L'ACROnique de Fukushima :
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Actualités à partir du 11 mars 2013
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Suivi chronologique de l'an III

Sommaire

Contaminations radioactives
- Sols
- Eau douce
- Alimentation
- Mer
- Impact sur la faune et la flore

Evacuation ou vie dans les territoires contaminés

• Décontamination et déchets radioactifs
- Décontamination et retour des habitants
- Déchets

Impact sanitaire pour la population

Doses et conditions de travail à la centrale

Arrêt du nucléaire et situation énergétique

Coûts de la catastrophe

Accident nucléaire
- Généralités
- Gestion de l'eau contaminée
- Réacteur n°1
- Réacteur n°2
- Réacteur n°3
- Réacteur n°4
- Réacteurs n°5&6

Divers
L’an un de la catastrophe est décrit dans un autre fichier qui commençait à être trop long. Il a été rédigé en direct, au jour le jour. Je le laisse ainsi, avec toutes ses fautes de frappes, son français parfois approximatif et ses liens qui ne sont peut-être plus valables. Car ce travail est entièrement fait bénévolement.
Les archives de l'an deux sont ici.

Nous continuons aussi la reconstitution des premières heures de l'accident en fonction des information glanées ça et là. C'est ici en français.

Nous avons aussi rédigé deux rapports qui font un bilan de la première année de la catastophe :
- Rapport sur les initiatives citoyennes au Japon suite à la catastrophe de Fukushima, février 2012 (pdf, 1,4 Mo)

- Les enseignements de Fukushima : Contribution de l'ACRO au rapport de Greenpeace International, février 2012 (pdf, 4,6 Mo). Une version anglaise, espagnole et allemande sont aussi disponibles.


Ce qui suit, est essentiellement basé sur la presse japonaise, quelques blogs et sites officiels pertinents, ainsi que sur des informations transmises directement par quelques personnes avec qui nous sommes en contact.




[haut de page]
Contaminations radioactives


Mercredi 12 juin, un lecteur nous a signalé le dernier bilan que TEPCo a fait des rejets aériens des trois réacteurs où il y a eu fusion du coeur. C'est en japonais et je n'ai pas trouvé de version anglaise. Il date du 30 mai 2013.
Il est écrit que le rejet atmosphérique pour les trois réacteurs est de l'ordre de 10 millions de Bq/h (10 MBq/h). Je pense que cela ne prend en compte que le césium. Si l'on multiplie 24 h et 365 j, on arrive à presque 88 milliards de Bq/an (88 GBq/an). C'est beaucoup plus que les rejets aériens d'une centrale nucléaire en fonctionnement normal et même que les rejets aériens en césium de l'usine de retraitement de La Hague.
Les graphes montrent que ces rejets sont stables depuis un an.
TEPCo évalue l'impact sanitaire à la bordure du site à 0,03 mSv/an. Il n'est pas dit comment ils ont fait le calcul. C'est moins que ce qui dû à la contamination des sols au même endroit, mais ce serait jamais accepté pour une centrale en fonctionnement normal.

Dimanche 7 juillet, le laboratoire de mesure de la radioactivité mis en place avec l'aide de l'ACRO, Chikurin-sha, est opérationnel et reçoit de nombreuses demandes d'analyse. Des photos prises ce jour sont en ligne.


Contamination des sols

Mardi 12 mars 2013, le MEXT a mis en ligne des doses cumulées mesurées au-delà des 20 km. Les chiffres affichés sont en microsieverts. Au point 32, ce sont 205 millisieverts qui ont été accumulés alors que la limite annuelle avant un accident est de 1 millisievert !

Mardi 26 mars, le MEXT a mis en ligne des doses cumulées sur un mois, mesurées à l'aide de dosimètres. Les valeurs sont en millisievert. Au point 32, connu pour être particulièrement contaminé, la dose est de 5,9 mSv alors que la limite maximale admissible en temps normal est de 1 mSv. Sur une plus grande période, la dose cumulée en ce point est de presque 209 mSv. Attention, les chiffres sont cette fois-ci en microsieverts.

Vendredi 5 avril, les autorités régionales de Fukushima ont changé les détecteurs qui mesurent en continu la radioactivité ambiante en plusieurs points du territoire. Résultat, la contamination ambiante a baissé drastiquement et presque été divisée par deux par endroit ! A Kôriyama, c'est passé de 0,51 à 0,27 microsieverts par heure. A Minami-Sôma, de 0,30 à 0,14. Dans les deux cas, la position du détecteur a été déplacée de 80 et 45 m respectivement, vers une zone qui a été décontaminée auparavant... Par ailleurs, la technologie n'est pas la même et les deux détecteurs, portable pour l'ancien et fixe pour le nouveau, qui affichent un écart de 20%... à la baisse. Les anciennes mesures étaient en microsievert par heure et les nouvelles en microgray par heure.
Les autorités prétendent avoir choisi un lieu plus accessible et plus visible des habitants.
Voir un reportage d'une télé locale à ce sujet (en japonais) et des explications en anglais sur un blog bien informé.
Pour comprendre : le gray est l'unité de mesure de l'énergie déposée par les rayonnements. Le sievert prend en compte l'efficacité biologique, car certains rayonnements sont plus nocifs que d'autres. En cas de contamination, pour les rayonnements bêta et gamma, 1 sievert = 1 gray. Mais, dans le cas d'une contamination surfacique et de la mesure du rayonnement ambiant, on choisit 1 sievert x 0,8 = 1 gray.

Mardi 23 avril, selon le Yomiuri, il y a 389 balises de mesure de la radioactivité dans le pays, situées dans un rayon de 30 km des installations nucléaires, mais 40% d'entre elles (160) n'ont pas de générateur électrique de secours. Et de montrer le cas d'une balise nouvellement installée à 11 km de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Les câbles électriques sont prêts, mais il n'y a pas de générateur ou batterie de secours.
De nombreuses autres balises sont équipées de batteries de secours qui ont une autonomie très courte, de quelques minutes. Elles peuvent faire face à une coupure électrique due à l'orage, par exemple, mais pas à un arrêt prolongé. Pour les autres, l'autonomie varie de 1 à 7 jours en fonction des cas.
Selon les nouvelles règles, c'est le gouvernement qui a la charge des balises, mais il s'est déchargé sur les pouvoirs locaux pour leur installation. Un responsable de la province de Niigata explique que les fonds versés ne permettent pas de financer le générateur électrique...
En 2012, le gouvernement a débloqué 8,9 millions de yens (89 000 euros) pour augmenter le nombre de balises qui est passé de 162 à 389.
Dans la province de Shimané, deux nouvelles balises ont été installées suite à l'extension de la zone d'évacuation à 30 km : aucune n'a de générateur de secours et elles saturent à 10 microsieverts par heure alors que le seuil d'évacuation immédiate est de 500 microsieverts par heure... Les autorités régionales prévoient l'utilisation de véhicules équipés pour faire face à la situation, ce qui entraînera l'exposition des conducteurs en cas d'accident.
Il n'y a pas d'instructions spécifiques pour ces balises et chaque province se débrouille comme elle peut.

Mercredi 8 mai, on trouve encore des points chauds. Dans la ville de Fukushima, deux parkings viennent d'être fermés après qu'une association ait découvert une contamination anormalement élevée : 430 000 Bq de césium par kilogramme de sol. La contamination des autres points dépasse aussi 100 000 Bq/kg et le débit de dose varie de 0,6 à 3,8 microsieverts par heure. 100 000 Bq/kg, c'est la limite à partir de laquelle les autorités classent les déchets en déchets radioatifs nécessitant un traitement spécial. Plus de deux ans après les rejets massifs, une cartographie précise de la contamination reste à faire.

Mardi 28 mai, les autorités ont remis les compteurs à zéro le 1er avril dernier pour les dosimètres en différents points situés au-delà des 20 km. Les doses cumulées indiquées couvrent donc la période qui va du 1er avril au 2 mai 2013, soit un mois. Au point n°32, il y a quand même 8,4 mSv !

Mardi 11 juin, près de 80% des rizières situées à proximité de Sendaï (Miyagi) qui ont été noyées par le tsunami de 2011 ont été désalées et du riz a pu être planté. 1 600 hectares ont été désalés et le riz semble pousser normalement.
Pour le césium, ce sera beaucoup plus long...

Mardi 18 juin, l'autorité de sûreté nucléaire a mis en ligne une présentation en anglais de l'évolution de la contamination radioactive dans la province de Fukushima. Cela a baissé en moyenne de 40% durant les deux premières années, à cause du césium 134 qui a une demi-vie de 2 ans, et du lessivage des sols. Comme le montre la page 14, maintenant, cela baisse beaucoup moins vite à cause du césium 137 qui a une demi-vie de 30 ans et qui va donc continuer à contaminer le Japon pendant des siècles. La cartographie actuelle va évoluer beaucoup plus lentement à partir de maintenant.

Jeudi 27 juin, des chercheurs japonais de la JAEA ont publié (enfin !) une carte de la contamination en iode 131. L'article est en accès payant. La carte ne correspond pas exactement à celle du césium. Le Sud de la centrale a été particulièrement touché par l'iode et plus épargné par le césium. Ces faits étaient déjà connus depuis longtemps, notemment, suite aux prélèvements faits par les universités japonaises.
Comme l'iode 131 a rapidement disparu grâce à sa courte demi vie (8 jours), les chercheurs ont mesuré l'iode 129 dans les sédiments et sont remontés à la concentration en iode 131, car les deux isotopes de l'iode se dispersent de la même façon.
Les cartes sont en libre accès sur le site de la JAEA, avec des commentaires et un communiqué en japonais.

Jeudi 4 juillet, des chercheurs ont utilisé une caméra gamma pour rechercher des points chauds dans la ville de Fukushima et ont trouvé une mousse sur un toit qui avait une contamination élevée. Ils ont mesuré jusqu'à 1,78 million de becquerels de césium par kilo. Le débit de dose à 1 m dessus de la mousse était de 0,5 mSv/h. La ville de Fukushima est située à 50 km de la centrale, et n'est pas évacuée.

TEPCo a mis en ligne des résultats d'analyse de sol du site de la centrale. Il y a jusqu'à 400 000 Bq/kg de sol sec en césium.

Samedi 3 août, quatre débris très radioactifs ont été découverts à Naraha, à une quinzaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi, à une centaine de mètres de l'embouchure de la rivière Idégawa. Le débit de dose total (bêta plus gamma) au contact du premier débris découvert est de 1 mSv/h. Ce sont des décontamineurs qui sont tombés dessus. Depuis, TEPCo en a trouvé 3 autres qui tiennent tous dans la main et ressemblent à du caoutchouc gris. Le débit de dose au contact peut atteindre 36 mSv/h. L'origine demeure indéterminée, mais la contamination en césium 134 est environ à la moitié de la contamination en césium 137, ce qui laisse penser que cela vient de la catastrophe de Fukushima.
Il faudrait confier ces débris à un laboratoire extérieur à TEPCo pour faire toute la lumière.

Mercredi 4 septembre, la région de Tôkyô a mis en ligne un site en anglais qui présente les résultats de mesure de la radioactivité dans la capitale pour rassurer les étrangers et le Comité International Olympique.

Mardi 1er octobre 2013, un club d'alpinisme de Fukushima a établi une carte de la contamination des montagnes de la région. Fukushima Tokokai a mesuré le débit de dose sur 143 montagnes entre octobre 2011 et septembre 2013. Il y a 10 points de mesure par montagne, comme le point de départ, d'arrivée, le sommet, etc... C'est la Toratori-yama, près d'Iitaté et Daté, qui est la plus contaminée. Il y avait jusqu'à 6,6 microsievert par heure. A Hi-yama, près de Nihonmatsu, il y avait jusqu'à 5,2 microSv/h. A Nekonaki-yama, dans la commune d'Iwaki, et à Kamakura-daké, dans la commune de Tamura, c'était 5,1 microSv/h.

Mardi 8 octobre, une association a fait des mesures de débit de dose dans des sites présentis pour les JO de 2020 à Tôkyô et les environs. Elle a trouvé des lieux où cela dépasse 0,23 microsievert par heure à 1 m du sol, qui correspond au seuil à partir duquel une décontamination doit être effectuée. Ce groupe n'a fait des mesures qu'à Tôkyô et ses environs, pas dans d'autres sites potentiels situés dans le Tôhoku.
La plus forte contamination était dans le stade Yumenoshima dans le district de Koto. Jusqu'à 0,484 microsievert par heure à 5 cm du sol ont été découverts. Et il y avait 3 000 Bq de césium par kilogramme de terre. Le groupe ne sait pas pourquoi une telle contamination en ce lieu a été trouvée. L'ACRO avait aussi mesuré une contamination anormalement élevée pour Tôkyô dans cet arrondissement au tout début de la catastrophe : c'était dû à l'incinérateur de boues de station d'épuration.
D'autres lieux sont mentionnés dans l'article de l'Asahi. Les données ont été envoyées au CIO qui n'a pas réagi. Les autorités régionales se refusent à envisager une décontamination.

-> Définition de zones contaminées en Biélorussie (1991)
-> Cartographie des débits de dose ambiants fait par un réseau amateur
-> Cartographie des débits de dose mesurés par le MEXT
-> Carte dessinant les contours des données précédentes (Version n°7)
-> D'autres cartes sont disponibles ici
-> Carte des dépôts de césium 137 faite par l'université de Tsukuba
-> Cartes en anglais sur le site du Ministère des Sciences et Technologies (il y en a plus en japonais)
-> Carte consultable point par point faite par les universités japonaises (version anglaise en pdf)
-> Carte montrant le parcours des masses d'air contaminées
-> Carte interactive de la contamination (cliquer sur le bouton de gauche tout en bas de la page d'accueil)
-> Débits de dose dans les écoles de Fukushima et autres lieux publics en temps réel (la plupart de ces lieux ont été partiellement décontaminés et la valeur affichée n'est pas représentative de la région)
-> Carte regroupant des analyses faites sur la substance noire (matière organique décomposée ?).
Contamination de l'eau douce

Les rivières du Nord-Est du Japon qui s'écoulent du côté Pacifique sont quasi-systématiquement contaminées. Les données du MEXT (Ministère des sciences et technologies), qui commencent à dater, sont maintenant disponibles en anglais.


Lundi 22 avril, l'Asahi a fait mesurer par le CRMS, un réseau de stations de mesures citoyennes à Fukushima, de la boue de deux piscines scolaires de la ville de Fukushima et d'une de Minami-Sôma. Ces piscines n'ont pas été vidées depuis le 11 mars 2011. La contamination dépasse les 100 000 Bq/kg à Fukushima et les 8 000 Bq/kg à Minami-Sôma. Ces boues doivent être traitées comme des déchets radioactifs, et même comme des déchets spéciaux à Fukushima. Le débit de dose à proximité des piscines ne dépasse pas le niveau ambiant car l'eau atténue le rayonnement.
63 des 70 piscines scolaires de la province ont été vidées et l'eau rejetée dans la rivière ou des canaux d'irrigation. Quant aux boues collectées, elles n'ont pas eu droit à un traitement spécial. Les autorités avaient vérifié l'eau avant de la rejeter, mais pas la boue.

Mardi 30 avril, une étude scientifique (aussi ici, dans Nature) fait le point sur la contamination des poissons d'eau douce à Fukushima. Certains poissons comme les ayu, sont contaminés dans tout l'Est du Japon et jusqu'à Shizuoka, 400 km à l'Ouest de la centrale. La carte de la contamination est très étendue.
Ils ont une contamination moyenne en césium 137 seulement de 2 657 Bq/kg dans la rivière Mano au Nord-Ouest de la centrale. La contamination des poissons carnivores est deux fois plus élevée que celle des ayu qui sont herbivores.

Jeudi 16 mai, d'après les derniers résultats mis en ligne, les eaux souterraines sont presques toutes contaminées au tritium sur le site de la centrale et c'est proche de la mer, en aval des réacteurs que la contamination est la plus forte : 3 600 Bq/L (puits n°3).
Les autres résultats de mesure de TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.

Dimanche 9 juin, encore une anguille pêchée dans la rivière Edogawa qui dépasse les 100 Bq/kg. Elle avait 140 Bq/kg. Les autorités ont donc demandé de s'abstenir de pêcher des anguilles dans quatre rivières (Arakawa, Kyuedogawa, Nakagawa et Shin'nakagawa) en plus de l'Edogawa. Si c'est de la pêche récréative, les autorités demandent de relâcher l'animal.

Mercredi 3 juillet, un objet qui émet une forte radioactivité a été découvert dans le lit de la rivière Idé à Naraha. Le débit de dose est de 3,4 millisieverts par heure (3 400 microsieverts par heure). Naraha est à moins de 20 km de la centrale et la décontamination est sous la responsabilité du gouvernement. L'objet a été découvert le 20 juin dernier et le gouvernement a demandé à TEPCo de l'analyser. TEPCo a mis en ligne une photo de l'objet sans beaucoup d'explications en japonais et en anglais.

Vendredi 12 juillet, JDC Corp., une compagnie qui participe aux travaux de décontamination, a rejeté 340 m3 d'eau contaminée dans la rivière Iizaki. Cette rivière est utilisée pour l'irrigation de Minami-Sôma. La compagnie prétend avoir eu le feu vert de la Japan Atomic Energy Agency qui l'a engagée et que l'Etat a prévenu les autorités locales. Ces dernières nient et prétendent n'avoir jamais été informées. La Japan Atomic Energy Agency prétend avoir informé verbalement la mairie et la région du rejet.
Il s'agissait d'un des premiers chantiers tests menés par la Japan Atomic Energy Agency qui a fait appel à la JDC Co.. Il a eu lieu entre décembre 2011 et février 2012 dans l'école primaire de Kanabusa et autour. Le chantier a généré 609 m3 d'eau contaminée. 269 m3 ont été traitées et les 340 m3 restant ont été rejetés dans la rivière qui irrigue les rizières. 16 MBq ou 16 millions de becquerels auraient été rejetés dans la rivière. Pour 60 m3, la contamination de l'eau était de l'ordre de 100 à 121 Bq/l.

-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> La surveillance des rivières est ici en anglais.
-> Des données sur l'eau de puits et de rivières sont ici en japonais.

Contamination de l'alimentation

Le gouvernement a décidé d'abaisser la limite maximale admissible en césium dans la nourriture à partir du 1er avril 2012. Les produits cultivés avant garderont l'ancienne limite jusqu'à épuisement du stock.

Les nouvelles limites seront :
- 100 Bq/kg pour la nourriture en général.
- 50 Bq/kg pour le lait et la nourriture pour enfant
- 10 Bq/kg pour l'eau.
Si l'on mange quotidiennement de la nourriture contaminée à la limite pendant un an, cela conduirait à une dose de presqu'un millisievert. L'hypothèse que 50% de la nourriture générale est contaminée à la limite a été prise pour ce calcul. La ration est supposée contaminée à 100% pour l'eau, les laitages et la nourriture pour enfant.

10 500 hectares de rizières ne devraient pas être cultivés dans la province de Fukushima cette année. La production de 4 000 autres hectares, où la moisson 2011 avait une contamination comprise entre 100 et 500 Bq/kg pour le césium, aura droit à un contrôle renforcé cette année : tous les sacs de riz devront être testés.

Il y a des milliers de résultats de mesure en ligne dispersés sur de nombreux sites Internet. Le ministère de la santé publie ses résultats, celui de l'agriculture et de la pêche aussi. Les autorités régionales ont leur propre site Internet avec des résultats. Les mairies aussi. A cela s'ajoutent une centaine de stations de mesure indépendantes qui contrôlent surtout l'alimentation. Certaines publient aussi tous leurs résultats. Mais, il n'existe pas, à notre connaissance, de travail de synthèse qui pourrait guider les populations et les autorités.

Le Japon importe officiellement environ 60% de sa nourriture et est auto-suffisant pour le riz. Mais ce chiffre est basé sur les calories. Comme le pays importe presque tous ses oléagineux, le blé, le sucre et l'alimentation pour l'élevage, cela a tendance à augmenter la part des importations. Le riz est 97% domestique, les légumes, à 81%, le poisson à 60%, la viande à 56%, les oeufs à 96%, le lait à 67% et les fruits à 71% (Ces chiffres sont en fait l'auto-suffisance. Pour la viande et le lait, c'est plus bas car les animaux mangent des produits importés). Les statistiques officielles sont ici en japonais.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes,  44 pays ou régions (comme l'Europe) maintiennent des restrictions sur l'importation de produits alimentaires en provenance du Japon.

Lundi 25 mars, TEPCo a annoncé avoir étendu la zone où les agriculteurs, pêcheurs et forestiers peuvent obtenir des indemnisations à cause des "rumeurs néfastes". Voir le communiqué de TEPCo. Cela va aller jusqu'aux shiitakés de Hiroshima, à l'autre bout de l'île principale. Pour les poissons, cela va jusqu'à Hokkaïdô. Les champignons de Hiroshima ont dû être cultivés sur du bois qui venait du Nord-Est du Japon...
Si la vente de tous ces produits souffre des "rumeurs néfastes", pour reprendre l'expression consacrée, c'est qu'ils ont été contaminés. Mais ce mot là n'apparaît jamais. Officiellement, TEPCo est prête à payer pour compenser la bêtise humaine. Et on va la croire...

Vendredi 29 mars, une enquête du Maïnichi montre que le prix des fruits et légumes produits à Fukushima a encore baissé en 2012 sur le marché de gros à Tôkyô. Le gouvernement avait baissé les limites maximales autorisées de contamination en césium, mais cela n'a pas aidé l'agriculture locale.
En 2011, le prix moyen des légumes produits dans toutes les autres régions du Japon a augmenté de 4% par rapport à l'année 2009. En revanche, les prix des légumes produits dans la province de Fukushima ont baissé de 5% par rapport à 2009. En 2012, les prix ont fléchi en moyenne de 0,2% par rapport à 2009, sauf à Fukushima où la baisse est de 18,7%.
Comme les consommateurs n'achètent plus les produits de Fukushima, officiellement à cause des "rumeurs néfastes", ils finissent dans les restaurants et l'industrie agroalimentaire.

Greenpeace Japon a mis en ligne une nouvelle série de résultats de mesure sur des poissons prélevés en super-marché. Une morue du Pacifique d'Iwaté avait 2,6 Bq de césium 137 par kilo. Les autres poissons sont tous sous la limite de détection.

Vendredi 12 avril, des agriculteurs de Hirono vont reprendre la culture du riz après deux ans d'arrêt dans la moitié des 210 hectares de rizière. Quelques essais avaient été menés l'an dernier et le riz produit ne dépassait pas les limites de contamination. Les 5 200 habitants de la commune ont été évacués. Seulement 10% sont revenus.

Lundi 22 avril, dernière liste officielle des restrictions alimentaires.

Jeudi 25 avril, le gouvernement a toujours 17 000 tonnes de riz contaminé sur les bras et ne sait pas quoi en faire. Il veut l'incinérer, mais les incinérateurs municipaux ne peuvent techniquement pas brûler des grains et il n'a pas trouvé d'installation privée qui l'accepterait. Et d'invoquer, comme toujours, le risque de "rumeurs néfastes". Un seul incinérateur privé a accepté, mais il n'a brûlé que 10% du stock.
Il y a deux tonnes de la moisson 2012 qui dépasse la norme de 100 Bq/kg pour les deux césium. Le reste provient de la moisson 2011 : à cette époque, quand la limite de 500 Bq/kg était dépassée dans une ferme, toute la récolte du district était interdite à la vente et stockée. Il s'avère, finalement, que 95% de ce riz avait une contamination inférieure à la limite.
De nombreux agriculteurs sont choqués par le fait que le riz qui satisfait aux normes soit traité comme un déchet. Ils proposent de l'utiliser pour le bétail ou pour faire du bio-carburant. Mais, comme les producteurs concernés ont déjà été indemnisés par TEPCo, le ministère de l'agriculture pense que c'est impossible : il n'y a pas d'autre choix que de le traiter comme un déchet.

Vendredi 26 avril, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, une usine à légumes faisant de l'agriculture hors sol vient d'ouvrir à Kawauchi. Tout y est artificiel, même l'éclairage, mais la production est garantie sans césium. Il est prévu que d'ici 3 ans, elle fasse 2 500 m2 et produise 280 tonnes de laitues par an. Jusqu'à une centaine de légumes pourraient y être produits. La municipalité espère ainsi relancer la production agricole du village qui a été évacué et changer l'image des produits. Une partie de la commune est à moins de 20 km de la centrale.
La presse reprend les termes officiels de "nourriture saine" pour lutter contre les "rumeurs néfastes" et d'un "renouveau de l'agriculture dans les territoires contaminés".
L'usine a coûté 580 millions de yens.

Mardi 30 avril, une étude scientifique (aussi ici, dans Nature) fait le point sur la contamination des poissons d'eau douce à Fukushima. Certains poissons comme les ayu, sont contaminés dans tout l'Est du Japon et jusqu'à Shizuoka, 400 km à l'Ouest de la centrale. La carte de la contamination est très étendue.
Ils ont une contamination moyenne en césium 137 seulement de 2 657 Bq/kg dans la rivière Mano au Nord-Ouest de la centrale. La contamination des poissons carnivores est deux fois plus élevée que celle des ayu qui sont hebivores.

Vendredi 3 mai, début du repiquage du riz à Hirono, pour la première fois depuis deux ans pour certains agriculteurs. Ils ont bon espoir que la moisson satisfasse aux normes.

Mardi 7 mai, la pêche de tout petits poissons, comme des très jeunes sardines, a repris dans la province d'Ibaraki. Elle avait été suspendue après la découverte de spécimens très radioactifs. Ces poissons seront bouillis et séchés pour faire du "shirasu" avant d'être vendus. Ils seront contrôlés avant et après le process.

Vendredi 17 mai, les autorités régionales de Chiba et Tôkyô n'auraient rien fait après avoir appris que des anguilles pêchées dans la rivière Edogawa qui fait la frontière entre les deux régions. Le 9 mars dernier, une dame a pêché une anguille qu'elle a fait analyser par une université qui a trouvé 147 Bq/kg en césium. L'université a prévenu les autorités fin mars et l'agence de la pêche a prévenu les autorités régionales qui n'ont pas réagi. Avec comme excuse qu'il ne s'agissait pas d'une pêche professionnelle vendue dans le commerce. Et puis la saison de pêche est en été.
L'université a analysé d'autres anguilles pêchées par la même dame près de l'embouchure et il y avait 97,4 et 129,6 Bq/kg.

Samedi 18 mai, des agriculteurs du district de Miyakojimachi dans la commune de Tamura, situé à 15 km de la centrale, ont planté du riz avec l'intention de vendre la récolte. Ils ont répandu du potassium pour limiter l'absorption du césium. 6 hectares sur 3 exploitations sont concernés. Les habitants ne peuvent toujours pas habiter à Miyakojimachi, seulement y passer la journée.

Dimanche 9 juin, encore une anguille pêchée dans la rivière Edogawa qui dépasse les 100 Bq/kg. Elle avait 140 Bq/kg. Les autorités ont donc demandé de s'abstenir de pêcher des anguilles dans quatre rivières (Arakawa, Kyuedogawa, Nakagawa et Shin'nakagawa) en plus de l'Edogawa. Si c'est de la pêche récréative, les autorités demandent de relâcher l'animal.

Lundi 10 juin, du riz a été planté dans le district de Nagadoro, le plus contaminé d'Iitaté, où la dose annuelle externe dépasse les 50 mSv/an. Les rizières en question ont été "décontaminées" l'été dernier et la contamination du sol serait passée de 20 000 à 1 600 Bq/kg environ. La culture est expérimentale.

Vendredi 14 juin, des pêcheurs ont pêché un aïnamé à 20 km de la centrale avec 25 800 Bq/kg en césium.

Vendredi 12 juillet, un bar avec plus de 1 000 Bq/kg a été pêché au large d'Ibaraki. C'est plus de 10 fois la limite fixée par les autorités.

Samedi 13 juillet, Greenpeace Japon a de nouveau mis en ligne des résultats de mesure de produits de la mer (poissons, coquillages et algues) prélevés dans la province de Fukushima. Certains échantillons sont proches de la limite de 100 Bq/kg.

Dimanche 28 juillet, les autorités régionales de Fukushima ont lancé une campagne de promotion des produits agricoles régionaux. Elles vont y consacrer 1,8 milliards de yens (14 millions d'euros), ce qui est presque 4 fois plus que l'année précédente.

Dimanche 11 août, on trouve des pêches de Fukushima partout au Japon, vendues avec une grande campagne publicitaire qui inclut des spots télévisés. Rappelons que cette région produisait 40% des pêches du pays avant mars 2011.

Vendredi 6 septembre, la Corée a annoncé qu'elle interdisait l'importation de produits marins en provenance de 8 provinces japonaises (Fukushima, Aomori, Ibaraki, Gunma, Miyagi, Iwaté, Tochigi et Chiba). 50 produits sont concernés et ont représenté 5 000 tonnes l'an dernier. Elle va aussi renforcer ses contrôles. Le gouvernement japonais a appelé la Corée à réagir "scientifiquement" en argumentant que les produits alimentaires japonais sont contrôlés avant d'être mis sur le marché et que les fuites récentes n'ont eu qu'un impact très limité.
La décision coréenne est due à une forte inquiétude de la population et à une baisse des ventes de produits de la mer.

Samedi 7 septembre,
un certain nombre de stations de mesure de la radioactivité équipées de détecteur NaI, le laboratoire Chikurin, équipé de détecteurs plus sophistiqués et soutenu par l'ACRO, et la fondation Takagi, se sont mis en réseau pour échanger des informations, faire des essais inter-laboratoires et mettre en place une base de données qui va collecter tous les résultats de mesure de radioactivité dans l'alimentation. Cette base est en cours d'élaboration depuis plusieurs mois et le lancement est prévu ce jour. L'ACRO a participé à une des réunions cet été.

Le Conseil des Sciences du Japon, placé sous la houlette du premier ministre, a fait toute une liste de recommandations sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Il demande un renforcement des contrôles de la radioactivité dans les aliments pour regagner la confiance des consommateurs et une meilleure organisation. Les mesures sont actuellement effectuées par plusieurs ministères sans coordination ni base de donnée centralisée. Les ONG sont donc en avance sur le gouvernement à ce sujet... Le Conseil recommande ainsi la mise en place d'un service centralisé qui aurait la gestion de la surveillance radiologique et de la publication des résultats.
Plus particulièrement, il recommande de contrôler chaque ferme, de publier des cartes de la contamination, de faire des études sur les coefficients de transfert vers les plantes. Il pense aussi qu'il faut soutenir la mesure citoyenne.

Lundi 16 septembre, les coopératives de pêche ont envoyé une délégation en Corée pour tenter de convaincre le pays de lever son interdiction d'importer des produits marins du Japon. Mais la Corée a refusé de revenir sur sa décision.

Mercredi 18 septembre, les poissons pêchés dans le port devant la centrale de Fukushima daï-ichi continuent d'être très contaminés. Seuls 3 poissons sur 56 ont une contamination inférieure à la limite de mise sur le marché (100 Bq/kg pour les deux césium). Le record est à 190 000 Bq/kg. Au large, il y a encore beaucoup de spécimen qui dépassent cette limite.

Mercredi 25 septembre, la commune de Hirono, située à moins de 30 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, a commencé à moissoner du riz pour la première fois depuis 2010 dans le but de le vendre. La récolte test de l'an dernier était sous la limite de 100 Bq/kg pour le césium.
Il y a 110 hectares de cultivés, ce qui représente la moitié des rizières de la commune. Toute la production va être contrôlée. Les consommateurs vont ils acheter ce riz ?
A Iwanuma, dans la province de Miyagi, c'est le sel apporté par l'eau de mer qui posait problème. 150 hectares de rizières ont été détruits dans le district de Tamaura Nanbu. 10 hectares ont été semés cette année après avoir désalé la terre. Là aussi, c'est la première récolte depuis 2010. Pas de problème pour vendre le riz, dans ce cas. La coopérative de 15 agriculteurs veut passer à 70 hectares l'an prochain.

Après 3 mois d'arrêt, 21 chalutiers ont repris la mer depuis le port de Matsukawaura à Sôma pour une pêche dite de test à plus 50 km de la centrale et à 150 m de profondeur. Seules 16 espèces marines peuvent être capturées, dont des pieuvres, des sèches et des crabes. Si la contamination en césium est inférieure à 50 Bq/kg, les prises seront vendues sur le marché pour voir si les clients sont prêts à acheter. La limite gouvernementale est deux fois plus élevée. Ils ont déchargé 5,2 tonnes et 11 espèces. Des mesures de la radioactivité sont en cours. Ils ont aussi attrapé des débris du tsunami.
La coopérative d'Iwaki va faire de même à partir du 3 octobre.
Selon l'Agence de la pêche, seulement 3 spécimens sur 472 prélèvements entre le 1er et 19 septembre, avaient une contamination qui dépassait la limite gouvernementale de mise sur le marché de 100 Bq/kg. Cela fait 0,6%. C'était 2,3% en juillet août 2013.
Sur les 472 échantillons de septembre 2013, 86% avaient une contamination inférieure à 10 Bq/kg.
En dehors de la province de Fukushima, aucun des 407 échantillons ne dépassaient 50 Bq/kg en septembre 2013. 0,4% des échantillons de juillet-août 2013 dépassaient les 100 Bq/kg.
Ces statistiques ne concernent que quelques espèces sélectionnées, dont certaines très contaminées par le passé.
En revanche, certaines espèces qui vivent dans de l'eau peu profonde (moins de 100 m) sont encore contaminées au-delà de la limite. C'est particulièrement le cas le long de la côte (Nom en anglais des poissons contaminés : marbled flounder, stone flounder, olive flounder, sea bass, Japanese rockfish et Japanese black porg).
Certaines de ces espèces sont toujours interdites de pêche à Miyagi, Ibaraki ou Iwaté.
Toutes ces données concernent le césium 137 et 134. Le strontium, difficile à mesurer, n'est presque pas contrôlé. Seulement 40 mesures ont été effectuées et l'agence de la pêche estime le niveau moyen en strontium à 12% de celui en césium. Il est, en revanche, beaucoup plus toxique.

Jeudi 26 septembre, un des chalutiers partis pêcher à 50 km au large la veille a pris, outre des débris du tsunami, 2,5 tonnes d'animaux marins. Après avoir trié les seules espèces éligibles, il ne restait que 250 kg. Le reste a été rejeté à la mer. C'est dur pour un pêcheur. Mais, le pêcheur interrogé par l'Asahi, comprend la réaction des consommateurs : il ne donnerait pas lui-même du poisson contaminé à ses petits enfants.
Site des coopératives de pêche de Fukushima.

Samedi 28 septembre, des produits de la mer comme des poulpes, pêchés au large de Fukushima, viennent d'arriver sur les étals à Tôkyô.

Lundi 30 septembre 2013, la ministre coréenne des Affaires maritimes et de la Pêche, Yoon Jin-sook, a vertement critiqué le Japon de n'avoir pas informé ses voisins à propos des fuites en mer. Selon l'agence de presse Yonhap, la ministre a précisé que les produits de la mer japonais ont été testés et ne présentent pas de danger mais que le gouvernement n’avait d’autre choix que de les interdire à cause de l'inquiétude de ses concitoyens. Elle aurait déclaré : « Nous nous sommes demandés si nous devions protéger des personnes aussi immorales sous des protocoles diplomatiques, nous avons donc interdit l’importation des produits aussi vite que possible ». « Le Japon semble aussi ignorer son peuple », a-t-elle ajouté.
Ces fuites étaient évidentes pour les experts qui se penchaient sur le déroulement de la catastrophe en cours. La Corée n'a pas de tels experts ?
La Russie et Taiwan ont aussi interdit l'importation de produits marins en provenance du Japon et ce dernier n'a, semble-t-il pas protesté. La Chine maintient ses restrictions depuis le début de la catastrophe.

Mardi 1er octobre 2013, un plat simple, populaire et bon marché est le "gyûdon" (牛丼). Il s'agit d'un bol de riz avec de la viande de boeuf sauté par dessus. Une chaîne de fast-food qui en a fait sa spécialité, Yoshinoya, a annoncé son intention de produire son propre riz et ses légumes dans la préfecture de Fukushima. Elle a une exploitation agricole "Yoshinoya Farm Fukushima" dans l'agglomération de Shirakawa, à 80 km de la centrale accidentée qui devrait atteindre jusqu'à 13 hectares.
Les produits agricoles de Fukushima sont aussi moins chers à cause la faible demande. Comme les autres compagnies agoalimentaires, Yoshinoya en profite, en le disant.

Mardi 8 octobre, la moisson du riz a commencé dans le district de Miyakoji à Tamura. C'est la première récolte à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi depuis le début de la catastrophe. Ce riz sera mis sur le marché après contrôle si sa contamination en césium ne dépasse pas les 100 Bq/kg.
Les populations peuvent rentrer à Tamura et rester la nuit si elles le souhaitent, mais seulement 20% des 119 foyers du district de Miyakoji sont rentrés et seulement trois ont semé du riz.

Vendredi 11 octobre, les pêcheurs ont repris la pêche de petits poissons pour la friture pour la première fois depuis mars 2011 au large de Fukushima. 34 bateaux sont partis du port de Matsukawaura à Sôma. Cette décision fait suite à l'absence de contamination détectée ou de faibles concentrations depuis quelques temps.

Lundi 14 octobre, voir des données sur la contamination du riz récolté à Minami-Sôma. La dernière colonne donne la contamination totale pour les deux césium. Tout est contaminé à plus de 50 Bq/kg et tout sera vendu, sauf les deux lots où la contamination est de 120 Bq/kg.

Mardi 15 octobre, le district de Nagadoro à Iitaté est particulièrement contaminé : le retour ne sera pas permis avant longtemps. La couche de terre de surface a été retirée d'une parcelle de  rizière, du riz y a été planté et récolté à la faucille. Il s'agit d'un test pour voir si l'agriculture peut reprendre. La récolte sera détruite.

La coopérative de pêche de Sôma a finalement mis sur le marché 900 kg de tout petits poissons pêchés au large de Fukushima. Aucune contamination n'aurait été détectée.

Vendredi 18 octobre, une coopérative de pêche d'Iwaki a aussi repris ses activités et compte vendre ses prises si elles ne dépassent pas limite de mise sur le marché. 13 bateaux ont pêché à une quarantaine de kilomètres du littoral et à plus de 150 m de profondeur. Ils n'ont gardé que 8 espèces.
Avant l'accident plus de 100 espèces étaient capturées. Il n'y en a plus que 18 actuellement. Et les bateaux ne partent en mer qu'une fois par semaine pour observer la réaction des consommateurs. Evidemment, les pêcheurs espèrent augmenter rapidement leurs prises.

Samedi 19 octobre, l'Agence de la pêche va créer un site Internet en plusieurs langues sur la contamination des ressources marines afin de rassurer les pays qui interdisent l'importation de ces produits en provenance du Japon. L'agence a déjà des pages en anglais et japonais. Elle va en ajouter en chinois et coréen.
Quant au premier ministre japonais, en visite dans un port de Fukushima, il s'est engager à lutter contre les "rumeurs" qui prétendent que les produits de la pêche sont contaminés. Et de manger des produits locaux devant les caméras.
La coopérative de pêche d'Iwaki a vendu sa pêche de la veille.

Vendredi 25 octobre, du thon en boîte provenant des Philippines et acheté en Suisse a été analysé au laboratoire cantonal de Bâle et du césium 137 et 134 ont été découverts.  La contamination est faible, 0,4 Bq/kg pour le césium 137, mais doit probablement venir de Fukushima car ces poissons sont des grands migrateurs. Cependant, comme la concentration en césium 134 est inférieure à la limite, on ne peut pas exclure une pollution plus ancienne.
Et comme la contamination des sédiments marins au large de Fukushima ne baisse pas, voire augmente par endroit, la chaîne alimentaire marine va continuer à être contaminée pendant longtemps (voir ces mêmes résultats sur une carte).

Quand un touriste chinois part en vacances à l'étranger, il rapporte toujours du lait pour bébé tant la demande intérieure est grande pour les marques étrangères. Suite au scandale ayant entraîné le décès de plusieurs bébés en 2008, les Chinois n'ont plus confiance dans le lait domestique. La marque japonaise Meiji va cependant se retirer du marché chinois car ses produits se vendent mal suite à la catastrophe de Fukushima. Le lait japonais est interdit depuis 2010 suite à une épidémie de fièvre aphteuse. Le lait vendu par Meiji provient d'Australie et est transformé au Japon, ce qui augmente les coûts. Les ventes ont fortement baissé après la catastrophe nucléaire. Les tensions diplomatiques entre les deux pays ont aussi une influence sur les relations commerciales.

Samedi 26 octobre, de la confiture de myrtilles bio importée d'Italie et fabriquée à partir de fruits bulgares et vendue au Japon a 164 Bq/kg de césium 137. Elle a dû être retirée du marché.

Mercredi 30 octobre, les pêcheurs de Fukushima ont limité leurs prises à 18 espèces différentes. Il veulent passer à 27. Les neuf nouvelles espèces ont une contamination inférieure à la limite gouvernementale depuis plus de 18 mois. Un contrôle de la contamination radioactive est effectué avant la mise sur le marché.

Jeudi 7 novembre, suite à des années de promotion, les fruits de Fukushima étaient réputés pour leur qualité. C'est en cas en particulier pour les pêches, les pommes, les nashis et le raisin. La production est de 72 000 tonnes pour ces quatre fruits. Mais, avec la catastrophe nucléaire, les fruits se vendent mal sur le marché intérieur et les producteurs se tournent vers l'export, en espérant trouver des consommateurs. Le Sud-Est asiatique est particulièrement visé par des campagnes de promotion. Des grossistes de Thailande ont été invités au Japon pour observer le système de mesure de la radioactivité, visiter des vergers et goûter les fruits. Une campagne similaire a eu lieu en Malaisie. Il y a, dans ces deux pays, une classe aisée qui peut se payer des fruits japonais. Pour le moment, le prix de vente couvre à peine les frais de transport.
Les exportations de fruits étaient de l'ordre de 50 tonnes par an lors des années qui précédaient la catastrophe. 90% allaient vers Taiwan et Hong-Kong qui ont suspendu leurs importations.

Les premières limites radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici. Ces limites ont été revues à la baisse depuis.
-> Des résultats gouvernementaux de surveillance de l'alimentation sont ici.
-> Résultats de mesures effectuées par la province de Fukushima sur l'alimentation (en japonais)
-> Notice de la FAO sur la contamination des aliments en cas d'accident nucléaire (en anglais)
-> Des nombreuses données sur la contamination de l'alimentation sont disponibles ici en japonais.
-> Les données officielles des autorités régionales de Fukushima sont ici en anglais.

Contamination de la mer

Vendredi 15 mars 2013,
nous l'avons déjà dit et répété : la centrale de Fukushima continue de rejeter de la pollution radioactive dans la mer. Comme preuve, il y a le fait que la concentration en césium dans l'eau de mer est plus forte à proximité de la centrale qu'au large. Bien-sûr, une part du phénomène peut être expliqué par le fait que les sédiments sont plus chargés en césium qu'au large et qu'il y a moins d'eau. La résorption du césium entraîne donc une contamination plus forte.
Mais il y a aussi des données qui montrent une contamination en tritium près de la centrale. Il s'agit là d'une preuve irréfutable que la centrale continue à fuir.
Un universitaire japonais de la Tokyo University of Marine Science and Technology ensuite essayé d'évaluer la quantité de césium qui a fuit dans la mer depuis juin 2011 à partir des mesures officielles dans l'eau de mer, juste devant dans la centrale, dans le port, qui sont montées jusqu'à 100 bequerels de césium par litre d'eau de mer. Pourquoi cette date ? Parce que TEPCo prétend que les fuites ont cessé à partir de ce moment là. Il est arrivé à 16,1 térabecquerels (16,1x1012 Bq, ou 16 millions de millions de becquerels) de césium 137. C'est 73 fois plus que l'autorisation de rejet d'avant la catastrophe. Pour lui, cet apport ne peut pas être expliqué par le lessivage des sols et doit venir de l'eau souterraine.
L'étude universitaire est ici en libre accès, avec une annexe ici. Le journal scientifique, biogeosciences, propose de nombreux autres articles sur la pollution marine au large de la centrale de Fukushima.
TEPCo nie le diagnostique et continue à prétendre qu'il n'y a pas de fuite.
Le MEXT a mis en ligne des données sur la contamination en césium des sédiments marins dans la baie de Tôkyô.

Samedi 16 mars, comme en écho à l'information de la veille concernant les fuites en mer, TEPCo vient d'annoncer qu'un nouveau record de contamination vient d'être battu : 740 000 becquerels de césium par kilo dans un aïnamé (hexagrammos otakii) pêché le 21 février 2013 dans le port devant la centrale.
TEPCo a mis un filet à l'entrée du port pour empêcher les poissons fortement contaminés de prendre le large ou d'autres poissons de venir se contaminer fortement. La compagnie tente aussi de capturer tous les poissons du port pour les tuer. Quand il n'y aura plus de poissons dans cette zone, il n'y aura plus à communiquer sur les fortes contaminations. Mais ce n'est pas parce que la compagnie aura cassé le thermomètre que les fuites cesseront.

Vendredi 22 mars, les dernières données officielles sur la contamination marine montrent qu'il y a toujours plus de césium dans l'eau de mer près de la côte qu'au large. On trouve aussi plus de strontium et de plutonium dans l'eau à proximité de la centrale. Il y a aussi du tritium, hydrogène radioactif, qui signe que les fuites continuent.
Cette contamination en césium et strontium de l'eau de mer se retrouve sur des centaines de kilomètres, d'Ibaraki à Miyagi. Il en est de même pour les sédiments marins qui sont aussi contaminés avec du plutonium, de l'américium...

L'étude universitaire qui estime le niveau des fuites en mer est ici en libre accès, avec une annexe ici. Le journal scientifique, biogeosciences, propose de nombreux autres articles sur la pollution marine au large de la centrale de Fukushima.

Mercredi 3 avril, TEPCo a mis en ligne une présentation succinte de la barrière souterraine qu'elle installe pour arrêter les infiltrations officiellement inexistantes des nappes phréatiques vers la mer. La première plaque vient d'être installée, mais il y a encore pour un an de travaux.

Lundi 13 mai, TEPCo a eu une réunion avec les coopératives de pêche pour obtenir leur accord afin de rejeter en mer de l'eau souterraine et limiter ainsi les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. Officiellement, cette eau serait moins contaminée que celle des rivières. TEPCo a mesuré jusqu'à 0,12 Bq/L de césium 137 dans cette eau. C'est moins que pour l'autorisation de rejet, mais cela signifie que la nappe est déjà bien contaminée et confirme l'hypothèses de fuites en mer. Qu'en est-il pour le tritium, beaucoup plus mobile ?
Mais les coopératives de pêches ont refusé de signer un chèque en blanc et demandent plus de temps pour décider. Les prochaines discussions auront lieu en juin, au plus tôt. TEPCo a sous estimé la défiance des pêcheurs. Les leaders des coopératives étaient d'accord, mais pas la base.
TEPCo estime que le volume d'eau quotidien s'infiltrant dans les sous-sols pourrait passer de 400 à 300 m3.
Greenpeace Japon et la Surfrider foundation ont proposé un contrôle citoyen de l'eau souterraine rejetée. Ces deux organisations s'opposent, bien entendu, aux rejets en mer d'eau contaminée.

Lundi 20 mai, les derniers résultats mis en ligne sur le site de la NRA montrent que les sédiments marins continuent à être toujours très contaminés à proximité de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les analyses ont été faites par TEPCo qui met en ligne sur son site les mêmes résultats présentés différemment. La compagnie montre aussi l'évalution temporelle qui ne met pas en évidence de baisse significative. D'autres mesures plus récentes sont aussi en ligne sur le site de la NRA.

Mardi 21 mai, des chercheurs de la Japan Agency for Marine Earth Science and Technology ont prélevé du plancton en 10 points du Pacifique au large de la centrale de Fukushima, de Hokkaïdô à Guam, et ont trouvé une contamination systématique en césium 134 et 137. La contamination la plus élevée en césium 134 est de 8,2 à 10,5 Bq/kg et la plus basse, de 1,9 Bq/kg. Il faut ajouter le césium 137 : 14,9 Bq/kg pour l'échantillon le plus contaminé. Ils ont été prélevés moins d'un an après la catastrophe, en janvier-février 2012, de 500 à 2 100 km de la centrale.
Le plancton est tout en bas de la chaîne alimentaire marine et le césium peut s'accumuler tout au long de cette chaîne.
Les points où le plancton est le plus contaminé ne sont pas les points où l'eau est la plus contaminée. Les chercheurs n'ont pas l'explication.
La contamination de l'eau de mer ne baisse pas au large de Miyagi, selon les derniers relevés de TEPCo.

Vendredi 24 mai, l'eau de mer au large de Miyagi est toujours contaminée. Les mêmes résultats sont présentés sous forme de carte ici et sous forme de tableau et courbes avec évolution ici. L'eau est toujours beaucoup plus contaminée près de la centrale.
Les poissons pêchés dans le port devant la centrale continuent à être très contaminés. Et plus au large, il y a en a toujours dont la contamination dépasse l'autorisation de mise sur le marché.

Mercredi 29 mai, il y a toujours du tritium dans l'eau souterraine entre les réacteurs et la mer, jusqu'à 3 500 Bq/L et dans l'eau de mer à proximité de la centrale (3,8 Bq/L). C'est moins qu'à La Hague en France, mais cela prouve que les fuites vers la mer continuent.

Jeudi 30 mai, la Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology (JAMSTEC) a prélevé des sédiments à 7 553 m de profondeur, dans une fosse située à 110 km de l'épicentre qu séisme du 11 mars 2011 et a trouvé du césium 134 à une teneur de 20 Bq/kg. Le césium 134, qui a une demi-vie de deux ans, est dû aux rejets récents liés à la catastrophe nucléaire. Il s'est retrouvé dans la fosse abyssale en moins de 4 mois. (Article scientifique en accès libre).

Vendredi 31 mai, TEPCo présente un bilan de la surveillance de la contamination des poissons qu'elle effectue, ainsi que les derniers résultats de mesure. Même si l'on note une baisse de la contamination, il y a toujours des poissons fortements contaminés. Le record de la dernière pêche est de 152 000 Bq/kg pour les deux césium. Pour quelques spécimens, d'autres radioéléments ont été recherchés. Il y a ainsi 6,0 Bq/kg de strontium 90, un élément très radiotoxique, dans une sole pêchée à 3 km au large. Cette sole avait aussi 1 690 Bq/kg de césium.

Mardi 4 juin, TEPCo tente toujours de convaincre les pêcheurs que rejeter de l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs et de la rejeter en mer n'aura aucun impact. Une vidéo de l'installation peut être visionnée ici.
Lors de la précédente réunion, TEPCO avait dit que la contamination en césium était sous la limite de détection. Mais une nouvelle analyse effectuée à Fukushima daï-ni a montré que cette eau était contaminée au césium : 0,61 Bq/L. La première mesure avait eu lieu à Fukushima daï-ichi où la contamination ambiante a caché la contamination de l'eau. Cela reste inférieur à la limite que TEPCo s'est fixée pour rejeter de l'eau en mer (1 Bq/L), mais les pêcheurs ont le sentiment que l'on se moque d'eux.
C'est la NRA qui a demandé à TEPCo d'améliorer sa mesure.
Une explication est ici en japonais.

Mercredi 5 juin, le gouvernement a organisé une réunion publique dans la ville de Fukushima pour convaincre la population d'accepter le rejet en mer de l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle attendait 100 personnes, il y en a eu 20...

Jeudi 6 juin, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur de l'eau de mer prélevée au large de Miyagi. Les graphes montrent que la contamination ne baisse pas, mais qu'elle a même tendance à augmenter par endroit. Les mêmes données sont ici sur une carte. A titre de comparaison, voici des données plus près de la centrale, ou encore plus près. Plus on s'approche, plus la concentration augmente, ce qui indique que les fuites en mer continuent.

Vendredi 7 juin, TEPCo a eu une seconde réunion avec des pêcheurs et n'a pas plus réussi à les convaincre de donner leur accord à rejeter en mer l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs. Même en promettant de faire des mesures avant rejet. Personne n'a confiance en TEPCo. Ce n'est pas à la compagnie de faire les mesures. Comment les autorités ne comprennent pas cela et ne proposent pas des solutions acceptables par tous ?

Jeudi 13 juin, TEPCo veut rejeter dans la mer l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés afin de limiter les infiltrations dans les sous-sols. Comme elle peine à convaincre les pêcheurs, elle promet de mettre l'eau dans des cuves tampon et de la contrôler avant de la rejeter. Mais elle a du mal à faire des mesures fiables...
En mai dernier, TEPCo avait affirmé que la contamination en césium était inférieure aux niveaux détectables. Mais comme la mesure avait été faite à Fukushima daï-ichi, qui est contaminée, elle était moins fiable. La NRA a donc demandé de refaire la mesure à Fukushima daï-ni et là, TEPCo a trouvé du césium ! Le 3 juin dernier, elle a annoncé 0,61 Bq/L pour les deux césiums. Mais, TEPCo revient sur ces chiffres (en japonais) et annonce maintenant 0,055 Bq/L pour la même eau !
Cela ne fait pas très sérieux. La seule façon de s'en sortir est que les pêcheurs choisissent un laboratoire tiers qui fera des mesures de la radioactivité dans l'eau de souterraine avant rejet.

Vendredi 14 juin, des pêcheurs ont pêché un aïnamé à 20 km de la centrale avec 25 800 Bq/kg en césium.
Il y a toujours plus de césium dans l'eau de mer à proximité de la centrale qu'un peu plus au large, ce qui suggère que les fuites continuent. En revanche, TEPCo n'a pas trouvé de tritium dans l'eau de mer cette fois-ci.

Mercredi 19 juin, TEPCo a annoncé avoir mesuré 1 000 Bq/L de strontium-90 dans de l'eau souterraine prélevée dans un puits situé à 27 m de la rive. Le strontium est particulièrement radio-toxique, ce qui ne manque pas d'inquiéter. Il y a 500 000 Bq/l de tritium dans l'eau du même puits.
La contamination de l'eau de mer n'aurait pas changé. TEPCo annonce le forage de puits supplémentaires à proximité.
Les prélèvements du 24 mai dernier et le résultat tritium du 31 mai, il vient seulement d'être rendu public. TEPCo reste TEPCo... et explique que la mesure du strontium prend du temps. C'est vrai, mais rien ne l'empêchait de donner les autres résultats plus tôt.
Les données sont ici en japonais et ici en anglais. On trouve aussi du ruthénium, en moindre quantité. La mesure du strontium prend beaucoup de temps et l'on n'a pas encore les résultats pour juin. En revanche, les niveaux de tritium ne semblent pas baisser.
Cette eau souterraine est vraiment le problème n°1 à la centrale. Les pêcheurs n'accepteront jamais d'autoriser le rejet en mer d'eau souterraine. Pourtant, il faut bien empêcher celle en amont de la centrale de pénétrer dans les réacteurs. Si l'on ne fait rien, les fuites vers les nappes phréatiques, puis la mer, vont s'amplifier. Ce devraient être des laboratoires indépendants choisis par les pêcheurs qui contrôlent l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs pour pouvoir être rejetée si elle n'est pas contaminée. Cela urge.
Les autorités régionales de Fukushima ont décidé de faire leur propre surveillance de la contamination marine devant la centrale.
Le denier bilan de l'eau contaminée est ici en anglais.

TEPCo a mis en ligne ses derniers résultats sur la contamination des sédiments marins. Aucune tendance à la baisse et plutôt des hausses par endroit. Ces mêmes résultats sont présentés sur une carte sur la site de la NRA.

Vendredi 21 juin, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés dans son port. Ils sont, dans l'ensemble, encore fortement contaminés, jusqu'à 320 000 Bq/kg pour les seuls césiums. C'est beaucoup plus que la contamination de l'eau de mer.
Plus loin, mais à moins de 20 km de la centrale, la contamination est plus basse, mais il y a encore des spécimens qui dépassent la limite d'autorisation de mise sur le marché.

Lundi 24 juin, TEPCO a mesuré le tritium dans l'eau de mer à proximité du puits où elle avait trouvé une forte concentration en tritium et strontium dans l'eau souterraine. La contamination en tritium de l'eau de mer augmente ! En un point, c'est passé de 500 Bq/l le 10 juin à 1 100 Bq/l le 21. En un autre point, c'est passé de 600 Bq/l le 14 juin à 910 Bq/l le 21. Mais, officiellement, il n'y a toujours pas de fuite !
Sur ce graphe, on voit que la contamination de l'eau de mer en tritium dans le port dépasse les 100 Bq/l depuis le début de la catastrophe. En 2011, lors de la forte fuite en mer, la contamination était beaucoup plus élevée. On voit aussi l'augmentation récente.
Les concentrations naturelles en tritium sont de l'ordre de 0,1 Bq/l et l'on trouve de l'ordre de 10 Bq/l dans la Manche à cause des rejets des installations nucléaires.
La dernière mesure en strontium 90 dans l'eau de mer indiquée sur ce même document date de novembre 2012

Jeudi 27 juin, ce n'est pas une surprise pour les lecteurs de cette page : la centrale de Fukushima daï-ichi continue à fuir dans la mer. Notre argumentation était essentiellement basée sur la présence de tritium dans l'eau de mer qui ne s'accumule pas dans les sédiments et qui n'est pas rejeté par les rivières après lessivage des sols, contrairement au césium. Le fait que la concentration dans l'eau de mer augmente signifie que les fuites s'amplifient. La NRA le reconnaît enfin et suspecte aussi fortement des fuites en mer depuis les réacteurs inondés. Et d'ajouter qu'il est dangereux de supposer que l'eau ne fuit pas. Elle va ordonner à TEPCo de prendre des mesures pour arrêter cette fuite. Est-ce possible ?
D'après les dernières données mises en ligne, la contamination de l'eau de mer par le tritium a encore augmenté. Il y a 1 500 Bq/l au point le plus contaminé.

Mercredi 3 juillet, la NRA a mis en ligne une carte de la contamination des sédiments marins au large de Fukushima. TEPCo, qui a fait les mesures, a aussi publié ces mêmes résultats (sans carte) en mettant en plus des courbes qui montrent l'évolution de la contamination : cela augmente en de nombreux points.

Samedi 6 juillet, nouvelles valeurs de la contamination en tritium de l'eau souterraine et de l'eau de mer. Il y a une légère augmentation par rapport aux valeurs du 1er juillet.

Dimanche 7 juillet, TEPCo a creusé un nouveau puits à proximité des deux autres puits où l'eau est très contaminée et avait mesuré 900 000 Bq/l en bêta total hors tritium. C'était un record (cf 5 juillet). Elle vient de donner les valeurs pour le tritium : 380 000 Bq/l (puits n°1-2). La situation dans ce puits est pour le moins étrange : la valeur pour la contamination bêta totale est nettement supérieure à celle pour le tritium, alors que c'était toujours l'inverse jusqu'à maintenant. Une erreur de mesure ? Espérons-le.
TEPCo a aussi mesuré 99 Bq/l pour le césium 134, 210 Bq/l pour le césium 137, 95 Bq/l pour le ruthénium 106, 62 Bq/l pour le manganèse 56... dans l'eau souterraine prélevée dans ce puits situé à 25 m de la mer. Ce sont aussi des valeurs très élevées pour de l'eau souterraine.
Dans le puits n°1-1, la contamination en tritium est passée à 600 000 Bq/l, un record. C'était 510 000 Bq/l le 5 juillet dernier dans le même puits !
Voir aussi le communiqué de presse en anglais.

Mardi 9 juillet, nouveau record de contamination de l'eau souterraine dans un puits (n°1-2) situé entre la centrale et la mer : TEPCo a annoncé 9 000 Bq/l pour le césium 134 et 18 000 Bq/l pour le césium 137. C'est 90 fois plus qu'il y a 3 jours ! La contamination bêta totale, extrêmement élevée, n'a, quant à elle, pas beaucoup changé.
Des photos et un plan sont disponibles en japonais.

Mercredi 10 juillet, la contamination en césium de l'eau souterraine du puits 1-2 a encore augmenté : 11 000 Bq/l pour le césium 134 et 22 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total, quant à elle semble rester stable.
La NRA, l'autorité de sûreté a reconnu qu'il y avait fort probablement des fuites en mer. Elle va mettre en place un groupe de travail pour essayer de résoudre le problème. Selon le New-York Times, le chef de l'autorité de sûreté a même affirmé que les fuites en mer durent depuis au moins deux ans, comme le disent de nombreuses personnes dont l'ACRO.
TEPCo ne franchit toujours pas le pas.
Pourtant, depuis au moins le 6 mars 2013, il y a du tritium dans l'eau de mer à proximité de la centrale accidentée. Il ne peut venir que de fuites. Des articles scientifiques tentent d'estimer l'ampleur des fuites. Mais TEPCo n'a rien fait. Maintenant que les fuites deviennent plus graves et voyantes, elle va mettre une rustine provisoire dans l'urgence, avec photos et vidéo pour montrer qu'elle est active. Voir le communiqué en anglais et les explications en anglais plus courtes qu'en japonais.
Les valeurs affichées par TEPCo restent surprenantes : la contamination en césium de l'eau du puits n°1-2 a été multipliée par 100 en quelques jours, mais la contamination bêta total, hors tritium, n'a presque pas variée. Celle en tritium non plus.
TEPCo pense que ce sont des particules de sol qui ont fait augmenter la contamination en césium et qu'après avoir filtré l'eau, la contamination était revenue aux niveaux d'il y a 5 jours. Les données sont ici en anglais.
Cela ne contredit pas le fait que la centrale continue à fuir dans la mer car il y a toujours quelques centaines de becquerels de tritium par litre d'eau de mer à proximité. Voir le dernier tableau de données.
Le dernier bilan de l'eau stockée dans les citernes est ici en anglais. Et les derniers résultats de mesure sont ici en anglais.

Vendredi 12 juillet, suite du feuilleton sur les fuites et la contamination des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer : TEPCo publie des données sur la contamination en strontium. La mesure de cet élément prend un mois et les données concernent donc des prélèvements faits le 7 juin 2013 dans les premiers puits creusés. Dans le puits n°1, il y a 1 200 Bq/l de strontium 90. La contamination bêta totale, hors tritium, était de 1 600 et 1 700 Bq/l. Le strontium représenterait donc plus de 70% de la contamination bêta total. Est-ce transposable aux autres puits, dont le puits n°1-2 qui a jusqu'à 900 000 Bq/l en bêta total ? Le strontium se fixe dans les os et est donc très radiotoxique. Ce serait très inquiétant. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
Quant à la contamination du jour en césium dans le fameux puits n°1-2, elle a légèrement baissé : 8 200 Bq/l pour le césium 134 et 17 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total reste stable avec 890 000 Bq/l. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
La contamination en tritium de l'eau du puits 1-1 bat un nouveau record : 630 000 Bq/l. La contamination bêta totale y est de 4 400 Bq/l. Avec 70% de strontium ? Le même document donne aussi des données pour l'eau de mer qui continue à être contaminée au tritium. De nombreux points sont classés ND, pour non détecté, mais la limite de détection est de 120 Bq/l !!!
Le puits n°3 suit aussi ses voisins : la contamination bêta totale est passée de ND le 4 juillet, à 1 400 Bq/l le 11 juillet.
TEPCo n'admet toujours pas qu'il y a des fuites, mais met en place une protection pour empêcher les poissons fortement contaminés du port de s'en aller.

Un bar avec plus de 1 000 Bq/kg a été pêché au large d'Ibaraki. C'est plus de 10 fois la limite fixée par les autorités.

Samedi 13 juillet, TEPCo pense toujours que la forte contamination de l'eau souterraine entre les réacteurs et la mer est due à la fuite qu'il y a eu en avril et mai 2011 et qu'il n'y a pas de fuite nouvelle en mer. Des fosses à proximité de la mer seraient toujours pleines d'eau contaminée qui contaminerait les nappes phréatiques. La contamination ne viendrait pas directement des bâtiments réacteurs. Mais TEPCo n'explique pas d'où vient le tritium dans la mer... Pour la NRA la question de l'origine des contaminations élevées reste ouverte.
Le problème est que TEPCo base toute sa stratégie sur cette seule hypothèse. Elle veut installer une barrière souterraine pour bloquer les écoulements (comme si c'était possible) et pomper l'eau qui est restée dans les fosses (5 000 m3 pour le réacteur n°2 et 6 000 m3 pour le 3). Mais elle risque de faire venir de l'eau contaminée des sous-sols des réacteurs et aggraver la contamination des nappes... Et les niveaux de dose sont élevés, ce qui n'est pas sans conséquence pour les personnes qui travaillent sur ce chantier.
Comme certains indices de radioactivité ne varient pas ou peu et que d'autres varients rapidement, on peut penser que plusieurs origines contribuent à la contamination des nappes phréatiques proches de la mer.

Greenpeace Japon a de nouveau mis en ligne des résultats de mesure de produits de la mer (poissons, coquillages et algues) prélevés dans la province de Fukushima. Certains échantillons sont proches de la limite de 100 Bq/kg.

Lundi 15 juillet, TEPCo a mis de nouveaux résultats de mesure sur l'eau de mer et il y a toujours une forte contamination en tritium, jusqu'à 940 Bq/l. Il y a aussi 41 Bq/l en césium au même point.

Mardi 16 juillet, la plage d'Yotsukura à Iwaki a ouvert pour la première fois depuis l'accident nucléaire. C'est la deuxième plage à rouvrir avec Nakoso l'an dernier. Cette nouvelle plage est plus proche de la centrale.

Mercredi 17 juillet, l'eau des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer continue à être très contaminée. TEPCo publie plusieurs photos, pour changer. Une carte aurait été plus utile.... Il y a toujours une forte contamination en tritium. L'eau du puits 1-2 est aussi fortement contaminée en bêta total et en césium. Pour le césium C'était presque, TEPCo a filtré l'eau et obtenu une concentration inférieure à une quarantaine de Bq/l pour les deux césium. Cette limite de détection est très élevée. 18 000 Bq/l en césium avant filtration.
L'eau de mer près de la centrale continue aussi à être très contaminée en tritium : il y a jusqu'à 2 200 Bq/l ce qui confirme les fuites. Il y a aussi jusqu'à une cinquantaine de Bq/l en césium.
Les poissons dans le port de la centrale sont toujours aussi contaminés : il y a jusqu'à 212 000 Bq/kg en césium. Au-delà, TEPCO continue à trouver de nombreux poissons avec une contamination qui dépasse les 100 Bq/kg en césium, qui est la limite d'autorisation de mise sur le marché. La pêche commerciale n'est donc toujours pas possible. Il y a jusqu'à 670 Bq/kg dans un poisson pêché à 2 km au large de la centrale de Fukushima daï-ni.
Le dernier bilan de l'eau contaminée dans les cuves et les sous-sols est ici en anglais. Cela continue à s'accumuler sans que TEPCo ne puisse donner de calendrier à propos de sa station de traitement. Il est aussi fort peu probable qu'elle obtienne l'autorisation de rejeter en mer l'eau traitée.

Lundi 22 juillet, l'eau souterraine et l'eau de mer continuent à être fortement contaminée, ce qui signifie que les fuites en mer continuent... De même pour les résultats partiels du jour. Plus au large, la contamination en césium persiste et augmente quand on s'approche de la centrale.
TEPCo vient de reconnaitre officiellement que la centrale fuit en mer, juste au lendemain des élections, alors que cela dure depuis des mois. Son rapport avait pourtant été soumis le 18 juillet à la NRA. Et d'ajouter qu'elle est arrivée à cette conclusion les niveaux d'eau dans les nappes varient avec les marées et les précipitations. Mais rassurez-vous, la pollution reste dans la baie, selon TEPCo, et ne va pas au large ! « Les données sur l’eau de mer ne montrent pas d’augmentation anormale des taux de radioactivité ». Il y a juste une pollution marine "normale"...
Les pêcheurs sont furieux.

Mardi 23 juillet, TEPCo a reconnu que l'eau contaminée fuyait vers la mer et qu'elle le savait depuis janvier dernier ! Le département d'ingéniérie avait remarqué que le niveau d'eau des puits variait avec la marée, ce qui indique un lien direct avec la mer, mais n'a pas transmis l'information au département environnement !
TEPCo a invité la presse la veille à observer les travaux qu'elle mène pour tenter de colmater la fuite en mer. 17 journalistes et cameramen étaient du voyage qui n'a durer que 30 minutes sur place sans sortir du bus car le débit de dose peut atteindre 200 microsieverts par heure. Les travailleurs interviennent plutôt de nuit pour éviter la chaleur. Leur tâche consiste à injecter un produit chimique dans le sol qui est supposé faire barrage. Elle fait des trous tous les 80 cm sur une profondeur qui peut atteindre 14 m. La barrière va faire 90 et les travaux, commencés en mai, après la découverte de la forte contamination de l'eau souterraine, devraient se terminer le 10 août. Une vidéo avait été mise en ligne le 17 juillet dernier.
Mais l'eau va contourner la barrière et rejaillira plus loin.

Mercredi 24 juillet, les pêcheurs sont furieux à propos des fuites en mer, alors qu'ils souhaitaient reprendre la pêche de certaines espèces bientôt.
Qui aura le courage de leur dire que la contamination va durer encore des décennies ? La contamination des sédiments marins ne baisse pas. Et comme la faune benthique est au début de la chaîne alimentaire, de nombreux poissons seront encore contaminés longtemps. D'autres données sont ici sur une carte. Ou encore ici avec quelques données sur le plutonium et le strontium.

Jeudi 25 juillet, le président de la NRA a expliqué qu'il était inévitable que TEPCo rejette de la radioactivité en mer. En effet, l'eau contaminée s'accumule jours après jours et TEPCo ne sait plus où la mettre. Les premières cuves n'ont une durée de vie que de trois ans. La compagnie teste une station de traitement des eaux plus sophistiquée que celle utilisée actuellement. Mais elle ne retirera pas tout. En particulier, le tritium sera entièrement rejeté, comme c'est déjà le cas avec les réacteurs en fonctionnement normal.
Pour convaincre les pêcheurs, la NRA va mener des investigations sur l'impact potentiel des futurs rejets.

Samedi 27 juillet, TEPCo a mis en place un comité d'experts internationaux pour réformer sa culture de sûreté interne afin de préparer au redémarrage des réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa. Le président de ce comité, Dale Klein, un ancien de l'autorité de sûreté nucléaire américaine, a tancé la compagnie pour sa communication sur les fuites en mer.
Le président de la compagnie a reconnu les faits et a expliqué que la compagnie a attendu d'être sûre d'elle avant d'annoncer une nouvelle aussi difficile. Mais le tritium dans l'eau de mer, présent depuis des mois, est une signature non ambigue des fuites. Sauf s'il y a des rejets contrôlés qui pourraient l'expliquer. Bref, TEPCo se moque du monde, même dans ses excuses.
Mais est-ce vraiment qu'un problème de communication ? TEPCo a aussi mis du temps à agir face à l'évidence.
Avec la vapeur d'eau, c'est la même chose : TEPCo commence par dire que c'est la pluie, avant d'avouer, du bout des lèvres, dans un charabia incompréhensible, que le réacteur fuit en continu.
La crise en cours est bien trop complexe pour être gérée par la seule compagnie, qui n'a jamais été fiable et qui n'avait pas hésité, par le passé, à falsifier des rapports de sûreté. Il serait temps de tout mettre sur la table, y compris les points peu clairs, pour que d'autres puissent s'approprier les problèmes et faire des suggestions. Cette gestion en vase clos n'est pas saine.
Résultat, le président et le vice-président de TEPCo vont voir leur salaire baisser de 10% pendant un mois. Le directeur de la communication, de 5%, toujours pendant un mois.
Le communiqué de TEPCo qui reconnaît ses "erreurs de communication" est ici en anglais. Elle s'est excusée et, promis, juré, elle va s'améliorer. Elle l'a déjà promis plusieurs fois...

Mercredi 31 juillet, TEPCo a mis en ligne de nouveaux résultats de mesure du tritium dans l'eau de mer près de la centrale. Là où il y avait 2 300 Bq/l, il y a maintenant 3 100 Bq/l. La fuite s'aggraverait-elle ?

Les autorités régionales de Fukushima vont renforcer leur surveillance de la contamination de l'eau de mer : le nombre de points de prélèvement va passer de 2 à 6 et la fréquence des prélèvement va passer du trimestre au mois. 185 litres d'eau de mer sont prélevés à chaque fois, entre le port de la centrale jusqu'à 3,5 km au large.

TEPCo a mis en ligne des résultats d'analyse de la radioactivité de l'eau de mer pour les plages de Nakoso et Yotsukura à Iwaki, maintenant ouverte au public. Elle n'a pas trouvé de contamination de l'eau. Pourquoi c'est TEPCo qui surveille les plages ?

Lundi 5 août, la contamination en tritium de l'eau de mer au point le plus contaminé était passée de 2 300 Bq/l à 3 100 Bq/l. C'est revenu à 2 400 Bq/l. Les données sont ici en anglais. Cette eau est prélevée en le rivage et la barrière mise en place par TEPCo pour "arrêter" les écoulements vers la mer.

Mercredi 7 août, le gouvernement japonais vient d'estimer, à la louche, que 300 m3 d'eau contaminée fuient quotidiennement vers l'océan. Pour cela, il part du fait que 1 000 m3 d'eau souterraine transitent quotidiennement sous la centrale. On sait que 400 m3 pénètrent dans les sous-sols des réacteurs et sont pompés par TEPCo, qui voit sont stock augmenter jour après jour. Sur les 600 m3 restant, la moitié devrait aller dans la mer sans être contaminé et le reste le serait avant de rejoindre aussi la mer.
TEPCO, quant à elle, estime à 50 GBq (50 milliards de becquerels) la quantité de tritium rejetée quotidiennement, ce qui correspond, comme par hasard, à la limite d'autorisation de rejet en temps normal. Elle ne dit rien de quantitatif pour les autres radioélements.
Le gouvernement va financer la mise en place d'une autre solution et le ministre prétend que la fuite d'eau radioactive en mer passera à 60 m3/j, environ et qu'il ne sera pas possible de faire mieux. Le projet retenu, dont il avait déjà été question, est de geler le sol tout autour de la centrale pour empêcher l'eau d'entrer et de sortir. Et de vanter une première mondiale sur une si grande distance, 1,4 km et sur 30 m de profondeur. Il s'agit d'une technologie onéreuse qui est utilisée temporairement pour creuser des tunnels de métro par exemple. Qu'en est-il à long terme sur une longueur de 1,4 km ? Quelle énergie cela va consommer ? Evidemment, certaines compagnies se frottent déjà les mains... L'idée a été proposée par Kajima, une des majors du BTP, qui estime le projet à 30 à 40 milliards de yens (300 millions d'euros). Le gouvernement veut montrer qu'il agit, mais rien n'est décidé pour le moment. On n'en est qu'aux annonces suite à une crise. La NRA, quant à elle, attends de voir.
Le ministre a aussi déclaré que l'on ne pouvait pas exclure que les fuites en mer aient commencé dès les premiers jours de l'accident ! Cette déclaration est réellement nouvelle.
La contamination en césium dans le puits 1-5 a soudainement augmenté, comme déjà signalé (cf 6 août). Le résultat de l'analyse tritium est maintenant disponible : il y a entre 45 000 et  56 000 Bq/l, ce qui est presque deux fois plus que la plus forte contamination relevée dans ce puits (28 000 Bq/l relevés le 31 juillet).
Quant à l'eau de mer à proximité de la centrale, elle continue à être fortement contaminée en tritium, signe que les fuites continuent.
Le dernier bilan de l'eau contaminée est ici en anglais.
Les pêcheurs d'Iwaki qui avaient prévu de reprendre la pêche le mois prochain pour analyser les poissons ont décidé de reporter leur initiative.

Les sédiments marins et l'eau de mer continuent à être fortement contaminés sur des centaines de kilomètres suite aux rejets massifs qui ont eu lieu en avril 2011 et au lessivage des sols contaminés. Dans la baie de Tôkyô, l'eau de mer est aussi contaminée à quelques dizaines de kilomètres de la centrale. En cet endroit, c'est le lessivage des sols qui entraîne la contamination via les rivières qui est en cause. Et comme la Baie est presque fermée, cela s'accumule.
Des chercheurs ont aussi effectués des analyses de la contamination des sédiements marins et ont trouvé des points chauds. Une quarantaine de points chauds, où la contamination est 5 fois plus élevée que dans les environs immédiats, ont été trouvés à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. Cela correspond à des zones plus profondes. De même, à l'embouchure du fleuve Abukuma, située à Miyagi à 70 km de la centrale, les sédiments y sont plus de deux fois plus contaminés que dans les environs.

Jeudi 8 août 2013, l'ACRO a mis en ligne une synthèse sur la gestion de l'eau contaminée. Voir aussi celle faite en parallèle par Pierre Fetet.

Samedi 10 août, Masayuki Ono, porte-parole de TEPCo, a reconnu que TEPCO savait depuis deux ans que de l'eau souterraine contaminée s'écoulait en mer. Il ne peut pas dire pourquoi il a fallu deux ans pour le reconnaître.
Si l'on avait dit honnêtement aux pêcheurs qu'il y a 300 m3 d'eau radioactive qui s'écoulent dans l'océan et qu'en pompant 100 m3 par jour en amont de la centrale on espère pouvoir diminuer ces fuites, ils auraient accepté. Quelle perte de temps !

Vendredi 16 août, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons. Dans le port, tous sont contaminés et la contamination dépasse les 100 Bq/kg pour la somme des deux césiums, à une poignée d'exceptions près. La plus forte contamination est de 180 000 Bq/kg. Un peu plus loin, mais dans la zone des 20 km, il y a encore plusieurs prises dont la contamination dépasse les 100 Bq/kg. D'une manière générale, on note une baisse de la contamination, ce qui est une bonne nouvelle, mais pas suffisante pour lever l'interdiction de la pêche.

Les derniers résultats de la contamination de l'eau des nappes phréatiques entre les réacteurs et la mer, ainsi que de l'eau de mer à proximité de la centrale restent très élevés. TEPCo a aussi mis en ligne un bilan de la contamination de l'eau souterraine et de l'eau de mer du côté Est des bâtiments turbine.

Lundi 19 août, la contamination en tritium de l'eau de mer à proximité de la centrale vient de battre un nouveau record : 4 700 Bq/l au point le plus contaminé alors que le précédent record était de 3 800 Bq/l le 11 août 2013. Ces mesures sont récentes et ne remontent pas à l'énorme fuite en mer d'avril 2011.

Mardi 20 août, l'eau souterraine prélevée entre les réacteurs et la mer continue à être très chargée en tritium et autres polluants radioactifs. La contamination en tritium de l'eau de mer qui a battu un record la veille est quant à elle, redescendue à un niveau malheureusement plus habituel de 3 200 Bq/l. Malgré les grandes déclarations de TEPCo et des autorités sur la "gravité de la situation" et leur promesse d'agir, les fuites continuent. Qu'y peuvent-ils ?

Jeudi 22 août, TEPCo a estimé que de 3 à 10 térabecquerels de strontium (3 000 à 10 000 milliards de becquerels) et de 4 à 20 térabecquerels de césium 137 ont pu fuir en mer depuis mai 2011. C'est beaucoup plus que l'autorisation de rejet en mer fixée à 220 Gbq (220 milliards). Ce calcul est basé sur la contamination de la baie et l'hypothèse que le flux était continu. C'est bien la preuve que TEPCo a toujours su que cela fuyait en mer...

Samedi 24 août, les dernières mesures de la concentration en tritium dans l'eau de mer à l'entrée du port, située à 500 m devant la centrale, montrent une forte augmentation en une semaine. Elles varient de 52 à 68 Bq/l et ce sont les plus fortes valeurs enregistrées à cet endroit.
D'autres données récentes sur l'eau des nappes phréatiques et et l'eau de mer sont ici. La contamination reste élevée.

Mercredi 28 août, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure partiels sur des animaux marins pêchés au large de la centrale. Tous sont contaminés, mais à des niveaux qui n'empêchent pas leur commercialisation.

Lundi 2 septembre, la contamination en tritium de l'eau de mer est de nouveau très élevée, avec 4 200 Bq/l pour le point le plus contaminé. Le président de la NRA a rappelé que si TEPCo arrive à utiliser la station de traitement ALPS, elle ne retire pas tout. Il reste en particulier le tritium qui n'est pas retenu et qui sera rejeté en mer. Il y aura donc des fuites plus des rejets contrôlés ! La quantité de tritium stockée dépasse largement les autorisations de rejet. Comment les autorités vont-elles résoudre ce problème ? Vont-elles augmenter l'autorisation ? Cela va être difficile à expliquer ! Il ne semble pas prévoir de surveillance indépendante de la pollution marine, ni d'études spécifiques.
Il n'y a pas le carbone 14 dans la liste des radioéléments traités par ALPS. Va-t-il aussi être entièrement rejeté ? Je n'ai jamais vu de mesure de cet élément qui est aussi un bêta pur et donc difficile à mesurer. Le silence est assourdissant sur cet élément qui entre dans les rejets de routine des installations nucléaires.

Vendredi 6 septembre, la Corée a annoncé qu'elle interdisait l'importation de produits marins en provenance de 8 provinces japonaises (Fukushima, Aomori, Ibaraki, Gunma, Miyagi, Iwaté, Tochigi et Chiba). 50 produits sont concernés et ont représenté 5 000 tonnes l'an dernier. Elle va aussi renforcer ses contrôles. Le gouvernement japonais a appelé la Corée à réagir "scientifiquement" en argumentant que les produits alimentaires japonais sont contrôlés avant d'être mis sur le marché et que les fuites récentes n'ont eu qu'un impact très limité.
La décision coréenne est due à une forte inquiétude de la population et à une baisse des ventes de produits de la mer.

Vendredi 13 septembre, la coopérative de pêche de Sôma-Futaba, qui avait suspendu ses projets de reprendre ses activités, a décidé de mener une campagne test à la fin du mois de septembre.
La NRA a mis en ligne une présentation de l'évolution de la contamination des ressources halieutiques. C'est en japonais.
La page qui regroupe la surveillance de la mer est ici en japonais.

Samedi 14 septembre, des experts de la NRA ont découvert que TEPCO a systématiquement sous-estimé la contamination en césium dans l'eau de mer prélevée à proximité de la centrale, à cause d'une erreur triviale concernant le bruit de fond. Les données publiées depuis juin sont corrigées.

TEPCo a revu à la baisse l'ampleur de ses fuites en mer : ce sont sont plus 1 000 m3/j qui descendent de la montagne, mais 800. Comme 400 m3 pénètrent chaque jour dans les sous-sols de la centrale où ils sont pompés, il en reste 400 m3 qui s'écoulent. La moitié seulement serait contaminée avant de rejoindre la mer. Bref, l'estimation est toujours aussi grossière qu'avant. Rien ne permet d'affirmer que 50% de l'eau qui rejoint la mer est contaminée.

Dimanche 15 septembre, la NRA va lancer une cartographie de la contamination des fonds marins autour de la centrale de Fukushima daï-ichi, sur 1 000 km2 environ. Elle prévoit 600 000 points de mesure contre 200 actuellement. Elle dispose pour cela d'un nouvel instrument de mesure au bout d'un filin qui peut faire la mesure directement sans faire de prélèvement qui sont ensuite analysés sur le bateau comme c'est pratiqué en ce moment.

Mercredi 18 septembre, les poissons pêchés dans le port devant la centrale de Fukushima daï-ichi continuent d'être très contaminés. Seuls 3 poissons sur 56 ont une contamination inférieure à la limite de mise sur le marché (100 Bq/kg pour les deux césium). Le record est à 190 000 Bq/kg. Au large, il y a encore beaucoup de spécimen qui dépassent cette limite.

Selon un membre du principal parti d'opposition, Sumio Mabuchi, qui était conseiller du Premier ministre Naoto Kan en 2011, en charge de la catastrophe nucléaire, TEPCo s'était engagée auprès du gouvernement de construire une barrière souterraine pour éviter les fuites en mer. L'accord avait été conclu en juin 2011, mais TEPCo avait demandé à ce qu'il ne soit pas rendu public à cause de son coût très élevé, de l'ordre de 100 milliards de yens (770 millions d'euros). Si cette somme était ajoutée dans les dettes de la compagnie, elle aurait été considérée en danger de faillite par les marchés. Comme l'AG des actionnaires approchait, TEPCo aurait demandé au ministre de l'industrie de l'époque, Banri Kaieda, de rester vague sur le coût et les délais lors de ses communications à la presse. A l'époque le gouvernement ne songeait pas à injecter de l'argent public dans la compagnie et craignait pour le paiement des salaires et des indemnisations. Le ministre a accepté la proposition de TEPCo contre une promesse verbale du Vice-président de la compagnie, Sakae Muto.
Interrogée par l'Asahi, TEPCo met en avant des difficultés techniques pour justifier le fait que les travaux n'ont pas été faits. Comme d'habitude...

L'Asahi a mis en ligne une infographie sur les mesures prévues pour réduire les rejets radioactifs en mer.

Jeudi 19 septembre, le premier ministre est allé visiter la centrale de Fukushima daï-ichi. Il a, de nouveau, affirmé que l'eau contaminée qui fuit des installations était "bloquée dans l'espace de 0,3 kilomètre carré du port de la centrale", comme il l'avait martelé devant le Comité international olympique.

La NRA a mis en ligne des résultats de mesure de la contamination des sédiments dans la Baie de Tôkyô. Cela monte jusqu'à 192 Bq pour les deux césium par kilogramme de matière sèche.

Mardi 24 septembre, voir les transparents du chercheur Michio Aoyama sur les rejets en mer et leur devenir.

Jeudi 26 septembre, un des chalutiers partis pêcher à 50 km au large la veille a pris, outre des débris du tsunami, 2,5 tonnes d'animaux marins. Après avoir trié les seules espèces éligibles, il ne restait que 250 kg. Le reste a été rejeté à la mer. C'est dur pour un pêcheur. Mais, le pêcheur interrogé par l'Asahi, comprend la réaction des consommateurs : il ne donnerait pas lui-même du poisson contaminé à ses petits enfants.
Site des coopératives de pêche de Fukushima.

TEPCo tente de retenir les fuites radioactives dans le port devant la centrale. Pour cela, elle a mis en place une barrière sous marine qui doit retenir les sédiments, mais qui laisse passer l'eau à cause des marées.
TEPCo a annoncé avoir découvert un trou dans cette barrière, dans la partie qui doit retenir les radioéléments en provenance de la zone des réacteurs 1 à 4 en direction des réacteurs 5 et 6.
La NRA lui a ordonné de contrôler l'eau de mer devant les réacteurs 5 et 6.
Voir les photos commentées en japonais.

Vendredi 27 septembre, un point sur la contamination de l'eau de mer fait par la NRA, avec de nombreuses données.

TEPCo a revu à la hausse l'impact de la fuite en mer : ce seraient maintenant 400 m3 d'eau contaminée par jour qui s'écouleraient vers l'océan, contre 300 m3 annoncés durant l'été 2013. TEPCo estime à 800 m3 par jour la quantité d'eau souterraine à passer sous les réacteurs accidentés. 400 m3 doivent être pompés quotidiennement et 400 autres m3 s'écouleraient. Le PDG de TEPCo a dit qu'il estimait qu'une partie seulement de cet écoulement était contaminé, mais par mesure conservative, la compagnie va agir comme si tout était pollué. Là encore, on est probablement dans l'euphémisme : avant la catastrophe, TEPCo pompait entre 850 et 1200 m3 d'eau souterraine par jour pour maintenir le niveau de la nappe sous le niveau des sous-sols et la rejetait en mer. Sans ce pompage, il y avait des infiltrations.

Suite à la rupture de la barrière sous marine du côté des réacteurs 5 et 6, TEPCO a fait des mesures sur l'eau de mer et n'a pas détecté d'augmentation de la contamination en césium.

Samedi 28 septembre, des produits de la mer comme des poulpes, pêchés au large de Fukushima, viennent d'arriver sur les étals à Tôkyô.

TEPCo a annoncé avoir réparé la barrière sous marine où une brèche était apparue du côté des réacteurs 5 et 6.

Mardi 1er octobre 2013, TEPCo fait un bilan de la contamination de l'eau de mer sur le mois de septembre, avec un plan qui aide à comprendre. Les dates semblent arbitraires :
- en dehors du port où l'on trouve un point avec du tritium ;
- dans le port où l'on trouve du tritium jusqu'à 23 Bq/L et du césium jusqu'à 4,4 Bq/L. Rien sur les sédiments ;
- à l'intérieur de la zone où il y a des barrières sous marines, le long du littoral, où l'on trouve du tritium jusqu'à 1 400 Bq/L et du césium jusqu'à 106 Bq/L.
- dans l'eau souterraine le long du littoral. Là il y a du tritium jusqu'à 340 000 Bq/L, une contamination bêta total qui monte à 700 000 Bq/L et du césium jusqu'à 510 Bq/L.

Mercredi 9 octobre, le gouvernement japonais et l'AIEA se sont mis d'accord pour oeuvrer ensemble afin de réduire les craintes relatives à la contamination de la mer. L'AIEA ayant pour mission de promouvoir l'énergie nucléaire, n'est pas plus objective...

La NRA a fait des progrès dans la présentations des résultats de la contamination marine : elle regroupe tout dans un seul fichier avec des cartes. Il manque encore des courbes montrant l'évolution.

Jeudi 10 octobre, TEPCo a enregistré une augmentation soudaine de la contamination en césium de l'eau de mer dans le port devant la centrale de Fukushima daïichi. C'est beaucoup plus élevé que la veille au même endroit, situé près de la barrière mis en place au niveau de la prise d'eau du réacteur n°2. Il y a maintenant 1 200 Bq/l pour les deux césium à l'intérieur de la barrière et 227 Bq/L à l'extérieur (voir le tableau de résultats). La veille l'eau était plus contaminée à l'extérieur... Il n'y a pas d'augmentation significative au niveau des autres points de prélèvement. TEPCo soupçonne les travaux en cours à proximité du réacteur n°2 où il y a toujours injection de produits chimiques pour tenter de bloquer les écoulements d'eau contaminée (ce qui est impossible).
Voir la localisation des points de prélèvement ici.
(Reuters a confondu cette augmentation avec l'eau qui a aspergé des ouvriers la veille. Voir par exemple Le Monde, Ouest-France...)
La compagnie a aussi détecté une contamination en césium de l'eau de mer à 1 km de l'entrée du port devant la centrale, vers l'Est, là où, d'habitude, c'est inférieur à la limite de détection, qui est assez élevée. Il y avait 1,4 Bq/L pour le seul césium 137 dans l'échantillon du 8 octobre. La veille et le lendemain, c'était en dessous de la limite de détection de 0,72 Bq/L.

D'autres données sur la contamination de l'eau de mer par la NRA. Cela reste contaminé sur des centaines de kilomètres.

Vendredi 11 octobre, les pêcheurs ont repris la pêche de petits poissons pour la friture pour la première fois depuis mars 2011 au large de Fukushima. 34 bateaux sont partis du port de Matsukawaura à Sôma. Cette décision fait suite à l'absence de contamination détectée ou de faibles concentrations depuis quelques temps.

Samedi 12 octobre, TEPCo a renforcé la surveillance de la contamination radioactive dans le port devant la centrale et a noté une augmentation significative à l'entrée. C'est la plus forte valeur depuis le début de la survaillance en juin dernier : 10 Bq/L pour les deux césiums. Le précédent record était de 6,3 Bq/L le 19 août 2013.

Mardi 15 octobre, la coopérative de pêche de Sôma a finalement mis sur le marché 900 kg de tout petits poissons pêchés au large de Fukushima. Aucune contamination n'aurait été détectée.

Mercredi 16 octobre, alors que l'AIEA et le Japon discutent d'une coopération dans le surveillance de la contamination marine, la Corée a demandé à se joindre. Les pourparlés sont en cours, mais rien de concret n'est sorti pour le moment.

Vendredi 18 octobre, une coopérative de pêche d'Iwaki a aussi repris ses activités et compte vendre ses prises si elles ne dépassent pas limite de mise sur le marché. 13 bateaux ont pêché à une quarantaine de kilomètres du littoral et à plus de 150 m de profondeur. Ils n'ont gardé que 8 espèces.
Avant l'accident plus de 100 espèces étaient capturées. Il n'y en a plus que 18 actuellement. Et les bateaux ne partent en mer qu'une fois par semaine pour observer la réaction des consommateurs. Evidemment, les pêcheurs espèrent augmenter rapidement leurs prises.

TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des sédiments marins : c'est toujours aussi contaminé. Les courbes d'évolution ne mettent pas en évidence de baisse.

Mardi 22 octobre, TEPCO soupçonne toujours une galerie souterraine pleine d'eau contaminée d'être la source principale des fuites vers les nappes phréatiques et finalement vers la mer. Si elle vide la galerie, l'eau revient. Elle doit donc boucher les accès.
Elle a fait une réplique de ce tunnel dans une autre galerie afin de tester une nouvelle méthode qui consiste à geler l'eau du côté des accès. Au bout d'un mois et demi, il y avait un mur de glace de 2 m de haut et de 2 m de large qui a fait office de bouchon. Mais les ingénieurs ont dû installer plus de tuyaux avec du liquide de refroidissement qu'initialement prévu pour arriver à ce résultat. Et c'est difficilement transposable à la galerie qui pollue à cause des débits de dose très élevés. Mais TEPCo espère y arriver l'an prochain. En attendant, les fuites continuent et continueront encore, car cette galerie n'est pas la seule cause des fuites.

TEPCo va installer des balises sous marines pour mesurer la radioactivité en continu et détecter plus rapidement les fuites nouvelles. Pour le moment, elle fait un prélèvement par jour.

TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des animaux marins pêchés à moins de 20 km de la centrale. Il y a encore des spécimens qui dépassent la limite de mise sur la marché fixée à 100 Bq/kg pour les deux césium. Dans le port devant la centrale, la contramination est beaucoup plus élevée. Cela monte jusqu'à 69 000 Bq/kg.
La compagnie a aussi mesuré 1,6 Bq/L pour les deux césiums dans l'eau de mer à 1 km au large. Le prélèvement date du 18 octobre. Ce n'est pas la première fois.
Le ministre de l'industrie continue à proclamer que la contamination n'atteint pas l'océan et reste confinée dans le port.

Mercredi 23 octobre, le premier ministre a redit devant le parlement, le 22 octobre, que les "effets" de l'eau contaminée sont complètement bloqués dans le port devant la centrale. Reste à comprendre ce qu'il entend par "effets". Au-delà les niveaux de contamination sont dans les normes de sûreté a-t-il précisé.

Mercredi 30 octobre, les pêcheurs de Fukushima ont limité leurs prises à 18 espèces différentes. Il veulent passer à 27. Les neuf nouvelles espèces ont une contamination inférieure à la limite gouvernementale depuis plus de 18 mois. Un contrôle de la contamination radioactive est effectué avant la mise sur le marché.

Vendredi 1er novembre 2013, la contamination en césium de l'eau de mer est toujours plus élevée à proximité de la centrale qu'un peu plus au large. On trouve aussi du tritium qui ne provient pas des sédiments. Ici aussi. Cela prouve que la centrale continue à fuir en mer et que la radioactivité n'est pas confinée dans le port comme le prétend le premier ministre. Elle se dilue en allant vers le large.

-> Les mesures disponibles concernent surtout l'eau de mer. Pour les êtres vivant dans la mer, il faut multiplier ces valeurs par un facteur de concentration. Quelques valeurs de facteurs de concentration sont données ici. Ce modèle basé sur la concentration directement via l'eau de mer ne marche pas bien qu'il soit utilisé partout. Une partie des poissons est contaminée via la chaine alimentaire à partir des sédiments marins.
-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> Les données de mesure officielles du MEXT sont ici et ici en anglais.
-> Simulation de la dispersion de la pollution radioactive dans le Pacifique par JAMSTEC : ici en anglais.

Impact sur la faune et la flore

Mercredi 27 mars 2013, une espèce de mollusque gastéropode a disparu de la côte japonaise à proximité de la centrale de Fukushima, selon une étude du National Institute for Environmental Studies. Les chercheurs ne savent pas si c'est dû à la radioactivité. Ces animaux de 3 cm sont très répandus au Japon. Mais il n'y en avait aucun sur 30 km de littoral près de Fukushima, entre Futaba et Hirono. En revanche, il y en avait à Sôma ou Minami-Sôma, qui ont été fortement touchées par le tsunami. Il est donc peu probable que leur disparition soit seulement due au tsunami.

Lundi 1er avril, présentation du Prof. Timothy Mousseau et Anders Møller sur l'impact de la radioactivité sur les être vivants des zones contaminées. Comme le précise, avec humour, la diapo 5, les oiseaux ne boivent pas d'alcool, ne fument pas et ne sont pas dépressifs ! C'est donc un bon indicateur de l'impact sanitaire potentiel des radiations. Et cet impact est visible !

Mercredi 9 octobre, des chercheurs japonais ont étudié les testicules et le sperme de trois taureaux abandonnés dans la zone évacuée et n'ont trouvé aucun effet biologique. La durée d'exposition était assez courte, 10 mois au maximum.
Ils veulent aussi étudier les effets génétiques.
L'étude est disponible en libre accès.

-> Lire notre article sur l'impact de la radioactivité expliqué aux enfants.
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Evacuation ou vie dans les territoires contaminés


Le 11 mars 2012, la zone des 20 km autour de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi est toujours fermée. Il faut un laisser-passer pour y entrer ou passer à pied par des petits chemins. Environ 80 000 personnes y habitaient. Depuis la fin de la phase d'urgence en décembre 2011, les autorités souhaitent pouvoir laisser rentrer les populations dans les zones pas trop contaminées, après avoir réparé ce qui a été endommagé par le séisme et le tsunami.

D'autres zones ont été évacuées à cause de la forte contamination des sols. Il y a ainsi une bande vers le Nord-Ouest jusqu'à une cinquantaine de kilomètres de la centrale. Le critère d'évacuation est basé sur la seule irradiation externe qui ne doit pas dépasser 20 mSv/an, ce qui correspond à la limite des travailleurs du nucléaire en France. A cela s'ajoutent des points chauds évacués jusqu'à 80 km.

De nombreuses personnes sont aussi parties par elles-mêmes. Le nombre total de personnes évacuées est estimé à 150 000 environ.

Pour le retour des populations dans le rayon de 20 km, le nouveau zonage est  :
-    les zones où l’exposition externe peut dépasser 50 mSv sur un an : les autorités ne savent pas quand un retour sera possible ;
-    les zones où l’exposition externe peut entraîner une dose annuelle comprise en 20 et 50 mSv par an : les autorités comptent sur la décontamination pour permettre aux populations de rentrer d’ici quelques années ;
-    les zones où l’exposition externe entraîne une dose inférieure à 20 mSv par an : les autorités s’engagent à y effectuer les travaux nécessaires pour permettre un retour rapide. En effet, les dégâts du séisme et du tsunami n’ont pas pu être réparés dans cette zone.

Il y a en tout 260 000 personnes dans des logements provisoires, dont 110 000 dans des préfabriqués.

Les Amis de la Terre du Japon ont mis en ligne un rapport en anglais présentant les efforts des citoyens japonais pour la reconnaissance d'un droit à l'exil en cas de vie dans les territoires contaminés par la catastrophe de Fukushima.

Mercredi 13 mars 2013, le Maïnichi vient de découvrir que 3 employés municipaux de Futaba qui ont assisté la police à rechercher les corps des victimes du tsunami dans la zone évacuée n'avaient aucune protection ni dosimètre pendant presque un mois. Les policiers étaient protégés contre la contamination et portaient deux dosimètres. Leurs doses ont été enregistrées. 27 500 personnes ont participé à ces recherches dans les communes de Futaba et Minami-Sôma et l'irradiation externe est restée inférieure à 5 mSv pour chacune d'entre elles. C'est plus que la limite habituelle de 1 mSv.
Mais rien de tel pour ces trois employés municipaux, qui ont participé aux opérations de recherche entre le 22 avril et le 19 mai 2011, alors que leur municipalité avait déjà déménagé à Kazo, dans la province de Saïtama.

Vendredi 15 mars, un beau webdocumentaire sur la catastrophe de Fukushima et la vie dans les territoires contaminés.

Samedi 16 mars, nous en avons déjà parlé jeudi 14 mars, de nombreuses communes situées dans un rayon de 30 km d'une centrale nucléaire, qui doivent préparer un plan d'évacuation de leur population pour lundi 18 mars, ne sont pas prêtes.  C'est pourtant une condition nécessaire pour pouvoir redémarrer les réacteurs. Et les plans des communes qui ont rendu leur copie ne sont pas satisfaisants.
La province de Fukui, avec 14 réacteurs nucléaires, est particulièrement concernée. En juin 2012, elle a écrit rapidement un plan d'évacuation autour de la centrale d'Ôï, pour pouvoir la redémarrer. C'est la seule à fonctionner actuellement. Mais le plan est complètement irréaliste. Par exemple, les habitants de Takahama, à l'Ouest, ne doivent pas partir vers la ville de Maïzuru à 20 km de là, mais rester dans la province, en allant à Tsuruga, à 50 km de là, en passant au plus près de plusieurs réacteurs nucléaires... Le gouverneur de Fukui ne semble pas prêt à travailler avec les gouverneurs des provinces voisines. Il se focalise sur les communes à moins de 5 km pour le 18 mars.
Les plans des provinces voisines de Kyôto et Shiga ne sont pas sans critique : la province de Kyôto prévoit d'évacuer ses habitants vivant à moins de 30 km des centrales de Fukui à Maïzuru. Mais, on ne sait pas comment, ni où ces personnes seront hébergées.
Rien n'est prévu, non plus, si le lac Biwa, qui abreuve en eau potable 14,5 millions de personnes, est contaminé.
A Shizuoka, autour de la centrale de Hamaoka, il y a 860 000 personnes dans un rayon de 30 km. Comment trouver les bus et les chauffeurs pour les évacuer ?

Le Japan Times consacre un article intéressant au projet "Shinsai Big Data", ou base de données de la catastrophe sismique. Les enregistrements des téléphones portables ou des GPS permet de suivre la réaction des gens au moment de la fuite face au tsunami et d'abaisser le nombre de victime la prochaine fois. Il apparaît, par exemple, que les personnes sont commencé à fuir le plus loin possible de la côte, comme elles devaient le faire, puis que de nombreuses voitures ont fait demi-tour pour retourner dans les zones qui seront inondées. Elles seraient aller secourir des proches et cela leur a été fatal. D'autres mouvements montrent un point d'arrêt. Les gens se seraient donc rassemblés dans la zone d'évacuation prévue, qui a été inondée, alors qu'ils auraient eu le temps d'aller plus loin et être sauvés. De nombreuses personnes ont été bloquées dans les embouteillages.
Les mails et autres SMS ont aussi été très utiles pour retrouver des disparus. Il y a eu 180 de tweets au Japon le 11 mars 2011. Comment les exploiter ? Qu'en est-il de l'évacuation due à la catastrophe nucléaire ? Peut-on en tirer des informations similaires ?

Lundi 18 mars, date limite pour soumettre son plan d'évacuation à la NRA en cas d'accident nucléaire. 135 communes et 21 provinces ayant des habitants à moins de 30 km d'une centrale nucléaire sont concernées. Selon le Maïnichi, 59 communes et 13 provinces sont dans les temps. Mais seulement 58 communes et 12 provinces auraient trouvé un lieu d'accueil. Mais il n'y a pas que l'évacuation à prévoir. Et seulement 30 municipalités et 8 provinces sont prêtes.
A Ibaraki, par exemple, où 940 000 personnes vivent à moins de 30 km des installations nucléaires, cela semble impossible d'évacuer toute le monde en cas d'accident. Les autorités locales en appellent au gouvernement. A Shizuoka non plus, il n'y a pas encore de lieu d'accueil pour tout le monde.
Selon le Yomiuri, seulement 29 communes sont prêtes. 120 (ou 80%) pensent avoir fini à l'automne 2013. 7 autres se donnent jusqu'à mars 2014.

Dimanche 14 avril, en juin 2011, plusieurs familles avaient porté plainte pour obtenir l'évacuation des enfants des zones contaminées. La cour d'appel devrait rendre son verdict bientôt. Les familles, qui habitent à Kôriyama, ont saisi la justice au nom de 14 enfants pour obtenir le droit de vivre dans une zone où l'exposition à la radioactivité artificielle ne dépasse pas 1 mSv/an. Elles ont été déboutées en décembre 2011.

Mercredi 24 avril, le maire de Minami-Sôma, K. Sakuraï, a fait le bilan des 3 catastrophes qui ont frappé sa ville en 2011 devant la délégation des 3 CLI du Nord-Cotentin en voyage au Japon :
- il y avait 71 000 habitants avant la catastrophe. Ce nombre est descendu à 10 000 et est actuellement de 46 000. 25 000 autres ne sont pas revenus.
- le tsunami a entraîné le décès de 686 habitants. 406 autres, des personnes âgées essentiellement, sont décédées à cause de l'évacuation forcée qui a fait suite à la catastrophe nucléaire.

Jeudi 25 avril, nous en avions parlé le 14 avril, plusieurs familles avaient porté plainte au nom de leurs enfants pour obtenir le droit à évacuer avec compensations de la ville de Kôriyama, qu'elles considèrent trop contaminée. Elles avaient déjà été déboutées en décembre 2011 et avaient fait appel de la décision. Elles viennent à nouveau d'être déboutées.

Mardi 7 mai, le nombre d'enfants scolarisés à Fukushima a chuté et est passé sous la barre des 100 000. C'est 19 000 de moins qu'avant la catastrophe. L'Asahi rapporte que dans deux écoles, il n'y a plus qu'un seul élève. C'est le cas d'Ônami, située à 57 km de la centrale, où un seul garçon de 11 ans vient en classe (l'école primaire dure 6 ans au Japon) et est en dernière année. Il y avait 41 élèves avant la catastrophe. Trois personnes sont là pour s'occuper de lui...

Samedi 11 mai, le ministère de l'environnement a annoncé qu'il allait revoir les règles d'évacuation pour prendre en compte les animaux de compagnie.

Samedi 25 mai, la limite d'évacuation a fixée à 20 mSv/an par les autorités japonaises. Elle est de 10 mSv/an en France. Aux Etats-Unis, c'est 20 mSv la première année et 5 mSv la suivante. En Biélorussie, c'est 5 mSv qui a été appliquée 5 ans après le début de la catastrophe. 20 mSv/an correspond à la limite pour les travailleurs du nucléaire et c'est 20 fois plus que la limite pour la population générale en temps normal. Cette limite n'a pas été accepté par les populations qui ont tenté d'infléchir la décision gouvernementale. Evacuer à 10 mSv/an aurait entraîné le déplacement de 70 000 personnes supplémentaires selon l'IRSN. Cela a un coût et les autorités doivent choisir entre les finances publiques et la santé publique. Ce sont souvent les finances qui gagnent...
Le quotidien Asahi a eu accès à des documents officiels qui permettent de comprendre cette décision de maintenir une limite d'évacuation à 20 mSv/an. Le 17 octobre 2011, lors d'une réunion informelle de membres du gouvernement, le ministre de l'environnement, en charge de la catastrophe nucléaire, a proposé de baisser la limite d'évacuation à 5 mSv/an et a défendu sa proposition en arguant que le fossé entre 1 et 20 mSv est trop grand. Et puis, au Japon, une zone est classée en "zone contrôlée" à partir de 5,2 mSv/an. Et aussi, un travailleur du nucléaire qui a eu une leucémie après avoir reçu une dose de 5 mSv a pu faire reconnaître sa maladie en maladie professionnelle. Tous ces arguments ont fait pencher les ministres présents en faveur de la limite de 5 mSv/an pour ordonner des évacuations. Mais lors d'une autre réunion qui a eu lieu le 28 octobre 2011, le ministre de l'intérieur et le secrétaire du gouvernement ont refusé de changer la limite. 13% de la surface de la province de Fukushima est à plus de 5 mSv/an, dont une partie des villes de Fukushima et de Kôriyama. "La province ne peut pas survivre avec une évacuation à 5 mSv/an et puis il y a le problème des indemnisations". Tels ont été les arguments qui ont fait pencher la balance en faveur du maintien d'une limite élevée. Et le 4 novembre, c'est la limite de 20 mSv qui a été adoptée.
Evidemment, ces arguments n'ont jamais été présentés au public qui n'a eu droit qu'à des affirmations qu'en dessous de 20 mSv/an, il n'y a aucun problème.
Maintenant que les autorités veulent que les populations rentrent chez elles pour ne plus à avoir à les indemniser, c'est toujours la limite de 20 mSv/an qui est gardée, même si un objectif d'un retour à 1 mSv/an est annoncé, sans calendrier. Et comme la décontamination n'apporte pas les résultats escomptés, il est peu probable que cette limite soit atteinte rapidement.

Mardi 28 mai, il y a 24 000 réfugiés de la catastrophe nucléaire à Iwaki. Cela ne va pas sans poser des frictions avec les habitants à cause de la congestion des services publics comme l'hôpital ou pour trouver un logement. Et puis, les réfugiés peuvent vivre sans travailler grâce aux compensations de TEPCo, ce qui provoque des jalousies. Ce regard est dur pour les réfugiés qui rêvent donc de pouvoir rentrer ou s'établir ailleurs pour reprendre une vie normale.

Vendredi 7 juin, l'IRSN a remis à jour son bulletin d'information à destination des Français expatriés au Japon.

Lundi 1er juillet 2013, l'ancien maire de Futaba avait emmené son administration et une partie de ses habitants se réfugier dan un lycée désaffecté de la banlieue de Tôkyô, dans la province de Saïtama. La nouvelle équipe municipale a décidé de déplacer les services munisipaux à Iwaki dans la province de Fukushima, mais une centaine de personnes âgées qui continuent de vivre dans un ancien lycée de Kazo ne veulent pas partir. L'âge moyen des 109 personnes est de 68 ans et trente ont besoin de soins. Ces réfugiés préfèrent l'inconfort à la solitude des logements provisoires qui leur sont proposés.
Le maire de Kazo est prêt à continuer à les héberger car sa commune qui a bénéficié de l'énergie nucléaire. Il doit donc continuer à les aider jusqu'à ce qu'ils retrouvent le sourire.
C'est le dernier centre d'évacuation collectif du pays. Tous les autres victimes des 3 catastrophes ont été relogées, parfois dans des mobile homes.

Lundi 29 juillet, le parlement japonais avait voté une loi pour venir en aide aux victimes de la catastrophe nucléaire il y a trente mois et il ne s'est rien passé depuis. C'étaient des députés non affiliés qui avaient porté cette loi. Mais on attend toujours les décrets d'application et surtout la politique gouvernementale en la matière. En attendant, ce sont des familles qui souffrent. Le gouvernement était supposé interroger les victimes, mais l'Agence de reconstruction n'a pas organisé le moindre forum. Et le logement fourni gratuitement à de nombreux réfugiés n'est prévu que jusqu'au printemps 2015. Après, personne ne sait ce qui va se passer.
Surtout, le gouvernement tarde à revoir les limites maximales admissibles de dose à long terme. Comment bâtir une politique sans règle claire ? Les réfugiés qui avaient mis beaucoup d'espoir dans la loi sont très déçus et se sentent abandonnés. Dans un éditorial, l'Asahi, en appelle aux politiques pour qu'ils prennent leurs responsabilités.

Mercredi 14 août, le ministère de l'environnement a présenté un bilan de la décontamination dans 58 communes situées dans 7 provinces (Iwaté, Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama et Chiba) en dehors de Fukushima. Ce sont les municipalités qui ont la charge des travaux, mais c'est le gouvernement qui finance. Presque 96% des écoles et crèches ont été décontaminées (1 531 sur 1 596) car elles étaient prioritaires. Ce sont maintenant les habitations qui sont au programme. Sur 140 972 habitations concernées, les ordres de décontaminer ont été signés pour 90 639 d'entre elles. Les travaux sont finis pour 42 789 habitations, soit 30%.

Mardi 3 septembre, le New York times a mis des photos poignantes des zones évacuées.

Mercredi 4 septembre, Google a mis en ligne des images de la zone interdite et s'est approchée très près de la centrale accidentée.

Mercredi 11 septembre, deux ans et demi plus tard :
30 mois après les séisme, tsunami et catastrophe nucléaire, c'est l'heure des bilans :
- Le nombre de décès dû aux séisme et tsunami est officiellement de 15 883. Il y a aussi 2 654 disparus. Enfin, l'évacuation aurait entraîné le décès de 2 688 personnes. Il y a eu 6 146 blessés dans 20 provinces.
- 289 611  personnes vivent encore loin de chez elles suite aux trois catastrophes. Parmi elles, 103 600 vivent dans les logements provisoires type mobile-home. Ces logements sont pleins et les personnes qui sont parties loin, au début de la catastrophe, dans de la famille par exemple, peinent à rentrer.
- Plus de 84 000 personnes ont été forcées à partir de chez elles à cause de la radioactivité. Parmi elles, 52 277 ont quitté la province de Fukushima. Mais seules les plus âgées veulent rentrer. Les plus jeunes tentent de refaire leur vie ailleurs.
- La chaîne de télévision publique, NHK, a interrogé les municipalités pour compter le nombre d'évacués volontaires à Fukushima. Il seraint de 49 000, soit 4 000 de moins qu'il y a un an. Il s'agit de souvent de la mère et des enfants. Pour certaines familles, ce n'est plus tenable financièrement.

30 mois après les séisme, tsunami et catastrophe nucléaire, les services médicaux n'ont pas encore été entièrement rétablis. Les hôpitaux et centres de soins détruits par le tsunami n'ont pas tous été reconstruits. Et à Fukushima, il y a toujours un manque de personnel. A Minami-Sôma, une clinique avec 230 lits n'a du personnel que pour 150 personnes. Les infirmières partent rapidement après avoir été embauchées.

Vendredi 20 septembre, en se rendant à la centrale et faisant montre de prendre les choses en main tout en affirmant que la situation est sous contrôle, le premier ministre prend des risques politiques. Mais, il n'a pas convaincu les personnes proches de la centrale et les travailleurs, selon l'Asahi. Le maire de Minami-Sôma a déclaré : "comment peut-il comprendre la situation depuis un bus et en faisant un tour dans la centrale ?" Le maire de Futaba aimerait qu'il vienne voir les réfugiés pour leur expliquer que la "situation est sous contrôle".

Mardi 24 septembre, le gouvernement tarde à appliquer la loi d'aide aux victimes de la catastrophe nucléaire. Pour faire taire les critiques, il a publié une liste de 33 communes de Fukushima qui auront droit à une aide spécifique. Il n'y a aucune commune en dehors de la province, même si la radioactivité ne s'est pas arrêtée à la frontière. Au moins 13 communes touchées par les retombées radioactives, toutes situées en dehors de Fukushima, ont envoyé des commentaires lors de la consultation publique qui se terminait le 23 septembre. Une telle démarche est très rare au Japon et est motivée par le sentiment d'injustice. Une commune de Chiba va jusqu'à dire que l'esprit de la loi n'est pas respecté. Elles réclament, en particulier, une meilleure protection des enfants et des femmes enceintes.
Les communes repérées par le Maïnichi sont : Noda, Kashiwa, Kamagaya, Matsudo, Shiroi, Nagareyama, Sakura, Abiko et Inzai à Chiba ; Toride, Moriya et Joso à Ibaraki ; et Nasushiobara à Tochigi.
Il y a une centaine de communes, dans 8 provinces, avec des débits de dose qui dépassent 1 mSv/an. Ces 13 en font partie.

Le photographe, Ryuichi Kino a mis en ligne des photos récentes de l'ex-zone interdite.

Jeudi 26 septembre, le logiciel TiPEEZ (pour Protection of NPPs against Tsunami and Post Earthquake Considerations in the External Zone) a été montré. Il doit faciliter l'évacuation en cas d'accident nucléaire en prenant en comptes les routes barrées par un séisme, tsunami etc etc. Le développement de ce logiciel avait été lancé en 2004, bien avant la catastrophe de Fukushima, mais n'avait qu'un budget limité. L'ancienne autorité de sûreté, la NISA, prétendait que ces études pouvaient attiser la crainte des riverains.
Si ce logiciel constitue un progrès, il ne résoud pas les nombreux problèmes rencontrés lors de la catastrophe de Fukushima. En particulier pour les personnes vulnérables, malades ou personnes âgées.

Mardi 1er octobre 2013, l'ancien maire de Futaba avait emmené ses habitants de refuges en refuges avant de finir dans un lycée désaffecté de la banlieue de Tôkyô, à Kazo dans la province de Saïtama. Les services municipaux étaient aussi installés dans ce lycée.
Il reste encore 90 personnes sur place. Beaucoup d'autres ont trouvé à se reloger à proximité ou sont retournés plus près de leur lieu d'origine. La nouvelle équipe municipale avait décidé de transférer son administration et ses services à Iwaki. Mais elle vient aussi d'ouvrir un bureau dans la mairie de Kazo avec une vingtaine d'employés temporaires pour les habitants qui sont restés. Elle va les aider à se reloger afin de fermer le dernier refuge.

Jeudi 3 octobre, un article du New York Times, accompagné de photos et d'une vidéo, rapporte de désarroi des personnes déplacées. Les promesses gouvernementales d'une décontamination et d'un retour empêche une partie d'entre eux de reconstruire leur vie ailleurs, même s'ils savent, au fond d'eux même, que ce sera difficile, voire impossible.

Vendredi 4 octobre, Fukushima voice, un site Internet, lancé par Our planet-tv, donne la parole aux habitants de Fukushima sous forme de vidéos. Tout est en japonais.

Mardi 22 octobre, le maire de Matsumoto (Nagano), Akira Sugenoya, a été très impliqué dans l'aide aux victimes de la catastrphe de Tchernobyl. Comme chirugien, spécialiste de la thyroïde, il a quitté son poste dans une université japonaise pour aller en Biélorussie pendant plusieurs années, où il a opéré une centaine d'enfants victimes de cancer. Il a aussi créé une fondation et forme des chirurgiens biélorusses au Japon. Il est aujourd'hui très impliqué pour protéger les enfants de Fukushima, en amont des problèmes de santé. L'Asahi lui consacre un article.
La ville a ouvert un dortoir pour que des enfants de Fukushima puissent être scolarisés à Matsumoto et va prendre en charge une partie des coûts. Il y a de la place dans ses écoles à cause de l'exode rural. Les responsables de la ville sont allé présenter le "projet Matsumoto" à Fukushima et des parents ont faire part de leur intérêt. Il y a déjà environ 200 réfugiés de Fukushima à Matsumoto.
Le maire craint pour la santé des enfants : "si ces craintes sont infondées, ce sera une bonne nouvelle" déclare-t-il, "mais si elles sont avérées, il faut se dépécher avant qu'il soit trop tard".

Jeudi 24 octobre, il y a 5 000 réfugiés de la catastrophe nucléaire à Niigata. Pour la plupart, il s'agit de mères de famille avec des enfants qui sont des évacués volontaires. La perspective de voir la centrale de Kashiwazaki-Kariwa redémarrer les effraie et ils craignent de devoir encore trouver un autre refuge.

Samedi 26 octobre, le prochain forum des Iles du Pacifique aura lieu à Iwaki, à une cinquantaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi, en mai 2015.

Mardi 29 octobre, après Tamura, Greenpeace Japon a mis en ligne des relevés de débit de dose à Daté, ville de 65 000 habitants dont seuls les points chauds ont été évacués. Il y a encore de nombreux points qui dépassent 0,23 microsievert par heure, qui correspond à 1 mSv par an. L'organisation a aussi fait des relevés dans la ville de Fukushima où vivent 280 000 personnes. Le constat est identique.
Voir le communiqué de presse en japonais.

Sous un titre trompeur, un article de Newsweek traduit en français par Slate, raconte les hésitations des autorités américaines au début de la catastrophe alors que des milliers d'Américains vivent au Japon où il y a des bases militaires. Fallait-il évacuer ces gens ou pas ? Quel est le scénario du pire ? Les estimations divergeaient.
Des estimations simplistes, mais rapides, qui sont forcément enveloppe pour protéger les populations, estimaient qu'en cas de fusion de la piscine du réacteur n°4, le débit de dose à Yokosuka, de l'autre côté de Tôkyô, où il y a une importante base navale américaine, dépasserait les normes en vigueur aux Etats-Unis. Le premier Ministre japonais a aussi eu, la première semaine, un scénario du pire similaire. Il a été décidé de ne pas évacuer préventivement les bases américaines, pour des raisons géostratégiques, mais d'aider les citoyens américains qui demandaient à partir. Rappelons que les Etats-Unis avaient demandé à leur concitoyens d'évacuer dans un rayon de 80 km autour de la centrale alors que le gouvernement japonais avait fixé de 20 à 30 km à distance d'évacuation.
Puis des calculs beaucoup plus sophistiqués faits à Livermore ont montré, dans les derniers jours de mars, alors que le pire avait été évité, qu'il n'aurait pas été nécessaire d'évacuer Tôkyô, même en cas de rejets beaucoup plus massifs. Au Japon aussi, les estimations du pire ont été rafinées : un incendie de la piscine du réacteur n°4 aurait provoqué une évacuation forcée jusqu'à 170 km et une évacuation volontaire jusqu'à 250 km.
L'article critique finalement les autres journaux qui favorisent les scénarios exagérés même s'ils ne sont pas fondés.

Lundi 4 novembre 2013, nous avions recommandé d'aller voir le film de fiction "The Land of Hope". Il est possible de le voir en ligne, dans la version doublée en français.

-> Des photos de la zone d'exclusion sont disponibles ici et aussi ici.
-> Le projet de recherche DEVAST a fait une étude comparative des évacuations dues au tsunami et des évacuations dues à la catastrophe nucléaire. Lire le rapport en anglais.

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"Décontamination" et déchets radioactifs


Décontamination et retour des habitants

Les autorités japonaises pensent pouvoir décontaminer de larges portions du territoire. Le gouvernement va prendre en charge la décontamination dans la zone d'exclusion en commençant par les zones où l’exposition externe peut conduire à une dose annuelle comprise entre 10 et 20 millisieverts par an avec comme objectif de passer sous la barre des 10 mSv/an. Pour les lieux accueillant des enfants, c’est la valeur de référence de 5 mSv/an qui est visée.

Pour toutes les autres zones où la contamination des sols peut entraîner une dose annuelle supérieure à 1 mSv et qui n’ont pas été évacuées, le ministère de l’environnement a publié une ordonnance  le 14 décembre 2011 pour les décontaminer. Il revient aux municipalités de proposer un plan et le gouvernement financera. Plus de 100 municipalités sont concernées. Le gouvernement s’est aussi engagé à prendre à sa charge tous les déchets radioactifs issus de ces opérations qui présentent une contamination en césium supérieure à 8 000 Bq/kg.

Les premières expériences ne permettent pas d'être optimiste. Ce sont trois grosses compagnies de BTP qui ont emporté les premiers marchés de décontamination alors qu’elles n’ont aucune compétence particulière. Dans les faits, l'essentiel du travail est effectué par des sous-traitants qui embauchent des journaliers. Les habitants d'Iitaté ont commencé à décontaminer par eux-mêmes avec l'aide d'universitaires. Leur conclusion est qu'il faut commencer par décontaminer les forêts et montagnes avoisinantes, autrement il faut tout recommencer régulièrement.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, alors que l'on approche de la fin de l'année fiscale (31 mars), les autorités régionales des trois provinces les plus touchées, Iwaté, Miyagi et Fukushima, ainsi que 34 communes s'apprêtent à reporter à l'exercice suivant 1 400 milliards de yens (11 milliards d'euros) dédiés à la reconstruction selon un bilan fait par le Yomiuri. A Iwaté et Fukushima, c'est 90% de budget de reconstruction qui va être reporté d'une année.
Qu'est qui freine la reconstruction ? Le manque de main d'oeuvre est un problème crucial. La pénurie de matériau aussi. Le prix du béton a fortement augmenté dans les régions sinistrées.
A Fukushima, s'ajoute le problème de la "décontamination" qui n'avance pas. A Iwaki, la municipalité avait prévu de "décontaminer" 9 000 maison en 2012. Elle n'en a décontaminé que 12 car elle ne sait où mettre les déchets générés.
Selon l'Asahi, 60% des habitants de Fukushima qui ont dû fuir à cause des dangers de la radioactivité ne pourront pas rentrer chez eux avant 2017. Cela représente 54 000 personnes. Il s'agit surtout des habitants d'Ôkuma et Futaba, où est située la centrale, ainsi que de Namié et Tomioka. Et parmi ceux qui pourront rentrer, beaucoup ne le feront pas : 30 à 50% selon les municipalités. Ce sont surtout les familles avec de jeunes enfants.

Le Japan Times consacre un article au millier de réfugiés de Fukushima qui vivent à Kyôto. Ce sont beaucoup de familles monoparentales (la mère et les enfants) car le père est resté pour des raisons professionnelles. Même si le logement est gratuit car au soutien des autorités régionales, le coût financier de la séparation est lourd pour ces familles. A cela s'ajoutent le stress de la séparation et les interrogations sur l'avenir. Le logement gratuit n'est garanti que jusqu'à la fin 2014. Que va-t-il se passer ensuite ? La majorité aimerait pouvoir rentrer dans le Nord-Est (Tôhoku), mais la crainte des radiations rend leur retour difficile, voire impossible.
La branche locale de la Japan Federation of Democratic Medical Institutions, propose des échographies de la thyroïde, ce qui rassure les familles qui n'ont pas confiance dans les tests officiels menés par les autorités régionales de Fukushima.

La province de Fukushima a encore perdu 12 000 habitants en un an. 90% des communes de Fukushima sont touchées par cet exode, mais c'est dans les grandes villes qu'il est le plus fort, bien entendu. A titre de comparaison, Iwaté a perdu 2 500 personnes et Miyagi, a gagné 5 700 habitants.

Mardi 12 mars, plus de 30% des familles qui vivaient dans des communes proches de la centrale sont éclatées : dans la plupart des cas, le père est resté pour le travail alors que la mère et les enfants sont partis pour protéger les enfants. C'est 46,7% à Namié, 39,2% à Futaba, 34,9% à Tomioka et 31,2% à Ôkuma.

Des résidents de Fukushima veulent planter 20 000 sakura (cerisiers à fleur) le long de 190 km de routes côtières afin de rendre les lieux plus accueillants quand un retour sera possible.

Mercredi 13 mars, les autorités avaient tenté de maintenir les établissements scolaires des zones évacuées dans d'autres lieux. Certains réfugiés devaient donc faire de nombreux kilomètres pour pouvoir continuer à aller en classe avec leur camarades. Mais cela n'est pas tenable à long terme et de plus en plus d'écoliers, collégiens et lycéens s'inscrivent dans des établissements plus proche de leur lieu de vie. L'équivalent du rectorat est à la croisée des chemins et il n'a pas pris de décision pour la rentrée 2014 quant au maintien des lycées.

Selon des reporters de Canal+, qui sont allés enquêter sur la décontamination, des déchets radioactifs ont été utilisés pour rebâtir une digue face à la mer. Ils sont simplement empilés dans des sacs plastique sans aucune autre protection. Voir l'émission "effet papillon" du 9 mars 2013. Des photos sont aussi disponibles ici.
On voit aussi dans le reportage les projets d'agriculture hors-sol à Kawauchi, village pionnier dans la "reconquête" des territoires évacués, montré en exemple à Tôkyô. On comprend que les retours soient si peu nombreux.

Lundi 18 mars, TEPCo a proposé aux habitants de Katsurao de creuser des puits pour les alimenter en eau quand ils rentreront après avoir été forcés à évacuer. Le village, situé à une trentaine de kilomètres de la centrale, capte son eau dans une rivière qui est maintenant contaminée. L'eau souterraine ne devrait pas l'être. TEPCo offre se service à titre de dédommagement et les habitants ont accepté.

Samedi 23 mars, selon l'Asahi, qui continue d'enquêter sur les conditions de travail des "décontamineurs", les employeurs ont ordonné aux ouvriers de mentir sur leur prime en cas d'inspection inopinée. Il publie un fac-similé d'un document de la compagnie Maeda en date du 15 novembre 2012 qui prévient les ouvriers qu'il y aura une inspection "surprise" du ministère du travail. Et de menacer de sanctions financières si les inspecteurs n'étaient pas trompés.
Maeda avait convoqué ses sous-traitants le 12 novembre pour les prévenir de l'inspection et les obliger à ne rien révéler. Et l'inspection a bien eu lieu comme annoncé.
Le quotidien a recueilli les témoignages de deux ouvriers qui ont avoué avoir menti aux inspecteurs.
Il cite aussi un autre cas à Tamura où un ouvrier a enregistré les ordres du sous-traitant qui l'employait, juste avant une inspection "surprise" : "Vous allez être interrogés individuellement. Je serais content si vous déclariez aux inspecteurs la somme que vous êtes supposés recevoir et pas la somme que vous recevez effectivement. Ce que vous rapportez à la maison n'inclut pas le coût de la chambre et les repas. La réponse correcte est 15 700 yens (128 euros), qui correspond au salaire minimum et à la prime". Et de menacer les ouvriers de perdre leur emploi si l'un d'entre eux dénonçait les pratiques de siphonage. "Vous pouvez avoir votre propre opinion, mais j'espère que vous vous comporterez en pensant à ce qui peut arriver aux autres".
Ce sous-traitant avait déjà été pris sur le fait, alors qu'il rejetait des déchets radioactifs dans l'environnement.

Lundi 25 mars, certaines zones de Tomioka ont vu leur accès changer lundi 25 mars : les habitants pourront y retourner dans la journée, mais pas y séjourner. 70% de la ville serait passés sous la limite de 50 mSv/an, ce qui reste très élevé. L'accès au célèbre tunnel de sakura (cerisiers en fleur) du parc Yonomori devrait donc être partiellement autorisé cette année. Une partie est encore trop contaminée. Des travaux de décontamination sont en cours pour permettre la visite en bus.
Le retour des habitants ne sera pas possible avant au moins 4 ans. En ce qui concerne les zones où la contamination dépasse encore 50 mSv/an, l'accès sera interdit, sauf avec un laisser passer. Cela nécessitera pas mise en place de 128 barricades.
Il en sera de même pour certaines zones de Namié, à partir du 1er avril prochain.

Jeudi 28 mars, à la demande du maire, Google est allé photographier la ville de Namié et l'on peut se promener virtuellement dans les décombres de la ville abandonnée à cause de la radioactivité grâce à "street view".

Samedi 30 mars, alors que l'année scolaire vient de se terminer, les écoles, collèges et lycées des communes évacuées ont du mal à recruter et sont menacés de fermeture. C'est donc une institution clé du lien social entre les personnes évacuées qui risque de disparaître. Le lycée de Namié, par exemple, avait environ 300 élèves avant la catastrophe. Relocalisé à Motomiya, 47 élèves de terminale viennent de partir. Ils étaient 22 en 1ère et 7 en seconde. Le nombre d'inscrits en seconde pour la rentrée prochaine ne suffit pas pour dépasser le seuil de 40 élèves nécessaires à l'ouverture du lycée.

Le conseil de radioprotection, qui était présidé par le Prof. Niwa et qui dépendait du ministère de l'éducation, des sciences et technologies, a été rattaché à la nouvelle autorité de sûreté, qui est indépendante depuis septembre 2012. Mais, les critères de sélection sont strictes et personne n'a été recruté. Tous les anciens membres, qui avaient des liens trop étroits avec l'industrie nucléaire, ne peuvent plus être qualifiés.
Le gouvernement, qui compte sur les conseils de ce comité pour définir les règles de retour, va voir ses plans retardés. La limite d'évacuation de 20 mSv/an (qui ne prend en compte que l'irradiation externe) devrait être revue à la baisse (enfin !) avant de permettre un retour, mais quelle limite va être choisie ?

Lundi 1er avril, les restrictions d'entrée viennent d'être levées dans une partie de la municipalité de Namié, la partie Est, près de la côte : il s'agit de la zone la plus peuplée de la ville, avec environ 20 000 habitants avant la triple catastrophe (80% de la population totale de la ville). Les habitants ne sont pas autorisés à y passer la nuit.La mairie va aussi rouvrir durant la journée.
Les derniers relevés de débit de dose dans les zones évacuées au-delà des 20 km sont ici. Les abords immédiats des balises ont souvent été "décontaminés" et les chiffres affichés sont généralement inférieurs à ce que l'on peut mesurer dans la zone.

Jeudi 4 avril, le nombre d'enfants scolarisés à Minami-Sôma n'évolue plus beaucoup, ce qui laisse présager que ceux qui sont partis ne reviendront pas de si tôt. Le 22 avril 2011, peu de temps après la triple catastrophe, il n'y avait que 30% des enfants dans les écoles primaires et 43% dans les collèges. A la rentrée d'avril 2012, un plus tard, il y avait respectivement 50 et 64% des enfants dans les écoles et collèges de la ville. Pour la rentrée 2013, qui aura lieu le 8 avril, l'inspection académique prévoit que ces chiffres passeront à 56 et 67% (2 020 élèves du primaire sur 3 603 et 1 259 collégiens sur 1 873). Les autres restent dans les écoles où ils sont partis se réfugier tout en étant inscrit comme résidents de Minami-Sôma.

Vendredi 5 avril, le Maïnichi revient sur les conditions de travail déplorables sur les chantiers de "décontamination" pilotés par le gouvernement. Ce sont des majors du BTP qui ont remporté les marchés et sur le terrain, ce sont des travailleurs journaliers embauchés tout en bas d'un millefeuilles de sous-traitance. Outre que les salaires sont très bas, les conditions de vie étaient indignes : des maigres repas, un bungalow de 12,5 m2 pour trois pour la nuit... La dame qui fournissait les repas a eu comme instruction de ne pas dépenser plus de 100 yens (0,80 euros) pour le petit déjeuner et 200 yens (1,60 euros) pour le dîner. Tout ça pour un travail physique épuisant. Quant au salaire de la personne de 59 ans qui a témoigné, il était de 11 000 yens par jour (moins de 100 euros) : 10 000 yens de prime de risque due à la radioactivité et 1 000 yens de salaire ! Le salaire minimum est plus de 5 fois plus élevé. En fait, quand il a signé le contrat, la case "salaire" était vide. Mais en consultant le contrat d'un collègue, il s'est rendu compte que la salaire journalier était de 15 700 yens : 10 000 yens de prime et 5 700 yens de salaire. Mais la compagnie prélève 1 000 yens pour la nourriture et 3 700 pour le logement.
Cet exemple était à un troisième niveau de sous-traitance et la prime de risque a été partiellement mangée par les intermédiaires. L'employeur a donc recours à des subterfuges pour justifier la ponction.
Le système est donc fait pour que les majors s'en mettent plein les poches sur le dos des personnes qui font le travail harassant et des contribuables.

Lundi 8 avril, c'est la saison des sakura en fleur à Tomioka, village évacué, où le parc de Yonomori est très célèbre pour ses 2,5 km de route sous un tunnel fleuri. L'an dernier, quelques journalistes s'y étaient rendus dans une combinaison de protection. Cette année, 300 m ont été rouverts au public pendant la journée, après une décontamination partielle, mais les visiteurs sont peu nombreux. Ils étaient 100 000 par an avant la catastrophe.

Vendredi 12 avril, des agriculteurs de Hirono vont reprendre la culture du riz après deux ans d'arrêt dans la moitié des 210 hectares de rizière. Quelques essais avaient été menés l'an dernier et le riz produit ne dépassait pas les limites de contamination. Les 5 200 habitants de la commune ont été évacués. Seulement 10% sont revenus.

Lundi 6 mai, l'Asahi poursuit son enquête sur la décontamination bâclée alors qu'un Yakuza vient d'être condamné à Yamagata pour avoir détourné une partie de la paye des sous-traitants qu'il a envoyé faire le sale boulot. Il est très difficile d'évaluer l'ampleur de la main-mise de la pègre sur ces chantiers très lucratifs. Dans un contexte de pénurie de main d'oeuvre, les employeurs ne sont pas trop regardants. Il y a des dizaines de milliers de compagnies sous-traitantes impliquées dans les nombreux chantiers. Le cas de Yamagata avec condamnation était à un troisième niveau de sous-traitance.

Mardi 7 mai, c'est au tour de Futaba d'être "rezoné" : la plus grande partie de la commune a une contamination qui entraîne une dose annuelle supérieure à 50 mSv et est donc classée en zone de "retour difficile". L'accès y est interdit pendant au moins quatre années. Seule une toute petite partie, avec 250 habitants sur 6 520 va rouvrir. C'est la dernière commune située dans un rayon de 20 km à être rezonée. L'entrée en application aura lieu le 27 mai à minuit.

Jeudi 9 mai, une station médicale a ouvert dans la mairie de Namié, dans une zone évacuée. Elle est là pour prendre en charge les résidents qui rentrent chez eux durant la journée et qui en aurait besoin, avec un médecin et une infirmière présents de 9h30 à 15h. C'est le premier centre de ce type à ouvrir à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Vendredi 17 mai, selon la télévision nationale NHK, la décontamination a très peu avancé. Dans les zones évacuées, c'est le gouvernement qui en la charge et il a délégué le travail à des majors du BTP. Seulement 4% des terrains ont été décontaminés. Ailleurs, ce sont les municipalités qui prennent en charge les travaux, avec une aide financière du gouvernement : seulement 5% des habitations qui devaient être décontaminées ont été nettoyées. Et où les travaux ont eu lieu, ce n'est souvent pas suffisant : il y a toujours plus de 1 mSv/an pour 77% des terrains décontaminés. Bref, le bilan n'est pas concluant et cette toute la politique de retour qui est à revoir.

Mardi 21 mai, environ 500 bénévoles tentent de décontaminer les rues où aura lieu un festival début juin, afin de rassurer les touristes. Il s'agit du Tôhoku Rokkon Saï qui sera célébré les 1er et 2 juin. Le débit de dose aurait baissé dans la plupart des lieux, parfois jusqu'à 90%. Un des organisateurs ne veut pas s'arrêter là et veut continuer après le festival.

Mercredi 22 mai environ 44% des réfugiés des catastrophes du 11 mars 2011 qui se sont installés à Tôkyô veulent y rester. Ils étaient 37% l'an dernier. 32% ont répondu vouloir rentrer, contre plus de 50% l'année précédente. L'enquête a été distribuée à 3 555 foyers par les autorités régionales. 1 139 ont répondu, dont 81% de Fukushima. Parmi les réponses, 26% des foyers ont maintenant un membre avec un emploi stable à Tôkyô, mais pour 50% des foyers, c'est toujours le chômage.

Mardi 28 mai, la commune de Futaba vient d'être rezonée. La plus grande partie restera interdite d'accès car le débit de dose y est trop élevé. L'irradiation externe y serait supérieure à 50 mSv/an en cas de retour. Les habitants pourront retourner pour la première fois chez eux dans les zones moins contaminées situées près du littoral. Il ne sont pas autorisés à y rester la nuit. Seulement 4% des 6 500 habitants vivent dans les trois quartiers côtiers. Un retour définitif nécessitera aussi de nouvelles protection contre les tsunamis.
C'est la dernière commune à être rezonée. Pour les 9 communes de la zone des 20 km, 70% des 77 000 habitants peuvent maintenant rentrer chez eux durant la journée, sans pouvoir y résider. Les sacs de déchets radioactifs issus des travaux de la décontamination s'y accumulent. Les autorités espèrent que les premiers retours seront possibles au printemps prochain, mais les habitants sont pessimistes. Ils craignent aussi qu'il n'y ait plus de jeunes et d'enfants dans ces communes.

Samedi 1er juin, le Tôhoku Rokkon Matsuri qui regroupe des festivals des régions du Tôhoku a eu lieu à Fukushima cette année. Il a été suivi par 120 000 spectateurs environ.

Samedi 8 juin, selon les statistiques du ministère de l'environnement, seulement 25% des 138 700 habitations de sept provinces autres que Fukushima ont été complètement décontaminées en mars dernier. Le gouvernement suit de près 58 communes pour établir ses statistiques. En revanche, 98% des écoles et 80% des parcs et gymnases l'ont été. Du côté des forêts, cela descend à 1%.

Mardi 11 juin, deux grandes routes traversent les zones interdites d'accès où la dose annuelle externe dépasse les 50 mSv. Elles ne sont utilisées que par les personnes autorisées à pénétrer dans la zone. Les autorités veulent faciliter le passage pour éviter de grands détours à partir du lundi 17 juin. Il faudra demander un laisser-passer.
Le gouvernement veut commencer à décontaminer ces zones interdites à partir de septembre 2013.

Vendredi 14 juin, en plus des personnes évacuées par zones, d'autres foyers ont dû quitter leur maison situées à proximité d'un point chaud. L'exposition externe aurait dépassé 20 mSv/an. 485 personnes réparties dans 128 foyers sont concernées à Daté et 3 personnes d'une même famille à Kawauchi. Le gouvernement a déclaré, il y a exactement 6 mois jour pour jour, que les ces personnes pouvaient rentrer sans danger, mais 284 (59%) d'entre elles ne sont pas rentrées. La famille de Kawauchi s'est rapprochée, mais vit toujours dans un logement provisoire.
A Daté, des agriculteurs n'ont pas encore repris la culture du riz, même si l'interdiction a été levée, car ils pensent qu'ils n'arriveront pas à le vendre.

Dimanche 16 juin, c'est un secret pour personne, la décontamination promise par les autorités n'est pas réaliste. Le gouvernement refuse de l'admettre officiellement, mais suggère discrètement aux autorités locales que ses ambitions ne seront pas réalisées. Selon l'Asahi, il fait savoir que les délais ne seront pas tenus. Il va aussi refuser de redécontaminer les zones où la décontamination n'a pas entraîné une baisse significative du niveau de dose.
D'un autre côté, on ne compte plus les déclarations dans les médias où le gouvernement affirme qu'il va accélérer la décontamination. Il l'a encore répété en mars dernier et a prévu de dépenser 1 500 milliards de yens durant cette année à cet effet.
Mais les difficultés s'ajoutent : problèmes pour trouver un site de stockage, retard dans l'avancement des travaux (1% des maisons à Iitaté par exemple), recontamination...
Les élus locaux demandent que le gouvernement l'admette officiellement. C'est important pour les personnes forcées à évacuer. De plus en plus de personnes se demandent s'il est utile de dépenser autant d'argent à des tâches inutiles et qu'il faudrait mieux l'utiliser à reconstruire la vie des réfugiés ailleurs. 40% d'entre eux ne sont pas prêts à rentrer. Ce sont surtout les personnes âgées qui veulent retourner chez elles.
Mais avec l'approche des élections à la chambre haute, il est difficile de changer officiellement la politique affichée.

Lundi 17 juin, la mairie de Futaba, qui était dans un lycée désaffecté de la banlieue de Tôkyô (Saïtama), a fini par déménager à Iwaki, dans la province de Fukushima. C'est le quatrième emplacement des services municipaux depuis le début de la catastrophe (nous avions déjà raconté la saga de cette municipalité et de ses habitants).
3 782 habitants de Futaba se seraient réfugiés à Fukushima et 3 132 dans d'autres provinces. 110 personnes vivent encore dans le lycée désaffecté de Kazo (Saïtama) et ne savent pas où aller. Sur les 89 employés municipaux, 67 vont travailler à Iwaki et 11 restent à Kazo. Les autres sont dans une branche à Kôriyama. Quant à la population, elle pourrait bien rester dispersée malgré les efforts de la mairie de regrouper ses habitants et maintenir le tissu social.

Lundi 24 juin, le ministère de l'environnement a annoncé que la décontamination du district de Miyakoji dans la commune de Tamura était terminée. Les 380 habitants devraient pouvoir rentrer à partir de la mi-août. Par ailleurs, les routes, l'électricité, l'eau ont presque été rétablis. Un centre de soin aussi.
Ce district est à moins de 20 km de la centrale, mais pas dans la zone la plus contaminée. Selon les autorités, le débit de dose aurait baissé de 24 à 56%. Mais sans rien faire, il a baissé de 40% en moyenne depuis le début de la catastrophe. Ces chiffres ne représentent pas une performance exceptionnelle. Le débit de dose y serait de 0,32 à 0,56 microsievert par heure. C'est encore beaucoup plus qu'avant la catastrophe, mais les autorités annoncent sans vergogne que de tels niveaux ne posent pas de problème pour la santé. La dose annuelle dépasse pourtant le millisievert.

Vendredi 28 juin, la décontamination engagée n'est pas aussi efficace qu'espérée. A Kawauchi, par exemple, 1 061 maisons évacuées ont été décontaminées et dans 480, le débit de dose entraînerait une dose annuelle supérieure à 1 mSv/an. La municipalité a lancé sa propre expertise en avril 2013 et envisage de refaire une décontamination. En juin de cette année, elle a contrôlé 160 maisons à l'aide d'une caméra gamma qui permet de repérer les points chauds. Elle espère terminer en avril 2014 et va demander au gouvernement une deuxième campagne de décontamination.
A Hirono, ce sont 1 908 maisons qui ont été décontaminées et le débit de dose n'a quasiment pas baissé dans nombre d'entre elles. La municipalité réclame aussi une deuxième campagne. Mais le gouvernement n'a rien promis pour le moment.

Samedi 29 juin, le gouvernement commence à comprendre que la décontamination est souvent un échec, mais il pousse toujours à un retour rapide des populations évacuées à cause du coût des indemnisations. Lors d'une réunion avec les habitants de Miyakoji dans la commune de Tamura qui a eu lieu le 23 juin, les habitants réclamaient une nouvelle campgne de décontamination et le gouvernement leur a proposé... des dosimètres. Les débits de dose actuels varient de 0,32 à 0,54 microsievert par heure. Les habitants réclament un seuil de 0,23 microsievert par heure, qui correspond à 1 millisievert par an (pour cela, les autorités comptent 8 heures par jour à l'extérieur et le reste du temps à l'intérieur avec un facteur d'écran qui diminue la dose reçue comme si l'intérieur des maisons n'était pas contaminé). Mais les autorités prétendent que l'on peut recevoir moins d'un millisievert par an en contrôlant la dose reçue, même dans les zones les plus contaminées.
L'Asahi, qui rapporte l'affaire, a voulu interroger le ministre de l'environnement, qui a d'abord nié. Mais quand le quotidien lui a fait écouter des enregistrements audio de la réunion, il a refusé de répondre.

Vendredi 12 juillet :
• Le gouvernement a reporté 60% des fonds de 2012 destinés à la décontamination, selon l'Asahi. Dans les zones les plus contaminées, c'est le gouvernement qui a la charge de la décontamination. Ailleurs, ce sont les communes, qui se font ensuite rembourser par le gouvernement, qui enverra ensuite la facture à TEPCo. 36 communes sont ainsi concernées à Fukushima et elles n'ont dépensé que 40% du budget qui leur était alloué.
Les plans de décontamination des communes sont souvent rejetés par le gouvernement car ils satisfont pas exactement au cahier des charges ou parce qu'ils coûtent trop chers. Et puis, il n'y a toujours pas de solution pour les déchets radioactifs engendrés. Un fonctionnaire du ministère de l'environnement a expliqué au Asahi qu'il doit prendre en compte les critères fixés par TEPCo pour espérer se faire rembourser un jour. La compagnie refuse toujours de rembourser 16 milliards de yens sur une facture de 21 milliards.

JDC Corp., une compagnie qui participe aux travaux de décontamination, a rejeté 340 m3 d'eau contaminée dans la rivière Iizaki. Cette rivière est utilisée pour l'irrigation de Minami-Sôma. La compagnie prétend avoir eu le feu vert de la Japan Atomic Energy Agency qui l'a engagée et que l'Etat a prévenu les autorités locales. Ces dernières nient et prétendent n'avoir jamais été informées. La Japan Atomic Energy Agency prétend avoir informé verbalement la mairie et la région du rejet.
Il s'agissait d'un des premiers chantiers tests menés par la Japan Atomic Energy Agency qui a fait appel à la JDC Co.. Il a eu lieu entre décembre 2011 et février 2012 dans l'école primaire de Kanabusa et autour. Le chantier a généré 609 m3 d'eau contaminée. 269 m3 ont été traitées et les 340 m3 restant ont été rejetés dans la rivière qui irrigue les rizières. 16 MBq ou 16 millions de becquerels auraient été rejetés dans la rivière. Pour 60 m3, la contamination de l'eau était de l'ordre de 100 à 121 Bq/L.

Samedi 13 juillet, en lavant la route avec de l'eau sous pression, la JAEA a pu faire baisser le débit de dose de 20 microsieverts par heure à 5 microsieverts par heure. Quand on voit la taille des appareils et que l'on compare à la surface de bitume à décontaminer, c'est un travail sans fin. Le test a eu lieu à Ôkuma.

Lundi 15 juillet, il y a toujours 100 000 personnes qui vivent dans les logements provisoires au Japon suite à la triple catastrophe du 11 mars 2011. Et il y a 300 000 déplacés en tout. Le gouvernement Abe a augmenté le budget dédié à la reconstruction, de 19 000 milliards de yens à 25 000 milliards de yens d'ici 2015, mais c'est sans effet. Seulement 1,2% des projets de construction d'habitation de l'état ont abouti. C'était presque le même chiffre sous le gouvernement précédent.
Une partie de l'argent a été détourné. Mais ce sont surtout les problèmes techniques qui freinent : il n'y a pas assez d'experts pour repenser l'aménagement des sites dévastés. La relance de l'économie espérée par le gouvernement en investissant dans des projets d'infrastructure réduit encore plus la main d'oeuvre utile à la reconstruction.

Jeudi 18 juillet, alors que la campagne électorale bat son plein (et c'est vraiment bruyant au Japon !), la problématique des réfugiés/déplacés semble ignorée des candidats. Même à Fukushima, les candidats se concentrent sur les grandes villes et évitent les villages temporaires dans lesquels sont logés une partie des déplacés.
Evidemment, tous les partis disent vouloir accélérer le processus de reconstruction et réhabiliter Fukushima, mais cela ne dépasse pas la déclaration de bonnes intentions. Comment vont-ils s'y prendre ? Dans un éditorial, l'Asahi réclame des mesures concrètes qui prennent compte des réalités. Que se passera-t-il pour les personnes qui ont dû fuir les dangers de la radioactivité et qui ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer chez elles ? Cela nécessite la mise en place d'un système de soutien qui va au-delà des simples indemnisations pour aider ces personnes à reconstruire leur vie. En particulier, quand l'ordre d'évacuer certaines zones sera levé, les indemnités cesseront rapidement. Pourtant, qu'elles décident de rentrer ou de ne pas rentrer, les personnes évacuées de force auront encore besoin d'aide.

Vendredi 19 juillet, reportage de 8 minutes de la chaine britannique Channel 4 dans la zone interdite autour de Fukushima. TEPCO n'aurait autorisé les journalistes que pendant 5 heures... Cela permet de voir Futaba, devenue une ville fantôme.

Lundi 22 juillet, la décontamination du village d'Iitaté a pris plus de retard qu'ailleurs car la mairie a privilégié la concertation avec les habitants concernés, ce qui prend du temps. Une partie des habitants réclament une décontamination plus poussée que ce qui est prévu.
Une partie du village est classée en "zone de retour difficile" car le débit de dose y dépasse 50 mSv/an. Rien n'y est prévu pour l'instant. Une autre avec un retour pendant la journée, et une zone où le retour devrait pouvoir être rapide. Mais fin mars, moins de 1% du travail dans les zones résidentielles a été effectué. C'était 38% à Naraha.
Sur 2 315 habitations, seuls 571 propriétaires ont donné leur accord pour décontaminer et les travaux n'ont commencé que dans les districts de Nimaibashi-Sugaya et Usuishi.

Samedi 27 juillet, le gouvernement a déclaré qu'il allait autoriser les habitants du district de Miyakoji, dans la commune de Tamura, à rentrer chez eux pendant une durée de trois mois, voire peut-être plus. Cela devrait leur permettre de réparer leur maison, préparer leur retour dans les fermes... C'est la première réouverture partielle avec autorisation de rester pour la nuit dans la zone des 20 km. Les travaux de décontamination sont terminés depuis juin dernier, le gaz et l'électricté sont revenus. La dose annuelle due à l'exposition externe peut dépasser le millisievert par an par endroit. Les autorités ont mesuré jusqu'à l'équivalent de 1,6 mSv par an.
Il ne s'agit cependant pas d'une autorisation définitive qui signifierait la fin des indemnisations. 380 personnes dans 120 foyers sont concernées. Les commerces sont autorisés à rouvrir et les personnes qui en font la demande recevront un dosimètre.
Les sentiments sont partagés. Certains, dont le maire, sont heureux de pouvoir rentrer. D'autres sont inquiets car les forêts et montagnes n'ont pas été décontaminées et ils ont peur d'être abandonnés par les autorités une fois rentrés.

La municipalité de Kawamata a accepté le rezonage de la commune. C'est la dernière des 11 communes à être rezonée. Une partie sera classée en "retour difficile" et sera interdite d'accès pour plusieurs années.

Jeudi 1er août, comme déjà annoncé, les habitants du district de Miyakoji dans la commune de Tamura peuvent maintenant rentrer et dormir chez eux pendant 3 mois. Il ne s'agit pas d'une levée complète de l'ordre d'évacuer pour qu'ils puissent continuer à toucher les indemnités. Le débit de dose y est inférieur à 20 mSv/an, mais la zone est à moins de 20 km de la centrale.
Mais sur 119 foyers concernés, seulement 28 en ont fait la demande. Cela représente 112 personnes. Et seulement la moitié devraient y rester les 3 mois.
Très peu pourraient rentrer définitivement.

Samedi 3 août, les maires et représentants de 8 communes autour de la centrale de Fukushima ont demandé au ministère de l'environnement de continuer la décontamination jusqu'à ce que les niveaux d'exposition passent sous la limite de 1 mSv/an.

Vendredi 9 août, le Japon a fini de rezoner 11 communes de Fukushima. Pour rappel, il y a maintenant 3 zones différentes :
- la zone de préparation au retour où l'exposition externe est inférieure à 20 mSv par an ;
- la zone de restriction où le retour n'est pas possible avant quelques années avec une exposition externe comprise entre 20 et 50 mSv ;
- la zone de "retour difficile" où les habitants ne pourront pas rentrer avent au moins 5 ans et où l'exposition externe dépasse les 50 mSv par an.
Les habitants peuvent retourner chez eux durant la journée dans les deux premières zones pour entretenir ou réparer leur habitation. La dernière est interdite d'accès, barricadée et il n'y a pas de travaux de décontamination. De même pour les municipalités avec les travaux d'infrastructure.
Le nombre de retours risque d'être très faible car les populations ne sont pas satisfaites par la décontamination et on commencé à refaire leur vie ailleurs. A Kawauchi, où les habitants peuvent retourner depuis janvier 2012, 500 sur 3000 sont rentrés.

Jeudi 15 août, lire la bonne enquête de Reuters sur la décontamination à Kawauchi, où seulement 500 personnes sur les 3 000 sont rentrées. Il n'y a toujours pas de clinique ou hôpital, ni de lycée. Il n'y a pas d'emplois non plus. Ce sont surtout les personnes âgées qui sont rentrées : elles représentent maintenant 70% de la population sur place, contre 30% avant l'évacuation forcée.
Le gouvernement a investi de fortes sommes dans la décontamination et les gens ne rentrent pas. Certains y voient la facilité de vivre sur les indemnités de TEPCo. D'autres refusent de rentrer car ils n'ont pas confiance dans la décontamination, craignent la recontamination ou trouve tout simplement que le niveau de dose y est encore trop élevé.
Non seulement la décontamination est un leurre, car il restera toujours de la pollution, mais en plus cela coûte très cher et les autorités n'ont toujours pas trouvé de solution avec les déchets. A ces difficultés techniques, le gouvernement a compliqué les choses en refusant de consulter les populations et en imposant ses vues. Cela ne marche pas ainsi !

Samedi 24 août, le ministère de l'économie a annoncé son intention de soutenir financièrement les commerces qui ouvriraient dans les zones évacuées, une fois l'ordre d'évacuation levé. Il s'agit d'aider au retour des réfugiés. Les détails seront donnés ultérieurement, ainsi que la somme qui sera mise au budget 2014 à cet effet.

Lundi 26 août, le ministère de l'environnement a finalement accepté l'idée de financer une deuxième campagne de décontamination dans les zones où les travaux ont été incomplets ou dans les zones où la contamination a fortement augmenté après la première campagne. Cela répond à une forte demande des résidents et élus locaux. Mais ces travaux supplémentaires seront limités et ne commenceront qu'après avoir fini la première campagne. Aucun critère de dose n'a pas non plus été donné pour relancer la procédure. Certains élus locaux craignent que ce soient les mêmes méthodes qui soient employées lors de la deuxième campagne et que les effets soient donc très limités.
Par ailleurs, le vice ministre de l'environnement est allé recontrer le gouverneur de Fukushima pour lui annoncer que la décontamination a pris du retard dans les zones où le gouvernement en a la charge et que les travaux ne seront pas finis en mars 2014 comme initialement prévu. Un nouveau calendrier devrait être présenté prochainement.
Le ministère de l'environnement devrait demander un budget de 500 milliards de yens (3,8 milliards d'euros) en 2014 pour la décontamination. C'est sensiblement la même chose qu'en 2013 où tout n'a pas été dépensé. Il va aussi demander des fonds supplémentaires pour l'entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination.

Mardi 27 août, le ministère de l'environnement prétend que la décontamination a entraîné une baisse de l'exposition externe moyenne de 61% pour les adultes et 64% pour les enfants. Ces chiffres sont basés sur des mesures faites en 11 500 points dans des écoles, maisons et autres... C'est un peu plus que l'objectif qu'il s'était fixé. Il faut cependant garder en mémoire que l'irradiation externe a baissé de 40% en moyenne dans les zones où il n'y a pas eu de décontamination. Les effets de la décontamination restent donc très limités.
Il s'agit, de plus, de valeurs moyennes, alors que c'est une baisse globale qui est exigée pour pouvoir protéger chacun.
Les travaux ont pris beaucoup de retard et le gouvernement promet d'accélérer, comme d'habitude. En attendant, il a reculé la date à laquelle les travaux seront terminés, sans donner de nouvelle échéance. Il ne donne toujours pas non plus de niveau de dose à atteindre.

Jeudi 29 août, le ministère de l'environnement a prévu 2,7 milliards de yens (21 millions d'euros) dans son budget 2014 de fournir un dosimètre aux personnes qui rentreront vivre dans les territoires évacués et pour des avis d'experts. Le gouvernement a déjà fourni des dosimètres aux personnes qui sont rentrées à Miyakoji pour une période de 3 mois. Il a prévu 34 000 dosimètres pour 2014.
Le budget de décontamination pour 2014 est de 326,2 milliards de yens (2,5 milliards d'euros). Le budget pour les déchets radioactifs n'est pas connu.

Mardi 10 septembre, le gouvernement voulait terminer la décontamination en mars 2014, mais il n'y arrivera pas et les travaux dureront au-delà dans 7 des 11 communes concernées. A en croire le ministre de l'environnement, Nobuteru Ishihara, fils de l'ancien gouverneur ultra-conservateur de la région de Tôkyô, c'est la faute des habitants qui ne veulent pas des centres de stockages et qui ne donnent pas leur accord immédiatement pour que l'on décontamine leur maison. Les personnes interrogées par les médias se plaignent du retard et attendent avec impatience que les travaux commencent chez eux. A Iitaté, seulement 3% des maisons ont été décontaminées. Les réfugiés restent dans l'incertitude quant à leur vie future alors qu'il était évident que le gouvernement ne pourrait pas tenir les délais trop optimistes.

Mercredi 11 septembre, deux ans et demi plus tard :
30 mois après les séisme, tsunami et catastrophe nucléaire, c'est l'heure des bilans :
- La décontamination a pris du retard : le gouvernement a pris directement en charge les villages évacués où la contamination est la plus forte. Il n'a fini que dans la commune de Tamura. Il est en retard dans 7 communes (Minami-Sôma, Iitaté, Kawamata, Katsurao, Namié, Tomioka et Futaba) sur 11 et n'a pas donné de nouveau calendrier. A Naraha, Ôkuma et Kawauchi, ce devrait être fini pour mars 2014. Les travaux n'ont pas commencé à Namié et Tomioka, et ne sont même pas plannifiés à Futaba. C'est très dur pour les personnes évacuées qui ont du mal à imaginer leur avenir.
- Une centaine de communes dans 8 provinces, qui ont été contaminées, mais pas évacuées ont aussi des travaux de décontamination à mener. La décontamination des écoles est généralement terminée. En revanche, seulement 20% des 380 000 unités d'habitation ont été décontaminées.

Vendredi 13 septembre, selon un sondage du Maïnichi, 80% des personnes déplacées par la triple catastrophe du 11 mars 2011 veulent s'intaller ailleurs. 30% l'ont déjà fait.

Mardi 1er octobre 2013, l'ancien maire de Futaba avait emmené ses habitants de refuges en refuges avant de finir dans un lycée désaffecté de la banlieue de Tôkyô, à Kazo dans la province de Saïtama. Les services municipaux étaient aussi installés dans ce lycée.
Il reste encore 90 personnes sur place. Beaucoup d'autres ont trouvé à se reloger à proximité ou sont retournés plus près de leur lieu d'origine. La nouvelle équipe municipale avait décidé de transférer son administration et ses services à Iwaki. Mais elle vient aussi d'ouvrir un bureau dans la mairie de Kazo avec une vingtaine d'employés temporaires pour les habitants qui sont restés. Elle va les aider à se reloger afin de fermer le dernier refuge.

Le gouvernement a décidé que les personnes qui ont dû évacuer leur domicile à cause de la radioactivité continueront à recevoir les indemnités pendant un an après la levée de l'ordre d'évacuation. Cet ordre devrait être levé quand les travux de décontamination seront terminés et que l'eau et l'électricité auront été rétablies. Ce n'est pas encore arrivé pour le moment.
Elles sont 84 000 concernées. Les 100 000 yens (770 euros) reçus par mois les aident à survivre dans leur logement provisoire.
Cette durée risque d'être trop courte, car ce n'est pas parce que l'ordre d'évacuation a été levé que ces personnes retrouveront un emploi et pourront repartir dans la vie sur leur lieu d'origine. Quant aux familles avec de jeunes enfants, elles ne veulent pas rentrer, ce qui est compréhensible. La limite fixée pour le retour est toujours de 20 mSv/an, ce qui correspond à la limite à ne pas dépasser pour les travailleurs du nucléaire. Ce n'est pas acceptable.

Le ministère de l'environnement a engagé des travaux de décontamination test dans les zones les plus contaminées, où l'exposition annuelle entraînerait une dose supérieure à 50 mSv. 5 zones à Namié et Futaba ont été sélectionnées pour estimer le bénéfice engendré en terme de dose. Le ministère veut aussi évaluer le coût et la dose prise par les travailleurs. Un chef de district de Namié est très sceptique : il pense qu'il ne sera pas possible de baisser de façon significative la dose sans décontaminer de vastes espaces, incluant les forêts et les rivières. Il pense que le gouvernement ferait mieux d'aider les habitants à refaire leur vie ailleurs plutôt que de se focaliser sur la décontamination.

Mardi 8 octobre, la moisson du riz a commencé dans le district de Miyakoji à Tamura. C'est la première récolte à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi depuis le début de la catastrophe. Ce riz sera mis sur le marché après contrôle si sa contamination en césium ne dépasse pas les 100 Bq/kg.
Les populations peuvent rentrer à Tamura et rester la nuit si elles le souhaitent, mais seulement 20% des 119 foyers du district de Miyakoji sont rentrés et seulement trois ont semé du riz.

Jeudi 10 octobre, officiellement, la décontamination est terminée à Tamura. La culture du riz a même repris par endroit. Les habitants peuvent y retourner la journée et dormir sur place. Ce devrait être le premier village où l'ordre d'évacuation devrait être levé. Greenpeace est allé faire des mesures et a découvert que les objectifs gouvernementaux n'étaient souvent pas atteints. Certaines parties de la voie publique ainsi que de vastes zones de champs et montagnes montrent des niveaux élevés de contamination.
L'organisation a aussi fait des prélèvements qui ont été analysés par la laboratoire Chikurin-sha, mis en place avec le soutien de l'ACRO. Les résultats sont ici en anglais. Les rapports d'analyse ici en japonais.
Voir la page en japonais avec tous les résultats et une vidéo sous-titrée en anglais.

Vendredi 11 octobre, selon un décompte de l'Asahi, la construction de près de 9 000 logements prévus pour les refugiés des catastrophes de mars 2011 a pris du retard. C'est près de 30% des 28 017 logements prévus pour héberger les personnes qui sont actuellement dans des mobile-homes. Le gouvernement voulait reloger tout le monde d'ici mars 2015. Ce ne sera pas possible pour plus de 10 000 personnes. A la fin août 2013, seulement 448 bâtiments ont été construits (1,5%).
Parmi les freins, les administrations locales citent la difficulté de trouver des terrains, le manque d'employés, la difficulté de trouver des constructeurs à cause d'un manque de matériaux et de main d'oeuvre.

Lundi 14 octobre, le district de Miyakoji à Tamura est le premier à être "décontaminé" et à voir le courant, l'eau... rétablis. Les habitants ont été autorisés à retourner chez eux pour préparer leur retour, et même à y passer la nuit. L'ordre d'évacuation n'est pas officiellement levé pour qu'ils puissent continuer à bénéficier des indemnités de réfugiés. Ce statut intermédiaire se termine au 31 octobre et le gouvernement devrait lever l'ordre d'évacuer au 1er novembre. Mais les habitants ont demandé un report de la levée de l'ordre d'évacuer au printemps prochain. Le gouvernement pourrait reculer cette date.
En fait de décontamination, il s'agit plutôt d'îlots décontaminés, autour des habitations et lieux de vie. Mais dès que l'on s'éloigne un peu, les débits de doses peuvent être très élevés. Le retour à l'anormal.

Samedi 19 octobre, le ministère de l'environnement a annoncé que la décontamination pourrait prendre jusqu'à trois ans de plus qu'initialement prévu dans 6 communes de Fukushima. Le gouvernement s'était engagé à décontaminer 11 communes d'ici la fin de cette année fiscale (31 mars 2014), mais il n'y arrivera pas pour sept d'entre elles. A Iitaté, ce sont trois années supplémentaires qui seront nécessaires, deux à Minami-Sôma. Kawamata, Namié, Tomioka et Katsurao sont aussi concernées par les prolongations.
Le ministère a étudié plusieurs scénarios avec un nombre de travailleurs qui varie. Un des scénarios impliquerait 9 600 personnes par jour à Iitaté... Les autorités municipales l'ont considéré comme irréaliste.

Lundi 21 octobre, la demande en ciment devrait atteindre un pic dans les deux ans à venir le long du littoral ravagé par le tsunami. Il pourrait y avoir pénurie pour d'autres chantiers. Le sable va aussi commencer à manquer dans les trois provinces à reconstruire. Il faut de le faire venir de loin. Il y a aussi pénurie de main d'oeuvre qualifiée et les habitants craignent la concurrence des chantiers des J.O..

La mission de l'AIEA a rendu son rapport à propos de la décontamination. Un communiqué de presse est aussi en ligne : le but de 1 mSv par an dans les territoires contaminés n'est pas accessible avant longtemps, et le gouvernement devrait le dire aux populations. L'AIEA estime que la limite de 20 mSv par an fixée par le gouvernement pour autoriser le retour des habitants est "acceptable". C'est la limite pour les travailleurs. Les experts de l'AIEA recommandent aussi l'utilisation de dosimètres par les personnes qui rentrent. Ils préconisent donc que les Japonais aillent vivre dans "la zone contrôlée" d'une centrale nucléaire. Iraient-ils y vivre eux-mêmes ?
Rappelons que la mission de l'AIEA est de promouvoir l'énergie nucléaire en évitant la prolifération, pas de protéger les populations.

Samedi 26 octobre, alors que le gouvernement s'apprête à lever l'ordre d'évacuation dans un district d'un village qui a été "décontaminé", se pose le problème des indemnisations. Jusqu'à quand doivent-elles être versées ? Actuellement, il est prévu qu'elles le soient pendant un an après la levée de l'ordre d'évacuation. Mais le comité d'évaluation en charge des conflits concernant les indemnisations propose de se garder la possibilité d'indemniser plus longtemps les personnes concernées en fonction des circonstances. En particulier, il faut des infrastructures sociales et des emplois pour que les personnes puissent à nouveau vivre sans soutien financier. Il ne sera pas non plus obligatoire de rentrer pour continuer à toucher une compensation financière.
84 000 personnes forcées à évacuer reçoivent 100 000 yens (770 euros) par mois et par personne au titre de l'indemnisation des souffrances psychologiques. Plusieurs maires soutenaient l'option d'un an après la levée de l'ordre d'évacuation pour que les gens rentrent et que le village revive. Mais la décontamination n'est que partielle et il est plus juste de parler d'îlots de décontamination. Il n'y a toujours pas de solution pour les déchets engendrés et une grande partie des populations concernées, surtout celles avec enfants, ne rentreront pas. Quelle vie et quelles activités économiques sont-elles possibles dans de telles circonstances ?
En ce qui concerne le foncier, la commission d'arbitrage des indemnisations envisage de fixer la compensation minimale des habitations à une valeur allant de 60 à 80% du prix neuf. Pour les terrains, c'est plus complexe.

Mercredi 30 octobre, le gouvernement aurait renoncé à voir tous les habitants rentrer dans les territoires contaminés. Pour les zones où l'exposition externe peut dépasser 50 mSv/an, il se résigne finalement à les considérer comme inhabitables avant longtemps. Il va soutenir les familles à refaire leur vie ailleurs. 25 000 personnes sont concernées. Il s'agit d'un revirement considérable car jusqu'à présent, il était toujours question du retour de tous les habitants. Il lui en aura fallu du temps pour reconnaître l'évidence !
Il est maintenant officiel qu'un minimum de 25 000 personnes ne rentreront pas chez elles. Il y a aussi 23 000 personnes originaires des zones où l'exposition externe est comprise entre 20 et 50 mSv par an plus 33 000 dans des zones où elle est inférieure à 20 mSv/an. Sur ces 56 000 personnes supplémentaires, combien rentreront, combien iront refaire leur vie ailleurs ? Garder une limite de 20 mSv/an pour le retour n'est pas acceptable. A ces 81 000 personnes déplacées de force, s'ajoutent presque autant de déplacés volontaires, même si ce chiffre est plus approximatif.
Par ailleurs, il veut accélérer la décontamination et la remise en service des infrastructures et des services publics dans les autres zones. Mais il ne dit pas comment. Il va aussi consacrer 1 000 milliards de yens (7,5 milliards d'euros) aux centres de stockage des déchets radioactifs en ajoutant des taxes sur l'électricité. Ce ne sera donc plus à TEPCo de payer...
Enfin, la question de séparer en deux TEPCo est toujours sur la table : une partie s'occuperait des conséquences de la catastrophe, et l'autre de la production, du transport et de la vente de l'électricité.

Dimanche 3 novembre, le secrétaire général du principal parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocrate, a déclaré, lors d'un discours, qu'il est temps que le gouvernement dise clairement qu'il y a des zones où les habitants ne pourront jamais rentrer et qu'il doit prévoir des aides spécifiques pour les aider à refaire leur vie ailleurs. Il serait effectivement temps de le dire clairement alors que c'est évident depuis les premiers mois de la catastrophe.
Il a aussi déclaré que l'objectif d'une irradiation externe inférieure à 1 mSv/an dans les zones évacuées n'est pas atteignable avec la décontamination et qu'il faudrait aussi le dire. Il plaide pour une réévaluation des objectifs à atteindre avant un retour des populations. Il n'est, en revanche, pas prévu d'un débat démocratique sur le sujet, ni même de demander leur avis aux personnes concernées. Ce serait, pourtant, la moindre des choses.

Lundi 4 novembre 2013, les réactions sont variées après les propos du secrétaire général du principal parti au pouvoir, qui a déclaré qu'il est temps de dire clairement qu'il y a des zones où les populations ne rentreront pas. Beaucoup sont choqués par le manque de courage du gouvernement qui laisse un membre du parti tester les réactions face à ce sujet tabou. Des habitants réclament depuis longtemps une position claire : si l'on ne peut pas rentrer, dites-le nous.

Samedi 9 novembre, la NRA veut aussi contribuer à l'accélération du retour des habitants dans les territoires contaminés par la radioactivité où la décontamination a été décevante pour les autorités. Pour cela, elle accepte de changer de système de mesure de la radioactivité ! Au lieu de prendre les débits de dose mesurés par hélicoptère pour évaluer la dose annuelle, elle accepte la proposition des autorités de fournir un dosimètre à chaque personne afin d'évaluer la dose individuelle. Les premières expériences ont montré que la dose ainsi enregistrée est inférieure à celle évaluée en supposant que les personnes concernées passent 8 heures par jour à l'extérieur. Cette idée avait déjà été suggérée par le gouvernement en juin dernier. L'Etat se défausse ainsi de son rôle régalien de protéger les populations. Ce n'est pas la seule situation, mais il ne faut pas s'étonner ensuite si les citoyens n'ont plus confiance dans les autorités.
Mais la NRA continue à dire qu'il faut continuer à décontaminer et laisser les habitants choisir le moment de leur retour. Elle se garde bien d'utiliser des termes comme "niveau sûr" en ce qui concerne l'exposition aux radiations, mais se propose de venir expliquer les niveaux "acceptables" aux résidents. Une dose inférieure à 20 mSv/an est "acceptable" pour les autorités et l'AIEA, mais pas pour de nombreux résidents qui ne veulent pas vivre dans un environnement qui correspond à celui d'une zone contrôlée d'une centrale nucléaire.

Lundi 11 novembre, l'autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, a mis en place un groupe de travail, en août dernier, pour évaluer la politique gouvernementale de retour dans les zones contaminées qui se base sur une prise en charge individuelle de la dose grâce à un dosimètre individuel. Nous en avons déjà parlé, le but étant que la dose enregistrée est inférieure à celle calculée avec des conditions pénalisantes comme rester 8 heures par jour à l'extérieur. Ce groupe de travail a auditionné cinq experts extérieurs lors de trois réunions. Ils se basent aussi sur une étude de l'Agence de reconstruction qui montre que 90% des personnes évacuées de Fukushima ne veulent pas rentrer chez elles ou n'arrivent pas à prendre une décision. Lors de la troisième réunion, le 16 octobre dernier, le groupe de travail a souhaité interroger directement ces personnes pour mieux comprendre la problématique et proposer des mesures qui répondent aux préoccupations des personnes concernées.
Mais quand le président de la NRA a découvert la proposition, fin octobre, il l'a rejetée, selon le Maïnichi. Il a conseillé, à la place, d'aller interroger les maires qui sont favorables au retour des populations et peuvent avoir un avis responsable. Il a aussi suggéré plus spécialement Shoji Nishida, maire de Daté et Norio Kanno, maire d'Iitaté. Une audition de ce dernier a eu lieu le 1er novembre dernier.
Mais le président de la NRA craignait que les entretiens avec les personnes évacuées montrent un fort rejet de la politique de retour et un souhait de refaire sa vie ailleurs.
Les recommandations du groupe de travail, qui sont attendues pour ce mois ci, ne répondrons pas aux préoccupations des populations...
Quant à la NRA, elle a officiellement acceptée la proposition gouvernementale de baser la politique de retour sur les dosimètres individuels.

Un groupe de travail de membres de la coalition au pouvoir suggère au gouvernement de revoir sa politique de retour pour les personnes évacuées suite aux rejets radioactifs massifs. Il reprend l'idée présentée il y a quelques jours d'augmenter l'indemnisation des personnes originaires des zones les plus contaminées, où l'exposition externe les 50 mSv par an, afin de les aider à refaire leur vie ailleurs car il considère qu'il est irréaliste d'envisager un retour à moyen terme pour ces personnes. Il demande aussi de mettre la priorité sur les zones où la contamination est la plus faible en remettant en service les hôpitaux, écoles et autres services publics, ainsi que les commerces. Mais même dans ces zones, la décontamination n'entraîne pas une forte baisse de l'irradiation externe qui reste au dessus de 1 mSv par an, qui est la limite à ne pas dépasser en temps normal.
Ce groupe demande aussi à ce que le gouvernement prenne en charge la gestion des déchets.

-> Site du ministère de l'environnement dédié à la "décontamination" (en anglais)

Déchets radioactifs

La catastrophe a déjà généré d'énormes volumes de déchets radioactifs. Il y a en particulier, les boues de station d'épuration et les cendres des incinérateurs. La décontamination devrait en générer encore plus.

Le gouvernemnt japonais a décidé qu'en dessous de 8 000 Bq/kg pour le césium, les boues et cendres pouvaient être traité comme des déchets ordinaires. Au dessus de 100 000 Bq/kg, les déchets doivent être gérés comme les autres déchets nucléaires. Entre 8 000 et 100 000 Bq/kg, la décision sera prise au cas par cas.

Il n'y a, pour le moment, aucune solution pour gérer ces déchets. C'est aux municipalités de se débrouiller avec, le temps de trouver une solution meilleure. Le gouvernement veut ouvrir un ou plusieurs centres d'entreposage centralisés et espère trouver une solution définitive d'ici 30 ans.

Il y a aussi d'énormes volumes de débris du tsunami. Le gouvernement veut les répartir dans tout le pays, mais les riverains des installations de traitement (incinérateurs) refusent, de peur qu'ils soient contaminés. La situation est bloquée pour le moment. Il y en a plus de 20 millions de tonnes. La province d'Iwaté en a 4,75 millions de tonnes, soit l'équivalent de 11 années d'ordures ménagères. Elle n'a pu en traiter que 8% pour le moment. A Miyagi, c'est 15,69 millions de tonnes, ou 19 années d'ordures ménagères et seulement 5% ont été traités. A Fukushima, il y en a 2,08 millions de tonnes, dont 350 000 à 474 000 tonnes dans la zone interdite de 20 km.
1,3 millions de tonnes de débris ont été emportés par la mer. Parmi eux, 40 000 tonnes devraient arriver sur les côtes Nord américaines d'ici février 2013. Les premiers débris sont déjà arrivés.
Le gouvernement japonais a autorisé le recyclage des débris recyclables si la contamination en césium est inférieure à 100 Bq/kg. A Fukushima, le gouvernement a autorisé l'utilisation de débris de béton pour la construction des routes si la contamination est inférieure à 3 000 Bq/kg. Ces débris doivent être au moins 30 cm sous la surface du sol.

Mercredi 13 mars 2013, selon des reporters de Canal+, qui sont allés enquêter sur la décontamination, des déchets radioactifs ont été utilisés pour rebâtir une digue face à la mer. Ils sont simplement empilés dans des sacs plastique sans aucune autre protection. Voir l'émission "effet papillon" du 9 mars 2013. Des photos sont aussi disponibles ici.
On voit aussi dans le reportage les projets d'agriculture hors-sol à Kawauchi, village pionnier dans la "reconquête" des territoires évacués, montré en exemple à Tôkyô. On comprend que les retours soient si peu nombreux.

Vendredi 29 mars, le ministère de l'environnement a entamé des consultations pour trouver des sites de stockage des déchets radioactifs engendrés par la catastrophe nucléaire. Il a commencé par la province de Miyagi, voisine de Fukushima. Trois autres devraient suivre. Les maires se plaignent de ne plus avoir de place pour entreposer les déchets déjà collectés, mais ils sont peu nombreux à accepter un site définitif sur le territoire de leur commune et demande une aide financière conséquente pour pouvoir accepter.

Samedi 6 avril, la gestion des boues de station d'épuration qui sont devenues radioactives suite à la catastrophe de Fukushima est devenue un casse-tête. Il y en aurait 68 000 tonnes dans la province de Fukushima. Le ministre de l'environnement, vient d'inaugurer, dans la ville de Fukushima, une unité de traitement de ces boues, présentée comme unique. Mais, en fait, il ne s'agit que d'une étuve qui a dessécher ces boues pour en réduire le volume. Chauffées à 450°C, les boues voient leur volume réduit à 20% du volume initial. L'unité peut traiter 30 tonnes par jour. Il y en a donc pour 2 300 jours, rien que pour dessécher le stock.
Aucune indication n'est donnée sur la consommation d'énergie.

Mardi 9 avril, les études préliminaires pour choisir l'emplacement d'un site d'entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination ont commencé à Naraha. Les études complémentaires avec forage devraient commencer en mai prochain. Il s'agit toujours d'un entreposage provisoire, mais les habitants ne sont pas dupes : ils savent que le gouvernement ne trouvera jamais un autre site.

Jeudi 18 avril, "rumeurs néfastes" : c'est une expression à la mode au Japon. Le Maïnichi rapporte une histoire cocasse à ce propos. Un ancien site industriel d'Aïzuwakamatsu a son sol pollué aux métaux lourds par une industrie d'électronique. Il a été racheté par les autorités régionales, mais la teneur en plomb, qui peut atteindre 0,026 milligramme par litre, dépasse la limite de 0,01 milligramme par litre fixée par les autorités. Il faut donc retirer le sol et le stocker dans une décharge ad-hoc. Comme il n'y en a pas à Fukushima, les autorités régionales se sont retournées vers un site d'accueil dans la ville de Yonézawa à Yamagata. Il y a 150 tonnes en tout. Mais les autorités régionales de Yamagata ont refusé les déchets par crainte de la contamination radioactive et des "rumeurs néfastes" qu'elles pourraient provoquer. La proposition de faire des analyses de la radioactivité dans le sol n'a pas plus convaincu Yamagata. Un responsable de l'environnement explique que ces déchets, tout comme les débris du tsunami, n'empêchent pas la reconstruction. Il continuera donc à les refuser. Ainsi, tenter de protéger Yamagata contre les "rumeurs néfastes" accentue les "rumeurs néfastes" à Fukushima ! Rien n'est dit dans cet article sur la contamination réelle des sols concernés par cette affaire...

Mardi 7 mai, le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 a généré 26 millions de tonnes de débris à Iwaté, Miyagi et Fukushima. Le gouvernement s'est donné pour but de tout ramasser pour mars 2014. L'objectif sera probablement atteint à Iwaté et Miyagi, mais pas à Fukushima où la radioactivité freine les travaux. Le devenir de ses débris n'est pas fixé non plus. Pour Iwaté et Miyagi, d'autres provinces en ont accepté 700 000 tonnes. Pas pour Fukushima.

Lundi 27 mai, dans la ville de Fukushima, on doit séparer les déchets contaminés en deux catégories : les déchets verts d'un côté et la terre de l'autre. La végétation sera brûlée pour réduire les volumes. Trois personnes employées par un sous-traitant basé à Sapporo (Hokkaïdô) le 20 mai dernier ont dû tout mélanger dans des sacs les 21 et 22 mai. Ils se sont plaint auprès de la compagnie qui a remporté le contrat du chantier et ont été licenciés le lendemain. Selon le Maïnichi, le bureau du travail, alerté par les trois ouvriers, a contacté leur employeur qui a admis le licenciement à cause de leur comportement au travail. Il a dû leur payer un mois de travail, conformément à la législation japonaise.

Lundi 3 juin, selon le Yomiuri, 42% des communes concernées par un projet de stockage des déchets radioactifs dus à la catastrophe auraient accepté. Le quotidien a interrogé 194 mairies de Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. 83 d'entre elles seraient d'accord, 37 opposées et les 74 restantes n'auraient pas encore décidé. Les élus locaux et les populations commencent à se résigner car il faut bien trouver une solution pour ces déchets.
Il s'agit surtout de cendre d'incinération de déchets, de boues de station d'épuration et de paille de riz qui ont une contamination en césium qui dépasse les 8 000 Bq/kg. Il y en avait 121 000 tonnes réparties de 10 provinces en mars dernier.
Pour le moment, le gouvernement étudie plusieurs sites par province. L'opinion pourrait changer quand il n'y aura plus qu'une seule commune en lice.

Jeudi 20 juin, la province de Fukushima a confirmé son refus d'accepter des déchets radioactifs provenant d'autres provinces contaminées par les rejets de Fukushima daï-ichi. Le gouvernement est toujours à la recherche de sites d'accueil dans chaque province contaminée, mais a du mal à trouver. Les provinces de Miyagi et de Tochigi ont suggéré d'envoyer leur déchets à Fukushima. Et c'est non.

Samedi 13 juillet, les autorités ont commencé les investigations sur un deuxième site pour entreposer les déchets radioactifs issus de la décontamination. Le premier site est à Ôkuma et le deuxième à Naraha. La municipalité a donné son feu vert à la condition qu'il n'y aura que des déchets provenant de la commune. Un troisième est prévu à Futaba, mais le gouvernement doit encore présenter son projet à la population.
Le gouvernement est en retard sur ses prévisions et le site n'ouvrira pas avant 2015, s'il ouvre.

Vendredi 30 août,
le gouvernement va installer une administration à Fukushima pour trouver un site de stockage des déchets radioactifs issus de la décontamination alors qu'il fait face à une opposition des anciens riverains des sites envisagés. Il espère ainsi être mieux accepté.

Lundi 2 septembre, le gouvernement peine à convaincre les populations d'accepter les centres de stockage des déchets radioactifs issus de la décontamination. Les population ne croient qu'il s'agit d'un cente provisoire et pensent que cela deviendra un centre définitif faute de pouvoir trouver autre chose. Le gouvernement a donc mis en place un groupe de travail présidé par deux ministres. Seront-ils plus convaincants ?

Vendredi 6 septembre, le ministère de l'environnement a annoncé avoir trouvé deux sites satisfaisants pour l'entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination. Ils sont à Ôkuma et Naraha, près de la centrale de Fukushima daï-ichi et ont fait l'objet d'études géologiques. Le gouvernement espère pouvoir commencer des investigations similaires sur un troisième site situé à Futaba.

Mercredi 11 septembre, deux ans et demi plus tard.
30 mois après les séisme, tsunami et catastrophe nucléaire, c'est l'heure des bilans :
- En ce qui concerne les déchets du tsunami : le gouvernement annonce qu'il aura fini à Iwaté et Miyagi, mais qu'il est en retard à Fukushima. Il y a 26 millions de tonnes en tout dans ces trois provinces qui ont été les plus touchées. 62% des débris d'Iwaté et 77% de ceux de Miyagi ont été traités. A Fukushima, c'est seulement 42%, même dans les zones non évacuées.

Samedi 14 septembre, selon le Yomiuri, 150 000 tonnes de déchets radioactifs issus des travaux de décontamination, sont laissés à ciel ouvert avec une protection minimale, faute de solution de stockage. Cela représente 30% de déchets produits. Les communes non évacuées qui ont la charge des travaux peinent à trouver des sites car les riverains s'y opposent.

Mardi 17 septembre, on s'en souvient, en 2011, des éleveurs avaient donné de la paille de riz contaminée à des bovins sans le savoir et la viande avait été vendue. Cela avait un scandale avant de découvrir l'origine de la contamination. De la paille avait été vendue à l'autre bout du pays, contaminatant la viande loin de la centrale. Si l'alimentation est mieux contrôlée depuis, il y a encore 68 000 tonnes de paille et de foin contaminés en attente de stockage dans 10 provinces, selon le Yomiuri. Ces déchets radioactifs sont toujours dans les fermes. La limite est, comme pour les autres déchets, fixée à 8 000 Bq/kg pour les deux césium. En dessous, c'est traité comme des déchets ordinaires.
C'est aux autorités locales de prendre en charge ces déchets, le temps que le gouvernement propose un stockage centralisé par province. Mais tout a pris du retard. Même la paille à moins de 8 000 Bq/kg est parfois refusée par les incinérateurs de déchets.
Certains éleveurs craignent de voir leur ferme transformée en centre de stockage de déchets radioactifs.

Mercredi 18 septembre, entre 200 et 300 tonnes de copeaux de bois radioactifs ont été découverts à proximité du lac Biwa dans la province de Shiga. Il y a 3 000 Bq/kg en césium selon les autorités. C'est moins que la limite de 8 000 Bq/kg qui obligerait un traitement spécifique comme déchet radioactif, mais c'est plus que la limite de 100 Bq/kg en dessous de laquelle un recyclage est permis.
Une partie de ces copeaux a été utilisée pour faire des chemins et le reste est encore en sacs.
Les autorités locales vont faire retirer le bois.

Vendredi 20 septembre, le ministre de l'industrie veut introduire le concept de stockage réversible pour l'enfouissement des déchets radioactifs à vie longue. Il espère ainsi que le projet de stockage sera plus facilement accepté par la population... Mais le Conseil Scientifique du Japon, attaché au premier ministre, avait émis des réticences sur l'enfouissement car le Japon est une zone sismique et volcanique. Difficile de garantir la stabilité d'un stockage sur de très longues durées.

Dimanche 22 septembre, les autorités chinoises auraient saisi des métaux contaminés en provenance du Japon. Il y en a 952 tonnes et les niveaux seraient deux fois plus élevés que la limite. Ce n'est pas la première fois.

Vendredi 27 septembre, le ministre de l'environnement a annoncé vouloir installer 5 centres de stockage de déchets radioactifs issus de la décontamination dans chacune des deux municipalités de Naraha et Ôkuma.

Lundi 7 octobre, les déchets issus de la décontamination continuent à s'entasser un peu partout, jusque dans les jardins, faute de solution. Les personnes vivant à proximité de ces déchets n'en peuvent plus d'attendre qu'on les en débarrasse. Le Maïnichi fait le point.
Le Ministère de l'environnement estime qu'il y en aura entre 18,7 et 28,15 millions de mètres cubes dans la seule province de Fukushima. Des travaux de prospection pour trouver des sites dans les zones les plus contaminées sont en cours. La réaction des anciens riverains, tous évacués, diffère en fonction des lieux. Les élus locaux restent très prudents. Les municipalités de Naraha et d'Ôkuma ont accepté les travaux d'étude géologique. La mairie de Futaba s'y était d'abord opposé. Mais le nouveau maire a donné son feu vert le 27 septembre dernier. Cela ne signifie pas pour autant que ces communes ont accepté les sites de stockage. Le maire de Naraha refuse des déchets venant d'autres communes. Il s'oppose aussi à ce que des déchets avec plus de 100 000 Bq/kg pour les deux césiums y soient stockés. L'issue des négociations dépend aussi du montant des compensations et des aides qui sont prévues pour les personnes évacuées.
Les réfugiés, qui ont, pur beaucoup un sentiment d'abandon, voient là un moyen de pression pour obtenir de meilleures aides pour refaire leur vie ailleurs. Une cinquantaines d'habitants du district de Shisan à Futaba ont signé une pétition pour donner leur accord aux investigations pour le centre de stockage, à une époque où l'ancien maire s'y opposait. Ils sont, bien entendu, attaché à cette terre, mais savent que le district n'a pas d'avenir avec les jeunes qui refont leur vie ailleurs. Ils préfèrent donc une meilleure indemnité pour faire comme eux.
A Naraha, la situation est plus contrastée car le gouvernement espère un retour dans certaines parties de la commune où l'exposition externe ne dépasse pas 20 mSv/an. Certains habitants refusent de voir un centre de stockage dans une commune où les gens retourneront vivre, alors que d'autres disent qu'ils ne peuvent pas refuser les déchets en provenance des communes où ils ont été accueillis comme réfugiés.
L'été dernier, 1 700 habitants d'Ôkuma, soit 10% de la population, ont signé une pétition demandant au gouvernement de racheter leur terre pour y mettr ele centre de stockage. Certains expliquent qu'il n'y a pas de raison de décontaminer la zone et que l'argent économisé pourrait servir à aider les réfugiés.

Mercredi 9 octobre, la mairie d'Iitaté a accepté l'installation sur son territoire d'une usine d'incinération des déchets issus de la décontamination, à la condition de limiter les opérations à 3 ans et d'une reprise rapide des cendres. Les déchets ne viendront pas seulement d'iitaté, mais aussi de communes voisines. Il devrait y avoir aussi une installation pour retirer le césium des cendres afin de pouvoir les utiliser dans des matériaux de construction.

Samedi 26 octobre, le gouvernement envisage de prendre à sa charge les centres d'entreposage de Fukushima pour les déchets issus de la décontamination. Cela devrait lui coûter entre 1 000 et 2 000 milliards de yens (7,5 à 15 milliards d'euros) qu'il devrait financer en taxant l'énergie.

Lundi 28 octobre, le gouvernement japonais, comme tous les autres gouvernements, espère enfouir les déchets nucléaires les plus radioactifs. Mais il n'a pas de site pour le moment. Le processus est dans les limbes : en 2000, le gouvernement avait lancé un appel à candidature pour accueillir le site, mais n'a reçu aucune proposition. Les autorités ont donc mis en place un comité scientifique qui doit évaluer le projet d'enfouissement. Le promoteur du projet a certifié qu'il n'y avait pas de problème et que l'enfouissement était sûr. Mais il n'a pas convaincu les sismologues qui ne peuvent pas prédire ce qui va se passer sur 100 000 ans. La Japan Atomic Energy Agency a montré à la presse son laboratoire souterrain, situé à Horonobé (Hokkaïdô).

-> Carte avec les régions qui acceptent et qui refusent les débris potentiellement radioactifs du tsunami  

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Impact sanitaire pour la population


Les autorités locales ont lancé une grande étude de suivi médical des habitants de la province de Fukushima. La première étape consiste à reconstituer la dose reçue à l'aide d'un questionnaire où chacun doit renseigner son emploi du temps lors des premiers jours de la catastrophe. Mais seulement 21,5% des personnes concernées ont répondu. Parmi les obstacles, il y a le fait que cette étude soit dirigée par le tristement célèbre Prof. Shunichi Yamashita, qui prétend partout que le risque principal est la radiophobie et que si l'on sourit, les radiations ne nous affectent pas. L'autre est qu'une partie de la population ne fait pas confiance aux autorités et ne veut pas servir de cobaye.

Mardi 12 mars 2013, selon le Tokyo Shimbun, 789 personnes sont décédées suite à l'évacuation autour de la centrale de Fukushima.

Mercredi 13 mars, le Maïnichi vient de découvrir que 3 employés municipaux de Futaba qui ont assisté la police à rechercher les corps des victimes du tsunami dans la zone évacuée n'avaient aucune protection ni dosimètre pendant presque un mois. Les policiers étaient protégés contre la contamination et portaient deux dosimètres. Leurs doses ont été enregistrées. 27 500 personnes ont participé à ces recherches dans les communes de Futaba et Minami-Sôma et l'irradiation externe est restée inférieure à 5 mSv pour chacune d'entre elles. C'est plus que la limite habituelle de 1 mSv.
Mais rien de tel pour ces trois employés municipaux, qui ont participé aux opérations de recherche entre le 22 avril et le 19 mai 2011, alors que leur municipalité avait déjà déménagé à Kazo, dans la province de Saïtama.

Samedi 16 mars, en décembre dernier, 9 soldats américains avaient porté plainte contre TEPCo. Ils sont maintenant 26 et ils pourraient bientôt être une centaine.

Mercredi 27 mars, selon une étude publiée dans PLOS ONE, menée sur 328 personnes âgées, qui résidaient dans 5 maisons de retraite à Minami-Sôma et qui ont toutes été évacuées, parfois à plus de 200 à 300 km en bus, a montré que 75 d'entre elles sont décédées en moins d'un an, ce qui est 2,7 fois plus élevé que la normale, calculée sur les 5 années précédentes.
L'auteur précise que cette augmentation est plus élevée que ce qui avait été observé aux Etats-Unis après l'ouragan Katrina.
Il y a aussi de grandes différences entre les maisons de retraite. Trois maisons ont évacué rapidement les résidents, dès le début de la catastrophe, sans l'aide du gouvernement, et ils ont donc été accueillis dans de mauvaises conditions. Les soins n'étaient pas toujours disponibles à l'arrivée. Les deux autres ont attendu deux semaines avant d'évacuer les résidents dans de meilleures conditions et avec une mortalité moindre. L'évacuation rapide a entraîné une augmentation d'un facteur 4 à 5 le nombre de décès.
Mais il y a aussi une différence entre ces deux dernières, comme l'explique un des auteurs au Japan Times : dans l'une, les résidents confinés n'ont pas eu assez de repas car les livraisons étaient suspendues et n'avaient pas de chauffage pour ne pas faire entrer la poussière radioactive, alors que dans l'autre, les conditions de vie ont été peu affectées. La cuisine était faite sur place et le chauffage n'y entraînait pas l'introduction de poussières. Cela a eu une forte influence sur le taux de mortalité qui n'a pas augmenté pour la maison de retraite où les conditions de vie n'ont pas changé et a augmenté dans l'autre, d'un facteur 3 à 4.

Lundi 8 avril, selon la directrice d'une crèche de Fukushima, le nombre d'enfants aux pieds plats a été multplié par 2,5 depuis le début de la catastrophe. Elle soupçonne le manque d'activité physique.
La crèche, qui a ouvert en 2003, a photographié les pieds des enfants pour enregistrer leur croissance. En 2009, avant la catastrophe, donc, sur 66 enfants âgés de 3 à 5 ans, 9 (ou 13,6%)  avaient des pieds plats. En mars 2013, ce sont 21 enfants sur 64 qui ont les pieds plats, soit 32,8%. Depuis la catastrophe, les enfants ne sont pas autorisés à jouer plus de deux heures par jour dans la cour, alors qu'il y passaient au moins trois heures auparavant. Surtout, il ne se déplacent plus à pied dans la rue.
La crèche va donc installer des équipements, comme un trempoline, pour permettre aux enfants de faire plus de sport.

Lundi 22 avril, les autorités régionales de Fukushima ont toujours refusé de publier les données détaillées des résultats des échographies de la thyroïde qu'elles effectuent. En particulier, elles refusent de donner les résultats par municipalité pour ne pas stigmatiser une commune plutôt qu'une autre et ses habitants. Cependant, selon le Maïnichi, une ONG a obtenu ces données commune par commune, en s'adressant à la commission d'accès aux documents administratifs, mais ne les a pas publiées. Elles font apparaître de fortes disparités. La proportion d'enfants classés A2, qui ont des nodules inférieurs à 5 mm, varie de 25,2 à 41,6%. Pour les enfants classés B, avec un nodule plus grand que 5 mm, mais qui ne nécessite pas d'examen médical supplémentaire, ce taux varie de 0 à 1,7% selon les communes.
L'ONG a les données depuis janvier 2013, mais en février 2013, lors de la présentation des derniers résultats officiels, le prof. Shin'ichi Suzuki, qui pilote l'étude, a refusé de donner de tels détails.

Samedi 27 avril, le Maïnichi revient sur la surveillance de la thyroïde exercée par les autorités régionales de Fukushima et montre la frustration de la population. Il mentionne le cas d'une mère de Nihonmatsu qui a amené son garçon de 6 ans faire l'échographie officielle de la thyroïde : l'examen n'a duré que deux munite et elle n'a reçu aucune information, même si l'opérateur semblait avoir détecté quelque chose. Elle est donc aller refaire faire une échographie dans un hôpital. L'examen a duré 10 minutes et un nodule de 7 mm a été découvert. Son enfant devrait être classé dans la catégorie B qui implique un autre examen. Cependant, quand, un mois plus tard, elle a reçu les résultats officiel des autorités régionales, son fils était classé dans la catégorie A2, qui signifie qu'un suivi doit être fait, sans rien de plus. Aucune autre information n'est fournie. Elle a donc réclamé le rapport d'examen complet où il est mentionné un kyste de 1,6 mm et pas de nodule.
De plus, il apparaît que les examens officiels ne sont pas complets. L'Association japonaise d'échographie de la thyroïde et du sein préconise de contrôler 12 items lors d'un examen de la thyroïde. Les autorités régionales se sont toujours référées à ce guide dans leur communication, mais il s'avère que 4 items sur 12 ne sont pas contrôlés lors du dépistage officiel. Comme il y a 360 000 enfants à contrôler, le but des échographies est de faire un dépistage des cas les plus graves et pas un examen complet, afin de gagner du temps.
De nombreux parents sont choqués. Lors d'une réunion publique à Aïzuwakamatsu en mars dernier, les autorités ont expliqué que leur but était de rassurer les parents. Une mère a alors clairement expliqué que ce qu'elle attendait, ce n'était pas que les autorités la rassurent, mais la vérité. Elle tirera elle-même ses propres conclusions.
Des citoyens et des mairies commencent donc à s'organiser pour effectuer leurs propres examens thyroïdaux. C'est le cas en particulier de Motomiya et de Namié. Une association qui propose des examens thyroïdaux a aussi été créée à Iwaki. Comme pour la mesure de la radioactivité, les autorités n'ont plus le monopole.

Lundi 27 mai, l'Asahi s'est procuré une version non définitive du rapport de l'UNSCEAR (le comité de l'ONU en charge de la protection contre les rayonnements ionisants) sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Il se veut rassurant mais souligne les grandes incertitudes sur les doses reçues et les effets de la radioactivité.
La dose à la thyroïde pour un enfant d'un an est comprise entre 33 et 66 mSv au-delà de 30 km (8 à 24 mSv pour un adulte) et entre 20 et 82 mSv en-deçà.
Les experts ont calculé la dose collective à la thyroïde et ont trouvé 30 fois moins que pour Tchernobyl. Ils ont trouvé 99 000 sieverts.hommes au Japon avec 130 millions d'habitants et presque 3 millions de sieverts.hommes pour l'ancienne URSS et les pays avoisinants avec 600 millions d'habitants. Cela s'explique partiellement par le fait que 80% des retombées de Fukushima daï-ichi sont allées vers l'océan alors que Tchernobyl est au milieu des terres et a affecté un plus grand nombre de personnes. Le régime alimentaire joue aussi.
Ils en ont déduit une augmentation de 2 cancers de la thyroïde pour 1 000 filles et 0,5 pour 1 000 garçons sur toute la vie.
En ce qui concerne la dose au corps entier, elle serait de 32 000 sieverts.hommes au Japon, environ 10 fois moins qu'après Tchernobyl. Individuellement, la dose reçue en dehors du rayon de 30 km serait inférieure à 4 mSv pour les adultes et 7,5 mSv pour les enfants de 1 an. Ce serait moins et 10 et 20 mSv respectivement dans la zone de 30 km.
Le rapport sera présenté à l'Assemblée Générale de l'ONU en septembre prochain.

Le rapporteur spécial chargé des droits de l'Homme de l'ONU a rendu son rapport sur les conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Il est disponible ici en anglais. Il mentionne les résultats de l'ACRO (note n°68) sur les analyses d'urine. Il recommande d'étendre la surveillance sanitaire à tous les enfants vivant dans une zone où la contamination entraîne une dose annuelle supérieure à 1 mSv et d'inclure des analyses d'urine. Il recommande aussi de prendre en compte les mesures citoyennes de la radioactivité. Il réclame aussi l'établissement d'un calendrier pour le retour à une limite de dose de 1 mSv par an. Ce document tranche avec ce que l'on peut lire dans les rapports des autres agences de l'ONU.

Vendredi 31 mai, le 27 mai dernier, nous avions parlé du rapport de l'UNSCEAR sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Fukushima. Le rapport n'est pas en ligne, seulement un communiqué de presse rassurant : "pas de risques immédiats sur la santé liés à la catastrophe de Fukushima, prétend un comité d'experts de l'ONU".
L'évacuation d'urgence a pourtant entraîné plusieurs centaines de décès. Les populations évacuées et non évacuées apprécieront. Les doses reçues seraient faibles par rapport à la radioactivité naturelle. Comme si la radioprotection était basée sur la radioactivité naturelle... Pas un mot dans le communiqué sur les trois enfants qui ont un cancer de la thyroïde avéré. Chiffre provisoire.
Le communiqué parle aussi d'une protection efficace des populations mais ne mentionne pas les villages évacués tardivement où les populations n'ont pas été protégées ou les habitants de Namié qui sont allés se réfugier dans une zone plus exposée aux retombées radioactives.
Le communiqué mentionne aussi qu'il n'y a pas de décès liés aux radiations à déplorer chez les travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima daï-ichi. Combien de malades à long terme ? Quel suivi médical ?
Le rapport du rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme (cf 27 mai 2013) n'a pas plu aux autorités japonaises. Leurs commentaires et corrections sont en ligne. Ce rapport serait "non scientifique" et donc sans fondement. Elles opposent une fin de non recevoir à quelques idées pertinentes (comme, par exemple, prendre en compte les mesures citoyennes de la radioactivité).

Mercredi 5 juin, il y a maintenant officiellement 12 cas avérés de cancer de la thyroïde chez les enfants de Fukushima et 15 autres cas suspects sur 174 000 enfants contrôlés. Selon la presse,
- au 31 mars 2012, 40 000 enfants de Fukushima avaient bénéficié d'une échographie de la thyroïde. 205 avaient dû subir des examens complémentaires qui ont conduit à 4 cas suspects et un enfant qui a eu une intervention chirurgicale pour une tumeur bénigne ;
- un an plus tard, au 31 mars 2013, 134 000 mineurs supplémentaires ont bénéficié d'une échographie. 935 ont dû subir des examens complémentaires. 5 d'entre eux avaient un cancer confirmé et 11 cas étaient suspects.
Les statistiques sur les échographies sont ici en japonais (sans les cancers) et le rapport est ici en japonais. Voir la page 15.

Jeudi 6 juin, le groupe d'experts qui pilote la surveillance sanitaire de la population de Fukushima vient de revoir ses objectifs : ce ne sera plus de "rassurer la population" mais "maintenir et promouvoir la santé des résidents de la province dans le futur". Un changement énorme, qui, espérons, se traduira dans les faits.
Quatre experts, dont le très célèbre Prof. Yamashita, ont démissionné. Il était très controversé pour ses déclarations sur l'absence de danger de la radioactivité. Les autorités locales espèrent ainsi regagner la confiance de la population.

Dimanche 9 juin, de plus en plus d'initiatives ont été créées pour proposer des échographies de la thyroïde aux enfants exposés au retombées radioactives car de nombreuses familles n'ont pas confiance dans le dépistage effectué par les autorités. Elles veulent aussi plus d'information qu'un simple classement en catégories.

Lundi 10 juin, les familles de quatre patients décédés par manque de soins à la suite de la catastrope nucléaire ont porté plainte contre TEPCo. Ils réclament 125 millions de yens (presque 1 million d'euros).

Mardi 11 juin, selon un sondage, 60% des habitants de Fukushima craignent que leur irradiation ait un impact sur leurs descendants. Les 40% restants pensent que ce risque est faible, voire très faible.

Jeudi 13 juin, la Croix Rouge japonaise n'était pas préparée à faire face à une catastrophe nucléaire. Alors qu'elle était très présente sur le terrain pour aider les victimes du tsunami, elle était plutôt absente de Fukushima. L'organisation a donc décidé de revoir son engagement et a fixé à 1 mSv la dose limite pour les personnes qu'elle envoie dans les zones contaminées. Chaque intervenant sera équipé d'un dosimètre, aura des tablettes d'iode, n'a pas le droit d'aller dans les zones évacuées et doit quitter les territoires contaminés dès qu'il y a un danger ou si la limite de 1 mSv est atteinte.
L'organisation est critiquée pour avoir fixé une limite si basse : en cas de catastrophe nucléaire, elle peut être rapidement atteinte par les secours. D'autres ajoutent que les policiers, pompiers, l'armée vont réclamer une limite similaire et que cela va entraver l'aide aux victimes.
Mais la Croix-Rouge se défend en disant qu'elle a créé ce guide pour pouvoir venir en aide aux victimes d'une catastrophe nucléaire tout en protégeant les secouristes.

Dimanche 16 juin, le 15 mars 2011, l'hôpital universitaire de Fukushima a distribué des comprimés d'iode à son personnel. Les autres secouristes engagés à aider les personnes évacuées, à rétablir l'électricité ou les moyens de transport... n'y ont pas eu droit. De nombreux réfugiés dans la ville de Fukushima faisaient la queue à l'extérieur pour obtenir du ravitaillement. Ils n'en ont pas eu non plus. Cela choque beaucoup de monde au Japon.

Mardi 18 juin, Sanae Takaïchi, qui préside le groupe de réflexion sur la politique du parti au pouvoir, a déclaré, à Kôbé, que la catastrophe de Fukushima n'a pas provoqué de décès direct et qu'il fallait relancer le nucléaire. Cette remarque a beaucoup choqué les milliers de déplacés et les proches des victimes de l'évacuation d'urgence. Face aux critiques, elle a précisé qu'elle voulait dire que personne n'était mort suite à l'exposition aux radiations. C'est assez restrictif comme point de vue.

Jeudi 20 juin, la députée du parti au pouvoir qui avait osé affirmer que la catastrophe nucléaire n'a pas fait de mort, est revenue sur ses propos suite au tollé qu'ils ont provoqué. Elle est maintenue à son poste de chef de la politique de son parti par le premier ministre.
Des membres de son parti, dans la section de Fukushima, ont tenu à lui rappeler que l'évacuation et les suicides ont fait environ 1 400 victimes et qu'il y a environ 150 000 déplacés. Et d'ajouter que la pêche et l'agriculture sont sinistrées.
En août 2012, l'agence pour la reconstruction avait évalué à 1 263 le nombre de décès indirects liés à l'évacuation et le manque de soins médicaux auxquels il faut ajouter 34 suicides. Les autorités régionales, reprises par les médias, parlent d'un total de 1 415 décès maintenant.

Mercredi 26 juin, les autorités de la provinces de Fukushima ont essayé de reconstituer les emplois au temps des habitants lors des quatre premiers mois de la catastrophe pour calculer la dose reçue. Des questionnaires ont été envoyés, mais le taux de retour n'était pas très élevé. Les autorités régionales ont annonce que les doses estimées et transmises étaient erronées pour 16 118 personnes. Le NIRS (National Institute of Radiological Sciences ) qui a fait les calculs pour 420 000 personnes s'est trompé dans les dates et a sous-estimé la dose reçue pour 12 469 personnes. Il faut ajouter jusqu'à 0,4 mSv aux chiffres calculés précédemment. Pour les 3 649 autres, la dose était surestimée jusqu'à 0,2 mSv. Le programme va être corrigé et les nouveaux chiffres corrigés envoyés aux habitants.
Certaines personnes ont reçu plus d'un millisiervert en quatre mois, qui est la dose à ne pas dépasser en un an pour la population en temps normal.

Mardi 2 juillet, l'ACRO a mis en ligne un communiqué de presse pour attirer l'attention sur une étude australienne qui met en évidence une augmentation de 24% de l’incidence des cancers chez les enfants qui ont subi un ou plusieurs scanners. Elle met aussi en évidence l’apparition de ces effets à partir d’une dose voisine de 4,5 millisieverts (4,5 mSv), ce qui est dix fois plus faible que ce qui est communément admis. Cette démonstration, basée sur une grande cohorte (680 000 personnes), vient renforcer notre opinion que la limite de 20 mSv/an fixée par le gouvernement japonais pour décider de l'évacuation des populations n'est pas acceptable.

Samedi 6 juillet, selon la RTBF, les experts de la délégation belge auprès de l'UNSCEAR, l'organisme de l'ONU en charge d'évaluer l'impact des radiations, sont revenus choqués de la dernière réunion à Vienne. Selon eux, tout est verrouillé pour minimiser l'impact de la catastrophe de Fukushima. Les dernières découvertes sur l'impact des radiations ne sont pas prises en compte.
Ces experts sont des universitaires ou des membres du centre de recherche nucléaire de Mol. Article à lire !

Samedi 20 juillet, la NRA a changé ses prescriptions en matière de distribution de comprimés d'iode : ils seront distribués à tout le monde alors qu'avant, seules les personnes âgées de moins de 40 ans étaient concernées. La règle précédente avait été établie par les prédécesseurs de la NRA en 2002 et se basait sur les survivants de Hiroshima et Nagasaki. Mais si le taux de cancer de la thyroïde était plus faible chez les plus de 40 ans, il n'était pas nul.
4,8 millions de personnes vivant à moins de 30 km d'une centrale nucléaire sont maintenant concernées. Il n'y a qu'une compagnie phramaceutique au Japon qui produit ces comprimés, ce qui devrait retarder la distribution.

Dimanche 21 juin, des chercheurs japonais ont contrôlé la contamination de 10 placentas humains entre octobre 2011 et août 2012. 5 femmes vivaient à moins de 50 km de la centrale et 5 vivaient entre 210 et 290 km de la centrale. Tous les placentas étaient contaminés au césium 134 et 137, sauf un, à Tôkyô, qui n'avait que du césium 137. La contamination allait de 0,1 à 1,7 Bq/kg pour la somme des deux césium. Les auteurs de l'étude expliquent que cette contamination est inférieure à la contamination des placentas dans les années 60 au Japon et Canada, au moment des essais atmosphériques et aussi inférieure à la contamination des placentas en Italie du Nord après la catastrophe de Tchernobyl.
L'article scientifique est en accès payant.

Mercredi 24 juillet, les autorités régionnales de Fukushima vont à nouveau osculter les enfants chez qui des nodules plus grands que 5,1 mm ont été découverts dans la thyroïde. Elle a demandé à deux autres hôpitaux de participer aux contrôles par échographie, ainsi qu'une prise de sang et un test d'urine. Pour le moment, seulement un tiers des 1 100 enfants concernés ont été recontrôlés.

Jeudi 1er août, le quotidien Maïnichi révèle que les agences gouvernementales en charge du soutien aux victimes de la catastrophe nucléaire ont décidé secrètement de reporter à après les élections l'établissement de critères à partir desquels les Japonais ont droit à un soutien financier, médical etc. Il s'agit pourtant du point crucial pour l'avenir des réfugiés, mais le gouvernement craignait que l'annonce des doses limites retenues ne soient vivement critiquées et influencent le résultat des élections.
Les Agences concernées ne veulent par prendre la responsabilité de cette décision difficile et se renvoient la balle. Pour la NRA, ce n'est pas une décision scientifique et ce n'est donc pas à elle de décider.
La limite de dose fixée pour déterminer les évacuations est de 20 mSv/an, ce qui est 20 fois plus que la limite à ne pas dépasser en temps normal. C'est trop élevé. La loi passée le 21 juin 2012 prévoit que les évacués volontaires qui vivent dans une zone où l'exposition externe est supérieure à une limite à déterminer ont droit à un soutien financier. De nombreuses associations militent pour que cette limite soit fixée à 1 mSv/an, mais le gouvernement n'est pas prêt à en assumer les conséquences financières. Et donc le dossier n'avance pas.

Les appareils d'anthropogammamétrie pour mesurer la contamination interne ont été conçus pour les adultes et ne permettaient pas de contrôler les petits enfants. Les autorités de Fukushima ont adapté l'appareil et ont commencé à contrôler les enfants de moins de 4 ans. Plus de 2 ans 4 mois après le déclenchement de la catastrophe, il était temps ! Les autorités régionales vont commencer par les enfants des zones évacuées, puis étendre le dépistage aux autres.

Vendredi 9 août, bien que 15 000 personnes aient porté plainte, les procureurs ont décidé de ne pas inculper les dirigeants de TEPCo et les responsables gouvernementaux, dont le premier ministre de l'époque, Naoto Kan. Ils n'ont pas pu trouvé suffisamment de charges criminelles contre eux. La hauteur du tsunami était imprévisible selon eux.
Ils reconnaissent un lien possible entre la catastrophe et les décès liés à l'évacuation (1 400 environ), mais ne peuvent pas prouver qu'il y a eu négligence professionnelle.
Ces décisions vont à l'encontre de ce qui est ressorti des différentes enquêtes et qui avaient conclu à une catastrophe d'origine humaine. On ne connaîtra jamais ces humains...

Mardi 13 août, suite de la contamination de 10 personnes, toutes employées de TEPCo : la contamination maximale était de 19 Bq/cm2, et non 10 Bq/cm2 comme initialement annoncé. L'anthropogammamétrie (WBC) n'a pas mis en évidence de contamination interne.
Comme la contamination de la poussière n'a plus dépassé les limites fixées par TEPCo par la suite, TEPCo a retiré son ordre de mettre les masques intégraux à 16h17 la veille.
TEPCo a contrôlé l'eau soupçonnée d'avoir contaminer les personnes qui attendaient le bus et n'a pas trouvé de contamination. TEPCo ne peut pas expliquer comme l'incident a pu avoir lieu. Les rejets aériens ?
Des photos, un plan, etc sont ici en anglais.

Mercredi 21 août, les autorités régionales de Fukushima ont présenté le nouveau bilan de leur surveillance de la thyroïde des enfants de la région. Il y a maintenant 18 cas de cancer confirmés après intervention chirurgicale plus un cas bénin sur les 210 000 enfants qui ont été contrôlés avant la fin juillet 2013. Il y a 360 000 enfants à examiner en tout. En outre, il y a 25 cas suspects en attente d'intervention chirurgicale. Le plus jeune cas est une fillette qui avait 6 ans au moment des rejets massifs en iode 131.
L'incidence habituelle de cette maladie chez les enfants est de l'ordre de 1 cas sur 100 000 enfants. Il y a eu 46 cas recensés en 2006 sur toute la population du pays âgée de moins de 20 ans.
Les autorités se refusent toujours à faire le lien avec la catastrophe nucléaire, mais vont mettre en place un autre groupe de travail pour étudier ces résultats.
Les données officielles ont été traduites en anglais.

On en a déjà parlé le 29 juillet, le parlement japonais avait voté une loi pour venir en aide aux victimes de la catastrophe nucléaire il y a trente mois et il ne s'est rien passé depuis faute de décrets d'application. Douze évacués volontaires et sept personnes restées à Fukushima ont porté plainte contre le gouvernement et demandé 1 yen de dommages et intérêts pour absence de protection. Ils veulent obtenir ainsi la confirmation qu'ils ont bien droit à des aides au regard de cette loi non appliquée.

Mardi 27 août, le ministère de l'environnement prétend que la décontamination a entraîné une baisse de l'exposition externe moyenne de 61% pour les adultes et 64% pour les enfants. Ces chiffres sont basés sur des mesures faites en 11 500 points dans des écoles, maisons et autres... C'est un peu plus que l'objectif qu'il s'était fixé. Il faut cependant garder en mémoire que l'irradiation externe a baissé de 40% en moyenne dans les zones où il n'y a pas eu de décontamination. Les effets de la décontamination restent donc très limités.
Il s'agit, de plus, de valeurs moyennes, alors que c'est une baisse globale qui est exigée pour pouvoir protéger chacun.
Les travaux ont pris beaucoup de retard et le gouvernement promet d'accélérer, comme d'habitude. En attendant, il a reculé la date à laquelle les travaux seront terminés, sans donner de nouvelle échéance. Il ne donne toujours pas non plus de niveau de dose à atteindre.

Vendredi 30 août,
le gouvernement se réveille et commence à réfléchir à l'application de la loi de juin 2012 qui l'oblige à protéger les personnes exposées aux retombées radioactives. Dans le projet, le gouvernement a désigné 33 municipalités où les habitants peuvent prétendre à une aide, mais n'a pas fixé de limite de dose. Il veut solliciter l'avis des personnes concernées avant de conclure, ce qui n'a pas été fait pour le moment. Parmi les mesures envisagées : un accès facilité aux soins ou une aide aux enfants fréquentant les écoles.
Un groupe de personnes qui avaient porté plainte pour non application de la loi ne sont pas satsifaites : plus de 33 municipalités ont été touchées par les retombées radioactives. L'exposition externe dépasse le millisievert par an, la limite généralement retenue pour le public, sur un vaste territoire qui va bien au-delà de la seule province de Fukushima. Le gouvernement ne propose pas grand chose pour les personnes qui ont quitté la région, sont but étant plutôt de favoriser le retour des populations.

Lundi 9 septembre, selon le Maïnichi, le nombre de décès dus aux mauvaises conditions de vie et au stress suite à la catastrophe nucléaire est actuellement de 1 539. 109 autres familles ont demandé une demande d'indemnisation dans ce sens après le décès d'un proche. En mars 2012, ce chiffre était de 734, avec 33,7% liés à la fatigue de vivre dans un centre d'évacuatio, 29,5% dus à la fatigue liée aux déménagements et 14,5% dus à une aggravation de la maladie faute de soins. Il y avait aussi 9 suicides.
A titre de comparaison, ce chiffre est proche de celui lié au séisme et tsunami : 1 599.

Les procureurs, en charge de la plainte déposée contre une quarantaine de personnes dont des dirigeants de TEPCo et l'ancien premier ministre Naoto Kan, ont décidé de ne pas donner suite car ils considèrent qu'elles ne peuvent pas être tenues criminellement responsables.
La commission d'enquête parlementaire avait conclu que la catastrophe de Fukushima était une catastrophe d'origine humaine, mais les responsables ne sont pas coupables...

Mardi 17 septembre, bande dessinée intéressante du Mangaka Jean-Paul Nishi, mari d'une journaliste française au Japon, à propos des dessins du Canard Enchaîné.

Les responsables d'une école maternelle d'Ishinomaki (Miyagi) ont renvoyé 12 enfants chez eux lors du tsunami du 11 mars 2011. Le bus a pris une route côtière après avoir déposé 7 enfants et a été englouti par la mer. L'école, quant à elle, située sur une hauteur, n'a pas souffert du tsunami.
Les familles de 4 de ces enfants ont porté plainte pour faute grave. Les responsables de l'école se sont défendus en disant qu'il n'était pas possible de prévoir qu'il y aurait un tel tsunami. La justice a reconnu qu'il y avait une faute de l'école privée qui n'a pas pris en compte l'alerte au tsunami et a tranché en faveur des victimes qui recevront une indemnité de 177 millions de yens (1,4 millions d'euros). Elles avaient demandé 270 millions de yens.
Les responsables de l'école se sont dit surpris par la décision et regrettent que leurs arguments n'aient pas été retenus. Ils ont aussi réitéré leur peine à propos des enfants, indépendamment du jugement.
C'est le premier jugement sur une telle affaire. Des dizaines d'autres sont en cours d'instruction. Les victimes espèrent que cela va entraîner une révision des mesures de protection en cas de catastrophe naturelle.
Cette décision contraste avec celle de n'inculper personne suite à la catastrophe nucléaire.

Lundi 7 octobre, l'Asahi, en japonais, revient sur la contamination des urines des enfants et cite les mesures de l'ACRO à l'occasion de la publication d'une étude sur les urines d'enfants de Kashiwa, ville de Chiba, dans la grande banlieue de Tôkyô, qui a été particulièrement contaminée ainsi que d'autres communes plus au Nord. Cette nouvelle étude montre que 58 enfants sur 85 testés ont des urines contaminées, ce qui fait 70%.
Voir aussi, en anglais, Fukuleaks, un autre blog qui suit de près la catastrophe de Fukushima.

Samedi 12 octobre, l'UNSCEAR, le Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets Radiations Atomiques, a remis un rapport pour la 68ième session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, (accessible depuis ici dans la langue de votre choix, voir le III) où il réévalue à la hausse les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi lors des premiers jours de la catastrophe. Il écrit, page 13 : "La contribution potentielle de l’absorption d’isotopes d’iode plus éphémères, en particulier d’iode 133, n’a pas été prise en compte [par TEPCo] ; il se peut donc que les doses dues à l’exposition interne aient été sous-estimées d’environ 20 %. En raison du long délai intervenu avant que ne commence la surveillance, la présence d’iode 131 dans la thyroïde n’a pas été détectée chez de nombreux travailleurs et les doses internes estimées pour ces travailleurs par la TEPCO et ses sous-traitants sont entachées d’incertitudes."
L'iode 132 et 133 ont une demi-vie de 2 et 20 heures, respectivement.
Selon l'Asahi, 1 100 personnes présentes sur le site au début ont reçu une dose au corps entier supérieure à 50 mSv. Elles ont droit à un dépistage gratuit du cancer de la thyroïde, des poumons, du colon et de l'estomac. Près de 2 000 personnes ayant reçu une dose au corps entier inférieure à 50 mSv, mais une dose à la thyroïde supérieure à 100 mSv ont droit à un dépistage gratuit du cancer de la thyroïde. Avec les calculs de l'UNSCEAR, ces chiffres devraient aussi augmenter.
Le quotidien rapporte aussi que le suivi médical des travailleurs n'est pas à la hauteur des enjeux. Le gouvernement a mis en place une base de données sur la santé de ces travailleurs et a réclamé aux employeurs les dossiers médicaux de 20 000 personnes avant décembre 2011. Mais en Août 2013, il manquait encore 4 297 dossiers. Le ministère continue à réclamer les dossiers à TEPCo et 81 autres compagnies. Mais certaines n'ont peut-être jamaisfait passer de visite médicale à leurs employés.
Ce rapport estime également, que "les adultes vivant dans la ville de Fukushima auraient reçu, en moyenne, une dose efficace d’environ 4 mSv au cours de la première année ayant suivi l’accident; les doses reçues par les nourrissons d’un an étaient environ deux fois plus élevées. [...] La dose efficace moyenne sur la vie entière (imputable à l’accident) pouvant être
reçue par les personnes restées dans la préfecture de Fukushima a été estimée à un peu plus de 10 mSv; ce chiffre est fondé sur l’hypothèse qu’aucune mesure de décontamination ne sera prise ultérieurement pour réduire les doses et constitue donc peut-être une surestimation. La contribution la plus importante à ces doses estimées était due au rayonnement externe émis par les matières radioactives qui s’étaient déposées. Dans le cas de personnes ayant des habitudes ou des comportements nettement différents de la moyenne et/ou qui vivent dans des zones où les niveaux de radioactivité passés ou présents s’écartent nettement de la moyenne du district ou de la préfecture considérés, les doses estimées peuvent être supérieures ou inférieure aux valeurs moyennes ci-dessus. Dans le même district, les doses individuelles reçues par expositions interne et externe se situent généralement dans une fourchette allant approximativement du tiers au triple de la valeur moyenne. Des doses plus élevées ne peuvent pas être totalement exclues dans le cas de certaines personnes, en particulier si elles ont consommé certaines denrées alimentaires produites localement après l’accident, malgré les conseils donnés par le Gouvernement, ou ont continué de résider pendant un certain temps dans les zones d’évacuation. Il se peut que certains nourrissons aient reçu des doses à la thyroïde de 100 mGy, voire davantage."

Lundi 14 octobre, cela fait plus de deux ans et demi que je tiens cette chronique intitulée "la catastrophe au jour le jour". Et je viens de découvrir, que, selon Kelvin Kemm, PDG de Nuclear Africa, il n'y a pas eu de catastrophe à Fukushima : "Le nombre total de morts par les radiations est zéro. Le nombre total de blessé par les radiations zéro". Et d'ajouter que "l'incident de Fukushima est, de fait, une illustration magnifique de la sûreté de l'énergie nucléaire".
Désolé pour ces années de berlue. Il n'y a rien eu à Fukushima. J'ai été victime d'illusion. Il est temps que j'arrête.
160 000 personnes déplacées, 1 500 morts lors de l'évacuation d'urgence, des territoires perdus à jamais et 18 cas de cancer de la thyroïde chez les enfants de Fukushima. Il ne s'est rien passé de grave. Juste une hystérie collective. Abject.

Mardi 22 octobre, le maire de Matsumoto (Nagano), Akira Sugenoya, a été très impliqué dans l'aide aux victimes de la catastrphe de Tchernobyl. Comme chirugien, spécialiste de la thyroïde, il a quitté son poste dans une université japonaise pour aller en Biélorussie pendant plusieurs années, où il a opéré une centaine d'enfants victimes de cancer. Il a aussi créé une fondation et forme des chirurgiens biélorusses au Japon. Il est aujourd'hui très impliqué pour protéger les enfants de Fukushima, en amont des problèmes de santé. L'Asahi lui consacre un article.
La ville a ouvert un dortoir pour que des enfants de Fukushima puissent être scolarisés à Matsumoto et va prendre en charge une partie des coûts. Il y a de la place dans ses écoles à cause de l'exode rural. Les responsables de la ville sont allé présenter le "projet Matsumoto" à Fukushima et des parents ont faire part de leur intérêt. Il y a déjà environ 200 réfugiés de Fukushima à Matsumoto.
Le maire craint pour la santé des enfants : "si ces craintes sont infondées, ce sera une bonne nouvelle" déclare-t-il, "mais si elles sont avérées, il faut se dépécher avant qu'il soit trop tard".

Vendredi 25 octobre, 64 ONG japonaises lancent un appel à plus d'objectivité de la part des agences de l'ONU qui étudient les conséquences de la catastrophe nucléaire. Elles visent, en particulier, l'UNSCEAR dont le dernier rapport va être présenté à la 68ième assemblée générale de l'ONU. Les experts de cet organisme ne sont pas venus inspecter à Fukushima. Ils se basent uniquement sur les données transmises par les autorités japonaises. Ils existe de nombreuses autres données de mesure qui ne sont pas prises en compte. Et de rappeler que l'enquête menée par les autorités régionales de Fukushima sur l'occupation des populations au tout début de la catastrophe, n'a eu que 20% de retour. Comment faire une étude sérieuse avec si peu de données ?
Les ONG relèvent aussi des contradictions entre les différents rapports de l'ONU sur les conséquences de la catastrophe, en particulier avec ceux de l'OMS et d'Anand Grover, rapporteur spécial pour les droits de l'homme.

Samedi 26 octobre, l'UNSCEAR, le comité des nations unies sur les effets des radiations vient de publier un rapport de 283 pages, accompagné d'un communiqué de presse, qui confirme que les enfants sont beaucoup plus sensibles que les adultes et qu'ils devaient donc être mieux protégés. Le taux de cancers est 25% plus élevé que chez les adultes pour les leucémies, la thyroïde, les cancers du sein et du cerveau. Cela peut mettre être plus en fonction des circonstances. Pour le cancer du colon, la sensibilité est la même que chez les adultes et pour le cancer du poumon, elle est moindre.
Par ailleurs, en cas de contamination, les organes sensibles des enfants sont généralement plus exposés que ceux des adultes car leur corps est plus petit et les organes moins protégés. Le régime alimentaire peut aussi influencer le risque d'exposition. C'est le cas en particulier avec le lait et l'iode.
Voilà qui vient confirmer les craintes des parents qui réclament une meilleure protection de leurs enfants.

Mardi 5 novembre, le gouvernement travaille à un plan pour meilleure prise en charge médicale en cas d'accident nucléaire. Des hôpitaux avec un service d'urgence vont être désignés pour pouvoir accueillir des patients légèrement contaminés. Il veut aussi augmenter le nombre de personnes qui peuvent traiter des patients plus fortement irradiés.
Six hôpitaux de Fukushima auraient dû pouvoir accepter des patients contaminés. Mais quatre étaient dans la zone évacuée ou de confinement. L'évacuation des patients a parfois été dramatique et a entraîné de nombreux décès.
De plus, les victimes de catastrophes naturelles étaient à la charge du ministère de la santé et celle d'une irradiation, à la charge du ministre des sciences et technologie. Cela n'a pas facilité les choses.
Il est donc nécessaire de réformer les procédures d'urgence nucléaire. La NRA, qui est la nouvelle autorité de sûreté, va être impliquée.

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Doses et conditions de travail à la centrale


Au 31 décembre, ils étaient presque 20 000 travailleurs à être passés sur le site de la centrale. Au début, il n'y avait pas un dosimètre par personne, ce qui a conduit à une évaluation très approximative des doses. Les premières anthropogammamétries n'ont eu lieu que tardivement, ce qui fait que l'estimation de la contamination interne, qui a pu être forte au début, est aussi mal connue. Plusieurs travailleurs n'ont pas pu être retrouvés et n'ont pas été contrôlés a posteriori. Enfin, il n'y a pas ou peu de mesure neutron, alors que le flux a beaucoup augmenté quand les réacteurs se sont vidés de leur eau.

Mardi 12 mars, le gouvernement a annoncé qu'il allait revoir la politique d'embauche à la centrale de Fukushima car il s'avère que 47% des intervenants ont des contrats qui violent le droit du travail : ils seraient recrutés comme intérimaires et envoyés comme spécialistes avec des contrats de travail en bonne et due forme. Mais si le gouvernement est plus regardant, la pénurie de main d'oeuvre risque de s'aggraver.
TEPCo a contrôlé 4 000 travailleurs entre septembre et octobre 2012 et 47% ont déclaré que la compagnie qui leur donne des ordres n'est pas celle qui les paye. Une telle situation est interdite car il y a ambuiguïté sur qui est responsable de la sécurité du travailleur.
L'été dernier, le gouvernement et TEPCo avaient estimé que les travaux à la centrale et la "décontamination" allaient nécessiter 12 000 personnes par jour. En mai, il y avait 24 300 travailleurs enregistrés comme habilités à travailler sous rayonnements ionisants, mais 1 000 d'entre eux avaient déjà dépassé la dose maximale. L'évaluation faite à l'époque étaient qu'il ne devrait pas y avoir de pénurie de main d'oeuvre avant 2017. Mais si l'on applique rigoureusement le droit du travail, la pénurie va arriver beaucoup plus vite. Les sous-traitants n'accepteront jamais d'embaucher les intérimaires et de continuer à les payer une fois la dose limite atteinte. Les autorités risquent donc d'être condamnées à accepter cette situation du "travailleur jetable".
La pénurie risque d'être aussi cruciale quand les autres exploitants voudront redémarrer leurs centrales nucléaires. Auront-ils assez de personnel qualifié qui n'a pas atteint sa limite de dose ?
Le 30 janvier dernier, nous avions rapporté qu'il n'y avait que 10% des emplois liés à la décontmination qui étaient pourvus.

Vendredi 29 mars,  TEPCo a mis en ligne un nouveau bilan des doses prises par les intervenants sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi au cours des mois de décembre 2012 et janvier-février 2013. Ce sont toujours les sous-traitants qui sont les plus nombreux et qui prennent les doses les plus élevées. La dose la plus forte en un mois est de 17,44 mSv.
26 308 personnes sont déjà intervenues sur le site de la centrale : 22 653 sous-traitants et 3 565 employés de TEPCo. Je ne pense pas que les pompiers, l'armée, etc... qui sont intervenus au début, mais qui ne sont pas classés parmi les sous-traitants, soient pris en compte dans ce chiffre.

Samedi 20 avril, selon l'Asahi, des ouviers qui sont intervenus sur les fuites ont travaillé sans dosimètre ! 14 personnes sont concernées, selon TEPCo.

Mardi 30 avril, TEPCo a mis en ligne les doses reçues par les personnes qui travaillent sur le site de Fukushima daï-ichi durant les mois de janvier, février et mars 2013. Ce sont toujours les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes car leur statut précaire ne les protège pas. Près de 27 000 personnes sont intervenues à la centrale accidentée.

Mardi 7 mai, la presse japonaise rapporte de nouveaux extraits des enregistrements des visio-conférences des premiers jours de la catastrophe : dans la nuit du 14 mars un débit de dose 3,2 millisieverts par heure est détecté par la balise située au portail d'entrée de la centrale. Pour être sûr d'être bien compris, le directeur de la centrale précise que c'est plus de 3 000 microsieverts par heure. Un des directeurs à Tôkyô demande si c'est bien la plus forte valeur enregistrée jusqu'à présent. Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, répond : "On a déjà eu des valeurs comme 1 500 ou 2 000 microsieverts. Maintenant, on ne fait plus attention".

Samedi 11 mai, le ministère du travail a mis en garde trois compagnies sous-traitantes basées à Nagasaki pour avoir envoyés illégalement des travailleurs à la centrale de Fukushima. C'est la première fois que le ministère publie les noms des entreprises réprimandées. Les travailleurs s'étaient retrouvés à travailler à Fukushima alors que ce n'était pas mentionné dans le contrat. D'autres ont été moins payés que promis.
Un des travailleurs concernés avait alerté le ministère en juillet 2012 et il a fallu presqu'un an pour que des mesures disciplinaires soient prises et TEPCo n'a pas pu résoudre le problème.

Mardi 21 mai, le Monde mentionne cet appel lancé au gouvernement japonais pour qu'il protège mieux les 3 000 personnes qui interviennent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi et en particulier des sous-sous-traitants qui font le sale boulot avec des CDD. Quand la dose limite est atteinte, c'est le chômage.

Jeudi 23 mai, TEPCo fait face à une pénurie de main d'oeuvre. La compagnie refuse de l'admettre, mais les témoignages des personnes qui sont intervenues mentionnent la forte demande de main d'oeuvre dans le bâtiment pour reconstruire les zones dévastées par le tsunami. De nombreux travailleurs qualifiés ont aussi atteint la limite de dose et ne peuvent plus travailler dans une centrale nucléaire. TEPCo se refuse à donner le nombre de ces personnes qui partent. Si les autres exploitants sont autorisés à redémarrer leurs centrales, ils auront aussi besoin de main d'oeuvre et la situation sera encore plus tendue.
Et comme ce n'est pas TEPCo qui emploie la plupart des 3 000 intervenants quotidiens, mais des sous-traitants, avec parfois 5 niveaux de sous-traitance, la compagnie n'est pas consciente des difficultés et des réalités. Et comme la compagnie semble plus préoccupée par la réduction des coûts que par les conditions de travail, de nombreuses personnes, même très qualifiées, quittent le chantier.
Tous les témoignages sont anonymes car les contrats de travail interdisent tout contact avec la presse.
En ce qui concerne la "décontamination" autour de la centrale, ce n'est pas mieux. Selon l'administration, il y a eu 2 124 emplois publiés durant le premier trimestre 2013 et seulement 312 postes pourvus.

Vendredi 31 mai, TEPCo a mis en ligne les dernières statistiques sur les doses enregistrées des personnes qui sont intervenues sur le site durant les mois de février, mars et avril 2013. Ce sont toujours les intérimaires qui reçoivent les doses les plus fortes. La dose mensuelle la plus forte est de 19,76 mSv.
Il y aurait eu 27 392 intervenants depuis le début des évènements.
Il y a 699 intervenants, tous employés de TEPCo, qui ont une limite de dose relevée à 100 mSv car ils sont indispensables à la gestion de la catastrophe. 122 d'entre eux ont déjà pris plus de 75 mSv.

Mercredi 12 juin, un lecteur nous a signalé le dernier bilan que TEPCo a fait des rejets aériens des trois réacteurs où il y a eu fusion du coeur. C'est en japonais et je n'ai pas trouvé de version anglais. Il date du 30 mai 2013.
Il est écrit que le rejet atmosphérique pour les trois réacteurs est de l'ordre de 10 millions de Bq/h (10 MBq/h). Je pense que cela ne prend en compte que le césium. Si l'on multiplie 24 h et 365 j, on arrive à presque 88 milliards de Bq/an (88 GBq/an). C'est beaucoup plus que les rejets aériens d'une centrale nucléaire en fonctionnement normal et même que les rejets aériens en césium de l'usine de retraitement de La Hague.
Les graphes montrent que ces rejets sont stables depuis un an.
TEPCo évalue l'impact sanitaire à la bordure du site à 0,03 mSv/an. Il n'est pas dit comment ils ont fait le calcul. C'est moins que ce qui dû à la contamination des sols au même endroit, mais ce serait jamais accepté pour une centrale en fonctionnement normal.

Samedi 29 juin, un camion est sorti de la centrale de Fukushima alors qu'il était plus contaminé que permis. Il y avait jusqu'à 22 000 coups par minute alors que cela ne doit pas dépasse 13 000 cpm. Il est allé recharger en béton et est revenu à la centrale un peu plus d'une heure plus tard.

Lundi 1er juillet 2013, TEPCo a mis en ligne, comme tous les mois, les doses enregistrées des travailleurs intervenant sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Au 31 mai denier, on est à 28 279 intervenants au total dont 24 480 sous-traitants. La dose maximale prise par les sous-traitants ces 3 derniers mois est de 19,3 mSv.

Samedi 6 juillet, 479 travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima daï-ichi aveint des doses internes erronnées dans les dossiers de TEPCo. Pour 452 d'entre eux, la dose a été revue à la hausse et pour les autres, à la baisse. La plus forte hausse est de 48,9 mSv ! C'est dû à des erreurs dans le calcul des doses.
Au 31 mars 2013, 6 personnes ont reçu une contamination interne qui implique une dose supérieure à 100 mSv. 24 autres, une dose supérieure à 50 mSv. La dose maximale admissible est de 100 mSv sur 5 ans. Au moins deux personnes ont continué à travailler à la centrale après avoir dépassé cette limite.

Mardi 9 juillet, le directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi au moment de l'accident est décédé des suites d'un cancer de l'oesophage. Il avait 58 ans. Il est considéré comme un héros au Japon par certains, même si d'autres lui reprochent de ne pas avoir su prévenir la catastrophe.

Vendredi 19 juillet, TEPCo estime à 1 973 le nombre de travailleurs qui ont reçu une dose à la thyroïde supérieure à 100 mSv et qui auront droit à un suivi annuel gratuit de la glande par échographie. On ne sait si elle financera les soins en cas de problème. 976 sont ses propres employés, les autres sont des sous-traitants.
TEPCo n'a fait de mesure que pour 522 travailleurs, pour les autres, il s'agit d'une estimation à partir de mesure sur le césium. Les autorités ne le lui ont jamais demandé non plus. C'est donc très approximatif. Le seuil international à partir duquel il est recommander de prendre un traitement à l'iode est pourtant de 50 mSv (ne pas confondre la dose à un organe particuier, comme la thyroïde, à la dose au corps entier. Les règles ne sont pas les mêmes). TEPCo aurait pu prendre ce seuil au lieu du double. Elle devrait même proposer des contrôles à toutes les personnes présentes sur le site en mars 2011, mais, une fois de plus, elle est limitée par le coût et par l'idéologie concernant de prétendus seuils d'innocuité.
Il lui a fallu plus de deux ans pour arriver à ce résultat alors que l'exposition à l'iode n'au eu lieu qu'au tout début et personne ne va contrôler... C'est la pression internationale et le questionnement des agences de l'ONU qui aurait poussé la compagnie à revoir ses chiffres initialement beaucoup plus bas.
Voir les explications en anglais de TEPCo datées du 22 juillet.

Jeudi 25 juillet, selon le bureau régional du travail, 68% des compagnies (264 sur 388) engagées dans la décontamination à Fukushima ont violé le droit du travail. Cela va du défaut d'explication quant aux salaires, primes ou conditions de travail au défaut de paiement de salaires ou primes.

Samedi 27 juillet, le risque induit par les radiations sur la cataracte a été récemment revu à la hausse. Les travailleurs ayant reçu une dose supérieure à 50 mSv à la centrale de Fukushima daï-ichi doivent donc subir un examen des yeux par an. Mais parmi les 642 employés de TEPCo qui auraient dû être contrôlés en 2012, 247, ou 38,2%, ne l'ont pas été. Si l'on compte les sous-traitants, les chiffres devraient être plus mauvais. Le ministère de la santé tente d'obtenir les renseignements nécessaires afin de pouvoir donner des statistiques complètes et surtout obtenir que tous les travailleurs concernés soient contrôlés.
A partir de 100 mSv, ils ont aussi droit à un dépistage du cancer. Seulement 2 employés de TEPCo sur les 146 concernés ne l'auraient pas subi.

Mercredi 31 juillet, comme toutes les fins de mois, TEPCo publie les doses enregistrées par les travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima daï-ichi. Ils sont 28 574 depuis le début, avec une majorité de sous-traitants (24 763) qui prennent les plus fortes doses. La dose la plus forte pour ces trois derniers mois (avril - mai - juin 2013) est de 17,08 mSv.

Lundi 5 août, les intervenants à la centrale de Fukushima daï-ichi qui, entre le 11 mars et le 31 décembre 2011 ont reçu une dose supérieure à 5 mSv, ont droit à des indemnités s'ils développent une leucémie. Ils sont 9 640 dans ce cas, mais peu le savent. Seulement 4 personnes ont fait une demande après avoir découvert un cancer. Leur dossier est en cours d'évaluation.
Les autorités ne font rien pour faire connaître leurs droits aux travailleurs concernés. Jusqu'en juin 2013, ils sont officiellement 13 667 à avoir dépassé 5 mSv.
TEPCo n'offre un dépistage gratuit du cancer qu'à partir de 50 mSv.

Lundi 12 août, une alarme a sonné sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi à 12h33, indiquant une contamination anormalement élevée de la balise située devant le bâtiment principal qui sert de quartier général. Les personnes sur place ont dû mettre un masque intégral.
TEPCo arrose l'entrée avec de la bruine pour rafraîchir les ouvriers en cette période de forte chaleur et 10 ont été contaminés alors qu'ils attendaient le bus. La contamination maximale est de 10 Bq/cm2 sur le visage et la tête, ce qui représente 2,5 fois la limite.
TEPCo a suspendu la diffusion de bruine et est en train d'essayer de comprendre comment cette eau a pu être contaminée. Elle est aussi utilisée dans les toilettes des réacteurs 5 et 6. Elle provient d'un barrage situé à 10 km de la centrale.
Voir le dernier communiqué de TEPCo.

Mercredi 14 août, la radio australienne ABC publie une interview d'un ouvrier décontamineur à la centrale de Fukushima daï-ichi. Il fait des journées de 12 heures pour 11 000 yens (85 euros), ce qui fait 917 yens (7 euros) de l'heure. Il ne dit pas à ses enfants où il travaille et n'a pas le droit de parler à la presse. Quand de la vapeur a été découverte au dessus du réacteur n°3, TEPCo n'a rien dit aux personnes sur place. Il l'a découvert lors des infos, une fois à la maison.
Il est convaincu que TEPCo ne peut pas faire face à la situation et il a peur d'une autre explosion ou d'un autre accident.

Lundi 19 août, deux autres travailleurs ont été contaminés alors qu'ils attendaient le bus durant la matinée. C'est une alarme qui a indiqué un débit de dose ambiant anormalement élevé. La pose de masque intégral a été ordonnée dans la zone où il n'est pas obligatoire.
Les deux travailleurs avaient une contamination de la peau allant jusqu'à 13 Bq/cm2. Le brumisateur, soupçonné d'avoir contaminé 10 autres personnes dans la même zone la semaine précédente (cf 12 août et jours suivants), n'était pas en fonctionement. L'anthropogammamétrie (WBC) n'a pas mis en évidence de contamiation interne.
La contamination des poussières qui a encore déclenché l'alarme est redevenue "normale" dans l'après-midi. L'ordre de mettre le masque intégral est maintenu.

Mardi 20 août, suite à la contamination de deux travailleurs la veille, TEPCo maintient son ordre de porter un masque intégral partout, même si le niveau de contamination des poussières ne le justifie plus.
La veuve d'un plombier de 60 ans mort d'une crise cardiaque à Fukushima daï-ichi en mai 2011 a porté plainte contre TEPCo et 3 autres compagnies pour obtenir une meilleure compensation.

Vendredi 30 août,
TEPCo pense que la contamination des 12 personnes qui attendaient le bus est finalement due à de la poussière qui provenait du sommet du bâtiment réacteur n°3 en cours de démantèlement. De gros morceaux y ont été retirés récemment, ce qui aurait provoqué plus de poussière. TEPCo va revoir la zone de retombée des poussières et couvrir l'entrée du bâtiment où les personnes attendent le bus.

Comme toutes les fins de mois, TEPCO a mis en ligne les doses reçues par les intervenants sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il y a eu 390 nouvelles personnes en juillet 2013. La dose maximale reçue en juillet est de 14,68 mSv et c'est un sous-traitant.
Pour les personnes qui ont le droit de prendre des doses plus élevées car elles sont indispensables pour la centrale, il faut aller voir le tableau n°4.

Samedi 7 septembre,
Tôkyô vient de remporter l'organisation des jeux olympiques de 2020. Le gouvernement va devoir expliquer comment il compte mener de front, la reconstruction des zones sinistrées par le tsunami, la gestion de la catastrophe nucléaire en cours et cet évènement. Les chantiers de relance de l'économie lancés par l'actuel gouvernement avaient aggravé la pénurie de main d'oeuvre sur les chantiers de décontamination.

Lundi 9 septembre, le blog ex-skf a repéré une annonce de recrutement d'un inspecteur pour les cuves  dont voici quelques caractéristiques :
- emploi à plein temps
- Surveillance des cuves d'eau contaminée à Fukushima daï-ichi
- Horaires : 08:00-17:00, 16:00-01:00 ou 00:00-09:00
- Pause : 60 minutes
- Salaire : 10 000 à 14 000 yens par jour (80 à 108 euros par jour)
- Description : surveillance des cuves d'eau contaminée à Fukushima daï-ichi. Vous allez patrouiller dans la zone avec un débitmètre avec un autre travailleur, inspecter visuellement les cuves et rédiger des rapports. Une ronde dure 30 à 40 minutes et vous ferez 4 à 6 rondes par période. Le travail est intermitent et la durée effectivement travaillée par jour est de 3 heures environ. Quand vous n'êtes pas en patrouille, vous êtes dans la salle d'attente protégée des radiations. Travailleurs à l'essai sont aussi acceptés.
- Niveau d'éducation requis : aucun
- Expérience professionnelle requise : aucune

Vendredi 20 septembre, en se rendant à la centrale et faisant montre de prendre les choses en main tout en affirmant que la situation est sous contrôle, le premier ministre prend des risques politiques. Mais, il n'a pas convaincu les personnes proches de la centrale et les travailleurs, selon l'Asahi.
Pour des travailleurs, le premier ministre n'a pas compris les enjeux. Même TEPCo ne comprend et ne sait pas tout. Comment le premier ministre peut utiliser des mots comme "situation sous contrôle" ou "eau bloquée" ? Un travailleur affirme qu'un jour, il a vu un sous-traitant tenter de colmater une fuite d'une cuve en resserrant des boulons. Il avait un imperméable par dessus sa cote de protection et l'eau contaminée lui coulait dessus. Il a revu une scène similaire un autre jour, mais TEPCo n'a jamais signalé ces incidents. Le sous-traitant n'aurait peut être pas prévenu TEPCo. Ce travailleur est convaincu qu'il y a d'autres fuites. Il a lui même participé à l'assemblage des cuves du type de celle qui a fui. Personne n'avait jamais fait ce travail avant et les ouvriers changeaient tout le temps. Les conditions de travail sont très difficiles. Surtout en été, avec les fortes chaleurs. Et puis, tout est contaminé. Même la salle où ils prennent leur repas.

Samedi 21 septembre, selon le ministère de la santé et des affaires sociales, la santé des travailleurs dans les centrales de Fukushima daï-ichi et daï-ni se dégrade. Parmi 6 700 travailleurs qui sont intervenus en 2012 dans des travaux sous rayonnement, 284, ou 4,41%, ont un bilan de santé avec problèmes. Ils ont dû avoir des examens médicaux complémentaires ou des traitements. Ce chiffre est en augmentation.

Mardi 1er octobre 2013, comme tous les mois, TEPCo fait le bilan des doses enregistrées par les travailleurs engagés dans la gestion de la catastrophe de Fukushima. Ils sont 29 332 à être enregistrés depuis le début et jusqu'à la fin août 2013. En fin de document, il y a les doses enregistrées pour les 866 travailleurs supplémentaires qui ont une limite supérieure de 100 mSv en raison de leurs compétences indispensables.

Mercredi 9 octobre, une fuite d'eau dans l'unité de désalinisation de SARRY a entraîné une contamination de plusieurs travailleurs qui ont été arrosés.
L'"incident" a eu lieu à 9h35 quand un des ouvriers, qui étaient là pour changer des tuyaux, a desserré un joint sur un mauvais tuyau. Une alarme a sonné, la pompe arrêtée. Le joint a ensuite été resserré et le système remis en route vers 10h30. Mais le joint continuait à fuir légèrement. Il a donc été remis une deuxième fois et la fuite a cessé.
7 m3 environ auraient fui, sans aller vers l'environnement, selon TEPCo. Le débit de dose bêta-gamma à la surface est de 1,2 mSv/h. La radioactivité bêta totale de cette eau est de 34 millions de becquerels par litre.
Il y avait 11 ouvriers sur place, 6 ont été contaminés, malgré les équipements de protection imperméables. Les visages n'auraient pas été touchés et TEPCo exclut toute contamination interne. Les ouvriers ont été décontaminés et la dose la plus forte serait de 1,2 mSv, selon TEPCo.
Quelques explications en anglais.

Jeudi 10 octobre, Le Monde publie un article intéressant sur les conditions de travail à la centrale de Fukushima daï-ichi où il y a une pénurie de main d'oeuvre qualifiée à cause des salaires peu élevés et des doses qui limitent la durée des contrats. Il est aussi devenu difficile de trouver des chefs d'équipe qualifiés. Résultats, "les travaux sont souvent défectueux et bâclés". Même les employés de TEPCo quittent la compagnie dès que possible. "La centrale manque de bras. Il y a un millier d'offres d'emploi dans la préfecture de Fukushima : à peine un quart de ces emplois sont pourvus", selon le directeur adjoint de l'agence pour l'emploi d'Iwaki.
Les outils sont aussi bon marché, car une fois contaminés, ils doivent être abandonnés.

Vendredi 11 octobre, Libération publie à son tour un article intéressant sur les "humains jetables" de Fukushima : « On ne parle pas assez de ce qui se passe ici. Les ouvriers de Fukushima sont abandonnés. Ce sont des humains jetables. On les prend, on les utilise et quand on ne peut plus s’en servir, on les jette. Moi aussi, je suis jetable, » dit un ouvrier de 19 ans. Il quittera son emploi dans un mois, car il va « bientôt dépasser la limite des 20 mSv ». Et d'ajouter : « Il faut vraiment ne rien savoir de ce qui se passe ici pour ne rien reprocher à Tepco. Les ouvriers restent une semaine et puis s’en vont. Il y a un turnover incroyable. Les sous-traitants embauchent pour une mission précise puis, quand les ouvriers arrivent, on leur dit de faire autre chose. Ils sont trompés en permanence ».
En 2012, le charpentier Tetsuya Hayashi (vrai nom) a été employé par une kyrielle de sous-traitants de Tepco pendant près de deux mois. Après dix ans passés dans la charpenterie et la construction, il s’est porté candidat pour un poste de couvreur sur le bâtiment du réacteur 3. La mission est reportée et commence alors, selon ses dires, une succession de folles expériences. On lui demande de compléter un CV prérempli avec des expériences falsifiées.
Après avoir reçu une formation express, «franchement mal faite», il doit contrôler les niveaux de contamination des ouvriers. Changement de programme en juin. On lui propose d’intervenir sur une machine de décontamination d’Areva tombée en panne. «Mais l’exposition était très élevée, 1 mSv à la minute. En vingt minutes, j’atteignais ma dose annuelle ! Je devais mettre deux combinaisons Tyvek [qui repoussent les aérosols et les liquides à base d’eau et fait office de barrière contre les particules, ndlr], plusieurs paires de gants, un masque, un poncho, porter une bouteille à oxygène et intervenir 5 à 10 minutes avant d’être remplacé. Finalement, l’intervention est annulée.» Nouvelle mission : changer des tuyaux abîmés par le gel au moment où le site fait face à des fuites à répétition. «Je me suis retrouvé avec des jeunes de 18-20 ans du Kyushu, de Hokkaido, qui n’avaient reçu aucune formation. On leur avait dit qu’ils allaient gagner de l’argent en ramassant des débris et, au lieu de ça, on les fait intervenir sur des zones où la radioactivité était élevée. Personne ne comprenait ce qu’ils devaient faire.»
Tetsuya Hayashi est allé voir le responsable de la société ABL, qui l’employait. « Ça ne va pas de faire travailler des jeunes comme ça, de leur mentir et d’être malhonnête ! » Il est viré immédiatement. Contacté par téléphone, ABL n’a pas voulu «préciser les conditions de travail» de ses employés ni répondre à nos questions. A l’automne 2012, Tetsuya Hayashi a retravaillé auprès d’un «sous-traitant correct» pour construire des «castors», ces conteneurs étanches qui servent à transporter du combustible nucléaire. Après, il s’est installé en banlieue de Tokyo, puis a décidé de témoigner à visage découvert. Ce qui lui vaut, à 41 ans, « d’être blacklisté dans le milieu de la charpente et de la construction ». Il s’en moque. De cette expérience, il a tiré des conclusions sans appel. « Les ouvriers bien formés, qui travaillent bien, représentent peut-être 5-10% du total. Le reste ne réfléchit pas. Seuls les gens qui n’arrivent pas à trouver un travail finissent à Fukushima. Alors la qualité des travaux est mauvaise, il faut parfois refaire le boulot, corriger des erreurs. La situation ne s’améliore pas. »
Pas étonnant que les "erreurs humaines" se multiplient.

Lundi 14 octobre, c'est au tour de l'Asahi de parler des conditions de travail à la centrale, suite aux "erreurs humaines" en série. Il est difficile de recueillir leur témoignage. Ils ne parlent que sous couvert de l'anonymat, de peur de perdre leur emploi, souvent précaire. Cela facilite les abus et fait de ces travailleurs les oubliés de la catastrophe dont peu se préoccupent. Ce manque de considération et de reconnaissance se traduit par un manque de motivation et d'implication des ouvriers et chefs de chantier les plus qualifiés qui trouvent du travail ailleurs. Le travail de décontamination est souvent mieux payé avec des doses inférieures. Et puis avec plusieurs compagnies qui souhaitent redémarrer leurs réacteurs nucléaires, il leur faut du personnel qui n'a pas atteint sa limite de dose.
Les nombreuses couches de sous-traitance font que les responsabilités ne sont pas claires, les ouvriers mal payés à cause des ponctions à chaque niveau et qu'il n'y pas toujours d'esprit d'équipe.
Un ouvrier rapporte que le nombre de personnes contaminées augmente : cela est parfois dû simplement à des moments d'inattention quand elles enlèvent leurs habits de protection avec des gants contaminés. Cela s'ajoute à la dose externe qui peut atteindre jusqu'à 2 mSv par jour.

Mercredi 16 octobre, encore un long article sur les conditions de travail à la centrale. C'est au tour du Guardian, cette fois-ci.

Vendredi 25 octobre, l'agence de presse Reuters consacre une longue enquête (ou en pdf avec photos, graphes...) à la situation des travailleurs sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. A lire. Les nombreuses couches de sous-traitance, les mauvaises payes, les conditions de travail très difficiles, font qu'il est difficile de trouver une main d'oeuvre qualifiée et motivée. Il y a 800 compagnies qui interviennent sur le site de la centrale. Il y a 25% plus d'offres d'emploi que de demandes à Fukushima. Si l'on prend en compte la décontamination, cela concernerait 50 000 travailleurs.
Les nomades du nucléaires ont toujours existé pour faire le sale boulot au Japon. La catastrophe n'a fait qu'exacerber le problème. La pègre japonaise en profite parfois pour le recouvrement de dettes : les victimes sont forcées à travailler à la centrale ou dans la décontamination et une partie du salaire est confisqué. Cette enquête confirme les nombreux autres articles sur le sujet.
Elle cite notamment le cas de Hayashi qui a d'abord été affecté dans une zone très irradiante sans en avoir été informé avant d'être sur place. Il s'est plaint à la cascade de sous-traitants qui étaient au-dessus de son employeur et s'est fait licencier. Il y est retourné pour un autre emploi et un autre employeur qui prélevait 30% de son salaire et lui payait le reste en liquide.
Son carnet de radiation a ausi été falsifié : l'employeur indiqué n'était pas celui qui le payait, ce qui est illégal au Japon.
Ce témoignage, comme les quelques autres de l'enquête, ne représentent que la partie immergée de l'icerberg. La plupart des personnes exploitées refusent de parler, par crainte des représailles. Elles osent encore moins porter plainte. Et puis, les employeurs ne sont presque jamais punis, alors ces pratiques continuent.
Hayashi est une exception car il a fait connaître ouvertement les conditions de travail dans les médias.

Jeudi 31 octobre, certains médias japonais donnent aussi la parole à des travailleurs de "ichi-efu" pour 1-F ou Fukushima n°1. Certains témoignages sont traduits ici en anglais. A lire.

Mercredi 6 novembre, la communication de TEPCo a régressé : presque plus de communiqués de presse. Toutes les fins de mois, on avait droit au bilan des doses reçues par les intervenants sur le site de la centrale. Rien depuis la fin octobre !

Vendredi 8 novembre, TEPCo s'est engagée à améliorer le sort des 3 000 travailleurs qui interviennent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle va doubler la prime de risque, qui va passer à 20 000 yens par jour (154 euros/j) pour les travaux les plus dangereux. Est-ce que les compagnies sous-traitantes vont garder l'argent ou le donner aux ouvriers ? Elle va aussi construire une nouvelle base de vie avec salle de repos pour 1 200 personnes et cantines pour 3 000 personnes. Ce devrait être terminé avant début 2015.
La compagnie veut aussi faire passer les capacités de stockage de l'eau radioactive de 400 000 m3 à 800 000 m3 d'ici 2016 et faire passer le nombre de personnes en charge de la gestion de cette eau de 100 à 320.
Voir son communiqué de presse et la présentation des mesures qu'elle compte prendre pour améliorer la situation (en japonais).

[haut de page]
Arrêt du nucléaire et situation énergétique


14 réacteurs nucléaires ont été arrêtés par le séisme du 11 mars 2011. Le premier ministre de l'époque a ordonné la fermeture de la centrale de Hamaoka en mai 2011. Tous les autres réacteurs ont été arrêtés normalement au bout de 13 mois pour changer une partie du combustible et faire des contrôles. Mais aucun n'a redémarré ensuite, car les autorités locales demandent des garanties sur le sûreté. Comme l'autorité de sûreté actuelle est discréditée par la catastrophe, la situation est bloquée.

Au 10 mars 2012, il ne restait que deux réacteurs sur 54 en fonctionnement. Tout le parc nucléaire devrait être arrêté fin avril 2012.

Ce taux de disponibilité du parc nucléaire a été de 23,7% sur l'année fiscale 2011 (1er avril 2011 - 31 mars 2012), contre 67,3% l'année précédente. La demande globale d'électricité, et donc la production, toutes sources confondues, a baissé de 5,1% pour la même période par rapport à l'année précédente.
Le taux d'utilisation du parc nucléaire a été de 3,9% durant l'année fiscale 2012 (1er avril 2012 - 31 mars 2013).

Une des raisons des problèmes d'approvisionnement électrique actuels vient du fait qu'une partie du Japon (Kansai) utilise du 60 Hz alors qu'une autre partie (Kanto) utilise du 50 Hz. Il n'y a que trois transformateurs entre les deux régions et il est donc difficile de transférer de l'électricité d'une partie à l'autre. Seuls un million de kilowatts peuvent être transférés entre les deux parties du pays, une fraction de la capacité perdue par TEPCO lors du tremblement de terre du 11 mars qui est de 21 millions de kilowatts.

Si le gouvernement dit vouloir se passer de l'énergie nucléaire, il ne donne pas de calendrier. Par ailleurs, il continue à vouloir exporter cette technologie et n'arrive pas à se décider d'arrêter le surgénérateur Monju, en panne depuis 1995, et l'usine de retraitement, qui aurait dû démarrer il y a 5 ans. Mais ces deux installations ont aussi un intérêt militaire... Enfin, il pousse au redémarrage de quelques réacteurs. Combien ? Personne ne sait. Au moins une quinzaine ne redémarreront jamais. Soit parce qu'ils ont été endommagés le 11 mars 2011, soit parce qu'ils sont trop vieux. Les autorités ont exprimé leur volonté de limiter à 40 ans la durée de vie des réacteurs nucléaires, sauf dérogation.

Les stress-tests ne sont que des simulations informatiques et ne permettent pas de garantir la sûreté des réacteurs réels.

Jeudi 14 mars 2013, les municipalités situées dans un rayon de 30 km autour des centrales nucléaires doivent se préparer à une catastrophe majeure et préparer un plan d'évacuation. La NHK, a sondé les 135 communes et 21 provinces concernées et 46% ont déclaré que leur plan sera prêt pour la date limite fixée au 18 mars. 40% ne seront pas prêts. De nombreuses communes se plaignent que le guide préparé par l'autorité de sûreté est arrivé trop tard et que les explication n'étaient pas suffisantes. Parmi les item qui restent à régler, il y a pour 59% des communes qui sont en retard, l'évacuation des personnes âgées et dépendantes. Pour 50%, il y a les moyens de transport et pour 45% la distribution des pastilles d'iode.
Cela concerne 4,8 millions de personnes en tout.

La consommation d'électricité en février 2013 a baissé de 7,2% par rapport à février 2012. C'est la deuxième baisse consécutive. Les températures moyennes ont été plus clémentes.

Vendredi 15 mars, le premier ministre a confirmé les modifications de la commission qui conseille le gouvernement sur les choix énergétiques qui conduisent à éliminer 6 des 8 conseillers qui sont contre la poursuite de l'exploitation de l'énergie nucléaire. Le nouveau président, un ancien vice-président du patronat japonais, avait déjà présidé cette commission avant la catastrophe de Fukushima.Retour à l'anormale...
Parmi les nouveaux, il y a le gouverneur de la province de Fukui qui héberge 14 réacteurs nucléaires et un professeur en ingéniérie nucléaire de l'université de Kyôto.
Cette commission, nouvelle mouture, s'est réunie aujourd'hui pour la première fois après deux mois d'inaction.

Samedi 16 mars, nous en avons déjà parlé jeudi 14 mars, de nombreuses communes situées dans un rayon de 30 km d'une centrale nucléaire, qui doivent préparer un plan d'évacuation de leur population pour lundi 18 mars, ne sont pas prêtes.  C'est pourtant une condition nécessaire pour pouvoir redémarrer les réacteurs. Et les plans des communes qui ont rendu leur copie ne sont pas satisfaisants.
La province de Fukui, avec 14 réacteurs nucléaires, est particulièrement concernée. En juin 2012, elle a écrit rapidement un plan d'évacuation autour de la centrale d'Ôï, pour pouvoir la redémarrer. C'est la seule à fonctionner actuellement. Mais le plan est complètement irréaliste. Par exemple, les habitants de Takahama, à l'Ouest, ne doivent pas partir vers la ville de Maïzuru à 20 km de là, mais rester dans la province, en allant à Tsuruga, à 50 km de là, en passant au plus près de plusieurs réacteurs nucléaires... Le gouverneur de Fukui ne semble pas prêt à travailler avec les gouverneurs des provinces voisines. Il se focalise sur les communes à moins de 5 km pour le 18 mars.
Les plans des provinces voisines de Kyôto et Shiga ne sont pas sans critique : la province de Kyôto prévoit d'évacuer ses habitants vivant à moins de 30 km des centrales de Fukui à Maïzuru. Mais, on ne sait pas comment, ni où ces personnes seront hébergées.
Rien n'est prévu, non plus, si le lac Biwa, qui abreuve en eau potable 14,5 millions de personnes, est contaminé.
A Shizuoka, autour de la centrale de Hamaoka, il y a 860 000 personnes dans un rayon de 30 km. Comment trouver les bus et les chauffeurs pour les évacuer ?

Les manifestations anti-nucléaire du vendredi soir devant la résidence du 1er ministre continuent. Ils étaient environ 3 000 manifestants pour la 46ième qui a eu lieu le 15 mars 2013. Ils sont en général entre 2 500 et 13 000 cette année.

Lundi 18 mars, date limite pour soumettre son plan d'évacuation à la NRA en cas d'accident nucléaire. 135 communes et 21 provinces ayant des habitants à moins de 30 km d'une centrale nucléaire sont concernées. Selon le Maïnichi, 59 communes et 13 provinces sont dans les temps. Mais seulement 58 communes et 12 provinces auraient trouvé un lieu d'accueil. Mais il n'y a pas que l'évacuation à prévoir. Et seulement 30 municipalités et 8 provinces sont prêtes.
A Ibaraki, par exemple, où 940 000 personnes vivent à moins de 30 km des installations nucléaires, cela semble impossible d'évacuer toute le monde en cas d'accident. Les autorités locales en appellent au gouvernement. A Shizuoka non plus, il n'y a pas encore de lieu d'accueil pour tout le monde.
Selon le Yomiuri, seulement 29 communes sont prêtes. 120 (ou 80%) pensent avoir fini à l'automne 2013. 7 autres se donnent jusqu'à mars 2014.

L'exploitant de la centrale de Hamaoka a revu à la hausse la hauteur de son mur anti-tsunami et espère finir en décembre prochain : il fera 22 m de haut sur 1,6 km de long. Le mur actuel fait 18 m de haut.

Mercredi 20 mars, l'autorité de sûreté japonaise, la NRA, va donner une période de grâce de 5 ans aux exploitants du nucléaire pour implémenter certaines mesures de sûreté, comme une deuxième salle de contrôle excentrée ou certains systèmes de refroidissement supplémentaires. Les discussions continuent sur le calendrier d'implémentation des nouvelles exigences de sûreté.

La NRA a annoncé qu'elle allait autoriser le fonctionnement des deux réacteus d'Ôï jusqu'en septembre 2013, au-delà de l'adoption de nouveaux critères de sûreté prévus pour juillet. Ils ne s'appliqueront qu'après l'arrêt afin de leur permettre de passer l'été, période où la demande est la plus forte. Après, le Japon sera à nouveau sans aucun réacteur nucléaire en fonctionnement. Leur redémarrage ne sera possible que s'ils satisfont aux nouveaux critères.
La NRA ne veut pas créer de précédent qui impliquerait l'arrêt des réacteurs à chaque fois qu'il y a une modification des règles de sûreté. En janvier dernier, le président de la NRA avait affirmé qu'il pourrait ordonner l'arrêt de ces deux réacteurs en juillet s'ils ne satisfont pas aux nouvelles normes. Ce nouveau point de vue apparaît donc comme un rétro-pédalage et l'exploitant s'en réjouit. En revanche, les deux réacteurs d'Ôï seront inspectés à partir d'avril prochain pendant 3 mois. Si de graves problèmes de sûreté sont détectés, la NRA ordonnera l'arrêt des réacteurs.

Jeudi 21 mars, Areva a confirmé l'envoi de combustible MOx destiné à la compagnie KEPCo, qui avait déjà utilisé ce type de combustible chargé au plutonium dans le réacteur n°3 de Takahama. Pour le moment, personne ne sait si la compagnie pourra l'utiliser. Pour se justifier, KEPCo explique qu'Areva en a marre d'entreposer ce combustible...

Vendredi 22 mars, la compagnie qui tente d'exploiter l'usine de traitement des combustible usés espère pouvoir en traiter 80 tonnes cette année. De quoi extraire 0,6 tonnes de plutonium. Outre le fait que cela démontre le très faible taux de recyclage, comme en France, et que l'usine aurait dû démarrer il y a 5 ans, mais qu'elle ne fonctionne toujours pas, il y a aussi les problèmes de prolifération. Pour rassurer la planète, les compagnies d'électricité doivent donc présenter leur plan d'utilisation de ce plutonium. Alors que la fin de l'année fiscale approche (au 31 mars), elles ne peuvent pas planifier l'utilisation du plutonium et ne vont donc pas répondre.

Samedi 23 mars, le gouvernement japonais veut démanteler les quelques tentes d'indignés anti-nucléaire qui campent devant le ministère de l'industrie. Ils ont été soutenus par 300 manifestants.

Lundi 25 mars, 7 000 personnes se sont rassemblées samedi dernier dans un gymnase de Fukushima pour réclamer l'arrêt définitif de tous les réacteurs de la province.

Le quotidien Maïnichi a enquêté sur les fonds distribués par les compagnies d'électricité pour faire accepter le nucléaire.
Une troupe de marionnettes, officiellement initiée en 2000 par un groupe de mère de famille, pour sensibiliser aux bienfaits de cette énergie, a en fait été créée par le service de communication de TEPCo. Selon le site Internet de la troupe, ces mères veulent sensibiliser leurs enfants aux problèmes énergétiques. En fait, les 5 membres de a troupe appartiennent à une agence de publicité qui travaille pour TEPCo. La troupe essaye de se faire inviter chez des particuliers pour vanter l'énergie nucléaire. Une des membres a organisé 300 séances chez elle. Des employés de TEPCo assistaient parfois aux spectacles, sans se faire connaître.
Un des spectacles met en scène une maman ourse séparée de son petit par la banquise qui fond à cause du réchauffement climatique. Un autre retourne au 19ième siècle pour montrer la vie sans électricité.
La troupe continue à travailler pour l'Atomuseum à Niigata où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCo.
D'autres ONG ont été créées avec le soutien de la fédération des compagnies d'électricité pour faire la promotion du nucléaire. Il s'agit de FORUM Energy Think Together (ETT) et de Shutoken Energy Kondankai (Enekon).
Même après la catastrophe, alors qu'elles sont dans le rouge, les compagnies d'électricité ont continué à arroser ces organisations de promotion. L'ASCA Energy Forum a reçu, en 2012, 18 millions de yens de l'industrie nucléaire (150 000 euros).

Mardi 26 mars, un membre de la commission à l'énergie atomique a défendu l'idée que le retraitement des combustibles usés ne devait être effectué que quand il sera clair que le plutonium extrait pourra être utilisé dans un réacteur. Evidemment, ce sont les risques de prolifération et la réaction de la communauté internationale qui motive ce point de vue. Il devrait en être de même pour le combustible MOx qui doit bientôt partir de France.
Pour le moment, il s'agit essentiellement d'un débat théorique puisque l'usine de retraitement ne fonctionne toujours pas, 5 ans après la fin de sa construction.

Jeudi 28 mars, la compagnie d'électricité du Tôhoku a annoncé avoir renoncé à son projet de centrale nucléaire dans la province de Fukushima. C'est bien la moindre des choses, d'autant plus que le lieu d'implantation était dans la zone contaminée, à une dizaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi. Le site a aussi été submergé par le tsunami.
L'opposition au projet était déjà forte avant la catastrophe nucléaire.
C'est la première annonce officielle d'abandon d'un projet nucléaire depuis le 11 mars 2011. Il en reste 11 autres dans les cartons...

Vendredi 29 mars, pour la première fois, le PDG de TEPCo a déclaré : "Notre culture de sûreté, nos compétences et notre savoir faire étaient insuffisants. Nous devons reconnaître humblement notre échec à prévenir l'accident, qui aurait pu être évité avec la volonté et la préparation des ressources humaines". Difficile de prétendre l'inverse, même si TEPCo, toujours aussi arrogante, cherchait des boucs émissaires. Mais comme la compagnie veut redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, elle n'a pas d'autre choix que de faire amende honorable pour tenter de convaincre qu'elle a changé.

Le gouvernement japonais a estimé à 1 200 milliards de yens (10 milliards d'euros) le coût annuel de maintien du parc nucléaire arrêté. On ne connait pas ce coût pour chaque compagnie. Ce coût vient s'ajouter au coût de production de l'électricité par d'autres moyens et explique que les compagnies concernées soient dans le rouge. Et ce sont les consommateurs qui, in fine, payeront.

Samedi 30 mars, il y a eu, la veille, la 48ième manifestation anti-nucléaire avec environ 6 000 personnes devant la résidence du premier ministre. C'est aussi le 1er anniversaire de ces manifestations hebdomadaires.

Le premier ministre a reconnu qu'il serait difficile de redémarrer les réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi et les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni, même s'il satisfaisaient aux nouvelles règles de sûreté. Comme ils ont été noyés par de l'eau de mer corrosive, c'est une hypothèse très peu probable. TEPCo, quant à elle, n'a pas encore officiellement abandonné ces 6 réacteurs et engagé les procédures administratives pour les arrêter définitivement.

Mardi 2 avril, le gouvernement a décidé de libéraliser le marché de l'électricité à partir de 2016. La loi devrait être soumis au parlement en 2015 et la séparation des activités de distribution et de production de l'électricité devrait avoir lieu entre 2018 et 2020.
Les petits producteurs ne sont pas rassurés pour autant. Ils s'inquiètent du coût de l'accès au réseau qui restera contrôlé par les majors.

Mercredi 3 avril, le gouvernement précédent voulait limiter à 40 ans l'âge des réacteurs nucléaires. Cela ne semble plus à l'ordre du jour. La loi passée en juin 2012, met une limite à 40 ans, mais autorise les exploitants à demander 20 ans de plus, sous réserve d'acceptation par l'autorité de sûreté nucléaire (la NRA). Trois réacteurs ont plus de 40 ans actuellement et trois autres en sont très proches.
La NRA a proposé de nouvelles règles concernant l'extension de la durée de vie : outre un examen approfondi des structures du réacteur, les câbles électriques inflammables seront interdits et un double système d'injection sera recquis. 13 réacteurs ont des câbles inflammables.
Les installations de ce qui est communément appelé le "cycle du combustible", alors qu'il n'y a pas de cycle, vont voir leur démarrage une nouvelle fois retardé car les nouvelles règles de sûreté ne seront pas établies avant décembre 2013.

Jeudi 4 avril, la NRA veut établir qui critères de sûreté tels que la probabilité qu'un accident grave survienne soit inférieure à 1 tous les 10 000 ans. Par accident grave, elle entend un endommagement du coeur qui conduit à un rejet de 100 Térabecquerels de césium 137. C'est à peu près 100 fois moins ce qui a été rejeté par lors de l'accident de Fukushima.
Pour les accidents plus graves, ce sera moins de 1 tous les 1 million d'années.
Par ailleurs, un groupe de travail de la NRA suggère de prendre en compte le risque volcanique dans un rayon de 160 km autour de la centrale. Presque toutes les centrales sont concernées. Les exploitants doivent envisager une éruption avec écoulement de lave, ou des gaz et roches chaudes qui atteignent les réacteurs nucléaires. En cas de risque élevé, le réacteur pourrait ne pas redémarrer.

Samedi 6 avril, le premier ministre a reconnu qu'il sera difficile de redémarrer la cenrale de Fukushima daï-ni, même si l'autorité de sûreté la juge apte. Mais il se refuse à prendre la décision de l'arrêter définitivement, comme le réclame le gouverneur de Fukushima.

Lundi 8 avril, le ministère de l'industrie a porté plainte contre deux associations d'indignés anti-nucléaire qui campent devant le ministère pour occupation illégale d'un terrain. Il envisage dedéposer une autre plainte et réclamer 11 millions de yens (86 000 euros) pour le loyer. A-t-il porté plainte contre TEPCo pour occupation illégale de terrains avec ses déchets radioactifs ?
Les occupants et leurs trois tentes sont déterminés à rester et se battre pour cela.

Mardi 9 avril, le gouvernement ne devrait pas demander à la population de faire des efforts pour réduire la consommation d'électricité cet été car l'offre devrait dépasser de 6,3% la demande sur tout le pays. Les compagnies d'électricité ont augmenté leur capacités de production et certaines réductions dans l'industrie par exemple sont pérennes. Cela signifie donc que le Japon peut se passer de l'énergie nucléaire s'il le souhaite !
Il devrait, cependant, continuer à demander de faire des efforts pour réduire les émissions de CO2. Mais ce gaz à effet de serre n'est préoccupant que quand il sert à justifier l'énergie nucléaire. Autrement, ni les compagnies d'électricité ni le gouvernement ne semblent s'en préoccuper.

Mercredi 10 avril, l'autorité de sûreté, la NRA, a approuvé les nouvelles règles de sûreté. On ne sait toujours pas ce qui devra être implémenté avant le redémarrage et ce qui va bénéficier d'une période de grâce. Le public a encore un mois pour donner son avis. TOUS les réacteurs actuels sont recalés, même les deux en fonctionnement à Ôï ! Et donc, pour tous les réacteurs, sans exception, des travaux onéreux sont nécessaires. Dans certains cas, les compagnies pourraient décider de ne pas les faire et arrêter définitivement le réacteur.
Nous avions estimé qu'entre un tiers et la moitié du parc ne repartira jamais.

La province de Yamanashi veut devenir autonome énergétiquement (que pour l'électricité, semble-t-il !) à partir de 2050.

Lundi 15 avril, une nouvelle organisation anti-nucléaire vient d'être lancée à Tôkyô. Elle rassemble des scientifiques qui veulent peser sur la politique énergétique du Japon et influencer les décision de la NRA. Elle a reçu un soutien financier du Takagi Fund for Citizen Science.

Mardi 16 avril, 262 résidents du Kansaï avaient porté plainte pour réclamer l'arrêt des deux réacteurs de la centrale d'Ôï. Leur principal argument est que des sismologues avaient estimé que les failles sous les réacteurs sont actives. Ils viennent d'être déboutés par le tribunal d'Ôsaka.

Mercredi 17 avril, le combustible MOx est parti de Cherbourg pour le Japon. Destination, la centrale de Takahama dans la province de Fukui, exploitée par KEPCo. Elle est actuellement arrêtée et personne ne sait quand elle pourra redémarrer et si elle pourra un jour utiliser ce combustible. Arrivée prévue fin juin 2013.

L'autorité de sûreté nucléaire, la NRA, a annoncé qu'elle allait commencer à inspecter la seule centrale en fonctionnement à Ôï à partir de vendredi 19 avril. Le verdict est attendu pour juin. Le Japon devrait pouvoir passer l'été sans problème même si ces deux réacteurs sont arrêtés. Et ils seront arrêtés au plus tard en septembre 2013.

Jeudi 18 avril, la compagnie d'électricité du Tôhoku n'accepte pas le verdict de la NRA à propos des failles qui passent près de sa centrale de Higashidôri (Aomori). Elle prétend toujours qu'il s'agit de zone de déformation et pas de failles actives. Mais elle n'a pas réussi à convaincre la NRA qui a rejeté les arguments de l'exploitant.

Vendredi 19 avril, lors de la première réunion avec l'autorité de sûreté, la NRA, Kansaï Electric ou KEPCo, a affirmé que ses deux réacteurs en fonctionnement d'Ôï satisfont aux nouveaux critères de sûreté qui devraient être inscrits dans la loi à partir de juillet 2013 et que les failles qui passent sous ou à proximité de la centrale ne sont pas actives. Et d'ajouter que si la nouvelle salle de contrôle excentrée n'est pas encore disponible, une salle de réunion à proximité des réacteur peut faire l'affaire en attendant.
La NRA n'a pas pris ces affirmations pour argent comptant : KEPCo doit évaluer l'impact d'un mouvement simultané des trois failles sismiques. Et qu'il n'est pas réaliste d'utiliser la salle de réunion qui est trop proche des réacteurs en cas d'accident.
Pour le risque tsunami, la compagnie a calculé une hauteur maximale de 2,8 m et comme la centrale est située à 9,7 m au dessus du niveau de la mer, KEPCo prétend qu'il n'y a pas de problème.
Un article du Tôkyô Shimbun, traduit ici en anglais, fait le point sur ce qui reste à faire à KEPCo pour que ses réacteurs de la centrale d'Ôï puissent satisfaire aux nouveaux critères de sûreté.

L'avenir est sombre pour la centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de Niigata. Après les réacteurs 1 et 2, qui sont sur des failles maintenant considérées comme actives, c'est au tour des réacteurs 3, 5 et 7 qui sont sur des failles qui sont aussi suspectés d'avoir bougé entre 200 000 et 400 000 ans auparavant. Il ne resterait plus que 2 réacteurs sur 7 et l'exploitant, TEPCo, en faillite et avec une culture de sûreté entièrement à revoir.

Samedi 20 avril, la NRA a précisé à la Japan Atomic Power Co. (JAPC) que ses dénégations n'étaient pas acceptables et qu'elle estime toujours que les failles sous le réacteur n°2 de sa centrale de Tsuruga sont très probablement actives. Ce réacteur est donc fort probablement condamné. Le réacteur n°1 de cette même centrale a dépassé 40 ans. Quant à la centrale de Tôkaï, les élus locaux sont contre son redémarrage. Bref, cette compagnie est en mauvaise posture car elle pourrait perdre tous ses réacteurs.

Dimanche 21 avril, un article du Tôkyô Shimbun, traduit ici en anglais, fait le point sur ce qui reste à faire à KEPCo pour que ses réacteurs de la centrale d'Ôï puissent satisfaire aux nouveaux critères de sûreté.

Lundi 22 avril, des élections municipales ont porté au pouvoir des maires opposés au redémarrage de la centrale de Hamaoka, située dans la province de Shizuoka. Cela porte à 4, le nombre de municipalités officiellement opposées au redémarrage.
La compagnie, Chubu Electric, continue à investir massivement dans sa centrale et espère pouvoir la redémarrer après 2015.

Mardi 23 avril, le maire d'Ôsaka va continuer à plaider la sortie du nucléaire lors de la prochaine AG des actionnaires de KEPCo qui aura lieu en juin. Mais ce ne sera pas lui qui représentera la municipalité, premier actionnaire, à l'AG.

TEPCo a trouvé un repreneur pour le combustible MOx en France prévu pour son réacteur n°3 de Fukushima daï-ichi : une compagnie allemande. En échange, TEPCo aurait récupéré l'équivalent en plutonium au Royaume-Uni où il restera longtemps. Et c'est sans vergogne que TEPCo prétend ainsi oeuvrer en faveur de la "promotion des utilisations pacifiques du plutonium ainsi que d'une utilisation efficace des ressources énergétiques". C'est beau, un tel dévouement ! 400 kg de plutonium ont été échangés, mais on ne connaît pas le coût de la transaction.
La compagnie possède maintenant 2,1 tonnes de plutonium en France et 5,3 tonnes en Grande-Bretagne.

Mercredi 24 avril, les Etats-Unis font pression contre le Japon à propos de l'usine de "retraitement" qui extrait le plutonium des combustibles usés. Comme il n'y a pas de plan pour utiliser le plutonium, les Etats-Unis s'inquiètent des risques de prolifération. Cela rendrait moins crédibles les pressions vers l'Iran et la Corée du Nord.
L'exploitant prétend pouvoir démarrer son usine en octobre 2013. Mais cela fait plus de 5 ans qu'elle doit démarrer dans six mois... Et comme il lui faudra la renforcer pour satisfaire aux nouvelles règles de sûreté, cette annonce n'est pas plus crédible que les précédentes. Cependant, même à plus long terme, la question de l'utilité de cette usine se pose.
En France, moins de 4% de ce qui sort des centrales est recyclé, le reste est classé en "matières recyclables", même si ce n'est pas recyclé. C'est donc avant tout une usine de blanchiment qui permet de ne pas classer ce qui sort des centrales en déchets, même si aucune technologie n'existe actuellement pour le recyclage.

Jeudi 25 avril, le Yomiuri croit savoir que Mitsubishi et Areva ont remporté le contrat pour constuire 4 réacteurs nucléaires en Turquie. L'annonce officielle sera faite lors du déplacement du premier ministre japonais sur place. Le contrat pour les 4 réacteurs de moyenne puissance ATMEA serait de 2 000 milliards de yens (15,4 milliards d'euros). La centrale est située à Sinop sur la Mer Noire. Il s'agit d'une zone sismique...

L'Autorité de sûreté nucléaire, la NRA, n'a pas autorisé les tests sur l'usine de "retraitement" des combustibles usés de Rokkashô-mura. Il faut attendre que les nouvelles règles de sûreté pour ce type d'installation soient établies et ce devrait être fait en décembre 2013. L'exploitant, qui n'a jamais réussi à faire fonctionner son usine depuis plus de 5 ans n'est plus à cela près. D'autant plus que le seul réacteur à utiliser du MOx (avec du plutonium recyclé) était le n°3 de Fukushima daï-ichi... 3 autres sont autorisés, mais on ne sait même pas s'ils vont redémarrer.

Vendredi 26 avril, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pour gagner du temps, TEPCo a décidé de fabriquer elle-même les systèmes de filtrage des gaz qui pourraient être relachés en cas d'accident à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). On ne sait pas qui va qualifier le système, ni comment. Elle espère être prête pour cet été et ce serait les premiers réacteurs à eau bouillante du Japon à être équipés.En espérant que le système soit plus robuste que ce qui a été fait à Fukushima...

Dimanche 28 avril, les compagnies d'électricité travaillent sur le dossier de sûreté de certaines de leurs installations nucléaires pour tenter de décrocher un feu vert des autorités le plus rapidement possible. Elles pourraient soumettre leur demande dès juillet, une fois la nouvelle loi votée. KEPCo espère ainsi pouvoir démarrer rapidement deux réacteurs de sa centrale de Takahama (Fukui), Kyûshû Electric, sa centrale de Sendaï (Kagoshima) et Shikoku Electric celle de Ikata (Ehimé). On ne sait pas combien de temps il faudra pour les inspections et si les autorités locales donneront leur feu vert.

Mercredi 1er mai, la campagne "cool biz", qui consiste à ne plus mettre de cravate et à s'habiller moins chaudement pour aller travailler débute à nouveau au Japon dans le but de réduire la climatisation. La climatisation ne devrait pas descendre en dessous de 28°C.

Jeudi 2 mai, le Japon devrait vendre des réacteurs ATMEA en partenariat avec Areva à la Turquie et a signé un accord de coopération nucléaire avec les Emirats arabes unis. La Turquie est un pays très sismique. Quant aux Emirats, ils n'ont pas besoin de nucléaire pour leur approvisionnement énergétique.

Lundi 6 mai, à peine plus de deux ans après le début de la catastrophe, un tiers des provinces japonaises (17) ont des projets de grosses centrales solaires. C'est une conséquence du nouveau tarif de rachat établi par le précédent gouvernement.

Mercredi 8 mai, un sondage montre que 70% des experts de la Société Japonaise pour l'Energie Atomique sont toujours confiants dans l'énergie nucléaire. C'était 62% en 2011. 92% d'entre eux pensent qu'il faut continuer à exploiter cette énergie.

Jeudi 9 mai, la décision finale de la NRA à propos de la faille qui passe sous le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga, prévue pour le 15 mai, est attendue. Le groupe d'experts mandaté a, à l'unanimité, considéré la faille fort probablement active, ce qui signifie la fin de l'exploitation du réacteur. L'exploitant, Japan Atomic Power Co. (JAPC), qui exploite trois réacteurs pour revendre l'électricité produite aux compagnie d'électricité, est dans une situation critique. Le réacteur n°1 de Tsuruga a plus de 40 ans et celui de Tôkaï fait face à une forte opposition locale. La compagnie a donc fait savoir qu'elle utiliserait tous les moyens possibles pour obtenir l'autorisation de redémarrer le réacteur, y compris aller en justice contre le gouvernement. L'argent semble plus important que la sûreté pour elle...

Samedi 11 mai, l'autorité de sûreté, la NRA, a demandé à KEPCo de revoir la résistance des réacteurs de sa centrale d'Ôï en supposant que les trois failles bougent en même temps lors d'un séisme. La compagnie prétend que c'est inutile car les failles, situées à moins de 30 km de la centrale, ne seraient pas liées. Deux sont sous la mer et une sous terre.

Le marché de l'électricité est libéralisé pour les compagnies qui peuvent choisir leur fournisseur depuis mars 2000. TEPCo a perdu 7 000 clients en 2012, ce qui est la plus forte perte. C'est dû, en partie, à la hausse de ses tarifs de 14,9% en moyenne. Elle a perdu 22 400 clients depuis 2000.

Lundi 13 mai, le surgénérateur expérimental Monju, arrêté depuis 1995, après quelques mois de fonctionnement seulement, suite à une fuite de sodium et que l'exploitant tente de redémarrer, pourrait être définitivement arrêté. L'autorité de sûreté nucléaire pense qu'il ne satisfait pas aux critères de sûreté et elle ne donnera pas d'autorisation de d'exploitation. La décision est attendue mecredi 15 mai.
L'exploitant n'avait pas inspecté plus de 10 000 pièces, dont certaines importantes pour la sûreté comme un détecteur de neutron ou un diesel de secours. Même après un rapport interne sur ce problème, la situation a perduré. La NRA a aussi trouvé des violations des règles internes de l'exploitant.
Bref, tout est à revoir et la Japan Atomic Energy Agency (l'équivalent du CEA) ne peut pas espérer un redémarrage avant 2014, ce qui fera 20 ans d'arrêt ! Et cela avant même que de nouvelles règles de sûreté soient adoptées. Et puis, il y a le problème de la faille qui passe sous le réacteur qui pourrait être active.
Il serait temps d'abandonner ce projet. Les surgénérateurs au sodium ne marchent pas et sont trop dangereux. Et comme l'usine de retraitement qui doit fournir le plutonium ne marche pas non plus, c'est toute la gestion des combustibles usés qui est à revoir. Elle reposait sur des chimères. Il faut maintenant tout reprendre à zéro sur des bases réalistes.
Le Japon a déjà dépensé 1 000 milliards de yens (8 milliards d'euros) sur le projet Monju, pour rien.

Mardi 14 mai, selon le Maïnichi, ce sont maintenant 8 communes (Makinohara, Kikugawa, Kakégawa, Fukuroï, Iwata, Fujiéda, Yoshida et Mori) situées près de la centrale de Hamaoka (Shizuoka) qui s'opposent à son redémarrage. Elles sont toutes situées à moins de 30 km de la centrale, dans le périmètre d'évacuation.

Mercredi 15 mai, la NRA s'est réunie aujourd'hui et a avalisé les rapports de ses experts et inspecteurs. Ainsi, comme cela a déjà été annoncé :
- le redémarrage du surgénérateur Monju (qui n'a fonctionné que quelques mois en 18 ans) est suspendu jusqu'à nouvel ordre car les problèmes de sûreté y sont trop nombreux.
- le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga (Fukui) est bien sur une faille jugée fort probablement active. Cet avis avait déjà été annoncé en janvier dernier. L'exploitant, a apporté des arguments contradictoires qui ont été rejetés par la NRA, car jugés non convainquants. Il va donc continuer les études destinées à prouver que la faille n'est pas active pour sauver son réacteur. Un rapport est attendu en juillet.
Le maire de Tsuruga, qui craint de voir les finances de sa commune fondre, comme d'autres politiciens, a essayé de faire pression, en vain.
Le patron de Japan Atomic Power, l'exploitant, est furieux et a tenu à le faire savoir : il n'aurait pas eu la chance de faire valoir ses arguments, le point de vue de la NRA ne serait pas basé sur des faits et données. Il critique aussi le fait de ne pas avoir été invité à la réunion.
Les travaux de construction de ce réacteur ont commencé en 1982 et il a démarré en 1987.
Comme les deux autres réacteurs de la Japan Atomic Power ont aussi peu de chance de redémarrer, elle va faire faillite. Et ses actionnaires sont les neuf compagnies d'électicité qui exploitent l'énergie nucléaire (Tokyo Electric Power Co. : 28,23%, Kansai Electric : 18,54%, Chubu Electric : 15,12 %, Hokuriku Electric : 13,05%, Tohoku Electric : 6,12%, Electric Power Development Co. : 5,37%, Kyushu Electric Power Co. : 1,49% et Chugoku Electric Power Co. : 1,25%). L'impact financier va donc bousculer tout le Japon. De plus, d'autres centrales pourraient être sur des failles actives et ne redémarreront pas.

Jeudi 16 mai, les indignés, qui campent devant de ministère de l'économie et des finances, ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur expulsion. Elle va durer jusqu'à mercredi prochain, qui la veille du procès suite à la plainte déposée par le gouvernement pour occupation illégale.

Vendredi 17 mai, comme tous les vendredis depuis plus d'un an, les manifestations continuent devant la résidence du premier ministre.

Le groupe d'experts de la NRA a confirmé que certaines zones de déformation sous la centrale de Higashidôri (Aomori) sont actives. Tôhoku Electric, l'exploitant, n'est, évidemment, pas d'accord. Cette compagnie pourrait aussi perdre tous ses réacteurs nucléaires.

Le président de la Japan Atomic Energy Agency qui tente d'exploiter le surgénérateur Monju a démissionné suite à la décision de l'autorité de sûreté de geler tous les travaux pour manquements graves à la sûreté. Il a 70 ans et était en place depuis 2010. La sûreté de l'installation n'en est pas pour autant améliorée. C'est toute la culture d'entreprise et l'organisation qu'il faut revoir.

Samedi 18 mai, la NRA continue ses inspections des deux réacteurs de la centrale d'Ôï en fonctionnement. Elle a notamment demandé à KEPCo, l'exploitant, d'étudier l'impact d'un mouvement simultané de trois failles lors d'un séisme. Mais l'exploitant rejette la demande sous le prétexte que ses recherches ont montré qu'il était peu probable que les trois failles bougent simultanément. Mais des experts de la NRA affirment que cette éventualité ne peut pas être exclue et doit donc être étudiée. Pourtant, quand KEPCo demandait l'autorisation de redémarrer ces deux réacteurs il y a un an, le président de la compagnie avait promis de se plier aux nouvelles normes de sûreté quand elles seraient prêtes. Mais, au Japon aussi, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Et la principale leçon de Fukushima est qu'il faut aussi se préoccuper des évènements peu probables s'ils menacent la sûreté des réacteurs. KEPCo ne semble pas avoir compris, comme le dénonce l'Asahi dans un éditorial.

Dimanche 19 mai, TEPCo met les bouchées doubles pour pouvoir demander l'autorisation de redémarrer ses 7 réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa dès la fin juillet, quand le nouveau référentiel de sûreté sera dans la loi. Elle veut doubler ses concurrents pour que les inspecteurs de la NRA, qui ne sont pas assez nombreux pour tout inspecter simultanément, viennent d'abord chez elle. Mais, ce n'est pas gagné pour autant. Il y a le problème des failles dont l'étude peut prendre du temps. Et puis, une partie des autorités locales n'est pas prête à signer un chèque en blanc. Le gouverneur de Niigata a toujours dit qu'il fallait d'abord tirer toutes les conclusions de la catastrophe de Fukushima avant de prendre une décision. Mais TEPCo, qui est en faillite, compte sur ces réacteurs pour espérer voir les profits revenir.
TEPCo a démenti cette information du Yomiuri.

Les Etats-Unis ont donné leur feu vert à l'exportation de gaz de schiste vers le Japon, ce qui va faire baisser les prix du gaz naturel liquide. Les importations de Chubu Electric et Osaka Gas, qui devraient débuter en 2017, représenteront environ 5% des importations de gaz naturel. D'autres compagnies pourraient suivre et les gaz de schiste pourraient représenter 20% des importations, ce qui devrait changer la donne énergétique du pays.

Un groupe de personalités, présidé par Akito Arima, physicien nucléaire, ancien président de l'université de Tôkyô, ancien membre du parlement, ancien ministre de l'éducation et de la recherche, a envoyé un avis de 5 pages au premier ministre en février dernier, demandant le redémarrage rapide des réacteurs nucléaires et critiquant la nouvelle autorité de sûreté, la NRA. Ce texte a été signé par 29 personalités. Si les dirigeants des compagnies d'électricité ne sont pas parmi les signataires, on trouve des personnes affiliées à l'industrie nucléaire.
L'Asahi a découvert que c'est l'Agence des resources naturelles et de l'énergie, qui dépend du ministère de l'industrie, qui a rédigé le texte. Le quotidien a obtenu de nombreux documents électroniques officiels pour appuyer ses dires. Un haut fonctionnaire de la division nucléaire de l'agence a confirmé que le premier jet a été proposé par l'Agence dont des membres étaient présents lors des réunions. Ce sont aussi des membres de cette agence qui ont organisé le rendez-vous entre le groupe et le premier ministre.

Mercredi 22 mai, la NRA a officiellement validé l'avis de son groupe d'experts à propos des failles sous la centrale de Tsuruga. Elle ne va pas l'inspecter et le réacteur n°2, qui a 26 ans, ne pourra donc pas redémarrer. La NRA n'a pas le pouvoir de demander l'arrêt définitif, mais elle peut refuser l'exploitation. Elle joue sa crédibilité dans cette affaire. L'exploitant est furieux. La NRA va lui demander l'étudier la tenue de la piscine de combustibles usés à un séisme impliquant ces failles.
Pour Monju, la décision de la NRA sera officiellement annoncée le 29 mai.

Mardi 28 mai, la NRA va mettre en place 3 équipes d'une vingtaine d'inspecteurs pour analyser les dossiers de sûreté à la lumière des nouvelles normes. Chaque équipe sera constituée d'experts en sûreté nucléaire, sismologie... L'instruction d'un dossier pourra prendre de six mois à un an. La NRA manque de recul pour évaluer le temps requis car des éléments de sûreté qui n'étaient pas pris en compte auparavant doivent maintenant être contrôlés. Et puis, les compagnies d'électricité doivent obtenir le consentement des autorités locales et des plans d'urgence doivent être mis en place dans un rayon de 30 km.
Kansaï Electric (KEPCo) va demander en priorité l'autorisation de redémarrer ses réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Takahama (Fukui). Kyûshû Electric va aussi faire la demande pour deux réacteurs (Sendaï 1 et 2), Shikoku Electric, 1 (Ikata 3) et Hokkaïdô Electric, 3 (Tomari 1, 2 et 3). Ce sont tous des réacteurs à eau sous pression. Les 3 équipes de la NRA ne vont pas suffire.

Mercredi 29 mai ,la NRA a confirmé que Monju ne serait pas autorisé à redémarrer et elle va lancer une inspection de la faille qui passe sous le réacteur à partir du 13 juin prochain. Elle a aussi ordonné à la Japan Atomic Power Company d'évaluer la tenue de la piscine de combustible de sa centrale de Tsuruga face aux séismes.

Jeudi 30 mai, KEPCo a reporté une nouvelle fois la publication des résultats des ses études sismiques à la centrale de Mihama (Fukui). Initialement prévue pour mars, la publication a déjà été reportée à mai 2013. C'est pour juillet cette fois.

Vendredi 31 mai, le gouvernement va nommer Shojiro Matsuura, qui présidait la Nuclear Safety Commission au moment de la catastrophe de Fukushima, à la tête de Japan Atomic Energy Agency engluée dans les scandales à Monju et au niveau de l'accélérateur de J-Parc. C'est quelqu'un du sérail qui a présidé le Japan Atomic Energy Research Institute de 1998 à 2000 et qui préside actuellement le Japan Nuclear Safety Institute, créé l'an dernier par les compagnies d'électricité. Il a 77 ans.

Dimanche 2 juin, il y avait environ 85 000 manifestants contre le nucléaire ce jour à Tôkyô selon les organisateurs, 20 000 selon la police. Une chaîne humaire de 1,2 km a entouré le parlement.

Lundi 3 juin, la campagne "super cool biz" qui autorise de s'habiller légèrement au travail pour économiser sur la climatisation débute au Japon. Elle va durer jusqu'au 30 septembre.

Vendredi 7 juin, 57ième manifestation anti-nucléaire devant la résidence du premier ministre, comme tous les vendredis. Il y avait environ 900 personnes.

Samedi 8 juin, le parti au pouvoir et le principal parti d'opposition se sont mis d'accord pour réformer le marché de l'électricité. Une nouvelle loi sera donc soumise au parlement le 13 juin. Elle vise à libéraliser le marché en séparant la production et le transport.
Areva et l'entreprise japonaise Atox vont créer une filiale commune spécialisée dans le démantèlement des réacteurs nucléaires. C'est plus porteur que la construction en ce moment. Elle sera basée à Kashiwa, dans la province de Chiba, qui est une ville de la grande banlieue de Tôkyô qui a été particulièrement touchée par les retombées radioactives.
La compagnie américaine Edison Co., propriétaire de la centrale nucléaire de San Onofre en Californie a décidé d'arrêter définitivement les réacteurs n°2 et 3 suite à de graves problèmes de sûreté. Elle va demander des indemnités à Mitsubishi Heavy Industry suite à une fuite sur les générateurs de vapeur qui ont été remplacés en 2009 et 2010. C'est Mitsubishi qui est le partenaire d'Areva pour construire une centrale en Turquie...

Dimanche 9 juin, la NRA va inspecter les deux réacteurs d'Ôï (Fukui) en fonctionnement à partir du 15 juin. La question est de savoir s'il est possible de les laisser fonctionner au-delà de juillet, quand les nouvelles règles de sûreté seront entrées en vigueur. Comme c'est en été que la demande d'électricité est la plus forte et que ces réacteurs seront arrêtés en septembre, il y a de fortes chances pour qu'ils obtiennent un feu vert.

Lundi 10 juin, un éditorial cinglant du Japan Times critique les accords nucléaires signés entre la France et le Japon lors de la visite de François Hollande. Il parle de cynisme alors que la crise est loin d'être terminée et que de nombreux Japonais souffrent encore de la catastrophe de Fukushima. Le quotidien critique l'exportation de centrales nucléaires alors que la centrale de San Onofre en Californie, construite par Mitsubishi Heavy Industry, le partenaire d'Areva en Turquie, vient d'être définitivement arrêtée suite à des défauts de construction. Il critique aussi les accords concernant le "recyclage" des combustibles usés qui est un fiasco au Japon et qui s'apparente à du blanchiment en France (plus de 90% de ce qui sort des réacteurs est classé en "matières recyclables", même si elles ne sont pas recyclées et n'entrent pas dans l'inventaire des déchets nucléaires...).
Les deux pays se sont mis d'accord pour développer un nouveau surgénérateur comme Superphénix ou Monju qui est excessivement dangereux car il est refroidi au sodium liquide qui explose au contact de l'eau et s'enflamme dans l'air. Comme de nombreux pays européens refusent de financer la recherche sur la fission nucléaire qui ne profite qu'à un très petit nombre de pays, la France se retrouve seule et cherche à tout prix des partenaires. Quant au Japon, il veut maîtriser le retraitement pour des raisons militaires. Les deux pays se sont mis d'accord pour coopérer au démarrage de l'usine dite de retraitement, construite par Areva. On n'en est qu'au 19 report... La "maîtrise du cycle", pour reprendre le vocabulaire de l'industrie nucléaire, a déjà coûté au Japon presque 10 000 milliards de yens (77 milliards d'euros) pour rien.
Bref, ces accords sont un scandale.

Mardi 11 juin, KEPCo a étudié le mouvement simultané des trois failles qui passent sous sa centrale d'Ôï, la seule en fonctionnement, et est arrivé à la conclusion que l'accélération maximale engendrée par une telle secousse serait de 760 gals. La NRA estime cette valeur a priori satisfaisante. Il lui faut maintenant expertiser le dossier. Le tsunami engendré serait au plus de 3,68 m (quelle précision !) et la centrale est à 9,7 m au dessus de la mer.

Alors que le gouvernement espère un redémarrage rapide des réacteurs nucléaires pour des raisons financières, de nombreuses autorités locales se préparent à se passer du nucléaire. La région d'Ôsaka, par exemple, vient de publier un rapport d'experts intitulé "le Japon peut sortir du nucléaire d'ici 2030". Et de proposer des mesures à mettre en place dès 2017 pour y arriver. Cela passe par une libéralisation du marché plus rapide que ce que prévoit le gouvernement pour faciliter l'émergence de producteurs nouveaux. Le rapport recommande aussi de prendre le temps de bien inspecter les réacteurs avant d'autoriser un redémarrage temporaire, le temps de mettre en place une autre politique énergétique. Cela pourrait prendre 3 ans.
Les autorités régionales vont s'inspirer de ce rapport pour mettre en place leur propre politique énergétique.
Les provinces voisines de Kyôto et de Shiga ont aussi leur plan pour sortir du nucléaire. Plus près de Fukushima, la province de Yamagata va dans le même sens, ainsi que celle d'Ibaraki.
La femme du premier ministre a aussi avoué à sur une chaîne de télévision qu'elle était aussi opposée au nucléaire et à son exportation. Le Japon devrait investir dans d'autres formes de production d'énergie, selon elle.

Kyûshû Electric dépense 10 milliards de yens (77 millions d'euros) par an pour les réacteurs nucléaires n°1 et 2 de sa centrale de Genkaï (Saga) qui ne produisent rien. Pourtant, le réacteur n°1 aura 40 ans en octobre 2015. La compagnie prétend que les coûts du nucléaire sont moins élevés que ceux des énergies fossiles et qu'elle n'a pas encore toute la somme nécessaire au démantèlement (35,8 milliards de yens, 275 millions d'euros).
Inversement, mettre le réacteur aux nouveaux standards de sûreté nécessite un gros investissement qui partira en fumée à partir de 2015. Mais la compagnie se refuse à arrêter définitivement le réacteur n°1. Elle espère peut-être pouvoir aller au-delà de 40 ans. Et en attendant, elle dépense de l'argent à son maintien, même si elle est déficitaire.
Le plus grave est que la cuve du réacteur vieillit plus vite que prévu, sans que la compagnie ne puisse apporter d'explication ni ne puisse garantir sa sûreté. Il est donc peu probable que ce réacteur puisse redémarrer un jour. Mais l'exploitant s'entête, comme s'il n'avait tiré aucune leçon de ce qui s'est passé à Fukushima. Faut dire que la précédente autorité de sûreté, la NISA, avait donné son feu vert jusqu'en 2033. Alors...

Mercredi 12 juin, le précédent gouvernement voulait limiter la durée de vie des réacteurs nucléaires à 40 ans. Une prolongation pouvait être accordée à titre exceptionnel. La NRA vient de décider que la prolongation maximale pourrait être de 20 ans ! Une ralonge de 50% ! En France, l'ASN ne donne des autorisations que par tranche de 10 ans maximum.
Evidemment, la NRA demande que les réacteurs ayant 40 ans satisfassent les règles de sûreté les plus récentes. C'est un changement pour le Japon, contrairement à l'Europe. Les compagnies doivent transmettre les résultats des inspections qu'elles effectuent. 3 réacteurs ont plus de 40 ans au Japon et 4 autres plus de 37 ans. Ces 7 réacteurs vont bénéficier d'un délai de grâce de trois ans pour se mettre aux normes si les compagnies veulent étendre leur durée d'exploitation.
Qu'en est-il du problème des câbles électriques inflammables sur 13 réacteurs ?

La NRA continue à s'intéresser aux deux seuls réacteurs en fonctionnement, les réacteurs n°3 et 4 d'Ôï (Fukui). Il n'y a pas de centre de contrôle d'urgence délocalisé et qui résiste aux séismes pour faire face à un accident. KEPCo va en construire un, mais cela ne sera pas terminé avant 2015. La compagnie a donc proposé d'utiliser une salle de réunion à proximité des réacteurs 3 et 4. Cela a été refusé par la NRA car trop proche des réacteurs. KEPCo a donc proposé d'utiliser une salle de réunion près des réacteurs 1 et 2. La NRA a accepté à la condition que ces deux réacteurs restent arrêtés. Cela signifie aussi que les réacteurs n°1 et 2 ne pourront pas être redémarrés avant 2015 au plus tôt.
Si lors de l'inspection qui débutera la 15 juin, aucun problème grave n'est trouvé, les réacteurs devraient être autorisés à fonctionner jusqu'en septembre 2013. Arrivera alors l'arrêt réglementaire au bout de 13 mois de fonctionnement et l'entrée dans le nouveau régime de sûreté.

Le gouverneur de la province de Fukushima a réitéré sa demande de voir tous les réacteurs de Fukushima arrêtés définitivement. Il l'a fait dans une lettre adressée au ministre de l'économie. Il demande donc au gouvernement de prendre ses responsabilités et de décider la fermeture définitive des réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi et des quatre réacteurs de Fukushima daï-ni. Le ministre ne s'est pas engagé.

Vendredi 14 juin, le gouvernement a adopté le livre blanc sur l'énergie qui ne renonce plus à l'énergie nucléaire.

Samedi 15 juin, alors que le combustible MOx parti de France devrait arriver ce mois-ci au Japon, deux compagnies d'électricité vont demander l'autorisation de redémarrer en utilisant ce combustible au plutonium : il s'agit de KEPCo pour sa centrale de Takahama (Fukui) et de Shikoku Electric pour sa centrale d'Ikata (Ehimé). Mais il leur faut obtenir l'assentiment des autorités locales, ce qui n'est pas gagné.
Le MOx avait déjà été utilisé durant 14 mois dans le réacteur n°3 d'Ikata.
Les autorités prévoyaient que le MOx soit chargé dans 16 à 18 réacteurs, mais pour le moment seuls 4 réacteurs avaient été autorisés, dont le réacteur n°3 de Fukushima daï-ichi... Outre les réacteurs n°3 et Takahama et d'Ikata déjà mentionnés, il y a aussi le n°3 de Genkaï (Saga). On ne sait pas combien de réacteurs pourront redémarrer et encore moins combien pourront utiliser du combustible MOx. Les autorités d'accrochent cependant à leur programme basé sur le plutonium avec des arrières pensées militaires évidentes. Le Japon a actuellement 45 tonnes de plutonium en stock, en partie entreposé à l'étranger.

Comme prévu, la NRA a commencé à inspecter les deux seuls réacteurs en fonctionnement.

Il n'y a pas que la femme du premier ministre japonais : 58,3% des Japonais sont opposés à l'exportation de réacteurs nucléaires par leur pays.

Dimanche 16 juin, le gouverneur de Shizuoka a été réélu. Un des enjeux étaient le redémarrage de la centrale de Hamaoka. Le vainqueur, Heita Kawakatsu, se présentait comme indépendant, mais était soutenu par le principal parti d'opposition, le Parti Démocratique du Japon. Il avait promis un référendum local sur l'avenir de la centrale. Son principal challenger, soutenu par le parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocrate, a dit qu'il s'en remettrait à la décision du gouvernement. Le dernier candidat, du Parti Communiste, avait promis l'arrêt définitif de la centrale.

Lors l'inspection de la veille des deux réacteurs d'Ôï en fonctionnement, la NRA n'aurait rien trouvé de rédibitoire à la poursuite de l'exploitation jusqu'en septembre prochain. A l'issue de l'arrêt programmé en septembre, ce seront les nouvelles règles qui s'appliqueront dans leur ensemble.

Lundi 17 juin, le combustible Mox devrait arriver de France le 27 juin 2013.

Selon le quotidien Asahi, le gouvernement a déjà dépensé 2,48 milliards de yens (20 millions d'euros au cours actuel) pour promouvoir le nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima. Et 66% de cet argent est allé dans l'escarcelle d'organisation qui emploient des bureaucrates ou des cadres de l'industrie nucléaire à la retraite. L'argent provient des taxes sur l'électricité que payent les consommmateurs, même si cette somme a été divisée par deux depuis la catastrophe. Le "village nucléaire" continue à se soigner. Sont visés en priorité, les riverains des installations nucléaires pour qu'ils acceptent le redémarrage.

TEPCo pourrait reporter la demande d'autorisation de redémarrage de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Officiellement, elle aurait peur de braquer les autorités locales et donnant l'impression de leur forcer la main. Elle préfèrerait d'abord les convaincre avant d'entreprendre les démarches. Le gouverneur de Niigata est en première ligne pour réclamer que toute la lumière soit faite sur ce qui s'est passé à fukushima avant de donner son accord.

Le premier ministre japonais est à Varsovie pour rencontrer ses homologues du groupe de Visegrad (Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie) pour leur vendre du nucléaire.

Mardi 18 juin, les fortes chaleurs sont déjà là au Japon et dans la région de Tôkyô, la consommation d'électricité a dépassé les 90% des capacités de production. Les chiffres de TEPCo sont ici en anglais. C'était même 93% le 14 juin dernier.

Jeudi 20 juin, l'autorité de sûreté nucléaire, la NRA, a validé le nouveau référentiel de sûreté pour les réacteurs nucléaires japonais. Il sera appliqué à partir du 8 juillet 2013, après acceptation par le gouvernement. Certains points vont bénéficier d'un délai de grâce de 5 ans.
L'équipe d'inspecteurs, qui est allée inspecter les réacteurs en fonctionnement d'Ôï, a, dans son rapport, donné un feu vert à l'exploitation jusqu'à l'arrêt programmé en septembre. Elle s'est, en revanche, plaint du manque de coopération de l'exploitant, KEPCo.
Il s'agissait d'une inspection express qui n'a pas regardé des problèmes comme celui des failles. Une inspection plus détaillée aura lieu après l'arrêt des réacteurs en septembre.

La consommation d'électricité a baissé de 0,7% par rapport au mois de mai de l'année précédente. C'est le 5ième mois consécutif de baisse.

Vendredi 21 juin, le maire d'Iitaté veut installer une immense centrale solaire sur un terrain qui appartient à la commune : il s'agit d'un ranch qui n'est plus utilisable à cause de la radioactivité. Les bénéfices seront destinés à la réhabilitation du village.

Le ministre de l'industrie, Toshimitsu Motegi, a reconnu que la part du nucléaire dans la production d'électricité allait passer de 30% avant la catastrophe de Fukushima à 10% dans un premier temps. Cela signifie qu'il n'envisage le redémarrage que d'un tiers du parc pendant un certain temps. Les 2/3 restant ne satisferont pas aux nouveaux critères de sûreté avant longtemps...

Samedi 22 juin, le surgénérateur expérimental Monju a démarré en 1994 et s'est arrêté en 1995 suite à une fuite de sodium. Depuis, l'exploitant JAEA tente depuis de le remettre en route. Mais tout le processus a été arrêté récemment par la NRA pour défaut graves de sûreté : l'explotant n'avait pas contrôlé presque 10 000 pièces, dont certaines importantes pour la sûreté. On vient d'apprendre que ce n'est pas fini et qu'il y a 2 300 pièces supplémentaires qui n'ont pas été contrôlées ! C'est le cas par exemple pour une pompe qui fait circuler le sodium liquide de refroidissement.
Le Japon a déjà gaspillé plus de 1 000 milliards de yens (8 milliards d'euros au cours actuel) dans ce projet.

Le 26 juin, ce sont les assemblées générales des compagnies d'électricité du Japon : pour 8 compagnies sur neuf, une proposition d'arrêter l'exploitation des réacteurs nucléaires sera présentée (c'est Hokuriku Electric Power Co. qui fait exception). Dans le cas de Chubu Electric Power Co. et Kansai Electric, il y a aussi une demande d'arrêter de soutenir Japan Atomic Power Co., propriétaire de la centrale de Tsuruga située sur une faille considérée comme active par la NRA.
Mais toutes ces propositions devraient être rejetées car ce sont des compagnies financières qui détiennent la majorité et leurs décisions sont toujours en faveur des profits immédiats. Il faut, en effet, la majorité des 2/3 pour qu'une telle proposition soit acceptée.

Mardi 25 juin, avec l'arrivée prochaine du MOx envoyé par la France, des manifestants anti-nucléaire convergent vers Takahama (Fukui). Tous les gouvernements japonais maintiennent leur volonté d'extraire le plutonium des combustibles usés, même s'ils ne peuvent pas le brûler par la suite. Ce n'est pas sans poser des problèmes de prolifération. Le stock total de plutonium du serait de 44 tonnes, dont neuf au Japon avec cette arrivée. Personne ne sait quand il pourra être utilisé. Le bateau apporte 20 assemblages de MOx qui contiennent 900 kilogrammes de plutonium.
Le combustible MOx coûte 1,3 milliard de yens la tonne (10 millions d'euros), soit 5 fois plus que le combustible classique. C'est le gouvernement qui pousse l'option communément appelée "retraitement", même s'il n'y a quasiment pas de recyclage. Mais la priorité des compagnies est, pour le moment, de redémarrer leurs réacteurs, pas d'introduire un nouveau combustible. Selon KEPCo, ce serait la France qui aurait forcé la main pour renvoyer le MOx.

Mercredi 26 juin, c'était le jour des assemblées générales des compagnies d'électricité qui ont, sans surprise, rejeté les demandes d'arrêter définitivement la production d'énergie nucléaire déposées par des groupes d'actionnaires. Au contraire, les compagnies ont réaffirmé leur volonté de redémarrer au plus vite leurs réacteurs pour retrouver les profits. En effet, elles payent pour le nucléaire qui ne produit pas et pour les énergies fossiles de remplacement.

Le projet de loi sur la libéralisation du marché de l'énergie, qui va séparer la production de la transmission, et permettre aux consommateurs de choisir leur fournisseur, n'est pas passé à la chambre haute. Les trois principaux partis politiques s'étaient mis d'accord et la loi a été votées le 13 juin dernier par la chambre basse. Mais la chambre haute a adopté une motion de censure contre le premier ministre qui a entraîné un ajournement de la session parlementaire.

Jeudi 27 juin, le combustible MOx est arrivé à Takahama (Fukui) vers 7h. Il ne sera pas utilisé avant longtemps s'il est utilisé un jour. Une centaine de manifestants étaient pour protester.

Samedi 29 juin, pour redémarrer les centrales nucléaires, il faut un plan d'évacuation d'urgence dans un rayon de 30 km et de nombreuses communautés ne sont pas prêtes. 135 communes sont maintenant concernées mais pas forcément consultées... Certaines d'entre elles ont voulu signer des accords avec les compagnies d'électricité, mais elles n'ont pas réussi à s'entendre. Elles doivent réclamer des sous. En revanche, certaines communes qui hébergent les centrales nucléaires ne veulent pas partager la rente et sont réticentes à l'extension de la zone d'évacuation d'urgence. Elles ont aussi peur que cela retarde le redémarrage et les taxes qui l'accompagnent. Cela conduit à des absurdités.
A Fukui, avec 14 réacteurs, la côte est surnommée le Ginza du nucléaire ou les Champs Elysée du nucléaire. Les autorités régionales de Fukui n'ont pas réussi à s'entendre avec les provinces voisines de Kyôto et de Shiga, dont une partie du territoire est à moins de 30 km d'une centrale nucléaire. Et donc Fukui s'est débrouillée toute seule : en cas d'accident à la centrale de Mihama, les habitants de Mihama doivent se réfugier à Ôï où il y a une autre centrale au lieu d'aller plus loin dans les centrales voisines. Et si les deux centrales sont touchées par la même catastrophe naturelle, rien n'est prévu...
Les leçons de l'évacuation de la catastrophe de Fukushima ont-elles vraiment été tirées ?

Le gouverneur de Niigata, où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa de TEPCo, doute de l'efficacité des nouvelles règles de sûreté tant que l'on a pas fait toute la lumière sur ce qui s'est passé à Fukushima, ce qui prendre des années.

Dimanche 30 juin, alors que la compagne officielle pour les élections à la chambre haute du 21 juillet va débuter, le premier ministre va tenir son premier meeting à Fukushima le jeudi 4 juillet.
Lors d'un débat entre les 9 partis politiques qui présentent des candidats à Ôsaka la veille, le parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocrate, était le seul à défendre la poursuite de l'exploitation de l'énergie nucléaire.

Lundi 1er juillet 2013, KEPCo a fini de creuser une nouvelle tranchée de 70 m de long et de 40 m de profondeur sur le site de la seule centrale en activité du Japon à Ôï et a conclu que la faille qui menace les réacteurs n'est pas active. Le mot de la fin appartient à la NRA qui est divisée sur la question.

C'est le premier jour de la campagne d'économie de la consommation électrique, même si le gouvernement n'a pas fixé d'objectif cette année. Pour le moment, les températures sont plutôt clémentes (pas trop chaudes) et cela n'est pas difficile. La campagne dure jusqu'à la fin septembre.

Mardi 2 juillet, TEPCo a finalement décidé de demander rapidement l'autorisation de redémarrer ses réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Le gouverneur y est opposé.

Mercredi 3 juillet, l'autorité de sûreté nucléaire japonaise a présenté les nouvelles règles de sûreté pour les usines liées à la chaîne du combustible qui devraient être effective à partir de décembre 2013. Neuf installations sont concernées au Japon.

Le gouverneur de Niigata est furieux contre TEPCo qui veut redémarrer la centrale de Kashiwazaki-Kariwa sans venir expliquer sa stratégie aux riverains. Il parle de mépris pour la population locale. "Qui peut faire confiance à une telle compagnie ?".

La NRA a donné son feu vert pour la poursuite de l'exploitation des réacteurs 3 et 4 d'Ôï, jusqu'en septembre. Ils seront ensuite arrêtés au bout de 13 mois et le Japon se retrouvera à nouveau sans nucléaire.

Vendredi 5 juillet, le PDG de TEPCo est allé rencontrer le gouverneur de Niigata et les maires de Kashiwazaki et Kariwa. Il a été mal reçu et a affirmé qu'il faudra d'autres rencontres pour convaincre d'autoriser le redémarrage. Le gouverneur n'a officiellement pas son mot à dire, mais les maires oui. Et comme ils dépendent des taxes de la centrale, ils seront plus faciles à convaincre.
La compagnie a embauché Barbara Judge (c'est son nom), une anglo-américaine, pour superviser la sûreté nucléaire en interne. Elle manie déjà la langue de bois avant de commencer.

Samedi 6 juillet, c'est la fin de la saison des pluies et le début des fortes chaleurs. La consommation d'électricité va augmenter pour la climatisation.

Dimanche 7 juillet, 500 mères de famille ont protesté devant la résidence du premier ministre contre la demande des compagnies d'électricité d'être autorisées à redémarrer certaines de leurs centrales nucléaires. Elles étaient porteuses de 20 000 messages de soutien fixés sur des branches de bambou en ce jour de Tanabata.

Lundi 8 juillet, avec l'entrée en vigueur du nouveau référentiel de sûreté, quatre compagnies de production d'électricité ont soumis un dossier à l'autorité de sûreté pour redémarrer dix réacteurs nucléaires. Il s'agit de
- Hokkaido Electric Power Co. pour les réacteurs 1 à 3 de sa centrale de Tomari ;
- Kansai Electric Power Co. pour les réacteurs 3 et 4 de sa centrale d'Ôï, ainsi que pour les 3 et 4 de celle de Takahama (Fukui) ;
- Shikoku Electric Power Co. pour le réacteur n°3 de sa centrale d'Ikata (Ehimé) ;
- Kyushu Electric Power Co. pour les réacteurs n°1 et 2 de sa centrale de Sendaï (Kagoshima). Elle devrait aussi faire la demande pour les réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Genkaï (Saga) d'ici peu.
Les compagnies de Shikoku et du Kansaï ont aussi demandé l'autorisation d'utiliser du MOX dans 3 réacteurs : n°3 d'Ikata et n°3 et 4 de Takahama. C'est le réacteur d'Ikata qui aura probablement le premier feu vert car il est situé en hauteur et il n'y a pas de faille à proximité.
TEPCo, qui s'est fait rabrouer par le gouverneur de Niigata, n'a pas déposé de demande pour les réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Le gouverneur a été intransigeant lors de la rencontre de vendredi 5 juillet. Comme la NRA a des capacités limitées pour inspecter les réacteurs, TEPCo ne peut plus espérer un redémarrage rapide. Elle prévoit pourtant toujours le redémarrage lors de cette année fiscale dans ses comptes.
Aucune compagnie de production d'électricité n'est prête, pour le moment, à arrêter définitivement un réacteur. Pourtant, pour nombre d'entre eux, la remise aux normes va coûter très cher. Mais l'attitude du gouvernement actuel qui fait pression sur l'opinion pour redémarrer le nucléaire rend les compagnies plus arrogantes et convaincues qu'elles pourront à nouveau fonctionner comme avant, comme s'il ne c'était rien passé à Fukushima. Elles espèrent même redémarrer les réacteurs qui ont plus de 40 ans. Rappelons que 13 réacteurs ont des câbles électriques inflammables, ce qui désormais interdit, que d'autres sont des failles reconnues comme actives... Alors que les compagnies qui ont du nucléaire sont dans le rouge, elles ne peuvent pas se permettre d'avouer que certains réacteurs devront être arrêtés. Le coût de démantèlement pourrait faire peur aux banques et investisseurs. Alors, elles préfèrent le statu-quo.
La NRA a annoncé qu'elle allait de nouveau aller examiner la faille qui passe sous la centrale d'Ôï (Fukui), la seule en fonctionnement, dès ce mois-ci. Lors des deux inspections précédentes, il n'y avait pas consensus entre les experts mandatés. La faille passe sous la prise d'eau en mer de la centrale. La compagnie, quant à elle, avait conclu, sans surprise que la faille n'était pas active.
Les élus locaux, quant à eux, ne sont pas encore convaincus. Le Yomiuri, qui défend l'énergie nucléaire, a interrogé 11 gouverneurs et 61 maires concernés par la zone d'évacuation de 30 km autour de sept centrales nucléaires. Seulement quatre maires ont répondu soutenir le redémarrage de la centrale (Kariwa et Izumozaki (Niigata), Genkaï (Saga) et Nagashima (Kagoshima)). 30 autres ont émis des réserves. Plus de la moitié a répondu ne pas avoir les moyens de répondre à la question.
La NRA a, quant à elle, encore une fois insisté pour dire qu'elle a établi le référentiel de sûreté le plus strict du monde. Même si cela était vrai, les médias doutent de ses capacités à les mettre en application. Elle a mis en place 3 équipes, ou 80 personnes au total, pour étudier les dossiers et mener les inspections nécessaires.
Les exploitants, eux ne sont pas prêts. La NRA avait été choquée par l'attitude de KEPCo qui se contentait de faire le minimum requis sans chercher à améliorer la sûreté par elle-même lors de l'inspection des réacteur d'Ôï. Si elle continue ainsi, sa nouvelle demande pourrait être rejetée. La culture de sûreté met du temps à s'établir. Rappelons que ce sont les compagnies qui sont responsables de la sûreté de leurs installations.
A Takahama, KEPCo n'a pas changé la hauteur du tsunami potentiel fixée à 2,6 m, même si les autorités locales ont estimer que la vague pouvait atteindre 3,74 m. A Hokkaïdô, la compagnie a même diminué la hauteur du tsunami potentiel de 9,8 à 7,3 m.

Jeudi 11 juillet, l'exploitant de la centrale de Tsuruga (Fukui), qui, d'après la NRA, est sur une faille active, a fait des études complémentaires qui conduisent à la conclusion voulue : la faille n'est pas active et ne passe même pas sous le réacteur n°2 ! Il a soumis ses conclusions à la NRA.

Le Japon est en train de battre des records de chaleur. Il a eu 39°C à Kôshû pour le 3ième jour consécutif. 39,5 °C à Tatebayashi (Gunma). Mais pas de problème d'alimentation électrique avec seulement deux réacteurs nucléaires en fonctionnement.

Vendredi 12 juillet, les compagnies de production d'électricité ont du mal à admettre les nouvelles règles de sûreté. Avec le retour de la droite conservatrice et pro-nucléaire au pouvoir, elles pensent pouvoir se comporter comme avant et donner des ordres à l'autorité de contrôle. L'exemple le plus édifiant est Japan Atomic Power Co (JAPC) qui a 3 réacteurs : le n°1 de Tsuruga (Fukui) a plus de 40 ans. Son redémarrage ne peut être autorisé qu'à titre exceptionnel. Le n°2 de Tsuruga est sur une faille active, selon la nouvelle autorité de sûreté. Enfin, le réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki) fait face à une forte opposition des élus locaux car le nombre de personnes à évacuer en cas d'accident serait trop élevé. Bref, ses trois réacteurs risquent de ne jamais redémarrer et la compagnie pourrait faire faillite. Mais comme elle a comme actionnaires les compagnies d'électricité auxquelles elle vent sont courant pour le distribuer, cela n'affectera pas la sécurité de l'approvionnement électique.
Tous ces obstacles ne semblent pas affecter le PDG de JAPC qui a annoncé, lors d'une conférence de presse, qu'il allait demander l'autorisation de tout redémarrer ! Il va aussi faire appel des compléments d'étude de sûreté réclamés par la la NRA !
La compagnie joue aussi la montre, pour retarder la faillite. Le ministère de l'économie, qui est conscient qu'il devra faire face à l'arrêt définitif de plusieurs réacteurs nucléaires, pourrait changer les règles financières liées au démantèlement. La fédération des compagnies d'électricité prétend que si le réacteur n°2 de Tsuruga doit être arrêté, c'est dû à un changement de règles et le gouvernement doit mettre la main à la poche.
Le maire de Tôkaï se plaint que le PDG de JAPC n'est jamais venu lui rendre visite pour lui expliquer ses intentions. Quant au maire de Tsuruga, il soutient la compagnie et ses subsides.

Samedi 13 juillet, le gouvernement japonais va dépenser 20 milliards de yens (154 millions d'euros) pour une installation dédiée à la transmutation des déchets à Tôkaïmura. Elle va utiliser les accélérateurs de J-Parc, où il vient d'y avoir une fuite due à de fortes négligences en terme de sûreté. Elle devrait démarrer dans 5 ans, mais il ne faut pas trop en attendre en terme de gestion des déchets.

Selon un sondage, 49,7% des personnes interrogées sont contre le redémarrage des réacteurs nucléaires et 41,1% sont pour.

Kyûshû Electric a déposé une dossier de demande d'autorisation de redémarrage de deux réacteurs supplémentaires. Il s'agit des réacteurs n°3 et 4 de la centrale de Genkaï (Saga). Pour le n°3, la demande inclut l'utilisation de combustible MOx, comme c'était déjà le cas avant le 11 mars 2011. Cette centrale est aussi en hauteur et il n'y a pas de faille à proximité. Elle est donc considérée comme étant parmi les premières à pouvoir être redémarrée.
Cela porte à 12 le nombre de demandes. Tous les réacteurs concernés sont de type à eau sous pression qui ont une enceinte de confinement plus grande et ont donc obtenu un délai de grâce de 5 ans pour installer des filtres qui doivent limiter les rejets radioactifs en cas d'accident.

Mardi 16 juillet, la NRA avait jugé que la faille qui passe sous le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga dans la province de Fukui est active. Il était donc hors de question d'envisager une demande de redémarrage. Elle a aussi logiquement demandé à l'exploitant d'étudier la tenue de la piscine de combustible usé à un séisme où il y a 1 700 assemblages.
L'exploitant, la Japan Atomic Power Co, a fait appel de la demande de la NRA sous le prétexte que la faille n'est pas active et que la demande est donc sans fondement. Mais elle va quand même répondre aux risques liés à une perte de refroidissement de la piscine pour toute autre raison qu'un séisme d'ici la fin juillet car elle ne veut pas être punie.

La NRA a mené ses premières auditions des compagnies d'électricité qui demandent le redémarrage de réacteurs nucléaires.

L'Asahi révèle que TEPCo a poussé un de ses sous-traitants à acheter en secret du terrain près du projet de centre d'entreposage de combustibles usés à Mutsu dans la province d'Aomori en échange de promesse de contrats futurs.

Mercredi 17 juillet, l'Asahi continue ses révélations sur le centre d'entreposage des combustible usés de Mutsu (Aomori) dont TEPCO est actionnaire. La compagnie famiiale de l'ancien maire s'est trouvée en difficultés financières et le sous-traitant de TEPCo, la compagnie de construction Nishimatsu lui a accordé un prêt afin de la sauver, avec l'accord de TEPCo. Comme le maire était favorable au projet de centre d'entreposage... Une partie de la somme n'a jamais été remboursée.

Les élections à la chambre haute approchent (dimanche 21 juillet) et le principal parti au pouvoir, le parti libéral démocrate, ne parle jamais de nucléaire dans sa campagne, même s'il est clair qu'il veut redémarrer au plus vite les réacteurs. Son allié, le nouveau Kômeitô, lié à une branche du boudhisme, est plutôt contre et veut abandonner cette énergie le plus vite possible. Il est aussi contre le retraitement. Il n'en parle donc pas non plus. Tous les autres partis en lice défendent une sortie du nucléaire à plus ou moins long terme.

Le PDG de TEPCo est allé à la rencontre des conseils municipaux de Kariwa et de Kashiwazaki pour leur expliquer que la centrale était plus sûre qu'avant et qu'il fallait redémarrer rapidement deux réacteurs car la compagnie a besoin d'argent.

La NRA a commencé à inspecter les failles sous le surgénérateur Monju (Fukui). Il y a 8 failles sous l'enceinte de la centrale, dont une qui passe sous le réacteur et qui pourrait bouger si la faille active qui est 500 m plus loin se mettait à bouger. L'équipe est constituée d'un commissaire de la NRA, Kunihiko Shimazaki, et de quatre experts extérieurs.
De toutes façons le réacteur est arrêté depuis 1995, moins d'un an après son démarrage, suite à une fuite de sodium, et la tentative récente de redémarrage a tourné court pour de graves problèmes de sûreté. Le réacteur a déjà coûté plus de 1 000 milliards de yens (plus de 10 milliards d'euros) pour 250 jours de fonctionnement en tout.

Avant 2011, les employés japonais allaient travailler en costume cravate et la climatisation était fixée pour quelqu'un de très habillé. En manches courtes, on avait froid dans les restaurants, magasins, surper-marchés et même les transports en commun. Après la triple catastrophe, le gouvernement a allongé la campagne "coolbiz", qui ne durait que quelques semaines, en encouragent les employés à s'habiller plus légèrement afin de moins climatiser. Avec le "super coolbiz", c'était devenu plus agréable et raisonnable, même si certains magasins restaient très froids. Surtout des super-marchés. Cet été, le gouvernement a demandé à la population de faire des économies d'énergie sans pour autant fixer d'objectifs chiffrés. C'est sûrement un sentiment subjectif, mais il fait de nouveau froid dans les restaurants, magasins, super-marchés...

Jeudi 18 juillet, après deux jours d'inspection sur place, la NRA a expliqué qu'il faudra du temps et des expertises complémentaires pour évaluer le risque sismique à la centrale de Monju. La question est de savoir si les zones de fracture sous le site de la centrale peuvent bouger avec la faille active située à 500 m.

Dans un éditorial, le Maïnichi se plaint de la nullité du débat électoral concernant l'avenir énergétique du pays. Seul le principal parti au pouvoir soutient la relance du nucléaire et tous les autres sont contre. Mais concrètement, qu'est ce que cela signifie ? Il est clair, et nous l'avons déjà exposé en détails, qu'une partie conséquente du parc nucléaire japonais ne redémarrera jamais et la population n'est pas prête à accepter la construction de nouveaux réacteurs. Inversement, peu de partis sont contre un redémarrage temporaire. Ceux qui sont pour une sortie du nucléaire avec un redémarrage temporaire des réacteurs les moins dangereux ne sont pas plus précis non plus. Qu'est-ce qui différentie ces deux approches dans les faits ?
Et puis se pose la question du démantèlement et des déchets nucléaires qui est loin d'être réglée. Les partis politiques n'en parlent pas.
La Maïnichi appelle donc les partis d'opposition à être plus clair sur leur programme énergétique en soutenant les énergies renouvelables et les économies d'énergie. Il appelle aussi les électeurs à voir à plus long terme que les simples échéances électorales sur ces sujets.

Suite du feuilleton des magouilles de TEPCo et la compagnie de construction Nishimatsu par l'Asahi : Nishimatsu a prêté 230 millions de yens à la compagnie du fils d'un maire pro-nucléaire de Fukushima. La demande aurait pu venir de TEPCo et Nishimatsu a dû bénéficier de contrats de TEPCo en échange. M. Kusano, maire de Naraha qui accueille Fukushima daï-ni à l'époque, dément toute implication.

Samedi 20 juillet, la centrale de San Onofre en Californie a dû être arrêtée définitivement suite à une fuite radioactive du générateur de vapeur fourni par Mistubishi. Les 4 générateurs du réacteurs étaient garantis 20 ans mais la fuite a eu lieu moins d'un an après l'installation de nouveaux générateurs. Les tubes étaient trop fins et une investigation de l'autorité de sûreté américaine a montré que Mistubishi s'est trompée dans ses modélisations numériques du flux de vapeur, ce qui a conduit à une usure très rapide. Mitsubishi va remplacer les générateurs, mais l'exploitant considère cela comme une faute grave et demande la prise en charge de tous les frais engendré par l'arrêt du réacteur. Evidemment, Mitsubishi conteste ce point de vue.
Dire que c'est avec Mitsubishi que le gouvernement japonais veut relancer l'exportation du nucléaire japonais et que c'est cette compagnie, alliée à Areva, qui a été choisie par la Turquie...

Lundi 22 juillet, lendemain d'élection au Japon. La moitié de la chambre haute a été renouvelée. Avec 52,61%, le taux de participation est en forte baisse depuis la dernière fois. Il était de 57,92% en 2010. La coalition au pouvoir a maintenant la majorité absolue dans les deux chambres et est tranquille pendant 3 ans. Le parti démocratique du Japon, au pouvoir au moment de la catastrophe, est le grand perdant, une fois de plus, de ces élections. Le parti communiste, ouvertement anti-nucléaire, a une progression inattendue : il a gagné 8 sièges, ce qui porte à 11 le nombre total de ses représentants, contre 6 auparavant.
Au-delà de cette tendance générale, c'est à Tokyo et à Fukushima que tous les leaders de parti sont allés faire campagne, même si à Fukushima, il n'y avait qu'un siège en jeu, remporté par le parti libéral démocrate, qui est en faveur du redémarrage des réacteurs. La candidate a évité ce thème tout au long de sa campagne et la région est plutôt conservatrice, par tradition.
L'acteur, devenu leader anti-nucléaire, Taro Yamamoto, a aussi gagné et entre au parlement. Il n'est pas affilié à un parti. Le chanteur Yohei Miyake, quant à lui, n'a pas gagné, même s'il a fait un score honorable.
Les compagnies d'électricité et le patronat se réjouissent de cette victoire. Une partie de la population craint un retour aux anciennes méthodes qui ont conduit à la catastrophe en terme de politique nucléaire. Quant à la construction de nouveau réacteurs, certains y croient, même si cela paraît très difficile à l'heure actuelle.

Mardi 23 juillet, le quotidien Maïnichi a interrogé les élus à la chambre haute de dimanche dernier et il apparaît que seulement 15% d'entre eux soutiennent l'énergie nucléaire et 46% disent que le nucléaire doit être aboli dans l'avenir. Même si le parti libéral démocrate, qui est officiellement en faveur du nucléaire, a dominé cette élection, seulement 25% des élus de ce parti pensent que le Japon a besoin d'énergie nucléaire. Tous les élus du nouveau Kômeitô, l'allié du parti libéral démocrate au pouvoir, pensent que les centrales doivent être redémarrées pour le moment mais abolies à long terme.
En ce qui concerne l'exportation de technologie nucléaire, les avis sont plus partagés : 32% la soutiennent et 37% sont contre. Et pour ce qui est de l'armement nucléaire, 64% des élus dimanche dernier pensent que le Japon ne doit pas en posséder. Ce chiffre est en baisse. Et 28% pensent que le Japon doit envisager cette hypothèse en fonction de l'évolution de la situation internationale. Ce chiffre est en hausse de 10 points par rapport à 2010.
Dans un éditorial, le quotidien considère que le résultat des élections n'est pas un feu vert en faveur du nucléaire.

Mercredi 24 juillet, l'autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, s'est réunie.
- Elle a retoqué le dossier de demande de redémarrage de Hokkaïdô Electric pour sa centrale de Tomari car il est incomplet. Les données sur le système refroidissement en cas d'accident concernaient un autre système... Il n'est pas clair, non plus, si la centrale satisfait au nouveau référentiel de sûreté.
- Elle n'examinera pas le dossier de la centrale d'Ôï tant que la situation n'est pas clarifiée pour les failles. Les réacteurs 3 et 4 fonctionnent pourtant... jusqu'en septembre 2013.
- Elle attend que KEPCo connaisse mieux le sous-sol de sa centrale de Takahama (Fukui). C'est là où le MOx est arrivé en juin dernier...
- Elle a validé le référentiel de sûreté provisoire pour les installations nucléaires autre que des centrales. Parmi les 51 intallations concernées, il y a notamment les usines liées au combustible, les réacteurs de recherche... Ce référentiel va mettre mis en ligne pour consultation et devrait être appliqué à partir de décembre 2013.
- Elle a décidé d'auditionner la Japan Atomic Power Company, exploitant de la centrale de Tsuruga où le réacteur n°2 est sur une faille active, ce que conteste la compagnie qui a soumis une contre-expertise. Elle a rejeté la demande de l'exploitant qui a contesté l'ordre d'étudier la tenue de la pscine de combustible usés à un séisme.

Vendredi 26 juillet, un ministre va aller voir le gouverneur de Niigata pour tenter de le convaincre d'accepter que TEPCo fasse une demande d'autorisation de redémarrage des réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Elle avait été fortement secouée et endommagée par le séisme de 2007 et TEPCo montre que ses pratiques ont peu changé à Fukushima. Comme il lui faut économiser chaque yen car elle est en faillite, elle fait le minimum dans le traitement des fuites, manque de redondances pour le refroidissement des réacteurs accidentés... Il y a vraiment de quoi être inquiet pour Kashiwazaki-Kariwa.
Mais le ministre a dit qu'il fallait parler de sûreté nucléaire de façon "calme et scientifique"...

Lundi 29 juillet, la NRA a terminé sa troisième inspection des zones de fracturation sous la centrale d'Ôï (Fukui), la seule où des réacteurs fonctionnent.

Kansaï Electric, alias KEPCo, avait soumis une demande d'autorisation de redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Takahama (Fukui). Mais le dossier s'est fait retoquer rapidement par la NRA et les travaux de mise en conformité aux nouvelles règles vont prendre du temps. La vague de tsunami la plus haute estimée est passée de 2,6 m à 3,7 m et une partie du site serait inondée. Cela signifie que la marge de sécurité était très faible. Et le MOx envoyé de France attend toujours...
Le gouvernement espérait le redémarrage rapide d'une dizaine de réacteurs sur les 50 que compte le pays. 12 dossiers ont été déposés et plusieurs se sont déjà fait retoquer. Les espoirs gouvernementaux semblent encore bien optimistes... Cela montre l'état du parc japonais.

Mardi 30 juillet, un représentant du ministère de l'industrie est allé rencontrer le gouverneur de Niigata pour le convaincre que demander une autorisation de redémarrage entraîne une revue de la sûreté et ne signifie pas feu vert pour redémarrer les réacteurs. Mais le gouverneur n'est pas dupe. Pour lui, il est trop tôt pour redémarrer deux réacteurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCo car toute la lumière n'a pas été faite sur l'accident de Fukushima. Il reproche aussi aux autorités de ne pas prendre en compte l'avis des riverains et de répondre clairement à ses questions. Voici quelques unes de ses questions :
- Comment évacuer 20 000 personnes dans un rayon de 5 km quand l'évacuation de 400 personnes a provoqué des embouteillages ?
- En cas d'accident qui ira s'occuper de la centrale au péril de sa vie ?
- Toutes les leçons du séisme de 2007 qui avait fortement secoué la centrale de Kashiwazaki-Kariwa ont-elles été tirées ? Le sol s'était enfoncé de 1,5 m par endroit, provoquant la rupture de câbles électiques, l'incendie d'un transformateur et l'absence d'eau pour l'éteindre. Est-ce que les tuyaux qui doivent évacuer les gaz radioactifs à travers des filtres en cas de séisme peuvent supporter une telle secousse ? Que se passe-t-il en cas de rupture de ces canalisations ?
Le président de la NRA a refusé de rencontrer le gouverneur qui voulait lui poser de nombreuses questions.
Juridiquement, le gouverneur n'a aucun pouvoir en ce qui concerne le redémarrage de la centrale nucléaire. Seuls les maires des communes qui dépendent financièrement de la centrale sont consultés. Son pouvoir est uniquement politique.

Les promesses de désarmement nucléaire du président Obama inquiètent les Japonais qui bénéficient du parapluie nucléaire américain. Réciproquement, les Etats-Unis sont inquiets de voir le Japon s'obstiner à vouloir extraire le plutonium de ses combustibles usés alors qu'il n'a pas les moyens de le "brûler". Le gouvernement précédent voulait même arrêter de produire de l'électricité nucléaire mais continuer à extraire le plutonium.
L'Asahi raconte que pour rassurer les autorités japonaises, les autorités américaines ont organisé un voyage d'étude dans les installations nucléaires ultra-secrètes et ont réaffirmé leur volonté de protéger le Japon et la Corée du Sud.

Mercredi 31 juillet, la NRA a eu une réunion avec la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) - l'équivalent du CEA - à propos des nouvelles règles de sûreté en cours de consultation pour les installations autres que les réacteurs nucléaires. Lors de cette réunion, la JAEA a demandé que faire à propos de déchets liquides sans solution à son usine de retraitement de Tôkaï (Ibaraki). Cette usine, de petite taille, a fonctionné de 1981 à 2007 et elle a 400 m3 de déchets liquides qui contiendraient presque 700 kg de nitrates de plutonium.
En ce qui concerne celle de Rokkashô, qui a déjà subit 19 reports de sa date de mise en service, l'application des nouvelles règles de sûreté constitue un "énorme défi" qui devrait retarder encore plus une usine qui n'a jamais réussi à démarrer.

Nous l'avons déjà répété plusieurs fois : on retire le permis de conduire à un chauffard, on ne retire pas le droit d'exploiter du nucléaire à TEPCo. Cette situation est inacceptable. TEPCo tente de faire croire qu'elle a changé et qu'elle peut donc relancer les réacteurs de Kasiwazaki-Kariwa (Niigata). Mas les derniers évènements relatifs à la fuite d'eau contaminée dans la mer ou à la vapeur dont elle ne parle plus, montrent qu'il n'en est rien. Pour la première fois, à ma connaissance, un éditorial remet en cause les capacités de TEPCo à exploiter du nucléaire. Le quotidien doute aussi des capacités de la nouvelle autorité de sûreté à contrôler TEPCo. Il demande donc de susprendre temporairement l'examen de certains dossier de redémarrage pour mieux se concentrer sur ce qui se passe à Fukushima.

TEPCo a mis en ligne son bilan carbone pour l'année écoulée. Avec l'arrêt de son parc nucléaire, le taux de CO2 par kWh produit a augmenté depuis 2011, même si l'on note une baisse de 12% par rapport à l'année précédente. En revanche, la quantité totale de CO2 produite a baissé par rapport à 2010 grâce à une baisse de la consommation.
TEPCo s'est imposé un objectif de baisse de 20% du taux de CO2 produit par kWh par rapport à l'année 1990 qui favorise le nucléaire - objectif qu'elle n'arrive pas à atteindre - alors que ce qui compte, c'est la quantité totale de CO2 émis, qui elle peut baisser fortement avec les économies d'énergie.

Jeudi 1er août, Kansaï Electric (KEPCo) qui exploite les deux seuls réacteurs en fonctionnement a donné son calendrier à la NRA pour l'arrêt programmé au bout de 13 mois de production. Ce sera le
- 2 septembre pour le réacteur n°3
- le 15 septembre pour le réacteur n°4.
Après, le Japon se retrouvera à nouveau sans réacteur nucléaire en fonctionnement.

L'exploitant de la centrale de Tsuruga (Fukui), dont le réacteur n°2 est situé sur une faille que la NRA considère comme active, prétend que les combustibles usés de sa piscine ne peuvent pas fondre si le refroidissement est arrêté par un séisme ou un autre accident. C'est la NRA qui lui avait demandé d'étudier cette hypothèse.
Actuellement, le réacteur n°2 est vide et le combustible est dans la piscine qui contient en tout 1 700 assemblages. Japan Atomic Power Co. prétend que l'air fera office de refroidissement et que les barres pourront atteindre la température de 420°C, mais ne fondront pas. Cependant, la compagnie n'a pas pris en compte une secousse éventuelle qui pourrait déplacer ou endommager les barres.
La compagnie considère que la faille n'est pas active et que la demande de la NRA est infondée. Elle avait même fait appel de cette requette, en vain. Elle a donc rendu une étude incomplète le jour de la date limite pour ne pas être punie. Difficile de se débarrasser des anciennes habitudes...

Vendredi 2 août, les deux étés précédents, il y avait tous les jours à la télévision les prévisions de consommation électrique du lendemain après la météo afin d'inciter à faire attention au moment des pics de demande au plus chaud de la journée. Cette année, c'est fini, au moins dans le Kansaï. Plus de problème d'approvisionnement ? Le CO2 ne pose plus de problème ? La balance commerciale aussi ? Plus localement, cela continue : c'est le cas en particulier à l'université d'Ôsaka où la consommation en pourcentage de l'objectif est affichée par campus.

Mercredi 7 août, TEPCO a annoncé avoir reçu l'assentiment des maires de Kashiwazaki et Kariwa pour déposer la demande de redémarrage, mais pas du gouverneur de Niigata. Légalement, seuls les maires qui dépendent financièrement de la centrale ont leur mot à dire.

Le gouvernement ne respecte pas ses propres promesses en matière d'exportation de technologie nucléaire. Le gouvernement Aso de 2008 avait promis des règles d'évaluation du niveau de sûreté nucléaire du pays hôte et du niveau de conscience de la population à propos des risques nucléaires. Sans cela, pas d'argent publique de la banque Japan Bank for International Cooperation (JBIC). Ces règles n'existent toujours pas, même si le Japon s'apprête à vendre une centrale nucléaire à la Turquie.
Le gouvernement voulait demander à la NISA, l'ancienne autorité de sûreté nucléaire qui était à la botte des exploitants de faire le travail. La nouvelle, la NRA, refuse sous le prétexte qu'elle ne peut pas être indépendante si elle s'implique dans l'exportation de technologie nucléaire. Le fait le gouvernement ait demandé à la NRA montre le peu de cas qu'il fait de son indépendance... Donc, pour le moment, pas d'argent public possible, selon l'enquête du Maïnichi. Des ONG y veillent...

Vendredi 9 août, il y a eu 37°C à Ôsaka et cela va continuer dans les jours à venir. KEPCo, qui couvre la zone, annonce que la demande va atteindre 90% de ses capacités de production. Votre chroniqueur a chaud !

10 associations japonaises et des élus ont rencontré des représentants du gouvernement, pour leur remettre une pétition demandant de consacrer plus de moyens humains à la crise de Fukushima, quitte à retarder l'inspection des demandes d'autorisation de redémarrage des réacteurs nucléaires.
Il apparaît, suite à cette réunion, qu'il n'est pas clair, au sein du gouvernement, de savoir qui est responsable de la gestion de l'eau contaminée et des fuites. Ni l'Agency for Natural Resources and Energy (ANRE) ni la NRA (Nuclear Regulation Authority) ne pouvaient répondre ! 80 employés de la NRA travaillent sur les dossiers de redémarrage et 42 sur la crise de l'eau.

Le président de la Commission à l'Energie Atomique a expliqué son rôle : la commission doit veiller à ce que les centrales sont construites dans un but pacifique et non pour le développement d'armes nucléaires. Et donc, il n'a pas grand chose à faire quand les compagnies d'électricité lui soumettent leur rapport, juste un coup de tampon. En ce qui concerne le risque de voir des matériaux fissibles tomber dans les mains de terroristes, il ne s'en est jamais préoccupé et ne peut pas dire si les standards internationaux sont appliqués au Japon... Un groupe de travail doit faire des propositions pour réformer cette commission. C'est lors d'une audition que le président a fait ces aveux.

Samedi 10 août, s'ouvre à Shinjuku, un quartier de Tôkyô, une exposition qui montre les menaces et le harcèlement subis par les militants anti-nucléaire depuis de nombreuses années. Des lettres de menace sont exposées. Les militants ont aussi reçu des coups de fils, des mails de menace et d'intimidation. Parfois ce sont des proches qui reçoivent les lettres, ce qui signifie une organisation suffisamment puissante pour fouiller dans la vie privée. Il y a même un cas de détournement du numéro de carte de crédit.

Dimanche 11 août, les fortes chaleurs continuent. Les 40°C sont dépassés par endroits. Dans le Kansaï les prévisions de consommation d'életricité atteignent 92% des moyens de production au moment du pic, alors que le Japon entre dans sa période de vacances (o-bon). Des records de chaleurs sont aussi atteints dans la région de Tôkyô et la demande est à 93% des moyens de production de TEPCo au moment du pic. La demande est aussi très forte pour Chubu Electric Power Co., Hokuriku Electric Power Co., Shikoku Electric Power Co. et Kyushu Electric Power Co.
Pourtant, il n'y a plus de campagne à la télévision demandant de faire attention à la consommation électrique, contrairement aux deux années précédentes.

Le marché de l'électricité est libéralisé pour les gros consommateurs. Il le sera entièrement pour les particuliers en 2016. Comme les compagnies d'électricité ont fortement augmenté leurs tarifs, qui étaient déjà parmi les plus élevés de la planète, plusieurs gros consommateurs ont changé de fournisseurs. KEPCo, qui couvre le Kansaï, en aurait déjà perdu plus de 1 000. Ils se sont tournés vers de nouvelles compagnies financées par les compagnies de gaz.

Jeudi 15 août, Kansaï Electric a soumis un dossier pour obtenir l'autorisation de redémarrer les réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Takahama (Fukui) en juillet dernier. La NRA avait rapidement demandé à KEPCo de revoir la tenue de sa centrale face à un tsunami de 3,7 m de haut et non de 2,6 m comme dans le dossier. Et avec 3,7 m la centrale peut être inondée car elle est à 3,5 m au dessus du niveau de la mer. Des équipement importants pour la sûreté, comme des pompes, pourraient être noyés, selon les projections faites par l'exploitant et présentées le 14 août à la NRA. Ce n'était pas le cas avec l'estimation précédente qui faisait l'hypothèse d'une vague plus petite.
La centrale ne pourra donc pas redémarrer de si tôt, comme l'espérait l'exploitant. Il prévoit de construire un mur anti-tsunami de 6 m de haut, mais il ne sera pas fini avant 2015 - 2016.
Le Japon va se retrouver à nouveau sans nucléaire à partir du 15 septembre 2013, KEPCo ayant annoncé l'arrêt des deux seuls réacteurs en fonctionnement à Ôï (Fukui) pour les 2 et 15 septembre prochains.

Les grandes compagnies de production et distribution de l'électricité, qui ont un monopole régional, ont évité de se faire de la concurrence, même si le marché est ouvert pour les gros consommateurs. Le gouvernement veut entièrement libéraliser le marché d'ici 2016 et Chubu Electric commence à investir pour vendre de l'électricité dans la région de Tôkyô. C'est la première à faire un tel mouvement. Les compagnies de gaz se mettent aussi sur le marché de l'électricité. Mais les mouvements restent timides.

Vendredi 16 août, un groupe de travail mis en place par le principal parti au pouvoir, le parti libéral démocrate, devrait recommander de geler tout projet de nouvelle centrale nucléaire tant qu'il n'y pas de solution pour les combustibles usés. Il devrait aussi demander l'arrêt de tout réacteur qui n'est pas économiquement viable à cause des investissements pour le remettre aux nouvelles normes de sûreté. Cela tranche avec les déclarations volontaristes du premier ministre, mais semble bien plus réaliste. Un membre va jusqu'à dire qu'il n'est pas possible d'expliquer à la population que l'on veut relancer le nucléaire sans proposer de solution pour les déchets, c'est comme essayer de vendre "un appartement sans toilettes".

Samedi 17 août, selon l'Asahi, il y a de nombreuses initiatives de micro-entreprises de production d'électricité renouvelable soutenues par le tissu économique local. La motivation première est de fournir une alternative au nucléaire et c'est économiquement plus facile maintenant grâce au tarif de rachat mis en place par le précédent gouvernement. Il y a aussi une volonté de relocaliser la production. Les acteurs économiques locaux souhaitent aussi garantir la stabilité de l'approvisionnement, même en cas de catastrophe naturelle, en diversifiant les sources. Le quotidien compte une dizaine d'initiatives, souvent soutenues par les autorités locales.

Dimanche 18 août, si le principe d'arrêter les réacteurs nucléaires au bout de 40 ans est appliqué, 11 seront définitivement arrêtés d'ici 5 ans et 17 en tout d'ici 10 ans. Si l'on ajoute les 6 réacteurs de Fukushima qui n'ont pas encore été officiellement arrêtés et qui ont moins de 30 ans, on arrive à 20. Il y a 50 réacteurs de production d'électricité en tout, plus les 4 accidentés à Fukushima daï-ichi, qui ne comptent plus. Si l'on ajoute encore les réacteurs situés sur des failles actives qui devront aussi être arrêtés, mais dont le nombre est inconnu, l'avenir de l'industrie nucléaire au Japon est dans le démantèlement ! Mais le Japon n'a pas encore prévu comment il allait s'organiser. Cela devient urgent ! Il hésite entre le système britannique, où une agence gouvernementale a été mise en place en 2005 pour prendre en charge le démantèlement, la Nuclear Decommissioning Authority (NDA) et le système américain, plus libéral.

Lundi 19 août, la NRA devrait finalement accepter les arguments de Kansaï Electric (KEPCo) et après que son groupe d'experts ait conclu que la zone de fracturation qui passe sous la centrale d'Ôï n'est pas active. La zone de fracture passe sous la prise d'eau en mer de secours des réacteurs 3 et 4, les seuls réacteurs nucléaires en activité. L'instruction de dossier de demande de redémarrage pourra ensuite commencer. Ces deux réacteurs vont s'arrêter en septembre prochain et l'exploitant doit montrer qu'ils satisfont aux nouveaux critères de sûreté pour espérer pouvoir les redémarrer.

Selon le ministère de l'industrie, 9 des 10 compagnies d'électricité, n'ont pas réussi à remplir leurs objectifs de réduction de 20% de leurs émissions de CO2 par rapport à 1990, conformément aux engagements pris en 2007. La seule compagnie qui s'en tire, est celle d'Okinawa, qui n'a pas de nucléaire ! Chubu Electric, qui dépend peu du nucléaire, a réduit ses émissions de 12,9%. Chukoku Electric a réussi une réduction de 13,4%. D'autres ont augmenté leurs émissions. Globalement, les 9 compagnies qui ont du nucléaire n'ont réduit, en moyenne, leurs émissions que de 2,6%. Ces compagnies produisent environ un tiers des émissions de CO2 du pays, mais le Japon va néanmoins satisfaire au protocole de Kyôto grâce aux échanges de quotas d'émission. Les compagnies d'électricité, quant à elles, rechignent à utiliser cette possibilité car elles sont dans le rouge.

Mardi 27 août, la NRA devrait obliger les exploitants du nucléaire à effectuer des stress-tests tous les 5 ans. Cette proposition est soumise à l'avis du public avant d'être éventuellement entérinée en décembre prochain.

Les grandes industries papetières du Japon envisagent de produire de l'électricité à partir de la biomasse et de bénéficier du tarif de rachat pour les énergies renouvelables dans un contexte de diminution de la demande en papier. Certaines compagnies envisagent même une reconversion à terme.

• TEPCo a créé une page spéciale sur les fuites d'eau sur son site Internet pour montrer que, cette fois-ci, elle a bien pris les choses au sérieux.

Mercredi 28 août, TEPCo voulait redémarrer rapidement deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa pour retrouver les profits et faire face à ses échéances financières. Mais les derniers évènements sur les fuites d'eau qui ont mis en évidence des lacunes graves en terme de culture de sûreté et d'organisation ne sont pas très rassurants. Comment convaincre que la sûreté s'est améliorée et que la compagnie peut à nouveau exploiter des réacteurs nucléaires ? Certaines personnes, en interne, pensent qu'il vaut mieux reculer toute demande de redémarrage, étant donnée l'état de l'opinion. D'autres pensent qu'il ne faut pas changer de calendrier.
Le gouverneur de Niigata est toujours opposé au redémarrage et a affirmé, lors d'une conférence de presse, que l'option d'une faillite de TEPCo ne doit pas être écartée tant la compagnie n'est pas fiable.

Jeudi 29 août, les maires de Futaba, Ôkuma, Tomioka et Naraha, municipalités proches de Fukushima daï-ichi et daï-ni, ont déclaré conjointement vouloir l'arrêt définitifs des 10 réacteurs nucléaires de la province de Fukushima et pas seulement les 4 réacteurs accidentés. Cette décision doit encore être entérinée par les conseils municipaux. Les autorités régionales sont en phase avec cette position.
TEPCo n'a toujours pas dit ce qu'elle comptait faire des réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi et des 4 réacteurs de daï-ni.

Lundi 2 septembre, Kansaï Electric, alias KEPCo, qui exploite les deux seuls réacteurs nucléaires en fonctionnement au Japon, va arrêter le n°3 de sa centrale d'Ôï, après 13 mois comme prévu. Le n°4 sera arrêté le 15 septembre et le Japon se retrouvera à nouveau sans énergie nucléaire. Pour redémarrer ces deux réacteurs, KEPCo doit faire la preuve qu'ils satisfont aux nouvelles règles de sûreté, ce qui n'est le cas actuellement. Personne ne peut dire quand ils pourront à nouveau redémarrer.
La NRA a confirmé qu'elle considère que la zone de fracture sous la prise d'eau en mer n'est pas active, suivant en cela les recommandations de son groupe d'experts.

Les 156 communes qui sont à moins de 30 km d'une centrale nucléaire doivent concevoir un plan d'évacuation pour leurs habitants. C'est compliqué quand il faut trouver refuge assez loin, parfois dans une région limitrophe. C'est aussi compliqué pour les personnes dépendantes dans les hôpitaux, maisons de retraite etc. Initialement, le gouvernement a chargé les communes d'élaborer ces plans, mais comme certaines n'y arrivent pas, il a décidé de prendre les choses en main en mettant en place un comité dans chaque région concernée. Ce comité sera-t-il plus efficace ?

Mardi 3 septembre, le réacteur n°3 de la centrale d'Ôï est arrêté depuis 1h du matin.

Une équipe d'experts de la NRA inspecte les failles sous la centrale de Higashidori (Aomori). Lors de la précédente inspection en février 2013, ils avaient conclu que deux failles pouvaient être actives, mais qu'ils avaient besoin d'investigations supplémentaires pour conclure. L'exploitant, Tôhoku Electric avec contredit ces conclusions.

Mercredi 4 septembre, un membre de l'équipe d'experts mandatés par la NRA pour inspecter les failles sous la centrale de Higashidori (Aomori) a déclaré à la presse, qu'après deux jours sur place, cette nouvelle inspection n'a pas changé son opinion et que les failles sont bien actives. Il faut encore étudier le rapport d'étude fourni pas l'exploitant avant de conclure.

Mercredi 11 septembre, deux ans et demi plus tard, en prévision de l'ouverture totale du marché de l'électricité en 2016, une centaine de compagnies se sont enregistrées pour produire de l'électricité et 40% en produisent déjà. Il y a beaucoup d'initiatives locales avec des énergies renouvelables qui bénéficient d'un tarif de rachat intéressant.
Le PDG de Softbank, un opérateur de téléphonie mobile, et une des plus grandes fortunes du Japon, investit actuellement dans les énergies renouvelables en Asie. Il rêve d'un super-réseau transfrontalier pour vendre une partie de cette électricité au Japon. Mais les relations diplomatiques actuelles du Japon avec ses voisins rend les choses difficiles. Et puis le réseau intérieur japonais est encore aux mains des 10 compagnies d'électricité qui ne feront pas de cadeau à ce nouveau concurrent. Ses premiers projets sont en Mongolie.
La NRA a validé les nouvelles règles de sûreté pour les installations nucléaires liées au combustible. Elles sont mises en consultation et devraient pouvoir être appliquées à partir du 18 décembre 2013.

Jeudi 12 septembre, alors que le Japon va se trouver à nouveau sans électricité d'origine nucléaire ce week-end, pour une durée indéterminée, l'ACRO fait le point.
Des indignés anti-nucléaires qui campent devant le ministère de l'industrie auront bientôt une deuxième audience dans le cadre du procès intenté contre eux par le gouvernement japonais. Cela arrive à un moment où le parquet a décidé de ne pas poursuivre les responsables du gouvernement et de TEPCo... Drôle de justice !

Dimanche 15 septembre, le gouverneur de la province d'Ehimé, sur l'île de Shikoku, demande l'interdiction des survols des centrales nucléaires par l'armée américaine alors que la compagnie d'électricité de l'île a déposé une demande d'autorisation de redémarrage du réacteur n°3 de sa centrale d'Ikata. Le 25 juin 1988, un hélicoptère de l'armée américaine était tombé à un kilomètre de la centrale.
Cette demande, faite avant la chute d'un hélicoptère de l'armée américaine sur l'île d'Okinawa, a été rendue publique après le crash, le 9 août dernier. Un accord de 1999 entre la Japon et les Etats-Unis interdit à l'armée de survoler les installations nucléaires et les aéroports commerciaux, mais elle aurait été négligente à ce propos. L'arrivée d'un engin entre l'hélicoptère et l'avion, appelé Osprey, qui a déjà eu plusieurs accidents, inquiète les riverains de la centrale d'Ikata. Un Osprey est encore tombé en Août au Nevada et a pris feu.
Les Osprey ont commencé à voler au Japon en mars dernier, malgré les importantes contestation de la population, et passent au-dessus de l'île de Shikoku à basse altitude. Ils ont été vus à Ehimé. Un avion de surveillance a aussi été vu au dessus de la centrale le 30 mars 2013. Depuis 2007, il y aurait eu 7 passages repérés au-dessus d'un installation nucléaire.
Les installations nucléaires doivent avoir une deuxième salle de contrôle excentrée qui doit pouvoir résister aux séismes et aux chutes d'avion pour satisfaire aux nouvelles règles de sûreté. Mais elles bénéficient d'une période de grâce de 5 ans.

Une manifestation anti-nucléaire a rassemblé 8 à 9 000 personnes à Tôkyô samedi 14 septembre.

Arrêt du dernier réacteur en fonctionnement à la centrale d'Ôï (Fukui). Personne ne sait quand un réacteur nucléaire pourra redémarrer. La politique énergétique du pays est toujours des plus floues. Le premier ministre qui, pendant sa campagne électorale avait plaidé pour une relance du nucléaire, déclare maintenant vouloir baisser la part de cette énergie et favoriser les énergies renouvelables. Cette baisse est inéluctable car de nombreux réacteurs ne pourront jamais repartir. Il vaut mieux, pour un politicien, apparaître comme l'ayant décidé que comme devant le subir...

Lundi 16 septembre, un puissant typhon a frappé le Japon. Il a provoqué des inondations et glissements de terrain en plusieurs points du pays.
Le surgénérateur Monju, situé dans la province de Fukui, sur la mer du Japon, a été touché. La cellule de crise nationale, qui reçoit en permanence des données des centrales nucléaires, même en temps normal, ne reçoit plus de données de Monju depuis 2h55. Le réacteur est aussi devenu inaccessible à cause d'un glissement de terrain, des arbres couchés...Le personnel n'a pu rejoindre le réacteur qu'à partir de 14h30.
Heureusement qu'il est arrêté et qu'il n'y a pas eu d'incident à ce moment là. La NRA n'a été prévenue qu'à 3h45 et la réparation des fibres optiques rompues va prendre plus d'une semaine.

Mardi 17 septembre, le ministre de l'industrie a de nouveau fait part de l'intention du gouvernement de réduire la part du nucléaire au Japon.

Mercredi 18 septembre, un détecteur de fuite de sodium est tombé en panne dans le surgénérateur Monju. La panne a durée plus d'une heure et l'exploitant n'en connaît pas l'origine.

Jeudi 19 septembre, le premier ministre est allé visiter la centrale de Fukushima daï-ichi.
TEPCo lui a fourni une cote blanche avec son nom mal orthographié. Sur la photo AFP, Abé est écrit 安部, alors que cela s'écrit 安倍 (voir son site perso) !
Lors de sa visite, il a demandé à TEPCo de renoncer définitivement aux réacteurs 5 et 6 et de les démanteler. Ils sont entrés en fonction en 1978 et 1979. Pourquoi seulement ces deux là et pas les quatre de Fukushima daï-ni ?
Le démantèlement des réacteurs 5 et 6, de conception proche des réacteurs 1 à 4, pourra aussi servir à tester les techniques mises en oeuvre pour les réacteurs accidentés.

Vendredi 20 septembre, la plus grosse centrale électrique géothermique devrait être constuite à Fukushima, avec une capacité de 270 000 kWe environ. 10 compagnies se sont unies pour ce projet.

Samedi 21 septembre, la NRA a trouvé des lacunes dans le dossier de demande de redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Genkaï (Saga), sur l'île de Kyûshû. Les générateurs électriques de secours et le tableau de commande électrique sont situés au même niveau qu'à la centrale de Fukushima daï-ichi. Kyûshû Electric a promis de construire d'autres installations, mais il n'y a, pour le moment, qu'une ligne de transmission qui pourrait être coupée. Il ne sert à rien de multiplier les générateurs si la transmission n'est pas aussi renforcée.

Kansaï Electric a annoncé qu'elle allait bientôt commencer à vendre de l'électricité dans la région de Tôkyô. Pour le moment, seul le marché des grands consommateurs est ouvert.

Mercredi 25 septembre, le PDG de TEPCo est à Niigata pour convaincre le gouverneur de donner son accord à l'étude de la sûreté de deux réacteurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa en vue de leur redémarrage. C'est leur première rencontre depuis le 5 juillet, date à laquelle où le gouverneur avait rejeté la demande de TEPCo.
Le PDG de TEPCo a demandé au gouverneur d'accepter la mise en place de filtres à particules radioactives pour limiter les rejets en cas d'accident. Ces filtres sont requis par les nouvelles règles de sûreté.
TEPCo va attendre le feu vert du gouverneur avant de soumettre son dossier de sûreté à la NRA.

La centrale de Hamaoka avait été arrêtée sur ordre du premier ministre en mai 2011 car elle est située à proximité d'une faille sismique importante, elle risquait d'être inondée en cas de tsunami et un accident couperait les principaux axes de communication entre l'Est et l'Ouest du pays. De l'eau de mer avait pénétré dans le réacteur n°5 lors de son arrêt. C'est peut-être la fin pour lui. Les réacteurs 1 et 2 sont arrêtés définitivement et doivent être démantelés.
L'exploitant, Chubu Electric, a rehaussé la digue et veut demander l'autorisation de redémarrer le réacteur n°4. Il compte déposer le dossier avant mars 2014. Plusieurs mairies des environs sont opposées au redémarrage.

Le ministre des sciences et technologies a fait part de son plan d'exploiter le surgénérateur Monju pendant 6 ans avant de décider sur son sort. Un tel acharnement est ridicule : il n'a fonctionné que 240 jours depuis sa mise en service en 1994. Sa sûreté laisse à désirer, l'exploitant ayant négligé d'inspecter des milliers de pièces. La NRA a donc interdit d'envisager sa mise en service actuellement. Et puis, il est peut-être sur une faille sismique active.
Refroidi au sodium liquide qui s'enflamme spontanément à l'air et explose dans l'eau, il est en plus extrêmement dangereux.

Jeudi 26 septembre, la NRA a demandé à Hokkaïdô Electric d'étudier le risque volcanique pour sa centrale nucléaire de Tomari. L'exploitant affirme avoir étudié 39 volcans dans un rayon de 160 km, mais pour la NRA, les données sont insuffisantes. Elle demande à l'exploitant de mener ses propres études au lieu de ne mentionner que des publications scientifiques et de regarder, par exemple, la dispersion des cendres.
2 dossiers de demande de redémarrage de réacteur à la centrale de Tomari ont déjà été rejetés pour description non conforme des intallations en place.Cela va donc prendre beaucoup plus de temps que prévu pour cette centrale.

Le gouverneur de Niigata a donné son accord à ce que TEPCo soumette son dossier de sûreté à la NRA pour les réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Il a posé comme condition, qu'en cas d'accident, TEPCo ne puisse pas ventiler ses réacteurs sans l'accord du gouverneur. Même après avoir installé des filtres à particules radioactives. TEPCo a même promis d'installer de sfiltres de secours, ce qui n'est pas exigé dans les nouvelles normes de sûreté.  Les deux mairies concernées ont déjà donné leur accord. Quant à la population locale, elle n'est pas consultée...
TEPCo va déposer sa demande d'instruction de la sûreté dès le vendredi 27 septembre. Blabla de TEPCo. Il est incroyable que TEPCo soit autorisée à exploiter du nucléaire après les accidents à Fukushima et le faible niveau de culture de sûreté sur place.

Vendredi 27 septembre, TEPCo a déposé sa demande d'autorisation de redémarrage des réacteurs 6 et 7 de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). C'est la première demande pour des réacteurs à eau bouillante (BWR en anglais). TEPCo prépare les dossiers de demande pour d'autres réacteurs de cette centrale. Les 1 et 2 sont sur une faille qui est maintenant considérée comme active. Ils ne devraient pas être redémarrés. Quant aux autres, ce n'est pas encore clair. TEPCo espère pourtant redémarrer les réacteurs 6 et 7 avant la fin mars 2014, mais ce n'est pas encore gagné.
TEPCo a 80 milliards de yens de dette à renégocier en octobre prochain. Il lui faut donner des garanties aux banques. Elle compte donc beaucoup sur sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa.
Encore une fois, on retire le permis à un chauffard, pas à une compagnie d'électricité responsable d'un des pires accidents nucléaires...

Samedi 28 septembre, le mur anti-tsunami devant la centrale de Hamaoka a été rehaussé après la catastrophe de Fukushima et fait maintenant 18 m de haut. Mais ce n'est pas suffisant car une nouvelle étude a montré qu'une vague de tsunami de 19 m était possible. Alors l'exploitant, Chubu Electric, vient de lancer les travaux pour ajouter 4 m supplémentaires. La digue fait 1,6 km de long et va coûter environ 150 milliards de yens (plus d'un milliard d'euros) et devrait être terminée en septembre 2015.

Les manifestants anti-nucléaire du vendredi soir ont exprimé leur opposition au redémarrage de récateurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa.

Dimanche, 29 septembre, le Japon pourrait ne pas imposer de restriction de consommation d'électricité cet hiver, même avec aucun réacteur nucléaire en fonctionnement.

L'ancien premier ministre conservateur de 2001 à 2006, Junichiro Koïzumi, a appelé le gouvernement actuel à arrêter rapidement de produire de l'électricité nucléaire. Le premier ministre actuel lui avait succédé en 2006 avant de revenir récemment au pouvoir.
Koïzumi aurait eu la révélation lors d'un récent voyage en Finlande où il a visité le chantier du centre d'enfouissement souterrain des déchets radioactifs et a découvert la durée de la toxicité de ces déchets, même s'il avait commencé à avoir des doutes après la catastrophe de Fukushima. Il était temps... On ne lui avait pas dit quand il était au pouvoir ?

Le PDG de TEPCo a affirmé que la compagnie espérait déposer des demandes de redémarrage pour deux autres réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa : le 1 et le 5. Mais le 1 est sur une faille active, ce qui ne semble pas le déranger...

Lundi 30 septembre 2013, la NRA avait stoppé toute tentative de redémarrage du surgénérateur Monju (Fukui) après avoir découvert que l'exploitant avait négligé d'inspecter plusieurs milliers de pièces, dont certains sont très importantes pour la sûreté. L'exploitant vient d'annoncer qu'il a terminé l'inspection de 14 300 pièces. Mais cela ne suffit pas : c'est toute la réorganisation de la sûreté qui a été réclamée par la NRA. Et puis la faille sous le réacteur est peut-être active. Bref, cela relève de l'acharnement thérapeutique.

Mardi 1er octobre 2013, le ministre de l'industrie, Toshimitsu Motegi, a déclaré devant le parlement qu'il comprennait la volonté des habitants et des élus de Fukushima de voir les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni mis à l'arrêt définitivement. Et d'ajouter qu'il pensait "que l'on peut pas traiter le cas de Fukushima daï-ni comme les autres centrales".

Le gouvernement ne semble pas très optimiste pour l'avenir de l'énergie nucléaire dans son pays : il compte fixer les réductions de gaz à effet de serre à l'horizon 2020 à 6 à 7% de moins de ce qu'elles étaient en 2005 en supposant qu'aucun réacteur nucléaire ne fonctionnera. Mais c'est plus que le niveau de 1990 qui sert généralement de référence.
En 2009, le premier ministre de l'époque, Yukio Hatoyama, s'était engagé à ce que le niveau d'émissions en 2020 soit de 25% inférieur au niveau de 1990, en supposant une augmentation de la part d'électricité nucléaire.
Bref, le gouvernement actuel n'est pas très ambitieux.
Le gouvernement a aussi décidé d'assouplir les règles en cas de décision d'arrêter définitivement un réacteur nucléaire. La règle actuelle demande aux exploitants d'approvisionner le fond de démantèlement durant la durée d'exploitation du réacteur fixée à 40 ans. La nouvelle règle leur donne dix de plus, au-delà de la mise à l'arrêt définitif. Elle devrait s'appliquer aux réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi.
Le ministère de l'industrie estime ce coût entre 57 et 77 milliards de yens (moins de 600 millions d'euros). Il est probablement optimiste.

Mercredi 2 octobre 2013, TEPCo a invité les médias à venir visiter sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa afin de leur montrer tout ce qu'elle met en place pour renforcer la sûreté et qui devrait être terminé en mars 2014. Elle leur a expliqué investir environ 120 milliards de yens (presqu'un milliard d'euros) dans la sûreté de cette centrale.

Jeudi 3 octobre, l'Autorité de Sûreté Nucléaire japonaise, la NRA, a expliqué qu'elle allait examiner la demande déposée par TEPCo pour ses réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kasiwazaki-Kariwa (Niigata), mais qu'elle prendra aussi en compte la gestion de l'accident à Fukushima dans son évaluation. Le problème des fuites à répétition doit être réglé. Et d'ajouter que les centrales de Kashiwazaki-Kariwa et de Fukushima étaient liés.
Une telle position est sensée car les machines ne font pas tout. Il y a aussi la culture de sûreté. Et là, TEPCo fait la preuve qu'elle n'est pas à la hauteur des enjeux.

Une association d'Ôsaka et des agriculteurs de Daté se sont regroupés pour installer une station de production d'électricité photovoltaïque.

Samedi 5 octobre, la première éolienne flotante vient d'être installée au large, à 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. D'autres vont suivre.
Les énergies renouvelables progressent plus vite que ce que le gouvernement avait envisagé. Un an après la mise en place du tarif de rachat avantageux, il y a 3 666 MWhe installés, environ 3 réacteurs nucléaires. Les panneaux solaires représentent 95% des nouvelles installations, car leur mise en place est rapide.

Keigo Higashino, un des maîtres du polar japonais, a écrit, en 1998, un roman intitulé "l'abeille du ciel" (天空の蜂) qui vient d'être traduit en français sous le titre La prophétie de l'abeille. On y apprend beaucoup sur l'industrie nucléaire japonaise, le risque d'accident, etc. Un roman bien renseigné, à lire.

Mardi 8 octobre, TEPCo a démarré deux centrales à charbon en septembre 2013 car ce combustible est le moins cher des énergies fossiles. Elle a brûlé 711 000 tonnes de charbon en septembre 2013, contre 184 000 une année aupraravant. La consommation de fuel a diminué.

Jeudi 10 octobre, dans une interview au Maïnichi, le Président de la nouvelle autorité de sûreté déclare que l'instruction des dossiers de demande de redémarrage des réacteurs 6 et 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa sera retardée à cause de la situation à la centrale de Fukushima où les problèmes sont quotidiens. TEPCo doit d'abord stabiliser la situation de se centrale accidentée avant d'espérer pouvoir faire fonctionner des réacteurs nucléaires.
Il explique que d'autres compagnies résistent face aux inspections et que cela allait retarder le redémarrage. Il vise particulièrement KEPCo, dans le Kansaï.

Dimanche 13 octobre, 40 000 personnes ont manifesté contre l'énergie nucléaire à Tôkyô.

Lundi 14 octobre, selon la NRA, l'instruction des dossiers de demande de redémarrage de réacteurs nucléaires prend du retard car les exploitants tardent à soumettre les pièces supplémentaires demandées. Six mois étaient initialement prévus. Ce sera beaucoup plus long.

Quand une compagnie japonaise, qui exporte du matériel nucléaire, veut un prêt ou une assurance, le matériel doit être inspecté avant d'être livré. Il s'agit d'une garantie avant tout financière car, si la pièce était défectueuse, le remplacement, voire l'accident, pourraient coûter très cher. Les autres pièces qui ne bénérficient pas de ce soutien de l'Etat ne sont pas inspectées. Le Maïnichi a découvert que 40% des sommes engagées dans des contrats à l'exportation de matériel nucléaire, concernaient des pièces qui n'ont pas été inspectées comme elles l'aurait dû.
Selon les statistiques du ministère de l'économie et de l'industrie, l'industrie nucléaire japonaise a exporté, vers 23 pays ou territoires, pour 124,8 milliards de yens (presque un milliards d'euros) de matériel entre 2003 et 2012. Sur cette somme, 73,7 milliards de yens de matériels exportés vers la Chine, la France, la Belgique, les Etats-Unis et la Finlande, ont bien été inspectés. Le reste, d'une valeur de 51,1 milliards de yens, ne l'a pas été. C'est le cas, en particulier, de matériels exportés vers Taiwan, la Suède, le Brésil...
Comme une partie des documents officiels reçus par le quotidien ont été expurgés, il n'est pas sûr que ce qui a été officiellement inspecté, l'ai vraiment été complètement.

Mardi 15 octobre, l'usine de "retraitement" de Rokkashô-mura a cinq ans de retard. C'est essentiellement dû à l'étape de vitrification qui devait être mise au point par Japan Nuclear Fuel. Mais le creuset se bouchait et le verre liquide ne s'écoulait plus. La compagnie aurait résolu le problème et a montré le résultat aux médias. L'usine ne pourra pas démarrer pour autant car il faut revoir ses règles de sûreté et tout réexaminer. Il n'est pas sûr que cette usine soit mise en service, finalement.

Mercredi 16 octobre, l'instruction des dossiers de demande de redémarrage de réacteur ne sera pas finie avant a fin de l'année. La NRA et les exploitants ne s'entendent pas sur la secousse maximale à prendre en compte et le tsunami le plus haut.
Les exploitants ne semblent pas prêts, non plus, à faire des études probabilistes des risques.

Selon un sondage, les consommateurs semblent accepter les hausses de tarif d'électricité. Ils préfèrent cela à un redémarrage des réacteurs et ont généralement pu compenser cette hausse par des mesures d'économie d'énergie.

Mardi 22 octobre, le gouvernement envisage de demander une baisse de 6% de la consommation d'électricité à Hokkaïdô cet hiver, par rapport à l'année 2010. L'an dernier, un objectif de 7% lors des pics de consommation avait été fixé.
L'approvisionnement électrique devrait être suffisant, mais le gouvernement veut se garder une marge de sécurité en cas de panne sur une centrale.

TEPCo a montré à la presse les filtres à particules radioactives qu'elle doit installer à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) pour satisfaire aux nouvelles normes. En cas d'incident ou accident, ces filtres sont supposés limiter les rejets radioactifs.

Mercredi 23 octobre, des membres du parti au pouvoir veulent complètement réorganiser l'industrie nucléaire japonaise. Il y a actuellement 9 compagnies de production d'électricité qui utilisent l'énergie nucléaire. Des membres du groupe de travail du parti veulent créer une seule compagnie qui aurait la charge de tout le parc du pays et de financer les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Ils espèrent aussi que cela va renforcer l'impact de cette industrie à l'international et favoriser la libéralisation du marché intérieur.
Si un tel plant était mis en place, TEPCo n'aurait plus de centrale nucléaire et se limiterait au transport et à la vente d'électricité.

TEPCo compte beaucoup sur le redémarrage de deux réacteurs nucléaires à Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) pour être à nouveau bénéficiaire. Mais l'instruction des dossiers de sûreté ne commencera pas de si tôt car la compagnie doit d'abord régler le problème de l'eau radioactive à Fukushima daï-ichi. La NRA a été claire le 4 octobre dernier : TEPCo doit y améliorer la sûreté et limiter les fuites. Le plan soumis par la compagnie le 15 octobre, qui explique comment gérer les deux centrales en toute sûreté, n'a pas satisfait la NRA. Son président va donc rencontrer le PDG de TEPCo. La NRA ne comprends pas comment TEPCo peut prétendre exploiter correctement Kashiwazaki-Kariwa, alors qu'elle ne peut pas surmonter les problèmes à Fukushima daï-ichi. Elle n'a peut-être pas les ressources humaines nécessaires. Et il n'y a pas que l'eau contaminée. Personne ne sait comment TEPCo va gérer le combustible usé et tous les déchets radioactifs.
Ce sera la première rencontre directe entre les deux hommes. L'instruction du dossier prendra au moins six mois, dans le meilleur des cas.
En plus, toutes les autres demandes de redémarrage concernent des réacteurs à eau sous pression alors que les réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa sont à eau bouillante, comme à Fukushima. Cela complique l'instruction des dossiers. Et puis, le gouverneur de Niigata a accepté que TEPCo soumette son dossier de sûreté, pas le redémarrage. TEPCo doit aussi travailler aux plans d'évacuation des populations dans un rayon de 30 km avec les autorités locales. Lors du dernier exercice de crise, des habitants ont été évacués sous les vents, comme à Fukushima. Il y a donc des progrès à faire de ce côté aussi.
Difficile de croire à un redémarrage en 2014, alors que TEPCo présente cette échéance aux banquiers qui lui ont prêté de l'argent.

Vendredi 25 octobre, le ministre de l'industrie a dit qu'il se donnait trois ans pour redéfinir la politique énergétique du pays. Il espère, d'ici là, connaître le nombre de réacteurs nucléaires qui pourront redémarrer. Il est bien optimiste car, pour certaines centrales, les travaux demandés sont tels, que ce ne sera pas fini dans 3 ans.

Dimanche 27 octobre, TEPCo aurait perdu 5 800 gros clients au cours de ces six derniers mois, qui consomment plus de 50 kW. Elle en aurait perdu 7 000 l'année précédente. Kansaï Electric (KEPCo) en aurait perdu 2 036 en six mois et Kyûshû Electric 688, contre 61 et 168 respectivement pour l'année précédente.

Mardi 29 octobre, l'exploitant de l'usine de "retraitement" de Rokkashô a encore reporté un essai de mise en service de son usine. C'est le 11ième report, mais le premier sans calendrier... Le nouveau calendrier devrait être fixé avant la fin de l'année : sera-t-il aussi fiable que les précédents ?
Par ailleurs, plusieurs communes de la province d'Aomori, qui recevaient beaucoup d'argent de l'industrie nucléaire pour accueillir les déchets et l'usine de retraitement qui ne fonctionne pas, devraient voir les dons diminuer car les compagnies sont dans le rouge. Plusieurs maires sont allés voir le gouverneur pour lui demander que la province finance ce que les compagnies d'électricité ne financent plus... 25 communes, qui ne sont pas supposées recevoir de taxes liées aux installations nucléaires locales, ont reçu de tels dons. Il y en avait pour 872 millions de yens (6,5 millions d'euros) cette année.

Dans une interview à Reuters, le gouverneur de Niigata, où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa que TEPCo espère redémarrer, déclare qu'il va mettre en place une commission d'enquête sur la catastrophe nucléaire. Si TEPCO refuse de coopérer, il s'opposera au redémarrage. Cet ancien fonctionnaire du ministère de l'économie pense que TEPCo devrait faire faillite et que le gouvernement devrait prendre en charge le démantèlement. Il pense aussi que 6 000 personnes impliquées dans ces travaux devraient devenir des fonctionnaires de l'Etat. Ce serait une façon d'exprimer la gratitude des autorités face aux risques que prennent ces personnes.

Jeudi 31 octobre, environ 600 employés de bureau en costume cravate ont manifesté contre le nucléaire à Tôkyô. La manifestation a durée une quarantaine de minutes sur deux kilomètres. Ils sont passés devant le siège de TEPCo.

Vendredi 1er novembre 2013, le gouvernement a demandé aux consommateurs de baisser leur consommation d'électricité de 6% entre 16 et 21h les jours ouvrables cet hiver à Hokkaïdô. La compagnie devrait pouvoir faire face à la demande, mais le gouvernement craint une panne. C'était 7% l'hiver dernier.

Mercredi 6 novembre, l'autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, estime que la protection contre le terrorisme du surgénérateur Monju (Fukui) n'est pas suffisante. Elle a découvert 4 infractions avec les règles de sécurité. Par exemple, le passé des visiteurs n'est pas assez contrôlé. Ou des barrières ont 30 cm de moins que ce qui est stipulé dans les règles de l'exploitant. Les caméras de contrôle ne sont pas vérifiées régulièrement... La NRA a expliqué que de telles lacunes pour un site avec du plutonium est sans précédent. Et d'accuser, une fois de plus, l'organisation de l'exploitant, la Japan Atomic Energy Agency, qui n'a pas permis de détecter les failles par elle-même. Le président de la NRA s'inquiète aussi des retombées internationales car le terrorisme et la prolifération sont des sujets sensibles.
Rappelons que ce réacteur a fonctionné moins d'un an depuis 1994, qu'il pose de grave problèmes de sûreté. Il est temps que le Japon l'abandonne. Il fera des économies car il a déjà coûté plus de 1 000 milliards de yens (8 milliards d'euros) pour rien.

Dimanche 10 novembre, des associations anti-nucléaire japonaises et d'autres groupes ont fait l'objet d'une cyber-attaque : plus de 2,53 millions de mails ont été envoyés depuis la mi-septembre à 33 organisations qui envisagent de porter plainte. Cela a commencé les 18 et 19 septembre et 2,1 millions de mails ont été envoyés jusqu'au 30 septembre. Certains messages menaçaient de tuer les anti-nucléaire. Entre le 24 octobre et le 4 novembre, 2 groupes ont reçu 430 000 mails.

-> Lire notre article faisant le point sur le redémarrage (9 juillet 2012, remis à jour le 18 juillet).
-> Site Internet du gouvernement pour débattre de la politique énergétique à l'horizon 2030 : ici en japonais.
-> Le nouveau référentiel de sûreté des installations nucléaires japonaises est maintenant disponible en anglais, dans ses grandes lignes. Les liens pour accéder aux documents sont ici. Il s'agit de prescriptions provisoires.

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Coût de la catastrophe nucléaire



Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, 1 650 personnes se sont jointes aux plaintes déposées contre TEPCo.

Mercredi 13 mars, la NRA, la nouvelle autorité de sûreté nucléaire, veut revenir sur la limite de 40 ans imposée aux réacteurs nucléaires par le précédent gouvernement, à la condition qu'ils satisfassent aux nouveau critères de sûreté, bien-sûr. Au Japon, 17 réacteurs ont plus de 30 ans et 3 plus de 40 ans. L'impact de cette décision est donc énorme.
Le nouveau référentiel de sûreté a été discuté par des experts lors de réunions ouvertes au public. Mais la NRA veut autoriser le fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans sans discussions ouvertes devant le public. Le Maïnichi, dans un éditorial, dénonce cette procédure.

Dimanche 17 mars, TEPCo avait prévu de consacrer 70 milliards de yens à l'amélioration de la sûreté de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, avec 7 réacteurs. Elle a revu l'addition qui pourrait dépasser les 100 milliards de yens (presque 1 milliard d'euros). Personne ne sait comment elle pourra payer.

Lundi 18 mars, la commission en charge des consommateurs du gouvernement estime que l'augmentation des tarifs de l'électricité demandée par les compagnies du Kansaï et de Kyûshû est trop élevée.

Jeudi 21 mars, la cellule de contentieux créée par le gouvernement pour régler les conflits relatifs aux indemnisations de TEPCo, n'a pu régler, pour le moment, qu'un tiers des dossiers : 1 900 cas sur 5 800.

Vendredi 22 mars, le ministère de l'environnement a envoyé une facture de 14,9 milliards de yens (122 millions d'euros) à TEPCo pour payer une partie des coûts de la décontamination, comme la loi l'y autorise. Mais TEPCo ne paye pas et doit encore plus de 10 milliards de yens à l'Etat. En février dernier, le gouvernement a donc renvoyé une facture de rappel à la compagnie, en vain.
En revanche, TEPCo a accepté de payer une taxe d'entreposage du combustible usé à la ville de Kashiwazaki pendant 5 ans. A 480 yens par kilo (4 euros par kilo), la municipalité devrait toucher 2,87 milliards de yens sur 5 ans (23,4 millions d'euros). La compagnie espère ainsi s'attirer les bonnes grâces de la ville afin qu'elle donne son feu vert au redémarrage de la centrale avec 7 réacteurs.

Dimanche 24 mars, Japan Atomic Power Co., qui a peu d'espoir de voir ses réacteurs nucléaires redémarrer et qui a déjà revendu une partie de l'uranium qu'elle possédait, a annoncé qu'elle ne va pas recruter en 2014.

La compagnie d'Electricité de Hokkaïdô envisage de demander la permission d'augmenter de 10% en moyenne ses tarifs pour les particuliers à partir du 1er septembre prochain.

Lundi 25 mars, TEPCo a annoncé avoir étendu la zone où les agriculteurs, pêcheurs et forestiers peuvent obtenir des indemnisations à cause des "rumeurs néfastes". Voir le communiqué de TEPCo. Cela va aller jusqu'aux shiitakés de Hiroshima, à l'autre bout de l'île principale. Pour les poissons, cela va jusqu'à Hokkaïdô. Les champignons de Hiroshima ont dû être cultivés sur du bois qui venait du Nord-Est du Japon...
Si la vente de tous ces produits souffre des "rumeurs néfastes", pour reprendre l'expression consacrée, c'est qu'ils ont été contaminés. Mais ce mot là n'apparaît jamais. Officiellement, TEPCo est prête à payer pour compenser la bêtise humaine. Et on va la croire...

Mardi 26 mars, alors que l'Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Technologiques vient de saisir le Haut Comité pour Transparence et l'Information sur la Sécurité Nucléaire, à propos de la transparence de la production des données au sein de l'IRSN suite à l'affaire des études cachées sur le coût d'un accident nucléaire, l'IRSN se résoud à mettre en ligne l'étude de 2007 révélée par le JDD.
Rappelons que l'ACRO avait attiré l'attention sur l'étude de 2012.

Vendredi 29 mars, TEPCo a envoyé les formulaires pour l'indemnisation du foncier. 50 000 familles sont concernées.
Elle est en retard. TEPCo et le gouvernement auraient dû le faire à la fin de l'an dernier, mais la procédure d'évaluation de la part des dommages qui sont dus au séisme et au tsunami aurait été plus complexe que prévu. Ces dommages ne seront pas pris en charge par TEPCo.
Le taux d'idemnisation dépend de la date de retour prévue : au bout de 6 ans, la valeur du bien est considérée comme nulle. Pour le mobilier, la compensation sera évaluée de façon forfaitaire en fonction du nombre de résidents et la composition de la famille.
En ce qui concerne les terrains agricoles et les forêts, tout reste à faire.

Le gouvernement japonais a estimé à 1 200 milliards de yens (10 milliards d'euros) le coût annuel de maintien du parc nucléaire arrêté. On ne connait pas ce coût pour chaque compagnie. Ce coût vient s'ajouter au coût de production de l'électricité par d'autres moyens et explique que les compagnies concernées soient dans le rouge. Et ce sont les consommateurs qui, in fine, payeront.

Une enquête du Maïnichi montre que le prix des fruits et légumes produits à Fukushima a encore baissé en 2012 sur le marché de gros à Tôkyô. Le gouvernement avait baissé les limites maximales autorisées de contamination en césium, mais cela n'a pas aidé l'agriculture locale.
En 2011, le prix moyen des légumes produits dans toutes les autres régions du Japon a augmenté de 4% par rapport à l'année 2009. En revanche, les prix des légumes produits dans la province de Fukushima ont baissé de 5% par rapport à 2009. En 2012, les prix ont fléchi en moyenne de 0,2% par rapport à 2009, sauf à Fukushima où la baisse est de 18,7%.
Comme les consommateurs n'achètent plus les produits de Fukushima, officiellement à cause des "rumeurs néfastes", ils finissent dans les restaurants et l'industrie agroalimentaire.

Dimanche 31 mars, alors que TEPCo réclame de l'argent aux autorités car elle est en faillite, elle continue à payer sa cotisation à la Fédération des Compagnies d'Electricité. L'adhésion annuelle est de 1,8 milliards de yens (15 millions d'euros). La principale activité de cette fédération est de faire du lobbying en faveur de l'énergie nucléaire.
C'est la première fois que le montant de la cotisation d'une compagnie membre est rendue publique. L'Asahi, qui a révélé l'affaire, est surpris par le montant. A quoi sert l'argent ? Les comptes de la fédération ne sont pas publics et TEPCo ne peut pas répondre sur l'utilisation des fonds.
Les experts gouvernementaux qui avaient osculté les comptes de la compagnie quand elle avait réclamé une aide financière avaient tranché : "la cotisation n'est pas essentielle pour maintenir une alimentation électrique stable".

Mardi 2 avril, le gouvernement a donné son feu à l'agmentation des tarifs de l'électricité vendue aux ménages par Kansaï Electric (KEPCo) et par Kyûshû Electric. Ce sera respectivement 9,75% et 6,23% en moyenne à partir du mois de mai prochain. Pour KEPCo, c'est plus que ce qu'avait obtenu TEPCo sous le précédent gouvernement. Les deux compagnies avaient demandé 11,88% et 8,51% respectivement.
L'électricité du pays est l'une des plus chères des pays occidentalisés. Elle y est presque trois plus chère qu'en Corée du Sud.

Mercredi 10 avril, on l'a déjà rapporté : les compagnies d'électricité du Kansaï et de Kyûshû vont augmenter leurs tarifs à partir du 1er mai. Dans le Kansaï cela va représenter une hausse annuelle de 5 500 yens par an (50 euros) pour un ménage moyen. Et ce n'est pas fini, car les compagnies ont prévu de pouvoir redémarrer rapidement leurs réacteurs, ce qui n'est pas gagné. Elles ont des investissement massifs à réaliser avant pouvoir espérer obtenir un feu vert. Alors que tout le monde doit faire des efforts, les dirigeants des deux compagnies maintiennent des privilèges, comme le dénonce l'Asahi dans un éditorial. Les PDG de Kansaï et Kyûshû Electric gagnaient, respectivement, 41 et 33 millions de yens par an (315 000 et 254 000 euros). le gouvernement a recommandé aux compagnies de s'aligner sur le salaire d'un haut fonctionnaire : 18 millions de yens par an (138 000 euros). Mais elles sont passées outre et versent, respectivement, 21 et 20 millions de yens par an (161 000 et 154 000 euros).

Mardi 16 avril, TEPCo a annoncé à la délégation des trois CLI du Nord Cotentin en voyage au Japon avoir déjà indemnisé plus 1,5 millions de personnes et que cela représente une somme de 17 milliards d'euros.
Et ce n'est pas fini ! Les populations ne vont pas rentrer de si tôt et la compagnie n'a pas encore indemnisé le foncier.

Jeudi 18 avril, TEPCO a reçu 223,5 milliards de yens (1,7 milliards d'euros) du gouvernement pour l'aider à payer les indemnisations. C'est le quinzième apport financier.

Dimanche 21 avril, nous en avions parlé le 22 mars dernier, TEPCo rechigne à payer une facture de 10,55 milliards de yens (81 millions d'euros) au ministère de l'environnement pour financer le coût de la décontamination car elle n'aurait aucune obligation légale à le faire !
Le bras de fer continue. Le ministère n'a pas mis de date limite et il n'y aura donc pas de pénalités de retard.
Si TEPCo ne paye pas, ce seront les contribuables qui payeront. Si TEPCo paye, ce seront les contribuables qui avanceront l'argent... et les consommateurs qui devront payer.
Le gouvernement a engagé 372,1 milliards de yens (2,9 milliards d'euros) en 2012 pour financer la décontamination. Pour 2013, ce sont 497,8 milliards de yens (3,8 milliards d'euros) qui devraient être dépensés. Mais il n'en facture qu'une petite partie à TEPCo et elle ne paye pas !
En novembre 2012, le gouvernement a envoyé une facture de 7,6 milliards de yens (58 millions d'euros) à TEPCo pour couvrir une partie des frais jusqu'à août 2012. Cette somme inclut 1,7 milliard de yens pour les zones spéciales près de la centrale, 2,4 milliards de yens de subventions aux autorités locales engagées dans la décontamination, 1,94 milliards de yens pour financer des recherches sur la décontamination des habitations et 960 millions en publicité sur ces actions. TEPCo n'a payé que la première somme de 1,7 milliard pour les zones spéciales près de la centrale.
En février 2013, le ministère a renvoyé une facture de rappel pour le reste et il a ajouté 7,3 milliards de yens pour la période qui va de septembre à novembre 2012. TEPCo ne devrait payer que 2,65 milliards sur cette nouvelle facture et refuse de payer les 4,65 milliards restants.

Mardi 23 avril, le gouvernement a approuvé un projet de loi qui reporte la date limite pour porter plainte contre TEPCo afin d'être indemnisé. Comme il y a actuellement prescription au bout de 3 ans que la moitié des 6 000 dossiers de réclamation n'ont pas encore été résolus, le gouvernement prévoit d'autoriser les personnes concernées à porter plainte dans un délai d'un mois après l'échec de la demande de compensation. Un mois, c'est court pour préparer un dossier de plainte.

Mercredi 24 avril, la compagnie d'électricité, Tôhoku Electric, prépare une demande d'indemnisation de plus de 20 milliards de yens (154 millions d'euros) suite à la catastrophe nucléaire. Cette compagnie fournit la région de Fukushima et elle a enregistré une baisse de 10% de la demande en 2011. Son projet de centrale nucléaire à Namié-Odaka, à 10 km de Fukushima daï-ichi, a aussi dû être abandonné. Elle y avait déjà investi 18,5 milliards de yens (142 millions d'euros). Elle a aussi perdu deux centres à Tomioka et Namié, villes évacuées.
Alors que les compagnies d'électricité ont promu le nucléaire ensemble, une telle attitude est surprenante. Elles aussi contruit en commun certains réacteurs (le n°1 de Kashiwazaki-Kariwa et le n°1 de Higashidôri). Leurs zones de vente étant contigües, elles se sont souvent échangé de l'électricité.
Suite à un accord avec le syndicat maison, Tôhoku Electric ne donnera pas de prime à ces employés cet été, pour la première fois de son histoire. La compagnie a été créée en 1951.

Jeudi 25 avril, la compagnie Hokkaïdô Electric a demandé l'autorisation d'augmenter ses tarifs de 10,2% en moyenne pour les ménages. Les compagnies et industries, l'augmentation devrait être de 13,46% en moyenne et n'a pas besoin du feu vert du gouvernement.

Mardi 30 avril,  TEPCo a présenté ses résultats financiers pour l'année fiscale 2012, qui s'est terminée le 31 mars 2013 : elle est encore dans le rouge avec une perte de 685 milliards de yens (5,3 milliards d'euros). La perte était de 781 milliards de yens lors de l'exercice précédent. Elle a provisionné plus de 1 000 milliards de yens (près de 10 milliards d'euros) d'indemnisation pour cette année, ce qui portera à 3 686,9 milliards de yens (près de 30 milliards d'euros) la totalité des indemnisations depuis le début de la catastrophe.

Mercredi 1er mai, sur les 10 compagnies d'électricité du Japon, qui se sont partagées le territoire, 8 sont dans le rouge lors de l'année fiscale 2012 (1er avril 2012 - 31 mars 2013) : les pertes cumulées s'élèvent à 1 560 milliards de yens (12 milliards d'euros). Pour quatre d'entre elles, il s'agit d'une perte record : Hokkaido Electric Power Co. (132,8 milliards de yens), Kansai Electric Power Co. (243,4 milliards de yens), Shikoku Electric Power Co. (42,8 milliards de yens) and Kyushu Electric Power Co. (332,4 milliards de yens). Le nucléaire représente environ 40% de leur production électrique.
Les seules à faire des bénéfices sont la compagnie d'électricité d'Okinawa qui n'a pas de nucléaire et Hokuriku Electric Power Co. qui n'a qu'une seule centrale nucléaire.
La maintenance des réacteurs nucléaires qui sont presque tous arrêtés a coûté 1 200 milliards de yens (preque 10 milliards d'euros) durant cette même année fiscale et ils n'ont presque rien produit... Les investissements pour mettre les réacteurs qui le peuvent aux nouvelles normes devrait coûter autant selon les compagnies.
Les tarifs d'électricité vendue par les compagnies d'électricité du Kansaï et de Kyûshû augmentent de 9,75% et 6,23% en moyenne pour les ménages à partir de ce jour. Leurs tarifs pour les entreprises ont été augmentés le mois précédent de de 17,26% et 11,94% en moyenne.

Mardi 21 mai, TEPCo a reçu 154,9 milliards de yens (1,2 milliards d'euros) d'argent public.

Les compagnies d'électricité du Tôhoku et de Shikoku ne pourront pas augmenter leur tarifs d'électricité pour les particuliers avant le mois d'août au plus tôt alors qu'elles espéraient un feu vert du gouvernement pour juillet. Le groupe du ministère de l'économie qui étudie leur demande a besoin de plus de temps.

Environ 700 habitants de Hippo, situé à Miyagi, sur la frontière avec la province de Fukushima, ont porté plainte pour obtenir la même indemnisation que celle reçue par les résidants de Fukushima. Ils ont demandé à TEPCo de leur verser 70 millions yens (5,4 millions d'euros) en dommages-intérêts. Les résidants de Hippo ont soutenu que les niveaux de radiation dans leur district dépassaient ceux de Fukushima, mais le plan d’indemnisation de base du gouvernement japonais ne concerne que les habitants de Fukushima.

Jeudi 30 mai, le maire de Namié et des avocats représentant 11 602 personnes, soit plus de la moitié de la population du village, ont déposé une réclamation auprès de la structure en charge des litiges concernant les indemnisations. Ils demandent à être mieux indemnisés : ils recoivent actuellement 100 000 yens par personne et par mois (770 euros) et veulent 350 000 yens (2 700 euros). L'indemnité actuelle, qui sera versée tant que les habitants restent réfugiés, est basée sur ce que versent les assurances aux personnes victimes d'un accident de la route.
C'est la première fois qu'une mairie agit au nom de ses administrés. C'est elle qui finance l'action. C'est aussi le plus gros groupe à porter plainte.

Vendredi 31 mai, TEPCo a demandé 666,255 milliards de yens (5,1 milliards d'euros) supplémentaires au gouvernement, ce qui porte l'aide financière totale à 3 789,334 milliards de yens (presque 30 milliards d'euros). Il ne s'agit que d'une partie du coût de la catastrophe. Cette hausse est justifiée par la compagnie de la façon suivante :
- redéfinition des zones d'évacuation et des indemnisations afférentes : 370 milliards de yens (1,2 milliards d'euros) de plus.
- indemnisation des "rumeurs néfastes" : 43 milliards de yens (331 millions) de plus.
- indemnisation des personnes qui ont besoin de soin : 13 milliards de yens de plus.
- extension des restrictions de mise sur le marché et "rumeurs néfastes" : 240 milliards de yens (1,85 milliards d'euros) de plus.
Pauvre TEPCo qui doit faire face à la "rumeur" la plus chère de l'histoire de l'humanité...

Samedi 1er juin, on en a déjà parlé, TEPCo refuse de payer certains travaux de décontamination au ministère de l'environnement. 16,5 milliards de yens (123 millions d'euros) sont en jeu. Le gouvernement envisage donc de porter plainte contre la compagnie. En cas de procès et de victoire du gouvernement, TEPCo aura aussi à payer des intérêts sur le retard. Le gouvernement espère donc convaincre la compagnie de payer sans passer par la justice.
Le gouvernement a engagé 1 300 milliards de yens (10 milliards d'euros) dans les travaux de décontamination jusqu'à la fin 2013. Il ne réclame le remboursement que d'une toute petite partie. Et TEPCo n'a accepté de payer que 4,4 milliards de yens (34 millions d'euros) sur les 21,1 milliards (162 millions d'euros) que lui réclame le gouvernement. Elle devrait verser prochainement 0,25 milliard de yens.

Lundi 3 juin, Nagadoro est le district le plus contaminé d'Iitaté et le retour n'est pas possible à court et moyen terme. Les 180 résidents avaient réclamé une meilleure indemnisation à la commission en charge des litiges et ils ont gagné. Le village avait été évacué tardivement et les habitants ne s'étaient pas protégés contre les retombées durant les rejets massifs des premiers jours. Ils vont donc recevoir une indemnisation supplémentaire, en plus de celle qu'ils recoivent comme réfugiés, en raison des craintes qu'ils ont pour leur santé à venir : 1 million de yens pour les femmes enceintes (7 700 euros) et les enfants, la moitié pour les autres.
C'est la première fois que les craintes pour la santé sont prises en considération lors de l'indemnisation. D'autres personnes pourraient réclamer la même chose. Pour l'avocat des victimes, c'est une reconnaissance officielle de la responsabilité de l'Etat et de TEPCo. La compagnie va encore parler de "rumeur néfaste"...
La famille d'un agriculteur bio qui s'était suicidé va aussi obtenir plus de 10 millions de yens (plus de 77 000 euros). Mais la famille est choquée que TEPCo ait refusé de présenter ses excuses. Les fils demandent que TEPCo viennent rendre hommage au défunt car ils ne supportent pas d'entendre dire qu'il n'y a pas eu de décès liés à la catastrophe nucléaire.
D'autres familles ont réclamé d'être dédommagées du suicide d'un des leurs suite à la catastrophe nucléaire. Selon les autorités, la catastrophe aurait entraîné au moins 80 suicides.

Vendredi 7 juin, 11 000 personnes sur 160 000 n'auraient pas encore demandé de compensations à TEPCo. Ce droit risque d'expirer en septembre 2014.

Lundi 10 juin, les familles de quatre patients décédés par manque de soins à la suite de la catastrophe nucléaire ont porté plainte contre TEPCo. Ils réclament 125 millions de yens (presque 1 million d'euros).

Vendredi 14 juin, un employé de TEPCo a perdu dans le train les dossiers de demande d'indemnisation de 22 personnes avec de nombreuses informations personnelles.

Samedi 15 juin, TEPCo a reconnu avoir déjà perdu 60 dossiers de demande de compensation avec des données personnelles, en plus des 22 dossiers perdus dans un train le 14 juin.

Lundi 17 juin, selon le quotidien Asahi, le gouvernement a déjà dépensé 2,48 milliards de yens (20 millions d'euros au cours actuel) pour promouvoir le nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima. Et 66% de cet argent est allé dans l'escarcelle d'organisation qui emploient des bureaucrates ou des cadres de l'industrie nucléaire à la retraite. L'argent provient des taxes sur l'électricité que payent les consommmateurs, même si cette somme a été divisée par deux depuis la catastrophe. Le "village nucléaire" continue à se soigner. Sont visés en priorité, les riverains des installations nucléaires pour qu'ils acceptent le redémarrage.

Mardi 18 juin, les demandes d'indemnisation des autorités régionales de Fukushima et des mairies feraient un total de 46,64 milliards de yens (370 millions d'euros) au 30 avril 2013, mais TEPCo n'aurait versé que 5,2 milliards de yens (41 millions d'euros). Les demandes émanent de 45 mairies et 19 groupements de communes alors qu'il y en a respectivement 59 et 29. D'autres demandes pourraient donc encore être faites.
Certaines demandes sont refusées comme le paiement des travaux de décontamination d'une aire de jeu et de sport à Nihonmatsu. TEPCo répond que c'est à l'Etat de payer. Certaines mairies envisagent d'aller en justice.

Mercredi 19 juin, l'agence Bloomberg a obtenu des comptes-rendus de réunions concernant TEPCo concernant la fuite des jeunes cadres de l'entreprise et va poser problème dans l'avenir. Environ 1 200 personnes ont démissionné durant les deux premières années de la catastrophe. La moitié a moins de 30 ans.
La raison principale avancée serait l'argent : les salaires ont été coupés de 25% pour les cadres et de 20% pour les employés.
Il apparaît aussi que TEPCo ne sait pas combien va lui coûter cette catastrophe et qu'il est difficile d'imaginer l'avenir.

Lundi 24 juin, TEPCo a reçu 115,1 milliards de yens (presque 1 milliard d'euros) des autorités pour l'aider à indemniser les victimes de la catastrophe.

Mardi 25 juin, le gouvernement japonais a accepté de verser 666,2 milliards de yens (5 milliards d'euros) supplémentaires à TEPCo. Cela va porter à 3 789,3 milliards de yens (près de 30 milliards d'euros) le total des fonds publics accordés à Tepco pour les indemnisations. A cela s'ajoutent 1 000 milliards de yens injectés dans l'entreprise.

Mercredi 26 juin, le village d'Iitaté, bien que fortement contaminé, a été évacué tardivement. Les habitants, inquiets pour leur santé ont donc réclamé une indemnisation supplémentaire à l'organisme d'arbitrage. La commission a recommandé que les 190 habitants du district de Nagadoro à Iitaté, qui vivaient dans une zone où le retour ne sera pas possible avant longtemps, aient droit à une compensation complémentaire. C'est la première fois que des craintes pour la santé étaient indemnisées. Mais TEPCo a déclaré qu'elle ne suivrait pas cette recommandation, qu'elle qualifie, de "non scientifique", car les faibles doses seraient sans danger.
Il en sera probablement de même pour les habitants du district de Warabidaïra qui fait la même demande.

Jeudi 27 juin, les 10 compagnies d'électricité du Japon et les 4 compagnies de gaz vont augmenter leur tarifs à partir d'août.

Vendredi 28 juin, on savait déjà que l'argent dédié à la reconstruction des zones touchées par le séisme et tsunami du 11 mars 2011 avait été en partie détourné. L'Asahi révèle qu'une partie a aussi servi à soutenir financièrement les compagnies d'électricité qui ont leurs réacteurs nucléaires à l'arrêt. 10 milliards de yens ont été dédiés à l'aide à la production d'électricité. Ils viennent en grande partie de l'impôt post-catastrophe naturelle. Cet argent peut servir à payer les intérêts des emprunts effectués par les compagnies d'électricité pour redémarrer une centrale thermique. Seule Chubu Electric, qui exploitait la centrale nucléaire de Hamaoka, en a bénéficié et a reçu un total de 1,9 milliards de yens (15 millions d'euros) en 2011 et 2012.
Par ailleurs, la centrale de Hamaoka fournissait gratuitement de l'eau chaude à un élevage de poissons (en France, la centrale de Gravelines fournit aussi de l'eau chaude à un élevage de poissons). Mais avec l'arrêt, il a fallu acheter une chaudière et payer la facture d'électricité. C'est la région de Shizuoka qui a payé : 400 millions de yens (3 millions d'euros).
Interrogé par le quotidien, le ministère de l'industrie a expliqué que Chubu Electric a bénéficié de cette faveur car c'est le gouvernement qui lui a demandé d'arrêter ses réacteurs en mai 2011. Mais cela va s'arrêter en juillet 2013. Les 6 à 7 milliards de yens qui restent dans ce fond vont être réaffectés à la reconstruction.
100 milliards de yens (0,7 milliard d'euros) auraient été détournés au total et le gouvernement va tenter de les récupérer.

Sur les 160 000 personnes qui ont droit à des indemnités suite à la catastrophe nucléaire, 7% n'auraient pas fait la demande. TEPCo va les relancer car, après mai 2014, ce sera trop tard.

Vendredi 12 juillet, le gouvernement a reporté 60% des fonds de 2012 destinés à la décontamination, selon l'Asahi. Dans les zones les plus contaminées, c'est le gouvernement qui a la charge de la décontamination. Ailleurs, ce sont les communes, qui se font ensuite rembourser par le gouvernement, qui enverra ensuite la facture à TEPCo. 36 communes sont ainsi concernées à Fukushima et elles n'ont dépensé que 40% du budget qui leur était alloué.
Les plans de décontamination des communes sont souvent rejetés par le gouvernement car ils satisfont pas exactement au cahier des charges ou parce qu'ils coûtent trop chers. Et puis, il n'y a toujours pas de solution pour les déchets radioactifs engendrés. Un fonctionnaire du ministère de l'environnement a expliqué au Asahi qu'il doit prendre en compte les critères fixés par TEPCo pour espérer se faire rembourser un jour. La compagnie refuse toujours de rembourser 16 milliards de yens sur une facture de 21 milliards.

Vendredi 19 juillet, TEPCo avait coupé de 30% environ le salaire de ses cadres après la catastrophe. Beaucoup partent en retraite plus tôt que prévu : 700 l'an dernier alors qu'ils étaient 130 en 2010. 40% étaient à des postes clé. Pour garder ses cadres plus longtemps, elle va donc verser une prime de 100 000 yens environ à 5 000 d'entre eux. Cela va faire grincer des dents alors qu'elle ne survit que grâce à l'argent public.

Mercredi 24 juillet, selon une équipe de recherche du National Institute of Advanced Industrial Science and Technology, le coût total de la décontamination gouvernementale et municipale pourrait dépasser les 5 000 milliards de yens (40 milliards d'euros). C'est presque 5 fois plus que ce que le gouvernement a provisionné. Et ce coût ne prend pas en compte les centres de stockage.

TEPCo a reçu une nouvelle aide financière de 73,2 milliards de yens (563 millions d'euros).

Mercredi 31 juillet, une étude économique a montré que la catastrophe de Fukushima a entraîné une baisse du prix des maisons à proximité des centales nucléaires allemandes. Les propriétaires vont-ils demander à TEPCo une indemnité comme victimes de "rumeurs néfastes" ?

Jeudi 1er août, TEPCo continue à s'enfoncer dans le rouge. Elle a encore perdu 29,4 milliards de yens (226 millons d'euros) au premier trimestre de cette année fiscale (avril - mai - juin). Les pertes diminuent par rapport à l'an dernier. 8 des 9 compagnies d'électricité sont dans le rouge pour cette même période. Comme d'habitude, ce serait dû au prix des combustibles fossile...
TEPCo estime aussi le montant total des compensations à 4 000 milliards de yens (31 milliards d'euros).
Pour rétablir un peu ses finances, elle veut redémarrer les réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Mais comme elle fait preuve de négligences graves dans sa gestion de l'eau contaminée de sa centrale de Fukushima daï-ichi, elle a du mal à convaincre qu'elle saura exploiter du nucléaire en toute sûreté. Et comme chaque yen compte, elle continue à ne faire les travaux qu'au dernier moment avec les solutions les moins chères. Qui, bien-sûr ne tiennent pas et TEPCo perd encore en crédibilité... Pour sortir de ce cercle vicieux, certains envisagent de séparer TEPCo en deux entitées séparées : une aurait la charge de la centrale accidentée et l'autre de la production d'énergie. Les réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi, qui ne sont pas officiellement arrêtés définitivement, et ceux de Fukushima daï-ni iront dans quelle branche ? Qui paiera pour le démantèlement ?

Vendredi 2 août, Hokkaido Electric Power Co., Tohoku Electric Power Co. et Shikoku Electric Power Co. on demandé l'autorisation d'augmenter leurs tarifs de 10,2%, 10,94% et 11,41% respectivement pour les particuliers. Hokkaïdô Electric a obtenu le droit d'augmenter ses tarifs de 7,73%, Tôhoku, de 8,94% et Shikoku de 7,80% en moyenne.

Vendredi 9 août, la dette du Japon vient de dépasser le million de milliards de yens. Le gouvernement annonce une réduction des dépenses publiques sans dire comment il va faire, alors qu'il vient de faire exactement l'inverse pour relancer l'économie.

Mardi 13 août, selon la presse, TEPCo a expliqué à ses bailleurs qu'elle pourrait retrouver les profits en 2014 si elle peut redémarrer la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) dès janvier (le nombre de réacteurs n'est pas indiqué). Elle pourrait aussi retrouver les profits en augmentant à nouveau ses tarifs de 8,5%, même sans redémarrer de réacteur. TEPCO a réagi en disant qu'elle n'avait pas fait de communiqué en ce sens ni rien décidé. Comme les banques japonaises ne prêtent pas d'argent à une compagnie qui a eu trois années consécutives de déficit, et que TEPCo en est déjà à deux ans et que la troisième année s'annonce mal, elle doit présenter des solutions.
TEPCo a doublé sa consommation de charbon par rapport à l'an dernier car elle a mis en route des nouvelles centrales qui utilisent le combustible le moins cher.

L'inflation a été de 2,2% sur un an au Japon. C'est dû à l'augmentation des coûts de l'électricité et à la dévaluation du yen.

Mercredi 21 août, la compagnie aérienne coréenne Asianna a annoncé qu'elle allait suspendre ses vols vers Fukushima par crainte des radiations. Elle a deux vols par mois, mais le contrat s'arrête fin septembre. Il ne sera pas renouvelé.
La compagnie n'avait pourtant pas craint de faire voler un avion piloté par une personne en cours de formation encadrée par un pilote qui n'avait jamais encadré, ce qui avait entraîné un aterrissage raté à Los Angeles dernièrement. C'est plutôt la non-rentabilité de la ligne qui est en cause.

TEPCo a encore reçu 176,2 milliards de yens (1,36 milliards d'euros) des autorités. Le coût de sa dette a explosé ces derniers jours suite aux révélations sur les fuites à répétition. L'assurance est passé de 20 à 272 points en une semaine. C'est aussi le recul des perspectives de pouvoir redémarrer des réacteurs à Kashiwazaki-Kariwa qui est en cause.
TEPCo doit renégocier un emprunt de 80 milliards de yens avec Sumitomo Mitsui Banking Corp d'ici octobre prochain. En décembre prochain, ce sont 200 autres milliards de yens qui arrivent aussi à échéance. La compagnie espère pourvoir ré-emprunter 300 milliards...

On en a déjà parlé le 29 juillet, le parlement japonais avait voté une loi pour venir en aide aux victimes de la catastrophe nucléaire il y a trente mois et il ne s'est rien passé depuis faute de décrets d'application. Douze évacués volontaires et sept personnes restées à Fukushima ont porté plainte contre le gouvernement et demandé 1 yen de dommages et intérêts pour absence de protection. Ils veulent obtenir ainsi la confirmation qu'ils ont bien droit à des aides au regard de cette loi non appliquée.

Samedi 24 août, le ministère de l'économie a annoncé son intention de soutenir financièrement les commerces qui ouvriraient dans les zones évacuées, une fois l'ordre d'évacuation levé. Il s'agit d'aider au retour des réfugiés. Les détails seront donnés ultérieurement, ainsi que la somme qui sera mise au budget 2014 à cet effet.

Mardi 27 août, 140 nouvelles personnes réfugiées dans le Kansaï ont porté plainte contre TEPCo et le gouvernement pour être indemnisées. En mars dernier, 1 650 personnes avaient déjà porté plainte.

Mercredi 28 août, TEPCo voulait redémarrer rapidement deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa pour retrouver les profits et faire face à ses échéances financières. Mais les derniers évènements sur les fuites d'eau qui ont mis en évidence des lacunes graves en terme de culture de sûreté et d'organisation ne sont pas très rassurants. Comment convaincre que la sûreté s'est améliorée et que la compagnie peut à nouveau exploiter des réacteurs nucléaires ? Certaines personnes, en interne, pensent qu'il vaut mieux reculer toute demande de redémarrage, étant donnée l'état de l'opinion. D'autres pensent qu'il ne faut pas changer de calendrier.
Le gouverneur de Niigata est toujours opposé au redémarrage et a affirmé, lors d'une conférence de presse, que l'option d'une faillite de TEPCo ne doit pas être écartée tant la compagnie n'est pas fiable.

Jeudi 29 août, TEPCo va vendre un immeuble qu'elle possède dans le quartier de Ginza à Tôkyô au groupe de presse Yomiuri qui est un fervent défenseur de l'industrie nucléaire et qui, dans ses éditoriaux, se fait la voix de cette industrie.

Le ministère de l'environnement a prévu 2,7 milliards de yens (21 millions d'euros) dans son budget 2014 de fournir un dosimètre aux personnes qui rentreront vivre dans les territoires évacués et pour des avis d'experts. Le gouvernement a déjà fourni des dosimètres aux personnes qui sont rentrées à Miyakoji pour une période de 3 mois. Il a prévu 34 000 dosimètres pour 2014.
Le budget de décontamination pour 2014 est de 326,2 milliards de yens (2,5 milliards d'euros). Le budget pour les déchets radioactifs n'est pas connu.

Vendredi 30 août,
le ministère de l'industrie espère un budget de 1 750 milliards de yens (13,5 millards d'euros) en 2014 pour le démantèlement de Fukushima daï-ichi et pour promouvoir les énergies renouvelables. C'est plus que la somme allouée en 2013 qui était de 1 440 milliards de yens (11 milliards d'euros). Mais la part pour les énergies renouvelables ne sera que de 11%, le reste sera dédié à la centrale accidentée.

Samedi 31 août, Chubu Electric envisage de demander un autorisation d'augmenter ses tarifs d'électricité de 5 à 8% à partir d'avril 2014.

Mardi 3 septembre, le gouvernement japonais a décidé de consacrer 47 milliards de yens (360 millions d'euros) à son aide à faire face à l'accumulation d'eau contaminée à la centrale de Fukushima daï-ichi. Un peu moins de la moitié (23 milliards de yens, 177 millions d'euros) provient des fonds de réserve du budget 2013 ce qui devrait permettre de commencer rapidement les travaux.
Sur cette somme, 32 milliards de yens (246 millions d'euros) seront consacrés au nouveau mur souterrain qui doit geler le sol tout autour des réacteurs pour arrêter les échanges d'eau. 15 autres milliards de yens (115 millions d'euros) seront consacrés à la station de traitement ALPS qui est en panne alors qu'elle n'était qu'aux phases de tests.
Le gouvernement espère que le mur de glace sera terminé en mars 2015, mais ce calendrier est plus administratif que technique. Les fuites vont donc continuer pendant encore plus d'un an.
De nombreuses personnes suspectent que le gouvernement est plus inquiet pour son image à l'international alors que la décision d'attribuer les JO de 2020 approche et que Tôkyô est candidate, que de la protection de l'environnement et des populations.
L'Etat, actionnaire principal de TEPCo, avait laissé la compagnie de débrouiller seule. Il décide là de prendre directement en charge une partie de la gestion de la catastrophe avec l'argent public. Mais il faudrait qu'il change aussi la gouvernance de TEPCo et l'oblige à améliorer sa culture de sûreté, sinon d'autres problèmes, entraînant d'autres crises vont jaillir. Il ne pourra pas suivre.

Trois habitants de Fukushima ont porté plainte contre TEPCo et ses dirigeants actuels et anciens suite aux fuites d'eau radioactive. Ils l'accuse de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour prévenir les fuites et qu'elle a violé la loi anti-pollution.

Vendredi 6 septembre, le quotidien Maïnichi a essayé d'obtenir les comptes rendus ou le verbatim des réunions inter-agences concernant l'indemnisation des victimes de la catastrophe de Fukushima : cela n'existe pas ! L'agence pour la reconstruction a tenu de nombreuses réunions avec d'autres agences gouvernementales et des ministères, mais ne souhaite pas que cela se sache. Elle ne veut même pas reconnaître que ces réunions ont existé.
Le quotidien veut savoir comment le gouvernement est arrivé à sélectionner 33 communes où les aides seront renforcées et a demandé à avoir accès aux comptes-rendus ou verbatim. Tout ce qu'il a obtenu, c'est la le lieu et la date des réunions, ainsi que les participants. Les comptes-rendus n'existeraient pas. Et les 120 pages de documents de travail qui ont servi de base à la réflexion lors de ces réunions sont secrètes.
La loi de protection des victimes de la catastrophe demande pourtant que les populations soient consultées et que le processus de décision soit transparent. Et le gouvernement avait été fortement critiqué pour n'avoir gardé aucun enregistrement des réunionsde crise au début de la catastrophe. Il n'en a pas tiré les leçons.

Samedi 21 septembre, la demande d'indemnisation est actuellement limité à 3 ans. On approche donc de la date limite. Le principal parti au pouvoir pense prolonger la demande d'indemnisation de 7 ans pour avoir une durée de 10 ans. 10 000 victimes de la catastrophe n'ont toujours pas fait de demande de dédommagement. Certains s'y refusent. Mais beaucoup vivent dans des conditions précaires et n'ont pas la force de remplir les dossiers complexes à renseigner. Cela va augmenter les coûts pour TEPCo et reporter ses espoirs de redressement financier.
TEPCo a déjà dû payer 3 800 milliards de yens (30 milliards d'euros) d'indemnisation. La décontamination dépasse les 5 000 milliards de yens (40 milliards d'euros).

Mardi 24 septembre, TEPCo a reçu 74,1 milliards de yens supplémentaires de la part des autorités. C'est la vingtième fois.

Samedi 28 septembre, TEPCo a obtenu un report pour ses 77 milliards de yens de prêts auprès de 28 institutions financières, qui arrivent à échéance fin octobre. Ses dettes sont beaucoup plus élevées. Elle a 200 autres milliards de yens qui arrivent à échéance en décembre et elle espère pouvoir emprunter 300 milliards de yens supplémentaires.
Petit retour en arrière : la compagnie veut à tout prix redémarrer plusieurs réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa pour limiter ses pertes. Le gouverneur de Niigata s'y oppose fermement et dit qu'il faut attendre que toute la lumière soit faite sur l'accident en cours à Fukushima. Le 5 juillet dernier, quand TEPCo est allé lui présenter son dossier, il n'a rien voulu entendre. Le 25 septembre dernier, le PDG de TEPCo est allé réitérer sa demande. Le lendemain, le gouverneur donne son feu vert à ce que le dossier soit examiné par la NRA. C'est la même demande qu'en juillet et toute la lumière n'a pas été faite sur l'accident en cours. Il y a juste eu le scandale des fuites en mer entre les deux... Un jour plus tard, le 27, TEPCo dépose sa demande de redémarrage pour les réacteurs 6 et 7. Et le 28 elle obtient un prêt des banques. Quel happy end !
Quelles pressions a subi le gouverneur de Niigata ? Qu'a-t-il obtenu en échange ?

Vendredi 4 octobre, les compagnies d'électricité sont dans le rouge et augmentent leurs tarifs. TEPCo serait en faillite sans l'argent public. Elle refuse de payer tout ce qu'elle doit pour la décontamination, a du retard dans les indemnisations des victimes de la catastrophe nucléaire et rogne sur la sûreté, avec les conséquences que l'on sait leur l'eau contaminée. Mais, avec Tôhoku Electric, elle vient de faire un don de 200 millions de yens (1,5 millions d'euros) au village de Rokkashô (Aomori) qui est "La Hague" japonaise.
Très critiquée par la presse japonaise, TEPCo explique que ce don avait été promis avant la catastrophe, que c'est lié à un projet de construction de centrale nucléaire et que l'on ne peut pas parler de don. La centrale en question, de Higashidôri, a un réacteur appartenant à Tôhoku Electric et un autre en construction. TEPCo voulait y construire deux réacteurs, dont un à peine commencé en 2011.
Les deux compagnies se sont engagées à payer 200 millions de yens chaque année pendant 5 ans à partir de 2010. Elles ont versé cette somme jusqu'en 2012. 133,4 millions pour TEPCo et 66,6 pour Tôhoku Electric. Mais, en 2012, quand le gouvernement a injecté de l'argent public dans TEPCo, la compagnie avait promis de cesser ces versements. La municipalité de Rokkashô espère encore recevoir de telles subventions les années à venir afin de financer les programmes qu'elle a lancés.
Rappelons que l'Etat est actionnaire majoritaire de TEPCo et qu'il a donc les moyens de faire cesser ces pratiques.

Vendredi 11 octobre, des records de chaleur sont battus au Japon et ce mois d'octobre est le plus chaud depuis presque 140 ans. Il y a plus de 30°C dans la journée dans de nombreuses villes du pays. A Tôkyô, la demande en électricité a atteint 95% des capacités de production de TEPCo. Cela s'explique aussi par l'arrêt d'une unité de production.

Mercredi 16 octobre, selon un audit de l'équivalent de la cour des comptes sur les finances de TEPCo et l'argent avancé par le gouvernement pour payer les compensations aux personnes évacuées, aux pêcheurs et agriculteurs qui ont perdu leur gagne pain, il faudra de nombreuses années à l'Etat pour recouvrer ses créances. Le gouvernement a émis des obligations d'une valeur de 5 000 milliards de yens (39 milliards d'euros) à ces fins. Il espère être remboursé par TEPCo et les autres compagnies exploitant du nucléaire. Mais se ne sera pas avant 2044 si TEPCO reste dans le rouge, et vers 2030 si elle arrive à renouer avec les bénéfices. Les intérêts de la dette coûteront 79,4 milliards de yens (610 millions d'euros) à l'Etat dans l'hypothèse la plus pessimiste. 37,4 milliards de yens (288 millions d'euros) dans l'autre hypothèse. Ces chiffres sont basés sur un taux d'intérêt de 0,1%. Ils pourraient être plus élevés en cas de hausse des taux.
Et ce n'est pas fini, car il y a encore de la décontamination à payer et le foncier à indemniser.
L'audit recommande à TEPCO de vendre ses propriétés et filiales afin de diminuer le coût pour les finances publiques.
Il a aussi estimé que seulement 60% des 750 milliards de yens (5,8 milliards d'euros) destinés à la décontamination ont été dépensés.
Par ailleurs, TEPCo n'a remboursé que 6,7 milliards de yens sur les 40,4 milliards de yens que lui réclament le gouvernement pour la décontamination, c'est à dire 16,7%.

Selon un sondage, les consommateurs semblent accepter les hausses de tarif d'électricité. Ils préfèrent cela à un redémarrage des réacteurs et ont généralement pu compenser cette hausse par des mesures d'économie d'énergie.

Vendredi 18 octobre, le principal parti d'opposition, le Parti Démocratique du Japon, qui était au pouvoir en mars 2011, a rédigé une proposition de séparer TEPCo en deux entitées : une reprendrait les activités de production et de distribution de l'électricité, l'autre, le démantèlement et la gestion de l'eau contaminée à Fukushima daï-ichi. Cette dernière serait financée conjointement par TEPCo et l'Etat et pourrait aussi prendre en charge le démantèlement des autres centrales par la suite.
Les articles de presse ne disent pas qui devrait payer les compensations aux innombrables victimes dans ce scénario.
Le parti va soumettre cette proposition au parlement après avoir fixé la part de financement qui incomberait à chacun. Mettre TEPCo en faillite impliquerait aussi de ne pas rembourser les banques et de les mettre face à leurs responsabilités. La compagnie maintient toujours plusieurs réacteurs dans ses avoirs, alors qu'elle ne les redémarrera jamais.
Le premier ministre s'est opposé à cette idée.
Il est évident depuis le début qu'il y aura sociabilisation des pertes après la privatisation des profits. Reste à savoir si cela se fera ouvertement et de manière encadrée ou discrètement.

Mardi 22 octobre, Chubu Electric a demandé aux syndicats de pouvoir baisser de 20% en moyenne les salaires, hors heures supplémentaires. Il s'agit de mieux faire accepter la demande d'augmentation des tarifs d'électricité.

Mercredi 23 octobre, des membres du parti au pouvoir veulent complètement réorganiser l'industrie nucléaire japonaise. Il y a actuellement 9 compagnies de production d'électricité qui utilisent l'énergie nucléaire. Des membres du groupe de travail du parti veulent créer une seule compagnie qui aurait la charge de tout le parc du pays et de financer les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Ils espèrent aussi que cela va renforcer l'impact de cette industrie à l'international et favoriser la libéralisation du marché intérieur.
Si un tel plant était mis en place, TEPCo n'aurait plus de centrale nucléaire et se limiterait au transport et à la vente d'électricité. Il est peu probable que les autres compagnies d'électricité soient prêtes à payer les conséquences de la catastrophe nucléaire.

TEPCo compte beaucoup sur le redémarrage de deux réacteurs nucléaires à Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) pour être à nouveau bénéficiaire. Mais l'instruction des dossiers de sûreté ne commencera pas de si tôt car la compagnie doit d'abord régler le problème de l'eau radioactive à Fukushima daï-ichi. La NRA a été claire le 4 octobre dernier : TEPCo doit y améliorer la sûreté et limiter les fuites. Le plan soumis par la compagnie le 15 octobre, qui explique comment gérer les deux centrales en toute sûreté, n'a pas satisfait la NRA. Son président va donc rencontrer le PDG de TEPCo. La NRA ne comprends pas comment TEPCo peut prétendre exploiter correctement Kashiwazaki-Kariwa, alors qu'elle ne peut pas surmonter les problèmes à Fukushima daï-ichi. Elle n'a peut-être pas les ressources humaines nécessaires. Et il n'y a pas que l'eau contaminée. Personne ne sait comment TEPCo va gérer le combustible usé et tous les déchets radioactifs.
Ce sera la première rencontre directe entre les deux hommes. L'instruction du dossier prendra au moins six mois, dans le meilleur des cas.
En plus, toutes les autres demandes de redémarrage concernent des réacteurs à eau sous pression alors que les réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa sont à eau bouillante, comme à Fukushima. Cela complique l'instruction des dossiers. Et puis, le gouverneur de Niigata a accepté que TEPCo soumette son dossier de sûreté, pas le redémarrage. TEPCo doit aussi travailler aux plans d'évacuation des populations dans un rayon de 30 km avec les autorités locales. Lors du dernier exercice de crise, des habitants ont été évacués sous les vents, comme à Fukushima. Il y a donc des progrès à faire de ce côté aussi.
Difficile de croire à un redémarrage en 2014, alors que TEPCo présente cette échéance aux banquiers qui lui ont prêté de l'argent.

TEPCO a reçu 48,1 milliards de yens (370 millions d'euros) d'aide des autorités. C'est le 21ième versement.

Samedi 26 octobre, alors que le gouvernement s'apprête à lever l'ordre d'évacuation dans un district d'un village qui a été "décontaminé", se pose le problème des indemnisations. Jusqu'à quand doivent-elles être versées ? Actuellement, il est prévu qu'elles le soient pendant un an après la levée de l'ordre d'évacuation. Mais le comité d'évaluation en charge des conflits concernant les indemnisations propose de se garder la possibilité d'indemniser plus longtemps les personnes concernées en fonction des circonstances. En particulier, il faut des infrastructures sociales et des emplois pour que les personnes puissent à nouveau vivre sans soutien financier. Il ne sera pas non plus obligatoire de rentrer pour continuer à toucher une compensation financière.
84 000 personnes forcées à évacuer reçoivent 100 000 yens (770 euros) par mois et par personne au titre de l'indemnisation des souffrances psychologiques. Plusieurs maires soutenaient l'option d'un an après la levée de l'ordre d'évacuation pour que les gens rentrent et que le village revive. Mais la décontamination n'est que partielle et il est plus juste de parler d'îlots de décontamination. Il n'y a toujours pas de solution pour les déchets engendrés et une grande partie des populations concernées, surtout celles avec enfants, ne rentreront pas. Quelle vie et quelles activités économiques sont-elles possibles dans de telles circonstances ?
En ce qui concerne le foncier, la commission d'arbitrage des indemnisations envisage de fixer la compensation minimale des habitations à une valeur allant de 60 à 80% du prix neuf. Pour les terrains, c'est plus complexe.

Le gouvernement envisage de prendre à sa charge les centres d'entreposage de Fukushima pour les déchets issus de la décontamination. Cela devrait lui coûter entre 1 000 et 2 000 milliards de yens (7,5 à 15 milliards d'euros) qu'il devrait financer en taxant l'énergie.

Dimanche 27 octobre, on l'a déjà signalé, TEPCo rechigne à rembourser au gouvernement une partie des frais engendrés par la décontamination. Le gouvernement, quant à lui, proteste mollement. Comme il est actionnaire majoritaire de la compagnie, il a les moyens d'imposer son point de vue, mais le dossier ne progresse pas. Le quotidien Asahi a demandé l'accès à des documents administratifs et a pu lire ainsi une lettre de refus de TEPCo datée du 21 février 2013. Le fait que le gouvernement n'ai pas rendu publique cette lettre et qu'il n'ait pas saisi les instances ad-hoc laisse entendre qu'il accepte la situation et que ce seront les contribuables qui paieront.
En novembre 2012, le ministère de l'environnement a réclamé 40,4 milliards de yens (311 millions d'euros) à TEPCo qui n'en a payé que 6,7 milliards (52 millions d'euros).
Parmi les sommes que TEPCo ne veut pas payer, il y a les études préliminaires pour trouver des centres d'entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination : 105 millions de yens. Elle ne veut pas payer pour les études sur les nouvelles technologies de décontamination (440 millions), ni les relations publiques (960 millions de yens).
Elle ne veut pas payer deux fois non plus, sachant qu'elle indemnise déjà une partie du foncier, elle ne veut pas encore payer pour sa décontamination.
Le coût total de la décontamination pourrait atteindre 5 000 milliards de yens (40 milliards d'euros).

TEPCo aurait perdu 5 800 gros clients au cours de ces six derniers mois, qui consomment plus de 50 kW. Elle en aurait perdu 7 000 l'année précédente. Kansaï Electric (KEPCo) en aurait perdu 2 036 en six mois et Kyûshû Electric 688, contre 61 et 168 respectivement pour l'année précédente.

Mardi 29 octobre, TEPCo devrait annoncer qu'elle a renoué avec les bénéfices cette année, même sans redémarrage de réacteurs nucléaires. Avec la vague de chaleur de l'été, elle a vendu plus d'électricité que prévu et elle a coupé dans ses dépenses, repoussant de nombreux travaux.
Comme la compagnie est en train de renégocier ses prêts bancaires, il lui faut être optimiste...

L'exploitant de l'usine de "retraitement" de Rokkashô a encore reporté un essai de fonctionnement de son usine. C'est le 11ième report, mais le premier sans calendrier... Le nouveau calendrier devrait être fixé avant la fin de l'année : sera-t-il aussi fiable que les précédents ?
Par ailleurs, plusieurs communes de la province d'Aomori, qui recevaient beaucoup d'argent de l'industrie nucléaire pour accueillir les déchets et l'usine de retraitement qui ne fonctionne pas, devraient voir les dons diminuer car les compagnies sont dans le rouge. Plusieurs maires sont allés voir le gouverneur pour lui demander que la province finance ce que les compagnies d'électricité ne financent plus... 25 communes, qui ne sont pas supposées recevoir de taxes liées aux installations nucléaires locales, ont reçu de tels dons. Il y en avait pour 872 millions de yens (6,5 millions d'euros) cette année.

Plusieurs ministres avancent que le gouvernement va prendre à sa charge une partie des coût de décontamination, confirmant ainsi les révélations du Asahi du 27 octobre. Ils veulent accélérer le processus, mais ne disent pas comment : il manque de la main d'oeuvre et il n'y a toujours pas de site pour les déchets. Le ministre des finances a même ajouté qu'il était normal que TEPCo ne paye pas tout car le gouvernement a toujours fait la promotion de l'énergie nucléaire.

Dans une interview à Reuters, le gouverneur de Niigata, où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa que TEPCo espère redémarrer, déclare qu'il va mettre en place une commission d'enquête sur la catastrophe nucléaire. Si TEPCO refuse de coopérer, il s'opposera au redémarrage. Cet ancien fonctionnaire du ministère de l'économie pense que TEPCo devrait faire faillite et que le gouvernement devrait prendre en charge le démantèlement. Il pense aussi que 6 000 personnes impliquées dans ces travaux devraient devenir des fonctionnaires de l'Etat. Ce serait une façon d'exprimer la gratitude des autorités face aux risques que prennent ces personnes.

Jeudi 31 octobre, TEPCo a annoncé des profits pour ces six premiers mois de l'année fiscale 2013, qui commence le 1er avril. Ses bénfices avant impôts seraient de 141 milliards de yens (un peu plus d'un milliard d'euros).
Ses ventes d'électricité ont baissé par rapport à la même période, un an avant, mais ses profits augmentés grâce à l'augmentation des tarifs d'électricité. La compagnie a baissé ses dépenses de personnel, et a reporté des réparations. Cela paraît artificiel, alors qu'elle négocie la reconduction de sa dette avec les banques. Et surtout, elle continue à recevoir de l'argent public pour payer les indemnisations. Quand va-t-elle commencer à rembourser ?

Chubu Electric a finalement demandé l'autorisation d'augmenter de 4,95% en moyenne ses tarifs d'électricité pour les particuliers à partir d'avril prochain.

Vendredi 1er novembre 2013, Kansaï Electric (KEPCo) a aussi renoué avec les bénéfices au cours des six derniers mois. Elle a aussi augmenté ses tarifs d'électricité. Hokkaïdô Electric, quant à elle, est toujours dans le rouge.

Samedi 2 novembre, suivant la suggestion des Etats-Unis, le Japon devrait ratifier la Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires. Cela devrait favoriser l'implication d'entreprises américaines et des quelques autres pays signataires. Le traité a été signé par 16 pays, mais n'a été ratifié que par 4 d'entre eux (Etats-Unis, Maroc, Argentine et Roumanie). Avec cette nouvelle ratification, cela fera 5 pays membres, minimum nécessaire pour que la convention entre en action.

Suite aux suggestions du parti au pouvoir, TEPCo réfléchit à se scinder en plusieurs compagnies. TEPCo est prête à tout pour accélérer l'instruction de sa demande de redémarrage des réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa.
Quant au gouvernement, il devrait prendre à sa charge plus de 1 000 milliards de yens (environ 10 milliards d'euros) de travaux de décontamination. TEPCo devra contribuer à hauteur de 3 000 milliards de yens (23 milliards d'euros). L'Etat devrait aussi prendre à sa charge la remise en route des infrastructures publiques laissées à l'adandon (parcs, écoles...) ainsi que le stockage des déchets radioactifs.
Dans un éditorial, l'Asahi, demande une clarification de la politique gouvernementale qui ne peut se limiter à verser l'argent public. Le quotidien a toujours soutenu que TEPCo ne pourra jamais tout payer et que les autorités ont aussi une part de responsabilité dans l'accident. Mais l'argent public doit être utilisé à bon escient. La compagnie devrait donc être mise en faillite pour que les actionnaires prennent aussi leur part de responsabilité. Une politique énergétique claire, avec l'arrêt définitif et le démantèlement immédiat des réacteurs qui ne peuvent pas satisfaire aux nouveaux critères de sûreté est aussi nécessaire. Ainsi qu'un arrêt définitif de l'usine de retraitement qui n'a jamais marché et du surgénérateur Monju qui utilisent énormément d'argent public et des compagnies d'électricité pour rien. Et puis, il ne faut pas oublier les ouvriers qui sont exploités et irradiés. Ils ont droit à une protection digne car on a besoin d'eux.

Mercredi 6 novembre, TEPCo préparerait un nouveau rapport sur les causes de l'accident nucléaire à Fukushima. Son but est de rassurer afin de convaincre qu'elle peut redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Elle le soumettra aux autorités régionales de Niigata. On s'attend à un rapport impartial...
La compagnie prévoit aussi de redémarrer les deux réacteurs les plus récents en juillet 2014, alors qu'elle affichait avril 2014 jusqu'à maintenant. Cette date est irréaliste car il faut plus de six mois à la NRA pour étudier de dossier de sûreté et elle n'a pas commencé, ni même annoncé quand elle avait l'intention de commencer... Les banques, à qui sont destinées ces annonces, se laisseront-elles convaincre ?

Vendredi 8 novembre, TEPCo est pressée de se diviser en plusieurs compagnies. Il s'agit de préparer l'ouverture totale à la concurrence à partir de 2016 en séparant la production du transport de l'électricité. Mais la compagnie veut aussi redémarrer au plus vite ses réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Et comme la NRA refuse d'instruire les dossiers tant qu'elle n'aura pas amélioré la sûreté à Fukushima, elle envisage aussi de séparer aussi la gestion des conséquences de l'accident. La partie production pourra alors facilement se dédouaner des problèmes qui ne manqueront pas de surgir à Fukushima.
Le gouvernement encourage TEPCo à agir en ce sens et est prêt à mettre la main à la poche pour soutenir la structure en charge du démantèlement. Les voix sont de plus en plus nombreuses au Japon pour réclamer que TEPCo soit d'abord mise en faillite afin que les banques et les actionnaires prennent aussi leur responsabilité et annulent quelques créances.
C'est, bien entendu, un non sens que TEPCo soit encore autorisée à exploiter du nucléaire.

Samedi 9 novembre, le gouvernement envisage de faire passer sa prise en charge des conséquences de la catastrophe nucléaire de 5 000 milliards de yens (38 milliards d'euros) à 8 000 (62 milliards), voire 10 000 milliards de yens (77 milliards d'euros). Une partie de cet argent est prêté, sans intérêt, à TEPCo pour les indemnisations. Les intérêts, dans un pays très endetté, sont donc à la charge du contribuable. Le reste est utilisé pour financer la décontamination. Le coût des indemnisation pourrait presque doubler, pour passer de 3 800 milliards de yens (11,5 milliards d'euros) à 5 à 6 000 milliards (38 à 46 milliards d'euros). Le gouvernement veut aussi prêter de l'argent à TEPCo pour financer d'autres charges. La décontamination n'est pas aussi efficace que rêvé et il faut repasser là où il y a déjà eu tentative. Le coût de ces deux postes augmente donc plus vite que ce qui a été estimé initialement.
Le gouvernement compte toujours sur un remboursement de TEPCo plus une taxe sur l'électricité d'ici 30 ans.

Dans un éditorial, le Maïnichi critique sévèrement les autorités qui ont reconnu une responsabilité dans l'accident nucléaire pour justifier la prise en charge par le contribuable d'une partie des coûts engendrés par la catastrophe, mais qui continuent à promouvoir l'énergie nucléaire, comme si elles n'avaient pas tiré les leçons de se qui s'est passé.

-> Rapport de Greenpeace de 2012 avec une partie sur les indemnisations (en français)
-> Rapport de Greenpeace de 2013 avec une partie sur les indemnisations et la responsabilité (en anglais)
-> Rapport de l'OCDE de 2012 : Japan's compensation system for nuclear damage

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L'accident nucléaire



Généralités
L'accident a été classé au niveau 7 de l'échelle INES.

Le premier rapport écrit par l'autorité de sûreté nucléaire japonaise sur l'accident pour l'AIEA est disponible ici en anglais (juin 2011).

Le site de la commission d'enquête mise en place par le gouvernement, avec le rapport d'étape en anglais, est ici : Investigation Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations. Le rapport définitif est aussi disponible en anglais.

Le site de la commission d'enquête indépendante d'initiative privée est ici : The Rebuild Japan Initiative Foundation Le rapport est en cours de traduction en anglais. Le résumé et les conclusions sont déjà disponibles.

La commission d'enquête parlementaire sur l'accident de Fukushima a présenté son rapport début juillet 2012. Il est disponible en ligne en japonais ici et ici en anglais. Le résumé est aussi disponible en français grâce à une équipe de traducteurs bénévoles.

TEPCo a mis en place sa propre commission d'enquête interne : le résumé en anglais est ici. Le rapport d'enquête interne complet, en date du 20 juin 2012, est maintenant disponible en anglais. Les autres données de la compagnie sont regroupées ici en anglais.

L'Institute of Nuclear Power Operations (INPO) aux Etats-Unis a mis à jour son rapport sur l'accident nucléaire. Il est disponible en ligne.

TEPCo a mis en ligne 2 145 photos qui datent des premiers jours de la catastrophe. Elles ont été prises, pour la plupart, par des employés. TEPCo a censuré 849 photos sous le prétexte de la protection de données sensibles relatives à la technologie nucléaire.

La CIPR a tiré les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le résumé est disponible en ligne.

Jusqu'au 15 mai pour le réacteur n°1 et au 24 mai 2011 pour le n°2 et 3, TEPCo prétendait que le combustble était partiellement endommagé, avant d'admettre soudainement qu'il y avait fusion complète du coeur dans ces 3 réacteurs.

Outre les réacteurs, les piscines de combustibles ont fait très peur et sont toujours menaçantes. Leur inventaire officiel est sur le site du ministère de l'industrie. La première colonne correspond au n° du réacteur. La deuxième, à la capacité de stockage, la troisième au nombre d'assemblages de combustible usé et la dernière au nombre d'assemblages de combustible neuf. Un assemblage contient 72 barres de combustible. A cela s'ajoute la piscine d'entreposage commune du site avec 6 375assemblages.

La BBC a diffusé un reportage remarquable sur l'accident qui peut être visualisé ici en anglais.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire utilise le mot 'incident' pour décrire ce qui s'est passé à Fukushima. Pour Areva aussi, il n'y a eu qu'un incident à Fukushima... Un ACROnaute nous a envoyé par mail un scan du programme 25ième congrès de radioprotection organisé par l'ATSR les 10-11-12 octobre à Orléans : l'IRSN y a fait une présentation intitulée "Conséquence incident FUKUSHIMA"... Sans s à conséquence.
Ce serait bien que tous ces gens expliquent ce qu'est un accident nucléaire si Fukushima n'est qu'un incident.

3 des 4 réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ni (n°2) ont failli suivre ceux de daï-ichi sans une source de courant encore disponible pas trop loin. Heureusement qu'il y avait 2 000 personnes sur le site de la centrale. Cela a permis de tirer un câble sur 9 km. La nuit ou le week-end, avec seulement 400 personnes présentes, cela n'aurait peut-être pas été possible.

Si la centrale d'Onagawa a pu être sauvée, c'est grâce à l'obstination d'un homme, Yanosuke Hirai, qui a obtenu que la digue de protection contre les tsunami fasse 14,8 m. Sa conviction était basée sur l'étude du passé et du tsunami de 869, alors que la plupart de ses collègues se seraient contentés d'une digue de 12 m. Le tsunami du 11 mars 2011 a atteint une hauteur de 13 m... Comme un tsunami provoque d'abord un retrait de la mer, il s'était aussi assuré que la prise d'eau ne serait pas asséchée.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, l'IRSN a mis en ligne une vidéo sur la catastrophe de Fukushima.

Lundi 18 mars, le système de refroidissement des piscines de combustible usé est tombé en panne suite à une coupure de courant vers 19h. TEPCo ne trouve pas l'origine et a mis 3 heures à faire l'annonce. Il y a aussi eu une coupure électrique dans le centre de crise, mais le courant a pu y être rapidement rétabli. Ce n'est pas le cas pour les piscines des réacteurs 1, 3 et 4 qui ne sont plus refroidies.Il y a plus de 2 000 assemblages dans ces piscines.
Le système de traitement de l'eau contaminé est aussi arrêté, ainsi que le refroidissement de la piscine commune avec 6 377 assemblages. Le système de refroidissement des coeurs de réacteurs fondus ne semble pas affecté.
Les piscines peuvent tenir plusieurs jours sans refroidissement, mais si une telle panne arrivait sur le système de refroidissement des coriums (combustibles fondus), ce serait beaucoup plus grave : les cuves étant percées, l'eau partirait assez rapidement et les rejets radioactifs massifs pourraient reprendre.

Mardi 19 mars, retour sur la panne de courant de la veille qui a entraîné l'arrêt du refroidissement des piscines des réacteus 1, 3 et 4, ainsi que de la piscine commune, de la station de traitement des eaux contaminées à partir de 18h57, le 18 mars.
L'injection d'azote, qui doit empêcher toute nouvelle explosion hydrogène, est maintenue, mais une des deux installations de fourniture d'azote a été suspendue.
TEPCo a réussi à rétablir progressivement la situation au cours de la journée. Le système primaire de refroidissement de la piscine n°4 fonctionne depuis 13h20. Le deuxième circuit est reparti à 16h13 grâce à un générateur diesel. Depuis 18h48, il est alimenté par le réseau électrique normal.
A 14h20, les deux circuits de refroidissement de la piscine du réacteur n°1 sont repartis. Pour ceux de la piscine du réacteur n°3, il a fallu attendre 22h43.
Pour la piscine commune, TEPCO a d'abord annoncé le 20 mars, vers 8h. Mais, finalement, le refroidissement a été rétabli à 0h12 le 20 mars. La température de la piscine était de 31,8°C.
Il aura fallu 29 heures et 50 personnes pour rétablir le refroidissement des piscines ! Trois tableaux électriques auraient cessé de fonctionner.
La température de la piscine n°4 était de 25°C avant la panne et de 30,5°C à 10h, puis 31,6°C à 13h. Elle pourrait monter à 65°C en 4 jours.
TEPCo ne semble pas connaître l'origine de la panne, ce qui n'est pas très rassurant.
Les résidents locaux sont choqués que la compagnie ait mis 3 heures à informer le public. Combien de temps faudra-t-il de temps en cas de rejets plus massifs que les rejets continus actuels ? Cet incident a ravivé les plaies de la catastrophe et inquiète beaucoup. Pourront-ils rentrer un jour ?
Voir le dernier communiqué laconique de TEPCo sur le sujet. L'AIEA n'est pas plus locace.

Mercredi 20 mars, TEPCo est en train de chercher pourquoi trois tableaux électriques sont tombés en panne et entraîné l'arrêt de 9 installations. Elle a des doutes sur un panneau situé sur un camion. Un ouvrier a trouvé de la suie sur les parois du local d'un des panneaux. Les pompiers de Futaba sont venus et ont indiqué qu'il n'y a pas eu d'incendie. Communiqué de TEPCo en anglais et photos avec légendes en japonais (16h30) et en anglais.
La compagnie soupçonne qu'une souris a créé un court-circuit. (Photo de la souris ou ce qu'il en reste...)

Jeudi 21 mars, le rat ou la souris qui a provoqué la panne électrique a choqué : comment TEPCo a-t-elle pu se reposer sur un système aussi fragile pour maintenir des fonctions aussi cruciales que le refroidissement de son installation ? Comment, le court-circuit provoqué par le pauvre animal a-t-il pu faire disjoncter un autre circuit alors qu'ils auraient dû indépendants l'un de l'autre ? Ils ont été temporairement inter-connectés pendant des travaux de maintenance. Est-ce permis ?
Pourquoi les animaux peuvent-ils pénétrer et provoquer des courts-circuits ?
Pourquoi TEPCo n'a pas installé des systèmes redondants pour faire face à des pannes ? Pourquoi cela n'a pas été imposé par les autorités ? Comment la compagnie compte-t-elle exploiter sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa sans avoir tiré les leçons de la catastrophe en cours ni amélioré sa culture de sûreté ?

"Tout va très bien,
Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien
Pourtant il faut,
Il faut que l'on vous dise,
On déplore un tout petit rien,
Un incident,
Une bêtise,
La mort d'une souris grise.
Mais à part ça,
Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien"

Lundi 25 mars, TEPCo a confirmé, dans un rapport, que le rat est bien à l'origine du court-circuit qui a provoqué une panne de 29 heures. Une photo du rat kamikaze est en ligne, ainsi que le rapport en japonais.

Mercredi 27 mars, la Société Japonaise pour l'Energie Nucléaire a publié un rapport d'étape sur la catastrophe. Le rapport définitif est pour décembre prochain. D'après les médias, il n'y aurait rien de neuf dans ce rapport, qui souligne le manque de préparation de TEPCo face à la catastrophe.
Par ailleurs, le rapport mentionne une enquête interne auprès de 289 membres qui a montré qu'une partie d'entre eux pensent avoir été trop arrogants et trop sûrs d'eux. Ils reconnaissent qu'il est difficile de contredire l'industrie nucléaire.

Jeudi 28 mars, la NRA, qui est la nouvelle autorité de sûreté, va mener sa propre investigation sur la catastrophe en cours afin de tenter de répondre aux nombreuses questions restées sans réponse. L'Autorité est consciente que cela prendra des décennies.

Vendredi 29 mars, TEPCo teste des robots décontamineurs et a mis en ligne des vidéos.

TEPCo a mis en ligne 113 vidéos d'enregistrements des visioconférences des premiers jours de la catastrophe.

Mercredi 3 avril, fausse alerte sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi : à 15h55, une balise qui mesure la radioactivité des poussières sur les filtres sonne l'alarme près du poste de garde principal de la centrale. L'ordre a été donné d'enfiler un masque intégral. Aucune autre anomalie n'a été trouvée. D'autres mesures sont venues confirmer qu'il s'agissait d'une panne de la balise. L'ordre de porter un masque intégral a été levé à 20h10. Photo.

Trois directeurs de TEPCo vont voir leur salaire baissé de 5% à cause de la panne de courant du mois dernier. Il s'agit du Président Naomi Hirosé, du Vice-Président Zengo Aïzawa et du "Managing Executive Officer" Akio Komori. Quatre autres directeurs ont été réprimandés, dont celui en charge des relations publiques. Communiqué de TEPCo.

Vendredi 5 avril, le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°3 s'est brusquement arrêté. Une alarme a retenti à 14 h 27 et TEPCo a constaté l'arrêt. La température de l'eau était de 15,1°C à 14h. Le système est reparti à 17h20. Communiqué de TEPCo.
Une fourmi ?

Samedi 6 avril, la panne d'électricité de la veille aurait été causée par l'installation de grilles métalliques pour prévenir l'intrustion de rongeurs dans les armoires électriques... C'est lors de l'installation d'une de ces grilles qu'il y a eu une panne électrique. TEPCo aurait dû arrêter le système avant d'installer la grille pour éviter tout problème, mais elle ne l'a pas fait... Des explications en japonais et une photo de la grille anti-intrusion sont ici. Lien en anglais à venir.
Décidément, ce petit rat est une véritable menace !

Dimanche 7 avril, les évènements des dernières semaines sont révélateurs de la situation à la centrale : un simple court-circuit provoqué par un rongeur peut arrêter 9 systèmes sur le site. Deux réseaux électriques étaient inter-connectés alors qu'ils n'auraient pas dû et il n'y avait pas de circuit de secours. La compagnie avait mis trois heures pour alerter.
Dans le cas des fuites, c'est encore plus grave : TEPCo a mis plus de deux jours avant d'alerter. Sans la fuite du réservoir n°2, aurait-elle découvert celle du n°3 ? Qu'en est-il du troisième réservoir qui contient de l'eau contaminée ? Et elle n'envisage pas de vider le réservoir n°3 qui fuit car elle n'en a pas les moyens. Rappelons qu'il y a 7 réservoirs identiques, dont 3 avec de l'eau, et que TEPCo est en train de vider le réservoir n°2 vers le 1 et le 6. Ne vont-ils pas se mettre à fuire aussi ? Quelle garantie la compagnie a-t-elle apportée ?
Elle construit des réservoirs et installe des cuves à la va-vite, tout en étant juste à la limite. Si de nombreuses cuves se mettaient à fuir, suite à un séisme par exemple, la compagnie n'a pas de solution de secours. Cela entraînerait une fuite majeur.
Et c'est cette même compagnie qui veut continuer à exploiter des centrales nucléaires : elle compte redémarrer les réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa à Niigata et n'a pas renoncé à ceux de Fukushima daï-ni, ni même aux n°5 et 6 de Fukushima daï-ichi !
La gravité de la situation pour les 4 réacteurs détruits semble dépasser complètement les capacités de TEPCo. Est-ce bien raisonnable de la laisser gérer seule la situation ?
TEPCo a créé une cellule de crise pour améliorer la sûreté. Est-ce que ce sera suffisant ?

Dimanche 14 avril, un séisme d'une magnitude de 5,2 a secoué la région de la centrale de Fukushima à 22h25. TEPCo annonce qu'aucune anomalie n'a été constatée.

Samedi 20 avril, Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN, sur France-Inter, dans l'émission le "téléphone sonne" du 17 avril :
- Après son désormais célèbre "imaginer l'inimaginable", il ajoute (7'33) : « Quand les accidents comme cela se produisent, c’est forcément une conjonction tout à fait extraordinaire et peu prévisible de différents facteurs indépendants les uns des autres. Un tsunami + un séisme + une centrale qui avait vieilli prématurément, qui n’avait pas mise à l’état de l’art, tout ça ensemble a créé l’accident. »
Un tsunami n'est pas inimaginable au Japon ! C'est même un mot japonais. Tout comme les séismes, qui ne sont pas des évènements "peu prévisibles". Et puis, un séisme et un tsunami ne sont pas des facteurs indépendants les uns des autres. La centrale de Fukushima était vieille, mais pas "vieillie prématurément".
Et d'ajouter, vers 12'30 : "qu'il y aura un faible impact sanitaire". L'évacuation a fait près de 800 décès prématurés (chiffre officiel). C'est moins que le tsunami (19 000 décès), mais ce n'est pas faible.
Si l'on a besoin de changer la réalité, c'est que l'on a quelque chose de pas très reluisant à cacher...
-  Pierre Franck Chevet, président de l'ASN explique, quant à lui, à propos des niveaux d'accident nucléaire (33'50) : "Tchernobyl 7, Fukushima 6". Fukushima c'est 7. Ce devrait même être un triple, voire un quadruple 7 (un par réacteur) !
Bon, l'accident est possible en France, cela a été rappelé et répété.
Répéré par P. Fetet.

Lundi 22 avril, l'AIEA a rendu ses conclusions aux autorités japonaises et tenu une conférence de presse. Le communiqué lénifiant est ici en anglais. La presse française, qui reprend l'AFP, et la presse japonaise n'ont pas retenu la même chose. Pour la presse française, « l’eau accumulée sur le site est le plus gros problème (...) il faut une stratégie complète nouvelle pour gérer cette énorme quantité. Il faut renforcer le contrôle des risques de fuites ». Et d'ajouter que « Tepco doit poursuivre ses efforts pour améliorer la fiabilité des systèmes essentiels, pour évaluer l’intégrité des installations et pour élever la protection vis-à-vis des risques extérieurs ». Bref, que des évidences. Pas besoin d'être un expert de l'AIEA pour savoir cela.
La presse japonaise a plutôt retenu qu'« il sera presque impossible de garantir le temps du démantèlement d’une installation si complexe en moins de 30 ou 40 ans, comme cela est actuellement défini dans la feuille de route ». Un autre évidence qui mérite d'être rappelée.

Jeudi 2 mai, la NRA va étudier les dégâts causé par le séisme lors de la catastrophe de Fukushima. Ce sujet est très polémique et les conclusions peuvent avoir un impact énorme sur le reste du parc nucléaire. Elle veut aussi compléter les enquêtes indépendantes sur l'accident qui ont laissé de nombreuses questions en suspend.

Mardi 14 mai, selon simplyinfo.org, une compagnie israélienne, Magna BSP, a installé des caméras de surveillance sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi en 2010 pour la protéger contre les intrusions de personnes malveillantes. Selon la compagnie, ce système aurait dû résister aux séismes et tsunami. Après les explosions hydrogène, peut-être pas. Il est équipé de batteries de secours. Simplyinfo montre des photos du site accidenté où l'on voit des caméras de surveillance.
Où sont les images ? TEPCo ne les a jamais mentionnées. Il se pourrait même que les caméras thermiques soient sensibles à la radioactivité, selon le patron de la compagnie.

Jeudi 30 mai, la NRA va aller inspecter le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima daï-ichi pour voir si le séisme a déjà sévèrement endommagé le réacteur. Ils vont aller en particulier au 3ième étage (4ième niveau) où des fuites auraient été observées pour vérifier si c'est dû à un système de refroidissement ou, comme l'affirme TEPCo, de la piscine de combustibles usés. Mais le niveau de dose est tel que les 5 inspecteurs ne pourront pas rester plus de 10 minutes.

Samedi 8 juin, TEPCo a fini de réparer le système de refroidissement de sa centrale de Fukushima daï-ni (la n°2, située à 12 km de daï-ichi). Des photos avec explications en japonais sont ici. Et ici en anglais.

Mardi 11 juin, TEPCo a publié une nouvelle version de sa feuille de route qui prévoit le retrait du corium (combustible fondu) à partir de 2020 pour les réacteurs 1 et 2, et 2021 pour le 3. C'est 18 mois plus tôt que pour la précédente feuille de route. On ne sait pas encore quel jour...
Ces travaux pourraient ne commencer qu'en 2022 en fonction de la méthode applicable. Comme personne ne peut dire où sont ces coriums, ces prévisions sont à prendre avec recul.

Mardi 18 juin, la NRA est allée inspecter le réacteur n°1 de Fukushima daï-ichi pour voir si le séisme seul a endommagé un système de refroidissement de secours qui peut fonctionner sans électricité. Selon ses premières conclusions, il est peu probable que ce soit dû au séisme. Une telle hypothèse avait été avancée par la commission d'enquête parlementaire.

Lundi 24 juin, un travailleur sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi livre un témoignage très pertinent qui change de la communication lissée de TEPCo. A lire ici en anglais. Pour lui, les fuites à répétition ne sont pas une surprise car tout a été construit à la va-vite avec du matériel provisoir qui a une durée de vie limitée, parfois de l'ordre d'un an. Certaines entreprises sous-traitantes auraient même fait ajouter "sans garantie" dans leur contrat.
Par ailleurs, TEPCo qui est en faillite, rogne sur tous les budgets et choisit des matériaux bon marché, mais peu robustes.
Il dénonce aussi l'approche administrative avec des budgets qui doivent être dépensés avant la fin de l'année fiscale, quitte à bâcler le travail. Pourquoi une catastrophe nucléaire d'une telle ampleur doit être gérée de cette façon ?
Il confirme aussi qu'il est de plus en plus difficile de trouver de la main d'oeuvre. Avec les nombreux niveau de sous-traitance qui prélèvent leur part, les salaires sont bas et les travailleurs qui viennent de loin pour l'appât du gain, découvrent vite qu'on est mieux payé à décontaminer et que c'est moins risqué.
Quant aux travailleurs spécialisés qui viennent des autres centrales, ils ne seront plus disponibles s'il y a un redémarrage du parc nucléaire. Et ceux de Fukushima sont proches ou ont dépassé la limite de dose.

Dans une interview, un travailleur du site de la centrale de Fukushima daï-ichi mentionne le réacteur n°4 où le problème n°1 est la piscine de combustibles irradiés. Mais il y a une autre piscine avec des pièces très irradiantes. Le réacteur était à l'arrêt le 11 mars 2011 et ouvert. Certaines pièces y ont été placées pour réduire le débit de dose, l'eau servant d'écran. Cette piscine tiendra-t-elle ? Quand il a été décidé de retirer les combustibles usés, il a aussi été envisagé de retirer les pièces très irradiantes de l'autre piscine. Mais cela a été abandonné à cause du coût.
Et d'ajouter que l'état du réacteur n°2 reste un mystère. Y-a-t'il eu explosion hydrogène ou pas ? Y-a-t'il eu fusion du coeur avec percement de la cuve comme pour le 1 et 3 ? Si ce n'est pas le cas, comment expliquer les rejets massifs de radioéléments ? Plus massifs que pour les réacteurs 1 et 3 ?

Mercredi 3 juillet, pour l'AIEA, l'accident de Fukushima pourrait donner des idées aux terroristes. Et pour cela, il suffit de couper l'alimentation électrique durant une période prolongée. Pas si difficile...

Jeudi 4 juillet, un rat aurait créé un court-cicuit à Fukushima daï-ni. Décidément !

Jeudi 18 juillet, selon une étude, 94% des Japonais pensent que la centrale de Fukushima daï-ichi n'est pas encore sous contrôle. Et 57% d'entre eux pensent qu'un nouvel accident nucléaire grave est probable. 23% en sont même sûr si les réacteurs sont remis en route.

Mercredi 24 juillet, TEPCo a mis en ligne une nouvelle carte de la centrale avec quelques débits de dose. Evidemment, plus on s'approche des réacteurs, plus c'est "chaud". Mais il y a quelques points chauds beaucoup plus loin, dont un à 400 microsieverts par heure.
Plus près des réacteurs, il y a une autre carte avec les valeurs plus anciennes à titre de comparaison.

Mardi 30 juillet, TEPCo a mis en ligne un rapport en anglais de 28 pages présentant les progrès réalisés et les réformes engagées pour ses trois centrales. Pas lu...

Jeudi 1er août, le Japon vient de mettre en place un institut de recherche international consacré au démantèlement. Des organismes publics et l'industrie nucléaire en sont membres. Une des priorités sera le démantèlement des réacteurs accidentés.

Mercredi 14 août, la NRA a approuvé le plan de démantèlement des réacteurs 1 à 4 de Fukushima daï-ichi présenté par TEPCo avec 5 mois de retard. Les travaux devraient durer 40 ans. L'Agence a insisté pour que TEPCo dévoue plus de moyens à stopper les fuites vers la mer. Le plan est accessible en japonais à partir de ce communiqué par exemple. Il fait 3 695 pages.

Vendredi 16 août, selon l'agence Bloomberg, TEPCo a envoyé une équipe d'ingénieurs sur le site nucléaire de Hanford dans l'Etat de Washington aux Etats-Unis, un des plus pollués de la planète. C'est là qu'a été fabriqué le plutonium pour la bombe larguée sur Nagasaki. TEPCo semble intéressée par la technologie de type sarcophage en béton qui a été utilisée à Hanford.
Mais six de ses réservoirs souterrains, qui contiennent des déchets liquides au plutonium, fuient dans la quasi-indifférence.
Les autorités américaines ont déjà dépensé 16 milliards de dollars (12 milliards d'euros) pour tenter de nettoyer le site. Elles renoncent pour le moment à démanteler complètement les 9 réacteurs et ont enveloppé la partie la plus contaminée dans un "cocon" de béton pendant 75 ans. La radioactivité décroit lentement pendant ce temps et les générations futures décideront de la suite. Cette méthode coûte moins chère que le démantèlement immédiat et intéresse donc TEPCo.
La grande différence est qu'à Hanford, ils ont dû retirer le combustible usé, alors que ce n'est pas possible à Fukushima, puisqu'il a fondu...

Mardi 10 septembre, l'AEN, l'Agence pour l'Energie Nucléaire de l'OCDE, a publié un rapport sur l'accident de Fukushima. Pas lu.

Mercredi 11 septembre, deux ans et demi plus tard, la gestion de la catastrophe par TEPCo n'est pas satisfaisante, tout le monde en convient. Ces derniers temps, le gouvernement a même tiré à boulets rouges sur la compagnie, dont il est pourtant actionnaire majoritaire. Il a débloqué une forte somme pour prendre à sa charge une partie du problème de l'eau contaminée. Un nouvel Institut de Recherche sur le Démantèlement va prendre en charge tous les coûts liés à la R&D. Mais l'organisation des tâches n'est pas changée. C'est toujours TEPCo qui a la charge de la gestion des réacteurs accidentés qui restent très menaçants. Pourquoi ? Un intéressant article de Reuters tente de répondre.
Certaines personnes, comme le gouverneur de Niigata par exemple, pensent qu'il faut arrêter d'injecter de l'argent public dans TEPCo et la laisser faire faillite. Le travail de démantèlement pourrait être alors pris en charge directement par une agence gouvernementale. Mais les répercussions sur les marchés financiers seraient telles que les autorités n'osent pas. Les banques, à la fois actionnaires et qui ont prêté de grosses sommes à la compagnie, seraient secouées. TEPCo est trop grosse pour faire faillite... et le gouvernement continue à injecter continuellement de l'argent public. Il a investi 1 000 milliards de yens (8 milliards d'euros) l'an dernier et a ouvert une ligne de crédit de 5 000 milliards de yens (40 milliards d'euros) pour avancer l'argent des indemnisations. Cela ne suffira pas car il y a aussi la décontamination et le démantèlement des réacteurs. Et ce n'est pas fini car la compagnie perd de l'argent. Il en faudra au moins deux fois plus.
Et puis, si le gouvernement prend directement en charge la gestion des conséquences de la catastrophe, c'est lui qui essuiera toutes le critiques. Plus possible de taper sur TEPCo pour se protéger.
TEPCo a été créée en 1951, après la privatisation du secteur de l'électricité. En situation de monopole à Tôkyô, l’une des plus grandes mégapoles de la planète, elle faisait partie des premières compagnies mondiales d'électricité. Avec son énorme budget publicitaire et sa contribution au Keidanren, la puissante fédération patronale japonaise, elle incarnait la puissance, la richesse et occupait une place enviable au Japon. Elle n’a pas hésité à falsifier des rapports de sûreté, se sentant intouchable. Cela n'a, malheureusement, pas beaucoup changé.

Mardi 17 septembre, TEPCo propose un nouveau vidéo tour en anglais de 20 minute de la centrale. Il reprend toute l'histoire depuis le début.

Vendredi 20 septembre, des étudiants ont fait des vidéos pédagogiques pour expliquer le contenu du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur l'accident nucléaire. Elles sont ici en japonais. Elles ont été validées par le président de la commission.

Jeudi 26 septembre, la NRA va, avec l'aide de l'AIEA, mettre en place un site Internet destiné à informer la communauté internationale sur la catastrophe de Fukushima afin de la rassurer. Est-ce vraiment son rôle ?

Vendredi 25 octobre, un séisme d'une magnitude de 7,1 a eu lieu au large de Fukushima. Une alerte au tsunami a entraîné une mise à l'abri des personnes à la centrale. Heureusement, la vague a fait moins d'un mètre. Selon la compagnie d'électricité du Tôhoku, elle avait 55 cm de haut à la centrale d'Onagawa.

Samedi 26 octobre, l'IRID, l'Institut de Recherche International sur le Démantèlement nucléaire, avait lancé un appel d'offre et a reçu des offres de 779 compagnies et individus. 30% viennent de l'étranger.
Parmi les suggestions, il y a celles de SimplyInfo.

Lundi 28 octobre, le président de l'autorité de sûreté, la NRA, a reçu le PDG de TEPCo. Il a demandé à TEPCo d'améliorer la sûreté à Fukushima daï-ichi. Avec la reprise des combustibles irradiés de la piscine du réacteur n°4, les incidents pourraient avoir des conséquences plus graves. TEPCo a reconnu qu'elle avait des difficultés à trouver de la main d'oeuvre qualifiée, qu'il y avait des problèmes de communication à cause des équipements de protection, et que certaines tâches étaient inhabituelles. Elle s'est engagée à améliorer les choses. Pouvait-elle dire autre chose ?

Mardi 29 octobre, sous un titre trompeur, un article de Newsweek traduit en français par Slate, raconte les hésitations des autorités américaines au début de la catastrophe alors que des milliers d'Américains vivent au Japon où il y a des bases militaires. Fallait-il évacuer ces gens ou pas ? Quel est le scénario du pire ? Les estimations divergeaient.
Des estimations simplistes, mais rapides, qui sont forcément enveloppe pour protéger les populations, estimaient qu'en cas de fusion de la piscine du réacteur n°4, le débit de dose à Yokosuka, de l'autre côté de Tôkyô, où il y a une importante base navale américaine, dépasserait les normes en vigueur aux Etats-Unis. Le premier Ministre japonais a aussi eu, la première semaine, un scénario du pire similaire. Il a été décidé de ne pas évacuer préventivement les bases américaines, pour des raisons géostratégiques, mais d'aider les citoyens américains qui demandaient à partir. Rappelons que les Etats-Unis avaient demandé à leur concitoyens d'évacuer dans un rayon de 80 km autour de la centrale alors que le gouvernement japonais avait fixé de 20 à 30 km à distance d'évacuation.
Puis des calculs beaucoup plus sophistiqués faits à Livermore ont montré, dans les derniers jours de mars, alors que le pire avait été évité, qu'il n'aurait pas été nécessaire d'évacuer Tôkyô, même en cas de rejets beaucoup plus massifs. Au Japon aussi, les estimations du pire ont été rafinées : un incendie de la piscine du réacteur n°4 aurait provoqué une évacuation forcée jusqu'à 170 km et une évacuation volontaire jusqu'à 250 km.
L'article critique finalement les autres journaux qui favorisent les scénarios exagérés même s'ils ne sont pas fondés.

Mercredi 30 octobre, j'ai déjà signalé des vidéos pédagogiques des principales conclusions de la commission d'enquête parlementaire. Elles sont aussi disponibles en anglais maintenant.

Vendredi 1er novembre 2013, TEPCo a présenté un bilan des actions engagées pour faire face à la catastrophe et ses plans pour le futur. Cela fait 29 pages et c'est en anglais.
Dans un communiqué de presse, elle vante aussi les progrès effectués.

Vendredi 8 novembre, des images de la centrale prise lors du voyage de presse organisé par TEPCo. A voir sur CNN.

-> Les résultats de mesure de la radioactivité faits par TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.


Gestion de l'eau contaminée

TEPCo injecte continuellement de l'eau dans les cuves des trois réacteurs accidentés. Au contact du combustible fondu, elle se contamine fortement, s'inflitre dans les sous-sols par les fissures, où elle s'accumule et menace de déborder dans la mer. Une partie de cette eau est pompée et partiellement décontaminée (le strontium reste), avant d'être réinjectée. Il est officiellement question de "circuit fermé". Mais, entre 300 et 500 m3 d'eau souterraine s'ajoutent quotidiennement et TEPCo ne sait pas comment faire face aux volumes d'eau qui ne cessent d'augmenter. Elle espère mettre au point un meilleur système de décontamination pour pouvoir la rejeter en mer.

Vendredi 29 mars 2013, la fin de l'année fiscale et administrative approchant, c'est l'heure des bilans. En ce qui concerne l'eau contaminée qui continue à s'accumuler au rythme de 400 m3 par jour, TEPCo a mis plusieurs documents en ligne :
- son plan d'installation de nouvelles cuves de stockage (en japonais). Une nouvelle zone est en cours d'aménagement pour les mettre.
- les progrès réalisés dans les travaux de génie civil destinés à dévier l'eau souterraine qui pénètre dans les bâtiments réacteur (en anglais). 12 pompes sont en cours d'installation en amont des réacteurs 1 à 4. Cette eau sera, in fine, rejetée en mer. Mais comme il y a un risque certain que l'eau accumulée dans les sous-sols des bâtiments réacteur, qui est très contaminée, s'infiltre dans la nappe et contamine tout, TEPCo prévoit d'analyser cette eau et de l'entreposer dans des cuves tampon avant rejet.
Pour le moment, l'eau pompée dans les 12 puits n'est pas contaminée : moins de 1 Bq/L pour le césium. Des analyses ont aussi été faites par un laboratoire tiers. Il y a une contamination en tritium, très mobile, qui varie de 9 à 450 Bq/L. C'est beaucoup moins que l'autorisation de rejet (avant accident) qui est de 60 000 Bq/L. On retrouve aussi une partie de ce tritium dans l'eau de mer proche, ce qui prouve que les fuites continuent.
- une présentation de son installation de traitement des eaux contaminées avant rejet en mer (en anglais), qui s'appelle Alps. L'installation actuelle ne retire qu'une partie du césium. Le document mis en ligne contient des photos. TEPCo annonce que les tests sont concluants : la contamination résiduelle est inférieure aux objectifs pour 62 radio-éléments. Le tritium ne sera pas retiré. Ni le carbone 14 ou le chlore 36 qui sont des émetteurs bêta purs (si on ne les cherche pas, on ne les voit pas). Le tritium et le carbone 14 sont massivement rejetés par les installations nucléaires.
Le document présente les activités avant et les objectifs après traitement pour les 62 radio-éléments testés. C'est le strontium qui domine avec 122 millions de becquerels par litre avant traitement. Un test de la station va commencer ce week-end, pour vérifier si les performances sont stables. Lors de ce test, 250 m3 (ou tonnes) seront traités quotidiennement. TEPCo espère passer à 500 m3 par jour ensuite.

Mercredi 3 avril, TEPCo a mis en ligne une présentation succinte de la barrière souterraine qu'elle installe pour arrêter les infiltrations officiellement inexistantes des nappes phréatiques vers la mer. La première plaque vient d'être installée, mais il y a encore pour un an de travaux.

Jeudi 4 avril, la nouvelle station de traitement de l'eau contaminée, Alps, en cours de test, s'est arrêtée à 5h23. Comme aucun problème n'a été détecté, le traitement de l'eau restante dans le système a repris à 6h33. Cela devrait durer jusqu'à 17h. Ce serait dû à une erreur d'un opérateur qui n'a pas appuyé sur le bon bouton ! Voir les photos des écrans de contrôle en japonais et en anglais.

Vendredi 5 avril, dans la nuit de vendredi à samedi, TEPCo a annoncé avoir découvert une fuite sur une cuve enterrée. A suivre.

Samedi 6 avril, comme annoncé la veille, un réservoir enterré fuit. TEPCo avait découvert une contamination anormale en strontium et autres radioéléments dès mercredi 3 avril, mais s'est bien gardée de le signaler. C'est finalement au milieu de la nuit de vendredi à samedi qu'elle a convoqué une conférence de presse pour annoncer la fuite. En espérant que les journalistes seront partis en week-end ?
TEPCO a estimé à 120 tonnes (ou m3) la quantité d'eau radioactive qui a fui, en se basant sur la variation de niveau dans le réservoir.
La compagnie a commencé à pomper l'eau de la cuve dans le réservoir n°1 adjacent, à l'aide d'une seule pompe à partir de 5h43. Trois autres pompes ont été installées à partir de 9h38 (communiqué) et arrêtées à 12h07 (communiqué). Une quatrième pompe est ajoutée et elles repartiront à 12h57 (communiqué). Le flux était de 100 tonnes par heure. A ce rythme, TEPCo en a pour au moins 5 jours à vider le réservoir n°2 qui contenait 13 000 tonnes (ou m3) d'eau contaminée. Et, pendant ce temps, cela continue à fuir... 47 tonnes supplémentaires pourraient fuir. Il s'agit donc de la fuite la plus importante depuis que le gouvernement ait annoncé "l'arrêt à froid" en décembre 2011.
Pour accélérer le processus, TEPCo a installé cinq pompes supplémentaires durant la journée de samedi 6 avril qui envoient aussi l'eau dans le réservoir n°6. Elle espère ainsi finir en 3 jours. (Communiqué où TEPCo explique pomper du 1 vers le 2, c'est à dire à l'envers !).
Des photos prises lors de l'installation du réservoir et des explications en japonais sont ici. Lien en anglais à venir.
La "réservoir", fait 60 m de long, 53 m de large et 6 m de profondeur. Il s'agit plutôt d'un grand trou avec une couche d'argile de 6,4 mm et deux couches de polyéthylène.
TEPCo estime qu'il y a 710 milliards de becquerels (710 GBq) qui ont déjà fui à travers les joints. Ce serait majoritairement du strontium, très radiotoxique. C'est environ 3 fois la limite annuelle de rejet pour toute la centrale (6 réacteurs). La nappe phréatique est contaminée. La mer, à 800 m, ne serait pas atteinte.
Mercredi 3 avril, TEPCo a mesuré 20 000 Bq/L dans de l'eau pompée dans la nappe à proximité du réservoir n°2, alors qu'il n'y avait rien les jours précédents. Le lendemain, il y avait 35 000 Bq/L. A 15h, vendredi 5 avril, un prélèvement d'eau a été fait entre le liner et l'argile et le résultat était connu à 22h : 6 millions de becquerels par litre ! Voir le 1er communiqué et 3ième communiqué en anglais.
Il y aurait 290 millions de becquerels par litre dans l'eau des réservoirs.
Samedi, l'eau de la nappe prélevée à proximité du réservoir n°3 est aussi contaminée : 110 Bq/L. TEPCo prétend que la contamination vient de la fuite du réservoir n°2. Le n°3 contient 11 000 tonnes (ou m3) d'eau contaminée.
Il y a 7 réservoirs comme celui-ci. Et de nombreuses autres cuves en surface. Comme TEPCo est à la limite en terme de capacités de stockage de l'eau contaminée, la perte de cette cuve, d'une capacité totale de 14 000 tonnes, rend la situation tendue et la compagnie va devoir accélérer l'installation d'autres cuves. Les capacités de stockage sont actuellement de 325 300 tonnes et il y a 271 800 tonnes d'eau contaminée.
Le stock total augmente toujours de 400 tonnes par jour. En cas de problèmes sur plusieurs cuves ou réservoirs, suite à un séisme par exemple, TEPCo ne pourrait pas faire face.

Dimanche 7 avril, TEPCo a découvert une deuxième fuite, mais bien moindre au niveau du réservoir n°3. De nouvelles données de contamination en bêta total sont en ligne ici en anglais. Il faut multiplier par 1 000 pour avoir des Bq/L. La contamination bêta est de 6,9 millions de Bq/l dans un trou de contrôle au nord du réservoir n°2. Il y a 110 Bq/L près du réservoir n°3 et 69 Bq/l près du 1.
Plus tard, TEPCo publie une autre mesure sur un échantillon prélevé à 3h45 au Sud Ouest du réservoir n°3, entre le liner du fond et la couche d'argile : 2,2 millions de becquerels par litre en bêta total ! La contamination vient bien de ce réservoir et pas du voisin.
TEPCo n'avait pas encore évalué la quantité d'eau qui a fui du réservoir n°3 en vérifiant la variation de volume, quand elle a fait ses annonces, mais elle prétend que c'est faible. Plus tard, dans la soirée, elle a prétendu que 3 litres auraient fui du réservoir n°3.
Il y a 10 000 tonnes (ou m3) d'eau dans ce réservoir et TEPCo n'a pas l'intention de le vider comme elle le fait pour le n°2.
Les pêcheurs de la région sont très inquiets.

Lundi 8 avril, toujours à propos des fuites : TEPCo va finalement pomper 2 000 tonnes (ou m3) du réservoir n°3 car elle suppute que la fuite est dans la partie haute. Le réservoir contient 10 000 tonnes. TEPCo a suspendu temporairement le pompage du réservoir n°2, qui fuit, vers le réservoir n°1 rempli maintenant à 57% (communiqué en anglais). Le pompage vers le 6 se poursuit.
Elle espère avoir fini de vider le réservoir n°2 mercredi 10 avril. Pour le réservoir n°3, les opérations de pompage vont durer jusqu'à vendredi 12 avril. La compagnie compte le laisser rempli à 80% de ses capacités. Elle a aussi promis d'accélerer l'installation de cuves métalliques.
TEPCo va aussi renforcer sa surveillance en faisant 2 prélèvements par jour dans les 24 puits de contrôle situés autour des réservoirs enterrés. Les données du jour sont ici en anglais.
La compagnie suspecte une mauvaise installation du... détecteur de fuite entre les deux couches de polyéthylène. La soudure n'aurait pas été bien faite à cet endroit. L'ouverture a pu s'élargir sous le poids de l'eau. Et donc, ce problème pourrait être générique et affecter les 7 réservoirs enterrés. Mais TEPCo ne peut pas s'en passer pour le moment car leur volume total est de 58 000 m3.
Sur sa page photos et vidéos, n'a rien d'autre à mettre qu'une vidéo de la visite du ministre des affaires étrangères...

Mais pour des experts, TEPCo pourrait avoir largement sous-estimé l'ampleur de la fuite. Pour estimer la quantité qui a fuit, TEPCo s'est basée sur la contamination de l'eau piégée entre le liner et l'argile et a obtenu 710 milliards de becquerels (710 GBq). Mais si TEPCo avait utilisé la concentration de l'eau contenue dans le réservoir, elle aurait abouti à 35 000 milliards de becquerels (35 TBq), soit 50 fois plus. Personne ne comprend pourquoi a pris comme référence cette eau diluée pour estimer l'ampleur de la fuite. Et si de l'eau souterraine a pénétré dans le réservoir, ce sont que les 120 tonnes annoncées qui auraient fui.

Mardi 9 avril, un troisième réservoir fuit ! Il s'agit du réservoir n°1 qui reçoit les eaux contaminées du réservoir n°2 où il y a une grosse fuite.
TEPCo a fait des analyses de la concentration en chloride dans l'équipement de détection des fuites situé au Nord-Est du bassin : elle est passée de 4 ppm à 910 ppm (à 8h35), puis 1 100 ppm (à 13h40), ce qui signe une fuite. L'eau y est aussi très radioactive : 10 millions de becquerels par litre en bêta total pour le prélèvement de 8h35 et 15 millions de becquerels par litre en bêta total pour le prélèvement de 13h40. Ce doit être essentiellement du strontium très radiotoxique.
TEPCo a donc suspendu le pompage du réservoir n°2 vers le n°1 à 12h47.
A 10h, le taux de remplissage des différents réservoirs était : n°1 : 55%, n°2 : 31%, n°6 : 33%. (A noter qu'à 7h, le réservoir n°1 était rempli à 57% mais de l'eau serait retournée dans le réservoir n°2 par effet siphon ! TEPCo aurait résolu le problème.)
Laissons le mot de la fin aux shadoks.
La question qui se pose maintenant qu'il est clair que les défauts des réservoirs souterrains sont génériques : à qui la faute ? A TEPCo qui a fait le design ou à Maeda qui les a construits ? Les deux compagnies se renvoient la faute pour le moment. TEPCo n'a pas renoncé à utiliser ces réservoirs, une fois les fuites colmatées.

Mercredi 10 avril, TEPCo a annoncé qu'elle avait installé des pompes pour récupérer une partie de l'eau contaminée qui a fui des réservoirs 1 et 2... pour la remettre dans les réservoirs percés !
Elle fait déjà la même chose avec les réacteurs, mais elle n'a pas le choix car il faut continuellement les refroidir sinon la fusion et les rejets radioactifs massifs reprendront. Mais pour les réservoirs, on frise l'absurde le plus complet. Et comme de l'eau souterraine vient diluer l'eau qui a fui, le stock va augmenter.
Pourquoi n'inspecte-elle pas les réservoirs souterrains vides pour comprendre l'origine des fuites qui semblent génériques ?
Refaisons un bilan de l'eau :
- réservoir n°1 dans lequel l'eau du n°2 était transférée : à moitié plein et il fuit. 6 250 m3 le 9 avril à 13h.
- réservoir n°2 où la première fuite a été découverte : le pompage vers le réservoir n°1 a été stoppé. Il continue vers le n°6. 3 150 m3 le 9 avril à 13h.
- réservoir n°3 où il y a une petite fuite. Plein à 80%. En attente. 10 430 m3 le 9 avril à 13 h.
- réservoir n°4 : plein, pas de fuite détectée. 3 000 m3
- réservoir n°5 : vide.
- réservoir n°6 : en cours de remplissage avec l'eau du réservoir n°2. Pas de fuite détectée. 3 230 m3 le 9 avril à 13h.
- réservoir n°7 : vide.
Il y a environ 27 000 m3 d'eau très contaminée dans ces réservoirs. TEPCo n'a que 22 000 m3 de disponibles dans les cuves métalliques en surface et elle ne veut pas toutes les remplir car 400 m3 s'ajoutent quotidiennement à cause des infiltrations d'eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs. Il n'y a plus qu'à espérer que les réservoirs qui ne fuient pas tiennent !
Le ministre de l'industrie a déclaré devant le parlement qu'il allait demander à TEPCo de ne plus utiliser les réservoirs enterrés et de pomper l'eau dans des cuves métalliques en surface. Mais ce n'est pas possible pour le moment ! TEPCo espère pouvoir installer 15 000 m3 supplémentaires d'ici la mi-avril.
Le président de TEPCo a annoncé que la compagnie allait renoncer aux réservoirs, en commençant par vider ceux qui fuient. Il a promis que ce serait fait pour juin prochain, c'est à dire pour la saison des pluies où les infiltrations vont augmenter.
L'autorité de sûreté, quant à elle, va faire passer le nombre de ses inspecteurs sur le site de 8 à 9 pour surveiller le travail de 3 000 personnes par jour...

Jeudi 11 avril, TEPCo a arrêté à 13h06 le pompage du réservoir n°2, qui a fuit, vers le n°6. Elle a commencé à transvaser le n°3 vers le 6 à 14h. Mais le pompage a été suspendu 3 minutes plus tard après la découverte d'une fuite sur un tuyau. L'eau contaminée a été absorbée par le sol. TEPCo estime à 22 litres la quantité d'eau contaminée qui a fui. La contamination est de 290 millions de becquerels par litre. Des photos commentées en japonais sont ici. TEPCo a trouvé l'origine Mais le débit de dose y est toujours très élevé : 28 mSv/h. Elle va donc enlever plus de terre. de la fuite et a comencé à retirer la terre contaminée. Des photos de la fuite commentées en anglais sont ici et des travaux ici.
Pendant ce temps là, TEPCo continue à pomper une partie de l'eau qui a fui pour la remettre dans les réservoirs percés... Cette eau est toujours contaminée : 25 millions de Bq/L pour le réservoir n°1.

Vendredi 12 avril, TEPCo a mis en ligne des explications de la fuite du tuyau. Pour le réservoir n°2, elle a creusé près du point suspecté de fuir mais n'a rien trouvé.

Le dernier bilan de l'eau contaminée de TEPCo est ici en anglais.
La présentation du PDG de TEPCo à propos de la vidange des réservoirs est ici en anglais.

Dimanche 14 avril, TEPCo a annoncé qu'elle aurait du retard dans la vidange des réservoirs souterrains car il lui faudra plus de temps que prévu pour installer les tuyaux. Communiqué en anglais. La vidange partielle du réservoir n°3 vers le 6 est terminée.
La contamination des eaux collectées à proximité du réservoir n°1 augmente (communiqué en anglais).

Mardi 16 avril, TEPCo a commencé à pomper l'eau contaminée du réservoir n°2 vers une cuve en surface à 12h13 et s'est arrêtée à 15h55. Il n'y a pas eu de fuite détectée le long des tuyaux. La vidange de ce qui reste ne sera effectuée que de jour et va prendre une semaine. Le débit est de l'ordre de 20 m3/h.
La contamination au SO du réservoir n°3 augmente, alors qu'elle diminue au NE.

Mercredi 17 avril, TEPCo a mis en ligne son dernier bilan de l'eau contaminée. Elle y a ajouté un graphe concernant les réservoirs enterrés où il apparaît qu'elle compte les vider d'ici début juin.
La présentation du 17 avril dernier du président de TEPCo à propos des fuites des réservoirs et des solutions apportées est maintenant disponible en anglais. TEPCo a continué de pomper l'eau du réservoir n°2 vers une cuve en surface pendant le jour. Elle s'est arrêtée à 9h53 après avoir transféré 1 070 m3. Elle va bientôt pomper l'eau du réservoir n°1 vers la même cuve.
Elle continue aussi à pomper l'eau qui a fui pour la remettre dans les réservoirs percés.

Mardi 23 avril, TEPCo a commencé à transvaser l'eau contaminée du réservoir n°1 vers une cuve en surface.

Samedi 27 avril, TEPCo a creusé des puits d'accès à la nappe phréatique autour des réservoirs et a commencé à contrôler la contamination à partir du 24 avril. Résultat, elle a trouvé une contamination dans 13 puits sur 22. La valeur maximale est de 48 Bq/L en bêta total. Le 27 avril, il n'y avait plus que 2 puits sur 22 où la contamination dépasse le limite de détection. Puis, c'est passé à 0 puits.

Lundi 29 avril, TEPCo a fini de transférer 4 600 m3 d'eau contaminée du réservoir n°1 vers une première cuve en surface. L'eau restante sera transférée ultérieurement, quand les tuyaux seront installés vers l'autre cuve.

Mercredi 1er mai, TEPCo a mis en ligne son dernier bilan de l'eau contaminée sur le site et a légèrement progressé dans la présentation de ses courbes.

Jeudi 2 mai, TEPCo a trouvé du tritium dans de l'eau souterraine dans deux puits creusés à proximité de la mer. Il y avait du tritium dans deux puits sur huit. La concentration maximale est de 3 800 Bq/L. TEPCo souligne que ce ne doit pas être dû aux fuites dans les réservoirs, même s'il y a aussi du tritium dans l'eau souterraine à proximité des réservoirs.
Ce résultat n'est pas une surprise car l'on trouve régulièrement du tritium dans l'eau de mer à proximité de la centrale qui provient de fuites via l'eau souterraine.

Mercredi 8 mai, TEPCo a creusé douze puits en amont des réacteurs, côté Ouest, afin de pomper l'eau souterraine et de la rejeter en mer. L'idée est d'abaisser le niveau des nappes phréatiques pour réduire les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. En effet, TEPCo estime qu'il y a 400 m3 d'eau souterraine qui s'infiltre chaque jour dans les sous-sols où elle se mélange à l'eau très contaminée qui a servi à refroidir les combustibles fondus (corium). Cette eau est pompée pour éviter les débordements en mer et la compagnie ne sait plus où la mettre ensuite.
Le test a consisté à pomper 200 m3 d'eau phréatique qui n'est, selon TEPCo, pas plus contaminée que celle des rivières voisines. Ce qui ne veut pas dire grand chose. Elle ferait mieux de donner des chiffres.
TEPCo espère obtenir l'accord des coopératives de pêche le 13 mai et commencer à pomper le 14. Le principal risque est que l'eau des sous-sols vienne contaminer les nappes phréatiques.
TEPCo continue à observer une contamination au tritium de l'eau souterraine à proximité de la mer. La contamination la plus forte est de 3 500 Bq/L.

Jeudi 9 mai, nouveau bilan de l'eau contaminée par TEPCo.

Lundi 13 mai, TEPCo a eu une réunion avec les coopératives de pêche pour obtenir leur accord afin de rejeter en mer de l'eau souterraine et limiter ainsi les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. Officiellement, cette eau serait moins contaminée que celle des rivières. TEPCo a mesuré jusqu'à 0,12 Bq/L de césium 137 dans cette eau. C'est moins que pour l'autorisation de rejet, mais cela signifie que la nappe est déjà bien contaminée et confirme l'hypothèses de fuites en mer. Qu'en est-il pour le tritium, beaucoup plus mobile ?
Mais les coopératives de pêches ont refusé de signer un chèque en blanc et demandent plus de temps pour décider. Les prochaines discussions auront lieu en juin, au plus tôt. TEPCo a sous estimé la défiance des pêcheurs. Les leaders des coopératives étaient d'accord, mais pas la base.
TEPCo estime que le volume d'eau quotidien s'infiltrant dans les sous-sols pourrait passer de 400 à 300 m3.
Greenpeace Japon et la Surfrider foundation ont proposé un contrôle citoyen de l'eau souterraine rejetée. Ces deux organisations s'opposent, bien entendu, aux rejets en mer d'eau contaminée.

Jeudi 16 mai, d'après les derniers résultats mis en ligne, les eaux souterraines sont presques toutes contaminées au tritium sur le site de la centrale et c'est proche de la mer, en aval des réacteurs que la contamination est la plus forte : 3 600 Bq/L (puits n°3).
Les autres résultats de mesure de TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.

Vendredi 17 mai, il y a encore eu une fuite d'eau découverte à 8h55. 27 m3 d'eau traitée auraient fui et auraient été absorbés par le sol.
TEPCo a revu à la baisse la quantité d'eau qui a fui des réservoirs. Pour le réservoir n°2, où la première fuite a été découverte,  c'est passé de 120 000 litres (120 m3) à 300 litres ! Pour les réservoirs 1 et 3, ce seraient maintenant 90 litres qui auraient fui. En plus, sur ces 390 litres, seulement 30 litres se seraient infiltrés dans le sol. Le reste serait resté entre les trois couches qui forment le fond des réservoirs. Comment expliquer une telle variation ?
D'après les dernières données mises en ligne, il y a toujours beacoup plus de césium dans l'eau de mer à proximité de la centrale qu'ailleurs, ce qui laisse penser que les fuites vers la mer via l'eau souterraine continuent.

Jeudi 23 mai, TEPCo fait un nouveau point sur l'eau contaminée accumulée. Cela continue à monter sans que la compagnie n'ait de solution en vue.
La vidange des réservoirs qui fuient n'est pas encore terminée. Il y a du tritium dans l'eau à proximité des fuites, jusqu'à 4 900 Bq/L.
Au 7 mai, il y avait 290 000 m3 d'eau contaminée dans 940 cuves, plus environ 94 500 m3 dans les sous-sols des réacteurs. Le stock continue à augmenter de 400 m3/jour. Parmi ces cuves 280 sont considérées comme "temporaires" car elles ne peuvent être utilisées que pendant 5 ans. TEPCo devra commencer à les remplacer au printemps 2016 si elles tiennent bien comme prévu.
TEPCo avait envisagé de construire une barrière souterraine en amont des réacteurs pour dévier les nappes phréatiques. Mais elle y a officiellement renoncé par crainte que l'eau contaminée des sous-sols des réacteurs ne prenne la place. Quant à l'idée de pomper une partie de cette eau en amont et de la rejeter en mer, elle est toujours suspendue, suite à l'opposition des coopératives de pêche. On est sans nouvelle des progrès de la station de traitement des eaux contaminées en cours de test. La fameuse "Alps". Cette station ne retirera pas tout et la contamination en tritium de l'eau traitée, de l'ordre de 1 à 5 millions de becquerels par litre, dépasse les autorisations de rejet fixées à 60 000 Bq/L. TEPCo veut donc diluer l'eau avant de la rejeter en mer... Mais qui arrivera-t-elle à convaincre ?
Bref, l'eau reste le cauchemar n°1 de TEPCo qui aurait déclaré, lors d'une conférence de presse le 16 mai dernier, qu'elle espère recevoir des suggestions.

Mercredi 29 mai, il y a toujours du tritium dans l'eau souterraine entre les réacteurs et la mer, jusqu'à 3 500 Bq/L et dans l'eau de mer à proximité de la centrale (3,8 Bq/L). C'est moins qu'à La Hague en France, mais cela prouve que les fuites vers la mer continuent.

Vendredi 31 mai, pour diminuer la quantité d'eau souterraine qui s'infiltre quotidiennement dans les réacteurs accidentés, un groupe d'experts mis en place par le gouvernement a suggéré à TEPCo de geler le sol autour des réacteurs. C'est la compagnie Kajima, une des majors du BTP, qui a eu l'idée. Ce "mur gelé" souterrain pourrait être construit rapidement, mais ne durerait pas très longtemps. Et en cas de coupure de courant, le sol resterait gelé plusieurs mois. On ne connaît pas les coûts d'exploitation du système qui va consommer beaucoup d'énergie, ni la fréquence du remplacement des pièces. Cela pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards de yens (centaines de millions d'euros), mais le gouvernement va prendre en charge une partie des fonds de recherche sur le budget de recherche lié au démantèlement.
TEPCo ne semble pas très convaincue par la solution, mais va la tester. Des conduits seront insérés dans le sol tous les mètres sur une profondeur qui peut aller jusqu'à 30 m et un liquide de refroidissement à -50°C va circuler pour geler le sol. Le "mur" pourrait faire 1,4 km de long.
Un groupe de travail conjoint va être créé pour étudier la faisabilité et la fabrication d'un tel procédé qui pourrait être mis en place à partir de la mi-2015. TEPCo continue à espérer pouvoir pomper l'eau souterraine et la rejeter dans la mer.

L'eau des sous-sols des réacteurs reste très contaminée : 5,4 millions de Bq/l pour les deux césiums dans le réacteur n°1 et 53 millions de Bq/l dans le réacteur n°2 (prélèvement du 22 mai 2013). Les niveaux sont similaires dans d'autres bâtiments.
A la sortie de l'installation de traitement des eaux, il reste du césium 137, jusqu'à 2 700 Bq/L au niveau de l'unité de désalinisation. Il y a d'autres éléments radioactifs, comme de l'antimoine 125 ou du tritium. La contamination bêta totale y atteint encore presque 100 millions de Bq/l.

Mardi 4 juin, TEPCo tente toujours de convaincre les pêcheurs que rejeter de l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs et de la rejeter en mer n'aura aucun impact. Une vidéo de l'installation peut être visionnée ici.
Lors de la précédente réunion, TEPCO avait dit que la contamination en césium était sous la limite de détection. Mais une nouvelle analyse effectuée à Fukushima daï-ni a montré que cette eau était contaminée au césium : 0,61 Bq/L. La première mesure avait eu lieu à Fukushima daï-ichi où la contamination ambiante a caché la contamination de l'eau. Cela reste inférieur à la limite que TEPCo s'est fixée pour rejeter de l'eau en mer (1 Bq/L), mais les pêcheurs ont le sentiment que l'on se moque d'eux.
C'est la NRA qui a demandé à TEPCo d'améliorer sa mesure.
Une explication est ici en japonais.

Mercredi 5 juin, TEPCo a trouvé une fuite sur une cuve de stockage d'eau contaminée. Un joint gouttait et TEPCo estime à un litre la quantité d'eau qui a fui. Photos et explications en anglais.
La cuve a été immédiatement vidée et l'eau transférée vers une cuve proche qui était vide. Espérons qu'il ne s'agit pas d'un défaut générique. Il y a 63 cuves du même type... Il y a déjà eu trois fuites similaires en 2012.

Le gouvernement a organisé une réunion publique dans la ville de Fukushima pour convaincre la population d'accepter le rejet en mer de l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle attendait 100 personnes, il y en a eu 20...

Vendredi 7 juin, TEPCo a eu une seconde réunion avec des pêcheurs et n'a pas plus réussi à les convaincre de donner leur accord à rejeter en mer l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs. Même en promettant de faire des mesures avant rejet. Personne n'a confiance en TEPCo. Ce n'est pas à la compagnie de faire les mesures. Comment les autorités ne comprennent pas cela et ne proposent pas des solutions acceptables par tous ?

TEPCo fait le point sur le transvasement de l'eau contaminée des réservoirs souterrains. Elle va aussi creuser de nouveaux puits d'accès pour surveiller les fuites.

Lundi 10 juin, TEPCo aurait fini de vider les réservoirs qui fuyaient. Elle aurait transvasé 24 000 m3 dans des cuves en surface. Il ne resterait que de l'eau "faiblement" contaminée. Il lui reste à trouver la cause des fuites.

Mercredi 12 juin, TEPCo est en train de raccourcir le circuit de refoidissement de fortune qu'elle a mis en place et qui est très fragile. Elle va passer de 4 km de tuyaux à 3 km. Elle TEPCo a fini de couvrir le réacteur n°4 avec une charpente métallique et a organisé un voyage de presse pour montrer le résultat.

Jeudi 13 juin, TEPCo veut rejeter dans la mer l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés afin de limiter les infiltrations dans les sous-sols. Comme elle peine à convaincre les pêcheurs, elle promet de mettre l'eau dans des cuves tampon et de la contrôler avant de la rejeter. Mais elle a du mal à faire des mesures fiables...
En mai dernier, TEPCo avait affirmé que la contamination en césium était inférieure aux niveaux détectables. Mais comme la mesure avait été faite à Fukushima daï-ichi, qui est contaminée, elle était moins fiable. La NRA a donc demandé de refaire la mesure à Fukushima daï-ni et là, TEPCo a trouvé du césium ! Le 3 juin dernier, elle a annoncé 0,61 Bq/L pour les deux césiums. Mais, TEPCo revient sur ces chiffres (en japonais) et annonce maintenant 0,055 Bq/L pour la même eau !
Cela ne fait pas très sérieux. La seule façon de s'en sortir est que les pêcheurs choisissent un laboratoire tiers qui fera des mesures de la radioactivité dans l'eau de souterraine avant rejet.

Lundi 17 juin, nouvelle fuite d'eau fortement contaminée. C'est la nouvelle station de traitement des eaux, Alps, en cours de test qui est touchée et a dû être arrêtée et c'est une cuve qui goutte. Le débit de dose à proximité de la petite flaque est élevé : plus de 20 fois le bruit de fond et la concentration en césium serait de 6 000 Bq/L et celle en bêta total de 6,7 millions de Bq/L (6,7 Bq/L). Photos avec commentaires en japonais et en anglais.

Mercredi 19 juin, TEPCo a annoncé avoir mesuré 1 000 Bq/L de strontium-90 dans de l'eau souterraine prélevée dans un puits situé à 27 m de la rive. Le strontium est particulièrement radio-toxique, ce qui ne manque pas d'inquiéter. Il y a 500 000 Bq/l de tritium dans l'eau du même puits.
La contamination de l'eau de mer n'aurait pas changé. TEPCo annonce le forage de puits supplémentaires à proximité.
Les prélèvements du 24 mai dernier et le résultat tritium du 31 mai, il vient seulement d'être rendu public. TEPCo reste TEPCo... et explique que la mesure du strontium prend du temps. C'est vrai, mais rien ne l'empêchait de donner les autres résultats plus tôt.
Les données sont ici en japonais et ici en anglais. On trouve aussi du ruthénium, en moindre quantité. La mesure du strontium prend beaucoup de temps et l'on n'a pas encore les résultats pour juin. En revanche, les niveaux de tritium ne semblent pas baisser.
Cette eau souterraine est vraiment le problème n°1 à la centrale. Les pêcheurs n'accepteront jamais d'autoriser le rejet en mer d'eau souterraine. Pourtant, il faut bien empêcher celle en amont de la centrale de pénétrer dans les réacteurs. Si l'on ne fait rien, les fuites vers les nappes phréatiques, puis la mer, vont s'amplifier. Ce devraient être des laboratoires indépendants choisis par les pêcheurs qui contrôlent l'eau souterraine pompée en amont des réacteurs pour pouvoir être rejetée si elle n'est pas contaminée. Cela urge.
Les autorités régionales de Fukushima ont décidé de faire leur propre surveillance de la contamination marine devant la centrale.
Le denier bilan de l'eau contaminée est ici en anglais.

TEPCo a trouvé les trous à l'origine de la fuite survenue sur la nouvelle station de traitement des eaux contaminées (Alps). C'est la corrosion qui a déjà attaqué...

Vendredi 21 juin, encore une fuite : TEPCo a d'abord annoncé que 360 litres, puis 250 litres auraient fui de l'installation de désalinisation. C'est la onzième fuite sur cette unité. Le césium a déjà été retiré et il ne reste "plus que" 2 300 Bq/L ! Quant aux autres radioéléments, ils sont toujours là et la contamination bêta totale est de 26 millions de Bq/L. L'eau des sous-sols du réacteur n°3 (bâtiment turbine) contient, elle, 46 millions de Bq/l rien qu'en césium... Celle du réacteur n°4, où il n'y a pas eu de fusion du coeur, 36 millions...
L'eau se serait étalée sur une surface de 30 mètres sur 12, mais sans sortir de la structure de récupération. La fuite a été découverte à 3h du matin. Une fois le problème résolu, l'installation a repris ses activités à 19h.
Explications en japonais et en anglais.

Lundi 24 juin, TEPCO a mesuré le tritium dans l'eau de mer à proximité du puits où elle avait trouvé une forte concentration en tritium et strontium dans l'eau souterraine. La contamination en tritium de l'eau de mer augmente ! En un point, c'est passé de 500 Bq/l le 10 juin à 1 100 Bq/l le 21. En un autre point, c'est passé de 600 Bq/l le 14 juin à 910 Bq/l le 21. Mais, officiellement, il n'y a toujours pas de fuite !
Sur ce graphe, on voit que la contamination de l'eau de mer en tritium dans le port dépasse les 100 Bq/l depuis le début de la catastrophe. En 2011, lors de la forte fuite en mer, la contamination était beaucoup plus élevée. On voit aussi l'augmentation récente.
Les concentrations naturelles en tritium sont de l'ordre de 0,1 Bq/l et l'on trouve de l'ordre de 10 Bq/l dans la Manche à cause des rejets des installations nucléaires.
La dernière mesure en strontium 90 dans l'eau de mer indiquée sur ce même document date de novembre 2012 !

Mardi 25 juin, TEPCo a publié de nouvelles données sur la contamination en tritium de la nappe phréatique. Elles sont Bq/l cette fois-ci et non en Bq/cm3. Plus besoin de multiplier par 1 000 les données... Il y a toujours 430 000 Bq/l dans l'eau du puits n°1. Le document contient aussi des données sur la concentration en tritium de l'eau de mer déjà mentionnées la veille avec une contamination qui peut atteindre 1 100 Bq/l.

Mercredi 26 juin, on se souvient que TEPCo avait découvert une forte contamination en tritium et strontium dans l'eau souterraine prélevée dans un puits de contrôle et avait tardé à annoner les résultats. Elle donne de nouvelles valeurs pour les mêmes puits de contrôle, mais avec un prélèvement qui a eu lieu un peu plus tard, le 31 mai dernier. C'est toujours fortement contaminé dans le puits n°1, même si l'on note une très légère baisse : 460 000 Bq/l pour le tritium et 890 Bq/l pour le strontium 90.
Elle a aussi re-mesuré le tritium dans l'eau de mer et confirme les chiffres élevés, de l'ordre de 1 100 Bq/l.

Vendredi 28 juin, l'eau souterraine dans le puits qui inquiète est toujours fortement contaminée en tritium : 450 000 Bq/l selon le dernier relevé. L'eau de mer à proximité de la centrale est aussi systématiquement contaminée à quelques centaines de Bq/l.

Samedi 29 juin, TEPCo a annoncé avoir trouvé une forte contamination de l'eau souterraine dans un autre puits situé à 6 m du rivage : si l'on en croit la presse, il y aurait 3 000 Bq/l en bêta total, hors tritium. Pour le tritium, c'est 430 000 Bq/l.

Lundi 1er juillet 2013, TEPCO a annoncé avoir fini de vider tous les réservoirs souterrains qui contenaient de l'eau fortement contaminée. Certains fuyaient. La première avait été dcouverte le 5 avril dernier. Il a donc fallu 3 mois pour trouver régler provisoirement le problème.

Mercredi 3 juillet, série de photos des trous responsables de fuites dans la nouvelle station de traitement de l'eau contaminée en cours de test. Version en anglais. La corrosion a déjà endommagé l'installation alors qu'elle n'est qu'en phase de test.

Le 29 juin dernier, TEPCo avait trouvé une contamination élevée dans l'eau souterraine prélevée dans un puits situé à 6 m de la mer. Il y avait 3 000 Bq/l en bêta total (hors tritium). Dans le relevé publié ce jour, il y a 4 300 Bq/l. Le tritium est en cours d'analyse, tout comme le strontium.

Vendredi 5 juillet, le 3 juillet, nous avions mentionné que la contamination bêta totale (hors tritium) dans le puits situé à 6 m de la mer était passée de 3 000 à 4 300 Bq/l. La contamination en tritium est maintenant en ligne : elle est passée de 430 000 à 510 000 Bq/l (cf 29 juin). Le puits voisin où TEPCo avait découverte la première forte contamination en tritium est passé à 420 000 Bq/l.
Mais dans un nouveau puits, situé à 25 m de la mer, TEPCo vient de mesurer 900 000 Bq/l en bêta total (hors tritium). C'est un nouveau record.
Dans l'eau de mer tout près de la centrale, il y a jusqu'à 2 200 Bq/l. Et TEPCo ne parle toujours de fuite en mer...
La NRA a mis en ligne une nouvelle carte de la contamination des sédiments marins avec quelques données sur le strontium et le plutonium (2 points).

Samedi 6 juillet, nouvelles valeurs de la contamination en tritium de l'eau souterraine et de l'eau de mer. Il y a une légère augmentation par rapport aux valeurs du 1er juillet.

Dimanche 7 juillet, TEPCo a creusé un nouveau puits à proximité des deux autres puits où l'eau est très contaminée et avait mesuré 900 000 Bq/l en bêta total hors tritium. C'était un record (cf 5 juillet). Elle vient de donner les valeurs pour le tritium : 380 000 Bq/l (puits n°1-2). La situation dans ce puits est pour le moins étrange : la valeur pour la contamination bêta totale est nettement supérieure à celle pour le tritium, alors que c'était toujours l'inverse jusqu'à maintenant. Une erreur de mesure ? Espérons-le.
TEPCo a aussi mesuré 99 Bq/l pour le césium 134, 210 Bq/l pour le césium 137, 95 Bq/l pour le ruthénium 106, 62 Bq/l pour le manganèse 56... dans l'eau souterraine prélevée dans ce puits situé à 25 m de la mer. Ce sont aussi des valeurs très élevées pour de l'eau souterraine.
Dans le puits n°1-1, la contamination en tritium est passée à 600 000 Bq/l, un record. C'était 510 000 Bq/l le 5 juillet dernier dans le même puits !
Voir aussi le communiqué de presse en anglais.

Mardi 9 juillet, nouveau record de contamination de l'eau souterraine dans un puits (n°1-2) situé entre la centrale et la mer : TEPCo a annoncé 9 000 Bq/l pour le césium 134 et 18 000 Bq/l pour le césium 137. C'est 90 fois plus qu'il y a 3 jours ! La contamination bêta totale, extrêmement élevée, n'a, quant à elle, pas beaucoup changé.
Des photos et un plan sont disponibles en japonais.

Mercredi 10 juillet, la contamination en césium de l'eau souterraine du puits 1-2 a encore augmenté : 11 000 Bq/l pour le césium 134 et 22 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total, quant à elle semble rester stable.
La NRA, l'autorité de sûreté a reconnu qu'il y avait fort probablement des fuites en mer. Elle va mettre en place un groupe de travail pour essayer de résoudre le problème. Selon le New-York Times, le chef de l'autorité de sûreté a même affirmé que les fuites en mer durent depuis au moins deux ans, comme le disent de nombreuses personnes dont l'ACRO.
TEPCo ne franchit toujours pas le pas.
Pourtant, depuis au moins le 6 mars 2013, il y a du tritium dans l'eau de mer à proximité de la centrale accidentée. Il ne peut venir que de fuites. Des articles scientifiques tentent d'estimer l'ampleur des fuites. Mais TEPCo n'a rien fait. Maintenant que les fuites deviennent plus graves et voyantes, elle va mettre une rustine provisoire dans l'urgence, avec photos et vidéo pour montrer qu'elle est active. Voir le communiqué en anglais et les explications en anglais plus courtes qu'en japonais.
Les valeurs affichées par TEPCo restent surprenantes : la contamination en césium de l'eau du puits n°1-2 a été multipliée par 100 en quelques jours, mais la contamination bêta total, hors tritium, n'a presque pas variée. Celle en tritium non plus.
TEPCo pense que ce sont des particules de sol qui ont fait augmenter la contamination en césium et qu'après avoir filtré l'eau, la contamination était revenue aux niveaux d'il y a 5 jours. Les données sont ici en anglais.
Cela ne contredit pas le fait que la centrale continue à fuir dans la mer car il y a toujours quelques centaines de becquerels de tritium par litre d'eau de mer à proximité. Voir le dernier tableau de données.
Le dernier bilan de l'eau stockée dans les citernes est ici en anglais. Et les derniers résultats de mesure sont ici en anglais.

Jeudi 11 juillet, l'IRSN vient de publier deux notes sur la gestion de l'eau contaminée à la centrale de Fukushima. Rien de neuf pour les lecteurs fidèles de cette page. Dans la première note, l'IRSN oublie de mentionner la durée de vie des cuves d'entreposage de l'eau contaminée qui est courte devant la durée de leur stockage. Il ne parle pas non plus de la volonté de TEPCo de rejeter en mer l'eau traitée qui restera fortement radiactive à cause du tritium.
Dans la deuxième note, l'IRSN explique que TEPCO "vérifie que cette contamination potentielle ne parvient pas jusqu’à l’océan" sans dire que l'on trouve du tritium dans l'eau de mer qui signe les fuites. Pour l'IRSN, les fuites venant de la centrale seront faibles devant les rejets en mer liés au lessivage des sols contaminés. L'institut mentionne plusieurs térabecquerels rejetés en mer par an dus au lessivage.

Vendredi 12 juillet, suite du feuilleton sur les fuites et la contamination des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer : TEPCo publie des données sur la contamination en strontium. La mesure de cet élément prend un mois et les données concernent donc des prélèvements faits le 7 juin 2013 dans les premiers puits creusés. Dans le puits n°1, il y a 1 200 Bq/l de strontium 90. La contamination bêta totale, hors tritium, était de 1 600 et 1 700 Bq/l. Le strontium représenterait donc plus de 70% de la contamination bêta total. Est-ce transposable aux autres puits, dont le puits n°1-2 qui a jusqu'à 900 000 Bq/l en bêta total ? Le strontium se fixe dans les os et est donc très radiotoxique. Ce serait très inquiétant. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
Quant à la contamination du jour en césium dans le fameux puits n°1-2, elle a légèrement baissé : 8 200 Bq/l pour le césium 134 et 17 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total reste stable avec 890 000 Bq/l. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
La contamination en tritium de l'eau du puits 1-1 bat un nouveau record : 630 000 Bq/l. La contamination bêta totale y est de 4 400 Bq/l. Avec 70% de strontium ? Le même document donne aussi des données pour l'eau de mer qui continue à être contaminée au tritium. De nombreux points sont classés ND, pour non détecté, mais la limite de détection est de 120 Bq/l !!!
Le puits n°3 suit aussi ses voisins : la contamination bêta totale est passée de ND le 4 juillet, à 1 400 Bq/l le 11 juillet.
TEPCo n'admet toujours pas qu'il y a des fuites, mais met en place une protection pour empêcher les poissons fortement contaminés du port de s'en aller.

Samedi 13 juillet, TEPCo pense toujours que la forte contamination de l'eau souterraine entre les réacteurs et la mer est due à la fuite qu'il y a eu en avril et mai 2011 et qu'il n'y a pas de fuite nouvelle en mer. Des fosses à proximité de la mer seraient toujours pleines d'eau contaminée qui contaminerait les nappes phréatiques. La contamination ne viendrait pas directement des bâtiments réacteurs. Mais TEPCo n'explique pas d'où vient le tritium dans la mer... Pour la NRA la question de l'origine des contaminations élevées reste ouverte.
Le problème est que TEPCo base toute sa stratégie sur cette seule hypothèse. Elle veut installer une barrière souterraine pour bloquer les écoulements (comme si c'était possible) et pomper l'eau qui est restée dans les fosses (5 000 m3 pour le réacteur n°2 et 6 000 m3 pour le 3). Mais elle risque de faire venir de l'eau contaminée des sous-sols des réacteurs et aggraver la contamination des nappes... Et les niveaux de dose sont élevés, ce qui n'est pas sans conséquence pour les personnes qui travaillent sur ce chantier.
Comme certains indices de radioactivité ne varient pas ou peu et que d'autres varients rapidement, on peut penser que plusieurs origines contribuent à la contamination des nappes phréatiques proches de la mer.

Dimanche 14 juillet, TEPCo a mis de nouveaux résultats en ligne concernant la contamination des nappes phréatiques entre les réacteurs et la mer :
le puits n°3 qui avait vu passé sa contamination bêta totale de ND à 1 400 Bq/l a une contamination en tritium 1 700 Bq/l qui elle est stable : il y avait 1 800 Bq/l le 7 juin et 1 700 Bq/l le 14 juillet. Enfin le puits 1-3 a 290 000 Bq/l en tritium.

Lundi 15 juillet, TEPCo a mis de nouveaux résultats de mesure sur l'eau de mer et il y a toujours une forte contamination en tritium, jusqu'à 940 Bq/l. Il y a aussi 41 Bq/l en césium au même point.

Mercredi 17 juillet, l'eau des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer continue à être très contaminée. TEPCo publie plusieurs photos, pour changer. Une carte aurait été plus utile.... Il y a toujours une forte contamination en tritium. L'eau du puits 1-2 est aussi fortement contaminée en bêta total et en césium. Pour le césium C'était presque, TEPCo a filtré l'eau et obtenu une concentration inférieure à une quarantaine de Bq/l pour les deux césium. Cette limite de détection est très élevée. 18 000 Bq/l en césium avant filtration.
L'eau de mer près de la centrale continue aussi à être très contaminée en tritium : il y a jusqu'à 2 200 Bq/l ce qui confirme les fuites. Il y a aussi jusqu'à une cinquantaine de Bq/l en césium.
Les poissons dans le port de la centrale sont toujours aussi contaminés : il y a jusqu'à 212 000 Bq/kg en césium. Au-delà, TEPCO continue à trouver de nombreux poissons avec une contamination qui dépasse les 100 Bq/kg en césium, qui est la limite d'autorisation de mise sur le marché. La pêche commerciale n'est donc toujours pas possible. Il y a jusqu'à 670 Bq/kg dans un poisson pêché à 2 km au large de la centrale de Fukushima daï-ni.
Le dernier bilan de l'eau contaminée dans les cuves et les sous-sols est ici en anglais. Cela continue à s'accumuler sans que TEPCo ne puisse donner de calendrier à propos de sa station de traitement. Il est aussi fort peu probable qu'elle obtienne l'autorisation de rejeter en mer l'eau traitée.

Jeudi 18 juillet, même si les réservoirs qui fuyaient ont été vidés, TEPCo continue quotidiennement à publier les résultats de mesure de l'eau dans les drains. Il y a encore du tritium par endroit, jusqu'à 2 100 Bq/l.

Lundi 22 juillet, l'eau souterraine et l'eau de mer continuent à être fortement contaminée, ce qui signifie que les fuites en mer continuent... De même pour les résultats partiels du jour. Plus au large, la contamination en césium persiste et augmente quand on s'approche de la centrale.
TEPCo vient de reconnaitre officiellement que la centrale fuit en mer, juste au lendemain des élections, alors que cela dure depuis des mois. Son rapport avait pourtant été soumis le 18 à la NRA. Et d'ajouter qu'elle est arrivée à cette conclusion les niveaux d'eau dans les nappes varient avec les marées et les précipitations. Mais rassurez-vous, la pollution reste dans la baie, selon TEPCo, et ne va pas au large ! « Les données sur l’eau de mer ne montrent pas d’augmentation anormale des taux de radioactivité ». Il y a juste une pollution marine "normale"...
Les pêcheurs sont furieux.

Mardi 23 juillet, TEPCo a reconnu que l'eau contaminée fuyait vers la mer et qu'elle le savait depuis janvier dernier ! Le département d'ingéniérie avait remarqué que le niveau d'eau des puits variait avec la marée, ce qui indique un lien direct avec la mer, mais n'a pas transmis l'information au département environnement !
TEPCo a invité la presse la veille à observer les travaux qu'elle mène pour tenter de colmater la fuite en mer. 17 journalistes et cameramen étaient du voyage qui n'a durer que 30 minutes sur place sans sortir du bus car le débit de dose peut atteindre 200 microsieverts par heure. Les travailleurs interviennent plutôt de nuit pour éviter la chaleur. Leur tâche consiste à injecter un produit chimique dans le sol qui est supposé faire barrage. Elle fait des trous tous les 80 cm sur une profondeur qui peut atteindre 14 m. La barrière va faire 90 et les travaux, commencés en mai, après la découverte de la forte contamination de l'eau souterraine, devraient se terminer le 10 août. Une vidéo avait été mise en ligne le 17 juillet dernier.
Mais l'eau va contourner la barrière et rejaillira plus loin.

Mercredi 24 juillet, la contamination en tritium de l'eau souterraine entre les réacteurs et la mer ne baisse pas. Il en est de même pour les autres radioéléments. TEPCo continue à filtrer l'eau de puits 1-2 : si la majeure partie de la contamination en césium provient de particules de terre mélangée à l'eau, la part dissoute n'est pas négligeable. Il reste 121 Bq/l de césium et cette eau ne pourrait pas être consommée. C'est beaucoup plus que ce qu'il y a dans l'eau de surface qui a lessivé les sols et dans les eaux souterraines en amont de la centrale où c'était moins de 1 Bq/l. Il n'y a donc aucun doute sur les fuites.

Jeudi 25 juillet, le président de la NRA a expliqué qu'il était inévitable que TEPCo rejette de la radioactivité en mer. En effet, l'eau contaminée s'accumule jours après jours et TEPCo ne sait plus où la mettre. Les premières cuves n'ont une durée de vie que de trois ans. La compagnie teste une station de traitement des eaux plus sophistiquée que celle utilisée actuellement. Mais elle ne retirera pas tout. En particulier, le tritium sera entièrement rejeté, comme c'est déjà le cas avec les réacteurs en fonctionnement normal.
Pour convaincre les pêcheurs, la NRA va mener des investigations sur l'impact potentiel des futurs rejets.

Vendredi 26 juillet, TEPCo va devoir arrêter sa nouvelle station de traitement des eaux contaminées en cours de test à cause de la corrosion qui provoque des fuites. Elle veut couvrir l'intérieur des cuves en amont de la station avec du caoutchouc. Les travaux vont durer 3 mois et le démarrage de cette station va prendre au moins quatre mois de retard supplémentaires. Initiallement, TEPCo avait annoncé son démarrage pour septembre 2012... En attendant l'eau contaminée continue à s'accumuler.
La station "Alps" a trois lignes prévues pour pouvoir traiter 250 m3 par jour chacune. Chaque ligne va subir le même traitement.

Samedi 27 juillet, TEPCo a mis en ligne (en japonais uniquement) les résultats d'analyse préliminaires sur l'eau contenue dans une tranchée du réacteur n°2, celle qui est supposée fuir vers la mer :
- césium 134 : 750 millions de becquerels par litre
- césium 137 : 1,6 milliard de becquerels par litre
- bêta total : 750 millions de becquerels par litre
C'est un nouveau puits numéroté B1-1 qui a permis d'accéder à cette tranchée (ou tunnel) qui contiendrait 5 000 m3 d'eau contaminée. Selon TEPCo, dans son communiqué en japonais, ces niveaux sont similaires à ceux de la fuite d'avril 2011 qui avait durablement contaminée le milieu marin (1,8 milliard de becquerels par litre pour chacun des césiums). Communiqué en anglais.

TEPCo a mis en place un comité d'experts internationaux pour réformer sa culture de sûreté interne afin de préparer au redémarrage des réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa. Le président de ce comité, Dale Klein, un ancien de l'autorité de sûreté nucléaire américaine, a tancé la compagnie pour sa communication sur les fuites en mer.
Le président de la compagnie a reconnu les faits et a expliqué que la compagnie a attendu d'être sûre d'elle avant d'annoncer une nouvelle aussi difficile. Mais le tritium dans l'eau de mer, présent depuis des mois, est une signature non ambigue des fuites. Sauf s'il y a des rejets contrôlés qui pourraient l'expliquer. Bref, TEPCo se moque du monde, même dans ses excuses.
Mais est-ce vraiment qu'un problème de communication ? TEPCo a aussi mis du temps à agir face à l'évidence.
Avec la vapeur d'eau, c'est la même chose : TEPCo commence par dire que c'est la pluie, avant d'avouer, du bout des lèvres, dans un charabia incompréhensible, que le réacteur fuit en continu.
La crise en cours est bien trop complexe pour être gérée par la seule compagnie, qui n'a jamais été fiable et qui n'avait pas hésité, par le passé, à falsifier des rapports de sûreté. Il serait temps de tout mettre sur la table, y compris les points peu clairs, pour que d'autres puissent s'approprier les problèmes et faire des suggestions. Cette gestion en vase clos n'est pas saine.
Résultat, le président et le vice-président de TEPCo vont voir leur salaire baisser de 10% pendant un mois. Le directeur de la communication, de 5%, toujours pendant un mois.
Le communiqué de TEPCo qui reconnaît ses "erreurs de communication" est ici en anglais. Elle s'est excusée et, promis, juré, elle va s'améliorer. Elle l'a déjà promis plusieurs fois...

Dimanche 28 juillet, TEPCo a annoncé la contamination en tritium de l'eau de la tranchée/tunnel dont il était question la veille : 8,7 millions de becquerels par litre. Pour mémoire, il y a aussi 2,35 milliards de becquerels par litre pour les deux césium.
Les résultats sont ici en japonais et ici en anglais et le communiqué en japonais ici. Le communiqué est aussi disponible en anglais maintenant.

Mardi 30 juillet, la NRA a ordonné à TEPCo de vider le tunnel de ses 5 000 m3 d'eau fortement contaminée pour arrêter les fuites vers la mer. Est-ce que de l'eau contaminée ne va pas revenir depuis les réacteurs ?
Il y a des graviers au fond du tunnel et TEPCo veut y injecter des produits chimique pour l'étancher. Elle veut aussi traiter l'eau à partir de septembre pour la déconaminer partiellement et la pomper à partir d'avril l'année prochaine.
La NRA va aussi créer un groupe de travail interne sur cette problématique des fuites et un groupe de surveillance de la ressource halieutique. Sa priorité est-elle de protéger la mer ou de convaincre les pêcheurs d'accepter les futurs rejets en mer d'eau contaminée ?
En attendant, l'eau souterraine continue à être fortement contaminée.

Mercredi 31 juillet, des nouvelles de l'eau contaminée :
- TEPCo n'a pas informé la NRA de l'augmentation du niveau de l'eau souterraine lors de la réunion du 29 juillet dernier. Il dépasse pourtant de 2,5 m le niveau de référence. Le président de l'autorité de sûreté a déclaré que la compagnie ne semble pas avoir conscience de la crise.
- L'eau des tunnels qui maintenant fuient vers la mer est connue de TEPCo depuis le début de la catastrophe. Il y aurait plus de 15 000 m3 en tout dans les 4 réacteurs. Mais la compagnie a négligé de s'en occuper sous prétexte qu'elle avait d'autres priorités. Mais ce "stockage" n'est pas fiable et il est regretable que la compagnie ait attendu que la fuite soit conséquente pour réagir. Maintenant, elle n'a rien à proposer. Si elle vide les tunnels, de l'eau va revenir des bâtiments turbine qui sont aussi inondés.
- TEPCo a mis en ligne la contamination en césium de l'eau des sous-sols du bâtiment turbine des réacteurs 1 et 2 : il y a 5,7 millions de bequerels par litre dans le 1 et 36 millions de becquerels par litre pour le 2.
- TEPCo a mis en ligne de nouveaux résultats de mesure du tritium dans l'eau de mer près de la centrale. Là où il y avait 2 300 Bq/l, il y a maintenant 3 100 Bq/l. La fuite s'aggraverait-elle ?

Le système SARRY de traitement de l'eau contaminée, qui ne fait qu'enlever le sel et le césium, s'est arrêté à 9h53.

Jeudi 1er août, le cauchemar de l'eau contaminée continue :
- TEPCo pensait pourvoir arrêter les fuites vers la mer en injectant dans le sol un produit chimique le long du littoral. Cette solution ne pouvait pas être efficace car l'eau allait contourner la barrière et rejaillir plus loin. Et c'est bien ce que TEPCo a observé.
TEPCo a creusé des trous jusqu'à 16 m de profondeur et y a injecté un produit solidifiant. Mais elle s'est aperçue que le niveau d'eau dans un des puits a augmenté d'un mètre depuis début juillet. Et comme le sol ne peut pas être solidifié sur les deux premiers mètres, l'eau va passer par dessus. Elle pourrait aussi passer par en dessous... Avec la vitesse de montée de l'eau observée, cela va déborder dans 3 semaines environ.
La barrière fait 100 m de large, pour rien.
- après la fuite massive en mer d'avril 2011, TEPCo avait déclaré qu'elle allait sceller le passage entre le bâtiment turbine et des tunnels/tranchées qui ont fui en mer afin de prévenir toute nouvelle fuite. Mais, elle n'a rien fait, comme vient de le découvrir l'Asahi. TEPCo n'a commencé à étudier comment colmater les passages qu'à partir de cet été, quand les fuites conséquentes ont repris. C'est donc trop tard, alors que dans feuille de route datée du 17 avril 2011 cette mesure était explicitement indiquée. TEPCo met en avant des difficultés techniques comme excuse.
Les derniers résultats de mesure de la contamination en césium de l'eau de ces tranchées font apparaître de concentrations en centaines de millions de becquerels par litre pour le réacteur n°2. Plus c'est profond, plus c'est contaminé : il y a jusqu'à 950 millions de bequerels par litre ! Environ 10 fois moins pour le réacteur n°3. Le communiqué en anglais est ici.

Samedi 3 août, lors de la première réunion entre TEPCo et le groupe de travail ad-hoc mis en place par la NRA à propos des fuites en mer, TEPCo a dit que la quantité totale de tritium rejeté depuis mai 2011 est comprise entre 20 000 et 40 000 milliards de becquerels (20 et 40 TBq). On ne sait pas comment l'évaluation a été faite. C'est beaucoup moins que ce rejette annuellement l'usine AREVA La Hague. C'est aussi beaucoup moins que ce qui est prévu pour l'usine de "retraitement" de Rokkashô si elle est mise en service un jour. Mais c'est 10 à 100 fois plus qu'une centrale nucléaire en fonctionnement normal. On en connaît pas la quantité de césium et de strontium qui ont fui.
La barrière souterraine, que TEPCo est en train de mettre en place, ne sert à rien, comme prévu, car l'eau la contourne. TEPCo a admis que l'eau contaminée menaçait de passer par dessus car les deux permiers mètres de sol ne sont pas solidifiés. TEPCo continue de prétendre que cette barrière, qui sera terminée en octobre prochain, va résoudre le problème.
La NRA demande à TEPCo de pomper cette eau, mais comme les tranchées/tunnels sont toujours reliés aux bâtiments turbine qui sont reliés aux bâtiments réacteurs, c'est sans fin. Il faudrait pomper environ 100 m3 par jour, selon une estimation, pour prévenir les fuites en mer. Et TEPCo ne sait pas où mettre cette eau... En fait ces tunnels/tranchées, TEPCo n'y touchait pas car ils permettaient de stocker de l'eau contaminée... sans garantie d'étanchéité.
TEPCo a mis en ligne un document en anglais daté du 22 juillet sur la contamination des nappes phréatiques. Cela correspond au jour où elle admis les fuites en mer.

Lundi 5 août, TEPCo avait découvert que la contamination en césium de l'eau des tranchées/tunnels des réacteurs 2 et 3 était fortement stratifiée : la concentration en césium augmente avec la profondeur (cf 1er août). Elle vient de mettre en ligne les données pour le tritium. Dans le cas du réacteur n°2, la contamination est aussi beaucoup plus forte en profondeur : 4,6 millions de Bq/l à 13 m contre 2,4 millions de Bq/l à 1 et 7 m. Pour le réacteur n°3, c'est homogène.
Le césium s'amalgame aux particules fines et c'est donc normal qu'il y en ait plus au fond. En revanche, le tritium, qui est de l'hydrogène radioactif, devrait être réparti de façon homogène si l'eau était stagnante. N'est-ce pas un signe qu'il y a un courant dans cette galerie et que de pomper ne servira à rien ?

Mardi 6 août, la contamination en césium dans le puits 1-5 a soudainement augmenté : 310 Bq/l pour le césium 134 alors qu'il y avait 21 Bq/l la semaine précédente. Pour le césium 137, c'est passé de 44 Bq/l à 650 Bq/l. Quant à la contamination bêta totale, elle est passée de 1 200 Bq/l à 56 000 Bq/l. Les résultats sont ici en anglais.
Le puits est à 100 m du bâtiment turbine du réacteur n°2 et à 55 m de la mer. Il semble donc que la pollution s'étend dans la nappe. Ce pourrait être dû à la barrière en silicate de sodium que TEPCO met en place : l'eau cherche un autre chemin pour s'écouler en mer.
Reuters a diffusé une dépêche largement reprise qui mentionne un responsable de la NRA qui parle de "situation d'urgence" concernant les fuites : rien de nouveaux par rapport aux jours précédents. Effectivement, la nappe phréatique monte suite à la mise en place de la barrière souterraine pourrait bientôt passer par dessus. La fuite va devenir visible ! Cela ne signifie pas qu'elle va augmenter.
Le Wall Street Journal propose une infographie pour expliquer le problème des fuites.
TEPCo prévoyait de commencer à pomper l'eau de la tranchée à la fin du mois, mais la NRA lui a demandé d'accélérer le processus. Elle pourrait commencer cette semaine, mais elle ne sait pas encore où la mettre car ses cuves sont utilisées pour  'eau pompée dans les sous-sols des réacteurs. Elle va donc la mettre provisoirement dans un réservoir souterrain : espérons qu'il ne fuyera pas !
Une délégation des autorités régionales de Fukushima est venue inspecter le problème. Ils ont vu la tranchée suspectée d'être à l'origine de la fuite et les travaux entrepris par TEPCo. En parallèle, le vice-gouverneur s'est rendu à la NRA et au gouvernement pour leur demander de faire pression sur TEPCo. Il a aussi demandé au gouvernement de prendre la responsabilité du démantèlement des réacteurs accidentés.
Les travailleurs, qui interviennent de nuit à cause de la chaleur, ont pris des doses pour rien en injectant du silicate de soudium, ou verre liquide, pour tenter d'arrêter les écoulements vers la mer alors qu'il est évident que c'est impossible.

Mercredi 7 août, le gouvernement japonais vient d'estimer, à la louche, que 300 m3 d'eau contaminée fuient quotidiennement vers l'océan. Pour cela, il part du fait que 1 000 m3 d'eau souterraine transitent quotidiennement sous la centrale. On sait que 400 m3 pénètrent dans les sous-sols des réacteurs et sont pompés par TEPCo, qui voit sont stock augmenter jour après jour. Sur les 600 m3 restant, la moitié devrait aller dans la mer sans être contaminé et le reste le serait avant de rejoindre aussi la mer.
TEPCO, quant à elle, estime à 50 GBq (50 milliards de becquerels) la quantité de tritium rejetée quotidiennement, ce qui correspond, comme par hasard, à la limite d'autorisation de rejet en temps normal. Elle ne dit rien de quantitatif pour les autres radioélements.
Le gouvernement va financer la mise en place d'une autre solution et le ministre prétend que la fuite d'eau radioactive en mer passera à 60 m3/j, environ et qu'il ne sera pas possible de faire mieux. Le projet retenu, dont il avait déjà été question, est de geler le sol tout autour de la centrale pour empêcher l'eau d'entrer et de sortir. Et de vanter une première mondiale sur une si grande distance, 1,4 km et sur 30 m de profondeur. Il s'agit d'une technologie onéreuse qui est utilisée temporairement pour creuser des tunnels de métro par exemple. Qu'en est-il à long terme sur une longueur de 1,4 km ? Quelle énergie cela va consommer ? Evidemment, certaines compagnies se frottent déjà les mains... L'idée a été proposée par Kajima, une des majors du BTP, qui estime le projet à 30 à 40 milliards de yens (300 millions d'euros). Le gouvernement veut montrer qu'il agit, mais rien n'est décidé pour le moment. On n'en est qu'aux annonces suite à une crise. La NRA, quant à elle, attends de voir.
Le ministre a aussi déclaré que l'on ne pouvait pas exclure que les fuites en mer aient commencé dès les premiers jours de l'accident ! Cette déclaration est réellement nouvelle.
La contamination en césium dans le puits 1-5 a soudainement augmenté, comme déjà signalé (cf 6 août). Le résultat de l'analyse tritium est maintenant disponible : il y a entre 45 000 et  56 000 Bq/l, ce qui est presque deux fois plus que la plus forte contamination relevée dans ce puits (28 000 Bq/l relevés le 31 juillet).
Quant à l'eau de mer à proximité de la centrale, elle continue à être fortement contaminée en tritium, signe que les fuites continuent.
Le dernier bilan de l'eau contaminée est ici en anglais.
Les pêcheurs d'Iwaki qui avaient prévu de reprendre la pêche le mois prochain pour analyser les poissons ont décidé de reporter leur initiative.

Jeudi 8 août 2013, l'ACRO a mis en ligne une synthèse sur la gestion de l'eau contaminée. Voir aussi celle faite en parallèle par Pierre Fetet.

TEPCo s'apprête à pomper 100 m3 d'eau contaminée dans la galerie du récateur n°2 qui est suspectée d'être à l'origine de la pollution des nappes phréatiques à proximité. Ce devrait avoir lieu le 9 août. Pour le moment, la capacité de stockage est de 380 000 m3 et 320 000 m3 sont utilisés.

TEPCo a mis en ligne des images de la corrosion de sa nouvelle station de traitement de l'eau contaminée, Alps. C'est après seulement quelques mois de test !

Vendredi 9 août, suite du feuilleton de l'eau contaminée :
- les dernières données sur la contamination des nappes et de l'eau de mer.
- le dernier bilan de la station SARRY de traitement de l'eau contaminée. Attention, les chiffres sont en Bq/cm3. Il faut donc les multiplier par 1 000 pour avoir des Bq/l.
- l'Asahi avait reproché à TEPCo de n'avoir rien fait pour boucher le passage entre la bâtiment turbine du réacteur n°2 et la galerie souterraine qu'elle soupçonne de fuir en mer (cf 1er Août). TEPCo réplique en disant qu'elle n'a pas réussi et que depuis elle toujours pris ce problème "en considération".
- TEPCo a terminé sa barrière souterraine de 90 m de long entre les réacteurs et la mer. Elle a commencé à pomper de l'eau souterraine à proximité pour éviter qu'elle ne fuit en mer. Elle a creusé un puits proche du rivage et a pompé à partir de 14h. Elle installe aussi d'autres tuyaux pour pouvoir, in fine, pomper 100 m3 par jour. Pour le moment, cette eau est mise dans une tranchée souterraine, en attendant mieux. Elle aurait pompé 13 m3 ce premier jour.
Voir la présentation de l'installation de pompage ainsi qu'une synthèse des dernières mesures.

10 associations japonaises et des élus ont rencontré des représentants du gouvernement, pour leur remettre une pétition demandant de consacrer plus de moyens humains à la crise de Fukushima, quitte à retarder l'inspection des demandes d'autorisation de redémarrage des réacteurs nucléaires.
Il apparaît, suite à cette réunion, qu'il n'est pas clair, au sein du gouvernement, de savoir qui est responsable de la gestion de l'eau contaminée et des fuites. Ni l'Agency for Natural Resources and Energy (ANRE) ni la NRA (Nuclear Regulation Authority) ne pouvaient répondre ! 80 employés de la NRA travaillent sur les dossiers de redémarrage et 42 sur la crise de l'eau.

Samedi 10 août, Masayuki Ono, porte-parole de TEPCo, a reconnu que TEPCO savait depuis deux ans que de l'eau souterraine contaminée s'écoulait en mer. Il ne peut pas dire pourquoi il a fallu deux ans pour le reconnaître.
Si l'on avait dit honnêtement aux pêcheurs qu'il y a 300 m3 d'eau radioactive qui s'écoulent dans l'océan et qu'en pompant 100 m3 par jour en amont de la centrale on espère pouvoir diminuer ces fuites, ils auraient accepté. Quelle perte de temps !

Dimanche 11 août, TEPCo a reconnu que l'eau souterraine contaminée passait probablement par dessus sa barrière souterraine qui s'arrête à 1,8 m du sol.

Lundi 12 août, TEPCo a présenté son plan à la NRA : elle compte pomper 60 m3 par jour dans le puits qu'elle vient de creuser à proximité du rivage, entre les réacteurs 1 et 2. Elle va creuser des puits similaires entre les réacteurs 2 et 3, ainsi qu'entre les réacteurs 3 et 4 où elle pompera 80 m3 par jour à partir de septembre.

TEPCo a creusé un nouveau puits de contrôle entre les réacteurs et l'océan. Il est à 4 m du rivage, à 4 m au Nord de la prise d'eau du réacteur n°1 et à 160 m au Nord de la tranchée que TEPCo suspectait d'être à l'origine des fuites. La contamination en tritium y est passée de 23 000 Bq/l à 34 000 Bq/l entre le 8 et 10 août.

Mardi 13 août, suite à la découverte de pollution radioactive dans un nouveau puits, la NRA a demandé à TEPCo de contrôler la contamination dans une tranchée liée au réacteur n°1. La dernière mesure date de décembre dernier et TEPCO avait alors trouvé 89 Bq/l en césium 137.
La NRA va aussi venir inspecter les lieux le 23 août prochain.
Les dernières données concernant la pollution des nappes phréatiques et de l'eau de mer sont ici en anglais.

Jeudi 15 août, TEPCo a repris le pompage de la nappe phréatique à proximité de la mer. Elle compte passer à 60 m3/j à partir du 18 août.
Elle a, par ailleurs, estimé à 210 m3 la quantité d'eau fortement contaminée dans une galerie souterraine reliée au bâtiment turbine du réacteur n°2. Voir le communiqué et les images commentées en anglais.

Vendredi 16 août, TEPCo a mesuré la contamination de l'eau d'un tunnel relié au réacteur n°1 : la concentration en césium y est 8 fois plus élevée que juste après la catastrophe. TEPCo a trouvé 11 600 Bq/l cette fois-ci et 1 490 Bq/l peu de temps après le déclenchement de la catastrophe. C'est toujours beaucoup moins que ce qu'il y a dans la galerie souterraine liée au réacteur n°2. TEPCo explique la différence par le fait que la galerie du réacteur n°1 devait déjà être remplie d'eau par le tsunami et l'eau contaminée s'y est diluée, alors que pour les galeries des réacteurs 2 et 3, ce doit être directement de l'eau des réacteurs, via les bâtiments turbine.

Les derniers résultats de la contamination de l'eau des nappes phréatiques entre les réacteurs et la mer, ainsi que de l'eau de mer à proximité de la centrale restent très élevés. TEPCo a aussi mis en ligne un bilan de la contamination de l'eau souterraine et de l'eau de mer du côté Est des bâtiments turbine.

Samedi 17 août, TEPCO a mis en ligne de nouvelles images de la corrosion de la toute nouvelle station de traitement de l'eau contaminée, Alps, qui n'est qu'en cours de test. Dire qu'il faut que cela tienne pendant des décennies. Espérons que tout ne soit pas du même acabit par économie de bouts de chandelles.

Lundi 19 août, TEPCo a annoncé avoir découvert une nouvelle fuite lors d'une patrouille. Un employé a découvert vers 10h40 (corrigé plus tard à 9h50) que la valve du réceptacle sous une cuve de la zone H4 était ouverte et laissait l'eau récoltée fuir. Elle a été fermée par la suite. La compagnie a ensuite annoncé avoir découvert des petites flaques dans le réceptacle en béton sous la cuve et en dehors. La compagnie affirme qu'elle n'a pas trouvé de trace d'écoulement et qu'elle considère donc que l'eau n'a pas atteint la mer. Ce n'est que lors du troisième communiqué que TEPCo a reconnu que le fait que de l'eau contaminée ait fui de l'enceinte supposée la contenir constitue une violation des règles de sûreté. Dans son style inimitable, elle reconnaît aussi "qu'il ne peut pas être dénié que l'eau contenue dans la cuve a aussi fui". L'eau prélevée dans la flaque du collecteur est très contaminée : il y a 100 mSv/h à 50 cm.
Lors de la conférence de presse, TEPCo a reconnu que 120 litres ont peut-être fui et la NRA a classé au niveau 1 de l'échelle INES "l'incident".
Des photos et des explications sont ici en anglais. La compagnie a aussi mis en ligne une vidéo de sa barrière souterraine.

Mardi 20 août, suite de l'affaire de la cuve de la zone H4 qui a fui et que le réceptacle n'a pas pu contenir : TEPCo a mis en ligne les premiers résultats de mesure. En plus du césium à 146 000 Bq/l dans l'eau de la flaque près de la cuve, il y a du cobalt 60 (1 200 Bq/l), du manganèse 54 (1 900 Bq/l) et de l'antimoine 125 (71 000 Bq/l) pour les émetteurs gamma. Il y a aussi du tritium et strontium qui n'ont pas encore été mesurés, mais la contamination bêta totale (hors tritium) est de 80 millions de becquerels par litre. Cette avait déjà été partiellement "décontaminée", c'est à dire qu'une grande partie du césium avait été retiré par le système SARRY.
TEPCo n'a pas détecté d'augmentation de la contamination de l'eau de mer à proximité.
Dans la soirée, TEPCo a commencé à transférer l'eau contaminée contenue dans la cuve H4-I-5 et dans le collecteur en dessous vers une autre cuve (la H4-B-10).
Dans l'après midi, la compagnie a revu à la hausse la quantité d'eau qui a fui de la cuve : 300 m3, 300 000 litres ! C'est plus que les 120 litres des flaques de la veille et c'est presque un tiers du contenu de la cuve qui fait 1 000 m3. Ce nouveau chiffre vient du fait que le niveau d'eau dans la cuve a baissé de 3 m. 10 m3 auraient fui en un jour, ce laisse supposer que la fuite a 30 jours environ et qu'il a fallu un mois à TEPCo pour la découvrir !
Mais cette eau ne serait pas parvenue à l'océan. Où est-elle ? Mystère ! La NRA a ordonné à TEPCo d'investiguer et de déterminer si cette eau a pu atteindre la mer via un réseau de drainage. Elle lui a aussi demandé de retirer la terre contaminée.
Et de s'excuser une nouvelle fois pour l'anxiété provoquée... C'est une de ces cuves provisoires qui ne doit pas être utilisée plus de 5 ans. 4 fuites sur ces cuves ont déjà été découvertes par le passé. Cette fois-ci, TEPCo ayant tardé à la découvrir, la quantité d'eau et de radioéléments qui se sont échappés est énorme.
Une fois de plus, TEPCo va user la corde jusqu'au bout, jusqu'à ce que cela casse car elle n'a plus de sous. Que font les autorités ? Pourquoi n'imposent-elles pas à l'exploitant de changer ses 350 cuves provisoires qui risquent de vieillir plus vite que prévu et qui ne tiendront peut être pas à un séisme.
Seoul a demandé des explications au Japon.
Présentation de TEPCo à propos de la fuite.

L'eau souterraine prélevée entre les réacteurs et la mer continue à être très chargée en tritium et autres polluants radioactifs. La contamination en tritium de l'eau de mer qui a battu un record la veille est quant à elle, redescendue à un niveau malheureusement plus habituel de 3 200 Bq/l. Malgré les grandes déclarations de TEPCo et des autorités sur la "gravité de la situation" et leur promesse d'agir, les fuites continuent. Qu'y peuvent-ils ?

Mercredi 21 août, suite du feuilleton de la fuite de la cuve H4-I-5 : TEPCo annonce avoir trouvé des traces d'écoulement dans un canal de drainage à l'Est de la zone de stockage H4. la mesure du débit de dose a donné des valeurs élevées qui peuvent atteindre 6 mSv/h. TEPCo ne dit rien sur le devenir de cette eau. Serait-elle allée en mer ? TEPCo a reconnu ne pas pouvoir l'exclure.
La compagnie annonce aussi que la cuve H4-I-5 est vidée depuis 21h13. Elle s'est dépêchée car la cuve continuait à fuir. Mais elle ne sait toujours pas par où. Elle a aussi récupéré 4 m3 d'eau qui avait fui, le reste des 300 m3 ayant été absorbé par le sol.
Lors de sa conférence de presse, TEPCo a expliqué qu'elle vérifiait actuellement toutes les autres cuves en urgence. La cuve qui a fui n'est pas équipée de jauge. Il n'est donc pas possible de savoir si elle fuit ou non sans voir l'eau se répandre. Toujours des économies de bout de chandelle... La compagnie ne semble savoir ce qu'il en est pour les autres cuves.
La NRA, quant à elle, envisage de classer cette fuite au niveau 3 de l'échelle INES, qui correspond à un "incident grave" dû à la "contamination importante dans une zone qui ne devrait pas l'être". Elle va cependant consulter l'AIEA pour voir si ce classement est pertinent, car il intervient dans le contexte d'un accident déjà classé au niveau 7, qui lui, correspond à "accident majeur". A 80 millions de becquerels par litre en bêta total hors tritium, les 300 m3 représentent tout de même 24 térabecquerels ! Elle va demander à ses inspecteurs de redoubler de vigilence. Elle a aussi reconnu que les inspections visuelles ont parfois eu lieu par jour de pluie et qu'elles ne permettaient donc pas de détecter des fuites éventuelles.
Le Vice Président de TEPCO, Zengo Aïzawa, en charge de la division nucléaire du groupe, va être désormais être stationné à Fukushima daï-ichi et va prendre la direction du démantèlement.
Présentation succincte des contre-mesures mises en place par TEPCo, avec photos et commentaires en anglais. TEPCo pompe l'eau des flaques et veut empêcher l'eau de pluie de ruisseler vers le lieu où l'eau contaminée à fui.
Le dernier bilan de l'eau contaminée sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi est ici en anglais. Il y a maintenant 1 060 cuves pleines d'eau contaminée. Au 6 août, la capacité totale de stockage de l'eau contaminée était de 412 000 m3 et, avec 346 000 m3 d'eau, 80% de cette capacité est occupée.
Les tests de la station de traitement Alps, suspendus suite à la découverte de corrosion, ne devraient pas reprendre avant décembre 2013.

Jeudi 22 août, feuilleton de la fuite de la cuve H4-I-5 :
Des ouvriers patrouillent deux fois par jour pour détecter les fuites, mais n'auraient pas vu la fuite de la cuve H4-I-5 car elle cachée à l'intérieur d'un groupe de cuve. A quoi servent ces inspections visuelles ? Quant à la petite digue construite autour du groupe de cuve pour retenir l'eau des éventuelles fuites, elle n'a servi à rien. En effet, la valve d'évacuation était ouverte pour permettre l'écoulement des eaux de pluie car il faut que le sol reste sec pour repérer les fuites. Bref, la digue sert juste à faire beau ou faire croire que les fuites peuvent être retenues, alors que ce n'est pas le cas. On est dans l'absurde le plus complet.
Il n'y a pas de jauge non plus dans la cuve et TEPCO ne peut même pas garantir qu'elle était pleine avant la fuite. Les 300 m3 annoncés ne sont donc pas sûrs. En fait, plusieurs cuves sont reliées entre-elles au moment du remplissage. C'est le cas des cuves 5, 7, 8, 9 et 10 de la zone et la jauge est dans la cuve n°7. TEPCo a arrêté d'y injecter de l'eau contaminée quand la cuve n°7 était pleine et ne sait rien pour les autres cuves...
Cette fois-ci, TEPCo a entrepris une inspection plus sérieuse, promet-elle, des 300 cuves provisoires pleines qui sont du même type que la désormais célèbre H4-I-5 qui a laissé s'échapper 300 m3 d'eau très contaminée. Et les ouvriers ont découvert un débit de dose anormalement élevé le long de soudures de deux autres cuves provisoires situées dans la zone H3 : il y a jusqu'à 100 mSv/h. Le sol est sec et aucune trace de fuite n'aurait été découverte. Les cuves sont pleines à 95 et 97%, mais TEPCo ne peut pas expliquer ce débit de dose élevé et ne peut donc pas exclure d'autres fuites. Une carte et des photos sont ici avec des commentaires en anglais. Sur la première photo, on voit le tuyau qui connecte les cuves entre-elles.
TEPCO a aussi reconnu que l'eau très contaminée a probablement rejoint la mer. La surface d'une rigole de drainage à proximité de la cuve qui a fui a un débit de dose de 6 mSv/h. Cette rigole est directement reliée à l'océan, au sud du réacteur n°4. De l'eau très contaminée a été découverte à une cinquantaine de mètres de la cuve H4-I-5 et à 650 m de l'océan. Elle est moins contaminée que celle de la cuve mais a pu être diluée par de l'eau de pluie.
Voir la présentation faite par TEPCo lors de la réunion avec la NRA (en japonais).
Une coopérative de pêche a annoncé qu'elle allait suspendre sa pêche "expérimentale" à la fin du mois car elle n'a pas d'espoir de pouvoir reprendre la pêche commerciale. Les autres coopératives ont suivi.

TEPCo a annoncé qu'elle avait commencé à pomper l'eau contaminée d'une tranchée liée au réacteur n°2. Elle espère ensuite pourvoir la bloquer pour éviter les fuites vers les nappes phréatiques.
La compagnie continue aussi à pomper la nappe phréatique, mais ne donne pas de volumes. Elle a maintenant 28 points de pompage.

TEPCo a estimé que de 3 à 10 térabecquerels de strontium (3 000 à 10 000 milliards de becquerels) et de 4 à 20 térabecquerels de césium 137 ont pu fuir en mer depuis mai 2011. C'est beaucoup plus que l'autorisation de rejet en mer fixée à 220 Gbq (220 milliards). Ce calcul est basé sur la contamination de la baie et l'hypothèse que le flux était continu. C'est bien la preuve que TEPCo a toujours su que cela fuyait en mer...

Vendredi 23 août, feuilleton de la fuite de la cuve H4-I-5 :
TEPCO a mis en ligne des résultats de mesure sur l'eau prélevée près de la cuve. Les niveaux ne sont pas excessivement élevés après une telle fuite. La pluie a dû diluer la pollution.
La compagnie va aussi retirer la terre où il y avait la flaque d'eau sur 40 à 50 cm et une douzaine de mètres carrés. Si le débit de dose reste élevé, TEPCo creusera plus.
15 membres de la NRA sont venus inspecter la centrale et les cuves. Suite à cette inspection, le porte-parole a expliqué que TEPCo n'était pas préparée à faire face à une fuite d'une cuve. Il reproche aussi à TEPCo que les personnes qui font les tournées d'inspection ne note pas les débits de dose à proximité des cuves. Si ces débits étaient notés et pris en référence lors du passage suivant, cela aiderait à détecter des fuites. Enfin, il reproche à la compagnie de ne pas admettre ses limites et de ne pas demander d'aide. Cela ne suffit pas de répéter à chaque fois qu'elle fait de son mieux.
Pour ce qui est des autres fuites en mer et de la contamination de la nappe phréatique le long du rivage, TEPCo continue de prétendre que c'est dû uniquement aux galeries souterraines et que l'eau des sous-sols des réacteurs et bâtiments turbine ne fuit pas. C'est difficile d'y croire puisque 400 m3 d'eau souterraine y pénètre. Comment imaginer que de l'eau contaminée n'en sort pas. Mais si TEPCo a raison, le pire est devant nous. Car cette eau y est très fortement contaminée et en quantité gigantesque. Si une fuite massive depuis ces sous-sols devait polluer encore plus l'océan, TEPCo ne pourra rien faire car elle n'a pas les moyens de tout pomper et stocker.
Il y a 220 000 m3 d'eau contaminée dans des cuves provisoires similaires à celle qui a fui. TEPCo ne peut pas les vider car elle n'a pas de solution de rechange pour l'eau. L'étanchéité est en caoutchouc d'une durée de vie de 5 ans et qui pourrait vieillir plus vite sous l'effet des radiations.

Samedi 24 août, feuilleton de la fuite de la cuve H4-I-5 :
TEPCo a révélé que la cuve qui a fui a d'abord été installée sur un sol instable et que la dalle qui la supportait s'était enfoncée de 20 cm lors d'un test en juillet 2011. La dalle en ciment s'était aussi fissurée. Cela aurait pu endommager la cuve et provoquer la fuite. La compagnie affirme que la cuve a été correctement démontée et remontée en septembre 2011 et qu'aucun problème n'avait été détecté. Elle a été remplie en octobre 2011.
TEPCo va vider les deux cuves provisoires qui ont aussi été déménagées après s'être aussi enfoncées dans le sol, même si aucune fuite n'y a été détectée.
Voir les explications en anglais de TEPCo, assorties de photos et plans. Mais attention, il y a une erreur de traduction sur les dates toutes mises en 2012, alors que dans la version japonaise, elles sont en 平成23年 qui correspond à 2011. Le Japon est actuellement à l'année 25.
Que se passera-t-il en cas de fort séisme ? Est-ce que ces cuves tiendront ? Ni TEPCo, ni la NRA, ni la presse n'abordent cette question.

Les dernières mesures de la concentration en tritium dans l'eau de mer à l'entrée du port, située à 500 m devant la centrale, montrent une forte augmentation en une semaine. Elles varient de 52 à 68 Bq/l et ce sont les plus fortes valeurs enregistrées à cet endroit.
D'autres données récentes sur l'eau des nappes phréatiques et et l'eau de mer sont ici. La contamination reste élevée.

Lundi 26 août, TEPCo a réorganisé sa gestion de l'eau contaminée et le PDG de la compagnie va présider le groupe de travail. La compagnie va aussi installer des jauges dans toutes ses cuves, fermer les vannes des réceptacles sous les cuves et, à terme, remplacer les cuves provisoires par des cuves plus robustes. 50 personnes supplémentaires seront affectées aux patrouilles pour atteindre un total de 60, avec des moyens de mesure nouveaux : caméras infrarouge, dosimètres... TEPCo ne donne pas les doses engendrées par ces patrouilles supplémentaires. Elles ne sont pas négligeables. N'y a-t-il pas mieux à faire ?
Ces annonces ont été faites à l'occasion de la visite du ministre de l'industrie. TEPCo a aussi mis en ligne une présentation avec les mesures qu'elle a prises. Quant à la contamination de l'eau de la cuve, elle est partiellement donnée ici.
Si les vannes des enceintes de collecte des fuites sous les cuves sont fermées, que va-t-il se passer avec l'eau de pluie ? Comment la compagnie va-t-elle gérer ce problème ?

Mardi 27 août, feuilleton de la fuite de la cuve H4-I-5 :
TEPCo a trouvé que l'eau contaminée de la cuve a pu s'écouler par une deuxième valve laissée ouverte. Des ouvriers ont mesuré jusqu'à 16 mSv/h à proximité, ce qui plus que dans les environs et laisse penser que de l'eau contaminée a pu s'écouler par là. La compagnie est bonne pour retirer la terre de ce côté aussi.
Les explications ne sont disponibles qu'en japonais pour le moment, avec des photos.
TEPCo a créé une page spéciale sur les fuites d'eau sur son site Internet pour montrer que, cette fois-ci, elle a bien pris les choses au sérieux.

Mercredi 28 août, feuilleton de la fuite de la cuve H4-I-5 :
La NRA a officiellement relevé le niveau de la fuite sur l'échelle internationale INES après avoir reçu un feu vert de l'AIEA : il est passé de 1 à 3 qui correspond à un "incident grave". Mais ni la NRA ni TEPCo ne sont sûrs que ce sont bien 300 m3 qui ont fui. La NRA pourrait revoir à la baisse l'évaluation s'il était prouvé que c'est moins de 300 m3 qui ont fui...
Les autres incidents n'ont jamais été classés sur cette échelle. La NRA va-t-elle tout classer pour améliorer sa communication ou n'utiliser l'échelle qu'au cas par cas, quand elle l'estime utile ?
De son côté, TEPCo ne sait toujours pas pourquoi la cuve a fui et annonce que les investigations vont prendre des semaines car le débit de dose à l'intérieur est trop élevé.
Il est fort possible que la fuite a duré plus d'un mois avant d'être découverte le 19 août. Un représentant de TEPCo a dit à la NRA, lors d'une réunion, que la fuite de la cuve avait déjà probablement commencé en juillet 2013. Il est arrivé à cette conclusion en regardant les doses enregistrées par les travailleurs qui passent 2,5 heures par jour dans une station relais radio située à 20 m de la cuve. Ces doses ont commencé à augmenter à la mi-juillet et que la compagnie va analyser les données d'avant juillet 2013. Cette observation n'a semble-t-il pas mené TEPCo à rechercher la cause afin de diminuer les doses prises par les intervenants sur son site !

Jeudi 29 août, le gouvernement affirme sa volonté de prendre en charge la gestion de l'eau contaminée à Fukushima et de financer d'autres lignes de traitement de la station Alps si nécessaire. Quant à la NRA, elle a appelé à une meilleure surveillance de l'environnement marin.
La NRA avait demandé à TEPCo de renforcer la surveillance de ses cuves il y a presque un an, mais la compagnie n'en a pas tenu compte.
TEPCo envoie deux personnes sur une équipe de neuf deux fois par jour inspecter visuellement les 930 cuves pleines. Chaque ronde fait environ 2 à 3 heures pour contrôler 450 cuves environ. Difficile de détecter des fuites peu visibles dans de telles conditions. Selon le Maïnichi, le secrétariat de l'autorité de sûreté en poste sur le site aurait réclamé une dizaine de fois d'améliorer les inspections en y consacrant plus de moyens et des instruments de mesure comme des caméras ou des jauges. TEPCo a répondu avoir pris en compte ces recommandations, mais n'a fait qu'augmenter le nombre de patrouilles de d'une à deux par jour.
A quoi sert l'autorité de sûreté si elle ne peut pas imposer ses vues en terme de sûreté ? Elle joue sa crédibilité dans cette affaire.
Les autorités japonaises envisagent de geler le sol sur 1,4 km de long tout autour des réacteurs accidenté afain de ralentir les échanges avec la nappe phréatique. Le Wall Street Journal recense quelques exemples passés. La technique est commune pour les chantiers de tunnel et est bien maîtrisée. En revanche, elle coûte très cher et consomme beaucoup d'énergie. Il est question de dizaines de milliards de yens pour la construction et de milliards par an pour l'exploitation.

Vendredi 30 août,
pressé de toutes parts, même à l'intérieur du parti majoritaire, le gouvernement continue d'annoncer qu'il va prendre les choses en main en ce qui concerne l'eau contaminée et les fuites. Il va faire des propositions en septembre. La forte médiatisation internationale des fuites est aussi un soucis pour lui, alors que Tôkyô est candidate au JO de 2020 et que la décision approche. Les pêcheurs utilisent aussi tous les canaux pour faire connaître leur mécontentement.

TEPCo a mis en ligne des résultats partiels de mesure de la contamination de l'eau situées dans les sous-sols des bâtiments turbine des réacteurs 3 et 4. TEPCo prétend retirer 62 radioéléments avec sa station de traitement des eaux ALPS, mais ne donne des résultats que pour une douzaine qui ont tous des vies courtes, à l'exception des deux césium. Les limites de détection ne sont pas données non plus. Il y a 56 millions de becquerels par litre pour les deux césiums pour le réacteur n°3 et 23,2 millions de becquerels par litre pour le 4.

Samedi 31 août, en inspectant avec plus d'attention les cuves pleines d'eau contaminée, TEPCo a trouvé plusieurs points chauds avec des débits de dose très élevés. Il y a de l'ordre de 220 mSv/h en plusieurs points et jusqu'à 1 800 mSv/h, c'est à dire 1,8 Sv/h au pied d'une cuve. Il s'agit de débits de dose équivalente au contact qui décroissent très rapidement avec la distance. Et cela décroît vite car il s'agit essentiellement de rayonnement bêta qui est arrêté par l'air. La plus forte valeur est léthale en quelques heures si l'on reste au contact, mais pas à distance. Voir le commentaire de TEPCo à ce propos.
Cette hausse des débits de dose est due à un changement d'appareil de mesure. Les précédents étaient limités et saturaient avec au-delà de 100 mSv/h.
TEPCo pense qu'il n'y a pas eu de fuite en dehors du réceptacle sous les cuves car les niveaux d'eau dans les cuves concernées n'ont pas baissé de façon significative et que les vannes étaient fermées. Les débits de dose aux mêmes endroits était beaucoup plus faibles le 22 août dernier. Dans un cas, c'est le tuyau qui relie deux cuves (H5-IV-5 et H5-IV-6) qui gouttait à raison d'une goutte toutes les 90 secondes environ. La fuite a été colmatée. Dans les autres cas, TEPCo ne peut pas expliquer cette variation rapide, mais suspecte des fuites car c'est souvent au niveau des joints que c'est très irradiant.
La compagnie continue ses investigations et pourrait trouver d'autres problèmes. Toutes les cuves concernées sont encore des cuves dites provisoires avec des joints en caoutchouc.
Voir le plan et les photos commentés en anglais mis en ligne le 2 septembre.

Dimanche 1er septembre 2013, TEPCo a resserré les boulons du tuyau qui relie les cuves H5-IV-5 et H5-IV-6 et a vérifié qu'il ne goutte plus. L'eau qui a fui a une contamination bêta total de 300 millions de becquerels par litre. La contamination en césium est plus faible car une partie a été retirée par le système SARRY.
Par ailleurs, TEPCo a refait des mesures de débit de dose au contact et confirme les chiffres élevés de la veille pour quelques cuves. Elle a aussi trouvé un débit de dose très élevé en autre point de la cuve qui était la plus irradiante : 1 700 mSv/h à l'opposé du point où elle avait trouvé 1 800 mSv/h. Il s'agit toujours essentiellement de rayonnement bêta qui est de courte portée. Elle n'a pas trouvé de nouveau point chaud.

Lundi 2 septembre, les découvertes de nouvelles fuites suite au renforcement des inspections montre bien que le travail était baclé auparavant. La nouvelle fuite sur un tuyau reliant deux cuves est plus inquiétante, même si la fuite était limitée, car ces tuyaux servent pour les deux types de cuve, les cuves temporaires bon marché qui posent problème et les cuves plus solides. Ce qui signifie que TEPCo va devoir aussi renforcer la surveillance des cuves réputées plus robustes...
Les trois autres points chauds trouvés par TEPCo sur des cuves correspondent au rebord inférieur en photo sur ce dosument en anglais. On peut voir que la corrosion a déjà bien agi. Cette cuve tiendra-t-elle les 5 ans prévus ?
TEPCo va vider les cuves où il y a des doutes. Elle espère avoir fini pour le 17 septembre prochain.
Un nouveau point chaud a aussi découvert, sans trace de fuite, selon TEPCo.
Pour le Maïnichi, qui a enquêté auprès des travailleurs, cette situation déplorable dans le gestion de l'eau est en partie due au fossé qu'il y a entre les cadres qui restent à Tôkyô et ne viennent jamais à la centrale accidentée et les personnes sur le terrain qui ne peuvent pas faire valoir leurs opinions. Quant à TEPCo, elle ne prend les mesures nécessaires qu'au dernier rmoment, quand elle ne peut plus faire autrement. Il est souvent trop tard.
Un autre travailleur qui a participé à la construction de la cuve qui a fui témoigne que c'est la vitesse qui a prévalu sur la sûreté et que sa plus grosse crainte était les fuites. L'approvisionnement n'était pas toujours là et parfois les pièces défectueuses.
Enfin l'AFP souligne que TEPCo ne veut pas donner le nom du fabricant des cuves mais que les médias l'ont trouvé : Tokyo Kizai Kogyo. Cette compagnie se retranche derrière les clauses de confidentialité pour refuser de répondre aux questions. Impossible d'avoir des détails sur les cuves, leur tenue à la corrosion, aux secousses etc etc... Lire cet excellent article sur l'attitude de TEPCo, de l'industrie nucléaire et des autorités.

La contamination en tritium de l'eau de mer est de nouveau très élevée, avec 4 200 Bq/l pour le point le plus contaminé. Le président de la NRA a rappelé que si TEPCo arrive à utiliser la station de traitement ALPS, elle ne retire pas tout. Il reste en particulier le tritium qui n'est pas retenu et qui sera rejeté en mer. Il y aura donc des fuites plus des rejets contrôlés ! La quantité de tritium stockée dépasse largement les autorisations de rejet. Comment les autorités vont-elles résoudre ce problème ? Vont-elles augmenter l'autorisation ? Cela va être difficile à expliquer ! Il ne semble pas prévoir de surveillance indépendante de la pollution marine, ni d'études spécifiques.
Il n'y a pas le carbone 14 dans la liste des radioéléments traités par ALPS. Va-t-il aussi être entièrement rejeté ? Je n'ai jamais vu de mesure de cet élément qui est aussi un bêta pur et donc difficile à mesurer. Le silence est assourdissant sur cet élément qui entre dans les rejets de routine des installations nucléaires.

Mardi 3 septembre, le New York times a mis en ligne une infographie qui aide à comprendre les fuites d'eau.

TEPCo annonce que la contamination de l'eau souterraine dans le puits d'observation 1-3 a soudainement augmentée. La concentration en césium 137 est passée de 3,3 Bq/l le 29 août à 24 Bq/l le 2 septembre. Le césium 134 a aussi augmenté. La contamination bêta total dans le puits de pompage est passée de 6 000 Bq/l à 360 000 Bq/l.
Le tableau avec les résultats est ici en anglais.
Avec son mur souterrain et ses pompages, TEPCo a changé les écoulements et la contamination des puits. A-t-elle réduit les fuites en mer ? Difficile de conclure pour le moment. La contamination marine ne semble pas baisser.

Les joints des cuves provisoires sont bouchés avec une résine qui gonfle au contact de l'eau. TEPCo pense que c'est cette résine qui est à l'origine des débits de dose élevés qu'elle a enregistrés depuis qu'elle a renforcé ses contrôles avec du matériel de mesure qui ne sature pas. La compagnie pense que l'usure est à l'origine de l'extrusion. Elle va vérifier si cela peut dégénérer en fuite.

Le gouvernement japonais a décidé de consacrer 47 milliards de yens (360 millions d'euros) à son aide à faire face à l'accumulation d'eau contaminée à la centrale de Fukushima daï-ichi. Un peu moins de la moitié (23 milliards de yens, 177 millions d'euros) provient des fonds de réserve du budget 2013 ce qui devrait permettre de commencer rapidement les travaux.
Sur cette somme, 32 milliards de yens (246 millions d'euros) seront consacrés au nouveau mur souterrain qui doit geler le sol tout autour des réacteurs pour arrêter les échanges d'eau. 15 autres milliards de yens (115 millions d'euros) seront consacrés à la station de traitement ALPS qui est en panne alors qu'elle n'était qu'aux phases de tests.
Le gouvernement espère que le mur de glace sera terminé en mars 2015, mais ce calendrier est plus administratif que technique. Les fuites vont donc continuer pendant encore plus d'un an.
De nombreuses personnes suspectent que le gouvernement est plus inquiet pour son image à l'international alors que la décision d'attribuer les JO de 2020 approche et que Tôkyô est candidate, que de la protection de l'environnement et des populations.
L'Etat, actionnaire principal de TEPCo, avait laissé la compagnie de débrouiller seule. Il décide là de prendre directement en charge une partie de la gestion de la catastrophe avec l'argent public. Mais il faudrait qu'il change aussi la gouvernance de TEPCo et l'oblige à améliorer sa culture de sûreté, sinon d'autres problèmes, entraînant d'autres crises vont jaillir. Il ne pourra pas suivre.

Mercredi 4 septembre, TEPCo annonce le renforcement des inspections des cuves avec 4 patrouilles par jour et 96 inspecteurs, contre 9 auparavant et met en ligne une vidéo. TEPCo ne publiait (presque) jamais d'image des ses cuves et de la place qu'elles prennent. Ce sont les médias qui ont pris des photos par hélicoptère ou lors de visites et qui ont publié des images qui permettent de se rendre compte de l'ampleur du problème. Sur la vidéo, on voit que le réceptacle pour récupérer l'eau des éventuelles fuites a des flaques dues à la pluie. Comment distinguer l'eau de pluie d'une fuite sans instrument de mesure comme auparavant ? Et en cas de fuite par jour de pluie, la situation devient ingérable.
TEPCo continue donc à faire des mesures de débit de dose à proximité des cuves et a trouvé juqu'à 2 200 mSv/h (2,2 Sv/h) en dose équivalente dans la même zone où 1 800 mSv/h avaient été trouvés. Le résultat est très sensible à la façon dont fait la mesure et une telle variation n'est pas surprenante.
La compagnie confirme qu'elle n'a pas détecté de fuite à ces endroits et elle a commencé à installer des écrans pour diminuer les risques. Là où elle avait trouvé 2 200 mSv/h, il ne reste plus que 30 mSv/h.

L'Asahi est très critique à propos des mesures annoncées par le gouvernement japonais. Les deux mesures proposées, à savoir geler le sol autour des réacteur pour freiner les échanges d'eau souterraine et le renforcement d'une station de traitement qui ne marche pas ne sont que des solutions à moyen terme alors que la situation est urgente. Il n'est même pas sûr que cela soit des solutions efficaces.
Pourquoi le gouvernement ne finance-t-il pas le remplacement des cuves provisoires comme celle qui a fui et qui sont menaçantes ? "Cela va être envisagé dans le futur". Telle fut la réponse à une question dans ce sens lors de la conférence de presse.
D'autres médias soulignent que la précipitation du gouvernement à faire des annonces n'avait d'autre but que de rassurer la communauté internationale à quelques jours de la décision d'attribuer les JO de 2020 pour lesquels Tôkyô est candidate.

Jeudi 5 septembre, suite à la fuite de la cuve H4-I-5 TEPCo a creusé un puits à proximité (E-2) et a prélevé de l'eau souterraine à 7 m de profondeur : il y a 650 Bq/l en bêta total et TEPCo en conclut que l'eau de la cuve a atteint la nappe phréatique. Tableau de résultat.
La contamination le long d'un drainage de la zone où il y a eu la fuite jusqu'à la mer est donnée dans ce tableau.

Vendredi 6 septembre, TEPCo a changé sa page d'accueil en anglais qui débute maintenant avec une nouvelle profession de foi du PDG de TEPCo qui reconnait enfin que contrôler l'eau contaminée est le problème le plus urgent et sérieux auquel il fait face. Vous pouvez même l'écouter et le regarder dans une vidéo mise en ligne. La page en japonais, quant à elle, n'a pas changé. Si avec cela Tôkyô n'a pas les jeux olympiques ce sera la faute aux rumeurs néfastes...

TEPCo a annoncé qu'elle allait installer des jauges dans ses cuves temporaires de stockage de l'eau contaminée d'ici la fin novembre. Le niveau de l'eau pourra ainsi être contrôlé à distance et un alarme va sonner en cas de baisse. Actuellement, seulement 55 cuves provisoires sur 337 sont équipées de jauge qui ne peuvent pas être contrôlées à distance.

Samedi 7 septembre,
Vidéo pédagogique du Monde sur le problème de l'eau à Fukushima.

Lundi 9 septembre, TEPCo a foré un nouveau puits à une vingtaine de mètres de la cuve H4-I-5 qui a fui (puits E-1) et a trouvé 3 200 Bq/l en bêta total. C'est plus qu'avant la fuite et plus que dans le puits voisin E-2 où il y avait 650 Bq/l (cf 5 sept). Il y a aussi 4 200 Bq/l en tritium dans E-1 contre environ 300 Bq/l dans E-2. (Voir le tableau de résultats).
Il n'y a plus aucun doute, l'eau de la cuve a bien atteint la nappe phréatique.

Le gouvernement a demandé à TEPCo de produire d'ici octobre un plan de remplacement des 300 cuves provisoires comme celle qui a fui, lors de la prochaine réunion du comité de suivi.

Mardi 10 septembre, Shinzô Abé, le premier ministre japonais, a déclaré devant le comité international olympique, samedi 7 septembre, que la situation était sous contrôle concernant l'eau contaminée et qu'elle était complètement bloquée dans le port de la centrale qui ne fait que 0,3 km2.
"Some may have concerns about Fukushima. Let me assure you, the situation is under control. It has never done and will never do any damage to Tokyo."[...] “effects from the contaminated water have been perfectly blocked within the (artificial) bay”.
Si c'est passé devant de CIO, cela a choqué chez lui. Rien qu'en langue anglaise, l'Asahi, le Maïnichi et le Japan Times critiquent ses propos trop éloignés de la réalité. Lors de la conférence de presse quotidienne du 9 septembre, TEPCo a été pressée de questions pour avoir des données qui confirment les propos du premier ministre.
Le port est fermé par une barrière supposée retenir les sédiments, mais elle laisse passer le tritium et a une ouverture à cause la marée. Une simulation faite par TEPCo il y a un mois avait montré que jusqu'à 10 terabecquerels de strotium et 20 terabecquerels de césium 137 avaient rejoint l'océan.
TEPCo a tenté de justifier les propos du premier ministre en disant que la contamination de l'eau de mer le long des côtes était inférieure aux critères de non-potabilité de l'OMS. C'est ce que le premier ministre entend par "effets de l'eau contaminée". Mais c'est dû à la dilution, pas à une "situation sous contrôle" et un "blocage de la baie".
Le gouvernement a tenu une réunion inter-ministérielle sur la crise de l'eau contaminée. Il a été décidé que 20,6 milliards de yens de la réserve seront affectés à la crise dès cette année. Il y a 13,6 milliards pour le mur gelé souterrain et 7 milliards pour ALPS, la station de décontamination qui ne fonctionne pas. Cela fait cher pour une situation déjà "sous contrôle"...

TEPCo a invité Mr. Lake H. Barrett, spécialiste américain des questions de décontamination et des problèmes d'eau contaminée, à rejoindre ses réunions concernant l'eau contaminée. Il a été impliqué dans la gestion the l'accident de Three Miles Island.

Mercredi 11 septembre, deux ans et demi plus tard, l'ACRO a mis à jour son point sur l'eau contaminée à Fukushima, qui inclut maintenant la fuite de la cuve.

Jeudi 12 septembre, TEPCo a mis en ligne des résultats partiels sur la contamination de l'eau de la cuve qui a fui. Il y a 2,4 millions de Bq/l en tritium. Si on suppose que c'est la même contamination dans les autres cuves et qu'il y a 350 000 m3, cela fait 840 TBq de tritium en tout. Avec une limite annuelle de rejet fixée à 22 TBq/an avant la catastrophe, il faudra au moins 38 ans pour tout rejeter. Sauf si TEPCo obtient le droit de rejeter plus chaque année, ce sera difficile à faire passer. Le président de la NRA est très flou quand il parle des futurs rejets "contrôlés" qui viendront s'ajouter aux fuites.

Comme s'il fallait encore des preuves que l'eau de la cuve qui a fui pendant un mois est en partie allée dans la nappe, les derniers résultats de contamination de l'eau souterraine prélevée à proximité sont là pour en témoigner : 64 000 Bq/l en tritium dans le puits E1 hier, là où il y avait 29 000 Bq/l la veille et 4 200 Bq/l l'avant veille... Voir le communiqué en anglais. Et c'est passé à 97 000 Bq/l aujourd'hui ! (Tableau de résultats) TEPCo ne peut pas donner d'explication à cette hausse.
Si l'on considère que les rejets en mer ne doivent pas dépasser 60 000 Bq/L en tritium, une limite vient d'être franchie.
Dans d'autres puits, plus proches du littoral, il y a bien plus.
TEPCo ne sait toujours pas, non plus, pourquoi cette cuve a fui. Elle va donc l'ouvrir pour essayer d'en savoir plus.

Le Canard Enchaîné daté du 11 septembre 2013 a publié un article sur le problème de l'eau contaminée à Fukushima qui est partiellement inspiré de notre synthèse, complétée par une interview de l'ACRO. Il est accompagné d'un dessin de Cabu qui a choqué les autorités japonaises. Elles vont protester auprès de l'ambassade de France et du journal satirique.
Le Canard a répondu à la presse qu'il ne voyait pas pourquoi il devait s'excuser et que la satire faisait partie de la tradition de la presse française.
De son côté, le président de l'autorité de sûreté nucléaire japonaise estime qu'"On ne peut pas nier que de l'eau contaminée fuit [dans la nature], mais il n'est pas nécessaire de s'inquiéter outre mesure des conséquences environnementales". Et d'ajouter : "Je ne pense pas que ce que M. Abe a dit soit scientifiquement faux. Il est néanmoins nécessaire de prendre des dispositions pour mettre fin à ces fuites."

Vendredi 13 septembre, TEPCo avait vidé, en août dernier, une galerie liée au réacteur n°2 soupçonnée de fuir. Il y avait 2,35 GBq/L (milliards de becquerels par litre) de césium dans cette eau qui a été transferée dans le bâtiment turbine en attendant de trouver mieux. Les travaux se sont terminés le 24 août après avoir pompé 210 tonnes (ou m3). Lors d'une réunion avec la NRA, TEPCo a annoncé que l'eau revenait et que le niveau augmente de 8 cm/j, comme nous l'avions prédit.

Suites de la fuite de la cuve H4-I-5 qui avait été déplacée, tout comme deux autres cuves. TEPCo a commencé à démonter une de ces deux autres cuves et mis des photos en ligne qui permettent de voir sa taille. Elle doit ajouter une telle cuve tous les deux jours !
L'eau souterraine du puits E1 situé à proximité de la cuve continue à augmenter. Il y a 130 000 Bq/L là où il y avait 97 000 Bq/L un jour avant.
La compagnie a aussi découvert une augmentation de la contamination de l'eau dans un drainage entre les cuves et la mer. Il y avait 220 Bq/L en bêta total le 11 septembre et c'est repassé sous la limite de détection le lendemain. Le point de prélèvement est à 150 m de la mer.
Des ouvriers ont commencé à décontaminer le drainage, suite à la fuite de la cuve, et ont utilisé de l'eau sous pression. C'est très probablement une partie de cette eau de nettoyage qui est partie vers la mer.

Lors d'une réunion à Kôriyama, un employé de TEPCo, Kazuhiko Yamashita, a reconnu que la situation n'était pas sous contrôle concernant l'eau contaminée, contredisant ainsi les propos du premier ministre japonais devant le CIO. La compagnie l'a aussitôt contredit dans un communiqué de presse où elle tente d'expliquer que la pollution reste bien dans le port devant la centrale. Quant au porte-parole du gouvernement, il a immédiatement réagi, en expliquant que M. Yamashita faisait référence à la fuite de la cuve et pas aux rejets en général. Et de rappeler qu'il y a plus de patrouilles, etc, etc...
Il a fallu deux ans à TEPCo pour reconnaître qu'il y a des fuites en mer. Dans deux, elle reconnaîtra peut-être que la pollution ne reste pas dans le port... Et il n'est pas sûr que l'implication du gouvernement dans la gestion de l'eauimplique une plus grande transparence.

TEPCo publie un tableau avec la contamination de l'eau souterraine en amont et en aval des réacteurs. Les points de prélèvement sont tout proches des réacteurs. Il y a du tritium partout, jusqu'à 320 Bq/L en amont, et la contamination est beaucoup plus forte en aval, jusqu'à 20 000 Bq/L près du réacteur n°2.
En revanche, il y a plus de césium en amont, jusqu'à 16,8 Bq/L, alors qu'en aval, cela ne dépasse pas le becquerel par litre. Il y a aussi de l'antimoine dans un des puits. Est-ce dû aux fuites sur les cuves situées en amont ?

Samedi 14 septembre, TEPCo a revu à la baisse l'ampleur de ses fuites en mer : ce sont sont plus 1 000 m3/j qui descendent de la montagne, mais 800. Comme 400 m3 pénètrent chaque jour dans les sous-sols de la centrale où ils sont pompés, il en reste 400 m3 qui s'écoulent. La moitié seulement serait contaminés avant de rejoindre la mer. Bref, l'estimation est toujours aussi grossière qu'avant. Rien ne permet d'affirmer que 50% de l'eau qui rejoint la mer est contaminée.

L'eau du drainage entre la cuve qui a fuit et la mer avait soudainement augmenté à cause des travaux de décontamination (cf 13 sept.). Elle continue à être plus contaminée que d'habitude. Pour TEPCo, il s'agit d'un résidu.
Quant à l'eau souterraine du puits E1, elle augmente encore pour le 4ième jour consécutif. Il y a maintenant 150 000 Bq/L. Tableau.

Dimanche 15 septembre, la petite digue de 30 cm, supposée retenir le fuites des cuves, a été submergée par de l'eau de pluie dans la zone B. TEPCo a pompé l'eau pour la mettre dans une cuve. Des sacs de sable mis en travers d'un drainage pour retenir d'éventuel débordements ont été emportés par l'eau de pluie. Le typhon ne fait qu'approcher.

Lundi 16 septembre, un puissant typhon a frappé le Japon. Il a provoqué des inondations et glissements de terrain en plusieurs points du pays.
A Fukushima, TEPCo s'est préparée à affronter les vents violent en arrimant les grues, tuyaux, etc. L'eau l'inquiète car elle pourrait aggraver l'inondation permanente des sous-sols et galeries souterraines. Les réceptacles sous les cuves, supposés retenir les fuites, ont rapidement été pleins d'eau de pluie et ont débordé. Le muret qui entoure un ensemble de cuves fait 30 cm de haut. TEPCo a laissé l'eau s'écouler dans la mer en prétextant que la contamination était faible. Elle était de 3 à 24 Bq/L en bêta total. La limite pour le strontium est de 30 Bq/L. Les rejets en mer d'eau de pluie non collectée ont commencé vers 12h40 et se sont arrêtés à 16h30.
Dans la zone H4, là où il y a eu la fuite de la cuve, l'eau de pluie avait jusqu'à 170 000 Bq/l en bêta total. Elle a été pompée dans une cuve, selon TEPCo. Cette valeur est surprenante. L'eau de pluie, abondante, a forcément dilué l'eau contaminée présente, qui devait être beaucoup plus polluée.
La contamination de l'eau de pluie dans les différentes zones où il y a des cuves est ici en anglais. De l'eau a été pompée pour être mise dans des cuves en 11 points différents. Y-a-t'il eu des fuites par le passé en ces points ?

La contamination de l'eau souterraine du puits E1 près de la cuve qui a fui continue à augmenter. Il y a 170 000 Bq/L dans le prélèvement du 14 septembre (tableau). Dans celui du 15 septembre, on note enfin une légère baisse après 5 jours de hausse fulgurante : il y a 140 000 Bq/L (tableau).
TEPCo a aussi commencé à analyser l'eau du puits E4 et a trouvé une contamination bêta totale similaire à celle du puits E1.

Mardi 17 septembre, TEPCo a annoncé avoir rejeté 1 130 tonnes d'eau de pluie vers la mer. Cette eau s'était accumulée dans les réceptacles sous les cuves qui sont supposés retenir les fuites et qui ont été inondés par le thyphon. 7 zones sont concernées. La compagnie estime le rejet à 8,85 millions de becquerels en bêta total.
Elle a mis en ligne des photos et des chiffres ici en anglais. L'eau a aussi déplacé des sacs de sable supposés retenir l'eau.
Comme les valves de ces réceptacles étaient laissées ouvertes avant la découverte de la fuite de la cuve, cela signifie que l'eau de pluie qui s'est écoulée continuellement depuis deux ans était aussi contaminée. Ce rejet reste très faible par rapport aux autres fuites, mais vient s'y ajouter.

Mercredi 18 septembre, TEPCo continue de démanteler des cuves, dont celle qui a fui. Elle a mis des photos en ligne.

TEPCo a mis en ligne des résultats d'analyse sur l'eau avant et après son installation de traitement SARRY. Toutes les valeurs sont en Bq/cm3 et doivent être multipliées par 1 000 pour obtenir des Bq/L. Le ratio entre le césium 134 et le césium 137 devrait être le même partout. C'est loin d'être le cas ce qui montre que ces résultats sont très approximatifs. Il reste encore plusieurs milliers de becquerels par litre de césium. Pour le tritium, on est plutôt de l'ordre du million de becquerels par litre. Toujours pas de donnée sur le carbone 14.

Selon un membre du principal parti d'opposition, Sumio Mabuchi, qui était conseiller du Premier ministre Naoto Kan en 2011, en charge de la catastrophe nucléaire, TEPCo s'était engagée auprès du gouvernement de construire une barrière souterraine pour éviter les fuites en mer. L'accord avait été conclu en juin 2011, mais TEPCo avait demandé à ce qu'il ne soit pas rendu public à cause de son coût très élevé, de l'ordre de 100 milliards de yens (770 millions d'euros). Si cette somme était ajoutée dans les dettes de la compagnie, elle aurait été considérée en danger de faillite par les marchés. Comme l'AG des actionnaires approchait, TEPCo aurait demandé au ministre de l'industrie de l'époque, Banri Kaieda, de rester vague sur le coût et les délais lors de ses communications à la presse. A l'époque le gouvernement ne songeait pas à injecter de l'argent public dans la compagnie et craignait pour le paiement des salaires et des indemnisations. Le ministre a accepté la proposition de TEPCo contre une promesse verbale du Vice-président de la compagnie, Sakae Muto.
Interrogée par l'Asahi, TEPCo met en avant des difficultés techniques pour justifier le fait que les travaux n'ont pas été faits. Comme d'habitude...

Le site de la centrale de Fukushima daï-ichi était à l'origine à 30 m au dessus du niveau de la mer, mais la colline a été rasée et les réacteurs n'étaient plus qu'à 10 m du niveau de la mer. Le terrassement, fait de roche concassée, laisse facilement passer l'eau. L'eau souterraine, abondante à cet endroit, effleure donc les réacteurs. Avant l'accident, TEPCo pompait entre 850 et 1200 m3 d'eau souterraine par jour pour maintenir le niveau de la nappe sous le niveau des sous-sols et la rejetait en mer. Les drains de collecte de l'eau sont inopérants depuis le séisme et tsunami du 11 mars 2011. C'est ainsi que 400 m3 par jour s'infiltrent dans les sous-sols avant d'être pompés et stockés dans les cuves. TEPCo doit donc ajouter une cuve de 1 000 m3 tous les deux jours.
Le stock d'eau contaminée au 10 septembre 2013 est de 435 000 m3 en comptant ce qu'il y a dans les cuves et les sous-sols inondés. 137 000 m3 de plus en un an.
L'Asahi a mis en ligne une infographie sur les mesures prévues pour réduire les rejets radioactifs en mer.

Jeudi 19 septembre, le premier ministre est allé visiter la centrale de Fukushima daï-ichi.
TEPCo lui a fourni une cote blanche avec son nom mal orthographié. Sur la photo AFP, Abé est écrit 安部, alors que cela s'écrit 安倍 (voir son site perso) !
Il a demandé à TEPCo d'avoir un fond pour renforcer la sûreté et d'accélérer la mise au point de la nouvelle installation de traitement des eaux contaminées, ALPS.
La réponse de TEPCo reste laminaire, comme d'habitude et n'engage pas à grand chose. Elle annonce 1 000 milliards de yens (7,7 milliards d'euros) supplémentaires pour la sûreté et le démantèlement et que ALPS aurait fini de filtrer avant mars 2015. On ne sait pas où elle trouvera l'argent. Quant à l'eau, encore faut-il que la station, initialement prévue pour septembre 2012, fonctionne et que TEPCo puisse rejeter en mer l'eau filtrée... Elle contient trop de tritium et l'on ne connaît toujours pas sa contamination en carbone 14.
Le premier ministre a, de nouveau, affirmé que l'eau contaminée qui fuit des installations était "bloquée dans l'espace de 0,3 kilomètre carré du port de la centrale", comme il l'avait martelé devant le Comité international olympique.

La teneur en tritium dans l'eau du puits E1, situé près de la cuve qui a fui, continue de baisser : 58 000 Bq/L. En revanche, l'eau souterraine en amont des réacteurs est, maintenant, bien contaminée. Il y a jusqu'à 740 Bq/L.
Le démantèlement de la cuve qui a fui continue. Voir les dernières photos.

Vendredi 20 septembre, en se rendant à la centrale et faisant montre de prendre les choses en main tout en affirmant que la situation est sous contrôle, le premier ministre prend des risques politiques. Mais, il n'a pas convaincu les personnes proches de la centrale et les travailleurs, selon l'Asahi. Les pêcheurs craignent que ces déclarations soient plus nuisibles que de dire honnêtement que les fuites en mer continuent mais que les niveaux restent faibles au large.
Le ministre de l'industrie a, quant à lui, franchi le "mur du çon" : il aurait déclaré que le démantèlement des réacteurs 5 et 6 fera de la place pour mettre l'eau contaminée. Surtout qu'il a ajouté qu'il espérait que le problème de l'eau serait réglé en 2014. Comme si le démantèlement d'un réacteur nucléaire se faisait en quelques mois.

La teneur en tritium dans l'eau du puits E1, situé près de la cuve qui a fui, continue de baisser : 41 000 Bq/L. Cette contamination devait donc être bien due à la fuite de la cuve.
TEPCo affirme que la cuve qui a fui avait été mal assemblée. Il y avait 5 boulons instables vers le fond. Est-ce l'origine de la fuite ? Il est encore prématuré pour conclure selon TEPCo.
Il y a aussi de la rouille. Voir les photos commentées en anglais.

Lundi 23 septembre, la contamination en tritium dans le puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui, est repartie à la hausse : 130 000 Bq/L. Voir le tableau de résultats. Elle était de 70 000 Bq/L dans le prélèvement du 19 septembre.

Mardi 24 septembre, le parlement japonais va commencer des auditions concernant les fuites d'eau radioactive en mer le 27 septembre alors qu'il n'est pas en session.

La contamination en tritium dans le puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui, continue à remonter : 150 000 Bq/L. Voir le tableau de résultats.

Mercredi 25 septembre, Sumio Mabuchi, qui était conseiller spécial du premier ministre Naoto Kan au tout début de la catastrophe, explique au quotidien Asahi, qu'il y avait régulièrement des infiltrations d'eau souterraine dans les réacteurs 1 à 4, juste après leur construction, et avant que TEPCo ne mette en place des mesures spécifiques. Après le déclenchement de la catastrophe, il a donc demandé à TEPCo de mettre en place un mur souterrain fait d'argile pour isoler les sous-sols des nappes phréatiques. Le coût était de l'ordre de 100 millions de yens (1 million d'euros à l'époque) et le gouvernement était prêt à mettre la main au portefeuille. On connaît la suite : TEPCo, de crainte d'être déclarée en faillite, a demandé au gouvernement de ne pas annoncer ce plan et de ne promettre que des recherches sur ce mur souterrain, avec engagement oral de le mettre en place. Et elle n'a rien fait...
Il continue à penser qu'un mur en argile serait préférable à un mur surgelé.
L'Agency for Natural Resources and Energy (ANRE) a lancé un appel d'offre international pour trouver des idées pour résoudre la crise de l'eau contaminée. Il y a 6 items :
- l'accumulation d'eau contaminée ;
- traitement de l'eau contaminée ;
- la décontamination du port ;
- la gestion de l'eau dans les bâtiments
- la gestion de l'afflux d'eau souterraine sur l'ensemble du site ;
- la compréhension de l'écoulement de l'eau souterraine.
La date limite est le 23 octobre.
Le magnat russe du nucléaire, Rusatom, veut être plus impliqué dans la gestion de l'eau contaminée, mais TEPCo aurait toujours rejeté ses offres jusqu'à présent.

Depuis quelques jours, la contamination en tritium dans l'eau du puits E1 situé à proximité de la cuve qui a fui, en amont des réacteurs donc, remonte. Il y a 150 000 Bq/l dans le prélèvement du 23 septembre. TEPCo ne donne aucune explication pour cette remontée. Nouvelle fuite ?

TEPCo continue d'examiner la cuve qui a fui. Après avoir trouvé 5 boulons mal serrés, la compagnie a trouvé des fissures. TEPCo a mis de la mousse près des boulons et a pompé l'air dans la cuve ce qui lui a permis de découvrir l'origine probable de la fuite. Des photos commentées en japonais sont en ligne.

Jeudi 26 septembre, TEPCo aurait terminé de réparer une des trois chaînes de traitement de sa station ALPS prévue pour retirer 62 radioéléments de l'eau contaminée (la C). Elle va reprendre les tests dès le 27 septembre. Initialement prévue pour septembre 2012, cette station a pris beaucoup de retard. Des fuites radioactives, due à de la corrosion après seulement quelques mois de tests, avaient entraîné la suspension des opérations.
Les deux autres chaînes de traitement devraient être remises en service fin octobre (pour la A) et à la mi-novembre pour la B. Chaque chaîne est prévue pour traiter 250 m3 d'eau par jour. TEPCo voudrait doubler cette capacité et le gouvernement ajouter une nouvelle station pour arriver à traiter 2 000 m3 par jour.
TEPCo ne sait toujours pas quoi faire avec l'eau filtrée qui sera toujours contaminée car la station n'est pas efficace à 100% et ne retire le le tritium, ni le carbone 14.

TEPCo tente de retenir les fuites radioactives dans le port devant la centrale. Pour cela, elle a mis en place une barrière sous marine qui doit retenir les sédiments, mais qui laisse passer l'eau à cause des marées.
TEPCo a annoncé avoir découvert un trou dans cette barrière, dans la partie qui doit retenir les radioéléments en provenance de la zone des réacteurs 1 à 4 en direction des réacteurs 5 et 6.
La NRA lui a ordonné de contrôler l'eau de mer devant les réacteurs 5 et 6.
Voir les photos commentées en japonais.

La contamination en tritium de l'eau souterraine du puits E1 situé près de la cuve qui a fui, continue à monter : 170 000 Bq/L dans le prélèvement du 24 septembre (voir le tableau de résultats). L'eau souterraine en amont des réacteurs est aussi contaminée en tritium. Peut-on vraiment tout mettre sur le dos de la fuite de la cuve ?

Vendredi 27 septembre, TEPCo a découvert une très forte contamination en bêta total dans un nouveau puits situé à l'Est des réacteurs : 400 000 Bq/L.

Un sous traitant a dévouvert une fuite sur une cuve de la zone F qui contient de l'eau des sous-sols des réacteurs 5 et 6 et qui doit donc être moins contaminée. Cela goutte à un rythme d'une goutte toutes les 20 secondes. TEPCo a mis un récipient pour recueillir cette eau. Après investigation, TEPCo a déclaré qu'il n'y avait pas de fuite et que ce n'était que de l'eau qui avait condensé.
Un autre sous-traitant a découvert une autre fuite, avec une goutte toutes les 50 secondes. Il s'agit encore d'eau des réacteurs 5 et 6.

Suite à la rupture de la barrière sous marine du côté des réacteurs 5 et 6, TEPCO a fait des mesures sur l'eau de mer et n'a pas détecté d'augmentation de la contamination en césium.

Le PDG de TEPCo a reconnu avoir reporté la construction d'un mur souterrain autour des réacteurs car il y avait d'autres urgences. Cet aveu, fait devant une commission parlementaire, arrive après la révélation par un ancien conseiller du premier ministre Naoto Kan qu'au printemps 2011 TEPCo s'était engagée oralement à construire ce mur sans l'annoncer officiellement, et qu'elle n'a rien fait. Doux euphémisme pour dire qu'elle y avait renoncé.
Le PDG a aussi reconnu que TEPCo est était consciente dès le début des risques de fuite. Encore un doux euphémisme : les fuites sont connues et avérées depuis longtemps.
Enfin, TEPCo a revu à la hausse l'impact de la fuite en mer : ce seraient maintenant 400 m3 d'eau contaminée par jour qui s'écouleraient vers l'océan, contre 300 m3 annoncés durant l'été 2013. TEPCo estime à 800 m3 par jour la quantité d'eau souterraine à passer sous les réacteurs accidentés. 400 m3 doivent être pompés quotidiennement et 400 autres m3 s'écouleraient. Le PDG de TEPCo a dit qu'il estimait qu'une partie seulement de cet écoulement était contaminé, mais par mesure conservative, la compagnie va agir comme si tout était pollué. Là encore, on est probablement dans l'euphémisme : avant la catastrophe, TEPCo pompait entre 850 et 1200 m3 d'eau souterraine par jour pour maintenir le niveau de la nappe sous le niveau des sous-sols et la rejetait en mer. Sans ce pompage, il y avait des infiltrations.

Samedi 28 septembre, la station de traitement des eaux contaminées, ALPS, toujours en cours de test, est à nouveau tombée en panne, à peine un jour après avoir été remise en service. Seulement 100 tonnes d'eau ont été traitées.

La contamination en tritium dans le puits E1 situé près de la cuve qui a fui continue à augmenter : 190 000 Bq/L. Que se passe-t-il ? (Voir le tableau de résultats). TEPCo a aussi trouvé 1 100 Bq/L en amont des réacteurs, à proximité du n°3 (tableau de résultats). C'est beaucoup plus à proximité du littoral (voir le tableau de résultats avec de nombreux points.

Dimanche, 29 septembre, la panne sur la station de traitement de l'eau contaminée ALPS, toujours en cours de test, pourrait être due à un tapis en caoutchouc retrouvé par TEPCo dans une cuve. Ce tapis avait été mis pour empêcher que l'échelle glisse et oublié sur place... Il a bouché l'évacuation. Il y avait deux tapis oubliés dans la cuve...
Photos commentées en japonais et en anglais.

TEPCo a confirmé avoir découvert une fuite d'eau faiblement contaminée sur une cuve provisoire de 500 m3. C'est de l'eau de mer pompée des sous-sols des réacteurs 5 et 6 qui y est stockée.

La contamination en tritium dans le puits E1 situé près de la cuve qui a fui a enfin cessé d'augmenter et baisse à nouveau : 160 000 Bq/L (prélèvement du 27/09, voir le tableau de résultats), puis 140 000 Bq/L (prélèvement du 28/09, voir le tableau de résultats).

Lundi 30 septembre 2013, TEPCO a repris à 2h40 la décontamination de l'eau avec sa nouvelle station ALPS, encore en cours de test.

Mardi 1er octobre 2013, le parlement japonais continue ses auditions sur la gestion de l'eau contaminée à la centrale de Fukushima daï-ichi. Le ministre de l'industrie était présent pour la première fois. Il a redonné la position du gouvernement qui est que TEPCo doit garder l'entière reponsabilité de la gestion de la catastrophe, même si le gouvernement va s'impliquer pour l'eau et s'il a pris en charge la décontamination dans les territoires évacués. Il est aussi devenu l'actionnaire principal de TEPCo.

Les cuves de stockage d'eau contaminée sont entourées d'un petit muret de 30 cm supposé retenir l'eau en cas de fuite. Mais quand il pleut ce réceptacle se remplit. Avant la fuite sur la cuve, elle avait laissé les vannes en position ouverte et le muret ne servait à rien. Maintenant, les vannes sont en position fermée et les ouvriers doivent évacuer régulièrement l'eau, mais n'avaient pas de règles précises à suivre.
TEPCo vient enfin d'établir des règles de gestion de cette eau, plus de 2 ans et demi après déclenchement de la catastrophe et les a soumises à la NRA. Avant d'ouvrir les vannes, les ouvriers devront vérifier que la contamination bêta totale est bien inférieure à 10 Bq/L. C'est un tiers de l'autorisation de rejet pour le strontium. Pour le césium, TEPCO a aussi mis la limite à un tiers de l'autorisation de rejet.
Il y a encore eu une fuite, mais avec de l'eau de pluie contaminée cette fois-ci. 4 tonnes d'eau seraient parties dans la nature.
Des ouvriers pompaient l'eau de pluie des réceptables sous les cuves et l'on envoyée dans une cuve déjà pleine qui a débordé. Ils ont mis 20 minutes à s'en rendre compte et tout stopper. La contamination bêta totale après le typhon était de 160 Bq/L, ce qui est plus que l'autorisation de rejet en mer.

La contamination en tritium du puits E1, situé près de la cuve qui a fui, stagne : 140 000 Bq/L après un mouvement en yo-yo (tableau de résultats).

Mercredi 2 octobre 2013, une nouvelle cuve a fui selon TEPCO qui a trouvé de l'eau très contaminée dans le réceptable de secours. Le volume qui a fui n'est pas connu, mais la contamination est élevée : 200 000 Bq/L en bêta total. TEPCO ne sait pas si cela a fui vers l'environnement. La cuve, de 450 m3, est du même type que celle qui a fui durant l'été.
C'était notre feuilleton "la situation est sous contrôle".

La contamination en tritium du puits E1 continue de stagner : 140 000 Bq/L.

TEPCo a analysé l'eau de pluie qui a débordé la veille et a trouvé une contamination bêta totale de 390 Bq/L. Elle avait annoncé 160 Bq/L la veille, qui correspondaient à la contamination juste après le typhon. La compagnie n'explique pas d'où vient cette contamination. Des restes de la fuite de la cuve ? D'autres fuites ? Ni pourquoi il y avait 160 Bq/L avant que la cuve déborde et 390 Bq/L après.
C'est plus que l'autorisation de rejet en mer pour le strontium qui impose une concentration inférieure à 30 Bq/L. Cette fuite est moins grave que les précédentes, mais vient s'y ajouter. Elle sera suivie par d'autres, c'est inévitable. Comment peut-on affirmer que la situation est sous contrôle ? Et un autre typhon approche...
TEPCo aussi mis des photos en ligne.

Même si ALPS permet de réduire significativement la contamination de l'eau qui ne cesse de s'accumuler, cette station en cours de test n'enlève pas le tritium, l'hydrogène radioactif directement attaché à la molécule d'eau. Il existe des procédés onéreux et gourmands en énergie qui sont mis en oeuvre en Corée par exemple dans le but de vendre le tritium. TEPCo n'en a pas les moyens.
Kurion, une entreprise américaine spécialisée dans la dépollution, qui était aux côtés d'Areva au tout début de la catastrophe, vient d'annoncer qu'elle a mis au point un moyen simple et efficace de retirer le tritium. Une demande de brevet vient d'être déposée.
La compagnie vise en premier le marché japonais et la centrale de Fukushima. Mais, elle n'explique pas ce qu'elle va faire du tritium collecté qui est aussi difficile à stocker car il s'échappe facilement des fûts ou des cuves.
N'oublions pas que ALPS ne retire pas non plus le carbone 14 et qu'aucune mesure de ce radioélement n'a été effectuée.

Jeudi 3 octobre, retour sur la fuite découverte la veille : un employé a découvert une nouvelle fuite depuis le sommet d'une cuve dans la zone B. L'eau ne s'écoulait pas seulement dans le réceptacle sous la cuve, mais aussi au-delà à cause de l'espèce de balcon installé tout autour. La contamination bêta totale de l'eau du réceptacle est de 200 000 Bq/L. Il y a aussi 72 Bq/L de césium. Dans la cuve, la contamination bêta totale est de 580 000 Bq/L.
Dans son style inimitable, TEPCo avoue qu'il ne peut pas être nié que cette eau ait rejoint la mer située à 200 m via les drainages. Et toujours les mêmes excuses.
TEPCo explique que les cuves dans cette zone penchent légèrement à cause de la pente et que cela a conduit au débordement. Il y a 5 cuves connectées entre elles et c'est la plus en aval qui a débordé. La jauge, située sur la cuve la plus en amont, n'a donc servi à rien. Les ouvriers, qui ajoutaient de l'eau de pluie, pensaient qu'en remplissant à 98% la cuve la plus en amont, ce qui est 50 cm sous le sommet, cela irait. Ils se sont trompés. Voir les explications en anglais, avec photos et schémas.
430 litres auraient fui vers l'environnement, au-delà du muret qui entoure les cuves. TEPCo met cela sur le compte du manque de vigilance.
La compagnie a initialement annoncé que le débordement s'est arrêté quand elle a arrêté de pomper, avant de découvrir que le somme de la cuve la plus en amont continuait à fuir à raison d'une goutte par seconde. TEPCo récupère cette eau et a commencé à pomper de l'eau dans la cuve en aval afin de stopper les fuites. Elle est mise dans une autre cuve.
Les autorités régionales de Fukushima veulent faire leurs propres mesures dans l'eau de mer devant l'embouchure du drainage.
L'Asahi a aussi mis en ligne une vidéo avec des images prises par hélicoptère.

Autres fuites du jour :
- suites aux fortes pluies liées au passage d'un typhon, un réceptacle sous une cuve de la zone H8 a débordé. TEPCo a rapidement mis en place un pompage. Une mesure rapide de la contamination de cette eau indique, en bêta total, environ 15 Bq/L. TEPCo estime à 23 m3 cette fuite peu grave. D'autres mesures donneront une contamination inférieure à la limite de détection.
- un employé a trouvé un tuyau qui fuyait. La pompe a été immédiatement arrêtée. TEPCo estime à 500 ml la quantité qui serait restée dans le réceptacle.
Toutes ces fuites à répétition dans une "centrale sous contrôle" sont dues à un renforcement de la surveillance. Cela laisse penser qu'il y a probablement eu de nombreuses fuites non découvertes dans le passé.

TEPCo fait le point, en anglais, sur la contamination des eaux sur le site de sa centrale et sur les mesures mises en place. Il y a 5 fichiers :
- état de la contamination ;
- principales mesures ;
- mesures d'urgence ;
- un point sur la situation après la fuite de la cuve de l'été 2013 ;
- mesures pour réduire de risque de fuite.
Et puis, le dernier bilan régulier sur la situation de l'eau contaminée est ici en anglais.
La contamination en tritium du puits E1 continue de stagner : 140 000 Bq/L.
Quant à l'eau contenue dans les sous-sols des bâtiments turbine n°1 et 2, elle est respectivement de 4,7 et 40 millions de becquerels par litre pour les deux césiums.

Vendredi 4 octobre, la station de traitement de l'eau contaminée en cours de test, ALPS, a de nouveau été arrêtée, pour la deuxième fois cette semaine, après plusieurs mois d'arrêt. Cette fois-ci, c'est suite à une alarme qui s'est mise à sonner vers 6h43. Aucune fuite ou anomalie n'aurait été découverte.
Les techniciens ont découvert que l'alarme a sonné car deux signaux contradictoires ont été envoyés en même temps à une cuve avec de l'eau contaminée. L'unité a été remise en route, mais TEPCO veut l'arrêter trois jours durant pour de la maintenance.

Le secrétaire général de la NRA a sermonné TEPCo en lui demandant de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour cesser ces fuites à répétition. La dernière fuite est due à une erreur humaine qui aurait pu être évitée. Elle est aussi due à une situation absurde : TEPCo a construit un muret de 30 cm autour des cuves pour récupérer l'eau contaminée qui aurait pu fuir. Mais comme ce réceptacle se remplissait d'eau de pluie, elle a laissé les vannes ouvertes. Et comme le contrôle était légé, TEPCo a mis un mois, cet été, pour s'apercevoir que de l'eau fuyait. 300 m3 sont partis vers la mer et les nappes et la fuite a été classée au niveau 3 de l'échelle INES.
La NRA a ordonné à TEPCo de fermer les vannes et la compagnie doit pomper l'eau de pluie pour la mettre dans les cuves. Elle vient de définir des critères pour en relâcher une partie dan sla nature, mais ils sont en cours d'instrcution par la NRA qui a des doutes sur la mesure. Quand il y a de fortes pluies, supérieures à 120 mm, l'eau passe par dessus les murets. De telles pluies sont rares, environ une fois par an, a dit TEPCo. Il y en a déjà eu deux en un mois... TEPCo envisage donc de rehausser les murets, ce qui va prendre du temps et ne sera pas terminé avant la fin de l'année.
Suite au typhon du 15 septembre dernier, TEPCo a dû pomper 1 400 tonnes d'eau de pluie.

La contamination en tritium du puits E1, situé près de la cuve qui a fui durant l'été, est repartie à la hausse : 160 000 Bq/L.

Lundi 7 octobre, la contamination en tritium du puits E1, près de la cuve qui a fui cet été, continue à osciller entre 130 000 (prélèvement du 3 oct.) et 160 000 Bq/L (prélèvement du 5 oct.).

Mardi 8 octobre, on suit la contamination en tritium du puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui cet été, depuis quelques temps. Après quelques mouvements en yo-yo, cette contamination vient de battre un nouveau record que TEPCo n'explique pas : 230 000 Bq/L, pour le prélèvement daté du 6 octobre (voir tableau).

Mercredi 9 octobre, une fuite d'eau dans l'unité de désalinisation de SARRY a entraîné une contamination de plusieurs travailleurs qui ont été arrosés.
L'"incident" a eu lieu à 9h35 quand un des ouvriers, qui étaient là pour changer des tuyaux, a desserré un joint sur un mauvais tuyau. Une alarme a sonné, la pompe arrêtée. Le joint a ensuite été resserré et le système remis en route vers 10h30. Mais le joint continuait à fuir légèrement. Il a donc été remis une deuxième fois et la fuite a cessé.
7 m3 environ auraient fui, sans aller vers l'environnement, selon TEPCo. Le débit de dose bêta-gamma à la surface est de 1,2 mSv/h. La radioactivité bêta totale de cette eau est de 34 millions de becquerels par litre.
Il y avait 11 ouvriers sur place, 6 ont été contaminés, malgré les équipements de protection imperméables. Les visages n'auraient pas été touchés et TEPCo exclut toute contamination interne. Les ouvriers ont été décontaminés et la dose la plus forte serait de 1,2 mSv, selon TEPCo.
Quelques explications en anglais.

Retour sur la cuve qui a fui pendant un mois cet été avant que TEPCo ne s'en rende compte. La compagnie a mis en ligne une présentation avec des photos à propos de son origine. On se souvient qu'elle avait soupçonné des boulons mal serrés ou desserrés. Elle confirme son diagnostique et met en évidence le rôle de la corrosion qui a fragilisé la structure. Combien de temps tiendront les autres cuves ?
La contamination en tritium de l'eau du puits le plus proche de la cuve, le fameux E1, vient de battre un nouveau record : 250 000 Bq/L.
TEPCo a aussi annoncé qu'elle allait accélérer l'installation de cuves de stockage d'eau contaminée et atteindre une capacité de stockage supplémentaire de 800 000 m3 d'ici mars 2015. Pour cela, elle va passer d'une cuve tous les deux jours à une cuve par jour.Elle prévoit aussi un fonctionnement normal pour sa station de décontamination ALPS.

Jeudi 10 octobre, TEPCo a enregistré une augmentation soudaine de la contamination en césium de l'eau de mer dans le port devant la centrale de Fukushima daïichi. C'est beaucoup plus élevé que la veille au même endroit, situé près de la barrière mis en place au niveau de la prise d'eau du réacteur n°2. Il y a maintenant 1 200 Bq/l pour les deux césium à l'intérieur de la barrière et 227 Bq/L à l'extérieur (voir le tableau de résultats). La veille l'eau était plus contaminée à l'extérieur... Il n'y a pas d'augmentation significative au niveau des autres points de prélèvement. TEPCo soupçonne les travaux en cours à proximité du réacteur n°2 où il y a toujours injection de produits chimiques pour tenter de bloquer les écoulements d'eau contaminée (ce qui est impossible).
Voir la localisation des points de prélèvement ici.
(Reuters a confondu cette augmentation avec l'eau qui a aspergé des ouvriers la veille. Voir par exemple Le Monde, Ouest-France...)
La compagnie a aussi détecté une contamination en césium de l'eau de mer à 1 km de l'entrée du port devant la centrale, vers l'Est, là où, d'habitude, c'est inférieur à la limite de détection, qui est assez élevée. Il y avait 1,4 Bq/L pour le seul césium 137 dans l'échantillon du 8 octobre. La veille et le lendemain, c'était en dessous de la limite de détection de 0,72 Bq/L.

La contamination en tritium de l'eau du puits le plus proche de la cuve qui a fui lors de l'été 2013, le fameux E1, continue de monter après deux records successifs : 260 000 Bq/L dans le prélèvement du 8 octobre et 280 000 dans celui du 9. Toujours pas d'explication de TEPCo.

Vendredi 11 octobre, les personnes qui inspectent les cuves ont détecté de forts débits de dose à proximité de 3 cuves. Il y avait jusqu'à 19,95, 39,95 et 69,9 mSv/h respectivement. Aucune fuite n'aurait été détectée. La valeur la plus forte est proche de la zone où un débit de dose record avait été détecté début septembre (2 200 mSv/h). La mesure est faite à 5 cm de la cuve.

Samedi 12 octobre, TEPCo a renforcé la surveillance de la contamination radioactive dans le port devant la centrale et a noté une augmentation significative à l'entrée. C'est la plus forte valeur depuis le début de la survaillance en juin dernier : 10 Bq/L pour les deux césiums. Le précédent record était de 6,3 Bq/L le 19 août 2013.
Quant à la contamination en tritium du puits E1, situé à proximité de la cuve qui avait fui cet été, elle continue à monter avec un nouveau record à 320 000 Bq/L (prélèvement du 10 oct.).
Ce sont finalement 11 tonnes d'eau contaminée, et non 7 tonnes comme initialement annoncé, qui ont fui de l'unité de désalinisation de SARRY. Cette eau avait aspergé plusieurs travailleurs.

Mardi 15 octobre, le plus fort typhon depuis 10 ans arrive sur le Nord-Est du Japon et donc la centrale de Fukushima. Espérons que les dégâts ne soient pas trop graves. La compagnie a prévu 50 personnes pour pomper l'eau qui va s'accumuler dans les réceptacles sous les cuves et 4 000 m3 de capacité de stockage.

TEPCo a finalement conclu que la fuite de la cuve de l'été était due à un problème de joint en caoutchouc. Cela peut donc arriver aux 300 cuves provisoires. Mais pour le moment, TEPCo ne peut pas vider ces cuves car elle n'a pas de cuve de secours. Lors de la réunion, la NRA a expliqué que cela pourrait aussi arriver avec les cuves plus solides.

Suite de l'évolution de la contamination en tritium du puits E1, à proximité de la cuve qui a fui cet été : après un nouveau record à 320 000 Bq/l dans le prélèvement du 10 oct., il y a enfin une légère baisse : 300 000 Bq/L dans le prélèvement du 11 oct, 280 000 Bq/L dans celui du 12 oct. et 270 000 Bq/L dans celui du 13 oct. Toujours pas d'explication de TEPCo.

Mercredi 16 octobre, le thyphon qui vient de passer sur le Nord-Est du Japon a fait d'énormes dégâts, tué 17 personnes et une cinquantaine de disparus. Du côté de la centrale, il a entraîné des débordements d'eau de pluie contrôlée par TEPCo. La compagnie avait promis de mettre provisoirement l'eau de pluie dans des cuves tampon et de contrôler son activité avant de la rejeter. Mais cela n'a pas été possible. Elle a dû ouvrir neuf valves pour laisser s'échapper l'eau de pluie.
De l'eau contaminée s'est aussi accumulée en deux endroits. Elle a été transférée vers un des réservoirs souterrains de manière provisoire pour faire face à l'urgence. TEPCo en a choisi un qui n'avait pas fui.
Dans les nouvelles règles, approuvées la veille par la NRA, TEPCo avait proposé de rejeter l'eau de pluie si la contamination en césium 134 n'excédait pas 15 Bq/l, celle en césium 137, 25 Bq/l et celle en strontium, 10 Bq/L. TEPCO n'a pas pu mesurer le strontium en un temps si court, mais prétend que la contamination en césium de l'eau rejetée ne dépassait pas ces valeurs limites.
TEPCo prétend avoir aussi rejeté 40 m3 de réservoirs et que la contamination en césium 137 était de 21 Bq/L, ce qui est moins que la limite acceptée par la NRA.
Voir le communiqué de TEPCo.

La NRA a demandé à TEPCo de rechercher des fuites éventuelles auxquelles elle n'aurait pas pensé jusqu'à maintenant car la mise en place d'une barrière le long du littoral n'a pratiquement pas changé la pollution en césium dans le port devant la centrale. Ce qui signifie que les explications de TEPCo et les remèdes ne sont pas satisfaisants. Une membre de la NRA a même ajouté qu'il est raisonnable de supposer que la quantité de radioéléments rejetés en mer a augmenté.
Lors de la réunion, la compagnie s'est engagée à affecter 80 personnes de plus à la gestion de l'eau contaminée. Elle aurait déjà ajouté 200 personnes depuis septembre dernier.
De son côté, le premier ministre, a réitéré, devant le parlement cette fois-ci, que la situation de l'eau contaminée était globalement sous contrôle à la centrale de Fukushima daï-ichi. Le terme "globalement" est nouveau. Il a reconnu que les fuites continuent, mais qu'elles n'affectent qu'une petite surface limitée au port.

Jeudi 17 octobre, nouveau débordement d'une cuve qui reçoit l'eau pompée des nappes souterraines : TEPCo a donc arrêté de pomper. L'eau aurait été retenue par le muret qui entoure les cuves en question. Et TEPCo a aussi instalé un système pour que l'eau qui fuyerait retourne dans le puits où l'eau souterraine est pompée. La compagnie exclut donc toute contamination de l'environnement.

TEPCo a découvert une contamination plus élevée à la confluence de deux drainages, où il y a 2 100 Bq/L en bêta total. Elle classe cela comme une conséquence de la fuite sur une cuve durant l'été 2013 et le récent débordement d'une série de 5 cuves, car il y a aussi de plus fortes contamination à proximité de ces cuves. Cette pollution aurait été transportée par les écoulements liés aux fortes pluies pendant le passage du typhon.
Il y a aussi 1 400 Bq/L à 300 m de la mer, ce qui est 70 fois plus élevé qu'avant le typhon. La compagnie accuse le ravinage des sols.
Communiqué et résultats de mesure.
Le puits E1 continue à avoir une contamination élevée en tritium 260 000 Bq/L bien qu'officiellement il n'y a plus de fuite.

Vendredi 18 octobre, le fameux puits E1, situé à une dizaine de mètres de la cuve qui a fui cet été, continue à faire des siennes : la contamination bêta totale de l'eau est passée de 61 Bq/L dans le prélèvement du 16 octobre à 400 000 Bq/l dans celui du 17 octobre. Il a 7 m de profondeur. Quant à la contamination en tritium, elle serait passée à 790 000 Bq/L. (Voir le communiqué de TEPCo en anglais).
Si la nappe phréatique est bien contaminée en amont des réacteurs, TEPCo ne pourra plus pomper cette eau pour la rejeter en mer comme elle espère pouvoir le faire un jour. La compagnie a donc annoncé qu'elle prendra des mesures, qui arriveront trop tard, une fois de plus, pour contenir cette pollution de la nappe. Elle avait retiré une partie du sol contaminé par la fuite de la cuve, mais ce qui était sous les nombreux tuyaux. Elle va le faire à présent, pour éviter que la nappe ne continue à se contaminer.
Par ailleurs la contamination de l'eau d'un drainage a aussi brusquement augmentée : il y a 34 000 et 28 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 17 octobre) là où il y avait 2 300 et 2 200 Bq/L la veille (prélèvement du 16 octobre).
La compagnie a annoncé, par ailleurs, que 2 400 tonnes d'eau de pluie avaient été relâchées des réceptacles sous les cuves lors du passage du typhon et que cette eau était dans la limite autorisée en termes de contamination. Cette procédure viole les prescriptions établies par TEPCo et approuvées par la NRA qui consistent à d'abord transférer cette vers une cuve, la contrôler, puis la rejeter si les limites ne sont pas dépassées. Il s'agissait certes d'une situation exceptionnelle, mais les nouvelles règles auraient dû prendre en compte un tel évènement. La compagnie veut rehausser les murets autour des cuves pour qu'ils puissent retenir plus d'eau. Ils font actuellement 30 com et elle veut passer à 60 voire 130 cm par endroit.

Lundi 21 octobre, suite de la surveillance du puits E1 qui a vu sa contamination augmenter soudainement. Voici les derniers résultats :
Date de prélèvement
17 oct.
18 oct.
19 oct.
Contamination bêta totale (Bq/L)
400 000
300 000
330 000
Contamination en tritium (Bq/L)
790 000
620 000
550 000

Il a encore beaucoup plu la veille et TEPCo a encore dû laisser filer de l'eau de pluie contaminée. Cela a débordé par dessus 11 murets construit autour des cuves. C'est un record. Dans 6 cas, c'était plus contaminé que la limite autorisée de 10 Bq/L que TEPCo vient d'introduire. La plus forte contamination était de 710 Bq/l en bêta total. Cela a dû aller vers la mer. Voir le communiqué de presse.
Une fois encore, les mesures proposées par TEPCo et avalisées par la NRA pour gérer l'eau de pluie, se révèlent inopérantes en cas de fortes précipitations.
Un autre typhon devrait arroser le Japon cette semaine. TEPCO va mettre plus de pompes en service.

Mardi 22 octobre, un nouveau typhon approche et TEPCo n'a pas fini de retirer l'eau de pluie du précédent typhon qui s'est accumulée au pied des cuves. Elle aura donc de nouveau des difficultés à faire face. Elle veut installer 19 pompes de plus, plus de tuyaux etc. Mais elle devrait se concerntrer sur les zones les plus contaminées, bien connues, et laisser filer l'eau de pluie ailleurs.

TEPCO soupçonne toujours une galerie souterraine pleine d'eau contaminée d'être la source principale des fuites vers les nappes phréatiques et finalement vers la mer. Si elle vide la galerie, l'eau revient. Elle doit donc boucher les accès.
Elle a fait une réplique de ce tunnel dans une autre galerie afin de tester une nouvelle méthode qui consiste à geler l'eau du côté des accès. Au bout d'un mois et demi, il y avait un mur de glace de 2 m de haut et de 2 m de large qui a fait office de bouchon. Mais les ingénieurs ont dû installer plus de tuyaux avec du liquide de refroidissement qu'initialement prévu pour arriver à ce résultat. Et c'est difficilement transposable à la galerie qui pollue à cause des débits de dose très élevés. Mais TEPCo espère y arriver l'an prochain. En attendant, les fuites continuent et continueront encore, car cette galerie n'est pas la seule cause des fuites.

Mercredi 23 octobre, le premier ministre a redit devant le parlement, le 22 octobre, que les "effets" de l'eau contaminée sont complètement bloqués dans le port devant la centrale. Reste à comprendre ce qu'il entend par "effets". Au-delà les niveaux de contamination sont dans les normes de sûreté a-t-il précisé.

Alors que de nouveaux typhons approchent, TEPCo est engagée dans une course contre la montre pour évacuer l'eau de pluie potentiellement contaminée des réceptacles pour faire de la place pour l'eau à venir. Et elle la met dans les réservoirs souterrains car les cuves pour l'eau de pluie sont pleines. Certains de ces réservoirs ont fui par le passé. Elle en a choisi 3 qui n'ont pas fui et les capacités supplémentaires de stockage sont de 9 000 tonnes.
Les mesures qu'elle a mises en place pour gérer l'eau de pluie ne fonctionnent pas en cas de typhon, comme on l'a déjà souligné. TEPCO réfléchit donc à d'autres procédures et en discute avec la NRA. Mais comme on ne peut pas exclure qu'une cuve fuit lors de fortes pluies, la NRA maintient son exigence de trasnférer l'eau de pluie vers des cuves tampon où elle doit être contrôlée avant de pouvoir être rejetée.
TEPCo a mesuré jusqu'à 140 000 Bq/L en bêta total dans l'eau d'un de ces réceptacles. Cela augmente depuis plusieurs jours (voir le tableau). Il semble que la pollution du sol due à la fuite passée de la cuve se dissout dans l'eau de pluie. C'est passé à 510 000 Bq/L dans le prélèvement du 23 octobre !
TEPCo a aussi trouvé 50 000 Bq/L bêta total dans l'eau d'un drainage (prélèvement du 23 oct.), en aval de la cuve qui a fui cet été. Il y avait 21 000 Bq/L au même endroit la veille. La compagnie a mis des sacs de sable en travers du drainage pour stopper l'écoulement d'eau radioactive avant qu'elle ne rejoigne l'océan et compte la pomper.
TEPCo a mis en ligne, en japonais, des photos, des plans et des résultats de mesure sur la contamination des drainages. Les données ne sont pas nouvelles, mais cette mise en perspective permet de mieux comprendre.
En ce qui concerne le désormais fameux puits E1 situé à proximité de la cuve qui a fui cet été, la contamination en tritium est de 500 000 Bq/L pour le tritium et 290 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 20 oct.), puis 340 000 Bq/L et 230 000 Bq/L respectivement dans le prélèvement du 21 octobre et 290 000 Bq/l et 230 000 Bq/L dans celui du 22 octobre. Cela baisse, en espérant que cela ne remonte plus.
Le dernier bilan de l'eau contaminée est ici.

Jeudi 24 octobre, la contamination de l'eau des drainages continue à augmenter fortement pour atteindre la plus forte valeur jamais enregistrée : selon un communiqué, c'est 140 000 Bq/L en bêta total pour le prélèvement du 23 octobre, contre 59 000 Bq/L au même endroit la veille. Le point de prélèvement est à 600 m de l'océan. Plus en amont, c'est passé de 340 à 15 000 Bq/L entre les 22 et 23 octobre. TEPCo soupçonne de la terre contaminée emportée par de l'eau de pluie. Elle devait être très contaminée.

Vendredi 25 octobre, alors qu'un nouveau typhon approche, la NRA a donné son accord à ce que TEPCo mette en place une procédure simplifiée de gestion de l'eau de pluie en cas de fortes précipitations. Plus besoin de transférer l'eau de pluie accumulée dans les réceptacles sous les cuves avant de la rejeter. Un contrôle rapide en quatre points de mesure sera suffisant. Cette procédure n'est valable qu'en cas de situation exceptionnelle.
La compagnie n'a toujours pas fini de transférer l'eau de pluie du dernier typhon de dimanche dernier, alors qu'elle a augmenté le nombre de pompes. Cette fois-ci, elle a mis en ligne des explications sur la mise  en oeuvre des mesures prises pour faire face à la situation. Elle va tester, entre autres, la mise en place de bâches pour éviter que l'eau de pluie s'accumule au pied des cuves.
Une vidéo est aussi disponible.

Samedi 26 octobre, le typhon attendu a été déclassé en dépression. Il se dirige vers le Nord. TEPCo devrait pouvoir faire face à la pluie.

Lundi 28 octobre, la contamination de l'eau des drainages avait battu un record de contamination le 24 octobre dernier, avec 140 000 Bq/L en bêta total. Le lendemain, il y avait encore 110 000 Bq/L au même endoit. La baisse se poursuit. Il y avait 4 800 Bq/L le 27 octobre. En revanche, plus en amont, la contamination bêta totale passe de 41 000 à 45 000 Bq/L entre ces deux jours.
Par ailleurs, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure de la contamination de l'eau de pluie dans les réceptacles sous les cuves. Dans la zone H4, où il y a eu une fuite massive cet été, il y a 490 000 Bq/L en bêta total ! Il y a aussi 13 000 Bq/L en strontium très radiotoxique. De fait, l'eau de pluie est chargée en strontium dans presque tous les réceptacles. (Ce qu'il y a de surprenant dans ces résultats, c'est la rapidité avec laquelle TEPCo donne les valeurs en stontium alors que la mesure prend habituellement un mois. D'où viennent ces chiffres sur des prélèvements faits le jour même ?)

En juin dernier, TEPCo avait stoppé sa station de traitement des eaux contaminées, ALPS, toujours en cours de test, suite à de la corrosion qui avait entraîné des fuites. La ligne de traitement a été remise en route en septembre dernier. TEPCo vient de remettre en route la ligne A pour faire un test. Combien de temps tiendra-t-elle ?

La contamination en tritium du puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui, stagne entre 220 000 et 240 000 Bq/L. Celle en bêta total remonte pour atteindre 260 000 Bq/L (Résultats des prélèvements du 23 oct., 24 oct., 25 oct. et 26 oct.).

Jeudi 31 octobre, la contamination dans l'eau souterraine à proximité de la cuve qui a fui cet été stagne. Deviner ce que va faire TEPCo ? Pomper ! Pour cela, elle va creuser 5 puits supplémentaires et pomper environ 10 tonnes par jour. Elle va donc ajouter des cuves supplémentaires. Elle est aussi en train de retirer la terre contaminée tout autour. Comme pour la fuite, qu'elle avait mis un mois à découvrir, elle aura mis du temps à tenter de réparer les dégâts. TEPCo reste TEPCo.

Vendredi 1er novembre 2013, le principal parti au pouvoir veut proposer une loi pour que le gouvernement prenne en charge le problème de l'eau contaminée sans limitation de budget. Il suggère que l'Etat prenne aussi en charge la décontamination et veut séparer TEPCo en plusieurs compagnies, dont une serait en charge du démantèlement. C'est donc le contribuable qui va tout payer, ainsi que les générations futures car le pays est déjà très endetté.

Mercredi 6 novembre, l'eau du fameux puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui massivement cet été, est très contaminée. TEPCo a commencé à retirer la terre polluée autour pour éviter qu'il ne se contamine plus (voir des photos) car il est situé en amont des réacteurs. Et si l'eau souterraine est fortement contaminée en amont, TEPCo ne pourra pas la rejeter en mer si elle tente de la détourner pour qu'elle ne pénètre plus dans les réacteurs.
Mais la contamination de l'eau dans le puits E1 a recommencé à monter, sans atteindre les records passés. Voir les données pour les prélèvements du 3 novembre, 4 novembre, 5 novembre...

Jeudi 7 novembre, suite aux fortes pluies du mois dernier, TEPCo a encore 2 700 m3 d'eau de pluie contaminée dans deux réservoirs souterrains. Comme certains de ces réservoirs avaient fui lors de leur première utilisation, cette situation n'est pas pérenne, mais la compagnie peine à trouver une autre solution. Les autorités régionales l'accusent de traîner les pieds sur ce dossier car la compagnie aurait laissé entendre qu'elle attend que sa nouvelle station de traitement des eaux contaminée, dont on n'a plus de nouvelles, soit opérationnelle. Et comme elle a déjà plus d'un an de retard...

Samedi 9 novembre, TEPCo annonce une nouvelle fuite depuis un réceptacle sous les cuves où il y avait 12 cm d'eau. a contamination en césium serait inférieure à 24 Bq/L, celle en strontium 90, de l'ordre de 140 Bq/L. Voir les photos. Voir d'autres photos avec les mesures prises plus tard.

Dimanche 10 novembre, TEPCo veut geler l'eau contenue dans les tuyaux galeries souterraines connectées aux bâtiments turbine afin de bloquer les passages, puis les vider. Le gel devrait commencer en décembre 2013 et le pompage, en avril 2014. Rien que pour les réacteurs 2 et 3, il y aurait 10 000 m3 d'eau fortement contaminée dans ces galeries où il y a eu des fuites massives en mer au tout début de la catastrophe. TEPCo pense qu'elles contaminent aussi l'eau souterraine qui s'écoule en mer.
TEPCo a testé la méthode et pense qu'elle a trouvé, là, un moyen de bloquer l'eau. Une fois vidées de leur eau, ces galeries seront remplies de béton. Les débits de dose doivent être très élevés à cause de l'eau. La compagnie doit encore trouver un moyen de limiter l'exposition des travailleurs.

Lundi 11 novembre, la contamination du puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui cet été, repart à la hausse laors que des travaux ont lieu à proximité. La contamination en tritium fluctue toujours autour de 230 000 240 000 Bq/L, mais celle en bêta total (hors tritium) est passée de 420 000 à 550 000 Bq/L en trois jours. Voir les résultats pour les prélèvements du 7 novembre, 8 novembre et du 9 novembre.

-> Les résultats de mesure de la radioactivité faits par TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.


Réacteur n°1

Le réacteur était en marche avant le séisme. Le combustible dans le coeur a entièrement fondu en quelques heures et a subi une explosion hydrogène le samedi 12 mars à 15h36. Il est recouvert d'un chapiteau pour empêcher l'eau d'y pénétrer et pour retenir une partie des gaz radioactifs.

Mercredi 13 mars 2013, suite au scandale créé par la révélation que TEPCo avait dit à la commission d'enquête parlementaire qu'il n'était pas possible d'aller dans le réacteur n°1 car il était trop sombre, ce qui n'était pas vrai, une commission d'enquête interne de TEPCo a été mise sur pied, avec des membres externes à la compagnie. Elle vient de rendre ses conclusions et a jugé que l'interlocuteur de la commission d'enquête n'avait pas voulu cacher les choses, mais qu'il méconnaissait la situation. Mais elle n'a pas interrogé les membres de la commission d'enquête parlementaires impliqués dans cette affaire. Seuls des salariés de TEPCo ont été interrogés.
Ainsi, TEPCo a choisi quelqu'un qui méconnaissait la situation pour répondre à la commission d'enquête parlementaire !

Vendredi 29 mars, TEPCo a mis en ligne deux vidéos du 3ième étage du bâtiment réacteur n°1.

Mercredi 10 avril, TEPCo a envoyé un robot inspecter une salle d'accès au bâtiment réacteur n°1 située au rez de chaussée : il y a relevé des débits de doses ahurissants allant jusqu'à 2,1 sieverts par heure (il n'y a pas d'erreur d'unité).

Jeudi 9 mai, TEPCo va retirer la structure qu'elle a construite autour du réacteur n°1. Les explications sont ici en japonais et ici en anglais. L'espèce de chapiteau avait été installé en octobre 2011 pour limiter les rejets radioactifs et l'eau de pluie. TEPCo avait alors prévu de faire de même pour les autres réacteurs. Elle a, depuis, revu ses plans. Les travaux commenceront cet hiver. Elle veut démanteler l'enchevètrement de poutrelles, comme pour le réacteur n°3. Puis, une autre structure sera construite dans 4 ans.
Les rejets atmosphériques seraient 100 fois plus faibles qu'au moment où la structure a été installée.

Vendredi 30 août,
est-ce que le système de refroidissement du réacteur n°1 a été endommagé par le séisme seul ou pas ? La question a son importance pour les autres réacteurs japonais. Une flaque d'eau avait été observée peu de temps après le séisme au 3ième étage (4ième niveau) du bâtiment réacteur. Venait-elle du système de refroidissement qui fuyait déjà ou d'ailleurs ? La NRA, après inspection et analyse, a conclu que cette flaque était due à un débordement d'une des piscines après les fortes secousses. Un fuite du système de refroidissement aurait été sous forme de vapeur, pas d'eau liquide. Il reste cependant à inspecter les tuyaux pour être sûr qu'ils n'ont pas été endommagés.

Mercredi 4 septembre, grâce à une endoscopie dans les sous-sols du bâtiment turbine du réacteur n°1, TEPCo a trouvé de l'eau souterraine qui y pénètre. TEPCo va donc étudier un peu mieux la zone et essayer de boucher cette entrée d'eau. Des photos et explications sont en ligne en anglais. Des vidéos aussi. C'est un bon début, mais on est encore loin des 400 m3/jour.

Mercredi 18 septembre, TEPCo a découvert des fissures dans la cheminée de rejet commune aux réacteurs 1 et 2 lors d'une inspection sur la résistance sismique. Comme les débits de dose sont très élevés, la comapgnie doit trouver un moyen pour mener des inspections plus poussées.

Mardi 1er octobre 2013, TEPCo va construire comme un petit monte-charge afin de prendre des photos du réacteur n°1 et connaître l'état d'endommagement avant de commencer des travaux de démantèlement similaires à ce qu'elle effectue sur le réacteur n°3.


Lundi 7 octobre, en appuyant sur le mauvais bouton, un technicien a arrêté par erreur une pompe du système de refroidissement d'un des réacteurs. Le système de secours a immédiatement pris le relais (premier communiqué de TEPCo, suivi du communiqué qui reconnaît l'erreur humaine). L'arrêt a eu lieu à 9h47 au niveau du réacteur n°1.
Le PDG de TEPCo a immédiatement annoncé qu'il allait prendre des mesures pour limiter les erreurs humaines. Il serait temps ! Mais quand il dit cela, il pense plus à son dossier de demande de redémarrage de deux réacteurs à Kashiwazaki-Kariwa où il doit faire la preuve qu'il a amélioré la culture de sûreté, qu'à la centrale de Fukushima daï-ichi.
TEPCo a mis en ligne des photos et des explications en japonais.

La cheminée d'évacuation des gaz des réacteurs 1 et 2 commence à rouiller. Des photos et des explications en japonais. Elle a aussi été fragilisée par les explosions hydrogène. Comme elle est très contaminée - c'est là que TEPCo avait mesuré des débits de dose de plusieurs sieverts par heure - une rupture ou un effondrement pourraient avoir des conséquences graves pour les travailleurs, en plus du risque pour les bâtiments voisins.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°1   

Réacteur n°2

Le réacteur était en marche avant le séisme. Le combustible dans le coeur a entièrement fondu. Après avoir annoncé une explosion hydrogène dans la bas du réacteur, TEPCo est revenue sur ses affirmations et prétend qu'il n'y a pas eu d'explosion.

Mercredi 13 mars 2013, TEPCo continue à chercher par où passe l'eau contaminée dans le réacteur n°2, mais elle n'a toujours pas trouvé de fuite. Voir son résumé en anglais.

Jeudi 14 mars, Tepco continue son inspection du réacteur n°2 et n'a toujours pas trouvé de fuite.

Lundi 18 mars, TEPCo continue à chercher les fuites dans le réacteur n°2 et ne les a pas encore trouvées. De nouvelles vidéos et images de ses recherches sont en ligne.

Jeudi 28 mars, TEPCo a creusé un trou dans le bâtiment réacteur n°2 afin de pouvoir y glisser une caméra pour inspecter le tore du réacteur. Le débit de dose au rez de chaussée du bâtiment, où a été creusé le trou, est de 4 à 7 mSv/h.

Vendredi 12 avril, TEPCo continue son investigation du réacteur n°2.

Mercredi 17 avril, les robots continuent à inspecter le rez de chaussée du réacteur n°2. TEPCo a mis en ligne quelques images et données.

Lundi 22 avril, TEPCo a trouvé à 10h13 deux cadavres de souris dans un transformateur électrique lié au réacteur n°2. Elle a dû couper le courant pour enlever les cadavres et vérifier le circuit électrique. Le système de refroidissement de la piscine de combustibles du réacteur n°2 a donc été suspendu à 11h36. La température de l'eau est de 13,6°C et TEPCo a du temps avant qu'elle atteigne un température trop élevée. L'échauffement serait de 0,187°C/h. Une présentation avec des photos est ici en anglais. Le refroidissement a repris à 15h48.
Une autre présentation bilan avec photos est ici en anglais.

Mercredi 5 juin, selon le quotidien Asahi, TEPCo s'est trompée le 16 mars 2011 en estimant la pression à l'intérieur de l'enceinte de confinement du réacteur n°2. Son estimation était de 400 kPa alors qu'elle était 10 fois plus faible. C'est moins que la pression atmosphérique et cela signifie qu'une grande quantité de gaz radioactifs s'étaient échappés. Quand TEPCo a trouvé l'erreur, un mois plus tard, elle n'a rien dit. Elle l'a corrigée et cachée dans une grande quantité d'informations diffusées le 16 mai 2011. Aucune des commissions d'enquête n'a noté la manipulation.
TEPCo avait conlu que la pression augmentait et elle a baissé la quantité d'eau injectée pour refroidir le réacteur le matin du 17 mars pour éviter une explosion de l'enceinte de confinement. Le directeur de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, enregistré sur les visio-conférences, avait pourtant conseillé de ne pas réduire l'injection d'eau. Le 17 dans l'après midi, TEPCo a augmenté l'injection d'eau car certains suspectaient que l'eau fuyait par le bas.
Le 16 mars, il ne restait que que 70 personnes environ sur le site de Fukushima daï-ichi. Il leur était impossible d'aller lire la pression à cause du débit de dose. Ils ont donc fait des calculs et se sont trompés.

Vendredi 21 juin, des images et des débits de dose collectés (en japonais) par le robot de Honda qui explore le rez de chaussée du réacteur n°2. Il a mesuré jusqu'à 17 mSv/h (cf p. 3). Ne fait pas bon y aller...

Lundi 5 août, TEPCo a réussi à faire entrer une caméra dans l'enceinte de confinement du réacteur n°2 et à prendre des images. Les premières images, commentées en anglais sont ici. Les suivantes sont ici en anglais. On voit aussi une brosse. Surprenant !
Il y a aussi des vidéos. TEPCo va essayer d'aller plus profondément et va collecter de l'eau pour l'analyser.

Jeudi 15 août, TEPCo a mis en ligne une vidéo de l'intérieur de la cuve du réacteur n°2, ainsi de que des images commentées en japonais pour le moment.

Jeudi 22 août, TEPCo a annoncé qu'elle avait commencé à pomper l'eau contaminée d'une tranchée liée au réacteur n°2. Elle espère ensuite pourvoir la bloquer pour éviter les fuites vers les nappes phréatiques.
La compagnie continue aussi à pomper la nappe phréatique, mais ne donne pas de volumes. Elle a maintenant 28 points de pompage.

Mercredi 18 septembre, TEPCo a découvert des fissures dans la cheminée de rejet commune aux réacteurs 1 et 2 lors d'une inspection sur la résistance sismique. Comme les débits de dose sont très élevés, la comapgnie doit trouver un moyen pour mener des inspections plus poussées.


Lundi 7 octobre, la cheminée d'évacuation des gaz des réacteurs 1 et 2 commence à rouiller. Des photos et des explications en japonais. Elle a aussi été fragilisée par les explosions hydrogène. Comme elle est très contaminée - c'est là que TEPCo avait mesuré des débits de dose de plusieurs sieverts par heure - une rupture ou un effondrement pourraient avoir des conséquences graves pour les travailleurs, en plus du risque pour les bâtiments voisins.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°2   

Réacteur n°3

Ce réacteur est chargé en MOx, combustible contenant plus de plutonium que le combustible classique. La température de fusion du MOX est aussi plus basse que celle du combustible classique.  Le combustible dans le coeur a entièrement fondu en quelques heures et a subi une explosion hydrogène. La piscine de combustibles usés a 566 assemblages.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, TEPCo a rebouché la trappe du réacteur n°2. Voici des photos.

Vendredi 5 avril, le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°3 s'est brusquement arrêté. Une alarme a retenti à 14 h 27 et TEPCo a constaté l'arrêt. La température de l'eau était de 15,1°C à 14h. Le système est reparti à 17h20. Communiqué de TEPCo.
Une fourmi ?

Samedi 6 avril, la panne d'électricité de la veille aurait été causée par l'installation de grilles métalliques pour prévenir l'intrustion de rongeurs dans les armoires électriques... C'est lors de l'installation d'une de ces grilles qu'il y a eu une panne électrique. TEPCo aurait dû arrêter le système avant d'installer la grille pour éviter tout problème, mais elle ne l'a pas fait... Des explications en japonais et une photo de la grille anti-intrusion sont ici. Lien en anglais à venir.
Décidément, ce petit rat est une véritable menace !

Mardi 16 avril, les résultats de l'enquête interne à propos de la dernière panne de courant sur le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°3 sont en ligne en anglais.

Mardi 23 avril, contrairement au réacteur n°4 où ce sont des humains qui ont démantelé la partie supérieure du réacteur, ce n'est pas possible pour les autres réacteurs à cause des combustibles fondus qui irradient tout. Le démantèlement du réacteur n°3 se fait donc avec des grues télécommandées. TEPCo a réussi à dégager le haut de la pisicine de combustibles usés et a mis une protection. Des photos et explications en anglais sont en ligne.

Jeudi 25 avril, TEPCo a annoncé qu'elle avait arrêté volontairement le refroidissement de la piscine du réacteur n°3 à 9h39 pour pouvoir effectuer des travaux sur le circuit électrique. La coupure devrait durer 33 heures. La température de l'eau devrait augmenter de 5°C. Mais comme elle est de 16°C, cela ne devrait pas poser de problème. Elle fera de même avec le circuit électrique de la piscine du réacteur n°4 où la coupure devrait être de 9 heures.

Mardi 28 mai, TEPCo continue à démanteler le mikado de poutrelles en haut du réacteur n°3 avec des grues télécommandées car le débit de dose y est trop élevé pour des humains. Elle a aussi commencé à couvrir la piscine de combustibles usés le 22 avril dernier pour éviter que des débris y tombent, comme cela s'est déjà produit. La couverture de la piscine avance et TEPCo a mis en ligne des photos avec des explications en anglais.

Mercredi 5 juin, la NRA est allée inspecter le 4ième niveau du réacteur n°1. Les 5 membres de l'équipe est restée environ 15 minutes et la dose maximale est de 4,8 mSv. Rappelons que la dose maximale à ne pas dépasser pour le public est de 1 mSv/an.

Lundi 17 juin, TEPCo va envoyer un nouveau robot inspcter le réacteur n°2. Voir la photo du robot, qui peut voir en hauteur, avec commentaires en japonais. Il a été construit par Honda et va mesurer les débits de dose dans les endroits inaccessibles aux autres robots.

Jeudi 18 juillet, TEPCo a annoncé avoir découvert de la vapeur d'eau qui s'échappe du 5ième niveau du réacteur n°3 sans pouvoir l'expliquer. Rien d'anormal n'a été détecté. La vapeur a été découverte vers 8h20 par un sous-traitant qui filmait le réacteur pour retirer des débris. Vers 16h, elle était toujours là. On ne voit rien sur la webcam.
Les communiqués successifs en anglais sont là : 1, 2, 3, 4 et 5. Ils ne nous apprennent pas grand chose.
La vidéo et des photos peuvent être consultées en japonais uniquement pour le moment. Et aussi en anglais maintenant.
Le retrait des débris est suspendu et TEPCo est prête à injecter du bore si nécessaire. Le bore absorbe les neutrons et peut arêter ou ralentir une réaction nucléaire en chaîne. Pour le moment, TEPCo soupçonne de l'eau de pluie qui serait entrée en contact avec des pièces chaudes.

Vendredi 19 juillet, selon TEPCo, à 7h55, il n'y avait plus de vapeur d'eau visible au niveau du quatrième étage (5ième niveau) du réacteur n°3. La compagnie va continuer à surveiller. Que fait la NRA ? Pourquoi n'a-t-on pas d'avis ou d'inspection sur place ?
La vidéo et les images de la vapeur de la veille sont maintenant disponibles en anglais.

Mardi 23 juillet, la vapeur d'eau est réapparue au dessus du réacteur n°3. TEPCo l'a aperçue à 9:05 alors qu'il a plu dans la matinée et que le temps reste couvert. A 10h30, elle était toujours là. Dans un second communiqué, TEPCo déclare ne pas avoir observé de vapeur entre 13h30 et 14h30 et en conclut que la vapeur a disparu. Comme elle pense que c'est la pluie, elle est plus rapide à communiqué que pour les fuites en mer...
TEPCo a mis en ligne des images infrarouges suite à la demande des autorités, mais qui n'expliquent rien.

Mercredi 24 juillet, TEPCo a mesuré les débits de dose au 4ième étage du réacteur n°3 où elle a vu de la vapeur d'eau : elle a trouvé jusqu'à 2,17 sieverts par heure. La valeur la plus basse, sur 25 points de mesure, est 0,137 sievert par heure. Les humains ne peuvent donc pas approcher. A proximité de la vapeur, il y a 0,562 sievert par heure. Les résultats sont ici en anglais. La NRA a demandé à TEPCo de compléter les mesures car les résultats sont très élevés.
TEPCo a aussi mis en ligne une thermographie infrarouge.
A 4h15 du matin, il y avait de la vapeur d'eau observée par une caméra.

Vendredi 26 juillet, d'où vient la vapeur vue par intermittence en haut du réacteur n°3 ? TEPCo soutient que c'est l'eau de pluie qui en est à l'origine, quand elle coule sur l'enceinte de confinement qui est chaude. Elle est si chaude ? Son dernier communiqué à ce sujet ressemble plus à du charabia, mais permet de découvrir qu'elle injecte 16 m3/h d'azote pour éviter les explosions hydrogène dans la cuve et l'enceinte de confinement, mais n'en récupère que 13 m3/h. Les 3 m3/h qui fuient entraînerait de l'humidité qui se transforme en vapeur d'eau à la sortie, quand l'air est frais. Cela viendrait s'ajouter à la vapeur d'eau de pluie.
Un schéma est disponible ici, page 11 de ce document en japonais. En haut, on voit le mécanisme avec la pluie et en bas, le gaz qui fuit de la cuve dans l'enceinte de confinement, puis à l'extérieur.
Bref, l'enceinte de confinement et la cuve fuient, à raison de 3 m3/h au moins. Cette fuite doit être radioactive ! Mais TEPCo dit que l'impact sur l'environnement est faible. C'est donc qu'il y a un impact. Page 15 du document précédent, il est question de 90 000 Bq/l pour les deux césium dans la vapeur d'eau. Il y a, bien-entendu, d'autres radioéléments dans cette vapeur d'eau, mais TEPCo ne communique que sur le césium.
Qu'en est-il des deux autres réacteurs accidentés ?

Lundi 5 août, il y avait longtemps que TEPCo ne nous avait parlé de la vapeur qui sort du réacteur n°3 : en fait elle a été vue de façon intermittente depuis sa découverte le 24 juillet dernier. Elle n'aurait pas été vue depuis 8h00 le 4 août et cela été annoncé le jour même. Faut-il comprendre de cette annonce précipitée qu'elle apparaissait quotidiennement auparavant ?
Mais le 5 août à 7h30, la vapeur était de nouveau là ! A 12h30, elle avait disparu.

Mardi 6 août, la vapeur s'échappe encore du réacteur n°3 : elle a été observée à 8h.
TEPCo a mis en ligne les vidéos de la vapeur des 23 juillet, 24 juillet, 25 juillet et 26 juillet.
Difficile d'accuser la pluie...

Mercredi 7 août, la vapeur a été vue à 8h par la caméra qui surveille le sommet du réacteur n°3, mais elle n'était plus visible après 9h. Rappelons qu'elle vient des gaz chauds qui s'échappent du réacteur et qui se condensent le matin quand l'air est plus frais. Ces gaz sont radioactifs et font moins de bruit médiatique que l'eau souterraine.

Jeudi 15 août, le réacteur n°3, celui qui contient du MOx, celui qui recrache de la vapeur, celui qui perd 3 m3/h d'azote, rejette aussi des gaz contaminés aux émetteurs alpha, les plus dangereux en cas d'inhalation, depuis le 15 mai dernier. Il y a jusqu'à 190 Bq par litre de gaz en alpha total. D'autres données, plus anciennes, sur les émetteurs gamma sont ici en anglais.

Jeudi 5 septembre, la flêche d'une grue au dessus du réacteur n°3 s'est effondrée.

Vendredi 13 septembre, TEPCo a de nouveau observé de la vapeur d'eau au dessus du réacteur n°3. Elle n'aurait pas été vue depuis le 7 août dernier.

Dimanche 15 septembre, de la vapeur a encore été vue au dessus du réacteur n°3.

Mardi 17 septembre, TEPCo a de nouveau vu de la vapeur d'eau au dessus du réacteur n°3.

Mercredi 18 septembre, de la vapeur a encore été vue au dessus du réacteur n°3. C'est toujours le matin.

Mercredi 25 septembre, des nouvelles, en japonais pour le moment, de la grue du réacteur n°3 qui s'était cassée. TEPCo aurait trouvé la cause.

Jeudi 17 octobre, TEPCo a mis en ligne des photos montrant l'avancement des travaux de démantèlement du réacteur n°3. Elles ne sont commentées qu'en japonais pour le moment.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°3     

Réacteur n°4

Le coeur du réacteur est vide. La piscine de combustibles usés a fait craindre le pire. La bâtiment réacteur a subi une explosion hydrogène. L'hydrogène provenait du réacteur n°3 via leur cheminée commune. La piscine est refroidie en circuit fermé.
La structure soutenant la piscine a été endommagée par l'explosion hydrogène et le séisme. TEPCo l'a renforcée et prétend que cela suffit. Les conséquences d'une fuite dans la piscine entraînant une perte du refroidissement et une fuite sont évaluées ici par holophi en Suisse.
La piscine contient 1 331 assemblages de combustible usé et 202 de combustible neuf. Deux assemblages neufs ont été retirés.

Mercredi 13 mars 2013, la construction de la structure pour recouvrir le réacteur n°4 avance. Voir la dernière photo.

Vendredi 5 avril, TEPCo a commencé à retirer du combustible usé de la piscine commune pour le mettre dans un entreposage à sec, afin de faire de la place au combustible de la piscine du réacteur n°4. Elle a retiré 37 assemblages. Il y en a 6 377 en tout. Voir les explications et photos en anglais.
Pour la piscine n°4, le retrait des 1 533 assemblages ne devrait pas commencer avant novembre 2013.

Jeudi 11 avril, photo de l'avancement du chantier sur le réacteur n°4 (en japonais et en anglais).

Mercredi 29 mai, la construction de la structure autour du réacteur n°4 avance. Les dernières photos commentées sont ici.

Mercredi 12 juin, TEPCo a fini de couvrir le réacteur n°4 avec une charpente métallique et a organisé un voyage de presse pour montrer le résultat.

Mardi 23 juillet, TEPCo a fini de construire les murs et de couvrir la structure qui enveloppe le réacteur n°4 et qui devrait permettre de retirer les barres de combustible de la piscine. Elle a mis en ligne des images.

Dimanche 11 août, la webcam de TEPCo permet de voir que la couverture du réacteur n°4 a bien avancé.

Mardi 13 août, TEPCo a mis en ligne de nouvelles images et de nouvelles vidéos de la piscine de combustibles usés du réacteur n°4 et de la cuve.

Mercredi 28 août, TEPCo a mené une nouvelle inspection de la tenue du bâtiment réacteur n°4 avec ses piscines haut perchées.
C'est ici en japonais et ici en anglais.

Mercredi 25 septembre, TEPCo a mis en ligne, en japonais uniquement pour le monent, des photos commentées de la couverture située au dessus du réacteur n°4 et du nouveau palan de déchargement des combustibles usés de la piscine.

Mercredi 23 octobre, TEPCo va commencer à retirer le combustible usé de la piscine du réacteur n°4 à partir du mois de novembre prochain. Elle a quasiment fini d'installer une couverture au-dessus du réacteur détruit par une explosion hydrogène et un palan sur rails pour retirer le millier d'assemblages. Il lui reste à obtenir le feu vert de la NRA.
Les assemblages seront mis dans un container et transportés vers la piscine commune de combustibles usés situées à une centaine de mètres de là. Il y a 1 331 assemblages de combustibles usés et 202 assemblages neufs. Le retrait devrait prendre un an.
Vider rapidement cette piscine, était une demande des associations de protection de l'environnement au Japon, qui avaient lancé une pétition internationale en ce sens.

Mercredi 30 octobre, l'autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, a approuvé le plan de retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°4 proposé par TEPCo. Les opérations devraient commencer le 8 novembre prochain et cela devrait durer jusqu'à la fin 2014. La compagnie devrait commencer par les assemblages neufs qui sont peu dangereux.
Les supports actuels des assemblages peuvent avoir été endommagés par le séisme et l'explosion hydrogène. Des débris peuvent aussi gêner les opérations. Le président de la NRA a exorté TEPCo à être prudente, de ne pas se presser, ni de forcer si un assemblage ne veut pas sortir. Et d'avouer qu'il est plus inquiet que pour l'eau contaminée.
TEPCo a mis en ligne une vidéo en images de synthèse pour montrer comment elle va procéder.

Lundi 4 novembre 2013, TEPCo devait commencer le retrait des combustibles de la piscine du réacteur n°4 à partir du 8 novembre prochain, mais elle aurait reporté les opérations de plusieurs semaines. Seul un essai est programmé pour le moment, à la demande de la Japan Nuclear Energy Safety Organization.
Ce test n'avait pas été prévu ? TEPCo est pressée de toutes parts pour accélérer le retrait des combustibles et est assez sûre d'elle, comme d'habitude, sous prétexte qu'il s'agit d'une opération banale. Mais il reste des débris dans la piscine et des barres ou des supports ont pu être endommagés, gênant le retrait.

Jeudi 7 novembre, TEPCo a montré, la veille, la piscine de combustibles aux médias alors qu'elle s'apprête à faire un test de retrait de combustible usé. Il y a 1 331 assemblages usés et 202 neufs. TEPCo veut rassurer alors que beaucoup s'inquiètent sur les conséquences d'un incident. La gestion désastreuse de l'eau contaminée n'incite pas à la confiance. Et il y a encore de nombreux débris de petite taille dans cette piscine qui pourraient coincer un assemblage lors de son retrait.L'eau de mer a peut-être corrodé certains assemblages.
Le retrait des débris qui restent devrait être effectué la nuit, au fur et à mesure, alors que le retrait des combustibles usés, télécommandé car trop radioactifs, aura lieu de jour.
Une photo du container de transport est disponible en ligne sur le site de TEPCO. TEPCo devrait en utiliser deux.
Rappelons qu'il y a des piscines similaires dans les réacteurs 1, 2 et 3. Le réacteur n°4 était arrêté et entièrement déchargé au moment de l'accident. Des hommes ont pu travailler sur place pour le démantèlement et l'installation de la structure qui couvre le réacteur et le pont roulant. Ce ne sera pas le cas pour les trois autres réacteurs où il y a eu fusion du coeur, ce qui entraîne un débit de dose trop important pour que des hommes y restent longtemps. TEPCo veut néanmoins enchaîner avec le réacteur n°3 à la mi-2015. Il y a du MOx dans la piscine.
Un assemblage fait 4,5 m de long et pèse 300 kg. Une fois transférée dans la piscine commune de la centrale, située au niveau sol, le combustible va y rester des décennies car le Japon n'a aucune solution pour ces déchets les plus radioactifs.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°4   

Réacteurs 5 et 6

Comme le réacteur n°4, les réacteurs 5 et 6 étaient arrêtés avant le séisme. A la différence du réacteur n°4 où tout le chargement était dans la piscine d'entreposage, il n'y en a qu'un tiers dans les piscines des 2 autres réacteurs arrêtés. Un générateur diesel a pu rapidement être redémarré, ce qui a permi d'éviter la fusion du coeur partiel resté dans la cuve de chacun de ses réacteurs. Ils sont en "arrêt à froid".

Mercredi 21 mars 2012, un incendie s'est déclaré à proximité des réacteurs 5 et 6 alors que des ouvriers soudaient des canalisations. Ils ont couvert l'incendie avec une couverture anti-feu qui s'est envolée par le vent. 3 m2 d'herbes ont brûlé, mmais le feu a pu être éteint 5 minutes plus tard. Le communiqué de TEPCo en anglais est ici. La photo du lieu ici.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°5 
-> Photos de TEPCo du réacteur n°6 
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Divers


Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, il y aurait eu 9 577 répliques du séisme du 11 mars 2011 en deux ans, selon l'Agence météorologique japonaise.

Dimanche 18 août, le séisme et tsunami a fait de l'ordre de 16 000 victimes, plus les disparus. 2 600 corps n'ont pas été retrouvés et 114 n'ont pas pu être identifiés. Avec le temps qui passe, les chances d'identification sont de plus en plus faibles.

Accident dans un accélérateur de particules à Tôkaï-mura (Ibaraki) :

Lundi 27 mai, un incident a eu lieu après d'un accélérateur de particules de J-Parc à Tôkaï-mura (Ibaraki) le 23 mai lors d'une expérience qui consiste à bombarder une cible d'or avec un faisceau de protons (à une énergie de plusieurs dizaines de GeV). L'alarme s'est déclenchée à 11h55. Les autorités et le public n'ont été prévenus que 30 heures plus tard.
L'intensité du faisceau aurait été 400 fois plus forte que prévu, en raison d'un problème dans l'alimentation électrique. Mais les scientifiques ont ignoré l'alarme et ont repris l'expérience 13 minutes plus tard. Cela a entraîné un échauffement de la cible en or qui s'est vaporisée, dispersant ainsi des gaz radioactifs.
Les détecteurs ont enregistré une augmentation de la radioactivité ambiante à partir de 12h30, jusqu'à 10 fois la normale vers 13h30. L'expérience a été arrêtée à 14h26. Les niveaux de radioactivité ont baissé après la mise en route de ventilateurs à 15h15. Les scientifiques ont repris l'expérience à partir de 15h32. La ventilation a entraîné un rejet radioactif car il n'y avait aucun filtre.
Les niveaux de radiation sont remontés vers 16h et l'expérience a de nouveau été stoppée à 16h15. Une contamination allant jusqu'à 300 000 Bq/m2 a été détectée vers 17h sur le sol. L'accès à l'installation a été interdit et les ventilateurs relancé vers 17h30. Les physiciens ont quitté les lieux entre 17h30 et 23h. Ils ont été contrôlés, mais leur contamination externe ne dépassait pas les niveaux autorisés. Le 24 mai, les scientifiques qui en ont fait la demande ont eu droit à une anthropogammamétrie. Les balises n'ont été contrôlées que le 24 mai et il est apparu que les niveaux ont augmentés à partir du moment où les ventilateurs ont été mis en route. Il a encore fallu attendre plusieurs heures avant que les autorités ne soient prévenues. L'autorité de sûreté sera informée du rejet à 21h20 le 24 mai et les mairies à 21h40.
Au début, il a été question de 4 physiciens contaminés, entraînant une dose interne de 1,6 millisievert. Mais on a rapidement appris qu'il y avait 55 personnes à proximité. Le nombre de personnes contaminées est ensuite passée à 6, puis 30 le 26 mai. Il y a deux femmes parmi les 30 personnes contaminées. La dose interne la plus élevée est de 1,7 millisievert. Le tableau de résultats quelques informations sur les personnes concernées est ici en japonais, complété par deux valeurs supplémentaires.
L'accélérateur est exploité par la Japan Atomic Energy Agency qui a aussi la charge du surgénérateur Monju qui vient d'être arrêté pour manquements à la sûreté. C'est toute la culture de sûreté de l'organisation qui est à revoir. L'expérience en cause avait lieu sous la responsabilité de la High Energy Accelerator Research Organization (KEK).
Le rejet radioactif est estimé à 100 milliards de becquerels en direction du Sud-Ouest. Parmi les éléments émetteurs gamma rejetés, il y aurait du mercure-197, du potassium-43, de l'or-198, du mercure-195 et du sodium-24. Ce sont tous des éléments à vie courte (toutes les demi-vies sont inférieures à 2,7 jours). L'incident a été classé provisoirement au niveau 1 de l'échelle INES des accidents nucléaires.
Un premier rapport en japonais de l'exploitant est en ligne. Un communiqué succinct en anglais est ici.

Mardi 28 mai, il y a maintenant 33 personnes contaminées par l'accident qui s'est produit dans l'accélérateur de particules du Tôkaï-mura (J-Parc). Le ministre de la recherche, des sciences et des technologies va mettre en place un groupe de travail pour réformer la Japan Atomic Energy Agency impliquée dans cet accident et qui rêve de pouvoir exploiter le surgénérateur de Monju.

Mercredi 29 mai, il y a maintenant 34 personnes contaminées à J-Parc, dont 4 étrangers. Selon des simulations, les rejets radioactifs sont allés jusqu'à 1 km vers l'Ouest, c'est à dire vers la terre. La dose maximale à la limite du site aurait été de 0,29 microsievert.
La NRA va revoir la sûreté de tous les accélérateurs du pays. Il y en a 8 000 en tout !

Autres sources d'information :

De nombreux autres sites Internet suivent l'évolution en continu de la catastrophe nucléaire :
- au Japon, mais en anglais, par Greenaction à Kyoto, association avec laquelle nous avons des liens très serrés ;
- au Japon, et toujours en anglais, EX-SKF, qui épluche et traduit la presse japonaise ;
- en France, Enerwebwatch, qui recense tout ce qui apparaît sur internet ;
- en France encore, le blog de Fukushima et génération 4 qui font un suivi régulier avec un oeil critique ;
- en France toujours, Information Fukushima qui ratisse la toile ; fukushima-is-still-news qui collecte les articles de la presse japonaise en anglais
- en France, Dissensus Japan met en ligne des vidéos sous-titrées en français et/ou anglais.
- en Suisse, un suivi est fait par 2000watts.org ;
- au Etats-Unis, le New York Times ;
- en France, l'ASN et l'IRSN ;
- au niveau international, l'AIEA.


La centrale accidentée est déjà visible sur google-earth.
Une webcam permet de voir le site de la centrale.
Les photos fournies à la presse par TEPCo sont ici.
Des images satellites de la centrale avant et pendant la catastrophe sont disponibles ici.
Des photos aériennes de grande qualité sont disponibles ici.
Les photos du quotidien Asahi sont visibles ici et les archives des jours précédents ici.
Une vidéo prise par un drone peut être visualisée en trois parties ici
Des photos prises par une personne sur place sont disponibles ici.
Photos en ligne de Kazuma Obara sur les environs de la centrale de Fukushima daï-ichi et les manifestations contre le redémarrage des centrales nucléaires.

Les débits de dose sur le site de la centrale sont disponibles ici. Les autres données sont regroupées ici.

Les conditions météo sur place peuvent être consultées en français ici.

Tous les tremblements de terre qui ont eu lieu au Japon depuis le 11 mars sont répertoriés ici. Il y en a eu plus de 1 700.
Une vidéo recense tous les séismes de l'année 2011 en anglais et japonais.
Le site officiel de prévision des risques sismiques est ici en anglais.

De nombreuses données sismiques sont disponibles ici.

Des images satellites et une cartographie de l'impact du tsunami sont disponibles ici.

TEPCo avait falsifié des données importantes pour la sûreté dans la passé. Voir l'article de l'ACRO à ce sujet et un reportage de la télévision japonaise sur Youtube, sous-titré en anglais si l'on clique sur cc.

Articles de l'ACRO en ligne

pour comprendre la radioactivité :
- La radioactivité expliquée aux enfants, suivie de la mesure de la radioactivité expliquée aux enfants (2011)
- Notions de base de radioactivité, fiche technique
- La contamination et l'irradiation, fiche technique
- Exposé sur la radioactivité et ses effets (pdf, 2011)
- Définition des zones contaminées en Biélorussie (1991) Plus de détails ici

et sur des évènements passés au Japon :
- A propos des falsifications de TEPCo dans le passé
- A propos de l'accident de Tokai-mura le 30 septembre 1999
- A propos du tremblement de terre de 2007 et de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (juin 2008)

 
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