparavant. Ces nouveaux chiffres sont basés uniquement sur la quantité de rdioactivité mesurée à proximité de la porte Ouest de la centrale. Ils sont donc très approximatifs, selon la NISA. Le débit de dose sur le site est d’environ 1,7 millisieverts par an.

Lundi 22 août, une nouvelle estimation faire par la Japan Atomic Energy Agency de la quantité de radioactivité émise dans l’atmosphère entre les 12 et 15 mars est plus basse de 10% de l’évaluation précédente (qui était de 630 000 térabecquerels). Mais pour la NISA, l’écart est dans les marges d’erreur et les deux estimations sont donc compatibles.
Selon cette nouvelle estimation il y a eu rejet de 130 000 térabecquerels d’iode 131 et 11 000 térabecquerels de césium 137 entre 11 mars et le 5 avril. Il y a eu autant de césium 134 que de césium 137.

Mardi 20 septembre, TEPCo estime à 200 millions de becquerels par heure les rejets aériens de la centrale durant la première quinzaine de septembre.

Lundi 17 octobre, TEPCo estime à 100 millions de becquerels par heure les rejets aériens de la centrale : 40 millions pour le réacteur n°1, 10 pour le n°2 et 40 millions pour le 3. Mais pour le 3, il n’y a pas encore eu de mesures et ce n’est qu’une estimation grossière.

Vendredi 21 octobre, une équipe internationale de chercheurs a réévalué les rejets radioactifs de l’accident de Fukushima et sont arrivés à la conclusion que les rejets massifs ont débuté plus tôt qu’initialement annoncé et se sont terminés plus tard. Cela les conduit donc à revoir à la hausse ces rejets.
En ce qui concerne le xénon 133, qui est un gaz rare radioactif, les rejets ont atteint 16,7×1018 becquerels. Ce serait le plus grand relargage de gaz rare radioactif de l’histoire, estimé à 2,5 fois celui de Tchernobyl. Il y a des preuves que ces rejets ont débuté juste après le séisme. Comme tous les gaz rares, le xénon ne se fixe pas et se disperse dans l’atmosphère. Il a une demi-vie de 5,2 jours.
En ce qui concerne le césium 137, qui pose plus de problème environnementaux, les nouvelles estimations donnent 36 petabecquerels (ou 36×1015 Bq), soit 40% des rejets en césium 137 de Tchernobyl. Environ 20% de ce césium est retombé sur le territoire japonais et 80% dans l’océan pacifique ou ailleurs. Seulement 2% sont retombés sur d’autres territoires.
Ces rejets ont été les plus massifs les 14 et 15 mars. Mais ils étaient massifs dès le 12 mars et jusqu’au 19 mars. Après, ils ont baissé brusquement quand de l’eau a été aspergée sur la piscine de combustible du réacteur n°4. Cela laisse présager un endommagement des combustibles de cette piscine.
Si la majorité des rejets est allé vers l’océan, les vents étaient vers la terre les 14 et 15 mars, ainsi que le 19 mars où la pluie a entraîné des dépôts importants.
L’étude, publiée dans le journal of Atmospheric Chemistry and Physics, est en accès libre ici en anglais. Un communiqué est aussi disponible ici en anglais.

Jeudi 17 novembre, TEPCo estime à 60 millions de becquerels par heure les rejets actuels de la centrale accidentée.

Décembre 2011, le Meteorological Research Institute du Japon a publié une synthèse des estimations des rejets des radioéléments artificiels dans l’environnement. C’est ici en anglais et surtout japonais.

Mardi 24 janvier, selon TEPCo les rejets radioactifs de la centrale de Fukushima daï-ichi sont en augmentation par rapports aux mois précédents. En novembre et décembre, ces rejets étaient de l’ordre de 60 millions de becquerels par heure. En janvier, ils sont supérieurs à 70 millions de becquerels par heure. C’est autour des réacteurs n°2 et 3 qu’il y a eu augmentation (environ 10 millions de becquerels par heure chacun). La compagnie prétend que c’est dû au regain d’activité sur le réacteur n°2 suite à l’endoscopie qui a été faite et au nettoyage des débris du réacteur n°3.

Lundi 27 janvier, TEPCo a annoncé que les rejets aériens sont passés à 10 millions de becquerels par heure. C’était 7 fois plus en janvier.

Mardi 28 février, une nouvelle estimation des rejets aériens effectuée par Michio Aoyama, du Meteorological Research Institute tend à montrer que les rejets en césium représentent environ 20% des rejets de Tchernobyl, ce qui deux fois plus que l’estimation de TEPCo et des autorités, et que 30% sont retombés sur le sol japonais, contre 20% habituellement admis.
Cette nouvelle estimation est basée sur 79 mesures d’eau de mer prélevée dans le Pacifique Nord en avril et mai 2011.

-> Pour en savoir plus, voir la radioactivité expliquée aux enfants.

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Contamination de l’eau

Mars – Avril 2011

Mercredi 16 mars, des traces de césium et d’iode ont été découvertes dans le réseau d’approvisionnement en eau de Fukushima. Plus tard dans la journée, il n’y avait plus de césium ni d’iode.

Il est important de préciser que la plupart des captages pour l’eau potable au Japon se font dans les rivières ou lac. Le transfert des retombées radioactives à l’eau du robinet est donc rapide.

Samedi 19 mars, de l’iode radioactif a été détecté dans l’eau du robinet dans les villes au voisinage de la centrale et à Tokyo. Le ministère de la santé a pécisé que ces niveaux étaient en dessous de la limite admissible fixée par le gouvernement japonais (limite fixée à 300 Bq/L pour l’iode dans l’eau et le lait). Par exemple, 77 becquerels par litre d’eau à Tochigi, 2,5 bq/l à Gunma, 0,62 bq/l à Saitama, 0,79 bq/l à Chiba, 1,5 bq/l à Tokyo et 0,27 bq/l à Niigata.
Cependant, il a été mesuré à un niveau supérieur à la norme dans la ville de Kawamata, située à 45 km au Nord Ouest de la centrale a annoncé samedi le ministère de la santé.

Du césium radioactif a également été mesuré dans l’eau du robinet des villes de Tochigi (1,6 Bq/l) and Gunma (0,22 Bq/l), proche de la préfecture de Fukushima.

Le mardi 22 mars, le ministère de la santé a ordonné à 5 municipalités de la province de Fukushima de recommander aux résidents de ne pas donner de l’eau du robinet aux enfants car la concentration en iode dépasse la limite maximale admissible pour les bébés qui est de 100 becquerels par litre. (300 pour les enfants et les adultes). 120 becquerels par litre ont été mesurés à Date lundi 21, 150 bq/l à Koriyama, 220 bq/l à Minamisoma et 130 bq/l à Kawamata.

Mercredi 23 mars, la limite en iode pour les bébés dans l’eau du robinet a aussi été dépassée à Tokyo. Il y avait 210 becquerels par litre à une station de purification de l’eau. Les supermarchés ont immédiatement vendu tous leurs stock d’eau en bouteille. La municipalité a donc annoncé qu’elle allait distribuer 240 000 bouteilles aux familles avec enfant. Des experts ont signalé que la quantité d’iode peut être réduite en faisant bouillir l’eau. 1,5 litre par enfant et par jour est donné.

Vendredi 25 mars matin, des contaminations en iode proches de la contamination maximale autorisée pour les adultes fixée à 300 becquerels par litre en plusieurs endroits du pays. A Tokyo les niveaux dans l’usine de purification qui avaient dépassé la limite pour les bébés sont redescendus à 79 Bq/l jeudi et 51 Bq/l vendredi.

Samedi 26 mars, la contamination en iode de l’eau de Tokyo est à des niveaux “acceptables” : 34 Bq/l et 48 Bq/l le matin dans deux stations de purification et rien dans la troisième.

Dimanche 27 mars, le gouvernement a interdit l’utilisation de l’eau de pluie dans les stations de purification de l’eau.

Jeudi 14 avril, TEPCo a annoncé avoir mis en évidence une augmentation de la contamination de l’eau souterraine sous les réacteurs n°1 et 2. Sous le réacteur n°1, la contamination de l’eau en iode 131 est passée de 72 000 becquerels par litre le 6 avril à 400 000 becquerels par litre le 13 avril. La concentration en césium 134 est passée de 1 400 à 53 000 becquerels par litre. Sous le réacteur n°2, la concentration en iode a été multipliée par 17 sur la même période.

Sous les autres réacteurs, la concentration est stable : elle est inférieure au millier de becquerels par litre à un peu plus de 10 000 becquerels par litre.

Mai – Juin 2011

Dimanche 1er mai, des concentrations élevées en césium ont été trouvées dans des boues de la station d’épuration de Koriyama : 26 400 becquerels par litre. Une fois les boues asséchées, les résidus obtenus sont à 334 000 becquerels par kilogramme. Les autorités locales ont suspendu l’envoi vers les cimenteries.

Jeudi 12 mai, le gouvernement a annoncé que les boues fortement radioactives des stations d’épuration seront entreposées sur place. Elles seront ensuite traitées comme des déchets nucléaires pour lesquels le gouvernement n’a pas de solution à proposer.
Les boues ayant une contamination supérieure à 100 000 becquerels par kilo devront être brûlées à Fukushima et les cendres entreposées dans des conteneurs pour déchets nucléaires. Celles ayant une contamination inférieure à cette limite, elles doivent être entreposées sur place en attendant mieux. Les boues ayant une contamination inférieure à 1 000 becquerels par kilo pourront être utilisées dans les cimenteries si leur contaminations peut être réduite à 100 becquerels par kilo par dilution avec d’autres matériaux. Les volume des boues doit être réduit au maximum a déclaré le gouvernement qui va aussi limiter les doses reçues par les travailleurs exposés.
Les boues des stations d’épuration sont aussi radioactives dans de nombreuses autres préfectures : Niigata, Ibaraki, Gunma, Kanagawa, Tokyo. A Tokyo 24 000 becquerels de césium par kilo ont été mesurés dans les cendres d’incinération des boues.

Mercredi 1er juin, l’université de Fukushima a annoncé avoir trouvé de la neige radioactive en 31 points sur 7 montagnes de la préfecture. Il y avait plus de 200 becquerels de césium par kilo en 14 points. Un échantillon prélevé à 1 300 mètres d’altitude avait plus de 3 000 becquerels par kilo, ce qui montre que les particules radioactives sont montée très haut.

Mercredi 8 juin, les stations d’épurations croulent sous le sboues radioactives et ne savent plus où les stocker maintenant qu’elle ne peuvent plus les incinérer ou les épandre. Les travailleurs et les riverains s’inquiètent.

Mardi 14 juin, la NHK a enquêté auprès des 47 préfectures du Japon et a trouvé que 22 d’entre elles ont analysé la radioactivité dans les boues des stations d’épuration. Les résultats ont été positifs dans 16 d’entre elles, allant de Hokkaido à Osaka. La plus forte contamination a été trouvée dans la ville de Fukushima, avec 447 000 becquerels par kilo. Tokyo suit avec 55 000 becquerels par kilo. A Maebashi, au nord de Tokyo, c’est 42 800 becquerels par kilo. Les autorités ne savent toujours pas quoi faire de ces boues contaminées.

Vendredi 17 juin, le gouvernement japonais a fixé des règles pour ces boues radioactives. En dessous de 8 000 becquerels de césium par kilo, elle peuvent être enfouies dans des centres d’enfouissement, s’il n’y a pas de projet de développement résidentiel pour l’avenir. Entre 8 000 et 100 000 becquerels de césium par kilo, il faut faire une étude au cas par cas avant enfouissement. Enfin, au-dessus de 100 000 becquerels par kilo, il faut les couvrir le temps que le gouvernement ne trouve une solution. Cela devrait être à sa charge.
Les autorités locales ont du mal à mettre ces règles en pratique : même en dessous de 8 000 becquerels par kilo, elle peinent à trouver un site qui les accepte. Pour elles, une solution doit être trouvée rapidement car les riverains sont inquiets.

Vendredi 24 juin, l’ACRO a mis en ligne des résultats d’analyse sur de l’eau prélevée dans le Sud de la province de Miyagi. Aucune contamination n’a été décelée.

Juillet – Août – Septembre 2011

Jeudi 28 juillet, les autorités ont présenté une premier bilan des analyses faites sur des boues de station d’épuration. Sur les 50 000 tonnes que le Ministère de la Santé a fait analyser, 1 557 tonnes ont une contamination qui dépasse les 8 000 becquerels par litre et doivent être considérées comme des déchets radioactifs. Les 5 provinces concernées par ces boues radioactives sont Fukushima, Miyagi, Niigata, Tochigi et Gunma. Il y a des boues radioactives dans de nombreuses régions, mais en-dessous du seuil de 8 000 Bq/kg. Ainsi 33 950 tonnes ont plus de 100 Bq/kg en césium dans 11 régions. Ces boues ne peuvent pas être étendues ou enfouies dans des zones il est prévu de construire plus tard. La boue la plus contaminée a été trouvée à Koriyama avec 89 697 becquerels par kilo.
54 613 tonnes de boues doivent encore être testées dans 14 régions.
De nombreuses stations d’épuration ont du mal à se débarrasser de leurs boues. Ainsi 36 333 tonnes sont entreposées dans des stations d’épuration en attendant de trouver un exutoire.
Les autorités n’arrivent pas à trouver un terrain pour les entreposer.

Dimanche 7 août, des résultats officiels de contamination de l’eau d’étangs sont ici.

Mardi 16 août: au Japon, chaque école, collège a une piscine en plein air. L’eau des piscines de Fukushima est contaminée et personne ne sait qu’en faire. 600 des 735 piscines ne peuvent pas être vidées. Un tiers seulement de ces piscines ont un système de vidange vers le réseau des eaux usées. Les autres vidangent habituellement vers les rivières ou les drains agricoles. Le gouvernement a donc suggéré d’obtenir l’accord des agriculteurs qui rechignent. D’autres hésitent à envoyer l’eau contaminée dans le réseau des eaux usées par égard envers les riverains et les employés. Beaucoup de piscines sont devenues vertes avec le développement des algues et les écoles s’inquiètent des problèmes sanitaires que cela pourrait entraîner.

Par ailleurs de la boue contenant 86 000 becquerels de césium par kilogramme a été trouvée dans une rigole de Aizuwakamatsu à 100 km de la centrale.

Mercredi 17 août, la NHK a mené l’enquête auprès de 17 provinces du Nord-Est du Japon : il y a maintenant 54 400 tonnes de boues radioactives produites dans les stations d’épuration. 75% contiennent moins de 8 000 Bq/kg de césium, mais seulement 51% environ sont toujours entreposées sur place car il est difficile de trouver un site d’enfouissement qui les accepte. Dans 7 stations d’épuration situées dans 4 provinces, il a fallu délimiter une zone interdite car le niveau de dose est trop élevé.

Vendredi 9 septembre, le Mainichi revient sur le casse-tête de la décontamination et des déchets radioactifs engendrés. Nettoyer les bâtiments avec de l’eau sous pression pose le problème du devenir de l’eau, surtout dans les zones où les populations boivent encore l’eau du puits. Faute de centre d’entreposage, les autorités ont demandé aux particuliers de garder les déchets radioactifs (herbes, boues…) chez eux dans des sacs plastics le temps nécessaire. Beaucoup rechinent de peur que ces déchets ne polluent leur eau potable. Fukushima est la troisième province par sa taille au Japon, avec beaucoup de zones montagneuses. Seulement 92,4% de la population a accès au réseau d’eau contre 97,5% au niveau national. L’eau des puits représente donc un sujet sensible.
C’est le même problème pour les équipes municipales qui souhaitent décontaminer des municipalités entières. Le pays n’a aucune solution pour gérer tous ces déchets, y compris les débris du tsunami rendus radioactifs par la catastrophe nucléaire.

Octobre – Novembre 2011

Vendredi 7 octobre, TEPCo a commencé à asperger les environs de la centrale avec de l’eau “faiblement” contaminée dont elle ne sait que faire. Elle doit se débarrasser ainsi de 17 000 tonnes d’eau qui provient des réacteurs 5 et 6. La compagnie a commencé par le bois entassé près de la centrale pour prévenir les incendies. Elle va continuer ainsi à un rythme de 100 tonnes par jour sur les 1,2 million de mètres carré de la centrale. Des photos sont disponibles sur le site de TEPCo. Une vidéo est aussi disponible.
Selon le communiqué de TEPCo en anglais, la contamination de cette eau est inférieure à 4,7 Bq/l pour l’iode 131, 9,7 Bq/l pour le césium 134 et 12 Bq/l pour le césium 137.

Mercredi 12 octobre, la municipalité de Tokyo veut utiliser les boues de station d’épuration et les cendres radioactives pour remplir les remblais en mer dans la baie de Tokyo. ce n’est pas sans danger pour l’océan…

Lundi 19 octobre, encore un point chaud découvert à Tokyo. Dans une école de l’arrondissement d’Adachi, cette fois-ci : 3,99 microsieverts par heure à 5 cm du sol, 0,41 microsieverts par heure à 50 cm et 0,24 à 1 m. C’est un drain d’évacuation de la piscine qui est à l’origine de ce débit de dose élevé. La zone a été balisée pour éloigner les enfants et sera décontaminée. Ce sont des résidents de l’arrondissement qui ont suggéré à la municipalité de contrôler après la découverte d’un débit de dose élevé.

Jeudi 20 octobre, le ministère des sciences et technologies a mis en ligne des résultats de mesure sur l’eau des rivières de Fukushima. C’est ici en japonais. Le nom de la rivière n’est pas indiqué.
La principale rivière du Fukushima est la rivière Abukuma. D’après wikipedia, son débit est de 67,3 m3/s. En supposant qu’elle est contaminée à 1 Bq/l, cela ferait un rejet en mer de 5,8 gigabecquerels par jour ou 2 térabecquerels par an. C’est significatif. C’est plus que ce qu’a rejeté volontairement TEPCo au mois d’avril (0,15 terabecquerels). Mais beaucoup moins que la fuite (940 térabecquerels pour le césium 137. Autant pour le césium 134. Beaucoup plus pour l’iode).
Il est donc important de connaître la contamination des rivières. Les données actuelles sont insuffisantes.

Mercredi 16 novembre, les boues de station d’épuration contaminées et les cendres d’incinérateurs radioactives continuent à s’accumuler sans qu’une solution ne soit trouvée. Les cimenteries, qui utilisaient les cendres les refusent. La ville de Yokohama par exemple a maintenant 5 500 tonnes de cendres et les stations d’épuration produisent quotidiennement 16 000 mètres cube de boue.
En mai, il y avait 5 000 becquerels césium par kilo de cendre, maintenant, il y en a moins de 2 000. Les cimenteries ne peuvent accepter les cendres que si la contamination est inférieure à 300 Bq/kg.

Par ailleurs, la contamination des sédiments des rivières de Fukushima se déplace vers l’aval. Selon des résultats publiés par le ministère de l’environnement, il y a 3 200 becquerels de césium par kilogramme de sable dans la rivière Niida River au niveau d’Iitate, dans les montagnes, et 13 000 Bq/kg à Sôma, plus près de la mer. A Iitate le niveau a été divisé par 5 depuis le mois de mai, mais à Sôma, il a été multiplié par 3. A l’embouchure de la rivière Mano, située aussi à Sôma, les niveaux ont doublé depuis mai.
C’est dans la rivière Ota qui coule à Minami-Sôma qu’a été détectée la plus forte concentration : 60 000 Bq/kg.
En ce qui concerne l’eau, c’est dans un barrage situé dans la zone interdite qu’a été mesurée la plus forte concentration avec 27 Bq/l.
Les données sont ici en japonais.

Lundi 21 novembre, selon le Asahi, il y a 64 000 tonnes de boues de station d’épuration et de cendres accumulées au lieu d’être utilisées dans des cimenteries. C’est 20 000 tonnes de plus qu’il y a deux mois. 14 provinces sont concernées. Il y a 17 000 tonnes à Fukushima, 12 000 à Miyagi, 5 300 à Gunma… Les coûts supplémentaires engendrés par cette crise devraient compensés par TEPCo.
Les niveaux de contamination sont à la baisse.

Jeudi 24 novembre, selon une étude des universités de Kyoto et Tsukuba, et de l’Agence de météorologie nationale, le fleuve Abukuma a rejeté 52 gigabecquerels (52 milliards de becquerels) par jour dans la mer. C’est 10 fois plus que notre estimation à la louche faite le 20 octobre (voir ci-dessus), qui n’était donc pas si mauvaise… La surveillance des rivières est ici en anglais.
Le fleuve Abukuma coule vers le nord de la province et son embouchure est dans la province de Miyagi, à Iwanuma. Il draine l’eau d’un bassin versant de 5 400 km2 qui inclut des territoires contaminés.

Samedi 17 décembre, le ministère de l’environnement a publié des données sur la contamination des rivières pour les provinces de Miyagi et Tochigi. C’est en japonais.

Mardi 28 février, la province de Gunma a rendus publics des résultats sur des poissons de rivière : entre 459 et 480 Bq/kg pour le césium dans des Wakasagi pêchés dans le lac situé au somment du mont Akagi. C’est moins que la limite actuelle, mais plus que la future limite. La pêche est autorisée, mais pas la consommation. Les pêcheurs laissent les poissons sur place après la pêche.
Il y avait de 110 à 360 Bq/kg dans des poissons pêchés dans les rivières Yamamé et Iwana au Nord de la province.

-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l’eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> La surveillance des rivières est ici en anglais.
-> Des données sur l’eau de puits et de rivières sont ici en japonais.

Sommaire


Contamination de l’alimentation

Mars 2011

Samedi 19 mars, une contamination radioactive a été détectée dans des produits alimentaires (lait et épinards) à proximité de la centrale. Le Ministère japonais de la santé a ordonné aux autorités locales d’enquêter sur la provenance des produits et de prendre les mesures appropriées. Ces produits n’ont pas été mis sur le marché et les agriculteurs indemnisés par TEPCo.

Lundi 21 mars, l’OMS a déclaré que la contamination de l’alimentation au Japon était plus inquiétante que ce qu’elle avait craint au début. Le même jour, le gouvernement japonais a interdit la commercialisation des épinards et autres légumes feuille des 4 préfectures les plus touchées par les retombées radioactives. En 2009, cela représentait 17,4% de la production du pays et 60% des épinards vendus à Tokyo. La commercialisation du lait de la province de Fukushima a aussi été interdite. Des compensations sont proposées par le gouvernement.

Mardi 22 mars, le gouvernement a demandé à la préfecture de Fukushima de ne plus commercialiser de légumes récoltés dans la province. Il recommande à la population de ne plus le consommer. La commercialisation du lait et du persil a aussi été suspendue dans la province voisine de Ibaraki. Une contamination de 82 000 becquerels par kilo en césium, soit 164 fois la limite a été annoncée dans des ”kukitachina” (légume feuille) à Motomiya (60 km de la centrale) et de 15 000 becquerels par kilo en iode, ce qui représente plus de 7 fois la limite.

Lundi 26 décembreMercredi 23 mars, la litanie des légumes contaminés continue. Du césium qui dépasse les limites a été trouvé dans 25 échantillos provenant de la préfecture de Fukushima. 80 fois la limite dans des épinards à Tamura, 56 fois dans des feuilles de shinobu-fuyuna à Kawamata, 27,8 dans des broccoli d’Iitate… De l’iode radioactive a été trouvée dans 21 échantillons. De l’iode a aussi été trouvé dans du lait à Mito (province d’Ibaraki)… Les enfants sont particulièrement vulnérables à l’iode qui peut se concentrer dans la thyroïde et causer des cancers.

Les niveaux de contamination relevés à Kawamata, 22 000 Bq/kg d’iode dans des shinobu-fuyuna correspondent à une exposition de 7 millisieverts par an à la glande thyroïdienne pour des adultes, 33 millisieverts pour des jeunes enfants et 62 millisieverts pour des nourrissons. La limite maximale autorisée est de 1 millisievert en temps normal et 50 en cas d’urgence.

Vendredi 25 mars, 890 becquerels par kilo en césium dans des légumes feuille (komatsuna) ont été détectés dans la banlieue de Tokyo, à 250 km de la centrale, soit plus que la limite autorisée qui est de 500 Bq/kg.

Samedi 26 mars, il a été détecté de la radioactivité dans 99 aliments ou boissons différents. De nombreux produits des provinces de Chiba ou de Fukushima  dépassent les limites “accepatbles”.

Le quotidien Yomiuri du mardi 29 mars explique que les règles de surveillance de la radioactivité dans l’alimentation dépendent des préfectures : les limites sont les mêmes, mais pas les aliments à analyser en priorité. Par ailleurs, les agriculteurs sont très inquiets pour le production et demandent une révision des normes : pourquoi la même limite pour le persil qui est consommé en faible quantité que pour un autre légume ou du riz consommés en plus grande quantité ?

Jeudi 31 mars, de la viande de boeuf ayant 510 becquerels par kilo de césium 137 soit juste au dessu de la limite (500 Bq/kg) a été trouvée à Tenei qui est à 70 km de la centrale. Vendredi 1er avril, après vérification, ce boeuf n’était plus contaminé.

Avril 2011

Samedi 2 avril, 33 légumes ou fruits sur 49 analysés étaient contaminés en césium et iode dans la préfecture de Fukushima, mais toujours en dessous des limites. Des produits marins étaient contaminés dans la préfecture d’Ibaraki, selon le ministère de l’éducation et de la recherche.

Plus tôt dans la semaine, le ministère de la santé avait annoncé avoir trouvé 25 légumes provenant de la préfecteure de Fukushima our d’autres préfectures limitrophes qui dépassaient la limite 500 becquerels par kilogramme pour le césium et 2 000 becquerels par kilogramme pour l’iode.

Dimanche 3 avril, des champignons contaminés ont été trouvés à Iwaki dans la préfecture de Fukushima : 3 100 becquerels par kilo en iode 131, alors que la limite est de 2 000 Bq/kg et 890 Bq/kg en césium 137 alors que la limite est à 500 Bq/kg.

Lundi 4 avril, on s’attend à ce que le ministère de la santé maintienne les limites de contamination radioactive dans l’alimentation. Certaines préfectures ont appelé à l’abaissement de ces limites et d’autres à plus de “souplesse”, mais le comité d’experts consultés a conseillé de maintenir le statu quo. En revanche, les interdictions de vente de produits alimentaires sera dorénavant décidée par municipalité et non plus par préfecture. L’interdiction sera levée quand les produits en question seront sous la limite pendant 3 semaines. Les épinards de 3 municipalités de la préfectures de Chiba viennent d’être interdits à la vente.

Le même jour, Singapour a interdit l’importation de légumes de la préfecture de Hyogo après avoir trouvé un chou ayant 118 becquerels d’iode 131 par kilogramme, juste au dessus de la limite fixée par ce pays à 100 Bq/kg (au Japon, c’est 2 000 Bq/kg). Hyogo est à 600 km environ de le centrale accidentée.

Vendredi 8 avril, le gouvernement a levé l’interdiction de mise sur le marché de légumes feuille de la région de Gunma et de lait de la région de Aizu, toutes les deux situées dans la préfecture de Fukushima. Cela faisait 3 semaines que la contamination était sous les limites.

Samedi 9 avril, le syndicat des producteurs de tabac a décidé de ne pas planter de tabac cette année dans la province de Fukushima, bien que l’an dernier cela représentait la 7ième plus forte production du Japon. Le ministre de l’agriculture, en visite dans la région, a exorté les agriculteurs à ne pas encore planter le riz et a annoncé un zonage pour la mi-avril.

Dimanche 10 avril, c’est au tour de shiitake (champignons) cultivés à l’extérieur à Date, Shinchimachi et Iitatemura de dépasser les limites de mise sur le marché. Des shiitake de Iwaki affichaient une contamination de 890 becquerels par kilogramme en césium. A Aizu, les ventes de lait ont repris.

Lundi 11 avril, le Yomiuri publie un article expliquant comment réduire la contamination de l’alimentation en cuisinant. Les Japonais se préparent à consommer des produits contaminés pendant de longues années.

Mardi 12 avril, le gouvernement japonais a annoncé avoir détecté du strontium dans des aliments très faible quantité en plusieurs endroits de la préfecture de Fukushima. Il n’a pas de limite établie pour la concentration du strontium dans l’alimentation.

Les résultats sont ici en japonais. Les résultats sont exprimés en becquerels par kilogramme frais. Les quatre dernières lignes correspondent à des végétaux. Cela varie de 12 à 61 Bq/kg en strontium 89 et 1,8 à 5,9 Bq/kg en strontium 90.

Mercredi 13 avril, la chaîne de supermarché Aeon a vendu des laitues “sanchu” en provenance de Asahi (province de Chiba) pendant 9 jours alors qu’il y avait une interdiction de mise sur le marché. 2 200 laitues auraient été vendues dans 57 magasins.

Un poisson avec 12 500 becquerels par kilogramme en césium a été pêché à 500 mètres au large d’Iwaki et à 35 km de la centrale. Un tableau rassemblant les données de mesure sur des poissons est disponible en ligne en anglais ici.

Samedi 16 avril, le gouvernement a autorisé la mise sur le marché du lait en provenance de 25 municipalités de la préfecture de Fukushima. Elles s’ajoutent aux 7 municipalités pour lesquelles l’interdiction a été levée le 8 avril. La concentration maximale en iode détectée était de 27 becquerels par kilogramme alors que la limite est fixée à 300 becquerels par kilogramme. Pour le césium, la concentration maximale détectée était de 16,9 becquerels par kilogramme avec une limite fixée à 200 becquerels par kilo.

Jeudi 21 avril, le gouvernement japonais a décidé de mener sur le lait maternel suite à la découverte par un institut privé d’iode 131 allant jusqu’à 36,3 becquerels par kg dans certains prélèvements, les mères vivant alors dans quatre préfectures proches de Tokyo. C’est inférieur à la limite maximale autorisée pour l’eau des bébés (100 becquerels/kg). Il n’y a pas de limite de fixée pour le lait maternel.

Le vendredi 22 avril, des données sur la contamination du lait, de la viande et des oeufs ont été rendues publiques. La veille, une autre chaîne de supermarché a vendu des légumes qui n’avaient pas le droit d’être mis sur le marché.

Le mardi 26 avril, le gouvernement a annoncé qu’il allait mesurer la contamination des pâtures dans 16 préfectures (Fukushima, Aomori, Iwate, Miyagi, Akita, Yamagata, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saitama, Chiba, Tokyo, Kanagawa, Yamanashi, Nagano et Shizuoka). Les limites ont été fixées à 300 becquerels de césium radioactif par kilogramme d’herbe pour les vaches et le boeufs, et 70 becquerels d’iode 131 par kilogramme d’herbe pour les vaches. Ces valeurs sont plus basses que pour l’alimentation humaine…

Samedi 30 avril, le ministère de la santé a annoncé avoir trouvé une faible contamination dans le lait maternel de 7 femmes sur 23 testées dans les province d’Ibaraki et Fukushima. Une femme qui était à 30 km de la centrale accidentée jusqu’au 24 mars avait 3,5 becquerels d’iode par kilo  et 2,4 becquerels de césium par kilo. Pour les autres, il n’y avait que de l’iode avec des concentrations comprises entre 2,2 et 8 becquerels par kilogramme.

Mai 2011

Lundi 2 mai, le gouvernement a trouvé de nombreuses pâtures dépassant les limites autorisées pour l’alimentation des bovins. Il va imposer aux agriculteurs de nourrir leur bêtes avec de la nourriture importée dans ces zones. A Soma, par exemple, la contamination en césium était, le 30 avril, 30 fois supérieure à la limite. A Chiba, c’était 3 fois la limite pour l’iode et le césium.

Lundi 9 mai, le gouvernement a interdit la mise sur le marché de pousses de bambou et de “kogomi” (espèce de fougère) de plusieurs municipalités de la préfecture de Fukushima : 650 Bq/kg de césium ont été mesurés dans des pousses de bambou d’Iwaki et 770 Bq/kg dans des kogomi de la ville de Fukushima à la fin avril.

Jeudi 12 mai, on a appris que des feuilles de thé cultivées à Minamiashigara, dans la préfecture de Kanagawa, étaient contaminées à 570 becquerels de césium 137 par kilogramme, soit plus que la limite fixée par les autorités. La commercialisation a été suspendue et le rappel des produits déjà vendu a été lancé. Minami-ashigara est à 280 km de la centrale de Fukushima.

Vendredi 13 mai, des légumes cultivés dans les préfectures voisines d’Ibaraki et de Tochigi sont toujours fortement contaminés : 1 110 becquerels de césium par kilo de persil à Ibaraki. Ce persil a été envoyé dans un marché de gros à Niigata. De même pour les pâtures : 3 480 becquerels de césium par kilo d’herbe à Nikko, 3 600 et 860 à Nasushiobara…

Lundi 16 mai, on a appris que des feuilles de thé cultivées dans le Nord de la préfecture d’Ibaraki étaient contaminées en césium à plus de 500 becquerels par kilogramme : 894 Bq/kg à Sakai et 570 Bq/kg à Daigo. La commercialisation du thé provenant de ces deux municipalités a été suspendue.Il y a environ 300 producteurs de thé à Daigo et 37 usines de traitement. La récolte commence habituellement en mai.
Le gouvernement va renforcer la surveillance des poissons de rivière (ayu, truite…) et des plantes sauvages.

Mardi 17 mai, le ministère de l’agriculture a demandé à 20 000 fermiers de 7 préfectures de ne pas sortir leurs bêtes car les pâtures sont trop contaminées. Cela concerne 700 000 bovins des préfectures de Chiba Iwate, Fukushima, Ibaraki, Gunma, Tochigi et Saitama. A Ichihara (Chiba), il y avait 1 100 becquerels de césium par kilo d’herbe.

Jeudi 26 mai, on a appris que du thé des provinces de Chiba et Gunma, situées à 200 km de la centrale, était aussi contaminé en césium à des taux dépassant les limites. Par exemple, il y avait 763 becquerels par kilogramme à Narita (Chiba) et 780 becquerels par kilogramme à Shibukawa (Gunma). A Narita, deux producteurs ont déjà vendu une partie de leur production. La mise sur la marché a été suspendue.

Lundi 30 mai, la décision du conseil de l’éducation de Kashima (Ibaraki) de ne plus utiliser de produits locaux dans ses cantines scolaires a provoqué un tollé. 16 des 17 écoles primaires et collèges publics n’utilisent plus de produits agricoles de la province d’Ibaraki. La centrale d’achat des cantines se fournit esentiellement à l’Ouest du Japon. Les représentants des chambres d’agriculture sont en colère, prétextant que leurs produits sont sains.

Juin 2011

Samedi 3 juin, le gouvernement a suspendu la commercialisation du thé provenant de quatre préfectures (Ibaraki et certaines parties de Kanagawa, Chiba et Tochigi). La difficulté avec le thé est de savoir à quelle étape du processus on contrôle la radioactivité. Par exemple, du thé frais contaminé à 500 becquerels par kilo verra sa contamination monter à 2 500 becquerels par kilo après séchage partiel (“aracha”) puis à une douzaine de becquerels par litre dans l’eau après infusion. Le gouvernement a décidé de vérifier à la fois le thé frais et l’aracha.

Vendredi 10 juin, 670 becquerels de césium par kilo de thé provenant de la province de Shizuoka à 300 km de la centrale de Fukushima ont été détectés. C’est au-dessus de la limite de commercialisation. Jusqu’à maintenant, la plus forte valeur détectée était de 460 Bq/kg. Le thé était donc commercialisé. La préfectur de Shizuoka a demandé au revendeur de thé de ne pas annoncer la contamination du thé sur son site Internet.

Mardi 14 juin, le gouvernement a demandé à 5 usines de thé de la province de Shizuoka de ne plus commercialiser leur production et de rappeler les lots déjà vendus. Le thé vert séché contenait entre 581 et 654 becquerels par kilo en césium. Dans 15 autres usines, les niveaux allaient de 161 à 499 becquerels par kilo. Par ailleurs, les autorités ont testé la contamination de la boisson après infusion avec le thé contaminé de 2 des 5 usines et a trouvé entre 5,8 et 7,3 becquerels par litre, ce qui moins que la limite de 200 becquerels par litre pour la boisson.

Jeudi 16 juin, la municipalité de Yokohama a commencé à contrôler la contamination des légumes destinés aux cantines scolaires dans le but de rassurer les parents d’élève. La municipalité va tester un légume par jour avant de l’utiliser le lendemain. Les résultats seront publiés sur son site Internet. D’autres municipalités autour de Tokyo font de même ou ont l’intention de faire de même.

Vendredi 17 juin, la direction de la consommation (DGCCRF) a annoncé avoir détecté à Roissy du thé vert séché en provenance de la province de Shizuoka avec une contamination en césium de 1 038 Bq/kg, alors que la limite est de 500 Bq/kg.

Vendredi 24 juin, l’ACRO a mis en ligne des résultats d’analyse sur des légumes prélevés directement chez des agriculteurs dans le Sud de la province de Miyagi. Tous sont contaminés à des niveaux qui autorisent leur mise sur le marché.

Lundi 27 juin, les autorités ont ajouté 3 préfectures à la liste des préfectures où la production agricole doit subir des contrôles de radioactivité. Il s’agit de Kanagawa, Yamanashi et Shizuoka.

Jeudi 30 juin, le bureau de l’arrondissement de Itabashi de Tokyo a annoncé avoir détecté 1 300 becquerels de césium 134 et 1 400 becquerels de césium 137 par kilo de thé. Les feuilles de thé avaient été cueillies par des enfants d’une classe de primaire. Ces concentration sont sur le thé après traitement. Il a fallu environ 80 kilo de feuilles fraiches pour faire 20 kilo de thé. Dans les feuilles fraiches prélevées par la suite dans la même plantantion de Tokyo, il a été trouvé 350 becquerels des deux césiums par kilo. C’est la première que du thé radioactif est trouvé à Tokyo.

Juillet 2011

Vendredi 8 juillet, c’est au tour de la province de Tochigi d’avoir du thé radioactif. 1 810 becquerels de césium par kilo ont été détectés dans des feuilles de thé en sortie d’usine à 160 km de la centrale. De la viande de boeuf contaminée en césium à 2 300 becquerels par kilo a été découverte à Minami-Sôma (Préf. de Fukushima). Cette viande n’a pas été mise sur le marché. C’est la plus forte contamination revelée dans de la viande jusqu’à maintenant.

Samedi 9 juillet, ce sont finalement les 11 vaches du même producteur de Minami-Sôma (Sôma-Sud) qui sont toutes contaminées en césium à des taux qui dépassent la limite : il y a entre 1 530 et 3 200 becquerels par kilogramme. Cette viande ne sera pas commercialisée. Mais le même producteur a déjà vendu de la viande de boeuf (6 têtes) en mai et juin et elle a été mise sur le marché et consommée. La ferme va être inspectée.

Lundi 11 juillet-Mardi 12 juillet, c’est la paille donnée aux vaches de Minami-Sôma qui est à l’origine de la contamination de la viande. La contamination en césium atteint les 75 000 becquerels par kilo. La viande des 6 vaches contaminées a été envoyée dans les provinces de Shizuoka, Osaka, Tokyo, Kanagawa et Ehime. A partir de là, de la viande a été revendue dans d’autres préfectures. 9 préfectures en tout ont reçu de la viande contaminée. Osaka a reçu deux vaches. Une est encore en stock et ne sera pas vendue. L’autre l’a déjà été. A Shizuoka, la viande a déjà été vendue : 1 998 becquerels de césium par kilo de viande ont été détectés dans un restaurant de la ville. 15 kilogrammes ont déjà été consommés et il en reste 13 kilogrammes en stock. D’autres restaurants à Aichi et Hokkaido ont aussi servi de la viande contaminée. Dans la province de Kanagawa, 190 kilogrammes de cette viande ont été vendus à des boucheries et restaurants.
Les autorités régionales ont reconnu ne pas avoir d’équipement pour détecter la contamination interne des vaches. Seule la contamination externe sur les jambes et le dos est mesurée. Pour le reste, elles se reposent sur un questionnaire rempli par les éleveurs. L’éleveur de Minami-Sôma dont les vaches sont contaminées aurait menti en remplissant ce questionnaire et personne n’aurait vérifié. Le fermier a nourri ses vaches avec de la paille qui est restée dehors d’octobre à avril. Il a déclaré aux médias qu’il n’avait pas d’autre choix pour nourrir ses bêtes.

Mercredi 13 juillet, les autorités régionales ont décidé de tuer toutes les vaches restées dans 260 fermes de la zone d’évacuation et de contrôler la viande avant sa mise sur le marché. Ceci afin de regagner la confiance des consommateurs. Mais comme il n’y a pas assez d’équipement pour mesurer la radioactivité, cela risque de prendre du temps.
Selon le dernier bilan, environ 438 kilo de viande de boeuf contaminée auraient été consommés sur les 1 439 kilo de viande que représentaient les 6 vaches contaminées. La plus forte contamination en césium détectée dans la viande retrouvée est de 4 350 becquerels par kilogramme. Il y avait 3 710 becquerels par kilogramme dans une autre vache.

Vendredi 15 juillet, de la paille de riz très radioactive a été trouvée dans une autre ferme qui a déjà envoyé 42 vaches à l’abattoir. 7 d’entre elles n’auraient pas mangé de paille contaminée. C’est l’éleveur lui-même qui a contacté les autorités pour leur demander de contrôler sa ferme après avoir appris ce qui s’est passé à Minami-Sôma. Située à Asakawa, la ferme est à 60 km de la centrale, dans la province de Fukushima. Mais la paille vient d’une ferme bio de Shirakawa situé à 75 km de la centrale, et a une contamination allant jusqu’à 97 000 becquerels de césium par kilogramme. Les autorités et agriculteurs semblent découvrir que la contamination est allée si loin. Le débit de dose est de 0,17 microsieverts par heure devant la mairie de Asakawa et de 0,49 à Shirakawa.
Les autorités régionales de Miyagi ont détecté 3 647 becquerels de césium par kilogramme de paille dans une ferme située à Tomé qui est à 140 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, et 2 449 à Kurihara qui est un peu plus loin.
Le gouvernement, qui a reconnu avoir oublié d’inclure la paille de riz dans ses contrôles et restrictions, cherche ce qu’est devenue la viande. La paille de riz, peu nourrissante, n’est pas suffisante pour nourrir le bétail. Cependant, comme elle favorise le gras prisé par de nombreux consommateurs, les vaches sont souvent nourries à la paille de riz dans les mois qui précèdent leur envoi à l’abattoir.
A Tokyo, un morceau de viande provenant d’une de ces 42 vaches avait 650 becquerels de césium par kilo. La viande de ces vaches a été distribuée dans 22 provinces sur 47. (29, selon une enquête du Asahi).
Le ministère de la santé a déclaré qu’il allait revoir tout le système de contrôle de la viande : actuellement, les autorités régionales n’ayant pas les moyens, elles se retournent vers les municipalités qui doivent contrôler tous les produits agricoles et sont donc débordées.

Samedi 16 juillet, des shiitakes (champignons japonais) cultivés à l’intérieur à une soixantaine de kilomètres de la centrale sont contaminés à des teneurs en césium qui dépassent la norme de 500 becquerels par kilo : 1 770 becquerels par kilo à Daté et 560 Bq/kg à Motomiya. Environ 157 kilos de ces champignons ont déjà été mis sur le marché. Les autorités ont demandé aux producteurs de rappeler leurs produits.
Par ailleurs, la viande de 84 autres vaches en provenance de 5 fermes de Fukushima et nourries avec de la paille ou du foin fortement contaminés, a été mise sur le marché entre le 28 mars et le 13 juillet. Ces fermes sont à Koriyama, Kitakata et Sôma. Dans une ferme de Koriyama, la paille avait jusqu’à 500 000 becquerels de césium par kg. L’urine de ces vaches avait 270 becquerels de césium par litre. A Kitakata, il n’a pas été possible de mesurer la paille car elle a été entièrement mangée.
Les éleveurs ont expliqué ne pas être au courant qu’ils ne devaient pas donner de la paille ayant séjourné à l’extérieur après le 11 mars.
En ce qui concerne les 42 vaches précédentes, la viande a été distribuée dans 30 préfectures, selon le dernier dénombrement. Les tests effectués sur 6 de ces vaches dont la viande n’a pas encore été vendue, ont mis en évidence des contaminations en césium inférieures à la limite de 500 Bq/kg. 5 autres étaient au-dessus, avec une contamination allant jusqu’à 2 100 becquerels de césium par kilo.
Cela porte à 143, le nombre total de vaches contaminées ou susceptibles d’être contaminées dont la viande a été vendue.
De la paille de riz dépassant la norme de 300 becquerels par kilo a été détectée jusqu’à Osaki (Préf. de Miyagi) situé à 130 km de la centrale nucléaire.

Dimanche 17 juillet, de la viande de boeuf venant de Koriyama a été récupérée à Matsuyama (île de Shikoku) auprès d’un consommateur : 2 400 becquerels de césium par kilo de viande. Un autre morceau de la même bête retrouvé à Tokyo avait 2 300 becquerels par kilo.

Lundi 18 juillet, 7 autres fermes de Koriyama, Nihonmatsu, Motomiya, Sukagawa, Shirakawa et Aizubangé (province de Fukushima), sont concernées par le problème de la paille contaminée. 411 nouvelles vaches potentiellement contaminées ont été mises sur le marché. Dans une ferme de Motomiya, il y avait jusqu’à 650 000 becquerels de césium par kilo de paille.
Dans la province de Niigata, de la paille contaminée en provenance de la province de Miyagi a été utilisée comme nourriture dans deux fermes de Nagaoka : 20 600 becquerels de césium radioactif par kilo de paille ont été mesurés. 24 vaches supplémentaires mises sur le marché sont potentiellement contaminées.
Dans la province de Yamagata, ce sont 70 vaches provenant de 4 fermes qui ont été mises sur le marché après avoir été nourries avec de la paille potentiellement contaminée. Cela fait donc un total de 505 têtes de bétail supplémentaires dont la viande est potentiellement radioactive.
La préfecture de Miyagi va contrôler tous ses 915 élevages.

Mardi 19 juillet, le gouvernement a suspendu la vente de viande de boeuf en provenance de la province de Fukushima. Il s’est excusé pour le trouble provoqué et a promis d’indemniser tous les éleveurs. Le nombre total de vaches potentiellement contaminées dont la viande a été vendue s’élève à 648. D’autres provinces sont touchées. Cette mesure pourrait ne pas suffire.
Par ailleurs, le gouvernement va étendre ses investigations.
Selon le Asahi, seules 6 préfectures sur 47 n’auraient pas vendu de viande contaminée.

Jeudi 21 juillet, la crise du boeuf continue. De la paille de riz contaminée continue à être découverte. A Saitama, dans la banlieue de Tokyo,  il y a 19 490 becquerels de césium radioactif par kilo de paille. La paille vient de la province de Miyagi, à plus de 100 km de la centrale. A Ibaraki aussi de la paille contaminée a été découverte. La paille de Miyagi a été vendue jusqu’à Gifu. 10 provinces en tout sont concernées.
57 000 becquerels de césium par kilo de paille ont été découverts dans la province d’Iwate. Cette paille a été consommée dans 5 fermes situées à Ichinoseki et Fujisawa. C’est la première fois que de la paille contaminée est découverte à Iwate à 150 km de la centrale.
Un total de 1 349 têtes de bétails suspectées d’être contaminées, ont été abattues et la viande vendue dans 45 des 47 provinces japonaises.
Le gouvernement envisage de racheter la viande de boeuf qui dépasse les normes pour l’incinérer. Seule la viande réellement contaminée et concernée, pas celle suspectée. Les éleveurs demandent que toute la viande soit indemnisée. Ce serait la première fois que le gouvernement rachète de la nourriture contaminée. Il ne l’a pas fait pour les légumes et les produits marins qui dépassent le normes de mise sur le marché. Les producteurs de légumes et les pêcheurs pourraient alors demander d’avoir la même indemnsisation.
Le gouvernement justifie cette différence par le fait qu’il porte une part de responsabilité dans la crise du boeuf.

Vendredi 22 juillet, les autorités japonaises n’ont pas assez de détecteurs à semiconducteur germanium (comme celui de l’ACRO) pour faire face à l’explosion de la demande en analyses de viande de boeuf. Elles devraient donc permettre l’utilisation de détecteurs plus simples, moins chers, mais moins précis. Il va donc imposer une limite plus stricte pour ces tests plus simples, suivi d’un deuxième contrôle avec le détecteur au germanium le cas échéant.
Depuis le 8 juillet, la contamination de 29 vaches a été confirmée.
Les vaches de la province d’Iwate à 150 km de la centrale et alimentées à la pailles locales avaient 1 210 becquerels de césium par kilo de viande. La viande a été commercialisée.
De même, à Nasushiobara, dans la province de Tochigi,  à 100 km de la centrale, 3 vaches alimentées à la paille locale, dépassaient les normes après avoir été abattues, mais la viande n’a pas encore été distribuée. Il y avait entre 560 et 760 becquerels de césium par kilogramme de viande.
Le nombre total de bêtes suspectées d’être contaminées dépasse maintenant les 2 600. Toutes les provinces sont susceptibles d’avoir reçu de la viande contaminée, sauf Okinawa. Le ministre de l’industrie a préciser qu’il allait demander à TEPCo de financer une partie du rachat de la viande contaminée.
Les mesures prises par le gouvernement dans la crise du boeuf peuvent être téléchargées ici en anglais (pdf).

Samedi 23 juillet, 626 vaches supplémentaires nourries à la paille contaminée ont été vendues dans la province de Miyagi. Selon les autorités régionales, cela fait un total de 1 183 têtes de bétail suspectées d’être contaminées pour la seule province de Miyagi.
Le gouvernement a étendu l’interdiction de vendre des shiitake (champignon) à une autre municipalité de Fukushima suite à la découverte de spécimens dépassant les normes.

Mardi 26 juillet, le gouvernement a demandé aux agriculteurs et jardiniers de ne pas utiliser de compost et d’humus provenant de l’Est du pays le temps qu’il publie des recommandations sur son usage.
Selon un dernier décompte, 2 906 vaches dans 16 provinces ont mangé de la paille radioactive avant d’être abattues et mise sur le marché. 23 échantillons de viande sur 274 avaient une contamination en césium radioactif supérieure à 500 becquerels par kilo.
Le ministre de l’agriculture va finalement demander à un syndicat de la viande de racheter toute la viande dont la contamination est supérieure à la limite de mise sur le marché et de se retourner ensuite vers TEPCo pour obtenir des compensations. Cette organisation va aussi payer pour les coûts d’entreposage de la viande qui n’est pas ou peu contaminée mais qui n’a pas pu être vendue immédiatement. Enfin, les éleveurs de Fukushima vont recevoir 50 000 yens (450 euros) par tête de bétail à titre de compensation. Les autorités envisagent d’étendre cette aide aux autres provinces.
Il n’est pas encore décidé quelle organisation va jouer ce rôle. Si elle n’a pas les moyens financiers, elle devra emprunter de l’argent.

Mercredi 27 juillet, les autorités régionales des provinces de Miyagi, Gunma et Iwate ont décidé de contrôler la radioactivité de chaque bête au niveau des abattoirs et d’émettre un certificat de contrôle. A Miyagi, 90 bêtes par jour environ sont abattues dans deux abattoirs.
Yamagata et Shozuoka qui avaient déjà pris cette décision. 11 à 12 provinces en tout vont sûrement tester systématiquement la viande de boeuf vendue, à l’encontre de la position du gouvernement central. Il y en aurait pour 36 millions d’euros environ. Cela devrait être pris en charge par les autorités régionales et les syndicats d’éleveurs qui comptent bien demander des dédommagements à TEPCo. Il n’y aura pas assez de chaînes de mesure disponibles pour faire face à tous ces contrôles.

Jeudi 28 juillet, les autorités ont interdit la vente de viande de boeuf en provenance de la province de Miyagi et envisagent de le faire pour  celle d’Iwate. 6 bêtes élevées à Miyagi avaient de la viande contaminée au-delà de la limite et 5 bêtes à Iwate. C’est la première fois que de la nourriture de Miyagi ne peut pas être mise sur le marché, bien que l’ACRO y ait détecté des légumes dépassant les normes au début de la catastrophe.

Samedi 30 juillet, selon un décompte fait par le Yomiuri, 15 provinces vont ou envisagent de contrôler la viande de toutes les vaches. Cela pourrait entraîner une baisse de 25% de la production du fait d’un manque d’équipement et de personnel. A Hokkaido par exemple, il est possible d’abattre et découper 880 vaches par jour, mais il n’est pas possible d’en analyser plus de 5 par jour.
Il n’y a qu’une centaine de détecteurs à semi-conducteur au germanium (comme celui de l’ACRO) au Japon pour contrôler la nourriture. Le gouvernement va donc autoriser l’emploi de détecteurs à scintillation au NaI, moins performants, mais suffisants pour vérifier si la contamination en césium est bien inférieure à 500 Bq/kg.
Les provinces de Fukushima at Miyagi ont découvert que 290 vaches supplémentaires pour l’une et 103 pour l’autre, ont été vendues après avoir mangé de la paille contaminée. Les autorités régionales de Miyagi ont détecté de la viande contaminée en césium au-delà des normes de 6 nouvelles bêtes. 655 becquerels par kilo pour une vache vendue et consommée.

Août 2011

Lundi 1er août, les provinces de Chiba et Tochigi ont annoncé qu’elles allaient faire analyser le riz récolté cet automne avant sa mise sur le marché. Il risque de ne pas y avoir assez de détecteurs quand la récolte arrivera.
Le ministère de l’agriculture et de la pêche a, quant à lui, expliqué qu’il allait contrôler le riz en deux temps : d’abord, avant les récoltes des tests seront effectués dans plusieurs régions. Si le résultat dépasse les 500 Bq/kg pour le césium, le riz de la zone ne pourra pas être vendu. Si le résultat est inférieur à la limite mais proche de celle-ci, le riz moissonné sera contrôlé. Le blé de 14 provinces a été contrôlé. Pour le riz, ce devrait être plus. 18 gouvernement régionnaux ont déjà annoncé leur intention d’analyser le riz.
Dans les zones fortement contaminées, il n’y a pas eu de culture du riz.
Par ailleurs, c’est au tour de la province d’Iwate de se voir interdire la vente de viande de boeuf.

Mardi 2 août, la province de Shizuoka a annoncé avoir commencé à analyser le riz.
Après les provinces de Fukushima, Miyagi et Iwaté, c’est maintenant Tochigi qui ne peut plus vendre sa viande de boeuf. Sa production est de 55 000 têtes par an.

Mercredi 3 août, le ministère de l’agriculture a précisé les règles pour les analyses en deux étapes du riz qu’il va demander aux municipalités. Un premier contrôle doit être effectué une semaine avant la moisson dans les zones où la contamination en césium dépasse les 1 000 becquerels par kilo de sol ou si le débit de dose ambiant est élevé. Si une contamination du riz dépassant les 200 becquerels par kilo, des tests complémentaires doivent être affectués après récolte. Si le résultat dépasse les 500 Bq/kg, le riz ne pourra pas être vendu.
Les producteurs et vendeurs de riz s’inquiètent car c’est environ 40% de la production de riz du pays qu’il faut tester. Cela risque de prendre du temps.

Jeudi 4 août, la province de Chiba a commencé à contrôler le riz avant récolte, en suivant les recommandations gouvernementales. Les tests seront effectués en 326 lieux et 53 municipalités (sur 54). La semaine suivante, les tests pour le riz complet devraient commencer. Les résultats sont mis en ligne (ici en japonais).

Vendredi 5 août, les consommateurs japonais se ruent sur le riz pour faire des provisions pour l’année prochaine. Ils craignent que le riz nouveau soit contaminé et ils n’ont pas confiance dans les tests annoncés par les autorités. Certains magasins ont tout vendu alors que d’habitude les ventes baissent à cette saison car les consommateurs attendent le riz nouveau. Les vendeurs s’inquiètent de la réaction du public si du césium est dans le riz, même en dessous de la limite.
Par ailleurs, le gouvernement a finalement décidé d’acheter toute la viande de boeuf suspectée d’être contaminée par la paille de riz qui a servi à nourrir les animaux, même si la contamination est sous la limite ou si la viande n’a pas été inspectée. Cela fait un total de 3 500 bêtes. La viande de 56 vaches dépasse la limite pour le moment. Le gouvernement va se retourner vers TEPCo pour des compensations financières. Il y en a pour 86 milliards de yens (782 millions d’euros). Si les éleveurs arrivent à vendre la viande ou obtiennent une compensation de TEPCo, ils devront remourser le gouvernement.
Le gouvernement va donner 50 000 yens (455 euros) par tête de bétail à chaque agriculteur des provinces où la commercialisation de la viande a été perturbée. Avant, les autorités avaient prévu de n’indemniser les agriculteurs que pour les bêtes sur le point d’être abattues. Ce sera pour chaque bête. Avec 460 000 têtes de bétail, il y en a pour 23,2 milliards de yens (211 millions d’euros). Le gouvernement va acheter les bêtes sur le point d’être vendues dans les préfectures où la commercialisation de la viande de boeuf a été suspendue. Il y en a pour 37 milliards de yens (336 millions d’euros).

Dimanche 7 août, le ministre des affaires étrangères a demandé à ses services et ambassades d’arrêter de proclamer que la nourriture japonaise est sûre après la crise du boeuf. Des résultats officiels de contamination de légumes feuille sont ici.

Mardi 9 août, Greenpeace a rendu publics des résultats d’analyse sur des poissons. Les résultats des poissons mesurés par l’ACRO sont en ligne ici. Tous sont contaminés et certains dépassent la limite fixée par les autorités pour la nourriture.
Les autorités régionnales de Chiba ont annoncé que le riz de Tako n’était pas contaminé, suite aux tests qu’elles ont fait faire.

Vendredi 12 août, la liste des produits alimentaires de Fukushima qui ne peuvent pas être mis sur le marché est ici en anglais.

Dimanche 14 août, c’est la saison des pêches à Fukushima, et malgré les précautions elles ne se vendent pas. Chez un producteur de la ville de Fukushima, les commandes actuelles ne dépassent pas les 30% des commandes de l’an dernier. Un autre à Daté en est à 10%. Les pêches de la ville de Fukushima ont été contrôlées, et il y avait entre 23 et 54 becquerels de césium radioactif par kilo de pêche. La province est la deuxième productrice de pêches au Japon. A l’automne, ce sera le tour des pommes et poires.

Vendredi 19 août, le gouvernement pourrait lever l’interdiction de commercialisation de la viande de boeuf élevé dans les provinces de Miyagi et Fukushima après avoir reçu des garanties des autorités régionales. L’interdiction n’est pas encore levée pour les deux autres provinces de Tochigi et Iwaté. La quantité de viande mise sur le marché devrait être limitée pour permettre des contrôles. Si tout va comme prévu, la commercialisation pourrait reprendre dans un mois. Mais le gouvernement a finalement décidé de ne pas lever l’interdiction pour Fukushima car de la viande contaminée au-delà de la limite a encore été trouvée récemment pour quatre vaches situées dans la zone située entre 20 et 30 km de la centrale qui n’ont pas mangé de paille contaminée. Elle l’est partiellement pour Miyagi.
Les 4 vaches en question viennent de Namié et ont été envoyées à l’abattoir le 7 et 19 avril, soit avant le 22 avril, date à partir de laquelle il y a eu évacuation de la zone. Ces vaches n’ont donc pas été contrôlées. Après le 22, toutes les vaches ont été contrôlées. Les 4 vaches étaient stockés dans les congélateurs d’un grossiste à Kawazaki. Le grossiste a fait faire des contrôles et a trouvé 1000 Bq/kg en césium.
Le fermier concerné est propriétaire de trois élevages près de la centrale de Fukushima et aurait vendu la viande de 4000 vaches entre mars et juin 2011. On ne sait pas combien étaient radioactives. Les deux autres élevages sont à Katsurao et Tamura, à proximité de Namié. Comme la viande est conservée jusqu’à 2 ans dans des congélateurs, des investigations sont lancées.

Du riz radioactif contrôlé avant la moisson a été trouvé à Hokota dans la province d’Ibaraki à 150 km au Sud Ouest de la centrale de Fukushima. Il y a 52 becquerels de césium par kilo de riz entier (23 becquerels de césium-134 et 29 becquerels de césium-137 par kilo). 20 becquerels par kilo avaient déjà été détectés à Tsukuba et Joso dans la même province, niveau considéré comme “indétectable” par les autorités régionales. Jusqu’à 11,6 Bq/kg dans du riz de Tomé dans la province de Miyagi ont été détectés en début de semaine.
Les contrôles avant récolte sont effectués s’il y a plus de 1000 Bq/kg de césium dans le sol ou si le débit de dose dépasse 0,1 microsievert par heure. Il y a entre 0,12 et 0,17 microsievert par heure à Hokota ce jour.

Un sanglier tué par des chasseurs à Kakuda dans la province de Miyagi est contaminé à hauteur de 2 200 becquerels de césium par kilo de viande.

Samedi 20 août, 5 nouvelles vaches contaminées au delà de la limite de 500 Bq/kg sans avoir mangé de la paille contaminée viennent s’ajouter au 4 découvertes la veille. Cela fait donc un total de 9.

Dimanche 21 août, le total est passé à 12 vaches….

Lundi 22 août, les autorités régionales de Fukushima ont à nouveau demandé au gouvernement de lever l’interdiction de mettre sur le marché de la viande de boeuf de la province avec comme argument que l’origine de la contamination des 12 vaches qui n’avaient pas mangé de paille radioactive est maintenant élucidée : l’étable où était les vaches et le foin n’avait pas de paroi latérale et l’air contaminée a pu entrer facilement. Mais ce que ne disent pas les autorités, c’est combien d’étables ont la même configuration…

Mardi 23 août, la vente de viande de boeuf de la province de Miyagi a repris. Les 636 élevages qui n’ont pas utilisé de paille contaminée pour nourrir les bestiaux ont la priorité, à raison d’un animal par jour maximum, car les capacités d’analyse de la viande sont limitées à une centaine de bêtes quotidiennement. 1 kg de viande par animal va être analysé.

Par ailleurs, le gouvernement central a décidé de faire des contrôles inopinés de la contamination des aliments produits dans 14 provinces du Japon. Actuellement, l’essentiel de la surveillance est du ressort des municipalités. Mais les autorités cetrales se sont rendues compte qu’une centaine de municipalités sur 600 concernées n’ont pas effectué de contrôle à la fin juillet. Ces contrôles inopinés vont se focaliser sur les lacunes de la surveillance au niveau local, c’est à dire sur les municipalité qui n’ont pas effectué de contrôle du tout ou pas de contrôle sur cetrains produits qui se sont révélés contaminés dans des municipalités voisines.

Jeudi 25 août, les autorités ont levé l’interdiction de la vente de la viande de boeuf des provinces de Tochigi, Iwate et Fukushima. Il n’y a donc plus d’interdiction pour le boeuf. Selon le dernier décompte du ministère, la viande d’environ 1 500 vaches contaminées a été distribuée à travers le pays.
Le contrôle de la viande de boeuf accapare presque toutes les capacités de mesure des préfectures qui doivent aussi analyser les légumes. Avec la moisson du riz qui se profile, les autorités régionales ne peuvent plus faire face. A Miyagi, ce sont 100 vaches par jour qui sont testées. Dans la province de Fukushima, le laboratoire régional de Koiyama a 4 détecteur germanium et 10 employés. Ce sont au maximum 80 échantillons par jour qui peuvent être traités, la mesure durant une heure environ. La province va installer 6 nouveaux détecteurs en septembre et embaucher 4 nouvelles personnes pour arriver à 400 échantillons par jour. Et cela ne suffira pas : les autorités cherchent à envoyer des échantillons dans d’autres laboratoires.
Les autorités régionales de Fukushima ont déclaré sûr du riz récolté à Aizu-Bange à 100 km de la centrale car la contamination ne dépasse pas les 500 Bq/kg pour le césium (134 plus 137).

Vendredi 26 août, 22 becquerels de césium par kilo de riz ont été mesurés dans du riz cultivé à Nihonmatsu, à 60 km de la cenrale dans la province de Fukushima. Il n’a rien été trouvé dans le riz de Koriyama et Motoyama, villes situées aussi à 60 km de la centrale.

Lundi 29 août, le premier riz cultivé dans la province de Fukushima a été mis sur le marché.

Mercredi 31 août, les autorités régionales de la province de Fukushima ont donné les premiers résultats des contrôles effectués sur la viande de boeuf : 29 vaches sur 34 n’étaient pas contaminées et les 5 autres avaient une contamination qui ne dépassait pas les 44 becquerels de césium par kilo de viande.

Septembre 2011

Jeudi 1er septembre, la province de Chiba a fini de contrôler le riz : elle a contrôlé 319 points de production dans 52 municipalités. Le riz en un point des villes de Shiroi et Ichikawa avaient une contamination en césium de l’ordre de 46-47 becquerels par kilo. Tous les autres échantillons n’étaient pas contaminés.

Vendredi 2 septembre, c’est au tour de la province d’Ibaraki d’annoncer des résultats sur le riz. 24 et 60 Bq de césium par kilo de riz pré-poli ont été détectés à Mito et Hokota respectivement.

Du thé radioactif a été trouvé dans les provinces de Chiba et Ibaraki. 2 720 becquerels de césium par kilo de thé à Chiba et entre 800 et 1 530 à Ibaraki.

Dimanche 4 septembre, selon la coopérative des producteurs de pêches de Fukushima les prix ont chuté de 55% par rapport à l’année pasée. Fukushima est le deuxième producteur du pays.

Mardi 6 septembre, des chataignes à 2 040 becquerels de césium par kilo ont été récoltées à Minami-Sôma. La préfecture va faire une surveillance plus large. En 2009, la province de Fukushima a produit 267 tonnes de chataignes.

Sur 33 échantillons de feuilles de tabac contrôlés, 27 étaient radioactifs. Le tabac analysé est cultivé dans les provinces d’Ibaraki, Tochigi, Chiba et Shizuoka. Celui de Shizuoka n’est pas contaminé. La contamination dans les 3 autres provinces varie de 21 à 217 Bq/kg. Il n’y a pas de limite de fixée pour le tabac, mais le producteur, Japan Tabacco, se veut rassurant. Le communiqué avec tous les résultats est ici en japonais.

Jeudi 8 septembre, deux vaches de la province d’Iwate avait une contamination en césium qui dépasse les 500 Bq/kg.

Vendredi 9 septembre, les autorités régionales de Fukushima ont donné les résultats des tests effectués sur le riz cultivé dans la région : la contamination du riz complet est inférieure à la limite de 200 Bq/kg en césium à partir de laquelle des tests complémentaires doivent être effectués après récolte. La contamination la plus élevée détectée est de 98 becquerels de césium par kilo de riz. Le riz testé inclut des variétés prestigieuses comme le Koshihikari, Hitomebore ou l’Akita Komachi. Les contrôles ont été effectués en 51 points dans 6 municipalités. Le programme de contrôle devrait couvrir 402 points dans 48 municipalités, ce qui n’est pas beaucoup.

Des chercheurs du Fukushima Agricultural Technology Center ont cultivé du riz en pot avec de la terre contaminée au césium jusqu’à 63 000 becquerels par kilo et la contamination du riz obtenu ne dépasse pas les 80 Bq/kg.

Jeudi 15 septembre, les autorités ont interdit à la vente les champignons sauvages de 43 municipalités de la province de Fukushima. Des champignons qui dépassent la limite de 500 Bq/kg en césium ont aussi été trouvés à Takahagi et Iwaki dans la province d’Ibaraki. A Tanagura, situées à 70 km de la centrale dans la province de Fukushima, un champignon avait une contamination en césium de 26 000 Bq/kg. Certaines de ces villes étaient célèbres pour leurs champignons et organisaient tous les ans la fête du champignon.
L’avis d’interdiction est ici en anglais.

Dimanche 18 septembre, selon un premier bilan, 4% des échantillons de riz analysés sont contaminés. Les résultats sont connus à 60%. La contamination la plus forte en césium relevée à Fukushima est de 136 becquerels par kilogramme. Dans les autres provinces testées, le maximum est de 101,6 Bq/kg. La limite de détection n’est pas donnée.

Mardi 20 septembre, le premier riz de Fukushima de l’année a été mis sur le marché.

Vendredi 23 septembre, les autorités et les agriculteurs commencent à retrouver de l’espoir : le riz moissonné est sous les normes et les consommateurs reprennent confiance. Dans la province de Fukushima, aucune contamination n’a été trouvée dans le riz de 453 rizières sur 531. Avant les semis, les autorités avaient recommandé aux riziculteurs d’épandre 6 à 8 kilo de potassium pour 1 000 m2. Le potassium, un analogue chimique du césium, doit freiner le transfert du césium à la plante. 2 autres kilo ont été épandus plus tard.
Mais du riz dépassant la limite de 500 Bq/kg en césium a été découvert dans le district de Iwashiro à Nihonmatsu dans la province de Fukushima, à 55 km de la centrale. Le test a eu lieu avant la moisson. Au-delà de 200 Bq/kg avant la moisson, il faut faire des tests plus poussés après. Un test tous les 15 ha, ce qui fera passer le nombre total de tests de 38 à environ 300.
La cotamination du sol où le riz dépassant la limite a été trouvé est de 3 000 becquerels par kilo en césium, soit moins que la limite de 5 000 Bq/kg fixée par les autorités pour autoriser la culture du riz. Les autorités ont suspecté que de la terre avait contaminé le riz, mais une nouvelle analyse a confirmé le résultat. Personne ne comprend. Ce résultat pourrait remettre en cause la limite à prtir de laquelle la culture du riz est autorisée.
18 autres échantillons de riz de la même municipalité étaient sous la limite de 500 Bq/kg pour le césium. Du riz complet cultivé dans une parcelle proche avait 212 Bq/kg en césium.
La deuxième zone avec du riz le plus contaminé est à 136 Bq/kg en césium dans le district d’Onami de la ville de Fukushima.
Des données officielles sont disponibles ici en japonais.

Lundi 26 septembre, le prix du riz fraichement moissonné aurait augmenté de 10 à 20%, certains grossistes constituant des stocks en spéculant sur une pénurie.

Mardi 27 septembre, une chercheuse de l’université de Kanazawa, Kazue Tazaki, a analysé du riz cultivé de façon expérimentale dans du sol en provenance d’Iitate-mura. Alors que le sol a une contamination de 50 000 Bq/kg en césium (ce qui interdit la culture du riz pour la vente), elle a trouvé, 2 600 Bq/kg dans les grains, 2 200 Bq/kg dans la paille et 1 500 Bq/kg dans les racines. Il s’agit d’un riz réputé, le Koshihikari.

Jeudi 29 septembre, dans une interview au Asahi, Ikuro Anzai, professeur émérite à l’université Ritsumeikan, explique qu’il faut baisser les limites fixées pour la nourriture, mais qu’il est plus urgent de renforcer les contrôles. La crise du boeuf a montré que la surveillance actuelle n’est pas infaillible. Pour pouvoir augmenter le nombre de mesures, il faut accepter de faire des mesures moins précises. Des instruments de mesure devrait être accessibles à tous pour renforcer la confiance.
Une fois que la confiance dans les contrôles est revenue, on peut abaisser les limites. Il ne sert à rien de les abaisser si l’on ne peut pas vérifier qu’elles sont respectées.

Une élue a rapporté que des enfants d’une école de Fukushima ont été stigmatisés par leur enseignant car ils ont refusé de boire du lait pendant le repas de midi. Il les a traités de traitres. Ce témoignage est visible sur Youtube.

Octobre 2011

Mardi 4 octobre, un laboratoire privé de mesure de la radioactivité dans l’alimentation vient d’ouvrir à Kashiwa, dans la province de Chiba, qui est une ville de la banlieue de Tokyo qui est particulièrement contaminée. L’appareil, acheté par un particulier qui a renoncé à changer de voiture, est mis à la disposition de tous dans un centre commercial. Le prix demandé est largement inférieur à celui demandé par les laboratoires commerciaux. Il y a 6 détecteurs très simples pour le moment. Certains ne distinguent le type de contaminant.

Vendredi 7 octobre, 1033 Bq de césium par kilogramme de champignon sec (shiitake) ont été mesurés à Izu dans la province de Shizuoka.

La fédération nationale des pêcheurs de sanma (Cololabis saira) a décidé d’interdire à ses membres de pêcher à moins de 100 km de la centrale pour rassurer les consommateurs. Elle va faire tester les poissons pêchés près de cette limite courant octobre pour vérifier le bien-fondé de cette décision. Les pêcheurs qui ne respecteraient pas l’interdiction seront punis.

Samedi 8 octobre, les agriculteurs qui ont de la paille de riz radioactive sur les bras ne savent toujours pas qu’en faire alors qu’ils n’ont plus de place pour stocker la nouvelle récolte. Les autorités ont décidé qu’en dessous de 8 000 Bq/kg, il fallait l’incinérer. Mais cela risque de rendre les cendres radioactives avec des concentrations plus fortes. Il faudra trouver un moyen de stocker ces cendres. Pas question d’étendre la paille contaminée, même si la contamination est inférieure à 8 000 Bq/kg. Bref, la tension monte dans les fermes.

Mercredi 12 octobre, les autorités régionales ont annoncé qu’aucun riz récolté dans la province de Fukushima ne dépasse les limites maximales admissibles dans l’alimentation. 1 174 échantillons de riz prélevés dans 48 communes ont été analysés. 80% d’entre-eux n’étaient pas contaminés. 203 avaient une contamination en césium inférieure à 100 Bq/kg (la limite est à 500 Bq/kg). Il a été décidé de ne pas commercialiser le riz récolté dans certains endroits de la commune de Nihonmatsu où a été relevée une teneur en césium radioactif de 470 becquerels par kilo. Le riz n’a pas été cultivé dans 11 autres communes de Fukushima.

L’université de Hiroshima, située à 800 km de la centrale, mesuré le lait maternel de femmes de la région et a trouvé des traces de césium chez deux d’entre elles. Les chiffres ne sont pas connu car ces deux mères n’ont pas voulu. Une contamination via l’alimentation est soupçonnée. Les analyses ont été commandées par une association locale, Tsunagaro Hiroshima.

Jeudi 13 octobre, le Asahi mentionne que les autorités municipales de Tokyo ont arrêté de tester la radioactivité dans l’alimentation importée à partir d’avril. Et les quatres détecteurs n’ont pas été utilisés pour contrôler la nourriture domestique, même s’il y a une pénurie de moyens de détection ! Ce contrôle existe depuis 1986, suite à la catastrophe de Tchernobyl. Mais la limite pour l’importation est de 370 becquerels de césium par kilo. Celle fixée pour le marché domestique après la catastrophe de Fukushima, 500 Bq/kg. Ne sachant pas quoi faire si un produit à 400 Bq/kg était détecté – il ne peut pas être importé, mais pourrait être vendu s’il était produit au Japon – les autorités ont donc préféré suspendre les contrôles, de peur de semer le doute dans la population. Durant l’année fiscale 2009, ce laboratoire avait détecté une contamination dépassant la limite dans de la confiture de myrtilles en provenance de France…

Vendredi 14 octobre, le syndicat des producteurs du célèbre thé “Sayama”, dans la province de Saïtama, ont annoncé arrêter la mise en vente suite à la découverte par le gouvernement de thé dépassant la limite. Les producteurs sont sous le choc car les contrôles des autorités provinciales n’avaient rien révélé. Les contrôles surprise du gouvernement, qui ont débuté fin août, ont détecté entre 800 et 1 530 becquerels par kilo dans 4 thés de la région. C’est le thé le plus cher, fabriqué à partir de jeunes feuilles cueillies au même moment que les bourgeons, qui est mis en cause. Il n’avait pas été contrôlé par les autorités provinciales.
Tous les thés de la région seront testés avant d’être mis sur le marché. Il y en a entre 50 et 100 qui contiennent de jeunes bourgeons, sur les 2 500 produits. Les derniers résultats de mesure effectués par les producteurs sont ici en japonais.

La municipalité de Yokohama a cessé d’utiliser des shiitaké (champignons de culture) dans les menus de cantine après avoir détecté 350 becquerels de césium par kilo de champignon sec dans ses stocks. Dans la province d’Ibaraki, située au Sud de celle de Fukushima, à 170 km de la centrale, des shiitaké cultivés à l’extérieur dépassent la limite : il y a 830 becquerels par kilo en césium. Des shiitaké dépassant la limite ont été trouvés jusqu’à Chiba, encore plus au Sud.

Les producteurs de riz de Fukushima n’arrivent pas à vendre leur riz. Ils vont donc se fixer des normes de mise sur le marché plus strictes que celle des autorités. Ils prévoient de ne vendre du riz qu’avec une contamination proche de zéro, c’est à dire plus basse que ce que peuvent détecter les appareils de mesure afin de regagner la confiance des consommateurs et relancer les ventes. La province de Fukushima est le 5ième producteur du pays. Sa production représente environ 5% de la production nationale. La limite de détection envisagée est de 5 becquerels par kilo.
La limite de 500 becquerels par kilo pour les césiums est appliquée sur le riz complet. Les meuniers hésitent donc à accepter le riz contaminé de peur que le son ne soit plus contaminé que la limite autorisée. En effet, le son, qui est utilisé entre autres pour alimenter les animaux, est environ 7 fois plus contaminé que le riz complet. Et comme la limite pour le bétail est plus stricte que celle pour les humains, les meuniers ne veulent pas de riz complet dépassant 40 Bq/kg ! Le son est aussi utilisé pour faire des “tsukémono”, légumes marinés originellement pour l’hiver qui sont maintenant consommés quotidiennement.
Radishbo-ya Co., une compagnie qui vend des produits biologiques, a fixé ses propres limites à 10% des limites gouvernementales.

Lundi 17 octobre, la paille de riz qui avait contaminé les boeufs est toujours entassée dans les fermes. Il y en a 7 200 tonnes réparties dans 8 provinces (Fukushima, Miyagi, Iwate, Tochigi, Hokkaido, Akita, Yamagata et Ibaraki). C’est Miyagi qui en a le plus avec 4 700 tonnes, suivie par Fukushima avec 1 500 tonnes, selon les chiffres du ministère de l’agriculture.
Avec la fin de la moisson, la vieille paille contaminée encombre les granes et empêche 1 018 agriculteurs de stocker la nouvelle paille. Les autorités régionales ne trouvent pas de solution à cause de l’opposition des résidents à tout projet d’entreposage près de chez eux.

Jeudi 20 octobre, Greenpeace Japon a rendu publics des résultats de mesure effectués sur 60 poissons et coquillages acheté en super-marché : 34 d’entre-eux étaient contaminés avec du césium, à des taux allant jusqu’à 88 becquerels par kilogramme.
Les analyses ont été effectuées en partie dans le laboratoire que l’ACRO a installé et validé pour Greenpeace Japon cet été.

Jeudi 27 octobre, un rapport de la commission de sécurité alimentaire estime qu’à partir de 100 millisieverts au total il y a des risques pour la santé. Le gouvernement va réviser les limites maximales acceptables dans la nourriture à partir de ce critère. Pour le moment, ces limites, fixées en urgence, sont basées sur une limite de dose de 5 millisieverts par.

Vendredi 28 octobre, le gouvernement a annoncé vouloir passer à 1 millisievert par an pour définir les nouvelles limites qui seront donc divisées par 5 à partir d’avril 2012.
Le problème est que la contamination interne via la nourriture n’est pas la seule source d’exposition aux radiations. Il y a aussi l’exposition externe qui doit être prise en compte, surtout pour les personnes vivant dans les territoires contaminés.

Samedi 29 octobre, des shiitakés (champignons) cultivés dans une serre à Sôma avaient 850 becquerels de césium par kilo. Ces champignons sont cultivés sur des copeaux de bois qui peuvent être eux aussi contaminés. La ferme a mis sur le marché 1 070 paquets de 100 grammes et certains ont déjà été vendus en supermarché.

Novembre 2011

Vendredi 4 novembre, des champignons cultivés à Yokohama ont eu une contamination en césium qui dépasse la limite autorisée. Dans des shiitakés secs, il y a eu jusqu’à 2 770 becquerels par kilo en mars et 955 becquerels par kilo en octobre. Environ 800 personnes auraient consommé ces champignons. Yokohama est à environ 250 km de la centrale de Fukushima.
510 Bq/kg en césium dans des feuilles de thé séchées ont aussi été trouvés à proximité, dans la ville de Yugawara (ces deux villes sont dans la province de Kanagawa).

Lundi 7 novembre, les autorités municipales de Tokyo vont débuter des contrôles inopinés de l’alimentation vendue en supermarché et magasins de la ville. Les résultats seront publiés en ligne chaque semaine.

Vendredi 11 novembre, des champignons de la province de Tochigi (kuritaké) dépassent la limite en césium.

Mercredi 16 novembre, du riz complet avec 630 becquerels par kilo, c’est à dire dépassant la limite de 500 Bq/kg pour les deux césiums, a été mesuré pour la première fois. Il a été demandé que le riz de ce fermier et de ses voisins de la ville de Fukushima, située à 60 km de la centrale, ne soit pas mis sur le marché. Pour le riz blanc après polissage, il y a 300 Bq/kg. Il s’agit de riz haut de gamme, du type koshihikari.
C’est le fermier qui a demandé à faire analyser son riz… Tout le riz du district d’Ônami avait été déclaré propre à la consommation après que les autorités aient fait deux analyses et aient trouvé 33 et 28 Bq/kg. Le fermier a 840 kg de riz qui n’a pas été vendu.

Par ailleurs, les dernières mesures publiées sur les poissons par les autorités régionales font apparaître que 4 poissons sur 120 dépassent la limite de 500 Bq/kg. Il y a en particulier un Cardeau hiramé (Paralichthys olivaceus) pêché au large d’Iwaki qui a 2 000 Bq/kg en césium 134 et 2 500 Bq/kg en césium 137. Les données complètes sont ici en japonais.

Jeudi 17 novembre, les autorités ont suspendu la vente de riz du district d’Ônami suite à la découverte de riz dépassant la limite. 154 fermes sont concernées. Pour le moment, seul le riz où aucune contamination n’a été trouvée est mis sur le marché par les coopératives agricoles. Le riz du district d’Ônami était donc en attente. Il en est de même pour les grossistes. Il y a donc peu de chance que du riz contaminé ait été mis en vente, même s’il existe de la vente directe qui échappe à cette politique.
La rizière en question est à proximité d’un torrent de montagne.

Samedi 19 novembre, sur les 154 fermes d’Ônami, des tests complémentaires ont été effectués dans 4 d’entre elles : il a été mesuré 11 et 22 becquerels de césium par kilo et sous la limite de détection dans les deux autres. 70 sacs de riz, provenant de 146 fermes d’Ônami, faisant un total approximatif de deux tonnes, ont été vendus à des grossistes de Fukushima et Daté, mais pas encore mis sur le marché.

Vendredi 25 novembre, les autorités régionales de Fukushima ont trouvé du riz complet qui dépasse la limite de contamination en césium dans 5 nouvelles fermes. Elles sont toutes dans le district d’Ônami, situées en 1 et 2,5 km de la première ferme où le riz est plus contaminé que permis. Mais, topographiquement, elles sont différentes : elles n’utilisent pas la même eau par exemple.
La contamination la plus élevée est de 1 270 becquerels de césium par kilogramme de riz. 27 sacs de 30 kg sont contaminés à plus de 1 000 Bq/kg. 131 sacs sur 864 contrôlés dépassent la limite de 500 Bq/kg, soit 15%. Enfin, dans 3 de ces fermes, tous les sacs dépassent la limite. Les autorités veulent contrôler les 4 752 sacs du district d’Ônami.
Rappelons que le riz de ce district avait été déclaré “sain” après les contrôles officiels. C’est donc tout le système de contrôle qui doit être revu même si aucun riz dépassant la limite n’a atteint les consommateurs.

Lundi 28 novembre, c’est au tour de Daté d’avoir du riz dépassant la limite de 500 Bq/kg en césium. La contamination la plus élevée est de 1050 Bq/kg. 3 fermes des districts d’Oguni et Tsukidaté sont concernées. 9 kg de ce riz glutineux ou gluant (pour mochi) ont été vendus à des consommateurs. La vente de riz des districts concernés a été suspendue.
A Ogoni, 119 échantillons venant de 101 fermes ont été inspectés. Les deux échantillons dépassant la limite ont 580 et 780 becquerels de césium par kilogramme. A Tsukidaté, 8 échantillons venant de 6 fermes ont été inspectés et un échantillon dépasse la limite avec 1 050 becquerels par kilo.
Les autorités régionales vont étendre la surveillance à tous les districts où des points chauds ont été découverts. 2 300 fermes vont être inspectées.
4 322 fermes sont actuellement soumises à une interdiction de mise de vente du riz.

Le ministère de l’agriculture, de la pêche etc a rendus publics les résultats de ses mesures sur des produits marins pour le mois de novembre. Ils dépendent beaucoup des espèces et du lieu de pêche. Le poisson le plus contaminé et encore à 4 500 Bq/kg en césium. Les données sont ici en anglais.

Mercredi 30 novembre, l’agricultrice de Daté qui a vendu du riz dépassant la limite est inquiète pour les acheteurs inconnus. Elle a affirmé avoir fait confiance aux autorités et tout fait pour éviter la contamination en évitant l’utilisation de l’eau de montagne dans sa rizière. Elle est désespérée et ne sait plus quoi faire. Ayant un doute sur le contrôle officiel, c’est elle qui a fait faire une analyse de son riz, qui s’est révélé être contaminé à 700 Bq/kg.
Par ailleurs, le Ministère de l’Education a fixé de nouvelles limites de contamination pour les repas scolaires (écoles élémentaires et collèges) de 17 provinces de l’Est du Japon. La contamination devra être inférieure à 40 becquerels par kilo. C’est beaucoup moins que les 200 Bq/l pour la boisson ou les 500 Bq/kg pour les aliments. Cette décision s’applique aux 6 provinces du Tohoku, aux 10 du Kanto-Koshinetsu et la province de Shizuoka.
Le Ministère s’est aussi engagé à fournir 5 détecteurs à chaque région pour pouvoir faire des contrôles par elles-même. Cela va lui coûter 100 million de yens (1 million d’euros). Le reste devra être financé par les municipalités. Ces détecteurs auront, bien entendu, un limite de détection inférieure à cette limite de 40 Bq/kg. Le gouvernement va laisser aux autorités régionnales le choix des produits à contrôler.
Si un seul ingrédient dépasse la limite de 40 Bq/kg, il doit être retiré du menu. S’il y en a plus d’un et qu’il est difficile de composer un menu, du pain et du lait doit être servi à la place.

Décembre 2011

Vendredi 2 décembre, les autorités régionales de Fukushima ont annoncé avoir détecté du riz dépassant la limite de 500 Bq/kg dans 5 nouvelles fermes, dont 3 dans le district de Watari, situé à proximité de celui d’Ônami. La contamination la plus élevée est de 760 Bq/kg. Cela porte à 18, le nombre total de fermes concernées. Le riz du Watari ne peut plus être vendu.

Rétropédalage du Ministère de l’éducation : la valeur de 40 Bq/kg, d’abord présentée comme une valeur limite (cf 30 nov.), est en fait une valeur guide pour sélectionner les détecteurs de mesure de la radioactivité destinés au contrôle de l’alimentation servie dans les cantines, mais n’est pas une nouvelle limite. Le ministère de l’éducation avait bien recommandé de ne pas servir d’aliment ayant une contamination supérieure à 40 Bq/kg, mais s’est fait réprimander par le ministère de la santé à qui il revient de fixer les limites. Et comme il est en train de les réviser, il n’a pas appréciése faire doubler par le ministère de l’éducation.

La mairie d’arrondissement de Chiyoda à Tokyo, mesure régulièrement la nourriture servie dans ses cantines scolaires. Des résultats pour le lait sont ici en japonais par exemple. Il apparaît qu’il n’est pas contaminé, sauf une fois où une contamination en césium 137 de 11 Bq/l a été détectée à laquelle il faut ajouter celle en césium 134 à 6,9 Bq/l, ce qui fait un total 18 Bq/l.

Lundi 5 décembre, le gouvernement a étendu la zone d’interdiction de vente du riz. Elle inclut maintenant Watari. 406 nouvelles fermes sont concernées, pour un total de 165 hectares de rizières.

Mardi 6 décembre, du lait en poudre pour enfant avec 31 Bq/kg de césium a été découvert par un laboratoire citoyen basé à Nihonmatsu. C’est sous la limite de 200 Bq/kg, mais la compagnie Meiji, qui commercialise le lait, a décidé de rappeler tous les lots produits entre le 14 et 20 mars. 40 000 boîtes sont concernées.
Le lait est en grande partie importé, mais l’usine de conditionnement est située à Kasukabé, dans la province de Saïtama et a pu être contaminée par les rejets de la centrale de Fukushima.
Sont concernés tous les produits “Meiji Steppu” en conditionnement de 850 g, à consommer de préférence avant octobre 2012.
La compagnie a environ 40% du marché du lait maternisé au Japon.

Mercredi 7 décembre, c’est au tour de Nihonmatsu d’avoir du riz contaminé dépassant la limite : 780 Bq/kg. Ce riz n’a pas été mis sur le marché. C’est la troisième municipalité concernée. En septembre, lors des tests officiels qui devaient rassurer le consommateur, du riz à 500 Bq/kg avait été trouvé dans cette ville, mais les contrôles suivants avaient montré qu’aucun riz ne dépassait la limite.
Comme lors de la crise du boeuf, la surveillance officielle a perdu le peu de crédit qu’il lui restait.

Jeudi 8 décembre, deux villages de plus ont du riz avec une contamination supérieure à la limite ! Il s’agit de Tominari and Hashirazawa dans la commune de Daté (équivalent à une communauté de communes en France). La plus forte concentration est de 1 240 Bq/kg. Ce riz n’a pas encore été vendu.
On en est maintenant à 24 fermes de 7 districts de 3 communes qui ont du riz à plus de 500 Bq/kg. Rappelons que les autorités avaient annoncé vouloir diviser par 5 cette limite à partir du printemps 2012. Les quantités de riz non consommables seront encore plus grandes.

Le gouverneur de la province de Fukushima a demandé des excuses pour ne pas avoir su contrôler de manière efficace le riz.

Les kiwis de Sôma et Minami-Sôma viennent aussi d’être interdits à la vente car des échantillons avec une contamination en césium allant de 560 à 1 120 Bq/kg ont été découverts.

Vendredi 9 décembre, le ministère de la santé a annoncé qu’il allait effectuer des tests réguliers sur l’alimentation pour bébé et enfants. Le gouvernement a aussi suspendu la vente du riz en provenance des districts où du riz trop contaminé a été découvert.
La maire de Nihonmatsu a demandé à TEPCo de racheter toute la récolte de riz de sa ville. Il a fait la même demande au ministre de l’agriculture. Les citoyens de sa ville se précipitent à la mairie pour faire contrôler le riz destiné à leur propre consommation, mais ce n’est pas possible avant janvier tant la liste d’attente est longue. Le maire aimerait que chaque sac puisse être contrôlé par les autorités régionales, mais il n’y a pas assez de moyens de détection. Avec les capacités actuelles de la région, cela prendrait 57 ans à un rythme de 4 000 sacs par semaine…

L’agence de presse Kyodo a découvert que la firme Meiji a été alertée par 3 fois que son lait pour bébé était contaminé, mais elle a attendu 2 semaines pour réagir. Ce n’est que quand la presse et un groupe de citoyens ont demandé des comptes qu’elle s’est saisie du problème. La première alerte était un coup de fil anonyme en date du 14 novembre pour prévenir la compagnie qu’un laboratoire citoyen avait trouvé du césium dans son lait. Les deux autres ont eu lieu le même jour de la part de citoyens inquiets. Mais la compagnie a répondu qu’il n’y avait pas de problème car elle effectuait des tests tous les mois.

Vendredi 16 décembre, les autorités régionales ont contrôlé d’urgence 10% de la production de riz des municipalités de la province où il y a des risques que les niveaux dépassent la limite autorisée. Après la découverte de riz dépassant la limite le 16 novembre, les autorités avaient annoncé le 22 novembre qu’elles contrôleraient le riz 25 100 fermes, soit environ 40% de la production de la région. Sur les 2 400 fermes contrôlées à ce jour, du riz dépassant la limite a été découvert dans 24 d’entre-elles situées dans les villes de Fukushima, Nihonmatsu et Daté.

Mardi 20 décembre, le ministre de la santé a annoncé que la concentration limite en césium allait être abaissée à 100 Bq/kg (500 actuellement) pour la nourriture et 50 Bq/kg pour la nourriture pour enfant et le lait (200 actuellement pour le lait). Pour l’eau de boisson, la limite sera de 10 Bq/l (200 actuellement). Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur en avril prochain, mais pour les produits issus de la récolte en cours (comme le riz) la norme actuelle sera appliquée plus longtemps. Si une personne mange de la nourriture contaminée à ce niveau limite pendant un an, la dose reçue devrait âtre de 0,7 millisievert, ce qui est moins que la limite de 1 mSv par an pour la population en temps normal. Evidemment, une telle hypothèse est peu probable, mais dans les territoires contaminés, les populations sont exposées à d’autres sources d’irradiation.
Ce sont les limites les plus strictes au monde. En avril 2011, l’UE avait baissé ses limites pour s’aligner sur les niveaux japonais. Va-t-elle suivre à nouveau ?
On ne sait pas très bien combien d’industries agro-alimentaires contrôlent la radioactivité des produits qu’ils produisent ou vendent.

Jeudi 22 décembre, le ministère de la santé a publié une étude selon laquelle les habitants de Fukushima ingèrent 8 fois plus de césium que ceux de Tôkyô via leurs repas quotidiens. Cette consommation moyenne à Fukushima conduit à une dose annuelle de 0,0193 millisievert selon le ministère. L’étude a été menée de Septembre à Novembre. Les chercheurs sont partis du régime alimentaire moyen issu d’une étude de 2007, ont acheté les ingrédients à Tôkyô, Miyagi et Fukushima, ont préparé les plats et ont fait des mesures. Conclusion, un habitant de Tôkyô ingurgite environ 0,45 Bq de césium par jour. C’est 3,39 à Fukushima et 3,11 à Miyagi. C’est moins que la quantité de potassium 40 ingérée quotidiennement, souligne l’étude, mais cela s’ajoute.
Il est dommage que l’étude se limite aux valeurs moyennes et n’essaye pas d’évaluer les disparités possibles en fonction du régime alimentaire afin d’aider les gens à réduire leur exposition. Rappelons que la province de Fukushima est très rurale. En cas de régime alimentaire basé sur la consommation de ses propres produits, cela peut entraîner l’ingestion d’une quantité bien plus grande de césium. En effet, le régime alimentaire d’un Tôyôïte peut être très différent de celui d’un habitant de Fukushima en zone rurale.
Justement, les autorités régionales viennent d’annoncer avoir mesuré un riz à 1 540 Bq/kg à Watari, dans la ville de Fukushima (où l’ACRO a trouvé des poussières fortement contaminées dans les maisons). C’est la plus forte valeur mesurée jusqu’à présent.

Lundi 26 décembre, une étude conjointe des autorités régionales de Fukushima et du ministère de l’agriculture a montré qu’il n’y avait pas de corrélation claire entre la contamination des sols et la contamination du riz. Les autorités avaient estimé que les grains de riz contenaient moins de 10% de la contamination en césium des sols. En interdisant la culture du riz dans les zones où la contamination des sols dépasse les 5 000 becquerels par kilo de terre, les autorités étaient tranquille : le riz ne risquait pas de dépasr la limite de 500 Bq/kg. La moisson pouvait avoir lieu sans problème. Mais du riz dépassant cette limite de 500 Bq/kg a été découvert dans 3 municipalités de Fukushima. Est-ce les sols étaient plus contaminés que ce que l’on croyait (un seul échantillon de sol par municipalité avait été testé…) ou est-ce que le riz peut concentrer plus le césium ?
L’étude en question a trouvé du riz à 800 Bq/kg en césium dans un champ où il n’y avait que 2 321 becquerels par kilo de terre. Mieux, environ un quart des rizières où du riz dépassant la limite a été découvert avaient une contamination inférieure à la limite de 5 000 Bq/kg !
Le riz peut donc concentrer beaucoup plus le césium que ce qui était généralement admis. L’étude explique que c’est le cas dans les champs où le taux de potassium (et donc d’engrais) est plus faible qu’ailleurs (6,7 milligrammes de potassium pour 100 g de sol, soit jusqu’à un tiers de ce qui est mesuré en moyenne dans la province de Fukushima). C’est aussi le cas dans les champs non labourés (comme dans les zones montagneuses) où les racines s’enfoncent moins profondément. Bref, les valeurs guides étaient pour l’agriculture intensive et ne s’appliquent pas à une agriculture différente.
Les autorités vont donc devoir repenser entièrement l’organisation de la culture du riz avant les prochaines semailles et l’introduction de limites plus contraignantes pour la nourriture. Elles doivent aussi mieux contrôler les sols : un seul échantillon de sol par commune avait été testé. Or, la contamination est très inhomogène.

Par ailleurs, c’est au tour de l’industrie forestière d’être touchée par la catastrophe : le gouvernement avait fixé en octobre la concentration limite à 150 Bq/kg en césium pour le bois utilisé pour la culture des champignons, et en novembre, à 40 Bq/kg pour le bois de chauffage ou cuisson et 280 Bq/kg pour le charbon de bois. Ces limites sont dépassées jusqu’à 70 km de la centrale, dans la province de Miyagi. 333 Bq/kg y a été mesuré dans du bois destiné à la culture de shiitakés. Et 1 800 Bq/kg dans des cendres des fours à charbon.

Mardi 27 décembre, le ministère de l’agriculture va acheter tout le riz de Fukushima qui a une contamination supérieure à 100 Bq/kg dès janvier prochain. Il applique donc de façon anticipée la nouvelle limite qui ne devait être appliquée qu’à partir d’octobre 2012 pour le riz. Cela représente environ 4 000 tonnes de riz, dont 3 600 sont contaminées à plus de 500 Bq/kg. Le coût de cette mesure est estimé à 1 milliard de yens (10 millions d’euros). Le ministère va demander à TEPCo de rembourser. Il n’est pas dit ce qu’il sera fait de ce riz.
4 800 familles dans 25 districts de 6 municipalités sont concernées. Elles s’ajoutent aux 7 000 familles de 10 municipalités qui n’ont pas eu le droit de cultiver cette année.
L’an prochain, le ministère va restreindre la culture du riz dans les zones où la contamination a dépassé les 500 Bq/kg. Rien n’est décidé pour les zones où la contamination du riz dépassait 100 Bq/kg. Si la limite pour les nouvelles cultures est bien fixée à 100 Bq/kg pour le riz, 11 800 familles pourraient être obligées d’abandonner la culture du riz l’an prochain. Cela représente 18% de familles productrices de riz dans le Nord Est du Japon.

Janvier 2012

Mercredi 4 janvier, encore un village qui se voit interdire de commercialiser son riz après la découverte d’un échantillon à 550 Bq/kg. Le riz en question n’a pas encore été vendu. La nouvelle interdiction couvre les districts de Ozeki, Nitta, Hosoya et Yokodai de Yanagawa-cho dans la municipalité de Daté. Cela vient s’ajouter aux 8 autres districts où la vente de riz est interdite.

Jeudi 5 janvier, les autorités régionales de Fukushima veulent tester tous les sacs de riz de 30 kg de la récolte 2012 pour regagner la confiance des consommateurs. Les capacités de mesure actuelles sont limitées à 8 000 sacs par semaine. Il faudrait donc une trentaine d’années pour tester les 356 000 tonnes de riz produites dans la province. Plutôt que de centraliser le contrôle, les autorités envisagent de le déléguer aux coopératives agricoles en faisant passer les sacs sous un portique de détection à l’aide d’un tapis roulant sans avoir à les ouvrir. Plusieurs compagnies sont en train d’essayer de développer ce genre de détecteur qui pourrait analyser 3, 4 sacs à la minute. Les autorités régionales seraient prêtes à en acheter quelques centaines pour pouvoir tout contrôler en quelques mois.
Un appareil de ce type est commercialisé par Fuji electric par exemple, mais la limite de détection est assez élevée : 90 Bq/kg pour le riz, 140 Bq/kg pour la viande et 250 Bq/kg pour les légumes feuilles. Cela risque d’être juste avec la nouvelle limite fixée à 100 Bq/kg.
Les autorités continueront à analyser quelques sacs par prélèvement comme elles le font actuellement.
Avant la catastrophe, Fukushima produisait 450 000 tonnes de riz par an. C’était le 4ième producteur du pays. En 2011 la province était encore au 7ième rang.

Jeudi 12 janvier, les autorités régionales de Fukushima ont annoncé qu’elles allaient faire analyser le lait maternel de 10 000 femmes de la province. Les résultats seront rendus individuellement. Avec un coût par analyse de l’ordre de 50 000 yens (500 euros) – c’est cher ! – les autorités ont prévu un budget de 560 millions de yens (5,6 millions d’euros). Il y a environ 18 000 bébés par an qui naissent à Fukushima. Les autorités en ont déduit que 10 000 d’entre elles devaient être concernées. Mais on ne sait pas combien on fui la région.

Vendredi 13 janvier, encore du riz de Fukushima qui dépasse la limite ! Il s’agit de riz gluant (pour les mochi) de Kawamata à 520 Bq de césium par kilo. C’est la mairie qui l’a découvert. Ce riz n’était pas destiné à la vente, mais à l’autoconsommation.

Jeudi 19 janvier, le Asahi a analysé le régime alimentaire de 53 foyers (dont 26 à Fukushima) en collaboration avec l’université de Kyôto. Les données sont dans deux articles en anglais : “Radioactive cesium content higher in Fukushima fruits, mushrooms” et “Fukushima people eating more cesium but not in danger, says study“.
Ce sont les fruits et les champignons qui sont les aliments les plus contaminés du régime des habitants de Fukushima : entre 20 et 50 Bq/kg en césium pour les pommes et 40 à 200 pour les kakis. Certaines familles peuvent manger de 50 à 300 g de fruits par personne et par jour, et 30 à 40 g pour les champignons. Certaines personnes ingèrent donc jusqu’à 20 Bq de césium par jour, ce qui induit une dose interne de 0,12 millisievert sur un an.
En ce qui concerne le régime médian en terme d’ingestion de césium, il conduit à quotidienne de 4,01 Bq par jour et par personne à Fukushima et 0,35 Bq à Tôkyô et ses environs. Dans l’Ouest du Japon, la contamination était quasiment indétectable. Le régime médian de Fukushima conduit à une dose annuelle de 0,023 millisievert. Cette faible valeur pour Fukushima s’explique par le fait que les légumes circulent beaucoup au Japon et qu’une large proportion de la nourriture japonaise est importée. La valeur la plus forte relevée est de 17,3 Bq/jour.
Commentaire personnel : cette étude ne doit pas conduire à baisser la garde. En effet, l’ingestion d’un aliment particulièrement contaminé peut conduire à l’équivalent de plusieurs jours de régime normal. Par ailleurs, il existe des familles rurales qui consomment beaucoup les produits de leur jardin qui peuvent être plus contaminés que la moyenne des produits vendus en supermarché.
Il y a encore des restrictions de la commercialisation de produits alimentaires dans 8 provinces (Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Chiba, Kanagawa, Gunma, Miyagi et Iwaté) : pour les provinces éloignées, il s’agit essentiellement du thé et des shiitakés (champignons cultivés sur du bois). A Fukushima s’ajoutent, le riz, les kiwis, les chataignes, les pousses de bambou et les yuzus (agrume). Tous les pêcheurs de Fukushima se restreignent à pêcher car des poissons continuent à dépasser la norme.

Vendredi 20 janvier, l’Asahi fait le point sur les limites maximales que se sont fixées certains commerçant pour gagner la confiance des consommateurs : le groupe de supermarché Aeon avait déjà divisé par 10 la limite gouvernementale. Il vient d’annoncer qu’il ne tolèrerait plus la moindre contamination dans les produits qu’il vend. Cela dépend de la qualité de l’appareil de mesure qui n’est pas indiqué… Le groupe va-t-il faire de même avec les pesticides ?
Radishboya Co., qui vend des produits bio avait aussi divisé par 10 la limite officielle en septembre dernier. Cela l’a conduit à arrêter de vendre 8 produits dont des champignons, yuzus (agrume), chataignes… et a entraîné une perte de 10 millions de yens (100 000 euros).

Mercredi 25 janvier, les ventes d’eau en bouteille ont augmenté de 18% en 2011 d’après Inryosoken, une agence d’étude de la consommation. Les stocks de bouteille ont augmenté chez les particuliers suite aux catastrophes. A cela s’ajoute la crainte de la contamination de l’eau du robinet. Les producteurs en profitent : Suntory, qui a vu ses ventes de Tennensui augmenter de 23%, propose maintenant la livraison à domicile…

Jeudi 26 janvier, une fédération de coopératives agricoles de Fukushima a décidé de ne pas planter de riz dans les zones où la contamination des grains dépassait la norme. Comme la norme va être divisée par 5 cette année, cette même fédération veut décontaminer les zones où le riz dépassait la future norme avant de planter.SI la décontamination se révèle difficile, le riz ne sera pas planté.
Il n’y aura pas de culture dans les zones évacuées pour la deuxième année.

Vendredi 27 janvier, le Yomiuri revient sur la crise du boeuf de l’été 2011. Le ministère de la santé n’a pas réussi à localiser environ 3 000 vaches dont la viande est suspectée d’être radioactive. Le ministère avait l’intention de contrôler 4 626 têtes de bétail provenant de 15 provinces qui auraient pu consommer de la paille radioactive à plus de 300 Bq/kg en césium. La viande de 1 630 d’entre elles a été contrôlée (environ 35%) mais le ministère ne sait pas où est la viande des 2 996 restantes. Une partie a été consommée même après que l’ordre de tout contrôler ait été donné.
Sur les 1 630 bêtes contrôlées, 105 étaient contaminées à plus de 500 Bq/kg en césium, soit 6,4% (54 à Miyagi, 21 à Fukushima, 16 à Iwaté, 10 à Tochigi et une à Akita et une à Yamagata).

Samedi 28 janvier, les dernières données de contrôle sur la nourriture effectuées par le ministère de la santé montrent que la majorité de l’alimentation n’est pas ou peu contaminée, mais les limites de détection sont parfois élevées. En revanche, le tableau fait état d’un sébaste pêché au large de Miyagi avec 230 Bq/kg en césium. Les résultats sont ici en japonais. D’autres données sur les sébastes sont ici en japonais.

Dimanche 29 janvier, le Yomiuri fait le point sur le contrôle de la nourriture dans les cantines scolaires de Fukushima. 33 municipalités sur 59 contrôlent la nourriture servie. A Koriyama, le contrôle a lieu une fois par semaine et inclut les restes des 4 jours précédents. La municipalité, qui n’a que deux instruments de mesure, ne peut pas faire mieux. Elle va contrôler l’alimentation avant qu’elle soit servie à partir de la fin février quand elle aura acheté deux autres détecteurs.
A partir du lundi 30 janvier, la municipalité de Sukagawa va utiliser 5 appareils de mesure pour tester les aliments 2 jours avant qu’ils soient servis et a fixé la limite à 10 Bq/kg pour le césium, ce qui est 10 fois moins que la future limite fixée par le ministère de la santé.
La ville de Fukushima a, quant à elle, fixé la limite à 350 Bq/kg. Elle effectue un test par semaine et par cuisine avant que les aliments soient cuits. Cela inclut les 4 cuisines scolaires.
A Minami-Sôma, les contrôles ont lieu quotidiennement dans les 4 écoles depuis le 16 janvier.
A Tomioka, dans la province de Gunma, les contrôles des repas a lieu deux fois par mois, mais les produits agricoles sont contrôlés en amont.
Les parents sont perdus.

Mardi 31 janvier, le ministère de l’agriculture, de la pêche et de la forêt a rendu publics les résultats de ses contrôles sur les poissons pour le mois de janvier. La majorité de ces poissons sont contaminés, parfois à des teneurs élevées, jusqu’à presque 2 000 Bq/kg. Les données sont ici en anglais. Sont surlignées les valeurs qui dépassent la limite actuelle de 500 Bq/kg, qui va être prochainement baissée à 100 Bq/kg.

Par ailleurs, un laboratoire privé a publié des résultats d’analyse sur des “mikan” (agrume japonais) cultivées à Kanagawa et achetées en supermaché à Yokohama : la chaire contient 6 Bq/kg et la peau 18 Bq/kg. Les résultats sont ici en japonais.

Vendredi 4 février, lors de la moisson 2011, le riz dépassait la future limite de 100 Bq/kg pour le césium dans 2,3% des fermes de la province de Fukushima. C’est ce qu’il ressort de l’enquête menée par les autorités régionales. Il faut bien-sûr ajouter toutes les fermes où il n’y a pas eu de culture en 2011 à cause de la contamination trop forte des sols. Dans 84,3% des fermes, la contamination du riz est sous la limite de détection.
Les autorités ont contrôlé le riz produit par 23 240 familles dans 29 villes ou villages. La contamination dépassait la nouvelle limite chez 545 d’entre elles, surtout dans le Nord de la province, mais était inféieure à la limite actuelle de 500 Bq/kg, qui était dépassée chez 38 familles réparties sur 3 communes.
Le gouvernement n’a pas encore décidé s’il allait autoriser la culture du riz dans les fermes où le riz était contaminé à une valeur comprise entre 100 et 500 Bq/kg. Les municipalités veulent planter. La ville de Fukushima appelle à l’autorisation à planter du riz à usage non alimentaire dans ces zones. Celle de Kawauchi, où le maire a appelé à un retour rapide, ne va pas autoriser la culture du riz cette année.
Les coopératives agricoles attendent beaucoup de la décontamination, qui s’apparente plus à un labour qui sert à enfouir le césium resté près de la surface (cf contamination des sols, ci-dessous, 2 février). Mais un labour profond peut faire remonter des pierres à la surface et abimer les machines agricoles par la suite.
Certains agriculteurs qui vivent dans des zones où le riz n’est pas contaminé appellent à des restrictions de façon à ne pas ternir l’image de leur propre production.

Samedi 5 février, des shiitakés (champignon cultivé sur du bois) en provenance de la province de Yaita dans la Tochigi ont été retrouvés dans un supermarché de Tôkyô avec 600 Bq de césium par kilo, ce qui est plus que la limite. Des champignons secs de Tochigi avaient déjà dépassé la limite de 500 Bq/kg. C’est la première fois pour des champignons frais.
Les champignons de la province de Miyagi, quant à eux, continuent à être bien contaminés. Voir ici en japonais.
Du wasabi à 640 Bq/kg a aussi été trouvé à Daté. L’interdiction de mise sur le marché de ce produit avait été levée en juillet dernier. Des données sur la contamination du wasabi sont ici en japonais.

Mardi 7 février, les soba (nouilles) d’Okinawa se préparent avec des cendres. Voir une recette en anglais ici pour vous mettre en appétit. Mais les cendres, qui venaient de bois de Fukushima via Gifu étaient contaminées et les soba aussi à 258 Bq/kg. C’est dans le dernier tableau de résultats du ministère de la santé ici en japonais (dernière ligne du tableau. La valeur la plus élevée du tableau correspond à de la viande de sanglier avec 1271 Bq/kg). Dans le bois, on a trouvé 119,6 et 149,6 Bq/kg.

Jeudi 9 février, le gouvernement a demandé aux autorités locales de ne pas planter de riz là où en 2011 la contamination de la moisson dépassait la nouvelle limite de 100 Bq/kg. Cela concerne au moins 583 familles où le riz a déjà été contrôlé, réparties dans 65 districts de 12 municipalités. Environ 59 000 familles ont planté du riz en 2011, dans 371 districts de 48 municipalités. Des contrôles ont été effectués chez 23 247 d’entre elles.
Dans la ville de Daté, cette nouvelle restriction pourrait concerner 850 hectares ou 60% des surfaces cultivées. Le maire est contre cette mesure et pousse les agriculteurs à planter le riz cette année sous peine de classer leur terre agricole comme “abandonnées”. Des agriculteurs ne veulent pas retourner la terre car ils sont contre cette technique de diluer la pollution pour la rendre acceptable.

Par ailleurs, la ville de Yokohama a détecté 2 077 becquerels de césium par kg dans des champignons secs vendus en supermarché (Kohoku-ku). 7 paquets ont déjà été vendus. La ville a demandé au supermarché de rappeler les produits et a prévenu le distributeur situé à Shizuoka. Les champignons viennent en majorité d’Iwaté.
C’est un consommateur, qui avait fait faire une mesure, qui a alerté les services municipaux.

Vendredi 10 février, le Maïnichi a interrogé les 12 municipalités touchées par les nouvelles restrictions de culture du riz. Mis à part Nihonmatsu, qui n’a pas répondu, les 11 autres sont opposées aux nouvelles règles et veulent planter là où le riz était contaminé entre 100 et 500 Bq/kg. 4 d’entre elles ont aussi demandé à planter là où le riz dépassait les 500 Bq/kg. Les discussions entre le gouvernement centrale et les pouvoirs locaux s’annoncent difficiles. Pour les élus locaux, si les agriculteurs ne peuvent pas planter pendant plusieurs années de suite, ils abandonneront.
Dans le village de Nishigo, seulement 3 familles dur 483 sont concernées et la contamination maximale relevée était de 155 Bq/kg. Les élus locaux espèrent donc que la décontamination pourra faire passer tout le monde sous la barre des 100 Bq/kg. Ils ont bien l’intention de mener des contrôles stricts pour éviter la mise sur le marché de riz au-delà de la limite maximale.

Mardi 14 février, l’ACRO a mis en ligne de nouveaux résultats de mesure sur des aliments japonais : les champignons concentrent la césium et dépassent la limite de mise sur le marché en des lieux aussi éloignés que la province d’Iwaté. Le laboratoire aussi fait tremper les champignons dans de l’eau et seulement 11% du césium s’est désorbé. Après une cuisson dans de l’eau salée ou dans de l’eau acidifiée au vinaigre, 31 à 32% du césium est passé dans l’eau. Les résultats sont en ligne.

Jeudi 16 février, un groupe d’experts attaché au ministère des sciences et technologies a avalisé la proposition de baisser la limite maximale admissible pour le césium dans la nourriture. Les nouvelles limites seront :
– 100 Bq/kg pour la nourriture
– 50 Bq/kg pour le lait et la nourriture pour enfant
– 10 Bq/kg pour l’eau.
Si l’on mange quotidiennement de la nourriture contaminée à la limite pendant un an, cela conduirait à une dose de 1 millisievert.
Le ministère de la santé a tenu bon et a gagné : il y aura donc une nouvelle limite plus stricte pour la nourriture des enfants. De nombreux experts du ministère des sciences y étaient opposés en estimant que la limite de 100 Bq/kg pouvait convenir pour tout le monde. Il leur aura fallu 6 réunions pour finalement accepter la proposition du ministère de la santé et des affaires sociales. La ministre, Yoko Komiyama, s’est investie pour que ces nouveaux standards soient adoptés.
Une explication des nouveaux standards est disponible ici en anglais.

Samedi 18 février, les dernières données sur le contrôle des aliments par le ministère de la santé soont accessibles à partir d’ici en anglais. Aucune contamination élevée n’est notée.

Vendredi 24 février, le ministère de la santé a adopté les nouvelles limites pour la nourriture (cf 16 février).

Mardi 28 février, après d’âpres débats et de nombreux atermoiements le gouvernement va finalement autorisé la culture du riz dans les zones où la moisson 2011 a conduit à une contamination des grains comprise entre 100 (nouvelle limite) et 500 Bq/kg (ancienne limite) à la condition que tous les sacs soient contrôlés. La culture reste interdite dans les zones évacuées et les zones où la moisson 2011 a conduit à une contamination des grains supérieure à 500 Bq/kg. Le gouvernement achètera la production qui dépassera la future limite de 100 Bq/kg pour le césium.
12 municipalités de Fukushima et une partie de Shiroishi dans la province de Miyagi sont concernées par cette décision. En 2011, ces 12 communes avaient produit 31 000 tonnes de riz, soit 10% de la production de la province. Elle devront donc choisir entre planter et contrôler chaque sac ou ne pas planter. C’est aux municipalités de décider, mais personne ne sait comment tester chaque sac de riz. Il n’y a pas assez de détecteurs.

Mercredi 29 février, l’association des producteurs de lait a affirmé que les tests menés dans 117 échantillons provenant de 110 fermes ont montré qu’il n’y avait aucun dépassement de la nouvelle limite de 50 Bq/kg pour le césium.

Selon une étude menée par le National Institute of Radiological Sciences de Chiba, la contamination en césium du riz peut être réduite de plus de 70% par polissage et lavage. Le riz blanc est donc beaucoup moins contaminé que le riz complet. De même le riz cultivé avec des engrais au potassium est moins contaminé que le riz bio. Conclusion : pour éviter le césium, il vaut mieux manger peu nutritif…

Les consommateurs japonais commencent à s’inquiéter pour les grillades très populaires (yakitori ou brochettes de volaille, kabayaki ou anguille grillée) à cause du bois radioactif.

Greenpeace Japon a rendu publiques des résultats de mesure sur des poissons achetés en super-marché et sur de la nourriture pour enfant. Certains poissons ont une contamination allant jusqu’à 15 Bq/kg pour le césium. En ce qui concerne la nourriture pour bébé, une contamination a été trouvée dans du thé seulement. Le communiqué, les résultats pour les poissons et la nourriture pour bébé sont en ligne en japonais.

Jeudi 1er mars, de nombreux consommateurs sont inquiets après que le gouvernement ait autorisé la culture du riz dans les zones où la moisson 2011 a entraîné une contamination comprise en 100 et 500 Bq/kg sous condition que tous les sacs soient testés. Mais les consommateurs n’ont pas confiance et sont convaincus que du riz non contrôlé ou dépassant la limite va se retrouver sur les étals.
Mais la coopérative agricole parle de 5,8 milliards de yens (58 millions d’euros) de pertes potentielles avec la nouvelle limite. Un haut fonctionnaire du ministère de l’agriculture reconnait avoir cédé au lobby agricole.
Personne ne sait comment sera testé le riz produit. La ville de Daté, par exemple, n’a qu’un seul détecteur pour le contrôle des sols et 20 pour la nourriture. Elle est incapable de tester la production de riz de la commune.
Une association de consommateurs attend des proposition concrètes des autorités sur la gestion de ce riz. Est-ce que les sols vont être contrôlés ? Elle insiste aussi pour expliquer qu’en cas de nouveau scandale, ce sont les producteurs de riz qui souffriront le plus.

Vendredi 2 mars, la ville de Daté a décidé de planter du riz aussi dans les zones où la contamination de la moisson 2011 dépassait la limite de 500 Bq/kg à des fins de recherche selon le maire. 6 zones de la ville étaient concernées. Le maire a garanti que ce riz ne serait pas vendu mais entreposé à la mairie. Il veut tester plusieurs méthodes de décontamination.

Jeudi 8 mars, la Corée du Sud a annoncé détecter de plus en plus souvent une contamination au césium dans les produits à base de poisson importés du Japon. Aucun n’a dépassé la limite de 370 Bq/kg fixée par les autorités coréennes. La valeur la plus forte est de 98 Bq/kg. En 2012, elle est de 6,2 Bq/kg.

Vendredi 9 mars, le ministère de l’agriculture vient d’interdire la culture du riz sur 7 280 hectares dans la province de Fukushima. Si l’on ajoute les interdictions locales, cela fait 10 500 hectares qui ne seront pas cultivés cette année. Il y aura, de plus, une surveillance renforcée de la production de 4 000 autres hectares répartis dans 6 municipalités, là où la moisson 2011 était contaminée entre 100 et 500 Bq/kg.
Les 7 300 hectares où la culture a été interdite incluent la zone interdite de 20 km, ainsi que la zone évacuée jusqu’à 50 km, plus quelques districts des villes de Fukushima, Daté, Nihonmatsu et Sôma.
Les municipalité de Minami-Sôma et celles qui étaient confinées, entre 20 et 30 km n’ont pas planté de riz l’an dernier. Si cette restriction est maintenue, il y aura 400 hectares de culture du riz en moins par rapport à 2011.
La surveillance renforcée, qui concerne 30 districts des municipalités de Fukushima, Daté, Nihonmatsu et Motomiya, ainsi que 4 districts de Kori et Kunimi, signifie une traçabilité et un contrôle exhaustif de tous les sacs de riz produits.

-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l’eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> Des résultats gouvernementaux de surveillance de l’alimentation sont ici.
-> Résultats de mesures effectuées par la province de Fukushima sur l’alimentation (en japonais)
-> Notice de la FAO sur la contamination des aliments en cas d’accident nucléaire (en anglais)

Sommaire


Contamination des sols

Mars 2011

Le mercredi 23 mars, 163 000 becquerels de césium 137 par kilogramme de terre ont été détectés à Iitate situé à 40 km au nord-est de la centrale. Voir le tableau de données (en japonais). L’association Mihama no kai a demandé l’évacuation du village. Samedi 26 mars, le maire a expliqué à la télévision n’avoir reçu que très peu d’informations à propos de la situation radiologique de son village.

Dimanche 27 mars, TEPCo a annoncé qu’elle allait analyser le plutonium dans le sol de la centrale car le réacteur n°3 est alimenté en MOx qui contient beaucoup de plutonium.

Les résultats sont arrivés lundi 28 mars et sont disponibles en japonais et en anglais. Du Pu 238, 239, 240 ont été détectés en divers endroits à des concentrations de l’ordre de quelques dizièmes de becquerels par kilo de terre à 1,2 becquerels. Ces contaminations sont “faibles” pour un réacteur accidenté. La composition isotopique laisse penser que ce plutonium n’est pas dû aux retombées des essais nucléaires atmosphériques mais est dû à la centrale. Le plutonium est peu volatil et sa présence semble être due à des fuites liquides.

Le même jour, le quotidien Asahi rapporte qu’un agriculteur bio de la région de Fukushima s’est suicidé : il avait passé 30 ans à améliorer sa terre et n’a pas supporté de la voir contaminée.

Mercredi 30 mars, l’AIEA a recommandé l’évacuation de Iitate situé à 40 km de la centrale car la contamination dépasse la limite internationale. La contamination en iode-131 relevée par l’AIEA dans 9 municipalités distantes de 25 à 58 km de la centrale vont de 0,2 à 25 Megabecquerel par mètre carré (millions de becquerels par mètre carré). Pour le césium 137, cela va de 0,02 à 3,7 Megabecquerel par mètre carré. Une centaine de personnes seraient toujours à Iitate.

Greenpeace a aussi mesuré des taux de radiation élevés en dehors de la zone d’évacuation. 100 microsieverts par heure par exemple le long d’une route entre Iitate et Tsushima. Les données sont ici.

Mais les autorités campent sur leur position : il n’est pas nécessaire d’évacuer plus, car la dose reçue par une personne qui reste à l’intérieur 16 heures par jour et 8 heures à l’extérieur est de l’ordre de 25 millisieverts, ce qui est la moitié du critère d’évacuation.  Et d’ajouter que leur critères reposent sur la contamination de l’air, pas du sol.

Avril 2011

Vendredi 2 avril, l’AIEA que les niveaux d’iode 131 relevés à Iitate étaient descendus sous la limite d’évacuation. La moyenne sur 15 échantillons prélevés entre le 19 et 29 mars est de 7 millions de becquerels par mètre carré. La limite est à 10 millions de becquerels par mètre carré. L’AIEA recommande toujours une surveillance renforcée dans cette zone.

Mercredi 6 avril, TEPCo a publié des données sur la contamination des sols aux alentours de la centrale. Il y a un cocktail de radioéléments assez impressionant. Voir ici.

Les niveaux de dose du sol à la date du 6 avril sont donnés ici pour les écoles de la préfecture de Fukushima. Les données vont de 0,05 à 5,4 microsieverts par heure à 1 mètre du sol et de 0,06 à 6,9 microsieverts par heure à 1 cm du sol. 0,05 microsieverts par heure à 1 mètre correspond au niveau avant la catastrophe.
Dans deux autres villages, dont le célèbre Iitate, les valeurs sont plus élevées : de 8,3 à 23 microsieverts par heure à un mètre du sol et de 9,5 à 30,1 microsieverts par heure à 1 cm du sol. Ces données sont du 5 avril.
La rentrée des classes a lieu début avril au Japon. La fermeture précipitée des classes a débouché sur les vacances de printemps qui se terminent.

Vendredi 8 avril, une étude menée par les université de Hiroshima et de Kyoto a montré qu’il y avait des zones au-delà du rayon de 30 km autour de la centrale qui devraient être évacuées. 8 radioéléments différents ont été détectés. Une contamination en césium 137 des 5 premiers centimètres de la terre varie entre 590 000 et 2,19 millions de becquerels par mètre cube. C’est plus que les critères d’évacuation autour de Tchernobyl. Encore une fois Iitate est concerné.

Samedi 9 avril, le gouvernement a annoncé vouloir interdire la culture du riz dans les champs où la concentration en césium dépasse les 5 000 becquerels par kilogramme. Cela devrait s’appliquer aux zones situées au-delà des 30 km autour de la centrale car en deçà, c’est déjà interdit. TEPCo et le gouvernement compenseront les agriculteurs. Deux champs de riz de Iitate dépassent cette limite. Il y avait 15 031 becquerels par kilogramme dans l’un d’entre eux.

Pour les champs dépassant la limite, le gouvernement va étudier la possibilité de remplacer la terre ou d’y cultiver des plantes qui absorbent moins le césium.

Fukushima produit habituellement 450 000 tonnes de riz par an. C’est la quatrième plus forte production du pays.

Lundi 11 avril, l’ACRO a publié des résultats de mesure alarmant sur les communes de Iitate et Kawamata.

Mardi 12 avril, le gouvernement japonais a annoncé avoir détecté du strontium dans le sol en très faible quantité en plusieurs endroits de la préfecture de Fukushima. Il n’a pas de limite établie pour la concentration du strontium dans l’alimentation.

Les résultats sont ici en japonais et en anglais. Les résultats sont exprimés en becquerels par kilogramme frais. Les trois premières lignes correspondent à de la terre. La plus forte contamination est à Iitate-mura (ligne 33), avec 51 000 Bq/kg en césium 137, 290 Bq/kg en strontium 89 et 32 Bq/kg en strontium 90.

La contamination des sols des cours des écoles de la province de Fukushima à la date du Mercredi 13 avril est disponible ici en japonais.

Mercredi 27 avril, la ville de Koriyama (province de Fukushima) a commencé à faire enlever la couche supérieure contaminée du sol des écoles et crèches. La limite à partir de laquelle il y a intervention est toujours 3,8 microsieverts par heure pour les écoles et 3,0 microsiverts par heure pour les crèches. Ces limites sont considérées comme trop élevées par de nombreuses associations (dont l’ACRO).

Mai 2011

Le vendredi 6 mai, une carte de la contamination des sols dans un rayon de 80 km autour de la centrale de Fukushima a été rendue publique. Elle a été effectuée par hélicoptère par le Ministère japonais de la recherche et technologie et par le département de l’énergie des Etats-Unis. Cette carte fait apparaître des contaminations dépassant les critères d’évacuation en Biélorussie jusqu’à près de 50 km vers le Nord-Ouest. Les villages de Iitate et Namie sont touchés, bien qu’étant très éloignés. Ce sont 800 km2 qui sont contaminés en césium 137, qui a une demi-vie de 30 ans, à des niveaux supérieurs à 600 000 Bq/m2. C’est plus que la limite qui donne droit au relogement en Biélorussie.
Une vidéo de la prise de mesure est disponible sur youtube. Un fichier pptx avec la carte en anglais peut être téléchargé ici. La version japonaise des ces cartes est disponible ici au format pdf.

Samedi 7 mai, le gouvenrement a fait le point sur l’évolution de la contamination des écoles. Il observe une tendance à la baisse assez générale, mais à la Watari Junior High School, le débit de dose est remonté à 3,9 microsieverts par heure, juste au dessus de la limite qu’il a fixée. Dans deux autres écoles, les niveaux sont pasés sous cette limite. Pour rappel, cette limite est considérée comme trop laxiste par de nombreuses organisations (dont l’ACRO).

Lundi 9 mai, TEPCo a annoncé avoir mesuré du strontium dans la terre en 3 points de la centrale : les contaminations sont assez élevées : jusqu’à 590 becquerels de strontium 90 et 4 400 becquerels de strontium 89 par kilogramme de terre sèche. La terre a été prélevée le 18 avril à 500 m des réacteurs 1 et 2 sur une épaisseur de 5 cm.
Le ministère de l’éducation a étudié les niveaux de radiation au niveau du sol de la crèche de l’université de Fukushima : 2,1 à 2,3 microsieverts par heure. Après avoir creusé un trou de 80 cm de large et de 50 cm de profondeur et y avoir retourné la terre, le niveau de radiation est descendu à 0,2 microsievert par heure.
D’autres tests ont été menés dans la bac à sable de la crèche et sur le stade de l’université : à 20 cm de profondeur étaient de 0,1 à 0,2 microsieverts contre 1,7 à 2 microsieverts à la surface. Le ministère va étudier la possibilité de remplacer ou retourner les sols.

Mardi 10 mai, le maire de Fukushima (la ville) a accepté d’enlever le sol des cours d’école de sa ville à la demande des parents et enseignants. Des écoles de Date et Koriyama ont déjà enlevé leur sols contaminés, mais ne savent pas quoi faire des matériaux radioactifs car le Japon n’a pas de structure d’accueil. Le gouvernement va donc recommander de retourner le sol seulement. Il n’y a plus qu’une école dans la préfecture de Fukushima dont les niveaux sont au-dessus de la limite laxiste du gouvernement.

Mercredi 11 mai, comme prévu, le ministère de l’éducation a recommandé de soit retourner les sols en mettant les 5 cm les plus contaminés de la surface à 50 cm de profondeur ou de les enterrer profondément et de remettre de la terre non contaminée en surface. Le choix en incombera à chaque école. Le ministère va soutenir financièrement l’opération.

Vendredi 20 mai, l’ACRO a rendu publics des résultats de mesure alarmants effectués sur des échantillons de sol provenant des environs de Fukushima. Ils sont ici. Dans la préfecture de Fukushima, les niveaux sont comparables à ceux que l’on trouve autour de Tchernobyl : la contamination en césium 137 relevée donnerait le droit à la migration en Biélorussie. Cette pollution s’étend bien au-delà de cette préfecture : les niveaux détectés dans le sud de la préfecture voisine de Miyagi (ayant Sendai comme capitale) sont aussi très élevés. Les retombées de Fukushima sont détectables à des niveaux significatifs jusqu’à Kanagawa, située à environ 270 km de la centrale. Il n’est pas étonnant que le thé soit contaminé sur place.

Dimanche 22 mai, selon une enquête effectuée par le quotidien Yomiuri (version anglaise), les travaux pour retirer la terre sont en cours ou planifiés dans 217 écoles. Ces travaux sont effectués à l’initiative des municipalités. 6 municipalités (Date, Fukushima, Nihonmatsu, Koriyama et Motomiya ainsi que le village d’Otamamura) ont établi des limites plus strictes que celles du gouvernement. A Nihonmatsu, la limite gouvernementale de 3,8 microsieverts par heure a été divisée par 2. 58 cours de récréation ou espace de jeu vont être nettoyés. Cela va coûter 250 millions de yens (2,1 millions d’euros). La terre, sur une épaisseur de 3 à 5 cm, va être raclée et enfouie à plus d’un mètre de profondeur. Pour la ville de Fukushima, ce sont 26 espaces qui vont être traités de la même façon. A Koriyama, ce sont 67 espaces qui ont été nettoyés et la municipalité va encore en nettoyer 28 autres. Les niveaux de radiation ont basisé de façon significative depuis que le sol a été retiré.
Le problème est de trouver un lieu de stockage de ces terres contaminées. A Koriyama et Date, elles ont été laissées en tas sur place, recouverte d’une bâche en plastic.

Vendredi 27 mai, le gouvernement commence à reculer sur la limite de dose pour les enfants. Le ministère de l’éducation se donne comme objectif que la dose annuelle soit inférieure à 1 millisievert par an, mais il maintient les 20 millisieverts comme limite à ne pas dépasser.

Samedi 28 mai, des représentants du ministère de l’agriculture sont à Iitate pour lancer des études sur différentes méthodes de décontamination des sols.

Mardi 31 mai, TEPCo a annoncé avoir détecté de fortes contaminations en strontium dans les sols en trois points situés à environ 500 mètres des réacteurs 2 et 3 : il y a jusqu’à 2 800 becquerels de strontium 89 et 480 becquerels de strontium 90 par kilo de sol sec. Le strontium est très toxique car il se fixe dans les os. Les résultats complets sont ici en anglais.

Juin 2011

Lundi 6 juin, des résultats d’analyse de sols effectués à 1,7 km du portail d’entrée principal de la centrale montrent la présence de plutonium à des teneurs très faibles : 0,078 becquerel de plutonium 239 et 240 par kilo de terre. L’analyse a été effectuée par l’université de Kanazawa.

Mardi 7 juin, une association de parents a trouvé de fortes contaminations à Tokyo – moindre qu’à Fukushima, mais significatives, vu l’éloignement – en particulier à proximité de l’une usine d’incinération de boues de station d’épuration du district de Koto. Les analyses ont été effectuées par une université de Kobe et l’ACRO. Les résultats sont ici : le fichier ACRO est en anglais et les autres en japonais.
Il y a jusqu’à 3 000 becquerels de césium 137 par kilo de terre dans un parc. Cette usine a incinéré des boues radioactives.

Mercredi 8 juin, du strontium a encore été trouvé dans des échantillons de sols provenant de 11 poins situés en dehors de la zone d’exclusion de 20 km. La plus forte conetration a été trouvée à Namié, avec 1 500 becquerels de strontium 89 et 250 becquerels de strontium 90 par kilo de terre. Ensuite, c’est Iitate avec avec 1 100 becquerels de strontium 89 et 120 becquerels de strontium 90 par kilo de terre. Le point le plus éloigné, qui est à 62 km de la centrale, a 54 becquerels de strontium 89 et 7,7 becquerels de strontium 90 par kilo de terre.

Samedi 11 juin, de nouvelles données de la pollution des sols dans la zone des 30 km autour de la centrale de Fukushima sont disponibles sur le site de données du gouvernement.

Dimanche 12 juin, d’autres données sont aussi en ligne sur le même site.

Mardi 14 juin, des prairies dépassant les limites de contamination ont été découvertes dans la province d’Iwate, entre 150 et 200 km au Nord de la centrale. La contamination dépasse les 300 becquerels de césium par kilo d’herbe en 4 lieux, dont Tono et Ostushi. Il a été demandé aux agriculteurs de ne pas utiliser cette herbe pour la nourriture du bétail.

Mercredi 15 juin, la province de Tokyo a commencé un programme de mesure de la radioactivité ambiante en une centaine de points sur son territoire pour répondre à l’inquiétude des populations. Cela correspond à une maille de 2 km sur 2 km. La mesure sera prise à 1 m et 5 cm du sol. Jusqu’à maintenant, seul le quartier central de Shinjuku était contrôlé.

Vendredi 17 juin, la municipalité de Fukushima a commencé un contrôle serré de la contamination de son territoire pour détecter d’éventuels points chauds. 31 détecteurs sont mobilisés pour cette surveillance. En chaque point de contrôle, la mesure est faite à 1 cm, 50 cm et 1 mètre du sol. Tous les résultats seront rendus publics via les comités de quartier et mis en ligne sur le site Internet de la municipalité.

Samedi 18 juin, le vulcanologue Yukio Hayakawa de l’université de Gunma, a tracé une carte avec des contours de dose qui est disponible ici. Il s’est basé sur un recueil de données de mesure du ministère de la science et technologie (MEXT) et des gouvernements locaux qui est cartographié ici.

Lundi 20 juin, les 4 cm de la surface d’un champ de riz d’Iitate ont été enlevés : la contamination en césium est passée de 10 000 becquerels par kilo à 2 600 becquerels par kilo, soit en dessous de la limite pour les cultures. Du riz a été ensuite planté. Il sera analysé à l’automne lors de la récolte. C’est le seul champ de riz planté et inondé d’Iitate.

Vendredi 24 juin, l’ACRO a mis en ligne des résultats d’analyse sur des sols prélevé dans le Sud de la province de Miyagi, à Tokyo et dans sa banlieue. En plusieurs endroits, la contamination surfacique dépasse la limite qui implique une surveillance périodique dans la législation biélorusse. C’est en particulier le cas dans une ferme du Sud de Miyagi, à Kashiwa (Chiba) près de Tokyo et à Tokyo même autour d’une usine d’incinération de boues de station d’épuration qui a brûlé des boues radioactives.

Juillet-Août 2011

Mardi 5 juillet, un groupement d’associations a rendu publiques des résultats d’analyse des sols dans la ville de Fukushima à 60 km de la centrale. Jusqu’à 931 000 becquerels par mètre carré en césium ont été mesurés en un point par un universitaire de l’université de Kobe, ce qui en Biélorussie, conduirait à l’évacuation. En trois autres endroits, il y avait entre 326 000 and 384 000 becquerels par mètre carré. Le collectif a demandé l’évacuation de la zone la plus contaminée en commençant par les enfants et les femmes enceintes.
Le communiqué et les données sont ici en japonais. Un autre communiqué sur la ville de Fukushima avec d’autres données est ici en japonais.

Vendredi 8 juillet, le gouvernement annoncé que le niveau de dose ambiant dans un rayon de 80 km autour de la centrale a globalement baissé de 20% par rapport à la fin avril. Cela est dû à la disparition de l’iode 131 et à la pluie qui a raviné les terres. Ces données, comme les précédentes, ont été collectées par hélicoptère.

Mercredi 20 juillet, un survol en hélicoptère de la région du Kurihara, où de la paille de riz fortement contaminée a été découverte, a montré que la contamination générale des sols entraînait des débits de dose à 1 m du sol allant de 0,2 à 0,5 microsieverts par heure. C’est autant qu’à Iwaki située à 50 km de la centrale, alors que Kurihara est à 150 km.

Lundi 1er août, le gouvernement a annoncé qu’il allait commencer à décontaminer dans la zone des 20 km à partir de septembre pour permettre aux gens de rentrer. Il n’a toujours pas annoncé qu’il y aura des zones où les gens ne pourront pas rentrer.

Mardi 2 août, les autorités ont fixé à 400 becquerels de césium par kilo la contamination maximale admissible pour le compost, l’humus…
Des sacs de compost radioactifs ont déjà été vendus dans des magasins de bricolage à travers le pays. Le contenu venait de Tochigi à une centaine de kilomètres de la centrale. 11 000 becquerels de césium par kilo ont été détectés dans un magasin d’Akita, 14 800 à Tottori… Chez un producteur de Tochigi, les feuilles étaient contaminées en césium à 72 000 Bq/kg. La première contamination a été découverte le 25 juin. Il a fallu plus d’un mois aux autorités pour fixer une limite.
Nous n’avons pas vu si cette limite s’applique aussi au fumier contaminé qui s’entasse dans les élevages où les vaches sont contaminées par la paille.

Mercredi 3 août, le gouvernement a annoncé qu’il allait faire une cartographie plus précise et plus étendue de la contamination à l’aide de survols afin de détecter d’éventuels points chauds. Les résultats devraient être mis en ligne sur un site dédié d’ici la mi-août.

Dimanche 7 août, des résultats officiels de contamination des sols sont ici. D’autres résultats environnementaux sur des légumes feuille, de l’eau et des sols sont ici.

Mardi 9 août, un groupe Facebook a créé le radiation defense project. Des échantillons de sol ont été prélevés en différents point de l’agglomération de Tokyo et envoyés à un laboratoire pour analyse. Les premiers résultats ont été présentés ce jour et peuvent être téléchargés en anglais sur le site Internet du projet. Les résultats sont exprimés en Bq/kg et Bq/m2, mais la conversion en Bq/m2 est assez arbitraire et doit être considérée comme indicative.

Jeudi 11 août, le ministère des sciences et technologies a annoncé que les mesures par hélicoptère dans un rayon de 160 km autour de la centrale étaient terminés et qu’il allait bientôt punlier la carte… Des taches à 60 km de la centrale sont plus contaminées qu’à quelques kilomètres juste au Nord de la centrale. A l’Ouest de la province de Tochigi située au Sud de la centrale, par exemple, une contamination variant entre 30 000 et 59 000 becquerels par mètre carré a été détectée. Cette répartition est due aux conditions météorologiques (essentiellement la pluie et la neige).

Du compost fait à partir de fumier de vaches ayant consommé de la paille radioactive avait une contamination en césium radioactif de 1 082 becquerels par kilogramme dans la préfecture de Shimane à l’Ouest de l’île principale. La paille venait de Miyagi. C’est la première fois que du compost dépase la limite fixée le 1er août par les autorités.

Vendredi 12 août, le journal Asahi (version anglaise) a fait un sondage et a trouvé que sur un total de 1 160 écoles, collèges, lycées… publics de la province de Fukushima, 584 ont raclé ou vont racler le sol de leur cour. 97% de ces 584 établissements pensent finir avant la fin des vacances d’été. (299 l’ont déjà fait,  268 espèrent finir avant la fin août et 17 ne savent pas encore quand). Parmi les 287 établissements qui n’ont pas prévu de racler le sol, il y a ceux situés dans la région d’Aizu où la radioactivité est faible et ceux situés dans les zones évacuées. 289 autres établissements n’ont pas pris de décision. Certains établissements n’ont pas raclé le sol, mais ont décontaminé les bâtiments au jet haute pression, nettoyé les gouttières et autres rigoles…
Les établissements où la terre a été raclée, la mesure a été efficace puisque les débits de dose ambiant sont passés, par exemple, de 3 à 0,2-0,3 microsieverts par heure. Le volume de sol enlevé dans 19 municipalités où les travaux ont déjà été effectués représente 178 000 m3. Dans la plupart des cas, ces déchets radioactifs ont été enfouis dans un coin de la cour.
Le Asahi a calculé qu’il y en aurait pour au moins pour 6 milliards de yens (55 millions d’euros) si les établissements privés qui reçoivent de l’argent public sont inclus.

Par ailleurs, une méthode de décontamination du sol a été testée la veille dans une école de Kawamata. Le sol est raclé, lavé, pour être ensuite réutilisé. L’eau de lavage est ensuite décontaminée à l’aide d’agents absorbants. Là où un débit de dose de 2,7 microsieverts par heure était détecté avant lavage, le débit de dose de 80% de ce sol est passé sous 0,4 microsieverts par heure.  Les promoteurs du test conseillent l’utilisation de cette nouvelle méthode plutôt que d’enterrer la partie enlevée. Cette méthode ne marche que pour des sols peu argileux.

Une étude rendue publique ce jour a montré que le césium s’enfonçait plus rapidement dans la boue des rizières que ce qui était admis jusqu’à maintenant. Cela va rendre plus difficile la décontamination des rizières. Une étude conjointe menée par l’université de Tokyo et la préfecture de Fukushima a montré que le césium pénétrait dans le sol à une vitesse égale à 0,1 à 0,2 fois celle de l’eau alors que pour les estimations précédentes, ce facteur était de 0,001. L’université a aussi mélangé de la boue contaminée à de l’eau et a agité le mélange. Seulement 20% du césium est passé dans l’eau. Le reste est resté dans les particules de sol.

Vendredi 19 août, le ministère des sciences et technologies a rendu publique une carte des doses cumulées sur 5 mois mesurées en 4 283 points. C’est la première fois qu’il y a des données en une cinquantaine de points de la zone interdite située en-deça des 20 km : à Okuma, district de Koirino, située à 3 km au Sud-Ouest la dose cumulée est de 278 millisieverts. Extrapolée à un an, cette dose atteindra 508,1 millisieverts. Le débit de dose y est de 75 microsieverts par heure. La dose annuelle dépasse les 100 millisieverts en 7 points de Okuma.
A 20 km, c’est à Namié, district de Kawabusa, que la dose est la plus élevée : 115 millisieverts sur 5 mois, ce qui donne 229 millisieverts extrapolés sur un an. Dans un autre district de Namié, situé à 8 km de la centrale, la dose annuelle est estimée à 4,1 millisieverts.
Dans le district de Nagatsuka à Futaba, situé à 5 km au Nord Ouest, la dose annuelle est estimée à 172.4 millisieverts par an.
Ces doses correspondent à 8 heures par jour à l’extérieur et 16 heure à l’intérieur. Les populations ne sont pas prêtes de rentrer…
Les débits de dose instantanés début août sont ici. Les doses cumulées au 7 août en dehors de la zone des 20 km sont ici.
La nouvelle carte n’est pas encore en ligne, mais le Maïnichi donne une liste de valeurs en japonais.

Samedi 20 août, une autre expérience de décontamination des sols a débuté à Iitate, village évacué à cause de la forte contamination.
Dans un champ de riz non inondé, la National Agriculture and Food Research Organization a mesuré 65 900 becquerels de césium par kilo de terre entre 0 et 2,5 cm, puis 1 330 Bq/kg entre 2,5 et 5 cm, et presque rien sous les 5 cm. L’organisation a épandu un agent chimique qui va solidifier le sol en surface quand l’eau se sera évaporée. Il sera plus facile à racler. On ne sait toujours pas ce qui sera fait de ce sol.

D’autres initiatives citoyennes qui consistent à semer du tournesol qui doit absorber le césium sont menées en différents endroits de Fukushima.

Mardi 23 août, les autorités ont annoncé qu’elles allaient étendre la mesure de la contamination des sols par hélicoptère à 16 nouvelles préfectures à la suite de la découverte de points chauds très éloignés de la centrale accidentée. Ainsi, dans du compost dans la cour d’une école maternelle de Tokamachi à Niigata, il a été trouvé 27 000 becquerels de césium par kilo. C’est plus que la limite de 8 000 Bq/kg à partir de laquelle l’échantillon est considéré comme un déchet radioactif. De la boue à 18 900 becquerels par kilo a aussi été trouvée dans cette ville.

Jeudi 25 août, le National Institute for Environmental Studies a publié les résultats d’une simulation de la dispersion de la pollution radioactive qui montre que 13% de l’iode 131 et 22% du césium 137 sont retombés sur la terre, couvrant 15 provinces. Le reste est allé vers la mer. Les résultats sont ici en japonais.

Vendredi 26 août, le Japon vient d’adopter une nouvelle loi qui rend l’Etat responsable des déchets radioactifs dus à la catastrophe (débris, boues, terres… contaminés). Elle prendra effet le 1er janvier 2012. La loi stipule que l’Etat doit prendre cette responsabilité car il a fait la promotion de l’énergie nucléaire. C’est le ministère de l’environnement qui aura la charge de définir les critères de gestion et les filières de prise en charge des déchets. TEPCo devra payer la décontamination.

Samedi 27 août, le Maïnichi revient sur les difficultés de la décontamination qui est presque impossible pour les sols. Les toits, routes, murs… peuvent être partiellement décontaminés à l’aide de jets haute pression, mais l’eau emporte la radioactivité dans les rivières et les sols. Les sols, quant à eux, ne peuvent pas être décontaminés simplement. Il faut s’y prendre à plusieurs fois, pour diminuer petit à petit la contamination. L’enlèvement des terres contaminées, qui sont encore en surface, n’est pas possible à grande échelle à cause des volumes engendrés : une expérience menée à Daté a engendré 35 m3 de terre contaminée dont on ne sait que faire pour seulement trois maisons.
La municipalité de Fukushima doit faire face à l’opposition des riverains qui ne veulent pas des déchets radioactifs engendrés par la décontamination des points chauds. 3 800 personnes s’étaient mobilisées pour décontaminer le district de Watari et la municipalité a entreposé temporairement 6 000 “big bags” dans les montagnes, malgré l’opposition des riverains.

Le premier ministre Naoto Kan a demandé aux autorités de la province de Fukushima d’accepter un centre d’entreposage de déchets radioactifs engendrés par la décontamination et les débris contaminés du tsunami. Il a bien insisté que ce serait temporaire… Le premier ministre a aussi annoncé qu’il y des zones où les personnes ne retourneront pas avant des décennies. C’est la première fois qu’il le reconnait. Le maire d’Okuma, ville particulièrement contaminée, a refusé d’accueillir un tel centre le lendemain, espérant toujours pouvoir décontaminer sa municipalité.

Lundi 29 août, le ministère des sciences et technologies a rendu publique une carte de la contamination dont il prétend avoir eu l’initiative, mais qui a été effectuée par des universitaires. Dans un rayon de 80 km autour de la centrale, des mesures de débit de dose à 1 m du sol et des prélèvements de sol ont été effectués tous les 2 km en juin-juillet. Il y a 2 200 points de mesure. La plus forte contamination en césium a été découverte dans la municipalité d’Okuma à quelques centaines de mètres de la centrale avec près de 30 millions de becquerels de césium par mètre carré (15,45 MBq/m2 pour le Cs137). Il y a 34 points qui dépassent la limite de 1,48 millions de becquerels de césium 137 par mètre carré, limite utilisée par les autorités biélorusses pour bénéficier d’un relogement obligatoire et immédiat. Ils sont dans les municipalités d’Okuma, Minamisoma, Tomioka, Futaba, Namié et Iitaté. Dans 8% des cas, les niveaux de césium 137 dépassent 555 000 Bq/m2 qui donne droit au relogement en Biélorussie. La plupart de ces points sont dans la zone évacuée. Mais il y en a aussi à Fukushima, Motomiya et Koriyama, villes qui ne sont pas évacuées.
Les cartes peuvent être téléchargées ici en japonais.

Le ministère de l’agriculture de la pêche et des forêts a aussi publié une carte de la contamination ce jour. Elle est basée sur des prélèvemets de sols en 580 points répartis dans 6 provinces. En 9 points, la contamination des sols en césium dépasse la limite de 5 000 becquerels par kilo fixée pour la culture du riz. C’est le cas en particulier à Daté (8 571 Bq/kg dans un champ) et Iwaki (6 882 Bq/kg), où l’agriculture n’a pas été suspendue. A Iitaté ou Namié, villages partiellement évacués, des contaminations dépassant les 20 000 Bq/kg en césium ont été mesurées.

Les autorités régionales de Fukushima ont aussi commencé à contrôler la zone interdite des 20 km et ont trouvé une contamination en césium de 25 226 Bq/kg de sol à Okuma, dans un champ situé à 8 km de la centrale.

Mardi 30 août, de nombreuses écoles de Tokyo ont interdit l’accès au bac à sable ou ont remplacé le sable. Dans l’arrondissement de Katsushika, 29 bacs sur 378 avaient un débit de dose qui dépasse les 0,25 microsievert par heure, limite fixée par la municipalité. Dans l’arrondissement d’Adachi, ce sont 35 bacs sur 593 qui dépassent cette même limite. Aucun bac ne dépassae cette limite à Nérima.

Septembre 2011

Jeudi 1er septembre, le gouvernement a rendu publique une nouvelle carte des débits de dose dans la zone des 20 km. Avec 2 696 points de mesure à 1 cm et 1 m du sol entre le 4 juillet et le 20 août, soit environ tous les 500 m, c’est une des plus complètes pour la zone. Le point le plus chaud à 1 m du sol est situé à Ottozawa dans la ville d’Okuma, à environ 1 km au sud ouest de la centrale, avec 139 microsieverts par heure. A 1 cm du sol, c’est à Matsuzaku, dans la ville de Futaba à 4 km à l’ouest que c’est le plus chaud avec 368 microsieverts par heure.

Mardi 6 septembre 2011, les données sur la contamination des sols obtenues par les universités japonaises peuvent être visualisées point par point sur le site Internet du RCNP de l’université d’Osaka. C’est en japonais, mais il suffit de lancer google earth et de cliquer sur chaque point d’intérêt. Une version anglaise des cartes est disponible sur le site du MEXT.

Lundi 12 septembre, le MEXT (ministère des sciences et technologies) a rendu publiques de nouvelles cartes de la contamination des sols qui vont bien au-delà de la province de Fukushima. Les données ont été obtenues par hélicoptère. Ces cartes peuvent être consultées ici en japonais. Elles couvrent 5 provinces.

La ville de Misato, dans la province de Saïtama, avait mesuré le débit de dose dans les cours d’école et avait trouvé des résultats “rassurants”, c’est à dire inférieurs aux mesures des parents. Après avoir changé d’appareil, la mairie a recontrôlé et trouve le double ! Les résultats sont ici en japonais. Comparer les valeurs du 29 août et celles du 12 septembre. Les “amateurs” ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

Mercredi 14 septembre, l’Asahi a fait ses propres estimations de l’ampleur de la contamination à partir des données du MEXT : il a calculé que la contamination en césium 137 depasse les 30 000 Bq/m2 sur plus de 8 000 km2. Autour de Tchernobyl, cette surface est environ 18 fois plus grande. Sur ces 8 000 km2, 6 000 sont dans la province de Fukushima, ce qui fait environ la moitié de la surface de la province, la troisième plus grande du Japon avec 13 782 km2. Il y a 1 370 km2 à Tochigi, 380 km2 dans le Sud de Miyagi et 260 km à Ibaraki.
Cette surface pourrait augmenter dans l’avenir car les cartes ne sont pas complètes (voir 12 septembre ci-dessus).
600 km2 autour de la centrale ont une contamination en césium 137 supérieure à 600 000 Bq/m2.
La zone évacuée, quant à elle, fait 1 100 km2.

Le ministère de l’agriculture, de la pêche et des forêts a conclu, après avoir testé plusieurs méthodes, que la meilleure façon de décontaminer est de racler la couche superficielle. La culture de tournesols ou le lavage des sols ne marchent pas. En retirant la terre sur 4 cm, on enlève 75% de la contamination. Mais, il faut ensuite trouver quoi faire de toute cette terre contaminée. Le lavage n’a réduit que de 36% la contamination en césium. Pour les prairies, racler les 3 cm superficiels a conduit à réduire de la contamination en césium jusqu’à 97%.
Dans la seule province de Fukushima, il y a 8 300 hectares de terre agricole dont la contamination en césium dépasse les 5 000 becquerels par kilo, qui la limite fixée par les autorités pour la culture du riz. En retirant la couche superficielle des ces champs, les autorités vont se retrouver avec 3 à 4 millions de tonnes de terre contaminée dont il ne sauront que faire.

Jeudi 15 septembre, une équipe de recherche dirigée par l’université de Tsukuba a trouvé qu’entre 50 et 90% du césium radioactif retombé sur les sols forestiers étaient concentrés dans les feuilles et les branches. Dans les forêts de feuillus, cela peut dépasser les 90% dans les feuilles mortes. Certains y voient là un espoir de décontaminer ces sols. Les feuilles radioactives vont se ramasser à la pelle…
La contamination des arbres en fonction de la hauteur près de Fukushima est donnée ici en japonais.

En supposant que tous les sols au-dessus desquels le débit de dose depasse 1 microsievert par heure soient raclés, cela produirait 100 millions de mètres cube de terre contaminée à stocker, selon une estimation faite par un chercheur de l’université de Tokyo. Cela correspond à environ 2 000 km2 de terres à racler, dont environ 60 et 70% de forêt. Le volume de terre pourrait être réduit en excluant les forêts de la décontamination. Le centre de stockage des déchets radioactifs de faible et moyenne activité de Rokkasho, qui ne peut accueillir que 200 000 m3, a coûté environ 160 milliards de yens (environ 1,6 milliards d’euros).

De fait, les municipalités n’arrivent pas à trouver un terrain pour entreposer provisoirement les déchets radioactifs issus de la décontamination. Les populations n’ont pas confiance. La mairie de Daté, située à 30 km de la centrale, a déjà tenu une trentaine de réunions publiques sans succès. La municipalité de Fukushima-ville a dû suspendre la décontamination du district de Watari faute de place pour entreposer les résidus. Il y a en plus tous les résidus du tsunami qui sont contaminés par la radioactivité, les boues des stations d’épuration et les cendres des incinérateurs.

Le ministre de la catastrophe et de l’environnement, Goshi Hosono, veut décontaminer Fukushima à n’importe quel prix.

A Minami-Sôma, les résidents se sont regroupés pour acheter du matériel de détection performant avec l’aide de la municipalité et ont effectué la carte de la contamination du district d’Ota la plus précise. Le débit de dose à 1 cm et 1 m du sol a été mesuré en 470 points espacés de 200 m environ. La carte a ensuite été distribuée aux 1 000 foyers du district ce jour. Les débits de dose relevés variaient entre 0,25 et 4,62 microsieverts par heure.

Mardi 20 septembre, les autorités municipales ont publié une donnée de la contamination des sols à Shinjuku, en plein centre de Tokyo. Entre 0 et 5 cm, il y a 360 Bq/kg en césium 134 et 230 Bq/kg en césium 137.Entre 5 et 20 cm, cela descend à 4,2 et 7,1 respectivement.
Les données sont ici en japonais.

Mercredi 21 septembre, un particulier a fait analyser la saleté sur sont toit dans le quartier de Kohoku-ku à Yokohama et a trouvé un total de 105 600 Bq/kg (Césium-134: 49 900 Bq/kg, Cesium-137: 55 000 Bq/kg). Ce n’est pas le premier toit touché à Yokohama. Le résultat est annoncé sur le site du blogeur en japonais.

Jeudi 22 septembre, une nouvelle carte de la contamination avec les données en iode 131 a été publiée. Elle est disponible ici en japonais. Il s’agit de la suite du travail mené par les universités. Comme la demi-vie de l’iode 131 est de 8 jours, il ne restait plus de 400 points contaminés en juin lors des prélèvements, sur 2 200 lieux contrôlés. Il ressort que la distribution de la pollution n’est pas la même que pour le césium. Le sud de la centrale, vers Iwaki, a été particulièrement touché par les rejets en iode.

Samedi 24 septembre, les autorités ont publiques de nombreuses données sur la contamination des sol. Attention à la date, certaines sont anciennes. A lire en ligne ici en japonais.

Dimanche 25 septembre, le ministère de l’environnement estime à 28 millions de m3 le volume de terre contaminée en provenance de Fukushima qu’il faudrait évacuer et stocker après décontamination. Ce chiffre se base sur une hypothèse que la décontamination doit avoir lieu si le débit de dose entraînerait une dose annuelle supérieure à 5 millisieverts. 13% de la surface de la province de Fukushima est concernée et les forêts sont décontaminées à 100%. 1,02 million de m3 proviendraient alors des maisons et jardins,  560 000 m3 des écoles, nurseries… et 17,42 millions de m3 de terres agricoles.
Avec une hypothèse moins contraignante, à savoir une dose annuelle de 20 millisieverts et seulement 10% des forêts décontaminées, cela induirait un volume de près de 5 millions de m3.
Ces chiffres seront transmis à la commission qui va définir la politique de décontamination. Le gouvernement n’a aucun site d’entreposage temporaire et encore moins de stockage définitif. Il se défausse donc sur les autorités locales.

Mardi 27 septembre, le gouvernement a rendu publique une nouvelle carte de la contamination faite par hélicoptère qui est plus étendue que les précédentes. Cette carte fait apparaître des contaminations significatives dans les provinces de Tochigi et Gunma. Il y a entre 100 000 and 300 000 becquerels de césium par m2 près des villes de Midori et Kiryu à 180 km de la centrale. Même à l’autre bout de la province, vers Nagano, la contamination peut dépasser les 30 000 Bq/m2. Au-delà de 37 000 Bq/m2, c’est considéré comme une zone contaminée à surveiller en Biélorussie. Le droit à la migration commence à 180 000 Bq/m2.
La carte peut être téléchargée ici en japonais.

Mercredi 28 septembre, le gouvernement a décidé de décontaminer à partir d’environ 1 microsievert par heure, ce qui correspond à 5 millisieverts par an en supposant que les gens passent 8 heures par jour à l’extérieur et qu’il n’y a pas d’autre source d’irradiation. Pour cela, le sol va être retiré sur une épaisseur de 5 cm.
Pour les forêts, le gouvernement va faire ramasser les feuilles et branches mortes plutôt que de racler le sol.
Pour les déchets engendrés, il veut créer un ou plusieurs sites de stockage dans les 8 provinces concernées (Tokyo, Fukushima, Chiba, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Miyagi et Iwaté), en insistant que c’est “temporaire”. Il est exclu d’importer des déchets à Fukushima. A Fukushima, le site doit pouvoir accueillir 90 millions de m3. C’est beaucoup plus que les 29 millions de m3 estimés, mais le gouvernement veut garder de la marge.
En attendant, le ministère espère la création d’entreposages intermédiaires.

Jeudi 29 septembre, la nouvelle carte de la contamination effectuée par hélicoptère inclut maintenant les provinces de Chiba et Saïtama dans la banlieue de Tokyo. Entre 30 000 et 60 000 becquerels par m2 en césium 137 ont été mesurés dans le nord de Chiba, vers les communes de Kashiwa, Matsudo, Abiko et Nagareyama. Des niveaux similaires ont été détectés dans la partie montagneuse de Saïtama (Chichibu). Au-delà de 37 000 Bq/m2, c’est considéré comme une zone contaminée à surveiller en Biélorussie. Le débit de dose varie entre 0,2 et 0,5 microsieverts par heure dans ces zones.
La carte est ici en japonais.

Vendredi 30 septembre, pour la première fois, le ministère des sciences et technologies a publié des données de la contamination en plutonium en dehors de la zone des 20 km. Il s’agit d’analyses effectuées sur quelques uns des échantillons de sol prélevés par les universités.
En 6 points sur 100 contrôlés, situés à Iitate, Namié et Futaba, la présence de plutonium dans le sol est avérée, mais à des concentrations faibles : à Iitate à 45 km de la centrale, il y a 0,82 becquerels par mètre carré de plutonium-238 et un total de 2,5 Bq/m2 de plutonium-239 et -240.
La carte est ici en japonais et ici en anglais. Elle contient aussi des données sur le strontium qui a été trouvé dans environ 50% des prélèvements et jusqu’à une distance de 80 km de la centrale (à Shirakawa). A Namié, il y a 22 000 becquerels de strontium 89 par m2. La plus forte contamination en strontium 90, qui a une demi-vie de 29 ans, est à Futaba avec 5 700 Bq/m2.

Le professeur Hayakawa qui avait dessiné une des toutes premières cartes de la contamination sur de grandes distances (et pas seulement à proximité de la centrale) vient de publier une nouvelle carte mettant en évidence le parcours suivi par la contamination. Elle est ici en japonais (aux formats jpeg et pdf).

Octobre 2011

Samedi 1er octobre, depuis la fin septembre, le ministère de l’agriculture de la pêche et des forêt s’est embarqué dans une tâche gigantesque : mesurer la contaminations des forêts de Fukushima qui couvre 70% du territoire, soit 970 000 hectares. Pour cela, il va prélever des échantillons de sols et les faire analyser par la Kyushu Environmental Evaluation Association. Avec un point tous les 4 km2 dans un rayon de 80 km et tous les 10 km2 au-delà, ce son 400 points de mesure qui sont prévus. La carte est prévue pour février.

Mercredi 5 octobre, les Amis de la terre Japon et Fukurô-no-kai ont rendu publics des résultats de mesure effectués par T. Yamauchi de l’université de Kobé. Jusqu’à 300 000 Bq/kg en césium dans le sol ont été découverts dans de quartier de Watari de la ville de Fukushima, située à 60 km de la centrale. La zone n’est pas considérée comme zone à évacuer, au grand dam des associations commanditaires de l’étude. T. Yamauchi a par ailleurs mesuré 23 microsieverts par heure à un cm d’un drain contaminé par les eaux de pluie.
Le rapport est disponible ici en japonais.

Jeudi 6 octobre, le gouvernement a publié une nouvelle carte de la contamination qui inclut Tokyo et Kanagawa (Yokohama). Elle a été effectuée à partir de mesures obtenues par hélicoptère. Elle est ici en japonais. L’Ouest de ces provinces est le plus contaminé. Jusqu’à 30 000 et 60 000 becquerels de césium 137 par mètre carré, ont été détectés dans l’arrondissement de Katsushika et la ville d’Okutama. Pour Kanagawa, la valeur maximale est de 10 000 Bq/m2 à Yamakita, dans le district de Midori à Sagamihara et dans le village de Kiyokawa.
Okumata est réputé pour le wasabi. Les autorités locales ont donc décidé de faire analyser le wasabi, ainsi que les yuzu (espèce de citron), les champignons et les yamamé (espèce de truite).

Par ailleurs, du compost fait dans une école élémentaire de l’arrondissement de Bunkyo à Tokyo a une contamination de 1 488 becquerels de césium par kilo. Il a été fait à partir des feuilles ramassées dans l’école.

Lundi 10 octobre, la ville de Fukushima, réputée pour ses pêches et poires va tenter de décontaminer les vergers. Mais, racler 5 cm de sol va générer 1,2 millions de m3 de déchets radioactifs et la ville n’a pas de solution. Certains producteurs s’inquiètent de la fertilité du verger après avoir retiré la partie la plus nutritive avec l’humus.

Le Isotope Research Institute a mesure 195 Bq de strontium 90 par kg de boue à Yokohama, situé à 245 km de la centrale de Fukushima (nous avons une copie du rapport d’analyse en japonais). Il s’agit de la boue trouvée sur un toit de la ville où il y avait 29 775 becquerels de césium 134 par kg et 33 659 becquerels de césium 137 par kg.

Mercredi 12 octobre, le gouvernement continue sa cartographie des retombées de Fukushima par hélicoptère. Les provinces de Niigata et Akita ont été ajoutées. La carte est ici en japonais. A Niigata, entre 30 000 et 60 000 becquerels de césium 137 par m2 ont été détectés en certains points de Uonuma et Aga près de la frontière avec Fukushima. Cela entraîne une dose annuelle supérieure à 1 millisievert par an. Les autorités vont donc devoir décontaminer. Rien de tel à Akita où la contamination la plus élevée en césium 137 est de 20 000 becquerels par m2 à Yuzawa.
Les autorités vont survoler encore 10 provinces pour terminer leur cartographie.

Par ailleurs, un point chaud a été découvert dans une rue de l’arrondissement de Setagaya à Tokyo : avec un débit de dose de 2,7 microsieverts par heure, la municipalité a demandé de ne pas s’approcher. Une photo est disponible ici. Le débit de dose est plus fort à un mètre du sol (3,35 microsieverts par heure) qu’à quelques centimètres (1,34). Le lavage à l’eau du trottoir n’a eu aucun effet.

Jeudi 13 octobre, ce fort débit de dose n’est pas dû aux retombées de Fukushima car il n’y a pas de césium. Un spectre du rayonnement effectué par le Dr Hayano est en ligne ici. On ne voit pas les pics du césium. Plus tard dans la journée, les autorités trouveront des bouteilles à l’origine du fort débit de dose.

Par ailleurs, un groupe de citoyens a découvert un point chaud avec un débit de dose de 5,82 microsieverts par heure dans le parc d’attraction de Funabashi, dans la province de Chiba. Les autorités municipales ont mesuré 0,91 microsievert par heure au même endroit et ont trouvé un autre point à 1,55 microsieverts par heure.

Vendredi 14 octobre, le MEXT annonce que les bouteilles de Setagaya contiennent du radium, un produit très radioactif. Les bouteilles étaient cachées sous le plancher de la maison inoccupée. Le propriétaire de la maison ou ses occupants récents ignoraient leur présence.
Il y a 600 microsieverts par heure au contact des bouteilles et 20 microsieverts par heure à un mètre. Après avoir retiré les bouteilles de la maison, le débit de dose sur le trottoir est passé de 3 à 0,1 – 0,3 microsieverts par heure. C’est toujours plus qu’en temps normal.
La maison a été habitée de 1953 à février 2011. Le mari, qui est décédé il y a une dizaine d’années, n’avait aucun lien professionnel avec le radium. Selon des estimations du ministère des sciences, la veuve a été exposée à 30 millisieverts par an environ.

La municipalité de Yokohama a aussi détecté du strontium en deux autres points de la ville. Les données sont ici en japonais. Il y a 59 et 126 becquerels par kilogramme de terre pour les deux strontium (89 et 90). La deuxième valeur a été trouvée dans de la boue d’une rigole de Okurayama. Il y avait aussi 39 000 becquerels de césium par kilo dans ce même échantillon. La première valeur a été trouvée dans une fontaine de Shin-Yokohama aséchée où il y avait aussi 31 570 becquerels de césium par kilo.

Mercredi 19 octobre, alors qu’une vingtaine de points chauds ont été découverts par des citoyens à Tokyo, le ministre de la science et technologie du Japon, dans une interview au WJS, a déclaré qu’il fallait aider les citoyens et autorités locales à détecter ces points chauds et le décontaminer. Il dit qu’il faut offrir les appareils de mesure aux gens pour qu’ils continuent leur surveillance. Le ministère va publier des directives en ce sens d’ici quelques jours.

Une nouvelle présentation interactive des cartes de la contamination avec possibilité de zoomer est disponible ici en japonais.

Samedi 22 octobre, une contamination atteignant 274 000 becquerels de césium par kilo de terre a été découverte à Kashiwa dans la province de Chiba au Nord de Tokyo. Ce qu’il y a de surprenant, c’est que la contamination est plus forte 30 cm sous la surface que pour les 30 premiers centimètres. Les autorités ont d’abord dit que ce ne pouvait être dû à Fukushima, puis que c’est probablement dû à Fukushima. Cette mesure de la contamination de la terre fait suite à la découverte d’un débit de dose de 57 microsievert par heure à 50 cm du sol.

Dimanche 23 octobre, les autorités ont trouvé la clé du mystère : une canalisation souterraine était cassée et a entraîné une contamination en profondeur.

Lundi 24 octobre, le ministère des sciences et technologies a mis en place une “hot-line” où les gens peuvent appeler s’ils découvrent un “hot-spot” (point chaud) ainsi qu’une équipe spécialisée qui pourra se rendre sur place pour vérifier. Un point chaud est défini comme une zone où le débit de dose à un mètre a 1 microsievert par heure de plus que dans les environs. Si des meures simples comme, le retrait des feuilles, branches ou boues, le ministère enverra une équipe. Si nécessaire, le dossier sera transmis au ministère de l’environnement pour décontaminer le point chaud. Le numéro est 03-5253-4111,  -4630 ou -4631.

Environ la moitié des municipalités qui font face à des montagnes de déchets radioactifs produits par la décontamination ne veulent pas de centre d’entreposage chez elles, selon une enquête du Maïnichi qui en a contacté 171 dans 8 provinces. 162 d’entre elles ont répondu. Parmi elles, 106 ont commencé à décontaminer ou ont l’intension de le faire. 46% ont déclaré refuser ces entreposages et 52% sont indécises. Dans la province de Fukushima, elles sont 55% à se déclarer opposées.
Le ministère de l’environnement veut donc utiliser les forêts nationales pour entreposer ces déchets. Les centres devront accepter les sols et la paille contaminés. Rien n’est décidé pour les boues de station d’épuration et les cendres des incinérateurs.

Samedi 29 octobre, le ministre de l’environnement, qui est aussi ministre de la catastrophe, a annoncé son plan relatif au stockage des tonnes de sols issus de la décontamination. Les autorités se donnent 30 ans pour trouver un stockage définitif en dehors de la province de Fukushima. En attendant, elles comptent bien installer un stockage intérimaire à Fukushima dans une zone de 3 à 5 km2 pouvant accueillir 15 à 28 millions de m3. Des pourparlers sont en cours avec les autorités locales. Ce centre temporaire devrait ouvrir en janvier 2015. Ee attendant, les municipalités devront entreposer les déchets issus de la décontamination sur leur territoire.
Mais la plupart des 59 municipalités de Fukushima n’ont pas encore trouvé un emplacement pour cet entreposage de trois ans, pas plus que le gouvernement, pour l’entreposage relais centralisé. Les maires craignent qu’il ne devienne un stockage définitif, faute de mieux.

Lundi 31 octobre, le ministère vient de publier des cartes de la contamination en tellure 129m et argent 110m dans un rayon de 80 km autour de la centrale. C’est ici en japonais. La valeur de la contamination est donnée à la date du 14 juin. Ces deux éléments ont des demi-vies assez courtes : 34 jours pour le premier et 250 pour l’autre. C’est à Okuma-machi (2,5 km de la centrael) qu’il y avait la contamination la plus élevée en tellure 129m : 2,6 millions de becquerels par mètre carré. Quant à l’argent 110m, la contamination maximale est à Futaba (5 km de la centrale), avec 83 000 becquerels par mètre carré.

Alors que l’aspertion d’eau décontaminée des sous-sols des réacteurs 5 et 6 continue et inquiète les populations, un membre du gouvernement en a bu un verre en public…

Novembre 2011

Lundi 7 novembre, une cartographie précise des débits de dose des communes situées au Nord de la province de Chiba (banlieue de Tokyo), dont la célèbre Kashiwa, est disponible ici.

Une cartographie de la contamination des cendres des incinérateurs de déchets faite par le prof. Hayakawa est ici. Les données datent du mois d’août et sont ici.

Vendredi 11 novembre, le ministère des sciences et technologie continue sa cartographie par hélicoptère et a ajouté 6 provinces à sa carte : Iwate, Toyama, Yamanashi, Nagano, Gifu et Shizuoka. La frontière entre Gunma et Nagano est contaminée, ce que l’on savait déjà avec la carte de Gunma, ainsi que le sud d’Iwaté. Les nouvelles cartes sont ici en japonais.

Lundi 14 novembre, des universitaires japonais ont calculé la dose externe due à la contamination en césium des sols. Ils ont trouvé 10 millisieverts pour la première année à Naka-Dori, 40 mSv à Iitate, 0,2 mSv vers Ibaraki-Saïtama et 2 mSv vers la frontière Ibaraki-Chiba. La publication est en accès libre ici.
La contamination interne et l’irradiation due aux autres radioéléments présents au début de la catastrophe ne sont pas prises en compte.

Une autre équipe internationale a calculé les dépôts en césium liés aux rejets compris entre le 20 mars et le 19 avril, c’est à dire après les rejets les plus massifs. Ils ont tracé des cartes de cette contamination qui a atteint des régions assez éloignées comme Hokkaïdô ou quelques zones montageuses de l’Ouest du pays. 90% des dépôts sont dus aux précipitations.
La publication est en accès libre ici

Mardi 15 novembre, les autorités ont retiré une deuxième bouteille contenant du radium d’un trottoir de Setagaya à Tokyo. Le débit de dose sur le trottoir atteignait 170 microsieverts par heure. Il était de 110 microsiverts par heure dans l’autre cas.

Jeudi 17 novembre, le ministre de l’environnement a révélé que son ministère a reçu une boîte en carton avec de la terre contaminée de Fukushima. Un responsable du ministère, constatant que le débit de dose au contact ne dépassait pas 0,18 microsievert par heure, comme dans de nombreux endroits à Tokyo, a demandé à un de ses subordonnés d’étaler cette terre dans son jardin à Saïtama, qui l’a étalée sur un terrain non construit voisin. Le ministère aurait récupéré la terre en question. Le ministre a aussi demandé à la population de ne pas envoyer de la terre car cela ne fera pas avancer les choses… Un colis avec des cendres aurait aussi été reçu.

Vendredi 18 novembre, les autorités régionales de la province de Kanagawa ont publié un rectificatif : les données de la contamination des sols du mois de mars étaient sous-estimées. Les nouvelles données sont ici en japonais.【正】= correct -【誤】= faux. Les chiffres sont en becquerels par mètre carré.

Mardi 22 novembre, le ministère des sciences et technologies a publié une nouvelle carte de la contamination couvrant 18 provinces. Il compte passer à 22 prochainement. Il ressort des ces investigations par hélicoptère que 8% du territoire japonais ou 30 000 km2 sont contaminés en césium 134 et 137 à plus de 10 000 Bq/m2.
Les nouvelles provinces survolées sont : Iwaté, Shizuoka, Nagano, Yamanashi et Gifu. Les cartes sont ici en japonais.

Par ailleurs, du strontium a été trouvé dans le centre de Tokyo par un groupe de citoyens qui a fait procéder à des analyses :
Devant la gare de Kiyosumi Shirakawa (Koto-ku) :
Cesium 134 et 137 : 19 126 Bq/kg
Strontium 89 et 90 : 44 Bq/kg

Devant la gare d’Yurakucho (Chiyoda-ku) :
Cesium 134 et 137 :  20 955 Bq/kg
Strontium 89 et 90 : 51 Bq/kg

Devant le Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (Chiyoda-ku) :
Cesium 134 et 137 :  48 176 Bq/kg
Strontium 89 et 90 : 48 Bq/kg

Jeudi 24 novembre, le strontium trouvé à Yokohama ne viendrait pas de Fukushima selon le ministère des sciences et technologies qui a fait procéder à des tests complémentaires. En effet, il n’y aurait pas de strontium 89 qui a une demi-vie de 50 jours et seulement 0,82 à 1,1 becquerels par kilo de strontium 90 dans des échantillons de sols prélevés dans l’arrondissement de Kohoku. De tels niveaux pourraient correspondre à la contamination due aux essais nucléaires atmosphériques.
Mais, en ce qui concerne l’échantillon que des citoyens avaient fait analyser, il y avait bien présence de strontium 89 à des niveaux élevés. Le ministère soupçonne une erreur de mesure… Bref, la polémique n’est pas close.

Vendredi 25 novembre, le ministère des sciences et technologies a publié une nouvelle carte de la contamination couvrant 22 provinces. Les nouvelles provinces survolées sont : Aichi, Aomori, Ishikawa et Fukui. La contamination en césium y est inférieure à la limite de détection (10 000 Bq/m2). Les cartes sont ici en japonais. Elles montrent aussi le rôle des montagnes dans la dispersion de la pollution.
Le gouvernement compte survoler les autres régions à partir de 2012.

Décembre 2011

Jeudi 1er décembre, le ministère des sciences et technologies a annoncé qu’une nouvelle campagne de prélèvements aura lieu en décembre tout autour de la centrale de Fukushima. La précédente campagne, réalisée à l’initiative d’universitaires dans un rayon de 100 km autour de la centrale, avait eu lieu en juin et les résultats sont disponibles en ligne ici. Sont attendus les résultats sur la profondeur de la contamination à partir de l’analyse de 300 carottages de 30 cm et des résultats sur des prélèvements prélevés sur les pentes du Mont Fuji. Pour la profondeur de la contamination, elle est inférieure à 5 cm dans 90% des cas. Pour les 10% restant, elle est inférieure à 7 cm.
La nouvelle campagne devra investiguer plus précisément la zone interdite des 20 km. 100 nouveaux points de prélèvements seront donc ajoutés. C’est la fédération des compagnies électriques du pays qui sera en charge des prélèvements dans cette zone.
Par ailleurs, des scientiques étrangers participeront à cette nouvelle campagne de prélèvement, dont des Français de l’IRSN.

Par ailleurs, selon le Meteorological Research Institute basé à Tsukuba dans la province d’Ibaraki, la contamination des sols en césium 137 était de 30 000 Bq/m2 au mois de mars dans cette ville. C’est 50 fois plus que les 550 Bq/m2 mesurés à Tokyo en 1963 suite aux essais nucléaires atmosphériques.

Jeudi 8 décembre, le Prof. Hayakawa de l’université de Gunma qui a été un des premiers à tracer des cartes de la contamination et qui communique beaucoup sur les réseaux sociaux, a subi des menaces et pressions de la part de sa hiérarchie.

Vendredi 9 décembre, il a aussi mis en ligne une nouvelle carte de la contamination avec une comparaison avec les environs de Tchernobyl. C’est ici.

Par ailleurs, une équipe de l’université de Fukushima veut équiper des singes sauvages de dosimètres et GPS afin d’estimer la contamination des forêts.

Mardi 13 décembre, des bâches en polyéthylène utilisées dans l’école primaire de Horinouchi, dans l’arrondissement de Suginami à Tôkyô pour couvrir la plouse, sont très contaminées. Ces bâches utilisées pour couvrir la plouse en hiver pendant la nuit, ont été laissées en place entre le 18 mars et le 6 avril, soit au tout début de la catastrophe. Cela correspond grosso modo aux vacances scolaires. Ces bâches ont ensuite été repliées et empilées derrière le gymnase. A la demande insistante des parents, des contrôles ont été faits : le débit de dose était de 3,95 microsieverts par heure à 1 cm.  Et la contamination en césium,  de 90 600 becquerels par kilo. De telles valeurs sont dues à la légèreté du matériau. Comme cette contamination dépasse les 8 000 Bq/kg et les bâches ne peuvent donc pas être considérées comme un déchet banal. Le ministre de l’environnement a donc proposer de les diluer dans une tonne de déchets ménagers avant de les incinérer ! En voilà une bonne idée pour tous les déchets radioactifs de la planète…

Jeudi 15 décembre, un chercheur (Eisaku Katayama, Université de Chiba) et un industriel (Isamu Kawakami, Shibukawa, Gunma Prefecture) on développé un moyen de réduire les volumes de biomasse contaminée au césium. Il ont remarqué que le césium se fixait préférentiellement sur certaines parties des plantes et ont trouvé un moyen de séparer cette partie du reste, beaucoup plus volumineux. In fine, le volume de déchets engendré serait réduit de 90%. Il reste encore à passer de l’échelle de la paillasse à l’échelle industrielle…
Selon une autre étude (Toshihiko Ohnuki et al., Japan Atomic Energy Agency), le césium n’aurait pas pénétré dans le sol des forêts, mais serait resté fixé sur les feuilles, brindilles et branches. Les chercheurs expliquent cette découverte par le fait que les sols étaient gelés lors des retombées radioactives. En enlevant, la surface des sols forestiers, il serait donc possible de les décontaminer de manière significative.

Lundi 26 décembre, la municipalité de Tokyo a rendues publics ses mesures de contamination de l’air depuis le début de la crise. Le tableau de données brutes est ici en japonais. Le communiqué avec une exploitation des résultats est ici en japonais.

Mercredi 28 décembre, la province d’Ibaraki a rendus publics ses derniers résultats sur la mesure des cendres d’incinérateurs. C’est ici en japonais.

Jeudi 5 janvier, la ville de Kashiwa a dû arrêter son incinérateur de déchets Sud à cause des cendres radiactives qui s’accumulent. Cet incinérateur, avait déjà été arrêté deux mois à partir de septembre dernier pour les mêmes raisons : il n’y a plus de place pour entreposer les cendres dont la contamination en césium dépasse 8 000 Bq/kg. Il y en a environ 200 tonnes, soit 1 049 bidons. Il y a en plus 30 tonnes de cendres dans l’incinérateur. La ville a un autre incinérateur ce qui devrait lui permettre de continuer à traiter les déchets ménagers. Les autorités régionales essayent de trouver une solution, mais personne ne veut de ces déchets.

Janvier 2012

Dimanche 8 janvier, la municipalité de Chichibu dans la province de Saïtama a décidé de ne pas demander l’aide du gouvernement à laquelle elle a droit pour décontaminer car elle craint que cela donne une mauvaise image. La contamination est forte dans la forêt des zones montagneuses, mais pas en ville et cela n’affecte pas les habitants, selon le maire, qui craint que les gens pensent que tout est contaminé si sa ville est classée. C’est la même chose à Daïgo, dans la province d’Ibaraki où il y a une des 3 cascades les plus célèbres du pays (Fukuroda no Taki). Déclarer la zone “à décontaminer” pourrait faire fuire les touristes.
Il y a 102 municipalités en tout qui sont éligibles à l’aide gouvernementale, situées dans les provinces de Fukushima, Miyagi, Iwate, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saitama et Chiba. Si le débit de dose à 1 m du sol dépasse 0,23 microsivert par heure, les municipalités doivent préparer un plan de décontamination et le gouvernementva prendre les coûts à sa charge.

Vendredi 27 janvier, le ministère des sciences et technologie a annoncé qu’il allait continuer la cartographie des retombées de la catatstrophe de Fukushima par hélicoptère. Il va couvrir Hokkaido quand il n’y aura plus de neige et l’ouest du Japon à partir de février. Le calendrier est ici en japonais.

Jeudi 2 février, le Maïnichi rapporte la colère des agriculteurs et des municipalités face au plan de décontamination du ministère de l’environnement. Ce ministère ne financera la décontamination, qui s’apparente plus à un labour, que si de grosses machines sont utilisées. Le plan prévoit de retourner la terre de façon à ce que la couche supérieure de 30 à 45 cm soit remplacée par la couche la plus profonde, puis labourée sur 30 cm à l’aide de grosses machines agricoles. Mais, les terres agricoles étant très morcelées, de nombreux champs de riz ne peuvent pas être travaillés ainsi.
La municipalité de Fukushima veut “décontaminer” toutes ses fermes ainsi d’ici mars 2013. Mais comme la plupart des parcelles sont trop petites, elle va donc labourer sur 12 cm avec le matériel possédé par les agriculteurs. L’épandage de zéolites qui absorbe le césium n’est aussi subventionné que si les municipalités respectent les règles du ministère de l’environnement.
Le problème vient du fait que le plan du ministère de l’environnement a pour but unique de faire baisser le débit de dose ambiant pour protéger les personnes, mais pas de rétablir l’agriculture, qui est du ressort du ministère de l’agriculture… Ce dernier en est encore à tester plusieurs méthodes avant de publier des recommandations.
Certains agriculteurs sont furieux que tout cela soit décidé par des bureaucrates sans aucune concertation. L’un d’entre eux a voulu louer une machine qui répond aux normes du ministère de l’environnement : la compagnie lui a proposé un contrat de 6 ans minimum !
Une démonstration de labour profond a eu lieu à Iwaki : le débit de dose variait entre 0,3 to 0,42 microsievert par heure avant et 0,23 to 0,3 après.

Mardi 7 février, de nouvelles données sur la contamination des sols sont disponibles en anglais sur le site du MEXT. D’autres données incluant aussi des herbes et de l’eau sont ici en anglais sur le site du même ministère.

Lundi 13 février, les autorités régionales ont publié les dernières données sur les retombées radioactives sur la ville de Fukushima : il y a une augmentation ces derniers jours. Est-ce dû à ce qui se passe au niveau du réacteur n°2 ? Données ici en japonais (une version anglaise est maintenant diponible). Mais les niveaux autour de la centrale n’ont pas changé. Cette augmentation dans la ville de Fukushima peut être due à la remise en suspension de poussières.

Lundi 20 février, le MEXT (ministère des sciences et technologies) a mis en place un système de balises qui mesurent le débit de dose en continu. Pour la plupart, elles sont placées dans des écoles, crèches… qui ont été décontaminées dans les zones non évacuées. Les résultats, à 50 cm du sol, peuvent être consultés en temps réel ici en japonais. Les chiffres sur la carte correspondent au nombre de balises. En cliquant sur les chiffres, apparaît à droite de la carte, un tableau avec les données en temps réel. En cliquant sur le tableau, on a l’emplacement précis de la balise avec un graphe qui trace les valeurs enregistrées sur une journée, une semaine ou un mois, au choix.
A Tsushima par exemple, le débit de dose dépasse les 8 microsieverts par heure.

Par ailleurs, les doses cumulées en différents points de la province de Fukushima peuvent être consultées ici.

Mardi 21 février, des membres du Parti Communiste Japonais ont déclaré avoir mesuré entre 7 770 et 23 300 becquerels de césium par kilo de sol et entre 1 180 et 8 290 becquerels par kilo de feuilles mortes dans un parc de Tôkyô. Il s’agit du parc Mizumoto dans l’arrondissement Katsushika. Ils ont réclamé la décontamination des lieux, ce qui a été refusé par la municipalité sous le prétexte que le débit de dose en un point est inférieur au seuil de décontamination fixé par le ministère. Données ici en japonais.

Jeudi 23 février, une boue noire très radioactive a été trouvée sur des trottoirs de Minamisôma. Cette boue a été envoyée à l’université maritime de Kôbé où T. Yamauchi a mesuré 1 million de becquerels de césium par kilo. L’origine de cette boue noire est inconnue. Certaines personnes pensent que des mousses ou des micro-organismes ont pu y concentrer le césium. Une émission de télé sur le sujet est visible ici en japonais.

Jeudi 8 mars, la revue scientifique Nature a publié un article sur la contamination des sols en plutonium à Namié et Iitaté. L’article est en accès libre. La composition isotopique met en évidence un marquage par l’accident de Fukushima. Selon les auteurs, le plutonium 241 qui décroit en américium 241 avec une demi-vie de 14,4 ans. L’américium 241 est un émetteur gamma et est donc irradiant. Il devra faire l’objet d’une surveillance à long terme. La concentration en plutonium de ces zones reste très faible par rapport à celle au césium qui reste le contaminant le plus préoccupant.

-> Définition de zones contaminées en Biélorussie (1991)
-> Cartographie des débits de dose ambiants fait par un réseau amateur
-> Cartographie des débits de dose mesurés par le MEXT
-> Carte dessinant les contours des données précédentes
-> D’autres cartes sont disponibles ici
-> Carte des dépôts de césium 137 faite par l’université de Tsukuba
-> Cartes en anglais sur le site du Ministère des Sciences et Technologies (il y en a plus en japonais)
-> Carte consultable point par point faite par les universités japonaises (version anglaise en pdf)
-> Carte montrant le parcours des masses d’air contaminées
-> Carte interactive de la contamination (cliquer sur le bouton de gauche tout en bas de la page d’accueil)
-> Débits de dose dans les écoles de Fukushima et autres lieux publics en temps réel

Sommaire


Contamination de la mer

Mars – Avril 2011

TEPCo commencé à contrôler la radioactivité dans l’eau de mer le 21 mars et a indiqué que la concentration en iode était 126,7 fois plus forte que la concentration maximale autorisée pour les rejets des réacteurs 1 à 4 de la centrale de Fukushima dai-ichi et 24,8 fois pour le césium. Les données sont ici en japonais et en anglais.
Les prélèvements ont été faits à 100 m au sud du point de rejet des réacteurs 1 à 4 de la centrale nucléaire de Fukushima dai-ichi. La première colonne correspond à la concentration mesurée (il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre) ; la deuxième à la limite de détection ; la troisième à la concentration maximale autorisée pour les rejets et la dernière au ratio colonne 1 sur colonne 3.

En ce qui concerne l’eau de mer, des mesures effectuées par TEPCo à 8 et 16 km au sud de la centrale avaient des concentrations en iode 131  80,3 et 16,4 fois plus élevée que les limites légales. Si un adulte ingère quotidiennement 2-3 litres d’eau contenant la même quantité d’iode, l’exposition atteindrait la limite de 1 millisievert en un an. Il est pas prévu de suspendre le commerce de la pêche localement pour l’instant.

Samedi 26 mars, les nouvelles données de TEPCo sur l’eau de mer montrent toujours une forte contamination. La presse rapporte des contaminations plus fortes mesurées la veille par la NISA à 330 mètres au sud de la centrale : 50 000 becquerels par litre en iode 131, soit 1 250 fois supérieur à la limite sanitaire pour l’iode (qui est de 40 Bq/l). C’est environ 10 fois plus que lundi au même endroit. En buvant un demi litre de cette eau, on atteint la limite de dose annuelle pour la population, qui est de 1 millisievert. Samedi une concentration en iode radioactif égale à 1850 fois la limite a été détectée dans l’eau de mer.

Et la presse d’ajouter que pour le césium 134 on était à 117 fois la limite (qui est de 60 Bq/l) et pour le césium 137 à 80 fois la limite (qui est de 90 Bq/l), sans préciser les limites. A 16 km de la centrale, il y avait encore 16 fois la limite pour l’iode.

Il n’y aurait aucune activité de pêche dans un rayon de 20 km autour de la centrale.

Lundi 28 mars, les autorités ont annoncé avoir détecté une concentration 1 150 fois à la limite en iode 131 à 1,5 km du réacteur.

L’iode 131, qui a une durée de vie assez courte (demi-vie de 8 jours), ne peut pas provenir des piscines de combustible usés. La pollution semble donc venir des réacteurs. D’autres éléments radioactifs comme du barium 140, du lanthane 140 et tellure 132 ont aussi été détectés dans l’eau de mer. Ces éléments sont habituellement confinés dans la gaine du combustible leur présence signe la fusion au moins partielle d’un ou plusieurs coeurs. Par ailleurs, le lanthane 140 est très peu volatil, ce qui semble indiquer qu’il soit parvenu à la mer par des rejets liquides. Les données du 28 mars de TEPCo sont disponibles en anglais ici.

Les limites entre parenthèses sont données par l’ACRO en fonction de la documentation en ligne, mais nous ne sommes jamais sûr qu’il s’agisse bien de cette limite qui est utilisée pour communiquer.

Le quotidien Asahi du Mardi 29 mars, montre sur un schéma explicite (mais en japonais) que les structures qui retiennent les écoulements des réacteurs sont pleines et que l’on risque des débordements vers la mer toute proche. C’est dans le réacteur n°2 que la situation semble la plus critique. Il faut donc pomper cette eau, mais TEPCo n’a pas assez de cuves disponibles.

Les données du jour de TEPCo sur l’eau de mer sont disponibles en anglais.

Mercredi 30 mars, TEPCo a annoncé avoir mesuré de l’eau de mer avec une concentration en iode égale à 3 355 fois la limite. C’est la plus forte valeur détectée à ce jour depuis le début de la catastrophe. Le minsitère de l’éduaction, recherche, technologie etc, a quant à lui, détecté 79,4 becquerels par litre d’iode 131 dans de l’eau de mer prélevée à 40 km de la centrale, soit presque deux fois plus que la limite (40 Bq/l).

Jeudi 31 mars, un nouveau record de contamination de l’eau de mer a été battu : 4 385 fois la limite pour l’iode. Pour le césium 137, la concentration est de 527,4 fois la limite et pour le césium 134, 783,7 fois la limite.

Samedi 2 avril, les niveaux de contamination de l’eau de mer entre 20 et 30 km de la centrale accidentée étaient sous la limite, selon le ministère de l’éducation et de la recherche.

Dimanche 3 avril, toutes les tentatives de colmater la fuite du réacteur n°2 dans la mer ont échoué. Voir réacteur n°2.

Lundi 4 avril, TEPCo a annoncé rejeter en mer 11 500 tonnes d’eau radioactive pur libérer de la place dans les cuves et accéder aux réacteurs. La compagnie aurait choisi l’eau la moins contaminée, à 100 fois la limite autorisée. 10 000 tonnes d’eau vont provenir d’une cuve et 1 500 tonnes restantes sont de l’eau d’une fosse découverte sous les réacteurs 5 et 6. Selon l’autorité de sûreté nucléaire nipponne, si l’on mange 200 grammes de poisson pêché dans un rayon de 1 km autour de la centrale pendant un an, l’exposition sur un an serait de 0,6 millisieverts, ce qui est sous la limite. Mais comme le poisson n’est pas le seul aliment contaminé, ce résultat n’est pas très rassurant…

La contamination en iode 131 des 10 000 tonnes d’eau à rejeter est de 6 300 becquerels par litre. Celle de l’eau sous le réacteur n°5 est de 1 600 becquerels par litre. Pour le réacteur n°6, c’est 20 000 becquerels par litre. Cela fait donc un total de 0,17 térabecquerels qui seront rejetés en mer. C’est presque 10 fois moins qu’une année de rejet d’iode 129 à l’usine Areva de La Hague en France… La quantité d’iode rejetée avec les 10 000 tonnes d’eau est équivalente celle qui serait rejetée avec 10 litres de l’eau du réacteur n°2. La fuite du réacteur n°2 est donc beaucoup plus inquiétante.

L’IRSN a publié des simulations numériques de la dispersion des rejets radioactifs dans l’eau de mer. Les contaminations relevées sont très élevées.

La Corée est très inquiète et a protesté. Le Japon s’est exusé en disant qu’il n’avait pas le choix et il a promis d’être transparent.

Mardi 5 avril, le Japon qui n’avait pas de limite pour la contamination des produits marins a adopté d’urgence des règles. Il a choisi les mêmes seuils que pour les légumes : 2 000 becquerels par kilo en iode et 500 becquerels par kilo en césium. Des jeunes lançons ayant 4 080 bequerels par kilogramme d’iode ont été mesurés au Nord d’Ibaraki. D’autres avaient 526 becquerels de césium par kilogramme. Le gouvernement a promis de renforcer le contrôle de la raioactivité dans les produits marins.

Mardi midi 3 430 tonnes d’eau “légèrement” radioactive ont été rejetées en mer. TEPCo a annoncé avoir prélevé devant le réacteur n°2 le samedi précédent un échantillon d’eau de mer qui avait une concentration en iode 131 qui était à 7,5 millions de fois la limite. Voir les résultats complets. D’autres données du ministère de la recherche et de l’éducation etc sont disponibles ici.

Mercredi 6 avril à 5h38, la fuite du réacteur n°2 a été colmatée. Les données de la contamination de l’eau de mer du jour sont ici.

Jeudi 7 avril, la contamination de l’eau de mer en iode près de l’endroit où il y avait la fuite est encore 63 000 fois plus élevée que la limite (qui est de 40 Bq/l). Des poissons (jeunes lançons) pêchés ce jour à un kilomètre au large d’Iwaki avaient entre 470 et 580 becquerels de césium par kilogramme alors que la limite vient d’être fixée à 500 Bq/kg.

Samedi 9 avril, TEPCo a commencé à construire une clôture en acier pour retenir d’éventuelles fuites vers la mer. Ils ont commencé par la zone du réacteur n°2 où il y avait eu la fuite.

Mercredi 13 avril, un poisson avec 12 500 becquerels par kilogramme en césium a été pêché à 500 mètres au large d’Iwaki et à 35 km de la centrale. Un tableau rassemblant les données de mesure sur des poissons est disponible en ligne en anglais ici.

Vendredi 15 avril, TEPCO a jeté en mer 3 sacs de sable content 100 kg de zéolite, un minerai qui peut absorber des éléments radioactifs afin de réduire la contamination de l’eau de mer.

Samedi 16 avril, TEPCo a fait le bilan de ses rejets contrôlés en mer et a annoncé avoir rejeté 0,15 térabecquerels au lieu des 0,17 prévus initialement. Rappelons que cette quantité est faible par rapport à ce qui a été rejeté par la fuite du réacteur n°2.

Mais la contamination de l’eau de mer à l’intérieur du système de barrières mis en place à proximité du réacteur n°2 a soudainement monté ce jour. Cela semble indiquer que la barrière sert bien à contenir la radioactivité, mais aussi qu’il y aurait probablement encore des fuites vers la mer. Il y avait 260 000 becquerels d’iode radioactif par litre d’eau samedi matin, contre 42 000 la veille, soit 6 fois plus. La concentration en césium est aussi 4 fois plus forte que la veille. TEPCo va couler des sac de sable contenant de la zéolite pour absorber les contaminants.

Jeudi 21 avril, TEPCO a annoncé que la fuite d’eau maintenant colmatée du réacteur n°2 a entraîné un relargage estimé à 520 tonnes d’eau très radioactive, soit 4 700 térabecquerels (1 terabecquerel représente un million de millions de becquerels) ou 20 000 fois l’autorisation de rejet annuel. Plus précisément, il y avait 2 800 terabecquerels d’iode-131, 940 térabecquerels de césium 134 et autant de césium 137. Ce seul rejet mériterait d’être classé au niveau 5 ou 6 de l’échelle internationale INES, note le Yomiuri daté du 23 avril.

Lundi 25 avril, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise a entériné cette évaluation et a publié son propre rapport détaillé sur la fuite du réacteur n°2 et son impact. Il est ici en anglais. La contamination de l’eau de mer baisse depuis que le fuite a été colmatée.

Mai 2011

Mardi 3 mai, TEPCo a rendu public des résultats d’analyse des premiers sédiments marins prélevés vendredi 29 avril à quelques kilomètres de la centrale.  A 15 km vers le nord, il y avait 1 400 becquerels de césium 137 par kilo et 1 300 becquerels de césium 134 par kilo de sédiment. A 20 km vers le sud, il y avait 1 200 becquerels par kilo pour chacun des césium. Ces sédiments sont aussi contaminés en iode 131 (entre 98 et 190 becquerels par kilogramme). Dans le même temps, les autorités n’ont rien trouvé dans les sédiments à 50 km au sud de la centrale. Les courants vont plutôt vers le nord.
TEPCo prétend aussi vouloir nettoyer la mer en pompant de l’eau et en la filtrant avec des zéolites qui captent certains radioéléments. En effet, malgré le colmatage de la fuite, les niveaux de contamination restent élevés. La compagnie ne peut exculre que la centrale fuit toujours dans la mer, à un moindre niveau que par le passé.

Vendredi 6 mai, d’autres données sur les sédiments marins sont apparues : 90 000 becquerels de césium 134,  87 000 becquerels de césium 137 par kilogramme. 52 000 becquerels d’iode 131 par kilogramme ont aussi été détectés. Les prélèvements ont été effectués entre 20 et 30 mètres de profondeur près d’un port lié à la centrale.
L’AIEA a annoncé que les rejets radioactifs en mer de Fukushima pourraient atteindre la côte nord-américaine d’ici un à deux ans, emportés par le Kuroshio (courant marin du Pacifique Nord).

Jeudi 12 mai, TEPCo a découvert une fuite du réacteur n°3 dans une fosse près de la prise d’eau en mer. Elle a confirmé que cette eau allait ensuite dans l’océan. La fuite a été colmatée, mais la compagnie ne sait pas depuis combien de temps cela fuyait. La contamination en césium 134 dans la fosse est de 37 millions de becquerels par litre. Celle en césium 137 était de 39 millions de becquerels par litre. Dans la mer, à proximité de la prise d’eau et à l’intérieur de la barrière mise en place, il y avait environ 2 millions de becquerels par litre pour ce même élément. Voir le communiqué laconique de TEPCo à ce sujet.

Dimanche 15 mai, TEPCo a annoncé avoir mesuré la veille 140 000 becquerels de césium 134 par litre d’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°3. Pour le césium 137, c’est 150 000 becquerels par litre. C’est moins que vendredi.

Mercredi 18 mai, l’eau de mer continue à être fortement contaminée à cet endroit : 110 000 becquerels de césium 134 par litre d’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°3.

Samedi 21 mai, TEPCo a estimé à 20 térabecquerels (20 millions de millions de becquerels), la quantité d’éléments radioactifs rejeté en mer par la fuite du réacteur n°3. 250 tonnes d’eau auraient fui. C’est beaucoup moins que la fuite du réacteur n°2, mais plus que l’autorisation de rejet.

Jeudi 26 mai, en inspectant la cuve de stockage où l’eau très radioactive des sous-sols des réacteurs n°2 et 3 a été pompée, TEPCo s’est rendu compte que le niveau a baissé de 4,8 cm en 20 heures, ce qui représente 57 tonnes d’eau qui ont disparu. Si une fuite est confirmée, cela va reporter les opérations de pompages. Comme les niveaux restent stables dans les réacteurs, sans pompage, ils pourraient monter et entraîner de nouvelles fuites vers la mer.

Greenpeace a rendu publiques de nombreuses données alarmantes sur la contamination en mer autour de la centrale. Les algues ont été mesurées à l’ACRO. Le communiqué de presse en français est ici. Les résultats sont ici en anglais. Une présentation de cette étude peut être téléchargée ici en anglais et japonais.

Vendredi 27 mai, la cuve d’entreposage de l’eau radioactive continue de fuir : le niveau a baissé de 3 cm entre jeudi 5h et vendredi 7h. TEPCo pense que l’eau fuit vers une galerie qui mène à un autre bâtiment où elle a trouvé de l’eau. Il lui faut maintenant colmater la fuite. Alors que TEPCo a tous ses réservoirs pleins, il est de plus en plus urgent de pouvoir traiter l’eau contaminée. Mais le traitement de l’eau proposé par AREVA coûte 210 yens (1,83 euro) le litre. Sachant qu’il y a 1 000 litres dans une tonne d’eau et qu’il y a des milliers de tonnes à traiter, le malheur des uns fait le bonheur des autres… TEPCo estime à 460 millions d’euros, le coût pour traiter 250 000 tonnes.

Samedi 28 mai, de fortes pluies sont attendues suite à l’arrivée d’un typhon près du Japon. Cela pourrait entraîner un ruissellement de particules radioactives vers la mer, même si de la résine a été aspergée tout autour des réacteurs pour tenter de fixer la pollution. A l’intérieur des bâtiments, il n’a pas été possible d’étendre cette résine à cause du trop fort taux de radioactivité.
Avec l’arrivée de la saison des pluies, suivie de celle des typhons, cela va devenir un problème récurrent.
TEPCo a annoncé renforcer les amarrages de ses tuyaux, barges etc pour faire face aux vents forts. La compagnie a aussi aspergé en urgence la veille 13 500 litres d’un agent fixateur sur les murs du réacteur n°1 à l’aide d’un canon à eau des pompiers de Tokyo.
Le ministère des sciences et technologie a détecté de fortes contaminations des sédiments marins jusqu’en face des préfectures de Miyagi et Ibaraki, soit sur une bande côtière de 300 km. Le césium 134 était à 110 becquerels par kilo à 30 km au large de Sendai. Il y avait 50 becquerels par kilo au large de Mito. Les résultats peuvent être téléchargés ici.
Par ailleurs, TEPCo a détecté 24 000 becquerels d’iode 131 par litre d’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°2. C’est 4,6 fois plus que la veille. Cela augmente aussi pour les césiums. La compagnie ne sait pas pourquoi.

Lundi 30 mai, avec le passage du typhon, TEPCo a replié les bras les camions pompe pour qu’ils ne soient pas endommagés par les vents forts. Les fortes pluies ont interrompu les travaux sur place. Les niveaux de l’eau dans les sous-sols des réacteurs ont monté rapidement. En temps normal, le niveau monte de 3 cm par jour. Mais entre le dimanche 29, 7h, et le lundi 30 à 7h, le niveau a monté de 6,2 cm dans une galerie souterraine du réacteur n°2, de 6,1 cm dans le bâtiment turbine du réacteur n°2. Pour le réacteur n°3, la montée est 4,4 (galerie) et 4,2 cm (turbine) durant la même période.
Le record est pour le bâtiment réacteur n°1 où le niveau a monté de 1,1 cm entre le 28 et le 29 mai à 7h, puis de 19,8 cm lors des 24 heures suivantes.
Le niveau le plus haut n’est plus qu’à 50 cm du niveau du sol et menace donc de déborder.

Mardi 31 mai matin, l’eau est encore montée de 8,6 cm en 24 heures dans la galerie souterraine du réacteur n°2. Le niveau n’est plus qu’à 39 cm du niveau du sol. Dans le réacteur n°1 qui n’a plus de toit, le niveau est monté de 37,6 cm dans le bâtiment réacteur. Cette eau est fortement contaminée (2 milliards de becquerels par litre en césium).
Par ailleurs, une fuite de fioul a été découverte à 8h lors d’une patrouille. Ils n’avaient rien vu la veille à 17h. La nappe s’étend sur 200 à 300 mètres de large à l’intérieur des barrières mises en place dans la mer. La fuite provient d’une canalisation située près des réacteurs 5 et 6, d’après TEPCo. Elle est colmatée et TEPCo a déployé des barrières de protection supplémentaires et un absorbant. Le communiqué en anglais est ici.
Une des cuves a été déplacée par le tsunami. TEPCo ne sait pas combien il reste de fioul dans chacune des cuves d’une capacité de 960 000 litres.
La contamination de la mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°3 a diminué selon l’exploitant : il n’y a “que” 3 100 becquerels de césium 134 par litre d’eau. Il y en avait presque 2 millions le 11 mai au même endroit. La concentration en iode 131 a diminué d’un tiers depuis la veille près de la prise d’eau du réacteur n°2.
Du césium 134 a aussi été détecté à 16 km de la centrale. La compagnie a aussi trouvé du strontium en 4 points au large de Fukushima.

Juin 2011

Mercredi 1er juin, TEPCo a installé une unité de décontamination de l’eau de mer à base de zéolites. Les premiers tests auront lieu à partir du 2 juin si la météo le permet. Cette unité peut pomper jusqu’à 30 tonnes d’eau par heure.

Jeudi 2 juin, l’eau des sous-sols des réacteurs 2 et 3 n’est plus qu’à 28 et 24 cm du niveau du sol. Elle monte aussi dans les deux autres réacteurs. Par ailleurs, TEPCO a annoncé qu’elle aura bientôt fini de reboucher toutes les fosses ou galeries avec du béton afin de prévenir d’autres fuites vers la mer. Elle a identifié 5 galeries et 39 fosses pouvant potentiellement être à l’origine d’une fuite. Il ne lui reste plus que 17 fosses à combler d’ici la mi-juin.
D’autres pollutions toxiques ont été détectées le long de la côte de la préfecture de Miyagi (dont Sendai est la capitale) : il est question d’arsenic, fluor, bore au-delà des normes, surtout à proximité d’installations prétrochimiques ou chimiques. Il y a aussi du plomb surune grande surface, mais en dessous de la norme.

Samedi 4 juin, la contamination de l’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°3 est en baisse : il y a 1 200 et 1 300 becquerels par litre en césiums 134 et 137 respectivement. En revanche, la contamination en iode 131 a augmenté soudainement près de la prise d’eau du réacteur n°2 : elle est presque 4 fois plus élevée que la veille.

Mercredi 8 juin, TEPCo envisage de rejeter en mer 3 000 tonnes d’eau de mer contaminée qui stagne dans les sous-sols des réacteurs de la centrale de Fukushima dai-ni car elle risque de corroder les structures. La concentration en césium dépasse les autorisations de rejet, mais pas celle des autres éléments. Le syndicat de pêcheurs s’y oppose.

Dimanche 12 juin, TEPCo a annoncé avoir détecté du strontium radioactif dans l’eau de mer à proximité de la centrale à des niveaux qui dépassent largement les concentrations autorisées et dans les eaux souterraines. Dans la mer, les concentrations vont de 7 700 à 24 000 becquerels par litre pour le strontium 89 et de 1 600 à 7 300 becquerels par litre pour le strontium 90. Voir les détails ici. Dans les eaux souterraines, les valeurs détectées sont de 78 et 19 000 becquerels par litre pour le strontium 89 et de 22 et 6 300 becquerels par litre pour le strontium 90. Les détails sont ici. Le strontium radioactif est particulièrement toxique car il se fixe dans les os.

Lundi 13 juin, TEPCo a commencé à filtrer l’eau de mer à proximité des réacteurs 2 et 3 où une forte contamination a été détectée. Les deux systèmes de filtration, d’une capacité de 30 tonnes par heure chacun, retirent de 20 à 30% du césium contenu dans l’eau de mer qui rejetée après traitement. C’est l’eau de mer contenue à l’intérieur des barrières de protection qui est filtrée.

Mercredi 15 juin, du césium a été trouvé dans deux baleines pêchées au large d’Hokkaido. Lors de la pêche “scientifique”, 17 baleines ont été capturées. Des contrôles de la radioactivité ont été effectués sur 6 d’entre elles et 2 étaient contaminées au césium radioactif à des teneurs de 24,3 et 31 becquerels par kilo de viande.

Jeudi 23 juin, le gouvernement a dit qu’il autoriserait la baignade si la concentration en césium radioactif est inférieure à 50 becquerels par litre et 30 becquerels par litre pour l’iode radioactif. Ces limites sont inférieures à celles fixées pour l’eau de boisson. Si un nageur boit la tasse avec de l’eau à ces limites, il reçoit une dose de 0,069 millisieverts avec le césium et de 0,098 millisieverts avec l’iode.

Vendredi 24 juin, la JAEA (l’équivalent du CEA) a rendu publique une simulation de la dispersion de la pollution dans l’eau de mer. Il faudra 5 ans au césium pour atteindre les côtes américaines. Le rapport avec les cartes est disponible ici en japonais.

Mardi 28 juin, TEPCo a détecté du strontium radioactif pour la première fois dans les sédiments marins. Les prelèvements ont été effectués à 3 km au large, à 20 km au Nord et au Sud de la centrale. Jusqu’à 44 becquerels de strontium 90 par kilo ont été détectés. Le ministère de la pêche n’a pas trouvé de strontium dans les poissons at autres produits marins pêchés au large d’Ibaraki etChiba.

Mercredi 29 juin, TEPCo a mesuré pour la première fois du Tellure 129m à une concentration de 720 becquerels par litre dans l’eau de mer à proximité de la prise d’eau du réacteur n°1. C’est la première fois que cet élément est mesuré directement dans l’eau de mer. A noté que l’ACRO l’a déjà détecté dans les algues… La compagnie nie toute nouvelle fuite.

Juillet – Août 2011

Mercredi 6 juillet, le ministère des sciences etc a rendu publics des résultats d’analyse du strontium dans les sédiments marins et n’a rien trouvé. Si contamination il y a, elle est en dessous de 0,8 becquerel par kilogramme. Le ministère de la pêche a aussi fait effectuer des tests sur des poissons pêchés au large des préfectures d’Ibaraki et Chiba et n’a pas détecté de strontium non plus.

Samedi 9 juillet, une campagne de mesures menée par la Tokyo University of Marine Science and Technology vient de se terminer. Selon les premiers résultats, du plancton radioactifs a été collecté à 35 km au large d’Iwaki. Il y avait 6 becquerels par kilo de césium.

Lundi 11 juillet, l’IRSN a rendu publique une nouvelle synthèse des résultats de la surveillance de la pollution marine. C’est ici.

Lundi 25 juillet, la société d’océanographie du Japon a demandé aux autorités japonaises de faire des analyses plus précises de la radioactivité dans l’eau de mer. La limite de détection est actuellement de 9 becquerels par litre pour le césium 137 par exemple : en dessous de cette valeur, il est indiqué “non détecté”. Or, comme certains organismes vivants concentrent la radioactivité, cela est trop haut comme limite. Il faudrait avoir un limite beaucoup plus basse, de l’ordre du becquerel par litre ou moins. Le lien vers le communiqué en japonais est ici. Ces remarques rejoignent celles de l’ACRO.

Lundi 1er août, TEPCo a annoncé la présentation d’un projet de barrière souterraine pour empêcher les fuites vers la mer pour la fin août et le début des travaux pour la fin de l’année. Les travaux devraient durer 2 ans, la barrière faisant 20 à 30 mètres de profondeur et 800 mètres de long. La compagnie réfléchit aussi à construire la même barrière de l’autre côté pour entourer la centrale.

Jeudi 4 août à 12h50, alors qu’ils faisaient des forages de reconnaissance pour installer la barrière, les intervenants ont coupé un cable électrique souterrain. Une source électrique de secours a été activée dans la minute qui a suivi et le cable réparé 3 heures et demie plus tard.

Samedi 13 août, la contamination en césium dans l’eau de mer à proximité des prises d’eau du réacteur n°2 est passée sous la limite des autorisations de rejet : 58 becquerels par litre pour le césium 134 (soit 0,97 fois la limite) et 56 becquerels par litre pour le césium 137 (soit 0,62 fois la limite). Pour le réacteur n°3, ces mêmes concentrations sont de 87 et 90 respectivement, soit au-dessus de la limite.

Lundi 15 août, selon le Science and Technology Daily (en chinois…), organe officiel du ministère des sciences et technologies de la Chine populaire, du césium et du strontium ont été détectés dans l’eau de mer sur une surface de 252 000 km2, jusqu’à 800 km de la côte japonaise. Le communiqué est ici en chinois. Mais les données précises sont secrètes…

Mercredi 24 août, les autorités chinoises ont annoncé avoir mesuré une contamination en strontium 90 élevée – 29 fois plus que ce qui est détecté près des côtes chinoises – dans un calamar pêché au large de Fukushima. Il y avait aussi du césium et de l’argent 110. Une fois de plus, la valeur de référence près des côtes chinoises n’est pas donnée. Après avoir téléphoné à l’organisme qui a fait les mesures, nous confirmons que les données précises sont secrètes (communiqué officiel en chinois).

Samedi 27 août, TEPCo n’a pas détecté de césium dans l’eau de mer à proximité du réacteur n°3. C’est la première fois depuis qu’elle fait des mesures à cet endroit. Il y avait encore une contamination de 77 becquerels par litre en césium 134 près de la prise d’eau du réacteur n°2, ce qui est supérieur aux autorisations de rejet.

Mercredi 31 août, TEPCo a présenté les plans de construction de la barrière souterraine qui doit retenir les eaux d’infiltration et les empêcher d’aller vers la mer. La compagnie va utiliser un bâteau et une jetée temporaire pour accélérer le chantier qui doit démarrer cette année et durer 2 ans. La barrière sera construite sur une longueur de 800 m, entre 600 à 700 piliers de 22 mètres de long qui seront enfoncés dans le sol. La barrière est prévue pour durer 30 ans.

Septembre – Octobre 2011

Lundi 5 septembre, le ministère de l’agriculture, de la pêche etc a mis en ligne de nombreux résultats sur les poissons qui sont disponibles ici en japonais, accompagnés d’une carte. Les deux colonnes de données sont le césium à gauche et l’iode à droite (en Bq/kg).

Jeudi 8 septembre, un groupe de chercheurs de la Japan Atomic Energy Agency, Kyoto University et d’autres universités a évalué la quantité de radioactivité rejetée en mer et a trouvé 3 fois plus que TEPCo : 15 000 térabecquerels (1 térabecquerel est un million de millions) contre 4 720 térabecquerels pour TEPCo. Cette nouvelle évaluation inclut les rejets aériens qui sont retombés en mer et comprend 11 400 térabecquerels d’iode 131 et 3 600 térabecquerels de césium 137.

Samedi 10 septembre, la municipalité de Yokohama, qui ne sait pas quoi faire des centres contaminées issues de l’incinération des boues de la station d’épuration, veut les enfouir dans son centre de Naka-ku. Mais il apparaît que ce centre est en fait une île artificielle en construction dans la mer (photo satellite ici) : la municipalité veut donc rejeter ces cendres dans la mer, ce qui a provoqué un tollé.

Lundi 12 septembre, le MEXT, qui est le ministère des sciences, technologies, etc, a ré-analysé des échantillons d’eau de mer avec une plus grande sensibilité. Alors que la limite de détection en césium 137 était de 9 Bq/l auparavant, ce qui était trop élevé car la vie marine concentre la pollution radioactive, les nouvelles mesures donnent des valeurs très basses. Tous les prélèvements sont contaminés maintenant, avec des concentrations beaucoup plus élevées qu’avant l’accident. Les résultats sont ici en japonais. Mais d’autres données publiées par la suite, gardent 9 Bq/L comme limite, faisant ainsi disparaître toute contamination.

Vendredi 16 septembre, le MEXT a publié des résultats sur la contamination en strontium dans les sédiments marins autour de la centrale : il n’y a rien. Les résultats sont ici en anglais. Les prélèvements datent du début juillet. Il n’a pas trouvé de plutonium non plus. Résultats ici en anglais.

Mardi 20 septembre, de la morue avec 87 becquerels de césium total par kilo a été pêchée au large de Hokkaïdo. Les résultats sont ici en japonais.

Mercredi 5 octobre, l’ACRO et Greenpeace on rendu publics de nouveaux résultats de mesure sur des poissons et des algues. Les résultats sont ici

en français. Quant à la surveillance officielle de l’eau de mer, les limites de détection sont toujours trop élevées. Voir ici pour des résultats récents.

Vendredi 7 octobre, les données publiées ce jour sur la pollution marine font état de strontium dans l’eau de mer prélevée devant la centrale. Il y a jusqu’à 1,6 et 1,7 becquerels par litre de strontium 89 et strontium 90 respectivement. Les résultats sont ici.
La limite de détection sur le césium est toujours trop élevée et il n’est donc pas détecté. Il n’est pas possible de voir s’il y a une corrélation entre la concentration en strontium et celle en césium.
Des données sur le plutonium sont disponibles ici.

La fédération nationale des pêcheurs de sanma (Cololabis saira) a décidé d’interdire à ses membres de pêcher à moins de 100 km de la centrale pour rassurer les consommateurs. Elle va faire tester les poissons pêchés près de cette limite courant octobre pour vérifier le bien-fondé de cette décision. Les pêcheurs qui ne respecteraient pas l’interdiction seront punis.

Samedi 15 octobre, des chercheurs de la Tokyo University of Marine Science and Technology ont mesuré jusqu’à 669 becquerels de césium par kilogramme de plancton animal pêché à 3 km au large d’Iwaki.

Mercredi 19 octobre, le gouvernement a publié des données sur la contamination de la mer avec des limites de détection exceptionnellement basses. C’est ici en deux langues.

Mardi 25 octobre, l’ACRO a mis en ligne de nouveau résultats de mesure sur des algues et poissons prélevés par Greenpeace. Les résultats sont ici en français.

TEPCo a annoncé qu’elle allait débuter la construction de la barrière souterraine pour prévenir de nouvelles fuites vers la mer via les eaux souterraines d’ici deux jours. Elle en a pour deux ans. En revanche, elle ne va pas construire de barrière du côté de la terre car ce serait inutile. Surtout, cela nécessiterait le déplacement de bâtiments.

Jeudi 27 octobre, l’IRSN a publié une nouvelle note sur la pollution marine où il estime à 27 millions de milliards de becquerels (27×1015 Bq) les rejets en césium 137, soit deux fois plus que celui estimé par l’IRSN en juillet et vingt fois plus que l’estimation de Tepco, publiée en juin. Si la localisation de Fukushima, avec de forts courants marins, a permis une dispersion des radionucléides exceptionnelle, une pollution significative de l’eau de mer sur le littoral proche de la centrale accidentée pourrait persister dans le temps, à cause notamment du ruissellement des eaux de surface sur les sols contaminés. Les organismes benthiques [vivant près des fonds marins] ainsi que les poissons au sommet de la chaîne alimentaire, sont, dans la durée, les plus sensibles à la pollution au césium.

Novembre – Décembre 2011

Mardi 1er novembre, le MEXT a publié une carte de la contamination des sédiments marins : elle fait apparaître une contamination significative sur de grandes distances. La carte est ici en japonais et anglais.

Mercredi 2 novembre, une cimenterie de Chiba a déversé dans la Baie de Tokyo de l’eau contenant environ 1000 Bq/l de césium, ce qui 14 à 15 fois plus que ses autorisations de rejet. Il s’agit de l’eau de rinçage des filtres. Les rejets sont de 300 tonnes par jour en moyenne. 13 200 tonnes ont donc été rejetées en septembre-octobre. La compagnie a cessé tout rejet. Les autorités provinciales ont lancé une enquête.

Mercredi 16 novembre, les dernières mesures publiées sur les poissons par les autorités régionales font apparaître que 4 poissons sur 120 dépassent la limite de 500 Bq/kg. Il y a en particulier un cardeau hiramé (Paralichthys olivaceus) pêché au large d’Iwaki qui a 2 000 Bq/kg en césium 134 et 2 500 Bq/kg en césium 137. C’est un poisson plat. Les données complètes sont ici en japonais.

Vendredi 25 novembre, le ministère des sciences et technologies a publié de nouveaux résultats d’analyse des sédiments marins qui montrent une contamination continue en césium sur de grande distances. La carte est ici en anglais et japonais.

Lundi 28 novembre, le ministère de l’agriculture, de la pêche etc a rendus publics les résultats de ses mesures sur des produits marins pour le mois de novembre. Ils dépendent beaucoup des espèces et du lieu de pêche. Le poisson le plus contaminé et encore à 4 500 Bq/kg en césium. Les données sont ici en anglais.

Jeudi 1er décembre, selon le Meteorological Research Institute basé à Tsukuba dans la province d’Ibaraki, les rejets marins en césium 137 dépassent les 3,5×1015 Bq. De même pour ceux en césium 134. C’est plus que l’estimation de TEPCo, mais 10 fois moins que celle de l’IRSN.

Vendredi 2 décembre, TEPCo a annoncé avoir mesuré jusqu’à 870 000 becquerels de césium 137 par kilo de sédiments marins à proximité de la prise d’eau des réacteurs 1 à 4. La concentration en césium 134 au même point est de 730 000 becquerels par kilo. TEPCo pense que cela vient de la fuite colmatée en avril dernier. Il est surprenant qu’elle ne le découvre que maintenant. Les données complètes sont disponibles ici en anglais.

Samedi 3 décembre, des scientifiques japonais ont proposé de rejeter en mer les déchets issus de la décontamination après les avoir mis en fûts supportant la corrosion et les fortes pressions sous le prétexte que si ces fûts lâchent, cela ne changerait pas de façon significative la pollution marine. Cette idée saugrenue a peu de chance d’aboutir car c’est interdit par la convention de Londres.

Dimanche 4 décembre, 11h30, un sous-traitant de TEPCo vient de découvrir une nouvelle fuite vers la mer. C’est l’intallation de désalinisation qui fuit. Les travaux de colmatage ont débuté vers 12h15 à l’aide de sacs de sable. 45 tonnes d’eau contaminée à 45 000 becquerels de césium par litre inondent le bâtiment. De l’eau contaminée a aussi été trouvée dans un fossé qui conduit à la mer. Selon la compagnie, 220 tonnes d’eau ont fui et une partie pourrait être déjà allée en mer.
Il s’agit d’eau décontaminée. Mais le système de purification n’enlève pas le strontium et l’on ne connaît pas la concentration de cet élément qui n’a pas été mesurée précisément. Au niveau de la fuite, il y a 1,8 millisieverts par heure en rayonnement gamma et 110 millisieverts par heure en bêta. Cela peut aller jusqu’au milliard de becquerel par litre. La concentration en strontium doit donc être de l’ordre de 130 millions de becquerels par litre. Il ne s’agit que d’une estimation.
Des photos de la fuite sont disponibles ici en anglais.
L’eau de mer près de la fuite avait 31 becquerels de césium par litre, ce qui est un peu plus qu’avant la fuite.

Lundi 5 décembre, TEPCo estime qu’au maximum 300 litres d’eau contaminée ont fui à l’extérieur du bâtiment et elle ne sait pas si cette eau a atteint la mer. Quand les travailleurs ont trouvé les 45 tonnes d’eau dans le bâtiment, il n’y avait pas de fuite vers l’extérieur. Le calcul est basé sur le fait que le colmatage était effectif après 14h et la fuite avait un débit estimé à 1 litre par heure.

Mardi 6 décembre, TEPCo pense finalement que 150 litres de cette eau fortement contaminée en strontium ont été rejétés en mer. Et elle estime à 26 milliards de becquerels le rejet. Quant à la concentration en strontium, elle a été estimée à 74 millions de becquerels par litre pour le strontium 89 et 100 millions pour le strontium 90. Les chiffres détaillés sont ici en anglais.
Un schéma du chemin suivi par la fuite est ici en anglais.

Jeudi 8 décembre, les coopératives de pêches ont officiellement protesté contre l’intention de TEPCo de rejeter de l’eau radioactive en mer. Elles révèlent aussi cette information par la même occasion.
C’est que TEPCo ne sait plus où mettre son eau contaminée : elle en a accumulé environ 100 000 tonnes dans des cuves d’une capacité totale de 160 000 tonnes qui devraient pleines en mars. Reconstruire de nouvelles cuves, ne fait que reporter le problème sans le résoudre. Une partie de cette eau est réinjectée dans les réacteurs pour les refroidir où elle est à nouveau contaminée avant d’être traitée. Mais, il y a environ 400 tonnes par jour d’eau souterraine qui vient s’infiltrer dans ce circuit prétendu “fermé”.
TEPCo envisage donc de rejeter une partie de l’eau décontaminée en mer dans le plan à moyen terme qu’elle compte soumettre à l’autorité de sûreté nucléaire. Elle ne sait, pour le moment, ni quand, ni combien, ni avec quelle contamination. La compagnie promet seulement de respecter les autorisations de rejet de l’installation nucléaire en fonctionnement normal.
Mais, le système de traitement actuel ne retire pas le strontium, qui est très radiotoxique et difficilement mesurable. TEPCo va-t-elle rejeter de grandes quantités de strontium en mer ?

Vendredi 9 décembre, face au tollé provoqué par les révélations des pêcheurs, TEPCo renonce temporairement à rejeter de l’eau contaminée en mer.

Vendredi 16 décembre, TEPCo a finalement renoncé temporairement à rejeter de l’eau “décontaminée” dans le mer. C’est dans son plan pour les 3 années à venir. Pour faire face aux volumes gigantesques d’eau partiellement décontaminée, la firme va :
– arrêter les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs ;
– améliorer l’efficacité de la décontamination ;
– augmenter les capacités de stockage de cette eau.
La firme s’est engagée à ne pas rejeter de cette eau sans un accord des autorités (heureusement !).

Selon le Wall Street Journal du jour, les cuves de stockage de cette eau, installées dans l’urgence, sans contrôle de la stabilité des sols, sont parfois menaçantes. Avec 10 000 tonnes d’eau supplémentaire à stocker, il n’y a pas assez de place sur le site de la centrale.

Dimanche 18 décembre, le Asahi, quotidien japonais, estime à 462 térabecquerels (1 térabecquerels = 1 million de millions de becquerels) la quantité de strontium rejetée dans l’océan lors des fuites du printemps. Pour cela, il a multiplié le volume rejeté estimé par TEPCo par la concentration en strontium. Il a aussi ajouté la contribution de la fuite du 4 décembre.
Ce chiffre ne prend pas en compte le strontium des rejets aériens. C’est à peu près 10% du rejet total estimé par TEPCo et constitué essentiellement de césium et iode. C’est aussi à peu près ce que rejetait annuellement l’usine de retraitement de Sellafield dans les années 1970.
D’autres organismes ont donné des chiffres beaucoup plus élevés pour les rejets en iode et césium, jusqu’à 20 fois plus pour l’IRSN.
Le problème est que le strontium est très difficile à mesurer et qu’il y a donc peu de données de la contamination dans l’environnement marin.

Jeudi 22 décembre, des nori sèches (algues comestibles qui servent pour les sushis) de la provnce de Chiba, dans la banlieue nord de Tokyo, ont été testées avec une contamination en césium de 11, 27, 25, 16,5, 5,6, 17,7 becquerels par kilo. Il y a encore des poissons qui dépassent la limite de 500 Bq/kg. La valeur la plus forte détectée par le ministère de la pêche est de 2 400 Bq/kg le 26 octobre pour un sébaste.
Le tableau de valeurs complet de ce ministère est ici en japonais.

Janvier 2012

Vendredi 6 janvier 2012, TEPCo a annoncé avoir trouvé un tunnel plein d’eau près de la station de traitement de l’eau. Il y en aurait environ 142 m3 (ou tonnes) contaminées à 100 Bq/l en césium. La compagnie pense que cela viendrait de l’eau de pluie et qu’il n’y a pas eu de fuite vers la mer. Le communiqué en anglais est ici.

Mardi 10 janvier, nouvelle fuite d’eau dans la station de désalinisation des eaux contaminées. La dizaine de litres très contaminés (500 millions de becqurels par litre en bêta total) n’auraient pas rejoint la mer. Des détails sont ici en anglais.

Lundi 16 janvier, le ministère des sciences et technologies a publié des résultats d’analyse de l’eau de mer suite à la fuite du 4 décembre. Les résultats, disponibles ici en anglais, font apparaître une contamination significative en strontium qui n’est pas filtré par la station de traitement de l’eau : plus de 540 Bq/l au lendemain de la fuite près de la côte.

Mercredi 18 janvier, des données supplémentaires sur la contamination en strontium de l’eau de mer à proximité de la centrale sont disponibles ici en anglais et japonais. Le prélèvement date du 10 décembre.

Mercredi 25 janvier, une carte de la contamination des sédiments a été publiée par le ministère des sciences et technologies : ils continuent à être contaminés sur des centaines de kilomètres autour de la centrale de Fukushima. Carte en anglais et japonais.

Vendredi 27 janvier, une carte de la contamination en strontium des sédiments a été publiée par le ministère des sciences et technologies. Elle est ici en anglais et japonais.

Samedi 28 janvier, TEPCo publie une série de photos de fuites de ses installations de traitement de l’eau. D’abord au niveau d’une valve d’une unité de déminéralisation, puis une valve au niveau d’une pompe d’injetion et d’une autre valve. TEPCo pense que c’est dû au gel et veut isoler tous ses tuyaus d’ici la fin février.
TEPCo a aussi mis en ligne des photos de l’inspection des installations suite à la demande des autorités de sûreté.

Lundi 30 janvier, pour éviter les fuites radioactives vers la mer comme celle qui a eu lieu le 4 décembre dernier et qui avait contaminé en strontium l’eau de mer, TEPCo veut mieux traiter l’eau. A partir du mois de mars, la compagnie veut retirer aussi le strontium, cobalt, manganèse… grâce à un nouvel équipement à définir qui devra pouvoir traiter 500 tonnes d’eau par jour. Les résines qui doivent absober ces éléments radioactifs seront entreposées sur le site pendant au moins 20 ans et TEPCo espère pouvoir rejeter l’eau mieux décontaminée dans la mer car les cuves seront pleines en mars.

JAMSTEC (Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology, l’équivalent de l’IFREMER au Japon) a fait une simulation de la dispersion de la pollution radioactive dans le Pacifique. C’est ici en anglais.

Mardi 31 janvier, le ministère de l’agriculture, de la pêche et de la forêt a rendu publics les résultats de ses contrôles sur les poissons pour le mois de janvier. La majorité de ces poissons sont contaminés, parfois à des teneurs élevées, jusqu’à presque 2 000 Bq/kg. Les données sont ici en anglais. Sont surlignées les valeurs qui dépassent la limite actuelle de 500 Bq/kg, qui va être prochainement baissée à 100 Bq/kg.

Février 2012

Jeudi 2 février, la municipalité de Tôkyô a montré à la presse comment elle se débarasse des centres radioactives issues de l’incinération des boues de station d’épuration : elle les utilise pour gagner du terrain dans la Baie de Tôkyô ! La contamination était prétenduement comprise entre 1 000 et 2 000 Bq/kg.

Vendredi 3 février, le ministère des sciences et technologies a mis en ligne une nouvelle carte de la contamination en strontium de l’eau de mer à proximité de la centrale. Elle est ici en anglais et japonais. Les césiums apparaissent comme non-détectés, mais la limite de détection choisie est assez élevée.

Quant aux poissons, ils continuent à être parfois constaminés largement au-dessus des limites. Les derniers résultats du ministère de la pêche sont ici en anglais.

Lundi 6 février, de l’eau de mer à proximité de la centrale continue à être contaminée en césium. C’est ici en anglais et japonais.

Mercredi 8 février, selon une étude menée par le prof. Yamazaki de l’université du Kinki, le césium s’enfonce plus vite dans la boue des fonds marins de la baie de Tôkyô que sur terre. Les mesures faites à l’embouchure de la rivière Arakara ont montré que le césium avait atteint une profondeur de 24 à 26 cm en un point et 12-14 cm en un autre. Il explique ce phénomène par la contribution des benthos (organismes vivant dans les sédiments marins). La plus forte contamination mesurée dans la baie de Tôkyô est de 18 242 Bq/m2, ce qui est 25 fois plus que la plus forte contamination du lac Biwa suite aux essais nucléaires atmosphériques. Par kilo de sédiment, les teneurs sont de l’ordre de quelques centaines de becquerels. Cette pollution entraîne cependant un débit de dose inférieur à 0,23 microsievert par heure et ne nécessite donc pas de décontamination.
C’est la rivière qui a apporté ce césium pour l’essentiel et la contamination devrait continuer à augmenter pendant encore un ou deux ans.

Le MEXT n’a pas trouvé de plutonium dans l’eau de mer à proximité de la centrale. Ici en anglais.
La contamination de l’eau de mer au large de la centrale est ici en anglais et japonais, avec des limites de détection très basses. Comme les sédiments, l’eau est contaminée sur des centaines de km. La tendance est cependant à la baisse.

Jeudi 16 février, pour faire face à la montée de l’inquiétude concernant la contamination de la baie de Tôkyô, le ministère des sciences et technologie et celui de l’environnement ont annoncé qu’ils allaient faire des mesures. La contamination est due aux apports des deux rivières, la Sumida et l’Arakawa et reste dans la baie où elle s’accumule. De nombreuses personnes se demandent si elles peuvent encore manger les poissons de la baie. Le ministère de l’environnement va surveiller les rivières et le MEXT la mer avec les municipalités riveraines. C’est la première fois que des investigations officielles vont être menées sur ces deux rivières.

Vendredi 17 février, le MEXT a mis en ligne des données sur la contamination des sédiments marins à proximité de la centrale de Fukushima pour le césium et pour le plutonium.

Mardi 21 février, TEPCo veut bétonner le fond marin dans le port près de la centrale de Fukushima daï-ichi car les sédiments marins y sont très contaminés. Des tests auront lieu samedi 25. Les travaux pourraient durer 3 à 4 mois. La contamination des sédiments en ce lieu peuvent atteindre 1,6 millions de becquerels par kilo pour le césium. La compagnie craint que des bateaux ou la tempête remue ces sédiments.
Des explications avec photos sont ici en anglais. TEPCo a aussi mis en ligne une vidéo du fond marin où il n’y a rien d’intéressant à voir.

Vendredi 24 février, les denières données du ministère de l’agriculture et de la pêche sur les poissons sont ici : il y a toujours des poissons qui dépassent largement la limite.

Dimanche 26 février, nouvelle fuite sur une intallation de TEPCo, ici en anglais.

Lundi 27 février, le gouvernement a publié des données qui montrent une forte contamination des sédiments marins en strontium jusqu’à une grande distance de la centrale. C’est ici en anglais et japonais.

Mardi 28 février, Toshiba aurait mis au point une nouveau système de purification de l’eau qui enlèverait jusqu’à 45 radioéléments. Le système actuel n’enlève, essentiellement, que le césium et l’eau ‘décontaminée’ est encore très chargée en strontium par exemple. Selon Toshiba et TEPCo l’eau ainsi obtenue pourrait être rejetée en mer sans dépasser les limites de rejet. TEPCo espère pouvoir rejeter à partir de septembre 2012, le temps de mettre en place l’équipement à grande échelle et obtenir le consentement des autorités.

Les travaux de bétonnage du fond marin ont commencé.

Mars 2012

Jeudi 1er mars, les derniers résultats de mesures précises de l’eau de mer au large de Fukushima sont disponibles ici en anglais et japonais.

Vendredi 2 mars, la contamination en césium des sédiments marins situés à l’embouchure de la rivière Arakawa dans la Baie de Tôkyô augmente. Les mesures de Hideo Yamazaki de l’université du Kinki donnent : 308 Bq/kg en Août, 476 en Octobre et 511 en Décembre. La faune est contaminée jusqu’à quelques dizaines de becquerels par kilo.

Mercredi 7 mars, selon un groupe de chercheurs du Meteorological Research Institute, la centrale de Fukushima daï-ichi doit continuer à fuir dans la mer. Selon leurs calculs, la contamination en césium à proximité de la centrale diminue moins vite que prévu. Pour l’exploitant, la centrale ne fuit pas.

-> Les seules mesures disponibles actuellement concernent l’eau de mer. Pour les êtres vivant dans la mer, il faut multiplier ces valeurs par un facteur de concentration. Quelques valeurs de facteurs de concentration sont données ici.
-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l’eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> Les données de mesure officielles du MEXT sont ici et ici en anglais.
-> Simulation de la dispersion de la pollution radioactive dans le Pacifique par JAMSTEC : ici en anglais.

Sommaire


Déchets radioactifs

2011

Vendredi 17 juin, le gouvernement japonais a fixé des règles pour les boues radioactives des stations d’épuration. En dessous de 8 000 becquerels de césium par kilo, elle peuvent être enfouies dans des centres d’enfouissement, s’il n’y a pas de projet de développement résidentiel pour l’avenir. Entre 8 000 et 100 000 becquerels de césium par kilo, il faut faire une étude au cas par cas avant enfouissement. Enfin, au-dessus de 100 000 becquerels par kilo, il faut les couvrir le temps que le gouvernement ne trouve une solution. Cela devrait être à sa charge.
Les autorités locales ont du mal à mettre ces règles en pratique : même en dessous de 8 000 becquerels par kilo, elle peinent à trouver un site qui les accepte. Pour elles, une solution doit être trouvée rapidement car les riverains sont inquiets.

Jeudi 28 juillet, les autorités ont présenté une premier bilan des analyses faites sur des boues de station d’épuration. Sur les 50 000 tonnes que le Ministère de la Santé a fait analyser, 1 557 tonnes ont une contamination qui dépasse les 8 000 becquerels par litre et doivent être considérées comme des déchets radioactifs. Les 5 provinces concernées par ces boues radioactives sont Fukushima, Miyagi, Niigata, Tochigi et Gunma. Il y a des boues radioactives dans de nombreuses régions, mais en-dessous du seuil de 8 000 Bq/kg. Ainsi 33 950 tonnes ont plus de 100 Bq/kg en césium dans 11 régions. Ces boues ne peuvent pas être étendues ou enfouies dans des zones il est prévu de construire plus tard. La boue la plus contaminée a été trouvée à Koriyama avec 89 697 becquerels par kilo.
54 613 tonnes de boues doivent encore être testées dans 14 régions.
De nombreuses stations d’épuration ont du mal à se débarrasser de leurs boues. Ainsi 36 333 tonnes sont entreposées dans des stations d’épuration en attendant de trouver un exutoire.
Les autorités n’arrivent pas à trouver un terrain pour les entreposer.

Samedi 6 août, le quotidien Asahi (version anglaise) a découvert une décharge secrète où la municipalité de Fukushima va mettre “temporairement” les déchets radioactifs issus de la décontamination de la ville. Les riverains ont des doutes sur le “temporairement” car il n’y a pas de centre de stockage national. Tout le monde attend la décision du gouvernement en la matière. La municipalité n’a rien dit car elle savait qu’il lui serait impossible d’obtenir l’assentiment des riverains. La décharge a ouvert le 28 juillet.

Mercredi 17 août, la NHK a mené l’enquête auprès de 17 provinces du Nord-Est du Japon : il y a maintenant 54 400 tonnes de boues radioactives produites dans les stations d’épuration. 75% contiennent moins de 8 000 Bq/kg de césium, mais seulement 51% environ sont toujours entreposées sur place car il est difficile de trouver un site d’enfouissement qui les accepte. Dans 7 stations d’épuration situées dans 4 provinces, il a fallu délimiter une zone interdite car le niveau de dose est trop élevé.

Vendredi 26 août, le Japon vient d’adopter une nouvelle loi qui rend l’Etat responsable des déchets radioactifs dus à la catastrophe (débris, boues, terres… contaminés). Elle prendra effet le 1er janvier 2012. La loi stipule que l’Etat doit prendre cette responsabilité car il a fait la promotion de l’énergie nucléaire. C’est le ministère de l’environnement qui aura la charge de définir les critères de gestion et les filières de prise en charge des déchets. TEPCo devra payer la décontamination.

Samedi 27 août, la municipalité de Fukushima doit faire face à l’opposition des riverains qui ne veulent pas des déchets radioactifs engendrés par la décontamination des points chauds. 3 800 personnes s’étaient mobilisées pour décontaminer le district de Watari et la municipalité a entreposé temporairement 6 000 “big bags” dans les montagnes, malgré l’opposition des riverains.

Le premier ministre Naoto Kan a demandé aux autorités de la province de Fukushima d’accepter un centre d’entreposage de déchets radioactifs engendrés par la décontamination et les débris contaminés du tsunami. Il a bien insisté que ce serait temporaire… Le premier ministre a aussi annoncé qu’il y des zones où les personnes ne retourneront pas avant des décennies. C’est la première fois qu’il le reconnait. Le maire d’Okuma, ville particulièrement contaminée, a refusé d’accueillir un tel centre le lendemain, espérant toujours pouvoir décontaminer sa municipalité.

Dimanche 25 septembre, le ministère de l’environnement estime à 28 millions de m3 le volume de terre contaminée en provenance de Fukushima qu’il faudrait évacuer et stocker après décontamination. Ce chiffre se base sur une hypothèse que la décontamination doit avoir lieu si le débit de dose entraînerait une dose annuelle supérieure à 5 millisieverts. 13% de la surface de la province de Fukushima est concernée et les forêts sont décontaminées à 100%. 1,02 million de m3 proviendraient alors des maisons et jardins,  560 000 m3 des écoles, nurseries… et 17,42 millions de m3 de terres agricoles.
Avec une hypothèse moins contraignante, à savoir une dose annuelle de 20 millisieverts et seulement 10% des forêts décontaminées, cela induirait un volume de près de 5 millions de m3.
Ces chiffres seront transmis à la commission qui va définir la politique de décontamination. Le gouvernement n’a aucun site d’entreposage temporaire et encore moins de stockage définitif. Il se défausse donc sur les autorités locales.

Mercredi 12 octobre, la municipalité de Tokyo veut utiliser les boues de station d’épuration et les cendres radioactives pour remplir les remblais en mer dans la baie de Tokyo. ce n’est pas sans danger pour l’océan…

Samedi 29 octobre, le ministre de l’environnement, qui est aussi ministre de la catastrophe, a annoncé son plan relatif au stockage des tonnes de sols issus de la décontamination. Les autorités se donnent 30 ans pour trouver un stockage définitif en dehors de la province de Fukushima. En attendant, elles comptent bien installer un stockage intérimaire à Fukushima dans une zone de 3 à 5 km2 pouvant accueillir 15 à 28 millions de m3. Des pourparlers sont en cours avec les autorités locales. Ce centre temporaire devrait ouvrir en janvier 2015. Ee attendant, les municipalités devront entreposer les déchets issus de la décontamination sur leur territoire.
Mais la plupart des 59 municipalités de Fukushima n’ont pas encore trouvé un emplacement pour cet entreposage de trois ans, pas plus que le gouvernement, pour l’entreposage relais centralisé. Les maires craignent qu’il ne devienne un stockage définitif, faute de mieux.

Mercredi 16 novembre, les boues de station d’épuration contaminées et les cendres d’incinérateurs radioactives continuent à s’accumuler sans qu’une solution ne soit trouvée. Les cimenteries, qui utilisaient les cendres les refusent. La ville de Yokohama par exemple a maintenant 5 500 tonnes de cendres et les stations d’épuration produisent quotidiennement 16 000 mètres cube de boue.
En mai, il y avait 5 000 becquerels césium par kilo de cendre, maintenant, il y en a moins de 2 000. Les cimenteries ne peuvent accepter les cendres que si la contamination est inférieure à 300 Bq/kg.

Lundi 21 novembre, selon le Asahi, il y a 64 000 tonnes de boues de station d’épuration et de cendres accumulées au lieu d’être utilisées dans des cimenteries. C’est 20 000 tonnes de plus qu’il y a deux mois. 14 provinces sont concernées. Il y a 17 000 tonnes à Fukushima, 12 000 à Miyagi, 5 300 à Gunma… Les coûts supplémentaires engendrés par cette crise devraient compensés par TEPCo.

Mercredi 14 décembre, c’est maintenant officiel, le Ministère de l’environnement a décrété que le gouvernement centrale prendra à sa charge la décontamination des sols à partir de 0,23 microsievert par heure, soit 1 millisievert par an. Une centaine de municipalités sont concernées. Il va aussi prendre en charge les déchets, débris, boues… à partir de 8 000 becquerels par kilo.

Mercredi 28 décembre, le ministre de l’environnement, Goshi Hosono, a demandé officiellement aux responsables politiques locaux d’accepter un centre d’entreposage des déchets issus de la décontamination. Il sera fort probablement installé à Futaba. L’accueil a été contrasté : le gouverneur n’a pas dit non, mais veut l’assentiments des riverains évacués. Les riverains qui pensent ne jamais pouvoir rentrer chez eux à cause des niveaux élevés de contamination, sont plutôt enclins à accepter. D’autres, veulent revenir et n’y sont donc pas favorable. Mais, s’il n’y a pas de centre d’entreposage, la décontamination n’est pas possible et le retour non plus. Face à cette alternative infernale, certains demandent des garanties que l’entreposage ne durera pas plus de trente ans. Nombreux sont ceux qui pensent que cet entreposage “temporaire” deviendra un centre de stockage définitif.

2012

Jeudi 5 janvier, les maires des 8 municipalités du comté de Futaba où le gouvernement veut installer un centre d’entreposage des déchets issus du démantèlement ont demandé l’aide des autorités provinciales pour faire face au gouvernement centrale. Ils leur est difficile de consulter les citoyens dispersés suite à l’évacuation forcée. Le maire de Futaba est opposé au projet. D’autres maires ont dit ne pas avoir le choix.

La ville de Kashiwa a dû arrêter son incinérateur de déchets Sud à cause des cendres radiactives qui s’accumulent. Cet incinérateur, avait déjà été arrêté deux mois à partir de septembre dernier pour les mêmes raisons : il n’y a plus de place pour entreposer les cendres dont la contamination en césium dépasse 8 000 Bq/kg. Il y en a environ 200 tonnes, soit 1 049 bidons. Il y a en plus 30 tonnes de cendres dans l’incinérateur. La ville a un autre incinérateur ce qui devrait lui permettre de continuer à traiter les déchets ménagers. Les autorités régionales essayent de trouver une solution, mais personne ne veut de ces déchets.

Jeudi 2 février, la municipalité de Tôkyô a montré à la presse comment elle se débarasse des centres radioactives issues de l’incinération des boues de station d’épuration : elle les utilise pour gagner du terrain dans la Baie de Tôkyô ! La contamination était prétenduement comprise entre 1 000 et 2 000 Bq/kg.

Vendredi 10 février, le premier ministre Noda conjure les autres provinces et municipalités d’accepter des déchets du tsunami, à l’instar des provinces de Tôkyô, Yamagata et Shizuoka. Les autres craignent que ces débris soient radioactifs. Tôkyô a limité à 11 000 tonnes la quantité de déchets qu’elle peut accepter.
La seule province d’Iwaté, une des plus touchées par le tsunami, a 4,35 millions de tonnes sur les bras. C’est 11 fois que le volume annuel de déchets traités habituellement. A Miyagi, c’est 19 fois.

Les cendres de bois de chauffage peuvent aussi être très contaminées : à Miyagi, la concentration en césium varie entre 1 180 becquerels par kilogramme à Kakuda et 59 000 becquerels par kilo à Marumori. Le 19 janvier, le gouvenement avait mesuré jusqu’à 43 780 Bq/kg à Nihonmatsu. Il appelé les citoyens à ne pas disperser ces cendres mais à les stocker dans des sacs hermétiques avant d’être collectées par les municipalités.

Vendredi 17 février, le Japon fait face à des montagnes de débris du tsunami et demande à chaque province d’en prendre un peu pour partager le fardeau. Les populations sont souvent opposées par peur de la contamination radioactive. Le Maïnichi a enquêté et il s’avère que seulement 10 provinces sur 42 sollicitées font les démarches pour accepter ces déchets.
La limite fixée par les autorités pour permettre l’incinération de ces déchets a été fixée à 8 000 Bq/kg. Mais la limite était de 100 Bq/kg dans la loi. De nombreuses municipalités ne comprennent pas cette élévation de la limite. Mais pour le gouvernement, la limite de 100 Bq/kg correspond au seuil de libération qui permet de recycler un produit contaminé, alors que la limite de 8 000 Bq/kg est pour les cendres d’incinérateur qui sont destinées à être enfouies. Le ministère a mentionné une limite de 240-480 Bq/kg pour les déchets avant incinération.
Ce que craignent le plus les populations, ce sont les fumées des incinérateurs.

Lundi 20 février, la ville de Shimada dans la province de Shizuoka a montré au public les cendres issues de l’incinération de 10 tonnes de débris en provenance de Yamada la province d’Iwaté. Ces cendres auraient 64 Bq de césium par kilo selon les résultats préliminaires. A titre des comparaison les cendres issues de l’incinération des déchets ménagers ont 48 Bq/kg.

Vendredi 24 février, des poussières issues de boues de station d’épuration de Koriyama sont excessivement contaminées : entre 47 430 et 2,47 millions de becquerels par kilo pour le césium. A partir de 100 000 Bq/kg, ces poussières doievnt être traitées comme des déchets radioactifs.
Ces poussières sont issues d’un processus de sèchage des boues à 1 200°C pour réduire leur volume. Il y en a 58 tonnes et il n’y aurait pas de fuite.

Samedi 25 février, le ministère de l’environnement a annoncé vouloir acheter le terrain du futur centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination au prix du marché juste avant la catastrophe. Il devrait lui en coûter entre 50 et 100 milliards de yens (0,5 et 1 milliard d’euros). Les propriétaires qui vendront leur terrain bénéficieront des mêmes avantages fiscaux que lors d’une expropriation.

Dimanche 26 février, le maire de Futaba a refusé de se rendre à une réunion avec le ministre de l’environnement à propos du centre d’entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination. Il est furieux d’avoir découvert les intentions du gouvernement dans la presse. Il a déclaré n’avoir aucune confiance dans le gouvernement. Il a été suivi par ses homologues de Hirono et Namié. Comme il préside l’association des 8 maires du comté de Futaba, la réunion a été annulée. Certains de ses collègues regrettent cette attitude car il n’est pas possible d’échapper à la problématique des déchets. Le maire de Futaba est opposé à ce que ce centre soit dans sa commune.

Lundi 27 février, la province d’Ibaraki a publié des données sur la contamination des boues de station d’épuration. Tous les résultats sont sous la limite des 8 000 Bq/kg pour le césium. C’est ici en anglais.

Vendredi 2 mars, la ville de Tôkyô a commencé à incinérer à grande échelle des débris du tsunami en provenance d’Onagawa dans la province de Miyagi malgré les craintes des riverains.

Samedi 3 mars, le Maïnichi fait le point sur les déchets radioactifs.
– Vous souvenez-vous de la paille de riz consommée par les bovins qui avait provoqué la crise du boeuf durant l’été 2011 ? Il y a 6 800 tonnes de paille radioactive réparties dans 8 provinces et personne ne sait qu’en faire. Myagi en a 4 800 tonnes, suivie par Fukushima avec 1 100 tonnes, Iwaté 600 tonnes et Tochigi 320 tonnes.
– En ce qui concerne les boues de station d’épuration et des cendres d’incinérateurs, il y en a 97 000 tonnes réparties dans 12 provinces, et c’est 3,7 fois plus qu’en juillet 2011. Même s’il est possible d’enfouir les déchets ayant moins de 8 000 Bq de césium par kilo avec les autres déchets, dans les faits il y a peu de progrès à cause de l’opposition des riverains. C’est Fukushima qui en a le plus avec 30 000 tonnes. C’est 25 200 tonnes de plus qu’en juillet dernier. Elle est suivie par Miyagi avec 22 000 tonnes, soit 19 000 tonnes de plus qu’en juillet. Kanagawa en a 19 000 tonnes (14 690 tonnes de plus qu’en juillet). Saïtama 9 500 tonnes, soit 6 790 de plus.

Les fermiers sont bien embêtés avec la paille et ne savent pas quoi en faire. Ils n’ont plus de place dans leur grange. Certains ont installé une sorte de chapiteau pour l’abriter, en collaboration avec des voisins. La municipalité d’Ichinoseki, un point chaud d’Iwaté, a voulu regrouper toute la paille mais a dû faire face à l’opposition des riverains. La province de Miyagi a aussi des difficultés à trouver un site : elle cherche dans le district de Tsukidaté pour ouvrir un centre d’entreposage avant la fin de mois. Ce centre ne pourra cependant pas accepter les 4 800 tonnes de la province.

Dimanche 4 mars, le premier ministre a proposé une aide financière aux autorités qui accepteraient les débris du tsunami afin de contrôler par elles-mêmes la radioactivité et rassurer les riverains.
C’est que 86% des municipalités rechignent à accepter ces débris selon un sondage auprès de 1 789 mairies et autorités régionales. Sur les 1 422 réponses, 33% affirment qu’il sera difficile d’accepter les débris et 53% qu’elles n’en ont pas l’intention. Le gouvernement aura donc du mal à tenir son engagement à finir de gérer les débris d’ici mars 2014.
27 municipalités ont déjà accepté les débris et 127 autres envisagent d’en accepter. Le ministère de l’environnement estime à 20,45 millions de tonnes les debris des provinces d’Iwaté et Miyagi. Seulement 1,17 millions de tonnes, soient 6%, ont été traités. Les 2,08 millions de tonnes de débris de Fukushima resteront dans la province. Seulement 5% ont été stockés.

En ce qui concerne les boues et cendres radioactives, ainsi que les terres issues de la décontamination, Tôkyô et sa région (Kantô) en ont 140 000 tonnes sur les bras.

Vendredi 9 mars, le gouvernement semble avoir renoncé à ouvrir un seul centre d’entreposage des déchets issus de la décontamination, mais plutôt plusieurs à proximité de la centrale pour partager le fardeau entre plusieurs municipalités. Le ministre de l’environnement propose les villes d’Okuma et Futaba, qui hébergent la centrale, ainsi que Naraha. Le gouvernement va acheter les terrains.
Il veut aussi enterrer des cendres contaminées à Tamioka, toujours dans la zone des 20 km.
Il veut aussi utiliser l’incinérateur de Naraha et en construire un autre dans le comté de Futaba pour brûler les débris de al zone et des déchets organiques issus de la décontamination. Il y en a environ 226 000 tonnes sur deux ans.
Les lieux exacts devraient être choisis avant mars 2013.

Sommaire


Doses reçues par la population

Mars – Avril 2011

Mercredi 23 mars, des calculs de dose cumulées à la thyroïde depuis l’explosion jusqu’au 23 mars minuit (heure locale) ont été présentés : il est possible que des enfants d’un an vivant en dehors de la zone des 30 km autour de la centrale aient reçu une dose supérieure à 100 millisieverts (attention, il question de dose pour un organe ici, pas de dose pour le corps entier dont il est question pour les travailleurs). La dose pour un adulte est plus faible. A partir de 100 millisieverts, il est recommandé de prendre du iodure de potassium (comprimé d’iode) pour se protéger des risques de cancer de la thyroïde. C’est 50 mSv en France. Les calculs ont été faits avec le System for Prediction of Environmental Emergency Dose Information (SPEEDI). Les calculs ont été faits en supposant que le bébé était tout le temps à l’extérieur. La quantité d’iode rejetée par la centrale a été estimée rétroactivement.

A Tokyo, le débit de dose moyen a augmenté à 0,155 microsieverts par heure contre 0,142 la veille. De même à Chiba où il est passé de 0,125 à 0,142 microsieverts par heure. Dans la ville de Fukushima, il est stable : 6,85 microsieverts par heure. Il y a 470 microsieverts par heure à l’entrée principale de la centrale.

Dans un article daté du lundi 28 mars, The Japan Times rapporte que de nombreuses femmes enceintes fuient la région du Tohoku, la plus exposée et même Tokyo, pour aller donner naissance à Osaka, voire plus loin.

Samedi 2 avril, les niveaux d’irradiation ambiants continuent à diminuer aux alentours de la centrale et à grande distance. Cela est dû à une baisse des rejets gazeux.

Dimanche 3 avril, le gouvernement a annoncé avoir fait examiné la thyroïde de 900 enfants et bébés (âgés de 1 à 15 ans) vivant autour de la centrale et qu’aucun signe d’affection n’avait été détecté.

Selon une estimation faite par le gouvernement et rendue publique le samedi 16 avril, c’est à Namie que la dose reçue par la population est la plus forte. Pendant les 3 semaines qui vont du 23 mars au 15 avril, la dose accumulée a été de 17 millisieverts alors que la limite annuelle pour la population est de 1 millisievert. Ces mêmes doses ont été de 9,85 millisieverts à Iitate et 0,495 millisievert à Minami-Sôma.

Mardi 19 avril, le gouvernement japonais a recommandé aux enfants de 13 écoles de la province de Fukushima de ne pas rester plus d’une heure par jour dans la cour et de bien se laver les mains, le visage et la bouche avant de rentrer en classe. Il leur est interdit de jouer avec le sable ou la terre. En effet, le débit de dose y est supérieur à 3,8 microsieverts par heure. Cette décision est basée sur un calcul de dose annuelle de 20 millisieverts alors que la limite pour le public est de 1 millisievert par an. La contamination des sols des cours des écoles de la province de Fukushima a été évaluée par les autorités locales et est disponible ici en japonais. Interrogés par les écoles, collèges ou lycées, nombreux sont les parents qui n’autorisent pas leurs enfants à avoir des activités à l’extérieur.

Le gouvernement a décidé de définir les zones d’évacuation avec le critère des 20 millisieverts par an, même pour les enfants, alors qu’un groupe officiel d’experts avait recommandé de diviser par deux cette limite pour les enfants. De nombreuses associations se sont élevées contre cette décision et ont interpelé les autorités. Voir leur lettre en anglais ici.

La veille, la National Nuclear Security Administration (NNSA) américaine a publié une carte faisant apparaître que la limite de dose annuelle de 1 millisievert pour la première année pouvait être dépassée par la population à des distances allant jusqu’à presque 80 km de la centrale accidentée. La dose peut dépasser les 20 millisieverts pour la première année jusqu’à une cinquantaine de kilomètres au Nord-Ouest. Cette carte est plus élaborée et détaillée que les cartes publiées par les autorités japonaises. La NNSA s’est basée sur des données recueillies en 334 heures de vol, 150 000 données au sol et 504 analyses d’air. En mettant une limite à 1 millisievert par an, la zone à évacuer devient énorme.

Le mardi 26 avril, après l’IRSN en France et la NNSA aux Etats-Unis, le gouvernement japonais a enfin publié une carte montrant les doses reçues par la population la première année en se basant que l’hypothèse qu’ils passent 8 heures par jour dehors. L’hypothèse retenue est que la dose à l’intérieur représente 40% de celle à l’extérieur. Cette carte est basée sur 2 138 points de mesure accumulés entre le 12 mars et le 21 avril et suppose que les rejets continueront jusqu’au 11 mars 2012 avec la même intensité qu’au 22 avril 2011. La carte est ici en japonais (la première carte donne les doses du 12 mars au 24 avril et la deuxième carte, les doses estimées du 12 mars 2011 au 11 mars 2012). Elle devrait être mise à jour régulièrement et ne devrait pas changer les zones d’évacuation. A Akogi Kunugidaira dans la commune de Namié, situé à 24 km de le centrale, la dose annuelle atteint 235,4 millisieverts.

Vendredi 29 avril, il reste encore 45 enfants à Iitate-mura (village situé à 40 km de la centrale et particulièrement contaminé), malgré les injonctions des autorités d’évacuer les enfants rapidement. Une mère de 41 an a expliqué au quotidien Mainichi qu’elle se souciait de la santé de son fils, mais qu’elle n’avait pas les moyens de partir et ne savait pas quoi faire. Le 4 avril, il y avait encore 662 enfants et 467 le 20 avril. Dans le district de Nagadoro, la dose annuelle est estimée à 62 millisieverts, au-dessus des critères d’évacuation (fixés à 20 mSv par an).

Ce même jour, le professeur Toshiso Kosako, qui avait été appelé comme conseiller du premier ministre le 16 mars, vient de claquer la porte pour protester contre les mesures prises par le gouvernement. Lors de sa conférence de presse, il critiqué :
– le refus des autorités de divulguer les prédictions de la contamination calculées par la météo ;
– le choix de remonter de 100 à 250 millisieverts la limite pour les intervenants sur le site de la centrale détruite ;
– la limite établie pour les écoles qu’il trouve trop laxiste (voir la pétition en haut de la page d’accueil) : elle n’est pas en accord avec les standards internationaux et a été déterminée en fonction de l’intérêt de l’administration du ministère de l’éducation.

“Il est très rare que des travailleurs du nucléaires soient exposés à 20 millisieverts par an” a-t-il déclaré. “D’un point de vue académique et d’un point de vue humanitaire, je ne peux pas accepter que des bébés et enfants soient exposés à de tels niveaux de radiation”.

La Nuclear Safety Commission aurait accepté la limite de dose pour les enfants et bébés proposés par le ministère de l’éducation en deux heures sans appliquer les procédures nécessaires.

Mai 2011

On a appris, le lundi 2 mai, que les programmes informatiques utilisés pour calculer la dispersion des gaz radioactifs et la dose reçue par les populations n’a pas fonctionné le 11 mars, jour du début de l’accident, à cause d’une coupure de courant généralisée. Il est possible que cela ait entraîné des retards dans l’évacuation des populations.

Pour se rattraper, le gouvernement japonais met en ligne régulièrement la direction et l’étendue du panache depuis le 29 avril. Mais les calculs sont faits en supposant qu’il y a un becquerel par heure qui sort de la centrale. Pour avoir de vraies valeurs, il faudrait connaître la quantité de gaz rejetés par heure qui n’est pas donnée. Ces simulations ont donc une utilité très réduite et ne permettent pas à la population d’estimer l’impact des rejets gazeux. Les cartes sont disponibles ici en anglais.

Le jeudi 5 mai, les parents d’élève de Fukushima ont créé un réseau pour protéger leurs enfants. Un compte-rendu est disponible en anglais ici.

Pendant ce temps, le silence des experts officiels français qui, jusqu’à maintenant, n’ont pas manqué de commenter la catastrophe, est pesant : n’ont-ils rien à dire sur la limite de dose appliquée aux enfants ?

Mardi 10 mai, le maire de Fukushima (la ville) a accepté d’enlever le sol des cours d’école de sa ville à la demande des parents et enseignants.

Jeudi 12 mai, le ministère de l’éducation a revu ses calculs de dose et a estimé que les enfants qui vont dans les écoles où les niveaux de contamination dépassent les limites mais restreignent leurs activités à l’extérieur recevront une dose qui ne dépassera pas 10 millisievert par an, soit la moitié du précédent calcul. Le ministère maintient sa position quant à la limite de 20 millisieverts par an malgré les protestations des parents et de quelques hommes politiques et experts. Rappelons que la limite en temps normal est de 1 millisiervert par an.
Ces calculs ne prennent pourtant pas en compte l’exposition en dehors de l’école et via l’alimentation.

Vendredi 20 mai, selon un recensement fait par la télévision nationale NHK, plus de 90% des écoles et collèges de la province de Fukushima continuent à limiter voire interdire les activités extérieures bien que les tous niveaux de débit de dose soient passés la semaine précédente sous la limite de 3,8 microsieverts par heure fixée par le gouvernement. Les enfants vont dans le gymnase ou jouent aux cartes pendant la récréation.
Il n’y aura pas d’activité de piscine cet été (au Japon chaque école et collège possède une piscine extérieure où les enfants font de la natation, même pendant les vacances d’été).

Samedi 21 mai, il a été recensé que 302 enfants de 6 écoles primaires et collèges étaient partis à cause des craintes concernant la radioactivité.

Lundi 23 mai, la moitié des habitants de Kawamata et Iitate ne sont pas encore partis alors que le gouvernement leur a demandé d’évacuer d’ici la fin du mois de mai. Certains se plaignent que leur nouvelle affectation soit trop éloignée de l’école ou du lieu de travail. D’autres craignent de perdre leur emploi s’ils partent. 7 800 personnes sont concernées.
Des parents d’élève de Fukushima s’est rendu ce jour au Ministère de l’Eductation et de la recherche pour demander un abaissement de la limite de 20 millisieverts pour la première année, qui a été choisie par le gouvenement japonais pour définir les zones d’évacuation. Ils ont remis une pétition avec 15 000 signatures. Ils demandent l’application de la limite de 1 millisievert par an utilisée en temps normal. Voir leur communiqué en anglais.
Un représentant du ministère a reconnu que la limite de 20 millisieverts n’est pas appropriée pour les enfants et a promis de considérer toutes les mesures possible pour limiter la dose.
Le même jour, le quoditien Yomiuri signait un éditorial
Dans un avis rendu public ce jour, l’IRSN déclare qu’elle utiliserait 10 millisieverts pour la première année comme critère. L’institut estime à 70 000 le nombre de personnes supplémentaires à déplacer avec ce critère, 9 500 enfants de moins de 14 ans.

Mardi 24 mai, 325 enfants auraient quitté les écoles (295) et collèges (30) de Koriyama par crainte des radiations. Cela porte à 627 le nombre d’enfants qui sont partis du district de Nakadori. Par ailleurs, 667 enfants ont quitté les crèches de Fukushima et Koriyama pour les mêmes raisons.

Vendredi 27 mai, les 1 169 crèches, écoles, collèges et lycées de Fukushima ont été équipées de dosimètres. Les enseignants font une mesure le matin et le soir et les données seront transmises mensuellement au ministère de l’éducation. Le but est de rassurer les parents.
Le gouvernement commence à reculer sur la limite de dose pour les enfants. Le ministère de l’éducation se donne comme objectif que la dose annuelle soit inférieure à 1 millisievert par an, mais il maintient les 20 millisieverts comme limite à ne pas dépasser.
Par ailleurs, la préfecture de Fukushima a décidé de faire une surveillance médicale à long terme de ses 2 028 752 habitants (au 1er octobre 2010), y compris ceux qui ont dû quitter la région. Des premiers examens médicaux poussés auront lieu dès la fin juin pour les personnes vivant dans les zones les plus contaminées.

Le 23 mars, le gouvernement japonais a installé des dosimètres qui mesurent la dose cumulée en 15 lieu. Lundi 30 mai, cette dose cumulée mesurée a dépassé les 20 millisieverts à Iitate-mura (33 km de la centrale) et Namié (31 km de la centrale). Ces deux agglomérations sont dans la zone d’évacuation : les habitants doivent partir avant la fin mai.

Juin 2011

Jeudi 2 juin, le gouvernement préfectoral de Fukushima a annoncé vouloir mesurer la contamination interne des habitants, mais il ne dispose que d’un compteur et ne peut donc contrôler que 10 personnes par jour. Il fait donc appel à d’autres préfectures. Il envisage aussi d’aller rechercher deux compteurs situés à Okuma dans la zone interdite.
L’hôpital universitaire de Nagasaki a contrôlé le niveau de contamination du personnel médical envoyé à Fukushima pour aider : 40% sont revenu contaminés par de l’iode 131. Certains étaient aussi contaminés par du césium. L’hôpital se veut rassurant en expliquant que les niveaux sont faibles.

Vendredi 3 juin, les parents d’élève ne sont pas satisfaits par la décision du ministère de l’éducation du 27 mai de viser 1 millisieverts par an tout en gardant 20 millisieverts comme limite. Ils critiquent le fait que le ministère ne fait qu’annoncer des chiffres sans donner des instructions et de l’aide pour réduire l’exposition des enfants.

Vendredi 10 juin, selon un recensement effectué par le Daily Yomiuri, il resterait encore 1 700 enfants dans la zone comprise entre 20 et 30 km de la centrale, malgré les recommandations d’évacuer.
La ville de Date va distribuer un dosimètre par enfant. Cela fait un total de 8 000 dosimètres.

Mardi 14 juin, la ville de Fukushima a aussi annoncé qu’elle allait pourvoir chaque enfant d’un dosimètre d’ici l’automne, le temps d’acheter 34 000 appareils.

Samedi 18 juin, la préfecture de Fukushima a annoncé lancer un programme de suivi de la santé d’une partie de sa popualtion sur une trentaine d’années. L’étude va commencer en juillet sur un petit nombre de personnes (une centaine) qui ont été exposées à une forte irradiation ambiante comme les résidents de Iitate ou Namié par exemple. Ces personnes vont subir des tests de contamination interne du corps entier, de la thyroïde, des urines… Ils auront aussi à remplir un questionnaire détaillé qui devrait permettre de reconstituer la dose reçue. Ce questionnaire concernera aussi bien leur comportement (temps passé dehors…) que leur régime alimentaire.  Ces données seront conservées pendant 30 ans et les personnes suivies.
Cette étude préliminaire devrait permettre ensuite d’engager une étude plus ambitieuse sur une plus large population.

Dimanche 19 juin, environ 80 parents d’élève et enseignants d’une école de Daté (Tsukidaté) ont passé une école au jet d’eau à haute pression pour tenter de la décontamier.

Lundi 20 juin, la ville de Kawaguchi dans la préfecture de Saitama, dans la banlieue de Tokyo, est la première à abaisser la limite de dose maximale admissible pour les enfants. Elle l’a fixée à 1,64 millisieverts par an, ce qui se traduit par 0,31 microsievert par heure si l’on suppose que les enfants passent 8 heures par jour dehors. En cas de dépassement de cette limite horaire, les activités de plein air seront limitées à 3 heures par jour. La ville a déjà fait des contrôles sur une dizaine de site par deux fois et le débit de dose maximal enregistré était de 0,16 microsievert par heure.
Les 1,64 millisieverts annuels correspondent à 1 millisievert par an fixé par la CIPR pour les expositions aux radiations d’origine humaine, plus 0,34  millisievert par an dû au bruit de fond naturel, plus 0,3 millisievert par an dû au rayonnement cosmique.

Jeudi 23 juin, la ville de Noda et d’autres municipalités du Nord-Ouest de la province de Chiba ont adopté les mêmes critères que Kawaguchi et elle a fait une investigation détaillée des retombées. Une cour de crèche dépassant la nouvelle limite a été interdite d’accès.
Noda et 5 autres municipalités ont créé un comité anti-radiations qui doit prendre des mesures pour limiter l’impact de la contamination, mais toutes n’ont pas les mêmes critères. Sur ces 6 municipalités, 4 ont des contaminations qui dépassent la nouvelle limite, dont Kashiwa où l’ACRO a trouvé de fortes contaminations.
Le gouvernement a annoncé vouloir constituer un fond de 887 millions d’euros pour faire un suivi pendant 30 ans de la santé de 2 millions de personnes de la province de Fukushima exposées au retombées radioactives. Il va demander à TEPCo de contribuer à hauteur de 25% environ.

Vendredi 24 juin, un groupe de médecin a procédé à des examen médicaux sur une quizaine de personnes de Iitate et Kawamata, deux villages particulièrement exposés et non évacuées jusqu’à la fin mai. Ils ont analysé la nourriture et les urines de ces persones ont ont calculé une dose reçue de 3 millisieverts pour la période allant du 11 mars à la fin mai, ce qui est 3 fois plus que la limite annuelle autorisée en teps normal. Ces médecins recommandent que ces personnes arrêtent de manger des légumes locaux.

Dimanche 26 juin, l’urine d’une quinzaine de résidents de Iitate et Kawamata, villages particulièrement contaminés, a été analysée. Des prélèvements ont eu lieu début et fin mai sur des personnes âgées de 4 à 77 ans. Le césium a été détecté à chaque fois chez tous les résidents. De l’iode 131 aussi lors de la première campagne. L’estimation de dose faite par cette étude conduit à une exposition interne allant jusqu’à 3,2 millisieverts, qui viennent s’ajouter à l’irradiation externe.

Lundi 27 juin, les autorités provinciales de Fukushima ont commencé à mesurer la contamination interne d’un groupe d’habitants sélectionnés. Il va étendre son programme aux 2 millions d’habitants de la province. Une dizaine de personnes âgées de 31 à 67 ans ont subi des examens au NIRS à Chiba. 120 personnes choisies au hasard font partie de ce premier groupe qui aura droit à une anthropogammamétrie (WBC en anglais et japonais) et une analyse des urines. Elles devront aussi remplir un questionnaire détaillé sur leur emploi du temps depuis le début de la catastrophe.

Mardi 28 juin, 34 000 enfants vivant vont être équipés de dosimètres. Ils seront distribués par la municipalité en septembre aux enfants âgés de 4 à 15 ans vivant dans la ville de Fukushima.

Jeudi 30 juin, l’ACRO a rendu publics des résultats de mesure sur des urines d’enfants vivant dans la ville de Fukushima à une soixantaine de kilomètres de la centrale : toutes sont contaminées par du césium 134 et du césium 137. L’association demande que la contamination interne soit prise en compte dans l’évaluation des doses reçues par la population et qu’une investigation systématique de la contamination interne soit menée de façon à détecter les cas de forte contamination. Les résultats sont ici.
Par ailleurs, le gouvernement a recommandé d’évacuer à 113 familles de Daté qui vivent à proximité de points chauds, c’est à dire de zones où la contamination des sols dépasse les limites fixées par les autorités. Les familles qui choisiront de partir recevront un soutien financier.

Juillet – Août 2011

Mardi 5 juillet, la Nuclear Safety Commission a annoncé que 45% des enfants contrôlés de la province de Fukushima ont eu la thyroïde contaminée. L’étude a été menée sur 1 080 enfants âgés de 0 à 15 ans d’Iwaki, Kawamata et Iitate entre le 26 et le 30 mars.

Dimanche 24 juillet, les autorités régionales de Fukushima ont décidé de contrôler régulièrement la thyroïde de 360 000 enfants âgés de moins de 18 ans. Les tests gratuits débuteront en octobre de cette année. Ils seront renouvelés au bout de 2 ans en incluant toutes les personnes de moins de 20 ans. Les examens par échographie auront lieu tous les 5 ans pour les personnes de plus de 20 ans. Les autorités espèrent ainsi avoir vu tout le monde d’ici mars 2014 et compte sur une aide financière du gouvernement.
Les autorités régionales vont aussi distribuer des livrets pour que toutes les personnes y consignent tout ce qui permet d’estimer les doses reçues. Les populations sont assez désemparées face aux questions : comment savoir le temps passé dehors ou ce que l’on a mangé il y a 4 mois ?

Lundi 25 juillet, d’après les autorités, sur les 122 personnes qui ont subi des tests de contamination interne fin juin, la moitié environ avaient du césium dans les urines. Les autorités parlent de niveau faible et déclarent que la dose engendrée par cette contamination interne sur un an est inférieure à 1 millisievert. Les résultats de mesure peuvent être téléchargés ici en japonais. Ils montrent que la limite de détection est élevée : 13 becquerels par litre, ce qui est assez élevé par rapport aux mesures de l’ACRO. Le nombre de personnes dont les urines étaient réellement contaminées est bien plus grand.

Mardi 26 juillet, un groupe de travail de la commission sur la sécurité alimentaire a recommandé que la dose reçue sur une vie de dépasse pas les 100 millisieverts en plus de la radioactivité naturelle. Il a aussi pointé la vulnérabilité des enfants, sans pour autant donner de recommandations spécifiques par manque de données scientifiques. Les concentrations limites dans la nourriture pourraient être revues à l’aune de ce rapport.

8 et 10 août 2011, la presse fait état de la mauvaise utilisation de logiciel SPEEDI qui a conduit à exposer les populations aux retombées radioactives. Alors qu’à la centrale on s’apprêtait à dépressuriser un réacteur et donc rejeter massivement des gaz dans l’atmosphère, les calculs SPEEDI prédisaient que l’école élémentaire Karino située à Namié à 10 km de la centrale serait sous les vents dominants. Mais l’école n’a pas été évacuée. Au contraire, elle a servi de centre d’évacuation. Les données des calculs de SPEEDI ont été envoyée à l’autorité de sûreté nucléaire (NISA), mais elles se sont arrêtée là. Ni le cabinet du premier ministre en charge de l’évacuation, ni les autorités locales n’ont eu accès à ces données. Et des milliers de personnes sont restées dans des zones à haut risque. A l’école Karino, environ 400 personnes étaient rassemblées et étaient à l’extérieur sans être informées des dangers. Certains parents ont cuisiné à l’extérieur et d’autre ont utilisé de l’eau d’un ruisseau de montagne. Ils sont restés ainsi pendant 3 nuits dans le district de Tsushima.
Le maire de Namié a expliqué qu’il lui a fallu 24 heures pour réaliser en regardant la télévision que ces personnes étaient en danger. Il a donc envoyer un bus qui en a transporté certaines vers un autre lieu d’évacuation, lui aussi exposé… les autres personnes ont été livrées à elle-même. L’utilisation des résultats de prévision a été paralysée par des ruptures de communication et un manque de compréhension de base du système au plus haut niveau.
Il est difficile d’évaluer la dose reçue à ce moment là. Les autorités n’ont pas l’intention de mener des tests prioritaires de dépistage de la contamination pour ces personnes.
Créé en 1986 pour un coût de 11 milliards de yens (100 millions d’euros), le système SPEEDI, testé lors d’exercices de crise (parfois même en présence du premier ministre…), s’est révélé inefficace. C’est une grande leçon pour tous les autres pays. Pour un conseiller du premier ministre, le système n’était pas plus utile que de simples prédictions météo. Certaines de ses stations de mesure ont été ravagées par le tsunami. Des pannes d’électricité ont aussi perturbé son fonctionnement.
Il semblerait aussi qu’il y a un mal-entendu au plus haut niveau des informations données par SPEEDI : quand la quantité de radioactivité rejetée est connue, elle est entrée dans le système. Quand elle n’est pas connue, ce qui était le cas à Fukushima, la valeur par défaut est de 1 Bq par heure, ce qui extrèmement faible. Les débits de dose qui sortent du calculs sont alors très faibles et peu alarmistes, même s’ils sont complètement irréalistes. Ces données n’étaient pas publiques.
Evidemment, comme toujours en pareil cas, les protagonistes se rejettent la faute et il est difficile de déméler les responsabilités. M. Kosako, le conseiller qui a démisionné, a dit que le cabinet du premier ministre a refusé de publier les données SPEEDI une fois qu’il les avait afin de limiter le nombre de personnes à évacuer dans cette situation de crise extrême.

Jeudi 11 août, la Nuclear Safety Commission a retiré du web les données de mesure sur la thyroïde effectuée en mars sur un millier d’enfants. Elle craint que les enfants peuvent être identifiés. Un enfant de 4 ans d’Iwaki par exemple a été exposé à 35 millisieverts (à la thyroïde, à ne pas confondre avec les valeurs pour le corps entier). L’adresse de cet enfant était publique. La NSC devrait publier ces données tout en préservant l’identité des personnes.

Vendredi 12 août, le ministère de l’environnement mène une étude épidémiologique sur 100 000 groupes mère-enfant sur tout le pays. Les enfants sont suivi entre la grossesse de la mère et l’âge de 13 ans. Il y a 7000 groupes dans la province de Fukushima pour lesquels le ministère va ajouter la radioactivité à son étude.

Samedi 13 août, a été présentée une étude menée sur 1 149 enfants de la province de Fukushima dont la glande thyroïde a été testée en mars. De l’iode radioactif a été détecté chez environ la moitié des enfants. La dose à la thyroïde la plus forte qui ait été calculée est de 35 millisieverts (à ne pas confondre avec les valeurs pour le corps entier). Mais la limite de détection n’est pas donnée : elle est peut-être trop élevée et seulement la moitié apparaît comme contaminés…

Dimanche 14 août, les tests de contamination ont eu lieu sur 900 personnes de Minami-Sôma (569 personnes de plus de 15 ans et 330 de moins de 15 ans). Extrapolés sur 50 ans, la contamination en césium ne conduirait pas à une exposition interne supérieure à 1 millisievert, sauf pour une personne.

Mercredi 17 août, plusieurs ONG japonaises ont lancé un appel au Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme à venir constater les violations de ces droits au Japon suite à la limite de 20 millisieverts par an fixée par les autorités. Un argumentaire détaillé de 16 pages est disponible ici en anglais.
Une réunion a eu lieu à Iwaki, dans la province de Fukushima, pour expliquer aux familles des enfants examinés les conséquence des contaminations internes détectées. Ce sont les résidents qui ont demandé cette réunion aux officiels. Selon la presse, ils ne sont pas ressortis convaincus. Les contrôles ont été effectués à Iwaki, Kawamata et Iitate entre le 24 et 30 mars. Il apparaît que 45% des enfants ont une contamination interne : mais la limite de détection n’est pas connue. elle est peut-être trop élevée et seulement la moitié des enfants apparaît comme contaminés… Les statistiques présentées donnent que 26% des moins de 16 ans avaient une contamination interne conduisant à un débit de dose de 0,01 microsievert par heure, 11% 0,02 microsievert par heure. Au moins un enfant avait une contamination interne de 0,10 microsievert par heure,  mais les autorités se sont montrées rassurantes : un tel niveau de poserait pas de problème. Elles avaient fixé au préalable la limite 0,2 microsievert par heure à partir de laquelle des examens médicaux complémentaires seraient nécessaires. Ces données sont sur 1 080 enfants de moins de 16 ans, y compris des bébés.
Ces mesures ont été faites assez tardivement et les calculs supposent une exposition constante entre le 12 et le 24 mars. Mais les rejets ont culminé dans les 5 jours qui ont suivi l’explosion du 12 mars. Et comme l’iode 131 a une demi-vie de 8 jours, l’exposition interne pourrait être plus élevée qu’annoncée.

Vendredi 19 août, le ministère des sciences et technologies a rendu publique une carte des doses cumulées sur 5 mois mesurées en 4 283 points. C’est la première fois qu’il y a des données en une cinquantaine de points de la zone interdite située en-deça des 20 km : à Okuma, district de Koirino, située à 3 km au Sud-Ouest la dose cumulée est de 278 millisieverts. Extrapolée à un an, cette dose atteindra 508,1 millisieverts. Le débit de dose y est de 75 microsieverts par heure. La dose annuelle dépasse les 100 millisieverts en 7 points de Okuma.
A 20 km, c’est à Namié, district de Kawabusa, que la dose est la plus élevée : 115 millisieverts sur 5 mois, ce qui donne 229 millisieverts extrapolés sur un an. Dans un autre district de Namié, situé à 8 km de la centrale, la dose annuelle est estimée à 4,1 millisieverts.
Dans le district de Nagatsuka à Futaba, situé à 5 km au Nord Ouest, la dose annuelle est estimée à 172.4 millisieverts par an.
Ces doses correspondent à 8 heures par jour à l’extérieur et 16 heure à l’intérieur. Les populations ne sont pas prêtes de rentrer…
Les débits de dose instantanés début août sont ici. Les doses cumulées au 7 août en dehors de la zone des 20 km sont ici.
La nouvelle carte n’est pas encore en ligne, mais le Maïnichi donne une liste de valeurs en japonais.

Mercredi 24 août, les autorités envisagent de baisser la limite de dose acceptable pour les activités extérieures dans les écoles. Actuellement, elle est de 3,8 microsieverts par heure et les autorités veulent passer à 1 microsievert par heure en aidant à la décontamination. Il s’agit d’une concession faite aux nombreuses critiques sur la limite de dose considérée par beaucoup comme trop élevée. Il s’agit aussi de prendre acte des nombreux efforts de décontamination faits par les municipalités. Les autorités envisagent aussi d’aider financièrement cette décontamination afin d’abaisser la dose maximale reçue par les enfants en dessous de 1 millisievert par an.
Un recensement a montré que 17 651 enfants, soit environ 8% des enfants de la province de Fukushima ont quitté les établissements scolaires pour aller ailleurs. Dans 70% des cas, c’est par crainte des radiations.

Jeudi 25 août, les cours reprennent dans la majorité des écoles de la ville de Fukushima et à Daté, les enfants ont déjà reçu des dosimètres. Dans de nombreuses écoles, des opérations de décontamination ont eu lieu pendant les vacances.

Vendredi 26 août, le gouvernement s’est donné comme but de ramener l’exposition à la radioactivité dans les zones résidentielles à en dessous de 1 millisievert par an dans un délai de 2 ans. La décroissance naturelle et donc la disparition progressive des éléments radioactifs devrait contribuer pour 40% à cette diminution. Les zones où les enfants sont présents (écoles, parcs…) auront la priorité en terme de décontamination.

Septembre 2011

Jeudi 1er septembre, dans la plupart des autres écoles de la province de Fukushima les cours reprennent avec une semaine de retard à cause des travaux de décontamination. Les enfants ont reçu un dosimètre individuel en ce jour de rentrée…

Mercredi 7 septembre, l’ACRO a publié de nouveaux résultats d’analyse sur les urines des enfants qui montrent que tous les enfants de Fukushima ont été ou sont contaminés. Ceux qui ont été évacués très tôt vers d’autres provinces ne le sont plus. Ceux qui sont restés, le sont encore, plus de quatre mois et demi après la catastrophe (date des prélèvements). Les enfants de Tokyo et des ses environs qui ont été contrôlés ne présentaient pas de contamination.

Selon une étude faite par des universitaires japonais et parue dans la prestigieuse revue scientifique Nature (en libre accès), la dose maximale reçue par les habitants de Namié qui ont été évacués à Fukushima, Koriyama et Nihonmatsu est de 68 millisieverts pour la première année. La dose reçue dans la zone pendant les deux mois qui ont précédé l’évacuation atteint les 50 mSv. Le reste correspond à la dose reçue sur le lieu d’évacuation. S’ils étaient restés, ils auraient reçu une dose de 190 mSv pour la première année, selon l’étude. L’évacuation est donc justifiée selon les auteurs. L’équipe a mesuré la radioactivité ambiante au-delà des 20 km en 1623 points à la fin avril. Le débit de dose le plus élevé est de 32 microsieverts par heure. Dans la ville de Fukushima, 3,2 microsieverts par heure. Tous ces calculs ne prennent en compte que l’iraadiation externe et supposent que les personnes passent 8 heures par jour à l’extérieur.

Jeudi 8 septembre, le National Consumer Affairs Center of Japan, une agence gouvernementale de protection des consommateurs, a testé 9 radiamètres bon marché (prix inférieur à 100 000 yen ou 1 000€) et a conclu qu’ils n’étaient pas assez précis. Ces appareils sont : AK2011, BS2011+, DoseRAE2 PRM-1200, DP802i, FJ2000, JB4020, RAY2000A, SW83 et SW83a. Le détail de l’étude est ici en japonais. Les autorités municipales de Tokyo ont acheté 70 DoseRAE2 PRM-1200 et en ont distribué 2 par arrondissement…

Dimanche 11 septembre, débute à Fukushima un colloque international très controversé. Il financé par la Nippon Foundation, créée par Ryoichi Sasakawa, personnage connu pour ses opinions d’extrême droite et ses activité louches pendant la guerre. La fondation qui porte son nom a été déboutée de la plainte en diffamation contre une chercheuse française qui l’avait accusé de porter le nom d’un ancien criminel de guerre de classe A. (Voir ici). Le colloque lui même est présidé par le professeur Shunichi Yamashita qui n’a eu cesse de minimiser les conséquences de la radioactivité sur la santé. La sélection des intervenants est telle que l’on peut s’attendre à une vaste opération de communication visant à minimiser les conséquences de la catastrophe. Les “experts” étrangers invités ont été alertés par des associations et ont maintenu leur participation en connaissance de cause.

Lundi 12 septembre, parmi les 3 373 habitants de la province de Fukushima qui ont bénéficié d’une anthropogammamétrie, deux enfants de Namié ont reçu une dose interne estimée à plus de 2 millisieverts. Pour 5 autres, c’est 1 millisievert.

Mardi 13 septembre, le National Cancer Center a demandé que des dosimètres soient distribués rapidement à toute la population de Fukushima car leur étude sur les seuls personnels soignants n’a rien donné. Ces personnels étaient dotés d’un dosimètre individuel, mais l’étude statistique n’a pas permis de trouver une corrélation entre la dose reçue et le temps passé à l’extérieur. Estimer la dose reçue par les habitants en leur demandant le temps passé à l’extérieur ne marchera donc pas. L’étude a eu lieu entre le 1er et le 31 mai sur 147 personnes. La dose cumulée pendant cette période allait de 0,1 à 0,3 millisieverts à Kawamata, jusqu’à 0,1 millisievert à Tamura et jusqu’à 0,7 millisieverts à Minamisoma. L’exposition variait beaucoup entre les individus d’une même commune. 85 des 147 personnes ont noté le temps passé à l’extérieur.

Mercredi 14 septembre, la presse japonaise signale Nobuyoshi Ito qui a décidé de ne pas évacuer Iitate-mura et de servir de cobaye. Cet homme de 67 ans continue à vivre comme d’habitude et ne porte pas de masque quand il sort. Il est un des neufs résidents d’Iitate à ne pas être parti. Il mesure le niveau de dose autour de chez lui tous les jours et trouve généralement deux fois plus que ce qui est mesuré vers la mairie située à 8 km. Il en a déduit que la dose due à l’irradiation externe qu’il recevra la première année est d’environ 24 millisieverts. Il continue à cultiver des légumes, qu’il ne consomme pas, pour étudier le transfert de la pollution radioactive. Il a en particulier cultivé des tournesols supposés pomper le césium du sol, mais ses résultats contredisent les espoirs portés dans cette plante : la concentration en césium des racines n’est que de 38% de celle du sol et celle des fleurs et tiges, négligeable.

Mardi 27 septembre, les autorités régionales de Fukushima se sont donné comme objectif de décontaminer en deux ans à un niveau correspondant à 1 millisievert par an ou moins. Le gouverneur a appelé les habitants à prêter main forte aux opérations.

Mercredi 28 septembre, le gouvernement a décidé de décontaminer à partir d’environ 1 microsievert par heure, ce qui correspond à 5 millisieverts par an en supposant que les gens passent 8 heures par jour à l’extérieur et qu’il n’y a pas d’autre source d’irradiation. Pour cela, le sol va être retiré sur une épaisseur de 5 cm.
En ce qui concerne les points chauds dans les villes, le gouvernement se fixe 1 mSv par an comme objectif. Cela représente 640 km2 dans les provinces touchées par les retombées et une prévision de 400 000 m3. Si les municipalités veulent appliquer des niveaux plus bas, elles pourront prendre en charge les travaux de décontamination complémentaires.
Pour les forêts, le gouvernement va faire ramasser les feuilles et branches mortes plutôt que de racler le sol. Le gouvernement espère ensuite réduire le volume en les incinérant.
Le gouvernement estime à au moins 10 milliards d’euros le coût de la décontamination. Et il n’a pas pris en compte la décontamination des zones les plus contaminéescar il n’a pas encore de plans.

Jeudi 29 septembre, le Wall Street Journal publie une enquête sur la distribution, ou plutôt la non-distibution de “pastilles d’iode”. Comme dans la majorité des communes situées à proximité d’une installation nucléaire, il y avait de vastes stocks de pilules de iodure de potassium (KI). Mais les autorités locales doivent attendre les ordres des autorités centrales avant de les distribuer. Et l’ordre n’est arrivé que 5 jours après le début de la catastrophe bien que les spécialistes aient demandé la distribution immédiate. La majorité des 100 000 habitants évacués étaient déjà partis et les premiers rejets massifs avaient déjà eu lieu. Or, ces pastilles doivent être prises avant l’exposition, ou au maximum deux heures plus tard. Après, elles ne sont plus très utiles.
Un des responsables de la commune de Kawauchi explique que les résidents ne savaient même pas qu’il y avait des pilules stockées qui n’attendaient qu’à être utilisées. Elles sont toujours là, même s’il n’y a plus personne…
Certaines municipalités (Futaba, Tomioka, Iwaki et Miharu) ont pris la décision de distribuer les pilules sans attendre les ordres du gouvernement. A Iwaki, il a été demandé aux habitants d’attendre les ordres. A Miharu, les gens les ont prises et se sont fait réprimander par les autorités régionales. A Namié, où la contamination des sols s’est révélée être très élevée, personne n’a pris d’iode.
Pour l’autorité de sûreté nucléaire, ce problème est à mettre sur le compte du chaos qui règnait à la cellule de crise au début de l’accident. La NISA a finalement donné l’ordre de prendre les pastilles dans un rayon de 20 km le 16 mars, quatre jours après l’ordre d’évacuation de la zone…
Et les populations ont été contaminées par les retombées de la catastrophe ! Le WSJ en veut pour preuve la décision prise de relever le seuil de décontamination. Avant la catastrophe, quiconque qui a une contamination supérieure à 13 000 cpm (coups par minute) doit prendre une pilule d’iodure de potassium, doit changer d’habits et être décontaminé. Cette limite s’est révélée irréaliste et a été remontée à 100 000 cpm le 14 mars par les autorités régionales de Fukushima. Entre 13 000 et 100 000 cpm, les personnes de voyaient remettre des serviettes humides pour essuyer leurs habits et pas de pastille. Durant le mois de mars un millier d’habitants avaient une contamination comprise en 13 000 et 100 000 cpm, et 102 au-dessus de 100 000 cpm.
La NSC a, le 14 mars, recommandé de garder la limite de 13 000 cpm car cela correspond à un niveau d’exposition de la thyroïde pour lequel l’AIEA recommande la prise de pilule d’iodure de potassium. Et l’OMS recommande l’administration de ces pastilles à un dizième de cette limite pour les enfants. La NSC a cédé le 20 mars. Dans un communiqué, la Commission a noté que la limite de 100 000 cpm est autorisée par l’AIEA dans la phase initiale d’une urgence nucléaire.

Une élue a rapporté que des enfants d’une école de Fukushima ont été stigmatisés par leur enseignant car ils ont refusé de boire du lait pendant le repas de midi. Il les as traités de traitres. Ce témoignage est visible sur Youtube.

Octobre 2011

Dimanche 2 octobre, le ministre de la catastrophe nucléaire, a finalement dit au gouverneur de Fukushima que l’état prendrait à sa charge la décontamination jusqu’à un niveau de 1 mSv par an contre 5 mSv par an lors du précédent engagement. Mais il s’est bien garder de dire si cette nouvelle limite s’appliquait en dehors de Fukushima. Les provinces de Tochigi et Gunma sont concernées. Le coût de cet engagement n’a pas été chiffré.

Mardi 4 octobre, une ONG, the Japan Chernobyl Foundation, a rendu publics les résultats d’examen thyroïdaux conduits sur 130 enfants de Fukushima. 10 d’entre eux avaient un taux d’homones thyroïdales anormaux. Il n’est pas possible de savoir actuelement si cela est dû aux retombées de la centrale de Fukushima car de tels tests n’étaient pas effectués sur les enfants avant la catastrophe. 3 des 10 enfants concernés vivaient dans la zone des 20 km avant l’accident et un dans la zone comprise entre 20 et 30 km.

Les autorités régionales de Fukushima vont installer des dosimètres dans 500 écoles et une centaines de lieux publics. Les résultats, remis à jour toutes les 10 minutes, pourront être consultés sur Internet. Le détecteur est installé à 50 cm du sol.

Mercredi 5 octobre, les mesures de débit de dose faites par le prof. Yamauchi de l’université de Kobé à la demande de citoyens japonais sont inquiétantes : dans un bâtiment utilisé pour les activités extra-scolaires d’une école primaire de Watari dans la commune de Fukushima, il a mesuré 0,33 microsievert par heure près du sol, 0,52 près des poutres et 0,72 près du plafond. Sur le toit, c’est 1,74 microsievert par heure, bien qu’il ait été “décontaminé” à l’aide d’eau sous pression. Si pour les cours d’école, il a été possible d’enlever une grande partie de la radioactivité en raclant le sol, pour le toit et ses tuiles en ciment, il semble qu’il n’y ait pas d’autre solution que de changer les tuiles, ce qui va générer une grande quantité de déchets radioactifs. Il en est de même pour l’asphalte.

Dimanche 9 octobre, les autorités régionnales de Fukushima ont commencé les examens thyroïdaux des 360 000 enfants de la province. 150 enfants des zones évacuées ont eu droit à une échographie ce jour. Tous les enfants devraient être examinés d’ici 2014. Ils seront ensuite examinés tous les deux ans jusqu’à l’âge de 20 ans. Après, ce sera tous les 5 ans. Si des lésions étaient détectées, les enfants subiront des tests complémentaires.
Les autorités régionales avaient initialement prévu débuter ces examens de la thyroïde en 2014 car les symptômes éventuels n’arriveront pas avant. Mais face à l’angoisse des parents (20 000 ont téléphoné à la hotline mise en place), cela commence plus tôt que prévu.
Environ 30 médecins de l’hôpital universitaire de Fukushima vont effectuer ces examens. Mais cela ne suffit pas, il en faudrait au moins le double.
De plus, 10 000 personnes ont quitté la province de Fukushima depuis l’accident. Les autorités régionales, qui prennent en charge ces examens médicaux, veulent aussi les faire osculter. Elles vont donc tenter de proposer un centre d’examen par province dans tout le pays. Elles ne connaissent pas toujours les adresses des personnes qui sont parties.

Jeudi 20 octobre, les autorités régionales de Fukushima ont contrôlé la contamination interne de 4 463 personnes au 30 septembre et ce sont deux garçons de Futaba âgés de 4 à 7 ans qui sont les plus contaminés. Cette contamination va entraîner une dose de 3 millisieverts sur toute leur vie. Huit autres personnes avaient une contamination conduisant à 2 millisieverts, 6 à 1 millisievert. Pour tous les autres, la contamination interne conduit à une dose sur la vie inférieure à 1 millisievert.

Une émission de la télé en ligne Our-planet TV enquête sur les symptômes liés aux radiations. Le reportage date du 14 juillet, mais il vient d’être traduit en anglais et peut être visualisé sur Youtube.

Mardi 25 octobre, l’hôpital de Minami-Sôma a détecté des traces de césium chez environ la moitié des enfants qu’il a contrôlé depuis la fin septembre. Il y avait moins de 10 becquerels par kilo chez 199 d’entre eux ; entre 10 et 20 Bq/kg chez 65 d’entre eux ; entre 20 et 30 Bq/kg chez 3 d’entre eux. Un enfants avait entre 30 et 35 Bq/kg. L’hôpital ne sait pas si c’est dû à l’exposition au panache ou à la nourriture. On ne connaît pas la limite de détection.

Jeudi 27 octobre, après le Wall Street Journal (cf le 29 septembre), c’est au tour du Asahi de dénoncer la non-distribution d’iode au début de la catastrophe. La Nuclear Safety Commission (NSC) aurait demandé au gouvernement de distribuer les comprimés, mais il n’aurait rien fait. Au moins 900 personnes auraient dû en prendre selon les normes de la NSC, c’est à dire à partir d’une contamination de 10 000 cpm (coups par minute). La commission aurait envoyé deux fax en ce sens dans la journée du 13 mars, c’est à dire dès le lendemain de la première explosion.
Selon le gouvernement, sur les 230 000 personnes qui ont été contrôlées dans les centres d’accueil ou de santé, plus de 900 avaient une contamination supérieure à 13 000 cpm.

Lundi 31 octobre, l’Isotope Research Institute, qui est un laboratoire privé, a annoncé qu’il allait analyser gratuitement les urines des enfants de moins de 6 ans vivant dans la préfecture de Fukushima pour rassurer les parents. Le dépistage du césium et du strontium débutera en décembre. La limite de détection est de 2 becquerels par litre. Pour candidater, c’est ici en japonais.

Novembre – Décembre 2011

Mardi 1er novembre, la ville de Minami-Sôma a fait faire une anthropogammamétrie (WBC, Whole Body Counting) à 2884 enfant scolarisés, 274 d’entre eux étaient contaminés. Le niveau le plus élevé a été détecté chez une fillette de 8 ans : 1 192 becquerels de Cs-134 et 1 723 becquerels de Cs-137. Cela entraînerait une dose sur la vie de 0,43 millisieverts.
La répartition de la contamination chez les autres enfants donnée dans la presse est comme suit :

Concentration en Cs137 (Bq/kg) 0-5 5-10 10-15 15-20 20-25 25-30 30-35 40-45 45-50
Nombre d’enfants 64 135 55 11 4 ? 3 1 1

Par ailleurs, les autorités municipales de Fukushima ont déclaré qu’une fillette de CE1 a subit une exposition de 1,7 millisievert en septembre, selon les indications sur son dosimètre. Ses trois frères ont reçu une dose entre 1,4 et 1,6 millisievert pendant la même période. Leur habitation est située à proximité d’un point chaud. La famille a quitté les lieux. Les autorités municipales ont collecté les dosimètres de 36 478 résidents (enfants et femmes enceintes) : 99% d’entre eux indiquaient une dose inférieure à 0,3 millisievert pour le mois de septembre. Mis à part ces 4 enfants, aucun autre résident n’a reçu une dose supérieure à 1 millisievert.

Samedi 5 novembre, le RHC Japan a analysé les urines de 1 500 enfants de moins de 6 ans de Minami-Sôma avec un scintillateur NaI qui a une limite de détection de 20 Bq/l. 104 enfants, soit 7%, avaient une contamination en césium dépassant cette limite. Pour la plupart d’entre eux, la contamination détectée est inférieure à 30 Bq/l. Un enfant d’un an avait une contamination de 187 Bq/l.

Mardi 8 novembre, le gouvernement a prêté 700 appareils de mesure du débit de dose aux représentants des 59 communes de Fukushima. Le Ministère des sciences et technologies veut en prêter 6 000 en tout d’ici février. Les autorités régionales vont en recevoir 1 000. Les autres seront distribués au prorata du nombre d’habitants avant la catastrophe. Ce programme va coûter 1,3 milliards de yens (12 millions d’euros).

Samedi 12 novembre, les doses intégrées jusqu’à la fin septembre mesurées en différents points au-delà des 20 km de la centrale sont disponibles ici en anglais et japonais.

Mardi 15 novembre, les premières statistiques issues des contrôles de la thyroïde effectués sur les enfants de moins de 18 ans mettent en évidence que 77% des enfants examinés entre le 9 octobre et le 13 novembre ont des anomalies. Ce taux est inférieur à 30% habituellement. 25% d’entre eux ont quitté la province de Fukushima et ne sont revenus que pour l’examen médical. Ces examens seront effectués sur 360 000 mineurs environ.

Vendredi 25 novembre, saignements de nez, diarrhées, toux, des thyroïdes enflées, etc… le blog “Fukushima” fait le point sur ces “petites” maladies qui seraient en augmentation chez les enfants exposés à la radioactivité et qui ne sont pas prise en compte par les autorités. C’est ici en français.

Vendredi 2 décembre, selon les travaux de Shogo Higaki de l’université de Tokyo, les simples masques vendus partout sont efficaces pour empêcher l’inhalation de poussières et pollens contaminés : presque tout le césium a été arrêté par le masque qu’il portait entre le 15 mars 15h au 16 mars 9h et un tiers de l’iode.

Samedi 3 décembre, la dose cumulée mesurée par un dosimètre placé dans la ville de Fukushima vient de dépasser les 10 millisieverts. Les débits de dose instantanés en différents points de la province de Fukushima sont disponibles en ligne en japonais ici.

Dimanche 4 décembre, la province de Miyagi qui jouxte celle de Fukushima, au Nord, a commencé à contrôler la thyroïde de 83 enfants de la ville de Marumori. Si la dose par irradiation externe est inférieure à 1 millisievert par an dans la plus grande partie de la province, elle est estimée à 4,1 et 2,8 millisieverts par an dans deux quartiers de la ville. La contamination interne à l’aide d’une anthropogammamétrie (Whole Body Counter, WBC) sera aussi contrôlée.

Jeudi 8 décembre, selon une analyse menée par les autorités régionales sur 1730 personnes résidant dans des zones très contaminées de trois municipalités comme Iitate-mura, la dose moyenne reçue sur les 4 premiers mois de la catastrophe dépasse le 1 millisievert (qui la dose maximale annuelle à ne pas dépasser pour le public en temps normal) et la plus forte dose est de 37 millisieverts. Environ la moitié des personnes contrôlées ont reçu une dose externe supérieure à 1 mSv pendant cette période. Une quarantaine d’entre eux ont reçu une dose comprise entre 5 et 10 mSv et une dizaine, plus de 10 mSv. Les personnes les plus exposées sont celles qui sont restées dans les parties les plus contaminées de la zone comprise entre 20 et 30 km.
Il s’agit des premières statistiques publiées pour le village d’Iitate, le district d’Yamakiya dans la municipalité de Kawamata et de Namié, qui regroupent 29 000 personnes en tout. Ce sont les personnes qui ont rempli le plus rapidement les questionnaires sur ce qu’elles ont fait au début de la catastrophe afin de pouvoir reconstituer la dose, qui sont concernées par cette étude. Pour les 15 premiers jours, les personnes consultées devaient donner leur emploi du temps minute par minute afin d’estimer le temps passé dehors. Puis, entre le 26 mars et le 11 juillet, ces personnes devaient indiquer sur leur lieu de vie et leurs activités régulières. L’exposition a ensuite été calculée en utilisant les données sur la dispersion des rejets calculée par le logiciel SPEEDI.
Cette estimation ne prend en compte que l’irradiation externe et pas la contamination interne qui vient s’ajouter. Mais personne n’aurait dépassé les 100 mSv, même en prenant en compte l’ingestion de produits contaminés.

Vendredi 9 décembre, la ville de Koriyama a mené une étude systématique à partir des dosimètres des 25 551 enfants scolarisés. Les doses reçues par irradiation externe ont été mesurées quotidiennement à l’aide de dosimètres individuels entre le 5 octobre et le 6 novembre, puis extrapolées sur une durée d’un an. La valeur moyenne est de 0,12 millisievert sur un mois (une fois le bruit de fond naturel retranché), soit 1,33 millisieverts sur un an, ce qui est plus que la limite maximale pour le public en temps normal (1 mSv). Les statistiques pour un mois donnent :
moins de 0,1 millisieverts : 32.73% ; 0,10-0,19 millisieverts : 61,31% ; 0,20-0,29 millisieverts : 5,71% ; 0,30-0,39 millisieverts : 0,23% ;  0,40-0,45 millisieverts : 0,02%. La plus forte dose mesurée chez 4 enfants est de 4,98 millisieverts sur un an.
La deuxième phase de l’étude a débuté le 7 novembre et dure jusqu’au 9 janvier. La troisième phase commencera le 10 janvier pour se terminer le 1er mars.

Mardi 13 décembre, les autorités régionales de Fukushima ont publié les résultats des premières évaluations de dose reçue par 1727 personnes d’Iitaté, Namié et Kawamata durant les 4 premiers mois de la crise. Ce qu’il y a de nouveau par rapport au 8 décembre (ci-dessus), c’est que les données sont en ligne en japonais : le résumé est ici ; l’exposition estimée de la thyroïde ici et l’exposition du corps entier ici.
La plus forte dose est de 14,5 millisieverts. La personne qui a reçu 37,4 millisieverts a travaillé sur le site de la centrale accidentée.
Les autorités régionales ont aussi fait des estimations de dose reçue en se basant sur 18 scénarios différents : le cas le plus pénalisant concerne un habitant hypothétique d’Iitate qui a été évacué fin juin : 19 millisieverts. Le moins pénalisant, celui d’un habitant de Hirono qui est parti le 12 mars, soit le lendemain du déclenchement de la crise : 0,18 millisievert. Certains réfugiés sont partis dans des zones exposées car il n’avait pas accès aux prédictions concernant les retombées calculées avec le logiciel SPEEDI. C’est le cas en particulier d’une famille de Namié qui est partie à Tsushima le 12 mars et qui a dû repartir vers Nihonmatsu le 15. Entre le 12 et le 15, Tsushima a été exposé aux retombées et la zone a due être évacuées à son tour. Tous ces gens ont de la rancoeur de ne pas avoir été avertis que leur hébergement de secours n’était pas sûr.
Tous ces chiffres sont uniquement basés sur l’exposition externe et n’incluent pas la contamination par la chaîen alimentaire par exemple. 12 municipalités sont concernées par ces calculs : Namié, Kawamata, Iitate, Futaba, Okuma, Minamisoma, Tamura, Tomioka, Naraha, Hirono, Katsurao et Kawauchi.

Jeudi 15 décembre, l’ACRO a mis en ligne de nouveaux résultats de mesure sur des échantillons en provenance du Japon : Nous avons analysé, en particulier, des poussières d’aspirateur qui se révèlent être toutes contaminées jusqu’à 200 km de la centrale, parfois fortement. Nous continuons aussi à surveiller les urines des enfants et nos résultats nous conduisent à pointer du doigt la nourriture comme source principale de la contamination interne. Les résultats sont ici.

Par ailleurs, un groupe de travail gouvernemental va recommander que la limite de dose annuelle dans les territoires contaminés soit ramenée à 10 mSv (contre 20 actuellement) d’ici deux ans. Puis, cette limite devra être abaissée à 5 mSv/an par la suite, pour atteindre 1 mSv/an sur le long terme.
Ce groupe de travail recommande aussi de contrôler la nourriture et que la limite de dose annuelle soit inférieure à 1 mSv avant de rouvrir une école des zones évacuées.

Jeudi 22 décembre, l’Asahi du jour consacre un article à ces enfants de Fukushima qui ne peuvent plus jouer dehors depuis le 11 mars et qui passent des heures devant des écrans (TV, jeux…). L’inquiétude est grande pour les parents de voir leurs enfants ainsi.

Mardi 27 décembre, TEPCo a mis en ligne des statistiques concernant les doses reçues par les travailleurs intervenant sur le site. C’est ici en anglais.

Mercredi 28 décembre, le ministère de l’agriculture et des forêts a rendues publiques des données de la contamination des pollens de cèdres (sugi) en 87 lieux. Les données sont ici en japonais. La contamination la plus forte de Fukushima est à à Namié avec 253 000 Bq/kg pour le césium et la limite de détection des mesures du tableau est de 100 Bq/kg. Mais le ministère se veut rassurant car de très faibles quantités de pollen sont inhalées.

Vendredi 6 janvier, la ville de Koriyama continue de surveiller la dose reçue par les enfants et femmes enceinets (cf 9 décembre, ci-dessus). La dose moyenne reçue par les enfants d’âge pré-scolaire est de 0,11 millisievert pour le mois de novembre, ce qui se traduit par une dose annuelle de 1,32 millisievert, ce qui est plus que la valeur limite en temps normal. La valeur maximale est de 0,66 millisievert pour un mois, ce qui donne 7,92 millisieverts sur un an.
En ce qui concerne les femmes enceinets, la vaeur moyenne est de 0,1 millisievert pour le mois de novembre, ce qui se traduit par 1,2 millisievert sur un an. C’est aussi supérieur à la limite annuelle en temps normal (qui est de 1 mSv). La valeur maximale est de 0,36 millisievert sur un mois, ce qui donne 4,32 millisierverts sur un an.

Après l’Allemagne il y a quelques années, c’est au tour de la France de trouver une augmentation du nombre de leucémies chez les enfants vivant dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires françaises. Sur la période 2002-2007, 14 cas ont été dénombrés chez les 0-14 alors qu’il en était attendu 7,4 cas. Le ratio est donc de 1,9. La cohorte était de 2753 enfants. Il n’y a pas d’excès observé au-delà des 5 km. Il n’y avait pas d’excès sur la période antérieure (1990-2001).
Selon les auteurs de l’étude, cette augmentation du nombre de leucémies ne peut pas être imputée aux rejets gazeux. Mais ce n’est pas rassurant pour autant pour les populations japonaises beaucoup plus exposées.
L’étude est ici en anglais, mais en accès payant… Elle est aussi disponible à l’ACRO. Voir notre communiqué à ce sujet.

Janvier 2012

Jeudi 12 janvier, la municipalité de la ville de Fukushima a rendu publiques des statistiques sur les doses reçues par les enfants et les femmes enceintes entre septembre et novembre 2011. Ces données sont celles relevées sur les dosimètres qui ont été retournés fin décembre. La dose moyenne est de 0,26 millisievert. Extrapolé sur un an, on dépasse le millisievert… 99,8% des 36 700 personnes contrôlées ont reçu une dose sur 3 mois inférieure ou égale à 1 mSv. La dose la plus élevée est de 2,7 mSv pour cette même période (3 personnes). Un dizaine de personnes ont reçu une dose supérieure à 1,8 mSv, mais 8 d’entre elles ont laissé leur dosimètre dehors ou l’ont laissé dans les bagages lors d’un contrôle aux rayons X à l’aéroport, ce qui expliquerait ces doses élevées.

Dimanche 15 janvier, un collègien de Nihonmatsu a pris 1,62 millisieverts en 3 mois selon son dosimètre relevé le 27 décembre. Cela a conduit les autorités à rechercher l’origine de cette dose élevée. Elles ont trouvé que le débit de dose dans son logement est de 1,2 microsieverts par heure. C’est plus qu’à l’extérieur où cela varie entre 0,7 et 1 microsievert par heure. Aux premier et deuxième étages, le débit de dose varie entre 0,1 et 0,38 microsievert par heure.
C’est le béton qui semble contaminé. Le ministère de l’environnement pense que l’appartement a été construit avec des matériaux radioactifs et a lancé une enquête.

Lundi 16 janvier, l’affaire du béton contaminé prend de l’ampleur : il a été utilisé pour les fondation de l’immeuble de 3 niveaux de Nihonmatsu (57,5 m3) et pour de nombreux autres bâtiments. Il inclut de la pierre concassée (gravier) qui provient d’une carrière de la zone évacuée. Le bâtiment en question date de juillet dernier et accueille essentiellement des réfugiés (10 familles sur 12). Si les habitants de l’appartement le plus exposé y restent 24h/24, il prendront une dose estimée à 10 mSv sur un an. C’est moins que la limite d’évacuation fixée à 20 mSv/an et cela n’affole donc pas les autorités ! Il y a 12 appartements en tout. La municipalité envisage d’évacuer les 4 du rez de chaussée.
La carrière est située à Namié. Le gravier était entreposé sous un toit ouvert et vendu jusqu’à l’ordre d’évacuation de la zone qui date du 22 avril. Selon l’exploitant de la carrière, 5 200 tonnes ont été vendues entre le 14 mars et le 22 avril à 19 compagnies différentes. La majorité a servi à la réparation de routes ou au génie civil. 2 000 tonnes pour du béton ont été vendues à 2 compagnies qui ont elles-mêmes fourni environ 200 clients. Il y a peu de chances que du gravier ou du ciment contaminé aient été vendus en dehors de la province de Fukushima.
La compagnie de fabrication de béton qui a fourni l’appartement contaminé a aussi fourni une centaine de clients.
Toutes les carrières de la zone d’évacuation vont être contrôlées.

Mardi 17 janvier, le feuilleton du gravier contaminé continue : le ministère de l’industrie va contrôler le débit de dose des routes réparées avec de la pierre concassée provenant de 17 carrières de Fukushima situées dans ou à proximité des zones d’évacuation. Il y en a 6 autres dans la même zone que celle où le gravier contaminé a été trouvé.
Sur ces 17 compagnies, 5 vendent du gravier utilisé pour faire du béton. 4 travaillent encore.
Le ministère va probablement contrôler toutes les nouvelles constructions.
Du gravier en provenance de la carrière incriminée a été utilisé en particulier pour réparer la route devant l’école primaire Asahi de Nihonmatsu sur une centaine de mètres. Le débit de dose y est de 0,52 microsieverts par heure à un mètre du sol, comme aux alentours.
5 des 12 familles de l’immeuble contaminé veulent partir. Elles avaient déjà dû quitter leur maison située dans la zone d’évacuation. Les autorités régionales vont les aider à trouver un nouveau logement.
Du béton contaminé par le gravier a aussi été utilisé pour réparer une canalisation d’eau pour l’irrigation selon la municipalité : le débit de dose est de 1,62 à 1,97 microsieverts par heure au niveau de la section réparée, alors qu’il est de 0,7 à 1,0 microsievert par heure aux alentours.

Par ailleurs, le scandale SPEEDI rebondit : interrogé par une commission d’enquête mise en place par le parlement, Itaru Watanabe, un haut fonctionnaire du ministère des sciences et technologies, a déclaré que les prédictions des retombées radioactives calculées par le logiciel SPEEDI ont été transmises à l’armée américaine présente au Japon dès le 14 mars, c’est à dire bien avant qu’elles ne soient rendues publiques, le 23 mars.
Présidée par Kiyoshi Kurokawa, cette nouvelle commission d’enquête inclut des personnes connues pour être très critiques envers l’industrie nucléaire, comme le sismologue Katsuhiko Ishibashi qui avait alerté depuis longtemps sur la fragilité de l’industrie nucléaire face aux séismes et Mitsuhiko Tanaka, ancien ingénieur du nucléaire de chez Hitachi qui pense que le séisme a pu endommager les réacteurs de façon bien plus grave que ce que ne le prétend TEPCo.

Jeudi 19 janvier, un embarcadère sur la rivière Gohyakugawa situé à Motomiya est contaminé par le fameux gravier : le débit de dose est de l’ordre de 1 microsievert par heure à 1 cm. Les autorités régionales ont déjà contrôlé 11 lieux où ce gravier a potentiellement été utilisé.
La mairie de Fukushima-ville a trouvé une maison qui a utilisé le même gravier pour ses fondations : il y a entre 0,8 et 0,85 microsievert par heure au niveau du plancher et 1,5 à 1,9 au niveau des fondations. La traque continue même si la mairie n’a utilisé ce gravier que sur un de ses 224 chantiers.
Et dans l’immeuble de Nihonmatsu où le premier gravier contaminé a été découvert, 9 familles sur 12 veulent partir. Sur ces 12 familles, 5 sont des réfugiés de Namié et 5 de Minami-Sôma.
Toujours à Nihonmatsu, c’est au tour du bois de chauffage et des cendres de poser problème : entre 104 et 4 395 Bq/kg ont été mesurés dans du bois entreposé en plein air et 43 780 Bq/kg dans des cendres. L’Agence de la forêt a déjà conseillé de ne pas brûler ou vendre de bois qui contiendrait plus de 40 Bq/kg en césium.

Vendredi 20 janvier, jusqu’à 40 microsieverts par heure ont été mesurés dans la carrière qui a fourni le gravier contaminé qui pose problème.

Samedi 21 janvier, selon un premier bilan, le gravier contaminé aurait été utilisé pour construire ou réparer 49 maisons ou immeubles. Dans un des ces maisons, le débit de dose y est de 0,85 microsievert, ce qui est plus qu’à l’extérieur.

Dimanche 22 janvier, ce chiffre est passé à une soixantaine de maisons ou immeubles… Il pourrait atteindre la centaine prochainement. Si l’on ajoute les travaux de réparation des infrastructures (routes, digues…) pas loin de 1 000 sites sites concernés par le gravier contaminé.

Mercredi 25 janvier, les autorités régionales de Fukushima ont publié des statistiques sur les contrôles de la thyroïde par échographie effectués sur 3 765 enfants. Les résultats sont ici en japonais avec des explications.
Les voici en français:
Nombre d’enfants ayant un nodule supérieur ou égal à 5,1 mm : 26
Nombre d’enfants ayant un nodule inférieur à 5,1 mm : 56

Nombre d’enfants ayant un kyste supérieur ou égal à 20,1 mm : 0
Nombre d’enfants ayant un kyste inférieur à 20,1 mm : 1 086

Nombre d’enfants ayant ni kyste ni nodule : 2622

Vendredi 27 janvier, le Asahi aborde les propositions d’analyse plus ou moins frauduleuses proposées aux populations en détresse. Est particulièrement pointé du doigt la “spectrométrie par résonnance quantique” effectuée sur des cheveux qui n’est pas reconnue en médecine et dont l’intérêt vis à vis de la radioactivité est douteux.

Février 2012

Jeudi 2 février, le Asahi revient sur ces enfants qui ne peuvent plus jouer dehors depuis le 11 mars 2011. La ville de Koiyama a donc ouvert une aire de jeu couverte pour que les enfants bougent : on peut y faire du sport, jouer dans un bac à sable de 70 m2 ou faire des agrès. Certains enfants qui fréquentent ce lieu n’ont pratiquement  pas joué dehors depuis 10 mois ! La crainte des radiations limitent les activités de plein air bien au-delà de la province de Fukushima. A Sakura, dans la province de Chiba, le parc Tatsunokomura a vu sa fréquentation chuter. Il y avait 167 familles abonnées avant le 11 mars. Il n’y en a plus que 10.
De nombreux médecins s’inquiètent pour la santé de ces enfants qui n’ont plus d’activité physique et qui restent enfermés toute la journée.

Vendredi 3 février, la municipalité de Minami-Sôma a mis en ligne des statistiques sur la contamination interne de 5 324 enfants mesurée entre le 26 septembre et le 27 janvier à l’aide d’une anthropogammamétrie (WBC). Tous les tests ont été effectués à l’hôpital municipal de la ville avec le matériel en photo ici. La page de présentation en japonais est ici.
Pour les 579 collègiens, les résultats sont ici en japonais : 62,35% sont sous la limite de détection, 0,69% ont plus de 20 becquerels de césium 137 par kilo et aucun n’a plus de 40 Bq/kg.
Pour les 4 745 lycéens, les résultats sont ici en japonais : 59,05% sont sous la limite de détection, 3,56% ont plus de 20 becquerels de césium 137 par kilo et il y en a 0,34% qui ont plus de 50 Bq/kg. La plus forte valeur était de 110,7 Bq/kg.
L’évolution temporelle est montrée ici en japonais : en orange des statistiques pour septembre-octobre (527 cas) et en bleu pour janvier (386). On voit clairement une baisse de la contamination.
Les résultats des mêmes tests effectués en Russie, Ukraine et Bélarus entre 5 et 10 ans après la catastrophe sont rappelés ici en japonais. La contamination des enfants y était beaucoup plus forte.

Dimanche 5 février, le Yomiuri a recensé 573 décès officiellement reliés à la crise nucléaire dans 13 municipalités des zones évacuées. 29 dossiers supplémentaires sont en cours d’évaluation. Le certificat en question est délivré quand le décès n’est pas directement dû à la catastrophe, mais à la fatigue ou une aggravation de l’état de santé liées à l’accident nucléaire.
748 demandes de reconnaissance ont été déposées. 634 ont été déclarées recevables. 573 décès ont été officiellement reliés à l’accident nucléaire. 28 demandes ont été rejetées et 29 sont encore en cours d’évaluation.
Cette reconnaissance officielle ouvre droit à des indemnités qui peuvent aller jusqu’à 5 millions de yens (50 000 euros) si la personne était le soutien financier de la famille.

Mercredi 15 février, les autorités régionales de Fukushima ont enfin publié les données sur la contamination des graviers de la carrière utilisés pour la construction d’un immeuble : jusqu’à 214 200 Bq/kg en césium ! Mais elles pensent qu’il n’y a pas de gravier qui est sorti de la province, ou très peu. Les données sur le gravier de cette carrière de la zone des 20 km varient entre 60 000 et 210 000 Bq/kg. Pour les 25 autres carrières de la zone, la plus forte valeur est de 122 400 Bq/kg, mais les travaux ont cessé immédiatement après le 11 mars. 5 170 Bq/kg ont été mesurés dans une des 14 carrières de la zone qui sont en activité.
Les autorités régionales ont contrôlé 150 lieux sur 1 100 où du gravier de la première carrière est supposé avoir été utilisé. Des débits de dose supérieurs à ceux de l’environnement immédiat ont été détectés en 27 points, dont 22 résidences. Les inspections devraient être terminées à la fin mars.
Le ministère de l’industrie prépare une limite à la commercialisation du gravier contaminé.

Lundi 20 février, les autorités régionales de Fukushima ont rendu publiques des données sur la dose reçue lors des 4 premiers mois de la catastrophe par une partie des habitants d’Iitate, Kawatama et Namie : 9 474 sur 29 000 environ plus environ 720 qui ont travaillé à la centrale accidentée. Ces personnes ont rempli un questionnaire sur leur activité durant les 4 premiers mois et la dose a été calculée à partir des codes de simulation des retombées radioactive (SPEEDI). Le questionnaire peut-être consulté ici en anglais.
Seulement 52,1% des questionaires envoyés aux résidents de ces 3 municipalités ont été retournés à la fin janvier. Le taux de retour sur la province de Fukushima est de 21% à la même date.
9 474 personnes, soit 57,8% ont reçu une dose inférieure à 1 millisievert pendant ces 4 mois. 4 040 personnes, ou 41,4%, ont reçu une dose comprise entre 1 et 10 millisieverts. 71 personnes ont reçu plus de 10 millisierverts, dont 2 plus de 20 millisieverts. L’exposition maximale est de 23 millisieverts.
Sur les 720 personnes environ de ces trois villages qui ont travaillé à la centrale, 95 ont reçu une dose supérieure à 10 millisieverts. La dose maximale est de 47,2 millisieverts.

Le MEXT (ministère des sciences et technologies) a mis en place un système de balises qui mesurent le débit de dose en continu. Pour la plupart, elles sont placées dans des écoles, crèches… qui ont été décontaminées dans les zones non évacuées. Les résultats, à 50 cm du sol, peuvent être consultés en temps réel ici en japonais. Les chiffres sur la carte correspondent au nombre de balises. En cliquant sur les chiffres, apparaît à droite de la carte, un tableau avec les données en temps réel. En cliquant sur le tableau, on a l’emplacement précis de la balise avec un graphe qui trace les valeurs enregistrées sur une journée, une semaine ou un mois, au choix.
A Tsushima par exemple, le débit de dose dépasse les 8 microsieverts par heure.

Par ailleurs, les doses cumulées en différents points de la province de Fukushima peuvent être consultées ici. A Tsushima toujours, elle a dépassé les 50 millisieverts depuis le 23 mars. Presque 62 mSv à Iitaté. En tous les points du tableau, la dose cumulée dépasse le millisievert, qui est la limite maximale à ne pas atteindre en temps normal.

Jeudi 23 février, la ville de Sôma, située entre 30 et 50 km de la centrale, a analysé les résultats des dosimètres passifs portés par les 4 010 femmes enceintes et les enfants. La mesure a été faite sur 3 mois à partir d’octobre et extrapolée sur un an. La valeur maximale sur un an est de 4,3 millisieverts, ce qui plus que la limite maximale à ne pas atteindre de 1 millisievert en temps normal. 522 personnes, ou 13%, dépassent cette limite. Parmi elles, 33, ou 0,8% dépassent 2 millisieverts. C’est dans les écoles situées en zones montagneuses que la dose est la plus forte : 50% des élèves de l’école primaire et 70% de ceux du collège ont reçu une dose supérieure à 2 millisieverts. Mais même dans la plaine, qui est moins contaminée, des élèves ont reçu une dose supérieure à 2 millisieverts.
La municipalité a donc décidé de décontaminer en priorité les zones où la dose peut être supérieure à 2 millisieverts sur un an.

Vendredi 24 février, l’Asahi consacre un article à une découverte de la commission d’investigation sur les causes de l’accident de Fukushima : le 12 mars, un hélicoptère de l’armée japonaise décolle de Sendaï à 11h10 pour aller chercher des spécialistes de la mesure de la radioactivité du Ministère des sciences et technologies à Rokkashô. Il arrive sur place à 13h. Pour le Ministère de la Défense, deux spécialistes du Nuclear Safety Technology Center et leurs équippement devaient les attendre sur place. N’ayant trouvé personne, l’hélicoptère repart à 13h10. Les deux spécialistes seront avertis à 13h30. A 14h40, ils se rendent sur place pour attendre l’hélicoptère pendant une heure environ. Ne voyant rien venir, ils partent en voiture le lendemain vers 9h, pensant que l’hélicoptère est utilisé pour les secours. Ils retrouveront l’hélicoptère le 15 mars à Ôno, dans la province de Fukushima. L’hélicoptère décolle à 11h20, mais doit rapidement abandonner sa mission suite à l’explosion du réacteur n°4. A partir du 16 mars, l’armée était occupée à larguer de l’eau par hélicoptère sur les réacteurs nucléaires. Finalement, la première mission de mesure aura lieu le 25 mars. L’armée américaine, quant à elle, aura fait 40 heures de vols pour le même exercice entre le 17 et le 19 février avec un hélicoptère envoyé des Etats-Unis.

Mercredi 29 février, le journal Gendai mentionne que les données sur la contamination du MEXT (ministère des sciences et technologies) sont fausses et sous-estiment la réalité. Les habitants se plaignaient en prétendant que leur résultats de mesure étaient plus élevés. Le ministère de l’environnement vient de leur donner raison. L’entreprise Taisei, engagée dans la décontamination, aurait décontaminé les environs immédiats du poste de mesure installé sur place. La mesure n’est donc plus représentative. La compagnie nie, mais il y a au moins 10 témoins.

Mercredi 7 mars, l’ACRO a mis en ligne de nouveaux résultats sur la contamination d’urines d’enfants et de poussières d’aspirateur. Sur Tôkyô, les urines ne sont pas contaminées, ce qui est une bonne nouvelle. En revanche, dans les territoires contaminés, on continue à déplorer une contamination des urines jusqu’à 220 km de la centrale dans la province d’Iwaté. Ces résultats confirment aussi que toutes les poussières d’aspirateur sont contaminées, parfois à des taux élevés dépassant la limite de 8 000 Bq/kg qui entraîne un classement comme déchet radioactif au Japon. Cette contamination des habitations n’est pas prise en compte dans la gestion de la crise par les autorités. Il conviendrait donc d’effectuer un contrôle systématique des habitations.
Les données sont sur notre page de résultats en trois langues.

Vendredi 9 mars, selon un sondage du Maïnichi, environ 54% des habitants de la province de Fukushima s’inquiètent beaucoup pour leur santé, soit deux fois plus que la maoyenne nationale (27%). Si l’on ajoute ceux qui s’inquiètent un peu, on arrice à 83% pour Fukushima, contre 73% au niveau national.

Des chercheurs du Hirosaki University’s Institute of Radiation Emergency Medicine ont contrôlé la contamination de la thyroïde de 65 personnes de la province de Fukushima du 11 au 16 avril 2011, soit un mois après les rejets massifs. 48 d’entre elles sont des évacués et les 17 autres sont restées dans le district de Tsushima de la ville de Namié, suité à environ 30 km au nord-ouest de la centrale. Les chercheurs ont ensuite évalué la dose reçue en supposant que tout l’iode a été inhalé le 12 mars.
De l’iode 131 y a été détecté chez 50 d’entre elles, soit 80%. Pour 5 personnes, la dose à la thyroïde dépasse 50 mSv, qui est le seuil fixé par l’AIEA pour l’administration de pillules d’iodure de potassium (KI). Le Japon a un seuil de 100 mSv. La valeur maximale est de 87 mSv. Chez les enfants, la valeur la plus forte est de 47 mSv.
Les mesures de cette université sont plus précises que celles des autorités car ils ont laissé compter pendant plus de 5 minutes.
Les chercheurs en déduisent que des enfants plus exposés que ceux qu’ils ont examinés auraient pu recevoir plus de 100 mSv, toujours à la thyroïde.

-> Les cartes de doses reçues par la population issues de calcul du logiciel SPEEDI sont disponibles ici en anglais.
-> Débits de dose dans les écoles de Fukushima et autres lieux publics en temps réel

Sommaire


Doses reçues par les intervenants sur le site de la centrale

Mars 2011

Dès le début de l’accident, des débits de dose de plusieurs millisievert par heure ont été détectées à proximité du réacteur (soit de l’ordre de 10.000 fois le bruit de fond radioactif naturel), alors que la dose maximale admissible pour la population est d’un millisievert par an.

TEPCo a expliqué que les intervenants sur le site étaient tous volontaires et qu’ils pouvaient partir quand ils voulaient. Mais la presse japonaise mentionne le cas des sous-traitants pour lesquels il est plus difficile de refuser s’ils veulent garder leur emploi.

Les conditions de vie sur le site de la centrale sont déplorables : deux repas minables par jour, 1,5 litre d’eau, des conditions de couchage spartiates. Un masque même pour dormir. Pas de bain ou douche…

Mardi 15 mars dans la journée un débit de dose de 400 millisieverts par heure a été mesuré à proximité du réacteur n°3 pendant l’incendie au niveau du réacteur n°4 ! La situation est devenue excessivement dangereuse pour les personnes sur place. Elle est ensuite retombée au niveau de l’ordre du millisievert par heure.

Jeudi 17 dans la journée, les niveaux étaient de nouveau de l’ordre de 400 millisieverts par heure. Plusieurs employés sont déjà hospitalisés.  Dans soirée, il est retombé à 271 microsiverts par heure à la porte ouest de la centrale, laissant présager un effet des arrosages.

La limite travailleurs a été augmentée à 250 millisieverts (mSv) par le gouvernement. Le standard international en cas de crise grave est de 500 mSv. En temps normal, la limite pour les travailleurs au Japon est de 50 mSv par an et 100 mSv sur 5 ans. En cas de crise, le niveau est remonté à 100 mSv. L’armée et les pompiers ont aussi commencé à intervenir. Pour les militaires, la dose est limitée à 50 millisieverts. Pour les pompiers, la limite est de 30 millisieverts. Les intervenants ne semblent pas bénéficier d’une dosimétrie neutron individuelle malgré le fort rayonnement.

Dimanche 20 mars matin, 7 employés de TEPCo avaient reçu une dose supérieure à 100 millisieverts, la dose maximale habituellement admissible. L’un des ouvriers blessés lors de l’explosion du réacteur n°3 a été exposé a un débit de dose de 150 millisieverts par heure.

Jeudi 24 mars, 3 ouvriers ont été sévèrement irradiés alors qu’ils posaient un cable dans le bâtiment réacteur n°3. Deux ont été conduits à l’hôpital pour des brûlures aux pieds causées par le rayonnement bêta. Les doses reçues iraient de 173 à 180 millisieverts. De l’eau fortement contaminée serait entrée en contact avec leur peau, malgré les protections. Les deux personnes hospitalisées avaient des galoches en plastic, pas de bottes. Le troisième avait des bottes et n’a pas été contaminé. Le rayonnement à la surface de la flaque d’eau atteignait 400 millisieverts par heure, alors qu’il y avait 200 millisieverts par heure dans l’air. Ils seraient restés entre 40 et 50 minutes sur place.

TEPCo avait annoncé quelques millisieverts par heure et pas de flaque d’eau. Les ouvriers n’ont pas vérifié par eux-même. Le nombre total d’ouvriers exposés à des doses supérieures à 100 mSv est de 17 maintenant. Aucun n’a dépassé les 250 mSv.

Deux des trois ouvriers contaminés étaient des employés de TEPCo et le troisième un sous-traitant.

Les trois ouvriers n’ont pas tenu compte de l’alarme de leur dosimètre qui sonne à partir de 20 millisieverts, car, quand le site avait été inspecté la veille, il n’y avait pas d’eau et les niveaux d’irradiation de quelques millisieverts par heure.

Mais samedi 26 mars, TEPCo a reconnu qu’elle savait que le lieu où les ouvriers ont été irradiés était très irradiant et qu’elle n’avait pas transmis l’information aux personnes concernées. La compagnie avait détecté 200 millisieverts par heure le 18 mars.

TEPCo été critiquée car normalement, il y a toujours un accompagnateur pour vérifier la dose quand des ouvriers interviennent. Mais un cadre de TEPCo a expliqué : “en situation de crise, les problèmes se suivent. C’est devenu comme une zone de guerre. Je craignais ce genre d’accident”.

Pour les deux ouvriers contaminés, la dose a été estimée entre 2 et 6 sieverts, selon le National Institute of Radiological Sciences in Chiba où ils sont en observation.

Lundi 28 mars, il y a maintenant 19 intervenants exposés à une dose supérieure à 100 millisieverts. 381 employés TEPCo et 69 d’autres compagnies ont pénétré dans la centrale lundi.

Vendredi 29 mars, il y avait environ 300 intervenants sur le site de la centrale, dont 250 sont des employés de TEPCo.

Jeudi 31 mars, la NHK a annoncé que tous les travailleurs n’étaient pas équipés de dosimètre individuel. TEPCo a expliqué que de nombreux dosimètres avaient été détruits lors du séisme et que dans certaines équipes, seul le chef était équipé. De 5 000 dosimètres avant le séisme, l’exploitant n’en avait plus que 320 après. Un ouvrier qui a travaillé au rétablissement de la ligne électrique a expliqué que les membres de l’équipe n’étaient pas toujours à proximité l’un de l’utre et qu’ils ont dû prendre des doses différentes sans qu’il sache combien. Le gouvernement japonais a rappelé que cette pratique était illégale.

Avril 2011

Vendredi 1er avril, après s’être réprimandée, TEPCo a promis de fournir un dosimètre par intervenant. Ils sont maintenant 21 à avoir dépassé les 100 millisieverts. Un ouvrier est tombé dans la mer alors qu’il installait un tuyau dans la barge d’eau douce américaine. Il est en cours d’examen.

Dans un article du Japan Times du 3 avril, un employé d’un sous traitant de TEPCo qui est intervenu sur le site pour mettre des cables, dénonce les conditions de sécurité. Revenant sur la contamination sévère de deux ouvriers et l’irradiation d’un troisième, il critique le manque de supervision et de culture de sûreté : on ne travaille généralement pas les pieds dans l’eau. Il a aussi dénoncé le manque de dosimètres.

Il a réfuté les allégations selon lesquelles les interventions sur la centrale étaient extrêmement bien payées, quelques milliers d’euros par jour. Ce n’est pas le cas, a-t-il affirmé. Il y en a pour des années. Qui peut payer autant ?

Dimanche 3 avril, TEPCo a annoncé être en possession désormais de 920 dosimètres individuels. 500 d’entre eux viennent de la centrale de Kashiwazaki – Kariwa. TEPCo a aussi augmenté la ration alimentaire des intervenants. Ils passent de deux à trois repas par jour. Mais il y a toujours très peu de variété. Même si les conditions de vie se sont un peu améliorées avec l’eau et l’électricité, elles restent très difficiles.

Samedi 9 avril, l’agence Kyodo a annoncé avoir découvert que des sous-traitants de TEPCo ont refusé l’augmentation de limite de dose de 100 à 250 millisieverts pour leurs employés. Les trois ouvriers irradiés aux pieds le 24 mars a rendu tous les autres intervenants anxieux. Une autre compagnie a expliqué avoir retenu 80 millisieverts comme limite pour se garder une marge. Hitachi a choisi 200 millisieverts.

Mardi 12 avril, ils sont 700 à intervenir régulièrement sur la centrale pour tenter d’en prendre le contrôle.

Mercredi 13 avril, ils sont maintenant 22 intervenants à avoir reçu une dose supérieure à 100 millisieverts. La plus forte dose reçue est de 198,24 millisieverts.

Mardi 19 avril, avec l’arrivée du printemps et le réchauffement, les arrêts cardiaques sont une nouvelle menace pour les travailleurs.  Ils ont chaud dans leur combinaison de protection et vont avoir de plus en plus chaud. Ils ne peuvent pas boire fréquemment avec leur masque. Il  faisait déjà 22,5°C samedi 16 avril. La veille, un jeune travailleur a fait un malaise et a dû consulter un médecin.

Samedi 23 avril, ils sont maintenant 30 intervenants à avoir dépassé les 100 millisieverts à la centrale de Fukushima. Les personnes dont la dose reçue approche les 200 millisieverts sont affectées à des tâches moins pénalisantes en terme de dose.

Mercredi 27 avril, 3 femmes employées de TEPCo auraient dépassé la limite de dose autorisée pour les femmes qui est de 5 millisieverts pour une période de 3 mois. Cette limite plus basse que pour les hommes tient compte du fait que les femmes peuvent être enceintes. Une d’entre elles aurait reçu une dose de 17,55 millisieverts, dont une partie due à de la contamination interne. Il y aurait 19 femmes à la centrale.

Jeudi 28 avril, le gouvernement envisage de changer la limite de dose pour les travailleurs du nucléaires en dehors de la centrale de Fukushima. Acruellement, la limite est de 50 millisieverts par an et 100 millisieverts sur 5 ans. Mais nombre d’entre eux ont été envoyés à Fukushima où ils ont atteint, voire dépassé la limite annuelle et ne peuvent retourner travailler dans leur centrale d’origine. Il y a un risque de manquer de main d’oeuvre qualifiée sur les autres installations. La limite de 100 millisieverts ne devrait pas changer.

Samedi 30 avril, TEPCo a rendu publiques les doses reçues par les deux ouvriers qui avaient été fortement contaminés aux pieds : la sommes des doses reçues par irradiation externe et par contamination interne dépasse les 200 millisieverts. Pour l’un d’entre eux, elle est de 240,8 millisieverts, juste sous la limite de 250 millisieverts fixée par le gouvernement. Pour l’autre, c’est 226,6 millisieverts.

TEPCo a par ailleurs expliqué que les ouvriers dont la dose dépassait 150 millisieverts n’intervenaient plus sur le site de la centrale de Fukushima dai-ichi. Ils sont 8 dans ce cas. 11 autres ont reçu une dose comprise entre 100 et 150 millisieverts.

Le communiqué de TEPCo est disponible en anglais.

Mai 2011

Dimanche 1er mai, TEPCo a confirmé qu’une deuxième femme a reçu une dose supérieure à 5 millisieverts en 3 mois : 7,49 millisieverts. Pendant ce temps, les autorités permettent 20 millisieverts par an pour les enfants…

Il y aurait actuellement 1 000 personnes sur le site de la centrale. TEPCo cherche des candidats parmi les personnes qualifiées pour en avoir plus. Le potentiel est de 3 000 personnes.

Le mardi 3 mai, il y avait 1 312 personnes sur le site de la centrale, la plupart des sous-traitants de TEPCo. Beaucoup sont inquiets à cause de la radioactivité et se plaignent des conditions de travail. Il est de plus en plus difficile de trouver des intervenants. Ceux qui sont déjà passés sur le site rechignent à y retourner. Après la forte contamination des trois ouvriers, les familles font aussi pression pour retenir leur proche.

Ce pose aussi le problème des nombreux débris radioactifs qui jonchent le sol suite aux explosions et qui risquent d’irradier les intervenants à proximité. TEPCo tarderait à déblayer le site.

Mercredi 4 mai, on a appris que TEPCo avait négligé de mesurer la radioactivité dans la pièce où les deux femmes ont été contaminées pendant les deux semaines qui ont suivi l’accident. 200 personnes passent par ce bâtiment par jour, qui est situé à 200 m au Nord-Ouest de la centrale.

La compagnie a promis d’améliorer les conditions de travail sur le site : meilleure nourriture et hébergement plus décent.

Samedi 7 mai, TEPCo a annoncé avoir commencé à faire passer des examens médicaux aux 800 intervenants qui ont passé plus d’un mois sur le site de la centrale de Fukushima. Les 30 personnes exposées à plus de 100 millisieverts n’avaient encore pas vu un médecin, à l’exception des trois très contaminés.500 d’entre eux sont des employés de TEPCo et 300 autres, des sous-traitants.

L’édition du samedi 14 mai du quotidien Asahi (version anglaise) révèle que TEPCo avait caché des données avant l’explosion du réacteur n°3 qui a blessé 7 ouvriers. Le journal a obtenu une note d’une centaine de pages contenant l’évolution des niveaux de radioactivité ainsi que le niveau d’eau et la pression dans le réacteur. Ces données n’ont jamais été rendues publiques. Le 13 mars à 13h17 il y avait 300 millisieverts par heure à la porte d’entrée du bâtiment réacteur. Des valeurs similaires voire supérieures ont été enregistrées au Nord de la porte vers 14h31. Les intervenants qui essayaient de prendre le contrôle du réacteur n’étaient pas informés de ces niveaux.
La quodidien Mainichi daté du même jour (version anglaise) ajoute que les règles ont été trop relâchées pour les intervants. Quand il est estimé que la dose reçue en un jour va dépasser 1 millisievert, les compagnies sous-traitantes doivent demander une autorisation spéciale et avertir l’exploitant. Le journal mentionne le cas de sous-traitants exposés à une dose de 1,3 millisierverts en 2 heures trente minutes sans ce permis. Ils ont de plus été contaminés à la tête et au cou. Ils se sont donc lavés avec un shampoing spécial au centre de crise situé à 20 km de la centrale, mais 3 d’entre eux n’ont pas pu se décontaminer. Dans un tel cas, cela doit être notifié à l’employeur et à l’exploitant, mais cela n’a pas été fait.
Toujours samedi 14 mai, un ouvirer est décédé suite à un malaise sur le site de la centrale. Il avait une soixantaine d’années n’avait reçu qu’une dose de 0,17 millisieverts. Il était a priori en bonne santé.

Le jeudi 19 mai, le quotidien Yomiuri rapporte que deux mois après le début de l’accident, seulement 10% des travailleurs sur le site ont eu leur contamination interne testée à cause d’un manque de moyens de détection. Les équipements de la centrale sont inopérants car le niveau de radiations autour est trop élevé, ce qui fausse la mesure. Cela inquiète les personnes sur place.
Un ouvrier qui a installé des cables sur le site a expliqué qu’il n’a pas changé son masque pendant 5 à 6 heures alors qu’il aurait dû le faire au bout de 3 heures. Un comptage de son corps entier donnait 30 000 cpm alors qu’en temps normal, cette valeur est inférieure à 1 000. Il a pris ses repas dans un bâtiment qui s’est révélé plus tard être contaminé.
A cette date, 8 630 personnes sont intervenues sur le site. TEPCo s’est engagée à augmenter le nombre d’appareils de mesure du corps entier (en passant de 3 à 14). Les travailleurs du nucléaire doivent, en temps normal, être testés une fois tous les 3 mois. TEPCo a promis que ce serait plus fréquent désormais.

Samedi 21 mai, l’autorité de sûreté japonaise (NISA) a déclaré avoir détecté une contamination interne de plusieurs milliers de travailleurs du nucléaire sur d’autres sites. Les travailleurs concernés ont comme point commun de s’être rendu dans la préfecture de Fukushima. Ces données posent la question de la contamination des populations vivant à proximité de la centrale. 1 193 cas avaient une contamination supérieure à 10 000 cps.

Lundi 30 mai, TEPCo a annoncé avoir détecté une forte contaminaton de la glande thyroïdienne en iode 131 chez deux ouvriers de la centrale : 9 760 becquerels pour l’un et 7 690 pour l’autre, soit 10 fois plus que pour les autres ouvriers de la centrale. En outre, ils ont reçu une dose externe de 74 et 89 millisieverts jusqu’à maintenant. Comme la quantité d’iode 131 diminue de moité toutes les semaines, si elle remonte dans le temps, elle a pu être massive. Cela laisse penser que la dose qu’ils ont reçue dépasse les 250 millisieverts. Ils ont travaillé sur le site en mars et en avril et l’ont quitté depuis. Il avaient pris de l’iode stable le 13 mars pour saturer leur thyroïde.
Pour faire face à la pénurie de main d’oeuvre qualifiée dans les centrales nucléaires, le gouvernement japonais veut revoir la limite de dose admissible pour les travailleurs. Il en a informé la principale organisation syndicale (Rengo). En effet, les nombreuses personnes qui sont intervenues à Fukushima ont reçu des doses telles qu’il ne leur est plus possible d’intervenir en zone contaminée en situation normale (non accidentelle). Le gouvernement veut donc lever la limite de 50 millisieverts par an et ne garder que la limite de 100 millisieverts sur 5 ans. Le gouvernement craint une réaction négative des travailleurs et essaye d’obtenir l’accord des syndicats.

Mardi 31 mai, le ministère de la santé a ordonné à TEPCo et un de ses sous-traitants, Kandenko Co., de respecter les bonnes pratiques en matière de protection des travailleurs. Certains intervenants sur le site n’avaient pas de dosimètres. Les employés de Kandenko Co. n’avaient pas de bottes de protection quand ils ont pataugé dans l’eau radioactive. Enfin, les deux ouvriers qui ont eu leur thyroïde fortement contaminée n’ont pas pris de autant de “pastilles d’iode” que ce qu’il aurait fallu. Ils n’en n’ont pris qu’une le 13 mars, ce qui est insuffisant.

Juin 2011

Vendredi 3 juin, les calculs de dose faits pour les 2 travailleurs qui ont eu une forte contamination de la thyroïde, montrent qu’ils ont reçu entre 210 et 580 millisieverts pour l’un et entre 200 et 570 millisieverts pour l’autre. Il faut encore ajouter l’irradiation externe de 74 millisieverts pour l’un et de 89 millisieverts pour l’autre. Ils ont donc dépassé la limite de 250 mSv fixée par les autorités. La dose cumulée à la thyroïde est de l’ordre de 10 sieverts. Le National Institute of Radiology Sciences va contrôler 150 autres travailleursimpliqués dans des opérations similaires.

Samedi 4 juin, deux travailleurs ont été hospitalisés pour déshydratation. La chaleur qui augmente avec l’arrivée de l’été devient un réel problème pour ces personnes qui travaillent dans des combinaisons de protection. Un des deux ne portait pas de veste refroidissante.

Vendredi 10 juin, le National Institute of Radiological Sciences a réévalué les doses fortement contaminés à partir de leur emploi du temps. Le résultat dépasse la limite déjà rehaussée par les autoriqtés (qui est de 250 millisieverts) : un a pris 643 millisierverts et l’autre 678 millisierverts.

Lundi 13 juin, un travailleur, qui est intervenu pendant 2 heures à proximité du réacteur n°2, s’est rendu compte qu’il avait oublié de mettre un filtre sur son masque facial.
Par ailleurs, le ministère de la santé et du travail a annoncé que 6 autres travailleurs, employés de TEPCo, ont probablement reçu une dose de 497 millisieverts qui est supérieure à la limite. L’un travaillait au centre de contrôle alors que les 5 autres faisaient du travail de maintenance. Cela porte à 8 le nombre total de travailleurs qui ont dépassé les 250 millisieverts.
Six autres travailleurs ont reçu une dose comprise entre 200 et 250 millisieverts et 88 entre 100 et 200 millisieverts. Le ministère a ordonné à TEPCo de les suivre médicalement.

Mardi 14 juin, le ministère de la santé et du travail a demandé que les travailleurs dont la dose dépasse les 100 millisieverts soient éloignés de la centrale de Fukushima. Ils sont 102 dans ce cas. Ils ne peuvent intervenir sur les autres centrales pendant 5 ans non plus, car il ont dépassé la limite sur 5 ans fixée pour des conditions normales. Pour 94 d’entre eux, la limite de 100 millisieverts a été dépassée en tenant compte de la contamination interne. On commence seulement à le découvrir alors que les mesures de contamination interne débutent. Ces chiffres risquent de monter. 1 400 personnes attendent toujours les résultats de l’évaluation de leur contamination interne sur les 3 700 personnes qui sont intervenues en mars sur le site de la centrale.
Au début de la catastrophe, les instructions de TEPCo n’étaient pas claires et certains employés ne portaient pas de masque. La cellule d’urgence a été fissurée par les explosions et la contamination a pénétré sans que les travailleurs le sachent. Ils ont donc retiré leur masque dans quand ils étaient sur place.
L’appareil pour contrôler la contamination des travailleurs sur le site de la centrale est si contaminé qu’il est inopérant. Ils sont actuellement contrôlés à Iwaki.
Si la crise se prolonge, TEPCo va manquer d’intervenant et les autorités devront à nouveau monter la limite de 250 millisieverts qu’elles ont fixée.

Mercredi 15 juin, un ouvrier qui travaillait sur la grue en cours d’assemblage pour recouvrir le réacteur n°1 a enlevé son masque pour fumer dans la cabine d’une autre grue. Il a été pris sur le fait. Résultat : contamination interne qui représente une dose de 0,24 millisievert.

Vendredi 17 juin, pour la première fois, des mesures pour contrôler et limiter les doses des travailleurs sur le site ont été incluses dans la feuille de route de TEPCo. La compagnie s’engage aussi à améliorer les onditions de travail durant l’été.
Une organisation syndicale a demandé que les travailleurs intervenant sur la centrale de Fukushima dai-ichi soient mieux contrôlés.

Samedi 18 juin, TEPCo a expliqué que son employé a reçu une dose de 678 millisieverts à cause de ses lunettes qui n’ont pas permis l’étanchéité du masque. Il a respiré de l’air contaminé qui a pu pénétrer. TEPCo va acheter des masques compatibles avec les lunettes.

Lundi 20 juin, il semblerait qu’un autre travailleur a reçu une dose supérieure à la limite de 250 millisieverts. Cela porte à 9 le nombre de personnes qui ont reçu une dose supérieure à 250 millisiverts et 124 si la limite était restée à 100 millisieverts.

Mardi 21 juin, TEPCo doit contrôler la contamination interne des 3 939 intervenants qui sont passés à la centrale de Fukushima dai-ichi entre le 11 et 31 mars. Mais la compagnie n’arrive pas à retrouver 69 sous-traitants. Elle ne connait même pas les noms d’une trentaine d’entre eux. D’autres sont inconnus de leur employeur direct. Le Ministère de la santé et du travail a fortement critiqué TEPCo pour sa gestion du personnel.

Mercredi 22 juin, le ministère de la santé et du travail a exigé des 654 sous-traitants qui ont envoyé 5 178 personnes sur le site de soumettre des rapports sur ces employés et leur contrat de travail à la fin de chaque mois. 22 compagnies, Toshiba et Hitachi… ont des contrats avec 632 sous-sous-traitants qui ont envoyé 4 091 intervenants. Les 1 087 autres sont directements employés par ces 22 sous-traitants directs.

Lundi 27 juin, le gouvernement a annoncé que TEPCo avait perdu la trace de 69 personnes qui éaient intervenues durant les premiers jours sur le site de la centrale. La compagnie n’a pas été en mesure d’en contacter 32 et n’est pas sûre de l’identité de 37 autres.

Juillet – Août 2011

Vendredi 1er juillet, les tests ont montré qu’un autre intervenant a reçu une dose supérieure à 100 millisieverts, selon un rapport publié la veille par TEPCo.

Mardi 12 juillet, la veuve du plombier mort d’un arrêt cardiaque le 14 mai sur le site de la centrale va tenter de faire reconnaître l’origine professionnelle du décès pour pouvoir bénéficier de compensations. Pour le moment, elle n’a rien reçu, ni de TEPCo, ni de son employeur.

Mi-juillet, avec l’arrivée des fortes chaleurs, il est de plus en plus difficile de travailler sur le site de la centrale avec une combinaison et un masque. Vendredi 15 juillet, 31 intervenants sont tombés malades avec les symptomes d’un coup de chaleur.

Jeudi 21 juillet, le Yomiuri (version anglaise) revient sur les conditions de travail des 1 500 personnes qui interviennent quotidiennement sur le site de la centrale accidentée. Si les conditions de travail et de vie se sont améliorées, de nombreux problèmes demeurent. Si une partie des intervenants dorment dans un gymnase réaménagé de la centrale daï-ni (n°2) où il y a 240 lits superposés et des douches, d’autres dorment toujours par terre sur des couvertures dans le centre de crise de la centrale daï-ichi (n°1).
Comme nombre de débris ont été mis de côté, le niveau de dose ambiant a baissé. Mais plusieurs compagnies sous traitantes ont maintenu une limite de dose de 20 millisieverts par an, de plus en plus de leurs employés approchent la limite et doivent partir. Il risque d’y avoir une pénurie d’ouvriers qualifiés.
Par ailleurs, la compagnie a annoncé qu’en mars-avril, 64 travailleurs qui sont intervenus sur le site ont subi une contamination interne qui a entraîné des doses allant de 50 à 100 millisieverts. TEPCo a mesuré la contamination interne de 8 338 travailleurs et il lui en reste plus de 1 500 à contrôler. 132 manquent à l’appel et TEPCo ne sait pas ce qu’ils sont devenus. La NISA est inquiète car s’il est confirmé que des travailleurs sont intervenus sans que leur identité ait été correctement contrôlée, il s’agit d’une violation de la loi anti-terroriste.

Dimanche 24 juillet, environ 1 500 sous-traitants en CDD de compagnies de travaux publics qui sont intervenus sur les lieux détruits par le tsunmani et sur la site de la centrale de Fukushima se sont réunis à Tokyo ce jour. Certains se sont plaint de ne pas avoir été formés aux risques relatifs à la radioactivité et aux coups de chaud. D’autres, ne pas avoir été payés le prix promis. La plupart trouvent indécent de se plaindre puisque les populations locales souffrent.

Lundi 25 juillet, l’Atomic Energy Society of Japan remercie son homologue américaine pour un don de 175 000 dollars qui a permis d’acheter des fruits et des légumes pour les travailleurs qui interviennent à la centrale de Fukushima (voir ici si vous n’y croyez pas).

Mercredi 27 juillet, le Mainichi mentionne un document interne du ministère de l’économie et de l’industrie (METI) daté du 25 avril qui estime à 1 600 le nombre de travailleurs du nucléaire passés par la centrale de Fukushima dont la dose va excéder les 50 millisieverts, c’est à dire la dose annuelle maximale admissible en temps normal. Cela va poser des problème de sûreté pour les autres centrales qui vont manquer de personnel qualifié, sauf si le ministère autorise un dépassement de la limite. C’est le Japan Occupational Safety and Health Resource Center (JOSHRC) qui a obtenu la publication de ce document.
TEPCo précise qu’à la date du 13 juillet, 416 personnes, employées de TEPCo ou de sous-traitants, ont été exposées à plus de 50 millisieverts.

Lundi 1er août, TEPCo s’est fait réprimandée par la NISA pour son contrôle d’identité des travailleurs et sa gestion des laisser-passer suite à une inspection qui a eu lieu le 7 juillet.
Par ailleurs, on a appris que les deux travailleurs morts noyés par le tsunami, alors qu’ils étaient en train d’inspecter les sous-sols du réacteur n°4, ont été envoyés par leur supérieur, malgré l’alerte au tsunami. Ils avaient 21 et 24 ans. Il se peut que l’alerte n’ait pas été transmise à tous les employés.

Mercredi 10 août, le gouvernement envisage de remettre la limite maximale acceptable à 100 millisieverts pour les travailleurs. Selon TEPCO, 103 personnes ont reçu des doses supérieures à 100 millisieverts, 1 259 des doses comprises entre 20 et 100 millisieverts.

Dimanche 28 août, 3 ouvriers ont été fortement irradiés alors qu’il changeaient un filtre sur la station d’épuration des eaux contaminées. Un d’entre eux a reçu une dose de 23,4 millisieverts, et un autre 17,1 mSv, ce qui est plus que les 15 mSv à ne pas dépasser pour une opération.

Un ouvrier est allé pointer la webcam de TEPCo. La vidéo est sur Youtube.

Mardi 30 août, TEPCo a annoncé qu’un intervenant sur le site de la centrale accidentée est mort le 16 août d’une leucémie aiguë à l’âge d’une quarantaine d’années. La compagnie exclut tout lien avec son passage sur la centrale car la dose reçue est de 0,5 millisievert.

TEPCo a annoncé que les trois personnes irradiées le 28 août avaient ignoré l’alarme de leur dosimètre. Ils ont bien entendu l’alarme, mais comme ils avaient presque terminé, ils ont préféré achever leur tâche. Le troisièmeintervenant a reçu 1,1 mSv.

Par ailleurs, les autorités envisagent de rabaisser la limite de dose pour les travailleurs, après l’avoir augmenté à 250 millisieverts par an au moment de la catastrophe. Elles pensent revenir à 100 millisieverts par an. 103 ouvriers ont reçu une dose totale dépassant les 100 millisieverts. Tous les intervenants qui ont commencé en avril ont reçu des doses inférieures à 100 millisieverts. Il n’y a donc pas de raison de maintenir la limite de 250 mSv.

Septembre – Octobre 2011

Jeudi 8 septembre, l’ouvrier qui est aller pointer la webcam de TEPCo le 28 août (voir ci-dessus) explique son geste ici.

Mercredi 21 septembre, le gouvernement a annoncé que les travailleurs qui ont reçu une dose supérieure à 100 millisieverts auront droit à un dépistage annuel gratuit du cancer. Au 15 septembre, ils sont 99 a avoir dépassé cette limite. 309 ont été exposés entre 50 et 100 mSv. Ils auront droit à une dépistage gratuit de la cataracte.

Jeudi 6 octobre, un travailleur, d’une cinquantaine d’années, est décédé subitement après avoir été transporté la veille à l’hopital à la suite d’un malaise en début de journée. Il a oeuvré 46 jours à Fukushima Daichi, à l’extérieur des bâtiments, travaillant à l’installation de réservoirs pour le traitement des eaux contaminées. L’homme n’aurait reçu qu’une dose cumulée de radiations de 2,02 millisieverts. C’est le troisième décès depuis l’accident.

Vendredi 7 octobre, France24 a diffusé un reportage sur les conditions de travail à la centrale de Fukushima. Il peut être visionné en français et en anglais. La ZDF allemande aussi. Il peut être visualisé ici en allemand avec sous-titres (cliquer sur cc).

Vendredi 14 octobre, le ministre de la santé a annoncé qu’il allait baisser la limite de dose maximale admissible des travailleurs engagés à la centrale de Fukushima daï-ichi. Cette limite avait été fixée à 250 mSv au début de la catastrophe et sera mise à 100 mSv au début novembre. En cas d’urgence, la limite de 250 mSv sera rétablie.

Samedi 29 octobre, la chute d’un cable lors de la descente d’une partie du mât d’une grue en cours de démantèlement a fait deux victimes, dont une grièvement blessée. Des explications fournies par TEPCo en anglais sont ici.

Lundi 31 octobre, le Maïnichi évoque le cas de travailleurs résidant dans deux abris construits par Toshiba et Kajima à 2 km de la centrale accidentée qui n’ont pas droit à la prime de risque dont ont droit leurs collègues qui travaillent en zone contaminée. Pourtant les débits de dose y sont tels qu’ils devraient y avoir droit. Entre 2 et 16 microsieverts par heure chez Toshiba et entre 2 et 8,5 microsieverts par heure chez Kajima. Selon la loi, à partir de 1,3 millisieverts sur 3 mois, c’est classé en zone nucléaire. Et cela fait 2,6 microsieverts par heure. Mais les compagnies se renvoient la balle. TEPCo prétend que c’est aux compagnies qui ont construit ces abris de les classer en zone contaminée. Toshiba et Kajima répondent que c’est à TEPCo de le faire. En attendant, les intervenants sont exposés aux mêmes risques que les autres sans que cela soit pris en compte.

Novembre – Décembre 2011

Mardi 1er novembre, le ministère de la santé a fixé à 100 mSv la dose maximale pour les nouvelles recrues.

Vendredi 4 novembre, TEPCo communique sur la vaccination contre la grippe de ses employés, avec photos à l’appui… Photos 1 et 2.

Vendredi 11 novembre, TEPCo a ouvert à la presse le J-Village, situé à 20 km de la centrale, qui sert maintenant de base de vie des travailleurs. Construit au moment de la coupe du monde de foot en 2002, ce complexe sportif avec 11 terrains de jeu avait été financé par TEPCo qui l’avait ensuite remis aux autorités régionales. C’est le plus grand centre du pays. Des dortoirs ont maintenant été construits sur les terrains de foot, avec des douches, machines à laver… 1 100 des 1 600 places sont occupées par des hommes uniquement. Il y a des magasins, une cantine qui sert 200 repas par jour.
Jusqu’à 3 300 personnes par jour travaillent sur le site : ils passent tous par le J-Village même s’ils ne résident pas sur place. La moyenne quotidienne est de 2 100 et 17 000 sont allés sur le site en tout depuis le début de la catastrophe. Fin septembre, 162 ont reçu une dose supérieure à 100 mSv. 6 travailleurs qui sont intervenus au tout début de la catastrophe sont toujours introuvables. Le 1er novembre, le ministère de la santé a fixé à 100 mSv la dose maximale pour les nouvelles recrues.
Il y a aussi environ 4 000 conteneurs d’un mètre cube chacun, plein de déchets radioactifs : masques, cotes… Alors que le débit de dose moyen sur le site est de 0,5 microsievert par heure (10 fois plus qu’à Tokyo), des niveaux 4 à 6 fois supérieurs ont été mesurés près de ces déchets.
Derrière la façade de TEPCo, il y a des situations personnelles difficiles : des sous-traitants qui, une fois la limite de dose atteinte, se retrouvent sans emploi, chomage et couverture sociale. D’autres qui n’ont qu’un contrat oral.
De fait, les travailleurs qualifiés commencent à manquer.

Une vidéo est disponible sur Youtube avec des sous-titres en anglais.

Lundi 14 novembre, la ministre de la santé, Yoko Komiyama, a déclaré qu’après l’arrêt à froid des réacteurs, le gouvernemnt va abaisser la limite maximale de dose pour les intervenants de la centrale accidentée à 100 mSv (millisieverts) sur 5 ans et 50 mSv par an. Néanmoins, pour une cinquantaine d’experts dont l’expertise est vitale, la limite va rester à 250 mSv jusqu’au 30 avril 2012.

Lundi 28 novembre, le directeur de la centrale nucléaire de Fukushima, Masao Yoshida, présent sur le site depuis l’accident du 11 mars, quitte ses fonctions pour raisons de santé. TEPCO refuse de communiquer sur les raisons de son hospitalisation. En fait, il a quitté la centrale depuis le 14 novembre.

Mardi 6 décembre, il a été annoncé que les 260 pompiers qui sont intervenus au début de la catastrophe pour arroser piscines et réacteurs devraient avoir droit à un suivi médical, même après la retraite. Il devrait en être de même pour l’armée et la police.

Vendredi 9 décembre, l’ancien directeur de la centrale a tenu à ce que sa maladie soit publique et il l’a lui-même annoncée aux personnes présentes sur le site de la centrale : il souffre d’un cancer de l’oesophage, “sans lien avec la radioactivité”, s’est empressé d’ajouter TEPCo. Il aurait reçu une dose totale de 70 millisieverts (irradiation externe et contamination interne).

Vendredi 16 décembre, selon le journaliste indépendant, Tomohiko Suzuki, qui s’est fait embaucher sur le site de la centrale pendant un mois et qui vient de publier un livre où il raconte ce qu’il a vécu, la situation sur place est très différente de l’image qu’en donne TEPCo. Les deux principaux sous-traitants, Toshiba et Hitachi, utilisent des technologies différentes et ne communiquent pas entre eux. On n’est loin de l’effort national conjoint vanté par le gouvernement.
Selon lui, de nombreux intervenants trichent avec les dosimètres pour pouvoir travailler plus longtemps : certains les mettent dans les chaussettes. Dans certains cas extrêmes, les dosimètres restent dans le dortoir… TEPCo et ses sous-traitants ne disent jamais d’agir ainsi, mais la charge de travail est telle qu’il n’est pas possible de faire autrement si l’on veut garder son poste.
Enfin, toutes les réparations ont été faites dans l’urgence et sont donc fragiles. Les km de tuyaux du système de décontamination sont en plastic et peuvent geler cet hiver. Quand des ingénieurs proposent des solution plus durables ou efficaces, on leur répond qu’il n’y a plus d’argent.

Samedi 17 décembre, 52 travailleurs du site de la centrale ont été infectés par un virus.

Jeudi 22 décembre, TEPCo a publié (en japonais) un rapport relatant l’état d’esprit des personnes sur place au début de la catastrophe. Voici quelques témoignages tirés de l’article du Asahi :
Il y avait 24 personnes dans la salle de commande des réacteurs 1 et 2 au moment du séisme. “Je n’arrivais pas à y croire”, dira l’un. La salle n’était éclairée que par l’éclairage de secours. Une alarme stridente sonnait. Puis, un opérateur, qui était sorti, est revenu en disant que l’eau de mer est en train de monter. Toutes les données, indispensables au pilotage, ont disparu des écrans. “Est-ce qu’il est utile derester ?”. On leur a conseillé de manger quelques biscuits et de boire de l’eau pour se calmer. Mais le niveau de radiations a atteint un niveau tel, que l’accès au réacteur n°1 a été interdit. Deux jeunes employés sont partis. Même un cadre sénior ne pouvait cacher son angoisse. “Sans connaître l’état du réacteur, j’ai cru devenir fou. Il me fallait pouvoir faire quelque chose.” Un autre a enlevé son alliance pour qu’elle ne soit pas contaminée. Puis l’a remise : “Cela pourra aider à m’identifier si le scénario du pire a lieu”. Il est ensuite allé sur le site aider ses collègues.
Pendant l’explosion du réacteur n°1, le 12 mars, une personne présente à l’extérieur à proximité du bâtiment turbine : “J’ai vu des débris dans le ciel retomber en morceaux”. Une autre a envoyé ce message à son père : “S’il m’arrive quelque chose, prends soin de ma femme et ma fille”.

Janvier – février – mars 2012

Lundi 9 janvier, un homme d’une soixantaine d’année est dans le coma après un malaise sur le site de la centrale. Il s’agit d’un sous-traitant qui a reçu une dose de 52 microsieverts ce jour.

Samedi 21 janvier, on vient d’apprendre de sources ministérielles et syndicales que le ministère de la santé n’a pas pris en compte les doses reçues en dehors du travail par les intervenants sur le site de la centrale. Nombre d’entre eux ont été exposés aux retombées radioactives ou vivent en territoire contaminé. D’autres sont engagés pour des opérations de décontamination (ce sont les sous-traitants du nucléaire qui ont remporté ces marchés…).

Jeudi 2 février, le Asahi consacre un long article au syndicat du crime (yakuza) qui gère un sous-prolétariat envoyé dans les centrales faire les travaux les plus irradiants. Lorsqu’une compagnie ayant pignon sur rue remporte un marché dans une centrale, elle envoie souvent des intérimaires faire le sale travail. Cette pratique illégale est gérée par des yakuzas qui embauchent à la journée ces intérimaires et prélève sa part au passage. Certains intérimaires vont ainsi de centrales en centrales. C’est à Fukui, avec 13 réacteurs commerciaux plus le surgénérateur Monju, que la demande est la plus forte. La centrale de Fukushima, quand elle fonctionnait, n’a pas échappé à ces pratiques.

Lundi 20 février, TEPCo a organisé un voyage de presse sur le site de la centrale. Le journaliste du Asahi a pris 71 microsieverts en 4 heures.

Samedi 25 février, la famille du plombier de 60 ans qui était décédé en mai 2011 sur le site de la centrale de Fukushima a obtenu gain de cause : le décès est officiellement reconnu comme étant dû aux conditions de travail pénibles sur le site. Il a dû travailler la nuit avec une combinaison de protection et un masque. Il était employé d’un sous-traitant de Toshiba.

Mardi 28 février, le Spiegel a interviewé Jun Shigemura, le psychologue qui suit les employés qui interviennent à la centrale de Fukushima. Il refuse d’être payé par TEPCo, c’est une question de principe. Par défiance envers la compagnie, mais aussi parce que les salaires des employés de TEPCo ont été coupés de 20%.
Après une catastrophe naturelle, 1 à 5% de la population souffre de maux à long terme. C’est 10 à 20% parmi les pompiers et autres secouristes. Mais chez les travailleurs de TEPCo, c’est encore plus.
Il mentionne le cas d’un employé de TEPCo qui a perdu sa maison et son fils dans le tsunami. Quand il a trouvé un premier appartement, le propriétaire a refusé de louer à un employé de TEPCo. Il a fini par trouver à se loger et un jour un voisin a collé sur sa porte un papier qui demandait aux employés de TEPCo de déguerpir. Comme il a pris une forte dose, il ne peut plus aller sur le site et travaille dans un bureau maintenant, ce qui ne lui convient pas du tout. A tout cela s’ajoutent des problèmes financiers et familiaux.

Vendredi 9 mars, au lendemain de la journée de la femme, TEPCo devrait autoriser les femmes à revenir travailler sur le site de la centrale. La dose limite pour les femmes est plus stricte car elles peuvent être enceinte sans le savoir pendant quelque temps. Or, en avril dernier, une femme avait dépassé les 5 mSv sur 3 mois. La compagnie avait alors banni les femmes sur le site de sa centrale accidentée.

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Impact sur la faune et la flore

Vendredi 3 février 2012, selon une étude à paraître dans Environmental Pollution, le nombre d’oiseaux autour de la centrale de Fukushima serait en forte diminution. Une équipe de chercheurs du Japon, des Etats-Unis et du Danemark a étudié 14 espèces d’oiseaux communs au Japon et à l’Ukraine et la chute de l’abondance est supérieure au Japon qu’en Ukraine. Les chercheurs mettent en avant les conséquences immédiates des rayonnements pour les oiseaux pendant la saison de reproduction principale de Mars à Juillet.
Timothy Mousseau et Anders Moller Pape, deux des auteurs de l’étude, expliquent que leurs recherches autour de Tchernobyl ont mis en évidence des effets négatifs importants au sein de la population d’oiseaux, comme la réduction de la longévité et de la fertilité masculine, et que les oiseaux ont des cerveaux plus petits.
L’article scientifique est ici en anglais (accès payant).

Lundi 6 février, des chercheurs du Japan’s Forestry and Forest Products Research Institute ont mesuré jusqu’à 20 000 becquerels par kilo de césium dans des vers de terre prélevés à Kawauchi, situé à une vingtaine de kilomètres de la centrale. A Otama, situé à 60 km, il y avait 1 000 Bq/kg et à Tadami, situé à 150 km, 290 Bq/kg. A titre de comparaison, le débit de dose à Kawauchi était de 3,11 microsieverts par heure et la contamination des sols de 1,38 millions de becquerels par m2. A Otama, ces chiffres sont 0,33 microsieverts par heure et entre 80 000 et 120 000 Bq/m2, et à Tadami, 0,12 microsieverts par heure et 20 000 Bq/m2.
Les vers servent de nourriture à de nombreuses espèces sauvages. Cette contamination va donc se propager dans toute la chaîne alimentaire.

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Autres informations

Le premier séisme qui a declenché la catastrophe avait une magnitude 9,0, ce qui représente une force exceptionnelle. Il a été suivi un peu plus tard par un tsunami d’une hauteur de 14 mètres au niveau de la centrale de Fukushima dai-ichi. Des sismologues, comme Shimamura Hideki, remettent en cause la magnitude du séisme. TEPCo a ré-estimé la hauteur de la vague à 15 mètres début avril. L’alerte au tsunami a été levée lundi 14 mars.

Jeudi 19 mai, TEPCo a rendu publiques des photos du tsunami et de la centrale inondée. Elle sont disponibles sur son site Internet. Ces photos ont conduit de nombreux experts universitaires japonais à remettre en cause la hauteur de la vague estimée par TEPCo.
Le tsunami le plus haut envisagé lors de la construction de la centrale était de 5,7 mètres. La hauteur de 14 à 15 mètres estimée par TEPCo est considérée par l’exploitant comme inimaginable. La compagnie utilise cet argument pour se dédouaner de sa responsabilité et ne pas payer de compensations. A la vue de ces photos et d’autres estimations, nombreux sont ceux qui évaluent à une dizaine de mètres uniquement la hauteur de la vague. Cela n’empèche pas l’eau de monter un peu plus haut par endroit si la pente est raide.

Selon une estimation publiée le vendredi 1er avril, les accélérations subies par les sous-sols des réacteurs 2, 3 et 5 étaient respectivement de 550, 507 et 548 gals dans la direction est-ouest, soit beaucoup plus que ce qui avait été envisagé. Ces chiffres peuvent évoluer car toutes les données n’ont pas encore été analysées. (1 gal = 1 cm/s2) Les données sont disponibles en anglais sur le site de TEPCo.

Suite aux évènements du mardi 15 mars, le gouvernement japonais a installé une cellule de crise dans les locaux mêmes de TEPCo afin de pouvoir être bien informé. Elle est présidée par le premier ministre en personne !

Vendredi 8 juillet, TEPCo a présenté les résultats d’un simulation de l’impact du tsunami sur la côte pacifique. Selon le résultat de ces calculs, la vague la plus haute avait une hauteur de 13,1 mètres au niveau de daï-ichi (centrale n°1, celle qui est accidentée) et de 9,1 mètres au niveau de daï-ni (n°2). TEPCo n’avait prévu qu’un tsunami de 5,7 mètres.

Lundi 22 août, une équipe de chercheurs de l’université de Hokkaido a trouvé qu’il y a eu 6 tsunami importants le long de la côte lors des 6 000 dernières années. Il n’est pas impossible que ces tsunamis aient été provoqués par des séismes d’une magnitude de l’ordre de 9.

Vendredi 9 décembre, alors que TEPCo prétendait que la roche sous sa centrale de Fukushima daï-ichi ne dépasserait la limite qu’elle s’est fixée comme critère qu’une fois tous les 10 000 ans, la NISA est venue la contredire dans un rapport publié ce jour. L’accélération à 196 m de profondeur a été de 675 gal (cm/s2) alors que TEPCo s’était fixé 600 gal comme référence. Et la NISA d’ajouter, qu’une telle secousse aurait pu être prévue, sans expliquer pourquoi elle ne l’a pas dit avant…
La compagnie continue à prétendre que le séisme n’est pas responsable de la catastrophe. La forte radioactivité sur le site empêche d’aller vérifier.
Pour la centrale d’Onagawa, exploitée par la compagnie d’électricité du Tohoku, l’accélération à -8,6 m a été de 636 gal, ce qui est beaucoup plus que la référence de 580 gal.

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Gravité de l’accident

2011

Mardi 15 mars l’ASN, a estimé que l’accident de la centrale nucléaire japonaise relève désormais du niveau 6 sur une échelle de 7. Elle a été suivie par son homologue américaine. 7 correspond à Tchernobyl. Ce niveau était évalué à 4 par les autorités japonaises. Il a été remonté au niveau 5 vendredi 18 mars, pour les réacteurs 1, 2 et 3. L’accident du réacteur n°4 a, quant à lui, été reclassé au niveau 3.

La NISA a estimé que la quantité d’iode relâchée par la centrale de Fukushima dai-ici entre le 12 mars 6h00 et le mercredi 23 mars minuit devait être comprise entre 30 000 et 110 000 térabecquerels. (1 térabecquerel correspond à 1012 bequerels, soit un million de millions). Cela entraîne un niveau 6 pour l’accident. A Tchernobyl, accident de niveau 7, ces rejets ont été estimés à 1,8 millions de térabecquerels.

Mardi 12 avril, la NISA a réévalué l’accident de Fukushima au niveau 7, comme à Tchernobyl. Elle a précisé que les rejets ont dépassé les 10 000 térabecquerels par heure pendant plusieurs heures (1 térabecquerel = 1012 becquerels = 1 million de millions de becquerels). Les rejets seraient actuellement inférieurs au térabecquerel par heure.

Pour la première fois depuis le début de la catastrophe, le lundi 25 avril, une conférence de presse commune entre le gouvernement, TEPCO, la NISA et la Nuclear Safety Commission of Japan (NSC) a été tenue, officiellement pour éviter les répétitions et les annonces divergentes. 250 journalistes étaient présents pour cette première, mais rien de bien nouveau n’a émergé. Tous les journalistes,  ne sont pas convaincus, prétextant que c’est de leur ressort de vérifier et confronter les informations et craignent un lissage par le bas. Les soupçons de liens troubles entre l’exploitant et les autorités seront renforcés.

Vendredi 12 août, le magazine Asia online publie de nombreux témoignages de travailleurs sur le site de la centrale qui expliquent que le tremblement terre avait déjà bien endommagé la tuyauterie, bien avant le tsunami et qu’il y avait des fuites partout. Ils ne peuvent pas dire quel circuit fuyait car il leur aurait fallu plus de temps pour inspecter le réacteur.
Ingénieur A : “J’ai personnellement vu des tuyaux qui s’étaient défaits et je suppose qu’il y en avait beaucoup plus qui ont été brisés dans toute la centrale. Il ne fait aucun doute que le tremblement de terre a fait beaucoup de dégâts. Il y avait certainement des tuyaux qui fuient, mais nous ne savons pas quels tuyaux – ce doit être inspecté. J’ai aussi vu une partie de la paroi du bâtiment turbine du réacteur n°1 qui avait bougé. La fissure pourrait avoir affecté le réacteur.”
Technicien B : ”C’était comme si le séisme qui a frappé en deux fois, le premier impact a été si intense que vous pouviez voir le bâtiment trembler, les tuyaux flamber, et en quelques minutes, j’ai vu des tuyaux éclater. Certains sont tombés du mur. D’autres ont craqué. Je suis sûr que certains des réservoirs d’oxygène stockés sur le site ont explosé, mais je n’ai pas vu moi-même. Quelqu’un a crié que nous devions tous évacuer. J’ai été gravement alarmé parce que je partais. On m’a dit, et j’ai pu le voir de mes propres yeux, que plusieurs tuyaux avaient des fissures ouvertes, y compris ce que je crois être les sources froides d’alimentation en eau. Cela signifierait que du liquide de refroidissement ne pouvait pas aller au cœur du réacteur. Si vous ne pouvez pas obtenir de refroidissement suffisante pour le coeur, il fond. Vous n’avez pas besoin d’être un scientifique nucléaire pour comprendre cela.”

Dimanche 14 août, émission de la NHK sur les causes de l’accident vues des Etats-Unis. L’émission est en japonais, mais la plupart des interviews sont en anglais. A voir sur dailymotion : Première partie  et deuxième partie. Les corrections de TEPCo à propos de cette émission sont ici en anglais.

Mercredi 17 août, la presse fait état de découvertes de la commission en charge d’analyser les causes de l’accident. TEPCo n’avait jamais prévu une explosion hydrogène. Après la première explosion, le 12 mars, la compagnie a commencé à réfléchir au problème. Il était trop tard car les réacteurs n’étaient plus accessibles à cause des débits de dose énormes.
Par ailleurs, la compagnie n’avait de manuel de dépressurisation des cuves en cas de problème. Les intervenants ont dû étudier le plan du réacteur pour trouver la solution.
Avec la perte de l’alimentation électrique, de nombreuses batteries de secours sont arrivées en urgence. Mais les ouvriers ne savaient pas lesquelles choisir pour un équipement donné. Certaines batteries ont été délivrées par erreur à la centrale daï-ni située à 10 km ou à la base de vie située à 20 km.

Lundi 5 septembre, dans sa première interview après sa démission, l’ancien premier ministre, Naoto Kan, a révélé que le mardi 15 à 3h, son ministre de l’industrie l’a averti que TEPCo envisageait d’abandonner la centrale à son triste sort. Les conséquences de l’accident auraient alors été sans aucune mesure par rapport à ce qui s’est passé. Le premier ministre aurait sermoné le président de TEPCo et lui aurait proposé une cellule de crise intégrée.

Mercredi 7 septembre, un comité scientifique parlementaire (The House of Representatives Special Committee on Promotion of Science and Technology and Innovation) a demandé à TEPCo de lui transmettre ses deux manuels de fonctionnement en cas d’accident et d’accident grave. Il n’est a reçu qu’un seul, largement expurgé. Voir la vidéo des documents pour comprendre le malaise. Utiliser l’option cc pour les sous-titres approximatifs. Ce serait à cause du secret industriel (comme si quelqu’un voulait la même centrale !).

Lundi 12 septembre, TEPCo a présenté le deuxième manuel demandé par les parlementaires, tout aussi expurgé que le premier. 3 pages des manuels présentés lors d’une audition étaient presque entièrement noircis et TEPCo a récupéré les documents à la fin de la réunion. La NISA a expliqué que d’après la loi, les parlementaires pouvaient exiger les manuels non expurgés, ce qu’ils se sont empressés de faire auprès du METI, qui est le ministère de l’économie et industrie. Il s’agit de leur 4ième demande à propos de ces manuels. Les élus ne comprennent pas pourquoi la NISA a tant tardé à préciser ce point.

Vendredi 16 septembre, le directeur de la NISA a critiqué sévèrement TEPCo à propos de son refus de communiquer les documents demandés. Et d’ajouter que lui même n’avait pas reçu tous ces documents non plus.

Mardi 4 octobre, TEPCo a finalement remis les manuels réclamés à la NISA mais continue à prétendre que 50% du texte peut être rendu public. Pour la partie qui concerne les accidents graves, seulement 10% peut être rendu public…

Vendredi 14 octobre, on a appris que la NISA a effectué des calculs dès le 25 mars pour étudier les conséquences possible d’un “syndrome chinois”, c’est à dire une fusion complète du coeur qui perce la cuve et l’enceinte de confiment. A cette époque, les autorités et TEPCo ne parlaient que d’endommagement du combustible. Cette étude a montré, qu’en l’absence de refroidissement, il aurait fallu 8 jours pour percer l’enceinte de confinement du réacteur n°1 et 10 jours pour les réacteurs n°2 et 3.

Lundi 24 octobre, on se souvient que TEPCo avait noirci ses manuels de crise avant de les transmettre aux parlementaires. Le ministère de l’industrie, qui a fini par les récupérer, vient de les mettre en ligne, expurgé des seuls noms de personne. Ils sont ici et ici en japonais. Il apparaît clairement que ces documents étaient inutiles pour faire face à la crise et que TEPCo n’était absolument pas préparée.
En particulier, TEPCo n’avait jamais imaginé perdre toutes les sources de courant.

Vendredi 2 décembre, TEPCo a rendu public un rapport d’étape sur la catastrophe. Le rapport définitif est prévu pour juin. Il est basé sur les données collectées au début de l’accident et des interviews de 250 travailleurs. La faute est due au tsunami d’amplitude exceptionnelle et TEPCo n’est pas en cause : elle a bien satisfait aux règles de sûreté…
Ce rapport est de plus muet sur plusieurs points génants pour la compagnie : pourquoi rien n’a été fait pour prévenir une explosion hydrogène alors qu’il était évident que des gaz radioactifs étaient sortis des enceintes ?
Le résumé est ici en japonais. Le communiqué succint en anglais est ici. Le rapport complet en japonais peut être téléchargé à partir de cette page.

Lundi 26 décembre, la commission mise en place par le gouvernement pour comprendre les causes de l’accident et présidée par le prof. Hatamura, spécialiste des accidents, a remis son rapport d’étape. Le rapport complet est pour l’été 2012. Epais de 500 pages et basé sur l’audition de 456 personnes, ce rapport est sévère pour TEPCo et l’autorité de Sûreté nucléaire japonaise. Il peut être téléchargé ici (seul le résumé est traduit en anglais pour le moment).

Parmi les problèmes pointés du doigt :
– le cabinet du premier ministre, qui gérait la crise, a pris des décisions sans être correctement informé. Il était situé au 4ième étage alors que le centre de crise administratifs était au sous-sols. La communication entre ces deux centres n’a pas été efficace.
– l’inaction de la NISA au début de la crise : bien que ses locaux ne soient qu’à 600 m de ceux de TEPCo, elle n’avait personne au centre de crise de TEPCo pour recueillir des informations. Les instructions de la NISA étaient, pour l’essentiel, inutiles car elles se limitaient à demander des informations le plus rapidement possible.
– la non préparation à une situation de crise. Par exemple, l’ordre a été donné d’évacuer jusqu’à 20 km alors que cela n’avait jamais été prévu au-delà de 10 km. Les autorités locales, qui ont reçu l’ordre d’évacuer, ne savaient pas comment faire. Surtout, les prédictions sur les retombées radioactives issues des calculs du logiciel SPEEDI, conçu pour cela, n’ont pas été utilisées : des gens, présents dans des zones peu touchées, ont été évacués vers des zones plus exposées. Les données de SPEEDI n’ont jamais atteint le 4ième étage de la résidence du 1er ministre où les décisions d’évacuation étaient prises.
– le centre local de crise, situté à 5 km de la centrale, a été inutilisable car il n’était pas protégé contre les radiations.
– TEPCo n’avait jamais envisagé une perte complète de toutes ses sources électriques et ne connaissait pas bien le fonctionnement des systèmes de refroidissement de secours. Elle n’avait pas préparé ses employés à une situation d’urgence. Elle aurait pu limiter les rejets en prenant des décisions plus appropriées.
Par exemple, TEPCo ne s’est pas rendue compte rapidement que le système de refroidissement du réacteur n°1 ne fonctionnait pas. Ses employés de savait pas actionner les vannes de décompression sans électricité.
– le rapport est aussi très critique sur la communication envers le public. Le 12 mars à 14h, la NISA évoque le fait que la fusion du coeur du réacteur n°1 a pu commncer, puis elle se rétractera. Le même jour, TEPCo a diffusé une photo du réacteur n°1 après l’explosion et s’est fait réprimandée par le cabinet du premier ministre. Par la suite, TEPCo demandera toujours l’autorisation des autorités avant de diffuser des informations, ce qui a ralenti leur diffusion.
En particulier, elle est très critique sur les commentaires du porte-parole de l’époque, Yukio Edano, devenu ministre de l’industrie, qui se voulait rassurant en disant qu’il n’y avait pas d’effet immédiat sur la santé humaine. Cela signifie-t-il qu’il ne faut pas se faire de soucis ou qu’il faut s’en faire ?

Il reste à cette commission à interroger les membres du cabinet du premier ministre qui ont géré la crise au sommet de l’Etat avec les hauts responsables des instances de contrôle.
Pour la presse, ce rapport n’explique pas pourquoi aussi bien TEPCo que la NISA ont été aussi incompétente dans la gestion de la crise car il n’aborde pas les problèmes de collusion entre l’industriel, les autorités et les politiques. Il n’a pas non plus cherché à savoir si la non-diffusion des informations tirées du logiciel SPEEDI est due à de l’incompétence ou à une volonté délibérée.

Mardi 27 décembre, TEPCo n’est pas satisfaite du rapport de la commission Hatamura et l’a fait savoir lors d’une conférence de presse. L’attitude de la compagnie jusqu’à maintenant était du style “responsable, mais pas coupable” : elle prétend avoir toujours satisfait aux règles de sûreté imposées par le gouvernement. Dit autrement, c’est la faute des autorités qui n’étaient pas assez sévères. C’est l’exploitant qui a la responsabilité de la sûreté de ses installations : la catastrophe de Fukushima est donc d’abord due à une défaillance de l’exploitant, même si l’autorité de contrôle porte aussi une lourde responsabilité.

2012

Mercredi 8 février, TEPCo et les inspecteurs de la NISA ont inspecté pour la première fois depuis le 11 mars la deuxième centrale nucléaire de Fukushima (Fukushima daï-ni), située à 12 km plus au Sud. L’inspection de visu a durée 3h30.Selon un membre de l’équipe, le séisme aurait pu endommagé les réacteurs.
La centrale a aussi été ouverte à la presse. Le directeur de la centrale a avoué que cette centrale a failli avoir le même sort que sa voisine, la n°1 (daï-ichi) : 3 réacteurs sur 4 menaçaient suite à l’arrêt du refroidissement. Fort heureusement l’alimentation électrique externe n’a pas été coupée, ce qui a permis d’éviter le pire. Le 15 mars, les 4 réacteurs étaient arrêtés à froid.
Cela a pris du temps pour statbiliser les réacteurs. Les 2 000 personnes présentes sur le site ont dû tirer de nouveaux cables sur 9 km. “Heureusement que cela a eu lieu un vendredi” et pas un week-end. La nuit et le week-end, il n’y a qu’une quarantaine d’employés présents. Il aurait été très difficile de faire face.

Lundi 27 février, la fondation Rebuild Japan Initiative Foundation a mis en place une commission indépendante d’investigation de l’accident de Fukushima qui a remis ses premières conclusions. La catastrophe de Fukushima est d’origine humaine : ils accusent le manque de culture de sûreté de l’exploitant, son impréparation et la faiblesse des autorités de contrôle. Ils parlent de négligences systématiques de la part de TEPCo et qualifient la culture de la compagnie d’irresponsable. Ils sont tout aussi sévères contre les autorités de sûreté qui n’étaient pas au niveau des standards internationaux. Ils qualifient les inspections des installations nucléaires de simples formalités : les inspecteurs se contentaient seulement de recopier les rapports des exploitants.
Le rapport mentionne que quand les camions avec des générateurs de secours sont finalement arrivés sur le site de la centrale, il n’y avait pas de câble pour les brancher. Personne n’avait penser les prendre et personne sur le site n’avait préparé l’arrivée des camions.
Dans l’ensemble, l’analyse rejoint celle de l’officiel Investigation Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations. Il diverge cependant sur l’histoire du retrait complet ou partiel de TEPCo le 15 mars. Selon le premier ministre, TEPCo aurait annoncé se retirer de la centrale le 15 mars. Le premier ministre l’a compris comme un abandon et a intimé l’ordre de rester. Le PDG de TEPCo dit qu’il a mal été compris et qu’il était évident qu’il allait laisser un nombre minimal de personnes sur place. Comme il n’existe aucun CR, la vérité ne sera probablement jamais connue. Le nouveau rapport est plus proche de la version du premier ministre de l’époque (TEPCo n’a donné aucune chiffre), alors que le premier est plus proche de celle du PDG de TEPCo.
Ce nouveau rapport publie aussi intégralement le scénario du pire imaginé pour le premier ministre, basé sur une rupture de la piscine du réacteur n°4, fusion des combustibles usés et évacuation jusqu’à Tôkyô.
Le rapport est aussi très critique sur l’attitude autoritaire du premier ministre qui ne faisait confiance à personne et qui voulait régler lui-même certains détails. En revanche, il lui est reconnaissant d’avoir refusé énergiquement l’abandon du site par TEPCo.
L’origine et les liens politiques de cette fondation, présidée par l’ancien rédacteur en chef du Asahi, et de sa commission d’enquête sont encore mystérieux pour nous. Le rapport n’est pas encore disponible en ligne. Les politiques ont accepté d’être auditionnés, pas TEPCo.

La BBC a diffusé un documentaire intéressant sur la catastrophe de Fukushima avec de nombreuses images inédites. Il est ici en anglais, of course.

Mardi 28 février, Greenpeace International vient de publier un rapport sur la catastrophe de Fukushima avec une contribution importante de l’ACRO. Ce rapport met en lumière les échecs de la gestion de la crise dans un pays qui est particulièrement bien préparé pour faire face aux catastrophes naturelles, la difficulté d’obtenir des compensations et de l’état du “village nucléaire” mettant en avant la collusion entre les exploitants et les autorités.
Une version française de ce rapport est disponible. La partie rédigée par l’ACRO est aussi disponible en allemand.

-> Le ministère des affaires étrangères a publié sur son site le rapport du juin 2011 destiné à l’AIEA. Il est ici en anglais.
-> Le ministère des affaires étrangères a publié sur son site un nouveau rapport destiné à l’AIEA (septembre 2011). Il est en ligne ici en anglais.
-> Le rapport de TEPCo du 2 décembre sur l’accident est ici en anglais. Un supplément en anglais est ici.

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Coût financier de l’accident

Mars – Avril – Mai 2011

Le magazine AERA du 16 avril explique qu’il est fort probable que la compagnie TEPCo ne survive pas à la catastrophe. Le gouvernement envisagerait de démanteler la compagnie : après avoir pris le contrôle et sa mise en faillite, il restructerait ce qui en reste. Il y a aussi des propositions de supprimer la forte influence de la compagnie sur le pouvoir politique et les médias. D’autres suggèrent de confisquer les avoirs et les salaires des dirigeants en faveur des victimes du tremblement de terre. Mais la compagnie bénéficie toujours de forts soutiens dans la classe politique qui font tout pour contrecarrer ces propositions radicales.

Mardi 26 avril, TEPCo a annoncé renoncer à toute embauche pour le moment et va couper dans les rémunérations de ses cadres et dirigeants. Le syndicat a accepté.

Mardi 10 mai, le premier ministre a annoncé qu’il allait renoncer au 14 000 euros par mois de salaire de premier ministre et n’allait garder que les 7 000 euros par mois de salaire de député tant que la crise n’est pas terminée. “Le gouvernement a une grande responsabilité dans cette crise” a-t-il déclaré. Le PDG de Tepco et sept autres principaux dirigeants ont annoncé également l’abandon total de leur rétribution. Ils avaient prévu jusque-là de renoncer à la moitié de leurs émoluments, mais ont accepté de sacrifier la part restante. Me ministre de l’industrie a suivi le premier ministre et va aussi renoncer à ses émoluments de ministre.

Un article du Asahi daté du mercredi 4 mai (version anglaise) rapporte que selon des sources gouvernementales, le montant des compensations s’élèverait à 33 milliards d’euros. TEPCo devrait en prendre 50% à sa charge. Il ne s’agit que d’une première estimation puisque la catstrophe n’est pas terminée. Cela entraînera une augmentation de la facture électrique pouvant aller jusqu’à 20% pour TEPCo et 2% pour les autres compagnies de production d’électricité qui devront aussi mettre la main au portefeuille.

Et le Asahi du vendredi 6 mai (version anglaise) d’ajouter que TEPCO fait un lobbying intense pour limiter les compensations à payer. Le gouvernement a mis en place un comité qui doit établir des règles claires et le montant des compensations. TEPCo essaye de faire pression sur ce comité, ce qui pourrait menacer sa crédibilité.

Le mardi 10 mai, TEPCo a officiellement demandé l’aide financière du gouvernement japonais qui pourrait devenir actionnaire. Mais il n’y a pas de concensus sur ce sujet. Mercredi 11 mai, TEPCo a accepté les 6 conditions du gouvernement sur les compensations.

Jeudi 12 mai, le gouvernement est en train de finaliser le plan de compensation. De l’argent public devra être injecté, même si TEPCO devra rembourser sur le long terme. Dans tous les cas, c’est le public qui paye, soit via sa feuille d’impôts, soit via sa facture d’électricité. Ce qu’il y a de flagrant dans ce plan, c’est qu’il évite de désigner un responsable de la crise nucléaire. Pourtant, il faudra bien aborder ces problèmes une fois les fonds distribués et mettre à contribution les actionnaires de la compagnie qui semblent épargnés pour le moment. Même si une reprise en main de la compagnie par les pouvoirs publics et une réflexion sur la marché de l’électricité s’imposent, ces sujets ne semblent pas abordés.
Certains au gouvernement demandent aussi d’imposer aux banques de reéchelonner la dette de la compagnie.
D’autres politiciens cherchent à dédouaner TEPCo de ses responsablités sous prétexte que l’accident a été causé par une catastrophe naturelle.

Samedi 14 mai, le ministre de l’industrie a demandé aux dirigeants de TEPCo de couper encore plus dans leur salaire qui reste élevé.

Mardi 17 mai, la commission gouvernementale qui définit les critères d’indemnisation va prendre en compte la détresse psychologique en la classant sur une échelle allant de 1 à 4. Les personnes devant vivre dans des abriscomme des gymnases seront classés tout en haut.

Vendredi 20 mai, TEPCo a annoncé une perte de près de 11 milliards d’euros pour l’année budgétaire écoulée qui se termine fin mars au Japon. Avant la catastrophe, TEPCo espérait un bénéfice d’un milliard d’euros.

Vendredi 27 mai, alors que TEPCo a tous ses réservoirs pleins, il est de plus en plus urgent de pouvoir traiter l’eau contaminée. Mais le traitement de l’eau proposé par AREVA coûte 210 yens (1,83 euro) le litre. Sachant qu’il y a 1 000 litres dans une tonne d’eau et qu’il y a des milliers de tonnes à traiter, le malheur des uns fait le bonheur des autres… TEPCo estime à 460 millions d’euros, le coût pour traiter 250 000 tonnes. A cela s’ajouteront les coûts de stockage de l’eau et des déchets générés. Cela représente plus de 10% de ce que la deuxième phase des opérations devrait coûter à TEPCo.

Samedi 28 mai, les banques japonaises actionnaires de TEPCo ont perdu 3,5 milliards d’euros, l’action étant passée de 2 000 yens avant la crise à 466 yens le 31 mars (date de clôture du bilan annuel). Les préfectures, chambres d’agriculture etc touchées par la catastrophe vont réclamer 87 millions d’euros de dédommagement.

Mardi 31 mai, un cabinet d’étude privé, le “Japan Center for Economic Research”, a estimé que la facture de la catastrophe nucléaire pourrait s’élever entre 71 et 250 milliards de dollars dans les 10 prochaines années : 54 milliards pour l’achat des terrains dans un rayon de 20 km, 8 milliards de compensations aux personnes déplacées et de 9 à 188 milliards pour démanteler la centrale. Selon ce cabinet, 71 milliards de dollars pourraient être économisés en dix ans en abandonnant la R&D sur le “cycle” du combustible nucléaire.

Juin 2011

Jeudi 16 juin, environ 150 familles évacuées de Minami-Sôma et Iwaki ont perdu toutes les aides sociales qu’elles recevaient après avoir touché une compensation de TEPCo (6 500 euros pour un célibataire et 8 700 euros pour une famille de plusieurs personnes). Certaines personnes, incrédules, se sont plaint car elles ne considéraient pas la compensation comme un revenu, mais comme une consolation. Il y a en tout 620 familles qui touchaient des aides sociales dans la zone d’évacuation et qui risquent de subir le même sort. Elles pourront recandidater à l’aide sociale quand elles auront dépensé la compensation de TEPCo.

Lundi 20 juin, une commission gouvernementale a proposé d’indemniser la détresse psycologique des personnes évacuées à hauteur de 100 000 yens (870 euros) par mois et ce pendant 6 mois. Les personnes qui vivent dans les abris (gymnases…) recevront 120 000 yens (1 043 euros). Après six mois, tout le monde passera à 50 000 yens (435 euros) par mois. Après 12 mois, cela reste à déterminer.

Mercredi 22 juin, TEPCo a annoncé avoir subi plus d’un milliard d’euros de pertes et provisions de pertes supplémentaires qui viennent s’ajouter aux 10,9 milliards d’euros de pertes liées à la catastrophe nucléaire annoncé le 20 mai : 88 milliards de yens (765 millions d’euros) de plus pour l’aide psychologique aux personnes évacuées et 38 milliards de yens (330 millions d’euros) de provisions de pertes annuelles.

Jeudi 23 juin, le gouvernement a annoncé vouloir constituer un fond de 887 millions d’euros pour faire un suivi pendant 30 ans de la santé de 2 millions de personnes de la province de Fukushima exposées au retombées radioactives. Il va demander à TEPCo de contribuer à hauteur de 25% environ.
Le gouvernement compte aussi dégager environ 17 milliards d’euros pour aider TEPCo et permettre que la compagnie reste solvable pour pouvoir compenser les victimes de la catastrophe nucléaire. Les fonds viendront sous la forme d’obligations d’Etat spéciales.

Mercredi 29 juin, Kenichi Oshima, un économiste de l’université Ritsumeikan à Kyoto a calculé que les pertes de TEPCo due à la catastrophe seront supérieures à tous les gains produits par ses centrales nucléaires depuis leur démarrage en 1970. Ces gains, générés par 17 réacteurs répartis dans 3 centrales, sont estimés à 34 milliards d’euros. Ils ne pourront à peine couvrir les compensations dues aux agriculteurs, pêcheurs, personnes évacuées… Les compensations pourraient être 3 à 4 fois plus élevées.

Juillet – Août 2011

Mardi 19 juillet, le groupe de travail qui planche sur les compensations, recommande que l’activité économique indirectement touchée soit aussi indemnisée. Ce sont les entreprises dont les clients ou fournisseurs ont dû cesser leur activité à cause de la catastrophe. En effet, certaines entreprises à proximité de la centrale détenaient une forte part de marché sur leur créneau spécifique. La fermeture de l’usine a perturbé l’économie des clients. Des super-marchés qui ont perdu leurs clients sont aussi pris en compte. Etc, etc…
TEPCo a déjà payé 100 milliards de yens (890 millions d’euros) aux personnes et entreprises directement touchées. L’inclusion de ces compensations va peser encore plus lourd sur les finances de TEPCo.
Les pertes dues à la crainte des consommateurs sont aussi éligibles à ces compensations indirectes. La limite entre ce qui peut être indemnisé ou pas va être difficile à marquer.

Mardi 26 juillet, la nouvelle loi sur les compensations a été adoptée en commission à la chambre basse ce jour. Il y a de fortes chances pour qu’elle soit adoptée en scéance pleinière jeudi et à la chambre haute la semaine suivante.
Selon la commission en charge d’arbitrer les compensations, l’industrie touristique qui a fortement été touchée dans la région devrait aussi pouvoir bénéficier de compensations.

Vendredi 29 juillet, la commission en charge des compensations a décidé d’ajouter le thé et les fleurs dans la liste des produits qui ouvrent le droit à des compensations.

Lundi 1er août, TEPCo va augmenter le nombre de ses employés affectés aux compensations car le nombre d’objets ouvrant droit à ces compensations ne cesse d’augmenter. Le nombre de personnes pouvant en bénéficier devrait passer de 160 000 à 500 000. TEPCo a actuellement 250 personnes à son centre d’appels, 300 en charge du paiement et 400 dans les centres de compensation de Fukushima. La compagnie pense passer à 5 000 employés, soit près de 5 fois plus.

Mercredi 3 août, le Parlement japonais a adopté une loi créant un organisme public chargé d’indemniser les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le gouvernement versera dans un premier temps 2.000 milliards de yens (18 milliards d’euros) sous forme d’obligations spéciales, mais le montant final devrait être beaucoup plus élevé (plusieurs dizaines de milliards d’euros). TEPCo et d’autres compagnies productrices d’électricité d’origine nucléaire contribueront également à ce fonds de compensation. TEPCo devra à terme rembourser toutes les sommes versées aux victimes par cet organisme qui sera mis en place d’ici la fin du mois d’août.
La commission des compensations a recommandé d’inclure les éleveurs produisant de la viande de boeuf de 17 provinces du Japon parmi les bénéficiaires potentiels des compensations suite aux pertes subies lors de la crise du boeuf. Les prix de la viande de Gunma auraient chuté de 70% bien qu’il n’y ait pas été détecté de viande dépassant la limite. Les 17 provinces sont : Hokkaido, Aomori, Iwate, Miyagi, Akita, Yamagata, Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saitama, Chiba, Niigata, Gifu, Shizuoka, Mié et Shimané.
350 agriculteurs et éleveurs du Japan Family Farmers Movement, Nouminren en japonais, membre de Via Campesina, ont aussi manifesté devant le siège de TEPCo dans la journée pour demander des compensations.

Vendredi 5 août, le gouvernement a finalement décidé d’acheter toute la viande de boeuf suspectée d’être contaminée par la paille de riz qui a servi à nourrir les animaux, même si la contamination est sous la limite ou si la viande n’a pas été inspectée. Cela fait un total de 3 500 bêtes. Le gouvernement va se retourner vers TEPCo pour des compensations financières. Il y en a pour 86 milliards de yens (782 millions d’euros). Si les éleveurs arrivent à vendre la viande ou obtiennent une compensation de TEPCo, ils devront remourser le gouvernement.
Le gouvernement va donner 50 000 yens (455 euros) par tête de bétail à chaque agriculteur des provinces où la commercialisation de la viande a été perturbée. Avant, les autorités avaient prévu de n’indemniser les agriculteurs que pour les bêtes sur le point d’être abattues. Ce sera pour chaque bête. Avec 460 000 têtes de bétail, il y en a pour 23,2 milliards de yens (211 millions d’euros). Le gouvernement va acheter les bêtes sur le point d’être vendues dans les préfectures où la commercialisation de la viande de boeuf a été suspendue. Il y en a pour 37 milliards de yens (336 millions d’euros).

Samedi 6 août, la liste des bénéficiaires potentiels des indemnisations ne cesse de s’allonger : industrie du tourisme, industrie manufacturière, thé, fleurs, viende de boeuf…

Mardi 9 août, TEPCo a fait état d’un déficit net de 572 milliards de yens (près de 5 milliards d’euros) au terme du premier trimestre de son exercice 2011-2012. La compagnie a dû faire face à une charge exceptionnelle de 398 milliards de yens (3,6 milliards d’euros) pour les dédommagements de victimes et de 105 milliards de yens (950 millions d’euros) pour les pertes matérielles concernant les réacteurs 1 à 4 de Fukushima daï-ichi. A cela s’ajoute un manque à gagner du fait de l’arrêt des ses réacteurs. Tepco avait déjà affiché une perte nette record de quelque 11 milliards d’euros pour l’année budgétaire bouclée fin mars 2011.

Jeudi 18 août, le gouvernement veut mettre en place un comité de réconciliation pour arbitrer les disputes sur les demandes de compensation. Composé qu’une cinquantaine de magistrats et présidé par un ancien juge, il devrait être mis en place dès le début du mois de septembre.

Mercredi 24 août, la note du Japon a été dégradée d’un cran par une agence de notation financière (Moody’s), ce qui devrait alourdir le coût de sa dette.

Jeudi 25 août, aucun des éleveurs de boeufs touchés par la crise de la paille contaminée n’ont sollicité d’aide financière gouvernementale car les critères d’obtentions étaient trop restrictifs.

Dimanche 28 août, TEPCo envisage d’augmenter de 10% le coût de l’électricité qu’elle vend. Elle devrait en faire la demande aux autorités en octobre pour augmenter la facture au printemps 2012.

Mardi 30 août, TEPCo a annoncé les niveaux d’indemnisation qu’elle allait donner. TEPCO paiera 120 000 yens par mois (environ 1000 euros) pour les dommages psychologiques des résidents forcés d’évacuer par ordre du gouvernement. A partir de septembre, cette somme passera à 50 000 yens (455€). La compagnie paiera aussi pour les frais de transport et d’hébergement pour les résidents évacués ainsi que pour les entreprises et des personnes engagées dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche. TEPCO prévoit entre 400 000 et 500 000 ménages et entreprises susceptibles de recevoir des indemnisations. Elle va commencer à accepter les demandes dès le 12 septembre et commencera les paiements début Octobre. A titre individuel, TEPCo paiera:
– 5 000 yens (45€) par trajet lorsque la personne est évacuée dans la préfecture.
– Jusqu’à 8 000 yens (70€) par nuit pour l’hébergement.
– 15 000 yens (136€) pour chaque test de dépistage de la contamination.
– La différence entre le revenu actuel et le revenu avant la crise.
Par exemple, si une famille de quatre personnes – un couple et deux enfants – avec un salaire mensuel de 270 000 yens avant la crise ont perdu leur emploi, ont été condamnés à évacuer leur maison à un gymnase de l’école au sein de la préfecture, puis déplacés vers un logement temporaire, la famille recevrait 4 510 000 yens pour la période allant jusqu’à la fin du mois d’août.
TEPCO a déjà effectué des paiements temporaires totalisant 112,2 milliards de yens (1 milliard d’euros) à environ 150 000 personnes de 56 000 ménages et entreprises. Pour gérer les paiements, TEPCO va augmenter le nombre d’employés en charge des paiements et consultations. Ils vont passer à 6 500 d’ici octobre, soit plus de cinq fois le nombre actuel.

Septembre 2011

Jeudi 8 septembre, 9 des dix compagnies d’électricité, celles qui produisent de l’électricité d’origine nucléaire, et 3 autres compagnies nucléaires (Japan Atomic Power Co., Electric Power Development Co. (J-POWER) et Japan Nuclear Fuel Ltd) vont contribuer à un fond de compensation des victimes de la catastrophe à hauteur de 7 milliards de yens (66 millions d’euros). Le gouvernement va aussi payer la même somme.

Vendredi 9 septembre, le gouvernement envisage de prêter 3 000 milliards de yens supplémentaires (28 milliards d’euros) à TEPCo pour permettre à la compagnie de faire face aux demandes de compensation. Cela porterait à 5 000 milliards (47 milliards d’euros) l’aide gouvernementale.

Jeudi 15 septembre, TEPCo envisage d’augmenter de 10 à 15% le prix de l’électricité qu’elle vend dans les 3 ans à venir. Par ailleurs, le tout nouveau ministre de l’économie et de l’industrie, qui a été porte-parole du précédent gouvernement, a précisé que l’aide gouvernementale devait servir à indemniser les vicitimes de la catastrophe nucléaire, pas les actionnaires de TEPCo et les banques. Cette remarque aurait fait grincer des dents dans les milieux financiers.

La compagnie veut aussi vendre 280 propriétés foncières et espère en tirer 200 milliards de yens (environ 2 milliards d’euros). Elle a 350 propriétés en tout, pour une valeur de 300 milliards de yens. Elle ne compte pas vendre tout ce qui sert à produire de l’électricité, bien-sûr.

Samedi 17 septembre, TEPCo renonce à augmenter les prix de l’électricité.

Mardi 20 septembre, les victimes de la catastrophe nucléaire sont furieux : ils doivent remplir un document de 60 pages, accompagnées de 160 pages d’explication pour obtenir des compensations. 280 employés de TEPCo font la tournée des villages pour expliquer la procédure à suivre. Ils seront 900 en octobre. Ceux qui sont partis se réfugier plus loin, n’ont pas eu accès à ces explications.

Par ailleurs, la compagnie envisage de couper dans les retraites de ses anciens employés et les salaires de ses employés actuels pour faire des économies. La commission des indemnités a demandé de faire des économies sur cette ligne de budget car elle est plus élevée que dans d’autres secteurs. TEPCo espère économiser environ 100 milliards de yens (1 milliard d’euros) par an en charge de personnel actif et retraité.

Mercredi 21 septembre, TEPCo a annoncé ne pas vouloir compenser entièrement l’industrie du tourisme. Si la perte de revenu est inférieure à 20% dans les premiers 6 mois de la catastrophe, il n’y aura pas de compensation. TEPCo estime qu’après le séisme de Kobe, le tourisme local avait diminué de 20% pendant cette même durée. La compagnie va envoyer les dossiers à remplir par les entreprises, les agriculteurs et le tourisme, à partir de la semaine prochaine.
TEPCo fait face à des demandes de compensations qui peuvent atteindre 100 milliards d’euros.

Mardi 27 septembre, la commission des compensation a estimé que le montant des compensations payées par TEPCo devrait atteindre 30 à 40 milliards d’euros. TEPCo n’en a pas les moyens si elle ne peut pas redémarrer la centrale de Kashiwazaki-Kariwa ou augmenter le prix de l’électricité. A cela s’ajoute le coût du démantèlement de la centrale de Fukushima.

Le ministre de l’industrie, Yukio Edano, a estimé que les salaires des dirigeants des entreprises d’électricité devaient être alignés sur ceux des fonctionnaires car ces compagnies ne sont pas en situation concurrentielle. Ce n’est pas le cas actuellement : les salaires des dirigeants de TEPCo sont ceux du secteur privé. Le Ministre a donc demandé une baisse drastique.

Mercredi 28 septembre, la municipalité d’Iitate va prévenir ses habitants de faire attention en signant la demande de compensation rédigée par TEPCo car ils s’engagent ne plus à ne plus objecter une fois l’argent reçu.

Par ailleurs, la commission gouvernementale qui supervise les finances de TEPCo va lui demander de supprimer 7 400 emplois, soit 14% du nombre total d’emplois, d’ici 2014. La commission cherche tous les moyens pour limiter la hausse de l’électricité.

Jeudi 29 septembre, le gouvernement estime à au moins 10 milliards d’euros le coût de la décontamination. Et encore, il ne prend pas en comptes les zones les plus contaminées pour lesquelles rien n’est encore décidé, ni les centres d’entreposage temporaire.

Octobre 2011

Samedi 1er octobre, selon le Yomiuri (version anglaise), le coût des compensations estimé par la commission ad-hoc va s’élever à 45 milliards d’euros pour les deux ans à venir. Pour pouvoir faire face, TEPCo devra économiser environ la moitié dans les 10 ans à venir en coupant dans ses charges. C’est deux fois plus que ce que TEPCo avait prévu.
La commission a aussi estimé que TEPCo avait surestimé les coûts de production de l’électricité par le passé, surfacturant l’électricité à ses clients. Elle aurait ainsi encaissé un surplus de 618,6 milliards de yen (6 milliards d’euros) en 10 ans. La commission demande donc à TEPCo de revoir ses coûts avant d’augmenter plus les prix.

Lundi 3 octobre, selon le Daily Yomiuri, les fonds de réserve de la province de Fukushima a fondu : il n’y a plus un yen en caisse en cas de besoin urgent. Il y avait 2 milliards de yens (20 millions d’euros). C’est la première fois que cela arrive depuis la création de ces fonds en 1987.

Mardi 11 octobre, l’administration Noda compte se donner comme objectif de tout décontaminer pour la fin de l’année fiscale 2013 qui se termine en mars 2014. Cela ne s’applique pas aux zones près de la centrale qui sont très contaminées. Le ministère de l’environnement a demandé 11 milliards d’euros d’ici la fin 2013 pour financer ces travaux.
Par ailleurs, la Commission à l’Energie Atomique va réévaluer les coûts de la production d’énergie nucléaire en y incluant la gestion des déchets et l’accident. Le groupe de travail mis en place devrait rendre sa copie en mars 2012.

Jeudi 13 octobre, 10% seulement des 70 000 foyers qui ont reçu le dossier de demande de compensation l’ont renvoyé rempli. TEPCo a donc préparé une synthèse explicative de 4 pages qu’elle compte envoyer aux foyers qui n’ont pas encore répondu. Le dossier est arrivé il y a un mois et les récipiendaires ont deux mois pour le renvoyer.

Mardi 18 octobre, TEPCo estime à 43 milliards d’euros les compensations à payer dans les deux ans à venir. Pour pouvoir faire face à ces dépenses, la compagnie a demandé une aide gouvernementale de 7 milliards d’euros.

Vendredi 21 octobre, les municipalités de Fukushima qui bénéficiaient des subsides de TEPCo s’inquiètent pour l’avenir de leurs finances. Elles demandent donc au gouvernement la création d’un fond de soutien qui leur permettra de préparer la transition une fois les centrales arrêtées définitivement. Les maires des 8 communes concernées, qui sont allés à Tokyo pour rencontrer le premier ministre, veulent un soutien financier jusqu’à la fin du démantèlement.

Lundi 24 octobre, le ministre de l’industrie a indiqué à TEPCo qu’elle devait couper au moins 25 milliards d’euros dans ses dépenses sur 10 ans pour pouvoir espérer toucher une aide de l’état pour payer les compensations.

Jeudi 27 octobre, TEPCo estime à 580 milliards de yens (5,5 milliards d’euros) ses pertes pour l’année fiscale 2011 qui va jusqu’au 31 mars 2012.

Vendredi 28 octobre, TEPCo a demandé une aide financière aux autorités de plus de 9 milliards d’euros pour pouvoir payer les compensations, qui sont, elles estimées à 42 milliards d’euros pour deux ans.

Novembre – Décembre 2011

Vendredi 4 novembre, le gouvernement a donné son feu vert pour prêter à TEPCO 900 milliards de yens (environ 8,4 milliards d’euros) pour l’aider à payer les compensations.
Par ailleurs, la compagnie a annoncé des pertes de 627 milliards de yens (5,8 milliards d’euros) entre avril et septembre 2011.
Enfin, le ministère de l’environnement a estimé à 1 100 milliards de yens (plus de 10 milliards d’euros) sur trente ans le coût de la décontamination des sols et de leur entreposage. Le choix du site devrait avoir lieu avant mars 2013.

Mardi 15 novembre, TEPCo a annoncé avoir reçu 558,7 milliards de yens (5,4 milliards d’euro) d’aide gouvernementale pour pouvoir faire face au paiement des compensations. Le coût de ces compensations est estimé à 44 milliards d’euros jusqu’en mars 2013.

Mardi 22 novembre, TEPCO a annoncé avoir reçu 120 milliards de yens (un peu plus de 1 milliard d’euros) du gouvernement dans le cadre d’une assurance pour accident nucléaire. Cet argent servira à payer les compensations.

Jeudi 24 novembre, TEPCo a annoncé avoir simplifié le dossier de demande de compensation : il ne fait plus que 34 pages contre 60 avant. Le nombre d’item est passé de 2 115 à 1 005.
La compagnie a envoyé le dossier à 60 000 familles et n’a reçu que 20 000 demandes pour le moment.
Suite aux protestations, elle a aussi décidé de maintenir les compensations au même niveau jusqu’à la fin février 2012, alors qu’elle voulait réduire le montant des compensations.

Vendredi 25 novembre, le premier ministre a dit envisager d’acheter les terrains les plus contaminés où le retour des populations n’est pas possible avant longtemps. On ne sait pas qui va payer…

Mardi 29 novembre, KEPCo estime à 200 milliards de yens (environ 2 milliards d’euros) les investissements nécessaires pour protéger ses centrales de la provinces de Fukui contre les agressions naturelles.

Vendredi 2 décembre, TEPCo a annoncé avoir payé 39,1 milliards de yens (374 millions d’euros) en compensation à des organisations agricoles de 17 provinces. Cela porte à 89 milliards de yens (852 millions d’euros) le total des compensations payées à l’agriculture.

Lundi 5 décembre, TEPCo commence à accepter les demandes de compensation pour la période allant du 1er septembre au 30 novembre de la part des particuliers. Pour la période précédente, allant du 11 mars au 31 août, TEPCo a payé 5,3 milliards de yens (50 millions d’euros) à 2 340 foyers. Elle avait envoyé le dossier de candidature à 70 000 familles. Ces compensations comprennent un dédommagement du stress qui s’élève à 100 000 yens (960 euros) par personne et par mois. La compagnie voulait diviser par deux cette somme à partir du 1er septembre, mais a finalement décidé de ne rien changer face aux protestations.

Par ailleurs, la commission mise en place pour définir les critères de dédommagement a estimé qu’un million de personnes vivant dans un rayon de 50 km autour de la centrale sont éligibles pour recevoir des compensations. Même en vivant au-delà des 50 km, c’est encore possible si la municipalité a du territoire dans la limite des 50 km. C’est le cas de Sôma, Fukushima, Daté, Nihonmatsu, Motomiya, Koriyama, Iwaki et Miharu. Bien entendu, les autres municipalités situées en deça des 50 km sont éligibles. Les personnes qui n’ont pas évacué sont aussi éligibles.
Il y a des points chauds au-delà et le nombre de personnes concernées pourrait encore augmenter.

Jeudi 8 décembre, le gouvernement songe à injecter un millier de milliards d’euros (une dizaine de milliards d’euros) dans TEPCo et d’en prendre le contrôle. TEPCo devrait perdre environ 576,3 milliards de yens (5,5 milliards d’euros) durant cette année fiscale (qui se termine en mars 2012) et elle ne devrait pas passé l’année 2013 sans aide.
Le gouvernement a déjà prêté 890 milliards de yens (8,5 milliards d’euros) à la compagnie, mais cet argent est uniquement affecté aux compensations.

Samedi 10 décembre, TEPCo va réduire ses dépenses de 2 649 milliards de yens (25 milliards d’euros) dans les 10 prochaines années. Sur cette somme, 640,5 milliards de yens (6 milliards d’euros) seront pris sur les salaires et primes et 324,4 milliards (3 milliards d’euros) en réduction de personnel. La compagnie va aussi vendre des installations de production de l’électricité et compte augmenter de 10% ses tarifs.

Jeudi 15 décembre, les autorités régionales de Fukushima ont annoncé avoir l’intention de renoncer aux subsides auxquelles elle a droit comme toute région ayant des installations nucléaires. Ce sera un manque à gagner de 3 milliards de yens (30 millions d’euros).

Mercredi 21 décembre, le gouvernement envisage de prendre le contrôle de TEPCo en injectant 1 000 à 1 500 milliards de yens dans la compagnie (9,8 à 15 milliards d’euros).

Par ailleurs, Hiroyuki Aratake, responsable de l’environnement de la province de Fukushima a répondu, lors de l’assemblée régionale, que la décontamination d’une habitation va coûter environ 1,3 millions de yens (13 000 euros), ce qui est beaucoup plus qu’estimé initialement. Cette somme atteint 1,7 millions de yens (17 000 euros) sur les maisons décontaminées jusqu’à maintenant, alors que seulement 700 000 yens (7 000 euros) ont été alloués pour les propriétés de moins de 400 m2. Si l’on compte qu’il y a environ 600 000 habitations à décontaminer, celava donc coûter beaucoup plus que les 184,3 milliards de yens (1,8 milliards d’euros) prévus par la région.

Jeudi 22 décembre, TEPCo, qui a présenté un nouveau plan sur 40 ans qui a été accepté, ne l’a pas chiffré en terme de coûts. La compagnie, qui ne veut pas être nationalisée, ne souhaite pas que de tels coûts, forcément faramineux, ne soient connus. D’ailleurs, TEPCo, continue à vouloir augmenter ses tarifs en commençant par les gros consommateurs, puis les foyers.

Vendredi 23 décembre, TEPCo devrait demander la semaine prochaine 600 milliards de yens (6 milliards d’euros) d’aide au gouvernement pour pouvoir payer les compensations. Le gouvernement va annoncer lundi la nouvelle délimitation des zones. On en saura donc plus sur les possibilités de retour et donc le coût des compensations.

Lundi 26 décembre, 33 municipalités de la province de Miyagi vont demander 203,52 millions de yens (2 millions d’euros) de compensation à TEPCo. Cela s’ajoute aux 169,73 millions (1,6 millions d’euros) réclamés par les autorités provinciales.

Par ailleurs, la municipalité de Futaba a formé un groupe d’un vingtaine d’avocats pour aider ses administrés à obtenir des compensations de TEPCo. La municipalité est intallée maintenant à Kazo, province de Saïtama, dans la banlieue de Tokyo, mais les personnes sont parties dans 41 provinces différentes (sur un total de 47). L’équipe devrait toutes les visiter. Si l’une d’entre elles demande l’aide d’un des avocats, la municipalité fournira une aide financière de 10 000 yens (100 euros).

Mardi 27 décembre, TEPCo vient de demander 689,4 milliards de yens (6,8 milliards d’euros) d’aide au gouvernement. Cela s’ajoute aux 890 milliards d’octobre.

Janvier – février – mars 2012

Lundi 9 janvier, 150 000 personnes réparties dans 70 000 foyers peuvent demander des indemnisations à TEPCo. A l’issue des congés du nouvel an, qui durent jusqu’au 3 janvier au Japon, TEPCo n’avait reçu que 34 000 demandes d’indemnisation, soit environ la moitié des foyers concernés.
Mais le gouvernement a annoncé que 1,5 millions de personnes sont aussi éligibles aux indemnisations car elles vivent dans des zones contaminées. Il doit aussi redéfinir les zones d’évacuation d’ici la fin mars. L’année 2012 est donc cruciale pour TEPCo en termes financiers.

Mercredi 11 janvier 2012, plus aucun assureur ne veut assurer la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi. TEPCo c’est aussi adressée à des assureurs étrangers, en vain. C’est la seule centrale du pays dans ce cas. Comme le contrat d’assurance actuel expire le 15 janvier, TEPCo va donc provisionner 120 milliards de yens (1,2 milliards d’euros) pour faire faire à un éventuel accident sur cette centrale. C’est la somme qui est usuellement assurée pour chaque centrale. L’argent va être déposé dans un fond gouvernemental dédié aux indemnisations. Si TEPCo peut démanteler sans dommage, elle récupérera sa mise. L’argent provient de la vente des parts de la compagnie dans la compagnie de téléphone KDDi à l’automne dernier.

Jeudi 13 janvier, TEPCo semble prête à être nationalisée pour faire face à l’explosion des coûts. L’idée avait été avancée à la fin 2011 par le ministre de l’industrie. TEPCo commence à l’envisager sérieusement.

Mardi 17 janvier, TEPCo veut augmenter ses tarifs de 17% pour les gros consommateurs et de 10% pour les ménages, mais ce n’est pas encore gagné.

Lundi 23 janvier, environ 10 000 personnes originaires du district d’Odaka de Minami-Sôma, complètement évacué, préparent une class-action contre TEPCo pour obtenir plus d’indemnisations.

Jeudi 26 janvier, TEPCo estime à 1 000 milliards de yens (10 milliards d’euros) le coût des dix premières années de démantèlement de ses réacteurs accidentés. Le démantèlement devrait prendre 40 ans.

Vendredi 27 janvier, TEPCo a l’intention d’augmenter son capital de 1 000 milliards de yens (10 milliards d’euros). Le Nuclear Damage Liability Facilitation Fund devrait ainsi obtenir les 2/3 des droits de vote et donc décider des décisions stratégiques. Mais TEPCo aimerait que la part des autorités via le Nuclear Damage Liability Facilitation Fund reste sous la barre des 50%. Le gouvernement tient à prendre le contrôle de la compagnie dans laquelle il va investir massivement.

Dimanche 5 février, le gouvernement a créé un fond de soutien auxquels les douze compagnies exploitant des installations nucléaires doivent contribuer. En 2011, elles ont donné 70 milliards de yens (700 millions d’euros) à ce fond établi le 12 septembre. Pour 2012, le gouvernement devrait leur réclamer 150 milliards de yens (1,5 milliard d’euros), ce qui est 1,5 fois ce qui avait été initialement prévu car les demandes d’indemnisation ne cessent d’augmenter. TEPCo devrait fournir la plus grosse part, avec 50 milliards de yens (500 millions d’euros) , suivie par KEPCo avec 25,8 milliards de yens ( 258 millions d’euros) car elle exploite plus de réacteurs que les autres. Il devrait aussi y avoir 13,8 milliards de yens (138 millions d’euros) de Kyushu Electric Power Co., 13 milliards de yens (130 millions d’euros) de Chubu Electric Power Co. et 8,7 milliards de yens (87 millions d’euros) de Tohoku Electric Power Co.

Jeudi 9 février, TEPCo a reçu 86 500 demandes d’indemnisation. Elle a payé des compensations à 45 900 candidats, 30 000 individus et 15 900 compagnies. Cela fait un total de 229,2 milliards de yens (2,2 milliards d’euros). Si l’on ajoute les paiements provisoires, cela s’élève à 370,5 milliards de yens (3,7 milliards d’euros).

Lundi 13 février, le gouvernement a accordé un supplément d’aide de 690 milliards de yens (6,9 milliards d’euros) à TEPCo pour les indemnisations. Le Nuclear Damage Liability Facilitation Fund a, au total, accordé 1 500 milliards de yens (15 milliards d’euros) à TEPCo.

Jeudi 16 février, le Yomiuri a annoncé que TEPCo voulait augmenter ses tarifs dès juillet au lieu d’octobre. TEPCo a tenu à préciser qu’elle souhaitait les augmenter au plus vite. Communiqué ici en anglais.
De nombreuses collectivités territoriales veulent quitter TEPCo et se fournir chez un petit producteur.

Vendredi 24 février, TEPCo doit se serrer la ceinture. Tous les personnes et organisations qui touchaient des subsides de l’industrie nucléaire sont touchées. Certaines s’inquiètent sérieusement pour leur avenir. TEPCo a affecté environ 2 milliards de yens par an (20 millions d’euros) pour des donations aux administrations locales d’Aomori, Fukushima et Niigata où elle exploite des centrales nucléaires et d’autres installations. TEPCo achète aussi pour plus de 1 000 milliards de yens (10 milliards d’euros) de biens et services par an. Certaines compagnies sont dépendantes de TEPCo. Les temps vont être durs pour elles aussi.
C’est le cas du maire de Higashidôri dont la ville a reçu 15,7 milliards de yens (157 millions d’euros) de l’industrie nucléaire en 30 ans. TEPCo et Tohoku Electric ont chacune un projet de réacteur nucléaire dans leur centrale qui est suspendu, voire abandonné, suite à la catastrophe de Fukushima. TEPCo avait même débuté les travaux en janvier 2011. Le maire est donc allé à Tôkyô plaider sa cause.
Les autres compagnies d’électricité devront aussi couper dans leurs dépenses avec leurs réacteurs nucléaires qui nécessitent de la maintenance sans rien produire. Mais elles ne veulent pas augmenter leur tarifs pour l’instant, de peur de voir le gouvernement mettre son nez dans leurs comptes…

Samedi 25 février, le ministère de l’environnement a annoncé vouloir acheter le terrain du futur centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination au prix du marché juste avant la catastrophe. Il devrait lui en coûter entre 50 et 100 milliards de yens (0,5 et 1 milliard d’euros). Les propriétaires qui vendront leur terrain bénéficieront des mêmes avantages fiscaux que lors d’une expropriation.

Mardi 28 février, TEPCO a finalement décidé de donner une petite indemnité aux femmes enceintes et enfants de moins de 18 ans qui sont partis sans y être obligées. Ils recevront 200 000 yens (2 000 euros) pour l’année 2011 de plus qui sont restés. Les femmes enceintes et enfants qui sont restés auront droit à 400 000 yens (4 000 euros) pour la même période. Toutes les autres personnes, qu’elles soient parties ou pas recevront 80 000 yens (800 euros). Le communiqué avec la liste des 23 communes éligibles et la procédure sont ici en anglais.

Vendredi 2 mars, le parti au pouvoir et le gouvernement ont surmonté les réticences de TEPCO et du ministère des finances et ont décidé que l’Etat prendrait des parts sociales de façon à obtenir 51% des droits de vote de la compagnie. Il va ainsi injecter 1 000 milliards de yens (100 milliards d’euros) dans la compagnie via le Nuclear Damage Liability Facilitation Fund. Une fois qu’il aura pris possession de la compagnie, l’Etat devra probablement injecter d’autres fonds.

TEPCo veut augmenter ses tarifs de 10% dès juillet pour une période de 6 ans (jusqu’en 2018) puis les réduire de 5%. Pour les compagnies clientes, la hausse devrait être de 17%. Elle espère redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa en 2013.

Lundi 5 mars, trois grandes banques japonaises, Sumitomo Mitsui, Mizuho et Tokyo-Mitsubishi UFJ, ont accepté de prêter plus d’argent à TEPCo pour la sauver de la faillite. Les créditeurs de TEPCo doivent prêter 1 070 milliards de yens (10 milliards d’euros).

Jeudi 8 mars, le maire de Futaba a envoyé une facture de 19 milliards de yens (190 millions d’euros) à TEPCO au titre des compensations.

Par ailleurs, TEPCo envisage d’arrêter certaines indemnisations à partir d’août 2012. Il s’agit des 100 000 yens (1 000 euros) par mois que recevaient les habitants de la zone comprise entre 20 et 30 km. L’ordre d’évacuer ou de se tenir prêt à évacuer a été levé le 30 septembre et les travaux de remise en état, suite au séisme et tsunami, ont bien progressé.

Sommaire

Pénuries d’électricité et arrêt du nucléaire

Mars – Avril – Mai 2011

Au début des opérations de secours, les autorités ont rapidement manqué d’essence dans la région sinistrée et ont dû demander à la population de limiter les pleins d’essence. La priorité doit être donnée aux secours. Dans la zone sinistrée, l’essence a été rationnée pendant quelques temps.

Les autorités japonaises ont présenté dimanche 13 mars au soir un plan drastique de gestion de la pénurie d’électricité, annonçant des coupures programmées par tranche de trois heures à partir de lundi et jusqu’en avril. Une grande partie des annonces télévisées concerne ces coupures. Jeudi 17 mars, Tokyo a frolé le black-out à cause d’une vague de froid qui a augmenté la demande en électricité.

Face à la pénurie, plusieurs compagnies d’électricité veulent accélérer le redémarrage de réacteurs arrêtés pour maintenance sans revoir leur tenue face à un séisme de magnitude élevée. Le cas du réacteur n°3 de Hamaoka, exploité par Chubu Electric Power, est particulièrement source d’inquiétude. Les autorités locales et les habitants sont farouchement opposés au redémarrage de ce qu’ils qualifient le réacteur le plus dangereux de la planète car il est proche de l’épicentre du grand tremblement de terre prédit pour la région du Tokai. La compagnie se veut rassurante et met en avant les risques de coupure si l’été est aussi chaud qu’en 2010. Fin avril, elle s’est lancée dans une opération de séduction pour obtenir les faveurs du public.
Le vendredi 6 mai, le premier ministre a demandé l’arrêt des 3 réacteurs de la centrale de Hamaoka. Cette fermeture n’est pas définitive : le temps de renforcer les protections contre les séismes et tsunamis. Cette demande n’entre pas dans un cadre légal et la compagnie pourrait refuser. La compagnie s’est engagée à renforcer les défenses de la centrale : les générateurs de secours ont été surélevés, des cables électriques et des pompes de secours ajoutés. Le pilier des améliorations est un mur anti-tsunami de 15 m de haut qui doit être prêt pour 2013. Samedi 7 mai, le conseil exécutif de Chubu Electric Power Co, l’exploitant, n’a pas réussi à se mettre d’accord. Ils devraient se réunir à nouveau le dimanche 8 mai. C’est la seule centrale nucléaire de ce producteur d’électricité.
La centrale de Hamaoka est dans la zone 60 Hz. Sa fermeture ne devrait pas affecter Tokyo et la zone dévastée.
Lundi 9 mai, Chubu Electric Power Co a décidé de suspendre la production d’électricité à la centrale de Hamaoka, conformément à la demande du premier ministre.

Le destin de la centrale de Fukushima dai-ni n’est pas encore fixé. Le 8 mai, ni le gouvernement, ni TEPCo n’avaient encore décidé.

Le mercredi 11 mai, deux mois exactement après le séisme qui a enclenché la catastrophe, 32 réacteurs nucléaires sur 54, soit 60%, ne sont pas branchés sur le réseau électrique : 14 ont été arrêtés le 11 mars et 18 sont en arrêt de maintenance programmée. 6 autres réacteurs ont aussi un arrêt programmé d’ici l’été et la centrale de Hamaoka devrait s’arrêter avant ce week-end. La pénurie d’électricité est donc durable. 75% des réacteurs devraient être à l’arrêt cet été quand la demande en électricité est la plus forte.

L’arrêt de la centrale de Hamaoka devrait débuter le jeudi 12 mai.
Comme l’accord des collectivités territoriales est nécessaire pour pouvoir redémarrer les centrales, il est fort probable que cela prenne du temps et que le Japon fasse face à des pénuries d’électricité cet été quand la demande est la plus grande (clim). C’est le cas en particulier de deux réacteurs des centrales de Tomari (Hokkaido) et de Oi (Fukui) qui auraient dû redémarrer après un mois d’arrêt et qui vont être arrêtés beaucoup plus longtemps.

Vendredi 13 mai à 3h30 la compagnie d’électricité de Chubu a commencé à insérer les barres de contrôle dans le réacteur n°4 afin de l’arrêter. Il devrait arrêter de produire de l’électricité à 10h et être complètement arrêté vers 15h. Samedi, ce sera au tour du réacteur n°5.

Samedi 14 mai, le réacteur n°5 de la centrale de Hamaoka a bien été arrêté comme prévu. Le gouvernement a appelé la population de l’Est du Japon à réduire sa consommation de 15% cet été.

Selon un sondage publié le dimanche 15 mai, 66% des Japonais soutiennent la décision du premier ministre d’arrêter le réacteur de Hamaoka. Par ailleurs, on a appris que de l’eau de mer a été trouvée dans un circuit de refroidissement. Il a donc fallu utiliser un autre circuit, ce qui a retardé de 2 heures l’arrêt du réacteur n°5. 400 tonnes d’eau de mer auraient pénétré dans le circuit et une partie aurait atteint le coeur du réacteur.

Mercredi 25 mai, le gouvernement a annoncé qu’une réduction de 15 % de la consommation d’électricité va être instaurée à partir du 1er juillet dans les régions touchées par les catastrophes. Ce sera obligatoire pour les entreprises dont les contrats dépassent les 500 kilowatts. Pour les autres et les ménaces, ce sera seulement incitatifs. Les hôpitaux et les transports publics sont préservés.

Mardi 31 mai, la compagnie d’électricité du Chugoku a annoncé qu’elle allait retarder le démarrage du réacteur n°3 de la centrale de Shimane qui est encore en construction. Il faut renforcer ses protections face aux tsunamis.

Juin 2011

Vendredi 10 juin, les réacteurs en arrêt pour maintenance ne semblent pas près de redémarrer tant que de nouvelles règles de sûreté soient décidées. Les gouverneurs des régions ne veulent autoriser le redémarrage sans des règles claires. Cela va entraîner une pénurie d’électricité dans tout le pays. En août, seulement 14 réacteurs sur 54 devraient fonctionner, soit 26%.

Mercredi 15 juin, selon un décompte fait par le quotidien Yomiuri, 35 réacteurs sur 54 sont à l’arrêt actuellement au Japon. Les 19 restant vont tous avoir un arrêt programmé d’ici l’été prochain et il se peut qu’il ne peuvent pas redémarrer. En effet, le redémarrage nécessite des contrôles supplémentaires pour réévaluer leur tenue face aux séismes et tsunami. Il nécessite aussi l’assentiment des communautés riveraines. Selon un sondage commandé par le quotidien Asahi, 74% des Japonais espèrent une sortie du nucléaire. Le Japon aura probablement arrêté tous ses réacteurs nucléaires d’ici l’été 2012.
La province de Fukui va continuer à percevoir des taxes, même si les réacteurs sont à l’arrêt, avec l’accord de KEPCo, l’exploitant local.

Samedi 18 juin, une partie de bras de fer a lieu sur l’avenir du nucléaire au Japon. Le ministre de l’industrie, Banri Kaieda, pousse au redémarrage des réacteurs arrêtés pour maintenance afin de faire face à la pénurie d’électricité annoncée pour l’été. D’un autre côté, les gouverneurs des préfectures qui hébergent des réacteurs sont plus que réticents car ils seraient en première ligne en cas d’accident. Les populations locales sont toujours traumatisées. Enfin, de plus en plus d’actionnaires des compagnies d’électricité pensent que le risque nucléaire est trop grand à assumer pour une compagnie seule et que l’énergie nucléaire doit être abandonnée. Le ministre de l’industrie va donc faire la tournée des préfectures pour tenter de convaincre.

Mardi 21 juin, les gouverneurs ne semblent pas convaincu par les garanties de sûreté du gouvernement central. C’est le cas par exemple à Niigata où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa : le gouvernement n’a pas répondu aux questions posées par le comité technique régional. C’est aussi le cas à Fukui avec 13 réacteurs. En particulier, les gouverneurs ne comprennent pas pourquoi le gouvernement a poussé à la fermeture de Hamaoka et pousse au redémarrage des autres.

Lundi 27 juin, après avoir diffusé des spots de pub pour convaincre la population d’accepter le redémarrage de la centrale de Genkai dans la province de Saga sur l’île de Kyushu, le gouvernement a organisé une réunion d’information pour la population avec 7 personnes choisies pour participer à une émission de télévision. 6 des 7 personnes n’étaient pas convaincues par les arguments du gouvernement.

Mercredi 29 juin, la demande en électricité à 14h a atteint 93% des capacités de production de TEPCo en ce jour de chaleur.

Juillet 2011

Vendredi 1er juillet, c’est maintenant officiel : les grands consommateurs d’électricité du Nord Est du pays doivent réduire leur consommation de 15%. Cela s’applique ceux qui ont un contrat pour 500 000 kilowatts ou plus de 9 à 20 heures les jours ouvrables. Le gouvernement appel tous les autres consommateurs à faire pareil. Dans le Kansai aussi, les consommateurs sont invités à réduire leur consommation d’électricité.

Samedi 2 juillet, le ministère de l’industrie (METI) pronostique aussi une pénurie d’électricité cet hiver si les réacteurs arrêtés pour maintenance ne redémarrent pas. 5 compagnies d’électricité ne pourront pas faire face à la demande lors des pics de consommation. Actuellement, 35 des 54 réacteurs de Japon sont à l’arrêt.

Mercredi 6 juillet, avec une autorité de sûreté nucléaie complètement discrédité par l’acident de Fukushima qu’elle n’a pas su prévenir, le gouvernement peine à faire accpeter par les autorités locales le redémarrage des réacteurs arrêtés pour maintenance. Le gouvernement a donc annoncé qu’il allait effectuer les “stress-tests” européens aux centrales japonaises. Cela va retarder leur redémarrage, mais le gouvernement espère ainsi pouvoir les redémarrer un jour.
Cette décision soudaine du premier ministre trahit les tensions qu’il y a à l’intérieur du gouvernement à propos de l’avenir du nucléaire au Japon. Les élus locaux sont perdus. Un jour, les réacteurs sont sûrs, le lendemain, ils doivent encore subir des tests.
Par ailleurs, la presse a découvert que deux réacteurs fonctionnent depuis des mois sans un feu vert de l’autorité de sûreté nucléaire. Ils sont officiellement en phase de test après rechargement. Cette phase ne dure qu’un mois habituellement, le temps de la montée en puissance, mais là, cela fait 4 mois que les réacteurs tournent à plein régime en “phase de test”. Pour la NISA, les compagnies n’ont pas violé la loi.

Jeudi 7 juillet, le président de la compagnie Kyushu Electric Power a reconnu qu’il avait encouragé ses employés et ceux de 4 sous-traitants à envoyer des mails en faveur du redémarrage lors du débat télévisé du 26 juin (voir 27 juin ci-dessus).
Le réacteur de Shikoku en arrêt de maintenance ne redémarrera sûrement pas ce week-end comme prévu.

Vendredi 8 juillet, Shikoku Electric Power Co a confirmé qu’elle ne redémarrerait pas une des 3 réacteurs de sa centrale de Ikata (province d’Ehimé) comme prévu car elle n’a pas réussi à obtenir la confiance des populations. Il est maintenant fort probable qu’aucun réacteur de redémarrera cette année. 63,2% du parc de réacteurs est arrêté actuellement.

Dimanche 10 juillet, dans un éditorial, le Mainichi appelle à de vrais stress-tests aussi exigents que les européens avant d’autoriser les réacteurs à redémarrer. Pour le moment, les autorités semblent se focaliser sur les séismes et les tsunamis, mais le journal insiste sur les autres agressions externes car on ne sait jamais ce qui peut provoquer une catastrophe. A cela s’ajoute le fait que la NISA appartient toujours au Ministère de l’Industrie qui soutient l’énergie nucléaire. Si les stress-tests se résument à un dialogue entre les compagnies et la NISA, ils ne convaincront personne. Bref, il n’est pas sûr que le gouvernement arrive à rassurer populations et élus locaux et les centrales ne sont pas prêtes de redémarrer.

Lundi 11 juillet, le gouvernement a précisé que les stress-tests ne seront pas les stress-tests européens et qu’ils se limiteront à la tenue des réacteurs aux séismes et tsunamis dans un premier temps. Les stress-tests auront lieu en deux étapes pour gagner du temps, mais il est maintenant certain qu’aucun réacteur de redémarrera cet été alors que les fortes chaleurs arrivent déjà. La Nuclear Safety Commission (NSC) of Japan, plus indépendante que la NISA va jouer un rôle majeur dans ces tests. Mais cette NSC n’a qu’un rôle consultatif dans la loi et ne peut pas prendre la décision d’arrêter un réacteur ou d’autoriser son redémarrage. Pour que ses pouvoirs soient renforcés, il faut commencer par changer la loi…
Les autorités vont commencer par les réacteurs arrêtés, puis viendront les réacteurs actuellement en fonctionnement.
Ce pose aussi la question des deux réacteurs qui fonctionnent sans le feu vert définitifs de la NISA (voir 6 juillet). Faudra-t-il les arrêter le temps de conduire les nouveaux tests ? Si l’on en les arrête pas, comment expliquer ce traitement à part ?
Malheureusement, le message reste confus et personne n’a bien compris ce que veut faire le gouvernement. Ni quel sera le rôle des différents acteurs. Ce flou traduit les tensions à l’intérieur du gouvernement entre le ministre de l’industrie, Banri Kaieda, qui pousse au redémarrage rapide avec des tests allégés et le premier ministre, Naoto Kan, qui veut des tests aussi rigoureux que les tests européens. Et comme le premier ministre est donné partant d’ici la fin août, d’autres jouent la montre…

Mercredi 13 juillet, le premier ministre, Naoto Kan, s’est prononcé en faveur d’une sortie progressive du nucléaire, sans donner de calendrier. Compte tenu de la gravité de l’accident de Fukushima, “on ne peut plus soutenir que la politique menée jusqu’à présent garantisse la sécurité de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Nous devons concevoir une société qui puisse s’en passer.”

Jeudi 14 juillet, KEPCo (homologue de TEPCo pour le Kansai, région d’Osaka) a annoncé qu’elle allait arrêter le réacteur n°4 de Takahama le 21 juillet et le réacteur n°4 de Oh le lendemain pour maintenance. Cela va porter à 6 le nombre de ses réacteurs arrêtés sur 11.
Pour comprendre l’ambiance, tous les soirs à la télévision, après la météo, il y a les prévisions de consommation d’électricité pour le lendemain, en demandant aux gens de faire attention aux heures de pointe. La publicité de KEPCo concerne les économies d’énergie. Et cela semble marcher pour le moment, la consommation a vraiment baissé. La compagnie d’électricité de Kyushu a annoncé le report du redémarrage d’un de ses réacteurs situé à Satsumasendai près de Kagoshima. Il aurait dû redémarré fin juillet. Le réacteur n°2 sera arrêté en septembre.
Pendant ce temps, la NISA planche toujours sur les stress-tests…

Vendredi 15 juillet, la NISA a présenté les stress-tests. La première phase concerne les réacteurs à l’arrêt qui sont en attente d’une autorisation de redémarrage, et la deuxième phase, tous les réacteurs. Pour la deuxième phase, la NISA a mis la fin de l’année comme date limite. Pour la première phase, il n’y a pas de calendrier. Quant à la NSC, supposée indépendante, qui doit se porter garante de ses tests, un de ses groupes de travail incluant des exploitants, avait conclu en 1993 que la perte totale de l’alimentation électrique d’un réacteur nucléaire japonais ne devrait pas poser de sérieux problèmes. Bref, personne ne peut prédire quand les réacteurs vont redémarrer, s’ils redémarrent un jour…
Le premier Ministre veut faire de la NISA, une agence indépendante, mais cela va prendre du temps.
La province de Fukushima a, quant à elle, confirmé qu’elle n’autoriserait plus le redémarrage de réacteurs nucléaires. Elle en a 10.

Samedi 16 juillet, KEPCo a dû arrêter d’urgence le réacteur n°1 de la centrale d’Oi suite à un problème. Cela rend l’approvisionnement en électricité encore plus tendu dans la région du Kansai. En effet, la semaine suivante, 7 des 11 réacteurs de la compagnie seront à l’arrêt. Comme TEPCo a pris des mesures drastiques de réduction de la consommation dans sa zone, il se pourrait qu’elle vende de l’électricité à KEPCo. Les consommateurs de TEPCo qui font des efforts risquent de ne pas apprécier.
C’est début août, quand il fait le plus chaud, que la situation risque d’être tendue et l’on peut s’attendre à des coupures.

Jeudi 21 juillet, KEPCo a commencé à arrêter le réacteur n°4 de la centrale de Takahama. Un autre réacteur de la centrale d’Oi va suivre le lendemain.

Vendredi 22 juillet, deux compagnies d’électricité sont optimistes puisqu’elles ont officiellement demandé une autorisation d’étendre la durée d’exploitation de réacteurs. KEPCo a demandé de pouvoir aller au-delà de 40 ans pour le réacteur n°2 de Mihama sur la mer du Japon. Chubu Electric Power Company a présenté un plan de construction d’un mur anti-tsunami de 18 m de haut pour reprendre l’exploitation de la centrale de Hamaoka arrêtée par décision du premier ministre après la catastrophe de Fukushima. Ce qui avait conduit à cette décision, c’est le risque particulièrement élevé de fort séisme à l’endoit où elle est implantée. Les réacteurs 1 et 2 avaient été arrêtés en 2009 car il aurait coûté trop cher de les mettre aux nouvelles normes anti-sismiques. Les 3 autres réacteurs ont été renforcés pour pouvoir tenir à une secousse de magnitude 8,5.
Il ne reste que 16 réacteurs sur 54 en fonctionnement.
Avec le passage du typhon, les températures étaient inférieures aux moyennes saisonnières, mais les fortes chaleurs sont de retour, et la consommation d’électricité va repartir avec la climatisation.

L’autorité de sûreté nucléaire japonaise (NISA) a déclaré que des erreurs ont été trouvées dans le rapport de sûreté de la centrale de Genkaï exploitée par Kyushu Electric Power Co. Ce rapport date de 2009 et l’erreur est découverte le jour où le premier minsitre lance les stress-tests (6 juillet). L’erreur concerne la tenue de la centrale aux séismes. Le toit en béton d’un bâtiment avait une masse de 260 tonnes d’après le rapport, 2 600 en réalité. D’autres paramètres étaient faux. Ce sont ces paramètres qui vont servir de base aux stress-tests, qui sont des simulations informatiques. Ces erreurs étaient déjà dans le rapport 2008 validé par la NISA. Elles n’ont pas été découvertes par la NISA elle-même, mais parla Japan Nuclear Energy Safety Organization qui a tout revérifié.
S’il faut au préalable revérifier tous les paramètres importants pour la sûreté, les stress-tests vont prendre du temps. Le sous-traitant à l’origine des erreurs, Obayashi Corp., est aussi intervenu sur au moins 8 autres réacteurs de 3 compagnies.
La NISA a ordonné à tous les exploitants de vérifier leurs données d’ici le 22 août.

Samedi 23 juillet, selon un décompte fait par l’agence de presse Kyodo, 72,5% des dons individuels au Liberal Democratic Party proviennent de cadres (y compris retraités) des compagnies de production d’électricité. TEPCo seule a contribué à 30,3%. Ce parti a dirigé le pays jusqu’en 2009. Il a été depuis été remplacé par une coalition dirigée par le Democratic Party of Japan qui n’a pas reçu de dons des cadres de l’industrie nucléaire. Si le LDP revient au pouvoir, il est fort probable que les centrales pourront redémarrer plus vite…
Selon des universitaires spécialistes en métallurgie, la cuve du réacteur n°1 de la centrale de Genkai sur l’île de Kyushu, présente des défauts de construction. Cette centrale a été reliée au réseau en 1975. Pour arriver à cette conclusion, ils ont analysé des données rendues publiques récemment. Ils demandent la suspension de l’exploitation de ce réacteur.

Mardi 26 juillet, le gouverneur de Niigata a déclaré qu’il refuserait le redémarrage des réacteurs 2 à 4 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, même si les stress-tests étaient bons. Pour lui, il n’est pas possible de faire des tests sérieux tant que l’on a pas compris ce qui s’est réellement passé à Fukushima.

Vendredi 29 juillet, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise (NISA) est empétrée dans un nouveau scandale qui ne va pas améliorer sa crédibilité : en 2007, lors d’un forum sur l’utilisation de combustible MOx, un mélange de plutonium et d’uranium, pour les réacteurs de Hamaoka, la NISA a demandé à l’exploitant, Chubu Electric Power Co. d’envoyer des participants favorables au nouveau combustible dans le public pour orienter les débats. L’exploitant a demandé à ses employés, sous-traitants et associations de participer au forum. Elle a aussi préparé des commentaires positifs, mais elle ne les a finalement pas distribués. La compagnie a demandé à une dizaine de personnes ayant des responsabilités dans la vie locale de venir exprimer leurs vues sur la question. Sur les 524 participants au forum, 150 étaient liés à l’exploitant.
La compagnie d’électricité de Shikoku a aussi eu une demande de la NISA de manipuler le débat public.
7 compagnies d’électricité du Japon ont avoué avoir encouragé leurs employés ou affiliés à participer aux débat pour défendre leur industrie. TEPCo est dans le lot à Kashiwazaki-Kariwa. 3 d’entre elles leur ont préparé les questions ou interventions.
Dans la soirée, le directeur général de la NISA, Nobuaki Terasaka, a tenu en urgence une conférence de presse pour répondre aux journalistes. C’est sa première apparition devant les médias depuis le 12 mars !
Tout cela montre les liens malsains entre une autorité de sûreté nucléaire et les exploitants. Cette collusion n’est pas rassurante et il y a de fortes chances que les réacteurs nucléaires ne redémarrent pas tant qu’il n’y a pas de réforme des instances de contrôle.

Août 2011

Lundi 1er août, la pénurie d’électricité annoncée pour juillet n’a pas eu lieu. Il y a pour cela plusieurs raisons :
– le mois de juillet a été exceptionnellement clément. Il n’y a pas eu de fortes chaleurs comme l’année précédente  ;
– les ménages et les industries ont fait des efforts ;
– et surtout, les prédictions de consommation étaient surestimées de 20% environ.
Ce dernier chiffre est à mettre en regard avec la baisse de 15% de la consommation demandée aux ménages.
Les prévisions de l’agence de l’énergie et des ressources naturelles étaient basées sur des données fournies par TEPCo et n’ont pas été vérifiées. Or la compagnie ne connait pas bien la consommation moyenne des ménages. Elle a, de plus, supposé que tous les ménages allaient consommer au maximum au moment du pic vers 14h alors que beaucoup de logements sont vides à cette heure là.
TEPCo n’a de données précises que pour les gros consommateurs d’électricité et pour les ménages, elle se base sur des estimations. Elle rechigne à transmettre ses données en cas d’ouverture du marché de l’électricité.

Mercredi 3 août, les révélations se succèdent : la NISA a demandé à d’autres compagnies d’électricité de fausser les débats en envoyant des employés, sous-traitants… poser des questions et faire des interventions. C’était le cas pour la compagnie du Tohoku en 2006 et celle de Kyushu.
Le gouvernement envisage de placer la NISA sous les auspices de ministère de l’environnement et de couper tous liens avec le ministère de l’industrie à partir d’avril prochain. L’organisation interne va aussi être revue. Il n’y a pas encore consensus au sein du gouvernement à ce sujet.

Jeudi 4 août, le ministre de l’industrie a renvoyé 3 directeurs de son administration suite au scandale sur le comportement de la NISA. Le directeur de la NISA fait partie du lot.
Minami-Sôma est la première ville du Japon à renoncer aux aides publiques destinées à construire une nouvelle centrale nucléaire. La ville reçoit ces aides depuis 1986. La décision doit encore être approuvée par le conseil municipal. La ville a reçu 500 millions de yens (4,5 millions d’euros) depuis 1986. Le maire entend ainsi marquer son opposition à la construction de toute nouvelle centrale nucléaire.
Le ministre de l’industrie, Banri Kaieda, ardent défenseur de l’industrie nucléaire, a indiqué que les réacteurs qui ne satisferont pas aux stress-tests à cause de leur âge seront arrêtés.

Vendredi 5 août, un 39ième réacteur va être arrêté ce jour pour inspection. Il s’agit du réacteur n°1 de Kashiwazaki-Kariwa exploité par TEPCo. Un autre va suivre fin août. Plus de 70% du parc nucléaire est hors service. TEPCo n’a plus que 3 réacteurs sur 17 en fonctionnement.
Le taux de disponibilité du parc japonais est tombé à 33,9% en juillet. Il était de 36,8% en juin.
La consommation d’électricité dans le Tohoku (partie Nord-Est de d’île principale du Japon, Honshu où est située la centrale de Fukushima) a atteint 97,7% des capacités de production dans l’après midi, au monent où la chaleur est la plus forte. Les fortes pluies des semaines passées ont rendu la production hydroélectrique indisponible. La température a atteint 35,6°C à Akita et 34,1°C dans la province de Niigata. Tohoku Electric a dû acheter du courant à ses voisins.

Samedi 6 août, le réacteur n°1 de Kashiwazaki-Kariwa est maintenant arrêté. Seuls les réacteurs 5 et 7 sont en fonctionnement. Le 7 sera arrêté le 23 août. Les réacteurs n° 2 et 4 sont à l’arrêt depuis le séisme de juillet 2007.

Lundi 8 août, Tohoku Electric continue à manquer de courant. Elle a dû acheter de l’électricité à TEPCo par deux fois dans la journée. La consommation a atteint 96,6% des capacités de production, ce qui ne laisse quasiment pas de marge.

Mardi 9 août, KEPCo a annoncé qu’elle allait redémarrer de vieilles centrales électriques qui ont été fermées en 2001 et 2005. KEPCo estimait à 2 ou 3 ans le temps nécessaire à les remettren en état de marche, mais au vu de la situation tendue, la cmpagnie va accélérer le processus. La pénurie d’électricité risque d’être plus sévère l’été prochain si toutes les centrales nucléaires seront arrêtées.

Mercredi 10 août, des records de consommation d’électricité ont été battu ce jour dans les zones couvertes par TEPCo et Chubu Electric. Avec la chaleur actuelle la situation est tendue. Mais de nombreuses usines s’arrêtent ce week-end pour la célébration du o-bon (équivalent de la Toussaint en France).

Jeudi 11 août, un nouveau scandale vient secouer la NISA : l’agence de sûreté nucléaire a embauché un sous-traitant de TEPCo et l’a assigné le mois suivant au contrôle de la centrale de Fukushima daï-ni. Il avait travaillé pendant 4 années sur les turbines des réacteurs de TEPCo.
Par ailleurs le réacteur n°3 de Tomari à Hokkaïdo, qui fonctionne en régime de redémarrage depuis 5 mois, aurait dû obtenir un feu vert pour fonctionner normalement. Ce feu vert a été repoussé, mais le réacteur continue à produire de l’électricité.

Vendredi 12 août, le premier ministre a annoncé que son gouvernement s’était mis d’accord pour placer la future autorité de sûreté nucléaire sous la responsabilité du ministère de l’environnement. Il n’y a plus qu’à reconstruire une autorité crédible et responsable…
TEPCo et Tohoku Electric ont présenté le bilan de la consommation et production d’électricité en juillet. Elle a baissé de 14,5% pour la première et 14% pour la deuxième par rapport à juillet de l’année précédente.
La gouverneuse de la province de Hokkaido a finalement annoncé qu’elle allait autoriser le feu vert pour le réacteur de Tomari.

Dimanche 14 août, une turbine de la centrale à gaz de KEPCo située à côté d’Osaka est tombée en panne. Les capacités de production électrique de la compagnie sont donc encore plus réduites. Les réparations devraient prendre plusieurs mois et la situation est encore plus tendue.

Mardi 16 août, TEPCo a annoncé avoir réussi à augmenter ses capacités de produire de l’électricité plus vite que prévu.

Mercredi 17 août, la gouverneuse de la province de Hokkaido a finalement donné son feu vert pour l’exploitation du réacteur de Tomari qui était en phase de démarrage, c’est à dire qu’il fonctionnait normalement avec une autorisation provisoire. Les autres compagnies reprennent espoir pour leurs réacteurs arrêtés. Mais ce n’est pas gagné. Et la nouvelle autorité de sûreté ne sera pas mise en place avant avril 2012 : il reste de nombreux points à régler. Il faut qussi former tout un nouveau personnel.

Jeudi 18 août, surtout qu’un autre scandale vient d’être révélé par le Mainichi, montrant l’attitude de la NISA. En 2010, la NISA a découragé le gouverneur de la province de Niigata (où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa) de faire un exercice de crise avec un séisme et une catastrophe nucléaire en simultané sous le prétexte que cela aurait pu effrayer la population et provoquer des incompréhensions. Pour l’autorité de sûreté, c’était tout simplement impossible. En 2009, la NISA écrivait que “des mesures suffisantes ont été prises (dans les centrales nucléaires) pour assurer la sécurité même en cas de séisme le plus grave possible“. Et d’ajouter que “la probabilité d’une catastrophe nucléaire provoquée par une catastrophe naturelle majeure est extrêmement faible“. Bref, ce n’est pas qu’un problème de crédibilité. C’est un problème de compétence.
La province a changé ses plans et a envisagé un accident nucléaire avec de la neige…
La demande d’électricité dans la zone couverte par TEPCo a atteint son plus haut niveau cet été, avec environ 90% des capacités de production vers 14h.

Vendredi 19 août, le nouveau programme quinquennal pour la science et la technologie adopté ce jour ne fait plus mention de développement de l’énergie nucléaire et inciste sur le développement des énergies renouvelables.

Samedi 8 août, 8 centrales électriques (fossiles) sont tombées en panne au cours de ces deux derniers mois car elles sont trop sollicitées. En temps normal, elle ne font que l’appoint en cas de forte demande. Maintenant, elles tournent en continu.

Lundi 22 août, TEPCo va arrêter le réacteur n°7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, ce qui va porter à 40 sur 54 le nombre de réacteurs arrêtés, soit 74%. Lire le communiqué de TEPCo en anglais. Ce réacteur ne risque pas de redémarrer de sitôt car le gouverneur de la province de Niigata a clairemnt dit qu’il attendrait que toutes les leçons de l’accident de Fukushima aient été tirées avant d’apposer sa signature sur l’autorisation d’exploitation. De plus, en septembre dernier, une fuite de gaz radioactifs a eu lieu et des fissures ont été découvertes dans des crayons de combustible.
Des erreurs ont été trouvées dans les données d’entrée qui servent à vérifier la résistance aux séismes pour les bâtiments réacteurs des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama exploitée par KEPCo. Les erreurs datent de 2009 et ont été trouvées avant la demande de faire les stress-tests. Mais après avoir refait les calculs avec des données correctes, la résistance des bâtiments est bien conforme aux règles. La NISA a demandé à tous les opérateurs de vérifier leur données.

Vendredi 26 août, la demande maximale en électricité dans la zone fournie par TEPCo était de 10% inférieure aux capacités de production. Cela devrait encore s’améliorer en septembre avec la baisse des températures. TEPCo a rencontré les autorités pour alléger les restrictions.

Samedi 27 août, le ministre de l’industrie, Banri Kaieda, a déclaré que les réacteurs arrêtés pourraient redémarrer cette année. Les premiers stress-tests ont commencé.

Mardi 30 août, le gouvernement a annoncé vouloir lever plus rapidement les restrictions d’électricité pour les gros consommateurs. Cela va être avancé du 22 au 9 septembre pour la zone couverte par TEPCo et du 9 au 2 sepetmbre pour la zone couverte par la compagnie d’électricité du Tohoku. Les industries vont pouvoir reprendre une organisation du travail normale. En revanche, le gouvernement garde l’objectif de diminuer de 15% la consommation en électricité des ménages et des compagnies.

Une commission d’enquête a confirmé que l’autorité de sûreté japonaise (NISA) est impliquées dans au moins 3 cas de tentative d’influencer des débat publics relatifs au nucléaire en demandant aux compagnies de production d’électricité de faire intervenir ses employés.

Septembre 2011

Jeudi 1er septembre, la compagnie d’électricité de Kyushu a arrêté le réacteur n°2 de la centrale de Sendai, dans la province de Kagoshima, pour maintenance. Elle a redémarré une unité de production d’électricité thermique, mais la situation reste tendue. 78% du parc de réacteurs nucléaires est arrêté.

Vendredi 2 septembre, on a appris que le 12 mars à 21h30, la Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES), chargée par la NISA d’étudier l’évolution de coeurs de réacteurs, envoie les résultats de ses simulations effectuées grâce au Emergency Report Support System (ERSS) à la NISA pour le réacteur n°2. Ces prédictions disaient : à 22h50 le coeur du réacteur va être exposé à l’air ; à 24h50, fusion du coeur. Ces résultats seront transmis au cabinet du premier ministre mais ne seront pas utilisés. Le lendemain à 1h57, la JNES transmet à la NISA ses prédictions sur l’évolution du coeur du réacteur n°1. Ces données très utiles ne seront jamais retransmises au cabinet du 1er ministre. Le dimanche 13 mars à 6h30, la JNES transmet à la NISA ses prédictions sur l’évolution du coeur du réacteur n°3. Ces données seront retransmises 20 minutes plus tard au cabinet du 1er ministre, mais ne seront jamais utilisées. Yoshinori Moriyama, vice-président de la NISA, a déclaré ce jour, lors d’une conférence de presse : “Ces données n’ont pas été utilisées car elles n’étaient pas basées sur des faits”. A quoi cela sert alors de faire des simulations qui ne seront jamais basées sur des faits ? Bref, la NISA a encore perdu du crédit.

Dimanche 4 septembre, Shikoku Electric Power Company a arrêté le réacteur n°1 de sa centrale d’Ikata. 5 autres réacteurs devraient être arrêtés d’ici l’hiver, ce qui fera qu’environ 90% du parc sera à l’arrêt.

Lundi 5 septembre, le nouveau ministre de l’industrie, Yoshio Hachiro, a déclarer vouloir solliciter l’AIEA pour évaluer des résultats des stress-tests et regagner la confiance de la population et des élus locaux. Mais l’AIEA, dont la principale mission est défendre l’énergie nucléaire, n’est guère plus crédible. Elle s’est aussi montrée complètement inutile pendant cette catastrophe.

Mercredi 7 septembre, selon une estimation de l’Institute of Energy Economics, la demande en électricité lors du pic à 14h était de 19% inférieure à l’an passé dans la zone couverte par TEPCo. C’est mieux que la cible de 15% fixée par les autorités. 5% seraient dus aux températures moins élevées que l’an dernier.

Les inspections ont commencé pour 13 des réacteurs arrêtés. Il s’agit de : réacteurs 1 et 2 de la centrale de Tomari de Hokkaido Electric Power Co. ; le n°1 de la centrale de Higashidori de Tohoku Electric Power Co. ; le n°2 de la centrale de Shiga de Hokuriku Electric Power Co. ; les n° 1 et 3 de la centrale de Mihama et 1 et 3 de la centrale de Oi, du 1 de la centrale de Takahama de Kansai Electric. ; du n°3 de la centrale d’Ikata de Shikoku Electric ; et les 2 et 3 de la centrale de Genkai et le 1 de la centrale de Sendai de Kyushu Electric Power Co.

Le PDG de TEPCo n’exclut toujours pas de redémarrer une jour les réacteurs 5 et 6 de la centrale de Fukushima daï-ichi et les 4 réacteurs de la centrale daï-ni.

Vendredi 9 septembre, selon une enquête du Asahi (version anglaise), seulement 3 centrales sur les 11 qui doivent renforcer leur protection face aux tsunamis ont commencé les travaux. Il s’agit de la centrale de Hamaoka de Chubu Electric Power Co., celle de Shika  de Hokuriku Electric Power Co. et celle de Shimané de Chugoku Electric Power Co. qui ont commencé à construire un mur ou à rehausser le mur existant. Les 8 autres centrales en sont encore au stade de la réflexion et les travaux ne commencerons pas avant un à trois ans.

Lundi 12 septembre 2011, Heita Kawakatsu, le gouverneur de la province de Shizuoka où est située la centrale de Hamaoka a dit que cette centrale ne pourra pas être redémarrée tant qu’il n’y a pas de solution pour le combustible usé. Il n’a pas de pouvoir légal pour empêcher le redémarrage, mais la compagnie s’est engagée à respecter la volonté des riverains et du gouverneur. Il y a 6 625 barres de combustibles usés actuellement et Chubu électrique espère se défausser sur l’usine de retraitement de Rokkasho qui n’a jamais réussi à démarrer. Bref, la centrale de Hamaoka n’est pas prête à produire de l’électricité.

Mercredi 14 septembre, KEPCo, la compagnie d’électricité du Kansaï, a annoncé avoir l’intention de demander aux consommateurs de réduire leur consommation cet hiver. 10 de ses 11 réacteurs nucléaires seront à l’arrêt à l’entrée de l’hiver. Certaines de ses unités de production d’électricité à partir d’énergies fossiles seront aussi arrêtées pour maintenance. La demande avait baissé de 9,4% par rapport à l’année précédente début août. Chubu électrique a aussi annoncé vouloir faire de même, sans pour autant donner de chiffre.
Quant à la demande et donc la production dans la zone servie par TEPCo, elles ont baissé de 17,7% en août. C’est la zone du Tohoku qui enregistre la plus forte baisse avec 18,1%.

Vendredi 16 septembre, le nouveau ministre de l’économie et de l’industrie, Yukio Edano, a indiqué que TEPCO devra démanteler tous ses réacteurs de la province de Fukushima, y compris ceux de Fukushima daï-ni. TEPCo n’avait pas encore décidé du sort de ces réacteurs. Pour les autres réacteurs arrêtés dans tout le pays, il s’est refusé à donner un calendrier. L’important pour lui, est de s’assurer de la sûreté de ces réacteurs et de regagner la confiance des gens.

Mercredi 21 septembre, le premier ministre, Yoshihiko Noda, dans une interview au Wall Street Journal, a déclaré espérer le redémarrage des réacteurs avant l’été prochain.

Jeudi 22 septembre, Chubu electric a commencé la préparation du chantier de construction du mur anti-tsunami devant sa centrale de Hamaoka située sur une faille.

Lundi 26 septembre, la ville de Makinohara, située à 10 km de la centrale de Hamaoka a voté pour son arrêt définitif.

TEPCo a publié un bilan de l’offre et de la demande en électricité cet été dans la zone qu’elle alimente. C’est ici en anglais. La baisse de la demande lors des pics de consommation est d’environ de 18% par rapport à l’année précédente. De manière globale, la demande a baissé de 14% en juillet-août par rapport à l’an dernier. TEPCo pense que 3% serait dû aux températures particulièrement élevées de l’année 2010. Une étude de la situation énergétique du Japon est disponible ici en anglais.

Mardi 27 septembre, le ministre de l’industrie, Yukio Edano, a mis en place une commission devant réfléchir à l’avenir énergétique du pays qui inclut des anti-nucléaires notoires. C’est une exception pour ce pays. Parmi eux, il y a Hideyuki Ban, co-directeur du Citizens’ Nuclear Information Center et Tetsunari Iida, directeur de l’Institute for Sustainable Energy Policies. Il y a aussi le Prof. Kenichi Oshima, connu pour son expertise sur le coût du nucléaire. Le président est Akio Mimura de Nippon Steel Corp..
Il n’y a aucun représentant des entreprises énergétiques dans ce comité.
Les délibérations seront transmises en direct sur Internet.

Ce même ministre a suggéré que le gouvernement pourrait autorisé le redémarrage des réacteurs arrêtés en mars 2012, mais qu’il prenait au sérieux la résolution de la municipalité de Makinohara qui s’est prononcée contre le redémarrage de la centrale de Hamaoka.

Vendredi 30 septembre, la commission chargée d’enquêter sur les allégations de trucage de débat par les compagnies d’électricité et la NISA, qui est l’autorité de sûreté nucléaire, a rendu ses conclusions : dans 7 cas, les autorités ont demandé aux compagnies d’envoyer du monde au débat pour en influencer l’issue. La NISA est parfois impliquée, ce qui lui a valu d’être tancée par la commission car elle est alors sortie de son rôle de contrôleur neutre.

Octobre 2011

Mardi 4 octobre, le réacteur n°4 de la centrale de Genkai dans la province de Saga sur l’île de Kyushu s’est arrêté automatiquement à 13h40. La raison n’est pas encore claire. Une alarme a stoppé la turbine, suite à un problème de vide. 5 des 6 réacteurs de la compagnie d’électricité de Kyushu sont maintenant arrêtés.

Vendredi 7 octobre, le Japan Atomic Industrial Forum a annoncé que le taux de disponibilité du parc nucléaire japonais était de 20,6% en septembre. C’est le taux le plus bas depuis qu’il est enregistré en 1977.

Dimanche 9 octobre, selon un sondage effectué par la télévision d’Etat NHK, 41% des provinces et municipalités accueillant une centrale nucléaire approuvent que les stress-tests demandés par le gouvernement, 14% les désapprouvent et 45% n’ont pas d’opinion. En revanche, 79% d’entre elles seront très vigilentes avant de donner leur accord pour un redémarrage. C’est le même niveau qu’en juin avant l’introduction des stress-tests qui n’ont pas aidé à gagner la confiance des élus locaux.

Vendredi 14 octobre, les compagnies d’électricité se préparent à passer l’hiver sans problème de rupture de l’alimentation électrique. Elles vont demander aux consommateurs de réduire leur consommation. Kansai Electric Power Co. (KEPCO)  se fixe les mêmes objectifs que durant l’été.

Jeudi 20 octobre, l’assemblée pleinière de la province de Fukushima a voté le démantèlement des 10 réacteurs nucléaires de la province. TEPCO avait dit qu’elle démantèlerait les 4 réacteurs accidentés, mais laisse planer un doute sur les 6 autres (réacteurs n° 5 et 6 de daï-ichi et les 4 réacteurs de daï-ni).

Jeudi 27 octobre, le gouvernement envisage de demander aux résidentx et compagnies de Kyushu de baisser de 5% leur consommation d’électricité cet hiver. Ce sera 10% pour le Kansaï (vers Osaka-Kyoto).

Vendredi 28 octobre, dans un point de vue publié dans le Maïnichi, il est question de la dimension militaire du programe nucléaire japonais. L’arrêt de la production d’électricité nucléaire, suivie fort probablement de l’arrêt définitif du sur-générateur Monju et de l’usine de retraitement construite par Areva – qui n’a jamais démarrée, malgré un coût de 19 milliards d’euros. Cette technologie, d’origine militaire, faisait du Japon un “pays du seuil”, c’est à dire, ayant la capacité technologique d’assembler une bombe nucléaire en peu de temps si nécessaire. Il risque de s’en éloigner…
KEPCo a soumis le résultat de ses stress-tests pour le réacteur n°3 de Ooi : tout va bien ! La NISA en a pour plusieurs mois à expertiser les 608 pages du rapport. La décision d’autoriser le redémarrage ou pas reviendra au pouvoir politique. Le gouvernement a promis de ne donner un feu vert que s’il y a concensus localement. KEPCo, qui dépend à 51% de l’énergie nucléaire, fait le maximum pour pouvoir redémarrer le plus rapidement possible. Le réacteur n°3 de Ooi est assez récent (1991).
Le principal problème de ces tests est que les problèmes ont été envisagés séparément : il n’y a pas d’évaluation de l’occurence simultanée de plusieurs agressions externes comme par exemple, un séisme suivi d’un tsunami. Les stress-tests ont cherché à évaluer jusqu’à quelle secousse les structure tiennent. La valeur de référence jusqu’à maintenant est une une secousse de 700 gal (le gal est l’unité d’accélération qui sert à évaluer la force subie lors d’une secousse : 1 gal = 1 cm/s2). Le réacteur et sa tuyauterie devraient tenir jusqu’à 1,8 fois cette valeur, mais le coeur devrait être endommagé. A partir de 1,96 fois cette valeur, soit 1 372 gal, le réacteur ne devrait plus s’arrêter automatiquement. Ce n’est pas une valeur irréaliste. Lors du séisme de 2007 à Niigata, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa avait subi des secousses 3 fois plus fortes qu’envisagées. TEPCo avait remonté la limite à 2 280 gals. Mais KEPCo se veut rassurante et prétend pouvoir arrêter le réacteur manuellement. En ce qui concerne les tsunamis, la centrale devrait pouvoir supporter une vague de 11,4 m, ce qui 4 fois plus que prévu initialement.
Il n’y a plus que 10 réacteurs en fonctionnement actuellement. Il n’y en aura plus que deux à la sortie de l’hiver, en février.

Lundi 31 octobre, Kyushu Electric va redémarrer le réacteur n°4 de Genkaï qui s’était arrêté automatiquement le 4 octobre. La compagnie a obtenu le feu vert de la NISA et des élus locaux, quoique difficilement. Ce réacteur sera arrêté à la mi-décembre, pour maintenance et personne ne sait pour combien de temps. Tous les réacteurs nucléaires de la compagnie seront alors arrêtés.

Novembre 2011

Mardi 1er novembre, Kyushu Electric a redémarré son réacteur dans la soirée, pour quelques semaines.
Par ailleurs, le gouvernement va demander aux consommateurs des zones couvertes par Kansai Electric et Kyushu Electric de réduire leur consommation de 10% et 5% respectivement cet hiver. Dans la zone couverte par TEPCo, cela risque d’être un peu tendu, mais le gourvernement ne va pas officiellement demander une baisse de la consommation pour le moment. Les restrictions auront lieu entre le 19 décembre et le 23 mars dans le Kansaï, et jusqu’au 3 février à Kyushu.
Il ne restera plus que 6 réacteurs en fonctionnement à la fin de l’année.

Mercredi 2 novembre, le Maïnichi a révélé que la Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) a recopié les critères de contrôle de la qualité du combustible nucléaire sur les documents du producteur, la Global Nuclear Fuel Japan Co. Mis à par la première page et les logos, les deux documents consultés par le journal sont identiques, même la mise en page et les fontes ! En plus, il a été découvert en 2009 que ce manuel contenait des fautes : la longueur de référence des barres de combustible n’était pas correcte. Cela a entraîné l’acceptation de 3 lots de barres qui étaient pourtant hors normes. Bref, on ne sait toujours pas qui va pouvoir analyser les résultats des stress-tests en toute confiance…

Samedi 5 novembre, le taux de disponibilité du parc nucléaire japonais pour le mois d’octobre est maintenant connu : 18,5%. C’est le taux le plus bas depuis qu’il est enregistré en 1977. Il y a actuellement 11 réacteurs sur 54 en fonctionnement.

Lundi 14 novembre, un groupe d’expert a estimé à 19,4 milliards de yens (190 millions d’euros) par réacteur nucléaire, l’amélioration de la sûreté pour faire face à la nouvelle donne en terme de catastrophe naturelle.
Par ailleurs, Shokoku Electric a soumis les résultats de ses stress-tests pour le réacteur n°3 de sa centrale d’Ikata. Tout va bien…

Mercredi 16 novembre, Chubu Electric Power Co qui exploite la centrale de Hamaoka fermée par le précédent premier ministre construit un mur de 18 m face à la mer pour retenir les tsunami. Cette mesure fait douter de nombreux spécialistes : un mur peut briser une vague, mais n’empêche pas une inondation de la centrale car l’eau va contourner l’obstacle. La pompe qui pompe l’eau de refroidissement n’est protégée que par un mur de 1,5 mètre et peut très bien être noyée. Tout comme le tsunami le plus prévu par la compagnie : 10 mètres en cas de séisme de magnitude 9. Personne ne sait d’où vient ce chiffre. Des spécialistes pensent qu’une vague de 15 à 20 mètres est possible.
Les autorités régionales, qui ont mis en place un groupe de travail “tsunami”, auront besoin d’arguments plus solides pour être convaincues que la centrale peut redémarrer.

Jeudi 17 novembre, les autorités locales de Tokyo veulent construire une immense centrale thermique à gaz afin de briser le monopole de TEPCo sur la zone. Ce monopole, qui est à l’origine d’une importante source de cash pour les compagnies d’électricité et de corruption de tout le système, les compagnies arrosant les partis politiques et autres structures, devrait être remplacé par un système libéral où la distribution l’électricité est séparée de la production afin de permettre la concurrence. (Comme en France où l’ACRO est fournie en électricité par Enercoop).

Mardi 22 novembre, TEPCo prétend pouvoir passer l’été 2012 sans problème, même si ses 17 réacteurs sont arrêtés et qu’il fait plus chaud qu’en 2011. TEPCo a produit 55,70 millions de kw le 17 août 2011. Elle pense pouvoir en produire 57 sans réacteur nucléaire l’été prochain.

Vendredi 25 novembre, KEPCo a arrêté le réacteur n°2 de sa centrale de Takahama dans la province de Fukui dans la soirée. Cela porte à 44 sur 54 le nombre de réacteurs arrêtés, soit 81%. 8 des 11 réacteurs de KEPCo sont arrêtés. Deux autres seront arrêtés avant la fin de l’année. Le dernier s’arrêtera en février. La compagnie va demander à ses clients de baisser de 10% leur consommation cet hiver.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé vouloir étendre les stress-tests à l’usine de retraitement et aux centres d’entreposage de déchets nucléaires.

Dimanche 27 novembre, le nouveau maire d’Osaka, élu ce jour, veut réduire la part du nucléaire et diversifier les sources d’énergie. Et il a les moyens de faire pression lors de la prochaine AG des actionnaires qui aura lieu en juin sur KEPCo car la ville est le 1er actionnaire de la compagnie avec 8,9% des parts. Son groupe contrôle aussi l’assemblée régionale. Il veut aussi ouvrir le marché de l’électricité à la concurrence. KEPCo est opposée à ces plans et la bataille s’annonce difficile car la compagnie est un acteur essentiel dans la région. La province de Shiga soutient le point de vue du maire pour protéger le lac Biwa qui est la plus grande source d’eau douce du Japon et qui alimente la ville de Kyoto
La volonté du nouveau maire est de sortir progressivement du nucléaire. Il ne s’opposera pas au redémarrage des réacteurs actuellement arrêtés.

Lundi 28 novembre, Kyushu Electric Power Co. a annoncé arrêter jeudi 1er décembre son réacteur n°1 de sa centrale de Genkaï. Il ne restera plus qu’un seul réacteur en fonctionnement dans l’île de Kyushu : le réacteur n°4 de cette même centrale qui sera arrêté le 25 décembre. La compagnie va demander à ses clients de réduire leur consommation de 5% du 26 décembre au 2 février.
Il ne restera plus que 9 réacteurs en fonctionnement au niveau national (soit 16% du parc).

La NISA envisager d’arrêter définitivement ce réacteur âgé. Elle a mis en place un groupe de travail sur le sujet car la cuve semble se fragiliser plus vite que prévu. En cas de refroidissement rapide, la cuve pourrait se fissurer. Mis en service en 1975, c’est le plus vieux de Kyushu. Le verdict est attendu pour la fin mars 2012. La compagnie prétend qu’il n’y a pas de problème et veut redémarrer ce réacteur. Si la commission lui donne tort, sa parole sera encore décridibilisée.

Mercredi 30 novembre, le gouverneur de la province de Fukushima a réaffirmé sa détermination à demander au gouvernement le démantèlement des 10 réacteurs nucléaires de sa région. C’est à dire les 6 de Fukushima daï-ichi, bien sûr, mais aussi les 4 de Fukushima daï-ni. C’est le premier gouverneur du pays à demander l’arrêt définitif de tous les réacteurs. Et d’ajouter qu’il va faire son maximum pour garantir l’emploi aux employés de cette industrie. Ces dix réacteurs fournissaient 19% de l’électricité d’origine nucléaire du pays.
En revanche, les municipalités de la province de Fukui qui accueillent des réacteurs nucléaires ont demandé au gouvernement de maintenir la production d’électricité à partir de ces centrales.

Décembre 2012

Jeudi 1er décembre, TEPCo pourrait abandonner son projet de construction d’une centrale nucléaire dans la province d’Aomori, au Nord de l’île principale car elle n’a plus les moyens de la financer. Elle avait deux réacteurs à eau bouillante en projet à Higashidori. Les travaux ont commencé en janvier pour le premier d’entre eux, qui devait entrer en service en 2017.

Dimanche 4 décembre, quelques réflexions personnelles : en Europe, le “référentiel de sûreté” des réacteurs nucléaires et réévalué tous les 10 ans lors des visites décennales. Cela signifie des investissements pour améliorer la sûreté des réacteurs. EdF se vante même que ses réacteurs sont de plus en plus sûrs avec le temps… Il s’agit bien sûr d’une entourloupe : il ne faut pas confondre état des réacteurs et exigences de sûreté. C’est comme pour les voitures, ce n’est pas parce que les règles des contrôles techniques sont de plus en plus sévères que les voitures sont de plus en plus sûres en vieillissant. Au Japon et aux Etats-Unis, le référentiel de sûreté est fixé au démarrage du réacteur et n’évolue plus de toute sa vie. Il avait donc 40 ans à Fukushima ! Etonnamment, ce sujet ne fait pas débat au Japon, alors que se pose la question de la poursuite de l’exploitation d’une quarantaine de réacteurs…

Mardi 6 décembre, la commission mise en place par le gouvernement pour enquêter sur les causes de la catastrophe et présidée par le professeur émérite Y. Hatamura, spécialisé dans la science des accidents, devrait rendre son rapport intermédiaire le 26 décembre. Mais le magasine Aera rapporte qu’une majorité de personnes composant ce groupe ne croit aux assertions de TEPCo que le tsunami est seul responsable de la catastrophe. Il est fort probable que de la tuyauterie vitale ait été endommagée par le tremblement de terre avant le tsunami. Une telle conclusion rendrait encore plus difficile le redémarrage des autres réacteurs du pays car 10% des séismes de la planète ont lieu au Japon.
Il y a encore beaucoup de mystères : la seule secousse qui ait dépassé la limite prévue, fut une secousse Est-Ouest dans les réacteurs 2 et 3. Toutes les secousses subies par le réacteur n°1 avaient une accélération inférieure aux limites et c’est ce réacteur qui a explosé en premier.
Personne ne saura jamais si le séisme seul aurait conduit à la catastrophe. Mais un article de Mitsuhiko Tanaka, un ingénieur qui a participé à la conception du réacteur n°4, dans le nurméro de septembre du magasine scientifique Kagaku, explique que du liquide de refroidissement a probablement commencé à fuir avant le tsunami. Et de mettre en cause l’analyse de TEPCo : la chronologie des évènements calculée par TEPCo ne correspond pas aux faits et paramètres enregistrés.
Hiromitsu Ino, un autre professeur émérite, spécialisé dans la métallurgie, suggère que les stress-tests, qui sont des simulations numériques soient appliqué à la centrale de Fukushima : s’ils ne permettent d’affirmer que tout va bien, il faut commencer par revoir les tests et les critères de sûreté.

Mercredi 7 décembre, KEPCo a arrêté le réacteur n°2 de sa centrale de Mihama suite à la découverte d’une fuite sur un circuit de refroidissement. Ce réacteur devait être arrêté le 18 décembre pour maintenance. C’est le 4ième plus vieux du Japon.
Il ne reste plus que 8 réacteurs en fonctionnement au Japon. 85% du parc est à l’arrêt.

De son côté, Hokkaido Electric Power Co. a soumis les résultats des stress-tests du réacteur n°1 de sa centrale de Tomari. Tout va bien… il peut supporter un tsunami de 15 m et une secousse de 1 023 gals. Et le refoidissement peut être assuré pendant 20 jours en cas de perte des toutes les sources électriques.

Samedi 10 décembre, le Japan Atomic Industrial Forum a annoncé que le taux de disponibilité du parc nucléaire en novembre a été de 20,1%. C’est un peu mieux qu’en octobre (18,5%). Cela va diminuer en décembre car il n’y aura plus que 6 réacteurs en fonctionnement à la fin du mois.

Mercredi 14 décembre, Kyushu Electric a soumis les résultats de ses stress-tests pour 3 de ses réacteurs. Tout va bien…

Jeudi 15 décembre, la NISA a expliqué avoir estimé que l’accident du réacteur n°1 n’est pas dû au vieillissement du réacteur. L’Agence va maintenant faire le même type d’analyse pour les réacteurs 2 et 3.

Vendredi 16 décembre, KEPCo a arrêté le réacteur n°2 de sa centrale de Ôi. Il ne lui reste plus qu’un seul réacteur en fonctionnement qui doit être arrêté le 20 février.
87% du parc nucléaire du pays est maintenant arrêté. Ou, il n’y a plus que 7 réacteurs sur 54 en fonctionnement.

Samedi 17 décembre, selon un sondage rapporté par l’agence de press jiji, 70% des Japonais n’ont pas confiance dans la sûreté des réacteurs. Les personnes ont été interrogées entre le 3 et 13 novembre.

Lundi 19 décembre, Kansaï Electric (KEPCo) vient de lancer une campagne de publicité pour inciter les gens à réduire leur consommation d’électricité de 10% cet hiver. Elle va durer jusqu’au 23 mars. Les consommateurs seront incités à réduire leur consommation entre 9 et 21h les jours de la semaine.

Mardi 20 décembre, le ministre de l’environnement, Goshi Hosono, a annoncé que la nouvelle autorité de sûreté aurait environ 500 employés (400 actuellement) et un budget annuel de 50 milliards de yens (490 millions d’euros), ce qui est aussi plus qu’actuellement.

Dimanche 25 décembre, le réacteur n°4 de la centrale de Genkaï (Kyushu) a été arrêté. Il ne reste que 6 réacteurs sur 54 en fonctionnement au Japon, soit 11% du parc.

Lundi 26 décembre, alors que la compagnie d’électricité de Kyushu vient de commencer sa campagne publicitaire pour demander aux consommateurs de réduire de 5% leur consommation d’électricité, elle a dû arrêter d’urgence l’unité n°2 de sa centrale électrique thermique d’Ainoura (province de Nagasaki) après la découverte d’une fuite. D’une capacité de 500 MWe, l’arrêt de cette unité va entraîner une pénurie en janvier. Tous les réacteurs nucléaires de la compagnie sont à l’arrêt depuis la veille.
Les capacités de production de la compagnie sont de 14 690 mégawatts, alors que la demande maximale estimée est de 14 570 mégawatts cet hiver. L’excès n’est que de 0,8%, ce qui rend la situation très tendue.

Mardi 27 décembre, une autre centrale thermique de l’île de Kyushu est tombée en panne suite à la montée en température de la chambre de combustion qui a partiellement fondu. Cette cetrale à gaz a une puissance de 115 mégawatts.

Mercredi 28 décembre, suite à une inspection sur le réacteur n°3 (cf “réacteur n°3” ci-dessus), il n’est pas impossible que les explosions hydrogène des réacteurs n°1 et 3 soient dues à un défaut de conception du système d’échappement des gaz relargués en situation d’urgence. Ce défaut toucherait tous les réacteurs à eau bouillante du Japon exploités par TEPCo, Tohoku Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., Hokuriku Electric Power Co., Chugoku Electric Power Co., et Japan Atomic Power Co.

Janvier 2012

Lundi 2 janvier, selon l’Asahi, environ un tiers des membres de la Nuclear Safety Commission ont reçu des l’argent de l’industrie nucléaire ou d’organisations affiliées. Haruki Madarame, le président de la commission, fait partie des bénéficiaires. Il a reçu 4 millions de yens (40 000 euros) de la part de Mitsubishi quand il était prof. d’université, avant de devenir président en 2010. Le Japon parle de “village nucléaire” pour cette collusion entre industrie, contrôle et pouvoir politique. Sans un changement radical des pratiques, il est difficile d’imaginer un redémarrage des réacteurs arrêtés.

Vendredi 6 janvier, le gouvernement japonais envisage de limiter par la loi à 40 ans l’âge des réacteurs nucléaires. Deux réacteurs ont déjà dépassé cet âge en plus du réacteur n°1 de Fukushima daï-ichi qui est détruit. 5 autres auront atteint la limite d’ici 2015. Une extension pourrait être permise une seule fois si l’exploitant arrive à démontrer la sûreté de l’installation. En 2030, il ne resterait alors que 18 réacteurs en fonctionnement alors que les plans étaient d’en construire 14 nouveaux d’ici là afin de passer à environ 50% de la production d’électricité.
Une prise en compte des accidents graves sera aussi demandée. La loi devrait soumise au parlement le mois prochain, mais l’on ne sait pas quend elle sera appliquée.
Dans une interview au Yomiuri, le ministre de l’industrie a aussi dit qu’il réfléchissait aussi à une nationalisation des réacteurs car les compagnies privées ne cherchent que le profit et négligent la sûreté. In fine, c’est l’Etat qui doit payer en cas de catastrophe.
Le gouvernement cherche par tous les moyens à retrouver la confiance de la population pour pouvoir espérer un jour redémarrer une partie du parc nucléaire. Selon un ministre, le gouvernement n’espère pas pouvoir en redémarrer 20 ou 30 sur les 54…

Mercredi 11 janvier, la Maïnichi avait révélé (cf 2 novembre ci-dessus) que la Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) se contentait de recopier les manuels d’inspection des exploitats ou fabriquants sans rien changer, si ce n’est le logo sur la première page. Une commission a enquêté sur cette affaire et dans le rapport qui doit être remis le 12 janvier, elle confirme les accusations graves du journal. La procédure est systématique depuis le début de l’existence de la JNES en 2003. Et de pointer d’autres failles du contrôle : des erreurs dans des rapports préparés par KEPCo lui ont échappé ; des absences d’inspections… La JNES se contenait de tamponner les rapports d’inspection des exploitants du nucléaire.
La JNES avait été créée car la NISA n’avait pas réussi à détecter les falsifications de TEPCo (voir notre article à ce sujet)… En attendant, il n’y a toujours personne de crédible pour analyser les stress-tests des exploitants…

Vendredi 13 janvier, arrêt programmé du réacteur n°2 de la centrale d’Ikata située sur l’île de Shikoku. Les 3 réacteurs de la centrale seront donc à l’arrêt. Au niveau national, plus que 5 réacteurs sur 54 sont en fonctionnement (c’est moins de 10%). Sans la catastrophe de Fukushima, ce réacteur aurait dû redémarrer le 18 mars pour les tests et entrer complètement en opération le 12 avril. Personne ne peut dire s’il redémarrera un jour.

Samedi 14 janvier, le taux de disponibilité des réacteurs nucléaires japonais a été de 38% en 2011. Il était de 68,3% l’année précédente et de 15,2% en 2011. Avant le 11 mars environ 70% des réacteurs étaient en fonctionnement.
Par ailleurs, la NISA devrait approuver le résultat des stress-tests de Kansaï Electric (KEPCo) pour de ux de ses réacteurs de Ôi (3 et 4). C’est la première évaluation de stress-tests par la NISA. Mais les réacteurs ne vont pas démarrer pour autant. Les stress tests doivent encore être validés par l’AIEA (pas beaucoup de suspens…). Cela ne suffira pas pas car la NISA n’a plus aucun crédit.

Lundi 16 janvier, TEPCo a soumis les résultats de ses stress-tests pour les réacteur n°1 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa qui avait été fortement secouée en 2007. Pour le gouverneur de la région (Niigata), c’est trop tôt car l’on n’a pas tiré les enseignements de la catastrophe de Fukushima.

Mardi 17 janvier, les statistiques officielles sur l’offre et la demande en électricité pour le mois de décembre 2011 sont disponibles en anglais.

Mercredi 18 janvier, le gouvernement va finalement limiter l’âge des réacteurs à 60 ans… En fait 40 ans, avec une possibilité de prolonger une fois de vingt ans. Et de vendre cela comme un progrès !

C’est un peu connexe, mais environ la moitié des administrateurs du Centre de Contrôle des Matières Nucléaires, qui est là pour empêcher le détournement de ses matières à des fins militaires, viennent des compagnies qu’ils contrôlent ! Le Centre est aussi partiellement financé par ces mêmes compagnies. Les inspecteurs de ce centre accompagnent les inspections de l’AIEA et mènent leurs propres investigations. Cela montre encore une fois le niveau de collusion entre les autorités et les exploitants au Japon.

Jeudi 19 janvier, Chubu Electric Co., qui exploite la centrale de Hamaoka fermée sur ordre du précédent premier ministre, a annoncé que sa centrale ne tiendrait pas plus de trois jours sans électricité et devrait faire face à une fusion du coeur. Pour les piscines de combustible, le délai est de 25 jours.

Lundi 23 janvier, une équipe de l’AIEA est arrivée au Japon pour contrôler le contrôle de la NISA sur les stress-tests. Qui va contrôler l’AIEA ?

Mercredi 25 janvier, le réacteur n°5 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par TEPCo, est à son tour arrêté. Il n’y a plus que 4 réacteurs sur 54 en fonctionnement au Japon. Ou 93% du parc est à l’arrêt. Il ne reste plus à TEPCo que le réacteur n°6 de cette même centrale qui fonctionne encore.

Jeudi 26 janvier, dans une interview au Asahi, le ministre de l’économie et de l’industrie a expliqué se préparer à passer l’été (saison où la demande électrique est la plus forte) sans nucléaire. En revanche, il se refuse à imposer à nouveau une réduction de la consommation aux gros consommateurs comme lors de l’été 2011. Ce n’est pas aux employés de l’industrie de supporter la pénurie selon lui.
Le gouvernement estime que lors de pics de consommation, il pourrait manquer jusqu’à 7% d’électricité sur tout le pays. La situation sera la plus critique dans le Kansaï où la dépendance au nucléaire est la plus forte : il pourrait manquer jusqu’à 25% d’électricité selon les prédictions.

Vendredi 27 janvier, Chugoku Electric Power Co arrête le réacteur n°2 de sa centrale située à Matsué dans la province de Shimané. Il n’y a plus que 3 réacteurs sur 54 en fonctionnement au Japon et les ventes de bougie n’augmentent pas bien que 94,4% du parc soit arrêté. Les 3 réacteurs restant sont à Hokkaido, Niigata et Fukui.

Mardi 31 janvier, l’AIEA a rendu un résumé de son rapport sur les stress-tests : tout va bien, ou presque. L’évaluation des examens conduite par la NISA est conforme aux normes de l’AIEA. Mais l’évaluation de l’AIEA est générique et ne permet pas d’assurer la sûreté de chaque installation. C’est de la responsabilité des gouvernements et non de l’AIEA de décider du redémarrage éventuel.
Lire le communiqué en anglais.

Février – mars 2012

Mercredi 1er février, les 14 réacteurs nucléaires (13 réacteurs commerciaux + le surgénérateur Monju) de la province de Fukui situés sur la côte de la mer du Japon, qui forment le “Ginza” (ou les Champs Elysée) du nucléaire, sont devenus un des enjeux des campagnes électorales des métropoles comme Kyôto ou Ôsaka qui sont sous les vents dominants en cas d’accident. Le lac Biwa, le plus grand du Japon, qui alimente en eau potable Kyoto a une de ses extrémités qui n’est qu’à 30 km de la centrale la plus proche.
La province de Shiga est aussi très inquiète et a étendu la zone d’évacuation à 42 km en cas d’accident, ce qui est plus que les 30 km qui devraient être prévus par le gouvernement suite à Fukushima. Cette décision est basée sur un calcul de la dispersion de l’iode en cas d’accident à la centrale de Mihama ou à celle d’Ôi. Cela signifierait 40 000 personnes de cette province à évacuer contre 13 000 en gardant la limite à 30 km. C’est la première fois qu’une province étend la zone de préparation à l’évacuation. Le gouvernement devrait passer de 10 à 30 km en avril prochain.
Une commission, chargée par les autorités régionales de la province de Shizuoka d’évaluer le coût de la production électrique, est arrivé à la conclusion que l’électricité fournie par la centrale de Hamaoka est plus chère que celle fournie par les centrales thermiques, qui est elle-même plus chère que l’électricité hydroélectrique. Cette estimation arrive à un coût supérieur à celui calculé par le gouvernement pour le nucléaire, sans tenir compte des coûts d’un éventuel accident !
Par ailleurs, 1 704 personnes ont déposé plainte pour demander l’arrêt de la centrale de Genkai dans la province de Saga sur l’île de Kyûshû. Ils se plaignent que les 4 réacteurs sont dangereux et les menacent.

Jeudi 2 février, les températures hivernales et le vent ont conduit à la plus forte demande en électricité de cet hiver vers 18-19h pour toutes les compagnies, sauf à Okinawa. Sur les îles de Shikoku et Kyûshû, la demande a atteint 93 et 97% des capacités de production.

Vendredi 3 février, deux membres du groupe d’experts sur les stress-tests auprès de la NISA regrettent que ces exercices ne tiennent pas compte des leçons de Fukushima. Rappelons que ces stress-tests ne sont qu’un exercice de simulation numérique basé sur un état virtuel du réacteur tel qu’il est paramétrisé dans les codes.
Ainsi, pour Masashi Goto, ancien ingénieur du nucléaire, et Hiromitsu Ino, Prof. émérite à l’université de Tôkyô, les tests ne prennent pas en compte l’âge des réacteurs, ni les premières leçons de Fukushima. Ainsi, l’erreur humaine ou la défaillance simultanée de plusieurs équipements sont ignorés. Rappelons qu’à Fukushima, il y a eu rupture simultanée de l’alimentation électrique et en eau, ce qui n’avait jamais été envisagé dans aucun pays. Et l’on n’a pas encore tiré toutes les leçons de l’accident ! Le comité en charge d’étudier les failles qui ont conduit à l’accident ne rendra son rapport qu’en juillet, mais les compagnies d’électricité ont déjà bouclé leurs tests et la NISA a déjà donné son feu vert pour les deux réacteurs de la centrale de Ôi exploitée par KEPCo….
Et les deu experts de suggérer de faire subir les stress-test à la centrale de Fukushima pour voir la conclusion obtenue : si ces tests montrent que tout va bien il faut les revoir. La NISA n’a pas l’intention de changer la procédure d’évaluation.
Enfin, les stress-tests ont été sous-traités à Mitsubishi Heavy Industries Ltd (MHI) et évalués par la Japan Nuclear Energy Safety Organization qui employe des anciens de chez MHI. Nos deux experts y voient un conflit d’intérêt. Ils signalent aussi que certains de leurs collègues du groupe d’expert ont reçu des financements de MHI ou d’autres sous-traitants du nucléaire.
Heureusement que les élus locaux, en première ligne en cas de catastrophe, ont leur mot à dire et sont très réticents à donner leur feu vert au redémarrage des réacteurs.

Par ailleurs, le taux de disponibilité du parc nucléaire japonais était de 10,3% en janvier, contre 15,2 le mois précédent.

Samedi 4 février, la situation sur le marché de l’électricité commence à être tendue avec le froid. Kyushu Electric Power Co a dû arrêter sa centrale thermique de Oita (2 300 MWhe) et a dû acheter d’urgence de l’électricité à 6 autres compagnies. Des valves étaient défaillantes à cause du froid… La demande a atteint 97% des moyens de production jeudi 2 février. Vendredi la température est descendue à des niveaux historiques sur l’île. La compagnie a pu redémarrer le centrale vers 16h30 vendredi après avoir réchauffé les tuyaux et valves gelés. En attendant, la compagnie a dû demander aux gros consommateurs de réduire leur consommation de 370 MWhe. Malgré cela, le demande a atteint 95% des capacités de production, ce qui laisse peu de marge.
Kansaï électric, qui a vendu 500 MWhe d’électricité à son homologue de Kyûshû s’est aussi trouvée dans une situation tendue pour la première fois cet hiver : la demande a dépassé les 95% des capacités de production.
Il est recommandé que la demande reste en deça de 90 à 92%. A 97% une panne sur une centrale peut entraîner des coupures.

Par ailleurs, le gouvernement est en train de changer la législation pour favoriser le développement des énergies renouvelables comme le solaire ou la micro-hydroélectricité.

Lundi 6 février, le ministère de l’industrie devrait garder une grande influence sur la nouvelle autorité de sûreté nucléaire japonaise, supposée indépendante. La nouvelle entité devrait avoir 485 membres. 354 fonctionnaires du ministère de l’économie et industrie (METI), actuellement détachés auprès de la NISA, devraient rejoindre la nouvelle autorité où ils représenteront 70% du personnel. Après quelques années, s’ils veulent retourner dans leur ministère d’origine, ils seront remplacés par d’autres fonctionnaires du METI. Une clause de non-retour, défendue par le ministre de l’environnement et quelques parlementaires, ne devrait être appliquée qu’à 7 postes clés.
Le gouvernement semble avoir cédé devant les fonctionnaires qui auraient refusé de rejoindre la nouvelle autorité s’ils ne peuvent pas retourner dans leur ministère d’origine.
La nouvelle autorité ne devrait embaucher que 12 nouveaux employés la première année.

Par ailleurs, 3 professeurs d’université, membres de la commission chargée de repenser la politique énergétique du pays ont reçu des fonds de recherche conséquents de la part de l’industrie nucléaire. L’Asahi, qui a enquêté auprès des université en demandant à avoir accès à tous les soutiens financiers, a découvert le pot aux roses. Ces fonds étaient donnés à l’université, mais seul le prof. destinataire pouvait décider de leur utilisation. Il se trouve que ces trois personnes ne font que défendre l’industrie nucléaire dans la commission, comme s’il n’y avait pas eu de catastrophe à Fukushima.

Le groupe qui collecte des signatures à Tôkyô pour obtenir un référendum sur le nucléaire a collecté assez de signatures. A ce jour, il a 216 063 signatures, alors qu’il en faut 214 236. Mais il continue à en collecter pour atteindre 300 000 d’ici le 9 février au cas où certaines d’entre elles seraient invalidées.
Osaka avait déjà obtenu assez de signatures pour un référendum local :  55 428 signatures valides pour 42 673 exigées. Il faut recueillir les signatures d’un électeur sur 50 pour obtenir un référendum.
Des collectes de signatures sont aussi en cours dans les villes de Fuchu et Hachioji.

Pendant ce temps là, les compagnies d’électricité continuent leur lobbying pour convaincre les élus locaux d’autoriser le redémarrage. Mais le gouvernement de Niigata continue à exiger que les causes de la catastrophe de Fukushima soient bien connues avant de décider.

Jeudi 9 février, la NISA a donné son feu vert pour redémarrer deux des réacteurs de la centrale de Ôi exploitée par KEPCo. C’est dans le Kansaï que la situation risque d’être la plus tendue cet été. Le gouvernement est favorable à leur redémarrage. La décision finale est entre les mains des pouvoirs locaux. Les autorités de Fukui ne se contentent pas des stress-tests et veulent une révision complète du référentiel de sûreté.
Le ministre de l’Economie et de l’Industrie se refuse à donner un calendrier et promet qu’il n’autorisera pas le redémarrage sans l’assentiment des autorités locales. Dans le passé le gouverneur avait bien marchandé le feu vert pour le redémarrage de Monju (le surgénérateur) : ligne de train express, subventions…

A Tôkyô, les citoyens ont recueilli 260 094 signatures, ce qui leur permet de réclamer un référendum. C’est plus que les 214 000 signatures requises en 2 mois de collecte. Le groupe espère arriver à 300 000 quand il aura tout compté. Ôsaka a déjà réuni un nombre suffisant de signatures. Les autorités de Tôkyô ont besoin de temps pour vérifier et le verdict n’est pas attendu avant la fin avril. Les élus locaux sont très réservés. Le gouverneur, le très conservateur Shintaro Ishihara, a déjà déclaré son opposition à ce référendum.

Le dernier réacteur de TEPCo en fonctionnement, le n°6 de Kashiwazaki-Kariwa, s’arrêtera le 26 mars. Il ne restera alors plus qu’un réacteur sur tout le pays.

Vendredi 10 février, des citoyens de Mito ont remis 51 000 signatures au gouverneur d’Ibaraki pour demander l’arrêt de la centrale de Tôkaï. Elles s’ajoutent aux 50 000 signatures remises en novembre dernier.

Samedi 11 février, 12 000 personnes ont manifesté ce jour à Tôkyô pour l’arrêt du nucléaire.

Lundi 13 février, la NISA a, comme prévu, donné son feu vert au redémarrage des deux réacteurs de la centrale d’Ôi suite aux stress-tests effectués par KEPCo.

Mercredi 15 février, Haruki Madarame, le directeur de la Nuclear Safety Commission, vient enfin d’admettre l’évidence : les règles de sûreté n’étaient pas assez stricts ! Le risque de coupure prolongée d’électricité n’a jamais été pris au sérieux, les diesels de secours étaient suffisants, sans penser qu’ils auraient pu être noyés pas un tsunami. Qu’en est-il pour les autres réacteurs japonais ? Peut-on vraiment les redémarrer sans des travaux conséquents ?

Jeudi 16 février, l’Asahi a enquêté auprès de l’industrie du Kansaï à propos de l’alimentation électrique de la région suite à l’arrêt complet du parc nucléaire pendant l’été 2012. KEPCo ne devrait pouvoir fournir que 80% de la demande mais pourra acheter de l’électricité aux autres compagnies du Japon. 9 industries sur les 50 interrogées ont dit que des restrictions poseront un sérieux problème pour eux. 20, un petit problème et 11 pas de problème. 10 n’ont pas répondu. Seulement 30% des compagnies demandent le redémarrage des deux réacteurs de la centrale de Ôi qui viennent de voir leur stress-tests validés. Aucune d’entre elles soutiennent le redémarrage du parc non accidenté ou la construction de nouveaux réacteurs. Mais 14 d’entre elles pensent qu’un redémarrage partiel du parc est nécessaire pour assurer la stabilité de l’approvisionnement électrique et 9 pensent qu’il faut arrêter tout le parc nucléaire.

Lundi 20 février, KEPCo a arrêté le réacteur n°3 de sa centrale de Takahama à partir de minuit. Tous les réacteurs nucléaires de la compagnie, qui fournissaient environ 50% de l’électricité du Kansaï, sont à l’arrêt. Il ne reste plus que 2 réacteurs en fonctionnement dans tout le pays. L’arrêt suivant et le 26 mars. Le dernier sera le réacteur n°3 de Tomari sur l’île de Hokkaïdo dont l’arrêt est programmé à la fin avril.
Le maire d’Ôi et le gouverneur de la province de Fukui ne se satisfont pas des stress-tests avalisés par la NISA et demandent au gouvernement de revoir d’abord le référentiel de sûreté.
Par ailleurs, la Nuclear Safety Commission a reconnu que les stress-tests n’étaient pas suffisants pour garantir la sûreté des réacteurs et que d’autres tests plus poussés seront nécessaires.
Le gouvernement a reçu les résultats des premiers stress-tests pour 16 réacteurs en tout.

Le bras de fer continue donc entre les exploitants et les autorités locales. Les exploitants annoncent des coupures d’électricité cet été sans réacteur nucléaire, mais peine à convaincre. KEPCo a annoncé que ses capacités de production sont de 12% inférieures à la demande cet hiver et a appelé les consommateurs à baisser de 10% leur consommation. Dans les faits, la demande est restée entre 70 et 80% de ses capacités de production. La demande n’a dépassé les 90% que durant 5 jours sur deux mois. Cela est dû au fait que la compagnie a pris comme référence la plus forte demande durant ces 5 dernières années sans tenir compte des mesures d’économie d’énergie mises en place. La demande était de 5% inférieure à celle de l’année précédente.
Mais KEPCo a annoncé 100 milliards de yens (1 milliard d’euros) de pertes d’avril à décembre 2011. Les autorités locales lui demande de couper dans ses coûts, comme le salaire des dirigeants ou les fonds remis aux partis politiques…

Mercredi 22 février, l’Asahi fait le point sur les améliorations de sûreté des 17 centrales nucléaires du pays suite à la catastrophe de Fukushima. Fukushima daï-ichi n’est pas comptée, bien évidemment, Monju oui.
En ce qui concerne l’élévation de la digue pour protéger la centrale des tsunamis :
– 12 envisagent de le faire ;
– 3 d’entre elles n’ont pas commencé les travaux : Higashidori, Tokai No. 2 et Tsuruga.
– 3 devraient avoir fini avant la fin de l’année. Onagawa devrait avoir fini en avril prochain et Mihama en 2015.
En ce qui concerne les mesures de prévention des explosions hydrogène (installation de recombineurs d’hydrogène et de tuyaux d’évacuation pour éviter l’accumulation):
– Monju n’est pas concerné.
– 15 centrales envisagent de le faire. Aucune centrale n’a fini les travaux.
– 10 centrales n’ont même pas commencé.
En ce qui concerne l’installation de générateurs de secours supplémentaires :
– 7 ont fini les travaux : Higashidori, Onagawa, Kashiwazaki-Kariwa, Mihama, Takahama, Ôi et Shimané.
– 5 autres devraient avoir fini avant la fin de l’année fiscale 2012 (31 mars 2013).

11 des 13 provinces qui hébergent une centrale nucléaire n’ont pas prévu de taxe nucléaire dans leur budget 2012 qui débute le 1er avril.

Vendredi 24 février, le maire d’Ôsaka s’est dit défavorable à la tenue d’un référendum sur le nucléaire dans sa ville comme le réclame la pétition qui a recueilli suffisamment de signatures. Il prétend avoir été récemment élu avec un mandat de diminuer la part du nucléaire et qu’il n’est pas nécessaire de revenir sur la question : ce serait un gaspillage de fonds publics… Pour lui, la question de l’initiative est trop radicale et ne permet pas de compromis. S’il y a un référendum, il faut aussi questionner les gens sur les énergies de substitution. Les défenseurs du référendum prétendent que la question du nucléaire n’était qu’une toute petite partie du programme du nouveau maire et que la question n’a pas été suffisamment débattue.

Samedi 25 février, Hokkaido Electric Power Co envisage de reculer l’arrêt du dernier réacteur nucléaire japonais de la fin avril au début mai.

Dimanche 26 février, 700 personnes environ ont formé une chaîne humaine autour de la centrale de Tôkaï pour s’opposer à son redémarrage. La chaîne faisait 1 km environ.

Lundi 27 février, les municipalités de Kôto, Kôbé et Ôsaka, toutes trois actionnaires de KEPCo, ont demandé à la compagnie d’électricité de réduire sa dépendance à l’énergie nucléaire. La compagnie doit présenter un plan dans ce sens d’ici le 15 mars. Les trois villes ont aussi demandé à la compagnie de répondre favorablement à la séparation du transport de l’électricité et de sa production afin de permettre à d’autres opérateurs d’entrer sur le marché. Enfin, elles ont demandé de réduire les coûts.
Ces trois villes ont 12% des actions de la compagnie (Ôsaka : 9%, Kôbé : 3% et Kyôto : 0,45%).

Jeudi 1er mars, Yukio Edano, le ministre de l’économie, industrie, énergie… a dit clairement devant le parlement qu’une situation tendue sur le marché de l’électricité ne doit pas influencer le jugement sur la sûreté des réacteurs et qu’il était bien possible qu’il n’y ait aucun réacteur nucléaire en fonctionnement cet été.

Mercredi 7 mars, selon la Natural Resources and Energy Agency, il en coûterait plus de 10 000 milliards de yens (100 milliards d’euros) d’unifier le système électrique japonais. Rappelons qu’une moitié du pays utilise du 60 Hz et une autre moitié du 50 Hz, avec seulement 3 transformateurs entre les deux zones. Ce n’est donc pas une option acceptable.

Vendredi 9 mars, le ministre de l’industrie et économie a déclaré, dans une interview au Yomiuri, que la décision de redémarrer ou non certains réacteurs nucléaires, sera prise par le gouvernement central avant d’aller consulter les autorités locales. La décision finale dépendra de l’issue de ces consultations.

Par ailleurs, la NISA devrait approuver un nouveau stress-test. Il s’agit du réacteur n°3 de la centrale d’Itaka sur l’île de Shikoku.

La nouvelle autorité de sûreté indépendante ne devrait pas être créée le 1er avril comme espéré, car l’opposition bloque le texte. Elle veut attendre le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’accident. Cela devrait retarder le redémarrage des réacteurs.

Enfin, la commission pluraliste mise en place pour redéfinir la politique énergétique du pays peine à se mettre d’accord. Une partie souhaite que le pays ne redémarre pas ses réacteurs alors qu’une autre souhaite leur redémarrage rapide. Un consensus semble impossible.

Samedi 10 mars, le taux de disponibilité du parc nucléaire japonais a été de 6,1% en février 2012.

TEPCO n’a toujours pas décidé si elle allait démanteler les réacteurs 5 et 6 de la centrale de Fukushima daïichi et les 4 réacteurs de celle de Fukushima daïni ou si elle allait essayer de les redémarrer ! La réponse est pour la fin du mois de mars.

Sommaire

Divers

Une élévation de la radioactivité ambiante a été détectée dimanche 13 mars matin à la centrale d’Onagawa, située à une centaine de kilomètres au Nord de celles de Fukushima. La compagnie d’électricité du Tohoku, l’exploitant, mentionne des niveaux ayant atteint une vingtaine de microsieverts par heure dans une balise de surveillance. Il est fort probable que la radioactivité viennent de Fukushima. La situation est redevenue “normale” dans la soirée.

Dans la soirée de dimanche 13 mars, on a appris qu’un réacteur de Tokaï-mura avait aussi perdu son système de refroidissement. Le système de secours serait actif.

Le 30 juillet, le bilan officiel est de 15 648 morts et 4 970 disparus. Cela fait un total de 20 627 victimes.

Plus de 88 000 maisons et bâtiments ont été complètement ou partiellement détruits. Environ 92,5% des victimes sont mortes noyées (d’après les autopsies faites sur 13 135 cadavres).

120 000 personnes ont été engagées dans les opérations de secours.

Les bilans effectués par l’OMS sont disponibles ici.

Les opérations de recherche dans la zone des 20 km autour de la centrale sont rendues très difficiles par la radioactivité ambiante. Au 31 mars, un millier de cadavres radioactifs ne peuvent pas être évacués de la zone car ils sont trop radioactifs. Ni la crémation, ni l’enterrement ne sont possibles.

Une épidémie de rhumes a eu lieu dans les centres d’hébergements temporaires bondés et parfois non chauffés.

Une semaine après le début des catastrophes, vendredi 18 mars, à 14h46, le pays a respecté une minute de silence. De même le lundi 11 avril, un mois après.

Un jeune Tokyoïte de 25 ans qui n’avait rien à faire là a essayé de pénétrer dans la centrale vendredi 1er avril.

Lundi 27 juin, le premier ministre a nommé Goshi Hosono, son conseiller, ministre d’Etat en charge de la catastrophe nucléaire.

Sommaire

~~~~~~~~ Compléments ~~~~~~~~~

Réacteurs nucléaires

Il y a deux centrales de Fukushima : Fukushima dai-ichi (n°1) avec 6 réacteurs à eau bouillante et Fukushima dai-ni (n°2) avec 4 réacteurs. Les réacteurs n°4 à 6 de Fukushima dai-ichi étaient déjà arrêtés avant le tremblement de terre. Les deux centrales sont séparées de 12 km et appartiennent toutes les deux à la compagnie d’électricité de Tokyo (TEPCo en anglais).

La centrale d’Onagawa regroupe 3 réacteurs à eau bouillante et est exploitée par la compagnie d’électricité du Tohoku. Cette centrale a subi une secousse supérieure à ce qui était prévu lors d’une forte réplique qui a eu lieu de 7 avril 2011 : une accélération verticale de 476,3 gals a été enregistrée alors que la centrale a été conçue pour une accélération de 451 gals maximum (1 gal = 1cm/s2). Le 11 mars, ce même détecteur avait enregistré 439 gals.

Le New York Times propose une animation très claire montrant la structure du réacteur de Fukushima dai-ichi.
La NRC américaine propose une description de réacteurs à eau bouillante.

Une vidéo de la fusion du coeur sur un réacteur du même type que ceux de Fukushima peut être visualisée ici en japonais. Les images sont explicites.

Selon TEPCo, il y aurait 4 546 grappes de barres de combustibles usés à refroidir dans les 6 réacteurs de la centrale.

Comme prévu, ces centrales se sont arrêtées automatiquement lors du séisme. Mais, même arrêté, le combustible de la centrale dégage de la chaleur. Il faut de l’eau, des pompes et donc de l’électricité pour refroidir le coeur. Les générateurs de secours n’ayant pas fonctionné, la température et donc la pression ont augmenté avec un risque d’endommager l’enceinte de confinement.

Une trop forte augmentation de la température peut faire fondre la gaine des pastilles de combustible qui retient les produits de fission radioactifs. La présence de césium 137 relevée dans les rejets gazeux laisse penser que le coeur du ou des réacteurs a commencé à fondre. Si le combustible fondu se reconcentre, on peut craindre le redémarrage d’une réaction nucléaire en chaîne et une explosion nucléaire.

Contrairement aux coeurs des réacteurs, les piscines d’entreposage des combustibles usés ne sont pas confinées. Si ces combustibles ne sont plus refroidis et que la gaine fond, les radioéléments sont en contact direct avec l’air et peuvent être dispersés. C’est pourquoi les piscines posent plus de soucis actuellement. En cas d’incendie ou de relargage de gande ampleur, les employés ne pourraient plus accéder au site et tenter de contrôler les réacteurs.

En France, ces piscines ne sont pas mieux protégées.

Accident nucléaire et ses conséquences

De nombreux autres sites Internet suivent l’évolution en continu de la catastrophe nucléaire :
– au Japon, mais en anglais, par Greenaction à Kyoto, association avec laquelle nous avons des liens très serrés ;
– au Japon, et toujours en anglais, EX-SKF, qui épluche et traduit la presse japonaise ;
– en France, Enerwebwatch, qui recense tout ce qui apparaît sur internet ;
– en France encore, le blog de Fukushima et génération 4 qui font un suivi régulier avec un oeil critique ;
– en France toujours, Information Fukushima qui ratisse la toile ;
– en Suisse, un suivi est fait par 2000watts.org ;
– au Etats-Unis, le New York Times ;
– en France, l’ASN et l’IRSN ;
– au niveau international, l’AIEA.

Le premier rapport écrit par l’autorité de sûreté nucléaire japonaise sur l’accident pour l’AIEA est disponible ici en anglais (juin 2011)

La centrale accidentée est déjà visible sur google-earth.
Une webcam permet de voir le site de la centrale.
Les photos fournies à la presse par TEPCo sont ici.
Des images satellites de la centrale avant et pendant la catastrophe sont disponibles ici.
Des photos aériennes de grande qualité sont disponibles ici.
Les photos du quotidien Asahi sont visibles ici et les archives des jours précédents ici.
Une vidéo prise par un drone peut être visualisée en trois parties ici.
Des photos prises par une personne sur place sont disponibles ici.

Les niveaux de radiation mesurés par plusieurs balises autour des centrales de Fukushima sont visibles ici. Cependant, les données semblent s’arrêter au 12 mars. La courbe bleue continue indique le niveau de radiation en nGy/h. Le graphe du haut est sur 24h, celui du milieu sur une semaine et celui du bas sur 1 mois. La courbe en pointillés correspond au maximum enregistré par le passé.
Pour changer de balise, il faut cliquer sur la carte, mais nombreuses semblent inopérantes.

Les débits de dose sur le site de la centrale sont disponibles ici.

Les conditions météo sur place peuvent être consultées en français ici.

Lors d’une catastrophe nucléaire, la contamination des populations passe par trois phases qui peuvent se chevaucher :
– d’abord, l’exposition directe aux gaz du panache radioactif via la respiration. Quand les rejets s’arrêtent, ce mode d’exposition diminue rapidement.
– puis l’exposition aux dépôts sur les plantes : les polluants radioactifs passent directement dans la plante via les feuilles. C’est ce que l’on observe en France avec la contamination de l’herbe ou au Japon avec les légumes feuilles. Cette phase dure le temps d’une récolte si les rejets s’arrêtent.
– Enfin, il y a la contamination durable des sols et le transfert aux végétaux par les racines, puis à toute la chaîne alimentaire. Cette phase peut durer très très longtemps.
A cela s’ajoute la pollution marine qui est conséquente et durable pour cette catastrophe.

Les critères de l’AIEA en cas d’accident nucléaire sont disponibles ici en anglais.

En 2007, le sismologue Katsuhiko ISHIBASHI avait forgé le mot “genpatsushinsai” ou “désastre sismo-nucléaire” qu’il craignait.

A Three Miles Island, il a fallu 6 ans pour pouvoir inspecter le coeur et comprendre ce qui s’est passé.

Informations diverses

Tous les tremblements de terre qui ont eu lieu au Japon depuis le 11 mars sont répertoriés ici. Il y en a eu plus de 1 700.
Une vidéo recense tous les séismes de l’année 2011 en anglais et japonais.

De nombreuses données sismiques sont disponibles ici.

Des images satellites et une cartographie de l’impact du tsunami sont disponibles ici.

Une des raisons des problèmes d’approvisionnement électrique actuels vient du fait qu’une partie du Japon (Kansai) utilise du 60 Hz alors qu’une autre partie (Kanto) utilise du 50 Hz. Il n’y a que trois transformateurs entre les deux régions et il est donc difficile de transférer de l’électricité d’une partie à l’autre. Seuls un million de kilowatts peuvent être transférés vers l’Est, une fraction de la capacité perdue par TEPCO lors du tremblement de terre du 11 mars qui est de 21 millions de kilowatts.
De plus, seuls 3 réacteurs sur 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa aussi exploitée par TEPCo et endommagée par le tremblement de terre de 2007 fonctionnent.

L’industrie agro-alimentaire japonaise a été frappées par de nombreux scandales : du riz non consommable mis sur le marché, de la vande importée labellisée japonaise… La population n’a pas confiance dans le système de surveillance.

TEPCo avait falsifié des données importantes pour la sûreté dans la passé. Voir l’article de l’ACRO à ce sujet et un reportage de la télévision japonaise sur Youtube, sous-titré en anglais si l’on clique sur cc.

Articles de l’ACRO en ligne

pour comprendre la radioactivité :
La radioactivité expliquée aux enfants, suivie de la mesure de la radioactivité expliquée aux enfants (2011)
Notions de base de radioactivité, fiche technique
La contamination et l’irradiation, fiche technique
Exposé sur la radioactivité et ses effets (pdf, 2011)
Définition des zones contaminées en Biélorussie (1991) Plus de détails ici

et sur des évènements passés au Japon :
A propos des falsifications de TEPCo dans le passé
A propos de l’accident de Tokai-mura le 30 septembre 1999
A propos du tremblement de terre de 2007 et de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (juin 2008)

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Ancien lien

An deux de la catastrophe de Fukushima