Fukushima : le Japon durablement contaminé

ACRO
138, rue de l’Eglise
14200 Hérouville St Clair
https://acro.eu.org

Article écrit pour la revue du Réseau Sortir du Nucléaire, août 2011


Dans une vidéo mise en ligne le 17 août sur son site (à télécharger ici), le directeur de la centrale de Fukushima Daï-ichi prie la population de l’excuser pour les « désagréments et l’anxiété causés par l’accident ». TEPCO n’aurait ainsi causé que des désagréments et de l’anxiété ? Et d’ajouter sans vergogne qu’ils font tout pour que les personnes déplacées puissent revenir au plus vite chez elles.

Des rejets massifs de radioéléments

Même arrêtée, une centrale nucléaire est menaçante : la forte chaleur dégagée par la radioactivité du combustible doit être évacuée dans le cœur du réacteur puis pendant des années en piscine. Sans électricité et eau, pas de refroidissement et la pression monte. Il faut donc dépressuriser les réacteurs pour éviter qu’ils n’explosent. C’est ce qui s’est passé dans les réacteurs 1 à 3 de la centrale de Fukushima frappée par un puissant séisme et un tsunami, entraînant des rejets radioactifs massifs. Comme le combustible a fondu, il n’est plus protégé par sa gaine, et les éléments très radioactifs sont en contact direct avec l’eau et l’air. Les explosions hydrogène qui ont eu lieu dans trois des six réacteurs de la centrale et au niveau de la piscine d’un quatrième ont aussi provoqué de forts dégagements de gaz radioactifs.

Tout un cocktail de radioéléments a été rejeté. La quantité estimée a posteriori a changé au cours du temps et dépend de l’organisme qui a fait les calculs. Une chose est sûre, c’est que l’on n’est pas loin des quantités rejetées par Tchernobyl. Les niveaux de contamination relevés jusqu’à des dizaines de kilomètres de la centrale sont aussi similaires à ceux relevés dans les territoires contaminés de Biélorussie. Avec cependant quelques petites différences : contrairement à Tchernobyl, où un incendie a entraîné une forte contamination de la Scandinavie par exemple, les vents dominants ont emporté la majorité de la radioactivité émise par la centrale de Fukushima vers l’Océan Pacifique. Les relevés effectués autour de la centrale ont aussi montré que très peu de plutonium est sorti, alors qu’en Biélorussie, la contamination en plutonium, très toxique, doit être prise en compte dans la délimitation des zones à évacuer. La contamination en strontium est aussi relativement plus faible qu’autour de Tchernobyl.

L’évacuation pour protéger les populations

Les habitants ont été rapidement évacués, parfois dans des conditions chaotiques, dans un rayon de 20 km autour de la centrale et confinés jusqu’à 30 km pour éviter l’exposition au panache radioactif. Le confinement a duré des semaines avant que les habitants soient invités à partir. Comme la centrale est encore menaçante et que l’on ne peut pas exclure de nouveaux rejets une distance de sécurité de 30 km est maintenue. En effet, la centrale est fragilisée et les séismes continuent. À cela s’ajoute la contamination de vastes territoires qui fait qu’une grande partie de ces gens ne pourront pas rentrer chez eux. Ce sont près de 80 000 personnes jusqu’à une quarantaine de kilomètres de la centrale qui ont finalement été évacuées. Et ce n’est sûrement pas suffisant.

Évacuer est une décision terrible, car on perd tout, maison, emploi… C’est aussi le démantèlement des communautés et du lien social très fort au Japon. Les agriculteurs sont les plus pénalisés car ils n’ont presque aucun espoir de retrouver des terres. Nombreux ont refusé de partir et sont restés avec leurs bêtes. Quand les autorités ont bouclé la zone des 20 km autour de la centrale, fin avril, 45 irréductibles ont refusé de partir.

Pourtant, les conséquences de la radioactivité sont pires que l’évacuation et personne n’a réclamé une zone d’évacuation plus étroite. En revanche, les appels à l’élargissement de la zone sont nombreux. Les autorités japonaises ont fixé à 20 millisieverts par an la limite de risque acceptable pour la population, comme pour les travailleurs du nucléaire. C’est 20 fois plus qu’en temps normal et c’est inacceptable (un argumentaire d’ONG japonaises de 16 pages sur le sujet peut être téléchargé ici). Car, contrairement aux travailleurs du nucléaire qui sont sélectionnés et suivis médicalement, il y a des personnes fragiles et vulnérables parmi la population qui doivent être mieux protégées. C’est le cas des enfants particulièrement sensibles aux radiations. Où mettre la limite ? Jusqu’où évacuer ? Ce n’est pas une décision facile. Interrogée par l’ACRO, l’IRSN a déclaré qu’elle recommanderait de mettre la limite à 10 millisieverts par an en cas de situation similaire en France. Et d’ajouter que cela impliquerait d’évacuer 70 000 personnes supplémentaires au Japon. De fait, les familles qui peuvent se le permettre sont parties, ou se sont séparées, la mère et les enfants, ou les enfants seuls envoyés plus loin. Sans aide gouvernementale, d’autres n’ont pas le choix et doivent rester.

La délimitation des zones d’évacuation est seulement définie à partir de l’irradiation externe due aux retombées sur le sol. Mais, les personnes ne partent pas de zéro puisqu’elles ont été exposées aux retombées radioactives : le logiciel SPEEDI développé après Tchernobyl pour calculer l’impact des panaches radioactifs en cas d’accident n’a servi à rien, ou presque. Les prévisions n’étaient pas publiées et pas utilisées par les autorités. Des personnes ont été évacuées dans un abri situé sous les vents dominants où les enfants ont joué dehors. Et la contamination interne risque de continuer via l’alimentation, l’inhalation de poussières…

De la radioactivité détectée à travers tout le pays

L’ACRO a détecté du césium 134 et 137 dans toutes les urines des enfants de la ville de Fukushima qu’elle a contrôlés. Les prélèvements ont été faits par des associations locales avec lesquelles nous sommes en contact. Les niveaux étaient faibles, mais montrent que la contamination interne existe et doit être prise en compte. Les données officielles (traduites en anglais ici) font état de cas avec de plus fortes contaminations. En revanche, la limite de détection des autorités est trop élevée pour pouvoir se faire une idée du nombre de personnes contaminées. Il est important que le suivi officiel soit plus rigoureux.

Des retombées radioactives ont été retrouvées très loin en quantité significative. Du thé radioactif au-delà des normes a été détecté jusqu’à Shizuoka, à environ 300 km de la centrale. De la paille de riz, qui sert à alimenter le bétail, a aussi été retrouvée jusqu’à Iwaté, plus au Nord. L’eau a concentré cette pollution dans les cours d’eau et les stations d’épuration dont les boues sont radioactives. Le pays ne sait pas comment faire face à tous ces déchets radioactifs nouveaux.

Certaines de ces boues ont été incinérées, entraînant une contamination locale importante. L’ACRO a mesuré une contamination en césium dans un sol de l’arrondissement de Kôtô-ku de Tôkyô qui nécessite une surveillance radiologique. De la paille de riz contaminée a été vendue jusqu’à Mié, à 600 km de la centrale, rendant la viande de bœuf radioactive. Le fumier a servi à faire du compost à Shimané à l’autre bout du pays.

La chaîne alimentaire est contaminée

La chaîne alimentaire est donc touchée et la crise provoquée par la découverte de viande de bœuf radioactive au-delà des normes sur les étals a montré que les contrôles officiels n’étaient pas suffisants. Le pays importe près de 60% de sa nourriture, mais est autosuffisant en riz. L’agriculture dans les zones évacuées est suspendue. Au-delà, elle est fortement perturbée, de nombreux aliments ne pouvant pas être mis sur le marché (pour le césium radioactif (césium 134 + césium 137), les autorités japonaises ont fixé à 500 Bq/kg la limite au-delà de laquelle un aliment ne peut pas être vendu). Heureusement, la plupart des aliments vendus en supermarché sont peu ou pas contaminés. Les aliments qui ne passent pas par les circuits commerciaux échappent aux contrôles.

Les végétaux peuvent être contaminés de deux façons. D’abord par les feuilles directement exposées aux retombées. Le transfert est élevé, mais cela ne dure que le temps d’une récolte. Si l’accident de Tchernobyl avait eu lieu en juin, une grande partie de la production de blé en France n’aurait pas pu être consommée. L’autre mode de contamination est via les racines. Le taux de transfert est généralement faible, mais dans les zones très contaminées, cela rend la production d’aliments impossible pendant des décennies à cause du césium 137 qui a une demi-vie de 30 ans. Le thé de Shizuoka devrait pouvoir être consommé sans problème dans l’avenir.

La culture du riz est plus problématique : une étude de l’université de Tokyo, en collaboration avec la province de Fukushima, a montré que le césium s’enfoncerait plus vite dans le sol que ce qui était généralement admis, rendant une décontamination des terrains quasiment impossible. De plus, les fortes pluies de juin et les typhons ont lessivé les sols et concentré la radioactivité dans les rivières. Celle-ci risque ensuite de diffuser lentement dans les rizières où elle va rester piégée. Une surveillance accrue s’impose pendant de longues années.

Le milieu marin est aussi très touché

À toute cette contamination terrestre, s’ajoute une forte pollution radioactive en mer. Outre les rejets aériens qui ont aussi contaminé l’océan sur une grande surface, TEPCO a dû faire face à une forte fuite d’eau très radioactive qui a contaminé durablement la côte. Au même moment, la compagnie a rejeté volontairement de l’eau moyennement radioactive, ce qui a provoqué une confusion et un tollé.

Les sous-sols inondés des réacteurs débordaient dans la mer et il fallait pouvoir pomper cette eau fortement contaminée. TEPCO a donc vidé des cuves pour faire de la place. Pour l’iode , ces rejets volontaires étaient dix fois plus faibles qu’une année de rejets de l’usine Areva de La Hague. En revanche, TEPCO a annoncé que la fuite d’eau du réacteur n°2 a entraîné un rejet estimé à 520 m3 d’eau très radioactive, soit 4 700 térabecquerels (1 térabecquerel représente un million de millions de becquerels) ou 20 000 fois l’autorisation de rejet annuel. Ce seul rejet mériterait d’être classé au niveau 5 ou 6 de l’échelle internationale INES.

La centrale de Fukushima étant proche du point de rencontre de deux courants marins, cette pollution devait être rapidement emportée au large et les autorités se voulaient rassurantes. Mais il n’en est rien. Des mois plus tard, les analyses faites par l’ACRO pour Greenpeace sur des poissons et algues prélevés à des dizaines de kilomètres de la centrale montrent une contamination persistante. Certains de ces échantillons dépassent la limite fixée en urgence par les autorités japonaises pour les produits de la mer. Les fonds marins sont aussi contaminés.

Si les algues et les poissons sont contaminés, l’eau de mer doit l’être aussi. Mais les analyses effectuées par les autorités japonaises ne sont pas assez précises : en dessous de la limite de détection de quelques becquerels par litre, il est annoncé “non détectable”. Or il est nécessaire d’avoir des limites plus basses, car la vie marine a tendance à concentrer cette pollution. La pollution en iode peut être 1 000 fois plus forte dans une algue que dans l’eau. La société d’océanographie du Japon a aussi réclamé des mesures plus précises sur l’eau de mer. Les données sur le strontium sont trop rares.

Un impératif : multiplier les mesures indépendantes

Les rejets continuent. Actuellement, suite à la fusion des trois cœurs de réacteurs qui ont percé les cuves, TEPCO refroidit le magma en injectant de l’eau par le haut et qui ressort via les fuites dans les sous-sols après avoir été fortement contaminée. Il y en a 120 000 m3 dans des structures qui n’ont pas été prévues pour stocker l’eau. TEPCO tente, tant bien que mal, de décontaminer cette eau avant de la réinjecter dans les réacteurs et ose parler de « circuit fermé ». Une partie s’évapore car les réacteurs sont encore très chauds, une autre s’infiltre partout.

Fin avril, TEPCO estimait à 1 térabecquerel par heure (1 million de millions de becquerels par heure) les rejets de la centrale. Ils seraient en baisse. Les rejets étaient estimés à 6,4 fois plus début avril. Fin juillet, TEPCO estime à environ 1 milliard de becquerels par heure les rejets aériens actuels des 3 réacteurs accidentés. Ce chiffre est estimé à partir des mesures faites à l’extérieur à partir de balises. TEPCO est en train de construire comme une tente par-dessus le réacteur n°1 pour contenir les effluents gazeux. Les autres suivront. Elle prévoit aussi d’installer une barrière souterraine pour retenir les fuites vers la mer.

Face à une telle situation, malheureusement durable, l’accès à la mesure de la radioactivité est primordial. On ne compte plus les initiatives en ce sens. Des universitaires sont en train de finaliser une cartographie dans un rayon de 80 km autour de la centrale. Un groupe Facebook a fait analyser de nombreux échantillons de sol de Tokyo… On trouve sur Internet de nombreux relevés de débit de dose ambiant fait par les autorités ou des amateurs. L’ACRO est en contact avec plusieurs projets de vrais laboratoires indépendants pouvant distinguer la pollution radioactive de la radioactivité naturelle. Dans certains cas, nous avons juste fourni du conseil technique. Dans d’autres nous avons installé le laboratoire, testé et qualifié les détecteurs, formé les utilisateurs. Afin de favoriser l’entraide technique et la coopération nous avons aussi initié un réseau. Et pour que ces projets soient pérennes, nous avons lancé une souscription pour ouvrir un laboratoire aussi sophistiqué que le nôtre sur place qui prendrait le relais du soutien technique que nous fournissons actuellement. Cela en collaboration étroite avec les associations avec lesquelles nous sommes en contact depuis de très nombreuses années.

Un projet aussi ambitieux prend du temps à se mettre en place. En attendant, l’association a analysé gracieusement de nombreux échantillons dans son laboratoire en France. Pour nous permettre de continuer, l’ACRO a besoin de votre soutien financier.

Ancien lien

Les becquerels ne sont pas bavards

Le Canard Enchaîné, 7 septembre 2011


Alors, Fukushima, c’est fini ? A en croire la discrétion des médias, oui. Mais en réalité, ça vient juste de commencer. Les Japonais continuent d’arroser en permanence les réacteurs, dont la température est stabilisée : aux alentours de 100°, quand même. Rappelons que, lorsque le tsunami a frappé, les réacteurs se sont arrêtés automatiquement, mais ont aussitôt commencé à chauffer dangereusement, car ils exigent d’être refroidis en permanence, même à l’arrêt. Or, l’alimentation en eau et en électricité ayant été coupée, et les générateurs de secours ayant failli, les combustibles des réacteurs 1, 2 et 3 ont atteint de telles températures qu’ils ont fondu et tout percé. Arroser jour et nuit est le seul moyen d’éviter que cela s’aggrave…
Mais à force d’arroser, plus de 120 000 tonnes d’eau contaminée ont fui et se sont accumulées dans les sous-sols des réacteurs, pas prévus pour faire office de piscines. Cette eau, il faut la pomper, la décontaminer, afin de l’utiliser pour arroser à nouveau, sans trop de rejets alentour. Environ 1500 personnes travaillent sur le site… « Il y en a pour des années, note le physicien nucléaire David Boilley, président de l’ACRO (1), qui revient du Japon où il effectue des séjours réguliers. Et cela pose de sérieux problèmes : si on n’arrose pas assez, ça chauffe. Si on arrose trop, ça inonde… ».
S’il n’y avait que ça ! Mais il y a aussi le combustible usé entreposé dans les piscines (du Mox, notamment), où il continue d’irradier et de chauffer (température stabilisée à 40°) : Tepco envisage d’aller le récupérer, l’an prochain si tout va bien, pour l’entreposer dans un endroit plus sécurisé. Quant au combustible fondu, le corium, « il est déjà évident que cela prendra au moins une vingtaine d’années avant de pouvoir le retirer », note David Boilley. Tout cela sous réserve, évidemment, qu’un nouveau séisme ne vienne pas infliger des dégâts qui pourraient réduire à néant ces bricolages de secours…
Et à part ça ? A part ça, on remarquera que les quatre cinquièmes des réacteurs nucléaires japonais sont à l’arrêt, mais que, curieusement, le pays ne s’est pas effondré : les Japonais ont réduit leur consommation, non sans mal, certes, mais ils ne sont pas revenus pour autant à la bougie. Et, comme c’est curieux, ils se sont mis à se poser des questions, laissant exploser leur colère, notamment sur les blogs : comment avons-nous pu croire aux promesses de ces « gens arrogants » ? Comment avons-nous pu nous laisser berner par les élus ? Les trois convictions sur l’énergie nucléaire – qu’elle est stable, raisonnable et sans danger – se sont effondrées, a constaté un pédégé lors d’un débat public (Japan Times, 9/8). Chez nous, tout va bien.

Jean-Luc Porquet

(1) Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest, sur le site de laquelle on trouvera le meilleur suivi quotidien de l’actualité de Fukushima (chronologie, synthèses, etc) : acro.eu.org

Ancien lien

Catastrophe de Fukushima – Nouvelles données sur la contamination des enfants japonais

Communiqué de presse et résultats

福島県の災害 – 日本の子供の汚染に関する新たなデータ

Version anglaise

Fukushima disaster – New data on the contamination of Japanese children

Fukushima disaster – New data on the contamination of Japanese children

福島県の災害 – 日本の子供の汚染に関する新たなデータ

French version

福島県の災害 – 日本の子供の汚染に関する新たなデータ

福島県の災害 – 日本の子供の汚染に関する新たなデータ

Version française

Fukushima disaster – New data on the contamination of Japanese children

Fukushima’s kids treated as nuclear workers

ACRO, July 2011

All the children of Fukushima City that had their urine samples tested at ACRO’s laboratory were contaminated with radioactive fallout from the nuclear accident located approximately 60 km away.

ACRO analysed the urine of 10 children to answer to the questions of the parents about internal contamination and the results are without any ambiguity: all samples are tainted by cesium 134 and cesium 137 at concentrations ranging from 0.4 to 1.3 becquerel per liter.

This means that all these children have internal contamination by cesium 134 and 137 and were most probably also contaminated by other short-lived radionuclides like iodine 131. As they all live in a town 60 km from the NPP and eat food from the local supermarkets, other children living closer to the NPP or eating vegetables from the garden might be more contaminated.

At this stage, it is difficult to evaluate the internal contamination and the health consequences from these data. We should learn how and when these children were contaminated. By the food? By breathing?

But these results should encourage the Japanese authorities to systematically measure the internal contamination of people who have been exposed to the radioactive plume and those living in contaminated territories and are therefore probably subjected to chronic contamination. This can be accomplished without technical difficulty. However, only external exposure is taken into account now.

Let me explain. All matter around us, water, air, earth … and we are made up of atoms. Some of these atoms are called “radioactive”. They can emit radiation which can be seen as the firing of a small shell, even smaller than the atom itself. These small shells are dangerous because they can penetrate the human body as when you go to an X-ray.

A radioactive atom has no target. If it is next to us, it is likely that the shells go far away. But if you eat contaminated vegetables, drink polluted water and breathe air polluted by radioactive atoms, the shells fired by the atoms in the body will do damage every time! Thus, contaminated food may not be dangerous if it is on the plate before us and become dangerous if swallowed.

To define evacuation zones, the Japanese authorities only take into account the soil contamination that cause external radiation, ie the shells fired on the outside of the body. But we must add the internal contamination which is currently completely omitted from the calculations of radiation exposure. As soil and vegetables grown on site are also contaminated, this internal contamination might continue.

This also reinforces the idea that the limit set by the Japanese authorities to determine evacuation areas is too high. It is fixed at 20 millisieverts per year, which is strongly criticized by many organizations including ACRO. The sievert is the unit used to measure the damage caused by radiation on the body. This limit is two times more than the French one in case of nuclear accidents and twenty times higher than the maximum allowable limit for the public under normal circumstances.

The limit of 20 millisieverts is the one that applies to the most exposed nuclear workers. Their exposure doses would be monitored and be entitled to medical care. As nuclear workers, children of Fukushima would have a limit of 20 millisieverts. As nuclear workers, school children would be equipped with dosimeters to measure external radiation dose they receive. But unlike these workers, the children did not choose to be in that environment.

For a worker’s nuclear internal contamination must be exceptional. For some of the children in Fukushima, this may be routine…

It is therefore imperative that families have access to the measurement of radioactivity. This is why ACRO has launched a subscription to open an independent laboratory for analysis of radioactivity in Japan.

Ancien lien

Les enfants de Fukushima sont contaminés

Communiqué de presse du 30 juin 2011
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A la demande de citoyens japonais, l’ACRO a analysé les urines d’une dizaine d’enfants vivant dans la ville de Fukushima, à environ 60 km de la centrale nucléaire. Les résultats sont sans ambiguïté : toutes les urines sont contaminées en césium 134 et césium 137 à des concentrations allant de 0,4 à 1,3 becquerels par litre.

Cela signifie que ces enfants, âgés de 6 à 16 ans, sont tous contaminés en césium 134 et césium 137 et qu’ils l’ont probablement aussi été en iode 131. Ce dernier élément disparaît plus vite et l’on ne le détecte plus.

Il est difficile à ce stade, d’évaluer la contamination du corps entier à partir de ces données. Mais ces résultats devraient inciter les autorités japonaises à mesurer systématiquement la contamination interne des habitants qui ont été exposés aux panaches radioactifs et de ceux qui vivent dans les territoires contaminés et qui sont donc vraisemblablement soumis à une contamination chronique. Cela peut se faire sans difficulté technique (par anthropogammamétrie).

Les résultats de la mesure de la contamination interne devront ensuite être pris en compte dans l’évaluation des doses reçues par la population.

Cela nous conforte aussi dans l’idée que la limite fixée par les autorités japonaises pour déterminer les zones d’évacuation est trop élevée. Elle est de 20 millisieverts pour la première année, ce qui est fortement critiqué par de nombreuses organisations dont l’ACRO. En effet, elle est deux fois plus élevée que la limite française en cas d’accident et 20 fois plus élevée que la limite maximale admissible pour le public en temps normal.

Or, le calcul de dose effectué par les autorités japonaises pour déterminer les zones d’évacuation ne prend pas en compte cette contamination interne qui est due à l’exposition directe au panache radioactif et/ou à l’alimentation contaminée. Et cette contamination interne vient s’ajouter aux autres voies d’exposition aux radiations dues à la pollution radioactive. Il est donc impératif d’abaisser la limite due aux autres voies d’exposition.

L’ACRO a reçu de nouveaux échantillons du Japon qu’elle continue d’analyser gracieusement en attendant de pouvoir ouvrir un laboratoire sur place dès qu’elle aura rassemblé les fonds nécessaires. Toute aide financière est la bienvenue.

Les résultats sont en ligne ici

Version anglaise

Ancien lien

The children of Fukushima are contaminated

Press release, June 30th, 2011 (Download pdf)


ACRO has analyzed urine of children living in Fukushima-city located at about 60 km of the Fukushima NPP. There is no ambiguity on the results: all samples are tainted by cesium 134 and cesium 137 at concentrations ranging from 0.4 to 1.3 becquerels per litre.

This means that these children between 6 and 16 years old are all contaminated by cesium 134 and cesium 137. There were also probably contaminated by iodine 131 that disappears quickly and cannot be detected now.

It is difficult to evaluate the contamination of the whole body from these data. It is a strong incitation for the Japanese authorities to systematically measure the internal contamination of the people exposed to the radioactive plumes and of the people living in the contaminated territories. This can be easily done (by anthropogammametry).

The results of the measurement of the internal contamination should then be taken into account in the evaluation of the dose absorbed by the population.

 This reinforces our opinion that the evacuation threshold fixed by the Japanese authorities is too high. Many NGO’s, including ACRO, have criticized this limit that is fixed at 20 millisieverts for the first year. It is 2 times larger that limit fixed by the French authorities in case of an accident and 20 times larger than the usual maximum permissible dose for the public.

 This internal contamination is due to the exposition to the radioactive plume and/or to the tainted food. It should be added to the other ways of exposition of the population due to the radioactive pollution. The limit of the permissible dose due to these other ways of exposition should be decreased.

Results online here

French version

Ancien lien

 

子供たちへの原子力という大惨事の説明

ACRO
138, rue de l’Eglise
14200 Hérouville St Clair
France
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よく知られているように、電気を作るためにいちばんよく使われる方法は、自転車のライトの発電機のように磁石を回転させるというものです。例えば風の力を使う発電や山から流れる水を使う発電の場合も(つまり風力発電と水力発電)その同じ方法を使っています。

しかし、自然の水と空気を使えない場合にはどうやって磁石を回転させる事ができるのでしょうか?そういう時には熱を使います。圧力鍋を使って水を沸かす時 に速いスピードで出てくる蒸気の力でプロペラを回す事ができます。その回っているプロペラが磁石を回転させて電気を作る事ができます。

電気を作るための熱を得るために、木、ガス、ガソリンを燃やしてお湯を沸かすという方法があります。または、、、原子力発電所を使うという方法もあります。
お湯を沸かすために原子力を使うという方法は一番複雑なやり方です。
さらに、それは日本人が身をもって経験したように一番危険な方法です。

なぜ危険なのでしょうか?原子力発電所の中でウランと呼ばれている自然の中で一番重い原子を2つに分裂するからです。(「子供たちのための原子力の説明」 を見て下さい)このウランという原子の分裂が信じられないくらいたくさんの熱を出します。しかし、分裂して小さくなったその2つのかけらは放射線を出しま す。なので、それらから身を守らないといけません。

そのために金属製のさやの中にウランを閉じ込めています。その放射線を出す原子が水の中に行かないように。
でも実際には放射能が少しも水の中に行かないようにする事はできません。なので、水は放射能で汚染されてしまいます。可能な限り最小限の放出となるよう試みているだけです。

福島で起きた大惨事の根本的な原因は原子力発電所が停止されてもウランの燃料棒からそのあとにもずっと出ている熱です。

だから、絶対にその燃料棒を冷やさないといけません。そうしなければ金属が溶けてしまい、放射能が水に溶けてその水自体が汚染されて大変危険になります。 そうならないように燃料棒を冷やすための水と、熱くなった水を吸い上げて冷やしてまた圧力鍋の中に戻すためのポンプが必要です。このポンプを動かすために は電気が必要です。

福島で運転していた原子炉は地震の後に自動的に止まりました。その時に原子力発電所は電気を作らなくなりました。さらに悪い事に、外から電気を運ぶはず だった電線が切れました。電気が無ければポンプは意味がありません。水の循環ができなくなったらウランの燃料棒がだんだん熱くなります。

その場合を考えて電気を作り出す非常用のエンジンが設置されています。その場合には電気を作る磁石を回すエンジンを運転するために石油が使われています。 そのエンジンにより作られる電気が原子力発電所を冷やすポンプを動かします。これらの機械はすべてつながっているので、どこか1カ所でも壊れると問題が次 から次へ起こります。

福島で起こった事はまさにそれでした。地震が起きてから1時間以内に原子力発電所の敷地を水浸しにして、日本の海岸を荒らした津波が非常用のエンジンの停止を引き起こしました。その場合の電気を提供する非常用のバッテリーがありますが、それは長持ちしません。

それに加えて福島では地震が配管に損害を与え、発電所を冷やすための水が早くも不足しました。なので、配管を修理するまでに海水が使われました。

もしも燃料が熱くなれば、水は沸騰しだします。そして圧力鍋の中の圧力が上がり、温度も上がります。
温度が300度に達すると、配管つなぎ目のどこかが持ちこたえられなくなります。そうすると水がもれ始めます。

未だに何が起こったのか全部の事が判っているわけではありませんが、地震が発電所の原子炉に損害を与えて、水のもれを引き起こした可能性が高いです。
水が蒸発した時に、4メートルの長さのウランの燃料棒の水の上に頭を出した部分がより熱くなります。燃料棒の金属にひびが入って、小さな放射性の原子が放 出されます。水の放射能汚染度がすごく高くなります。空気も同じです。それが福島第一原子力発電所の1号機でほんの3時間してから始まったようです。

水の上に頭を出した燃料棒の金属のさやのところに化学反応が起きて爆発しやすい水素が発生します。発電所所有者の東京電力の評価によると1号機の中に水素 800キログラムができてしまいました。地震のほんの24時間後に1号機の建屋が激しい水素爆発によりかなり破壊されました。結果的に全てで4つの原子炉 で爆発が起きました。

原子炉の中の水はものすごく放射能で汚染されて、その水のもれによって建物全部が大変な放射能汚染を浴びるということをいま上に述べました。そうなると人間が現場に近づけなくなります。地下も水浸しになっているので、回復した電気をつなぐ事ができません。

水が蒸発し続けて圧力鍋の中の圧力が高くなり、圧力鍋自体を破裂させる可能性があります。それを避けるためにガスを放出させなければなりません。そのガスは風によって運ばれ、広い範囲を汚染しました。人は汚染されたところから離れなければいけません。

原子炉の中の水がいったん無くなると、温度が3000度近くまで上がる可能性があります。燃料棒が溶けて、金属の容器の底に落ちて、底に穴を開ける可能性があります。そうするとさらに容器の下に流れて行きます。それは「メルトダウン」と呼ばれます。

福島第一原発の1号機では16時間足らずでメルトダウンが起きました。誰もメルトダウンを防ぐ事ができませんでした。メルトダウンは2号機、3号機でも起きて、その2号機、3号機は極めて悪い状態です。厚さ16センチの金属の容器にはおそらく穴があいています。

放射能が外に出ないようにするために圧力鍋が鉄筋コンクリート製の金庫のようなものに囲まれています。それが放射能汚染が極めて高い溶けた燃料と外の世界 の間の最後の障壁です。しかしこの障壁じたいにひびも入り、穴もあいていて、そうして放射能汚染が極めて高い水が漏れます。その水で地下が水浸しになって 海にあふれ出ます。2号機、3号機の場合はその水がすでにあふれ出て海がとても汚染されています。

容器の底に残った、溶けた燃料に関しては常に冷やし続けなければいけません。東京電力は最初の段階で消防車を使って水を注入しました。そのあとに一般のポンプを使いましたが、注入された水が地下のほうに漏れました。そういうやり方で問題を解決出来っこありません。

つまりメルトダウンのあとに絶対に外に漏れない圧力鍋の状態からポトポトとコーヒーを落とすコーヒーメーカーのような状態になりました。そのポトポト落ち るコーヒーがいま一番大きな問題になっています。地下に漏れた汚染水の量はすでに12万トン、または12万立方メートルに達しています。

東京電力は汚染された地下の水をろ過して、海に漏らさずにその水を原子炉の中にもう一度戻すために外国の企業の助けを頼りにして浄化装置を作りました。そして、わずかな時間で「閉じられた回路で」原子炉を冷やす事に成功したとホラを吹きました。

こんな状態の中で閉じられた回路という言葉を使うのはでたらめです。注入された水が地下にもれ続けるのでその水をポンプで吸い上げなければいけません。こ の水の一部は蒸発し、環境汚染を続けます。また、その水の一部は土の中にしみこんでゆきます。この行程を何年にも渡って続けなければいけません。なぜなら 穴をふさぐために近づく事、漏れを止める事が不可能だからです。その理由は放射能汚染が高すぎるからです。その汚染された水が遠いところまで広がらないよ うに東京電力は発電所を囲む大きな壁を地下に作りたいのです。この壁は地下の岩盤まで届く大きな壁です。

でも、問題はそれだけではありません。原子力発電所から出る燃料が何年にも渡って熱を出し続けます。そのためにその燃料を一時的に常に冷やさなければないプールの中に入れておきます。それぞれの原子炉ごとに一つずつプールがあります。

地震と津波のあとに福島第一原子力発電所の3つの原子炉のプールを冷やせなくなりました。そうして原子炉と同じぐらい危険、または原子炉よりも危険になり ました。というのはプールは原子炉と違ってバリアで囲まれていないからです。しかし、プールの中の燃料は原子炉の中の燃料よりも古いのでそれほど熱を出し ていないので、水の蒸発は原子炉よりもより遅いです。しかし4号機のプールの場合には事情が違います。そのプールが古い燃料と原子炉から取り出されたばか りのとても熱い使用済み燃料でいっぱいだったからです。
この4号機のプールのすぐ近くで水素爆発と火事が起こりました。その火事が最悪の大惨事に至るということが心配されました。しかしその後、東京電力がプールの中の映像を撮る事ができました。それによると燃料が溶けなかったように見えました。

8月のはじめにこの6つのプールが冷やされました。1、2、3、4号機のプールに関しては東京電力は新しい冷却システムを設置しなければいけませんでした。

地震が起きた時に5、6号機は停止していました。その5、6号機の燃料の一部分がそれぞれのプールの中に入れてありました。ディーゼル発電機が早く働いてその冷却ができました。5、6号機はそれほどの問題を含んでいないようです。

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