Groupe Radio-écologie Nord-Cotentin : l’ACRO ne signera pas le rapport sur le calcul d’incertitude

ACROnique du nucléaire n°54, septembre 2001


L’émotion suscitée par les travaux de J.F. Viel avaient conduit le gouvernement à créer le Comité Nord-Cotentin. Des représentants de l’ACRO ont participé aux travaux du Groupe de Radio-écologie (GRNC) de ce comité dont le premier rapport a été rendu public le 7 juillet 1999 et avaient émis des réserves sur les résultats obtenus (Voir l’ACROnique du nucléaire n°47, décembre 1999 et notre dossier en ligne).

Une de nos principales critiques est qu’il s’agissait d’un calcul moyen basé sur de nombreux paramètres dont on n’était pas sûr. Comme en radioprotection, nous proposions de faire un calcul enveloppe, c’est à dire que chaque paramètre soit choisi de façon pessimiste et non moyenne.

A la suite de ce premier travail, l’IPSN a initié un Groupe de Travail Incertitude (GTI) en son sein afin d’évaluer l’incertitude sur le nombre de cas de leucémies calculé à partir des modèles de transfert dans l’environnement des rejets des installations nucléaires de la région. Il s’agit de déterminer, pour chacun des paramètres importants, comme par exemple le régime alimentaire ou la proportion de produits locaux susceptibles d’être contaminés, de combien ils peuvent varier. Une fois cette première étape franchie, il faut étudier l’influence de la variation de ces paramètres sur le résultat final. C’est ce qu’on appelle un calcul d’incertitude.

Ce travail a ensuite été confirmé par une lettre de mission des ministres de l’environnement et de la santé au cours de l’été 2000 et il a donc été décidé d’ouvrir ce groupe de travail aux exploitants et à des représentants du mouvement associatif. L’ACRO a été invitée à y participer au début de l’année 2001. Ainsi, lorsqu’il a été décidé d’associer des membres du mouvement associatif, le travail était déjà très avancé. Une partie des paramètres entrant dans le modèle a donc été rediscutée en présence des nouveaux membres, mais cela ne suffit pas pour s’approprier l’étude. Contrairement à la première phase des travaux du GRNC, l’ACRO n’a pas participé à toutes les étapes et les réflexions. Dans ces conditions, le représentant de l’ACRO pense ne pas pouvoir signer le rapport et il lui a paru plus honnête de le dire dès maintenant.

Le travail accompli est difficile et important et nous attendons avec beaucoup d’intérêt les résultats des calculs. Cependant, ni le terme source des rejets aériens ni les paramètres entrant après les modes de vie (facteurs de doses…) n’ont été discutés, ce qui est regrettable. Le mode de calcul de l’incertitude était déjà fixé et ne pouvait plus être changé car le code informatique était déjà écrit par une entreprise extérieure. Dans de telles conditions, l’apport du mouvement associatif ne pouvait donc être que limité.

Des réserves sur une partie du travail ne servent à rien car elles sont largement ignorées par les exploitants dans leur présentation des résultats. Par exemple, dans ses réserves concernant le rapport de 1999, l’ACRO “pense que [les modèles aériens] utilisés par le Comité ne peuvent en l’état devenir des références”. Cela n’a pas empêché Anne Lauvergeon, PDG de la Cogéma, de déclarer au journal Le Monde du 29 octobre 1999 que “pour éviter toute contestation, nous retenons une méthodologie de mesure qui a reçu l’approbation des ministères de l’environnement et de la santé, des associations écologistes et vertes, de Cogema et d’EDF. Il s’agit de celle définie dans le cadre de l’étude [du GRNC].” Dès lors, il ne reste que la solution de ne pas signer le nouveau rapport en espérant que la contribution de l’ACRO aura tout de même été utile.

David Boilley
Représentant de l’ACRO dans le GTI

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