La catastrophe nucléaire n’existe pas

Editorial de l’ACROnique du nucléaire n°93


La catastrophe nucléaire n’existe pas. Pour les gens bien-pensants, Tchernobyl est une catastrophe « soviétique ». Cela ne pouvait pas se produire en Occident : à Three Miles Island en 1979, l’enceinte de confinement avait permis d’éviter le pire. En France, au Blayais en 1999, on avait fait la preuve que l’on était les meilleurs au monde.

Et pourtant, dans le pays le mieux préparé à faire face aux catastrophes naturelles, qui est un des leaders technologiques de la planète, quatre accidents nucléaires simultanés ont lieu en ce moment. Les promoteurs du nucléaire ont bien tenté d’expliquer que cet accident était une catastrophe naturelle, ils n’ont convaincu personne.

Le Japon doit faire face à une catastrophe nucléaire de grande ampleur dont il n’a pas fini de panser les blessures. Il est évident que ni l’exploitant, ni les autorités n’ont les moyens d’y faire face. A l’heure d’Internet, toute la planète est au courant.

Durant les deux premiers mois de la catastrophe, TEPCo, l’exploitant, s’est complètement trompé sur l’ampleur des dégâts. Aucun expert institutionnel n’a rien trouvé à y redire. Il est fort probable qu’aucun pays n’aurait fait mieux dans une situation similaire.

Dès les premières heures de la catastrophe, l’ACRO a tout mis en œuvre pour s’informer et informer en continu de l’évolution des évènements. Notre site Internet est devenu une référence.

Depuis, presque toute notre énergie est consacrée à cette catastrophe et à ses conséquences. Les permanents et les bénévoles ne comptent plus leurs week-ends et leurs soirées sacrifiés. Les outils que nous avons développés depuis plusieurs années se sont révélés pertinents : dès l’arrivée du « nuage » radioactif en provenance de Fukushima, nous avons étendu notre Observatoire Citoyen de la Radioactivité à tout le territoire national, puis à la Suisse et au Luxembourg. La conjonction d’un laboratoire performant et d’un réseau de préleveurs volontaires a permis d’être très réactif.

Mais notre priorité a été de venir en aide aux populations japonaises exposées aux radiations. Dans l’urgence, nous avons étendu notre Observatoire au Japon et nous analysons gratuitement des prélèvements envoyés par un nouveau réseau de « préleveurs volontaires » sur place.

Cette solution n’est pas viable à long terme : nous nous efforçons d’accompagner la création d’un laboratoire indépendant similaire au nôtre au Japon. Le matériel de détection performant étant très onéreux, nous n’avons pas encore réuni toute la somme nécessaire, mais la générosité citoyenne qui s’est déjà manifestée nous permet d’espérer que notre projet aboutisse.

Ancien lien