Le magazine #Investigation de la télévision publique belge (La Une) a commandé des analyses de la radioactivité à l’ACRO pour son documentaire intitulé, “Déchets nucléaires, l’éternel problème”, à voir ou à revoir en ligne et diffusé le 9 décembre 2020. Les résultats détaillés sont dans le rapport d’analyse.
Il apparaît que tous les échantillons prélevés autour du site Umicore à Olen et le long de la rivière Molse-Nete sont contaminés à des niveaux inhabituels pour l’environnement.
Le long de la Molse-Nete, les analyses par spectrométrie gamma que nous avons effectuées ont mis en évidence trois radioéléments artificiels : le césium-137, le cobalt-60 et l’américium-241. On trouve du césium-137 partout dans l’environnement suite aux essais nucléaires atmosphériques et à l’accident de Tchernobyl. Mais les niveaux relevés près de la Molse-Nete, qui varient de 830 à 5 250 Bq par kilogramme de matière sèche, sont beaucoup plus élevés que ce l’on trouve habituellement dans l’environnement. Le cobalt-60 n’est généralement pas présent dans l’environnement, sauf dans les zones influencées par l’industrie nucléaire. Enfin, s’il y a de l’américium-241, il doit aussi y avoir du plutonium que l’on ne peut pas détecter avec notre appareil qui ne mesure que le rayonnement gamma. Là encore, les niveaux relevés, allant de 397 à 2 740 Bq/kg sec, sont très élevés.
La présence de ces radioéléments à de tels niveaux signe un impact de l’installation nucléaire proche qui n’est pas étanche. On peut comparer ces niveaux aux seuils d’exemption de la directive 2013-59 Euratom du 5 décembre 2013 qui sont de 100 Bq/kg pour le césium-137 et l’américium-214. Même en prenant en compte l’humidité des sols, les niveaux relevés dépassent ce seuil. Si ce seuil ne s’applique pas à l’environnement, cela signifie, que si un échantillon présentait une telle contamination dans une installation nucléaire, il serait considéré comme un déchet radioactif qui ne peut pas être banalisé. Le site devrait donc être assaini !
Lire l’article de la RTBF sur le sujet pour comprendre le contexte.
Pour l’échantillon prélevé à Olen, près de la décharge D1 d’Umicore, on note surtout la présence de radioéléments d’origine naturelle à des niveaux beaucoup plus élevés que ce que l’on trouve généralement dans l’environnement. Il s’agit donc de radioéléments naturels concentrés concentrés du fait de pratiques humaines qui constituent, là encore, une pollution. Et les niveaux relevés pour les descendants de l’uranium-238 dépassent aussi le seuil d’exemption de la directive 2013-59 Euratom du 5 décembre 2013 qui est de 1 000 Bq/kg. Ce site aussi devrait être assaini.
Lire cet autre article de la RTBF sur le sujet pour comprendre le contexte.
Ce documentaire a provoqué de nombreuses réactions et la RTBF a effectué une mise au point le 12 décembre 2020 afin de rétablir certains faits.