Ecrit par Valentina Nikolayevna Koverda (de Komaryn – région de Gomel – République Bélarus). ACROnique du nucléaire n°69, juin 2005.
Un jour, d’une grande cheminée d’une centrale nucléaire sortirent en trombe de petits radionucléides. Ils étaient si nombreux dans cette cheminée et si serrés qu’ils se disputaient et se bagarraient sans cesse. Alors, quand enfin ils quittèrent leur cheminée, ils partirent dans tous les sens. Le vent, qui souflait fort ce jour là, les emporta et les dispersa partout aux alentours de la centrale nucléaire et même bien au-delà, sur toute la terre.
Les uns furent dispersés au-dessus des forêts, d’autres au-dessus des champs, et certains se noyèrent en tombant dans les rivères. C’est à partir de ce moment, que chacun commença à vivre sa propre vie.
Ces êtres étaient petits, mais d’une nature très méchante, car ils avaient vécu dans les sous-sols pendant très longtemps sans lumière et sans soleil. Une fois libérés, ils pouvaient donner libre cours à leur méchant caractère et se venger des hommes qui les avaient retenus au tréfonds de la terre.
Les petits radionucléides qui étaient tombés dans les forêts se faufilèrent dans les champignons et les baies, ceux dispersés par dessus les champs choisirent les tiges du blé et se glissèrent dans les épis, pour se cacher à l’intérieur des grains. Ceux qui avaient atterri dans les potagers pénétrèrent directement dans les têtes des choux. Enfin, ceux qui étaient tombés dans l’eau descendirent profondément dans la vase pour s’y cacher. Ils attendaient la venue d’une jolie carpe, et lorsque celle ci ouvrait sa bouche, ils sautairent aussitôt dans ses ouïes et ses entrailles.
« Eh bien – diras-tu – qu’ils y restent ».
Mais non, mon cher petit ami, le malheur c’est que si ces petits radionucléides méchants se sont installés dans les champignons et les baies, dans les grains de blé, s’ils se sont cachés dans les choux et les carottes, c’est pour attendre :
– Que tu viennes dans la forêt pour récolter des baies et des champignons dans ta corbeille, pour en manger à la maison ;
– Que tes parents rentrent le blé, et les légumes du potager et fassent de bons gâteaux que tout le monde en mange avec du lait de la vache revenant des pâturages ;
– Que ta mamie fasse frire la jolie carpe et la donne a manger à ses petits-enfants bien-aimés.
Les petits radionucléides vont alors sauter dans ta bouche, et après ils vont pénétrer à l’intérieur de ton corps. Et ils se mettront à creuser-bêcher :
– dans l’estomac ils feront des creux,
– dans les intestins ils perceront de petits trous,
– dans la thyroïde ils se rouleront en petits boules
C’est comme ça qu’ils veulent voler tes forces, ta mémoire et te blanchir les joues.
Quel malheur, mon petit ami !
Les médecins vont te prescrire des potions amères, les infirmières vont te piquer avec des aiguilles bien pointues, tes parents ne te laisseront plus sortir au grand air et ils te coucheront dans le lit sous un tas de couvertures.
Alors, ça te plaît ?
Je vais te dire un secret pour que tu saches comment faire avec ces petits radionucléides méchants et ils n’auront que ce qu’ils méritent.
– Premièrement, souviens toi bien que ces radionucléides sont tes pires ennemis,
– Deuxièmement, ne les laisse pas s’approcher de toi et évite d’aller dans les endroits où ils sont installés.
– Troisièmement, chaque fois que tu veux manger une pomme ou une carotte du jardin, chaque fois que tu veux boire du lait de vache ou te régaler avec des baies des bois, n’oublie surtout pas de vérifier si les radionucléides ne se sont pas cachés à l’intérieur,
– Enfin, avant de te mettre à table, lave toi les mains avec du savon.
Je sais que tu es bien sage, mon petit ami et que tu as bien retenu mes conseils. A toi, d’être le plus malin afin que ces petits radionuléides si méchants ne fassent de mal ni à toi ni à tes parents. Et maintenant, va vite raconter à tes amis, tes proches, ce que je t’ai conté aujourd’hui afin qu’ils le sachent et qu’ils fassent controler plus souvent les aliments dans un laboratoire pour voir si il n’y a pas de méchants radionucléides dans ce qu’ils mangent.