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N°143 : L’absorption de l’IRSN par l’ASN à marche forcée – Bilan 2022 de la surveillance radiologique de l’environnement autour des installations nucléaires de la Loire et de la Vienne (décembre 2023)

N°142 : Alors que les piscines françaises sont proches de la saturation, KEPCo va envoyer des combustibles en France – Le contrôle nucléaire recadré – Analyses environnementales du CNPE de Nogent sur Seine ( septembre 2023)

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N°140 : D’où vient l’uranium importé en France ? – Nucléaire, un cycle du combustible grippé (mars 2023) Note d’information de l’ACRO

N°139 : Projet de construction de six EPR2 dont une première paire à Penly – Pollution au plutonium à La Hague révélée par l’ACRO (décembre 2022)

N°138 : Surveillance de la contamination de l’eau potable et de légumes autour de Valduc (septembre 2022)

N°137 : Résultats 2021 de la surveillance radiologique de l’environnement autour des installations nucléaires de la Loire et de la Vienne (juin 2022)

N°136 : Suivi du projet de la piscine nucléaire EDF à La Hague / Enquête publique sur la poursuite du démantèlement de la centrale de Brennilis (mars 2022)

Historiques des Acroniques


Appel à s’opposer à l’augmentation des rejets radioactifs dans l’environnement

ACRO
138, rue de l’Eglise
14200 Hérouville St Clair
tél : 02 31 94 35 34
acro.eu.org
CREPAN
154, rue d’Authie
14000 Caen
tél : 023138 25 60
CRILAN
10, rte d’Etang Val
50 340 Les Pieux
tél : 0233 52 4559
Greenpeace
9, rue de l’Union
50100 Cherbourg
tél : 02 33 01 77 43

Version pdf avec une annexe technique

Communiqué de presse commun du 16 février 2010

 Les associations de protection de l’environnement participant à la CLI de la centrale de Flamanville se sont regroupées pour lancer un appel à s’opposer à l’augmentation des rejets en tritium de la centrale nucléaire.

En contradiction avec les engagements internationaux de la France et le principe constitutionnel de précaution, les autorités s’apprêtent à autoriser l’augmentation de rejets radioactifs des installations nucléaires pour un radioélément dont la radiotoxicité est revue à la hausse.

Le tritium, hydrogène radioactif, est presque entièrement rejeté dans l’environnement par les installations nucléaires. Réputé « peu radiotoxique », sa nocivité est revue à la hausse au niveau européen. Les autorités britanniques ont même franchi le pas en faisant leurs les conclusions d’un groupe d’experts qui préconisait de multiplier par deux cette radiotoxicité. Certains experts vont jusqu’à proposer un facteur cinq au vu de l’avancement des connaissances scientifiques.

En toute logique, les autorités devraient imposer aux exploitants du nucléaire de rechercher à réduire les rejets en tritium en réduisant les autorisations de rejet. Mais c’est l’inverse qui est en cours ! Et de façon conséquente.

Les associations réunies par ce communiqué demandent donc aux autorités de renoncer à toute augmentation des rejets en tritium et de s’engager avec les exploitants vers une démarche de diminution continuelle des rejets par les installations nucléaires de base (réacteurs et usines).

Une telle démarche est en cohérence avec,
1) – les accords de Sintra de la convention internationale OSPAR, ratifiée par la France le 29 décembre 1999, qui imposent que les concentrations en substances radioactives dans l’Atlantique Nord tendent vers zéro d’ici 2020.
2) – le principe de précaution inscrit dans la constitution française depuis 2004.

L’Association Nationale des CLI (ANCCLI), après avoir organisé un colloque pluraliste et écouté tous les points de vue est arrivée aux mêmes conclusions.

Nous défendons cette démarche de prudence dans toutes les structures de dialogue et concertation locale et nationales où nous siégeons. Malheureusement nous ne sommes pas entendus. Nous appelons donc les citoyens directement exposés aux rejets de faire connaître
leur désaccord par tous les moyens qu’ils jugeront utiles.

Ancien lien

Echos au pays du nucléaire.

Le 17 septembre, France 2 a diffusé “Au pays du nucléaire”, un documentaire d’Esther qui tente de montrer comment l’on vit dans une des régions les plus nucléarisée de la planète ; La Hague.
L’ACRO a été très présente auprès de la réalisatrice tout au long des 8 mois de tournage et dans le documentaire. Si vous avez manqué sa diffusion télévisée, le film devrait être montré en salles début 2010.
Pour plus de renseignements sur ce film et sur sa réalisatrice, vous pouvez également vous rendre sur le site internet : http://www.estherhoffenberg.fr


Au pays où le nucléaire est muet, le contraste est parlant : à Caen une salle de plus de deux cents places est bondée pour assister à la projection du documentaire d’Esther Hoffenberg “Au pays du nucléaire” le 8 septembre 2009.

Le jour et le lendemain de la diffusion de ce même film sur une chaîne nationale, pas un mot dans la presse locale du Nord-Cotentin. Il a fallu faire fonctionner les réseaux pour informer amis, familles et collègues de ce programme qui concerne en premier lieu la région.

Le tintamarre calamiteux et pitoyable suite au reportage de Thalassa au mois de mai 2009 est dans toutes les mémoires. De plus, la diffusion tardive de “Au pays du nucléaire” a permis de mieux passer sous silence ce film qui allait encore “salir” la région. Plus récemment encore, en octobre, le documentaire “les déchets, le cauchemar du nucléaire” a pointé la Hague et le retraitement du doigt. A cette occasion, la couverture médiatique était telle, qu’il a été difficile d’en occulter la parution. On a alors vu une banalisation à l’œuvre de la part des élus et des organes de presse.

“Encore un reportage sur les déchets” (Presse de la Manche)…”Toujours la même rengaine sur le retraitement… déchets ou pas déchets”, il n’y a pas de réponse médicale et scientifique” (Michel Laurent, président des CLI de la Manche), toujours les mêmes images” (Michel Canoville – Président de la communauté de communes de La Hague).

Or, ces trois reportages en six mois ont fait bouger les lignes. Une prise de conscience des risques et surtout leur évocation sont apparues. Des publics qui ne parlent pas habituellement du sujet ont discuté du film “Au pays du nucléaire”, en particulier. Leur curiosité a été aiguisée par les échos (radio surtout) nationaux qu’a suscité ce documentaire. Internet et l’enregistrement de l’émission ont permis de multiplier les échanges autour de cet évènement.

Et les réactions entendues sont majoritairement positives. Les critiques négatives sont plutôt le fait de personnes qui n’ont pas voulu regarder le film car “ça dit toujours la même chose”, “c’est orienté et pas objectif”. Ce type de réactions que l’on retrouve beaucoup chez les élus sur la défensive, ne se fonde sur aucun argumentaire solide qui prenne réellement en compte les données du film. Les réponses se placent sur un autre terrain que le film. Par la même, une telle attitude valide les propos d’Esther Hoffenberg qui constate qu’il est quasiment impossible de faire sereinement un travail sur le sujet sans être étiqueté et rangé dans une catégorie, somme toute bien commode, pour éluder et fuir les questions qui dérangent.

Les téléspectateurs qui ont apprécié le documentaire ont relevé la subtilité du propos et de l’approche. La distance prise par le commentaire, les silences aussi, ont un peu troublé le public, mais c’est ainsi qu’il a pu mieux se faire une place dans le film, mieux y entrer et se faire une opinion. Ce que l’on a relevé dans les commentaires du public, ce sont finalement des questions et des remarques sur le “comment on parle du nucléaire”, quels sont les discours en place. Ceux qui sont préfabriqués, les sincères, les résignés, les surprenants,…

Des passages qui ont marqué le plus les téléspectateurs rencontrés ici ou là, c’est surtout celui de C. Kernaonet (Kerna honnête!) au sujet du centre de l’ANDRA qui est relevé. Il est, comme il le dit “imparable”.

Ce sont aussi les séquences concernant les CLI (Commissions Locales d’Information) où la parole est encadrée et contrôlée par les communiquants.

D’autres passages sont retenus et commentés de façon enjouée en raison de leur couleur typiquement locale, l’épisode sur “le sens du vent” en particulier et aussi les numéros attendus et jamais déçus du maire de Digulleville, fasciné qu’il est par la caméra.

Enfin, le fil rouge de cette classe de collégiens, tendu tout le long du film, apporte de la fraîcheur à des propos d’adultes souvent trop convenus. Cela permet de donner une touche positive qui projette le sujet vers l’avenir. C’est en tout cas ainsi qu’il a été perçu par le jeune public.

Voilà donc un premier aperçu des réactions suite à cet atterrissage au pays du nucléaire.

Il faudra ensuite passer l’épreuve du direct lors d’une projection publique en Nord Cotentin. Cela permettra à Esther Hoffenberg d’expliquer ses choix d’auteur. L’enjeu sera de tenter d’échapper au piège local qui veut que la subjectivité de son approche, la classe automatiquement dans la subjectivité quant au sujet.

Pierre PARIS.

L’ACRO souhaite remercier Esther Hoffenberg ainsi que toute son équipe pour cette très belle réalisation.

La relance du vieux nucléaire, en toute sûreté ?

Editorial ACROnique du nucléaire n° 87 (décembre 2009)


Fini le traumatisme de Tchernobyl, notre survie face au défi climatique passerait par la relance du nucléaire. La France, leader mondial, allait rafler la mise grâce à sa technologie de pointe. Et c’est ainsi qu’à Flamanville, dans la Manche, la vitrine du savoir faire national est en construction. Et puis, on a vu ce qu’on a vu : la France a vendu un deuxième EPR à… la France malgré les problèmes à répétition sur les deux premiers chantiers.

La Belgique, quant à elle, vient de décider de prolonger de dix ans la durée de vie de ses centrales nucléaires, alors que la loi actuelle prévoit l’arrêt des 7 réacteurs à l’âge de 40 ans[1]. Ce sont les trois plus anciens, Doel 1 et 2 et Tihange 1, fonctionnant depuis 1974-75, qui sont concernés. Et le ministre de l’énergie d’indiquer que ce report renforce la décision de la Belgique de sortir du nucléaire et de ne pas construire de nouvelle centrale. Parmi les cinq conditions requises, « le prélèvement d’une part significative de la marge nucléaire, au profit du budget de l’État, via un mécanisme structurel. »[2] La sûreté des centrales vieillissantes n’en fait pas partie. Ce n’est pas un enjeu important ?

La contrainte actuelle est la garantie que la sûreté du système soit au moins aussi élevée que celle du système d’origine. Les réacteurs font l’objet, tous les dix ans, d’une révision en profondeur. Et si « l’opérateur décide d’arrêter les frais d’une centrale trop coûteuse à sécuriser et ferme tout simplement le réacteur. Le gouvernement sera alors pris au piège, sans solution de rechange, » dit-on chez Ecolo.

La nouvelle coalition au pouvoir en Allemagne a annoncé qu’elle allait faire de même, en repoussant au-delà de 2020 la fermeture programmée. En France, EdF rêve tout haut de prolonger la vie de ses centrales jusqu’à 60 ans. Pourtant l’autorité de sûreté nucléaire est catégorique sur ce sujet, les autorisations de prolongement d’exploitation seront données par période de 10 ans. En Russie, les deux premiers réacteurs de Koursk, du même type que ceux de Tchernobyl, viennent d’être autorisés pour quinze ans de plus. Les numéros 3 et 4 devraient suivre[3].

Le matériel vieillit, surtout si la maintenance est réduite à son strict minimum pour faire baisser les coûts de production. Le personnel aussi doit être remplacé et les jeunes ingénieurs et techniciens qui n’ont pas été formés aux technologies développées dans les années 60 rechignent à travailler sur du matériel ancien. Le parc nucléaire vieillissant n’est donc pas à l’abri de pannes qui peuvent mettre en péril la sécurité de l’approvisionnement dans un pays qui a tout misé sur le nucléaire. Cette année, à l’entrée de l’hiver, jusqu’à 18 réacteurs sur 58 – près d’un tiers – ont été arrêtés simultanément en France et RTE craint des coupures d’électricité en cas de vague de froid.

Mais, le plus inquiétant est, bien entendu, l’accident grave, qui n’a pas de frontière. Les autorités belges, qui ont un intérêt financier direct dans le fonctionnement des centrales, seront-elles assez sévères en cas d’anomalie ou d’incident ? La vigilance citoyenne est indispensable pour renforcer la sûreté, mais n’est pas suffisante. Les autorités de sûreté nucléaire nationales en Europe devraient avoir un droit de regard sur le fonctionnement des installations nucléaires des autres pays, avec un pouvoir coercitif en cas de manquement grave à la sûreté. Plus particulièrement, leur avis serait le bienvenu pour toute nouvelle installation et lors des visites décennales.

L’exemple de l’EPR est là pour soutenir cette idée : lors du débat public sur la « tête de série » à Flamanville, toutes les administrations de l’Etat étaient unanimes sur les qualités du réacteur. Pas le moindre défaut, la moindre critique ou le moindre doute. Puis, le désastre du chantier finlandais a fissuré l’image digne d’un calendrier suisse. Sans les exigences de l’autorité de sûreté finlandaise, l’armature métallique de l’EPR de Flamanville, construit par EdF, aurait-elle été renforcée de 25% pour renforcer sa solidité en cas de chute d’avion ?

Areva n’est pas en reste. Le combustible MOx, que la France a envoyé au Japon dernièrement, est, pour un quart, inutilisable selon le client, pour des problèmes de qualité. Et à Cadarache, où le CEA s’est trompé d’une trentaine de kilogrammes sur les stocks de plutonium – quantité suffisante pour faire plusieurs bombes -, il a fallu attendre les travaux de démantèlement de l’installation pour s’en rendre compte. Le problème est-il le même dans l’usine Mélox qui a pris le relais ? Comment aurait réagi la France, si cela était arrivé en Corée du Nord ou en Iran ? Elle aurait réclamé un droit de regard ! Il est donc urgent de contrôler les activités du haut fonctionnaire à la défense chargé de la comptabilité des matières proliférantes. Il est fort probable que nous n’aurons jamais les réponses à toutes ces questions, malgré la transparence proclamée par la loi.

Les prédécesseurs de l’EPR construits à Civaux et à Chooz – le palier N4 pour les intimes – ont eu plusieurs années de retard, en partie à cause du nouveau système de contrôle commande numérique, le « cerveau » du réacteur. EdF et Areva viennent à nouveau se faire retoquer leur système de contrôle commande pour l’EPR par les trois autorités de sûreté nucléaire européennes concernées. Il est assez effarant que les compagnies ne se soient pas rendu compte par elles-mêmes que leur système n’était pas sûr. Sont-elles à ce point irresponsables ? La garantie de la sûreté semble donc reposer entièrement sur la qualité contrôle. Inquiétant. Et si le réacteur finlandais avait été fini dans les temps, il serait actuellement en fonctionnement, avec un système de contrôle commande peu sûr ?

La Grande-Bretagne, qui a donné la première l’alerte sur les défauts du système de contrôle commande de l’EPR, a commencé par expertiser cet aspect essentiel du réacteur avant de donner un avis, à l’inverse de la France. Si, à l’époque de la prise de décision, il avait été transparent que le projet présenté ne tenait pas la route et qu’il faudrait renforcer de nombreux aspects cruciaux pour sa sûreté, que cela aurait un coût qui pourrait conduire à doubler la facture et le temps du chantier, la décision aurait-elle été la même ? La population, consultée lors du débat public, a le sentiment de s’être fait bernée.

Les centrales vieillissent plus vite que la démocratie et la qualité du contrôle ne progressent. Le sujet du vieillissement et du contrôle afférant mériterait un débat national.


[1] Ainsi, on fermera Doel 1 le 15 février 2015, Tihange 1 le 1er octobre 2015, Doel 2 le 1er décembre 2015, Doel 3 le 1er octobre 2022, Tihange 2 le 1er février 2023, Doel 4 le 1er juillet 2025 et Tihange 3 le 1er septembre 2025.

[2] Le Soir, 2 octobre 2009.

[3] Le Monde, 19 octobre 2009.

Ancien lien

n°87, décembre 2009

L'ACROnique du nucléaire

Démantèlement de la centrale de Brennilis

Examen du dossier d’enquête publique relatif à la demande d’autorisation de démantèlement de la centrale de Brennilis, Installation Nucléaire de Base n°162, appelée également Site des Monts d’Arrée (SMA). Travail engagé à l’initiative, et pour le compte, de la Commission Locale d’Information dans le cadre de sa saisine par les instances Préfectorales.

Etude de l’ACRO, 25 novembre 2009


Contexte :

EDF, exploitant de l’installation nucléaire des Monts d’Arrée a déposé un dossier d’autorisation de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement complet de l’installation d’entreposage de matériels de la centrale nucléaire le 25 juillet 2008.

Ce dossier, jugé recevable par le Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer le 2 juin 2009, a été transmis au Préfet du Finistère qui a lancé les consultations réglementaires le 16 juillet 2009.

Le Conseil général a été consulté pour donner son avis sur le dossier déposé par EDF, au même titre que les 15 communes situées dans un périmètre de 11,5 km autour de l’installation nucléaire, la CLI du site des Monts d’Arrée ou que la CLE du Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau de l’Aulne.

Parallèlement, le Préfet du Finistère a organisé l’enquête publique sur ce dossier, ouverte du 27 octobre au 11 décembre.

La Commission locale d’information, présidée par le Président du Conseil général, a engagé un important travail d’analyse du dossier avec l’appui de l’ACRO, spécialiste des questions du nucléaire, pour l’aider à formuler ses observations.

Après avoir pris connaissance des observations formulées par la CLI, le Conseil général a souhaité porter à la connaissance du Préfet un certain nombre d’observations.

Documents :

Conclusions :
Dans son avis, la commission d’enquête conclut :
“Considérant :
– que les travaux de démantèlement partiel engagés en 1996 et de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement total, autorisés en 2006 ont été interrompus en 2007 suite à la décision du Conseil d’Etat,
– que le démantèlement de la STE, autorisé en 1996 et des échangeurs de chaleur, autorisé en 2005, n’était pas achevé en 2007,
– qu’il subsiste sur le site l’enceinte réacteur, l’installation de découplage et de transit des déchets, la cheminée, quelques bâtiments annexes et les infrastructures de la station de traitement des effluents,
– que l’inventaire de l’état radiologique et chimique du site, notamment des zones STE et chenal de rejet des effluents n’est pas achevé,
– que l’étude d’impact ne présente pas et ne décrit pas les partis envisagés ni les raisons pour lesquelles, notamment du point de vue des préoccupations d’environnement, le choix du scénario de démantèlement immédiat, retenu par EDF, est justifié,
– qu’EDF ne démontre pas l’urgence et l’intérêt du démantèlement immédiat pour la protection de l’environnement et des travailleurs alors qu’une étude comparative, réalisée en 1999, concluait à l’effet positif d’une attente prolongée de décroissance radioactive sur la dosimétrie cumulée, la difficulté technique et le coût financier,
– l’absence de solution pour le stockage et même l’entreposage de déchets FMA à vie longue puisque l’Installation de Conditionnement et d’Entreposage des Déchets Activés (ICEDA), prévue à Bugey dans l’Ain, n’est pas encore autorisée et ne sera pas opérationnelle avant 2014,
– le risque que les déchets FMA à vie longue et FMA à vie courte et à envoi différé soient entreposés dans le sous sol de l’enceinte réacteur pour permettre d’absorber les éventuels retards liés à l’évacuation des déchets vers l’ICEDA,
– que cet entreposage temporaire ne garantit pas un meilleur confinement dans des conditions d’emballage et de surveillance plus adaptées,
– qu’EDF n’a pas jugé utile de répondre aux réserves et recommandations de la CLI et de la CLE, malgré la demande de la commission d’enquête,
la commission d’enquête estime que l’urgence de démanteler le bloc réacteur, actuellement confiné dans l’enceinte réacteur, largement au dessus du niveau de la nappe phréatique, n’est pas démontrée et que ce démantèlement est prématuré tant que l’ICEDA n’est pas opérationnelle. C’est pourquoi la commission d’enquête ne peut qu’émettre, à l’unanimité, un avis défavorable au projet, présenté par EDF, de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement complet de l’installation d’entreposage de matériels de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée (INB n°162), située sur le territoire des communes de Loqueffret et Brennilis. Toutefois, la commission d’enquête demande que la phase 2 du démantèlement soit achevée dans les plus brefs délais et qu’ainsi EDF soit autorisée dès maintenant à :
– compléter l’inventaire de l’état initial, radiologique et chimique du site,
– terminer les opérations de démantèlement de la STE,
– assainir et combler le chenal de rejet des effluents sans l’Ellez,
– assainir les zones de pollution diffuse,
– engager le démantèlement des échangeurs après leur caractérisation radiologique.
Enfin, la commission d’enquête demande que la CLI dispose des moyens financiers nécessaires pour mener sa mission d’information de la population et faire procéder à des expertises contradictoires.”

Le document complet est disponible sur le site Internet de la préfecture du Finistère :

Avis de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) :
Suite à l’avis défavorable de la commission d’enquête, l’ASN, dans un avis daté du 16 mars 2010, “prend acte de l’avis de la commission d’enquête publique. Elle a recommandé au gouvernement qu’EDF soit autorisée à réaliser les opérations permettant l’achèvement de la phase II du démantèlement, en cohérence avec l’avis de la commission et qu’EDF engage une nouvelle procédure pour le démantèlement  complet. EDF devra dans son dossier répondre à l’ensemble des objections de la commission d’enquête et notamment mieux justifier son choix de la stratégie de démantèlement  immédiat.”

L’avis complet est disponible sur le site de l’ASN :

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La contre-expertise vue par EdF

Lettre ouverte au président de la CLI de Flamanville du 13 novembre 2009


La Commission Locale d’Information (CLI) de la centrale nucléaire de Flamanville a été saisie d’un projet de protocole visant à encadrer strictement la réalisation de prélèvements et de mesure dans l’environnement que pourrait commander la CLI. Ce texte pourrait bien avoir été rédigé par EdF et proposé à d’autres CLI.

L’ACRO a donc réagit très vite en alertant la CLI et les instances nationales garantes de la « transparence » en matière de nucléaire car ce texte va à l’encontre de notre conception de la transparence. En effet, l’exploitant veut contrôler complètement la surveillance « indépendante » que pourrait effectuer la CLI.

Vous trouverez, ci-dessous, le projet de protocole et la lettre de réponse de l’ACRO :

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Espionnage : le vrai visage d’EdF

Editorial ACROnique n°86 de septembre 2009


EdF vient d’être prise la main dans le sac : une copie du disque dur de l’ordinateur de l’ex-directeur des campagnes de Greenpeace a été retrouvée dans ses bureaux. Les révélations se sont bousculées et l’espionnage concernant Greenpeace dans plusieurs pays d’Europe et d’autres associations anti-nucléaires a fait scandale. Les soupçons de certains membres de la Commission Nationale de Débat Public sur l’EPR sont devenus plausibles et les dénégations du PDG d’EdF n’ont convaincu personne[1].

Cette affaire d’espionnage montre le pouvoir des associations. Une grande compagnie comme EdF va jusqu’à utiliser des moyens illégaux, par sous-traitant interposé, pour se protéger, afin d’avoir en avant-première des informations qui sont destinées à être rendues publiques. Ces pratiques ne se limitent pas à l’industrie nucléaire et au secret défense. Ainsi Nestlé a fait infiltrer un groupe d’ATTAC, à Lausanne, qui travaillait à la rédaction d’un livre sur la multinationale[2]. McDonald’s a fait de même avec une petite association londonienne et l’industrie pétrolière n’est pas en reste… Les exemples sont malheureusement nombreux[3].

L’arme judiciaire est souvent utilisée pour faire taire les associations. Il est fort probable que l’espionnage a aussi pour but de dénicher des informations dérangeantes afin de tenter de compromettre les opposants. En quoi une petite association peut-elle être aussi menaçante pour une multinationale ?

EdF, tout comme Areva, dépensent beaucoup en publicité et sponsoring. Ce qui compte, c’est de verdir leur image : le « recyclage » pour Areva et l’électricité sans CO2 pour EdF. Areva, qui n’a rien à vendre au public, va jusqu’à tenter de séduire les enfants à travers la presse jeunesse. Une information négative rendue publique par une association et reprise par les médias coûte alors très cher pour tenter de rétablir une bonne image.

Face aux associations critiques, il ne s’agit pas pour ces multinationales, de corriger des accusations éventuellement erronées, de donner leur point de vue… bref de débattre démocratiquement pour convaincre, voire améliorer leurs pratiques. Non, il s’agit de faire taire toute critique, d’éliminer toute opposition, afin de maîtriser leur image.

Mais est-ce le public qui est réellement visé in fine ? Certes, EdF est maintenant dans le secteur concurrentiel et doit séduire les clients. Mais, Enercoop n’a que 3000 sociétaires privés, une goutte d’eau. Les particuliers qui ont rejoint les autres concurrents d’EdF l’ont plutôt fait avec une motivation financière. Y-a-t-il vraiment de quoi espionner les associations et séduire les enfants ? Ce sont plutôt les décideurs qui sont la cible. Si EdF ou Areva ont une bonne image, il sera plus facile à un homme politique de les soutenir. Et que craignent surtout le plus ces compagnies ?

La réglementation !

Pour un monde viable, nos sociétés doivent pouvoir fonctionner avec 2000 watts en moyenne par personne, toutes énergies confondues, c’est-à-dire environ trois fois moins que la consommation énergétique actuelle en Europe. Ce concept de société à 2000 watts[4] est actuellement débattu en Suisse, jusqu’au niveau du gouvernement fédéral et certains cantons, comme celui de Genève ont déjà adopté cet objectif. Et ce qui fait débat, ce n’est pas le fait qu’il faille aller vers une société trois fois plus sobre en énergie, mais la vitesse à laquelle cet objectif sera atteint, sachant que les technologies sont déjà presque toutes disponibles. Est-ce pour dans une cinquantaine d’années avec une politique très ambitieuse imposant la sobriété par la réglementation et orientant les investissements massifs vers les économies d’énergie ou dans 150 ans environ avec, seulement, des mesures incitatives[5] ?

Le réchauffement climatique et les déchets nucléaires, c’est maintenant ! Il est trop tard pour tergiverser : les pouvoirs publics doivent réglementer pour diminuer drastiquement la consommation d’énergie. Mais, cette option n’est pas favorable à EdF et Areva qui s’enrichissent grâce à la gabegie énergétique et l’externalisation de leurs nuisances. Leur but est donc de faire croire que la population pense comme eux. Et tout est permis pour verdir son image afin d’éviter que l’évidence devienne évidente !


[1] Voir la revue de presse

[2] Voir par exemple le reportage de la télévision suisse romande dans Temps Présent du jeudi 12 juin 2008 : http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=370501&sid=9209396

[3] Lire par exemple, Battling Big Business, countering greenwash, infiltration and other forms of corporate bullying, édité par Evelyne Lubbers, Green Books, Royaume Uni.

[4] http://www.societe2000watts.com/

[5] Voir par exemple le reportage de la télévision suisse romande dans Temps Présent du jeudi 23 août 2007 : http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=370501&sid=8027943

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