Nouvelle prolongation de l’autorisation de création de l’EPR de Flamanville

Mise en service de l’EPR (Flamanville 3) : Projet de décret soumis par l’ASN à la CLI de Flamanville

Contexte

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a été saisie en juillet 2019 par le ministre en charge de la sûreté nucléaire pour qu’elle porte un avis sur la demande d’EDF de proroger de 4 ans la durée avant la mise en service de l’EPR de Flamanville.

A la suite de la réunion de la CLI de Flamanville le 30 janvier 2020, l’ASN adresse un courrier sollicitant l’avis de la CLI, le 3 février 2020, sur le projet de décret d’autorisation de création de l’installation nucléaire de base dénommée Flamanville 3. L’objectif de cette modification est de porter à 17 ans, contre 13 en 2017 et 10 en 2007, le délai fixé pour la mise en service de l’installation.

Cette modification ne fait pas l’objet d’une consultation du public.

Avis de l’ACRO

La date de la mise en service de l’EPR de Flamanville est à nouveau reportée, cette fois-ci en 2024. En 2016, il avait été révélé que les calottes supérieure et inférieure de la cuve n’étaient pas conformes à cause d’une concentration carbone anormalement élevée affectant les propriétés mécaniques. Cette anomalie est inacceptable car l’hypothèse d’une défaillance de la cuve étant exclue, aucune solution pour y remédier n’est prévue. L’ASN avait ensuite donné son accord pour une mise en service en 2020 sous réserve du changement du couvercle de la cuve en 2024.

Entre temps, d’autres anomalies ont été révélées, en particulier dans les soudures des circuits secondaires principaux. La réparation des 8 soudures de traversées, exigée par l’ASN, amène EDF à demander ce nouveau report de la mise en service. Ainsi, il va falloir découper les tuyaux, pour introduire un robot, ce qui va générer 8 soudures supplémentaires sur le circuit secondaire et le rendre plus vulnérable. Contrairement aux affirmations d’EDF et de l’ASN, rien n’assure que ce nouveau délai de 4 ans soit suffisant.

Depuis 2007, la catastrophe de Fukushima a entraîné un renforcement des exigences de sûreté, le chantier et les équipements ont connu de très nombreux défauts et anomalies. Le coût initial de l’EPR a été multiplié par quatre alors que celui des énergies éolienne et solaire baisse et les rend plus économiques.

L’ACRO estime donc qu’un nouveau débat public sur la mise en service du réacteur doit être organisé. Pour cela, elle demande qu’EDF explique publiquement toutes les raisons ayant généré les reports de mise en service, et que l’ASN et l’IRSN contribuent à la totale et nécessaire transparence sur la sûreté de cet EPR.

L’ACRO demande qu’au cas où une mise en service serait envisagée en 2024, celle-ci soit effectuée avec le nouveau couvercle de cuve, comme exigé par l’ASN en 2017.

L’ACRO émet donc un avis défavorable au décret visant à prolonger de 4 ans le délai de mise en service de l’EPR de Flamanville, faute de garanties sur la sûreté et sur l’organisation d’un nouveau débat public.

avis précédents :

Avis de l’ACRO sur le projet de décret de prolongation à 13 ans du délai fixé pour la mise en service de l’EPR de Flamanville, février 2017
Réacteur EPR Flamanville 3 : position de l’ACRO relative au projet d’avis de l’ASN concernant l’anomalie de la composition de l’acier du fond et du couvercle de la cuve, septembre 2017