Echos au pays du nucléaire.

Le 17 septembre, France 2 a diffusé “Au pays du nucléaire”, un documentaire d’Esther qui tente de montrer comment l’on vit dans une des régions les plus nucléarisée de la planète ; La Hague.
L’ACRO a été très présente auprès de la réalisatrice tout au long des 8 mois de tournage et dans le documentaire. Si vous avez manqué sa diffusion télévisée, le film devrait être montré en salles début 2010.
Pour plus de renseignements sur ce film et sur sa réalisatrice, vous pouvez également vous rendre sur le site internet : http://www.estherhoffenberg.fr


Au pays où le nucléaire est muet, le contraste est parlant : à Caen une salle de plus de deux cents places est bondée pour assister à la projection du documentaire d’Esther Hoffenberg “Au pays du nucléaire” le 8 septembre 2009.

Le jour et le lendemain de la diffusion de ce même film sur une chaîne nationale, pas un mot dans la presse locale du Nord-Cotentin. Il a fallu faire fonctionner les réseaux pour informer amis, familles et collègues de ce programme qui concerne en premier lieu la région.

Le tintamarre calamiteux et pitoyable suite au reportage de Thalassa au mois de mai 2009 est dans toutes les mémoires. De plus, la diffusion tardive de “Au pays du nucléaire” a permis de mieux passer sous silence ce film qui allait encore “salir” la région. Plus récemment encore, en octobre, le documentaire “les déchets, le cauchemar du nucléaire” a pointé la Hague et le retraitement du doigt. A cette occasion, la couverture médiatique était telle, qu’il a été difficile d’en occulter la parution. On a alors vu une banalisation à l’œuvre de la part des élus et des organes de presse.

“Encore un reportage sur les déchets” (Presse de la Manche)…”Toujours la même rengaine sur le retraitement… déchets ou pas déchets”, il n’y a pas de réponse médicale et scientifique” (Michel Laurent, président des CLI de la Manche), toujours les mêmes images” (Michel Canoville – Président de la communauté de communes de La Hague).

Or, ces trois reportages en six mois ont fait bouger les lignes. Une prise de conscience des risques et surtout leur évocation sont apparues. Des publics qui ne parlent pas habituellement du sujet ont discuté du film “Au pays du nucléaire”, en particulier. Leur curiosité a été aiguisée par les échos (radio surtout) nationaux qu’a suscité ce documentaire. Internet et l’enregistrement de l’émission ont permis de multiplier les échanges autour de cet évènement.

Et les réactions entendues sont majoritairement positives. Les critiques négatives sont plutôt le fait de personnes qui n’ont pas voulu regarder le film car “ça dit toujours la même chose”, “c’est orienté et pas objectif”. Ce type de réactions que l’on retrouve beaucoup chez les élus sur la défensive, ne se fonde sur aucun argumentaire solide qui prenne réellement en compte les données du film. Les réponses se placent sur un autre terrain que le film. Par la même, une telle attitude valide les propos d’Esther Hoffenberg qui constate qu’il est quasiment impossible de faire sereinement un travail sur le sujet sans être étiqueté et rangé dans une catégorie, somme toute bien commode, pour éluder et fuir les questions qui dérangent.

Les téléspectateurs qui ont apprécié le documentaire ont relevé la subtilité du propos et de l’approche. La distance prise par le commentaire, les silences aussi, ont un peu troublé le public, mais c’est ainsi qu’il a pu mieux se faire une place dans le film, mieux y entrer et se faire une opinion. Ce que l’on a relevé dans les commentaires du public, ce sont finalement des questions et des remarques sur le “comment on parle du nucléaire”, quels sont les discours en place. Ceux qui sont préfabriqués, les sincères, les résignés, les surprenants,…

Des passages qui ont marqué le plus les téléspectateurs rencontrés ici ou là, c’est surtout celui de C. Kernaonet (Kerna honnête!) au sujet du centre de l’ANDRA qui est relevé. Il est, comme il le dit “imparable”.

Ce sont aussi les séquences concernant les CLI (Commissions Locales d’Information) où la parole est encadrée et contrôlée par les communiquants.

D’autres passages sont retenus et commentés de façon enjouée en raison de leur couleur typiquement locale, l’épisode sur “le sens du vent” en particulier et aussi les numéros attendus et jamais déçus du maire de Digulleville, fasciné qu’il est par la caméra.

Enfin, le fil rouge de cette classe de collégiens, tendu tout le long du film, apporte de la fraîcheur à des propos d’adultes souvent trop convenus. Cela permet de donner une touche positive qui projette le sujet vers l’avenir. C’est en tout cas ainsi qu’il a été perçu par le jeune public.

Voilà donc un premier aperçu des réactions suite à cet atterrissage au pays du nucléaire.

Il faudra ensuite passer l’épreuve du direct lors d’une projection publique en Nord Cotentin. Cela permettra à Esther Hoffenberg d’expliquer ses choix d’auteur. L’enjeu sera de tenter d’échapper au piège local qui veut que la subjectivité de son approche, la classe automatiquement dans la subjectivité quant au sujet.

Pierre PARIS.

L’ACRO souhaite remercier Esther Hoffenberg ainsi que toute son équipe pour cette très belle réalisation.