Gestion des déchets radioactifs : les leçons du Centre de Stockage de la Manche (C.S.M)

Centre Sans Mémoire, Centre Sans Avenir ?

Rapport d’étude réalisé à la demande de Greenpeace France
23 mai 2006


Synthèse : les leçons du CSM

« Le passé était mort, le futur inimaginable », George Orwell, 1984

Pour le CEA, qui a en eu la responsabilité durant toute sa phase active, « le site de la Manche, après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, figure désormais comme une référence technique internationale dans le stockage des déchets ». A l’heure où est débattu l’avenir des déchets nucléaires français, il nous paraît important de tirer les leçons de la gestion de ce centre.

Parce que le stockage des déchets y a précédé la réglementation en la matière, ce centre ne satisfait plus aux normes actuelles concernant le stockage en surface. On y a stocké et entreposé tout et n’importe quoi, sur les crêtes des nappes phréatiques et sans aucune protection vis à vis des intempéries. Pour les déchets les plus anciens, l’inventaire est des plus fantaisistes et fort probablement en dessous de la réalité. Mais le plus grave, est que les centres du CEA se soient débarrassés rapidement de tous les déchets gênants avant chaque durcissement de la réglementation. La Commission Turpin l’a bien mis en évidence à propos du plutonium. Ce délit d’initié est extrêmement choquant car c’était dans ce même organisme qu’étaient élaborées les connaissances impliquant de revoir les procédures. Pas vu, pas pris. Plus de 10% des volumes stockées sur le centre sont d’origine étrangère malgré la loi française qui interdit cette pratique.

De part les éléments à vie longue qu’il contient en grande quantité et les toxiques chimiques, le Centre Manche ne sera jamais banalisable et est là pour l’éternité. Son statut se distingue donc du Centre de l’Aube (qui ne reçoit que des déchets triés respectant des critères stricts) et s’apparente plus à ce que pourrait être un stockage souterrain à l’abri des regards qui est supposé accueillir tous les déchets gênants. La barrière géologique ne constitue qu’un décalage temporel dans l’apparition des problèmes.

A cause de sa gestion empirique, il porte atteinte à l’environnement. Suite à des incidents à répétition qui viennent s’ajouter à un relargage diffus en continu, les nappes phréatiques et de nombreux exutoires sont fortement contaminés en tritium. Force est de constater qu’une information sur cette pollution chronique a longtemps manqué et encore aujourd’hui, un bilan précis de son impact reste à faire. Pour autant, la situation pourrait s’aggraver à long terme car les emballages des déchets les plus anciens, qui contiennent aussi les éléments les plus nocifs, ne sont pas garantis sur de si longues périodes. Lorsqu’une nouvelle contamination sera détectée, il sera trop tard.

Cependant, il n’est pas prévu de démanteler ce centre, même partiellement. L’argument généralement avancé, outre le coût économique, est que le risque sanitaire lié à l’opération serait supérieur au risque lié à son impact sur l’environnement. Surtout, il n’y a pas d’autre solution pour les déchets extraits qui ne sauraient être acceptés au Centre de l’Aube. Il est donc plus confortable pour les opérateurs du nucléaire et les pouvoirs publics de considérer ce problème comme réglé.

Comment léguer alors ce centre aux générations futures ? Comment en transmettre la mémoire si même notre génération ne sait plus ce qu’il contient exactement ? Surtout, comment leur permettre d’avoir une opinion sur son avenir qui diffère de celle qui est prévue actuellement ? Ces questions fondamentales doivent être prises en compte pour tous les autres déchets radioactifs.

Cet exemple du Centre de Stockage de la Manche montre qu’une gestion passive à long terme basée sur l’oubli est vaine. La réversibilité supposée des stockages à venir ne fait que reporter de quelques générations le dilemme de la fermeture, sans le résoudre.

La protection des générations futures, fait l’objet d’un consensus quand il s’agit de gestion des déchets nucléaires. Mais dès qu’il s’agit de la génération actuelle, le consensus disparaît… Le public est le grand oublié du projet de loi sur les déchets présenté par le gouvernement qui méprise la consultation qu’il a lui même voulue. Or, si le Centre Manche est un centre sans mémoire, c’est parce que sa gestion était confinée et il est important de ne pas renouveler ce huis clos.

Le bien-être des générations futures, pour lesquelles le fardeau de la gestion des déchets doit être limité, apparaît donc souvent comme un argument utilisé sans réflexion pour faire accepter tout et n’importe quoi. Leur laisser des moyens d’agir signifie garder la mémoire de ce fardeau. Or, les exemples historiques montrent que c’est grâce à la redondance de l’information gardée sous plusieurs formes qu’elle peut être transmise de générations en générations en faisant face aux aléas. Il y a donc un impératif moral à partager avec la population la connaissance sur les déchets nucléaires. Les débats actuels sur le nucléaire n’ont malheureusement pas mobilisé les foules car les citoyens avaient le sentiment de n’avoir aucune emprise sur le processus de décision. Pourquoi s’investir si les décisions sont déjà prises ? Il importe donc de mettre en place un mécanisme de démocratisation de la gestion des déchets nucléaires pour en garantir la mémoire.

L’autre enjeu est de transmettre une mémoire qui traduit honnêtement l’état des lieux, ce qui n’est pas le cas du Centre Manche. Là encore, la démocratisation des processus de décision avec une ouverture plus en amont, laissant le temps à la société civile de s’approprier la problématique est indispensable. C’est dans ce sens que tente d’œuvrer l’ACRO depuis sa création.

En conclusion, la sauvegarde des générations futures en matière de gestion de déchets nucléaires passe par une meilleure gouvernance de la gestion actuelle, s’appuyant sur une plus grande démocratie participative. Il serait dommage et dangereux que le projet de loi actuel loupe ce coche pour dix ans encore. D’autant plus qu’il y a malheureusement un immense retard à combler et que les déchets comme ceux du Centre Manche, dont le sort est officiellement réglé, sont encore à prendre en compte.


Résumé de la 1ère partie : L’univers du Centre de Stockage de la Manche

Le Centre de Stockage de la Manche a été construit dans la partie Est de l’usine de retraitement de La Hague, à un endroit qui s’appelle le « Haut Marais », zone humide par excellence. C’est sans doute le plus mauvais choix quand on sait que l’eau est le principal ennemi de la sûreté. Les premiers déchets ont été mis à même la terre, puis dans des tranchées bétonnées, régulièrement inondées. Certains de ces ouvrages ont été démantelés, d’autres sont encore là, à la crête des nappes phréatiques. La pratique ayant précédé la réglementation, l’empirisme qui a guidé l’édification de ce centre suscite déjà de nombreuses inquiétudes qui devraient s’aggraver dans l’avenir.

Les structures d’accueil et la qualité des déchets ont évolué au cours du temps vers plus de rigueur. Mais, avant chaque durcissement de la réglementation, le CEA a renvoyé au CSM des déchets qui ne pourraient plus être acceptés par la suite. Ce délit d’initié est d’autant plus choquant que c’est dans ce même organisme qu’étaient élaborées les nouvelles règles. L’ACRO avait aussi dénoncé des pratiques similaires juste avant la fermeture du site en 1994. De nos jours, le centre Manche contient de nombreux éléments à vie longue qui ne sont plus acceptés sur le centre de l’Aube qui a pris le relais. Il y a notamment près de 100 kg de plutonium, ainsi que de nombreux autres émetteurs alpha particulièrement toxiques en cas de contamination. Si l’on ajoute à cela les toxiques chimiques qui ne disparaîtront pas avec le temps, dont près de 20 tonnes de plomb et une tonne de mercure, le centre Manche ne pourra jamais être banalisé. Au moment de sa fermeture, l’ANDRA annonçait sans vergogne que ce centre pourrait être rendu à la nature au bout de 300 ans et que la couverture était définitive.

L’inventaire des déchets stockés n’est pas connu avec précision. Durant les premières années, seuls les bordereaux des expéditeurs faisaient foi. Une tempête a effacé une partie de cette mémoire et les informations concernant les premières années ne sont pas fiables. Certaines structures d’accueil non plus et une partie des déchets échappent au système de surveillance mis en place. Un employé de l’ANDRA à la retraite va jusqu’à évoquer des risques d’effondrement. En cas de problème, ce sont les nappes phréatiques qui seront touchées et il sera trop tard pour agir. Selon nos estimations, ce sont plus de 10% des 527 217 m3 de déchets stockés qui sont d’origine étrangère, en violation flagrante de la législation française. Alors que la question du stockage en surface est officiellement considérée comme « réglée », il est légitime de s’interroger sur l’avenir du centre Manche. Il est tout aussi nécessaire de tirer les leçons de ses déboires pour les autres déchets en attente de solution.

Sans la vigilance citoyenne des associations et les révélations d’un lanceur d’alerte qui a envoyé anonymement des documents à l’ACRO, c’est le plan de l’ANDRA qui aurait été avalisé par les autorités. La commission pluraliste qui a enquêté après les révélations de l’ACRO en 1995 a estimé que ce stockage est irréversible. En se basant sur une étude de l’ANDRA, elle estime en effet qu’aucune reprise des déchets n’est raisonnable en raison des coûts sanitaires et financiers. Surtout, il n’existe aucune solution pour une partie de ces déchets qui ne sauraient être acceptés au centre de l’Aube.

Les exigences en matière d’environnement ont changé durant les 25 années d’exploitation du centre Manche. Ces exigences devraient évoluer encore plus sur des échelles de temps impliquant plusieurs générations. La réversibilité des stockages est donc une contrainte morale qui découle du principe de précaution. Elle est généralement pensée comme un moyen de rendre les projets socialement plus acceptables par les autorités. Mais la réversibilité n’est pas seulement un problème technique et doit conduire à repenser entièrement la gestion des matières radioactives de façon démocratique. L’option d’un entreposage pérennisé avait les faveurs du public lors du débat national, mais est malheureusement ignorée par les autorités qui préfèrent une stratégie basée sur l’oubli.

Il en est de même pour l’avenir du centre Manche. Il est prévu, qu’après la phase de surveillance actuelle, une nouvelle couverture soit mise en place afin de passer à une phase plus passive. La décision de ne pas reprendre tout ou une partie des déchets est basée sur des études de l’ANDRA qui n’ont pas été contre-expertisées dans le détail. Nous avons, vainement, demandé à la commission de surveillance du centre de promouvoir la mise en place d’une réflexion pluraliste qui aurait à se pencher sur les risques évoqués avant de décider de fermer définitivement le site. Cette revendication nous tient particulièrement à cœur avant de décider de léguer une telle menace aux générations futures.


Résumé de la 2ème partie : La pollution des écosystèmes aquatiques par le tritium

Par le passé, la Sainte-Hélène qui s’écoule non loin du Centre de Stockage de la Manche (CSM) avait une teneur en césium-137, de 100 à 1000 fois plus élevée que dans les autres cours d’eau voisins. Cette anomalie s’accompagnait de l’existence d’autres produits de fission et de teneurs impressionnantes en plutonium : les sédiments contenaient plus de 140 Bq/kg de plutonium-238, soit 5000 fois plus que dans ceux du Rhône en aval des installations de Creys-Malville (Superphénix). Le CSM en était à l’origine. Depuis les causes ont été maîtrisées et il ne subsiste plus que les vestiges de ces anciennes pollutions massives.

Mais de tout temps, du tritium (hydrogène radioactif) fût trouvé. Aujourd’hui encore, de nombreux cours d’eau, aquifères, résurgences, puits sont concernés.

Dès l’ouverture du centre, on a voulu stocker de grandes quantités de tritium. Dans 6 petites cases de l’ouvrage dénommé TB2, l’équivalent de trois, peut-être 15, années de rejets tritiés de l’ensemble du parc électronucléaire français actuel a été entreposé. Les estimations varient avec les époques, soulignant la méconnaissance du contenu des déchets.

Mais ce tritium n’a pas daigné rester à sa place, et ce fût le point de départ, en octobre 1976, d’une contamination massive des eaux souterraines et superficielles. Tout ce qui pu être repris l’a été, et les quantités stockés ont été réduites de manière drastique.

Cet incident à mis en exergue, outre des dysfonctionnements et une inadaptation du procédé de stockage, la diffusion du tritium à travers les colis et ouvrages. Ce phénomène, qui a débuté dès la réception des premiers déchets tritiés, existe encore de nos jours et cessera quand il n’y aura plus de tritium dans les colis.
Parce que le gestionnaire du centre s’est refusé à protéger correctement les déchets des intempéries durant les 25 années d’exploitation, y compris durant la période où il déployait des solutions sur son centre de l’Aube, la situation s’est aggravée à La Hague. La lixiviation des déchets par les eaux de pluie a augmenté considérablement les relâchements.

Le CSM s’est donc toujours « vidé », et se « vide » encore de nos jours, de son tritium par d’autres voies que celle de la décroissance radioactive, principe fondamental de l’élimination des déchets nucléaires. L’analyse des données postérieures à 1986, les seules disponibles, tend à suggérer qu’au moins 20% du tritium stocké se seraient « évanouis » dans l’environnement à la date d’aujourd’hui. Dans une note datée du 18/12/92, le gestionnaire estimait même à 1850 TBq [130% de l’inventaire tritié du site (ndlr)] l’activité perdue dans le sol à la suite de l’incident de 1976.

Libéré des ouvrages, ce tritium suit principalement les voies naturelles de l’eau. Il tend à rejoindre les aquifères sous-jacents mais également l’atmosphère. Il est donc voué à être « éliminé », d’une manière ou d’une autre, par dilution et dispersion dans le milieu naturel. Dans l’année qui suit l’incident d’octobre 76, la contamination des eaux souterraines a pu avoisiner les 600 000 Bq/L et celle des eaux de la Sainte-Hélène plus de 10 000 Bq/L. On pense le pire passé. En 1983, on atteint 6 millions de Bq/L dans un aquifère! Expérimentation ? Incident ? Accident ? Le public et les riverains ne savent toujours pas. Tout comme à l’époque ils ne savent pas qu’il est procédé à des rejets dits « concertés » dans la Sainte-Hélène, lesquelles conduisent en octobre 1982 à une contamination des eaux de l’ordre de 50 000 Bq/L.

Le dernier colis livré, la couverture mise en place, les indicateurs témoignent alors de l’avènement d’un processus d’amélioration de la qualité radiologique des eaux souterraines.

En l’absence de rejets industriels ou d’aléas, la teneur des eaux en tritium doit être de l’ordre de 1 Bq/L. Sur le plan sanitaire, l’OMS considère depuis 1993 que les eaux destinées à la consommation humaine ne devraient pas avoir  une teneur en tritium supérieure à 7800 Bq/L. Quant à l’Europe, à partir de 1998, elle s’est fixée pour objectif que ces mêmes eaux ne dépassent pas 100 Bq/L.

En 2005, La pollution n’a pas encore disparu. Elle a globalement diminué. Pour autant la contamination des eaux souterraines contrôlées peut encore atteindre 190 000 Bq/L. Et 20% des aquifères contaminés ne témoignent pas de la diminution attendue si on conjugue la décroissance radioactive au renouvellement des eaux. Fait étrange, certains tendent même à augmenter.

Durant toutes ces années, la pollution par le tritium devient insidieuse. Elle se répand géographiquement sur le versant nord. Elle atteint des puits, des résurgences et les principaux cours d’eau drainant le bassin versant. Actuellement, tous les cours d’eau (les Roteures, la Sainte-Hélène et le Grand Bel) ont en commun d’être contaminés par le tritium, à des niveaux variables compris entre une dizaine et plusieurs centaines de becquerels par litre. Pour les deux premiers, les résurgences le long du premier kilomètre apportent des eaux bien plus contaminées qu’elles ne le sont dans le cours d’eau au même endroit. A quelques centaines de mètres en aval de la source de la Sainte-Hélène, on mesurait jusqu’à 700 Bq/L de tritium dans une résurgence en 2003. Et cette situation contraste peu avec celle observée par l’ACRO il y a une dizaine d’années, cette fois au pied d’une maison familiale. Dans le cas du Grand Bel, pollué à la source, là encore la concentration en tritium des eaux n’a pas évolué depuis 1994 ! Elle est invariablement de 750 ± 100 Bq/L à la source.

Les constats de ces dernières années posent question. Pourquoi la contamination par le tritium n’a pas décru drastiquement comme on aurait pu s’y attendre si on conjugue la dilution et la décroissance radioactive ? Ne considérant que le phénomène de décroissance radioactive, les niveaux auraient dû diminuer de 50% par rapport à 1994. Or il sont sensiblement les mêmes à certains endroits, ce qui suppose que la quantité de tritium mobilisé a augmenté.

Certes, les eaux des résurgences et de cours d’eau ne sont pas utilisées directement pour la consommation humaine, mais elles le sont pour le bétail et même le jardin. Dans le cas d’une vache alimentée de manière chronique avec de l’eau tritiée, des transferts existent vers le lait. Ils sont confirmés dans La Hague lorsqu’on se réfère aux contrôles effectués sur le lait par un autre opérateur du nucléaire que l’ANDRA, cette dernière n’effectuant aucun contrôle de cette nature et ce depuis le départ. Et le bilan des transferts ne s’arrête pas là. Le tritium, hydrogène radioactif, « s’échange » et entre dans la composition de la matière organique, donc de la vie. Chair, graisse, légume, etc. peuvent être concernés. Les voies d’atteintes à l’homme se multiplient alors. Faut-il encore vouloir les connaître.

Apurer la pollution des écosystèmes aquatiques est une nécessité morale. Il n’est pas acceptable de voir le gestionnaire d’un centre de stockage de déchets nucléaires démissionner devant un élément radioactif comme le  tritium qu’il n’a pu contenir sur son site et l’abandonner au pied des maisons, au fond des champs. Il est obligatoire a minima d’étudier, comme le demande l’ACRO, la possibilité de recourir à la méthode éprouvée du pompage dans la nappe avec rejet en mer dans l’espoir d’obtenir une diminution progressive de la contamination des eaux de surfaces et de gérer de manière contrôlée et organisée les flux de radioactivité artificielle en direction de l’environnement.


Rapport d’analyse

Dosage du tritium dans les eaux souterraines pompées le 23 mai 2006 au niveau du piézomètre 113 à proximité du centre de stockage de la Manche

Echantillon Concentration en Bq/L
début
de pompage
13 200
± 900
fin de
pompage
16 800
± 1 100

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Dosage du tritium dans les eaux souterraines suite à un deuxième prélèvement effectué par Greenpeace Hollande le 8 novembre 2006 au niveau du même piézomètre.

Echantillon Concentration en Bq/L
Première
cuillère
18 700
± 1 100
Deuxième
cuillère
18 100
± 1 100
Après
pompage 1000 L
18 100
± 1 100
Après
pompage 2000 L
20 000
± 1 200
Après
pompage 3000 L
20 200
± 1 300
Après
pompage 4000 L
20 600
± 1 200

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Secret défense : Lettre ouverte à l’attention des pouvoirs publics

19 mai 2006

Au moment où le pouvoir politique marque sa volonté de rappeler le respect dû au secret défense en faisant interpeller Stéphane Lhomme, il est regrettable qu’il ignore les conclusions d’un très sérieux groupe de travail mis en place par la Commission Nationale du Débat Public, sur les obstacles à l’accès à l’information dans le domaine du nucléaire et sur les voies possibles pour progresser vers une véritable transparence. Les débats publics sur les déchets nucléaires et le futur réacteur EPR à Flamanville, qui viennent de s’achever, ainsi qu’une enquête menée à cette occasion sur les pratiques en matière de transparence dans divers pays occidentaux, démontrent la nécessité de pouvoir accéder aux documents d’expertise pour permettre une véritable démocratie participative en accord avec la Convention d’AARHUS ratifiée par la France.

Ces travaux ont montré l’intérêt d’une concertation sur ces questions et fait émerger des pistes de réflexions. Cette voie doit être poursuivie pour construire un dialogue argumenté sur des sujets complexes, touchant à un domaine aussi sensible que l’avenir énergétique, et pour éviter la radicalisation des positions à laquelle on assiste.

Il ne suffit pas de ratifier des conventions ou de voter des lois pour que la transparence se fasse.

Des personnalités ayant participé aux débats publics déchets et EPR :

Pierre Barbey – Membre de l’Association de Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest
David Boilley – Membre de l’Association de Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest
Jean-Claude Delalonde – Président de l’Association Nationale de CLI
Benjamin Dessus – CNRS
Danielle Faysse – Membre de la Commission Particulière du débat Public EPR
Bernard Laponche – Expert indépendant, Global Chance
Yves Marignac – Directeur de Wise-Paris
Jean-Luc Mathieu – Membre de la Commission Nationale du Débat Public et président de la Commission Particulière du débat public EPR
Michèle Rivasi – Présidente du CRIIREM (fondatrice de la CRIIRAD)
François Rollinger – Représentant CFDT au CSSIN
Monique Sené – Présidente du Groupement des Scientifiques pour l’Information sur l’Energie
Annie Sugier – Membre de la Commission Particulière du débat Public EPR
Françoise Zonabend – Membre de la Commission Particulière du débat Public EPR

Après deux débats, l’EPR n’est toujours pas justifié

Communiqué de l’ACRO du 14 avril 2006


 

En ratifiant en 2002 la convention d’Aarhus, la France s’est engagée à permettre la participation du public aux décisions touchant à l’environnement et surtout à respecter son article 8 qui stipule que  « les résultats de la participation du public sont pris en considération dans toute la mesure du possible ». Le projet d’EPR a fait depuis l’objet de deux consultations, l’une à la demande du gouvernement en 2003 et l’autre à la demande d’EdF plus récemment.

Les trois sages chargés de piloter le Débat National sur l’énergie de 2003 avaient conclu : « qu’il est difficile, […] de se faire une opinion claire sur son degré de nécessité et d’urgence. […] En définitive, la question du nucléaire ne peut être tranchée sans des compléments d’études allant au-delà des éléments fournis lors du Débat National. » Et l’un des sages, le sociologue Edgar Morin a, dans ce même rapport, clairement tranché : « Les centrales actuelles ne devenant obsolètes qu’en 2020, il semble inutile de décider d’une nouvelle centrale EPR avant 2010 [car rien] ne permet pas d’être assuré qu’EPR, conçu dans les années quatre-vingt, serait la filière d’avenir. » Cela n’avait pas empêché les élus de voter la loi sur l’énergie du 15 juillet 2005 donnant un feu vert au projet, sans tenir compte du deuxième débat qui a débuté à l’automne 2005.

La Commission Particulière de Débat Public, qui vient de publier son compte-rendu, conclut que « d’une façon générale les raisons, invoquées par le maître d’ouvrage, de réaliser l’EPR, impérieuses selon lui ont été faiblement éclaircies et justifiées ».

Rappelons que les risques spécifiques liés aux radiations ionisantes, pour lesquelles il est reconnu internationalement qu’il n’y a pas de seuil d’innocuité, ont aussi un nouveau cadre réglementaire. Le Code de la Santé Publique – Partie Législative [première partie.- Protection générale de la santé – livre III.- Protection de la santé et environnement – titre III.- Prévention des risques sanitaires liés aux milieux – chapitre III . – Rayonnements ionisants]  dans son 1er article, stipule le principe de justification institué par la CIPR : « 1° Une activité nucléaire ou une intervention ne peut être entreprise ou exercée que si elle est justifiée par les avantages qu’elle procure, notamment en matière sanitaire, sociale, économique ou scientifique, rapportés aux risques inhérents à l’exposition aux rayonnements ionisants auxquels elle est susceptible de soumettre les personnes. »

C’est pour ces raisons que l’ACRO maintient sa position contre la construction du réacteur EPR à Flamanville ou ailleurs et s’inquiète de ne rien voir venir de concret concernant les deux priorités de la loi sur l’énergie : « maîtriser la demande d’énergie ; diversifier les sources d’approvisionnement énergétique. »

Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest
138, rue de l’Eglise
14200 Hérouville St Clair
tél : 02.31.94.35.34
fax : 02.31.94.85.31
https://acro.eu.org

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Le carbone 14 dans l’environnement des usines de retraitement de La Hague

Le carbone 14 dans l’environnement des usines de retraitement de La Hague

Surveillance citoyenne de la radioactivité en Normandie

Synthèse des résultats d’analyse gamma du premier semestre 2004 du Réseau cItoyen de Veille, d’Information et d’Evaluation RadioEcologique (RIVIERE)
ACROnique du nucléaire n°72, mars 2006


Préambuleriviere04
Les résultats présentés par la suite s’inscrivent dans la continuité de précédentes évaluations réalisées depuis 1997 à l’échelle du bassin Seine-Normandie et depuis 1988 dans la région de la Hague. Le but de ce travail est de renseigner sur l’état du milieu aquatique naturel par rapport à la pression qu’exercent l’industrie nucléaire civile et militaire mais également (et plus largement) les utilisateurs de radioactivité. Limitée à l’analyse des radionucléides émetteurs gamma comme le césium-137, l’évaluation concerne les eaux marines du littoral normand (entre Cancale et le Tréport), les principaux cours d’eau qui les alimentent comme la Seine ou l’Orne et enfin les écosystèmes aquatiques (influencés ou susceptibles de l’être) dans la région de la Hague, non loin des usines de retraitement et du centre de stockage de déchets nucléaires (CSM).

Il est nécessaire de bien mesurer la portée de ce travail. Il s’agit avant tout de veille environnementale et non sanitaire. Le travail n’est pas structuré pour répondre sur le plan de la santé même si des éléments d’information peuvent être retirés pour alimenter une telle réflexion, notamment à travers l’analyse des mollusques. Après quoi, ce suivi n’est pas exercé dans l’absolu, c’est-à-dire avec pour objectif d’analyser toutes les contributions possibles et leur répercussions sur l’ensemble des compartiments de l’environnement, quelque soit l’échelle de temps et d’espace. Des polluents majeurs comme les isotopes du plutonium ou le carbone-14 ne sont pas recherchés faute de moyens. Enfin, on cherche à obtenir une vue générale de la pression exercée par les activités humaines et plus particulièrement à connaître la tendance des niveaux de la radioactivité : est-on dans une phase d’augmentation ou pas ?

La méthodologie choisie s’appuie sur l’expérience du laboratoire dans ce domaine, plus d’une quinzaine d’années, et sur les pratiques usuelles d’organismes d’expertises (comme l’IRSN). Par ailleurs, les normes existantes (particulièrement celles de la série M60-780) sont mises à profit.

D’une manière générale, l’approche consiste à effectuer des prélèvements in situ d’échantillons (indicateurs) biologiques et inertes pour rendre compte de la qualité du milieu aquatique ; aucune analyse des eaux n’est donc réalisée. Les échantillons collectés subissent traitement et analyse au laboratoire pour in fine, révéler les radionucléides émettant un rayonnement gamma, qu’ils aient une origine naturelle ou artificielle. Mais par la suite, seuls les résultats concernant la radioactivité artificielle sont présentés.

Les indicateurs de l’environnement utilisés pour réaliser ce suivi sont de nature différente. En milieu marin, l’algue brune appartenant à l’espèce Fucus serratus (varech commun) et le mollusque du genre Patella sp. (bernique ou patelle) constituent les bioindicateurs systématiquement prélevés en plus des vases collectées dans les avants ports. En milieu aquatique terrestre ou dulcicole, ce sont les mousses aquatiques du genre Fontinalis sp. (mousses des fontaines) qui sont échantillonnées comme bioindicateurs en plus des sédiments.
Tous ces indicateurs, réputés de longue date pour ce genre d’évaluation, facilitent la détection des radioéléments et offrent l’avantage de couvrir un large spectre de polluants. Par ailleurs, de longues séries de résultats et de nombreux éléments de comparaison sont disponibles dans la littérature.

La fréquence des prélèvements dépend du lieu et de l’indicateur analysé. Dans les sédiments par exemple, l’analyse est annuelle en raison du délai de latence connu. A contrario, les analyses seront semestrielles dans les végétaux aquatiques comme les algues ou les mousses.

Résultats obtenus pour l’année 2004 dans les cours d’eau

Dans les environs des installations nucléaires de la Hague, comme à plus grande distance, c’est avant tout du césium-137(137Cs) qui est mis en évidence dans les cours d’eau. Hormis dans la Sainte-Hélène, cours d’eau connu pour être perturbé par les activités nucléaires, les concentrations mesurées en césium-137, de l’ordre de quelques becquerel par kilogramme de matière sèche (Bq/kg sec) sont comparables et témoignent des retombées antérieures et postérieures à l’accident de Tchernobyl, notamment des essais nucléaires atmosphériques des années 50-60. La variabilité des concentrations en césium-137 est essentiellement due à la texture même des sédiments ; la proportion de particules fines et la quantité de matière organique, facteurs influant, différent d’un lieu à l’autre.

Dans la région de la Hague, un excès de radioactivité artificielle est visible mais circonscrit uniquement à la Sainte-Hélène. Il transparaît d’abord dans le césium-137, lequel dépasse les niveaux usuels d’un facteur 10, puis dans la présence d’autres radioéléments comme le cobalt-60 (60Co) ou le ruthénium-rhodium 106 (106RuRh). On note également la présence d’iode-129 (129I). Ces polluants trouvent leur origine principalement dans les rejets gazeux des usines de retraitement présentes : retombés sur le sol des 300ha que comptent les usines, ces radioéléments sont ensuite entraînés avec les eaux de ruissellement dont l’un des exutoires est le cours d’eau Sainte-Hélène.

En aval de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, là encore il y a une légère augmentation de la radioactivité artificielle, circonscrite aux environs immédiats des réacteurs. Toutefois deux origines doivent être distinguées. Si le cobalt-58 (58Co) provient des rejets d’effluents liquides de la centrale, en revanche l’iode-131 (également présent dans d’autres cours d’eau très éloignés) traduit des contributions d’origine médicale (diagnostic ou thérapie ambulatoire).
Pour conclure, les niveaux mesurés sont voisins de ceux relevés lors des semestres précédents sauf dans le cas de l’iode-131. Ce radioélément artificiel introduit dans l’environnement principalement par les patients est à l’origine de situations radiologiques très contrastés d’un semestre à l’autre. Enfin, on peut signaler que les concentrations relevées autour des installations nucléaires de la Hague et de Nogent-sur-Seine ne sont pas les stigmates d’un incident passé mais la résultante de rejets en fonctionnement normal.

Sédiments du cours d’eau Ste-Hélène (Hague)
Date 20 mars 2004 20 mars 2004 23 juin 2004 26 juin 2004
Localisation La Brasserie
Station (code) ST10 ST12 STB ST10
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
60Co 6,3 ± 2,0 < 0,5 < 0,6 3,3 ± 1,6
137Cs 55,6 ± 7,1 60,3 ± 7,1 48,0 ± 5,7 56,7 ± 7,1
241Am 4,3 ± 1,5 0,79 ± 0,44 < 1,1 < 2,5
Sédiments prélevés dans différents cours d’eau de La Hague
Date 26 juin 04 26 juin 04 26 juin 04 26 juin 04 26 juin 04 20 mars 04 20 mars 04 26 juin 04 26 juin 04 26 juin 04 26 juin 04
Ruisseau Les Landes Les Combes Les Roteures Herquemoulin Le Moulin Moulin Vaux La Vallace Les Delles Le Grand Bel La Vallace Vautier
Station (code) LAN COM ROT HER1 MP VAU VAL2 DEL GB21 VAL1 VAU
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
60Co < 0,3 < 0,5 < 0,6 < 0,6 < 0,6 < 0,5 < 0,5 < 0,6 < 0,5 < 0,5 < 0,4
137Cs 4,9 ± 0,6 5,6 ± 0,8 4,5 ± 0,7 8,4 ± 1,1 7,8 ± 1,1 5,0 ± 0,7 3,6 ± 0,6 4,7 ± 0,7 2,0 ± 0,4 4,4 ± 0,7 3,4 ± 0,5
241Am < 0,5 < 0,9 < 1,1 < 1,0 < 1,2 < 1,0 < 1,0 < 1,2 < 1,0 < 1,0 < 0,7
Sédiments prélevés dans différents cours d’eau hors Hague
Date 16 mars 04 15 mars 04 15 mars 04 16 mars 04 27 mai 04 27 mai 04
Rivière La Sarthe La Touques La Risle L’Orne La Seine La Seine
Localisation aval Alençon (61) aval Lisieux (14) aval Brionne (76) aval Argentan (61) Nogent (10) Marnay (10)
Station (code) SAR TOU RIS ORN aval CNPE amont CNPE
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
60Co < 0,4 < 0,5 < 0,6 < 0,5 < 1,9 < 0,4
137Cs 0,5 ± 0,2 1,7 ± 0,4 0,8 ± 0,3 1,1 ± 0,3 3,2 ± 1,0 0,6 ± 0,2
241Am < 0,8 < 0,9 < 0,9 < 0,8 < 1,5 < 0,6
Mousses aquatiques prélevées dans des cours d’eau influencés par des INB
Date 22 mars 04 22 mars 04 23 juin 04 27 mai 04
Rivière Ste
Hélène
La Seine
Localisation Déversoir (50) La Brasserie(50) La Brasserie Nogent (10) Marnay (10) Varennes (77)
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
58Co < 4,6 < 4,2 < 6,0 18,2 ± 2,5 < 4,2 < 3,2
60Co < 5,0 11,5 ± 2,9 8,2 ± 3,8 < 2,0 < 3,9 < 2,9
106Ru-Rh 87 ± 45 < 81 < 120 < 33 < 72 < 53
129I identifié dans tous les échantillons non identifié
131I < 4,7 < 4,7 < 6,7 6,0 ± 1,3 4,6 ± 2,8 < 4,5
137Cs 18,6 ± 3,8 31,6 ± 4,9 18,9 ± 4,8 < 2,0 < 4,4 < 3,3
241Am < 5,5 6,3 ± 2,7 < 8,8 < 2,0 < 4,0 < 3,1
Mousses aquatiques prélevées dans des cours d’eau non influencés par des INB
Date 16 mars 04 15 mars 04 15 mars 04 7 avril 04
Rivière La Sarthe La Touques La Risle La Sienne La Sélune La Vire
Localisation aval Alençon (61) aval Lisieux (14) aval Brionne (76) aval Villedieu (50) aval St Hilaire (50) aval Vire (50)
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
58Co < 4,7 < 3,0 < 3,7 < 5,5 < 4,8 < 4,3
60Co < 5,0 < 3,4 < 3,7 < 6,0 < 4,6 < 4,6
106Ru-Rh < 83 < 55 < 65 < 106 < 81 < 78
129I < 4,0 < 3,5 < 4,8 < 7,9 < 5,9 < 5,5
131I 277 ± 42 4,9 ± 2,0 < 6,2 < 5,7 < 5,0 < 5,1
137Cs < 4,7 < 3,6 < 3,9 < 6,7 < 5,1 < 4,9
241Am < 4 < 3,4 < 3,7 < 6,6 < 4,4 < 4,7

Résultats obtenus pour le premier semestre 2004 en milieu marin

Entre Granville et Saint-Valéry-en-Caux, soit le long de plus de 500 km de côtes, quatre radioéléments sont systématiquement détectés : cobalt-60, iode-129, césium-137 et américium-241. A proximité de l’émissaire de rejets en mer des usines de retraitement de la Hague, le niveau de la radioactivité artificielle augmente, notamment avec la présence de ruthénium-rhodium 106. Hormis pour le césium-137 dont une proportion plus ou moins importante provient des retombées antérieures et postérieures à l’accident de Tchernobyl, tous ces radioéléments trouvent leur origines dans les rejets en mer des usines cités ci-dessus.
La situation radiologique est très voisine de celle observée les semestres précédents. On peut donc parler d’état stationnaire, lequel, rappelons-le, s’est nettement amélioré au fil des années si on prend en référence la situation radiologique constatée au milieu des années 80. Soulignons également que l’impact des rejets des centrales nucléaires côtières n’est pas perceptible.

Algues brunes (fucus serratus) prélevées du 4 au 7 avril 2004
Lieu Granville (50) Carteret (50) Baie d’Ecalgrain (50) Fermanville (50) St Vaast la Houge (50) Port en Bessin (14) Fécamp (76) St Valéry en Caux (76)
Localisation plage plage plage plage port plage port plage
Activité
des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
60Co 0,9 ± 0,4 1,5 ± 0,4 3,3 ± 0,6 1,5 ± 0,4 1,3 ± 0,4 1,0 ± 0,4 0,5 ± 0,3 1,2 ± 0,4
106Ru-Rh < 8,7 < 7,8 16,8 ± 4,7 < 7,9 < 8,4 < 8,2 < 8,4 < 8,3
129I identifié dans tous les échantillons, mais non quantifié
137Cs < 0,6 < 0,5 < 0,5 < 0,5 0,62 ± 0,27 < 0,5 < 0,6 < 0,6
Sédiments marins (vase) prélevés du 4 au 7 avril 2004
Lieu Granville (50) Carteret (50) Fermanville (50) St Vaast la Houge (50) Port en Bessin (14) La Havre (76) St Valéry en Caux (76)
Localisation port
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
60Co 1,7 ± 0,4 2,8 ± 0,5 4,7 ± 0,9 1,1 ± 0,3 7,7 ± 1,1 3,3 ± 0,5 3,5 ± 0,6
106Ru-Rh < 11 < 7,4 < 15 < 7,8 < 9,0 < 4,7 < 7,6
129I non recherché
137Cs 1,6 ± 0,4 1,3 ± 0,3 2,1 ± 0,6 1,2 ± 0,3 8,0 ± 1,1 10,0 ± 1,2 4,8 ± 0,7
241Am 10,6 ± 5,3 1,1 ± 0,4 4,5 ± 1,1 1,2 ± 0,4 2,6 ± 0,6 1,0 ± 0,3 1,2 ± 0,4
Patelles prélevées du 4 au 7 avril 2004
Lieu Granville (50) Carteret (50) Baie d’Ecalgrain (50) Fermanville (50) Port en Bessin (14) St Valéry en Caux (76)
Localisation plage
Activité des radionucléides artificiels en Bq/kg sec
60Co < 0,6 0,86 ± 0,3 0,69 ± 0,33 1,3 ± 0,3 0,83 ± 0,39 < 0,5
106Ru-Rh < 7,9 < 7,8 12,7 ± 5,0 10,4 ± 3,5 < 11 < 8,3
110mAg < 0,5 < 0,5 < 0,5 < 0,4 < 0,6 < 0,5
129I non recherché
137Cs < 0,5 < 0,5 < 0,5 0,35 ± 0,19 0,77 ± 0,31 0,45 ± 0,24

Ancien lien

L’EPR n’est pas justifié

Contribution de l’ACRO au débat public sur l’EPR, octobre 2005
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Contribution de l’ACRO au débat sur les déchets nucléaires de haute activité et à vie longue
Débat sur l’EPR : le secret est inacceptable, communiqués de presse du 17 octobre 2005


Pour une autre politique énergétique

Nous sommes convaincus, comme beaucoup, que le défi énergétique sera un des défis majeurs du 21ième  siècle avec l’épuisement des ressources en pétrole et la menace du réchauffement climatique. En ne produisant que de l’électricité, le nucléaire ne peut avoir qu’un impact mineur sur ces problèmes. Tant que les autorités se limiteront à penser en moyens de production réduits à une « alternative infernale » – nucléaire ou effet de serre- et non en utilisation de l’énergie, elles seront incapables de répondre au défi. La priorité de toute politique énergétique doit être la réduction de la consommation. Cela est proclamé par les pouvoirs publics et soutenu par les associations de protection de l’environnement, mais sans effets notables. Nous aurions donc préféré un large débat sur les économies d’énergie avec, à la clé, des mesures concrètes et des mesures réglementaires qui ne sont pas forcément populaires. Cela aurait été l’occasion de mettre en œuvre une expérimentation d’un véritable processus de démocratie participative beaucoup plus ambitieux que le débat actuel, afin de trouver une synergie entre les moyens techniques, individuels et collectifs à mettre en œuvre pour une meilleure utilisation de l’énergie qui ne soit pas source de conflit.  Malheureusement, il n’y en a que pour l’EPR qui, en servant d’alibi, va à l’encontre de la nécessité de réduire notre consommation. Il va aussi renforcer la dépendance de la production électrique à une mono-industrie, alors qu’il est plus sûr stratégiquement et économiquement de diversifier les sources.

Le débat proposé n’est pas un débat énergétique, mais plutôt d’ordre industriel sur la pertinence de construire un « démonstrateur » d’EPR à Flamanville. C’était déjà une des conclusions des trois Sages chargés de piloter le Débat National sur l’énergie en 2003 : « il est difficile, […] de se faire une opinion claire sur son degré de nécessité et d’urgence. […] Il a semblé que si le constructeur potentiel de l’EPR milite pour sa réalisation immédiate, c’est avant tout pour des raisons économiques et de stratégie industrielle. ». Et l’un des sages, le sociologue Edgar Morin, a dans ce même rapport clairement tranché : « Les centrales actuelles ne devenant obsolètes qu’en 2020, il semble inutile de décider d’une nouvelle centrale EPR avant 2010 [car rien] ne permet pas d’être assuré qu’EPR, conçu dans les années quatre-vingt, serait la filière d’avenir. » En effet, s’il y avait une urgence à produire de l’électricité, EdF aurait proposé un réacteur éprouvé du « palier N4 », comme il en existe déjà 4 en France et non un « démonstrateur » à tester.

Chantage à l’emploi

Les industriels veulent une « vitrine à l’exportation ». Le projet finlandais devrait être suffisant. Pour AREVA, « en l’absence de nouvelles commandes, l’ingénierie française serait privée de la taille critique, des moyens et des motivations nécessaires pour maintenir notre supériorité technologique ». Alors pourquoi sous-traiter au Japon la construction des éléments les plus techniques du réacteur EPR finlandais, si « les équipes se dispersent, les savoir-faire s’estompent, les expériences acquises se diluent » comme le proclame la SFEN ? Le manque de travail n’est-il pas entretenu artificiellement pour faire du chantage à l’emploi ? La région n’est pas en reste en proclamant que « d’une durée de 6 ans et d’un coût de 3 milliards d’euros, [le chantier de l’EPR] devrait générer près de 2000 emplois sur la période ». Comme 2000 personnes à 2000€/mois pendant six ans coûtent (en multipliant par 2 pour tenir compte des charges) environ 500 millions d’euros, soit moins de 20% de que ce devrait coûter la construction de l’EPR, il doit sûrement y avoir une meilleure façon de créer des emplois avec 3 milliards d’euros. Et, une fois en service, ce prototype n’emploierait plus que 400 personnes.

C’est malheureusement un classique dans nos sociétés de surabondance que d’entretenir le sentiment de rareté et de guerre, maintenant économique, pour maintenir un statu quo social et des aides publiques. Il n’est question que de « parts de marché à conquérir », « retard français » ou « maintien de notre avance dans la compétition internationale » entraînant une surproduction et un gaspillage. Alors que la richesse atteinte permettrait à tous de mener une vie harmonieuse avec une organisation sociale différente, les défis écologiques imposent de mener une vie plus sobre, mais plus épanouie, car libérée de nombreuses peurs. Là où de nombreuses associations de protection de l’environnement raisonnent en service public de l’énergie pour satisfaire les besoins primordiaux de l’humanité, les industriels ne rêvent qu’à produire plus en externalisant leurs nuisances. L’incompréhension est totale.

Pour le respect des principes fondamentaux

Mais un réacteur nucléaire n’est pas un produit industriel banal, c’est une installation à risques. Outre la possibilité d’un accident majeur, y compris suite à un attentat, l’EPR émettra des rejets radioactifs dans l’environnement, contribuera à l’irradiation des travailleurs du nucléaire et produira des déchets pour lesquels aucune solution n’est proposée. A tout cela, s’ajoute la nouvelle ligne à très haute tension et ses nuisances. L’EPR a beau être plus sûr, plus performant, plus… que ses prédécesseurs, ses risques viennent s’ajouter à ceux du parc nucléaire existant et pèseront sur les générations futures.

Ethiquement, nos sociétés ne devraient engager des processus industriels à risques que dans la mesure où ceux-ci n’affectent que ceux qui en ont fait le choix – en admettant qu’il y ait eu acceptabilité sociétale – mais aucunement les générations futurs sur le très long terme, afin d’inscrire dans les faits le principe de responsabilité introduit par le philosophe Hans Jonas. Même si elle n’est pas la seule, l’industrie nucléaire est antinomique avec ce principe à cause des déchets dangereux qu’elle lègue à nos descendants pour des siècles, voire des millénaires.  Face aux risques, d’autres principes fondamentaux ont maintenant un cadre légal naissant en France qu’il nous paraît important d’appliquer.

La Charte de l’environnement, adossée à la constitution, stipule dans son article 5 le principe de précaution : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution, à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin d’éviter la réalisation du dommage ainsi qu’à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques encourus. » Puisque les déchets nucléaires pourraient affecter de manière grave et irréversible l’environnement, est-il raisonnable d’en produire plus ? Le principe de précaution impose plutôt d’attendre d’avoir une solution pour ces déchets avant de se lancer dans la construction d’un nouveau réacteur. De plus, les accords de Sintra de la convention OSPAR pour la protection de l’Atlantique Nord imposent que les rejets radioactifs en mer tendent vers zéro. Les rejets de l’EPR vont venir s’ajouter à ceux des autres installations nucléaires.

Les risques spécifiques liés aux radiations ionisantes, pour lesquelles il est reconnu internationalement qu’il n’y a pas de seuil d’innocuité, ont aussi un nouveau cadre réglementaire. Le Code de la Santé Publique – Partie Législative [première partie.- Protection générale de la santé – livre III.- Protection de la santé et environnement – titre III.- Prévention des risques sanitaires liés aux milieux – chapitre III . – Rayonnements ionisants]  dans son 1er article, stipule le principe de justification institué par la CIPR : « 1° Une activité nucléaire ou une intervention ne peut être entreprise ou exercée que si elle est justifiée par les avantages qu’elle procure, notamment en matière sanitaire, sociale, économique ou scientifique, rapportés aux risques inhérents à l’exposition aux rayonnements ionisants auxquels elle est susceptible de soumettre les personnes. » Nous demandons donc que la loi soit appliquée et que l’on justifie l’EPR par rapport à une autre politique énergétique axée sur la sobriété. Nous avons la conviction qu’augmenter la surcapacité de production d’EdF dans un monde où l’ouverture à la concurrence  ne va que contribuer à réduire ses parts de marché en France, ne peut se faire qu’au préjudice d’une véritable politique de maîtrise de la consommation de l’énergie.

C’est pour ces raisons que l’ACRO a pris position contre la construction du réacteur EPR à Flamanville ou ailleurs.

ACRO
https://acro.eu.org

L’ACRO a été créée à la suite de la catastrophe de Tchernobyl pour permettre au citoyen de s’approprier la surveillance de son environnement, mais aussi de pouvoir peser sur les choix technoscientifiques. Dotée d’un laboratoire financé par le soutien des adhérents, la vente d’analyses et des subventions publiques, l’ACRO effectue des mesures de radioactivité gamma et bêta, ainsi que des mesures de radon. L’ACRO siège aussi dans de nombreuses commissions officielles. L’association publie une revue trimestrielle d’information, l’ACROnique du nucléaire, organise des conférences publiques et tente de répondre à de nombreuses demandes de renseignements.

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Ces déchets nucléaires dont on ne sait que faire

Contribution de l’ACRO au débat public sur les déchets nucléaires à vie longue et de haute activité, septembre 2005
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Contribution de l’ACRO au débat sur l’EPR
Débat sur l’EPR : le secret est inacceptable, communiqués de presse du 17 octobre 2005


Aucun pays, à ce jour, n’a trouvé de solution pour le devenir des déchets nucléaires qui, pour certains d’entre eux, demeureront toxiques pendant des millions d’années, et dont la gestion pose d’énormes problèmes à l’industrie nucléaire. L’enjeu est double : épurer le passif – des déchets sont parfois entreposés dans de mauvaises conditions et portent atteinte à l’environnement – et proposer des filières d’évacuation dès la source pour tous les déchets à venir, en y associant une traçabilité la plus exhaustive possible.

De la mine à la centrale électrique ou l’usine de retraitement, chaque étape de la chaîne du combustible fournit son lot de déchets, généralement classés selon leur radioactivité et leur durée de vie. Seuls ceux faiblement radioactifs et de période courte (inférieure à trente ans) ont trouvé un site d’accueil définitif : ils sont stockés en surface, dans l’Aube, à Soulaines-Dhuys. Ce centre a pris le relais de celui de la Manche, qui a reçu son dernier colis en 1994 et ne satisfait pas aux règles de sûreté des stockages actuels. Pâtissant d’une gestion passée empirique, il contient des radioéléments à vie longue et des fuites portent atteinte à l’environnement. Le centre de l’Aube, huit fois plus grand pour deux fois plus de déchets, sert de vitrine à l’Agence Nationale des Déchets Radioactifs (ANDRA). Le stockage n’y est prévu que pour trois cents ans.

Cette solution est cependant trop onéreuse et inadaptée pour les 50 millions de tonnes de résidus miniers accumulées pendant les quarante années d’extraction de minerai en France. Si ces résidus sont très faiblement radioactifs, ils ont l’inconvénient de contenir des radioéléments à vie longue : 75 380 ans de période pour le thorium 230. Par ailleurs, l’un des descendants de l’uranium – le radon – est un gaz toxique, ce qui rend le stockage ou l’entreposage difficile. Ces types de déchets sont généralement entreposés dans d’anciennes mines à ciel ouvert ou dans des bassins fermés par une digue, en attendant une meilleure solution qui éviterait les risques de dispersion des radioéléments par érosion ou suintement. Ce problème est maintenant déplacé dans les pays producteurs puisque l’uranium est entièrement importé. Au Gabon, les résidus ont été déversés directement dans le lit de la rivière Ngamaboungou jusqu’en 1975 par la Comuf, filiale de la Cogema.

D’autres déchets très faiblement radioactifs (TFA), issus du démantèlement des installations nucléaires, vont aussi poser un problème d’envergure. Ainsi, en France, il va falloir trouver une solution à moindre coût pour les 15 millions de tonnes attendus. Pour une partie de ce volume, un « recyclage » est prévu et la possibilité d’établir des seuils de libération a été introduite par la législation d’origine européenne permettant alors de les considérer légalement comme des déchets non radioactifs. Pour les déchets dépassant les seuils, le centre de stockage en surface de Morvilliers dans l’Aube vient d’entrer en exploitation.

Un débat limité

Le débat proposé ne concerne que les déchets nucléaires de haute activité et à vie longue. Tous les autres échappent à la loi Bataille et au « débat démocratique » proposé. Il serait temps que la représentation nationale s’inquiète du devenir de tous les déchets après avoir consulté la population. Son incapacité à sortir des limbes le projet de loi sur la « transparence nucléaire » ne permet pas d’être optimiste.

En ce qui concerne les déchets les plus toxiques et à vie longue, dont les volumes sont beaucoup plus faibles, un consensus international semble se dégager en faveur de leur enfouissement, même si l’avancement des recherches dépend beaucoup de considérations politiques locales. L’argument généralement avancé est la protection des générations futures, la barrière géologique devant retenir les éléments toxiques pendant des millions d’années sans intervention humaine. Cette interprétation suppose une certaine défiance envers la capacité de nos successeurs à faire face aux dangers provoqués par les déchets nucléaires. Paradoxalement, les opposants à l’enfouissement brandissent aussi la protection générations futures pour justifier de leur opposition, avec comme soucis de leur laisser la possibilité d’intervenir facilement sur le stockage en cas de problème, et comme hypothèse optimiste qu’elles sauront mieux que nous gérer ces déchets. C’est aussi leur laisser un pouvoir de décision en faveur de la gestion des risques : les centres de stockage souterrains sont conçus pour que l’exposition des générations futures satisfasse aux normes de radioprotection actuelles, normes qui seront fort probablement modifiées dans l’avenir. L’affirmation de l’ANDRA, après seulement quelques mois de recherche, que le site de Bure peut accueillir des déchets pendant des millions d’années est peu crédible scientifiquement.

Le mythe du recyclage

En France, outre le stockage en profondeur, la loi du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs prévoit l’étude de la séparation des éléments radioactifs les plus nocifs à long terme, celle de leur transmutation, ainsi que « l’étude de procédés de conditionnement et d’entreposage de longue durée en surface de ces déchets ».  La séparation et la transmutation proposées par la loi sont parfois présentées comme un recyclage des déchets radioactifs pouvant constituer une solution de rechange au stockage définitif. Elles concernent plutôt les combustibles irradiés issus d’une éventuelle prochaine génération de réacteurs, mais pas les déchets accumulés actuellement. La séparation de certains radioéléments du combustible irradié nécessite des opérations chimiques complexes. Les recherches en cours visent essentiellement à améliorer les capacités de retraitement de l’usine de la Hague. La transmutation, quant à elle, nécessite l’utilisation d’un parc complet de réacteurs nucléaires innovants ; d’autres pays se sont aussi lancés dans ce type de recherches dont certains résultats ne sont pas sans intérêts militaires.

Si ces recherches aboutissaient, un système nucléaire vaste et complexe serait à créer pour remplacer des isotopes peu radioactifs à vie longue par des isotopes très radioactifs à vie courte. Faut-il exposer les travailleurs du nucléaire et les populations du présent siècle à un détriment certain pour protéger les populations futures dans 100.000 à des millions d’années ? Sans compter le risque d’accident beaucoup plus grand sur un site industriel que dans un centre de stockage. L’industrie nucléaire peine déjà à recycler le plutonium et l’uranium extraits des combustibles usés. Le retraitement, technologie d’origine militaire, est aussi une opération très polluante et onéreuse. Un retraitement poussé ne ferait qu’augmenter ces coûts, d’autant plus que la convention internationale OSPAR impose de faire tendre vers zéro les rejets dans l’Atlantique Nord d’ici 2020. L’exposition aux rayonnements ionisants engendrée par cette pratique n’a jamais été justifiée par les avantages économiques, sociaux ou autres par rapport au détriment qu’ils sont susceptibles de provoquer, comme l’impose pourtant la réglementation. Comment alors justifier des opérations plus complexes ? De plus, dans la mesure où il conduit à vitrifier les résidus, le retraitement rend difficile la reprise ultérieure des déchets soit parce qu’une matrice meilleure aura été trouvée, soit pour une séparation plus poussée. Le choix du retraitement, jamais débattu, ferme des options de gestion aux générations futures.

Pour un stockage réversible

Pour les déchets accumulés jusqu’à maintenant, ne restent donc que le stockage souterrain ou un entreposage en surface à plus ou moins long terme. Dans tous les pays, l’industrie nucléaire semble pencher vers une « évacuation géologique », même si l’on en est qu’au stade des études. Le Waste Isolation Pilot Plant (WIPP) dans une formation saline du Nouveau-Mexique aux Etats-Unis fait figure de pionnier avec son premier colis de déchets reçu en mars 1999. Il est destiné aux déchets transuraniens issus de la recherche et production d’armes nucléaires. L’entreposage en surface, quant à lui, semble avoir la préférence des écologistes, pour son caractère réversible. Dans l’hypothèse d’un stockage profond, à la fermeture du site, l’étanchéité du site impose de fermer l’accès définitivement, les éventuels colis défectueux ne pouvant alors être repris qu’à l’issue de travaux miniers lourds. Avant, durant la phase d’exploitation, le centre de stockage souterrain est réputé réversible.

La notion de réversibilité, qui découle du principe de précaution, est récurrente dans le débat sur les déchets. Elle est surtout proclamée comme argument d’acceptabilité mais pas appliquée au retraitement par exemple. Au-delà des slogans, la réversibilité implique de garder plusieurs options ouvertes afin de pouvoir revenir sur certains choix. En effet, la reprise d’un stockage défectueux nécessite d’avoir une solution meilleure. Pour limiter le coût humain et financier lié à la multiplication des options – « l’énergie nucléaire doit rester compétitive ! » – une hiérarchisation s’impose entre les options a priori prometteuses pour lesquelles des développements technologiques lourds sont nécessaires et celles pour lesquelles un effort modéré de Recherche et Développement devrait suffire à maintenir l’option ouverte. Cette démarche impose aussi de garder les déchets sous la main, si jamais une solution meilleure était trouvée. C’est le cas en particulier des combustibles usés qui contiennent des éléments pouvant peut-être intéresser les générations futures. A partir du moment où nos descendants sont supposés avoir les capacités de surveiller en surface une partie des déchets – les plus toxiques –, pourquoi d’autres déchets doivent absolument être enfouis ?

Pour le retour des déchets étrangers

L’hypothèse d’un stockage à l’étranger dans des pays moins regardants séduit les autorités qui doivent faire face à une forte contestation de leurs populations. En France, l’article 3 de la loi de décembre 1991 stipule que « le stockage en France de déchets radioactifs importés, même si leur retraitement a été effectué sur le territoire national, est interdit au-delà des délais techniques imposés par le retraitement ». Mais des déchets étrangers, issus du retraitement, auraient dû être renvoyés dans leur pays d’origine depuis longtemps. Et les contrats allemands, qui prévoient l’hypothèse d’un non-retraitement sans pénalité, transforment de fait l’usine de La Hague en centre d’entreposage international. Malheureusement, on attend toujours les décrets d’application pour que la loi Bataille puisse être respectée… Le retour dans leur pays d’origine des tous les déchets – y compris les déchets technologiques et de démantèlement – est un impératif éthique.

La gestion des déchets radioactifs nécessite des choix collectifs problématiques impliquant une perspective temporelle inhabituelle : comment prendre des décisions pour les générations et sociétés lointaines ? Trop reporter les décisions pourrait être préjudiciable. Les déchets existent et demandent une gestion rigoureuse dès leur production. Mais des considérations à court terme concernant par exemple la poursuite ou non du programme nucléaire viennent interférer et risquent d’emporter les décisions. En effet, pour pouvoir obtenir l’assentiment de la population, il faut absolument pouvoir prétendre avoir une solution pour les déchets. Un compromis prudent pourrait être réalisé à travers une approche séquentielle de la décision, avec des échéances régulières sans que soit fixée a priori une limite temporelle à ce processus afin de garantir la liberté de choix de nos descendants. Surtout, un dialogue continu avec les citoyens est nécessaire pour légitimer ces choix, pas seulement quand les autorités veulent relancer le nucléaire.

ACRO
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Ancien lien

Feuilleton EPR

Parce que le gouvernement met plus d’ardeur à imposer le réacteur nucléaire connu sous le sigle « EPR » qu’à sortir des limbes le projets de loi sur la transparence nucléaire, parce que son implantation à Flamanville dans la Manche doit faire l’objet de deux consultations, nous vous proposons, sous forme de feuilleton, des informations sur ce projet. De plus, la réglementation française imposant que toute nouvelle pratique induisant une exposition aux rayonnements ionisants soit justifiée par son intérêt économique et social, nous allons tenter de rechercher l’utilité de l’EPR.

  1. Ensemble Pour le Réacteur
  2. Encore Plus Rassurant
  3. Electeurs Parfaitement Représentés
  4. Emplois Pour la Région
  5. Evitons le Péril du Réchauffement
  6. Exportons la Production du Réacteur
  7. Erigeons des Pylônes Remarquables
  8. Epilogue : notre Position sur le Réacteur


Ensemble Pour le Réacteur

ACROnique du nucléaire n°68, mars 2005

AU NOM DE L’E.P.R., DU FRIC ET DE L’ESPRIT SAIN ?

Tombé du ciel
Le choix de Flamanville qui a finalement été retenu pour l’implantation de l’E.P.R. (European Pressurized Reactor) a fait déborder d’enthousiasme et de frénésie une marmite d’élus en effervescence depuis quelques temps. L’unité artificielle des élus de tous bords, excepté des Verts (cf. « la Manche Libre et la tête de J-F. Legrand » du 01/10/04) a été déterminante pour faire pencher le fléau de la balance vers la pointe de la Hague sud. C’est un argument de façade et nous découvrirons peut-être plus tard d’autres raisons qui ne sont pas présentables actuellement.

En tout état de cause, le choix s’est fait sans débat autour d’un argumentaire solide et contradictoire. Il n’y a pas eu de consultation publique à l’échelle nationale. La Ministre de l’Industrie de l’époque, Nicole Fontaine annonce le choix de l’E.P.R. en plein débat sur l’avenir énergétique, ce qui décrédibilise ce dernier ainsi que ceux qui l’ont initié. La dissimulation aux parlementaires d’un rapport de la DGSNR (Direction Générale de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection) sur l’E.P.R. (cf. journal « le Monde » du 21/10/01) est encore un acte de cette comédie dont le vrai scénario s’écrit et se joue en dehors de la scène publique.

Au niveau local, tout le monde politique en appelle à l’E.P.R. sans présenter le moindre argument technique. Ce n’est absolument pas cela qui est avancé, on ne s’embarrasse pas du dossier. Les consultations locales se résument à quelques micro trottoirs : « c’est bien pour les jeunes » dit le boucher sur le marché. « C’est positif pour la région, par les temps qui courent… » ajoute un maire d’une commune limitrophe (cf. « la Presse de la Manche » du 21/10/04). Les avis donnés ne concernent que l’emploi.

En effet, la nouvelle arrive comme un ballon d’oxygène dans un climat social assez plombé. De nombreuses entreprises ont fermé leurs grilles ou sont parties sous d’autres cieux. On en est là vingt ans seulement après les grands chantiers porteurs pareillement de tous les espoirs. Il y a depuis, une avancée du désert industriel dans la région (cf. le film documentaire de T. Dunand et D. Guillemois : « Cotentin 1960-2000, une histoire industrielle »). L’E.P.R., à n’en pas douter, n’est qu’un point d’eau dans ce désert, point qui se tarira vite selon des sources prenant naissance à la Cogéma. Les responsables des offices de tourisme vont devoir encore faire appel à toute leur imagination et « ramer dur » pour donner une bonne image de la région. La photo va être de plus en plus difficile à prendre si l’on veut éviter de cadrer les sites nucléaires.

L’image d’une région et d’une population très hospitalières avec les installations nucléaires sous toutes ses formes n’est pas bien assumée quoiqu’en montrent les reportages de la presse locale. La violence avec laquelle on brise les miroirs qui renvoient les images lorsqu’elles pointent les risques potentiels liés à ces activités sont là pour nous le rappeler. Que ce soit Greenpeace et le tuyau des Moulinets, le Pr. Viel et ses hypothèses sur la santé, F. Zonabend et ses études sur la presqu’île qu’elle attribue au nucléaire … entre autres exemples. Il reste donc à prouver que les habitants du Nord-Cotentin, dans leur conviction silencieuse, soient très fiers de cette couche que l’on rajoute à l’aire nucléaire locale.

(Re)Tombées du ciel !
Ah, les retombées financières !!! On va gagner des millions … Il va y avoir de quoi générer du rêve, comme au loto. Mais « tout c’qui vyint d’fllot, s’en r’va d’marée » (tout ce qui vient avec le flot, repart avec la marée – expression normande). Là aussi, il y aura du désappointement. Il y a, en effet, fort à parier que l’argent ira à l’argent. Des communes riches qui ne savent pas quoi faire de leurs rentes (mais qui rechignent à la partager) vont être encore plus riches. D’autres nouveaux riches ont dépensé sans compter, comme des enfants gâtés et les retombées seront alors bienvenues et tomberont pile dans les trous creusés ou à venir.

Socialement, les conséquences seront aussi incertaines et l’espoir créé autour de ces emplois risque de n’être qu’illusion. Les entreprises chargées de la construction, avec l’ouverture des marchés européens seront, pour une bonne part, étrangères à la région. Une partie de l’EPR finlandais est construite au Japon. Qu’en sera-t-il pour le réacteur normand ? L’emploi technique spécifique au domaine nucléaire sera, lui, fourni par AREVA et Siemens en régulant en interne ces emplois. Au delà des dividendes escomptées, il y a déjà les 55 millions envolés pour le Conseil Général qui en a fait don par l’exonération de la taxe professionnelle. Faire ce geste gracieux pour que l’on installe des lignes et des pylônes à travers la campagne du département, merci du cadeau. « EDF vous doit plus que la lumière », il y a aussi les fils et les poteaux !

Tombés sur la tête
Si l’on aborde le sujet de l’environnement et de sa préservation, il est intéressant d’introduire les éoliennes dans le débat. Les paradoxes et les contrastes que l’on observe alors dans les discours nous laissent pantois et cois ! On constate, d’une part, un engouement frénétique des élus pour l’EPR et sa lignée à haute tension, un silence de la grande majorité de la population sur ce sujet et par ailleurs une levée de boucliers de ces mêmes élus bien souvent et d’une partie importante des riverains contre l’implantation de parcs éoliens en mer ou sur la côte. Les nuisances sont mises en avant pour refuser les moulins à vent. Une éolienne ça fait du bruit et ça gâche la vue. Une usine nucléaire, les pylônes et les câbles sur des centaines de kilomètres, ça ne se voit pas, ça ne s’entend pas … dans les discours. Lorsque l’on fait part de cet oubli, il est parfois répondu « ah oui, mais ça, c’est utile. Il en faut ».

Le parc éolien en mer, les pêcheurs n’en veulent pas. Une délégation d’élus et de professionnels monte au ministère pour protester et des dizaines de manifestants à chaque réunion font part de leur refus. Soit. Mais les rejets en mer de la canalisation de la Hague, les rejets aériens que l’on retrouve dans les ruisseaux et sur la côte, le tritium renvoyé devant Flamanville ? ? ? Ni vu, ni connu. Silence sur les V.H.F. ! Le milieu maritime fait le dos rond et les dauphins se réchauffent dans les eaux du cap, dans le meilleur des mondes.

Il est difficile de comprendre ce refus. L’acceptation des installations nucléaires est assez bien cernée. Lorsque l’on pose le problème du danger, la réponse est toujours décalée. On entend emploi, argent, économie. B. Cazeneuve, maire de Cherbourg dit dans le film « Silence sur l’atome » de S. Tézé : « les gens acceptent et n’ont pas peur car ils savent ce que c’est … ils vivent tous les jours avec ». Les visites jusqu’en 2001 de l’usine Cogéma par les familles a certes ouvert un univers qui leur était inconnu. Lorsqu’ils racontent cette découverte, les visiteurs sont éblouis par cette vitrine qui en met plein la vue. Mais trop de lumière aveugle et les connaissances réelles sont réduites. La réalité du travail et des relations sociales est méconnue. J. Aubert, dans le même film souligne que les personnels de l’usine de la Hague ont deux vies distinctes : le travail et la vie domestique et qu’il y a très peu d’interférences. Hors usine, ils ne parlent pas du travail.

Je pense qu’il y a donc plutôt un déni du risque et un refoulé nécessaire pour vivre près des installations, comme le montre un paysan voisin des sites de la Hague interrogé par le réalisateur de « Silence sur l’atome » … « on n’y pense pas tous les jours au danger, sinon on s’en irait ». Le rejet des éoliennes est difficile à saisir car il est sous-tendu certainement par plusieurs motivations. Il y a bien sûr le refus classique des riverains. Mais il trouve là une amplification qui les dépasse. Le terrain se prête à ce refus. Les éoliennes, production énergétique alternative, sont peut-être ressenties comme l’illustration d’une menace qui pèse sur le programme nucléaire, en particulier le retraitement. Cela trouve une résonance spécifique pour bon nombre du personnel de la Cogéma. Il n’y avait qu’à voir, lors d’un débat à l’IUT de Cherbourg en 2004, quelle virulence – voire plus –  déployaient les représentants syndicaux de la Cogéma à l’encontre des programmes éoliens et solaires. Les éoliennes, à leur vue, symbolisent « l’écolo » et sont alors perçues comme une provocation sur les hauteurs d’une presqu’île qui doit être vouée au nucléaire exclusivement.

Ces manifestations de refus sont aussi relayées par les élus, trop heureux d’enfourcher ce cheval de bataille anti-écologiste. A la tête de l’escadrille, on trouve le plus zélé d’entre tous : C. Gatignol, député de Valognes. L’E.P.R. sous le bras, il pourfend, jusque dans les ministères, les commissions à l’assemblée et les manifestations locales, ces éoliennes sources de tous les maux et inutiles (cf. Ouest-France du 27/12/04). Selon lui, l’ADEME (Agence de Maîtrise de l’énergie) « trompe les gens, propage de fausses informations ». Il conclut « la France a-t-elle besoin d’énergie éolienne ? sans conteste non ! ». M. Gatignol en fait beaucoup. Ses revers électoraux successifs ne semblent pas le faire douter… alors laissons-le en faire trop.
Ces prises de position contradictoires, de bonne et surtout de mauvaise foi, sont l’illustration de ce qui se joue dans le Nord-Cotentin. Il serait peut-être utile que des chercheurs étrangers à ce champ de bataille viennent lucidement l’observer et essayer de comprendre car, sur place, nous sommes comme (des) hagards, déboussolés, à la recherche du Nord.

Pierre PARIS
Antenne ACRO Nord-Cotentin

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Encore Plus Rassurant

ACROnique du nucléaire N°69 de juin 2005

Les ministres successifs nous l’ont assuré, l’EPR est dix fois plus sûr que les réacteurs actuels. Est-ce à dire que les réacteurs actuels ne sont pas si sûrs ? « Même si la sûreté des réacteurs aujourd’hui en exploitation en France est jugée satisfaisante, l’ASN considère que tout projet de nouvelle génération de réacteur électronucléaire doit atteindre un niveau de sûreté supérieur ». Pourquoi ? Dans sa fiche de présentation du projet, dont est tirée cette citation, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ne l’explique pas. Son Directeur, dans une lettre du 28 septembre 2004 adressée au PDG d’EdF, exige que « le risque de fusion du cœur [soit] réduit de manière significative ». Pas simplement « amélioré ». Pourquoi une telle exigence si les réacteurs actuels sont satisfaisants ? Ces documents, disponibles sur le site Internet de l’ASN, ne contiennent pas la réponse.

L’explication vient de calculs faits dans les années 90 par l’IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire, l’ancêtre de l’IRSN) sur la probabilité de l’occurrence d’un accident grave comme à Tchernobyl ou Three Miles Island. Ces études ont abouti à l’évaluation qu’il y a une chance sur 100.000 environ qu’un accident de fusion du cœur dû à des défaillances internes ait lieu. Ce chiffre est par réacteur et par an. Si on multiplie par 50 réacteurs fonctionnant pendant 40 ans, on arrive à quelques pourcents de chance, ce qui n’est pas anodin. Evidemment, ce chiffre évolue avec l’âge du réacteur et l’on ne peut pas multiplier par le nombre d’années aussi simplement. Mais, les corrections apportées par EdF pour réduire cette probabilité n’ont pas réussi à contrecarrer la prise en compte d’autres scénarios d’accident et le vieillissement des installations. Ainsi, la probabilité d’occurrence d’une fusion du cœur n’aurait pas baissé autant que l’on aurait pu l’espérer, selon la confidence d’un expert de l’IRSN. Mais impossible d’avoir des chiffres plus précis, l’ASN ne souhaitant pas communiquer sur un sujet pouvant « effrayer » les populations. Ainsi, la règle fondamentale de sûreté impose les calculs probabilistes sans donner de chiffres !

L’EPR 10 fois plus sûr signifie que la probabilité de l’occurrence d’une fusion du cœur ne doit pas dépasser une chance sur 1.000.000 par réacteur et par an. Il est louable de vouloir faire beaucoup mieux, mais la sûreté des populations nécessite de considérer le parc nucléaire dans son ensemble. Pour que la construction de l’EPR, complètement inutile d’un point de vue énergétique car EdF est en surcapacité de production, contribue à une amélioration de la sûreté des populations, il faudrait qu’elle s’accompagne de l’arrêt des réacteurs les plus dangereux.

Il est regrettable de réduire à un simple slogan la sûreté des réacteurs. Si les promoteurs de l’EPR veulent convaincre de l’intérêt de leur réacteur comme l’impose le principe de justification*, il faut qu’ils nous proposent des scénarios globaux avec la publication de tous les chiffres concernant la sûreté. C’est seulement dans ces conditions qu’un débat pourra avoir lieu.

De même, le fait que l’EPR ait un rendement supérieur au parc actuel et donc produise relativement moins de déchets nucléaires n’a un intérêt que si les réacteurs les plus anciens sont arrêtés. Dans la configuration actuellement prévue, l’EPR ne fera qu’augmenter la production totale de ces déchets pour lesquels aucune solution satisfaisante n’existe.

* Le principe de justification : La réglementation française impose que toute nouvelle pratique induisant une exposition aux rayonnements ionisants soit justifiée par son intérêt économique et social. Dit autrement, toute nouvelle exposition n’est acceptable que si elle procure un bénéfice aux personnes exposée ou à la société.

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Electeurs Parfaitement Représentés

ACROnique du nucléaire N°69 de juin 2005

Pour justifier la construction de l’EPR, comme l’impose la réglementation, le gouvernement a organisé un Débat National sur les énergies. Mais, contrairement aux attentes, les trois sages chargés de piloter le Débat avaient conclu : « qu’il est difficile, […] de se faire une opinion claire sur son degré de nécessité et d’urgence. […] Il a semblé que si le constructeur potentiel de l’EPR milite pour sa réalisation immédiate, c’est avant tout pour des raisons économiques et de stratégie industrielle. » Depuis, il n’y a pas eu de débat sur la politique industrielle de la France. Et l’EPR est devenu officiellement un « démonstrateur » pour pouvoir maintenir un savoir faire et « l’option nucléaire ouverte » quand les centrales actuelles seront arrivées en bout de course. Deuxième manque de chance pour la stratégie de communication des autorités, la Finlande a commandé en décembre 2003 un réacteur EPR prétendument fiable qui va précéder le « démonstrateur ». Bien qu’aucun argument justificatif supplémentaire n’ait été apporté, les Députés ont voté, en première lecture en juin 2004, la loi sur l’énergie préconisant la construction du réacteur.

De plus, selon Le Monde du 21 octobre 2004, « Alain Schmitt, directeur adjoint à la DGSNR (direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, le service du ministère de l’industrie qui joue le rôle de gendarme du nucléaire), l’indique clairement : “Le gouvernement voulait que l’examen de la loi au Parlement ait lieu avant que nous publiions notre prise de position.” Ainsi, la position prise par la DGSNR sur la sûreté d’un nouveau réacteur EPR a été cachée aux députés qui examinaient, au printemps [2004], le projet de loi sur l’énergie. Un des principaux sujets de cette loi était le lancement du réacteur EPR. » Et d’ajouter que « la discussion parlementaire s’est déroulée en mai sans que les députés aient d’autres éléments techniques sur le réacteur que des éléments généraux et tous favorables. Le “débat sur l’énergie”, qu’avait lancé en 2003 la ministre de l’industrie d’alors, Nicole Fontaine, avait été mené sans dossier précis sur l’EPR. Or le document que publie la DGSRN avait été établi en octobre 2000 lors de l’assemblée plénière du groupe permanent d’experts sur les réacteurs. »

C’est en octobre 2004 qu’EdF annonce avoir choisi la Normandie d’en Bas contre la Normandie d’en Haut pour l’implantation du réacteur. Elle a par ailleurs, saisi la Commission Nationale de Débat Public (CNDP) qui a, dans son avis du 1er décembre 2004, décidé qu’elle organisera un débat, « considérant que le débat national sur les énergies organisé par le Gouvernement au 1er semestre 2003 et les avis du Comités des Sages qui l’ont conclu ont fait apparaître une controverse sur le projet de réacteur de type EPR ; que le débat public a précisément pour but, non de trancher une controverse, mais d’approfondir et d’en éclairer les termes, après avoir assuré l’information et l’expression du public ». (Voir http://www.debatpublic.fr/) Elle a de plus considéré « certes que la loi d’orientation sur l’énergie, votée en première lecture en juin 2004 arrête les principes fondamentaux en la matière ; que cependant elle renvoie pour leur mise en œuvre à une programmation pluriannuelle des investissements dont la date d’approbation est à la discrétion du Gouvernement ; qu’ainsi le débat public est en mesure d’éclairer préalablement la décision d’investissement. »

Dans la nuit du 29 au 30 mars, les députés ont voté en deuxième lecture le projet de loi sur l’énergie qui, selon l’AFP, « donne le feu vert au lancement du réacteur nucléaire de 3e génération, EPR ». L’article 1er ter stipule que « le deuxième axe de la politique énergétique est de diversifier le futur bouquet énergétique de la France. […] L’Etat se fixe donc trois priorités. La première est de maintenir l’option nucléaire ouverte à l’horizon 2020. […] L’Etat appuie donc les démarches d’Electricité de France visant à construire un réacteur européen à eau pressurisée : l’EPR. » Les députés n’ont donc pas besoin d’être « éclairés » par le débat supposé avoir assuré « l’expression du public ». Leur dévotion au projet va jusqu’au soutien public. En effet, l’article 1er quater stipule que « la politique de recherche doit permettre à la France d’ici 2015, d’une part, de conserver sa position de premier plan dans le domaine de l’énergie nucléaire et du pétrole et, d’autre part, d’en acquérir une dans de nouveaux domaines en poursuivant les objectifs suivants : […]
–    le soutien à l’industrie nucléaire nationale pour la mise au point et le perfectionnement du démonstrateur EPR, en particulier dans le domaine des combustibles nucléaires innovants. »

Ce texte a été remanié depuis par le Sénat, sans rien changé sur le fond pour l’EPR. Pendant ce temps, le projet de loi sur la transparence nucléaire s’est perdu dans les méandres du pouvoir.

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Emplois Pour la Région

ACROnique du nucléaire N°69 de juin 2005

Dans « Reflets » n°51 daté de mars-avril 2005, le magazine de la région Basse-Normandie, il est écrit sous le titre évocateur« Méga chantier » : « EDF choisit le site de Flamanville pour la construction, à partir de 2007, du premier EPR (European Pressurized water reactor), réacteur nucléaire de 3ième génération destiné à remplacer les 58 autres actuellement en production en France. D’une durée de 6 ans et d’un coût de 3 milliards d’euros, ce chantier devrait générer près de 2000 emplois sur la période ». Notre épisode sur la sûreté aurait fait mouche et EDF s’apprêterait-elle à fermer ses 58 réacteurs ? Non ! C’est plutôt que les élus locaux rêvent déjà d’autres tranches dans l’avenir, en remplacement des réacteurs actuels, avec l’emploi comme dernier argument. Mais, en service, ce prototype nucléaire n’emploierait plus que près de 400 personnes.

Ce qui se passe en Finlande est instructif car l’on a en quelque sorte un « démonstrateur de démonstrateur » ! Or, le conglomérat japonais, Mitsubishi Heavy Industries, a annoncé le 18 mars 2004 qu’il fournirait la cuve du réacteur (Genshiryoku Sangyou Shimbun, 25 mars 2004). Les travaux ont commencé à Kobé au Japon et la cuve devrait être livrée fin 2006. Quant aux générateurs de vapeur, ils sont aussi en cours de construction… au Japon par Japan Steel Works ! (Nucleonics Week, 18.11.2004) Ainsi les éléments clés du fleuron de la technologie française seront fabriqués au Japon car il n’y a plus la capacité industrielle en France. Dommage qu’un débat sur la politique industrielle n’ait pas eu lieu ! En sera-t-il de même pour l’EPR normand s’il est onfirmé ? Selon l’usine nouvelle (26 mai 2005), il faudra plusieurs années de recherche pour mettre au point les capacités de production en France, car les concepteurs du projet EPR ne se sont pas attardés sur les questions de faisabilité industrielle. Un tel investissement ne peut être rentable que si le carnet de commande était plein, ce qui n’est pas le cas, même si les industriels rèvent tout haut de s’équiper pour contruire 50 réacteurs de par le monde avec le soutien de l’Etat.

Ce n’est donc pas très glorieux en termes d’emplois. Comme 2000 personnes à 2000€/mois pendant six ans coûtent (en multipliant par 2 pour tenir compte des charges) environ 500 millions d’euros, soit moins de 20% de que ce devrait coûter la construction de l’EPR, il doit sûrement y avoir une meilleure façon de créer des emplois avec 3 milliards d’euros. A titre de comparaison, le dossier de candidature de Paris au JO fait apparaître 43000 emplois pérennes créés pour 4,2 millions d’euros d’investissement supplémentaires à ceux déjà prévus de toutes façons par la mairie ! (Capital, avril 2005) Dans l’étude commandée par Greenpeace, « Eole ou pluton », le cabinet d’étude « Détente » étudie le cas d’école où cette somme était investie entièrement dans l’éolien et montre que cela produirait beaucoup plus d’emplois et d’énergie ! Bien entendu, un scénario plus intéressant serait d’investir cette somme dans des actions variées incluant les économies d’énergie pour lesquelles il y a un potentiel immense. En Allemagne, c’est l’emploi qui a été l’argument décisif pour ne pas renouveler le parc nucléaire…

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Evitons le Péril du Réchauffement

ACROnique du nucléaire N°70 de septembre 2005

C’est une ritournelle classique : nous n’aurions le choix qu’entre les risques associés au nucléaire et le péril du réchauffement climatique. C’est en tout cas la conclusion que Nicole Fontaine, alors Ministre de l’Industrie, a tirée du débat sur l’énergie qu’elle a organisé en 2003 : « c’est bien entre [ces] deux inconvénients qu’il nous faudra choisir ».

Les chiffres donnés par Benjamin Dessus et Hélène Gassin dans leur livre « So Watt ? » paru cette année aux éditions de l’Aube permettent de se sortir de cette « alternative infernale » : « Le secteur de la production mondiale d’électricité repose aujourd’hui à 65% sur les énergies fossiles (en particulier le charbon), 17% sur le nucléaire et 18% sur les énergies renouvelables. Il contribue à 40% des émissions de gaz carbonique (CO2) du système énergétique et autour de 20% des émissions totales de gaz à effet de serre mondiales ». Le « recours systématique au nucléaire pour toute installation nouvelle ou pour le renouvellement des centrales à charbon ou au gaz en fin de vie conduirait, compte tenu des prévisions d’augmentation des besoins d’électricité (un doublement d’ici 2030 selon l’Agence internationale de l’énergie), à construire chaque année l’équivalent du parc nucléaire mondial actuel, 400 centrales environ, plus d’une par jour. » Il apparaît donc que le développement du nucléaire ne permet pas d’échapper à une politique volontariste de réduction des gaz à effet de serre. Serions-nous donc condamnés au nucléaire et à l’effet de serre ?

Un débat sur l’énergie ne peut pas être limité aux moyens de production. En effet, avant de choisir entre deux « inconvénients », une réflexion s’impose sur l’utilisation de cette énergie. Et là, un consensus apparaît sur la nécessité de limiter notre consommation. Le premier des trois axes principaux de la politique énergétique présentée dans le livre blanc sur les énergies du Ministère de l’Industrie (7 novembre 2003) précise que « la politique de l’énergie doit d’abord s’appuyer sur la relance d’une véritable politique de maîtrise et d’efficacité énergétiques ». Mais, cette politique se limite actuellement à des incitations fiscales totalement insuffisantes devant l’enjeu. Le scénario Négawatt pour un avenir énergétique sobre, efficace et renouvelable  (http://www.negawatt.org/) montre, sur la base des technologies actuelles, qu’il serait possible de diviser par 2 environ la demande d’ici 2050 par rapport à un scénario qui prolonge la tendance actuelle. Cela revient à stabiliser la consommation au niveau de 1994. En Europe, d’autres études similaires sont arrivées à des conclusions proches. Mais il y a urgence à agir de façon énergique ! Certains choix structurels, comme l’EPR, pourraient tuer cette volonté de réduire notre consommation d’énergie en servant d’alibi.

L’argument « EPR=Evitons la Pénurie des Ressources » d’hydrocarbure n’a jamais été évoqué par les promoteurs du réacteur. C’est symptomatique d’une volonté de donner une image d’abondance et d’énergie « propre » au nucléaire, à l’encontre d’une politique efficace d’économie d’énergie. Rassurés, les consommateurs peuvent continuer à consommer sans vergogne pour soutenir la croissance. Combien de fois avons-nous entendu que grâce à ses 80% d’électricité d’origine nucléaire, la France était « vertueuse » ? La construction de l’EPR constitue donc un frein à une véritable politique énergétique. De plus, l’investissement colossal qu’il représente pourrait faire économiser beaucoup plus d’énergie que sa production, si cet argent était investi dans des mesures d’économie, qui, elles, créeraient des emplois…

Le réchauffement climatique est une aubaine pour l’industrie nucléaire qui a trouvé là un moyen de « verdir » l’image d’une activité à risque. Dans le cahier collectif d’acteurs du débat public, les administrations expliquent que « grâce à la part prédominante du nucléaire, filière non émettrice en CO2, le contenu en CO2 de l’électricité produite en France est d’environ 20 g de carbone émis par kWh, à comparer à 134 g pour l’Allemagne, 115 g pour l’Espagne ou 82 g pour la Belgique ». Soit, mais l’électricité nucléaire ne représente que 17% de l’énergie finale, comme le rappelle Global Chance dans ce même cahier. Ce sont les transports qui y contribuent le plus. Il est donc réducteur, voire malhonnête de la part des administrations, de ne considérer que l’électricité. D’un point de vue éthique, ce sont les émissions de CO2 par habitant qui sont à comparer entre pays. Le protocole de Kyoto sur les changements climatiques, impose que les émissions globales ne dépassent pas un niveau donné. On attend donc d’une administration qu’elle présente des chiffres globaux avec un scénario avec EPR et un sans EPR et en prenant en compte la pénurie de pétrole bon marché.

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Exportons la Production du Réacteur

ACROnique du nucléaire N°70 de septembre 2005
Toutes les citations et les chiffres de cet épisode sont tirés du cahier collectif d’acteurs publié pour le débat sur l’EPR. Et disponible sur son site Internet.

Selon les chiffres officiels de l’administration, en 2004, 78% de l’électricité produite en France était d’origine nucléaire. 11,3% de cette électricité a été exportée. D’un point de vue énergétique, il est inutile de construire un nouveau réacteur dont la production sera exportée, mais pas les déchets. D’autant plus que la France s’est engagée à produire 21% de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2010 et à promouvoir les économies d’énergie. Et, dans un contexte de libéralisation du marché de l’électricité, la part produite par EdF pour le marché national ne peut que diminuer.

L’enjeu est plutôt d’ordre industriel, car dans une logique purement énergétique, il serait plus économique de construire un réacteur éprouvé du « palier N4 », comme il en existe déjà 4 en France, donnant officiellement « satisfaction ». L’EPR à Flamanville a donc pour but officiel de tester ses capacités pour pouvoir, en 2015, décider du renouvellement du parc actuel et aussi offrir une vitrine à l’exportation. Pour faire ses calculs de coûts, l’administration se base sur une série de 10 réacteurs EPR, d’où le terme « tête de série » donné au réacteur et certains promoteurs rêvent tout haut dans la presse d’en exporter 50… Notons qu’historiquement les exportations françaises de réacteurs sont inférieures à 10 unités car les pays hôtes préfèrent développer une compétence nationale. Si le contexte était si favorable, comment expliquer que BNFL, le concurrent britannique d’AREVA veuille vendre sa filiale Westinghouse ? Pour la SFEN (Société Française d’Energie Nucléaire), « cela renforcera les chances de la France de nouer des partenariats commerciaux sur ce marché concurrentiel et confortera sa position de leader dans un des rares secteurs de haute technologie où elle fait la course en tête ». Cocorico. Aller chercher le nationalisme, c’est bien la preuve que l’EPR manque d’arguments convaincants.

Le ministère de l’industrie admet que le nucléaire est « le plus compétitif pour une production en base, c’est-à-dire une production constante tout au long de l’année ». Soit de l’ordre de 50% de la consommation d’électricité, et donc moins que les 78% actuels. Selon Global Chance, « l’analyse d’une large fourchette de scénarios d’évolution des besoins d’électricité en France montre que l’échéance raisonnable d’introduction de moyens de production de base ou de semi-base dans le parc de production électrique se situe dans la période 2026-2033 et non pas 2015-2020 comme l’affirment les partisans de l’EPR. » Et donc, il n’y a aucune urgence à construire l’EPR. C’est confirmé par l’association « Sauvons le Climat », animée par des physiciens nucléaires, pour qui « la réalisation de l’EPR permettrait d’arrêter, avec un peu d’avance, un ou deux des plus anciens réacteurs français ou, plus probablement, de ne les faire produire qu’en hiver ». Etant donné le coût d’une telle hypothèse, il est peu probable qu’EdF la retienne. La production électrique de l’EPR est donc pour l’exportation.

L’EPR servirait de « vitrine à l’exportation », mais il n’y a pas eu besoin de vitrine pour en vendre un à la Finlande. Face au coût exorbitant du « prototype » et aux risques encourus, il devrait être possible de monter une collaboration poussée avec la Finlande pour profiter de son retour d’expérience. Pour AREVA, « en l’absence de nouvelles commandes, l’ingénierie française serait privée de la taille critique, des moyens et des motivations nécessaires pour maintenir notre supériorité technologique ». Alors pourquoi sous-traiter au Japon la construction des éléments les plus techniques du réacteur finlandais, si « les équipes se dispersent, les savoir-faire s’estompent, les expériences acquises se diluent » comme le proclame la SFEN ? Les arguments avancés sont peu convaincants. Ce qui est sûr, c’est que l’EPR à Flamanville va renforcer la dépendance d’une région à une quasi mono-industrie et va à l’encontre de la volonté affichée par les autorités de diversifier les moyens de production de l’électricité.

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Erigeons des Pylônes Remarquables

ACROnique du nucléaire N°70 de septembre 2005

« Accepteriez-vous de vivre dans une maison sous une ligne Très Haute Tension ? » Voilà la question de confiance posée à Jean Bizet, sénateur de la Manche, par un participant au colloque « Quels impacts des lignes électriques Très Haute Tension ? » organisé à St-Lô le 28 mai dernier par la Confédération Paysanne. « Oui, si ma maison est survolée » a répondu le sénateur. On aura compris que la maison de Jean Bizet doit actuellement être épargnée par les couloirs de lignes et c’est tant mieux pour la famille Bizet et éventuellement ses animaux. En Effet,  même dévoué à la cause nucléaire, comment nier plus longtemps les effets des lignes Très Haute Tension (THT) et, plus largement, des champs électromagnétiques ?

Construire un EPR à Flamanville, soit, mais comme la consommation d’électricité n’est pas locale, il faut bien évacuer le courant produit. C’est la tâche du Réseau de Transport d’Electricité (RTE). Pour cela, il sera nécessaire de construire un couloir de lignes THT sur une longueur de 150 à 200 kilomètres. Un pylône tous les 500 m environ, 80 m d’emprise au sol [1]. Quand on sait qu’à 500 m d’une THT des effets peuvent être induits, c’est entre 15 000 et 20 000 hectares qui peuvent être touchés par ce couloir de ligne supplémentaire. D’un coût estimé entre 180 et 220 millions d’euros (estimation basse car on évoque déjà une majoration de 20 à 30 %), ce projet doit faire l’objet d’un débat public… ultérieur à la décision gouvernementale. Oublions un instant ces curiosités chronologiques et l’impact de 300 ou 400 pylônes dans le paysage pour s’intéresser à la partie la moins visible, à savoir les champs électromagnétiques.

Tant qu’on reste faiblement exposé à des champs électromagnétiques, il est assez aisé d’en parler avec distance, voire même un certain détachement. Les choses se gâtent lorsqu’une ligne THT bien réelle survole votre ferme et vos animaux.
1989 – St-Laurent de Terregatte, sud Manche : Serge Provost [2] et son fils sont producteurs de lait avec 70 vaches laitières. Leur exploitation est survolée par une ligne THT (2 x 400 000 volts depuis 1992) qui transporte le courant produit à la centrale de Flamanville (120 kilomètres au nord) vers les départements voisins. 4 mois après la mise sous tension de la ligne, M. Provost rencontre des problèmes avec ses animaux : induration des mamelles, taux de leucocytes élevés, 12 avortements spontanés, sans cause apparentes survenus entre 4 et 6 mois de gestation. Les analyses sanguines des animaux révèlent un excès d’urée ou de phosphore et un manque de cuivre. Débute alors un marathon judiciaire qui durera plus de 10 ans pour aboutir à ce que M. Provost et son fils abandonnent leur métier et leur troupeau. Dans l’entre-fait, Serge Provost aura beaucoup appris sur les champs électromagnétiques et sur les méthodes d’EDF qui n’hésita pas à couper le courant dans la ligne le jour d’une expertise judiciaire !

Le cas des Provost n’est hélas pas un cas isolé. Les géobiologues qui interviennent sur des exploitations agricoles d’élevage en savent quelque chose [3]. Les animaux sont beaucoup plus sensibles que les êtres humains à l’exposition aux champs électrique et magnétique (voir encadré en fin d’article).
Le développement de l’électricité a engendré un quadrillage du territoire. Outre les pertes du réseau, la mise à la terre des différentes installations (lignes MT, THT, transformateurs, antenne de téléphonie mobile…) peut générer des courants vagabonds. Suivant la configuration du terrain qu’ils traversent (fissures ou failles géologiques, cours d’eau souterrains…), ces courants vont être potentialisés. Si une habitation ou des bâtiments d’élevage se trouvent sur leur parcours, des répercussions peuvent avoir lieu. La mise à la terre des installations agricoles chère au Sénateur Bizet ne règle pas tous les problèmes. Des études géobiologiques au cas par cas sont nécessaires. A proximité d’une THT (jusqu’à 500 m), des courants peuvent être induits [4] dans les tubulures d’une salle de traite par exemple. A partir de 6 milliampères, des baisses de production et des pathologies apparaissent chez les bovins et ovins [5]. Les effets des champs électromagnétiques ne sont pas réservés aux seuls animaux d’élevage mais peuvent affecter les êtres humains agriculteurs ou pas (maux de tête à répétition, perte de sommeil, dépression,  cancer du sein, leucémie…).

« Toutes les choses sont dites ». Pour Pierre Le Ruz, docteur en physiologie, directeur de recherches et expert européen des champs électromagnétiques, et son confrère Roger Santini, les effets des champs électromagnétiques sont connus et ne peuvent être tus plus longtemps. Ces chercheurs alertent, avec d’autres scientifiques depuis 1992 [6], sur la dangerosité des champs électromagnétiques d’Extrêmement Basse Fréquence (EBF [7]), en particulier sur l’augmentation du risque de leucémie chez l’enfant exposé à ces champs. Mais… tout le monde n’est pas de cet avis.

Le lecteur un peu familier des sujets traitant du nucléaire et de la santé des populations aura sans doute noté la ressemblance des termes « champs d’Extrêmement Basse Fréquence » et les « faibles doses des rayonnements ionisants ». Nous allons le voir, la ressemblance ne s’arrête pas là. Dans le milieu nucléaire, si les effets des faibles doses et le principe de linéarité sans seuil [8] sont admis par la plupart des instances internationales, ils demeurent des sujets controversés. Quelques professeurs de haut vol, membres des académies de Médecine ou des Sciences de surcroît, remettent en cause ce principe de linéarité sans seuil. Georges Charpak, Maurice Tubiana, André Aurengo sont de ceux-là. Si seulement nous pouvions admettre que les faibles doses radioactives sont absolument sans effet, l’avenir serait radieux à l’ombre des installations nucléaires ! Pour les exploitants tout d’abord. Mais ce n’est pas le cas.  Président de la commission qui porte son nom, chargée de faire la lumière sur les conséquences des retombées du nuage de Tchernobyl en France, André Aurengo fait également partie d’un groupe d’experts [9] rattaché au Conseil Supérieur d’Hygiène de Publique de France qui a remis le 8 novembre 2004 à la Direction Générale de la Santé (DGS) un rapport sur les extrêmement basses fréquences (EBF).

Dans leur rapport à la DGS, le groupe d’experts indique que l’implication des champs électriques EBF dans le risque de cancer a été écartée car, selon eux : «  les champs électriques EBF sont atténués par les parois des habitations et par la peau. Ils ont été peu étudiés. La quasi totalité des études les concernant sont négatives ». Pierre Le Ruz et Roger Santini [10] n’ont pas manqué de réagir en soulignant « l’existence d’incohérences, d’insuffisances et d’omissions » du rapport remis à la DGS. Outre le fait, omis par les auteurs du rapport, que les enfants sont exposés à des champs présents dans leur environnement (électroménagers, appareils électriques…), des études scientifiques montrent  que dès 10 V/m, le champ électrique EBF augmente significativement le risque de leucémie chez l’enfant. Chez l’adulte, le champ électrique EBF augmente aussi de façon significative le risque de leucémie, dès une moyenne annuelle, de 345 V/m et le risque de tumeur du cerveau chez les travailleurs d’EDF dès une moyenne annuelle de 387 V/m. De plus, dans les études citées par R. Santini et P. Le Ruz, l’existence d’une relation de type dose-effet [11], établie ou probable, est rapportée pour le champ électrique EBF. Il serait trop long ici de détailler le manque de rigueur du rapport à la DGS. On peut toutefois préciser que, contrairement à ce que le rapport affirme, des études présentent les mécanismes permettant d’expliquer les effets cancérogènes des extrêmement basses fréquences. Forts du résultat de ces études, Santini et Le Ruz affirment qu’il n’est plus acceptable que des enfants et des adultes continuent d’être exposés à des champs électriques d’Extrêmement Basse Fréquence supérieurs à 10V/m et ou à des champs d’induction magnétique EBF supérieurs à 0,2 microTesla.

Qu’en est-il des normes actuelles ? En l’absence de la preuve de l’innocuité des champs électromagnétiques, on pourrait imaginer que le principe de précaution s’applique et que le parlementaire légifère en ce sens en prenant en compte les effets à long terme. Imaginons…
La recommandation du Conseil de l’Europe indique une valeur de 100 microTeslas [12] pour le public afin d’éviter tout effet nocif pour le système nerveux central [13]. C’est celle retenue par les parlementaires français. Les normes européennes et françaises sont plus sévères pour la protection des matériels (de l’ordre de 0,5 microTesla pour un ordinateur). Sans doute davantage pétris de précaution, les parlementaires européens avaient décidé d’une limite à 0,25 microTesla pour le public. En juillet 2001, l’OMS a classé les champs magnétiques 50/60Hz dans le groupe 2b « cancérogènes possible pour l’homme » en raison du risque statistique de leucémie pour l’enfant exposé à un champ supérieur à 0,4 microTesla.

On aimerait volontiers afficher l’absence d’hésitation du sénateur Bizet à la question de vivre ou non sous une ligne très haute tension. Cependant, trop d’éléments invitent à relativiser les propos les plus optimistes. Du côté des experts et des académies, les errements du passé (amiante, dioxines) ou les approximations du présent (OGM) invitent là encore à prendre leur avis et leur indépendance avec précaution. Pour imposer l’EPR, il aura d’abord fallu enterrer les conclusions du Débat National sur les énergies sensé donner de la pluralité et de l’ouverture à un sujet qui en manque. Le corollaire de l’EPR – le couloir de lignes THT- présente lui aussi des risques qui ne peuvent rester cantonnés éternellement hors du champ des préoccupations de santé publique.

Grégory Grisel
Antenne Nord-Cotentin

(1)    …et 2874 euros par pylône et par an de taxe versée aux communes. Quant aux postes électriques (zone de séparation ou de regroupement des lignes), c’est environ 250 000 euros que se partageront la commune, la communauté de communes, le département et la région qui les « supportent ». De quoi aiguiser les appétits.
(2)    Serge Provost est par ailleurs cofondateur de l’association « Animaux sous tension » (Animaux sous tension,  Kerangoarec, 29300 ARZANO).
(3)    Voir en particulier le chapitre « Géobiologie et élevages » rédigé par Luc Leroy, géobiologue, dans l’ouvrage collectif « la géobiologie et vous  – guide pratique – Apprendre à gérer l’harmonie ! », Editions Mosaïque.
(4)    La fréquence des courants dont il est fait état ici est de 50Hz. Les champs électriques et magnétiques à de fréquence plus élevée (ordinateurs, téléphones portables…) sont également à considérer avec attention en ce qui concerne leurs effets sur la santé.
(5)    Certains pays (Québec, Canada) imposent des zones d’exclusion d’exploitation agricoles sous les couloirs de lignes.
(6)    La  connaissance des effets des champs électromagnétiques n’est pas nouvelle. Dès 1965, J-P. Maschi lance l’alerte d’un lien possible entre sclérose en plaques et contrainte électromagnétique. Il fût radié de l’Ordre des Médecins.
(7)    Les EBF sont des fréquences inférieures à 1kiloHz (kHz) soit 1000 Hz. Le courant électrique 50Hz entre dans cette catégorie.
(8)    Le principe de linéarité sans seuil signifie que pour toute dose absorbée, aussi petite soit-elle, il y a un effet biologique. Quoique décriée, cette hypothèse pourrait être sous-estimée comme l’indiquent de récents travaux portant sur l’effet « bystander ou non-cible ». Voir le dossier « l’impact des faibles doses de radioactivité sur l’organisme humain » ACROnique du Nucléaire n°69, juin 2005.
(9)    Rapport à la DGS : A. Aurengo, J. Clavel, R. de Sèze, P. Guénel, J. Joussot-Dubien, B. Veyret – « champs magnétiques d’extrêmement basse fréquence et santé » – 8 novembre 2004, 61 pages.
(10)    Extrêmement Basses Fréquences : commentaires sur le rapport à la DGS d’un groupe d’experts rattachés au Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France par Roger Santini et Pierre Le Ruz, 21 mai 2005.
(11)    Relation dose-effet : plus l’exposition (la dose, les champs électromagnétiques dans le cas présent) augmente, plus les effets augmentent (risque de cancer pas exemple). Cette relation peut être linéaire ou pas, avec ou sans seuil.
(12)    Recommandation du Conseil de l’Europe 12 juillet 1999 cité par P. Le Ruz.
(13)    Guère mieux loti, le monde du travail voit s’appliquer des valeurs de 10 kV/m pour le champ électrique et 500 microTeslas pour le champ magnétique.

Le champ électrique : il est lié à la tension, c’est-à-dire aux charges électriques. Il se mesure en volt par mètre (V/m). Il diminue avec la distance. Toutes sortes d’obstacles (arbres, cloisons…) peuvent le réduire, voire l’arrêter. Sous une ligne THT, le champ électrique peut atteindre 3000 V/m.

Le champ magnétique : il est lié au mouvement des charges électriques, c’est-à-dire au passage d’un courant. Lui aussi diminue rapidement en fonction de la distance, mais aucun écran efficace et peu coûteux ne peut agir comme protection. Il se mesure en Tesla (T) et généralement en microTesla (µT). Une autre unité, le Gauss (G) est également employée ; 1 milliGauss (mG) = 0.1 µT

La combinaison de ces deux champs conduit à parler de champ « électromagnétique ». Tous les champs se caractérisent également par une fréquence, c’est-à-dire un nombre d’oscillations dans un temps donné. Cette fréquence se mesure en Hertz (Hz). Le réseau électrique fonctionne à la fréquence de 50Hz.

Source : colloque « Quels impacts des lignes électriques très haute tension ? » Confédération Paysanne, St-lô, 28 mai 2005

Sommaire


Epilogue : notre Position sur le Réacteur

Nous vous invitons à lire, en guise d’épilogue, notre contribution écrite au débat national concernant le réacteur EPR. Cette contribution reprend certains points développés dans ce feuilleton. Vous pouvez aussi consulter notre contribution au débat national sur les déchets nucléaires.

Contribution de l’ACRO au débat sur l’EPR
Contribution de l’ACRO au débat sur les déchets nucléaires de haute activité et à vie longue

Ancien lien

La Tomographie par Emission de Positons : la TEP

ACROnique du nucléaire n°68, mars 2005


Cette technique récente d’imagerie médicale, aussi connue sous l’abréviation anglaise PET Scan, est utilisée par le centre de recherche CYCERON, situé à Caen dans le Calvados. Ce laboratoire de recherche et d’investigation biomédicales a commandé à l’ACRO une étude d’impact précédent des travaux d’agrandissement. Nous profitons de cette étude pour faire le point sur cette technologie.


La tomographie par émission de positons  est un examen d’imagerie médicale qui permet de visualiser les activités du métabolisme, plus précisément des tissus, chez les humains. Elle diffère des technologies conventionnelles aux rayons-X  et par résonance magnétique qui se limitent aux images de l’anatomie. Les changements physiologiques précèdent les changements anatomiques et, par conséquent, la tomographie par émission de positons permet de déceler à une phase plus précoce les dommages métaboliques et ainsi à aider à contrer leur progression.  Les images sont obtenues par injection dans l’organisme d’une molécule radioactive marquée par des isotopes du carbone, du fluor ou de l’oxygène (émetteurs de positons).Cette technique permet de localiser, en chaque point d’un organe, une substance marquée par un radioélément administré à un sujet vivant, et de suivre dans le temps l’évolution de cette substance. Elle fournit ainsi une image quantitative du fonctionnement de l’organe étudié.

Protocole

C’est une scintigraphie faite après l’injection par intraveineuse d’un produit radioactif (traceur) : le 18F-fluoro-désoxy-glucose ( 18F-FDG). L’activité injectée est fonction du poids du patient, elle varie  de 180 à 300 MBq. Pour un individu adulte à qui l’on injecte 300 MBq de 18F-FDG, la dose efficace reçue sera de : 5,7 mSv. [elle sera de 3,42 mSv pour une injection de 180 MBq…]. Cette dose efficace reçue varie avec l’âge de l’individu :
– Pour un enfant de 10 ans, la dose sera de 10,8 mSv pour 300 MBq injectés (ou de 6,48 mSv pour 180 MBq.)
– Pour un enfant de 5 ans, la dose sera de 9 mSv pour 180 MBq injectés (on présume qu’on n’injectera pas 300 MBq pour un petit poids corporel…)
Ces doses sont à comparer avec la limite d’exposition annuelle pour le public qui est de 1 mSv par an, limite réglementaire fixée pour la quantité d’irradiation qu’un individu peut recevoir à partir de sources artificielles, en excluant, bien évidemment, les sources médicales et naturelles. Les limites autorisées pour les travailleurs du nucléaire sont plus élevées (6 ou 20 mSv/an selon la catégorie). L’irradiation naturelle est en moyenne, en France, de l’ordre de 2,4 mSv/an.

Ce traceur (18F-FDG) est semblable au glucose (sucre) il est absorbé dans les parties du corps où son métabolisme est le plus actif, (le cœur , le cerveau, le foie etc, ainsi que les tissus cancéreux). La caméra TEP détecte les rayonnements qui proviennent des organes du patient et est équipée d’un système informatique capable de donner des images précises, en 3 dimensions, de la répartition du traceur ; on peut ainsi visualiser le fonctionnement des organes, des tissus, des cellules et leurs activités.

Développée au départ pour les recherches scientifiques sur le cerveau et le cœur, (elle permet de déceler et de localiser les lésions cérébrales qui causent l’épilepsie ou les malformations dans les muscles du cœur) ; la TEP  est aujourd’hui fréquemment utilisée en cancérologie car elle permet de déceler les tumeurs cancéreuses à une étape plus précoce que  les autres formes d’imagerie et de déterminer avec précision si une tumeur est de nature bénigne ou maligne.

Production d’isotopes

La très courte durée des radionucléides utilisés en TEP nécessite leur production par un  cyclotron sur le site même de l’utilisation. Les radionucléides (oxygène (15O), azote(13N), carbone (11C) et fluor (18F)) sont produits par réaction nucléaire, en bombardant par un faisceau de particules accélérées, des cibles constituées par des éléments naturels appropriés. A cette fin, il peut délivrer deux types de faisceaux, chacun ayant une énergie fixe prédéterminée.
·  Faisceau de protons (noyaux de l’atome d’hydrogène)
·  Faisceau de deutons (noyaux formés par l’association d’un proton et d’un neutron)

Synthèse des molécules marquées

Le laboratoire de Chimie réalise le marquage et la synthèse des molécules d’intérêt biomédical destinées à véhiculer ces radioéléments vers l’organe étudié, par injection intravasculaire. Tous ces radionucléides se caractérisent par une demi-vie très brève : 50% du radionucléide produit a disparu par émission d’un positon au bout de 2 minutes pour 150, au bout de 2 heures pour 18F. Le marquage doit donc être effectué très rapidement. De plus, les rendements de synthèse sont faibles, ce qui impose un travail à un niveau de radioactivité élevé.

Caméra à Positon

La caméra à positon enregistre les désintégrations de l’isotope injecté au patient et permet ainsi  l’acquisition des images. Cet appareil a l’aspect d’un scanner ou d’une IRM même si le principe de fonctionnement est différent. Lors de l’examen, le patient est allongé sur un lit qui se déplace à l’intérieur d’un anneau détecteur, l’examen dure de 20 à 40 minutes. Depuis 1997, à Cycéron, avec la mise en pleine exploitation de la nouvelle caméra ce sont 450 examens TEP qui sont réalisés et analysés chaque année, à la demande de médecins en vue d’affiner un diagnostic ou de suivre l’efficacité d’un traitement.

Effets secondaires pour le patient et son entourage

En raison de l’activité des radionucléides injectés (même si ils ont une durée de vie courte), cet examen est contre indiqué aux femmes enceintes, aux mères allaitant, (la radioactivité se retrouvant dans le lait, il faut suspendre provisoirement l’allaitement) et les contacts avec les jeunes enfants et les femmes enceintes sont à éviter  la journée suivant l’examen. Des précautions sont donc à prendre vis à vis du milieu familial, professionnel ou hospitalier  pendant environ 12 heures, temps moyen pour que la plus grande partie de la radioactivité ait disparu.

La justification et l’optimisation des doses

Les pratiques médicales qu’elles soient à visées diagnostiques ou thérapeutiques constituent en France la principale source d’exposition aux rayonnements ionisants d’origine artificielle (avec, bien évidemment, une disparité importante selon les personnes). Le développement de la médecine nucléaire contribue également  à disséminer des éléments radioactifs dans l’environnement (par les patients et par les installations.)

L’exposition aux rayonnements ionisants doit apporter un avantage supérieur au  préjudice qu’ils peuvent provoquer. Ce principe fondamental de justification doit être respecté, le principe d’optimisation, qui impose d’obtenir le meilleur résultat pour la moindre dose, doit également être une priorité de santé publique. Les effets pathogènes des rayonnements ionisants exigent un encadrement et une maîtrise et, surtout, une prise de conscience qui restent à construire.


Glossaire :

Becquerel (Bq) : unité standard internationale de mesure de la radioactivité équivalant à une désintégration par seconde. MBq : million de Becquerels

CYCERON : Abréviation pour : cyclotronchimiepositon. CYCERON associe une équipe technique ayant la charge des équipements lourds (cyclotron, radiochimie, caméras) et de l’infrastructure ainsi que des équipes de recherche relevant du CEA, du CNRS, de L’INSERM, de l’université de Caen et du CHU de Caen

Dose efficace : L’unité est le sievert (Sv). Pour les besoins de la radioprotection on a défini une grandeur appelée dose efficace qui essaie de tenir compte, chez l’homme, des dommages radiologiques occasionnés. Une même dose de rayonnement ne provoque pas les mêmes dommages suivant qu’il s’agit d’irradiation ou de contamination, suivant le type de rayonnement et enfin suivant la nature des tissus touchés. (mSv = milli sievert).

Positon ou positron : antiparticule associée à l’électron, de charge positive et de mêmes caractéristiques que l’électron.

Ancien lien

Surveillance radioécologique 2001-2003 de l’environnement marin du chantier de démantèlement de l’ancienne conduite de rejets en mer Cogéma-La Hague

Surveillance 2001-2003 de l’environnement marin du chantier de démantèlement de l’ancienne conduite de rejets en mer Cogéma-La Hague