Actualités à partir du 11 mars 2012
Page
mise à jour régulièrement,
veuillez actualiser pour les dernières nouvelles.
Nos actions ont un coût et nous
avons besoin de votre
soutien pour continuer. Si vous pensez que l'ACRO est utile, adhérez ou
envoyez un don ! Bulletin
d'adhésion
|
Suivi chronologique de l'an II
Sommaire
• Contaminations
radioactives
- Sols
- Eau douce
- Alimentation
- Mer
- Impact sur la faune et la flore
• Evacuation
ou vie dans les territoires contaminés
• Décontamination et
déchets radioactifs
- Décontamination et retour des habitants
- Déchets
• Impact
sanitaire pour la population
• Doses et
conditions de travail à la centrale
• Arrêt du
nucléaire et situation énergétique
• Coûts de la catastrophe
• Accident
nucléaire
- Généralités
- Gestion de l'eau contaminée
- Réacteur n°1
- Réacteur n°2
- Réacteur n°3
- Réacteur n°4
- Réacteurs n°5&6
• Divers
|
L’an
un de la catastrophe est décrit dans un autre fichier
qui commençait à être
trop long. Il a été rédigé en direct, au jour le jour. Je le
laisse ainsi, avec toutes ses fautes de frappes, son français parfois
approximatif et ses liens qui ne sont peut-être plus valables. Car ce
travail est entièrement fait bénévolement. Commence ici le suivi de
l'an deux, et peut-être plus...
Les archives de l'an III sont ici.
Nous continuons aussi la reconstitution des premières heures de
l'accident en fonction des information glanées ça et là. C'est ici en français.
Nous avons aussi rédigé deux rapports qui font un bilan de la première
année de la catastophe :
- Rapport sur
les initiatives citoyennes au Japon suite à la catastrophe de Fukushima,
février 2012 (pdf, 1,4 Mo)
- Les
enseignements de
Fukushima : Contribution de l'ACRO au rapport de Greenpeace
International, février 2012 (pdf, 4,6 Mo). Une version anglaise,
espagnole
et allemande
sont aussi disponibles.
Ce
qui suit, est essentiellement basé sur la presse japonaise, quelques
blogs et sites officiels pertinents, ainsi que sur des informations
transmises directement par quelques personnes avec qui nous sommes en
contact.
|
Contaminations radioactives
|
Avril 2012, une nouvelle publication scientifique
vient confirmer que le rejet en césium dans l'atmosphère dû à la
catastrophe de Fukushima est de l'ordre de 40% de celui de Tchernobyl.
Ils confirment aussi que le rejet en xénon est plus de deux fois celui
de Tchernobyl. Probablement le plus fort de l'histoire. Il y a de
fortes évidence que ce xénon ait été relâché dans l'atmosphère bien
avant les opérations d'éventage des réacteurs, ce qui indiquerait une
ou plusieurs fuites. Ces mêmes auteurs avaient déjà fait des estimations similaires en octobre 2011.
Mercredi 23 mai, TEPCo devrait
remettre un rapport complet en juin où son estimation des rejets dans
l'atmosphère est revue à la hausse :
- 500 000 térabecquerels (500 000 millions de millions de becquerels ou
5x1017 Bq) d'iode 131. Autant de gaz rares.
- 10 000 térabecquerels (10 000 millions de millions de becquerels ou
1x1016 Bq) de césium 137. Autant de césium 134.
Il faudrait rajouter de nombreux
autres radioéléments à vie courte comme des tellures etc. Voir les premiers résultats de mesure de l'ACRO à
Iitaté-mura.
Pour les rejets marins, TEPCo donne :
- 10 000 térabecquerels (10 000 millions de millions de becquerels ou
1x1016 Bq) d'iode 131.
- 3 600 térabecquerels (3 600 millions de millions de becquerels ou
3,6x1015 Bq) de césium 137. Presque autant de césium 134.
Il n'y a pas de données sur le strontium, pourtant présent dans les
rejets marins.
Ces estimations sont basées sur des simulations de l'accident et les
retombées dans l'environnement. Elles ont été faites par la commission
d'enquête interne à TEPCo.
Les bilans publiés dans la presse ne correspondent pas toujours à ces
chiffres tirés du communiqué de TEPCo en anglais.
Mardi 24 juillet, les
réacteurs 1 à 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi rejettaient
toujours 10 millions de becquerels par heure en juin dernier, selon les
calculs de l'exploitant. Cela n'a pas changé depuis février 2012. C'est
le réacteur n°2 qui rejette le plus avec 8 millions de becquerels par
heure à lui tout seul.
Lundi 10 septembre, l'AIEA a
lancé une base de
donnée sur la contamination due à Fukushima. Rien de neuf par
rapport aux données japonaises.
Mars - Août 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 14, un groupe de
chercheurs a mesuré la profondeur de la contamination dans les sols.
Sur les prélèvement effectués en juin, la césium était resté sur les 5
premiers centimètres, alors que maintenant, il pourrait s'être enfoncé
sur 30 cm, ce qui rend le travail de décontamination plus difficile.
Les prélèvements avaient eu lieu à Nihonmatsu, Kawamata et Namié.
Vendredi 23 mars, le ministère
de l'agriculture a publié les résultats de sa cartographie de la
contamination des terrains agricoles. Les mesures ont été effectuées
sur des échantillons de sol prélevé sur 15 cm.
Les explications et commentaires sont
ici
en japonais. Les résultats sont
ici de manière globale. Il s'agit de Bq/kg pour la
somme des deux césiums. Le détail pour
Fukushima,
Miyagi,
Iwaté,
Gunma,
Ibaraki,
Tochigi,
Saïtama,
Chiba,
Tôkyô et
Kanagawa est aussi disponible en ligne.
Lundi 9 avril, le MEXT a publié
des valeurs de débit de dose dans la zone des 20 km. C'est
ici en anglais et japonais.
Il y a des valeurs qui sont toujours très élevées : jusqu'à 54,8
microsieverts par heure à Futaba. A titre de compraison, les valeurs
mesurées dans les autres provinces du Japon sont
ici et
ici.
Lundi 16 avril, nouvelle
publication des débits de dose dans la zone des 20 km.
Sur la carte, le chiffre du haut correspond au n° de la balise et celui
du bas au débit de dose en microsievert par heure. Les valeurs sont,
bien entendu, comparables à celles de la semaine précédente.
Mardi 17 avril, nouvelle
publication des doses cumulées
mesurées par des capteurs en dehors de la zone des 20 km. La mesure a
commencé après le 23 mars, c'est à dire, après les rejets massifs et ne
prend donc en compte que les dépôts sur le sol. En revanche, elle
intègre 24 h sur 24, alors que les autorités ne comptent que 8 heures
par jour dehors quand elle évalue les doses reçues. Toutes ces doses
dépassent le millisievert. En un point, il y a presque 132
millisieverts !
Mardi 24 avril, le MEXT a mis
en ligne une synthèse des études faites par les universités et
instituts de recherche qu'il a chapeautées. C'est
ici en anglais. Les transparents associés sont
ici en anglais.
Lundi 28 mai, le MEXT a mis en
ligne les
débits de dose en de nombreux points de Fukushima.
Lundi 4 juin, les cartes de la
contamination faites par un consortium d'universités japonaises sont
maintenant
disponibles en anglais.
Lundi 11 juin, on découvre
encore des points chauds au Japon : 250 000 Bq de césium par kilo de
sol prélevé dans un parking de Katsushika-ku à Tôkyô.
Lundi 25 juin, des points
chauds ont été découverts dans le parc Mizumoto à Tôkyô. Le
débit de dose à un mètre du sol dépasse le microsivert par heure en une
trentaine d'endroits, avec un maximum à 1,22 microsievert. Des travaux
de décontamination vont être engagés.
Le Ministère des sciences et technologies (MEXT) a reçu environ 150
appels pour mentionner des points chauds à Tôkyô.
Mercredi 25 juillet, le MEXT a
diffusé des données sur le strontium émis par la centrale
de Fukushima. Il en a été trouvé dans 10 provinces : Ibaraki, Iwaté,
Akita, Yamagata, Tochigi, Gunma, Saïtama, Chiba, Tokyo et Kanagawa. A
Miyagi, la station de mesure a été détruite par le tsunami et à
Fukushima, elle est dans la zone des 20 km. Il n'y a donc pas de
donnée, même si l'on sait ses provinces contaminées. Des prélèvements
de sol l'ont montré.
Les données sont
ici en japonais. Une carte est aussi
disponible ici.
C'est à Hitachinaka, dans la province d'Ibaraki que la concentration
maximale a été détectée : 6,0 becquerels de strontium 90 par m
2.
C'est 20 fois plus que la valeur la plus élevée détectée entre avril
2000 et février 2011 : 0,3 Bq/m
2
à Hokkaïdô. La plus forte valeur mesurée au Japon était de 358 Bq/m2 à
Sendaï en 1963 à cause des essais nucléaires atmosphériques.
Le strontium est un élément très radiotoxique car il peut se fixer dans
les os.
Vendredi 10 août, nouvelle
carte de la contamination faite par le prof. Hayakawa de
l'université de Gunma.
Mercredi 22 août, le MEXT a
publié une nouvelle carte de la contamination en plutonium
qui montre que la situation n'a pas évolué depuis la dernière étude
publiée en septembre 2011. La contamination reste faible et peu étendue.
Septembre - Novembre 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 13 septembre, le MEXT a
publié des données sur la contamination des sols au
strontium en 50 points situés au-delà des 80 km de la centrale. Le
strontium détecté proviendrait des essais nucléaires atmosphériques et
pas de la centrale accidentée. 10 provinces sont concernées par cette
étude : Iwaté, Miyagi, Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saitama,
Chiba, Tôkyô et Yamanashi. Les points de prélèvements ont été choisis
dans les lieux où le débit de dose dépasse 0,2 microsievert par heure.
Samedi 6 octobre, l'association des
citoyens et scientifiques préoccupés par la contamination interne
est allée contrôler une centaine de balises mises en place par le
ministère des sciences et technologie (MEXT) dans la province de
Fukushima. Ces balises donnent le débit de dose ambiant à 1 m du sol.
L'association trouvé des valeurs 10 à 30% plus élevées que celle
affichées par le ministère. Elle a ensuite fait une mesure similaire à
une dizaine de mètres de la balise et a trouvé des valeurs 40 à 50%
plus élevées.
Nous l'avions déjà signalé, ces balises sont souvent installées dans
des lieux décontaminés et les valeurs affichées ne sont pas
représentatives de la contamination de la zone. Si en plus, les valeurs
affichées sont plus basses que la réalité...
Mardi 23 octobre, après
l'association
des citoyens et scientifiques préoccupés par la contamination interne,
c'est au tour de
Greenpeace d'aller contrôler les données des
balises mises en place par le gouvernement (
la présentation en deux langues est ici)
: plus de 75% des 40 balises contrôlées indiquent des valeurs plus
faibles que les environs. Le débit de dose pouvait être jusqu'à 6 fois
plus élevé à moins de 25 m.
L'association critique aussi la façon dont est menée la
décontamination.
Un communiqué est aussi disponible en anglais.
Jeudi 8 novembre, le
gouvernement a installé 675 balises de mesure de la radioactivité
dans 7 provinces. Il y en a 545 dans celle de Fukushima. Les données
sont accessibles sur Internet en continu. Après avoir été accusé par
plusieurs groupes de sous-estimer la réalité, le ministère des sciences
et technologies a fait procéder à des contrôles et il reconnaît une
sous-estimation d'environ 10% de la valeur réelle. Ce serait dû aux
batteries qui masquent une partie du rayonnement. Il y a aussi le
problème que certaines balises ont été installées dans des zones
pariellement décontaminées et les valeurs affichées ne sont pas
représentatives le lieu. Le ministère va dépenser 1,5 millions d'euros
pour règler le problème.
Mardi 13 novembre, selon
le ministère des sciences et technologies, au moins 5 balises
de mesure de la radioactivité en continu ont été vandalisées depuis
juin. Mais la mesure continue car le détecteur n'est pas endommagé.
Il y a actuellement 3 245 balises en tout dans la province de Fukushima.
Mardi 20 novembre, le MEXT a
mis en ligne les
doses cumulées enregistrées par des balises
situées au-delà de 20 km de la centrale. Pour le point 32** de la
carte, cela atteint tout de même 184 millisieverts.
Jeudi 22 novembre, comme cela
faisait longtemps, voici
d'autres relevés de cumul de dose mesurées par des
balises hors de la zone des 20 km. Par exemple, 255 mSv à Futaba.
Lundi 3 décembre, la
NRA a mis en ligne les débits de dose enregistrés par plusieurs postes de
mesure de la zone des 20 km avec leur évolution temporelle.
Lundi 10 décembre, la NRA a mis en ligne une carte des débits de dose dans la zone des 20 km
avec l'évolution temporelle.
Vendredi 18 janvier, TEPCo a mis en ligne une carte du site de la centrale de Fukushima daï-ichi, avec des débits de dose. Il y a deux points avec 200 microsieverts par heure. D'autres, avec 100 ou 150.
Mardi 22 janvier, comme cela faisait longtemps, voici de nouveau des cumuls de dose enregistrés
au-delà de la zone des 20 km, mais dans des lieux évacués. Au point
[32]**, cela monte à 197,770 millisieverts, alors que la limite
annuelle en temps normal est de 1 millisievert. Cette limite est
largement dépassée dans tous les points présentés.
Lundi 28 janvier, les débits de dose dans la zone des 20 km n'évoluent pas beaucoup, comme prévu.
Mardi 29 janvier, cumuls de dose publiés par le MEXT
en quelques points au-delà de la zone des 20 km : toutes les valeurs
(en microsieverts) dépassent 1 000 microsieverts, c'est à dire 1
millisievert. La valeur la plus élévée est Namié, avec presque 200
millisieverts, suivie par Iitaté, avec plus de 100 millisieverts. La
limite annuelle à ne pas dépasser en temps normal est de 1 millisievert.
Vendredi 1er mars, immédiatement après les rejets massifs, l'on trouvait tout un coktail
d'éléments radioactifs dans l'environnement. Ceux qui ont des vies
courtes ont rapidement disparu. Ce sont les césium 134 et 137 qui
dominent. Au début de la catastrophe, il y avait à peu près autant de
césium 134 que de césium 137. Mais comme le césium 134 a un demi-vie de
2 ans, il a décru de moitié. Ce qui signifie que la quantité totale de
césium a diminué de 25%. Le césium 137 a, quant à lui, une demi-vie de
30 ans. Il n'est pas près de disparaître.
Le MEXT a mis en ligne de nouvelles cartes de la décontamination faites
par hélicoptère en octobre et novembre 2012 dans un rayon de 80 km de
la centrale. A cette époque, la diminution du césium aurait dû être de
21%. Mais le MEXT a noté une diminution de 40% en moyenne. Ce qui
signifie que le lessivage des sols a entraîné une diminution de la
contamination.
Les nouvelles cartes sont ici en japonais.
-> Définition
de zones contaminées en Biélorussie (1991)
-> Cartographie des débits de dose ambiants fait par un
réseau amateur
-> Cartographie des débits de dose mesurés par le MEXT
-> Carte dessinant les contours des données précédentes
(Version
n°7)
-> D'autres
cartes sont disponibles ici
-> Carte des dépôts de césium 137 faite par
l'université de Tsukuba
-> Cartes en anglais sur le site du Ministère des
Sciences et Technologies (il y en a plus en japonais)
-> Carte
consultable point par point faite par les universités japonaises (version anglaise en pdf)
-> Carte montrant le parcours des masses d'air contaminées
-> Carte
interactive de la contamination (cliquer sur le bouton de gauche
tout en bas de la page d'accueil)
-> Débits
de dose dans les écoles de Fukushima et autres lieux publics en temps
réel (la plupart de ces lieux ont été partiellement décontaminés et
la valeur affichée n'est pas représentative de la région)
-> Carte regroupant des analyses faites sur la substance
noire (matière organique décomposée ?).
Contamination
de l'eau douce
Les rivières du Nord-Est du Japon qui s'écoulent du côté Pacifique sont
quasi-systématiquement contaminées. Les données du MEXT (Ministère des
sciences et technologies), qui commencent à dater, sont maintenant disponibles en anglais.
Mars - Juin 2012
[afficher/cacher]
Mardi 13 mars 2012, un
chercheur de l'université de Tsukuba et son équipe, missionnés par le
MEXT, ont mesuré jusqu'à 3 millions de becquerels de césium par mètre
carré au fond de la retenue d'eau du barrage Horai situé à une
soixantaine de km au Nord Ouest de la centrale, à Nihomatsu, le long du
fleuve Abukuma. C'est 10 fois plus que dans les réservoirs voisins et
du même niveau que la contamination des sols dans la zone interdite des
20 km. Les autorités vont réfléchir à la façon de décontaminer le fond
du lac.
Lundi 19 mars, la province de
Gunma mentionne un carassin (フナ) avec 400 Bq de césium par kilo. Des
résultats plus complets sur la contamination des rivières sont
disponibles,
en japonais, sur le site Internet du ministère de
l'environnement.
Mercredi 28 mars, les autorités
régionales de Fukushima ont annoncé avoir mesuré une concentration en
césium de 18 700 Bq/kg dans une espèce de truite (ヤマメ, yamamé) pêchée
dans la rivière Niida à Iitaté. C'est la plus forte contamination d'un
poisson d'eau douce mesurée jusqu'à maintenant. Les autorités ont
restreint la pêche de la truite sur ce cours d'eau et ses affluents. Ce
spécimen a été pêché avant l'ouverture de la saison et n'a pas été
commercialisé.
Mercredi 4 avril, TEPCo a
annoncé avoir détecté du tritium à des concentrations allant 1 300 à 1
800 Bq/l dans de l'eau souterraine à proximité de la centrale. Les
données sont
ici en japonais. D'autres radioéléments, moins
mobiles, vont suivre pour se retrouver, in fine, dans la mer.
Mercredi 16 mai, la NHK a
interrogé 26 municipalités de Fukushima à propos des boues de station
d'épuration. Il y en a actuellement 39 000 tonnes qui n'ont pas trouvé
d'exutoire et qui s'accumulent dans les stations, même si la
contamination de 32 000 tonnes, soient 80%, ne dépasse pas la limite de
8 000 Bq/kg fixée par le gouvernement et pourraient donc être traitées.
Mais les cimenteries, qui les incinèrent actuellement, les refusent à
cause de la crainte des riverains.
Mardi 12 juin, l'Institut de
recherche sur la forêt et la foresterie a rendu publics des
résultats de mesure de la contamination en césium de
l'eau de plusieurs ruisseaux de montagne
de Fukushima. Les prélèvements ont eu lieu en mars et avril derniers.
Pour la plupart des échantillons, la contamination est sous la limite
de détection de 1 Bq/l. Dans 9 cas sur 342, la contamination est de
quelques becquerels par litre. Cela correspond à des prélèvements faits
après une pluie.
Vendredi 15 juin, le ministère
de l'environnement a publié des
données sur la contamination des eaux souterraines.
Il a trouvé 16,6 Bq/L pour les deux césium à Tamura. Ailleurs, la
contamination est toujours inférieure à la limite de détection de 5
Bq/L (ce qui est élevé). A noter, que ces résultats indiquent 11,1 Bq/L
pour le césium 134 et 5,5 Bq/L pour le césium 137, ce qui est très
louche. Il a dû y avoir inversion.
Par ailleurs, lors d'un contrôle sur des poissons de rivière pêchés à
Ashio près de Nikkô (Tochigi), tous les 7 poissons avaient une
contamination supérieure à la limite de 100 Bq/kg. La pêche a été
interdite.
Août - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 2 août, le MEXT a mis en
ligne des
résultats de mesures très fines sur l'eau du robinet
: du césium 134 et 137 est détecté à des concentrations très faibles
dans 11 provinces.
Vendredi 3 août, une anguille
avec 140 Bq de césium par kilo a été pêchée à Motomiya-shi
dans le fleuve Abukuma. 390 Bq/kg avaient été détectés dans uen
anguille du même fleuve le mois précédent. Le gouvernement a interdit
la mise sur le marché des anguilles de ce fleuve.
La ville
Nagaréyama, dans la province de Chiba, a mis en
ligne le
bilan de sa surveillance
de la radioactivité pour le mois de juillet et a trouvé de 2,3 à 2,69
Bq de césium par litre dans de l'eau de puits. C'est beaucoup pour le
de l'eau souterraine.
La boue des gouttières et caniveaux d'Ichinoséki, dans la province
d'Iwaté, est contaminée au césium. La contamination de 20% des
échantillons dépasse la limite de 8 000 Bq/kg à partir de laquelle ces
boues doivent être considérées comme déchets radioactifs. la plus forte
contamination relevée est de 49 000 Bq/kg. Ichinoséki est un point
chaud d'Iwaté où l'ACRO a fait des mesures sur des poussières
d'aspirateur et des urines d'enfants.
Dimanche 5 août, le
ministère de l'environnement a mis en ligne des
données sur la surveillance
des rivières du Kantô (Tôkyô et les environs). C'est en japonais, mais
les données en Bq/L correspondent à l'eau et celle en Bq/kg aux
sédiments. Quelques rivières sont bien contaminées.
Dimanche 12 août, le ministère
de l'environnement a mis en ligne des données sur la contamination des
sédiments des rivières d'
Ibaraki et de
Miyagi. C'est en japonais.
Samedi 25 août, 210 Bq/kg ont
été mesurés dans un éperlan (wakasagi) pêché dans un lac du Mont Akagi
dans la province de Gunma.
Samedi 22 septembre, le
Forestry and Forest Products Research Institute (FFPRI), a, dans un
communiqué de presse,
annoncé avoir parfois mesuré une contamination en césium de 1,0 à 13,1
Bq/l dans l'eau de ruisseaux de montagne de Fukushima. Les prélèvements
ont eu lieu entre mai et juillet 2012. Les prélèvements avec de l'eau
contaminée ont eu lieu les 24 et 28 mai, après de la pluie. La valeur
élevée correspond à un ruisseau à Iitaté. Les deux autres, à des
ruisseaux de Daté et Nihonmatsu. Les données sont dans le communiqué en
japonais.
Jeudi 11 octobre, nouvelles
données sur la contamination de l'eau douce et les
sédiments de rivières et lacs (en japonais).
Mercredi 31 octobre, le MEXT a
publié des
données sur la contamination de l'eau potable.
Une faible contamination au césium est détectée dans des zones aussi
éloignées de Morioka dans la province d'Iwaté ou Chigasaki dans la
province de Kanagawa. On peut penser que c'est dû au lessivage des sols
qui contamine les rivières.
Dimanche 18 novembre, à
l'instar des poissons marins, les poissons d'eau douce continuent à
être très contaminés dans la région de Fukushima. Le ministère de
l'environnement a annoncé avoir détecté 11 400 Bq de césium par kg dans
une truite de la rivière Niida. Il y a aussi 4 400 Bq/kg chez un
black-bass à petite bouche (ou achigan à petite bouche ou perche
d'Amérique à petite bouche) et 3 000 Bq/kg chez un poisson chat d'un
réservoire d'Iitaté (Mano).
D'autres données récentes sont ici sur le site du ministère en japonais.
Jeudi 10 janvier, la NRA a mis en ligne des résultats de mesure sur la contamination des rivières, en japonais,
qui mettent en évidence une contamination, parfois forte, des
sédiments. Cette contamination est malheureusement durable. Et les
pratiques lors de la 'décontamination' ne vont qu'aggraver la situation.
Mercredi 30 janvier, données officielles sur la contamination radioactive de l'eau du robinet au Japon : il y a une contamination très faible en césium dans l'eau potable de nombreuses province du Nord-Est du Japon.
Vendredi 8 février, données du ministère de l'environnement sur la contamination des sédiments de rivières, lacs, réservoirs... pour les césium et le strontium 90.
-> Les limites
radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées
par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> La surveillance des
rivières est ici en anglais.
-> Des données sur l'eau de puits et de rivières sont ici en japonais.
Contamination
de l'alimentation
Le gouvernement a décidé d'abaisser la limite maximale admissible en
césium dans la nourriture à partir du 1er avril 2012. Les produits
cultivés avant garderont l'ancienne limite jusqu'à épuisement du stock.
Les nouvelles limites seront :
- 100 Bq/kg pour la nourriture en général.
- 50 Bq/kg pour le lait et la nourriture pour enfant
- 10 Bq/kg pour l'eau.
Si l'on mange quotidiennement de la nourriture contaminée à la limite
pendant un an, cela conduirait à une dose de presqu'un millisievert.
L'hypothèse que 50% de la nourriture générale est contaminée à la
limite a été prise pour ce calcul. La ration est supposée contaminée à
100% pour l'eau, les laitages et la nourriture pour enfant.
10 500 hectares de rizières ne devraient pas être cultivés dans la
province de Fukushima cette année. La production de 4 000 autres
hectares, où la moisson 2011 avait une contamination comprise entre 100
et 500 Bq/kg pour le césium, aura droit à un contrôle renforcé cette
année : tous les sacs de riz devront être testés.
Il y a des milliers de résultats de mesure en ligne dispersés sur de
nombreux sites Internet. Le ministère de la santé publie ses résultats,
celui de l'agriculture et de la pêche aussi. Les autorités régionales
ont leur propre site Internet avec des résultats. Les mairies aussi. A
cela s'ajoutent une centaine de stations de mesure indépendantes qui
contrôlent surtout l'alimentation. Certaines publient aussi tous leurs
résultats. Mais, il n'existe pas, à notre connaissance, de travail de
synthèse qui pourrait guider les populations et les autorités.
Le Japon importe officiellement environ 60% de sa nourriture et est
auto-suffisant pour le riz. Mais ce chiffre est basé sur les calories.
Comme le pays importe presque tous ses oléagineux, le blé, le sucre et
l'alimentation pour l'élevage, cela a tendance à augmenter la part des
importations. Le riz est 97% domestique, les légumes, à 81%, le poisson
à 60%, la viande à 56%, les oeufs à 96%, le lait à 67% et les fruits à
71% (Ces chiffres sont en fait l'auto-suffisance. Pour la viande et le
lait, c'est plus bas car les animaux mangent des produits importés).
Les statistiques officielles sont ici en japonais.
Mars 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 9 mars 2012, le
ministère de l'agriculture et de la pêche a mis en ligne les résultats
en anglais de sa surveillance des ressources halieutiques.
Premier tableau et
deuxième tableau. Il y a toujours des poissons
contaminés à des taux élevés, même s'ils sont moins nombreux.
Mardi 13 mars 2012, le
ministère de la santé recommande aux municipalités de contrôler
régulièrement les aliments qui ont eu une contamination en césium
supérieure à 50 Bq/kg lors d'un contrôle au hasard. Au moins trois
tests par semaine seront nécessaires pendant toute la saison à
Fukushima, Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. Pour Aomori,
Iwaté, Akita, Yamagata, Saïtama, Tokyo, Kanagawa, Niigata, Yamanashi,
Nagano et Shizuoka, un test par semaine suffira. 17 provinces sont
concernées par ses recommandations qui ne sont pas obligatoires. Il
recommande aussi de contrôler plus fréquemment les denrées qui ont eu
une contamination supérieure à 100 Bq/kg avant avril 2012, comme les
shiitakés, pêches, le boeuf, le riz...
Mercredi 14 mars, la nourriture
pour l'élevage continue à être bien contaminée par endroits. Les
derniers résultats publiés
par la province de Fukushima montrent une contamination élevée de
certaines pâtures (牧草). La limite pour le fourrage destiné aux boeufs
est de 100 Bq/kg et de 300 Bq/kg pour les porcs, chevaux et volailles.
En revanche, pour le maïs (飼料用トウモロコシ), l'ensilage de riz (稲発酵粗飼料) et la
paille de riz (稲わら), les limites ne sont pas dépassées. Les données
précédentes, du
9 mars,
1er mars,
23 février... sont aussi disponibles.
Jeudi 15 mars, les autorités
régionales d'Ibaraki et le syndicat des pêcheurs ont décidé de ne pas
vendre de poissons ou coquillages contaminés au-delà de 50 Bq/kg à
partir du mois prochain. Ils appliquent donc une imite plus basse que
celle du gouvernement. Cela ne concerne que les produits de la mer, pas
les poissons pêchés en rivière ou lac.
Le gouvernement, quant à lui, envisage de fournir une aide financière
de 300 millions de yens (3 millions d'euros) pour contrôler la
nourriture scolaire dans la province de Fukushima. La mesure sera faite
par la municipalité et les résultats publiés.
Vendredi 16 mars, le ministère
de la santé a mis en ligne les
résultats de sa surveillance de l'alimentation pour le
mois de février.
Il apparaît que les poissons, le gibier (shika et surtout les
sangliers, comme en Europe), le wasabi et surtout les champignons
(shiitaké), sont encore contaminés à des niveaux élevés. Il y a encore
les soba (nouilles) d'Okinawa à cause de la cendre utilisée pour leur
préparation (cf p 157). Du daïkon (grand radis blanc) séché a aussi été
trouvé avec près de 3 000 Bq/kg (p. 284).
Le Japon et le Programme Alimentaire Mondial de l'ONU ont signé des
accords pour utiliser du poisson en conserve en provenance des
provinces sinistrées (Aomori, Iwaté, Ibaraki et Chiba) pour l'aide au
développement. Les bénéficiaires devraient être le Cambodge et 4 autres
pays du tiers-monde. Le Japon y consacrera un milliard de yens (10
millions d'euros) supplémentaires d'ici la fin de l'année fiscale (31
mars). Il s'agit surtout d'aider l'industrie agro-alimentaire japonaise
en lui trouvant un marché quand les Japonais rechignent à acheter des
produits provenant de ces régions.
Samedi 17 mars, l'
Asahi
révèle que les autorités japonaises ont aussi refusé d'appliquer le
zonage de contrôle de la nourriture proposé par l'AIEA en 2005. La
politique mise en place par les autorités au début de la catastrophe
pour contrôler l'alimentation, n'était pas appropriée : tout était
autorisé, sauf ce qui était découvert contaminé. Un tel système a
forcément des failles. C'est l'inverse qui aurait dû être appliqué :
tout interdire sauf qui est mesuré non contaminé.
Quand l'AIEA a proposé de définir une zone de contrôle de la nourriture
étendue jusqu'à 300 km en cas d'accident nucléaire Tôkyô a objecté. Le
Brésil aussi. Finalement, cette proposition n'a pas abouti.
La Nuclear Safety Commission (NSC) et la Nuclear and Industrial Safety
Agency (NISA) avaient discuté de la proposition et ont demandé au
gouvernement japonais de ne pas accepter de mettre une distance de
référence. Parmi leurs aruguments : "la publicité négative" d'une telle
mesure et "est-ce bien approprié de considérer un accident avec un
impact aussi grand que celui de Tchernobyl ?".
En mars 2011, la seule directive que Tôkyô avait en cas d'accident
était qu'il fallait commencer à considérer des mesures pour contrôler
la nourriture et qu'il y aurait assez de temps pour ce faire. Et une
contamination radioactive a été trouvée au-delà de la limite imaginée
de 300 km. C'était dans des feuilles de thé à Shizuoka.
Dimanche 18 mars, les
consommateurs continuent à bouder les produits de Fukushima et des
provinces limitrophes. L'agriculture y est sinistrée. 100 000 fermiers
sont touchés et les pertes atteignent les 58 milliards de yens (530
millions d'euros) au 1er mars, ou 25% de la production. L'importation
d'aliments a augmenté de 16% pour atteindre 5 580 milliards de yens (50
milliards d'euros) en 2011. Personne ne sait combien de temps cette
crise de confiance va durer. Outre les failles dans le système de
surveillance qui ont conduit à la crise du thé, du boeuf et du riz l'an
dernier, le nombre de mesures de la radioactivité effectuées dans tout
le pays n'a représenté qu'1% du nombre de mesures faites en Biélorussie
sur la même période, selon Nobutaka Ishida, un chercheur au
Norinchukin
Research Institute.
Une association de Tôkyô encourage les personnes âgées de consommer du
riz de Fukushima pour aider l'agriculture locale car elles sont moins
sensibles aux radiations que les jeunes. Son président, Hidekazu Hirai,
âgé de 68 ans, s'est déjà beaucoup investi pour aider à décontaminer le
district de Hisanohama, dans la ville d'Iwaki. Ce groupe, avec 675
membres, s'était déjà proposé pour intervenir sur la site de la
centrale à la place des jeunes.
Mercredi 28 mars, une
fédération de coopérative de consommateurs a analysé les trois repas
quotidiens de 237 familles pendant deux journées en novembre et mars.
Ces familles vivent dans 17 provinces différentes. Il y en 96 à
Fukushima. C'est le même repas qui a été préparé partout, pour chaque
membre de la famille. Une contamination en césium a été trouvée chez 11
familles : 10 de Fukushima et une de Miyagi. La plus forte
concentration était de 12 Bq/kg. En supposant que ces 11 familles
mangent la même quantité de césium tous les jours, les doses engendrées
seraient de 0,019 à 0,136 millisievert par an, ce qui est en-dessous de
la limiet de 1 mSv/an, mais qui vient s'ajouter à l'irradiation externe
qui peut être élevée.
Par ailleurs, à l'approche de la mise en place des nouvelles limites
maximales admissibles pour le césium dans la nourriture, de nouveaux
aliments se voient interdits de mise sur le marché. C'est le cas par
exemple des pousses de bambou du nord de la province de Chiba, à 200 km
de la centrale. Avec une concentration en césium allant de 180 à 250
Bq/km, cela dépasse la nouvelle limite de 100 Bq/kg alors que cela
passait avec l'ancienne à 500 Bq/kg.
Même chose pour certains poissons qui vont dépasser la nouvelle limite.
Le loup de mer pêcher au large de Miyagi durant ces deux derniers mois
est monté jusqu'à 360 Bq/kg. Les autorités régionales et les
coopératives de pêche envisagent de suspendre la pêche à Miyagi aussi
(c'est le cas à Fukushima). Deux autres espèces de poisson dépassent la
nouvelle limite, dont le bar (suzuki).
Ou encore les poissons de rivière d'Iwaté : les derniers résultats
mis en ligne en japonais par les autorités
régionales montrent un dépassement de la limite de 100 Bq/kg
La liste des restrictions de vente au 15 mars est
ici en anglais. Elle devrait évoluer le mois
prochain avec les nouvelles limites.
Le récapitulatif des restrictions est
ici en anglais.
Vendredi 30 mars, revirement du
gouvernement en ce qui concerne le riz récolté l'an dernier. La
nouvelle limite plus contraignante de 100 Bq/kg, qui entre en vigueur
le 1er avril pour la plupart des aliments, ne devait être appliqué au
riz qu'à partir de la moisson 2012, c'est à dire à l'automne. Le
ministère de l'agriculture a décidé de prendre les devants afin de
rassurer les consommateurs et soutenir les agriculteurs : il va acheter
toute la production qui dépasse la nouvelle limite de 100 Bq/kg pour la
détruire. Il y en a 37 000 tonnes et cela devrait lui coûter 9
milliards de yens (82 millions d'euros). Le gouvernement enverra
ensuite la facture à TEPCo. 70 zones dans 12 communes, dont les villes
de Fukushima, Daté et Nihonmatsu, sont concernées.
Cette nouvelle limite s'accompagne de plus de mesures sur les aliments.
Le but est de reconquérir la confiance des consommateurs et de sauver
ce qui peut l'être de l'agriculture de Fukushima. Ainsi, un échantillon
tous les 5 hectares devra être contrôler, alors que c'est tous les 20
hectares actuellement. Le nombre de stations de mesure dans les
coopératives agricoles va être augementer afin de faciliter les
contrôles. Certains agriculteurs sont pessimistes et craignent que cela
ne suffise pas. Un pruducteur de riz de Motoya n'a rien vendu alors que
la contamination était inférieure à la limite de détection.
Les pêcheurs demeurent inquiets. Au large de Fukushima 14 espèces de
poissons sur 111 dépassaient la limite de 500 Bq/kg. Avec la nouvelle
limite, ce sont 30% des espèces qui dépasseront. Si le poisson
d'Ibaraki et de Miyagi dépasse la limite, c'est "foutu pour Fukushima"
pensent certains pêcheurs. Les pêcheurs d'Ibaraki ont donc fixé une
limite plus contraignante que celle du gouvernement : 50 Bq/kg, même si
cela a un impact financier énorme.
Samedi 31 mars, le ministère de
la santé a déclaré avoir mesuré des niveaux de contamination dépassant
la nouvelle limite dans 421 échantillons de nourriture depuis janvier
2012. Sont concernées, les provinces de Fukushima, Iwaté, Miyagi,
Yamagata, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. 80% des cas concernaient
des poissons de mer ou d'eau douce, ainsi que des fuits de mer. Pour le
reste, ce sont essentiellement des champignons (shiitaké) et du gibier.
Sur ces 421 échantillons, 285 venaient de Fukushima, 36 d'Ibaraki et 29
de Tochigi.
Avril 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 1er avril, la nouvelle
règlementation entre au vigueur au Japon ce jour en ce qui concerne
l'alimentation. L'Europe a adapté sa règlementation concernant
l'importation de denrées alimentaires en provenance du Japon. C'est
ici en français.
Lundi 2 avril, Greenpeace Japon
publie des résultats de mesure sur des aliments prélevés en
supermarché. Il s'agit de poissons et de produits laitiers. Seuls
quelques produits sont contaminés à moins de 4,5 Bq/kg. Les résultats
sont
ici en japonais.
Mercredi 4 avril, comme prévu,
les nouvelles interdictions tombent suite aux nouvelles limites plus
strictes. Sont concernés, les pousses de bambou (à Kisarazu et
Ichihara) et shiitaké de Chiba, les shiitakés de Murata (Miyagi).
Les loups de mer, les morues et poissons globe ne sont plus déchargés à
Ishinomaki (Miyagi) car ils pourraient dépasser la nouvelle limite.
Certains pêcheurs protestent alors que la saison du loup de mer
commence et qu'il se vend à un bon prix au marché de gros de Tsukiji.
Un osmeridae (sorte de saumon en plus petit) a été détecté avec 465
Bq/kg en césium dans le lac Akagi Onuma de la ville de Maebashi de la
province de Gunma.
Jeudi 5 avril, la liste des
nouvelles restrictions de mise sur le marché de produits alimentaires
est
ici en anglais.
Vendredi 6 avril, nouvelle
liste de restrictions
ici en anglais.
Dimanche 8 avril, la litanie
des nouveaux aliments contaminés continue : des shiitakés, encore, de
Manazuru dans la province de Kanagawa à l'Ouest de Tôkyô avec 141 Bq/kg
en césium. On est à 300 km de la centrale. La vente des shiitakés a été
suspendue. A Gunma, de la viande de boeuf avec 106 Bq de césium par
kilo a été trouvée. La nouvelle limite ne s'appliquera qu'à partir
d'octobre 2012 pour le boeuf, mais les autorités régionales ont demandé
au agriculteurs de suspendre la vente de viande de boeuf pour rassurer
les consommateurs.
Du lait écrémé en poudre contaminé au césium à 23 Bq/kg a été découvert
à Iwaté. Il sert de base à la confection de nombreux aliments.
Lundi 9 avril, les autorités
régionales de Chiba ont annoncé avoir suspendu la commercialisation de
shiitaké en provenance de Shiroi. Le producteur a demandé lui même le
contrôle et a trouvé 740 Bq de césium par kilo. Il en aurait déjà vendu
4 kg. Un autre producteur de la commune en a aussi vendu 5 kg. Les
autorités municipales ne savaient pas qu'il y avait des producteurs de
shiitaké sur leur commune...
Les autorités régionales de Tochigi ont aussi suspendu la vente de
shiitakés dans 7 communes dont Utsunomiya et Shioya. La plus forte
concentration de césium était de 950 Bq/kg.
Mercredi 11 avril, des épinards
particulièrement radioactifs ont été découverts dans la ville de
Fukushima : avec 520 Bq de césium par kilo, ces résultats étaient
incompréhensibles. On vient de découvrir que la toile en plastic qui a
servi à couvrir les serres est la même que l'an dernier, qu'elle est
contaminée et qu'elle a contaminé les légumes !
Dans le sud de Miyagi aussi des épinards avec 56 Bq/kg avaient été
trouvés récemment. Même raison ?
Jeudi 12 avril, de la tisane de
yacón (ou poire de terre, plante d'Amérique du Sud préconisée en cas de
diabète) avec 17 200 Bq de césium par kilo a été découverte à Miyagi.
La plante a été cultivée l'an dernier à Zao et ses feuilles et tiges
séchées et réduites en poudre avant d'être vendues. 1 100 paquets ont
déjà été vendus sur Internet ou expédiés à des revendeurs. Un rappel du
produit a immédiatement été lancé.
C'est le producteur (GOLDrand) qui a pris l'initiative de faire tester
le produit par un labo privé afin de pouvoir bénéficier
d'indemnisations de TEPCo. Il a aussitôt alerté les autorités. Un autre
producteur du Sud de Miyagi va devoir tester ses produits.
Vendredi 13 avril, selon le
Yomiuri, un boucher d'Ôsaka a vendu du boeuf de
Miyagi avec comme indication "boeuf de Kagoshima".
Samedi 14 avril, les contrôles
sur la tisane de
yacón continuent et un lot atteint 22 900 Bq de césium par kilo, soit
290 fois la limite maximale admise. Seuls 40 paquets sur 1 100 ont été
retrouvés pour le moment.
Vendredi 20 avril, le ministère
de l'agriculture a demandé aux commerçants de renoncer à appliquer des
normes plus strictes concernant la contamination des aliments car cela
introduit de la confusion chez les consommateurs. Certains magasins en
ont fait un argument de vente, ce qui entraîne une surenchère. Mais les
commerçants ne sont pas prêts à entendre le ministère. Hiroshi
Tsuchida, en charge du contrôle de la qualité des coopératives d'achat
Seikatsu Club, explique qu'il ne fait que répondre aux souhaits des
consommateurs qui n'ont pas confiance dans les critères appliqués par
les autorités. Avoir des standards plus stricts permet donc de vendre
des produits qui autrement ne trouveraient peut-être pas d'acheteurs
car venant d'une région suspecte.
Le ministère demande aussi aux producteurs et commerçants qui
effectuent des contrôles qui leur sont propres, de faire faire des
contrôles à l'extérieur ou de bien appliquer les procédures normalisées
de contrôle.
Jeudi 26 avril, le
Yomiuri
met en avant la confusion la plus totale qui règne à propos des limites
à appliquer à la viande de boeuf qui avait été au coeur d'un scandale
l'an dernier. Petit retour en arrière. En décembre 2011, le
gouvernement annonce de nouvelles limites pour la nourriture à partir
d'avril 2012. La limite provisoire de 500 Bq/kg pour le césium devait
passer à 100 Bq/kg. Ce fût le cas en général, sauf pour les exceptions.
Le ministère de l'agriculture a obtenu un délai supplémentaire pour la
viande de boeuf : la nouvelle limite doit entrer en application à la
fin septembre 2012.
Mais le 9 mars, ce même ministère a demandé aux autorités régionales
d'accélérer la transition vers la nouvelle limite. Celles-ci ont passé
l'intruction aux producteurs, transformateurs et revendeurs de se
débarrasser rapidement de la viande qui dépasse la future limite. Comme
la viande est généralement congelée pendant un certain temps, il
s'agissait, pour le ministère, de ne pas stocker de la viande qui
serait rapidement invendable. Les producteurs, eux, se sont demandé si
la viande actuellement comprise entre 100 et 500 Bq/kg est-elle donc
vendable ou pas ? Le 5 avril, les autorités de Gunma ont demandé à un
fermier qui avait un stock qui entrait dans ce cas de ne pas vendre la
viande.
Le 20 avril, un autre service du ministère a donné l'instruction aux
revendeurs et distributeurs de ne pas appliquer de critère plus stricts
que ceux du gouvernement, ignorant l'instruction de ce même ministère
d'accélérer la transition. 3 jours plus tard, cet ordre a été annulé
par le ministre en personne, disant qu'il risquait de ruiner les
efforts pour regagner la confiances des consommateurs.
Comment les consommateurs peuvent qu'il retrouver la confiance avec des
normes flottantes qui dépendent de bureaucrates et lobbies ?
Par ailleurs un carassin à 110 Bq/kg, soit plus que la limite de 100
Bq/kg, a été pêché, à 180 km de la centrale, dans la rivière Toné qui
coule au Nord de Tôkyô. Les autorités ont donc suspendu la vente de
poisson d'eau douce provenant de 10 communes situées le long de cette
rivière. 6 coopératives de pêche sont concernées. Cette rivière a la
plus vaste aire de drainage du Japon.
Mai 2012
[afficher/cacher]
Mardi 1er mai, un mois après
l'entrée en vigueur des nouvelles limites maximales admissibles dans
l'alimentation, 51 produits sont interdits de mise sur le marché et 9
provinces (Iwaté, Miyagi, Yamagata, Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Gunma,
Chiba et Kanagawa) sont touchées par des interdictions.
En avril, 13 867 mesures de la contamination des aliments ont été
effectuées par les autorités. 350 d'entre elles ont mis en évidence une
contamination au dessus de la limite, dont 142 à Fukushima, Il y a de
nombreuses autres mesures faites par les producteurs, revendeurs ou
consommateurs qui sont tout simlement ignorées par les autorités.
Lundi 7 mai, juste avant la
golden week (première semaine de mai avec de nombreux jours fériés et
ponts), le ministère de l'agriculture a croulé sous les appels des
producteurs et vendeurs qui protestaient contre l'appel du ministre à
s'aligner sur les limites gouvernementales et à cesser cette "guerre du
becquerel". Certains commerçants appliquent des limites beaucoup plus
basses, ce qui entraînerait, selon le ministère, de la confusion chez
les consommateurs (cf 20 avril ci-dessus).
Mais cette situation est similaire à celle des pesticides et autres
produits chimiques. Même s'il y a des concentrations limites à ne pas
dépasser, certains producteurs essayent de faire mieux. C'est le cas en
particulier pour l'agriculture biologique. Pourquoi cela ne pourrait
pas être la même chose avec la radioactivité.
Comme les contrôles officiels n'ont pas été suffisants et qu'il y a eu
des failles dans la surveillance, on ne peut pas empêcher tous les
acteurs, des producteurs aux consomateurs, de faire leurs propres
contrôles et de décider de ce qui est accpetable ou non.
Pour calmer la situation, le ministre de l'agriculture a finalement
déclaré que sa note n'était qu'une recommandation et pas une obligation.
Mardi 8 mai, les agriculteurs
de Fukushima ont commencé à planter du riz.
Mercredi 9 mai, les pêcheurs de
Fukushima envisagent de reprendre partiellement le travail à partir de
juin. Ils vont pêcher les espèces les moins
contaminées.
Dimanche 13 mai, les
agriculteurs de Kawauchi, village où l'ordre d'évacuation a été levé,
ont planté du riz dans une trentaine de champs à titre expérimental.
Ils veulent tester plusieurs méthodes de réduction de la contamination
et le transfert du sol au grain. Une cinquantaine de bénévoles, dont
des enfants, ont participé.
Lundi 21 mai, l'
Asahi
fait le point sur les stations de mesure de la radioactivité montées
par les municipalités pour permettre aux résidents de venir tester,
souvent gratuitement, les produits qui les inquiètent.
Mais, Ainsi, à Chigasaki (Kanagawa), le détecteur est dans une petite
pièce la mairie depuis mars dernier. Sur la soixantaine d'échantillons
testés au 7 mai, la majorité était sous la limite de détection. Aucun
ne dépassait les limites de mise sur le marché fixées par le
gouvernement. Les habitants apportent surtout du lait et du riz. La
municipalité s'attendait à une ruée sur le détecteur et avait mis en
place un tirage au sort. Mais, des contrôles ont été menés sur la
nourriture scolaire sur les créneaux libres.
C'est, bien entendu, dans la province de Fukushima qu'il y a le plus de
stations de mesure municipales. Il y a actuellement 490 détecteurs et
chaque commune sera équipée d'ici la fin mai. Les habitants apportent
des produits de leur potager, des plantes sauvages comestibles comme
des champignons ou des pousses de bambou. Dans la seule ville de
Fukushima, il y a 28 stations de mesure qui effectuent 500 à 600
analyses par semaine. Au démarrage, en novembre dernier, il n'y avait
que 3 détecteurs en un seul lieu et il fallait attendre jusqu'à 3 mois
pour pouvoir effectuer une mesure. Maintenant, il est possible
d'obtenir un créneau pour le lendemain.
La ville de Kashiwa (Chiba), qui est une cité dortoir au Nord de Tôkyô,
particulièrement touchée par les retombées de la catastrophe, la
municipalité s'y est mise aussi depuis le 18 avril dernier et tout est
réservé jusqu'au 2 juillet ! 60% de la demande concerne l'eau des
puits, qui est systématiquement en dessous de la limite de 10 Bq/l.
Mais il y a déjà, Békumiru, une station de mesure privée dans une
galerie marchande de cette ville, près de la gare, depuis bien plus
longtemps. Le succès de cette initiative a été telle, que le
propriétaire a ouvert une deuxième station privée à Uéno, au centre de
Tôkyô, en décembre dernier. Il l'a fermée le 26 avril, par manque de
clients...
De telles stations de mesure ont aussi été ouvertes à Aichi, Niigata.
Dans d'autres villes, c'est la municipalité qui effectue les
inspections. L'arrondissement d'Edogawa à Tôkyô, fait des contrôles sur
la nourriture vendue sur place, mais provenant des 17 provinces
touchées par des restrictions de mise sur le marché. 31 mesures ont été
effectuées en mars dernier et il devrait y en avoir 120 autres cette
année fiscale. Toutes étaient sous la limite de détection. Tôkyô va
aussi contrôler des produits importés d'Europe, où les retombées de
Tchernobyl sont encore détectables dans certains produits alimentaires.
Sur les 60 contrôles effectués en avril dernier, seule une morue
d'Iwaté à 18 Bq/kg était au-dessus de la limite de détection.
Selon le ministère de l'éducation, 190 municipalités effectuent aussi
des contrôles sur les repas distribués dans les cantines.
A tout cela s'ajoutent une centaine de stations de mesure montées par
des groupes locaux ou des regroupements d'agriculteurs. Ces initiatives
citoyennes ne sont presque jamais mentionnées dans la presse japonaise.
Mardi 22 mai, de la viande de
porc dépassant la limite de 100 Bq/kg a été détectée pour la première
fois. Le porc incriminé avait 107,2 Bq/kg. Une enquête a été lancée
chez l'éleveur de Kôriyama. Le communiqué de la municipalité est
ici en japonais.
Mercredi 23 mai, le ministère
de la pêche et de l'agriculture a publié des données sur la
contamination des ressources marines. Il y a encore des poissons qui
dépassent la limite de mise sur le marché au large de Fukushima,
d'Ibaraki et Miyagi. La plus forte contamination relevée est de 1 300
Bq/kg chez un aïnamé.
Il y a aussi des données sur les poissons d'eau douce, avec des
poissons de Fukushima, Miyagi, Iwaté, Ibaraki, Gunma, Tochigi et Chiba
qui dépassent cette limite de 100 Bq/kg.
Les résultats complets sont
ici en anglais et japonais.
Lundi 28 mai, la police a
arrêté le boucher d'Ôsaka qui avait vendu de la viande de
boeuf de Fukushima, Tochgi ou Miyagi en prétendant qu'elle provenait de
Kagoshima. Le président de la compagnie a prétendu ne pas être au
courant des agissements du gérant d'un de ses magasins. Le magasin
aurait vendu 1,4 tonnes de viande sous une fausse étiquette.
Mardi 29 mai, selon une
étude
américaine publiée ce jour, les 15 thons pêchés au large de la
Californie en août 2011 avaient un contamination en césium 137 et 134
liée à l'accident de Fukushima. La concentration est de l'ordre de la
dizaine de becquerels par kilo.
Par ailleurs, de nouvelles
données sur les poissons pêchés au large des côtes
japonaises ont été rendues publiques.
Les pêcheurs de Fukushima ont décidé de reprendre la pêche de façon
expérimentale en juin. Si la contamination de leur prises est dans les
normes, ils comptent reprendre leur activité commerciale en septembre
prochain.
Juin - Juillet 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 8 juin, pour faire
face à l'augmentation des prix du riz, le gouvernement va en mettre sur
le marché 40 000 tonnes issues de ses stocks stratégiques. La situation
est tendue à cause de la contamination radioactive.
Du thé à 11 Bq/kg en césium, soit plus que la limite de 10 Bq/kg pour
la boisson, a été trouvé à Rikuzentakata dans la province d'Iwaté.
Résultat en japonais.
Lundi 11 juin, de l'ashitaba
(Angelica keiskei) à 122 Bq/kg a été découvert sur l'île d'
Ôshima au large de la péninsule d'Izu, au Sud de
Tôkyô.
Mardi 12 juin, le ministère de
la santé a publié les données issues de ses contrôles supplémentaires
sur l'alimentation. C'est
ici en anglais.
Jeudi 14 juin, une coopérative
de pêche de Matsukawaura dans la province de Fukushima a repris la mer
pour une pêche expérimentale. Six bateaux sont allés pêcher à une
cinquantaine de kilomètres au large et leur pêche n'a pas été
commercialisée, mais testée. Les mesures seront faites deux fois, une
fois sur la chaire crue, puis une fois après cuisson. Si les deux tests
se révèlent négatifs, la pêche commerciale devrait reprendre. La
décision sera prise le 18 juin.
Vendredi 15 juin, la
coopérative de pêche a annoncé n'avoir trouvé aucune contamination dans
ses prises. Elle veut donc reprendre la pêche commerciale.
Par ailleurs, lors d'un contrôle sur des poissons de rivière pêchés à
Ashio près de Nikkô (Tochigi), tous les 7 poissons avaient une
contamination
supérieure à la limite de 100 Bq/kg. La pêche a été interdite.
Mercredi 20 juin, une morue du
Pacifique (マダラ, Gadus macrocephalus) avec 117 Bq/kg en
césium a été pêchée au large de Hachinohé (province d'Aomori), soit à
plus de 300 km de la centrale de Fukushima.
Lundi 25 juin, les premiers
produits de la pêche en mer à Fukushima se sont retrouvés sur les étals
des supermarchés. Pour le moment, il n'y a que du poulpe et des bulots
(buccinum) pêchés le 22 juin et cuits pour pouvoir être conservés plus
longtemps, ce qui permet de mesurer leur contamination. Les poissons ne
peuvent toujours pas être vendus car ils sont toujours contaminés. A
Sôma, dans un supermarché, tout a été vendu dans la journée. La vente
n'a été que locale et les prix 30% plus bas qu'avant la catastrophe. La
coopérative de pêche a fixé une limite à 50 Bq/kg pour le césium, soit
la moitié de la limite gouvernementale.
Par ailleurs, l'exportation de produits agricoles japonais a commencé à
augmenter pour la première fois depuis le début de la crise. Mais les
exportations restent à moins de 10% de ce qu'elles étaient en 2010.
Lundi 2 juillet, le ministère
de l'environnement a mis en ligne des données qui montrent
une forte contamination de certains poissons de rivière à Fukushima
(jusqu'à 2 600 Bq/kg), ainsi qu'une contamination de certains poissons
de mer qui dépasse toujours la limite de 100 Bq/kg au large d'Iwaki.
Vendredi 6 juillet, derniers
résultats des contrôles effectués par le ministère de la santé sur
l'alimentation :
ici en anglais. De moins en moins d'aliments sont
contaminés, à part les poissons, la viande d'ours et parfois le lait.
Dimanche 8 juillet, selon le
professeur Némoto, d'une des universités de Tôkyô, le riz
absorbe directement le césium à partir de l'eau. Cela pourrait
expliquer que du riz plus radioactif que ce qui était attendu à partir
des mesures de sol a été trouvé l'an dernier. Il a fait l'expérience en
faisant pousser du riz hors sol dans une eau contaminée à 10 Bq/L et
les tiges et les feuilles avaient 5 700 Bq de césium par kilo de
matière sèche. Cela confirmerait qu'il n'est pas possible de déterminer
les lieux où la culture du riz est possible à partir d'analyses de sols
seulement.
Il a présenté ces résultats à la conférence organisée par la CIPR qui
se tient actuellement à Daté.
Lundi 9 juillet, les autorités
régionales de Fukushima ont offert aux femmes la
possibilité d'analyser le lait maternel depuis le 1er juin. Les
résultats sur les 26 premiers échantillons analysés en juin n'ont
montré aucune contamination. Le test est gratuit.
Mercredi 11 juillet, les
pêcheurs d'Iwaki ont repris la mer pour pêcher... des débris. Les
poissons sont toujours contaminés et donc invendables. Le président de
la coopérative de pêche, ne se fait pas trop d'illusion. Même si les
poissons passent sous la limite, personne ne les achètera. Il ne croit
pas à une activité viable avant longtemps. Et de citer le cas de
Minamata (où une pollution au mercure a fait d'énormes dégâts) : même
si les autorités de la province de Kumamoto ont déclaré les poissons
sains en 1997, le poisson ne se vend toujours pas.
Ils vivent donc les indemnités de TEPCo (80% de ce qu'ils auraient
gagné pendant une bonne saison de pêche) et du ramassage des débris.
De la viande de porc à 107,2 Bq/kg a été détectée à Kôriyama et a été
vendue en mai dernier. Les animaux ont mangé de la paille de riz
contaminée qui servait de litière. La paille elle-même avait moins de
400 Bq/kg, limite fixée par les autorités.
Vendredi 13 juillet, le
gouvernement a annoncé vouloir contrôler le riz en tous les lieux
où la contamination dépassait les 50 Bq/kg pour le césium lors de la
moisson de l'an dernier, plus quelques autres. Cela représente 40 000
lieux dans 17 provinces, ou 12 fois plus de contrôles que l'an dernier.
Est-ce suffisant ?
Publication par l'IRSN d'une
note sur la contamination des aliments au Japon.
Samedi 14 juillet, les pêcheurs
de Sôma ont repris la mer pour pêcher des pieuvres et des
coquillages. Ils espèrent pouvoir les vendre s'ils satisfont aux règles
en terme de contamination radioactive.
Août 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 1er août, environ 200
kg de poulpe pêché au large de Fukushima ont été
envoyés à Tôkyô et Nagoya pour être vendus. La pêche a eu lieu à plus
de 50 km de la centrale accidentée et aucune contamination n'a été
détectée.
Vendredi 3 août, une anguille
avec 140 Bq de césium par kilo a été pêchée à Motomiya-shi
dans le fleuve Abukuma. 390 Bq/kg avaient été détectés dans uen
anguille du même fleuve le mois précédent. Le gouvernement a interdit
la mise sur le marché des anguilles de ce fleuve.
Une coopérative de Fukushima a
contrôlé les repas servis à la maison de 100 familles en juin dernier.
Sur les
38 premiers résultats publiés, aucune
contamination n'a été mise en évidence (limite de détection pour le
césium de 1 Bq/Kg).
Une station de mesure citoyenne de Shizuoka a détecté 20 Bq de césium
par kilo dans des céréales pour le petit déjeuner (70% des céréales
utilisées provenaient du Japon).
Dimanche 5 août, des
shiitakés, cultivés dans la province de Hiroshima, ont été vendus
avec une contamination en césium de 380 Bq/kg frais. Ils étaient
cultivés à Miyoshi sur du bois en provenance de Tôhoku (Nord-Est du
Japon) et ont été vendus dans des super-marchés d'Aïchi.
Lundi 6 juillet, nouveau
rapport de l'IRSN :
Informations pour les résidents français au Japon :
Bulletin d'information n°9.
Mardi 7 août, les autorités
régionales de Tochigi ont annoncé avoir mesuré 31 000 Bq
de césium par kilo de champignon dans des Lactarius volemus sauvages de
Nikkô. C'est la plus forte valeur officielle relevée dans des
champignons. Des mesures privées ont déjà mis en évidence des valeurs
plus élevées.
Mercredi 8 août, les autorités
régionales de Fukushima veulent tester tous les sacs de
riz de la récolte à venir avant de les mettre sur le marché. La
production attendue est de 360 000 tonnes. Une nouvelle machine qui
peut tester 4 sacs de 30 kg à la minute en en cours de test sur la
récolte 2011. Elle va juste vérifier si la contamination dépasse la
limite officielle de 100 Bq/kg pour le césium. Si la contamination
relevée est sous la limite, un autocollant sera automatiquement mis.
Dans le cas contraire, une alarme sonnera et arrêtera la tapis roulant.
Les autorités veulent installer 143 chaînes de mesure.
Vendredi 10 août, le taux
d'indépendance alimentaire du Japon, compté à partir des
calories, est, avec 38,6%, au plus bas depuis longtemps. C'est
officiellement dû à l'arrêt de la pêche dans les zones touchées par le
tsunami, malgré une hausse de la production de blé. Il avait été plus
bas en 1993, année où la moisson de riz avait très faible : 37,4%.
Dimanche 12 août, le premier
riz précoce moissonné à Kamogawa, province de Chiba, n'est pas
contaminé.
Une morue (マダラ) avec 132,7 Bq de césium par kg a été pêchée au large
de Hachinohé dans la province d'Aomori, tout au nord de l'île
principale. La pêche a été suspendue et 5,5 tonnes de poisson ont été
détruites.
Vendredi 17 août, un
producteur de shiitaké d'Ôsaka a importé du bois contaminé sans le
savoir pour produire ses champignons. La contamination du bois a été
découverte et le bois renvoyé d'où il venait aux frais de TEPCo. Le
producteur avait déjà mangé de sa production et le terrain où était
stocké le bois est maintenant bien contaminé.
Ce genre de problème va aller en augmentant car les provinces de
Fukushima et Miyagi produisaient environ 80% du bois de chêne utilisé
dans la production de shiitakés. Certains vendeurs de bois sans
scrupule essayent encore d'écouler leur stocks.
Toujours dans la nourriture, les 'ashitaba' (明日葉, ou angélique), dont
les feuilles sont récoltées après trois ans, continuent à être très
contaminées car directement exposées aux retombées.
Dimanche 19 août, la moisson
du riz commençant, les annonces de non-contamination se
multiplient. Pas de césium détecté à Kashima et Namekata dans la
province d'Ibaraki alors qu'il avait été détecté 52 Bq/kg l'année
précédente dans une commune voisine. Il n'a pas été détecté de césium
non plus à Itako et Kamisu, toujours à Ibaraki.
Selon un syndicat agricole japonais, la fédération de producteurs de
tofu, mangé en grande quantité par les Japonais, ne veut pas contrôler
la radioactivité, de peur que les clients réduisent leur consommation.
Seul un producteur de tofu bio à Tôkyô, qui se fournit de fèves
locales, s'est équipé pour mesurer la radioactivité et effectue des
contrôles. Un autre à Kyôto, fait de même et a même embauché une
personne pour cela.
Le bilan des contrôles effectués par Hong-Kong sur la nourriture
importée du Japon est
ici en anglais et chinois.
Mardi 21 août, TEPCo a mis en
ligne
les résultats de sa surveillance des ressources
halieutiques de la zone des 20 km
: tous les poissons contrôles sont contaminés, certains fortement. La
plus forte contamination concerne un 'ainamé' (アイナメ) pêché le 1er août
dernier au large de la rivière Ôta (太田) avec 25 800 Bq/kg pour le seul
césium. Il n'est pas mentionné si d'autres éléments étaient présents.
La
contamination de l'eau dans la même zone est
donnée sur le site Internet du MEXT.
Jeudi 23 août, les autorités
régionales de Fukushima vont mettre en ligne tous les
résultats de mesure effectuée sur chaque sac de riz de 30 kg. Il y aura
un code sur chaque sac qu'il suffira de rentrer sur le site pour avoir
le résultat. Evidemment, les sacs avec une contamination supérieure à
100 Bq/kg ne seront pas commercialisés. Le nouveau système de détection
mis en place spécialement prend 10 à 15 secondes par sac, avec une
limite de
détection de l'ordre de 11 Bq/kg. Il y a environ 12 millions de sac à
contrôler, ce qui fait 360 000
tonnes. La province de Fukushima a acheté 192 détecteurs pour contrôler
le riz.
La coopérative de pêche d'Iwaki veut pêcher 7 nouvelles espèces à
partir de septembre.
Lundi 27 août, la province de
Fukushima produit beaucoup de pêches. Leur prix avait
été divisé par deux l'an dernier, faute d'acheteurs. Cette année, il
est remonté à environ 80% du prix avant la catastrophe, suite à une
campagne de promotion. Les autorités régionales ont consacré 242
millions de yens (2,42 millions d'euros) à la promotion des pêches et
du riz de la province. 30 000 cagettes de pêches par jour sont
expédiées dans tout le pays. Les producteurs espèrent que les prix vont
monter en septembre quand la production sera finie dans les autres
provinces.
Mardi 28 août, le premier riz
de la province de Fukushima a été mis en vente.
Récolté à Nihonmatsu, sa contamination est inférieure à 11 Bq/kg qui
est la limite de détection de l'appareil utilisé pour le contrôle.
Le gouvernement a suspendu la vente de la morue du Pacifique pêchée à
depuis le port de Hachinohé dans la province d'Aomori. Par deux fois,
de la morue avec plus de 100 Bq de césium par kilo de poisson a été
détectée à plus de 400 km de la centrale accidentée (116 Bq/kg en juin
et 133 Bq/kg le 9 août). C'est la première fois que le gouvernement
interdit la vente d'un produit alimentaire d'Aomori. Dans la plupart
des autres tests effectués (23 sur 26), la contamination était
inférieure à 50 Bq/kg.
Les autorités portuaires avaient suspendu par elles-mêmes la vente de
la morue en juin, lorsque le premier poisson contaminé avait été
découvert. Elles ont repris la vente un mois plus tard car les autres
poissons étaient sous la limite.
A Miyagi, la pêche à la morue est suspendue depuis mai dernier.
La morue est un ingrédient très prisé pour le 'nabé' en hiver (plat
traditionnel qui pourrait correspondre à la fondue ou au ragout). La
pêche à la morue a généré 1,4 milliards de yens (14 millions d'euros) à
Aomori l'an dernier.
Ce n'est pas le seul poisson contaminé pêché loin de la centrale : en
juillet dernier, une dorade grise avec 3 300 Bq/kg avait été pêchée
dans la baie de Sendaï, au large de Higashi-Matsushima. La
contamination de l'eau dans cette zone est
ici par exemple et ne permet pas d'expliquer la
valeur élevée trouvée dans la dorade.
La raison de la
contamination de ces poissons n'est pas bien comprise et les autorités
de tous les pays sont très démunies face à la pollution marine. La
chaîne alimentaire est pointée du doigt, mais n'est pas prise en compte
dans les modèles qui ne peuvent pas prédire de telles prises.
Septembre - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 6 septembre, reportage sur France 2 à propos de la
contamination des aliments au Japon et de l'accès à la mesure.
Vendredi 7 septembre, Greenpeace
Japon a mis en ligne des résultats de mesure de la
contamination de sushis prélevés en restaurant (kaïtenzushi). Seul un
poisson était contaminé à hauteur de 11 Bq/kg. Les résultats sont
ici en japonais.
Du riz contaminé entre 16 et 33 Bq/kg a été détecté dans quatre
échantillons sur six de la moisson de Nagareyama, dans la province de
Chiba. Les données
sont ici en japonais.
Mardi 25 septembre, les
planteurs de tabac de Fukushima ont fait leur première récolte
depuis l'accident et attendent les résultats des mesures de
radioactivité. C'est pour la mi-octobre. Avec la baisse de la
consommation de tabac et l'accident, le nombre de cultivateurs est
passé de 1 167 à 675. Parmi eux, 318 n'ont pas eu de contrat avec Japan
Tobacco Inc. cette année et n'ont pas semé de tabac.
Samedi 29 septembre, le gouvernement avait abaissé la limite
maximale autorisée de
césium dans certains aliments au printemps dernier, mais par pour tous.
La nouvelle limite de 100 Bq/kg va s'appliquer au riz et à la viande de
boeuf à partir du 1er octobre. L'ancienne limite était de 500 Bq/kg.
Restent encore les fêves de soja pour lesquelles la nouvelle limite ne
s'appliquera qu'au 1er janvier 2013. Cette application différée a pour
but de pouvoir écouler les stocks avant le durcissement de la norme.
Le ministère de l'agriculture a anticipé la nouvelle norme : rien ne va
changer pour lui. De nombreux producteurs avaient aussi anticipé.
150 Bq de césium par kilogramme de viande de boeuf viennent d'être
détectés à Kôriyama, dans la province de Fukushima. C'est la troisième
fois depuis avril dernier que de la viande de boeuf est contaminée à
plus de 100 Bq/kg.
Dimanche 30 septembre, selon
un décompte fait par l
'Asahi,
seulement 1% de la nourriture testée par le gouvernement et les
autorités régionales au cours des 6 derniers mois est contaminée à des
valeurs dépassant la limite. Sur 114 000 aliments contrôlés, 1 390
dépassaient la limite. Pour certains aliments, comme les poissons ou
les champignons, la proportion est beaucoup plus grande. 108 aliments
sont toujours interdits et 10 provinces sont touchées par des
interdictions. Aucun aliment pour bébé ou laitage ne dépassait la
limite.
Chez les poissons, ce sont les espèces démensales (qui vivent près du
fond) qui sont les plus touchées, comme les poissons plats et les
morues, ainsi que certains poissons de rivière.
Entre avril et août, 14 aliments contrôlés au-dessus de la limite
avaient déjà été mis sur le marché. Mais la plupart des contrôles
officiels sont éffectués plus en amont, et plus rarement chez les
commerçants. Le gouvernement ne contrôle seulement qu'une centaine
d'échantillons par mois après leur mise sur le marché.
Samedi 6 octobre :
•
700 Bq/kg ont été mesurés dans des noix de Minami-Sôma (Fukushima) et
410 Bq/kg dans les chataignes sauvages de Yaita (Tochigi). Les deux
produits ont été retirés du marché.
• Un sac de riz complet de Kôriyama contenait 220 Bq de césium par
kilo. Après lavage, la contamination du riz est descendue à 15-25
Bq/kg. La contamination serait due à l'utilisation d'une décortiqueuse
de riz contaminée apportée de Namié et pas lavée. La découverte d'un
sac contaminé devrait entraîner la suspension de la mise sur le marché
de tout le riz du district. Mais cela n'a pas été le cas car la
contamination venait de la poussière. Les autres agriculteurs sont
inquiets.
Lundi 8 octobre (férié au Japon), nouveaux résultats d'analyse sur des poissons par
Greenpeace Japon.
Aucune contamination n'est détectée sur des poissons pêchés au large de
Chiba (la limite de détection est de l'ordre de 3 Bq/kg).
Mardi 9 octobre, des feuilles de tabac séchées récoltées à
Fukushima sont contaminées
au-delà de la limite de 100 Bq/kg fixée par Japan Tabacco. La compagnie
a annulé l'achat de 4,5 tonnes de tabac. Il y a 110,7 Bq/kg dans du
tabac venant de trois fermes de Shirakawa. Ailleurs, la contamination
est inférieure à 100 Bq/kg.
Jeudi 11 octobre, la moisson
du riz cultivé de manière expérimentale à Ôkuma, à 6 km de
la centrale, a commencé. C'est du fameux koshihikari. Pour un lot, la
terre a été décontaminée sur 5 cm, pas sur l'autre. Les moissonneurs
sont habillés de combinaisons et de masques pour se protéger de la
contamination radioactive.
Mercredi 17 octobre, les repas de 334 familles du Japon ont été
contrôlés : dans 3 cas, des
plats contaminés ont été trouvés (2 à Fukushima et un à Miyagi). La
plus forte contamination relevée est de 3,2 Bq/kg.
L'an dernier, beaucoup plus de repas contaminés avaient été détectés.
Les données sont
ici en japonais.
Plus de 150 Bq/kg en césium mesurés dans de la viande de boeuf de
Miyagi. Les animaux auraient mangé de la paille contaminée.
Vendredi 19 octobre, les
autorités régionales de Fukushima ont publié des
données sur la contamination du riz à Iwaki
avec des règles d'arrondi qui ne passent pas : 39,6 Bq de césium 134 +
63,2 Bq de césium 137 par kilo font 102,8 Bq/kg, ce qui est plus que la
limite de 100 Bq/kg, mais après un arrondi à deux chiffres
significatifs, la préfecture affiche 100 Bq/kg et le riz peut être
vendu...
Lundi 22 octobre, données de TEPCo sur la contamination des
poissons pêchés dans un
rayon de 20 km autour de la centrale : ils sont ous contaminés, parfois
jusqu'à 1 430 Bq/kg. (a
nglais -
japonais)
Mardi 23 octobre, les
autorités régionales de Fukushima progressent plus vite que prévu
dans le contrôle du riz produit dans la province : d'un tiers de la
moisson a déjà été testée. La moisson cette année devrait être de
l'ordre de 360 000 tonnes de riz, contre 450 000 tonnes avant la
catastrophe. Cela fait 12 millions de sac de 30 kg à tester à l'aide de
193 détecteurs. A Motomiya, il en arrive 5 000 quotidiennenement et 3
000 sont testés chaque jour. On ne connaît pas la contamination exacte.
Juste si le sac dépasse ou pas la limite de 100 Bq/kg en césium. Dans
les zones où la contamination du riz était supérieure à 50 Bq/kg l'an
dernier, il y aura un deuxième contrôle effectué par le gouvernement
avant d'autoriser la mise sur le marché de la production du district.
Le coût de l'opération est estimé à 11 milliards de yens (110 millions
d'euros).
Du riz à 110 Bq de césium par kilo vient d'être détecté pour la
première fois à Sukagawa. Un sac sur les 320 produits par la ferme est
concerné pour le moment. En attendant que le gouvernement suspende la
vente du riz dans la zone, les autorités locales réclament une
suspension volontaire.
Vendredi 26 octobre, 250 Bq de
césium par kilo ont été détectés dans des soba (nouilles de
sarrasin) d'Ichinoseki, point chaud de la province d'Iwaté.
Jeudi 1er novembre, pour la
deuxième fois cette année, du riz de Fukushima a été
découvert avec une contamination à plus de 100 Bq/kg. Il y a 110 Bq/kg
dans 6 des 140 sacs de riz d'un producteur de la ville de Fukushima.
Les 6 sacs vont être détruits. On ne connaît pas le niveau de
contamination des autres sacs.
Vendredi 2 novembre, encore du
riz contaminé : 120 Bq/kg à Kôriyama et 270-280 Bq/kg à
Ôtama. Il s'agit de riz glutineux dans les deux cas (mochigomé, もち米).
Vendredi 9 novembre, le prix
du riz importé est maintenant plus cher que certains riz
japonais à cause de l'augmentation de la demande suite à la catastrophe
de Fukushima. En particulier, ce sont les restaurants qui commandent ce
riz. Le riz domestique en provenance des régions éloignées de Fukushima
a aussi augmenté, mais pas autant.
Mardi 13 novembre, la
forte contamination persistante des poissons démersaux (qui vivent
au fond) au large de la centrale de Fukushima, bien que l'eau dans
laquelle ils nagent ne soient pas très contaminée, va faire l'objet
d'études. Le ministère de l'agriculture, de la pêche et de la forêt va
y consacrer 190 millions de yens (1,9 million d'euros). Si le fait que
la contamination vient de la chaîne alimentaire constituée de vers et
autres animaux de vase très contaminés, les autorités veulent savoir
comment cela va évoluer et combien de temps cela va durer. C'est toute
l'industrie de la pêche locale qui est menacée en cas de persistence du
problème.
Vendredi 16 novembre, Greenpeace
a mis en ligne des résultats d'analyse sur des poissons
pêchés au large de Chiba. Tout est sous la limite de détection qui est
de l'ordre de 3 Bq/kg pour la somme des deux césiums. C'est ici en japonais.
Mercredi 21 novembre, le Japon
est en train de découvrir que les champignons concentrent le
césium 137 et qu'ils sont contaminés jusqu'à très loin de la centrale à
des niveaux qui interdisent leur mise sur le marché. Par exemple, 120
Bq/kg dans des "chichitakés" de Towada dans la province d'Aomori, à 350
km de la centrale. AInsi, le gouvernement a interdit la mise sur le
marché de tous les champignons sauvages de la municipalité de Towada,
dont les naméko et kuritaké. Au 16 novembre, 93 municipalités dans 10
provinces étaient touchées par des restrictions similaires. Pour les
provinces les plus éloignées comme Aomori, Saïtama, Yamanashi, Nagano
et Shizuoka, les champignons sont les seules denrées interdites. La
tendance est à la hausse. Ainsi, la plus forte valeur enregistrée l'an
dernier à Aomori était de 60 Bq/kg. Même tendance ailleurs : 1 320
Bq/kg en 2011 à Nagano, 2 100 cette année. 134 Bq/kg à Tochigi en 2011,
3 000 cette année.
Le gouvernement a demandé à 17 province de contrôler les champignons
sauvages. Et ce n'est pas fini : 26 après les rejets massifs de
Tchernobyl, des champignons européens ne pourraient pas être vendus au
Japon.
Lundi 26 novembre, les
municipalités de Hirono et Kawauchi ont décidé de reprendre la
culture du riz l'an prochain. La levée de l'interdiction concerne toute
la surface à Hirono et seulement les zones réouvertes à Kawauchi. Ce
devraient les premières plantation de riz à moins de 20 km de la
centrale depuis 2011. Si certains agriculteurs sont contents, ils se
font du souci pour la vente de leur récolte. Trouveront-ils des clients
? Personne ne sait combien vont reprendre leur activité.
Des tests ont déjà été effectués cette année à Kawauchi et la
contamination en césium était inférieure à 100 Bq/kg, sauf dans deux
cas où c'est la décortiqueuse qui est incriminée.
Vendredi 30 novembre, la
province de Chiba, dans la banlieue de Tôkyô, a mis en ligne des
résultats de mesure sur des fruits et légumes où il apparaît que les
agrumes (surtout les yuzu, ゆず) et les kiwis (キウイフルーツ) sont encore
contaminés. C'est en japonais.
Samedi 1er décembre, Greenpeace Japon
a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés au large
de la province de Chiba et tous sont sous la limite de détection qui
est de l'ordre de 3 Bq/kg.
Mardi 4 décembre, TEPCo
envisage de mettre un filet en mer de 2 km environ devant sa
centrale accidentée pour éviter que les poissons contaminés ne
s'échappent. Elle a encore mesuré jusqu'à 15 500 Bq/kg chez un congre
pêché dans le port de la centrale. Elle veut aussi draguer les boues du
port.
Cette mesure avait déjà été appliquée à Minamata en 1974 suite à la
contamination au mercure. Le filet faisait 4,4 km et a été enlevé en
1997 quand la baie a été déclarée "saine". Les pêcheurs poussent TEPCo
à faire de même, mais le césium ne se comporte pas comme le mercure, un
métal lourd, et se déplace plus facilement.
Vendredi 7 décembre, Greenpeace Japon a mis en ligne des résultats de
mesure sur des poissons prélevés en supermarché.
Si la plupart des échantillons ont une contamination inférieure à la
limite de détection, quelques spécimens sont contaminés. C'est le cas
d'une morue du Pacifique (マダラ) pêchée à Hokkaïdô et achetée à Yokohama
: 78 Bq/kg. On n'est pas très loin de la limite de 100 Bq/kg. Une autre
morue pêchée à Iwaté et achetée à Fukushima avait 7,5 Bq/kg. Un bar
(スズキ) pêché à Chiba et acheté à Yokohama avait une contamination de
14,1 Bq/kg.
Lundi 10 décembre, le ministère de la santé a mis en ligne des résultats de mesure sur
la contamination des animaux sauvages (gibier). C'est ici en japonais. Une traduction en anglais est disponible sur un autre site.
Ce sont les sangliers qui sont toujours les plus contaminés, jusqu'à 1
900 Bq/kg. Mais la viande de faisan, d'ours ou de lièvre dépasse aussi
la limite de 100 Bq/kg.
La liste des aliments interdits à la vente au 6 décembre 2012 est ici en anglais.
Samedi 15 décembre, nouveaux résultats de Greenpeace Japon
sur des poissons pêchés au large de Chiba. Tout est sous la limite de
détection qui est de l'ordre de 3 Bq/kg pour la somme des deux césium.
Mardi 25 décembre, il y encore de nouvelles stations de mesure de la radioactivité qui
ouvent au Japon. Ainsi, par exemple, la ville de Higashimurayama,
située dans la banlieue de Tôkyô va mesurer gratuitement les aliments
apportés par les résidents à partir du 15 janvier prochain. Elle a reçu
un compteur gratuit de la part du gouvernement (Consumer Affairs
Agency) avec une limite de détection de 10 Bq/kg pour les deux césium.
La municipalité s'est associée à une association locale, Geiger
Higashimurayama pour offrir ce service. La municipalité de Kunitachi,
aussi dans la banlieue de Tôkyô, offre déjà des prestations similaires.
Mercredi 26 décembre, la ville d'Iwaki a mis en place une campagne pour promouvoir ses
produits agricoles et de la pêche, afin de rassurer les consommateurs.
Il est intitulé "montrer Iwaki". Le site donne des résultats de mesure sur les produits de la commune.
Samedi 5 janvier, des champignons ont été découverts dans la province d'Aomori avec une
contamination dépassant la limite de mise sur le marché fixée à 100
Bq/kg. Sont concernés, les chichitaké et sakura shiméji. Mais ils ne
contiennent presque que du césium 137, qui a une demi-vie de 30 ans et
quasiment pas de césium 134, qui a une demi-vie de 2 ans. L'origine de
la contamination est sûrement plus ancienne que l'accident de
Fukushima. Ce sont donc les essais nucléaires atmosphériques et
Tchernobyl qui sont pointés du doigt. Le prof. Muramatsu, de
l'université Gakushuin a déclaré avoir mesuré jusqu'à 1 000 Bq/kg dans
ces champignons dans les années 1990 suite à la catastrophe de
Tchernobyl. Une fois séchés, cela pouvait monter à 10 000 Bq/kg. C'est
surtout le Nord-Est du Japon qui a été touché. A l'époque, les
autorités n'avait mis aucune restriction.
Jeudi 10 janvier, du riz avec une contamination au césium de 240 Bq/kg, soit plus que
la limite de 100 Bq/kg, a été trouvé à Kurihara, dans la province de
Miyagi, située au Nord de celle de celle de Fukushima. Ce riz, destiné
à la consommation personnelle, n'a pas été vendu. Le gouvernement a
demandé aux fermes voisines de suspendre la vente.
C'est la première fois qu'un riz dépassant la limite est trouvé en dehors de la province de Fukushima.
Samedi 19 janvier, Greenpeace Japon a de nouveau publié des résultats de mesure sur des poissons prélevés en super-marché. Ils sont tous sous la limite de détection qui est assez élevée (de l'ordre de 7 à 8 Bq/kg).
Mardi 22 janvier, liste des aliments et produits agricoles interdits à la vente au 18 janvier 2013. Elle est encore très longue...
Lundi 28 janvier, Hong-Kong a publié des résultats de mesure de la radioactivité sur des aliments importés du Japon en 2012 : du thé dépasse la limite de 100 Bq de césium par kilo.
Mercredi 30 janvier, le ministère de l'agriculture va revoir sa politique de restriction
de la culture du riz et compte autoriser cette culture dans les zones
où la moisson 2011 avait une contamination supérieure à 500 Bq/kg en
césium, qui est la première limite mise en place. La limite actuelle
est de 100 Bq/kg. La seule contrainte sera de tester chaque sac avant
sa mise sur le marché.
Dans les zones évacuées, la culture du riz devrait reprendre de façon expérimentale.
Et dans les zones où la contamination du riz de la moisson 2012 était
inférieure à 100 Bq/kg, les contrôles devraient être relâchés...
Données officielles sur la contamination radioactive de l'eau du robinet au Japon : il y a une contamination très faible en césium dans l'eau potable de nombreuses province du Nord-Est du Japon.
Vendredi 15 février, nouvelle liste
des restrictions de commercialisation de produits agricoles et de la
pêche à cause de leur contamination radioactive. Le récapitulatif des
restrictions depuis le début de la catastrophe est ici en anglais.
Lundi 18 février, un loup de mer a été pêché à une dizaine de kilomètres au large de Chôshi,
dans la province de Chiba, avec 130 Bq/kg, ce qui est plus que la
limite de 100 Bq/kg pour les adultes. C'est la première fois qu'un
poisson dépasse la limite à Chiba. Un autre loup de mer avec 60 Bq/kg
avait été pêché en décembre 2012, ce qui avait conduit la coopérative
de pêche locale à suspendre la commercialisation de cette espèce. Le
port de Chôshi est à 200 km de la centrale de Fukushima daï-ichi.
Mercredi 6 mars, les aliments qui viennent de Fukushima se vendent toujours
difficilement, près d'un an après l'introduction de normes plus
strictes. Certains agriculteurs disent même que cela s'est aggravé car
il y a moins d'achats de soutien et les autres sont toujours aussi
méfiants. L'un a raconté au Maïnichi
qu'un grossiste a essayé de diviser par deux ses prix en lui suggérant
d'obtenir une compensation de TEPCo pour l'autre moitié, alors
qu'aucune contamination n'a jamais été trouvée dans sa production. Les
prix des produits agricoles de Fukushima sont toujours plus bas
qu'avant la catastrophe.
La dernière liste des aliments interdits à la vente est ici en anglais. Le récapitulatif est ici en anglais.
Dimanche 10 mars, le gouvernement a autorisé la culture du riz presque partout à partir
de cette année à la condition que tous les sacs de riz soient
contrôlés. Mais plusieurs municipalités de Fukushima ont décidé de ne
pas semer. Le ministère de l'agriculture a autorisé la culture de 2 000
hectares de rizières cette année, même dans des zones évacuées. 10
municipalités sont concernées. Mais moins de 430 hectares dans 5
municipalités seront semés cette année. Les arguments avancés pour
refuser les semis sont la "décontamination" en cours ou d'autres
craignent la réaction des consommateurs.
En 2012, toute la moisson a été contrôlée et 71 sacs dépassaient la limite de 100 Bq/kg.
Fukushima, Daté, Nihonmatsu, Sôma et Tamura vont reprendre la culture
du riz cette année. Minami-Sôma, Ôkuma , Naraha, Kawauchi et Iitaté ont
décidé de ne pas reprendre dans les zones contaminées cette année.
Les premières limites
radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées
par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
Ces limites ont été revues à la baisse depuis.
-> Des résultats gouvernementaux de surveillance de
l'alimentation sont ici.
-> Résultats
de mesures effectuées par la province de Fukushima sur l'alimentation
(en japonais)
->
Notice de la FAO sur la contamination des aliments en cas d'accident
nucléaire (en anglais)
-> Des nombreuses données sur la contamination de l'alimentation
sont disponibles ici en japonais.
Mars 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 9 mars 2012, le
ministère de l'agriculture et de la pêche a mis en ligne les résultats
en anglais de sa surveillance des ressources halieutiques.
Premier tableau et
deuxième tableau. Il y a toujours des poissons
contaminés à des taux élevés, même s'ils sont moins nombreux.
Mardi 13 mars 2012, TEPCo a
rendu publiques des photos des opérations de bétonnage des fonds marins
devant la centrale. C'est
ici en anglais.
Jeudi 15 mars, le MRI
(Meteorological Research Institute) a mis en ligne des résultats de la
contamination en césium des eaux du Pacifique Nord en avril-mai 2011.
Loin du Japon, cette contamination est due aux retombées
atmosphériques. C'est
ici en anglais.
Vendredi 16 mars, le MEXT a mis
en ligne des résultats de la
surveillance de la mer qui montre une contamination avec d'autres
éléments que les classiques césium et parfois strontium. Le manganèse,
l'argent, l'antimoine et le cobalt sont aussi mentionnés.
Les sédiments marins sont
ici. L'eau de mer est
ici et
ici.
Dimanche 18 mars, une étude
américano-japonaise a mesuré le césium dans le plancton au large de
Fukushima. Avant la catastrophe, il y avait entre 0,1 et 0,4 Bq de
césium 137 par kilo de plancton sec. Cette fois-ci, ils ont mesuré
entre 56,4 et 0,3 Bq/kg pour les deux césiums. La présence de césium
134 signe l'impact de Fukushima. La concentration diminue quand on
s'éloigne de la centrale, la valeur la plus faible étant mesurée à 600
km. Cette contamination peut s'accumuler et s'amplifier dans la chaîne
alimentaire.
Lundi 19 mars, nouvelle
publication du MEXT sur la contamination des
sédiments marins en faisant apparâitre la présence de plutonium et
d'américium.
Jeudi 22 mars, des prélèvements
d'animaux vivant dans les fonds marins au large d'Iwaki, à une dizaine
de km ont montré une contamination élevée :
- 854 Bq/kg chez les echinocardium cordatum, ou souris de mer, une
sorte d'oursin, en juillet 2011 et 582 en octobre.
- 471 Bq/kg chez des vers de mer en juillet 2011 et 328 en octobre.
Des poissons vivant dans les fonds marins, comme les soles, plies,
limandes... se nourrissent de ces vers.
Par ailleurs, le MEXT a publié une carte précise de la pollution en
césium de l'eau de mer sur de grandes distances avec des limites de
détection assez basses. C'est
ici
en anglais et japonais. Il y a des endoits où c'est légèrement à la
baisse et d'autres où cela augmente.
Il y aussi publié des données montrant la présence de strontium dans
l'eau près de la centrale. C'est
ici en anglais et japonais.
Mardi 27 mars, alors que la
contamination de l'eau de mer baisse avec le temps, celle des poissons
ne baisse pas. Les plus contaminés sont ceux qui vivent dans les fonds
marins. Nombre d'entre eux ont des contaminations qui dépassent les
limites de mise sur le marché. Un shiromebaru avait encore 1 920
becquerels de césium par kilo cette année. Cette contamination les
espèces vivant dans les fonds marins affecte certaines espèces vivant
plus près de la surface via la chaîne alimentaire.
Il n'est pas possible de décontaminer les fonds marins. Il ne reste
qu'à attendre que la contamination diminue par d'elle-même. Cela peut
prendre des années, ce qui signifie une surveillance des ressources
halieutiques et pas de pêche commerciale avant longtemps. Le lessivage
des sols par les eaux de pluie entraîne même une contamination des
fonds marins à proximité des embouchures comme c'est le cas
actuellement dans la baie de Tôkyô.
Mercredi 28 mars, TEPCo va
commencer à contrôler les poissons et autres animaux marins dans la
zone
des 20 km. Le pêche y est interdite et seules les prises pêchées
au-delà ont été testées.
Vendredi 30 mars, la compagnie
a mis en ligne des
photos et une
vidéo de 9 minutes sur cette pêche. Il ne devait
rien avoir de plus intéressant et pertinent à montrer ce jour là...
Elle a aussi publié les résultats de ces mesures supplémentaires sur
des sédiments suite à la fuite qui a eu lieu récemment. C'est
ici en anglais.
Evidemment, cette fuite ne peut pas contaminer instantanément les
sédiments jusqu'à 20 km. Ces mesures si éloignées sont sans intérêt
pour détecter l'impact de cette fuite, mais permettre de mieux
comprendre la gravité de la contamination locale.
Le MEXT, quant à lui, donne des résultats sur l'eau de mer à proximité
de la fuite, ici en anglais.
Avril - Mai 2012
[afficher/cacher]
Mardi 3 avril, un article
scientifique paru dans les
Proceedings of the National Academy of Sciences of the
United States,
basé sur des mesures sur l'eau de mer en juin 2011, confirme que les
courants marins locaux (Kuroshio et Oyashio) ont entraîné une
dispersion rapide de la contamination. Ailleurs, un rejet similaire
aurait entraîné une contamination locale plus forte et plus
persistente. Dans le cas d'une mer fermée comme la méditerrannée, cela
aurait été une catastrophe beaucoup plus grave. Cette étude montre
aussi que le plancton est durablement contaminé et que cela peut
affecter toute la chaîne alimentaire marine. La plus forte
contamination en césium dans le plancton a été détectée à 300 km de la
centrale : 100 Bq/kg sec.
Jeudi 5 avril, TEPCo a trouvé
une nouvelle fuite ayant pu entraîner un rejet en mer d'eau fortement
contaminée en strontium (jusqu'à 100 millions de becquerels par litre).
La fuite a été découverte à 1h05.
L'installation a été arrêtée 5 min plus tard et une valve fermée après
35 min. Mais la fuite a continué jusqu'à 2h20. Elle est due à un tuyau
déconnecté.
Le communiqué de TEPCo est
ici en anglais. Une
photo du tuyau fautif ici.
Vendredi 6 avril, TEPCo, a,
sans rire, estimé à 150 ml le volume d'eau qui a fui dans la mer lors
de la fuite de la veille. La compagnie pense que les 12 tonnes d'eau,
qui ne sont plus dans la tranchée, ont dû être absorbées par le sol.
Lundi 9 avril, TEPCo a trouvé
la parade pour éviter de nouvelles fuites : des sacs de sable ! Voir
ses photos en anglais. KEPCo a-t-elle aussi fait
des stocks de sacs de sable pour sa centrale d'Ôi ?
Vendredi 13 avril, de
nouveaux résultats de la contamination des sédiments
marins dans un rayon de 20 km de la centrale sont disponibles. Cela
monte à 2 260 Bq/kg pour le césium.
Vendredi 20 avril, TEPCo a mis
en
ligne des résultats de mesure sur des poissons
collectés à quelques kilomètres de la centrale. Les résultats sont très
contrastés, comme toujours avec les poissons qui se déplacent, mais
certains sont très contaminés plus d'un an après la fuite et ce, malgré
la forte dilution due au courants marins locaux.
Lundi 23 avril,
publication par le MEXT de résultats d'analyse de
plutonium dans les sédiments marins devant la centrale nucléaire de
Fukushima daï-ichi.
Mardi 24 avril, TEPCo a annoncé
le début des travaux de la barrière souterraine située entre les
réacteurs 1 à 4 et la mer qui doit empêcher l'eau contaminée de
rejoindre l'océan. Elle a obtenu l'accord des autorités locales le 10
avril. Une présentation du projet est
ici en anglais. Les travaux devraient se terminer
en 2014.
Mardi 1er mai, le MEXT a mis en
ligne des
résultats de mesure sur des sédiments prélevés à moins
de 20 km de la centrale. C'est toujours très contaminé plus d'un an
après le colmatage de la fuite.
Mercredi 9 mai, les pêcheurs de
Fukushima envisagent de reprendre partiellement le travail à partir de
juin. Ils vont pêcher les espèces les moins
contaminées.
La contamination en césium des sédiments marins de la baie de Tôkyô
continue à augmenter suite aux apports par les fleuves. Comme la baie
est presque fermée, le césium n'est pas entraîné au large.
L'augmentation est de 70% par rapport à l'été 2011 selon Hideo
Yamazaki, de l'université du Kinki, qui fait des mesures régulières.
Selon lui, cette contamination concerne surtout les sédiments qui sont
sous 10 cm de boue. Il a mesuré jusqu'à 27 200 Bq/m2. Il serait
intéressant
de contrôler la faune benthique.
Lundi 14 mai, le MEXT publie de
nouvelles
données sur la contamination des sédiments marins
dans un rayon de 20 km autour de la centrale. Les données sont de TEPCo.
Lundi 21 mai, le MEXT publie
des
résultats précis sur la contamination de l'eau de mer
dans la zone des 20 km autour de la centrale.
Mardi 22 mai, le MEXT publie
une analyse d'eau de mer dans la baie de Tôkyô qui
montre une contamination due à la catastrophe de Fukushima. Il publie
aussi des
analyses sur les sédiments marins prélevés dans un
rayon de 20 km autour de la centrale.
Jeudi 24 mai, nouveaux résultats sur des sédiments marins dans
la zone des 20 km qui montrent une contamination en césium qui atteint
1 700 Bq/kg près de la centrale.
Mardi 29 mai, nouveaux
résultats diffusés par le MEXT sur la contamination
des sédiments marins dans la zone des 20 km. Les valeurs continuent
à être très élevées.
Selon une
étude
américaine publiée ce jour, les 15 thons pêchés au large de la
Californie en août 2011 avaient un contamination en césium 137 et 134
liée à l'accident de Fukushima. La concentration est de l'ordre de la
dizaine de becquerels par kilo.
Par ailleurs, de nouvelles
données sur les poissons pêchés au large des côtes
japonaises ont été rendues publiques.
Les pêcheurs de Fukushima ont décidé de reprendre la pêche de façon
expérimentale en juin. Si la contamination de leur prises est dans les
normes, ils comptent reprendre leur activité commerciale en septembre
prochain.
Jeudi 31 mai, le MEXT publie
des
données précises sur la contamination de l'eau de mer
dans la zone des 20 km. Il y a les césium, le tritium, les plutonium,
le alpha glabal et bêta global.
Juin - Juillet 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 1er juin, nouvelles
données du MEXT sur la
contamination des sédiments dans la zone des 20 km
et de l'
eau de mer.
Mercredi 6 juin, le MEXT a mis
en ligne quelques
données sur le strontium dans les sédiments marins
au large de la centrale de Fukushima.
Samedi 9 juin, la saison des
pluies a débuté au Japon. Cela va entraîner un
lessivage des sols et des rejets en mer. Le niveau de l'eau dans les
sous-sols des réacteurs inondés et aussi à surveiller de près.
Lundi 11 juin, le MEXT a mis en
ligne des
résultats de mesure complète, incluant le
strontium et le plutonium, sur l'eau de mer prélevée à moins de 20 km
de la centrale.
Mercredi 13 juin, l'eau de mer
continue à être contaminée en césium au large de Fukushima, comme le
montrent les dernières données publiées par le MEXT.
Mercredi 20 juin, une morue du
Pacifique (マダラ, Gadus macrocephalus) avec 117 Bq/kg en
césium a été pêchée au large de Hachinohé (province d'Aomori), soit à
plus de 300 km de la centrale de Fukushima.
Vendredi 22 juin, les données
publiées par le MEXT montrent que les
sédiments marins sont toujours fortement
contaminés dans un rayon de 20 km autour de la centrale. Quant aux
données sur
l'eau de mer prélevée les 26 mars et 5 avril 2012
suite à une fuite, elles montrent une contamination conséquente de
l'eau de mer en strontium.
Jeudi 28 juin, le MEXT a mis en
ligne des
résultats sur l'eau de mer dans la zone de 20 km qui
incluent le plutonium, ainsi que des
sédiments. Tout reste contaminé.
Mardi 10 juillet, les
sédiments marins continuent à être contaminés en césium sur de
grandes distances au large de Fukushima. Les dernières données du MEXT
sont
ici. En certains endroits, la tendance est à la
hausse.
Il y a aussi des données sur l'eau de mer dans un rayon de 20 km
ici.
Mercredi 11 juillet, les
pêcheurs d'Iwaki ont repris la mer pour pêcher... des débris. Les
poissons sont toujours contaminés et donc invendables. Le président de
la coopérative de pêche, ne se fait pas trop d'illusion. Même si les
poissons passent sous la limite, personne ne les achètera. Il ne croit
pas à une activité viable avant longtemps. Et de citer le cas de
Minamata (où une pollution au mercure a fait d'énormes dégâts) : même
si les autorités de la province de Kumamoto ont déclaré les poissons
sains en 1997, le poisson ne se vend toujours pas.
Ils vivent donc les indemnités de TEPCo (80% de ce qu'ils auraient
gagné pendant une bonne saison de pêche) et du ramassage des débris.
Vendredi 13 juillet,
publication par l'IRSN d'une
note sur la contamination de la mer au Japon.
Lundi 16 juillet, jour de la
mer au Japon, la plage de Nakoso à Iwaki, située à 65 km de la centrale
accidentée,
vient d'ouvrir à la baignade. C'est la permière et seule plage à ouvrir
depuis le 11 mars 2011 dans la province de Fukushima.
Mardi 17 juillet, le MEXT a,
pour la première fois, mis en ligne des
résultats de mesure de la radioactivité des sédiments
marins
exprimés par kilogramme de matière sèche. Cela explique les valeurs
élevées : jusqu'à 3 000 Bq/kg à une vingtaine de km des réacteurs.
Mardi 31 juillet, le MEXT
publie un
bilan de la contamination de l'eau de mer avec son
évolution. Il y a des zones où elle augmente.
Août - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 3 août, le MEXT publie
(pour la première fois ?) des données sur la contamination de la baie
de Tôkyô. Les
sédiments
sont largement contaminés jusqu'à 127 Bq/kg à cause de l'apport des
rivières. La limite de détection, de 10 Bq/kg par césium, est trop
élevée. Avec 1 Bq/L, elle est aussi trop élevée pour l'
eau de mer.
Mardi 21 août, TEPCo a mis en
ligne
les résultats de sa surveillance des ressources
halieutiques de la zone des 20 km
: tous les poissons contrôles sont contaminés, certains fortement. La
plus forte contamination concerne un 'ainamé' (アイナメ) pêché le 1er août
dernier au large de la rivière Ôta (太田) avec 25 800 Bq/kg pour le seul
césium. Il n'est pas mentionné si d'autres éléments étaient présents.
La
contamination de l'eau dans la même zone est
donnée sur le site Internet du MEXT.
Mardi 28 août, nouvelles données sur la contamination de l'eau
dans la baie de Tôkyô.
Le gouvernement a suspendu la vente de la morue du Pacifique pêchée à
depuis le port de Hachinohé dans la province d'Aomori. Par deux fois,
de la morue avec plus de 100 Bq de césium par kilo de poisson a été
détectée à plus de 400 km de la centrale accidentée (116 Bq/kg en juin
et 133 Bq/kg le 9 août). C'est la première fois que le gouvernement
interdit la vente d'un produit alimentaire d'Aomori. Dans la plupart
des autres tests effectués (23 sur 26), la contamination était
inférieure à 50 Bq/kg.
Les autorités portuaires avaient suspendu par elles-mêmes la vente de
la morue en juin, lorsque le premier poisson contaminé avait été
découvert. Elles ont repris la vente un mois plus tard car les autres
poissons étaient sous la limite.
A Miyagi, la pêche à la morue est suspendue depuis mai dernier.
La morue est un ingrédient très prisé pour le 'nabé' en hiver (plat
traditionnel qui pourrait correspondre à la fondue ou au ragout). La
pêche à la morue a généré 1,4 milliards de yens (14 millions d'euros) à
Aomori l'an dernier.
Ce n'est pas le seul poisson contaminé pêché loin de la centrale : en
juillet dernier, une dorade grise avec 3 300 Bq/kg avait été pêchée
dans la baie de Sendaï, au large de Higashi-Matsushima. La
contamination de l'eau dans cette zone est
ici par exemple et ne permet pas d'expliquer la
valeur élevée trouvée dans la dorade.
La raison de la
contamination de ces poissons n'est pas bien comprise et les autorités
de tous les pays sont très démunies face à la pollution marine. La
chaîne alimentaire est pointée du doigt, mais n'est pas prise en compte
dans les modèles qui ne peuvent pas prédire de telles prises.
Vendredi 31 août, le MEXT a mis en ligne des
résultats de mesure sur les sédiments marins dans
la zone des 20 km. Cela continue à être très contaminé. La plus forte
valeur est de 4 600 Bq de césium par kilo sec.
Lundi 10 septembre, les
pêcheurs de Fukushima ont étendu leurs prises à 10 espèces
marines. Pour le moment, seulement les poulpes et coquillages sont
commercialisés.
Mardi 11 septembre, on trouve
le même niveau de contamination de l'eau de mer dans
la baie de Tôkyô que dans la
zone des 20 km
autour de la centrale, selon les derniers résultats mis en ligne par le
MEXT. Dans la baie de Tôkyô, cela vient du lessivage des sols et du
transport par les rivières. Dans la province Niigata, à l'embouchure du
fleuve Shinanogawa, il a été détecté 460 Bq de césium par kilo de
sédiments secs. C'est du même niveau qu'à l'embouchure des fleuves de
la baie de Tôkyô.
Samedi 29 septembre, une partie des données de surveillance de
l'environnement publiées
par le MEXT, qui est le ministère des sciences et technologies, sont
maintenant publiées par la nouvelle autorité de sûreté, la NRA. C'est
le cas en particulier des données de l'environnement marin ou des
balises de surveillance. La
liste des données disponibles est uniquement en
japonais maintenant.
Les dernières données
sur l'eau dans la zone des 20 km sont ici en deux
langues et
celles sur les sédiments sont ici. D'autres
données sur l'eau de mer sont
ici
Les données terrestres sont toujours
ici en
anglais, publiées par le MEXT.
Vendredi 5 octobre, le
MEXT a mis en ligne une carte
avec la contamination de l'eau de mer au large de la centrale, jusqu'à
200 km environ. Il y a aussi des graphes avec l'évolution de la
contamination en plusieurs points : cela baisse très peu, voire pas du
tout. Il y a même des points où la contamination augmente.
Lundi 8 octobre, nouveaux résultats d'analyse sur des poissons par
Greenpeace Japon.
Aucune contamination n'est détectée sur des poissons pêchés au large de
Chiba (la limite de détection est de l'ordre de 3 Bq/kg).
Jeudi 11 octobre, nouvelles
données sur la contamination des sédiments marins
au large de la centrale, dans la zone des 20 km.
Lundi 22 octobre, données de TEPCo sur la contamination des
poissons pêchés dans un
rayon de 20 km autour de la centrale : ils sont ous contaminés, parfois
jusqu'à 1 430 Bq/kg. (a
nglais -
japonais)
Vendredi 26 octobre, nous
avions déjà parlé des poissons de Fukushima qui ne respectent
même plus les prévisions des modèles de dispersion concentration de la
pollution radioactive : même dans des eaux très peu contaminées, on
trouve des poissons fortement contaminés. Cela vient de la forte
contamination des sédiments et de la faune benthique (qui vit au fond),
qui remonte dans les poissons via la chaîne alimentaire. Sont surtout
concernés, les poissons qui vivent au fond de l'eau.
Une
publication scientifique
(en accès payant, malheureusement) va dans le même sens. Elle mentionne
aussi la possibilité de fuites en continu de la centrale vers la mer.
Plus d'un et demi après la les rejets massifs en mer, la pêche est
encore interdite pour 36 espèces de poissons. 40% des prises de
poissons
démersaux
(vivant près du fond sans pour autant y vivre de façon permanente) au
large de la centrale ont une contamination plus élevée que la limite de
100 Bq/kg. Cela pourrait durer encore plusieurs décennies, étant donnée
la demi-vie de 30 ans du césium 137. (Merci au lecteur qui a eu la
gentillesse de nous faire parvenir cette étude).
Les données du ministère de la pêche et de l'agriculture sur les
poissons sont
ici en anglais.
En recherche fondamentale, de nombreux chercheurs se font un devoir
de mettre une version de leurs articles en libre accès sur des serveurs
dédiés, car les tarifs des éditeurs sont excessifs. Voir par exemple
http://hal.archives-ouvertes.fr/
pour le CNRS. Ces copies en libre accès sont en plus référencées dans
http://scholar.google.fr.
Une université holandaise a même fait
une vidéo humoristique en anglais pour promouvoir
le libre accès. Malheureusement, cette pratique ne semble être entrée
dans les moeurs partout : des organismes
publics,
comme l'IRSN, dont les articles intéressent plus le grand public que
ceux de recherche fondamentale, ne pratiquent pas le libre accès. Ce
n'est pas normal.
Jeudi 1er novembre, le MEXT
publie une carte de la contamination de l'eau de mer sur de
grandes distances. Les valeurs diminuent, mais les poissons
continuent à être contaminés, comme mentionné auparavant.
Jeudi 8 novembre, nouvelles données officielles sur la contamination des
sédiments marins au Nord-Est du Japon.
Mardi 13 novembre, la forte
contamination persistante des poissons démersaux (qui vivent
au fond) au large de la centrale de Fukushima, bien que l'eau dans
laquelle ils nagent ne soient pas très contaminée, va faire l'objet
d'études. Le ministère de l'agriculture, de la pêche et de la forêt va
y consacrer 190 millions de yens (1,9 million d'euros). Si le fait que
la contamination vient de la chaîne alimentaire constituée de vers et
autres animaux de vase très contaminés, les autorités veulent savoir
comment cela va évoluer et combien de temps cela va durer. C'est toute
l'industrie de la pêche locale qui est menacée en cas de persistence du
problème.
Vendredi 16 novembre, Greenpeace
a mis en ligne des résultats d'analyse sur des poissons
pêchés au large de Chiba. Tout est sous la limite de détection qui est
de l'ordre de 3 Bq/kg pour la somme des deux césiums. C'est ici en japonais.
Le MEXT a mis en ligne des données sur la contamination des sédiments
marins. C'est ici et ici.
Mercredi 21 novembre, le MEXT
a mis de nouvelles données en ligne concernant la contamination de la
baie de Tôkyô : eau et sédiments.
Même si le document ne le montre pas directement, une comparaison avec
des données antérieures montre que la contamination gagne du terrain à
partir de l'embouchure des rivières.
Samedi 1er décembre, presque
336 heures supplémentaires d'enregistrements des
visio-conférences entre le 16 et le 23 mars 2011, puis entre le 30 mars
et le 6 avril, ont été montrés à la presse. Une sélection a été mise en ligne sur le site de TEPCo.
La presse revient sur la fuite massive en mer. Le directeur de la
centrale a réclamé l'installation de caméra vidéo dans les bâtiments
turbine des réacteurs 1 à 4 pour surveiller le niveau d'eau accumulée
dans les sous-sols. 100 000 tonnes ou m3 avaient été versés pour
refroidir les réacteurs. Le 27 mars, de l'eau très contaminée avait été
découverte dans une fosse et il ne manquait qu'une douzaine de cm pour
que cela déborde et aille vers la mer. Le 30 mars, on voit le directeur
de la centrale supplier le quartier général à Tôkyô pour qu'il
réagisse. Et la réponse de Tôkyô fut "on en reparle demain". Les
caméras n'ont finalement pas été installées avant la découverte d'une
fuite dans la mer, le 2 avril à 11h. Il y avait 1 Sv/h à la surface de
l'eau. La fuite sera finalement colmatée le 6 avril et TEPCo a estimé
que 520 tonnes ou m3 ont fui en mer.
Lundi 3 décembre, la NRA a mis
en ligne des données sur la contamination des sédiments marins dans la
zone des 20 km et au-delà.
Quand on va vers le sud, il y a des points où les sédiments sont très
contaminés. Ce serait dû aux courants côtiers locaux qui vont vers le
sud.
Elle a aussi mis en ligne des données sur l'eau de mer
dans la zone des 20 km qui montrent une contamination significative le
long de la côte. Cela continuerait donc à fuir vers la mer ?
Mardi 4 décembre, TEPCo
envisage de mettre un filet en mer de 2 km environ devant sa
centrale accidentée pour éviter que les poissons contaminés ne
s'échappent. Elle a encore mesuré jusqu'à 15 500 Bq/kg chez un congre
pêché dans le port de la centrale. Elle veut aussi draguer les boues du
port.
Cette mesure avait déjà été appliquée à Minamata en 1974 suite à la
contamination au mercure. Le filet faisait 4,4 km et a été enlevé en
1997 quand la baie a été déclarée "saine". Les pêcheurs poussent TEPCo
à faire de même, mais le césium ne se comporte pas comme le mercure, un
métal lourd, et se déplace plus facilement.
Mercredi 5 décembre, nouvelles données mises en ligne par la NRA
sur la contamination de l'eau de mer dans la zone des 20 km qui
montrent toujours une contamination plus élevée près de la côte à
proximité de la centrale et qui pourrait être due à des fuites via des
infiltrations dans le sol.
Vendredi
7 décembre, Greenpeace Japon a mis en ligne des résultats de
mesure sur des poissons prélevés en supermarché.
Si la plupart des échantillons ont une contamination inférieure à la
limite de détection, quelques spécimens sont contaminés. C'est le cas
d'une morue du Pacifique (マダラ) pêchée à Hokkaïdô et achetée à Yokohama
: 78 Bq/kg. On n'est pas très loin de la limite de 100 Bq/kg. Une autre
morue pêchée à Iwaté et achetée à Fukushima avait 7,5 Bq/kg. Un bar
(スズキ) pêché à Chiba et acheté à Yokohama avait une contamination de
14,1 Bq/kg.
Le MEXT vient de publié une nouvelle carte de la contamination de l'eau de mer
qui montre que la contamination de l'eau est très faible dans les zones
de pêche. Cela n'empêche pas certains poisson de se contaminer via la
chaine alimentaire car les sédiments sont très contaminés. A proximité
de la centrale de Fukushima, l'eau de mer est toujours beaucoup plus
contaminée, comme on peut le voir sur cette nouvelle série de données de la NRA qui ne fait
que confirmer les précédentes.
Vendredi 14 décembre, le MEXT a mis en ligne des résultats de mesure sur l'eau de mer à de grandes
distances de la centrale de Fukushima qui font apparaître une
contamination faible mais toujours présente.
Jeudi 20 décembre, les dernières données mises en ligne par la NRA
continuent de mettre en évidence une contamination de l'eau de mer
beaucoup plus élevée près de la côte à proximité de la centrale de
Fukushima daï-ichi qu'un peu plus loin au large. Ce fuirait donc
continuellement.
Vendredi 21 décembre, les dernières données mises en ligne sur le site du MEXT
montrent que la contamination de l'eau de mer persiste sur de grandes
distances.
Jeudi 27 décembre, nouvelles données sur la contamination des sédiments marins au large de la centrale. C'est toujours très contaminé.
Jeudi 10 janvier, les mesures sur l'eau de mer, mises en ligne sur le site de la NRA, au large de Miyagi, mettent en évidence une contamination qui perdure.
Vendredi 18 janvier, TEPCo a annoncé avoir pêché un poisson (sébaste, ムラソイ) avec une
contamination record en césium de 254 000 Bq/kg dans le port de la
centralede Fukushima daï-ichi. La compagnie a rappelé sa volonté
d'installer des filets pour éviter que les poissons très contaminés
n'aillent au large, comme cela avait été fait pendant de longues années
à Minamata.
Les données sont ici en japonais. Il y a d'autres poissons très contaminés. Une autre sébaste à 140 000 Bq/kg, etc...
Lundi 21 janvier, encore des mesures sur l'eau de mer
qui montrent une contamination près de la côte, à proximité de la
centrale, beaucoup plus élevée qu'à quelques kilomètres au large. Les
apports en césium continuent.
Vendredi 25 janvier, le problème de l'eau de refroidissement des réacteurs nucléaires, qui
se contamine au contact avec les combustibles fondu, est un problème
majeur pour TEPCo, car de l'eau souterraine s'infiltre et les stocks
s'accumulent. TEPCo ne sait plus où la mettre. Il y a des cuves partout
et il n'y a bientôt plus de place sur le site de la centrale.
Il y a actuellement une décontamination très partielle, qui se limite
essentiellement au césium. TEPCo avait promis une nouvelle unité de
traitement des eaux qui devait retirer 60 éléments différents pour
septembre 2012 afin de rejeter l'eau traitée en mer.
Mais la compagnie doit obtenir des autorisations de rejet spécifiques
pour cela et les pouvoirs locaux vont s'y opposer. D'autant plus que
l'on ne sait rien des performances de la station de traitement
envisagée et encore moins pour la station réelle. Le tritium, par
exemple, qui est de l'hydrogène radioactif, ne peut pas être retiré.
Pour faire face à ce problème, TEPCo envisage de diluer les effluents
avant des les rejeter... Mais cela ne changera rien à la quantité
totale rejetée !
En attendant, les sédiments marins restent très contaminés sur des centaines de kilomètres. Dans la Baie de Tôkyô, il n'y a qu'un point, ce qui est peu pour conclure, mais la tendance est à la hausse.
Lundi 28 janvier, l'eau de mer à proximité de la centrale est toujours beaucoup plus contaminée qu'au large.
Mercredi 6 février, les dernières données sur la contamination de l'eau de mer continuent à montrer que l'eau est contaminée sur des centaines de kilomètres, jusqu'à Miyagi et que la concentration est plus forte quand on s'approche de la côte et de la centrale.
Mardi 12 février, la NRA a publié des résultats d'analyse du plutonium dans l'eau de mer
à proximité de la centrale de Fukushima daï-ichi. C'est TEPCo qui fait
les mesures. Il y a bien du plutonium en faible quantité à proximité
des réacteurs accidentés. Plus au large, c'est sous la limite de
détection. Cela n'empêche par TEPCo de conclure qu'il n'est pas certain
que ce soit dû à l'accident.
Lundi 18 février, un loup de mer a été pêché à une dizaine de kilomètres au large de Chôshi,
dans la province de Chiba, avec 130 Bq/kg, ce qui est plus que la
limite de 100 Bq/kg pour les adultes. C'est la première fois qu'un
poisson dépasse la limite à Chiba. Un autre loup de mer avec 60 Bq/kg
avait été pêché en décembre 2012, ce qui avait conduit la coopérative
de pêche locale à suspendre la commercialisation de cette espèce. Le
port de Chôshi est à 200 km de la centrale de Fukushima daï-ichi.
Jeudi 21 février, les sédiments marins prélevés autour de la centrale de Fukushima
daï-ichi continuent à être fortement contaminés. Les dernières données
publiées sont ici et ici.
Jeudi 28 février, les sédiments marins continuent d'être très contaminés sur des centaines de kilomètres. Il y a aussi du strontium quand il est analysé. Quant à l'eau de mer dans la zone des 20 km, elle est toujours plus contaminée à proximité de la centrale, suggérant des fuites continuent.
Nouveau record battu pour un poisson pêché le 17 février devant le
port de la centrale de Fukushima daï-ichi : 510 000 Bq par kilogramme.
Il s'agit d'un aïnamé. Ce n'est pas le seul spécimen à être contaminé à
plus de 100 000 Bq/kg. Voir la liste en japonais et en anglais. Des statistiques sur toutes les mesures sur des poissons depuis octobre 2012 sont aussi disponibles en anglais. Enfin une analyse des résultats est aussi disponible en anglais.
Pour
rappel, la limite est 100 Bq/kg pour la nourriture des adultes. TEPCo a
mis un filet autour du port pour empêcher les poissons de partir.
Vendredi 1er mars, TEPCo donne quelques résultats sur la mesure du tritium
(hydrogène radioactif) dans l'eau de mer. Elle commence par tout un
laius sur l'origine de ce radioélément, de sa faible toxicité etc
etc... pour finir avec des concentrations plus faibles que ce que
l'ACRO mesure régulièrement dans la Manche du fait des rejets de
l'usine Areva La Hague. La compagnie ne serait-elle pas en train de
préparer psychologiquement les Japonais aux rejets massifs de l'eau
contaminée dont elle ne sait plus que faire ? En effet, son unité de
traitement de ces eaux est en cours de test et elle ne retire par le
tritium...
Mercredi 6 mars, TEPCo relance l'idée de rejeter en mer l'eau qui s'accumule car elle
ne sait plus où mettre les cuves de stockage. Bien entendu, elle
prétend purifier l'eau avant, mais elle n'a pas encore mené les tests
de sa nouvelle station. Personne ne connaît l'efficacité du processus,
ni la contamination résiduelle de l'eau à rejeter. Comme nous l'avons
déjà signalé, le tritium ne sera pas retiré : la contamination moyenne
actuelle de l'eau est de 1,3 million de becquerels par litre et TEPCo
n'est pas autorisée à rejeter une eau contaminée à plus de 60 000 Bq/L.
L'eau contaminée accumulée est un des gros problèmes de la centrale car
personne ne sait combien de temps les cuves peuvent tenir alors que
l'eau restera radioactive pendant des milliers d'années. On ne sait pas
gérer les déchets solides et encore moins les déchets liquides.
Les derniers chiffres officiels sont ici en anglais.
Il est question de 76 000 m3 dans les sous-sols des réacteurs 1 à 4. Il
y a 40 000 autres mètres cubes ailleurs. A cela s'ajoute l'eau des
cuves avec plus de 260 000 m3. Rappelons que le stock augmente de 400
m3 par jour. TEPCo veut atteindre une capacité de stockage de 700 000
m3 d'ici 2015, mais ne sait pas encore où elle va mettre les cuves.
Evidemment, les pêcheurs sont opposés aux rejets alors que la mer reste très contaminée. Les derniers résultats
mis en ligne donnent valeur de 13 Bq/L de tritium dans l'eau de mer
devant la centrale. C'est la signature que les fuites continuent. La concentration en césium dans l'eau de mer est aussi plus élevée à proximité de la centrale.
Vendredi 8 mars, le MEXT a mis en ligne des résultats d'analyse de la radioactivité de
l'eau de mer sur de grandes distances. En certains points, une mesure
de la contamination en strontium, très radiotoxique, a aussi faite.
Résultats de mai 2012, août 2012 et novembre 2012. On peut noter une baisse de la contamination, qui est cependant très lente.
->
Les mesures
disponibles concernent surtout l'eau de mer. Pour les êtres vivant
dans la mer, il faut multiplier ces valeurs par un facteur de
concentration. Quelques valeurs de facteurs de
concentration sont
données ici.
Ce modèle basé sur la concentration directement via l'eau de mer ne
marche pas bien qu'il soit utilisé partout. Une partie des poissons est
contaminée via la chaine alimentaire à partir des sédiments marins.
->
Les limites
radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées
par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> Les données de mesure
officielles du MEXT sont ici et ici en anglais.
-> Simulation de la
dispersion de la pollution radioactive dans le Pacifique par JAMSTEC : ici en anglais.
Impact sur la faune et la flore
Vendredi 23 mars 2012, un nid
d'hirondelles, avec une contamination en césium de 1,4 million de
becquerels par kilo, a été trouvé à Okuma dans la province de
Fukushima. Ces nids sont faits avec de la boue et végétaux.
Lundi 14 mai, une contamination
élevée a été détectée chez les rats des environs de la centrale de
Fukushima : 3 100 Bq/kg en césium à Kawauchi, à 30 km de la centrale,
ou 790 Bq/kg à Kita-Ibaraki, à 70 km.
Jeudi 12 juillet, même s'il est
encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur l'impact de
la pollution radioactive à Fukushima, une première étude
montre une baisse du nombre d'oiseaux et de certains insectes
(papillons, cigales) dans les zones les plus contaminées. Le nombre de
bourdons, libellules et sauterelles ne semble pas affecté pour le
moment et le nombre d'araignées est en hausse. Un des auteurs prédit
que ces espèces vont aussi diminuer dans l'avenir, comme cela a été le
cas autour de Tchernobyl (il n'y a pas de cigales à Tchernobyl).
Les populations animales des petits mammifères, reptiles et amphibiens
ont aussi fortement diminué dans les zones très contaminées de
Tchernobyl : en certain lieu peu contaminés de la zone interdite, il y
a eu une augmentation, mais dans les zones très contaminées, la baisse
est flagrante. Il est donc faux, s'insurge un des auteurs, de qualifier
la zone interdite de réserve naturelle.
Samedi 11 août, une étude
parue dans la revue scientifique Nature
montre que les papillons ont subi des dommages physiologiques et
génétiques dus aux retombées radioactives. Les spécimens prélevés en
mai 2011 montraient des anomalies légères. Ceux prélevés en septembre
2011, des anomalies sévères.
Des papillons témoins en provenance d'une région non contaminée ont été
exposés à de faibles doses d'irradiation et de contamination. Les mêmes
anomalies sont apparues. Les auteurs en concluent que c'est bien la
radioactivité qui en est à l'origine.
Cette étude est très controversée et critiquée sur la blogosphère.
D'autres études sur ces mêmes papillons auraient mis en évidence des
effets similaires lors du déplacement des papillons vers des régions au
climat moins chaud.
Jeudi 4 octobre, les études
sur la faune et la flore des zones contaminées de
Fukushima sont nombreuses. Il faut dire que l'on ne connait pas grand
chose sur l'impact de la radioactivité sur les écosystèmes. Les
macaques japonais capturés à Fukushima avaient entre 10 000 et 25 000
Bq/kg de césium dans le corps peu de temps après le déclenchement de la
catastrophe. Puis, leur contamination a baissé 500 - 1 500 Bq/kg en
juin 2011 pour remonter à plus de 2 000 Bq/kg de l'hiver au printemps.
Comme ils sont proches de l'homme, étudier l'impact des radiations est
utile. Il faudrait les suivre pendant une vingtaine d'années.
Quelles espèces choisir ? Quel effet regarder ? Comment savoir si c'est
dû aux radiations ou non ? Les difficultés sont nombreuses pour ce
genre d'études.
La CIPR a désigné 12 espèces prioritaires. Parmi elles, il y a les
grenouilles, truites, abeilles, crabes, vers de terre, pins et les
herbes sauvages.
Lundi 8 octobre (férié au Japon), l'IRSN a mis en ligne une note
relative à la publication relative aux papillons de Fukushima qui ont
muté rapidement et qui a fait beaucoup de bruits dans les médias.
Jeudi 15 novembre, une grande
partie des forêts japonaises est constituée d'arbres qui
restent verts toute l'année, comme des cyprès ou des cèdres. Ils
mettent plusieurs années à renouveler leurs aiguilles et une partie du
césium est encore stockée dans les arbres. Il ne sert à rien d'essayer
de décontaminer les sols forrestiers maintenant, cela va se
recontaminer. De plus, si l'on retire le couvert des sols forrestiers,
on tue la forêt.
Une équipe de l'université de Tsukuba, au Japon, a montré que 6 mois
après les rejets massifs, 60% de la radioactivité est restée piégée
dans les arbres. (Article en accès payant, grrr).
Les arbres à proximité des maisons sont encore irradiants, comme on
peut le voir dans le reportage de la NHK, déjà mentionné.
A long terme, la contamination va s'enfoncer dans le sol où elle sera
partiellement capturée par les racines et va remonter dans les arbres,
comme on peut le voir à Tchernobyl. Les arbres seront moins contaminés
qu'avec des dépôts directs, mais cela va durer longtemps.
Rappelons que les forêts couvrent 70% de la surface de la province de
Fukushima.
Lundi 10 décembre, le ministère de la santé a mis en ligne des résultats de mesure sur
la contamination des animaux sauvages. C'est ici en japonais. Une traduction en anglais est disponible sur un autre site.
Ce sont les sangliers qui sont toujours les plus contaminés, jusqu'à 1
900 Bq/kg. Mais la viande de faisan, d'ours ou de lièvre dépasse aussi
la limite de 100 Bq/kg.
Samedi 26 janvier, une étude sur les vaches
abandonnées dans la zone évacuée a consisté à mesurer la concentration
en césium dans différents organes. Cela permet de comprendre comment le
césium sur distribue dans l'organisme.
Cette étude montre aussi que les foetus et les veaux sont plus
contaminés que la mère. Pour les foetus, la concentration en césium est
20% plus élevée que dans les organes correspondants de la mère (facteur
de 1,19). Les chercheurs ont aussi trouvé des veaux après avant
l'accident et leur mère. Dans ce cas, la concentration en césium est
50% plus élevée chez le veau que dans les organes correspondants de la
mère (facteur 1,51).
Jeudi 7 février, le MEXT a mis en ligne des résultats d'analyse de la radioactivité sur des aiguilles de pin
qui font apparaître une contamination très élevée par endroit. Comme
ses aiguilles ont un cycle de vie de trois ans, elles ne sont pas
encore toutes tombées sur le sol. La 'décontamination' des sols
forrestiers devra être recommencée... Le problème se pose aussi avec
d'autres essences très répandues au Japon comme les cèdres (sugi).
Dimanche 3 mars, selon une étude menée par l'université de Hokkaïdô et l'université de
Tôkyô pour l'agriculture et la technologie, plus les animaux vivant
autour de Fukushima sont haut placés dans la chaîne alimentaire, plus
ils sont contaminés. L'étude mentionne 6 700 Bq de césium 137 dans une
grenouille de Nihonmatsu à 40 km de la centrale, ou 2 843 Bq de césium 137 dans un crabe d'eau douce.
-> Lire notre article sur l'impact de la radioactivité expliqué aux enfants.
Evacuation ou vie dans
les territoires contaminés
|
Le 11 mars 2012, la zone des 20 km autour de la centrale nucléaire de
Fukushima daï-ichi est toujours fermée. Il faut un laisser-passer pour
y entrer ou passer à pied par des petits chemins. Environ 80 000
personnes y habitaient. Depuis la fin de la phase d'urgence en décembre
2011, les autorités souhaitent pouvoir laisser rentrer les populations
dans les zones pas trop contaminées, après avoir réparé ce qui a été
endommagé par le séisme et le tsunami.
D'autres zones ont été évacuées à cause de la forte contamination des
sols. Il y a ainsi une bande vers le Nord-Ouest jusqu'à une
cinquantaine de kilomètres de la centrale. Le critère d'évacuation est
basé sur la seule irradiation externe qui ne doit pas dépasser 20
mSv/an, ce qui correspond à la limite des travailleurs du nucléaire en
France. A cela s'ajoutent des points chauds évacués jusqu'à 80 km.
De nombreuses personnes sont aussi parties par elles-mêmes. Le nombre
total de personnes évacuées est estimé à 150 000 environ.
Pour le retour des populations dans le rayon de 20 km, le nouveau
zonage est :
- les zones où l’exposition externe peut dépasser 50
mSv sur un an : les autorités ne savent pas quand un retour sera
possible ;
- les zones où l’exposition externe peut entraîner
une dose annuelle comprise en 20 et 50 mSv par an : les autorités
comptent sur la décontamination pour permettre aux populations de
rentrer d’ici quelques années ;
- les zones où l’exposition externe entraîne une dose
inférieure à 20 mSv par an : les autorités s’engagent à y effectuer les
travaux nécessaires pour permettre un retour rapide. En effet, les
dégâts du séisme et du tsunami n’ont pas pu être réparés dans cette
zone.
Il y a en tout 260 000 personnes dans des logements provisoires, dont
110 000 dans des préfabriqués.
Les Amis de la Terre du Japon ont mis en ligne un rapport en anglais
présentant les efforts des citoyens japonais pour la reconnaissance
d'un droit à l'exil en cas de vie dans les territoires contaminés par
la catastrophe de Fukushima.
Mars 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 11 mars 2012, selon
les autorités régionales, environ 80% des crèches et écoles maternelles
de la province de Fukushima restreignent les activités des enfants à
l'extérieur à cause des craintes des parents, malgré la décontamination
des sols. Dans 25% des cas, il n'y a eu aucune activité extérieure
depuis un an. Les municipalités multiplient donc les projets de
gymnases et aires de jeu couvertes pour que les enfants puissent avoir
une activité physique.
A Namiki, dans la ville de Koriyama, les enfants n'ont pas joué dehors
depuis un an. L'école les emmène donc au gymnase municipal. La
décontamination qui a eu lieu en octobre n'a pas suffi à rassurer les
parents.
Jeudi 15 mars, le quotidien
Asahi
révèle que la NISA a bloqué l'adoption par le Japon des recommandations
de 2006 de l'AIEA en matière de gestion des accidents nucléaires, sous
le prétexte que les centrales japonaises étaient sûres et qu'il était
inutile d'inquiéter les populations. Avec les nouvelles règles de
l'AIEA, une zone de protection d'urgence d'un rayon de 30 km doit être
définie immédiatement autour de la centrale endommagée. Dans cette
zone, les populations sont soit confinées, soit évacuées. L'AIEA
définit aussi une zone d'évacuation immédiate dans un rayon de 5 km.
Dans les documents en possession du quotidien, la NISA écrit en avril
2006 : "Nous voulons que le débat (sur la révision des lignes
directrices) soit stoppé, car il pourrait causer de la confusion dans
la société et accroître l'anxiété chez les citoyens japonais à propos
de la sûreté nucléaire". La lettre est adressée à la NSC (Nuclear
Safety Commission), en faveur de l'adoption des directives
internationales. Et d'ajouter, qu' "en cas de catastrophe nucléaire, la
gestion du Japon n'a pas de problème particulier et les changements ne
sont pas nécessaires." Et de demander à la NSC de retirer tous ses
changements.
Comme la NSC a d'abord rejeté les arguments de la NISA, qui dépend du
ministère de l'industrie, la NISA s'est fâchée : "Examiner les
directrives de notre pays en matière de gestion des catastrophes ne
devrait pas être liée à la décision officielle de l'AIEA". Et
d'ajouter, qu'"il est imprudent de la part de votre section (section
gestion de la NSC) d'avoir commencé à discuter seule de la révision des
directrives de la gestion des catastrophes. C'est extrêmement
regrettable."
En novembre 2006, la NSC semble convaincue ou vaincue. "Nous serions en
mesure de faire face aux situations d'urgence dans le cadre des
directrives actuelles" et "nous n'avons pas à inclure de mesures
supplémentaires." L'introduction des normes de l'AIEA a finalement été
abandonnée. L'ordre d'évacuation sera tardif le 11 mars 2011, et limité.
Il a fallu la catastrophe de Fukushima pour qu'en juillet 2011, la NSC
commence à réviser ses règles de gestion des accidents nucléaires.
Par ailleurs, deux associations anti-nucléaires veulent porter plainte
contre TEPCo et les autorités pour fautes professionnelles. Elles
comptent aussi invoquer la loi sur la pollution. Une réunion aura lieu
le vendredi 16 mars à Iwaki pour entamer la procédure. Les deux
associations espèrent mobiliser un millier de résidents de Fukushima
dans leur action.
Mercredi 21 mars, les autorités
provinciales de Fukushima reconnaissent qu'elles ont reçu les
prédictions des retombées radioactives calculées par SPEEDI, mais ont
effacé les mails. Un officiel reconnait qu'au début de la catastrophe,
les mails déferlaient et que, peut-être, les mails avec les fichiers
SPEEDI, particulièrement volumineux, ont été supprimés pour sauver le
serveur. Les autorités régionales expliquent qu'elles ont découvert
l'existence de ces données en mai 2011. En fouillant dans les archives,
il manquait les mails avec les données SPEEDI du 11 au 15 mars.
Mardi 27 mars, c'est au tour du
Maïnichi
de compléter les révélations du Asahi (cf 15 mars ci-dessus) à propos
de la non application des recommandations internationales de l'AIEA en
matière de gestion des accidents nucléaires. La Fédération des
Compagnies de Production d'Electricité du Japon (FEPC) a écrit à la
Nuclear Safety Commission (NSC) pour expliquer qu'elle s'opposait
fermement à l'adoption de nouveaux plans de prévention sous le prétexte
que cela pourrait donner l'impression que les centrales nucléaires sont
dangereuses, que les régions autour pourraient être affectées et que
cela allait augmenter inutilement les coûts. La NISA avait utilisé les
mêmes arguments pour s'opposer à ces recommandations. Mais la NSC,
voyant que les autres pays adoptaient les nouvelles mesures revenait à
la charge.
Les lettres de la Fédération des producteurs (FEPC) à la NSC datent du
13 janvier et 3 février 2011, soit juste avant le 11 mars. On peut y
lire à propos de l'établissement d'une zone de prévention d'un rayon de
5 km autour des centrales, que "cela pourrait provoquer une chute du
prix des terrains et faire fuir les touristes". En ce qui concerne
l'extension de la zone d'urgence à un rayon de 8 à 10 km et des la zone
d'actions de protection jusqu'à 30 km, les compagnies ont écrit que
"les autorités locales concernées vont demander des subventions".
Bref, c'étaient les exploitants du nucléaire qui fixaient les règles et
l'autorité de contrôle qui les soutenait. Ce sont les populations qui
ont payé. Et ces mêmes personnes reviennent la bouche en coeur
expliquer qu'après les stress-tests, les centrales sont sûres et que
l'on peut continuer comme avant, ou presque.
Avril - Mai 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 6 avril, la
municipalité d'Utsunomiya, dans la banlieue nord de Tôkyô, située à
quelque 140 km de la centrale accidentée, vient d'inaugurer un nouveau
service aux habitants inquiets : des employés municipaux peuvent se
rendre dans les maisons pour contrôler le débit de dose à la demande
des résidents. Ils contrôlent 3 lieux choisis par la personne qui
sollicite le service et l'informe des résultats. La municipalité espère
ainsi pouvoir contrôler 5 habitations par jour en plus des lieux
publics. Pour le moment,le niveau de 0,23 microsievert par heure, fixé
comme limite ouvrant droit à l'évacuation, n'a pas été dépassé.
Mercredi 11 avril, la police de
Fukushima recrute. Sur ses affiches, on voit un policier habillé en
'shadok' dans une cote blanche. Voir l'affiche
ici.
On voit aussi les cheminées de la centrale de Fukushima daï-ichi dans
le
fond. Le nombre de candidatures a chuté drastiquement : dans la passé,
il y avait environ 10 fois plus de candidatures que de postes. En 2012,
il y en a moins de deux fois plus. Il n'y a pas eu de recrutement en
2011.
Lundi 23 avril, suite à la
catastrophe de Fukushima, les autorités ont élargi le périmètre
d'urgence à 30 km autour de toutes les centrales nucléaires. Mais,
selon le
Maïnichi
qui a enquêté, les autorités locales ont du mal à s'adapter. Seule les
provinces de Saga et Nagasaki ont défini de nouvelles procédures
d'évacuation autour de la centrale de Genkai. Elles comptent sur les
véhicules personnels des populations... et réfléchissent aux
populations qui n'ont pas de voiture. Presque partout, rien n'est prêt
pour les personnes les plus vulnérables comme les pensionnaires de
maisons de retraite ou les personnes hospitalisées.Seule la province de
Fukuoka a des lits pour accueillir ces personnes.
Ces nouvelles zones englobent 4,42 millions d'habitants. Le décompte a
été fait par Kenji Tani, maître de conférence à l'université de
Saïtama. 930 000 personnes vivent à moins de 30 km de la seule centrale
de Tôkaï dans la province d'Ibaraki.
Mercredi 25 avril, une équipe
de l'université du Tôhoku a étudié la dose reçue par 125 personnes
réaparties dans 31 familles vivant dans le Sud de la province de
Miyagi. Ils ont aussi interrogé les familles sur leurs activités
quotidiennes. Ils sont arrivés à la conclusion que la dose principale
est prise à l'intérieur des maisons, et qu'il faut donc commencer par
décontaminer l'intérieur, et non l'extérieur, comme le font les
autorités. C'est plus particulièrement le cas pour les enfants en bas
âges qui rstent longtemps à la maison.
Les mesures faites sur des poussières d'aspirateur par l'ACRO avaient
déjà montré que l'intérieur des maisons peut aussi être très contaminé.
Jeudi 10 mai, le conseil
éducatif de la ville de Fukushima a décidé que les 51 écoles de la
ville auront leurs épreuves sportives à l'extérieur cette année. Les
2/3 d'entre elles les avaient annulées ou effectuées dans des gymnases
l'an dernier. Seules 18 avaient eu des épreuses sportives à l'extérieur.
Cette année, certaines épreuves seront raccourcies pour limiter le
temps à l'extérieur, d'autres, qui pourraient faire toucher la terre
aux enfants, seront annulées.
Samedi 12 mai, le
Yomiuri
fait le point sur l'emploi les personnes évacuées par le tsunami ou la
catastrophe de Fukushima. Les allocations chômage avaient été
exceptionnellement prolongées pour les victimes de ces catastrophes et
elles ont pris fin le 20 avril dernier. Dans les provinces de Miyagi et
d'Iwaté, 4 à 7% d'entre elles n'ont pas retrouvé d'emploi ou n'est pas
en recherche d'emploi. A Fukushima, c'est 20%. Cette différence
s'explique par le fait qu'une partie des réfugiers ne savent toujours
pas s'ils pourront rentrer ou non. Ni combien de temps ils resteront
dans leur logement temporaire. Pour certains d'entre eux, il est
prématuré de chercher un travail qui devra probablement être abandonné.
Et les salaires reçus doivent être déduits des indemnités touchées de
TEPCo.
Lundi 21 mai, le départ
volontaire de nombreux travailleurs sociaux de la province de
Fukushima, par crainte des radiations, rend la vie des personnes
dépendantes beaucoup plus compliquée. 71% des compagnies de Fukushima,
qui assistent ces personnes, déclarent faire face à une pénurie de main
d'oeuvre.
Il en est de même pour le corps médical : le nombre de médecins dans la
province de Fukushima est passé de 2 026, avant le 11 mars 2011 à 1 963
en avril 2012.
105 employés municipaux ont quitté leur emploi à Minami-Sôma, soit 4
fois plus que les autres années. La municipalité n'en a embauché que 33
pendant cette même période et ce n'est pas suffisant pour faire face
aux conséquences des 3 catastrophes.
Lundi 18 mai, selon un
recensement de la NHK, 80% des municipalités de la province de
Fukushima ont l'intention de rouvrir les piscines scolaires situées en
extérieur cette année. Des discussions vont avoir lieu avec les parents
d'élève. A Kôriyama, la décision sera prise après les travaux de
décontamination. Ailleurs, les exercices d'échauffement seront faits à
l'intérieur pour limiter l'exposition des enfants.
Par ailleurs, le ministère de l'environnement veut passer de 50 à 10
Bq/l pour le césium la limite en deçà de laquelle la baignade est
autorisée.
Juin - Août 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 1er juin, le
gouvernement a pris du retard pour délimiter précisément les zones où
les résidents peuvent espérer rentrer chez eux et les zones où il n'est
pas encore pris de décision, car il se heurte aux demandes
d'indemnisation des personnes concernées. La ville de Tomioka a demandé
des indemnisations uniformes pour tous ses résidents avant d'accepter
le zonage effectué par le gouvernement. En effet, même si certaines
personnes ont leur habitation dans une zone "décontaminable", ils ne
savent toujours pas quand ils pourront rentrer chez eux. Il n'y a donc
pas de raison, pour le maire, qu'ils soient traités différemment. Même
chose pour Futaba.
La ville de Minami-Sôma a accepté le zonage gouvernemental pour que le
stravaux de décontamination puissent commencer, mais a demandé que les
questions d'indemnisation soient traitées séparément. Il s'agit de deux
choses différentes, pour la mairie qui réclame aussi une indemnisation
uniforme.
Samedi 9 juin, la commission
d'enquête parlementaire sur l'accident nucléaire a rendu publiques
des statistiques sur l'évacuation, basées sur une enquête auprès de 21
000 personnes avec 10 633 réponses. Le
résumé est ici en anglais.
Seulement 10% des personnes interrogées savaient qu'il y avait un
accident nucléaire en cours quand le gouvernement a déclaré l'état
d'urgence à 19h03 le 11 mars 2011. A Futaba et Nahara, 40% ont appris
la nouvelle via la radio ou par la police.
Les ordres d'évacuation ont été émis le lendemain : à 5h44, dans un
rayon de 10 km et à 18h25, dans un rayon de 20 km. A la fin de cette
journée, 80% des habitants de Futaba, Okuma, Tomioka et Naraha avaient
reçu l'information qu'il fallait évacuer. A Iitaté et Kawamata, situées
hors de la zone d'évacuation d'urgence, mais évacuées beaucoup plus
tard à cause des fortes retombées radioactives, moins de 50% des
personnes intérrogées étaient au courant de la situation. Les
informations ont beaucoup circulé via les téléphones portables.
50% des habitants de Namié ont d'abord été évacués vers une zone
exposée aux retombées radioactives. C'est 30% pour Futaba et plus de
25% pour Tomioka.
70% des habitants de Futaba, Okuma, Tomioka, Naraha, Hirono et Namié
ont dû évacuer au moins 4 fois. Pour 20 à 30%, c'est plus de 6 fois !
Moins de 15% des habitants évacués de Futaba ou Ôkuma avaient fait un
exercice d'évacuation. Plus loin, ce chiffre est beaucoup plus bas.
Le document contient aussi de nombreux témoignages laissés sur les
fiches de l'étude. A lire absolument !
Lundi 18 juin, l'
Asahi
révèle que les Etats-Unis ont fait une carte de la contamination assez
précise dans un rayon de 45 km lors de 40 heures de survol entre le 17
et le 19 mars 2011. Ces données ont été transmises aux autorités
japonaises qui n'en ont rien fait. La carte montre clairement une
contamination vers le NO qui dépasse largement la zone d'évacuation. De
nombreuses personnes ont été évcuaées vers ces zones. Il y avait
jusqu'à 125 microsieverts par heure (1 mSv en 8 heures!).
Selon le ministère des affaires étrangères japonais, les Etats-Unis
auraient transmis deux fois ces données par mail (les 18 et 20 mars).
Le minsitère les auraient fait suivre à la NISA (autorité de sûreté) et
le MEXT (ministère des sciences et technologies). La NISA n'aurait
informé, ni le premier ministre, ni la Nuclear Safety Commission (NSC),
ni le public.
Les Etats-Unis ont publié ces données le 23 mars.
Peu de temps après la publication du quotidien Asahi, la NISA a
convoqué une conférence de presse où elle a reconnu son erreur et s'est
lancée dans des explications sur la situation exceptionnelle dans
laquelle était le pays. Tetsuya Yamamoto, le directeur adjoint, a dit
que les Etats-Unis avaient transmis des cartes à 3 occasions durant la
première semaine. Quant au ministère des sciences et technologies, un
haut fonctionnaire a expliqué qu'ils avaient supposé que la NISA aurait
publié et utilisé ces cartes, si elle les avait jugées pertinentes. Et
quand la presse lui a demandé s'ils avaient seulement contrôlé que la
NISA avait bien reçu ces cartes, il a dû admettre que non.
Jeudi 28 juin, la province de
Fukushima a encore perdu 9 779 habitants entre mars et
mai 2012, ce qui signifie que les gens continuent à fuir, plus d'un an
après la catastrophe. Dans la province voisine de Miyagi, le nombre
d'habitants a augmenté de 1 249 pendant la même période. Tôkyô et sa
banlieue perdent aussi des habitants au profit de l'Ouest du pays.
Vendredi 29 juin, 30 des 31
municipalités de Fukushima qui avaient supprimé les activités
nautiques dans les piscines scolaires en plein air l'an dernier, vont
les reprendre cette année.
Samedi
30 juin, selon des statistiques du ministère de l'éducation, 18
347
enfants de Fukuhima ont changé d'école depuis mars 2011. Parmi eux, 6
031 sont restés dans la province alors que les 12 316 autres l'ont
quitté. Ils représentent 72% des 25 516 enfants qui ont changé d'école
suite aux 3 catastrophes du 11 mars 2011 (séisme, tsunami et accident
nucléaire).
Jeudi 5 juillet, selon le
rapport de la commission
d'enquête parlementaire
sur l'accident de Fukushima, l'information qu'il y avait un problème à
la centrale de Fukushima a mis du temps à atteindre les populations.
Une enquête auprès de 10 000 évacués a révélé qu'à 22h le 11 mars,
seulement 15% des habitants d'Ôkuma et de Futaba savaient qu'il y avait
des problèmes à la centrale nucléaire. Pourtant, à 21h23, le premier
ministre avait ordonné l'évacuation dans un rayon de 3 km et le
confinement dans un rayon de 10 km.
Plus de 80% des des habitants des 12 municipalités situées dans un
rayon de 20 km, ne savaient pas non plus. Dans certaines municipalités,
il faudra attendre 10h le 13 mars, soient 2 jours, pour que la moitié
de la population soit prévenue.
L'ordre d'évacuation a été étendu à 10 km le 12 mars à 5h44. A 6h le
même jour, seulement 36% des habitants d'Ôkuma et 29% de Futaba
savaient qu'il y avait un accident nucléaire.
Il a été étendu à 20 km à 18h25. A 19h, un tiers des habitants de
Minami-Sôma ne savaient rien et 60% de ceux d'Iitaté.
Comme nous l'avons déjà dit, plus de 60% des habitants des
municipalités les plus proches (Namié, Futaba, Ôkuma, Naraha, Tomioka
et Hirono) ont dû évacuer plus de 4 fois. Plus de 20% plus de 6 fois.
Un tiers des habitants de Namié ont dû changer de place plus de 6 fois.
Jeudi 12 juillet, les
autorités régionales de Fukushima ont mis la radioactivité au
programme de toutes les écoles et tous les niveaux. Mais comme de
nombreux parents s'y opposent, peu d'école appliquent la consigne. Les
enseignants eux-mêmes sont mal à l'aise face au sujet.
Mardi 17 juillet, Mediapart a
mis en ligne deux portfolio de photos prises dans la zone interdite :
sur
Naoto Matsumura, le dernier habitant de Tamioka
qui refuse de partir et sur un
supermarché abandonné.
Dimanche 23 juillet, vidéo émouvante
d'un réalisateur américain dans une crèche de Minami-Sôma, à 30 km de
la centrale. Elle est en japonais, sous-titrée en français. C'est le
5ième épisode de cette série. Il a mis d'autres films en ligne.
Lundi 23 juillet, revenons sur
l'évacuation tragique de l'hôpital de Futaba et l'hôpice
adjacent, situés dans la ville d'Ôkuma à 4,6 km au Sud-Ouest de la
centrale
accidentée, qui a fait une cinquantaine de morts. La
commission d'enquête
mise en place par le gouvernement a essayer de comprendre ce qui s'est
passé. Il y avait 340 patients à l'hôpital le 11 mars 2011. Le 12 mars,
209 patients et le personnel, à l'exception du directeur, ont été
évacués à l'aide de bus envoyés par la municipalité d'Ôkuma. Le
directeur a donc appelé l'armée et la police pour qu'ils viennent
chercher les 130 patients restants. Il a expliqué avoir demandé à tout
le personnel de partir car il pensait que les secours arriveraient
rapidement chercher les personnes restantes. Ils sont arrivés deux
jours plus tard. Mais 4 patients étaient déjà décédés et un
disparu avant l'arrivée des secours supplémentaires, le 14 mars. Le 14
mars matin, l'armée en a évacué 34, ainsi que 98 pensionnaires de
l'hospice.
Les derniers patients ont été évacués entre le 15 mars à 9h et le 16
mars à 12h30, 5 jours après le séisme et tsunami. 19 personnes en tout
sont décédés à l'hôpital durant les 5 joursnécessaires à l'évacuation.
Une partie des patients a été évacuée au lycée Koyo d'Iwaki, après un
parcours de 230 km qui a duré 5 heures pour finir à moins de 50 km du
lieu de départ. A l'arrivée, il n'y avait aucune structure médicale
d'accueil. Selon l'hôpital de Futaba, 40 patients sont décédés dans le
mois qui a suivi, ainsi que 10 pensionnaires de l'hospice.
Se basant sur des informations de l'armée, les autorités régionales ont
annoncé le 17 mars à 16h que les derniers patients ont été sauvés entre
le 14 et 16 mars et qu'il n'y avait aucun personnel médical présent. Le
directeur a été accusé pour cela. Mais il avait été évacués
temporairement par la police en un lieu plus sûr situé à Kawauchi, il
est retourné à l'hôpital. L'annonce des autorités régionales n'est pas
corrcte d'après le rapport.
Au moins un autre hôpital de la zone des 20 km a réussi à évacuer tous
ses patients dès le 12 mars.
Dimanche 26 août, selon les
autorités municipales de Fukushima, environ 1 enfant sur 20
refuse de nager dans la piscince scolaire qui est à l'extérieur durant
les cours de sport.
Septembre - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 7 septembre, le
Conseil Central de Gestion des Catastrophes a proposé de revoir
complètement les procédures de préparation et de gestion des accidents
nucléaires. Le nouveau plan prend en compte une nouvelle situation
aussi complexe que celle du 11 mars 2011 avec 3 désastres simultanés.
Le Conseil n'a aucun pourvoir pour imposer ces nouvelles règles, mais
elles devraient servir à la nouvelle autorité de sûreté nucléaire. Les
autorités locales devront se préparer à évacuer toute la population
dans un rayon de 30 km, contre 8 à 10 km actuellement. Cela nécessite
en particulier de revoir entièrement les plans d'évacuation et d'avoir
assez véhicules pour transporter tout le monde. Des accords
d'entre-aide entre autorités locales sont à prévoir. Pour Ibaraki, où
il y a la centrale de Tôkaï, cela signifie se préparer à évacuer 940
000 personnes réparties dans 14 communes. La capitale de la province,
Mito, est à 20 km de la centrale. Ce qui signifie que le siège des
autorités régionales devra être évacué. Les 7 000 bus actuellement
disponibles ne peuvent transporter que 240 000 personnes par voyage.
Il y a 360 000 personnes qui habitent dans un rayon de 30 km autour de
la centrale de Shimané, mais la province éponyme ne peut héberger que
160 000 personnes en cas d'urgence. Les autorités ont donc dû
solliciter l'aide des provinces voisines de Tottori, Hiroshima et
Okayama.
Les exploitants doivent avoir des équipes et une base logistique qui
peuvent intervenir même en cas de forts rejets radioactifs. Ils devront
aussi investir dans des engeins de chantier manipulables à distance.
Les nouvelles procédures mentionnent explicitement, pour la première
fois, que les données sur les retombées radioactives doivent être
rendues publiques. En particulier les prédictions du logiciel SPEEDI.
En cas d'accident nucléaire, tous les habitants dans un rayon de 5 km
devront évacuer immédiatement, sans attendre les prédictions sur les
retombées radioactives.
Le Conseil s'est aussi intéressé aux relations et à la coordination
entre les exploitants, les autorités de sûreté et le pouvoir politique.
Dès le début de la catastrophe, le chef de l'autorité de sûreté doit se
rendre au cabinet du premier ministre pour participer à la cellule de
crise. Les exploitants doivent aussi avoir un centre de crise à chaque
centrale et à leur siège et y permettre l'accès sans restriction aux
autorités.
Les exploitants doivent aussi faire des exercices de crise réguliers et
rapporter les résultats aux autorités en soulignant les problèmes.
Ce document devrait être regardé de près par les autorités de tous les
pays nucléarisés.
Mardi 11 septembre, 75 000
personnes sont parties des régions sinistrées, selon une
recensement de la télévision NHK. C'est la province de Fukushima qui a
perdu le plus de monde. Les villes des Kôriyama, Iwaki et Fukushima ont
perdu respectivement 10 000, 8 000, et 6 500 personnes qui seraient
parties par crainte des radiations. Le nombre d'habitants à Morioka ou
Sendaï, situées beaucoup plus loin, est en augmentation.
Lundi 17 septembre, un groupe de personnes issues de
l'industrie forrestière et
de la construction du district d'Aïzu veut rénover des veilles maisons
en bois de la ville de Mishima dans la province de Fukushima pour les
vendre ou les louer à des réfugiés. Cela coûte moins cher que de
construire du neuf et cela permettrait de repeupler la ville située
dans les montagnes. Il y a plus de 100 maisons vacantes. La plus
ancienne a 150 ans. Le
groupe veut garder autant que possible l'atmosphère originale de la
maison, mais moderniser la cuisine et les toilettes et aussi installer
un chauffage au bois pour limiter la consommation de fioul ou
d'électricité.
Jeudi 20 septembre, selon un sondage effectué par la
municipalité, 34% des habitants de la ville de Fukushima souhaitent
partir.
Jeudi 27 septembre, la population de Fukushima continue de
diminuer : selon le ministère
de l'intérieur, 11 552 sont parties cette année entre mars et août.
25 352 personnes sont parties à la même époque l'année précédente. A
titre
de comparaison, la province d'Iwaté, fortement touchée par le
tsunami, a perdu 2 875 durant ces mêmes six mois, un peu moins que les
3 761 de l'année précédente. En revanche, Miyagi, aussi fortement
touchée par le tsunami, voit sa population augmenter.
Samedi 29 septembre, une école de Minami-Sôma, située à 25 km
de la centrale, a tenu son
premier évènement sportif depuis la tragédie. Comme le débit de dose de
la cour est de 0,2 microsieverts par heure, même après la
"décontamination", la récréaction est limitée à une demi-heure par
jour. Les parents ont accepté de faire une exception pour cet
évènement. La vie est loin d'être redevenue normale.
La pénurie d'infirmières et de
personnel soignant dans les maisons de
retraite commence à être très problématique dans la province de
Fukushima. Ces personnes partent d'elles-mêmes pour échapper à la
contamination radioactive. Et le nombre de personnes qui nécessitent
des soins augmente à cause des conditions d'hébergement temporaire qui
sont difficiles.
Depuis le
Lundi 1er octobre,
les soins sont gratuits pour les enfants dans
la province de Fukushima. Cette politique a pour but d'enrayer l'exode
des populations.
Mercredi 3 octobre, selon
l'association des infirmières et infirmiers de Fukushima, le
recrutement est devenu très difficile. En février 2011, avant la
catastrophe, pour 366 postes à pourvoir, il y avait 216 candidatures,
ce qui fait un rapport de 1,69. Fin août 2012, pour 768 postes à
pourvoir, il y a 174 candidatures, ce qui fait un ratio de 4,41. Depuis
l'accident, le nombre de candidats est plus ou moins stable, autour de
160-170, mais le nombre de postes ne fait qu'augmenter. Les infirmières
avec enfant sont parties.
Selon les autorités régionales, le personnel médical dans les hôpitaux
et cliniques de la province était de 14 556 personnes le 1er mars 2012.
Il était de 14 089 au 1er mars 2012 alors que la demande a fortement
augmenté suite aux 3 catastrophes et aux mauvaises conditions de vie.
Le logement est aussi un problème : il est quasiment impossible de
trouver à se loger à Iwaki. Il y a près de 200 demandes par
appartement. Certaines infirmières qui étaient prêtes à revenir ont dû
y renoncer.
Miyagi et Iwaté qui ont aussi été très touchés par le tsunami font
aussi face à une pénurie de personnel médical, mais la situation est
beaucoup plus tendue à Fukushima.
Dimanche 7 octobre, ils sont trois, un couple d'une soixantaine
d'années et leur fils de
36 ans. Ce sont les seuls à avoir refusé de partir de Kawauchi quand il
a été ordonné d'évacuer. Impossible pour eux d'abandonner leur
trentaine de vaches laitières. Ils ont donc continué à traire tous les
jours pour jeter le lait.
Maintenant, l'alimentation des vaches est importée des Etats-Unis, qui
est montée à six fois le prix habituel, et depuis juin dernier, le lait
est à nouveau vendu à la coopérative laitière car il n'est plus
contaminé. Le lait, de bonne qualité, est même vendu à un prix plus
élevé qu'avant le 11 mars 2011.
Le prochain chantier est la décontamination des pâtures. Pas question
d'attendre. Ils ont donc retourné eux-mêmes la terre sur une trentaine
de centimètres, ce qui a fait remonter des cailloux qu'il faut
maintenant enlever.
La famille a compris qu'elle ne devait pas trop compter sur les autres
et qu'il leur fallait prendre leur destin en main. Ils ont refusé toute
interview jusqu'à maintenant, à cause des autres éleveurs qui ont tout
perdu. Ils ne voulaient pas aggraver leur tristesse. Maintenant, ils
ont accepté de parler au
Maïnichi qui ne donne aucune indication sur les
doses qu'ils ont dû prendre pour sauver leur cheptel.
Mercredi 17 octobre, la
Fédération internationale des Sociétés de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge mentionne la crise de Fukushima
dans son
Rapport sur les catastrophes dans le monde 2012 -
Migration forcée. (
Le rapport complet n'est disponible qu'en anglais).
Jeudi 18 octobre, les autorités japonaises avaient refusé
d'évacuer les quartiers
particulièrement contaminés de la ville de Fukushima, comme Watari et
Ônami. Les doses élevées détectées allaient diminuer avec la
décontamination... Le 18 octobre 2011, il y a tout juste un an, la
municipalité avait lancé un grand chantier de décontamination d'Ônami.
Un an plus tard, la situation ne s'est guère améliorée : les débits de
dose dépassent toujours 0,23 microsievert par heure, ce qui est
équivalent à 1 millisievert par an. Il y a 0,47 microsievert par heure
devant l'antenne de la mairie à Ônami. La municipalité a donc demandé
au gouvernement d'effectuer une deuxième décontamination, en vain. La
population commence à s'impatienter.
Une habitante mesure le débit de dose devant chez elle tous les soirs
et il augmente : 238 microsiverts par
mois
en juin dernier, 246 en
juillet et 251 en août. Il y avait 226 après la "décontamination".
Mardi 27 novembre, effets
colatéraux de la fermeture de la zone des 20 km autour de la
centrale nucléaire de Fukushima : la route nationale côtière est fermée
entre Tomioka et Namié. Cela a provoqué une augmentation du traffic sur
les nationales qui passent plus au centre du pays et les routes
secondaires qui sont toutes étroites par endroit à cause des montagnes.
Les riverains n'en peuvent plus et sont inquiets pour la sécurité
routière. Les autoroutes ont été gratuites pendant un temps dans la
région, mais ce n'est plus le cas et de nombreux poids-lourds
encombrent ces routes.
Mercredi 26 décembre, le nouveau gouvernement conservateur a été dévoilé. Le ministre en charge de l'environnement et de la catastrophe est Nobuteru Ishihara,
le fils aîné de l'ancien gouverneur de Tôkyô, très conservateur et
nationaliste. Au début de la catastrophe, il voulait interdire
l'utilisation des compteurs Geiger par les citoyens sous prétexte
qu'ils n'étaient pas fiables. Il parle d'"hystérie de masse" à propos
des manifestations anti-nucléaire... Bref, une très mauvaise nouvelle
pour les populations qui continuent au quotidien de souffrir des
conséquences de la catastrophe nucléaire.
Vendredi 28 décembre, la NRA a adopté de nouvelles règles pour déclencher une évacuation en cas d'accident :
- au-delà de 5 km, les habitants devront évacuer rapidement si le débit
de dose dépasse 500 microsieverts par heure. C'est la moitié de la
valeur recommandée par l'AIEA.
- des restrictions sur la nourriture doivent être imposées dès que le
débit de dose dépasse 0,5 microsievert par heure. Là encore, c'est la
moitié de la valeur recommandée par l'AIEA.
- une évacuation temporaire sera demandée dans les zones où le débit de
dose dépasse 20 microsieverts par heure. L'AIEA recommande 100
microsieverts par heure.
- dans le rayon de 5 km, les habitants devront se préparer à évacuer
s'il y a une panne de courant de plus de 5 minutes ou si le
refroidissement ne peut plus être contrôlé depuis la salle de contrôle.
Lundi 7 janvier, selon un article
paru dans Playboy (ce type de magazine est parfois à l'origine de
scoops au Japon), les autorités japonaises n'auraient pas utilisé les
données de mesure de l'armée américaine au tout début de la catastrophe
car elles n'auraient pas reconnu le format dans lequel elles étaient
transmises. Il s'agissait du format GIS (Geographic Information System)
qui permet de localiser les données et leur évolution temporelle sur
une carte. Cela rend la lecture rapide et immédiate quand on a le
logiciel ad-hoc. Ces données auraient pourtant aidé à mieux protéger
les populations.
Mercredi 9 janvier, le gouvernement devrait allouer 12 milliards de yens (100 millions
d'euros) supplémentaires pour renforcer les hôpitaux, hospices et
écoles dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires. Des
dosimètres y seront aussi installés. Les portes et les fenêtres devront
être étanches, et la ventilation dotée de filtres. Suivant les
nouvelles règles de sûreté en préparation, les habitants dans un rayon
de 5 km doivent être évacués, mais pour les personnes fragiles qui ne
peuvent se déplacer par elles-mêmes, un confinement temporaire dans un
bâtiment renforcé est envisagé.
L'évacuation d'urgence de patients alités avaient entraîné de nombreux décès en mars 2011.
Dimanche 13 janvier, la NRA a prévu d'évacuer tous les habitants dans un rayon de 5 km en
cas de problème dans une centrale nucléaire. Mais cela n'est pas
forcément faisable. Il est donc prévu de renforcer le confinement pour
les personnes qui ne peuvent pas déplacer seules (école, hôpitaux,
hospices...). Pour certains sites, où la centrale est sur une péninsule
étroite, ce n'est pas suffisant. Evacuer peut signifier s'approcher de
la centrale avant de fuir pour certaines personnes. C'est le cas, en
particulier à Ôï, la seule centrale en fonctionnement (voir la carte).
5 provinces sont concernées (Miyagi, Shizuoka, Fukui, Ehimé et Saga).
La NRA va donc aussi reforcer les mesures de confinement de gymnases
qui pourraient être transformés en centre d'accueil. 50 lieux d'accueil
sont prévus.
Lundi 28 janvier, un habitant de Fukushima a conçu un dosimètre qui parle pour les
aveugles. Il en a déjà vendu 350 depuis janvier 2012. Le prix est passé
de 50 000 yens (420 euros) à 38 000 yens (310 euros) ce mois-ci.
La population de la province de Fukushima continue de baisser : il y
a eu 13 843 départs de plus que d'arrivées en 2012. C'était 17 000 en
2011. En revanche, le nombre d'habitants de la province voisine de
Miyagi, fortement touchée par le tsunami, est en hausse : plus 6 069
habitants en 2012 alors que c'était moins 6 402 en 2011. Alors qu'à
Iwaté, aussi touchée par le tsunami, la population a aussi baissée de 2
385 personnes en 2012, contre plus de 3 000 en 2011, l'augmentation de
Miyagi est expliquée l'arrivée de réfugiés de Fukushima.
Le quotidien Asahi reprend une série "dans le piège de Prométhée"
consacrée, cette fois-ci à l'attitude des Etats-Unis durant les
premiers jours de la crise. Les autorités américaines n'étaient pas
satisfaites de la façon dont le gouvernement japonais laissait TEPCo
gérer seule la crise.
Une de leurs inquiétudes concernait la piscine du réacteur n°4, la plus
chargée. Le 15 mars 2011, de la radioactivité anormale a été détectée à
la base navale américaine de Yokosuka (Kanagawa), située au Sud de
Tôkyô et Yokohama, à 300 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les
femmes et les enfants sur la base ont dû évacuer. A suivre...
Mercredi 30 janvier, l'Asahi
continue son nouveau feuilleton 'dans le piège de Prométhée' pour
montrer la grande différence d'appréciation de la situation à la
centrale entre les autorités américaines et japonaises. Le 16 mars,
alors que TEPCo voulait abandonner la centrale, s'est tenue une
visio-conférence entre le département d'Etat, la défense, l'autorité de
sûreté américaine et l'ambassade à Tôkyô à propos de la sécurité des
citoyens et soldats américains au Japon. L'inquiétude principale était
la piscine du réacteur n°4 qui aurait pu contaminer massivement une
vaste zone allant jusqu'à Tôkyô. Il fallait donc se préparer à évacuer
un grand nombre de citoyens américains tant que c'était encore possible.
Vendredi 1er février, l'Asahi
continue son feuilleton sur la position américaine au début de la
catastrophe. Avec les bases militaires, il y a environ 90 000 citoyens
américains qui vivent à Tôkyô et ses environs. Les évacuer tous
signifierait une situation sans l'armée US au Japon, avec des
conséquences géopolitiques fortes. Mais, si la situation s'aggravait
soudainement, comme les autorités américaines le craignaient, il ne
serait pas possible d'évacuer rapidement tant de monde.
Une simulation numérique effectuée le 16 mars a montré que Tôkyô serait
relativement épargnée, même avec des rejets massifs. Il a donc été
décidé de demander aux citoyens américains d'évacuer dans un rayon de
80 km autour de la centrale, contre 20 km pour les autorités japonaises
et de permettre aux familles des fonctionnaires américains en poste au
Japon de quitter le pays.
Vendredi 8 février, 350 personnes, qui ont dû évacuer suite à la catastrophe nucléaire,
vont porter plainte contre TEPCo et le gouvernement le 11 mars
prochain, jour du deuxième anniversaire du déclenchement.
Jeudi 14 février, un homme de 49 qui s'était réfugié seul à Tôkyô après la catastrophe
de Fukushima a été retrouvé mort dans son appartement, un mois après
son décès. C'était un évacué volontaire de Kôriyama. Officiellement, il
y a 316 353 évacués au 17 janvier 2013. La moitié environ sont partis à
cause de la radioactivité.
Les autorités se font du soucis pour le risque d'isolement auquel font face certains d'entre eux.
Dimanche 17 février, le ministère de l'environnement a rendu publiques des statistiques
sur la 'décontamination' des habitations et des écoles en dehors de la
province de Fukushima. Sept provinces sont concernées : Iwaté, Miyagi,
Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama et Chiba et 58 municipalités (de la
taille d'une communauté d'agglo en France). Fin décembre 2012, 85% des
écoles et crèches ont été 'décontaminées', mais seulement 23% des 103
000 habitations. Ce dernier chiffre n'a quasiment pas évolué depuis
août 2012 à cause du nombre croissant d'habitations concernées et de
l'opposition des propriétaires.
Lundi 4 mars, les autorités taxent les indemnitées reçues par les personnes forcées
à évacuer comme si c'était des salaires. Pour les agriculteurs ou
d'autres professions, cela change tout : les frais étaient déduits des
produits de la vente et les impôts faibles si les bénéfices étaient
faibles. Les indemnités, qui compensent les invendus, sont considérées
comme des salaires et entièrement taxés, sans prendre en compte les
dépenses de ceux qui ont continué à cultiver par exemple. Et les impôts
ont augmenté drastiquement, ce qui provoque de la colère. C'est la même
chose dans le tourisme, par exemple.
Vendredi 8 mars, selon une étude 41% des 125 policiers engagés dans l'évacuation des
habitants vivant à proximité de la centrale accidentée ont envisagé
d'abandonner leur travail par crainte des radiations ou pour protéger
les leurs. 68% ont eu peur de mourir. Mais aucun n'a abandonné et ils
ont tous rempli leur mission. 91% mentionnent la solidarité avec les
collègues pour justifier leur choix et 85% parlent de sens des
responsabilités ou de fierté.
Samedi 9 mars, l'Asahi consacre un nouveau feuilleton de son excellente série, "dans
le piège de Prométhée", à l'exode des habitants de Futaba et au rôle de
son maire. Le feuilleton complet est en ligne ici en anglais.
Le village a subit les trois désastres : séisme, tsunami et nucléaire.
Quand l'ordre d'évacuer a été annoncé à la télévision, le maire a dû
chercher un lieu d'accueil. Il a appelé le maire de Kawamata qui a
accepté d'accueillir les 7 000 habitants de Futaba, même si cela
représentait la moitié de la population de sa propre commune. Sur
place, ils ont bénéficié du dévouement de la population locale. Mais,
même située à 45 km de la centrale, la ville de Kawamata a aussi été
fortement exposée aux retombées radioactives.
Le 18 mars, il y avait 2 000 réfugiés de Futaba à Kawamata quand le
maire a décidé de repartir plus loin, dans la province de Saïtama, à
côté de Tôkyô, après avoir envisagé d'aller à Kashiwazaki, dans la
province de Niigata où il y a l'autre centrale nucléaire de TEPCo. Tous
n'ont pas accepté de partir si loin, dans le Saitama Super Arena qui
pouvait accueillir tout le monde en un seul lieu.
40 bus envoyés par les autorités de Saïtama et des véhicules privés ont
emmené 1 200 personnes vers le nouveau refuge. Comment prévenir les
autres habitants de Futaba qui avaient trouvé refuge ailleurs qu'à
Kawamata ?
Futaba est la seule municipalité à avoir déménagé toute son
administration et une partie de sa population en dehors de la province
de Fukushima. Mais, comme il n'était pas possible de rester dans le
stade de Saïtama, un troisième refuge a été trouvé, fin mars, 30 km
plus loin, dans un lycée désaffecté de Kazo qui a hébergé jusqu'à 1 300
personnes. Les conditions y étaient plus confortables.
Mais comment gérer les habitants de Futaba qui sont restés à Fukushima
depuis Saïtama ? De nombreuses voix se sont levées pour réclamer un
retour à Fukushima. Fin juin 2011, le nombre de réfugiés dans le lycée
était de 950 personnes. Certains avaient trouvé à se reloger, d'autres
étaient rentrés à Fukushima. A cette même époque, ils étaient 2 900
habitants de Futaba à s'être réfugiés en différents lieux de Fukushima.
Il y avait une opposition entre certains conseillers municipaux qui
voulaient aller s'établir à Fukushima et le maire qui voulait rester à
Kazo en attendant que la situation à la centrale se stabilise. Au
contraire, le maire a même appelé ses autres administrés à le rejoindre
dans la banlieue de Tôkyô car les niveaux de radiation sont trop élevés
à Fukushima. Cette remarque lui a valu de nombreuses critiques. Issu du
"village nucléaire", ayant bénéficié, en tant qu'entrepreneur, puis en
tant que municipalité du nucléaire, il a changé d'avis et n'a pas
accepté la limite d'évacuation fixée par le gouvernement japonais à 20
mSv/an. Mais pour d'autres réfugiés, Futaba a bénéficié d'un traitement
de faveur à Saïtama car la ville héberge la centrale de Fukushima
daï-ichi et le maire a été un fervent défenseur de l'industrie
nucléaire. Il s'est aussi fermement opposé à l'installation dans sa
commune d'un centre d'entreposage des déchets radioactifs issus de la
"décontamination".
La décision sera finalement prise, en octobre 2012, de déplacer les services municipaux à Iwaki dans la province de Fukushima.
Le maire a démissionné suite à une motion de défiance votée par le
conseil municipal. Des élections ont eu lieu le 3 février dernier et le
nouveau maire sera désigné le 10 mars 2013. Il y a toujours 140
réfugiés dans le lycée désaffecté de Kazo.
-> Des photos de la zone d'exclusion sont disponibles ici.
"Décontamination" et déchets radioactifs
|
Décontamination et retour des habitants
Les autorités japonaises pensent pouvoir décontaminer de larges
portions du territoire. Le gouvernement va prendre en charge la
décontamination dans la zone d'exclusion en commençant par les zones où
l’exposition externe peut conduire à une dose annuelle comprise entre
10 et 20 millisieverts par an avec comme objectif de passer sous la
barre des 10 mSv/an. Pour les lieux accueillant des enfants, c’est la
valeur de référence de 5 mSv/an qui est visée.
Pour toutes les autres zones où la contamination des sols peut
entraîner une dose annuelle supérieure à 1 mSv et qui n’ont pas été
évacuées, le ministère de l’environnement a publié une ordonnance
le 14 décembre 2011 pour les décontaminer. Il revient aux municipalités
de proposer un plan et le gouvernement financera. Plus de 100
municipalités sont concernées. Le gouvernement s’est aussi engagé à
prendre à sa charge tous les déchets radioactifs issus de ces
opérations qui présentent une contamination en césium supérieure à 8
000 Bq/kg.
Les premières expériences ne permettent pas d'être optimiste. Ce sont
trois grosses compagnies de BTP qui ont emporté les premiers marchés de
décontamination alors qu’elles n’ont aucune compétence particulière.
Dans les faits, l'essentiel du travail est effectué par des
sous-traitants qui embauchent des journaliers. Les habitants d'Iitaté
ont commencé à décontaminer par eux-mêmes avec l'aide d'universitaires.
Leur conclusion est qu'il faut commencer par décontaminer les forêts et
montagnes avoisinantes, autrement il faut tout recommencer
régulièrement.
Mars 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 11 mars 2012, la
municipalité d'Iitaté, l'un des 100 plus beaux villages du Japon, connu
pour son unité et sa nature verdoyante, a son plan de décontamination :
d'ici deux ans, les habitations de personnes qui veulent rentrer seront
décontaminées. Pour les terrains agricoles, il faut attendre 5 ans et
les forêts 20 ans. Le coût est estimé à 320 milliards de yens (3,2
milliards d'euros). Alors que certains habitants souhaitent à tout prix
rentrer, d'autres commencent à douter. La décontamination de 50 maisons
coûte 600 millions de yens (6 millions d'euros). Un non-sens pour
certains, alors que l'on n'est même pas sûr que cela marche. Mais le
maire pense que cela vaut le coût d'essayer. Iitaté avait 6 000
habitants.
Koji Itonaga, professeur à Nihon University pense que tout le village
devrait plutôt se réinstaller ailleurs pour garder les liens qui
l'unissent. Les critères actuels de décontamination vont
entraîner un zonage du village avec des résidents qui pourront rentrer
et d'autres non. Cela ne ferait que diviser encore plus les habitants.
Les habitants en faveur de la relocalisation du village ont créé une
association pour rechercher un nouveau lieu : "Shintenchi o
Motomeru-kai". La mairie a interdit les activités de cette association
dans les locaux municipaux sans avoir interrogé les habitants sur ce
dilemme. Le groupe a pourtant collecté 200 signatures.
Vendredi 16 mars, les autorités
locales rédigent à la va vite des plans de décontamination sans la
moindre concertation avec les habitants. Cela conduit à des
aberrations. Par exemple, les directives du ministère de
l'environnement ne prennent pas en compte la contamination à
l'intérieur des maisons. Les mesures sur les poussières d'aspirateur
faites par l'ACRO ont montré que cela pouvait être très contaminé. A
proximité des prises d'air, les valeurs peuvent être encore plus
fortes. Décontaminer l'intérieur peut être excessivement complexe et ne
peut que faire augmenter les prix déjà très élevés.
Pour les jardins, la décontamination est inutile si l'on ne décontamine
pas les alentours, qui peuvent être de la forêt. Les habitants ne
veulent pas couper les arbres tant que les procédures d'indemnisation
pour les arbres ne sont pas fixées.
Par ailleurs, la ville d'Okuma, entièrement située dans la zone des 20
km et fortement contaminée, envisage de créer une ville nouvelle
"temporaire" ailleurs. La grande majorité du territoire de la commune a
une contamination qui induit une exposition externe annuelle supérieure
à 50 mSv/an et est donc classée comme zone où le retour est
"difficile". Une réunion a eu lieu à Aizuwakamatsu où sont installés 3
000 habitants d'Okuma et la mairie. L'idée est de regrouper les 11 100
habitants autour d'une mairie, d'écoles et d'habitations d'ici 2016.
Les autorités municipales vont consulter les administrés et rédiger une
feuille de route d'ici avril afin de pouvoir commencer les travaux
d'infrastructure en 2014. La mairie espère aussi décontaminer
entièrement la ville d'ici 10 ans.
La ville de Namié, avec 21 000 personnes évacuées, prévoit aussi de
rassembler ses résidents autour d'infrastructures temporaires. Une
proposition en ce sens a été rendue publique le 14 mars. Le lieu
d'implantation n'est pas encore fixé.
La ville de Tomioka a aussi eu une réunion à ce propos ce jour. Une
partie seulement de la ville est classée comme zone où le retour est
difficile. La municipalité espère le retour de tous ses 15 000
habitants d'ici 2020.
Quant à la ville de Naraha, elle espère un retour plus rapide car
l'exposition externe y est inférieure à 20 mSv/an. Le retour d'une
partie de ses 7 700 habitants devrait être possible un an après la
levée de l'ordre d'évacuation. Le retour devrait être complet pour
2014, sauf pour les familles avec de jeunes enfants. L'école devrait
être installée à Iwaki jusqu'en 2015 environ.
Lundi 19 mars, la municipalité
de Futaba, installée provisoirement à Kazo, dans la province de Saïtama
(banlieue de Tôkyô), vient de décider de retourner dans le Nord Est
pour se rapprocher de ses administrés, car l'évacuation va durer
longtemps. Un nouveau lieu d'accueil va être recherché.
Mardi 20 mars, le maire de
Minami-Sôma et Masayoshi Son, le PDG de Softbank, ont le projet de
couvrir les territoires les plus contaminés de panneaux solaires. La
ville a 854 hectares où il n'y a quasiment aucun espoir d'y rétablir
l'agriculture. De nombreux habitants pensent qu'ils ne retourneront
jamais et cherchent un autre lieu de vie.
Vendredi 23 mars, pour
Nobuyoshi Itô, l'un des 13 habitants d'Iitaté à avoir refusé d'évacuer,
le gouvernement a tout faux : "D'abord, ils s'y prennent à l'envers -
d'abord les maisons, puis les fermes et enfin la forêt. Ce devrait être
dans l'autre sens. Ensuite, ils ne ramèneront jamais le niveau sous 1
mSv/an comme avant la catastrophe. Troisièmement, cela signifie que les
jeunes ne reviendont jamais et, même si les gens reprennent
l'agriculture, qui va acheter les légumes d'ici ?" (Interview au
Asahi). Les
opérations de décontamination menées par le gouvernement ne sont que du
gaspillage d'argent selon lui. Comment nettoyer les forêts, rivières et
arbres ?
Il continue à cultiver, même si c'est interdit. De l'agriculture
utilisant pas ou peu de pesticides. Il a proposé à plusieurs
universités de venir étudier sa production : toutes ont refusé. Il a
donc fait faire les analyses lui-même. Son riz le plus contaminé avait
6 790 Bq/kg. Il n'était pas récolté dans le champ le plus contaminé.
Pareil pour les légumes, les lus contaminés ne proviennent pas
nécessairement des parcelles les plus contaminées. Bien qu'il achète
l'essentiel de sa nourriture au supermarché, il goûte à sa production.
Le débit de dose à proximité des gouttières de sa maison est de 350
microsieverts par heure.
Il confirme que les environs du radiamètre placé devant la mairie ont
été décontaminés et que le débit de dose indiqué n'est pas
représentatif.
Lundi 26 mars, la mairie de
Kawauchi, située dans la zone des 20 km, a rouvert ses locaux. Il
s'agit de la première étape de la reconquête des territoires. Les
autres installations publiques comme les écoles, le collège,
l'hôpital... devraient suivre. Le territoire de la commune est
partiellement dans la zone des 20 km. Une trentaine de résidents sont
rentrés depuis janvier, portant à moins de 300 le nombre total
d'habitants, contre 2 853 avant le 11 mars 2011. C'est la deuxième
mairie, après celle de Hirono, à rouvrir.
La JAEA (Japan Atomic Energy Agency) a rendu compte à Fukushima du
résultat de ses 15 chantiers pilotes de décontamination dans 11
municipalités évacuées. La décontamination a permis de faire passer le
débit de dose ambiant de 5 microsieverts par heure ou moins à 1 à 2
microsieverts par heure. La limite actuelle d'évacuation est de 3,8
microsievert par heure.
D'une manière générale, le débit de dose a baissé de 20 à 70% selon les
zones, 60% en moyenne, ce qui n'est pas beaucoup. (Le communiqué est
ici en japonais.
Cliquer sur les liens pour voir les présentations avec les photos.) Le
résultat n'est donc pas probant au regard des moyens utilisés.
Dans une maison d'Okuma, la décontamination du jardin, du toit, des
murs... a fait passer le débit de dose de 11,5 microsieverts par heure
à 3,9 (66% de baisse). Sur des parking ou routes, c'est passé de 13,8 à
5,3 (62%). Dans des maisons de Tamura, c'est passé de 0,7 à 0,6
microsievert par heure. Négligeable. Pareil pour des forêts, c'est
passé de 0,8 à 0,7 microsievert par heure.
En trois points à proximité de la centrale, le débit de dose est de 4 à
5 millisieverts par heure (milli, pas micro!) à un mètre du sol.
La JAEA a aussi testé différentes méthodes : pour le toit, l'eau sous
pression est à éviter car elle contamine les alentours de la maison. Il
vaut mieux utiliser des brosses et chiffons. Pour les sols des stades
et aires de jeu, il faut retourner la terre, pour les forêts, retirer
les feuilles et branches mortes, ainsi que l'humus, ce qui est une
autre catastrophe écologique pour la forêt. Etc etc
Les travaux ont couvert environ 209 hectares de terrain et généré 16
000 tonnes de déchets.
Mercredi 28 mars, le maire
d'Okuma, ville située dans la zone des 20 km, veut demander le
classement de toute sa municipalité en zone où le retour n'est pas
possible à court terme. Environ 90% des habitants sont originaires de
zone où l'exposition annuelle externe dépasse les 50 mSv et ne peuvent
donc pas rentrer avant longtemps. Le maire, qui ne veut pas que les
habitants de la commune soient séparés, demande donc que tous soient
considérés à la même enseigne et bénéficient des mêmes indemnisations.
Il a seulement fait l'annonce à son conseil municipal pour le moment.
Il veut encore consulter la population et les élus avant de décider
avant la fin avril.
Vendredi 30 mars, les maires
des villes de Namié, Futaba et Okuma, qui sont complètement évacuées et
où l'espoir de retour est mince, veulent créer des villes nouvelles
temporaires dans la province de Fukushima. Le maire de Namié veut
reloger ses administrés dans 3 autres villes, dont Iwaki et Nihonmatsu.
Celui d'Okuma veut reloger les siens à Iwaki.
Le maire de Naraha, qui est à cheval sur la zone des 20 km, veut que sa
municipalité fusionne avec les municipalités adjacentes pour que les
persones qui ne pourront pas rentrer chez elles puissent être
accueillies.
Le maire de Katsurao, qui est largement au-delà de la zone des 20 km,
veut reloger tout le monde dans sa commune et construire des logements
neufs dans des zones sûres pour les gens qui ne pourront pas rentrer
chez eux.
Le maire de Kawamata veut que tous les résidents puissent rentrer en
même temps. Enfin celui d'Iitaté demande que les autorités centales
tiennent compte de l'opinion des gens avant de prendre des décisions.
Le gouvernement, quant à lui, a annoncé vouloir lever, dès avril,
l'interdiction d'entrée dans les parties de Minami-Sôma, Tamura et
Kawauchi qui tombent dans la zone des 20 km. Il espère ainsi accélérer
la décontamination. Dans les zones où l'exposition externe est
inférieure à 20 mSv par an, les habitants pourront rentrer quand ils
veulent, une fois la décontamination effectuée. Ils auront librement
accès à leur maison. Dans les zones où l'exposition externe est
comprise entre 20 et 50 mSv, les habitants auront accès à leur maison
pendant la journée, sans pouvoir s'y installer pour le moment.
Ailleurs, les habitants ne pourront pas rentrer chez eux avant au moins
5 ans.
Cela concerne 13 000 personnes. Mais personne ne sait combien vont
rentrer. Fin septembre 2011, quand le gouvernement avait lever le
conseil de quitter la zone comprise entre 20 et 30 km, seulement 2 000
des 28 000 personnes concernées étaient rentrées.
Pour les 8 autres communes de la zone des 20 km, le gouvernement est
toujours en pourparlers. Pour Kawauchi et Tamura, la levée de
l'interdiction d'accès prend effet dès le 1er avril.
Avril - Mai 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 1er avril, la nouvelle
réglementation des zones interdites est présentée
ici en anglais, avec la
carte correspondante.
Mardi 3 avril, le ministre de
la reconstruction, Tatsuo Hirano, a lâché le mot : le gouvernement
envisage une zone tampon autour de la centrale de Fukushima daï-ichi où
les populations ne pourront pas rentrer. La centrale va être menaçante
pendant longtemps et il n'est pas prudent de laisser vivre des
populations à proximité. Les maires de Futaba et d'Okuma ont reconnu
que c'était une mesure nécessaire.
Cette nouvelle zone tampon viendrait s'ajouter aux autres zones déjà
définies précédemment. Il est question d'un cercle de 500 m à 1 km pour
le moment, mais les négociations avec les autorités locales n'ont pas
commencé.
Vendredi 6 avril, c'est la
rentrée scolaire au Japon. 54 écoles publiques et collèges ont dû
fermer à cause de l'ordre d'évacuation. 12 sont encore fermés lors de
cette nouvelle rentrée. 42 autres ont ouvert en d'autres lieux et
accueillent 763 nouveaux inscrits, soit une chute de 70% par rapport à
l'année 2010. 2 écoles élémentaires de Tamioka, commune partiellement
en zone évacuée, a vu zéro nouveau inscrit. De nombreuses familles sont
donc parties pour de bon.
545 personnes sont rentrées à Kawauchi alors que la mairie et l'école
ont rouvert. Le débit de dose aux alentours de l'école est de 0,11 à
0,16 microsievert par heure, ce qui est moins que la limite
d'évacuation (à 23 microsievert par heure), mais reste encore élevé.
Le gouvernement a levé l'obligation de tuer les animaux de la zone des
20 km. Les agriculteurs qui avaient refusé cet ordre pourront garder
leurs bêtes à la condition de bien les isoler des autres bêtes : il y a
interdiction de les vendre, transporter ou de les nourrir.
Lundi 9 avril, deux grandes
compagnies, Dai Nippon Printing Co. et Fujikura Rubber Ltd ont décidé
d'abandonner leur usine située dans le district d'Odaka à Minami-Sôma.
Ce district est dans la zone des 20 km et fait partie des zones où
l'interdiction de visiter les lieux a été levée.
Mercredi 11 avril, le
Yomiuri
est allé voir le dernier centre d'hébergement d'urgence du Japon qui
est situé à Kazo dans la province de Saïtama. Il est dans un lycée
désaffecté qui abrite aussi la mairie de Futaba. Il y a eu jusqu'à 1
400 habitants originaires de Futaba, ville proche de la centrale de
Fukushima. Il n'en reste plus que 300 et la moitié ont plus de 65 ans.
Lundi 16 avril, comme prévu, le
gouvernement a levé l'ordre d'évacuation pour une partie de Minami-Sôma
qui est dans la zone des 20 km. 3 900 foyers sont concernés. De
nombreux habitants sont allés voir
dans quel état état leur maison après un séisme, un tsunami pour
certains et un an d'abandon. Il reste aussi à rétablir l'eau,
l'électricité et les infrastructures et "décontaminer". Les habitants
ne sont pas
autorisés à dormir chez eux. L'ordre d'évacuation a déjà été levé pour
une partie de Tamura et de Kawauchi.
En revanche, les municipalités d'Okuma, Namié, Futaba et Tomioka, ont
décidé de recréer des villes temporaires en un autre lieu de Fukushima
pour garder le lien social dans leur commune.
Mercredi 18 avril, photos de
'hanami' (observation des fleurs de cerisiers) à Tomioka, dans la zone
des 20 km
ici et
ici.
Dimanche 22 avril, le
gouvernement a, pour la première fois, lors d'une réunion avec les élus
de 8 communes évacuées, montré des cartes avec les zones où les
habitants ne pourront pas rentrer avant au moins 5 ans. La dose externe
attendue à la fin mars 2017 y dépassera encore 20 mSv par an. Cela
signifie implicitement que le gouvernement n'a pas l'intention de
baisser cette limite durant les 5 prochaines années. Pourtant, 20
mSv/an pendant 5 ans, cela fait 100 mSv, chiffre régulièrement avancé
par les autorités comme seuil à partir duquel les effets de la
radioactivité sont prouvés.
7 communes sont concernées, dont Minami-Sôma et Iitaté. L'exposition
externe dépassera même 50 mSv/an par endroits dans 5 ans pour 4 d'entre
elles.
Dans 10 ans, l'exposition externe sera encore trop élevée par endroits
dans 6 communes. Dans 20 ans, il y aura encore des zones de Futaba et
Ôkuma où l'exposition externe dépassera 50 mSv/an. A Namié et Katsurao,
ce sera encore entre 20 et 50 mSv/an.
Les cartes de l'évolution du débit de dose au cours des ans sont
ici en japonais.
Le gouvernement n'a présenté aucun plan pour les zones les plus proches
de la centrale.
Samedi 12 mai, le
Yomiuri
fait le point sur les personnes qui vivent encore dans les
municipalités situées entre 20 et 30 km de la centrale. Il leur a
d'abord été conseillé de rester confinées chez elles, puis d'évacuer
volontairement. Cet ordre a finalement été levé le 30 septembre 2011.
Mais, près de 7 mois plus tard, il manque encore la moitié de la
population dans les 5 municipalités concernées. A Kawauchi et Tamura,
le nombre d'habitants a encore baissé depuis la levée de l'ordre
d'évacuer. En tout, seulement 2 200 personnes sont rentrées depuis sur
30 000 qui sont parties et 59 000 en tout.
Certaines familles ne rentrent pas par crainte des radiations. D'autres
parce qu'elles n'ont pas de travail si elles rentrent. Certaines
familles ont déjà refait leur vie ailleurs (nouveau travail, nouvelle
école...).
A Minami-Sôma, dans la partie située à moins de 20 km de la centrale,
où tout est à remettre en état pour permettre aux habitants de rentrer,
les bénévoles ne se boursculent pas pour aider à enlever les débris et
nettoyer la zone. Il y a un an, dans les autres zones touchées par le
tsunami,les bénévoles étaient beaucoup plus nombreux.
Juin - Août 2012
[afficher/cacher]
Samedi 2 juin, Aizu-Wakamastu,
dans la province de Fukushima, qui attirait de nombreuses excursions
scolaires pour son intérêt historique, a vu le nombre de classes chuter
en 2011 et une légère reprise en 2012.
Samedi 9 juin, selon un
chiffrage fait par le gouvernement, 18% des habitants de 11
municipalités ne pourront pas rentrer chez eux avant plus d'une dizaine
d'années si rien n'est fait pour décontaminer. C'est 81% pour Ôkuma et
49% pour Futaba.
32% de ces 86 000 habitants, soient 27 500 personnes, ne pourront
pas
rentrer avant 5 ans. C'est 97% pour Ôkuma et 75% pour Futaba.
Actuellement, 64% de ces habitants sont originaires d'une zone où la
contamination entraîne une exposition annuelle supérieure à 20 mSv/an.
Vendredi 15 juin, le zonage des
zones contaminées de Iitaté-mura va être revu pour permettre aux
habitants de rentrer chez eux, dans les lieux où cela est possible. Les
limites fixées sont les mêmes que pour les trois villages où le zonage
a déjà commencé. Les autorités ne montrent aucun signe qu'elles veulent
baisser la limite d'évacuation.
Dimanche 1er juillet, le
gouvernement a annoncé vouloir soutenir la création de villes
provisoires pour accueillir les résidents des 4 municipalités où il
n'est pas possible de rentrer avant longtemps (Futaba, Ôkuma, Namié et
Tomioka).
Mardi 3 juillet, 40,4% des
habitants d'Ôkuma, ville particulièrement contaminée de la
zone des 20 km, pensent ne jamais rentrer chez eux, selon la
municipalité. C'est 4 fois plus qu'il y a un an. 10 025 personnes ont
été interrogées, et 6 481 ont répondu, soient 64,6%. 18% des personnes
ayant répondu, ont déclaré vouloir vivre dans le lieu de leur choix en
attendant pouvoir rentrer et 21,9% dans le lieu choisi par les
autorités.
En ce qui concerne le niveau de radiation accepté par les habitants
pour rentrer, 40,9% ont déclaré moins de 1 mSv/an et 33,7% ne savent
pas.
Mardi 17 juillet, le village
d'Iitaté, avec 6 300 habitants, est la quatrième commune
où un rezonage a été effectué après l'ordre d'évacuer arrivé très tard
l'an dernier. Comme
pour les autres communes, il y aura 3 zones définies en fonction de la
contamination. 30% de la surface du village a une contamination
inférieure à 20 mSv/an (le gouvernement maintenant cette limite élevée
comme critère de retour !) et 800 personnes environ y vivaient : la
"décontamination", ou plutôt des
tentatives de décontamination très partielles vont y être menées avant
le retour des habitants. Pour la zone intermédiaire (entre 20 et 50
mSv/an), où vivaient 5 260 personnes, un retour devrait être possible
d'ici quelques années, après "décontamination".
Les travaux de "décontamination" devraient commencer en septembre pour
se terminer en mars 2014. Pour les forêts et les rizières, qui
constituent 85% de la surface de la commune, rien n'a été décidé pour
l'instant.
Dans le hameau de Nagadoro, où vivaient 70
familles (270 habitants), le retour ne sera pas possible avant
plus de 5 ans. Des barrières en interdisent l'accès depuis 0h. Ces
barrières sont un choc pour les habitants : le gouvernement ne leur a
dit d'évacuer qu'en avril 2012, soit plus d'un mois après les rejets
massifs. Et l'ordre d'évacuation n'était pas immédiat. Puis, pendant
plus d'un an, ils pouvaient retourner dans la zone sans entrave. Et
maintenant, l'accès est barricadé. Pourquoi avoir attendu 16 mois ? Où
est la cohérence ?Quel est le sens de la parole gouvernementale ?
Ailleurs, les habitants, pourront rentrer chez eux
durant la journée, mais pas dormir sur place.
Cependant, il n'est pas sûr que tout le monde rentre : une enquête
auprès des habitants d'Iitaté a montré que 57,4% voulaient rentrer.
Mais quand il s'agit de la génération avec de jeunes enfants, 54% n'ont
pas l'intention de rentrer au village, même si cela signifie un
sacrifice.
Alors qu'il n'était pas rare de voir plusieurs générations sous un même
toit à Iitaté, les familles sont maintenant éclatées. Les jeunes
générations sont proches de leur lieu de travail ou des écoles, et les
anciens dans des logements temporaires. Le nombre de foyers est passé
de 1 700 avant la catastrophe à 3 094 au 1er juin 2012.
Dans les autres communes évacuées, le rezonage prend du retard à cause
des problèmes d'indemnisation.
Mardi 24 juillet, la ville de
Hirono, située de 20 à 25 km de la centrale accidentée,
veut rouvrir son école et collège à la fin des vacances d'été, fin
août. Il y avait 517 enfants avant le 11 mars 2011. Un sondage récent
auprès des parents indique que seulement 95 enfants (ou 18%)
reviendraient. Et parmi eux, 70% continuerait à vivre dans leur
hébergement temporaire et feraient la route tous les jours pour venir à
l'école.
La situation est similaire dans les autres écoles des zones évacuées
qui ont réouvert.
Mardi 31 juillet, le
gouvernement s'est entendu avec la mairie de Naraha, située dans
la zone des 20 km, et l'interdiction d'accès devrait être levé le 10
août pour 7 600 habitants. Seules des visites dans la journée seront
permises.
Jeudi 9 août, l'interdiction
d'entrer à Naraha, dans la zone des 20 km, est levée à
minuit. Le retour des 7 600 habitants n'est pas encore pour maintenant
: il faut décontaminer, rétablir les infrastructures...
Vendredi 10 août, avec
l'ouverture des accès à Naraha, les habitants se sont précipités
chez eux pour évaluer l'ampleur des dégâts et se rendre sur les tombes
à la veille d'o-bon (toussaint japonaise). La route d'accès était
encombrée dès le jeudi matin.
Mardi 14 août, certaines
municipalités de la zone des 20 km ont décontaminé les
cimetières en priorité pour permettre à la population de se rendre sur
les tombes pour la première fois depuis le 11 mars 2011. C'est le cas
en particulier dans le quartier Miyakojimachi à Tamura. A Naraha, dont
l'accès vient à peine d'être autorisé, il n'y a pas encore eu de
"décontamination".
Vendredi 24 août, la mairie de
Tamioka, dans la zone évacuée, a envoyé un questionnaire
au 7 150 foyers de la commune pour les interroger sur leur volonté de
rentrer ou non. Seulement 3 150 foyers, ou 44% des foyers interrogés,
ont répondu. Parmi eux, 50% ont déclaré être prêt à attendre
l'autorisation de rentrer chez eux. Environ 30% ont déclaré ne jamais
vouloir rentrer.
Lundi 27 août, les écoles de
Hirono ont rouvert après un an et demi, mais seulement
20% des enfants environ sont revenus. Les familles vivent encore
souvent dans les hébergements provisoires à Iwaki. L'ordre d'évacuation
de la ville avait été levé en septembre dernier.
Mardi 28 août, les maires de
Ôkuma, Tomioka et Namié, dont les habitants ne pourront
pas rentrer avant plus de 5 ans, ont réclamé la création de quartiers
résidentiels temporaires à Iwaki. Mais le maire d'Iwaki est débordé par
cette situation : la ville a accueilli 23 000 évacués et les services
publics ne sont pas dimensionnés pour un tel surplus de population. Il
préfèrerait que les logements des évacués soient dispersés sur
plusieurs lieux de la commune. Les autorités gouvernementales et
régionales ont approuvé.
Jeudi 30 août, les éleveurs de
Fukushima tentent de décontaminer les pâtures qu'ils
ne peuvent plus utiliser. Les travaux ont commencé début août à
Samégawa et concernent 70 hectares ou la moitié des pâtures de la
commune. Cela consiste en fait à retourner le sol pour enterrer la
partie la plus contaminée et répandre des zéolithes qui absorbent le
césium. Ils devraient ensuite resemer l'an prochain. Ce sont les
agriculteurs qui ont la charge de ce travail qui devrait continuer
jusqu'à la mi-septembre dans 14 communes de Fukushima. Personne ne
connaît l'efficacité de la mesure.
Les forêts n'étaient pas incluses dans les plans de décontamination du
gouvernement, alors qu'elles représentent 70% de la surface de la
province de Fukushima. En fait, seule une bande de 20 m autour des
habitations, des campings ou autres lieux exploités en forêt devait
être décontaminée. Le ministère de l'environnement a accepté la requête
des autorités régionales et devrait inclure les forêts dans ses plans
de décontamination. Mais les expériences menées jusqu'à maintenant ne
sont pas probantes : en pratiquant des éclaircies dans une forêt de
cèdres sur un rayon de 50 m, le débit de dose au centre n'avait baissé
que de 23,5% alors que 30% des arbres avaient été retirés. En bordure,
le débit de dose n'avait baissé que de 2,5%. Mais pour le
vice-gouverneur, il est important de tenter de décontaminer les forêts,
car la radioactivité revient dans les villages 'décontaminés' et il
faut tout recommencer.
Septembre - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Lundi 3 septembre, de
nombreuses maisons traditionnelles avec des murs en torchi ne
pourront pas être décontaminées estime le gouvernement. Elles ne
peuvent pas supporter l'eau à haute pression. D'autres ont été trop
endommagées par le séisme ou le tsunami pour que cela vaille la peine
de les décontaminer.
C'est le cas de nombreuses fermes très anciennes d'Iitaté et de
Kawauchi, ou de maisons de Naraha, trop abîmées. Même à Tamura, où la
décontamination complète est en cours, certaines habitations seront
exclues.
Mardi 4 septembre, les
autorités municipales de Kawamata ont sondé les habitants du
district de Yamakiya âgés de plus de 15 ans et il en ressort que 60%
sont pessimistes quant aux effets de la décontamination. Pour eux, il
n'est pas possible de décontaminer. Et la crise à la centrale n'est pas
terminée et l'on ne sait pas ce que réserve l'avenir. Quant à l'avenir
économique de la zone, il est bien sombre.
30% de ceux qui se sont exprimés sur leur volonté de retour ne
comptent pas revenir. Plus de 30% sont prêts à rentrer si la dose
annuelle passe sous la barre de 1 mSv dans tout le district. Un peu
moins de 11% se contenteraient de 1 mSv/an dans leur maison et champs.
Vendredi 7 septembre, l'autoroute
qui traverse les territoires contaminés de
Fukushima est fermée. Le débit de dose par endroit peut atteindre 250
mSv/an ! Les autorités veulent la rouvrir rapidement pour faciliter les
transports avec les zones sinistrées. Des travaux de décontamination
ont été entrepris qui semblent satisfaisants, selon le gouvernement. Où
il y avait 250 mSv/an, on est passé à 50 mSv/an à cause du rayonnement
qui vient des forêts voisines. La décontamination des 24 km où la
contamination dépasse les 20 mSv/an va donc être menée pour que
l'autoroute puisse rouvrir début 2013.
Mardi 18 septembre, selon
un recensement effectué par le quotidien
Maïnichi,
environ la moitié des élèves des écoles des 10 municipalitées évacuées
à la suite de la catastrophe de Fukushima ne sont plus inscrits dans
leur école d'origine. Dans les 4 municipalités qui ont rouvert leur
propre école dans un autre lieu durant l'été 2011 ou plus tard, le
nombre d'élèves est inférieur à 20% de ce qu'il était avant. Les
enfants inscrits dans de nouvelles écoles n'ont plus envie de revenir.
Les responsables de ces écoles font leur maximum pour promouvoir le
retour des élèves : sans enfant, il n'y a plus d'avenir pour la commune.
L'école et le collège de Tomioka ont rouvert dans une usine désaffectée
de Miharu mais le nombre d'élève est de 75, 5% des effectifs d'avant la
catastrophe. A Namié, il y avait 9 écoles ou collèges. Seulement une
école et un collège ont rouvert à Nihonmatsu, avec 79 élèves, aussi de
l'ordre de 5% des effectifs initiaux.
A Hirono, l'école a repris dans les locaux d'origine cet été, après
avoir été à Iwaki, mais moins de 20% des élèves sont revenus. Pour
celle de Naraha, qui est restée à Iwaki, il y a aussi moins de 20% des
effectifs initiaux.
A Minami-Sôma, qui a été partiellement confinée et partiellement
évacuée pendant la crise, il n'y a que 50% des enfants. C'est descendu
à 30%.
Pour Iitaté, qui a rouvert une école à Kawamata, il y a 60% des
enfants. Quant à Tamura et Kawamata, il y a environ 90% des enfants.
De nombreux pouvoir locaux s'inquiètent pour l'avenir de leur
municipalité, les gens commençant à refaire leur vie ailleurs.
Vendredi 21 septembre, le district d'Idagawa de la ville de
Minami-Sôma, a été
conquis sur la mer pendant les ères Meiji et Taishô. Il produisait
essentiellement du riz sur 180 hectares environ. Il a été dévasté par
le tsunami et le barrage qui alimente les rizières est contaminé au
césium radioactif. Les sédiments au fond du barrage ont 260 000
becquerels par kilogramme. Il se peut donc que le district soit
complètement
abandonné. Le chef du district s'attend à ce que les 251 habitants
refusent d'y retourner. Quand la municipalité a proposé une
réinstallation sur les hauteurs à proximité d'Idagawa, les habitants
ont dit non : "plus personne ne veut produire de riz ici".
La municipalité d'Ôkuma a approuvé le projet de reconstruction qui
stipule qu'il n'y aura pas de retour avant plus de 5 ans.
Lundi 24 septembre, ouverture
à Tôkyô du premier salon des technologies de décontamination.
Plus d'une centaine d'entreprises participent à cet évènement de 3
jours. Pour le moment, c'est surtout l'huile de coude qui est utilisée
pour un résultat souvent décevant.
Samedi 29 septembre, il y a tout juste un an, le 30 septembre
2011, le gouvernement a
autorisé le retour des populations dans certaines zones comprises entre
20 et 30 km de la centrale accidentée. La moitié des 59 000 personnes
concernées ne sont pas prêtes à rentrer par crainte des radiations. La
"décontamination" des maisons a commencé à Hirono et Kawauchi, mais pas
à Minami-Sôma ou Tamura car il n'y a pas de solution pour les déchets
radioactifs. Les infrastructures n'ont pas toutes été rétablies non
plus.
Dimanche 30 septembre, à
Hirono, située entre 20 et 30 km de la centrale, la population est
autorisée à rentrer depuis tout juste un an, mais moins de 10% des
habitants sont rentrés (505 sur 5 300). Pourtant, presque toutes les
infrastructures ont été réparées. La mairie a rouvert en mars 2012,
l'école est "décontaminée" depuis août et a rouvert. 80% des 2 500
habitations ont aussi été "décontaminées". Mais les gens ne rentrent
pas. Les seuls commerces qui ont repris le travail sont les hôtels,
restaurants et compagnies de construction. Il n'y a pas de médecin, pas
de supermarché.
En revanche, il y a environ 4 900 travailleurs qui y résident
temporairement. Le seul supermarché de la ville n'a pas rouvert et le
propriétaire ne
compte pas revenir. Le bâtiment est utilisé par les compagnies sous
traitantes engagées sur le site de la centrale ou dans la
décontamination.
Dans le plan soumis par la mairie, toute la population doit être de
retour avant la fin de l'année... La municipalité va donc organiser des
réunions pour inciter les gens à rentrer.
Jeudi 4 octobre, la mairie de
Futaba, qui occupe actuellement un lycée désaffecté dans
la banlieue de Tôkyô (à Kazo dans la province de Saïtama), va aller
s'installer
dans la ville d'Iwaki, province de Fukushima. Comme le retour des
habitants à Futaba n'est pas possible avant plusieurs années, elle veut
aussi y établir une ville temporaire pour ses 4 000 habitants. Ce
devrait être dans le district d'Azumadamachi.
Samedi 6 octobre, l'école de
Kawauchi, située à une vingtaine de kilomètres de la
centrale, a rouvert pour la nouvelle année scolaire, en avril 2012. Sur
les 114 enfants, seulement 16 sont revenus à ce jour. Mais l'école a
tenu son premier évènement sportif depuis deux ans : cela a été
l'occasion pour des enfants qui ne sont pas rentrés de revoir leur
école et camarades.
Vendredi 12 octobre, les
autorités régionales de Fukushima ont décidé de construire 500
habitations à Iwaki, Aizu-wakamatsu et Kôriyama pour héberger les
évacués qui ne pourront pas retourner chez eux avant longtemps. La
moitié devrait être à Iwaki. Sont concernées, les 50 000 habitants de
Namié, Futaba, Ôkuma et Tomioka qui vivent actuellement dans des
logements temporaires. L'acquisition des sites et d'autres coûts
représentent environ 5,6 milliards de yens (54 millions d'euros).
Lundi 29 octobre, de nombreux
endroits touristiques des régions limitrophes de Fukushima
ne voient pas les touristes revenir. Akagi Ônuma, au Nord de Maébashi
dans la province de Gunma, attire habituellement 25 000 personnes par
an pour la pêche à partir de septembre. Le nombre de visiteurs a baissé
de 90%. Les éperlans sont toujours contaminés au-delà des limites
autorisées. La pêche est maintenue, mais la consommation interdite.
La ville de Nakagawa, dans la province de Tochigi, est célèbre pour la
viande de sanglier. La vente a été suspendue en décembre 2011, suite à
la découverte d'un animal dépassant la limite. Le gouvernement a de
nouveau autorisé la vente à la condition que chaque animal soit testé.
Depuis, seules trois bêtes avaient une contamination supérieure à la
limite. Mais les acheteurs ne reviennent pas.
Une enquête menée par l'université de Fukushima montre que 62,7% des
habitants de la province de Fukushima souhaitent rester dans la région
ou aimeraient pourvoir rester s'il n'y avait pas les risques liés aux
radiations. Les 1 232 personnes de plus de 15 ans ont été interrogées
en août et septembre dernier. 13,8% espèrent pouvoir partir.
C'est le travail qui est la raison mentionnée en premier quand on
demande aux gens pourquoi ils restent (69,7%). Les difficultés
financières arrivent en deuxième dans le questionnaire autorisant
plusieurs réponses.
Novembre 2012
[afficher/cacher]
Samedi 3 novembre, TEPCo veut
ouvrir des bureaux à Fukushima avec plus de 4 000 personnes
à partir de janvier prochain. Elle veut y installer les sections en
charge des indemnisations et de la "décontamination". Cela représente
plus de 10% des employés de la compagnie. Les 38 000 employés de la
compagnie devront y passer un certain temps. Il y a 3 500 personnes
affectées à ces tâches actuellement. La compagnie espère ainsi se
rapprocher des personnes directement touchées par la catastrophe
nucléaire.
Lundi 5 novembre, quand le
ministère de l'environnement a signé des contrats de
'décontamination' avec des compagnies, il a prévu une prime qui doit
aller de 3 300 yens (33 euros) à 10 000 yens (100 euros) par jour en
plus du salaire. Le niveau de la prime dépend du niveau de la
contamination et de la distance par rapport à la centrale. Une enquête
du
Asahi
a montré que la prime atteint rarement les travailleurs et est siphonée
par les nombreux intermédiaires du mille-feuille de sous-traitants.
Des milliers de travailleurs sont concernés par les 18 projets qui
coûtent 3,5 milliards de yens (35 millions d'euros). Il y a 12
compagnies qui ont remporté les marchés.
L'Asahi a enquêté sur 6 projets impliquant 6 compagnies différentes et
a trouvé des cas de non-paiement de la prime dans les 6 cas. Il s'agit
de projets pour un montant total de 100 millions de yens (1 million
d'euros). Des travailleurs ont déclaré n'avoir jamais touché de prime.
Il y a différents cas :
- la direction d'une compagnie sous-traitante a parfois déclaré ne rien
avoir reçu pour le paiement des primes et que l'argent est resté dans
la poche de la compagnie qui a remporté le marché.
- dans un autre cas, le salaire de base a été baissé pour 'compenser'
partiellement la prime de risque.
- il y a aussi un cas où la compagnie qui a remporté le marché a bien
payé la prime au premier sous-traitant qui l'a versée à ces propres
employés mais ne l'a pas versée au sous-sous-traitant.
Les 6 compagnies qui ont remporté les marchés en question sont Taisei
Corp., Shimizu Corp., Kajima Corp., Hazama Corp., JDC Corp. et Okumura
Corp. Cette dernière a refusé de répondre à l'Asahi.
Le ministère de l'environnement va lancer une enquête. Il compte
dépenser 650 milliards de yens (6,5 milliards d'euros) au total d'ici
la fin de l'année fiscale 2013.
Mercredi 7 novembre, 45,6% des
habitants d'Ôkuma, où est située la centrale de Fukushima
daï-ichi, ont déclaré ne pas vouloir rentrer. 5 378 foyers ont été
contactés par mail en septembre dernier par l'Agence de Reconstruction,
et 63,7% ont répondu. Seulement 11% ont dit vouloir rentrer. 41,9% ne
savent pas. Parmi les trentenaires, ils sont 54,7% à ne pas vouloir
rentrer. Est invoquée dans 80,8% des cas, la peur des radiations, la
sûreté de la centrale dans 70,2% des cas et l'état de la maison dans
67,6% des cas.
De
plus, seulement 22,8% des foyers qui ont répondu, ont déclarer
vouloir s'installer dans le village temporaire que veut mettre en place
la municipalité car les niveaux de contamination ne permettent pas
d'envisager un retour, officiellement, avant plusieurs années. 24,2%
ont dit ne pas vouloir s'y installer et il y a 50,8 d'indécis.
Mardi 13 novembre, reportage intéressant de la NHK
sur la 'décontamination', en anglais. Les autorités rèvent toujours
d'une catastrophe réversible, mais la réalité du terrain ne perment pas
d'être optimiste. La 'décontamination' coûte cher, n'est pas
souvent effective et il n'y a pas de solution pour les déchets
engendrés.
Un des problèmes avec le rayonnement gamma émis par le césium est qu'il
peut 'rebondir' sur les molécules d'air (par effet Compton) et irradier
des personnes situées loin. C'est effet est encore plus fort dans les
vallées où la contamination des flancs de la montagne irradient la
vallée. Dans une telle situation, une 'décontamination' localisée ne
fait pas baisser de façon significative le rayonnement ambiant. Il faut
'décontaminer' sur de grande distances, ce qui ne fait qu'aggraver les
problèmes mentionnés.
Jeudi 15 novembre, une grande
partie des forêts japonaises est constituée d'arbres qui
restent verts toute l'année, comme des cyprès ou des cèdres. Ils
mettent plusieurs années à renouveler leurs aiguilles et une partie du
césium est encore stockée dans les arbres. Il ne sert à rien d'essayer
de décontaminer les sols forrestiers maintenant, cela va se
recontaminer. De plus, si l'on retire le couvert des sols forrestiers,
on tue la forêt.
Une équipe de l'université de Tsukuba, au Japon, a montré que 6 mois
après les rejets massifs, 60% de la radioactivité est restée piégée
dans les arbres. (
Article en accès payant, grrr).
Les arbres à proximité des maisons sont encore irradiants, comme on
peut le voir dans le
reportage de la NHK, déjà mentionné.
A long terme, la contamination va s'enfoncer dans le sol où elle sera
partiellement capturée par les racines et va remonter dans les arbres,
comme on peut le voir à Tchernobyl. Les arbres seront moins contaminés
qu'avec des dépôts directs, mais cela va durer longtemps.
Rappelons que les forêts couvrent 70% de la surface de la province de
Fukushima.
Mardi 20 novembre, l'entreprise
Kaneka Corp se vante d'avoir mis au point un détergent
100% naturel pour aider à la décontamination. Plus besoin de
décontaminer l'eau de nettoyage avec détergents chimiques comme
auparavant.
Vendredi 30 novembre, TEPCo a décidé d'installer son siège régional à
J-Village,
l'ancien centre d'entraînement de foot, transformé en base arrière pour
les travaux à la centrale. Il est surprenant qu'elle s'installe en zone
contaminée, exposant inutilement les employés et les visiteurs. Cela
risque aussi de gêner les travaux à la centrale.
Le gouvernement a défini un nouveau zonage de la ville d'Ôkuma : 96%
de la commune est désormais en zone interdite car le débit de dose y
dépasse 50 mSv/an. Comme il n'était pas possible de permettre un retour
à moyen terme pour 4% seulement des résidents, le gouvernement a classé
toute la commune et le foncier va être indemnisé à la valeur qu'il
avait avant la catastrophe.
Mardi 4 décembre, si
vous êtes allé au Japon, vous connaissez le rôle joué par les
'combini' ou "convenient stores", ouverts 24h/24 7j/7, que l'on trouve
à chaque coin de rue en ville et dans des coins très reculés à la
campagne. Un tel magasin
va ouvrir à Kawauchi, à 20 km de la centrale. Il va offrir plus de
produits frais qu'habituellement pour faire face à la demande.
Le ministère de l'environnement a présenté un bilan de la
'décontamination' conduite par les entreprises qu'il finance dans 58
municipalités de 7 provinces. 69% des écoles et crèches ont été
traitées, 51% des routes, 38% des parc et des terrains de jeu et
seulement 18% des 100 000 habitations.
Lundi 10 décembre, c'est maintenant officiel, presque toute la commune d'Ôkuma est
déclarée en zone de "retour difficile", litote pour dire zone
d'exclusion. 11 000 résidents sont concernés. L'accès a été barricadé
et les travaux de "décontamination" vont débuter dans les 4% de la
commune où le gouvernement espère permettre un retour.
Vendredi 14 décembre, 118 points chauds, qui avaient entraîné l'évacuation de 129 foyers, ont
été 'décontaminés'. La dose annuelle pour les habitants y est passée
sous la barre des 20 mSv, ce qui autorise un retour selon les
autorités. Mais cette limite est trop haute et pas tenable à long
terme. Les habitants vont-ils rentrer ?
Sur ces 118 points chauds, 117 étaient à Daté et un à Kawauchi. La dose
la plus forte est encore de 12,6 mSv/an à Daté et de 7,8 mSv/an à
Kawauchi. Il y a encore 153 foyers désignés comme points chauds à
Minami-Sôma.
Mardi 18 décembre, le bureau de poste de Nimaibashi dans la commune d'Iitaté a rouvert.
C'est le premier à rouvrir dans les zones évacuées. Il est dans une zone
où le retour n'est pas encore possible mais où les habitants sont
autorisés à venir durant la journée. La décontamination est terminée
dans les environs de la poste, mais la presse ne donne pas les niveaux
de dose.
Une usine n'a jamais fermé dans ce village.
Dimanche 30 décembre, dans les zones évacuées reclassifiées en zones de préparation au
retour, les habitants sont autorisés à s'y rendre durant la journée,
mais pas à dormir sur place. Pour le nouvel an, la restriction a été
levée, et les habitants sont autorisés à dormir jusqu'à 5 nuits chez
eux, à compter du samedi 29 décembre. Un total de 525 résidents (221 de
Minamisôma, 236 d'Iitaté, 16 de Kawauchi et 52 de Tamura) se sont
inscrits selon le gouvernement. C'est moins de 7% de ceux qui en avaient la possibilité.
La municipalité de Naraha a refusé le
retour des habitants pour le Nouvel an, car les travaux de
décontamination et de rétablissement des infrastructures n'y sont pas
assez avancés. Il n'y a toujours pas d'égouts et la municipalité n'est
pas prête à faire face à une catastrophe naturelle ou à de la
criminalité. Il en est de même pour une partie de Minamisôma. Seuls les
habitants du quartier de Haramachi sont autorisés à rentrer pour les
fêtes. Ailleurs, les égouts ne sont pas rétablis non plus.
Toutes les personnes qui rentrent devront porter un dosimètre durant tout le séjour.
Vendredi 4 janvier, l'Asahi a enquêté sur la 'décontamination' et a découvert de
nombreuses malversations. Il y consacre trois articles en anglais (un, deux, trois).
Des déchets contaminés (terre, feuilles...) ont été vidés dans des
rivières, de l'eau issue des appareils de nettoyage à haute pression,
non collectée... Souvent, ce sont les chefs qui ont encouragé les
ouvriers à ne pas respecter les règles.
Le gouvernement a déjà consacré 650 milliards de yens (5,7 milliards
d'euros) à la 'décontamination' d'une petite partie des zones les plus
contaminées. Les zones moins contaminées sont à la charge des pouvoirs
locaux. Sur les 11 communes concernées par le programme gouvernemental,
les travaux ont commencé dans 4 d'entre elles. Il s'agit d'enlever les
substances contaminées jusqu'à 20 m autour des bâtiments, habitations,
routes...
Ce sont les majors du BTP qui ont remporté les marchés et qui
sous-traitent à des petites compagnies, qui souvent, sous-traitent
elles-mêmes. Aucune de ces compagnies n'avait d'expérience dans la
décontamination. A Naraha, par exemple, le contrat entre le
gouvernement et le consortium qui inclut Maeda Corp. et Dai Nippon
Construction est de 18,8 milliards de yens (165 millions d'euros). A Tamura, c'est Kajima
Corporation, la plus grande compagnie de BTP, qui a remporté le marché.
C'est elle qui a construit les bâtiments réacteur 1 à 6 de Fukushima
daï-ichi...
Le
cahier des charges stipule clairement que les entreprises doivent
collecter les matériaux contaminés et ne pas les disperser dans la
nature. Les toits et les murs doivent être nettoyés à la main. L'eau
sous pression n'est autorisée que pour les gouttières et doit être
collectée.
Du 11 au 18 décembre, 4 journalistes du quotidien Asahi sont allés
enquêter sur le terrain. Ils ont passé 130 heures à observer. Sur 11
sites, situés à Naraha, Iitaté et Tamura, les travailleurs rejetaient
dans la nature les feuilles, la terre et l'eau. Les journalistes ont
pris des photos. Les interviews d'une vingtaine de travailleurs a
révélé qu'ils ne faisaient que suivre les instructions de leurs
employeurs, sous le prétexte qu'ils ne pourront jamais finir s'ils
respectent scrupuleusement les règles. L'Asahi a aussi enregistré le
témoignage d'un contre-maître qui a ordonné de rejeter les herbes
coupées sur le bas-côté de la route. A Tamura, c'était des feuilles et
de la terre dans la rivière.
Il est aussi difficile d'évaluer le bilan de la 'décontamination', les
mesures de débit de dose avant et après étant très limitées. Les
travaux étant faits en priorité dans la zone où il y a des mesures de
faites et négligés ailleurs.
Un des ouvriers, âgé d'un vingtaine d'année, était choqué par ces
pratiques. Employé tout au bout d'une chaine de sous-traitance, il n'a
jamais été entendu par les personnes au dessus de lui. Il a aussi
informé le ministère de l'environnement des pratiques. Il a conduit les
reporters du Asahi dans une zone forestière à une vingtaine de mètres
d'une route de Naraha, à 15 km de la centrale de Fukushima daï-ichi.
C'est là qu'il a rejeté toute la végétation qu'il a collectée au lieu
de la mettre dans de grands sacs (big bags). La zone fait 50 m sur 1 m
environ il y a une épaisseur qui peut atteindre 1,5 m.
La zone à 'décontaminer', sur 20 m de part et d'autre de la route,
était marquée par un ruban coloré. Le chef de chantier a dit à la
trentaine de personnes engagées dans les travaux de rejeter au-delà
tout ce qui ne rentrait pas dans les sacs. Ses propos ont été
enregistrés par l'ouvrier en question.
Un autre, âgé de 43 ans, a amené les reporters du Asahi au bord d'une rivière où 3 m3 de débris végétaux ont été rejetés à Tamura.
Le quotidien a aussi pu filmer une telle pratique à Tamura, à 17 km de
la centrale. Tout ce qui a été collecté a été rejeté dans la rivière. A
Iitaté, le parking de la poste était nettoyé au jet à haute pression et
l'eau s'écoulait dans le caniveau pour finir dans la rivière. Un
superviseur de Taisei Corp., la major qui a remporté le marché local,
était présent. Le débit de dose près du caniveau était de 0,8
microsievert par heure avant les travaux et est monté entre 1,9 et 2,9
microsieverts par heure au niveau de l'eau de nettoyage.
L'Asahi présente de nombreux autres exemples : à Naraha, un balcon
était nettoyé au jet sous pression sans collecte de l'eau contaminée.
Interrogée, la personne en charge du chantier a expliqué qu'il n'est
pas suffisant d'essuyer et qu'il faut tout passer au jet en laissant
l'eau s'écouler. Dans certaines maisons, le débit de dose était plus
élevé après la 'décontamination'.
La façon dont le gouvernement s'y est pris en donnant les chantiers au
majeurs du BTP est très criticable. Il aurait mieux fait de soutenir
les initiatives locales, ce qui aurait favorisé l'économie locale qui
est sinistrée et aurait garanti la qualité une meilleure des travaux
s'ils sont faits par les personnes qui vont en bénéficier.
Samedi 5 janvier, l'Asahi
prétend que le ministère de l'environnement n'a jamais pris au sérieux
les nombreuses plaintes qu'il a reçues à propos de la 'décontamination'
baclée effectuée à Fukushima et des pratiques illégales de rejet des
déchets engendrés dans la nature. Et elles étaient nombreuses. Il n'a
même pas fait l'effort de les compiler.
Un fonctionnaire de ce ministère explique sans vergogne : "comme nous
avions de nombreux coups de fil, nous ne pouvions pas tout
enregistrer". Le bureau local, installé à Fukushima de ce ministère a
rappelé les règles aux compagnies, sans vérifier qu'elles étaient bien
appliquées. Il n'a jamais transmis l'information à Tôkyô.
Un ouvrier qui a prévenu le bureau local a expliqué que rien n'avait
changé pendant un mois. Il a donc envoyé un document écrit, sans plus
d'effet.
Une fois encore, c'est quand le scandale éclate dans les médias que le ministère annonce une enquête.
De son côté, le Maïnichi
a aussi contacté des travailleurs impliqués dans la 'décontamination'
qui confirment que le rejet dans la nature de ce qu'ils ont collecté, à
savoir les déchets organiques contaminés, la terre et l'eau, est une
pratique ordinaire. Et d'ajouter que c'est dû à une manque de place
d'entreposage et qu'il n'y a pas d'autre solution. L'herbe coupée
n'est, parfois, même par ramassée et laissée sur place. En conséquence,
la 'décontamination' ne sert à rien et ne fait pas baisser les niveaux
de débit de dose. Quant à l'eau, elle n'est collectée que dans les
chantiers modèles, en présence des représentants du ministère ou la
presse. Autrement, elle est systématiquement rejetée dans
l'environnement.
Bref, il s'agit d'un véritable gaspillage de l'argent public qui
bénéficie à quelques compagnies. Surtout en travaillant ainsi, c'est un
chantier sans fin, peu importe la quantité de fonds injectés. Le
gouvernement, qui a promis un retour aux habitants, ne peut revenir en
arrière, même si les populations ne sont pas dupes.
Mais même en travaillant correctement, il n'y a pas de place pour
entreposer puis stocker toute les déchets générés. La pluie, le vent
recontaminent de nombreuses zones. Le rayonnement gamma émis par les
radioéléments rebondit sur les molécules d'air (effet de ciel) et
irradie sur de grandes distances. L'effet est encore plus marqué dans
les zones encaissées, les vallées, où la contamination des flancs de la
montagne irradie le fond. Décontaminer sur 20 m ne suffit pas.
Telle est la triste réalité des zones contaminées. Il serait temps
d'accepter honnêtemnt les faits et d'engager des discussions avec les
habitants évacués pour définir démocratiquement l'avenir de ces vastes
territoires.
Le maire de Futaba, commune proche de la centrale de Fukushima
daï-ichi, a déclaré que les habitants ne devaient pas espérer rentrer
avant 30 ans. Pour lui, c'est une durée réaliste. Il est optimiste ! Le
césium 134, qui a une demi-vie de 2 ans aura presque disparu. Il
représente 50% de la contamination en césium des premiers mois. Quant
au césium 137, qui a une demi-vie de 30 ans justement, il aura été
divisé par deux. Au final, la contamination en césium aura été divisée
par quatre seulement en 30 ans. Une partie partira par le lessivage,
mais la contamination ne sera pas divisée par des grands nombres.
Actuellement, 75% de la population de Futaba est originaire de zones où
la dose dépasse 50 mSv/an. Et le maire d'annoncer que le retour ne sera
possible que si la dose passe sous les 1 mSv/an. Il faudra plus de 30
ans pour cela.
Lundi 7 janvier, l'Asahi
continue avec le scandale de la décontamination : selon de nouveaux
témoignages, la pratique de rejeter les déchets dans la nature existe
depuis le début, même lors des chantiers tests, sauf quand les
officiels étaient présents.
Le ministère de l'environnement a lancé une enquête. Les ouvriers qui
sont réunis dans une association de défense (Hibakurodo-wo Kangaeru
Network, réseau de réflexion sur le travail avec exposition à la
radioactivité) veulent en profiter pour faire remonter aussi le
problème de la prime de risque qui est pompée par les intermédiaires et
n'arrive pas toujours dans la poche de ceux qui font le travail et son
réellement exposés.
Mardi 8 janvier, le New-York Times
a aussi enquêté sur les malversations lors des opérations de 'décontamination', contrairement à la presse française,
étonnamment muette sur ce scandale. Plusieurs compagnies locales ont
développé des technologies plus efficaces pour 'décontaminer', mais
elles n'ont été retenues. Ce sont les compagnies du BTP, qui utilisent
balais, pelles... et huile de coude qui empochent l'argent des ces
contrats lucratifs, sous prétexte qu'elles sont moins chères. Mais,
avec quel résultat ! Les compagnies étrangères ont toutes été écartées
aussi.
Le gouvernement japonais a invité 32 compagnies américaines pour
solliciter leur avis et connaître leur savoir-faire. 6 mois plus tard,
aucune n'a été retenue pour participer à la 'décontamination'.
Pourtant, les Etats-Unis, avec leurs nombreux sites pollués par le
nucléaire militaire, ont une longueur d'avance. Les excuses avancées
par Hidehiko Nishiyama, un officiel du ministère de l'environnement
japonais en charge de la décontamination, sont édifiantes : "Même
si une méthode marche à l'étranger, le sol japonais est différent, par
exemple. [...] Et si nous avons des étrangers qui rodent dans la
région, cela pourrait effrayer les vieilles grands-mères et les vieux
grands-pères ici". Plus que les radiations ????
Quant à la presse japonaise, elle continue à lister les malversations.
Et le ministère de l'environnement a reconnu que deux compagnies ont
laissé s'écouler dans le caniveau l'eau utilisée pour la
'décontamination' à Iitaté et Naraha.
L'Asahi
précise que les compagnies respectent les règles en ce moment et que
certaines d'entre elles ont demandé aux intervenants de ne pas parler à
la presse. Quant aux ouvriers, ils pensent que cela ne finira jamais.
D'autres pensent que c'est un travail inutile car la contamination
revient : pourquoi respecter des règles contraignantes qui ne font que
faire perdre du temps. Il faut 3 jours pour nettoyer une maison à la main, deux heures avec un jet sous pression.
Le manque de sites d'entreposage pour les déchets collectés est aussi un frein sérieux.
Mercredi 9 janvier, suite à son enquête sur les pratiques mises en oeuvre pour 'décontaminer', l'Asahi
a reçu plus d'une centaine de mails ou de coups de fil de travailleurs
engagés dans ces opérations. Il en ressort un manque de formation, des
délais non réalistes, un sentiment d'isolement et que le travail était
inutile. Nombre d'entre eux ne pensaient pas faire quelque chose de mal
dans de telles circonstances.
D'autres témoignages d'habitants de la région sont venus confirmer les
malversations. L'un a expliqué avoir souvent vu des végétaux emportés
par les rivières. Et d'ajouter que c'est dû au fait que ce ne sont pas
des locaux qui sont engagés pour faire ce travail.
Quelques témoignages de travailleurs :
-"On nous pressait de finir rapidement".
- "Si l'on essayait de résister, on risquait de se retrouver isolé des
autres travailleurs, même si cela n'allait pas jusqu'au risque de
perdre son emploi. Avec des températures négatives dans les montagnes,
être placé dans de telles circonstances aurait entraîné un sentiment de
solitude chez beaucoup de personnes".
- "Même si le travail n'était pas correctement terminé, on nous disait
de se dépêcher car nous n'avions plus le temps. Dès que le site
apparaissait comme décontaminé, nous passions au site suivant".
- "Les niveaux de radiations redevenaient comme avant, même une fois le
travail terminé. Nous avions donc le sentiment que ce nous faisions
n'avait aucune valeur. Le travail continuera à être de mauvaise
qualité, même si la surveillance est renforcée."
- "Les travailleurs avaient perdu toute préoccupation à propos des
substances radioactives", ajoutant qu'il craignait de devenir aussi
insensible que les autres.
- "Tous les travailleurs n'ont pas été laxistes. Ils faisaient de leur
mieux, essayant différentes méthodes, car il n'y avait mode d'emploi".
Et d'ajouter qu'ils n'ont reçu aucune formation et que des entreprises
ponctionnaient leur salaire pour diverses raisons. "Il est difficile
d'accepter les accusation de travail bâclé pour des personnes qui
essayaient de faire de leur mieux avec des conditions de travail
terribles".
Jeudi 10 janvier, l'Asahi
explique toutes les démarches qu'il a entreprises auprès du ministère
de l'environnement pour les alerter sur les pratiques sur les chantiers
de 'décontamination'. Quand le journal a montré les photos, le 25
décembre, il leur a été répondu que les ouvriers rejetaient le surplus
car ils ont collecté plus de déchets que prévu. Un autre a dit qu'ils
ne peuvent rien faire sans confirmer les faits. Le lendemain, le
journal a rencontré les responsables locaux de Fukushima, sans plus de
succès. La personne sur place a reconnu que les faits étaient graves
s'ils étaient confirmés et qu'il en référerait à ses supérieurs. Il n'a
rien fait avant le 28 décembre. Ce même jour, deux compagnies ont
informé cette personne qu'elles n'avaient pas correctement collecté
l'eau. Ce sont les seuls faits reconnu par le ministère à ce jour.
Un des fonctionnaires a même dit que son ministère ne réagirait pas si l'affaire n'est pas rendue publique par la presse...
Même après les révélations, le nouveau ministre de l'environnement,
Nobuteru Ishihara, a été très lent à réagir. Il a envoyé le
vice-ministre inspecter un site : les feuilles rejetées dans la
rivières avaient disparue... Le ministre de l'environnement a aussi
demandé des rapports aux compagnies et se refuse à aller interviewer
directement les personnes sur le terrain. Il les attend pour le 11
janvier et prendra une décision ensuite... Elle est attendue pour le 18
janvier.
Lundi 14 janvier, l'Asahi
continue son enquête sur la 'décontamination' et est allé examiner les
pratiques mises en place par la ville de Fukushima : l'eau sous
pression est largement utilisée et elle part dans le caniveau.
Pourtant, la municipalité a soumis un plan de mettre des sacs de sable
contenant de la zéolite (qui absorbe le césium) dans les caniveaux pour
filtrer l'eau, qui a été accepté et financé en septembre 2012, mais
elle ne l'applique quasiment pas. Les tests qu'elle a effectués
montraient que les sacs filtraient 90% du césium.
Dans les zones où il n'y a pas eu d'évacuation, mais où le débit de
dose est supérieur à 1 mSv/an, le gouvernement a chargé les
municipalités de la décontamination avec un soutien financier. Presque
toute la ville est concernée. Cela représente 90 000 foyers, mais
seulement 4 000 maisons ont été 'décontaminées' jusqu'à présent. Les
sacs filtrants n'ont été utilisés que pour 300 d'entre elles, dans une
dizaine de quartiers seulement.
Pour plusieurs personnes, le lessivage des sols lors des pluies a
tellement contaminé les caniveaux, ruisseaux et rivières, qu'un peu
plus ou un peu moins, cela ne se voit pas. Il n'est donc pas utile de
filtrer l'eau lors du nettoyage des toits à l'eau sous pression...
Mardi 15 janvier, l'agence Kyodo, reprise par le Japan Times,
donne la parole à une personne employée dans la 'décontamination
baclée' : il n'y a pas de savoir faire et personne ne sait comment
faire. Il travaille de 7h30 à 16h30, 6 jours par semaine. Ils sont une
dizaine par équipe, de tous âges, hommes et femmes, avec des origines
très différentes. Peu ont une expérience en génie civil. Certains ne
connaissent même pas les règles de base, comme le port du casque ou les
chaussures de protection. Certains travaillent donc avec des bottes
ordinaires. "Les contre-maîtres qui nous encadrent ou les inspecteurs
gouvernementaux nous harcèlent pour que nous travaillions en sécurité,
mais ils ne nous donnent pas d'instructions spécifiques. Ce sont tous
des profanes qui ne savent pas ce cause des risques".
Le coût total de la 'décontamination' à Fukushima et dans les autres
provinces s'élève déjà à 570 milliards de yens (4,8 milliards d'euros).
Sur cette somme, environ 120 milliards de yens (1 milliard d'euros)
concerne les zones les plus contaminées où le gouvernement s'est engagé
à mener lui-même les opérations. Ces opérations sont très limitées et
il n'y a toujours aucun plan pour les forêts qui couvrent 70% de la
province de Fukushima.
Mercredi 16 janvier, suite du feuilleton sur la 'décontamination bâclée' : le ministère de
l'environnement se réveille et va mener ses propres investigations car
il n'est pas satisfait par les réponses apportées par les compagnies
impliquées dans le scandale. Il va interroger les ouvriers.
L'Asahi avait découvert 14 cas de malversations avec rejet des déchets
dans la nature. Le ministère a reçu des informations à propos de 30
autres cas et les compagnies n'ont admis que 3 ou 4 cas en tout (en
fonction des sources) : de l'eau de décontamination qui a coulé dans la
nature dans deux cas et des ouvriers qui ont lavé leurs bottes dans la
rivière dans les autres cas. Et c'est tout... Les compagnies ont
démenti les autres cas, même si l'Asahi a fourni des photos et vidéos.
Selon l'Asahi,
le ministère s'est, pour le moment, contenté d'interroger les
compagnies, qui se sont retournées vers les contre-maîtres qui n'ont
pas interrogé les ouvriers. Dans un autre cas, les ouvriers étaient
tous alignés devant leur contre-maître et il leur a été demandé de
lever la main s'ils avaient reçu des ordres de rejeter les déchets dans
la nature. Personne n'a osé lever la main devant les supérieurs, même
s'ils avaient reçu de tels ordres.
Jeudi 17 janvier, suite du feuilleton sur la décontamination bâclée alors que le
ministère de l'environnement doit donner ses conclusions le 18 janvier
en se basant essentiellement sur les rapports des compagnies qui ont
remporté les contrats. L'Asahi
critique sévèrement les rapports des compagnies avec de nouvelles
photos et une vidéo. Lors de ses premières révélations, le 4 janvier
dernier, l'Asahi avait publié quelques photos pour prouver ses dires
(voir notre résumé ce jour là). Les compagnies n'ont pas pu les ignorer
et ont brodé autour. L'Asahi démonte le mensonge en publiant d'autres
photos. Quelques exemples :
- une série de 3 photos montraient une personne à Tamura,
le 14 décembre 2012, en train de jeter des feuilles dans un ruisseau
avec ses pieds. Le ruban rose sur son casque indique qu'il s'agit d'un
contre-maître. La personne sur la photo a reconnu que c'était bien
elle. Mais elle affirme qu'elle était aller rechercher un râteau qui
était tombé dans la rivière. Et pour appuyer ses dires, la compagnie
publie une photo du râteau retrouvé !
L'Asahi a donc publié d'autres photos du même évènement (elle en a 27 en tout !)
qui montre le contre-maître avant et après. Il n'a jamais de râteau
dans les mains. Par ailleurs, la rivière était couverte de feuilles et
de branchages : le râteau n'aurait jamais pu tomber dans la rivière. Le
reporter du Asahi a passé la journée sur place et n'a jamais vu le
contre-maître rechercher un rateau dans la rivière.
- sur une autre photo publiée le 4 janvier, on voyait un homme en blanc
utiliser un jet d'eau à haute pression pour 'décontaminer' un balcon,
sans que l'eau ne soit collectée. Il est interdit, dans le cahier des
charges du ministère de l'environnement, d'utiliser un jet haute
pression pour les toits et l'eau doit être collectée. La compagnie a
reconnu avoir utilisé ce jet pour nettoyer le balcon et ne pas pas
avoir collecté l'eau, mais a nié avoir utilisé ce jet pour le toit. L'Asahi publie donc une nouvelle photo du site et une vidéo qui montre l'utilisation du jet sur le toit voisin du balcon.
- troisième et dernier exemple : la décontamination du parking de la
poste d'Iitaté-mura le 18 décembre 2012, toujours au jet d'eau haute
pression sans récupération de l'eau. Le débit de dose avait augmenté dans le caniveau où l'eau était partie.
Dans leur rapport, les compagnies prétendent que les intervenants ne
savaient pas que de l'eau s'écoulaient dans la caniveau. L'Asahi (dernière partie de la vidéo, en japonais)
a enregistré la conversation avec le contre-maître où la journaliste
lui montre le caniveau où l'eau s'écoule et se dernier s'en va sans
rien dire...
Les compagnies ont déjà perdu toute crédibilité dans cette affaire. Le
ministère de l'environnement joue aussi sa crédibilité : s'il se
contente des rapports des compagnies prises sur les faits, comme il a
tendance à le faire actuellement, la défiance envers les autorités,
déjà très forte, ne fera que s'accroître. L'argent public en jeu et le
nombre de personnes concernées par cette catastrophe font que ce serait
un gachi immense.
Vendredi 18 janvier, suite du feuilleton sur la décontamination bâclée : le ministère de
l'environnement a finalement reconnu 5 cas de malversation lors des
chantiers de 'décontamination'. Dans 2 cas, il n'y a pas eu de malversation. Le ministère aura aussi 'enquêté' (on a
vu comment...) sur 14 autres cas et n'aurait pas pu confirmer les
accusations. Les compagnies n'ont pas été punies, juste rappelées à l'ordre.
Le ministère va multiplier par 4 le nombre d'inspecteurs qui seront 200 à présent.
Et c'est sans vergogne qu'il appelle la population à lui signaler les
malversations alors qu'il n'a rien fait quand des ouvriers ou de simples citoyens ont tenté de
tirer la sonnette d'alarme. Le ministère a reconnu qu'il n'avait pas réagi assez vite.
Samedi 19 janvier, le Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a
inspecté les conditions de travail sur les chantiers de
'décontamination' et a trouvé des violations du droit du travail dans
45% des cas. Ce sont des sous-traitants qui sont le plus souvent mis en
cause. 242 sont impliquées dans ce travail. Elles se sont précipitées
pour bénéficier des fonds débloqués par le gouvernement, sans avoir
aucune compétence.
- Parmi ces violations, il y a 34 cas où le débit de dose n'a pas été contrôlé avant le début des travaux.
- Dans 8 cas, la prime de risque liée aux conditions de travail dans un
environnement radioactif n'a pas été payée aux travailleurs. Elle est
pourtant payée aux compagnies contractantes sur des fonds publics.
- Dans 11 cas, les conditions de travail, salaire, etc, n'ont pas été précisées aux personnes embauchées.
- Il y a aussi de nombreux cas où les ouvriers n'ont pas été payés ou n'ont pas eu droit à une visite médicale.
Vendredi 25 janvier, il y a eu de fortes chutes de neige dans la région de Fukushima, ce
qui conduit à une suspension des travaux de 'décontamination'. Il y a eu
jusqu'à 41 cm dans la ville de Fukushima. De nombreux sous-traitants
ont donc simplement licencié les personnes engagées pour effectuer ces
travaux, ce qui est illégal.
La loi stipule que les entreprises doivent informer les employés de
leur licenciement avec un préavis de 30 jours et les payer pendant ces
30 jours. Mais comme, avec le millefeuille de la sous-traitance, il ne
reste plus beaucoup d'argent en fin de chaîne. Les sous-traitants
licencient donc les ouvriers pendant la période de neige et compte les
réembaucher quand les conditions météo seront redevenues favorables.
Le ministère du travail a promis qu'il allait enquêter. Celui de l'environnement est, une fois de plus, silencieux.
Mercredi 30 janvier, il y a pénurie de main d'oeuvre pour 'décontaminer' Fukushima. Selon
le ministère du travail, seulement 10% des 1 800 postes sont pourvus.
Les principaux obstacles seraient la peur de la radioactivité et les
faibles salaires, qui sont de même ordre que dans le bâtiment. En
novembre dernier le salaire mensuel le plus bas pour ce travail était
de l'ordre de 190 000 yens (1 500 euros). Les salaires les plus élevés
étaient de l'ordre de 260 000 yens (2 200 euros).
Jeudi 31 janvier, la police a arrêté un yakuza impliqué dans la sous-traitance des
activités de 'décontamination'. Il fournissait des travailleurs
journaliers à une compagnie sous-traitante et empochait une partie de
leur salaire. Yoshinori Araï, du clan Sumiyoshi-Kai, aurait envoyé 3
personnes travailler à la 'décontamination' à Daté une dizaine de fois.
Le salaire qu'elles ont touché fait moins de la moitié de ce qui aurait
été versé, ce qui suggère que la clan a empoché la différence. Ce n'est
pas la première fois que M. Araï est arrêté. Il a déjà été impliqué
dans une affaire similaire sur un chantier de construction de logements
temporaires.
Les sommes d'argent énormes dépensées dans la reconstruction du Tôhoku
et la réhabilitation des zones contaminées attirent de nombreuses
convoitises. La pénurie de personnel favorise l'implication de la pègre.
Samedi 2 février, le Fukushima Directorate General vient d'être créé pour coordonner les
différentes instances administratives impliquées pour accélérer la
réhabilitation de la province de Fukushima frappée par 3 désastres. Il
emploie 60 personnes environ.
Jeudi 7 février, le MEXT a mis en ligne des résultats d'analyse de la radioactivité sur des aiguilles de pin
qui font apparaître une contamination très élevée par endroit. Comme
ses aiguilles ont un cycle de vie de trois ans, elles ne sont pas
encore toutes tombées sur le sol. La 'décontamination' des sols
forrestiers devra être recommencée... Le problème se pose aussi avec
d'autres essences très répandues au Japon comme les cèdres (sugi).
Samedi 9 février, le ministère de l'environnement a reconnu que la prime de risque à
laquelle ont droit les ouvriers qui 'décontaminent' ne leur est pas
toujours versée intégralement, voire pas du tout, et disparait dans les
nombreuses couches de la sous-traitance. Cette prime est de 10 000 yens
(80 euros) par jour et doit venir s'ajouter au salaire. Des centaines
d'ouvriers, et peut-être même plus, sont concernés, alors qu'elle est
versée par le gouvernement aux entreprises qui ont emporté les juteux
marchés.
L'Asahi
avait commencé à révéler ces pratiques en nov. 2012. Le ministère a
tardé à réagir. Le 22 janvier dernier, il a demandé aux compagnies qui
ont empoché les marchés de 'décontamination' du gouvernement, mais
aussi des pouvoirs locaux, d'enquêter. Elles ont répondu que pour 7
projets sur 33, il y a bien eu malversation : toute la prime n'a pas
été versée. On ne sait pas combien de travailleurs cela concerne car le
ministère ne l'a pas demandé... Mais un projet implique des centaines,
voire des milliers d'ouvriers.
Le ministère devrait demander aux compagnies de verser les primes de risques non versées.
Mais, il se refuse à donner le nom des compagnies. Il ne compte pas non
plus les sanctionner. Pourtant, le non-paiement entraîne normalement le
non accès aux marchés publics pendant un certain temps.
Ce manque de réaction officielle, qui n'est pas sans rappeler ce qui se
passait pour le nucléaire, fait que les pratiques illégales vont
perdurer, comme si le pays n'avait rien retenu de la catastrophe
nucléaire en cours.
Lundi 11 février, la municipalité de Namié veut ouvrir une clinique dans la zone des 20
km avant la fin de l'année fiscale 2013. Ce sera la première clinique à
rouvrir dans cette zone entièrement évacuée. La ville, qui avait une
population de 21 000 habitants avant la catastrophe, espère le retour
d'une partie de la population dans les zones où c'est permis. Et comme
ce seront surtout les personnes âgées qui rentreront, il est important
d'avoir un service médical de proximité.
Mardi 12 février, des ouvriers impliqués dans la 'décontamination' ont fait fondre de
la neige au chalumeau pour pouvoir décontaminer et la maison a brûlé.
Heureusement, elle n'était pas habitée. Pourquoi 'décontaminer' dans de telles conditions climatiques ?
Cela a eu lieu le 9 février à 10h40 à Hamada-machi dans la ville de Fukushima.
Lundi 25 février, après les 3 catastrophes qui ont frappé le Japon en 2011, environ 300
000 personnes vivent dans les logements provisoires. 110 000 sont dans
des "mobil-homes", les autres dans des appartements avec le loyer pris
en charge par le gouvernement. Le gouvernement va étendre à 4 ans la
permission de vivre dans les mobil-homes car la construction de
logements prend du retard. Seulement 55% des habitations prévues à
Miyagi, Iwaté et Fukushima seront construites en mars 2015 (fin de
l'année fiscale 2014). D'après l'Asahi,
la plus grande difficulté est de trouver des terrains disponibles. Les
terrains publics sont occupés par les mobil-homes et les négociations
les propriétaires de terrains prennent du temps. Un responsable de
Ishinomaki (Miyagi) pointe aussi du doigt le manque de personnel pour
négocier les terrains. 24 000 constructions sont prévues (5 639 à
Iwaté, 15 767 à Miyagi et 2 868 à Fukushima), mais il n'y a du terrain
que pour 37% d'entre elles (9 014). Les travaux ont commencé pour 11%.
Par ailleurs la demande augmente car de nombreuses familles ont
abandonné l'idée de construire leur propre logement ou de retourner
chez elles et comptent donc sur le parc locatif public. Le nombre de
constructions nécessaires a augmenté de 2 600 en 7 mois.
A Fukushima, environ 62 000 personnes ont quitté la province. Si elles
demandent toutes à rentrer, il faudra 7 000 constructions en tout.
Après le séisme de 1995 à Kôbé, les réfugiés ont pu rester jusqu'à 5
ans dans leur logement provisoire. Le gouvernement avait reporté 3 fois
la limite.
Mardi 26 février, la ville de Namié, entièrement évacuée, a édité un annuaire pour que
les habitants puissent rester en contact. 4 000 personnes volontaires
sont répertoriées.
Pendant ce temps là, l'école municipale, déplacée à Nihonmatsu, peine à
recruter. Les 6 écoles de la ville ont été regroupées en une seule.
Mais les enfants vont maintenant dans les écoles à proximité de leur
nouveau domicile et il n'y a aucun inscrit en CP pour la rentrée
prochaine, qui a lieu début avril au Japon.
Sur les 1 000 enfants scolarisés à Namié avant la triple catastrophe,
500 environ ont quitté la province de Fukushima. Ceux qui sont restés à
Fukushima sont dispersés sur 33 communes. Il en est de même pour le collège qui n'a que 49 élèves sur 600 avant 2011.
Il y avait 3 000 habitants à Kawauchi, qui a été entièrement évacuée.
En septembre 2011, les habitants ont été autorisés à rentrer. En
janvier 2012, le maire a appelé les habitants à revenir chez eux. Un an
plus tard, seulement 400 habitants sont retournés. Environ 700 autres
n'y viennent que durant la journée pour travailler. Les radiations ne
sont pas les seules responsables : de nombreux magasins n'ont pas
rouvert et il n'y a pas de clinique. 80% des habitants qui sont revenus
ont plus de 50 ans. La mairie essaye d'attirer de nouveaux habitants
dont des réfugiés des villages voisins qui ne peuvent pas rentrer.
Dans les villages plus contaminés que Kawauchi, le taux de retour
risque d'être plus faible. Avis à tous ceux qui clament haut et fort
que la radioactivité n'est pas dangereuse : ces villages vous attendent
!
Vendredi 1er mars, 3 ouvriers impliqués dans la "décontamination" ont expliqué aux
médias qu'ils avaient rejeté des déchets radioactifs dans la rivière
sur ordre de leur supérieur. L'un d'entre eux a dit avoir eu peur
d'être licencié s'il refusait. Et comme il a vu son supérieur faire de
même, il a continué. Un autre a expliqué que son supérieur leur a dit
de tout rejeter dans la rivière car la date de fin de chantier
approchait. Le troisième a passé une heure avec des officiels du
ministère de l'environnement pour leur expliquer les pratiques en
cours. Mais il n'a pas été cru. Dans le rapport d'enquête du ministère
de l'environnement, il n'y aurait pas eu de malversation dans cette
zone...
C'est la première fois que ces malversations sont reconnues publiquement. Tous les autres témoignages étaient anonymes.
Pour les japonophones, la vidéo de la conférence de presse est diponible sur le site du Asahi.
Lundi 4 mars, on avait vu que TEPCo n'avait pas transmis les doses prises par 21 000 travailleurs en
2011 au fichier national de la Radiation Effects Association. Selon le Maïnichi,
les doses prises par les ouvriers engagés dans la "décontamination" ne
sont pas transmises non plus. Le Ministère de l'environnement a
pourtant conclu un accord avec cet organisme public pour que les doses
y soient enregistrées, mais les instructions transmises aux entreprises
sélectionnées pour les chantiers de "décontamination" n'auraient pas
été suffisantes. Les entreprises doivent enregistrer les doses, mais
elles ne sont pas rassemblées dans un fichier national. Ainsi, si un
ouvrier a plusieurs employeurs successifs, personne ne peut vérifier
s'il a dépassé la dose maximale autorisée.
Dans le modèle de contrat de travail rédigé par le ministère de
l'environnement, il est clairement écrit que les entreprises doivent
fournir un carnet de dose aux employés engagés dans les travaux exposés
aux rayonnements ionisants. Il n'est pas dit explicitement que ces
données doivent être transmises au fichier national, mais cela va de
pair selon la Radiation Effects Association.
18 des 25 chantiers pilote lancés par le gouvernement sont terminés.
Sur un de ces chantiers à Ôkuma, un ouvrier a pris 11,6 mSv.
Mardi 5 mars, le maire de Namié a demandé à google d'aller photographier la ville
abandonnée pour que les habitants puissent y retourner virtuellement en
utilisant 'street view'.
Le Maïnichi
a enquêté auprès de personnes qui ont quitté les provinces dévastées
d'Iwaté, Miyagi et Fukushima et 80% d'entre elles ont déclaré ne plus
vouloir revenir et s'installer dans une autre province. Ce pourcentage
est en hausse par rapport aux précédents sondages.
Seulement 12% de ces personnes vivent actuellement dans un appartement
privé dont elles payent le loyer. Les autres bénéficient d'aides des
communes d'accueil qui ont mis à leur disposition des logements
gratuits ou qui les aident à payer le loyer. Cette aide se terminera au
bout de 3 ans et ces personnes ne savent pas ce qu'elles vont devenir.
Il se pourrait que les autorités étendent d'une année leur aide. 60% de
ces personnes ont des difficultés financières. Et 20% disent ressentir
de la discrimination dans leur nouveau lieu de vie.
L'Asahi,
quant à lui, a enquêté auprès des personnes qui sont restées à
Fukushima. 60% d'entre elles pensent qu'il faudra plus de 20 ans pour
retrouver une vie normale. 19% disent moins de 20 ans, 14%, a peu près
10 ans et 3% à peu près 5 ans. En revanche, ils sont moins nombreux à
déclarer vouloir quitter la province par rapport à des sondages passés
: 26% contre 32% la dernière fois.
En ce qui concerne la "décontamination", les avis sont très partagés :
50% des personnes qui ont répondu à l'enquête en attendent quelque
chose alors que 49% sont pessimistes. Et même 10% n'en attendent rien.
En ce qui concerne le projet de centre d'entreposage des déchets issus
de la décontamination, 59% sont prêts à l'accepter alors qu'ils
n'étaient que 39% précédemment. Ils ne sont plus que 29% à s'y opposer
contre 41% précédemment.
Samedi 9 mars, le tourisme à Fukushima continue à souffrir. Le château Tsuruga
d'Aïzu-Wakamatsu, à 100 km de la centrale de Fukushima, autrefois une
des destinations prisées, a vu le nombre de visiteurs chuter de 45% en
2011 et 27% en 2012 par rapport à 2010.
Le nombre de nuits d'hôtel dans tout le Tôhoku a aussi baissé de 20% par rapport aux niveaux de 2010.
Selon un bilan présenté par le ministère de l'environnement, la
"décontamination" progresse bien moins vite que prévu. Et d'accuser les
fortes chutes de neige cet hiver et le manque de sites de stockage des
déchets générés. Mais des personnes proches des chantiers expliquent
que le gouvernement était trop optimiste : il y a beaucoup plus de
travail que ce qui a été estimé.
Cela n'empêche pas le gouvernement de s'accrocher à son calendrier.
-> Site du ministère de l'environnement dédié à la "décontamination" (en anglais)
La catastrophe a déjà généré d'énormes volumes de déchets radioactifs.
Il y a en particulier, les boues de station d'épuration et les cendres
des incinérateurs. La décontamination devrait en générer encore plus.
Le gouvernemnt japonais a décidé qu'en dessous de 8 000 Bq/kg pour le
césium, les boues et cendres pouvaient être traité comme des déchets
ordinaires. Au dessus de 100 000 Bq/kg, les déchets doivent être gérés
comme les autres déchets nucléaires. Entre 8 000 et 100 000 Bq/kg, la
décision sera prise au cas par cas.
Il n'y a, pour le moment, aucune solution pour gérer ces déchets. C'est
aux municipalités de se débrouiller avec, le temps de trouver une
solution meilleure. Le gouvernement veut ouvrir un ou plusieurs centres
d'entreposage centralisés et espère trouver une solution définitive
d'ici 30 ans.
Il y a aussi d'énormes volumes de débris du tsunami. Le gouvernement
veut les répartir dans tout le pays, mais les riverains des
installations de traitement (incinérateurs) refusent, de peur qu'ils
soient contaminés. La situation est bloquée pour le moment. Il y en a
plus de 20 millions de tonnes. La province d'Iwaté en a 4,75 millions
de tonnes, soit l'équivalent de 11 années d'ordures ménagères. Elle n'a
pu en traiter que 8% pour le moment. A Miyagi, c'est 15,69 millions de
tonnes, ou 19 années d'ordures ménagères et seulement 5% ont été
traités. A Fukushima, il y en a 2,08 millions de tonnes, dont 350 000
à 474 000 tonnes dans la zone interdite de 20 km.
1,3 millions de tonnes de débris ont été emportés par la mer. Parmi
eux, 40 000
tonnes devraient arriver sur les côtes Nord américaines
d'ici février 2013. Les premiers débris sont déjà arrivés.
Le gouvernement japonais a autorisé le recyclage des débris recyclables
si la contamination en césium est inférieure à 100 Bq/kg. A Fukushima,
le gouvernement a autorisé l'utilisation de débris de béton pour la
construction des routes si la contamination est inférieure à 3 000
Bq/kg. Ces débris doivent être au moins 30 cm sous la surface du sol.
Mars 2012
[afficher/cacher]
Lundi 12 mars, le ministre de
l'environnement a revu à la hausse la quantité de débris dus au tsunami
et au séisme dans la zone interdite des 20 km : il y en aura 474 000
tonnes. C'est à Minami-Sôma qu'il y en a le plus, avec 183 000 tonnes.
Ils sont tous contaminés. La plus forte concentration en césium
détectée actuellement est de 58 700 Bq/kg à Okuma. La concentration la
plus faible pour des débris incinérables est de 1 300 Bq/kg. Pour les
débris non incinérables, la plus forte contentration est de 11 600
Bq/kg à Okuma encore et la plus faible, de 200 Bq/kg à Minami-Sôma et
Namié.
Jeudi 15 mars, le conseil
municipal de Naraha, située dans la zone des 20 km, a adopté, à
l'unanimité, une résolution s'opposant à l'installation d'un centre
d'entreposage de déchets radioactifs sur le territoire de la commune.
Vendredi 23 mars, 3 provinces,
Gunma, Kanagawa et Shizuoka vont accepter de prendre en charge 281 000
tonnes de débris du tsunami suite à la demande formelle adressée par le
gouvernement. Le ministre de l'environnement devrait adresser des
demandes similaires à d'autres préfectures.
Dimanche 25 mars, le ministre
de l'environnement est allé jusqu'à Kita-Kyûshû pour convaincre la
ville d'accepter des débris d'Ishinomaki. Le conseil municipal a déjà
voté, à l'unanimité, l'acceptation de ces déchets.
La province d'Aïchi va construire une installation d'incinération et de
stockage sur une île artificielle située dans le port de Nagoya afin de
prendre en charge 500 000 tonnes de débris.
Quelques données sur la contamination de ces débris sont disponibles en
ligne en
japonais
sur le site du ministère de l'environnement.
Jeudi 29 mars, les autorités
régionales de Fukushima ont révélé, à l'issue d'une réunion, que
seulement 13 des 25 municipalités où des travaux de décontamination
auront lieu en priorité et à grande envergure en 2012, ont réussi à
trouver un centre d'entreposage temporaire des déchets générés. Le sol
raclé jusqu'à maintenant, surtout dans les crèches, écoles, parcs...
est souvent toujours sur place. Le sol retiré de ces lieux publics est
dispersé sur 957 lieux, dont 541 parcs. Les habitants refusent toujours
d'avoir un centre d'entreposage près de chez eux.
Samedi 31 mars, 5 villes de la
province de Niigata (Niigata, Nagaoka, Kashiwazaki, Sanjo et Shibata)
vont accepeter des débris du tsunami à la condition que la
contamination en césium soit inférieure à 100 Bq/kg. Les autorités
municipales vont organiser des réunions publiques pour expliquer à la
population.
Avril - Juillet 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 4 avril, le
Yomiuri
révèle que TEPCo a refusé de brûler les copeaux de bois en provenance
de Fukushima et Tochigi dans ses centrales thermiques, bien que les
niveaux de contamination soient dans la norme. L'industrie forestière
de ces deux provinces ne trouve plus de débouchés pour ses rebus qui
s'accumulent. Elle a donc demandé à quatre reprises à TEPCo de les
brûler mais la compagnie a toujours refusé. Si TEPCO refuse, comment
convaincre les clients d'accepter ces copeaux ?
Cette industrie ne trouve plus à se débarrasser de l'écorce,
habituellement vendue 1 000 yens la tonne, pour le compost ou la litère
des animaux.
Des mesures faites en août avaient mis en évidence une contamination en
césium de l'écorse pouvant atteindre 2 700 Bq/kg, ce qui est beaucoup.
Par la suite, les mesures avaient fait apparaître une contamination
comprise entre 200 et 300 Bq/kg, ce qui est moins que la limite de 400
Bq/kg pour en faire du compost. Mais seulement un quart des 4 000
tonnes d'écorses générées chaque mois par l'industrie forestière de
Fukushima n'a trouvé preneur. Les stocks font craindre le déclenchement
d'un incendie après fermentation.
La situation est similaire à Tochigi.
TEPCo a d'abord répondu qu'il était difficile de brûler l'écorse, alors
que d'autres compagnies d'électricité le font. Puis, que les cendres
générées seraient trop contaminées et qu'elle ne savait pas quoi en
faire. Mais la contamination des cendres est environ 30 fois plus
élevée que celle du bois. Les cendres ne devraient pas dépasser la
limite de 8 000 Bq/kg fixée pour les déchets.
Il se peut que les autorités imposent à TEPCO d'accepter ce bois.
Vendredi 6 avril, la province
d'Aïchi va aussi accepter des débris du tsunami. Elle va en prendre
jusqu'à 1 million de tonnes.
Samedi 7 avril, le Ministre de
l'environnement, Goshi Hosono, a fait part de l'intention du
gouvernement d'ouvrir deux centres de stockage pour les débris du
tsunami de la zone des 20 km qui n'ont pas encore été ramassés et qui
sont radioactifs. 2,5 hectares ont déjà été trouvés en deux endroits le
long de la côte, situés, pour l'essentiel, dans la zone des 20 km. 25
000 tonnes de débris sont attendus à partir de l'été. Mais la
municipalité de Naraha, pressentie pour héberger un de ces
centres, n'en veut pas : le conseil municipal a voté contre à
l'unanimité.
Les débris ayant une contamination en césium supérieure à 100 000 Bq/kg
seront évacués vers un centre de stockage des déchets radioactifs qui
reste à trouver et créer. Les autres pourront être incinérés dans un
incinérateur à construire dans la zone des 20 km.
Il y a environ 474 000 tonnes de débris dans la zone des 20 km.
Jeudi 12 avril, seulement 7,7%
des 1,8 millions de tonnes de débris ont été recyclés pour le moment. A
titre de comparaison, à la suite du séisme de Kôbé, 50% des débris
avaient pu être recyclés. De nombreuses compagnies en charge de la
valorisation de ces déchets craignent leur contamination potentielle.
Alors que 75% de ces débris ont été triés et entreposés dans des lieux
provisoires, seulement 8,1% sont stockés de manière définitive.
L'ambition du ministère de l'environnement de traiter tous les débris
d'ici mars 2014 ne paraît pas très réaliste.
Mardi 22 mai, une trentaine
d'habitants de Kitakyûshû (70 selon d'autres sources) ont bloqué
l'accès à un centre de traitement
des déchets aux 6 premiers camions apportant des débris du tsunami de
la province de Miyagi. 80 tonnes de débris répartis dans 28 camions ont
quitté la province samedi dernier. La contamination en césium de
dépasse pas 100 Bq/kg.
Des photos de l'action peuvent être
visualisées
ici.
Mercredi 23 mai, la ville de
Kitakyûshû a commencé à incinérer les débris, comme prévu, en les
mélangeant à d'autres déchets locaux. Il s'agit seulement d'un test.
Des mesures de radioactivité seront faites tout autour de
l'installation avant de continuer. La décision de continuer ou pas sera
prise le mois prochain.
Mercredi 30 mai, la ville de
Kitakyûshû a rendu les résultats de ses tests : il y a de 19 à 30 Bq/kg
dans les cendres de la cheminée
après incinération des débris en provenance de la province de Miyagi.
C'est beaucoup moins que la limite de 8 000 Bq/kg fixée par les
autorités. Rien n'a été vu das l'environnement.
Vendredi 20 juillet, le
gouvernement n'a toujours pas trouvé de solution pour le stockage
des débris du tsunami qui sont radioactifs et des déchets issus de la
"décontamination". Il voulait créer des centres d'entreposage
temporaire (max. 30 ans) dans les communes les plus contaminées
(Futaba, Namié et Ôkuma), le temps de trouver un centre de stockage
définitif en dehors de la province de Fukushima. Il n'a progressé sur
aucun de ses dossiers, personne ne voulant de ces déchets.
Vendredi 27 juillet, opération
communication du gouvernement qui a invité la presse dans le
quartier Miyakoji de Tamura pour assister au lancement des opérations
de décontamination qu'il a pris en charge dans les zones évacuées.
C'est un consortium de grandes entreprises, qui a, une fois de plus,
emporté le marché : Kajima Corp., Sumitomo Mitsui Construction Co. et
Hitachi Plant Technologies Ltd.. Cela devrait coûter 3,3 milliards de
yens (33 millions d'euros). Le projet d'incinérateur de déchets
contaminés, qui devrait permettre de réduire les volumes à stocker,
n'avance pas et divise les populations.
Les pouvoirs locaux engagés dans des travaux de "décontamination" dans
les zones non-évacuées ne
savent plus quoi faire des déchets engendrés et se sentent abandonnés
par le gouvernement. Au moindre projet de centre d'entreposage, les
riverains s'y opposent. Les municipalités doivent donc revoir leurs
plans. Le bulletin municipal de Minami-Sôma, daté du 1er juillet,
explique qu'il ne sera donc pas possible de tenir ses engagements. Le
problème est le même dans les 111 municipalités réparties dans 8
provinces désignées par le gouvernement comme devant être décontaminées
en priorité.
A Shiroï, dans la province de Chiba, les déchets sont entassés dans un
garage à proximité de la mairie, faute de mieux. Les environs sont
interdits d'accès et le débit de dose contrôlé tous les jours. Dans 3
ans, le garage sera plein.
Interrogé, le gouvernement est évasif. Il a même suggéré de simplement
retourner la terre pour que la couche superficielle, la plus
contaminée, soit moins irradiante. Cette solution ne satisfait personne.
Août - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 3 août, la mairie et
la province d'Ôsaka ont décidé d'accepter 36
100 tonnes de débris du tsunami en provenance de la province d'Iwaté.
Lundi 20 août, le gouvernement
a proposé 12 sites pour entreposer provisoirement les
déchets radioactifs issus de la décontamination. Il veut y faire des
investigations géologiques avant de choisir. Il y a 2 sites à Futaba, 9
à Ôkuma et un à Naraha. La centrale de Fukushima daï-ichi est dans ces
deux premières municipalités. Celle de daï-ni est en partie sur la
commune de Naraha. Le volume de déchets est toujours estimé à 28
millions de mètres cube. Il faut donc une surface de 3 à 5 km
2.
Le gouvernement ne veut pas un seul site centralisé pour des problèmes
de trafic routier.
Les maires de communes concernées sont divisés. Celui de Futaba est
outré. Il attend des garanties sur la sûreté de l'entreposage et sur
l'avenir du site : le gouvernement va-t-il vraiment reprendre les
déchets pour les stocker sur un site définitif en dehors de la province
de Fukushima ? Le maire d'Ôkuma, quant à lui, est favorable au projet,
mais il demande des mesures d'accompagnement économique pour sa
commune, comme des emplois, de la formation... Celui de Naraha, enfin,
n'a pas fait d'objection particulière, mais ne veut pas de déchets très
radioactifs qui ne viennent pas de sa commune.
Les habitants sont tout aussi divisés : certains veulent que les
travaux de décontamination commencent rapidement. D'autres craignent de
ne plus pouvoir rentrer chez eux s'il y a des déchets dans leur commune.
Le gouvernement espère pouvoir faire son choix d'ici mars 2013 et
commencer le stockage en janvier 2015. Les déchets seront mis dans des
fûts métalliques qui seront mis dans des alvéoles en béton. Ils ne
devraient pas y rester plus de 30 ans.
Mardi 21 août, le ministère de
l'environnement a annoncé qu'il allait ouvrir un
centre de stockage de cendres d'incinérateurs et de boues de station
d'épuration dans quatre provinces : Miyagi, Tochigi, Ibaraki et Chiba.
Gunma pourrait suivre. Mais pour le moment, le gouverneur de Gunma
propose que ce stockage soit fait dans chaque municipalité.
Les autorités vont choisir des terrains qui appartiennent à l'Etat pour
ne pas avoir à demander l'autorisation aux pouvoirs locaux ni consulter
les populations qui vont forcément s'y opposer. Un fonctionnaire du
ministère a cependant expliqué qu' "une fois le site choisi, ils
allaient expliquer poliment aux riverains la sûreté et la nécessité du
projet".
Suite à la loi votée après la catastrophe de Fukushima, il incombe à
l'Etat de prendre en charge les cendres et boues qui dépassent 8 000
Bq/kg en césium. Il y en aurait déjà plus de 42 000 tonnes en
provenance de 9 provinces et cela va encore augmenter. Le choix des
sites devrait être fait en septembre prochain, voire avant pour Miyagi,
Tochigi et Ibaraki où la recherche a déjà commencé.
Lundi 3 septembre, le
gouvernement a trouvé un site en pleine forêt dans la commune de
Yaita (province de Tochigi) pour stocker les déchets radioactifs
générés par l'accident nucléaire. Le ministère de l'environnement a
présenté le projet au gouverneur ce jour.
Le gouvernement a la charge de 42 000 tonnes de cendres et boues
radioactives ayant une contamination supérieure à 8 000 Bq/kg. Il y en
avait 4 445 tonnes à Tochigi. Le volume total à stocker pour la
province pourrait atteindre 9 000 tonnes.
Le centre devrait être une dizaine de mètres sous terre avec un fond et
des murs en béton, et couvert d'un toit pour empêcher la pluie de
pénétrer pendant la phase d'exploitation. Les déchets seront mis dans
des fûts métalliques avant d'être stockés. Une surveillance de
l'environnement du site est prévue. Une fois le site plein, il devrait
être couvert de béton et d'argile. La dose iée à l'exposition externe
près du site devrait être inférieure à 10 microsieverts par an.
Le maire de Yaita a déjà fait part de son opposition au projet. Le
gouvernement devrait lancer les consultations avec les populations
locales à partir d'octobre prochain pour 6 mois environ. Il espère
apporter les premiers fûts en 2014.
Il doit encore trouver des emplacements équivalents dans 8 autres
provinces pour y stocker leurs propres déchets. Des annonces pour
Miyagi, Ibaraki et Chiba pourraient suivre bientôt.
Mercredi 19 septembre, il y a 2 millions de tonnes de débris
dus au tsunami le long
de la côte de Fukushima. La ville d'Iwaki est la première à commencer à
les "traiter" : les déchets combustibles sont incinérés et les autres
seront mis en décharge. 40 000 maisons de la ville ont été
partiellement ou complètement détruites, générant 700 000 tonnes de
déchets. Seules quelques 26 tonnes de déchets combustibles ont été
brûlées avec les ordures ménagères pour le moment. Les autorités
municipales espèrent avoir fini avant mars 2014.
Jeudi 20 septembre, on s'en souvient : le gouvernement a choisi
un site de stockage des
déchets radioactifs issus des incinérateurs et de stations d'épuration
dans la forêt qu'il possède près de la ville de Yaïta, dans la province
de Tochigi. Il y a aussi de la paille de riz contaminée à stocker. Le
maire a appris la décision une heure seulement avant son annonce. Il
est furieux et opposé au projet. Depuis l'opposition n'a fait qu'enfler
et le projet est dans l'impasse.
D'autres annonces pour les provinces de Miyagi, Ibaraki et Chiba sont
attendues pour la fin du mois.
Les autorités régionales de Gunma s'étaient initialement opposées à
l'idée d'un seul site de stockage et voulaient laisser les déchets dans
les municipalités. Mais elles sont revenues en arrière suite la
protestation des maries et acceptent maintenant la recherche d'un site
unique. Ces recherches devraient commencer bientôt.
Le ministère de l'environnement va continuer sa politique du secret et
n'annoncer qu'au dernier moment aux communes concernées son choix de
site.
Jeudi 27 septembre, le ministère de l'environnement japonais a
choisi un deuxième
site pour les déchets radioactifs des incinérateurs, des stations
d'épuration et les déchets agricoles qui sont contaminés à plus de 8
000 Bq/kg en césium. C'est dans la forêt de Takahagi, dans la province
d'Ibaraki, qu'il veut installer le site. Là encore, c'est dans une
forêt propriété de l'Etat. Le maire de la commune s'y est immédiatement
opposé.
Lundi 22 octobre, l'opposition est forte à Yaïta (Tochigi) et
Takahagi (Ibaraki) où le
gouvernement veut installer un centre de stockage des déchets issus de
la décontamination, des boues de station d'épuration, des cendres
d'incinérateurs ou de la paille de riz qui dépassent les 8 000 Bq/kg en
césium. En attendant, la situation devient tendue pour certaines
stations d'épuration ou incinérateurs. 9 provinces sont concernées.
Le gouvernement a décidé seul du lieu et tente d'obtenir l'assentiment
des pouvoirs locaux. Cette méthode ne marche pas.
Mercredi 24 octobre, à tous
les niveaux, il y a des retards pour choisir le site
d'entreposage provisoire des déchets radioactifs issus de la
"décontamination". En attendant, les déchets s'accumulent ici et là
chez les particuliers, avec une simple bâche comme protection. Chez
Tsuneo Ôta, qui habite le quartier contaminé de Watari, à 2,5 km du
centre de la ville de Fukushima, la bâche fait 3 m sur 4 m et recouvre
une centaine de caisses en plastique pleines de terre du jardin. Chaque
caisse fait 45 litres et ne peut pas être ouverte une fois scellée.
Elles sont généralement utilisées pour les déchets médicaux. Entassées
sur deux niveaux, les caisses sont recouvertes de 30 cm de terre peu
contaminée qui doit diminuer de 98% le débit de dose ambiant.
Impossible d'enfouir cette terre, il y a trop de racines dans son
jardin. Il a donc dû raser une partie des arbres et arbustes pour
entreposer la terre. 70% des habitations de la zone Yamagiwa du
district de Watari doivent décontaminées et l'eau souterraine empêche
l'enfouissement.
Une
photo
des bâches bleues recouvrant les déchets dans le district de Watari,
commune de Fukushima, est disponible sur le site du Maïnichi. L'
article correspondant est ici.
Mardi 13 novembre, les
journalistes ont eu droit à un voyage de presse à Kawauchi,
village évacué, pour y voir le projet d'usine de traitement de la
matière organique contaminée qui vient de la 'décontamination'. La
matière organique est incinérée et les fumées et cendres traitées. Le
prototype actuel peut traiter 120 kg par jour et va être testé jusqu'au
printemps 2014. Le projet coûte 150 millions de yens (1,5 millions
d'euros).
Lundi 19 novembre, il y a 87
800 tonnes de boues de station d'épuration radioactives et
de cendres d'incinérateurs de déchets accumulées dans les installations
et pour lesquelles les autorités n'ont toujours pas de solution. C'est
beaucoup plus que les prédictions gouvernementales qui s'attendaient à
50 000 tonnes. 11 provinces sont concernées, mais c'est à Fukushima
qu'il y en a le plus : 70 000 tonnes.
Le gouvernement s'est engagé à prendre en charge ces déchets si la
contamination en césium dépasse 8 000 Bq/kg. Mais il doit faire face à
une opposition partout où il espère pouvoir implanter un site.
Mercredi 28 novembre, le
gouverneur de Fukushima a donné son feu vert à la demande du
gouvernement de
pouvoir mener des études afin d'implanter des centres d'entreposage
provisoire des déchets radioactifs issus de la "décontamination". Il a
pris cette décision après avoir discuté avec les maires des
municipalités concernées, toutes situées dans la zone
des 20 km. A noter que le maire de Futaba a boycotté la réunion car il
attend encore des explications sur le projet.
Il
s'agit d'un accord pour des études uniquement, pas pour l'intallation
d'un centre. 12 sites vont être évalués, 2 à Futaba, 1 à Naraha et 9 à
Ôkuma. Ôkuma est la plus contaminée des 3 municipalités et les
habitants ne se font plus beaucoup d'illusions quant à un retour
éventuel. Ils demandent d'être correctement dédommagés afin de pouvoir
refaire leur vie ailleurs.
Il y a entre 15 et 28 millions de m3 de déchets et le gouvernement
s'est engagé à trouver un site définitif en dehors de Fukushima d'ici
30 ans, mais personne n'y croit.
Mercredi 5 décembre, les
discussions sont tendues entre le gouvernement et les
municipalités sollicitées pour accueillir des centres d'entreposage des
déchets radioactifs issus de la 'décontamination'. La municipalité
d'Ôkuma, où le gouvernement a repéré le plus grand nombre de sites
potentiels a demandé au gouvernement de n'ouvrir qu'un nombre limité de
centres. Le gouvernement a déjà éliminé 3 sites pour des raisons
géologiques et espère en trouver des nouveaux plus au nord.
Jeudi 20 décembre, le gouvernement est à la recherche d'un site d'entreposage (pour 30
ans max, promis) des déchets radioactifs issus de la 'décontamination'.
Lors de la réunion de concertation avec les autorités locales, seul le
maire de Futaba avait boycotté la réunion, faute de garanties
suffisantes. Le gouvernement prévoyait de faire des recherches sur deux
sites de sa commune. Le conseil municipal de Futaba vient de voter, à
l'unanimité, une motion de censure contre le maire. Il a dix jours pour
soit démissionner, soit dissoudre le conseil. Il n'a pas encore pris sa
décision. Il avait déjà eu des motions de censures déposées contre lui
dans le passé, mais elles avaient échoué. L'administration municipale
est toujours dans un lycée désaffecté de Saïtama dans la banlieue de
Tôkyô alors qu'une partie des élus demandent son déplacementdans la
province de Fukushima.
Ce maire, dont la ville a été entièrement évacuée, a une grande
défiance vis à vis des autorités. Il voulait faire contrôler les urines
de tous ses administrés car il n'a aucune confiance dans la
surveillance sanitaire officielle.
Vendredi 21 décembre, le gouvernement a annoncé que la recherche de sites d'entreposage des
déchets issus de la 'décontamination' prend du retard.
Mercredi 26 décembre, le maire de Futaba qui fait face à une motion de censure de son
conseil municipal a décidé de dissoudre l'assemblée régionale. Des
élections auront lieu d'ici 40 jours. Le maire devra quitter son poste
si le nouveau conseil vote à nouveau une motion de censure lors de sa
première assemblée.
Lundi 31 décembre, l'Asahi
a interrogé les habitants des zones évacuées où le gouvernement
envisage d'installer un centre d'entreposage des déchets radioactifs
issus de la 'décontamination'. 76% d'entre eux sont prêts à tolérer un
tel centre à proximité de leur habitation abandonnée. Cela montre qu'ils
se sont résignés et pensent ne plus jamais vouloir rentrer chez eux.
58% des personnes qui ont répondu positivement, espèrent que leur
terrain sera rapidement acheté pour qu'il puissent refaire leur vie
ailleurs. 52% demandent des efforts de décontamination plus conséquents.
33% de ceux qui refusent ont affirmé être prêts à revoir leur position
si les conditions changent. 19% de ceux qui refusent ne changeront
jamais d'avis.
Le quotidien a envoyé un questionnaire à 788 d'entre eux et a obtenu une réponse de 305 personnes, soit 39%.
Mercredi 9 janvier, le gouvernement a organisé une réunion de concertation avec les
habitants d'Ôkuma réfugiés à Aizuwakamatsu à propos des projets de
centres d'entreposage des déchets issus de la 'décontamination'. Les
représentants des autorités ne savaient souvent pas quoi répondre aux
150 personnes qui avaient fait le déplacement : "on ne sait pas avant
d'avoir les études". Certains ne croient pas que les déchets ne
resteront que 30 ans. Personne n'en voudra, comme pour les bases
américaines d'Okinawa.
Le maire de Naraha, a, quant à lui, reporté toutes les réunions, suite
aux révélations sur la travail de décontamination qui a été bâclé. (Maïnichi).
Mercredi 23 janvier, le maire de Futaba, ville complètement évacuée, qui a fait face à une
motion de censure de son conseil municipal, a annoncé qu'il allait
démissionner. Il a dit qu'il a du mal à convaincre durant les réunions
publiques qu'il a menées. Il a aussi eu des problèmes de santé et a dû
être hospitalisé.
Un des enjeux concerne l'implantation d'un centre d'entreposage pour les déchets radioactifs issus de la 'décontamination'.
Mardi 29 janvier, les autorités vont commencer à s'occuper des débris laissés par le
séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui sont encore dans la zone
évacuée. Il va commencer par deux districts de Minami-Sôma où il y a 22
000 m3. Les déchets vont être séparés en combustibles et non
combustibles et certains devraient être recyclés... Même s'ils sont
radioactifs ?
Samedi 23 février, environ 46% des débris du tsunami ont été soit incinérés soit
enfouis. Cela fait 7,54 millions de tonnes de déchets traités sur un
total estimé à 12,3 millions de tonnes. Ce taux est de 51% à Miyagi et
39% à Iwaté. A Fukushima, c'est 31% car le problème de la radioactivité
rend le traitement beaucoup plus difficile.
15 autres provinces du Japon ont accepté des débris (sur 47).
Lundi 25 février, le gouvernement veut revoir sa politique de gestion des déchets
radioactifs issus de la catastrophe. Il avait initialement prévu un site
d'enfouissement des cendres et boues radioactives par province. Il veut
maintenant se limiter à 5 centres d'enfouissement. Deux sites ont déjà
été sélectionnés - Yaïta à Tochigi et Takahagi à Ibaraki - mais les
riverains ne sont pas d'accord. Le gouvernement pense qu'il sera plus
simple de limiter le nombre de sites. Pour le vice-ministre de
l'environnement, l'opposition des communes riveraines n'est dû qu'à un
problème de communication de l'ancien gouvernement qui n'a pas su bien
expliquer pourquoi ces sites ont été sélectionnés... Il va tout reprendre à zéro.
Sont concernées : Tochigi, Ibaraki, Miyagi, Chiba et Gunma.
Vendredi 8 mars, le ministère de l'environnement a annoncé avoir commencé les études
pour sélectionner les sites d'entreposage des déchets radioactifs issus
de la "décontamination". Les compagnies engagées pour faire les études
doivent rendre leur rapport à la fin mai. Mais toutes les communes
concernées n'ont pas encore donné leur accord. 3 y sont même opposées.
-> Carte
avec les régions qui acceptent et qui refusent les débris
potentiellement radioactifs du tsunami
Impact sanitaire pour la
population
|
Les autorités locales ont lancé une grande étude de suivi médical des
habitants de la province de Fukushima. La première étape consiste à
reconstituer la dose reçue à l'aide d'un questionnaire
où chacun doit renseigner son emploi du temps lors des premiers jours
de la catastrophe. Mais seulement 21,5% des personnes concernées ont
répondu. Parmi les obstacles, il y a le fait que cette étude soit
dirigée par le tristement célèbre Prof. Shunichi Yamashita, qui prétend
partout que le risque principal est la radiophobie et que si l'on
sourit, les radiations ne nous affectent pas. L'autre est qu'une partie
de la population ne fait pas confiance aux autorités et ne veut pas
servir de cobaye.
Mars - Avril - Mai 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 18 mars, selon un
sondage diffusé par l'agence de presse Kyodo, 42% des 225 enfants
évacués mais demeurant toujours dans la province de Fukushima
interrogés, ont déclaré de pas comprendre beaucoup à propos de la
radioactivité. 46% en ont peur et 84% d'entre eux ont découvert ces
risques après la catastrophe.
33% des enfants interrogés ont déclarés faire attention aux radiations,
alors que 62% n'y font pas attention.
Lundi 19 mars, M. Shigeru
Fukaya, adjoint au maire de Miharu, située à 50 km de la centrale,
explique au
Tôkyô Shimbun
comme il s'y est pris pour protéger la thyroïde de ses administrés et
des 2 000 réfugiés qu'il a accueilli dans sa commune : la mairie
disposait de comprimés d'iodure de potassium (KI) mais pas assez pour
tout le monde. Il s'en est donc procuré plus à la préfecture, mais ne
savait pas comment les administrer, sachant que cela n'a d'effet que
pendant 24 heures. Il a donc installé deux manches à air pour suivre la
direction du vent. Le 15 mars, après avoir découvert sur Internet que
le village de Tôkaï, dans la province d'Ibaraki, était déjà touché et
que la météo était à la pluie chez lui, il a donné l'ordre à 13 h de
prendre les comprimés.
Vendredi 6 avril, les
statistiques sur les résultats des anthropogammamétries (WBC)
effectuées sur 14 111 patients de l'hôpital de Minami-Sôma, sont
disponibles en ligne
ici en japonais.
Le premier graphe concerne 8 060 personnes contrôlées entre le 17
octobre 2011 et le 31 janvier 2012. Le second, concerne 2 101 personnes
contrôlées en février 2012 et le troisième, 1 963 personnes en mars
2012. Seule la contamination en césium 137 est reportée. Enfin, le
quatrième graphe montre l'évolution temporelle d'octobre à mars. Pour
finir, une comparaison avec la Biélorussie est faite.
Mercredi 11 avril, on se
souvient de ces 8 000 habitants de Namié, qui ont fui vers le district
de Tsushima, qui s'est révélé plus exposé aux retombées que leur point
de départ. Le maire de la ville, qui a organisé l'évacuation sans être
informé des prédictions de SPEEDI qui annonçaient que le lieu était
sous les vents dominants, envisage de porter plainte contre les
autorités ou contre X pour négligence professionnelle et mise endanger
de la vie d'autrui.
Samedi 14 avril, le maire de
Namié, ville de la zone des 20 km complètement évacuée, va demander une
couverture médicale gratuite pour ses résidents, car il est important
pour lui que leur santé soit surveillée de près. Il espère être suivi
par les autres municipalités qui sont dans la même situation. Il va
aussi distribuer des carnets de santé à tous ses résidents pour que
tous leurs problèmes puissent y être consignés. Ces carnets sont
similaires à ceux des survivants des bombardements de Hiroshima et
Nagasaki. Les hibasusha de ces deux villes étaient, en principe, aussi
exemptés de frais médicaux.
Mardi 17 avril, selon Keiya
Fujimori, de l'hôpital universitaire de Fukushima, qui a dirigé
l'étude, il n'y a pas eu augmentation du nombre de fausses-couches ou
d'avortement à Fukushima suite à la catastrophe. Les statistiques
portent sur 74 hôpitaux et cliniques de Fukushima qui ont accepté de
répondre sur 81. Les personnes qui ont quitté la région ne sont pas
prises en compte. Il y a environ 10 fausses-couches et 18 avortements
sur 100 grossesses, comme avant la catastrophe. La moyenne nationale
est aussi de 10% pour les fausses-couches. En revanche, elle est plus
basse pour les avortements, mais c'était déjà le cas avant 2011.
Mercredi 18 avril, on se
souvient que la dose élevée affichée par le dosimètre d'une collégienne
avait conduit à découvrir que de la pierre concassée d'une carrière de
Namié avait été utilisée pour les fondations de l'immeuble où elle
habitait et que cette pierre était très contaminée. Le débit de dose à
l'intérieur était plus fort qu'à l'extérieur. Le gouvernement a enquêté
sur le devenir des produits de cette carrière et a présenté une premier
bilan. De la pierre contaminée a été utilisée en 680 lieux, au moins.
Pour 118 d'entre eux, le débit de dose est plus fort qu'aux alentours.
Dans 15 cas, il s'agit d'habitations ou de bureaux avec des débits de
dose élevés.
La pierre de cette carrière a été utilisée dans 940 contrats
commerciaux. Dans 210 cas, le revendeur ne connaissait pas l'origine de
la pierre.
Jeudi 26 avril, la municipalité
de Namié, ville évacuée de la zone des 20 km, a acheté une
anthropogammamétrie (WBC) pour pouvoir mesurer la contamination interne
de ses anciens résidents. La municipalité espère pouvoir contrôler tout
le monde d'ici la fin 2012. L'appareil est installé provisoirement à
Nihonmatsu. Environ 17% des anciens habitants de Namié ont déjà été
contrôlé par ailleurs. Mais la ville pense qu'il est important de
pouvoir proposer le même service. Car c'est à Namié que des habitants
ont été évacués vers des centres sous les vents dominants, plus
contaminés que le lieu d'origine.
Lundi 14 mai, les autorités
régionales de Fukushima ont décidé de fournir une couverture médicale
gratuite à toutes les personnes âgées de moins de 18 ans vivant dans la
province. Elle espère ainsi endiguer l'exode. Cea devrait entrer en
application en octobre prochain, après un passage par l'assemblée
régionale en juin. Les autorités municipales de la province avaient
déjà décidé d'offrir ce service aux plus jeunes. Cette extension
devrait coûter 4,7 milliards de yens annuellement (46 millions
d'euros).
Mercredi 16 mai, l'hôpital de
Minami-Sôma a fait passer de nombreuses anthropogammamétries, à 10 000
personnes, parfois plusieurs fois. 70 000 personnes habitaient à
Minami-Sôma avant le 11 mars 2011. Il n'en reste plus que 40 000
environ.
L'hôpital a analysé les résultats pour 5 000 personnes sur les 10 000
contrôlées. La contamination interne est à la baisse.
Les adultes dont la contamination interne dépasse les 20 Bq/kg sont à
nouveau contrôlés. Pour les enfants, c'est à partir de 10 Bq/kg. Sur
les 600 enfants contrôlés, 11,92% avaient une contamination interne
dépassant cette limite. Mais 0,69% ont plus de 20 Bq/kg. Aucun n'a plus
de 40 Bq/kg. La moyenne est à 7,2 Bq/kg. C'est beaucoup moins qu'après
la catastrophe de Tchernobyl, pour des niveaux de contamination
équivalents. La différence s'explique par l'alimentation : beaucoup
plus autarcique en Biélorussie ou Ukraine.
Mais les personnes concernées doivent rester vigilantes : la
contamination interne baissait aussi au début, puis elle est remontée à
partir de 1994 environ pour culminer vers 1998.
Dimanche 20 mai, un tribunal
populaire, organisé sur une initiative privée, a jugé TEPCo et le
gouvernement coupables de négligence entraînant la mort de nombreuses
personnes. En l'absence des accusés, le tribunal a demandé à 3 avocats
de défendre TEPCo et le gouvernement. Le décès prématuré de nombreuses
évacuées ou abandonnées dans la zone des 20 km a motivé le jugement.
Mercredi 23 mai, l'OMS a publié
un
rapport préliminaire
sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Fukushima. Il fait
124 pages et je ne l'ai pas encore lu... Selon la presse, la dose reçue
par un individu moyen au cours de la première année est comprise en 10
et 50 mSv, ce qui est à comparer à la limite annuelle d'1 mSv pour la
population en général. Des individus ont très bien pu prendre une dose
plus élevée.
Les petits enfants de Namié pourraient avoir reçu des doses de
radiation de 100 à 200 mSv au niveau de leur thyroïde.
A partir de 50 mSv, il est recommandé de prendre des comprimés d'iode
en France. La limite est deux fois plus élevée au Japon. Ces enfants
n'en n'ont pas reçu.
Les autorités japonaises ont critiqué ce rapport, estimant qu'il
surestimait les doses. Informées une semaine auparavant, elles ont
essayé d'empêcher sa publication.
Jeudi 24 mai, selon l'
Asahi,
il y aurait maintenant 20 appareils pour mesurer la contamination
interne des populations dans la province de Fukushima, mais cela ne
suffit pas pour faire face à la demande. 6 sont dans les véhicules des
autorités régionales et 14 ont été achetés par des municipalités, pour
un coût unitaire de 50 millions de yens (500 000 euros). Minami-Sôma
contrôle une centaine de personnes par jour, mais le délai d'attente
est de 3 semaines. Sur les 21 000 habitants de Namié, dispersés un peu
partout, seulement 3 574 ont bénéficié un contrôle par les autorités
régionales. La municipalité a donc acheté son propre équipement et l'a
installé à Nihonmatsu. 5 personnes ont aussi été employées pour faire
une cinquantaine de contrôles quotidiens. Mais la contamination de la
ville brouille la mesure, mais il n'a pas été possible de trouver un
autre emplacement.
Ces appareils ont été conçus pour contrôler les adultes et sont surtout
utilisés pour contrôler les enfants. Certains mettent en doute les
résultats.
Juin - Juillet 2012
[afficher/cacher]
Lundi 11 juin, 1 324 personnes
ont porté plainte contre le président de TEPCo, Tsunehisa Katsumata et
32 autres personnes, dont l'ancien président de la compagnie, Masataka
Shimizu, ou le président de la Nuclear Safety Commission, Haruki
Madaramé, pour négligences entraînant la mise en danger, des blessures
et des décès. 15 cadres de TEPCo et 18 officiels gouvernementaux sont
visés. Les politiques, comme l'ancien premier ministre, ne sont pas
visés.
Mardi 12 juin, les autorités
régionales de Fukushima ont rendu publiques les résultats de la
reconstitution de la dose externe prise par 15 200 personnes
supplémentaires pendant les 4 premiers mois de la crise. Ce
calcul est basé sur les questionnaires remplis par les personnes qui
ont tenté de se rappeler de leur emploi du temps. La dose la plus forte
est de 25,1 millisieverts (à comparer à la limite de 1 mSv/an en temps
normal et à la limite de 20 mSv/an choisie comme critère d'évacuation
par le gouvernement japonais).
Le nombre total de personnes dont la dose a été reconstituée monte à 24
300 (à comparer aux 150 000 personnes évacuées). 96% d'entre elles
auraient reçu une irradiation externe inférieure à 5 mSv.
Les autorités communiquent simultanément sur la santé mentale de ces
personnes : 20% d'entre elles nécessiteraient une consultation (ce qui
ne veut rien dire !).
Jeudi 14 juin, les autorités
régionales de Fukushima auraient demandé à une équipe universitaire de
Hirosaki d'arrêter de mesurer la contamination interne de la thyroïde
par de l'iode au tout début de la catastrophe. Cette équipe a contrôlé
la thyroïde de 62 personnes volontaires de Namié et Minami-Sôma. 3
d'entre elles ont même été contrôlées deux fois. Puis, elle a dû
s'arrêter. Résultat, il n'y a quasiment aucune donnée sur la
contamination à l'iode 131 qui disparaît très vite mais affecte la
thyroïde.
Mardi 19 juin, selon une
enquête des autorités régionales de Fukushima, environ 15% des femmes
qui mis au monde un enfant depuis le 11 mars 2011 ont souffert de
dépression pendant plus d'un mois. Cette enquête est basée sur un
questionnaire envoyé à 15 954 mères en janvier dernier, avec 8 886
retours validés. Dans la partie destinée aux commentaires libres,
nombreuses sont celles qui exprimaient un inquiétude vis à vis de la
catastrophe nucléaire en cours. Les autorités régionales ont donc mis
en place une cellule de soutien psychologiqueavec l'hôpital
universitaire.
Dimanche 1er juillet, l'Isotope
Research Institute basé à Yokohama a mesuré le césium dans
les urines de 2 022 enfants de moins de 7 ans vivant dans la province
de Fukushima entre novembre et janvier derniers. 141 étaient
contaminées (la limite de détection n'est pas donnée par la presse,
bien qu'elle soit importante pour estimer ce résultat). 3 avaient plus
de 10 Bq/L, dont un à 17,5 Bq/L. Ces enfants les plus exposés mangent
des légumes du jardin familial. La contamination moyenne des 141
enfants est de 2,2 Bq/L.
Les données sont
ici en japonais.
Lundi 9 juillet, les autorités
régionales de Fukushima ont offert aux femmes la
possibilité d'analyser le lait maternel depuis le 1er juin. Les
résultats sur les 26 premiers échantillons analysés en juin n'ont
montré aucune contamination. Le test est gratuit.
Mercredi 11 juillet, selon une
étude du
National
Institute of Radiological Sciences (NIRS)
qui a fait des reconstitutions de dose à la thyroïde reçues sur la vie
entière par les enfants de la province de Fukushima. Le gouvernement
avait contrôlé la thyroïde de 1 080 enfants entre le 24 et 30 mars 2011
et avait conclu que 55% d'entre eux n'étaient pas contaminés. La dose
reçue était donc nulle. Mais l'équipe du NIRS a réévalué ces données et
est arrivé à la conclusion que la dose à la thyroïde moyenne reçue par
ces enfants est de 12 millisieverts et la dose maximale de 42
millisieverts, à comparer à la limite de 50 mSv fixée par l'AIEA pour
l'administration de pastilles d'iode.
C'est à Iitaté et Iwaki que les doses semblent les plus élevées.
Ces données sont malheuresement à prendre avec précaution, car les
mesures n'étaient pas très précises. Le gouvenrement cherchait juste à
voir si des enfants avaient dépassé la limite de 50 mSv et pas
d'estimer précisément la quantité d'iode radioactif reçu.
Vendredi 13 juillet, des
chercheurs de l'université de Hirosaki ont revu sérieusement à la
baisse la dose à la thyroïde reçue par les habitants de Fukushima. Ils
ont mesuré la contamination de 62 personnes du 12 au 16 avril 2011 et
en avaient déduit que la dose maximale reçue était de 87 millisieverts
à la thyroïde des adultes et 47 pour les enfants.
Ils ont refait des calculs en se basant sur la modélisation des rejets
et sont arrivé cette fois-ci à une dose maximale de 33 millisieverts
pour les adultes et 23 millisieverts pour les enfants. C'est mois que
la limite internationale de 50 mSv à partir de laquelle il recommandé
de prendre de l'iode.
L'étude est
ici en anglais.
Samedi 14 juillet, Fukushima Voice
a traduit en anglais les statistiques de la provinces de Fukushima sur
les résultats des échographies de la thyroïde effectuées sur 38 114
enfants. Il ne s'agit que de résultats partiels car il y a environ 360
000 enfants en tout. Cela vient compléter les statistiques dont nous
avons déjà parlé le
25 janvier 2011 dans notre suivi quotidien.
Cette fois-ci, 64,2% des enfants n'ont ni nodule, ni kyste. 35,3% des
enfants ont un nodule inférieur à 5 mm ou un kyste inférieur à 20 mm.
Enfin, 0,5% des enfants ont un nodule ou un kyste supérieur à ces mêmes
valeurs. Aucun diagnostique n'a nécessité des examens complétementaires.
Dans ces statistiques, ce sont les kystes qui prédominent, puisque des
nodules ont été détectés chez 1% des enfants et des kystes chez 35,1%
d'entre eux.
Les données en japonais sont ici :
26 avril 2012 ;
12 juin 2012.
Mercredi 18 juillet, une
vidéo
pédagogique
en anglais présente
l'étude la plus récente sur les conséquences des
radiations sur la santé humaine à partir du suivi des survivants des
bombes atomiques, qui, malheureusement, montre qu'il n'y a pas de
seuil, que les effets ne concernent pas que les cancers, mais aussi les
autres maladies...
Lundi 23 juillet, revenons sur
l'évacuation tragique de l'hôpital de Futaba et l'hôpice
adjacent, situés dans la ville d'Ôkuma à 4 km de la centrale
accidentée, qui a fait une cinquantaine de morts. La
commission d'enquête
mise en place par le gouvernement a essayer de comprendre ce qui s'est
passé. Il y avait 340 patients à l'hôpital le 11 mars 2011. Le 12 mars,
209 patients et le personnel, à l'exception du directeur, ont été
évacués à l'aide de bus envoyés par la municipalité d'Ôkuma. Le
directeur a donc appelé l'armée et la police pour qu'ils viennent
chercher les 130 patients restants. Mais 4 étaient déjà décédés et un
disparu avant l'arrivée des secours supplémentaires, le 14 mars. Le 14
mars matin, l'armée en a évacué 34, ainsi que 98 pensionnaires de
l'hospice.
Les derniers patients ont été évacués entre le 15 mars à 9h et le 16
mars à 12h30, 5 jours après le séisme et tsunami.
Une partie des patients a été évacuée au lycée Koyo d'Iwaki, après un
parcours de 230 km qui a duré 5 heures pour finir à moins de 50 km du
lieu de départ. A l'arrivée, il n'y avait aucune structure médicale
d'accueil. Selon l'hôpital de Futaba, 40 patients sont décédés dans le
mois qui a suivi, ainsi que 10 pensionnaires de l'hospice.
Se basant sur des informations de l'armée, les autorités régionales ont
annoncé le 17 mars à 16h que les derniers patients ont été sauvés entre
le 14 et 16 mars et qu'il n'y avait aucun personnel médical présent. Le
directeur a été accusé pour cela. Mais il avait été évacués
temporairement par la police en un lieu plus sûr situé à Kawauchi, il
est retourné à l'hôpital. L'annonce des autorités régionales n'est pas
corrcte d'après le rapport.
Au moins un autre hôpital de la zone des 20 km a réussi à évacuer tous
ses patients dès le 12 mars.
Jeudi 2 août, des procureurs du
Japon ont fini par sortir des limbes les 1 300
plaintes déposées contre TEPCo et des hauts fonctionnaires en charge de
la sûreté nucléaire. Influencés par le rapport d'enquête parlementaire
qui a conclu à une catastrophe d'origine humaine, ils vont enquêter sur
la négligence professionnelle qui a conduit à des blessures et des
décès. Mais ils prévenu que les hauts fonctionnaires, il sera difficile
de prouver la responsabilité. Des plaintes similaires contre JAL après
la chute d'un avion ou contre JR après un accident de train ont été
classées sans suite.
Août - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 3 août, selon l'
Asahi,
le maire de Namié veut fournir à chacun de ses 21 000 administrés un
carnet de radiation qui, espère-t-il, le permettra d'avoir une
couverture médicale gratuite. Il essaye aussi de convaincre ses
homologues des autres villes et villages évacués de faire de même.
Certains sont réticents car ils craignent que les porteurs de ce carnet
subiront une discrimination comme ont subit les hibakusha de Hiroshima
et Nagasaki. Seule la mairie de Futaba s'est montrée intéressée par
l'initiative.
Ce carnet est différent de ce que font les autorités provincales de
Fukushima qui essayent de recueillir la dose reçue par les habitants de
la province à des fins de recherche médicale. Ils ont eu un livret à
remplir qui reconstitue leurs activités lors des premiers mois de la
catastrophe, pour in fine, calculer la dose reçue. Mais le nombre de
retours est faible : 22,6% fin mai 2012. Et de nombreuses personnes ont
quitté la région sans laisser d'adresse. Les autorités régionales
comptent transmettre le dossier médical ainsi constitué aux personnes
qui en feraient la demande dans l'avenir.
Le maire de Namié met en avant le discrédit du gouvernement pour
justifier son initiative. Même si certaines personnes concernées
craignent la discrimination, le maire dit vouloir les aider si, dans
des années, elles ont des problèmes de santé.
L'Institut des Sciences Médicales de l'Université de Tôkyô a analysé
les données obtenues lors d'anthropogammamétries (mesure de la
contamination interne) effectuées sur 5 931 enfants de Fukushima âgés
de 4 à 12 ans. Les examens ont eu lieu dans 4 hôpitaux de la province
entre avril et juin 2012. Seulement 6 enfants avaient une contamination
interne supérieure à la limite de détection de 250 à 300 Bq corps
entier. 3 de ces enfants étaient de la même famille et avaient consommé
des champignons sauvages. La plus forte contamination était de 615 Bq
pour la somme des deux césium. Même si la limite de détection est assez
élevée, la situation se distingue de la Biélorussie, où de nombreux
enfants sont encore contaminés, plus de 26 ans après les rejets massifs
dans l'environnement.
Mardi 7 août, un homme de
70 ans vivant dans la province de Fukushima avait 20 000
Bq de césium dans corps en juillet dernier. Il se trouve qu'il mange
quotidiennement des champignons et plantes
sauvages ainsi que des légumes de son potager. Il n'a jamais pensé que
ces aliments pouvaient être contaminés.
C'est une des valeurs les plus élevées relevée au Japon. Elle est
malheureusement plus courante en Biélorussie.
Vendredi 10 août, 333 personnes
de Namié réclament des compensations à TEPCo pour la
perte d'un proche dans le tsunami car l'accident nucléaire a empêché
les recherches d'éventuels survivants. Ils réclament 10 millions de
yens (100 000 euros) par personne disparue.
Jeudi 16 août, 8 066 adultes
et 1 432 enfants de Minami-Sôma ont subi des
anthropogammamétries entre septembre et mars derniers pour évaluer la
contamination interne. Selon les auteurs d'une étude parue récemment
dans le
Journal of the American Medical Association
(accès payant), la dose liée à la contamination interne moyenne de ces
personnes est bien inférieure à 1 mSv. Elle vient s'ajouter à
l'irradiation externe qui peut être beaucoup plus élevée.
Mardi 21 août, 26 personnes
sont handicapées dans la province de Fukushima suite aux
triple désastre du 11 mars 2011. Elles sont 36 à Miyagi et 8 à Iwaté.
Sur ces 70 personnes, seulement 43 ont reçu un soutien financier.
Sur les 26 de Fukushima, seulement deux sont handicapées après avoir
été blessées par le tsunami ou le séisme. Les autres ont vu leur état
de santé s'aggraver faute de soins dans les refuges. 12 ont un handicap
moteur, les 14 autres souffrent de dysfonctionnements respiratoires,
cardiaques ou rénaux.
Mercredi 22 août, le Tokyo's
Institute of Medical Science a mesuré 19 507 Bq de césium
chez un homme de Kawamata qui se nourrit de produits de son jardin,
ainsi que des champignons sauvages et des pousses de bambou. Plus de
140 000 Bq/kg ont été détectés dans les champignons. Sa femme avait 7
724 becquerels. Un autre couple âgé de Nihonmatsu avait de fortes
contaminations : 11 191 becquerels pour Monsieur et 6 771 pour Madame.
Ils mangeaient des légumes donnés par l'autre couple...
Dimanche 26 août, les
autorités japonaises vont contrôler la thyroïde de 4 500 enfants
vivant en dehors de la province de Fukushima pour comparer les nombres
de nodules et kystes avec ceux trouvés à Fukushima, où un tiers des
enfants sont affectés. A la fin mars, 13 646 enfants de Fukushima sur
38 114 avaient des nodules ou d'autres irrégularités. Aucun n'avait de
cancer.
Vendredi 31 août, le gouvernement a annoncé qu'il allait
étudier l'impact génétique des
radiations sur la population à partir de l'année prochaine.
Dimanche 9 septembre, le
groupe d'étude de la santé des populations de Fukushima, présidé par le
très controversé Prof. Yamashita, a publié son
protocole dans une revue scientifique
(article en libre accès). Cette étude est limitée à la surveillance de
la thyroïde des enfants, un bilan de santé complet, incluant la
santé mentale et la surveillance des grossesses et naissances. Une des
difficultés est le très faible taux de retour des questionnaires
distribués afin de reconstituer la dose reçue lors des premiers mois de
la catastrophe. Il est de 21,9%, ce qui n'est pas suffisant. Outre le
fait que le questionnaire est complexe à renseigner, les populations ne
veulent pas être considérées comme cobayes mais protégées. Elles n'ont
pas non plus confiance dans les autorités et la personnalité qui
préside ce travail.
Pour vanter ce travail de collecte de données sur la santé, les auteurs
de l'étude citent les
conclusions d'un colloque international organisé par
la très controversée Nippon Foundation.
Ce colloque était présidé par le Prof. Yamashita, qui préside aussi
l'étude et qui cosigne l'article : pour les compliments, on n'est
jamais mieux servi que par soi même !
Lundi 10 septembre, alors que
l'on est presque à 18 mois de la triple catastrophe qui a
frappé le Japon, il y a encore 340 000 évacués. Le bilan est de 15
870 morts et 2 814 disparus.
Mardi 11 septembre, les autorités régionales de
Fukushima ont annoncé avoir
découvert un enfant atteint d'un cancer de thyroïde. C'est le premier
sur les 80 000 enfants contrôlés. Selon ces mêmes autorités, ce ne peut
pas être dû aux rejets radioactifs car c'est trop tôt. A Tchernobyl,
les premiers cancers sont arrivés après 4 ou 5 ans.
Parmi ces 80 000 enfants, 425 avaient un nodule supérieur à 5,1 mm ou
un kyste plus grand que 2,1 cm. Ils ont subi des examens médicaux
complémentaires. Sur les 38 qui ont déjà effectué ces examens, un a un
cancer et 27 une tumeur bénigne.
Ces statistiques sont données au 24 août. Les autorités refusent de
donner la moindre information (âge...) sur l'enfant atteint d'un
cancer. Les
données sont ici en japonais.
360 000 enfants doivent être contrôlés au total.
Suite aux échographies, les parents ne connaissent que la catégorie
dans laquelle sont classés leur enfant :
- A1 : aucune anomalie
- A2 : nodule ou kyste détecté, mais de taille inférieure à 5 mm ou 2
cm respectivement
- B : nodule ou kyste détecté avec une taille supérieure à 5,1 mm ou
2,1 cm respectivement.
Les familles dont l'enfant entre dans la catégorie A2 n'en savent pas
plus et réclament des précisions. Elles ont l'impression de servir de
cobaye. Une réunion est prévue avec les autorités le 13 septembre pour
réclamer des informations personnelles. Le Prof. Yamashita aurait
ordonné aux médecins de refuser les échographies de la thyroïde que
pourraient réclamer les parents. Seules les échographies dans la cadre
de l'étude menée par les autorités régionales seraient permises.
Samedi 22 septembre, c'est
le district de Futaba qui a été le plus exposé au début de la
catastrophe, avec un débit de dose 1,590 millisievert par heure à 15h
le 12 mars. C'est ce qui ressort des données enregistrées par les
balises. L'explosion hydrogène a eu lieu plus tard, à 15h36. Ce qui
signifie que de fortes fuites radioactives ont eu lieu avant
l'explosion.
Les enregistrements des balises qui fonctionnaient sont
ici en japonais, sur le site des autorités
régionales de Fukushima.
Mardi 2 octobre, c'est un des gros points noirs de l'évacuation
d'urgence lors des
premiers jours de la catastrophe de Fukushima : les 40 décès survenus
lors de l'évacuation de l'hôpital de Futaba et de la maison de retraite
'Deauville'. Selon une commission d'enquête mise en place par
l'hôpital, les décès ne sont pas dus à une faute du personnel, qui a
fait son maximum, mais à la catastrophe nucléaire et à l'improvisation
des secours. Les premiers secours sont venus en bus et n'ont pas pu
prendre les patients grabataires. Les forces armées sont arrivées
tardivement pour les chercher et cela a pris trop de temps. Les
personnes qui sont parties en bus ont fait des kilomètres et des
kilomètres avant de trouver une structure médicale d'accueil.
Les
conclusions ont été présentées aux familles réunies à Iwaki le 30
sept. dernier. Certaines familles ne croient pas que l'hôpital n'a rien
à se reprocher et auraient voulu des excuses publiques. Elles n'ont vu
là qu'une opération de justification de la part de l'hôpital.
La commission d'enquête a interrogé les personnes impliquées dans
l'évacuation et ses conclusions ne concordent pas toujours avec celles
des commissions d'enquête mises en place au niveau national. Le
directeur de l'hôpital, qui resté jusqu'au bout avec les patients lors
de l'évacuation, a expliqué qu'il allait continuer ses investigations
et transmettre les informations recueillies aux familles pour les aider
à obtenir des compensations de la part de TEPCo.
Mercredi 3 octobre, le
Maïnichi
révèle que les autorités régionales de Fukushima et certains experts en
charge de la surveillance sanitaire des conséquences de la catastrophe
ont tenu des réunions secrètes. Le but était de préparer les réunions
pleinières avec tous les experts. Les autorités ont aussi demandé aux
experts de ne pas révéler l'existence de ces réunions.
Le groupe de 19 experts, qui conseille l'étude de la surveillance
sanitaire menée par l'université de Fukushima, s'est officiellement
réuni 8 fois et les comptes-rendus sont publics. Les réunions secrètes
se tenaient juste avant. Par exemple, la réunion officielle du 11
septembre 2012 devait révéler qu'un enfant est atteint d'un cancer de
la thyroïde. Lors de la réunion secrète préliminaire, il a été convenu
qu'un des expert poserait la question de savoir si cela pouvait être
lié à la catastrophe et qu'il lui serait répondu que non.
Vendredi 5 octobre, le
Maïnichi
continue son enquête sur les réunions secrètes qui se sont tenues entre
les autorités locales de Fukushima et certains experts en charge de la
surveillance sanitaire. Ces réunions avaient, entre autres, pour but de
rédiger à l'avance le plan du compte-rendu des vraies réunions et de
décider ce que les experts diraient. Avant la réunion du 23 juillet
2011, il a été décidé de ne pas débattre de des données produites par
le logiciel SPEEDI supposé évaluer les retombées radioactives d'un
accident et utilisé a posteriori pour évaluer la dose des habitants de
Fukushima. Le plan du compte rendu et ces décisions avait été préparés
lors d'une réunion secrète tenue le 17 juillet. Il a aussi été décidé à
l'avance de ne pas faire de test d'urine et de se contenter des
anthropogammamétries (WBC) car les doses sont faibles.
Il y a plus d'articles en japonais.
Samedi 6 octobre,
l'association des
citoyens et scientifiques préoccupés par la contamination interne
est allée contrôler une centaine de balises mises en place par le
ministère des sciences et technologie (MEXT) dans la province de
Fukushima. Ces balises donnent le débit de dose ambiant à 1 m du sol.
L'association trouvé des valeurs 10 à 30% plus élevées que celle
affichées par le ministère. Elle a ensuite fait une mesure similaire à
une dizaine de mètres de la balise et a trouvé des valeurs 40 à 50%
plus élevées.
Nous l'avions déjà signalé, ces balises sont souvent installées dans
des lieux décontaminés et les valeurs affichées ne sont pas
représentatives de la contamination de la zone. Si en plus, les valeurs
affichées sont plus basses que la réalité...
Mardi 9 octobre, selon le
Maïnichi,
un habitant de Kôriyama a demandé aux autorités locales les minutes des
réunions avec les experts en charge de la surveillance sanitaire de la
catastrophe nucléaire. Pour les trois premières réunions, elles
n'étaient pas en ligne. Le document reçu a été rédigé à la va-vite pour
satisfaire la demande longtemps après, à partir de notes prises par un
fonctionnaire territorial. Ce compte rendu est beaucoup plus court que
pour les réunions suivantes où un secrétaire de séance a bien fait le
travail. Les minutes des réunions suivantes sont disponibles en ligne.
Rédiger des notes a postériori sans le dire et les mettre en ligne
comme si de rien n'était, n'est pas une pratique acceptable. Cela vient
après l'affaire des réunions secrètes, pour lesquelles une enquête a
été lancée.
Mercredi 31 octobre, selon le
ministère de la reconstruction, il y a eu 2 303 décès qui
sont survenus après la triple catastrophe qui a frappé le Japon en
2011, mais qui lui sont liés. Parmi ces décès enregistrés à la date du
30 septembre 2012, il y en a 1 121 dans la seule province de Fukushima.
Ce nombre est particulièrement élevé chez les personnes qui ont dû
évacuer les zones touchées par les retombées radioactives : 336 à
Minamisôma, 192 à Namié et 119 à Tomioka.
Novembre 2012
[afficher/cacher]
Vendredi 2 novembre, de
nombreux patients atteints de maladies rénales qui doivent
bénéficier régulièrement de dialyses ont demandé des compensations à
TEPCo. Ils ont dû aller se faire soigner dans d'autres provinces même
s'ils ne vivaient pas dans des zones à évacuer. A Iwaki, des hôpitaux
ont dû fermer après le départ du personnel soignant et 600 patients ont
dû aller vers d'autres régions en urgence pour pouvoir continuer à
bénéficier de soins. Comme Iwaki n'est pas une zone d'évacuation, ces
patients sont considérés comme des évacués volontaires et ne
bénéficient que de 80 000 yens (800 euros de compensation). Ceux qui ne
sont pas partis ont vu leur traitement réduit.
Mardi 6 novembre, les
autorités régionales de Fukushima ont proposé aux mères qui
allaitent d'analyser gratuitement le lait maternel. Il y a environ 18
000 naissances par an dans la province et les autorités ont dit
pourvoir financer jusqu'à 10 000 tests (100 millions de yens ou 1
million d'euros). Seules 378 mères ont sollicité un contrôle sur les
703 qui ont sollicité des conseils. Aucune contamination n'a été
découverte, avec une limite de détection de 2 becquerels par litre.
Mercredi 14 novembre, le
Maïnichi
revient sur ce qu'il appelle les "réunions secrètes" et ce que les
autorités régionales appellent les "réunions préparatoires" aux
réunions plénières. Il en a obtenu des notes qui confirment que les
décisions importantes étaient prises en toute opacité lors des réunions
secrètes. Pour certaines réunions (12 juin et 11 septembre 2011), il
n'y a pas de compte-rendu disponible, selon les autorités.
Lors de la 'réunion préparatoire' du 17 juillet 2011, il a ainsi été
décidé que l'âge maximal pour le contrôle de la thyroïde était fixé à
18 ans. La réunion plénière est ainsi devenue une chambre
d'enregistrement, sans débat, montrant un concensus de façade.
Dimanche 18 novembre, les
autorités régionales de Fukushima auraient trouvé un deuxième
enfant avec potentiellement un cancer thyroïdien. Il s'agirait une
fille de 16 à 18 ans qui a immédiatement été classée dans la catégorie
C, c'est à dire qui nécessite des examens complémentaires rapides pour
en savoir plus.
114 00 enfants ont été contrôlés, 360 000 doivent l'être en tout.
Lundi 19 novembre, il est de
bon ton, dans certains milieux, de tenter de relativiser
l'impact d'une catastrophe nucléaire comme Tchernobyl ou Fukushima :
l'ajout de radioactivité est faible par rapport aux fluctuations de la
radioactivité naturelle. Ou la dose engendrée est faible devant celle
délivrée par un scanner.
Une méta-analyse de 46 publications scientifiques a permis d'avoir des
statistiques suffisantes pour mettre les effets négatifs de la
radioactivité naturelle. La
publication est en accès payant, bien que financée
par de l'argent public... Cette étude vient montrer, une fois de plus,
qu'il n'y a pas de seuil d'innocuité.
Une autre étude avait montré, cet été, un lien avec les scanners des
enfants et de développement de leucémies et de tumeurs du cerveau. La
publication est aussi en accès payant...
Les reconstitutions de dose effectuées par les autorités de Fukushima
à partir des informations partiellement transmises par les personnes
concernées conduisent à des valeurs qui peuvent être élevées. Ainsi,
une personne qui a passé beaucoup de temps dehors bien au-delà de la
zone des 20 km, et qui se croyait en sécurité, a reçu une dose de 11
mSv durant les 4 premiers mois de la catastrophe. Les autorités
régionales ne s'attendaient pas à trouver une dose aussi élevée à cet
endroit.
La valeur la plus forte calculée à ce jour est de 25 mSv à Iitaté ou
Namié, connus pour être très contaminés. En dehors des travailleurs,
120 personnes ont reçu une dose supérieure à 10 mSv.
Mardi 20 novembre, le
ministère de l'environnement vient de commencer à contrôler les
thyroïdes des enfants de la province de Nagasaki, à l'autre bout du
Japon, pour avoir un groupe témoin et pouvoir interpréter les résultats
sur les contrôles effectués dans la province de Fukushima. 4 500
enfants, dans 3 provinces, vont être contrôlés. Des échographies
thyroïdiennes seront aussi effectuées à Yamanashi et à Aomori. Les
résultats devraient être disponibles d'ici la fin de l'année fiscale
(mars 2013). Les autorités espèrent ainsi savoir 40% d'enfants avec un
nodule ou un kyste, c'est normal ou pas.
Les
dernières statistiques sur les contrôles thyroïdiens à
Fukushima sont ici en japonais.
Le
Maïnichi
continue son enquête et propose un nouvel épisode des réunions secrètes
tenues par le groupe d'experts en charge de piloter la surveillance
sanitaire des populations de Fukushima : le compte-rendu de la réunion
fermée du 18 juin 2011 n'avait été que partiellement rendu public. Qu'y
avait-il à cacher ? Des citoyens ont obtenu le compte-rendu complet
grâce à la loi sur l'accès aux documents. Et ce qu'il fallait cacher
étaient le refus des autorités locales de tester les urines des
habitants car la méthode est trop sensible. Fallait-il contrôler les
urines des 24 000 habitants de Namié, Iitaté et le disctrict de
Yamakiya de Kawamata comme suggéré par le gouvernement ? C'est non pour
les autorités locales qui préfèrent se contenter d'anthropogammamétrie
(mesure du corps entier, ou WBC en anglais). Cette technique est plus
rapide, mais bien moins sensible aux faibles contaminations.
200 personnes tests auront droit aux deux en juin 2011. Mais, comme
nous l'avions déjà dénoncé, la limite de détection pour les urines
était de 13 Bq/l, ce qui est énorme. A titre de comparaison l'ACRO
descend en dessous de 1 Bq/l. Par la suite, seules les
anthropogammétries seront conservées.
Selon une ONG japonaise, le refus des tests d'urine serait aussi dû au
manque de détecteurs, tous pris par le contrôle de la viande de boeuf
lors de la crise qui a éclaté lors de l'été 2011.
Fin juin 2011, les premiers résultats rendus publics par l'ACRO sur des
urines d'enfants avaient montré une contamination systématique.
Dimanche 25 novembre, l'
Asahi
a eu accès à une ébauche du rapport que prépare l'OMS sur les
prévisions d'impact sanitaire de la catastrophe de Fukushima. Le risque
d'augmentation des cancers pour les personnes en dehors de la province
de Fukushima est faible, alors que pour les enfants de Fukushima, il
est réel. L'OMS s'est intéressée aux cancers de la thyroïde, du sein,
du colon et autres dans les 15 ans qui suivent l'accident et durant
toute la vie. Les personnes les plus à risque, selon les calculs de
l'OMS, seraient les jeunes âgés de 20 ans à Namié : le risque de cancer
de la thyroïde était de 0,76% pour les femmes et de 0,21% pour les
hommes avant la catastrophe, il est maintenant de 10% sur la vie
entière. Pour les autres cancers de ce même groupe de population, le
taux de cancers devrait passer de 1 à 3%. Ailleurs à Fukuhima, toujours
pour la même classe d'âge, le risque ne devrait augmenter que de moins
de 1% pour ces autres cancers.
Pour une fille de 1 an au moment de l'accident à Namié, toujours, le
risque de développer un cancer passe de 0,004% avant l'accident à
0,037% après, ce qui fait 9 fois plus. A Iitaté, ce serait 5,9 fois
plus et dans la ville de Fukushima, 3,7 fois plus.
Les doses à la thyroïde estimée par l'OMS pour un enfant de 1 an sont
de 122 millisieverts à Namié, 74 à Iitaté, 49 à Katsurao, 48 à
Minami-Sôma and 43 à Fukushima, Daté, Kawamata, Naraha...
Lundi 26 novembre, le
rapporteur spécial des Nations Unies pour les Droits
de l'Homme
a critiqué la réponse des autorités japonaises face à la crise
nucléaire lors d'une conférence de presse à Tôkyô. Il revient sur la
limite de dose fixée à 20 mSv/an, même pour les enfants, qui correspond
à la limite pour les travailleurs du nucléaire, alors qu'elle a été
fixée à 5 mSv/an par les autorités soviétiques. Il critique aussi la
limite retenue pour la "décontamination", bien trop haute à son avis.
Il pousse aussi les autorités mieux surveiller les conséquences
sanitaires. Un taux de retour de 23% pour un questionnaire c'est trop
bas. Les contrôles sont limités à la thyroïde pour les enfants, un
examen général. La grossesse et les naissances sont aussi suivies. Il
estime que ce n'est pas suffisant. Il critique aussi le fait que les
parents des enfants qui subissent une échographie de la thyroïde ne
sont pas informés du détail des résultats, seulement dans quelle
catégorie est leur enfant.
Il s'inquiète aussi du problème de la sous-traitance parmi les
travailleurs du nucléaire et les droits réduits dont ils bénéficient.
Ce discours tranche avec les propos tenus par les autres agences de
l'ONU !
Les résultats de mesure de l'ACRO sur les urines des enfants lui ont
été présentés le 23 novembre au Japon.
Vendredi 30 novembre, la NRA
va élaborer des lignes directrices pour que la surveillance
sanitaire des populations exposées aux retombées de la catastrophe de
Fukushima soit la même pour tous. Actuellement, les contrôles
diffèrent d'une municipalité à l'autre.
Jeudi 6 décembre, une partie
des scientifiques qui conseillent les autorités japonaises
sur les limites de dose ont eu des voyages payés par l'industrie
nucléaire pendant des années. Ôtsura Niwa, très connu au Japon, a
reconnu que ses voyages et ses frais de séjour pour participer aux
réunions de la CIPR (Commission
internationale de protection radiologique)
ont été payés par les compagnies d'électricité, tout comme les voyages
au Japon des experts étrangers. Mais il se défend d'avoir été influencé
et il continue à penser que les inquiétudes vis à vis des conséquences
de la catastrophe en cours sont exagérées. "Ceux qui sont partis,
veulent croirent au danger des radiations pour justifier leur choix",
a-t-il déclaré à l'agence de presse AP ! Et le principe de précaution ?
Certains des 8 membres japonais de la CIPR ne partagent pas le point de
vue de cette commission qu'il n'y a pas de limite d'innocuité et
pensent qu'il y a un seuil en dessous duquel il n'y a aucun risque ou
que les risques sont négligeables. C'est le cas de Kazuo Sakai, par
exemple, qui pense que le modèle linéaire sans seuil de la CIPR, n'est
qu'un outil et n'a peut-être aucun fondement scientifique. Ses
recherches sur les faibles doses étaient financées par l'industrie
nucléaire entre 1999 et 2006.
Au Japon, les membres de la CIPR siègent aussi dans des comités
nationaux attachés au cabinet du premier ministre ou du ministère des
sciences et technologies et influencent donc la politique japonaise en
terme de radioprotection.
Le rapport d'enquête
parlementaire sur la catastrophe de Fukushima
a montré que l'industrie nucléaire a continuellement poussé les membres
japonais de la CIPR à adopter des règles clémentes. Au moins à partir
de 2007. Des documents internes à la Fédération des compagnies de
production d'électricité, obtenus par cette commission d'enquête,
montrent les membres se réjouir de la façon dont leur point de vue se
reflète dans les prises de position des membres japonais de la CIPR.
Le mot de la fin, avec le sourire, est pour Yoshiharu Yonekura,
président du National Institute of Radiological Sciences et membre de
la CIPR : "Les faibles doses peuvent même être bonnes pour vous". Vous
en reprendrez bien un petit peu ?
Mardi 11 décembre, environ 80% des personnes originaires de Fukushima qui ont été
évacuées dans la province de Yamagata souffrent de troubles de stress
post-traumatiques, comme de la fatique chronique, des troubles du
sommeil. 39% des personnes qui ont répondu au questionnaire ont déclaré
être fatiguées et léthargiques. 32% sont irritables et 22% ont des
difficultés à dormir. En tout, 80% ont déclaré des maux
post-traumatiques. Parmi les causes de soucis, les problèmes financiers
sont arrivés en premier, dans 58% des cas, suivis par 49% des personnes
qui déclarent se faire du soucis pour leur avenir et 42% s'inquiètent
des risques sanitaires liés aux radiations.
Dans 62% des cas, l'évacuation a entraîné une séparation des membres de
la famille. Environ les 2/3 des foyers concernés consistent en la mère
seule avec les enfants ou les enfants séparés des parents. Environ un
quart ont déclaré ne voir les autres membres de leur famille qui vivent
ailleurs moins d'une fois par mois.
34% des personnes qui ont répondu ont déclaré ne pas savoir combien de
temps ils devront rester dans la province de Yamagata et 17% ont
déclaré vouloir s'y installer. C'est deux fois plus qu'ily a un an.
Il y a 11 000 réfugiés de Fukushima à Yamagata. 3 855 foyers ont été
contactés pour l'étude et 1 275 ont répondu avec une réponse valide.
Mercredi 19 décembre, le Maïnichi
révèle que les autorités régionales de Fukushima avaient été
sollicitées en septembre 2011 par une élue régionale pour organiser la
collecte des dents de lait et contrôler la contamination au strontium
radioactif qui a des propriétés chimiques proches de celles du calcium
et qui se fixe donc dans les dents et les os. Les autorités ont envoyé
un mail au comité qui surpervise la surveillance saniatire suite à la
catastrophe nucléaire en demandant des arguments pour contrer cette
demande qualifiée d'initiative des anti-nucléaires ! On peut y lire
notamment : "Y a-t-il des conclusions ou des informations qui suggèrent
qu'il n'y a pas beaucoup d'intérêt à stocker les dents de bébé?" Ou "Ce
n'est pas l'élue régionale qui a posé cette question, mais cela semble
être un argument avancé par les anti-nucléaires. Donc, nous ne voulons
pas accepter la question."
Interrogé en session plénière de l'assemblée régionale, le responsable
du comité de supervision a éludé la question en disant qu'il allait
interroger les experts. Il semblerait qu'il ne l'ait jamais fait. La
personne qui a envoye le mail et celle qui a répondu lors de
l'assemblée ne se rappellent plus de rien quand ils sont interrogés par
le quotidien national. L'élue régionale est outrée.
Jeudi 20 décembre, TEPCO est arrivée à un accord avec la famille d'une personne qui est
décédée à la suite de l'évacuation. C'est la première fois que la
compagnie admet qu'il y a un lien entre le décès d'une personne évacuée
et l'accident à la centrale nucléaire. TEPCo va payer 12 millions de
yens (109 000 euros) d'indemnisation pour le décès.
Il y a 183 cas similaires en cours d'étude.
Mardi 25 décembre, selon le ministère de l'éducation, c'est dans la province de Fukushima
qu'il y a le plus grand nombre d'enfants obèses, qui ajoute que c'était
déjà le cas avant la catastrophe et qu'il n'y a pas de grands
changements. Mais pour les enseignants locaux, le manque d'exercice des
enfants de la région qui ne jouent plus dehors, est un sujet
d'inquiétude. C'est la première fois que Fukushima a le taux le plus
élevé pour toutes les classes d'âge (il n'y avait pas eu de
statistiques en 2011 dans les régions touchées par les trois
catastrophes).
Il y a encore 71 écoles où les activités de plein-air sont limitées. 37
aires de jeu couvertes ont été construites dans 18 communes de la
province, pour permettre aux enfants de faire de l'exercice. Celui de
Kôriyama, montré en exemple par le Maïnichi,
est très fréquenté. Mais cela ne suffit pas, les enfants ont moins
d'activité physique. Il n'est pas aussi simple de se rendre à une aire
de jeu que de jouer dans la rue ou le jardin.
Un enfant est classé en "sur-poids" s'il pèse au moins 20% de plus que la moyenne.
Mercredi 26 décembre, l'autorité de sûreté envisage de distribuer des comprimés d'iode à
tous les foyers vivant dans un rayon de 5 km des centrales nucléaires.
Ils sont actuellement dans les mairies. 5 km, c'est peu en cas de
catastrophe... Est-ce que cela va être étendu à 30 km ? Décision en
mars 2013.
Vendredi 28 décembre, 8 "marines" américains ont porté plainte contre TEPCo qu'ils accusent
d'avoir menti sur les dangers liés à la radioactivité au moment où leur
porte-avions, l'USS Ronald Reagan, participait à des opérations de
secours après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Une des
plaignantes était alors enceinte. La plainte est aussi déposée au nom
de sa fille âgée d'un an.
Mardi 1er janvier 2013, la distribution de comprimés d'iode va prendre du retard car ils ne
sont pas homologués pour la prévention des retombées radioactives. Le
iodure de potassium est utilisé comme médicament pour des maladies
thyroïdiennes, des bronchites chroniques ou d'autres maladies, mais
aucune compagnie pharmaceutique japonaise n'a jugé utile de demander
son homologation pour la prévention en cas de rejets radioactifs, bien
que ses bienfaits soient connus depuis Tchernobyl. Avant de distribuer
cette pastille dans tous les foyers situés à moins de 5 km d'une
centrale nucléaire, il faut d'abord obtenir son homologation.
L'autorité de sûreté, la NRA, va s'en charger, mais cela peut prendre
plus d'un an.
Mercredi 9 janvier, le gouvernement devrait allouer 12 milliards de yens (100 millions
d'euros) supplémentaires pour renforcer les hôpitaux, hospices et
écoles dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires. Des
dosimètres y seront aussi installés. Les portes et les fenêtres devront
être étanches, et la ventilation dotée de filtres. Suivant les
nouvelles règles de sûreté en préparation, les habitants dans un rayon
de 5 km doivent être évacués, mais pour les personnes fragiles qui ne
peuvent se déplacer par elles-mêmes, un confinement temporaire dans un
bâtiment renforcé est envisagé.
L'évacuation d'urgence de patients alités avaient entraîné de nombreux décès en mars 2011.
Vendredi 11 janvier, selon des statistiques compilées par des chercheurs de l'université
médicale de Fukushima, il y a eu 2,4 fois plus de décès chez les
personnes âgées lors des 8 mois de 2011 qui ont suivi la triple
catastrophe que durant la même période en 2010. Le pic de décès était
en avril-mai 2011, avec un facteur 3. Ces statistiques ont été obtenues
à partir des rapports transmis par 34 institutions d'accueil pour
personnes âgées situées dans la zone d'évacuation de 20 km autour de la
centrale de Fukushima daï-ichi. Si leurs bâtiments ont été évacués, ces
institutions ont continué à exister administrativement.
Sur les 1770 pensionnaires, 295 sont décédés avant la fin octobre 2011.
32 autres ont été tués par le tsunami. A titire de comparaison, il y a
eu 109 décès durant la même période en 2010. Il y a, bien-entendu, une
grande disparité de situation entre des pensionnaires grabataires qui
ont besoin de soins et d'autres, presque autonomes.
40% des décès enregistrés sont dus à une pneumonie, alors que cette
maladie est généralement responsable du décès de 10% des personnes
âgées de plus de 65 ans. Ce sont donc les conditions d'accueil dans les
centres d'hébergement de secours qui sont mises en causes. Par
ailleurs, ces intitutions n'étaient pas préparée à faire face à une
catatstrophe : pas de générateur électrique de secours, ni d'eau
potable, de nourriture ou de couverture pour faire face à une urgence
ou accompagner l'évacuation.
Dimanche 13 janvier, la NHK a diffusé un reportage spécial sur l'iode 131 issu de la centrale accidentée de Fukushima. Partie 1 et partie 2.
C'est en japonais. Il montre que l'on ne connaît pas la carte des
retombées en iode 131, faute de mesure. Et comme cet élément a une
demi-vie de 8 jours, il disparaît vite. Cependant, les calculs montrent
que la carte des retombées ne correspond pas à celle bien connue des
retombées en césium. En particulier, il y a un panache d'iode 131 vers
le sud. Il y a cependant quelques données : sur les 23 balises de
surveillance de la radioactivité de TEPCo, 5 ont continué à fonctionné
quelques jours et ont enregistré de l'iode 131. Ces quelques données
servent à caler les codes de calcul.
L'iode est plus volatil que le césium et commence à sortir du réacteur
avant le césium. C'est une des raisons de cette différence. La météo a
fait le reste.
La ville d'Iwaki, non évacuée, aurait donc été particulièrement
touchée. Plus de 5 000 personnes sont venues s'y réfugier. Comme il n'y
avait plus d'eau suite au séisme, les gens ont fait la queue dehors
pour chercher de l'eau auprès de camions citerne. Quelle a été leur
exposition ? Quel sera l'impact sanitaire ?
Se pause aussi le problème des habitants de Namié qui ont été évacués
vers une zone plus affectée par les retombées que le lieu d'origine,
faute de transmission des prévisions. Les enfants ont joué dehors sans
se soucier de rien. Tout le monde pensait être protégé par
l'éloignement. Quel sera l'impact pour ces personnes qui ne se sont pas
protégées ?
Une équipe de chercheurs de l'université de Hirosaki (Aomori) est allée
à Namié au début de la catastrophe pour contrôler la contamination des
personnes évacuées. Il ont contrôlé 62 personnes à l'aide une petite
spectro gamma portable et ont détecté de l'iode 131 chez 46 d'entre
elles. Une évaluation sur une personne d'une quarantaine d'année
conduit à une dose à la thyroïde de 33 mSv. Chez les enfants, c'est
plus. Il est fort probable que les enfants aient reçu plus de 50 mSv,
limite à partir de laquelle il est recommandé (en France) de prendre de
l'iode non radioactif pour protéger la thyroïde. Au Japon cette limite
était deux fois plus élevée...
En
d'autres lieux, comme dans la ville de Fukushima, les habitants ne se
sont pas protégés. Ou encore plus au Sud, dans la province d'Ibaraki.
Quelle a été la contamination en iode 131 ? C'est une des inquiétudes
majeures des populations sachant que même les plus conservateurs de
l'AIEA reconnaissent que l'iode 131 a causé une augmentation des
cancers de la thyroïde chez les enfants exposés aux retombées de
Tchernobyl.
Vendredi 18 janvier, le magazine scentifique Nature
consacre un long article au stress post-traumatique que subissent les
réfugiés du nucléaire. Selon un neuropsychiatre de l'université
médicale de Fukushima, la santé mentale des réfugiés du tsunami semble
s'améliorer plus vite. Ils ont une attitude plus positive envers leur
avenir. Alors que les évacués du nucléaire sont de plus en plus
déprimés, jours après jours. Les fonds pour faire le suivi de ces
populations commencent à manquer.
Malheureusement, l'article a tendance à minimiser l'impact des
radiations et tout mettre sur le dos du stress. Si le stress est avéré
face à l'avenir sombre qui attend ces populations, et que cela a un
impact sur la santé, on ne peut pas pour autant en conclure que c'est
la seule cause de risque sanitaire et que les radiations sont
inoffensives.
Mercredi 30 janvier, la ville de Namié, qui avait partiellement évacué sa population dans
des zones plus exposées, veut contrôler la santé de cux qui avaient
moins de 18 ans au moment de l'accident. Des chercheurs de l'université
médicale de Hirosaki vont faire des tests sanguins pour voir s'il y a
des changements dans la forme des chromosomes des lymphocytes. C'est la
première municipalité à lancer une telle étude qui vient concurrencer
celle menée par les autorités régionales. Environ 850 enfants, soit 23%
des personnes éligibles, se sont portés volontaires.
La possibilité de détecter des lésions induites par les radiations
ionisantes sur des lymphocytes et d'en déterminer la dose reçue est
utilisée de longue date et relève de ce que l'on appelle communément la
"dosimétrie biologique".
Cette technique est intéressante pour une double raison. D'abord parce
que ces cellules humaines (les lymphocytes) sont très faciles à
collecter (à partir d'une simple prise de sang) mais aussi du fait
qu'il s'agit d'une population cellulaire particulièrement radiosensible.
Le plus souvent cette technique repose sur un dénombrement de certaines
aberrations chromosomiques caractéristiques de l'action des radiations
(recherche de chromosomes dicentriques, de structures en anneaux...).
Le premier problème est qu'il s'agit d'une technique peu sensible (peu
utile pour des doses inférieures à 0,1 Gy) et qu'elle est
essentiellement employée à la suite d'accidents d'irradiation pour
reconstituer la dose reçue (et non pas pour le suivi des expositions
professionnelles...). Le second problème est que ces aberrations
chromosomiques sont de type instables (ou encore dite sub-létale) car
elles sont difficilement supportables pour une cellule qui sera
condamnée à brève échéance si elles ne sont pas réparées ou recombinées
de façon stable.
En clair, s'il s'agit bien de ces aberrations chromosomiques que l'équipe japonaise envisage de rechercher - mais l'article de NHK
ne le précise pas - il est probable que bien des expositions réellement
reçues ne seront pas détectées d'abord parce qu'elles seront en-dessous
de la limite de détection de cette technique, ensuite parce que le
délai par rapport à l'accident de Fukushima est déjà important.
Cependant, il est aussi possible que les auteurs disposent d'une
technique s'appuyant sur les lésions chromosomiques stables... La
lecture de leur travail sera attendue avec intérêt.
Samedi 9 février, le Maïnichi
a obtenu les minutes de réunions secrètes tenues par le comité
d'experts en charge du suivi sanitaire des populations de la province
de Fukushima. Il ressort de la quatrième réunion secrète du 17 octobre
2011, que l'examen de la thyroïde des enfants qui ont quitté la
province au début de la catastrophe a été sciemment reporté. Shinichi
Suzuki, qui coordonne les échographies thyroïdiennes, a déclaré qu'ils
avaient déjà bien assez à faire avec les enfants de la province et
qu'ils allaient reporter l'autorisation donnée aux centres d'examen
situés à l'extérieur de Fukushima. Le tristement célèbre Prof.
Yamashita ("souriez, vous ne risquerez rien"), qui préside le comité
d'experts, a suggéré durant cette réunion secrète, qu'il était
important d'envoyer le message qu'ils se préparaient à aussi examiner
les enfants qui sont partis.
Durant la réunion officielle du comité de suivi, qui elle, est ouverte,
et qui s'est tenue le même jour, M. Suzuki a déclaré : "Nous sommes
prêts à préparer les examens de la thyroïde pour ceux qui ont fui la
région". Et d'ajouter : "Nous en avons répertorié 113 [établissements
médicaux hors de la province] pour les examens de la thyroïde. Nous
avons l'intention de conclure des accords informels avec eux autour de
janvier et les examens seront effectués peu de temps après avril."
Lors d'une réunion à l'assemblée régionale, qui s'est tenue le 13 mars
2012, il a été dit : "Nous sommes dans la phase finale de préparation
pour les examens de la thyroïde à l'extérieur de la province afin
qu'ils puissent commencer à être réalisés en mai.". Le 26 avril 2012,
M. Suzuki a déclaré, lors d'une conférence de presse : "Nous espérons
annoncer les institutions médicales qui réaliseront des examens
thyroïdiens en dehors de la province en mai, après la Golden Week".
Le Maïnichi a vérifié auprès des centres d'examen sélectionnés : ils
ont reçu la demande de collaboration entre mars et juin 2012 et
l'accord signé n'a pas été renvoyé avant août. Les autorités régionales
de Fukushima ont finalement donné la liste des 71 centres retenus le 5
septembre 2012 et les contrôles ont commencé en novembre 2012, soit
presque un an après le début des contrôles pour les enfants qui sont
restés à Fukushima.
Le Dr Suzuki a refusé de répondre au quotidien.
Mercredi 13 février, les autorités régionales de Fukushima ont détecté 2 nouveaux cas de
cancer de la thyroïde chez des enfants, ce qui porte à trois le nombre
total de cas. Ils ont tous les trois subi une intervention chirugicale.
7 cas autres cas suspects subissent des examens médicaux plus poussés à l'hôpital universitaire de Fukushima.
Sur ce total de 10 cas pour 38 000 enfants contrôlés, 7 sont des filles. La moyenne d'âge est de 15 ans.
Shin'ichi Suzuki, en charge du programme thyroïde à l'université de
Fukushima a changé de ton : lors du premier cas trouvé en septembre
dernier, il n'y avait pas de lien avec la catastrophe. Maintenant, "il
est trop tôt pour faire le lien avec la catastrophe"...
Les dernières données officielles sur les examens thyroïdaux menés par la province de Fukushima sont ici en japonais.
Ces données ne donnent que les statistiques dans chaque catégorie A1,
A2, B et C en fonction de la découverte ou non de kystes et nodules et
de leur taille. (Les autres sont accessibles depuis cette page).
Ces statistiques ne mentionnent pas les cas de cancer confirmés avec
opération chirurgicale et ceux à confirmer, car cela n'entrerait pas
dans le but de l'étude !!!! Ces cas ont juste été mentionnés lors de la
conférence de presse qui peut être visionnée ici en japonais.
Jeudi 14 février, la révélation des trois cas de cancer de la thyroïde confirmés et des
7 autres cas potentiels a suscité une forte émotion au Japon. Pourtant,
les estimations officielles des doses reçues à la thyroïdes se
voulaient rassurantes. Elles avaient été très critiquées et le doute
gagne du terrain. Le problème est qu'il n'y a quasiment pas eu de
dépistage de la contamination de la thyroïde et que les estimations
sont essentiellement basées sur calculs approximatifs. Et comme l'iode
131 a une demi-vie de 8 jours, si l'on ne fait de mesures rapidement,
on ne voit plus rien.
Selon l'Asahi,
le National Institute of Radiological Sciences (NIRS), mandaté par le
ministère de l'environnement, a utilisé deux méthodes pour estimer la
dose à la thyroïde :
- une première méthode est basée sur les nombreuses mesure de la
contamination corporelle en césium, en appliquant un ratio iode sur
césium.
- une deuxième méthode est basée sur des simulations des rejets en iode lors des rejets massifs du début de la catastrophe.
Ces deux méthodes ont de fortes incertitudes qui ne sont jamais communiquées.
La première méthode indique que c'est à Iitaté que les doses ont été
les plus élevées. Ce village, fortement contaminé, où l'ACRO avait fait
ses premières analyses, n'a été évacué que très tardivement. Les
habitants, qui pensaient être protégés par l'éloignement, ont continué
de vaquer à leurs occupations. Les calculs indiquent que 90% des
enfants de 1 an ont reçu une dose à la thyroïde inférieure à 30
millisieverts, ce qui est moins que la limite de 50 millisieverts à
partir de laquelle il est recommandé de prendre un comprimé d'iode pour
se protéger.
Pour cela, ils ont estimé qu'il y avait 3 fois plus d'iode 131 que de
césium 137 dans le corps lors de l'exposition. D'où vient se ratio ? De
résultats de mesure sur la thyroïde de 1 080 enfants d'Iitaté et
Kawamata qui datent de la fin mars 2011 et de résultats de mesure de la
contamination en césium de 300 adultes des mêmes villages mesurée par
un autre organisme. Bref, ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont
été contrôlées : le ratio est donc grossier.
Les estimations dans les rejets donnent plutôt qu'il y avait 10 fois
plus d'iode que de césium dans le panache au Nord-Ouest et 50 fois plus
dans le panache au Sud. Des chercheurs, qui s'étaient portés
volontaires pour aller contrôler la contamination des réfugiés à
l'entrée des centres d'hébergement se sont aussi contrôlés plus
sérieusement. Certains avaient autant d'iode que de césium, d'autres 50
fois plus. La valeur médiane sur 50 chercheurs est de 11 fois plus.
Bref, l'étude officielle avait-elle pour but de faire une estimation réaliste ou de rassurer les gens ?
Les autorités Russes ont indiqué qu'elles avaient envoyé une équipe de
spécialistes contrôler les familles des membres de l'ambassade à Tôkyô
et que 3 personnes sur 268 avaient une contamination à l'iode. Mais les
mesures ont été effectuées tardivement, en avril. Une grande partie de
l'iode avait déjà disparu.
Les Etats-Unis ont aussi fait des contrôles et des estimations pour le
personnel de la base militaire de Yokota à Tôkyô. 7 000 personnes ont
été contrôlées et ils en ont déduit qu'une personne qui avait passé 24
heures à l'extérieur a reçu une dose à la thyroïde de 5,3 millisieverts.
Un homme de 49 qui s'était réfugié seul à Tôkyô après la catastrophe
de Fukushima a été retrouvé mort dans son appartement, un mois après
son décès. C'était un évacué volontaire de Kôriyama. Officiellement, il
y a 316 353 évacués au 17 janvier 2013. La moitié environ sont partis à
cause de la radioactivité.
Les autorités se font du soucis pour le risque d'isolement auquel font face certains d'entre eux.
Vendredi 22 février, l'évacuation de l'hôpital et de l'hospice de Futaba, situés à 5 km de la centrale,
avait fait 40 morts. Les familles de 7 d'entre eux ont décidé de porter
plainte contre TEPCo.
Mercredi 27 février, selon l'organe des Nations-Unies en charge de la protection contre
les radiations ionisantes (UNSCEAR, U.N. Scientific Committee on the
Effects of Atomic Radiation), la dose à la thyroïde reçue par les
enfants de Fukushima est plus basse que ce qui avait été estimé par
l'OMS. L'OMS avait calculé des doses s'élevant de 100 à 200 mSv pour
des enfants de 1 an de Namié et de 10 à 100 mSv pour les autres zones
évacuées. Les doses calculées par l'UNSCEAR ne dépassent pas 50 mSv,
qui est la limite à partir de laquelle il est recommandé de prendre une
pastille d'iode pour se protéger.
L'OMS, qui a pour mission de protéger les populations, a reconnu que son calcul pouvait être pénalisant.
Les calculs détaillés de l'UNSCEAR devraient être présentés en septembre 2013.
On ne peut qu'espérer qu'ils ont raison... Le pic de cancers de la
thyroïde étant apparu 4 à 5 ans après les rejets massifs, on connaîtra
bientôt l'impact sanitaire. Rappelons qu'il y a déjà 3 cas confirmés et
7 autres suspectés.
La catastrophe de Fukushima n'est pas la première catastrophe
écologique au Japon. Il y a en particulier le cas de Minamata où du
mercure a été déversé dans la mer par un industriel, provoquant de
nombreuses victimes. Selon l'Asahi et le Maïnichi,
le ministère de l'environnement aurait demandé à un médecin de venir
faire un faux témoignage lors d'un procès en appel d'une dame qui
demandait une reconnaissance officielle de son statut de victime.
C'était en juin 2011, alors que les symptomes montrent clairement
qu'elle souffre de la "maladie de Minamata".
Va-t-on observer la même chose avec les victimes de Fukushima ?
Jeudi 28 février, l'OMS a publié un rapport ce jour sur l'impact sanitaire de la catastrophe de Fukushima (communiqué en français, résumé en français, rapport complet en anglais) :
"S'agissant des différents
cancers, pour les personnes situées dans la zone la plus contaminée,
l'augmentation des risques estimés par rapport à ce qui serait
normalement attendu s'établit à :
- 4% environ pour l'ensemble des cancers solides, chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de nourrisson;
- 6% environ pour le cancer du sein, chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de nourrisson;
- 7% environ pour la leucémie, chez le sujet de sexe masculin exposé au stade de nourrisson;
- 70% au maximum pour le cancer
de la thyroïde, chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de
nourrisson (chez la femme, le risque de cancer de la thyroïde au cours
de la vie entière est normalement de 0,75% et le risque additionnel
estimé au cours de la vie entière est de 0,50% pour un nourrisson de
sexe féminin exposé dans la zone la plus touchée).
Concernant les personnes vivant
dans la deuxième zone la plus contaminée de la préfecture de Fukushima,
les risques estimés sont inférieurs de moitié environ à ceux de la zone
aux doses les plus élevées.
Une section du rapport est
également consacrée au cas spécifique des travailleurs d'urgence dans
la centrale nucléaire de Fukushima. Selon les estimations, les deux
tiers environ des travailleurs d'urgence présenteraient des risques de
cancer semblables à ceux de la population générale, et un tiers d'entre
eux aurait un risque majoré."
Alors que l'impact de la radioactivité est mal connu et que la dose
reçue est mal évaluée, on se demande comment l'OMS peut faire un tel
calcul. Par ailleurs, les radiations provoquent aussi des maladies non
cancéreuses.
Greenpeace International a déjà critiqué ce rapport.
Vendredi 1er mars, le gouvernement japonais a contesté vendredi les conclusions de
l'étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Un responsable du
ministère de l'environnement a expliqué qu'il était "erroné de croire
que les résidents (proches de la centrale) vont développer des cancers
dans ces proportions".
Lundi 4 mars, le National Institute of Radiological Sciences et la Japan Atomic
Energy Agency ont évalué les doses à la thyroïde des personnes qui ont
fui la catastrophe, en fonction des routes et des horaires. La dose
varie de 1 à 100 en fonction des scénarii.
La dose la plus forte est pour les habitants réfugiés à Tsushima dans
la commune de Namié jusqu'au matin du 23 mars et sont ensuite partis
vers le gymnase d'Adachi à Nihonmatsu, 60 kilomètres plus loin : 104
millisieverts à la thyroïde pour un enfant d'un an, 89 millisieverts
pour un enfant de 10 ans et 53 millisieverts pour un adulte. C'est
moins de 100 millisieverts pour toutes les autres routes. La route
d'évacuation ayant entraîné la dose la plus faible est celle de
Katsurao au gymnase d'Azuma dans la ville de Fukushima le 14 mars :
moins de 1 millisievert pour les adultes et les enfants.
Ce calcul fait l'hypothèse que les personnes sont restées dehors
pendant 24 heures, ce qui est pénalisant, mais ne prend en compte
qu'une seule journée alors que les rejets massifs ont duré dix jours.
Jeudi 7 mars, l'ACRO a mis en ligne ces derniers résultats d'analyse sur des
échantillons en provenance du Japon. Il s'agit surtout d'analyse sur
des urines d'enfants pour lesquelles la demande est encore très grande.
Ce sont 28% des enfants de Fukushima (7/25) que nous avons contrôlés
depuis juillet dernier qui ont du césium radioactif dans les urines, à
des niveaux faibles, mais qui perdurent. Il ne faut donc pas sous
estimer l’impact sanitaire. A Kurihara, une zone contaminée de la
province de Miyagi, située à 150 km de la centrale, il y a aussi 3
enfants contaminés sur 10 analyses effectuées. Nous avons aussi trouvé
un enfant contaminé à Itô, dans la province de Shizuoka, à 350 km de la
centrale. C’est, bien évidemment, la nourriture qui en est fort
probablement la cause.
L'ACRO a aussi refait des analyses sur des poussières d'aspirateur qui
mettent en évidence une contamination encore élevée, même si la
tendance est à la baisse.
Enfin, les résultats d'une analyse sur de la "poudre noire" (cyanobactéries) ont aussi été mis en ligne.
Voir le communiqué de presse et tous les résultats.
Vendredi 8 mars, on s'en souvient, 40% des enfants de Fukushima qui ont subit des
échographies de la thyroïde ont des kystes ou des nodules. Est-ce
normal ou pas ? Le ministère de l'environnement a mené une étude
similaire dans d'autres provinces du pays pour avoir une référence. Sur
les 4 365 enfants âgés de 3 à 18 ans de Hirosaki (province d'Aomori),
Kôfu (Yamanashi) et Nagasaki, 2 469, ou 56,6% ont des nodules de moins
de 5 mm ou des kystes de moins de 20 mm (groupe A2) et 44, soit 1%, ont
un kyste ou un nodule qui demande des examens médicaux complémentaires
(groupe B). C'est 0,6% à Fukushima. Aucun kyste ou nodule n'a été trouvé chez les 1 852 autres
enfants.
Le communiqué est ici en japonais et ici en anglais.
A noter qu'une étude similaire avait été effectuée à Kôbé par des médecins et avait donné des statistiques similaires.
Samedi 9 mars, selon le Maïnichi,
les autorités régionales de Fukushima auraient effacé des données sur
le contrôle des populations à l'entrée d'un centre de secours. Il
s'agit des données concernant une centaine de personnes dans une école
d'Ôkuma à 5 km de la centrale le 12 mars 2011. Les données ont été
effacées en septembre 2011 et cela n'a jamais été rapporté, ni au
gouvernement, ni aux commissions d'enquête. Les employés de la province
ne savaient pas comment copier les données enregistrées dans l'appareil
de mesure. Et comme ils avaient besoin de l'appareil, ils ont effacé
les données.
Dimanche 10 mars, le ministère de l'environnement a renoncé au projet d'étudier le génome
des habitants de Fukushima pour y déceler d'éventuelles mutations.
L'étude visait 500 familles avec des nouveaux nés. Le sang des deux
parents et de l'enfant auraient dû être comparés pour voir si l'enfant
a plus de mutations génétiques que les parents. Officiellement, l'étude
qui aurait dû commencer durant l'année fiscale à venir (qui débute le
1er avril 2013) a été repoussée car la technique n'est pas encore au
point.
Doses et conditions de
travail à la centrale
|
Au 31 décembre, ils étaient presque 20 000 travailleurs à être passés
sur le site de la centrale. Au début, il n'y avait pas un dosimètre par
personne, ce qui a conduit à une évaluation très approximative des
doses. Les premières anthropogammamétries n'ont eu lieu que
tardivement, ce qui fait que l'estimation de la contamination interne,
qui a pu être forte au début, est aussi mal connue. Plusieurs
travailleurs n'ont pas pu être retrouvés et n'ont pas été contrôlés a
posteriori. Enfin, il n'y a pas ou peu de mesure neutron, alors que le
flux a beaucoup augmenté quand les réacteurs se sont vidés de leur eau.
Avril - Juin 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 5 avril, selon des
documents rendus publics, la NISA avait donné son feu vert à TEPCo pour
augmenter encore plus la limite de dose pour les travailleurs de la
centrale. Le 14 mars 2011, le ministère de la santé avait relevé cette
limite à 250 millsieverts. Le 25 mars, la NISA a transmis la demande de
TEPCo de passer cette limite à 350 millisierverts.
Le premier ministre avait envisagé, un temps, de monter la limite à 500
mSv trois jours après avoir été montée à 250 mSv. Mais il s'agit là
d'un autre problème : en temps normal, la limite au Japon est de 50
mSv/an pour les travailleurs et 100 mSv sur 5 ans (soit 20 mSv en
moyenne). En France, elle est strictement de 20 mSv/an pour les
travailleurs.
Un travailleur exposé à plus de 50 mSv à Fukushima ne peut plus
travailler dans une autre centrale pendant un an. S'il est exposé à
plus de 100 mSv à Fukushima, ce sont 5 années sans pouvoir accéder à
une autre centrale. Pour éviter une pénurie de main d'oeuvre,
l'industrie nucléaire (TEPCO et ses principaux sous-traitants, Toshiba,
Hitachi...) ont demandé au ministère de la santé de combiner ces deux
limites : ce qui conduit, de fait à une limite globale de 350 mSv. Mais
le ministre n'a pas accepté cette demande, malgré les plaintes répétées
de l'industrie nucléaire.
Samedi 21 avril, les
intervenants à la centrale de Fukushima daï-ichi, quel que soit leur
métier, ont un dosimètre et une limite de dose à ne pas dépasser. De
même pour les personnes engagées dans la décontamination. Mais pas les
travailleurs du bâtiment qui vont intervenir dans la zone des 20 km
pour réparer les infrastructures.
Le ministère de la santé a donc décidé que les travailleurs du bâtiment
qui interviendront dans les zones où l'exposition externe annuelle peut
dépasser les 5 mSv devront avoir un dosimètre et bénéficier d'un suivi
médical. Ailleurs, ce ne sera pas nécessaire. On se demande pourquoi il
n'a pas mis la limite à 1 mSv comme pour le public.
Jeudi 26 avril, TEPCo a annoncé
vouloir maintenir sur le site de la centrale de
Fukushima daï-ichi 16 personnes qui ont dépassé la limite de 100 mSv
mais qui sont indispensables car elles ont acquis une
expérience et expertise que n'ont pas les autres intervenants. A partir
de la fin avril, la limite de dose pour les travailleurs du nucléaire
va redevenir 50 mSv/an et 100 mSv sur 5 ans (soit 20 mSv/an en moyenne).
La compagnie est en train de blinder la pièce où se trouvent le plus
souvent ces 16 personnes afin de baisser leur exposition et les garder
plus longtemps.
Vendredi 27 avril, TEPCo a
rendues publiques les doses reçues par les travailleurs sur le site
durant les 3 premiers mois de 2012. L'exposition maximale est de 19,06
mSv en un mois (quelle précision !). Le communiqué est
ici en anglais et le tableau
ici. Rappelons que ces doses ne prennent pas en
compte d'exposition à l'extérieur de la centrale.
Mardi 8 mai, TEPCo vient de
découvrir qu'un intervenant avait triché sur son âge et n'avait que 17
ans quand il est intervenu sur le site de la centrale accidentée en
avril 2011. Employé par un sous-traitant de Kajima, le garçon a, entre
autres, percé des trous dans les bâtiments réacteurs 2 et 4 pour
pouvoir passer des tuyaux. La dose totale (internet et externe) qu'il a
reçue s'élève à 1,92 mSv, selon TEPCo.
Il faut avoir plus de 18 ans pour travailler dans le nucléaire au Japon.
Mercredi 23 mai, selon la
police, une partie des salaires des intervenants de la centrale de
Fukushima daï-ichi, est passée dans les mains des yakuzas. Elle a
arrêté Makoto Owada, du clan Sumiyoshi-kai. Sur les 40 000 yens (400
euros) de paie journalière, 10 000 (100 euros) allaient dans les mains
des yakuzas. Owada donnait 7 000 yens (70 euros) par jour à son clan.
Il a expliqué envoyer des sous-traitants dans les centrales nucléaires
depuis 2007.
Les sommes gigantesques dépensées dans le démantèlement de la centrale
et la reconstruction des zones touchées par le tsunami attirent bien
des convoitises.
Jeudi 31 mai, TEPCo publie des
statistiques sur les doses prises par les travailleurs
ces 3 derniers mois.
Ces chiffres ne prennent pas en compte la dose prise en dehors du site
de la centrale, même s'ils vivent en territoire contaminé. La dose
maximale enregistrée est de 23,53 mSv en avril 2012.
Les statistiques incluant les premiers mois de la catastrophe sont à
prendre avec des pincettes puisque les travailleurs n'avaient pas un
dosimètre individuel par personne, qu'aucun contrôle de la
contamination interne n'a été fait durant les premiers mois et que le
flux de neutrons, qui a augmenté, n'est pas pris en compte.
Vendredi 29 juin, les dernières
statistiques sur les doses prises par les intervenants sur le site de
la centrale de Fukushima daï-ichi sont
ici en anglais.
Juillet - Août 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 5 juillet, selon le
rapport de la commission
d'enquête parlementaire
sur l'accident de Fukushima, les travailleurs qui sont restés sur le
site au début de la catastrophe n'avaient quasiment aucune information
sur les risques encourus. La commission a interrogé environ 5 500
intervants et a reçu une réponse de 44% d'entre eux. 83% des employés
de TEPCo sont restés au debut de l'accident. C'est 28% pour les
principaux sous-traitants et 14% pour les sous-sous-traitants. 47% des
employés de TEPCo étaient informé des dangers par TEPCo, mais 95% des
principaux sous-traitants et 98% des sous-sous-traitants n'avaient
aucune information.
47% des employés de TEPCO qui sont intervenus durant le premier mois
ont déclaré qu'il n'y avait qu'un dosimètre par équipe. C'est 48% pour
les principaux sous-traitants et 54% pour les sous-sous-traitants.
28% des employés de TEPCo n'étaient pas informés de la dose reçue.
C'est 24% pour les principaux sous-traitants et 35% pour les
sous-sous-traitants.
Dans la partie libre expression de l'enquête, remplie par 40% des
répondants, beaucoup se plaignent du manque d'information. Les
travailleurs n'ayant pas des postes importants n'ont jamais été
informés que le refroidissement était perdu.
Enfin, la plupart de ces travailleurs n'avaient jamais été entraînés
pour intervenir dans une situation accidentelle.
Samedi 21 juillet, l'
Asahi
révèle qu'un sous-traitant de TEPCo a poussé ses employés à couvrir
leur dosimètre d'une plaque de plomb pour diminuer l'enregistrement de
la dose reçue afin de pouvoir travailler plus longtemps et dans des
zones plus contaminées. Certains ont refusé, d'autres ont posé des
questions, mais le contremaître qui s'occupait d'eux les a menacé de
perdre leur emploi et de ne plus jamais pouvoir en trouver dans le
nucléaire.
Ces dosimètres sonnent quand un certain débit de dose est dépassé.
Quand la dose cumulée dépasse 50 mSv en un an, on ne peut plus
travailler dans une centrale nucléaire pendant un certain temps.
Le PDG de Built-Up, la compagnie de construction sur la sellette, a
reconnu, ce jour, que, le 1er décembre dernier, 9 de ses employés ont
travaillé 3 heures sur le site de la centrale accidentée avec leur
dosimètre protégé par du plomb.
Le 30 novembre, le contremaître avait rassemblé son équipe et leur a
présenté une feuille de plomb d'un mètre carré environ et de quelques
millimètres d'épaisseur. Il leur a montré comment la découper et
protéger leur dosimètre.
Le 1er décembre, jour de leur intervention, ils ont reçu un dosimètre
de TEPCo et des combinaisons de protection à J-Village, comme tous les
autres intervenants. Le contremaître leur avait dit, qu'une fois dans
le bus de la compagnie Built-Up, ils devaient ouvrir leur combinaison,
recouvrir le dosimètre de plomb et refermer la combinaison avec du
scotch, en veillant bien à ce que personne ne les voit. 3 ont refusé à
ce moment là. Ils ont été renvoyés à leur hôtel et le contremaître est
monté dans le bus avec les autres. Le chauffeur qui ramenait les
récalcitrants à expliqué que la zone est trop radioactive et que
personne ne veut y aller. C'est pourquoi Built-Up a récupéré le marché
très lucratif qui consistait à isoler thermiquement les tuyaux du
circuit de refroidissement des réacteurs 1 à 4.
Le 2 décembre, une réunion houleuse entre les employés et le
contremaître a eu lieu dans un hôtel d'Iwaki où ils logeaient. Le
contremaître a d'abord nié les faits, mais comme la réunion a été
enregistrée à son insu, il a finalement dû avouer. Le contremaître, qui
intervient sur d'autres centrales nucléaires pour la compagnie, a dit
l'avoir déjà fait pour son propre dosimètre. Les 3 récalcitrants ont
abandonné ce travail et sont rentrés chez eux.
TEPCo a enregistré une dose de 10 mSv pour un des employés de Built-Up
pour le seul mois de décembre dernier. Une des plus fortes doses
enregistrées parmi tous les 5 000 intervenants de l'époque. Ce qui
signifie que la dose réelle est beaucoup plus élevée.
Dimanche 22 juillet, suite de
l'affaire des plaques de plomb qui ont protégé les
dosimètres : une fois leur travail terminé, les ouvriers avaient caché
leur plaque dans le bus, mais le contremaître aurait ordonné aux
ouvriers de s'en débarrasser sur le site de la centrale, pour ne pas se
faire prendre. Ils les ont donc jetées dans des herbes à un endroit où
le débit de dose est élevé pour qu'elles soient difficile à retrouver.
Le Ministère de la santé a donc annoncé qu'il allait rechercher ces
plaques pour avoir des preuves matérielles. Il veut aussi mesurer
l'épaisseur de la plaque pour en déduire la dose réelle reçue par les
neuf personnes concernées.
Sur les 12 personnes de l'équipe, 3 ont refusé de mettre les plaques.
Face à l'obstination du contremaître, elles sont donc parties sans
travailler. Sur les neuf autres qui sont intervenues pendant 3 heures,
il n'est pas sûr qu'elles aient toutes mis les plaques, même si elles
ont dit l'avoir fait. Comme le débit de dose sur le site du chantier
était moins élevé qu'attendu, les plaques n'ont été utilisées qu'une
seule fois, selon l'un des ouvriers.
Lundi 23 juillet, la filiale de
TEPCo, Tokyo Energy & Systems Inc., qui a sous-traité
le travail à la compagnie Build-Up, affirme que seulement 5 personnes
ont couvert leur dosimètre d'un cache en plomb et seulement pendant une
journée. Les 4 qui étaient dans la même voiture que le contremaître et
le contremaître ont mis le cache. Les quatres qui étaient dans une
autre voiture et qui allaient travailler dans un endroit moins exposé
ne l'auraient pas mis. Ceux qui l'ont mis ne l'auraient gardé que 30 à
40 minutes.
En fait, le cache est rapidement paru peu efficace. Il a donc été
abandonné. S'il avait été efficace, ils l'auraient réutilisé a reconnu
le contremaître, lors d'une conférence de presse.
Et d'ajouter qu'il n'y a pas de grande différence avec la dose prévue
ou ce qu'ont enregistré d'autres dosimètres. Chaque intervenant a 2
dosimètres : un qui donne la dose reçue lors de la journée et un qui
cumule les doses tout au long de l'année pendant le travail sur site.
Elle recherche actuellement s'il n'y a pas d'autres compagnies qui ont
aussi triché. Mais comme elle a 400 à 500 sous-traitants, cela va
prendre du temps.
Ce scandale apporte un éclairage sur un problème majeur lié à un
accident nucléaire : y a-t'il assez de main d'oeuvre pour faire le sale
boulot qui va durer plus d'une quarantaine d'années ? Il n'y a qu'un
nombre limité de personnes qualifiées qui acceptent ce genre de
travail. La limite de dose de 100 mSv/an est vite atteinte. De nombreux
sous-traitants ont fixé une limite plus basse, ce qui signifie de
trouver un plus grand nombre d'intervenants. TEPCo reconnaît ce
problème.
Mercredi 25 juillet, un groupe
d'ingénieurs à la retraite, qui avaient proposé leur
service pour intervenir sur la centrale accidentée de Fukushima
daï-ichi, au prétexte qu'ils ont de l'expérience et qu'ils craignent
moins les radiations que les jeunes, a essuyé un refus de la part de
TEPCo et du gouvernement. Il a aussi proposé ses services pour
décontaminer dans la zone des 20 km, sans plus de succès. Le Skilled
Veterans Corps for Fukushima, fort de 2 300 membres et sympatisants,
n'abdique pas pour autant. Des représentants de ce groupe entament donc
une tournée américaine d'un mois pour plaider leur cause et convaincre
les autorités de ce pays de faire pression sur les autorités
japonaises. Ils veulent aussi créer une équipe internationale
indépendante de TEPCo avec le soutien d'experts étrangers.
Il se pourrait que de nombreux employés de sous-traitants ou
sous-sous-traitants n'aient pas de contrats légaux, selon une enquête
du
Asahi.
Environ 90% des intervenants sur le site de la centrale accidentée sont
employés par des compagnies sous-traitantes. Leurs conditions de
travail sont largement inférieures à celle des employés de TEPCo.
TEPCo paye environ 50 000 yens (530 euros) par jour et par personne les
majors du BTP ou autre sous-traitantes. Celles-ci se retournent
généralement vers des compagnies sous-sous-traitantes pour faire le
travail. Ces dernières reçoivent 25 000 à 30 000 yens (260 à 320 euros)
par jour et par personne. Celles-ci employent souvent des interimaires
qui reçoivent 15 000 à 20 000 yens (160 à 210 euros) par jour. Les
moins bien payés ne reçoivent donc que 30% de ce que paye TEPCo, le
reste allant dans la poche des intermédiaires.
Ce salaire quotidien est encore plus élevé que dans le BTP, mais les
conditions de travail se sont dégradées depuis le début de la
catastrophe. Et la chaleur de l'été rend le travail encore plus
pénible.
Et malgré les dénégations de TEPCo, il se peut de nombreux intervenants
n'aient pas des contrats légaux. C'est le cas en particulier de
Built-Up, encore elle. Les documents officiels concernant les 12
personnes qui ont subi le scandale du cache en plomb montrent qu'elles
étaient employées par la compagnie elle-même ou sa filiale Access
Aomori. En réalité, 8 d'entre elles étaient envoyées par des agences
d'interim non habilitées de Fukuoka, Fukushima et Aomori. Le ministère
du travail pense que leur situation si précaire les a poussé à accepter
de mettre un cache en plomb sur leur dosimètre. Leur contrat n'était
que de deux mois. Les 3 personnes qui ont refusé de mettre le cache et
qui ne sont pas intervenues étaient dans cette situation.
De plus, ces intérimaires ne peuvent plus trouver d'emploi dans le
secteur une fois leur limite de dose atteinte alors que les employés de
TEPCo ou des majors qui décrochent les contrats sont recasés dans
d'autres services. Ils sont aussi moins bien formés et informés sur les
risques encourus. C'était en particulier le cas au tout début de la
catastrophe.
Mais le recours aux sous-traitants ne devrait qu'augmenter car les
employés de TEPCo et ses principaux sous-traitants auront bientôt
atteint leur limite de dose et il faut aller chercher de la main
d'oeuvre ailleurs.
Jeudi 26 juillet, la dose
collective reçue par tous les travailleurs du nucléaire se
compte en siervert.hommes. Pour la centrale de Fukushima daï-ichi, elle
a été mulipliée par 16 pour la première année de la catatrophe par
rapport à l'année précédente. Du 11 mars 2011 à la fin février 2012, la
dose collective à Fukushima daïchi est de 244,6 sieverts.hommes. Elle
était de 14,9 l'année précédente d'après les statistiques officielles.
Le seul mois de mars 2011 compte pour presque la moitié de la dose
collective reçue à Fukushima daï-ichi, avec 120,2 sieverts.homme. La
plus forte dose reçue est de 678.8 millisieverts. Les 20 000 personnes
qui sont intervenues sur le site de la centrale accidentée la première
année de l'accident ont reçu une dose moyenne de 12 millisieverts.
Ce sont les sous-traitants qui ont pris l'essentiel de la dose, comme
c'était déjà le cas avant la catastrophe.
Sur tout le pays, la dose collective reçue par les 62 961 personnes
concernées était de 61 sieverts.homme pour l'année fiscile 2010 (sans
compter Fukushima), avec une moyenne d'un millisievert par personne.
Mais les 7 701 employés des compagnies d'électricité n'ont reçu que 0,3
millisievert en moyenne, ce qui fait une dose collective de 2
sieverts.hommes. Pour les 55 260 travailleurs sous-traitants
intervenant en zone contrôlée, la dose moyenne est de 1,1 millisievert,
soit 4 fois plus. La dose collective, quant à elle est de 59
sieverts.hommes, soit 30 fois plus.
Plus la dose reçue est élevée, plus la part des sous-traitants est
grande. Toujours pour l'année fiscale 2010, les employés des compagnies
d'électricité représentent 13% des travailleurs qui ont reçu moins de 5
millisieverts. Ils ne sont plus que 0,48% pour la tranche 5-10 mSv et
0,24% pour la tranche 10-15 mSv. Et 0% au-dessus de 15 mSv.
Jeudi 2 août, le
bilan des doses reçues par les intervenants sur
le site de la centrale de Fukushima daï-ichi pour les mois d'avril à
juin 2012 est en ligne sur le site Internet de TEPCo. Ce sont toujours
les
sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes, avec un maximum
de 23,53 mSv en un mois.
Samedi 4 août, un
sous-sous-sous-traitant de TEPCo a travaillé sans dosimètre le 3
août de 7 à 11h. Il était chargé de travailler sur de la tuyauterie
près du bâtiment n°4. C'est encore la filiale de TEPCo, Tokyo Energy
and Systems Inc., qui était chargée du chantier. Le sous-traitant n°1
de la filiale a pris un dosimètre pour chacun de ses employés, mais par
pour ses propres sous-traitants. L'ouvrier a donc travaillé sans
dosimètre. Il met cela sur la compte de la fatigue et de l'étourderie.
Il travaille en fait depuis juin dernier sur le site de la centrale de
Fukushima daï-ichi. La dose accumulée approchait la limite fixée pour
lui et la filiale de TEPCo lui avait déjà fait savoir qu'il ne pourrait
bientôt plus travailler dans une centrale nucléaire.
Les autres intervenants ont reçu entre 0,1 et 0,12 millisieverts sur ce
même chantier.
Lundi 6 août, l'
Asahi
continue d'enquêter sur les conditions de travail dans les centrales
nucléaires japonaises et en est arrivé à la conclusion que la triche
pour diminuer la mesure de la dose est répandue et dure depuis des
années. Sans cela, la limite de dose serait rapidement atteinte et il
ne serait plus possible de travailler dans le nucléaire.
Un intervenant d'une trentaine d'années sur le site de la centrale
accidentée témoigne avoir vu une voiture sur le parking en mai dernier
avec une vingtaine de dosimètres. 3 heures plus tard, quand il est
repassé, les dosimètres étaient toujours là. Leur propriétaires
travaillaient sans. Il aurait observé ce genre de comportement 5 fois.
Un de ses collègues, d'une quarantaine d'années, confirme : il aurait
vu une dizaine de fois les dosimètres laissés dans une voiture.
Même TEPCO aurait découvert des cas similaires et serait en train
d'enquêter.
Ce même intervenant d'une trentaine d'année se souvient être intervenu
dans l'enceinte de confinement des réacteurs 1 à 6 de la centrale de
Fukushima daï-ichi il y a une dizaine d'années. Son chef lui aurait
demandé de laisser son dosimètre dans une boîte en plomb pendant son
intervention. Le dosimètre affichait alors une dose proche de zéro.
Quand il gardait le dosimètre, il avait entre 0,3 et 0,4 millisievert
par intervention. Ce genre de comportement était plus fréquent à
l'approche de la fin de l'année, quand la dose cumulée n'était plus
très loin des 20 millisieverts maximum fixés par le sous-traitant qui
l'employait. C'était cela ou ne plus pouvoir intervenir.
D'autres travailleurs révèlent avoir laissé leur dosimètre à un
collègue intervenant dans une zone moins irradiante.
Ce seraient des pratiques bien connues de tous, mais aussi bien les
exploitants que les sous-traitants ferment les yeux. Tout le monde se
tait, de peur de perdre son emploi.
Un retraité âgé de 64 ans, qui a travaillé une trentaine d'années dans
le nucléaire explique qu'il a dû retirer son dosimètre dès son
embauche. Il n'avait pas le choix pour pouvoir gagner sa vie. Et
d'ajouter qu'il n'est pas possible d'exploiter des centrales nucléaires
sans que des intervenants sacrifient leur santé.
Mercredi 8 août, Tokyo Energy
and Systems Inc. (TES), la filiale de TEPCo impliquée dans
des scandales relatifs à la dosimétrie des sous-traitants, a reconnu
que les caches en plomb réduisaient de 30% la dose mesurée. Ces caches,
d'une épaisseur de 3 mm, ont été utilisés en décembre 2011 pour couvrir
des dosimètres. Elle a aussi reconnu que 8 des intervenants d'alors
étaient des intérimaires avec des contrats illégaux. TEPCo et sa
filiale ont promis de prendre des mesures pour mieux contrôler l'usage
des dosimètres.
Vendredi 10 août, un nouvel
ouvrier intervenant sur la centrale de Fukushima daï-ichi a
"oublié" de mettre son dosimètre. ET c'est encore un sous-traitant,
d'une autre filiale de TEPCO : Toden Kogyo Co.. Il a effectué sa tâche
de 90 minutes sans dosimètre. Selon les dosimètres des autres personnes
qui sont intervenues à proximité, il aurait reçu 0,03 mSv.
Le ministère de la santé et des affaires sociales a demandé aux
entreprises intervenant sur la site de reforcer leur vigilence. Encore
un voeux pieux. Tant que des mesures plus coercitives ne sont pas
prises, cela va continuer.
Lundi 13 août, TEPCo a remis à
la NISA son
plan pour réduire la triche avec les
dosimètres : outre la mise en place d'une pochette transparente pour le
dosimètre (à partir d'octobre), elle va procéder à des contrôles
inopinés, mais sans donner de fréquence. Or, pour être dissuasif, le
contrôle doit être fréquent.
Pour les sous-traitants qui auront une exposition mensuelle supérieure
à 5 mSv, une comparaison sera faite entre la donnée du dosimètre
cumulatif qui donne la dose reçue sur le mois et la somme des doses
quotidiennes donnée par l'autre dosimètre. Si l'écart est supérieur à
20%, il sera demandé à la compagnie de trouver la cause de l'écart. Les
sous-traitants devront aussi surveiller les intervenants qui ont reçu
une dose inférieure à la moitié de la dose moyenne reçue par les autres
membres de l'équipe. TEPCo espère ainsi repérer les tricheries
"individuelles" mais ne pourra pas détecter les tricheries collectives.
En attendant, une entreprise sous-traitante a été chargée par TEPCo de
palper les travailleurs pour vérifier s'ils ont bien leur dosimètre
sous la combinaison de protection. Mais il est impossible de faire la
différence avec un téléphone portable ainsi, voire avec un paquet de
cigarettes. Et TEPCo autorise toujours le chef d'équipe à prendre tous
les dosimètres pour les membres de son équipe. Une distibution
individuelle serait plus sûre.
L'
Asashi
note que, si les autorités poussent TEPCo à être plus vigilente, elles
ne font rien pour corriger la mal à la racine en garantissant les
droits des travailleurs qui ont atteint la dose limite. Sans cela, il y
aura toujours la tentation de tricher pour garder son emploi.
Hideki Yabuhara, président de la compagnie Wamon, qui fournit une
expertise en santé mentale aux entreprises, explique que les employés
de TEPCo souffrent et qu'il n'ont pas de soutien psychologique par
manque de fonds. Il craint des suicides. Ils portent la responsabilité
de l'accident nucléaire. Mais certains ont aussi perdu leur famille
dans le tsunami et ont du mal à réconcilier leur position de victime et
de coupable.
De plus, les conditions de travail restent très difficiles, même si
elles se sont améliorées. Les chambres des dortoirs sont séparées par
des cloisons pas plus épaisse que du papier. On entend tout ce qui se
passe dans les chambres voisines.
Hideki Yabuhara a d'abord fourni un soutien psychologique à l'encien
directeur qui lui a demandé de s'occuper des autres personnels sur
place. Il a discuté avec 250 personnes depuis octobre 2011. Une goutte
d'eau.
Il refuse l'argent de TEPCO pour rester indépendant. Il a demandé un
soutien au gouvenrement, en vain.
Mercredi 15 août, une équipe
de recherche dirigée par Jun Shigemura, un psychiatre au
Collège Médical de la Défense Nationale et Takeshi Tanigawa, professeur
de santé publique à l'université d'Ehimé, ont interrogé, par
l'intermédiaire d'un questionnaire, tous les 1 760 employés de TEPCO
qui ont travaillé dans les centrales de Fukushima daï-ichi et daï-ni
juste après l'accident. L'étude, qui consistait en 8 questions, a eu
lieu en mai et juin 2011. 1 495 employés, ou 85% des personnes
interrogées, ont répondu.
42% des répondants, ou 623 personnes, ont dit qu'ils avaient échappé de
justesse à la mort, tandis que 26% ont affirmé être présents lorsque
des explosions hydrogène qui ont secoué Fukushima daï-ichi.
31%, ou 191 personnes, a mentionné avoir subi des injures, comme par
exemple des évacués qui ont collé sur leur porte des affiches où il
était écrit "TEPCo dehors", ou ayant même été agressé physiquement. On
aurait lancé des objets sur certains d'entre eux.
Un test dit K6 qui sert à évaluer leur état psychologique a montré que
43% d'entre eux nécessitaient une surveillance. Ce taux est même de 47%
si l'on ne considère que ceux présents à la centrale accidentée. Sans
un traitement approprié, ils pourraient plonger dans le dépression,
l'alcoolisme ou autres syndromes de stress post-traumatique.
Le principal facteur de stress est les injures, la discrimination et
agressions. Les personnes qui ont subi ces agressions sont 2 à 3 fois
plus susceptibles de subir de graves dommages psychologiques.
Jeudi 23 août, un ouvrier est
mort d'un arrêt cardiaque sur le site de la centrale
nucléaire de Fukushima daï-ichi. Il a été trouvé vers 10h35 le 22 août
et a été envoyé à l'hôpital régional d'Iwaki une fois le décès
constaté. On ne sait pas exactement ce qu'il lui est arrivé. Il a
commencé à travailler vers 9h à la mise en place de citerne de stockage
de l'eau très contaminée. Vers 9h50, il a fait une pause dans une pièce
climatisée et s'est plaint de se sentir mal. Un camarade l'a trouvé
ensuite, inconscient. La dose reçue ce jour là était de 0,03 mSv et sa
dose cumulée depuis le début de ses interventions en août 2011 est de
25,24 mSv. Le
communiqué laconique de TEPCo est ici.
Vendredi 24 août, TEPCo a fini
par reconnaître que 8 personnes ont travaillé sans
dosimètre depuis juin 2011 et qu'une vingtaine d'autres l'ont "perdu".
La compagnie reconnaît aussi sa responsabilité dans le contrôle
inefficace de la dosimétrie des employés et sous-traitants et le retard
dans la transmission des problèmes aux autorités. Sur ces 8 personnes,
2 sont des employés de TEPCo et 6 des sous-traitants. Toujours selon la
compagnie, 6 personnes auraient "oublié" de prendre un dosimètre, une
aurait décidé de ne pas en utiliser et une dernière n'aurait pas pu en
avoir un suite à un problème d'organisation. Les 20 dosimètres ont été
perdus par des sous-traitants et 3 seulement ont été retrouvés.
Sans dosimètre, on ne peut pas connaître la dose prise par la personne.
Il s'agit donc d'une faute grave. De nombreux cas étaient connus de
TEPCo qui n'a rien dit aux autorités avant le 23 août. Et sans le
scandale médiatique, les autorités n'y auraient vu que du feu, une fois
de plus. Le contrôle est toujours aussi laxiste.
La compagnie a aussi
mis en ligne trois vidéos montrant les nouvelles
procédures de contrôle. Il faut commencer par la dernière, les deux
autres s'enchaînent.
Vendredi 31 août, TEPCo a mis en ligne des
statistiques sur les doses
prises par les intervenants sur le site de la centrale nucléaire
accidentée. Enfin, ceux qui avaient bien un dosimètre... Les
sous-traitants continuent à prendre des doses beaucoup plus fortes que
les employés de TEPCo. En juillet, la dose moyenne des employés était
de 0,55 mSv et plus du double avec 1,19 mSv pour les sous-traitants. En
ce qui concerne la dose maximale pour ce même mois, elle était de 6,57
mSv pour les employés de TEPCo et 17,28 mSv pour les sous-traitants.
Septembre - Novembre 2012
[afficher/cacher]
Samedi 1er septembre, sur
le site de la centrale, les ouvriers doivent toujours
faire face à de très fortes doses. Les balises de surveillance du débit
de dose ambiant sont
ici en anglais
: une balise affiche 220 microsieverts par heure ! Ce n'est pas rien :
le millisievert est dépassé en moins de 5 heures. TEPCo met aussi de
temps en temps en ligne une carte de la contamination du site.
La plus récente date du 27 juillet dernier et fait
apparaître des points très chauds. L'unité est cette fois-ci du
millisievert par heure. Les
autres cartes sont ici.
Quant aux données de TEPCo en anglais, elles sont regroupées
ici.
Mardi 4 septembre, TEPCo a
publié des statistiques sur les travailleurs qui sont
intervenus dans les premières semaines de la catastrophe. Elle a
recensé 7 766 personnes qui ont travaillé sur le site de la centrale
accidentée entre le 15 et le 31 mars et 3 077, ou environ 40%,
n'avaient pas de dosimètres. Mais le nombre total de personnes
concernées doit être inférieur car TEPCo a compté plusieurs fois une
même personne qui est intervenue plusieurs fois. Seule une personne par
équipe de travail était munie d'un dosimètre à cette époque. Les 5 000
dosimètres sur le site avaient été emportés par le tsunami. Il aura
fallu un scandale médiatique pour que des dosimètres arrivent d'autres
centrales.
TEPCo compte donc la même dose pour tous les membres de l'équipe. Mais
ils pouvaient être séparés de plus de 10 m. Les doses enregistrée
peuvent donc être fausses. L'
Asahi cite
le cas de sous-traitants qui sont allés remettre de l'essence dans des
pompes de secours situées à côté d'un bâtiment réacteur. Aucune des
trois personnes n'avait de dosimètre. Le chef d'équipe, qui lui avait
un dosimètre, est resté dans le véhicule pendant ce temps... qui a duré
une dizaine de minutes. La dose enregistrée n'est donc pas
représentative. Une des trois personnes, âgée d'une trentaine d'années,
a vu son taux de globules blancs monter depuis. Il ne sait pas si la
dose enregistrée lui permettra d'obtenir une reconnaissance de maladie
professionnelle en cas de cancer.
Selon le ministère de la santé, seul un travailleur du nucléaire qui a
reçu une dose supérieure à 5 mSv en un an, peut voir sa leucémie
classée
en maladie professionnelle. Il est en train d'établir des critères
similaires pour les cancers du colon, de l'estomac et de l'oesophage.
A cela s'ajoutent les problèmes de contamination interne qui n'ont pas
été pris en compte puisque les premières anthropogammamétries sur les
travailleurs ont eu lieu très tardivement, après plusieurs mois.
Samedi 29 septembre, le ministère du travail, de la santé et
des affaires sociales a
établi de nouveaux critères pour la reconnaissance des cancers du
colon, de l'estomac et l'oesophage comme maladie professionnelle suite
à une irradiation. Les personnes concernées doivent avoir reçu une dose
supérieure à 100 mSv au total plus de 5 ans avant la maladie. Fin août,
les statistiques officielles de TEPCo, qui sont à prendre avec
prudence, donnaient 167 travailleurs qui ont déjà dépassé cette limite.
Des critères existent déjà pour d'autres cancers comme la leucémie.
Vendredi 12 octobre, TEPCo
présente
les nouvelles combinaisons avec poche transparente
pour que les dosimètres soient visibles. Cela fait suite au scandale
provoqué par les capots de plomb mis sur certains dosimètres afin de
réduire la dose enregistrée.
Mercredi 31 octobre, suite au
scandale de falsification des doses prises par les
travailleurs intervenant sur le site de la centrale accidentée de
Fukushima daï-ichi, le gouvernement a inspecté la dosimétrie des
travailleurs et a trouvé un système de contrôle qui n'est pas à la
hauteur des enjeux. Il a découvert 19 violations des règles, allant de
la transmission erronée de données au port d'un seul dosimètre au
lieu des deux requis.
Le
ministère de la santé, du travail et des affaires sociales, qui a
conduit l'inspection, n'a contrôlé que 1 813 cas et admet qu'il ne
s'agit probablement que de la partie émergée de l'iceberg. On ne peut
rien conclure quant aux accusations de violations systématiques, ni
pour
les confirmer, ni pour les infirmer.
Sur les 1 813 cas qui ont reçu des doses élevées (plus 5 mSv par mois),
le ministère a comparé les données enregistrées par le dosimètre qui
indique la dose quotidienne et le dosimètre qui indique la dose
cumulée. Dans 28 cas, la dose cumulée était de plus de 25% plus élevée
que la somme des doses quotidiennes enregistrées. Pour 19 d'entre eux,
cela est dû à une procédure erronée : il y a des cas où les
travailleurs n'ont porté qu'un seul des deux dosimètres ou des reports
erronés de données.
TEPCo, qui mène sa propre enquête, va répondre avant la fin novembre.
Malheureusement, dans cette inspection, il n'y a aucun cas compris
entre mars et octobre 2011, quand les doses étaient les plus fortes. En
mars 2011, il n'y avait même pas un dosimètre par personne. La méthode
utilisée ne permet pas non plus détecter les cas où les travailleurs
ont laissé les
deux dosimètres dans la voiture lors de leur intervention, comme
l'Asahi l'a rapporté dans le passé.
Jeudi 1er novembre, TEPCo
publie les
statistiques sur les doses enregistrées par les
travailleurs
qui sont intervenus sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi au
cours des mois de juillet, août et septembre 2012. Ce sont toujours les
sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes.
Le 24 mars 2011, trois sous-traitants avaient pataugé dans de l'eau
fortement contaminée dans les sous-sols du bâtiment turbine du réacteur
n°3 sans botte de protection et ont eu les jambes brûlées par la
radioactivité. Ils ont pris une dose de l'ordre de 180 mSv durant leur
intervention. Ils ne connaissaient pas le danger alors que des employés
de TEPCo avaient mesuré 400 mSv/h à la surface de l'eau et étaient
partis. Eux sont restés sans être prévenus du danger et l'accident est
arrivé.
Une plainte a été déposée et l'un d'entre eux a accepté de parler à la
presse à la condition que son nom ne soit pas mentionné et que son
visage ne soit pas montré. Son récit est
ici en anglais. Il travaille maintenant à la
décontamination des points chauds dans la province de Fukushima...
Samedi 3 novembre, plus d'un
et demi après TEPCo a reconnu que ce ne sont pas 3
personnes qui ont été exposées à de fortes doses alors qu'elles
travaillaient dans les sous-sols du bâtiment turbine du réacteur n°3,
mais 4. TEPCo et son sous-traitant, Kandenko Co., ont toujours prétendu
que seulement 3 personnes avaient pataugé dans de l'eau très contaminée
le 24 mars 2011. Un employé a révélé, lors d'une conférence de presse
tenue le 1er novembre dernier, qu'il avait lui même refusé d'y aller
car il n'était pas assez protégé, mais qu'une autre personne l'avait
remplacé. TEPCo et Kandenko ont reconnu les faits le lendemain.
6 personnes ont été envoyées dans les sous-sols du bâtiment turbine du
réacteur n°3 pour tirer des cables électriques. 2 étaient des employés
de Kandenko, un autre était un sous-sous-traitant et les 3 derniers des
sous-sous-sous-traitants. Les deux employés de Kandenko et le premier
sous-traitant sont allés dans les sous-sols faire leur travail et n'ont
pas tenu compte de l'alarme de leur dosimètre. Ils ont reçu une dose de
l'ordre de 180 millisieverts, un niveau qui requiert un traitement
médical. Les trois autres sous-traitants du deuxième ordre ont été
envoyés par Kandenko pour prendre le relais. Un d'entre eux, qui avait
des bottes en caoutchouc, a passé entre 5 à 10 minutes sur place et a
pris 56 millisieverts. TEPCo affirme n'avoir pas voulu cacher qu'une
quatrième personne avait pataugé dans de l'eau contaminée. Elle ne l'a
pas mentionnée car elle faisait partie d'une autre équipe...
Selon TEPCo, une autre équipe a mesuré jusqu'à 400 millisieverts par
heure à la surface de l'eau et aurait conseillé à l'équipe de Kandenko
de fuir immédiatement. La quatrième personne y serait allée avant cet
ordre. Le témoignage de l'employé qui a tenu la conférence de presse
diverge sur le sujet : la quatrième personne y aurait été envoyée
après. Il a lui même refusé d'y aller.
Lundi 5 novembre, quand le
ministère de l'environnement a signé des contrats de
'décontamination' avec des compagnies, il a prévu une prime qui doit
aller de 3 300 yens (33 euros) à 10 000 yens (100 euros) par jour en
plus du salaire. Le niveau de la prime dépend du niveau de la
contamination et de la distance par rapport à la centrale. Une enquête
du
Asahi
a montré que la prime atteint rarement les travailleurs et est siphonée
par les nombreux intermédiaires du mille-feuille de sous-traitants.
Des milliers de travailleurs sont concernés par les 18 projets qui
coûtent 3,5 milliards de yens (35 millions d'euros). Il y a 12
compagnies qui ont remporté les marchés.
L'Asahi a enquêté sur 6 projets impliquant 6 compagnies différentes et
a trouvé des cas de non-paiement de la prime dans les 6 cas. Il s'agit
de projets pour un montant total de 100 millions de yens (1 million
d'euros). Des travailleurs ont déclaré n'avoir jamais touché de prime.
Il y a différents cas :
- la direction d'une compagnie sous-traitante a parfois déclaré ne rien
avoir reçu pour le paiement des primes et que l'argent est resté dans
la poche de la compagnie qui a remporté le marché.
- dans un autre cas, le salaire de base a été baissé pour 'compenser'
partiellement la prime de risque.
- il y a aussi un cas où la compagnie qui a remporté le marché a bien
payé la prime au premier sous-traitant qui l'a versée à ces propres
employés mais ne l'a pas versée au sous-sous-traitant.
Les 6 compagnies qui ont remporté les marchés en question sont Taisei
Corp., Shimizu Corp., Kajima Corp., Hazama Corp., JDC Corp. et Okumura
Corp. Cette dernière a refusé de répondre à l'Asahi.
Le ministère de l'environnement va lancer une enquête. Il compte
dépenser 650 milliards de yens (6,5 milliards d'euros) au total d'ici
la fin de l'année fiscale 2013.
Il se peut que TEPCo manque bientôt de main d'oeuvre pour démanteler
la centrale de Fukushima daï-ichi, mais refuse de l'admettre. La
compagnie annonce avoir 24 000 intervenants à disposition. Mais ce
chiffre est celui du nombre total de personnes qui ont travaillé sur le
site de la centrale depuis le début de la catastrophe. 16 000 sont déjà
partis, souvent à cause des conditions de travail difficiles. Il y a
envion 3 000 personnes par jour actuellement. TEPCo estime avoir besoin
de 11 700 personnes cette année, mais la NHK a découvert qu'il n'y
avait que 8 000 personnes qui ont signé des contrats le mois dernier.
TEPCo répond que certaines personnes peuvent intervenir plusieurs fois
et ne prévoit pas de manque de main d'oeuvre à court terme. En
revanche, elle admet qu'elle ne peut rien affirmer à long terme.
Jeudi 8 novembre, une étude
épidémiologique met en évidence une augmentation
signification du nombre de leucémies chez 110 645 travailleurs qui sont
allés décontaminer après la catastrophe de Tchernobyl. L'
article est ici et un
communiqué de presse ici.
Jeudi 22 novembre, 24
118 personnes sont intervenues sur le site de la centrale de
Fukushima daï-ichi entre mars 2011 et septembre 2012. Parmi elles,
seulement 904, ou 3,7%, sont éligibles pour bénéficier d'un dépistage
gratuit du cancer proposé par le gouvernement et TEPCo qui l'ont
réservé aux personnes qui ont reçu plus de 50 mSv entre mars et
décembre 2011. Pourtant, les relevés dosimétriques du début ne sont pas
fiables car seul le chef d'équipe avait un dosimètre. Pourtant, les
travailleurs continuent à prendre des doses élevées. Rien qu'en
septembre dernier la dose totale reçue a dépassé 50 mSv pour 24
personnes. Mais seulement les deux employés de TEPCo dans cette
situation auront droit à un dépistage gratuit, pas les 22
sous-traitants.
Toutes les personnes qui ont reçu plus de 100 mSv lors de la phase
d'urgence, ont droit à un dépistage annuel payé par l'employeur. Si la
personne perd son emploi, le gouvernement prend le relais. Mais le 16
décembre 2011, le premier ministre Noda avait déclaré la phase
d'urgence terminée et les réacteurs arrêtés "à froid". Seules 167
personnes étaient donc concernées. En août 2012, TEPCo a annoncé
étendre la mesure aux personnes ayant dépassé 50 mSv lors de la phase
d'urgence, ce qui fait 663 personnes supplémentaires. TEPCo a aussi
proposé ces dépisatges à ces propres employés engagés dans certaines
opérations, si la dose totale reçue dépasse 50 mSv, même après le 16
décembre. Cela fait 74 personnes de plus.
De
nombreux travailleurs demandent que le dépistage gratuit du cancer soit
proposé à tous les intervenants sans limite de date. Et ceux qui ont
travaillé sans dosimètre sont particulièrement inquiets et demandent
aussi à bénéficier d'un suivi sanitaire.
Vendredi 30 novembre, TEPCo a décidé d'installer son siège régional à
J-Village,
l'ancien centre d'entraînement de foot, transformé en base arrière pour
les travaux à la centrale. Il est surprenant qu'elle s'installe en zone
contaminée, exposant inutilement les employés et les visiteurs. Cela
risque aussi de gêner les travaux à la centrale.
Samedi 1er décembre, d'après
les données transmises par TEPCo à l'OMS, 178 travailleurs
ont subi une contamination interne telle que la dose à la thyroïde
dépasse 100 mSv. Parmi eux, 163 ont reçu plus de 200 mSv. La valeur la
plus élevée est de 11,8 Sv (11 800 millisieverts, à ne pas confondre
avec la dose au corps entier). Le risque de développer un cancer est
élevé avec une telle dose. Deux d'entre eux ont dépassé les 10 Sv.
A la demande de l'OMS, TEPCo a transmis les résultats des examens de la
thyroïde de 522 travailleurs parmi ses propres employés ou ses
sous-traitants. Les données personnelles (comme l'âge...) ne sont pas
connues. La presse a eu accès au données via un rapport de l'OMS en
cours de rédaction. TEPCo ne les a jamais rendues publiques. Des
nombreux sous-traitants n'ont pas reçu les résultats de leur propre
examination.
La personne qui a reçu la plus forte dose à la thyroïde est aussi celle
qui a reçu la plus forte dose au corps entier suite à une contamination
interne : 678,8 mSv. Il serait trentenaire et toujours employé par
TEPCo, mais pas affecté à des travaux liés au nucléaire.
Presque 336 heures supplémentaires d'enregistrements des
visio-conférences entre le 16 et le 23 mars 2011, puis entre le 30 mars
et le 6 avril, ont été montrés à la presse. Une sélection a été mise en ligne sur le site de TEPCo.
Comme les enregistrements précédents, le chaos et l'improvisation sont
flagrants. Dans un extrait daté du 18 mars 2011, on voit le directeur
de la centrale refuser de renvoyer les personnes sur place intervenir
sur les réacteurs et réclamer du personnel supplémentaire. "Tous les
travailleurs approchent les 200 mSv ou ont même dépassé les 200. Je ne
peux pas les renvoyer pour connecter des cables avec un tel niveau de
radiations." Et le quartier général à Tôkyô de promettre de chercher
des volontaires.
Lundi 3 décembre, 47,9% des
intervenants sur le site de la centrale de Fukushima
daï-ichi n'auraient pas de contrats en règle. Il s'agit, bien entendu,
des sous-traitants. Leur employeur officiel, celui qui les envoie
travailler sur le site de la centrale, n'est pas celui qui les paye et
c'est illégal. Ce sont des boîtes d'interim qui les payent.
36% des sous-traitants n'ont pas reçu de document écrit décrivant les
conditions de travail, le salaire, etc, comme ils auraient dû. 6,2%
n'ont même pas reçu ces informations verbalement.
71,8% des travailleurs recoivent au moins 837 yens/heure (7,8 euros/h),
2,8% reçoivent au moins 658 yens (6,1 euros/h), mais moins de 837
yens/h, 1% reçoivent entre 645 et 657 yens/h (6,0 et 6,1 euro/h) et
1,1% moins de 645 yens/h (6 euros/h).
C'est TEPCo qui a mené cette enquête en septembre et octobre dernier
auprès de 4 000 personnes employées par des sous-traitants. 80% des
réponses étaient exploitables.
Jeudi 6 décembre, il y a eu 64
travailleurs sur le site de la centrale de Fukushima qui
ont moins de vingt ans. La dose moyenne qu'ils ont reçue est de 8,26
millisieverts. Un a reçu 56,89 mSv.
Des données statistiques sur les doses prises après
décembre 2011 (step II, deuxième étape du chantier) sont en ligne
sur le site de TEPCo.
Vendredi 7 décembre, l'inspection
locale du travail vient de porter plainte contre le
président de la compagnie sous-traitante dont les employés avaient
couvert leur dosimètre avec du plomb pour diminuer la dose enregistrée.
Dimanche 9 décembre, il y a
environ 3 000 personnes par jour qui interviennent à la
centrale de Fukushima daï-ichi. Témoignage de l'une d'entre elle dans l'Asahi
: "Beaucoup de monde intervient sans contrôle médical car ils ont peur
qu'on leur dise qu'ils ne peuvent plus y aller le lendemain. C'est une
distorsion due aux nombreuses couches de sous-traitance. Je veux que le
gouvernement nous protège."
Il ajoute que dans les zones les plus irradiantes, il n'y a que des
sous-traitants, les employés de TEPCo venant surveiller que très
occasionnellement. Il n'a jamais vu d'inpecteur de l'autorité de sûreté
sur le chantier.
"Les travailleurs viennent de tout le pays parce qu'ils veulent
travailler, même dans une centrale nucléaire, en raison de la crise
économique. De nombreuses entreprises siphonnent une partie de leurs
salaires, en profitant de leur position vulnérable."
Celui qui témoigne a perdu son travail dans une centrale nucléaire
arrêtée. Il est très inquiet avec les niveaux de dose, mais il n'a pas
le choix s'il veut gagner sa vie.
Un autre, qui était employé de TEPCo avant la catastrophe, raconte
qu'on lui a demandé de travailler à la centrale comme "un pilote
kamikaze" : "je n'ai aucune idée des doses que j'ai prises". Nombre de
ses collègues ont quitté la compagnie depuis l'accident. "Je me demande
si je pourrai avoir des enfants", explique-t-il. Et d'ajouter, en cette
période de campagne électorale, "je veux que le gouvernement contrôle
notre santé sous sa propre responsabilité". Il a de sérieux doutes sur
la "décontamination" de sa ville.
Lundi 10 décembre, le gouvernement va demander à 8 compagnies qui envoient des
sous-traitants à la centrale de Fukushima daï-ichi de respecter la loi
! Par ce geste, le ministère du travail reconnaît que le mille-feuille
de sous-traitance est une menace pour les travailleurs. En effet, on ne
sait plus qui est en charge de leur sécurité, surtout quand ils sont
envoyés par des compagnies d'interim. Quant à leur salaire, il est
d'autant plus ponctionné qu'il y a de couches de sous-traitance. TEPCo
a toujours démenti les problèmes soulevés par les médias.
Mardi 11 décembre, le journaliste Ryusho Kadota a écrit un livre (死の淵を見た男) sur le
directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi et les autres personnes
présentes sur place au début de la catastrophe. Il a réussi à
recueillir les témoignages de 90 personnes qui sont nommées et de leur
famille, y compris le directeur de la centrale, Masao Yoshida, peu
prolixe avec les médias. Voici un extrait repris par la presse : Masao
Yoshida explique que l'ampleur de la catastrophe aurait pu être 10 fois
plus grave qu'à Tchernobyl. Si une des enceintes de confinement avait
explosé, il n'aurait pu été possible d'approcher les neufs autres
réacteurs des centrales de Fukushima daï-ichi et daï-ni. Les
combustibles des 10 réacteurs auraient fondu. Et de remercier les
personnes qui ont accepté de rester en risquant leur vie et qui ont
permis d'éviter le pire.
Jeudi 27 décembre, nouvelles statistiques de TEPCo sur les doses prises par les travailleurs sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Ce sont toujours les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes.
Samedi 29 décembre, trois jours après son investiture, le premier ministre japonais s'est
rendu à la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi. Ses deux
prédécesseurs s'y étaient aussi rendus. Il a remercié et encouragé les
travailleurs sur place : "Merci à
tous. C'est très dur mais c'est grâce à vous que les travaux
progressent vers le démantèlement". "En cette période de fêtes de fin
d'année, même si c'est très difficile aussi pour vos familles, œuvrez
avec courage en veillant bien à votre sécurité".
Et c'est tout ! Pourtant, ils méritent mieux. Aucune annonce de mesure
qui garantissent la protection des sous-traitants qui prennent les plus
fortes doses. Aucune garantie de suivi médical. Aucune promesse de
garantie que les primes de risques parviennent bien aux ouvriers sans
être siphonnées par les nombreux intermédiaires. Ou que la loi soit
respectée et que des intérimaires n'interviennent plus sur le chantier.
Mardi 1er janvier 2013, TEPCo a transféré, comme annoncé, une partie de son siège à proximité
de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, à J-Village,
l'ancienne base de foot reconvertie en base de vie pour les
travailleurs qui interviennent à la centrale. Elle veut aussi y
installer un centre de recherche sur le démantèlement et elle prévoit
d'installer ailleurs à Fukushima une centrale thermique au charbon. Le
siège délocalisé aura en charge les indemnités et la 'décontamination'.
Il devrait y avoir 4 000 employés d'ici la fin 2013. La compagnie
affiche ainsi sa volonté de ne pas fuir la province de Fukushima. Elle
veut aussi montrer que l'on peut vivre en territoire contaminé.
Qu'est ce qui justifie ce choix de faire subir une exposition aux
radiations inutile à ses employés ? Elle aurait pu déplacer ses
employés dans une zone moins contaminée. Par ailleurs, elle n'a pas les
moyens de financer la construction de la centrale à charbon, ni de
construire un centre de recherche. Est-ce que les partenaires envisagés
accepteront ses conditions ?
Vendredi 4 janvier, TEPCo avait déjà été accusée de négligence envers ses employés et
sous-traitants en ne fournissant pas un dosimètre par personne au début
de la catastrophe. Seul le chef d'équipe était doté, alors qu'il
n'était pas le plus exposé. Il a fallu un scandale médiatique pour
chaque personne soit pourvue. Le Maïnichi
révèle que, durant les premiers mois de la catastrophe, les
intervenants n'avaient que des dosimètres sur le torse et pas au bout
des membres qui ont pu être beaucoup plus exposés quand il fallait
déblayer les débris. Quand les membres risquent d'être plus exposés, il
faut mettre un dosimètre passif à leur extrémité. Ce n'était pas le cas.
Il y avait de l'eau contaminée un peu partout et certains ont pataugé
dans cette eau, exposant plus leurs pieds. Il en est de même avec les
débris qui jonchaient le sol.
La différence de dose entre les pieds, voire les mains, et le corps peut être élevée, surtout avec le rayonnement bêta.
Jeudi 24 janvier, deux anciens directeurs de TEPCo au début de la catastrophe ont été
entendus par le procureur qui instruit les plaintes pour négligence
professionnelle déposées par un groupe de 1 300 personnes en août 2012.
Jeudi 31 janvier, TEPCo a mis en ligne des statistiques sur les doses prises par les intervenants sur le site.
Les doses au début de la catastrophe ne sont pas fiables car il n'y
avait pas un dosimètre par personne. Ce sont toujours les
sous-traitants qui prennent les plus fortes doses.
Jeudi 28 février, TEPCo n'a pas transmis les doses prises par 21 000 travailleurs en
2011 au fichier national de la Radiation Effects Association comme elle
aurait dû. 80% sont des sous-traitants. Cette base de données a pour
but de les protéger car ils changent souvent d'employeurs. Sans la base
de données centralisée, il est facile de tricher et de cumuler les
doses.
Ce comportement de TEPCo montre le peu de cas qu'elle fait de la santé
des sous-traitants. Le ministère de la santé, du travail et des
affaires sociales, l'a pourtant rappelée à l'ordre plusieurs fois, en
vain. TEPCo a promis de remplir son obligation avant la fin mars 2013.
Evidemment, il s'agit des doses enregistrées, qui ne correspondent pas
toujours aux doses réelles. Rappelons qu'il n'y avait de dosimètres
individuels au début de la catastrophe. Seul le chef d'équipe était
équipé. Puis, quand il s'agissait de dégager les débris, il n'y avait
pas de dosimètres au bout des membres, plus exposés. Puis, il y a eu de
nombreuses tricheries. Enfin, la contamination interne n'a été mesurée
que très tardivement et elle est donc très approximative.
Par ailleurs, TEPCo a mis en ligne de nouvelles statistiques sur
l'irradiation des travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi. 439
nouveaux travailleurs sont intervenus en janvier 2013. La plus forte
dose reçue en janvier 2013 est de 12,65 mSv. Ce sont toujours les
sous-traitants qui prennent les plus fortes doses.
Un ouvrier est décédé sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Voir le communiqué laconique de TEPCo.
Samedi 2 mars, TEPCo a publié des données sur la dose collective reçue par tous les
intervenants sur le site de la centrale. Cela se compte sieverts hommes
et représente la dose reçue par tout le mode.
- Avant la catastrophe, pour l'année fiscale 2009, qui se termine le 31
mars 2010, la dose collective était de 14,9 sieverts.hommes.
- Lors de la première année, de la catastrophe, elle était de 246,9 sieverts.hommes.
- De mars 2012 à janvier 2013, elle est encore de 60,1 sieverts.hommes.
En extrapolant à l'année entière, cela fait 65,6 sieverts.hommes, soit
plus de 4 fois plus qu'avant la catastrophe.
Et cela va durer ainsi pendant des décennies.
Par ailleurs, suite aux nombreuses tricheries sur la dosimétrie des
travailleurs, le ministère de la santé, du travail et des affaires
sociales, inspecte les données enregistrées par les deux dosimètres que
doivent porter chaque intervenant et les compare. Depuis novembre 2011,
le premier dosimètre enregistre la dose quotidienne, alors que l'autre enregistre la dose cumulée.
Le ministère a trouvé 63 cas où l'écart entre les deux données est
supérieur à 20% et c'est la valeur la plus faible qui a été
enregistrée. Il demande à ce que ce soit la plus forte valeur qui soit
retenue pour protéger les travailleurs. L'écart le plus grand est de
4,4 millisieverts comparés à 6,35 millisieverts.
Le ministère n'a pas encore regardé les doses enregistrées au début de
la catastrophe, entre mars et novembre 2011. La mesure des doses reçues
par les employés de TEPCo et ses 37 sous-traitants était plus
approximative, voire inexistante. Le nombre de cas suspects ne peut
donc qu'augmenter drastiquement.
Lundi 4 mars, on avait vu que TEPCo n'avait pas transmis les doses prises par 21 000 travailleurs en
2011 au fichier national de la Radiation Effects Association. Selon le Maïnichi,
les doses prises par les ouvriers engagés dans la "décontamination" ne
sont pas transmises non plus. Le Ministère de l'environnement a
pourtant conclu un accord avec cet organisme public pour que les doses
y soient enregistrées, mais les instructions transmises aux entreprises
sélectionnées pour les chantiers de "décontamination" n'auraient pas
été suffisantes. Les entreprises doivent enregistrer les doses, mais
elles ne sont pas rassemblées dans un fichier national. Ainsi, si un
ouvrier a plusieurs employeurs successifs, personne ne peut vérifier
s'il a dépassé la dose maximale autorisée.
Dans le modèle de contrat de travail rédigé par le ministère de
l'environnement, il est clairement écrit que les entreprises doivent
fournir un carnet de dose aux employés engagés dans les travaux exposés
aux rayonnements ionisants. Il n'est pas dit explicitement que ces
données doivent être transmises au fichier national, mais cela va de
pair selon la Radiation Effects Association.
18 des 25 chantiers pilote lancés par le gouvernement sont terminés.
Sur un de ces chantiers à Ôkuma, un ouvrier a pris 11,6 mSv.
Arrêt du nucléaire et
situation énergétique
|
14 réacteurs nucléaires ont été arrêtés par le séisme du 11 mars 2011.
Le premier ministre de l'époque a ordonné la fermeture de la centrale
de Hamaoka en mai 2011. Tous les autres réacteurs ont été arrêtés
normalement au bout de 13 mois pour changer une partie du combustible
et faire des contrôles. Mais aucun n'a redémarré ensuite, car les
autorités locales demandent des garanties sur le sûreté. Comme
l'autorité de sûreté actuelle est discréditée par la catastrophe, la
situation est bloquée.
Au 10 mars 2012, il ne restait que deux réacteurs sur 54 en
fonctionnement. Tout le parc nucléaire devrait être arrêté fin avril
2012.
Taux de disponibilité du parc nucléaire japonais :
Mois
|
Juin 11
|
Juillet
11
|
Août 11
|
Sept. 11
|
Oct. 11
|
Nov. 11
|
Déc. 11
|
Janv. 12
|
Fév. 12
|
Mars 12
|
Avril 12
|
Mai 12
|
Juin 12
|
Juillet 12
|
Taux
|
36,8%
|
33,9%
|
26,4%
|
20,6%
|
18,5%
|
20,1%
|
15,2%
|
10,3%
|
6,1%
|
4,2%
|
2,1%
|
0,3%
|
0%
|
2,9%
|
Ce taux a été de 23,7% sur l'année fiscale 2011 (1er avril 2011 - 31
mars 2012), contre 67,3% l'année précédente. La demande globale
d'électricité, et donc la production, toutes sources confondues, a
baissé de 5,1% pour la même période par rapport à l'année précédente.
Le taux d'utilisation du parc nucléaire a été de 3,9% durant l'année fiscale 2012 (1er avril 2012 - 31 mars 2013).
Une des raisons des problèmes
d'approvisionnement électrique actuels
vient du fait qu'une partie du Japon (Kansai) utilise du 60 Hz alors
qu'une autre partie (Kanto) utilise du 50 Hz. Il n'y a que trois
transformateurs entre les deux régions et il est donc difficile de
transférer de l'électricité d'une partie à l'autre. Seuls un million de
kilowatts peuvent être transférés entre les deux parties du pays, une
fraction de la
capacité perdue par TEPCO lors du tremblement de terre du 11 mars qui
est de 21 millions de kilowatts.
Si le gouvernement dit vouloir se passer de l'énergie nucléaire, il ne
donne pas de calendrier. Par ailleurs, il continue à vouloir exporter
cette technologie et n'arrive pas à se décider d'arrêter le
surgénérateur Monju, en panne depuis 1995, et l'usine de retraitement,
qui aurait dû démarrer il y a 5 ans. Mais ces deux installations ont
aussi un intérêt militaire... Enfin, il pousse au redémarrage de
quelques réacteurs. Combien ? Personne ne sait. Au moins une quinzaine
ne redémarreront jamais. Soit parce qu'ils ont été endommagés le 11
mars 2011, soit parce qu'ils sont trop vieux. Les autorités ont exprimé
leur volonté de limiter à 40 ans la durée de vie des réacteurs
nucléaires, sauf dérogation.
Les stress-tests ne sont que des simulations informatiques et ne
permettent pas de garantir la sûreté des réacteurs réels.
Mars 2012
[afficher/cacher]
Lundi 12 mars 2012, 259
personnes ont porté plainte pour empêcher le redémarrage de deux des
réacteurs de la centrale de Ôi qui ont passé avec succès les
stress-tests. 1 370 autres ont porté plainte pour obtenir l'arrêt
définitif de la centrale de Genkai, sur l'île de Kyûshû. Cela porte à 3
074 le nombre de plaignants contre cette centrale.
Par ailleurs, le gouvernement va autoriser l'exploitation des
ressources géothermiques dans les parc nationaux, à la condition que le
percement soit diagonal et que l'exutoire ne soit pas dans le parc. Le
but est de favoriser l'exploitation de cette ressource abondante au
Japon, mais très peu utilisée.
Mardi 13 mars, un sondage du
Asahi
montre que 57% des personnes interrogées sont opposées au redémarrage
des réacteurs nucléaires et 27% pour. 80% d'entre elles n'ont pas
confiance dans les mesures de sûreté du gouvernement. Les femmes sont
plus opposées au redémarrage (67%) que les hommes (47%).
Pendant ce temps, la Nuclear Safety Commission devrait approuver
les
stress-tests conduits sur deux des réacteurs de la centrale d'Ôi
(Fukui). Il restera ensuite au gouvernement de prendre une décision
d'ici la fin du mois et
d'essayer d'obtenir l'assentiment des autorités locales. S'il obtient
le consentement des autorités locales, le gouvernement se réunira à
nouveau pour prendre la décision finale. Le premier ministre espère
obtenir un redémarrage avant l'été où la demande est forte à cause de
la climatisation. Cependant, le gouverneur demande une révision du
référentiel de sûreté qui prend en compte les enseignements de
Fukushima. Si la NISA a donné un feu vert aux stress-tests, Haruki
Madaramé, le président de la Nuclear Safety Commission, a clairement
dit que la première étape des stress-tests n'était pas suffisante pour
garantir la sûreté des réacteurs. La presse s'attend à ce que la NSC
recommande que la deuxième étape des stress-tests soit réalisée, sans
en faire une condition au redémarrage. Aucune compagnie d'électricité
n'a soumis la deuxième étape des stress-tests, même si la date limite
était fin décembre. Quant à la nouvelle autorité de sûreté, elle est
bloquée au parlement par l'opposition. Elle ne sera jamais mise en
place pour le 1er avril comme prévu.
Enfin, TEPCo a découvert 81 nouvelles erreurs dans les stress-tests
effectués pour les réacteurs n°1 et 7 de sa centrale de
Kashimazaki-Kariwa qui viennent s'ajouter aux 158 erreurs déjà
trouvées. Le ministre de l'industrie est furieux et menace de ne pas
évaluer le rapport de TEPCo si la compagnie n'améliore pas ses
conditions de travail.
Mercredi 14 mars, le plus vieux
réacteur commercial du Japon, le réacteur n°1 de la centrale de
Tsuruga, qui a eu 42 ans aujourd'hui, ne devrait jamais redémarrer car
le gouvernement envisage de limiter à 40 ans la durée de vie des
réacteurs, sauf dérogation.
De plus, comme les autres réacteurs de sa génération, la cuve de ce
réacteur contient plus de cuivre que celle des plus récents, ce qui
pourrait accélérer son vieillissement, selon le gouvernement. Le
réacteur n°1 de Tsuruga a la plus forte concentration de cuivre avec
0,24%, contre 0,01% pour le réacteur qui en a le moins. Cette
concentration varie entre 0,13 et 0,24 pour les autres réacteurs
contruits dans au début des années 1970.
Par ailleurs, le premier ministre Noda a suggéré qu'il pourrait
autoriser le démarrage du réacteur n°3 de la centrale de Shimané, dont
la construction est presque terminée. En revanche, il a maintenu qu'il
serait difficile de construire une nouvelle centrale.
Vendredi 16 mars, le bras de
fer continue à propos du redémarrage ou non de deux des réacteurs de la
centrale d'Ôi dans la province de Fukui. Chef du cabinet du
gouvernement, Osamu Fujimura, a déclaré que la province de Shiga ne
faisait pas partie des autorités locales à consulter avant d'autoriser
le redémarrage des deux réacteurs en question. Ce qui a eu pour effet
d'exaspérer la gouverneuse de cette région, qui rappelle que Shiga est
sous les vents dominants de la centrale et qu'il y a le lac Biwa, le
plus grand du Japon, qui alimente en eau une partie du Kansaï. Elle va
donc s'allier à la province voisine de Kyôto, dont une partie est à
moins de 30 km de la centrale, tout comme Shiga, pour exiger d'être
consultés. 1 000 résidents de Shiga vivent à moins de 30 km de la
centrale. Fujimura n'en démord pas : il est hors de question de
consulter les provinces limitrophes à celle qui accueille le réacteur
pour autoriser le redémarrage. Il va se limiter à un rayon de 10 km
autour de la centrale. Le PDG de Kansaï Electric (KEPCo) pense
aussi qu'il suffit juste de consulter la mairie d'Ôi et le gouverneur
de Fukui et pas tous les pouvoir locaux situés à moins de 30 km. Drôle
de conception de la démocratie locale...
Les autorités régionales d'Ôsaka ont aussi rendu publique une étude qui
montre, qu'en cas d'accident grave dans une centrale de Fukui, la dose
à la thyroïde de ses résidents pourrait être très élevée. Les calculs,
effectué par le
Lake
Biwa Environmental Research Institute,
montrent que certaines conditions météo qui ont prévalu dans la passé
pourraient conduire à une dose à la thyroïde qui dépasse les 100 mSv et
atteindre les 500 mSv.
Lundi 19 mars, la ville
d'Ôsaka, qui, avec 9% des parts, est le premier actionnaire de KEPCo,
va demander à la compagnie d'abandonner la production d'électricité
d'origine nucléaire le plus rapidement possible. Elle va aussi
demander, lors de l'assemblée générale qui aura lieu en juin prochain,
d'augmenter les investissements dans les énergies renouvelables. Un
groupe de travail, qui réunit la ville et la province d'Ôsaka, devrait
proposer un calendrier de sortie du nucléaire lors de sa prochaine
réunion en avril. Il va aussi essayer de convaincre d'autres
actionnaires de soutenir sa motion. La ville exige aussi que KEPCo
renforce la sûreté de ses réacteurs face aux agressions naturelles
s'ils sont encore nécessaires le temps d'effectuer la transition
énergétique. Cela ne pourra être envisageable que s'il y a une pénurie
cet été après avoir utilisé toutes les mesures d'économie d'énergie.
Enfin, la ville demande de réduire le nombre de directeurs de la
compagnie, d'employés et de publier le salaire des directeurs. Le
soutien financier aux politiciens doit aussi être réduit. La ville
soutient aussi la séparation du transport de l'électricité de la
production afin de favoriser la concurrence là où KEPCo a un monopole.
Les villes de Kôbé et de Kyôto sont en phase avec celle d'Ôsaka.
De son côté, la NISA vient d'approuver les stress-tests effectués par
Shikoku Electric Power Co. pour le réacteur n°3 de sa centrale d'Ikata
(province d'Ehimé). Son rapport d'inspection va être transmis à la
Nuclear Safety Commission d'ici la fin du mois. Mais il devrait avoir
un réorganisation complète du système de contrôle à partir d'avril,
personne ne sait quand ce rapport pourra être évalué.
Mercredi 21 mars, Japan Atomic
Power Co n'aurait pas pris en compte une faille sismique située à
proximité de sa centrale de Tsuruga et qui pourrait entraîner un
tremblement de terre de magnitude supérieure à ce qui avait été
envisagé. La faille a été découverte en 2005 et confirmée récemment. Et
la Japan Atomic Power Co ne l'a pas signalée au groupe d'experts ad hoc
de la NISA en 2008.
De toutes façons, le maire de Tsuruga a demandé au gouvernement de
revoir son référentiel de sûreté avant d'autoriser le redémarrage de la
centrale du même nom. Il a aussi demandé une compensation financière à
l'arrêt prolongé de la centrale.
Vendredi 23 mars, la Nuclear
Safety Commission of Japan (NSC) en entériné l'évaluation des
stress-tests effectuée par la NISA. Le gouvernement devrait donc
logiquement approuver le redémarrage des deux réacteurs de la centrale
d'Ôi et rechercher l'accord des autorités locales. Mais, d'une manière
générale, les maires et gouverneurs concernés par le redémarrage
éventuel d'un réacteur nucléaire demandent des garanties
supplémentaires avant de donner leur autorisation. La municipalité
d'Echizen, située à 60 km de la centrale d'Ôi s'oppose clairement au
redémarrage. C'est la première de la province à s'exprimer clairement.
Le premier ministre fait aussi face à la fronde d'un partie de son
parti qui s'oppose aussi au redémarrage des réacteurs qui demande
d'abord la mise en place d'une véritable autorité de contrôle.
La NSC a bien proposé un nouveau référentiel de sûreté le 22 mars, mais
tant qu'il n'y a pas d'autorité indépendante pour vérifier son
application, cela ne sert à rien. Mais le parlement n'a toujours pas
adopté la nouvelle organisation de la sûreté qui n'entrera pas en
application le 1er avril comme espéré par le gouvernement.
Samedi 24 mars, le premier
ministre Noda met tout son poids dans la campagne pour redémarrer les
réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ôi (préfecture de Fukui). Il a
mobilisé tout le gouvernement pour convaincre les élus locaux. Les
négociations commenceront en avril prochain. Tout retard dans le
redémarrage de ces réacteurs entraînera des retards dans le redémarrage
des suivants. Suivra le réacteur n°3 de la centrale d'Ikata (province
d'Ehimé, sur l'île de Shikoku).
Les préfectures riveraines de celle de Fukui demandent des garanties
supplémentaires : qu'a-t-on appris de Fukushima ? Même Haruki Madarame,
le président de la NSC dit que ces stress-tests
ne sont pas suffisants pour garantir la sûreté des réacteurs et qu'il
faut passer à la deuxième phase sur des données plus réalistes et
évaluer la capacité des exploitants à faire face à un accident.
De facto, en cas de crise, les plans d'urgence sont toujours très en
dessous des standards internationaux. Selon un recensement du
Wall Street Journal,
il y a 7,1 millions d'habitants vivant dans 121 villes à moins de 30 km
d'une centrale nucléaire au Japon. Dans la province d'Ibaraki, par
exemple, il y a 14 villes à moins de 30 km de Tôkaï. Le gouverneur,
Masaru Hashimoto, explique qu'il est simplement impossible d'évacuer
tout le monde. Les exercices l'ont montré. Cela prendra des mois pour
renforcer les mesures d'urgence comme distribuer des comprimés d'iode,
construire de nouvelles routes d'évacuation, de nouveaux abris... Une
inspection de la NSC a montré que la ville de Tsuruga, dans la province
de Fukui, n'est pas capable de répondre à une urgence, même avec les
standards actuels qui sont laxistes. Un abri de secours est à moins
d'un kilomètre de la centrale. Il n'y a pas de haut-parleurs en ville
pour alerter les 80 000 habitants. La centrale est située au bout d'une
péninsule avec une seule route : comment les secours pourront y croiser
les personnes qui fuyent ? Le centre de crise est à une dizaine de km
de la centrale, sur le rivage. Il n'a pas de communication sans fil ni
de système de purification de l'air. Le lac Biwa, qui alimente en eau
potable 41 millions de personnes à Kyôto et Ôsaka est aussi à moins de
30 km de la centrale de Tsuruga.
Pourtant, certains maires contestent les nouvelles règles. Que leur
ville soit dans la nouvelle zone potentiellement évacuable en cas
d'accident pourrait faire fuir les gens et l'activité économique,
disent-ils. Ils font pression sur les autorités pour garder les règles
actuelles. La situation est similaire à Ôi : le centre d'hébergement de
secours est à moins d'un kilomètre de la centrale. Le système d'alerte
ne fonctionne plus si un tsunami de plus de 2,5 mètres frappe la côte.
Le centre de crise est situé sur le rivage, à moins de 2 mètre au
dessus du niveau de la mer. La seule route sur la péninsule est
étroite, surplombe des falaises et est souvent gelée en hiver, rendant
l'évacuation risquée.
La ville côtière de Maizuru (Fukui), avec une base navale et 87 000
habitants n'est pas mieux préparée, même si elle est à moins de 10 km
de la centrale de Takahama. Elle n'a aucun plan d'évacuation. Elle a
juste distribué un manuel à la population avec comme recommandations :
"fermer les fenêtres", "respirer à travers un mouchoir", "laver les
mains et le visage après être allé dehors".
Par ailleurs, Chubu Electric a renoncé temporairement à construire un
nouveau réacteur sur le site de la centrale de Hamaoka arrêtée sur
ordre du précédent premier ministre, car elle est sur une faille
sismique. La compagnie prévoyait de commencer les travaux en 2016. La
priorité pour la compagnie est d'obtenir l'autorisation de redémarrer
ses réacteurs existants. De même, Japan Atomic Power Co a repoussé le
lancement du chantier de construction de deux nouveaux réacteurs à sa
centrale de Tsuruga (Fukui). Personne ne sait si la construction
débutera un jour, même si les travaux de terrassement ont déjà été
effectués.
L'ancienne diplomate, Sadako Ogata, qui, a été pendant 10 ans Haut
Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et qui, à 84 ans,
préside actuellement l'Agence de coopération internationale (Japan
International Cooperation Agency, JICA), s'interroge sur l'exportation
par son pays de technologies nucléaires. "Je me demande s'il est
approprié d'exporter une technologie qui ne fonctionne pas très bien
chez nous" a-t-elle déclaré au
Asahi,
juste avant de quitter son poste à la fin du mois. "Cela (la
catastrophe nucléaire) a eu lieu dans un pays comme le Japon, très
avancé technologiquement et qui aurait dû être très vigilant après sa
propre expérience de Hiroshima et Nagasaki. Nous devons admettre que
c'est un échec".
Dimanche 25 mars, l'
Asahi
révèle que 5 membres sur 12 du conseil régional de l'énergie nucléaire
du Kansaï on reçu des fonds de l'industrie nucléaire. 4 ont reçu, au
total, 7,9 millions de yens (plus de 70 millions d'euros) sur 5 ans,
d'une organisation affiliée à KEPCo qui exploite la centrale d'Ôi. Un
autre a reçu 7 millions de yens de Mitsubishi, qui a construit la
centrale d'Ôi et de la Japan Atomic Power Co. qui exploite la centrale
voisine de Tsuruga. Ces cinq personnes prétendent que ces fonds de
recherche n'ont pas influencé leur décision. Les autorités régionales
vont consulter ce conseil du nucléaire avant de prendre une décision
sur le redémarrage de la centrale d'Ôi.
Lundi 26 mars, le
réacteur n°6 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de
Niigata, exploité par TEPCo, est arrêté comme prévu. Il reste plus
qu'un seul réacteur en
marche, le n°3 de la centrale de Tomari à Hokkaïdô, jusqu'au 5 mai.
Puis ce sera l'arrêt complet du
parc nucléaire. TEPCo avait déjà dû faire face à l'arrêt de tous
ses réacteurs en 2003, suite à un scandale de falsification de rapports
de sûreté.
La NISA vient d'avaliser les stress-tests pour le réacteur n°3 de la
centrale d'Ikata dans la province d'Ehimé sur l'île de Shikoku.
Mardi 27 mars, l'AIEA a publié
son rapport de mission d'évaluation de l'évaluation par la NISA des
stress-tests pour les deux réacteurs de la centrale d'Ôi (
Communiqué en
anglais).
La NISA est critiquée et doit être réformée car elle s'occupait plus de
promotion du nucléaire que de contrôe de la sûreté. L'AIEA n'est pas
différente...
Le maire d'Ôsaka a refusé de prendre en compte la pétition qui
demandait un référendum sur la sortie du nucléaire et a été suivi par
son conseil municipal. L'initiative citoyenne a recueilli 62 439
signatures. 55 428 d'entre elles ont été déclarées valides, ce qui est
plus que la limite pour obtenir un référendum. Mais, c'est la
municipalité qui a le dernier mot. Son argument est que le maire a déjà
été élu avec comme programme de sortir du nucléaire et qu'il n'est pas
nécessaire de dépenser 500 millions de yens (moins de 5 millions
d'euros) pour une décision qui est déjà prise.
Mercredi 28 mars, de plus en
plus de politiciens de la région du Kansaï s'opposent au redémarrage
des deux réacteurs de la centrale d'Ôi. Les stress-tests, qui ne sont
que des simulations numériques, ne suffisent pas pour obtenir
l'adhésion des pouvoir locaux qui demandent une révision des critères
de sûreté. KEPCo annonce une pénurie d'électricité qui peut atteindre
25% cet été. Mais la demande estimée par la compagnie est supérieure à
celle des 5 dernières années. Et la compagnie ne prend pas en compte la
possibilité d'acheter de l'électricité à d'autres compagnies voisines
moins dépendantes du nucléaire.
Vendredi 30 mars, le
gouvernement devait mettre en place une nouvelle entitée en charge de
la sûreté nucléaire au 1er avril, mais les délais ne seront pas tenus.
Les membres des entités existantes sont déconcertés. Que faire en
attendant. A la NISA, on promet de continuer comme avant (sic). Le
projet de loi prévoit que la NSC cesse d'exister au 31 mars. Qu'en
sera-t-il lundi 2 avril ? Les membres et employés de cette institution
doivent-ils continuer en attendant ? Bref, il n'y aura plus personne
pour examiner les stress-tests. De nombreux pouvoir locaux demandent un
contrôle crédible et efficace avant de donner leur accord au
redémarrage des réacteurs.
Le président de la NSC a finalement décidé de rester à son poste le
temps qu'il faudra. Mais le mandat de 3 des 5 membres de la NSC expire
le 16 avril et il n'y a pas de remplacement prévu pour le moment. Les
décisions de la NSC doivent obtenir le concentement d'au moins 3
personnes. Après le 16 avril, elle ne pourra donc plus prendre aucune
décison.
Le ministre en charge de la catastrophe cherche une solution
alternative. Prolonger les mandats ? Les remplacer ? Mais qui acceptera
un mandat ppur un poste appelé à être supprimé ? Et toute nouvelle
nomination nécessite l'accord du parlement.
Le parlement quant à lui, traîne pour adopter le nouveau système de
contrôle. Certains opposants demandent une véritable indépendance de la
future autorité de sûreté.
En attendant, les organisations de contrôle existentes n'auront plus de
budget à partir du 1er avril... Leur pouvoir, déjà bien maigre, est
diminué. Les fonds ont été prévus pour la nouvelle organisation qui
n'existe pas. Ils peuvent transférés aux anciennes structures, mais
c'est plus complexe.
D'un autre côté, la compagnie Japan Nuclear Fuel Ltd va reprendre la
construction de son usine de fabrication de combustible Mox et espère
toujours pouvoir démarrer un jour son usine de retraitement. C'est
complètement contradictoire avec la décision du gouvernement de sortir
à terme du nucléaire. Dans quels réacteurs vont-ils consommer le Mox ?
On ne se débarrasse pas facilement de technologies qui ont un intérêt
militaire...
Enfin, TEPCo a annoncé au ministère de l'économie qu'elle renonçait à
contruire deux nouveaux réacteurs sur son site de Fukushima daï-ichi.
En revanche, Tohoku Electric Power Co. maintient son projet de
construire un réacteur nucléaire dans le coin, mais ne peut pas donner
de date. Initialement, il était prévu pour entrer en opération à partir
de 2021. Ces compagnies ont de l'humour...
Avril 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 1er avril, le conseil
strétagique sur l'énergie, commun à la municipalité et à la province
d'Ôsaka, s'est réuni se jour pour définir les exigences auprès de KEPCo
pour l'assemblée générale de juin. Le maire de la ville, présent, a
fait siennes ces propositions :
- KEPCo ne peut redémarrer ses centrales que si la sûreté absolue est
garantie et elle doit se passer le plus vite possible de l'énergie
nucléaire. Pour cela elle doit investir massivement dans les énergies
renouvelables et les centrales à gaz.
- Le nombre de directeurs doit passer de 20 à 10. Leur rémunération
doit être publique et le pantouflage de fonctionnaires doit être
interdit (hamakudari en japonais).
- La compagnie doit vendre soit la production, soit la distribution, de
façon à séparer ces deux activités.
- Les autorités locales doivent mettre 8 conditions au redémarrage des
réacteurs de la centrale d'Ôi : des accords doivent être passés avec
les autorités locales dans un rayon de 100 km ; il faut aussi
entièrement revoir les critères de sûreté avant d'effectuer des
stress-tests.
Le maire d'Ôsaka se dit fermement opposé au redémarrage dans les
conditions actuelles. La compagnie doit se préparer à passer l'été sans
nucléaire.
KEPCo reste confiante, car même si la ville d'Ôsaka est le premier
actionnaire, elle ne possède que 9% des parts et il en faut les 2/3
pour changer la politique.
Lundi 2 avril, un sondage du
quotidien Maïnichi, effectué par téléphone les 30 mars et premier
avril, montre que 62% des personnes interrogées sont opposées au
redémarrage des deux réacteurs d'Ôi et 33% y sont favorables. 84%
pensent que les stress-tests demandés par le gouvernement ne sont pas
suffisants. 10% pensent l'inverse. 67% des personnes favorables au
redémarrage des réacteurs en question pensent que les stress-tests ne
sont pas suffisants.
Par ailleurs, Yukio Edano, le ministre de l'Economie, du commerce et de
l'industrie a annoncé vouloir ordonner aux compagnies d'électricité de
fournir des prévisions précises sur leur capacités de production et les
prédictions de consommation pour l'été 2012. Ces rapports seront
examinés par des experts et il se réserve le doit de punir les
compagnies en cas de données erronées. Elles risques 300 000 yens
(moins de 3 000 euros). Elles doivent trembler... Et d'ajouter qu'il
est personnellement opposé au redémarrage actuellement. Pour lui, il
lui faut obtenir l'assentiments des pouvoirs locaux, dont les
gouverneurs des provinces de Kyôto et Shiga, opposés au redémarrage des
deux réacteur de la centrale d'Ôi.
Mardi 3 avril, le premier
ministre, Yoshihiko Noda, qui milite en faveur d'un redémarrage rapide
des réacteurs nucléaires, a décidé de reporter sa décision suite à la
réunion inter-ministérielle dédiée aux deux réacteurs de la centrale
d'Ôi. Il souhaite autoriser le redémarrage avant le 5 mai, date de
l'arrêt du dernier réacteur en service. C'est mal parti... Le premier
ministre a donc demandé à ses ministres de définir des critères pour
permettre le redémarrage. C'est le ministre de l'industrie qui a la
charge de les rédiger....
Les atermoiements du gouvernement laissent les autorités locales
perplexes et désemparées. Surtout, cette approche est incohérente : ce
que l'on reproche aux autorités de sûreté en place, c'est de favoriser
la promotion du nucléaire au contrôle de la sûreté. Et le premier
ministre demande au ministre de l'industrie de fixer des standards de
sûreté pour permettre le redémarrage rapide des réacteurs de la
centrale d'Ôi. Comment ne pas soupçonner ce ministère d'adapter les
exigences de sûreté à la forte volonté politique d'autoriser le
redémarrage. Et il s'étonne que les élus locaux ne soient pas
convaincus...
Le maire d'Ôsaka envisage de mettre en place un comité d'experts commun
avec les autorités provinciales pour vérifier la sûreté des réacteurs
nucléaires. Il est important pour lui, d'y nommer des personnes qui ne
font pas partie du 'village nucléaire'. Ce serait une première pour une
région qui n'a pas de réacteur nucléaire. Fukui et Niigata ont déjà un
comité similaire.
La part des énergies fossiles dans la production d'électricité est
passée de 50% à presque 74%. La part de l'hydroélecticité, quant à
elle, n'a pas changé.
L'exploitant de la centrale de Hamaoka, située près d'une faille, a
aussi été trop optimiste. Cette centrale avait été stoppée en mai 2011
suite à la demande du 1er ministre de l'époque, car trop dangereuse en
cas de séisme ou tsunami. L'exploitant s'était donc empressé de
construire une digue de 18 mètres de haut, qui devrait être achevée en
décembre prochain, pour protéger la centrale d'un tsunami. Il a aussi
commencé à renforcer la structure de ses réacteurs. Le coût total
s'élève à 140 milliards de yens (1,3 milliard deuros). Mais un groupe
de travail mis en place par le gouvernement, vient de revoir à la
hausse les risques naturels. La vague de tsunami pourrait atteindre 21
mètres alors que la compagnie avait pris 15 m comme référence, comme à
Fukushima ! Mais l'exploitant, Chubu Electric Power Co., s'en tient à
son plan pour le moment, même si la NISA lui a demandé d'évaluer
limpact de ces nouvelles prédictions.
Comme annoncé le 30 mars (cf ci-dessus) les travaux de construction de
l'usine de fabrication de MOx ont repris.
Mercredi 4 avril, le premier
ministre Noda est prêt à passer en force pour le redémarrage des
réacteurs de la centrale d'Ôi : il devrait demander dimanche prochain,
le feu vert du gouverneur de la province de Fukui. Il va envoyer son
ministre de l'industrie expliquer que les réacteurs satisfont aux
nouveaux critères se sûreté en cours d'élaboration !
La grosse crainte du gouvernement est que si le Japon passe l'été sans
réacteur nucléaire et que cela ne se passe pas trop mal, il ne pourra
jamais convaincre les populations de redémarrer les centrales
nucléaires. Il enchaîne donc les réunions pour trouver un moyen de
redémarrer au plus vite une partie du parc.
Vendredi 6 avril, le
gouvernement japonais a adopté de nouveaux standards de sûreté en deux
jours ! Qui espère-t-il convaincre en agissant de la sorte ? Ce qu'il
demande de nouveau, c'est essentiellement, que des véhicules de secours
puissent intervenir rapidement avec une source électrique. Cette
exigence avait déjà été réclamée à tous les opérateurs au lendemain de
la catastrophe de Fukushima. La deuxième partie reprend les
stress-tests. La seule chose nouvelle est que les exploitants devront
aussi soumettre un plan à moyen et long terme sur les mesures qu'ils
comptent implémenter, comme la construction de nouvelles digues de
protection contre un tsunami. Quand le gouvernement aura reçu ce plan
établi par KEPCo, il va se réunir à nouveau et décider, ô suspens, de
donner son feu vert au redémarrage. Le ministre de l'industrie, Yukio
Edano, va ensuite prendre son bâton de pellerin pour convaincres les
autorités locales. Lesquelles ? Ce n'est pas encore clair.
L'exigence de prendre en compte la possibilité d'un séisme beaucoup
plus fort qu'envisagé jusqu'à maintenant, faisant intervenir plus d'une
seule faille, n'est pas reprise. On attend encore le nouveau plan
d'urgence, conforme aux exigences internationales, en cas d'accident
grave. Les détails pratiques ne sont pas établis.
Le maire d'Ôsaka est furieux : "comment le Japon peut-il établir de
nouveaux standards en temps aussi court et évaluer la sûreté des
réacteurs en deux semaines ?"
Samedi 7 avril, selon l'
Asahi,
le gouvernement a déjà eu des négociations informelles avec le
gouverneur de Fukui qui verrait d'un bon oeil le processus en cours. Le
gouvernement pourrait annoncer, dès la semaine prochaine, son feu vert
au redémarrage de deux réacteurs d'Ôi. En revanche, les gouverneurs des
provinces limitrophes, et même au-delà, sont opposés au redémarrage,
mais ils ne seront pas considérés comme "pouvoir locaux".
C'est que le gouverneur de Fukui est un fin négociateur. Il avait
obtenu de nombreux avantages, comme une nouvelle ligne shinkansen
(train rapide), en échange du feu vert accordé au redémarrage du
surgénérateur Monju il y a quelques temps. Il tient à ses projets...
Dans le même temps, le ministre de l'industrie continue à brouiller les
pistes sur ses intentions. Il a déclaré que s'il n'y a pas de risque de
rupture de l'approvisionnement électrique, il n'est pas nécessaire de
redémarrer les réacteurs nucléaires. Mais, pour le moment, la situation
est loin d'être claire. Les compagnies d'électricité, qui veulent
redémarrer leurs réacteurs pour des raisons financières, font des
pronostiques alarmants pour l'été à venir et ses pics de consommation
au plus chaud de la journée. Mais, peut-on leur faire confiance ? KEPCo
avait déjà hurlé au loup en février, appelant à une baisse de 10% de la
demande pour éviter la pénurie et cela s'est avéré inutile... Les
capacités hydrauliques se sont révélées plus abondantes que prévu. La
fourniture d'électricité des autres compagnies a aussi été supérieure.
Evidemment, les efforts des consommateurs ont aidé à diminuer le pic de
demande. Les prédictions pour l'été à venir de KEPCo ne prennent
toujours pas en compte cette nouvelle réalité.
Tohoku Electric, Chubu Electric et Chugoku Electric devraient avoir
assez d'électricité sans nucléaire cet été.
Le Conseil de l'Energie et de l'Environnement du Japon devrait publier
ses propres prévisions à la fin avril ou début mai.
Dimanche 8 avril, la campagne
électorale pour la mairie d'Omaézaki vient d'être officiellement lancée
: le principal enjeu de débat est le redémarrage ou non de la centrale
de Hamaoka arrêtée sur ordre du premier ministre en mai 2011. Le
sortant parle de consulter la population avant de décider et ses
opposants s'opposent au redémarrage le temps du mandat pour l'un, pour
toujours pour l'autre. Verdict des urnes dimanche prochain.
KEPCo travaille sur son plan à moyen et long terme pour obtenir le feu
vert pour le redémarrage de deux réacteurs d'Ôi. Elle devrait remettre
sa copie lundi 9 avril.
Lundi 9 avril, comme annoncé,
KEPCo a remis son plan à moyen et long terme pour améliorer la sûreté
de deux de ses réacteurs de la centrale d'Ôi. Parmi les 91 mesures
nécessaires à l'amélioration de la sûreté, 37 restent à implémenter, et
pas des moindres :
Le centre de secours résistant aux séismes sera prêt, promis, en 2015.
Le centre actuel est dans les sous-sols et peut être inondé en cas de
tsunnami... En attendant, la compagnie va aménager une salle de réunion
à proximité de la salle de contrôle, qui ne peut accueillir que 50
personnes et qui est trop près des réacteurs.
Les filtres qui doivent retenir une partie de la radioactivité en cas
d'éventage des réacteurs ne seront installés qu'en 2015.
La digue sera rehausée en 2014.
Mais, il n'y a pas que les réacteurs à améliorer : le gouvernement a
montré qu'il n'a pas su utiliser les outils de gestion de crise
(SPEEDI), qu'il n'a fait qu'improviser. (Voir notre
rapport
pour Greenpeace à ce sujet). S'est-il amélioré ? Qu'a-t-il modifié
dans son organisation ?
Il n'y a toujours pas non plus de nouvelle autorité de sûreté, celle en
place ayant été complètement discréditée par la catastrophe.
Sans surprise, le premier ministre et 3 de ses collègues, Yukio Edano,
ministre de l'industrie, Osamu Fujimura chef du cabinet et Goshi
Hosono, ministre de l'environnement et de la catastrophe nucléaire, ont
estimé que les deux réacteurs de la centrale d'Ôi satisfont aux
critères de sûreté qu'ils ont établi en deux jours la semaine
précédente. Plus besoin d'autorité de sûreté, 4 ministres peuvent, en
une
demi-journée, juger seuls de la sûreté des réacteurs nucléaires...
Ils doivent encore se rencontrer une fois cette semaine pour évaluer
les capacités de production de KEPCo et la demande durant l'été avant
de prendre leur décision finale. Cela ne devrait leur prendre que
quelques minutes j'imagine. Et la conclusion sera qu'il faut redémarrer
les deux réacteurs d'Ôi avant le 5 mai, date de l'arrêt du dernier
réacteur japonais encore en service. Reste un petit détail technique à
nos super-héros, convaincre les autorités locales.
Mardi 10 avril, le ministre de
l'industrie a annoncé que le gouvernement allait, d'ici la fin de la
semaine, présenter une nouvelle organisation de la gestion de crise en
cas d'accident nucléaire. Le porte-parole du gouvernement a aussi
déclaré qu'il ne consulterait pas la mairie d'Ôsaka sur le redémarrage
des réacteurs d'Ôi. Celle-ci a mis 8 conditions au redémarrage, dont la
signature d'un accord avec toutes les communes dans un rayon de 100 km
ou la mise en place d'un autorité de sûreté indépendante. Pour le maire
de la ville, si ces mesures ne sont pas mises en place avant le
redémarrage des réacteurs, elles ne le seront jamais.
Mercredi 11 avril, si l'été
2012 est aussi chaud que l'été 2010, qui a été exceptionnellement
chaud, il manquera à KEPCo 6 millions de kilowatts (ou 19,6% des
capacités de production) au moment des pointes de consommation. Même
avec le redémarrage de deux réacteurs d'Ôi, la situation restera tendue
et il faudra faire des économies. Si l'été 2012 est comme l'été 2011,
qui a été particulièrement clément, et que les consommateurs
économisent comme l'an dernier, il manquera à KEPCo 2,1 millions de
kilowatts (ou 7,6% des capacités de production) au moment des pointes.
Ces chiffres de KEPCo ne prennent pas en compte les possibilités
d'achat d'électricité aux autres compagnies qui sont dans une situation
moins tendue. Ni les possibilités d'imposer une baisse de la
consommation aux gros consommateurs comme cela a été fait l'été dernier
dans la zone couverte par TEPCo.
C'est le chiffre le plus élevé de 19,6% qui est tout le temps mis en
avant par les partisants du redémarrage.
Jeudi 12 avril, les gouverneurs
des provinces voisines de Kyôto et Shiga, plus que
réticents face au redémarrage des réacteurs d'Ôi, visitent la centrale
ce jour. La gouverneuse de Shiga réclame un débat public pour choisir
entre le nucléaire et la pénurie cet été.
Les 4 ministres n'ont pas réussi à se mettre d'accord aujourd'hui et
n'ont donc pas donné leur feu vert de redémarrage de deux des réacteurs
de la centrale d'Ôi. Ils vont se réunir à nouveau le lendemain.
Vendredi 13 avril, ça y est,
les 4 ministres en charge de la sûreté nucléaire ont décidé de donner
leur accord au redémarrage les réacteurs 3 et 4 réacteurs de la
centrale d'Ôi. Le ministre de l'industrie, Yukio Edano, va aller
rencontrer le maire d'Ôi et le gouverneur de Fukui. Il ne consultera
donc que les élus locaux qui dépendent financièrement du nucléaire, pas
ceux potentiellement touchés par un accident.
La veille, le gouverneur de Fukushima a critiqué la manière dont le
gouvernement s'y prend : "Pour un gouverneur d'une région sinistrée,
les discussions du gouvernement sur le redémarrage des réacteurs basées
sur des considérations politiciennes sont inacceptables." Et d'ajouter,
"je me demande s'ils comprennent la réalité et la gravité d'un accident
nucléaire". Pour lui, on ne devrait pas redémarrer les réacteurs avant
que la commission d'enquête sur l'accident de Fukushima ait rendu son
rapport, ni avant d'avoir une autorité de sûrté indépendante du
ministère de l'industrie en charge de la promotion du nucléaire.
Les deux gouverneurs qui ont visité Ôi la veille ne sont pas plus
convaincus.
Samedi 14 avril, le ministre de
l'industrie Yukio Edano, qui était porte-parole du
précédent gouvernement et qui était favorable à l'arrêt du nucléaire,
est venu à Fukui demander l'autorisation au gouverneur et au maire de
la ville d'autoriser le redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale
d'Ôi. De nombreux manifestants l'attendaient avec des banderoles comme
edaNO
! (「えだNO!」) sous les cerisiers en fleur. Voir par exemple le site
internet de
Mihama no kai pour des images.
Le gouverneur et le maire, qui sont plutôt favorables au redémarrage
pour des raisons financières, ont répondu que cela serait débattu dans
leur assemblée respective, qui y a sont, a priori, aussi favorables. Le
maire a aussi demandé au gouvernement de
tenter de convaincre les municipalités et régions voisines qui sont,
elles, opposées au redémarrage. Il se sent un peu seul...
Les maires de plusieurs municipalités situées dans un rayon de 30 km
autour de cette centrale ont exprimé, la veille, leur soutien à la
gouverneuse de Shiga qui demande un plan d'urgence en cas d'accident.
En parallèle de la visite du ministre de l'industrie, Yoshito Sengoku,
un membre influent du parti au pouvoir, le Parti Démocratique du Japon,
continue son lobbying en faveur de redémarrage. Il était aussi présent
à Fukui ce jour et a rencontré une trentaine d'élus locaux de son parti
pour les convaincre d'accepter le redémarrage. Il est très proche de
plusieurs membres du gouvernement qu'il rencontre régulièrement pour
discuter de la politique énergétique du pays.
Dimanche 15 avril, le
gouvernement veut limiter à 40 ans la durée de vie des réacteurs
nucléaires, avec une possibilité d'étendre de 3 ans cette durée pour
les réacteurs qui ont dépassé ou sont proches de la limite d'âge au
moment de la loi. Mais le projet de loi est bloqué à la chambre haute
où l'opposition est majoritaire. Elle bloque tout, comme l'autre projet
de loi sur une autorité de sûreté indépendante, dans le but de faire
tomber le gouvernement et obtenir la dissolution de la chambre basse.
La situation de crise exceptionnelle dans laquelle se débat le pays
depuis plus d'un an n'empêche les basses manoeuvres politiciennes. Le
gouvernement espère cependant que cette nouvelle loi sur la durée de
vie soit appliquée à partir de janvier 2013.
La NISA, qui continue d'être sous la tutelle du ministère de
l'industrie, s'apprête à donner son accord pour l'exploitation pour 10
ans de plus du réacteur n°2 de la centrale de Mihama (aussi exploitée
par KEPCo et située à Fukui, comme Ôi) qui a 39 ans. Ce sera donc le
4ième réacteur du pays à obtenir l'autorisation d'être exploité au-delà
de 40 ans. Les trois autres sont : le réacteur n°1 de la centrale de
Tsuruga (exploité par Japan Atomic Power Co. à Fukui), le réacteur n°3
de Mihama et le tristement célèbre réacteur n°1 de Fukushima daï-ichi,
qui lui, est à l'arrêt définitif.
Selon un sondage jiji press, 58,5% des Japonais s'opposent au
redémarrage des réacteurs nucléaires. 16,2% soutiennent le redémarrage
et il y a 21,2% d'indécis.
Le ministre de l'industrie, quant à lui, a avoué ne pas croire au
redémarrage des deux réacteurs de la centrale d'Ôi avant le 5 mai. Le
Japon aura donc une période sans réacteur nucléaire en fonctionnement.
Personne ne sait combien de temps elle va durer. L'enjeu principal,
maintenant, c'est l'été. Si le Japon passe l'été 2012 sans nucléaire et
que cela ne se passe pas trop mal, il ne pourra probablement jamais
redémarrer ses réacteurs.
A Omaézaki, c'est le maire sortant qui a remporté l'élection (cf 8
décembre). Le maire a toujours été conciliant avec l'industrie
nucléaire alors que ces deux opposants s'étaient opposés au redémarrage
de la centrale de Hamaoka arrêtée en mai 2011 sur ordre du premier
ministre de l'époque. La taxe nucléaire fournit 40% de revenus de la
ville. Difficile de s'en passer...
Lundi 16 avril, la rentrée
universitaire, comme la rentrée scolaire, a lieu en avril au Japon.
Cette année, il y a une baisse de 16% des effectifs dans les filières
d'ingéniérie nucléaire de 7 grandes université japonaises. A Fukui
University of Technology, la chute est de 71%.
Mardi 17 avril, les gouverneurs
de Shiga et Kyôto, dont une partie du territoire est à moins de 30 km
de la centrale d'Ôi, ont présenté un plan en 7 points avant d'autoriser
le redémarrage de deux réacteurs. Un comité indépendant doit expertiser
la demande et l'offre électrique au cours de l'été. Le gouvernement
doit aussi démontrer l'urgence à redémarrer des réacteurs nucléaires
alors que les investigations sur le déroulement de l'accident de
Fukushima ne sont pas terminées. Et créer une autorité de sûreté
nucléaire indépendante. Ils veulent aussi une feuille de route avec des
échéances précises concernant la réduction de la dépendance du pays
envers l'énergie nucléaire et la gestion des combustibles usés.
On l'a déjà dit (le 3 avril), un comité d'experts a estimé qu'une vague
de tsunami de 21 m peut déferler sur la centrale de Hamaoka alors que
l'exploitant construit une digue de 18 m. La NISA a demandé à
l'exploitant de prendre en compte cette nouvelle donnée. Il a rendu sa
copie le 16 avril : si les réacteurs sont à l'arrêt, tout va bien.
L'étude ne prend pas en compte les réacteurs en fonctionnement !
Dans un éditorial le
Maïnichi
demande que cette centrale ne soit jamais redémarrée et soit démantelée
car c'est la plus dangereuse du pays, de par sa situation sur une
faille sismique. Et d'ajouter que si Chubu Electric Co. démontrait
qu'elle peut se passer de nucléaire, ce serait une formidable leçon
pour tout le pays.
Par ailleurs, la consommation de gaz naturel liquide a augmenté de 27%
sur tout le pays durant l'année fiscale 2011 (1er avril 2011 - 31 mars
2012) du fait de l'arrêt d'une partie du parc nucléaire. L'utilisation
du parc de production d'électricité à artir d'énergies fossiles à
augmenté de 26%.
Le parti au pouvoir, le Parti Démocratique du Japon, a tenu une réunion
interne sur la politique nucléaire du gouvernement qui a été houleuse.
Parmi les 80 personnes présentes, nombreuses étaient celles qui
critiquaient la politique du gouvernement qui a fait preuve d'une
précipitation injustifiée pour tenter de redémarrer deux réacteurs de
la centrale d'Ôi et qui ne comprenaient pas sa position ambigüe sur
l'avenir du nucléaire. La réunion s'est terminée sans accord autre
qu'il fallait à nouveau se réunir.
Jeudi 19 avril, selon un
sondage de la NHK, 54% des habitants d'Ôi soutiennent le redémarrage
des deux réacteurs. 37% s'y opposent. Mais dans les villes voisines, le
soutien passe à 32% et l'opposition à 60%. 71% des habitants d'Ôi
disent craindre une catastrophe nucléaire. Ils sont 84% dans les
communes voisines. Enfin, 29% des habitants d'Ôi pensent que le
gouvernement a bien expliqué sa position relative au redémarrage des
deux réacteurs en jeu. Ils ne sont plus que 19% aux alentours.
Un autre sondage effectué par l'agence Reuters montre que 72% des
compagnies japonaises préfèrent des garanties de sûreté à un
redémarrage rapide des réacteurs. Seulement 15% des compagnies
réclament un redémarrage rapide.
La Japan Atomic Energy Commission (JAEC) vient d'estimer que le
retraitement - recyclage des combustibles usés coûtait plus cher que
l'enfouissement direct de ces combustibles. Malgré cela, le
gouvernement reste attaché à cette politique de retraitement : il
espère encore pouvoir démarrer un jour l'usine de retraitement
construite par Areva, qui, 5 ans après la fin de sa construction, ne
fonctionne toujours pas, et a repris la construction de son usine de
combustible MOx. C'est complètement contradictoire avec sa politique
affichée de sortir du nucléaire à moyen ou long terme. L'enjeu, pour le
gouvernement, est donc de garder des activités ayant un intérêt
militaire. En septembre 2011, il y avait 14 200 tonnes de combustible
usé au Japon.
(En France, le taux de recyclage de ce qui sort des réacteurs
nucléaires est de l'ordre de 4%. Au Japon il est quasiment de 0%.)
Six membres de la commission locale en charge de la sûreté nucléaire
pour les autorités régionales de Fukui ont inspecté le réacteur,
pendant 4 heures et demie la veille. Selon le président de la
commission, tout va bien. Le compte rendu est prévu pour la semaine
prochaine. Un rapport complet, pour plus tard.
Lundi 23 avril, suite à la
catastrophe de Fukushima, les autorités ont élargi le périmètre
d'urgence à 30 km autour de toutes les centrales nucléaires. Mais,
selon le
Maïnichi
qui a enquêté, les autorités locales ont du mal à s'adapter. Seule les
provinces de Saga et Nagasaki ont défini de nouvelles procédures
d'évacuation autour de la centrale de Genkai. Elles comptent sur les
véhicules personnels des populations... et réfléchissent aux
populations qui n'ont pas de voiture. Presque partout, rien n'est prêt
pour les personnes les plus vulnérables comme les pensionnaires de
maisons de retraite ou les personnes hospitalisées.Seule la province de
Fukuoka a des lits pour accueillir ces personnes.
Ces nouvelles zones englobent 4,42 millions d'habitants. Le décompte a
été fait par Kenji Tani, maître de conférence à l'université de
Saïtama. 930 000 personnes vivent à moins de 30 km de la seule centrale
de Tôkaï dans la province d'Ibaraki.
Face au blocage concernant les réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ôi
dans la province de Fukui, certains membres du gouvernement envisagent
de redémarrer d'abord le réacteur n°3 de la centrale d'Ikata dans la
province d'Ehimé sur l'île de Shikoku.
Un émissaire est venu recontrer la gouverneuse de Shiga pour lui
expliquer la position du gouvernement et la convaincre d'accepter le
redémarrage. Mais elle a tenu bon et a déclaré vouloir entendre son
assemblée régionale et des experts.
Le ministre de l'industrie avait demandé aux 9 compagnies exploitant
des centrales nucléaires de faire une estimation détaillée de la
demande durant l'été à venir et de leur capacité de production. Elles
ont toutes rendu leur copie ce jour. TEPCo devrait pouvoir faire face.
Elle s'est déjà retrouvée sans nucléaire par le passé, quand il avait
été découvert qu'elle avait falsifié les rapports de sûreté. La
compagnie dans la situation la plus critique est
KEPCo,
qui fournit la zone Kyôto - Ôsaka - Kôbé. 40% de sa production était
d'origine nucléaire. Elle prévoit que ses capacités de production
seront de 16,3% trop basses durant les pics de demande si l'été est
aussi chaud que celui de 2010. Ce sera 13,5% avec des températures
moyennes. Ces chiffres étaient plus élevés il y a un mois quand KEPCo
réclamait le redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale d'Ôi. La
différence est due aux mesures d'économie d'énergie que la compagnie a
bien voulu prendre en compte et à un bilan plus exhaustif de ses
capacités de production. Son
bilan
est ici en japonais.
Même si KEPCo arrive à redémarrer deux réacteurs de la centrale d'Ôi,
cela ne suffira pas. La pénurie pourrait dépasser les 8%. La région
n'échappe donc pas à des économies drastiques de consommation de
l'électricité.
Suivent Kyûshû et Hokkaidô avec 3,7% et 3,1% respectivement si l'été
est aussi chaud que celui de 2010. Ailleurs, cela devrait passer.
Globalement, sur tout le pays, la pénurie pourrait être de 0,4% au
moment des pics de chaleur, mais comme le pays est divisé en deux,
c'est plus compliqué : c'est l'Ouest, ce pourrait être 3,6%. A l'Est,
pas de problème.
En général, il est préférable d'avoir une marge de 3%.
Le gouvernement a mis en place une commission de 9 membres qui va
expertiser les copies et rendre ses conclusions début mai.
Les autorités avaient demandé à trois exploitants du nucléaire
d'évaluer la résistance de leurs réacteurs à la survenue de séismes
impliquant plusieurs failles simultanément. Les exploitants ont rendu
leur copie et il se trouve que la secousse pourrait être plus forte que
ce qui a été retenu pour les centrales de Tomari à Hokkaïdô et de
Tsuruga à Fukui. Pour Kashiwazaki-Kariwa à Niigata, Shiga à Ishikawa et
Mihama et Ôi à Fukui, ce type de séisme entraînerait une secousse
inférieure à ce qui a été prévu. Mais ce qui n'est pas clair, c'est
quel type de séisme a été pris en compte. Car en 2007, suite au séisme
qui avait entraîné l'arrêt de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, aucun
réacteur du pays n'était dimensionné pour supporter la secousse
horizontale subie parcette centrale.
A Tôkyô, 323 076 signatures demandant un référendum sur l'énergie
nucléaire ont été validées, alors que seulement 214 206 étaient
nécessaires. La décision est dans les mains de l'assemblée régionale.
Le gouverneur y est ouvertement opposé.
Mardi 24 avril, la NISA devait
disparaître le 31 mars dernier pour être dissoute dans une nouvelle
autorité de sûreté plus indépendante. Elle avait donc suspendu son
évaluation des stress-tests. Le ministre de l'industrie, Yukio Edano,
lui a demandé de les reprendre. Seuls les stress-tests de 3 réacteurs
avaient été évalués jusqu'à présent : les réacteurs 3 et 4 d'Ôi et le 3
d'Ikata.
La NISA a demandé à la Japan Atomic Power Co, qui exploite la centrale
de Tsuruga à Fukui, d'étudier de plus près la faille qui coure sous la
centrale. S'il s'avère que la faille est active, la centrale devra être
arrêtée définitivement. Une faille est considérée potentiellement
active si elle l'a réellement été il y a moins de 120 000 ans.
Des sismologues des universités de Fukui et Kyôto, ainsi que du
National Institute of Advanced Industrial Science and Technology,
viennent en effet d'inspecter le site de la centrale de Tsuruga. Ils
pensent que la faille Nord-Sud qui passe sous le réacteur n°2 pourrait
bouger en cas de séisme. La faille voisine nommée Urasoko est connue
pour être active depuis 2008, après que Takashi Nakata de l'université
de Hiroshima ait trouvé des erreurs dans les recherches de
l'exploitant, mais elle ne passe directement sous un réacteur. En
revanche, un mouvement de cette faille pourrait, fort probalement,
entraîner un mouvement de la faille supposée inactive qui passe sous le
réacteur n°2. L'exploitant, quant à lui, se veut rassurant : cette
faille n'a jamais déclenché de séisme et leurs calculs montrernt
qu'elle ne bougera pas en cas de séisme. Mais des failles supposées
inactives à Fukushima ont bel et bien bougé le 11 mars 2011.
Certains chercheurs pensent que la faille en question a déjà pu être
active il y a 20 000 à 30 000 ans.
Comme il s'agit de la plus vieille centrale de production d'électricité
du Japon, il était temps de s'en rendre compte !
Les centrales de Tomari à Hokkaido, Monju à Fukui et Shimané à Shimané
sont aussi dans le colimateur de la NISA qui leur a demandé une
réévaluation des risques sismiques des failles situées à proximité.
Deux failles situées à moins de 5 km l'une de l'autre et se mettant en
mouvement simultanément peuvent engendrer des secousses bien plus
fortes qu'imaginées jusqu'à présent.
Mercredi 25 avril, la NISA a
estimé que les mesures de protection contre les tsunami de la centrale
de Hamaoka sont appropriées, même si une vague de 21 mètres vient
heurter la nouvelle digue de 18 m. Elle a donc endossé les mesures
proposées par l'exploitant pour les réacteurs à l'arrêt seulement !
L'exploitant devra cependant tester son nouveau système de
refroidissement de secours.
La NISA a aussi demandé à TEPCo de revoir la sûreté de sa centrale de
Kashiwazaki-Kariwa où le mouvement simultané de deux failles pourrait
entraîner un mouvement du sol plus violent que le résultat des
estimations précédentes basées sur une seule faille. La compagnie va
donc refaire ses calculs pour voir si sa centrale tiendrait une telle
secousse. Elle va aussi renforcer les équipements les plus fragiles.
La compagnie espère pouvoir redémarrer sa centrale avant mars 2014 pour
se renflouer financièrement.
Jeudi 26 avril, la commission
en charge d'évaluer les pronostiques d'offre et de demande
d'électricité a déclaré qu'elle n'avait pas trouvé de marge de
manoeuvre du côté de la production. Il n'est pas possible de
l'augmenter encore plus. Elle va donc se pencher sur les moyens de
réduire la demande lors des pics de consommation avant de donner ses
propres conclusions.
Haruki Madaramé, qui est à la tête de la Nuclear Safety Commission, a
expliqué que les chances de redémarrage de la centrale de Tsuruga sont
quasi-nulle car l'exploitant ne pourra pas prouver que la faille située
sous la centrale n'est pas active.
Le maire d'Ôsaka, a clairement expliqué ce qui attendait ses résidents
pour cet été : faire des efforts d'économie d'énergie ou accepter le
redémarrage d'une centrale nucléaire à la sûreté modeste. Et d'appeler
ses concitoyens à accepter une vie plus sobre.
Pendant ce temps, des représentants du gouvernement, accompagnés de
membres de la NISA, ont tenu une réunion publique à Ôi à propos du
redémarrage des réacteurs 3 et 4. L'accès à la réunion n'était possible
qu'aux porteurs d'une invitation et le contrôle était aussi sévère que
dans les aéroports : passage sous des détecteurs de métaux, contrôle
des sacs, interdiction d'apporter de la nourriture ou une boisson...
Les manifestants anti-nucléaire ont été tenus à distance par des
contrôles très stricts : chaque voiture, camion ou bus ont été arrêtés
et contrôlés. Malgré cela, environ 540 personnes ont assisté à la
réunion, soit environ 10% des électeurs du village.
Les opinions sont partagées entre les risques économiques (la centrale
fournit 58% du budget de la ville) et les risques nucléaires.
L'assemblée était plutôt favorable au redémarrage, mais a critiqué la
façon dont le gouvernement a traité ce dossier. De nombreuses questions
ont tourné autour de la gestion d'un éventuel accident et de
l'évacuation de 300 000 personnes qui vivent dans un rayon de 30 km de
la centrale. En hiver, il y a peu de routes pour s'enfuir et une seule
ligne de chemin de fer. Les représentants du gouvernment n'avaient pas
grand chose à dire à ce propos et se sont contentés de vagues promesses.
Mai 2012
[afficher/cacher]
Mardi 1er mai, un représentant
de la province de Kyôto, qui dirige cellule de crise, a déclaré que les
explications du gouvernement sur la sûreté des réacteur 3 et 4 de la
centrale d'Ôi étaient insuffisantes et ne prennent pas en compte les
demandes des population riveraines.
Pendant ce temps, les émissaires du gouvernement continuent leur
tournée pour tenter de convaincre les riverains de la justesse de leur
avis. Ils étaient à
Obama
ce jour, village situé à proximité de la centrale d'Ôi. 122 personnes
étaient présentes lors de la réunion, dont 18 élus municipaux. Il y
avait aussi des représentants des pêcheurs, agriculteurs, parents
d'élève... mais la salle était trop petite pour accepter les citoyens
ordinaires. 70% des des 20 000 personnes qui vivent à moins de 10 km de
la centrale sont d'Obama, mais ils n'ont pas eu accès à la réunion. Le
district de Tomari est même situé à moins de 4 km à vol d'oiseau, ce
qui est plus proche que le centre ville de d'Ôi. Comme la municipalité
n'héberge pas la centrale, elle touche beaucoup moins de subsides et
n'a pas son mot à dire. Elle réclame donc une sûreté renforcée, un plan
d'urgence et la voix au chapitre en ce qui concerne les affaires liées
à la centrale.
C'est dans ce contexte que le premier ministre a publiquement évoqué la
possibilité
qu'il n'y ait aucun réacteur nucléaire en service durant l'été.
La campagne 'cool biz', pour cool bizness, débute ce jour. Instaurée en
2005 pour faire des économies d'électricité au moment des fortes
chaleurs, elle consiste à aller travailler sans costume-cravate pour
pouvoir augmenter la température des bureaux. Les autres années, le
premier ministre montrait l'exemple pendant les quelques jours. L'été
dernier, la campagne a duré les deux mois d'été. Cette année, elle
commence dès le mois de mai et devrait durer jusqu'à la fin octobre.
Jeudi 3 mai, il se peut que la
faille qui passe près de la centrale de Shiga, exploitée par Hokuriku
Electric Power Co dans la province d'Ishikawa, soit aussi active. Selon
deux universitaires, la faille qui est à 9 km au nord de la centrale, a
été active il y a 120 000 à 130 000 années. L'exploitant devra
probablement faire une nouvelle étude de la faille, même s'il prétend
qu'elle n'est pas active et que ses deux réacteurs ne sont pas en
danger.
Samedi 5 mai, arrêt du dernier
réacteur en fonctionnement au Japon, le réacteur n°3 de la centrale de
Tomari à Hokkaïdô. Ce réacteur a été mis en service en 2009.
Tous les réacteurs du pays sont arrêtés. Un
redémarrage avant l'été semble peu probable maintenant. Si le pays
passe l'été sans trop de difficultés, il se peut que les réacteurs
japonais ne redémarrent jamais.
C'est le jour des enfants au Japon et c'est férié. Un beau symbole pour
un tel jour...
De nombreuses manifestations ont salué ce jour historique pour le pays.
Lundi 7 mai, l'
Asahi
fait le point sur les mesures auxquelles se préparent les compagnies
pour faire face à la pénurie d'électricité prévue lors des pics de
demande cet été. Pour nombre d'entre elles, il s'agira d'appliquer ce
qui a été fait l'été précédent dans la zone couverte par TEPCo :
remplacement des éclairages, réduction de la climatisation, changement
des horaires. De grosses industries investissent dans des générateurs
d'électricité. Certains envisagent aussi l'arrêt des distributeurs
automatiques de boisson lors des pics (il y en a à chaque coin de rue :
la réfrigération consomme beaucoup).
En revanche KEPCo, qui alimente le Kansaï où la situation sera la plus
tendue cet été, ne fait rien. Elle ne cesse de répéter qu'il faut
redémarrer les deux réacteurs d'Ôi, sans se préparer à la pénurie.
Pourtant la situation politique locale ne permet pas de croire à un
redémarrage rapide. Et même si ces deux réacteurs démarraient avant
l'été, cela ne suffirait pas. C'est comme si la compagnie jouait le
pourrissement de la situation pour forcer la main aux élus locaux et
obtenir le feu vert pour ses réacteurs nucléaires. Or la compagnie a la
responsabilité de fournir en électricité la région où elle a le
monopole. Les élus locaux se sont fâchés lors d'une réunion le 4 mai
dernier.
Le gouvernement, quant à lui, envisage d'imposer une baisse de la
consommation de 15 à 20% cet été pour cette région.
Par ailleurs, l'arrêt de tous les réacteurs a mis en lumière l'absence
de politique claire du gouvernement en matière de nucléaire. S'il a
bien annoncé vouloir réduire autant que possible la part du nucléaire,
qu'est ce que cela veut dire concrètement ? Cette part est à son
minimum possible actuellement !
A la commission mise en place à l'automne dernier pour traiter de cette
question, c'est le dialogue de sourds : certains sont en faveur de
l'arrêt plus ou moins rapide de tous les réacteurs. D'autres espèrent
une augmentation de la part du nucléaire. Bien évidemment, ils
n'arrivent pas à s'entendre.
Si le gouvernement applique sa politique d'arrêt des réacteurs à 40 ans
et n'en construit pas d'autre, la part du nucléaire devrait être de 15%
en 2030. Elle était de 26% durant l'année fiscale 2010. Les membres de
cette commission qui militent pour une part de 20 à 25% en 2030,
veulent donc implicitement prolonger la durée d'exploitation des
réacteurs et/ou en construire de nouveau. Quand un membre va jusqu'à
35%, il milite pour la construction de nouveaux réacteurs !
Enfin, le gouvernement a annoncé qu'il se donne quelques années pour
décider s'il abandonne le retraitement des combustibles usés et le
surgénérateur Monju ou pas. Plusieurs groupes de travail de la Japan
Atomic Energy Commission, que l'on ne peut pas qualifier
d'anti-nucléaire, sont arrivés à la conclusion que l'abandon serait
plus économique.
Mardi 8 mai, l'assemblée
régionale de Gifu a, à l'unanimité, demandé au gouvernement de ne pas
autoriser le redémarrage des réacteurs 3 et 4 d'Ôi tant que les
populations s'y opposent. La centrale en question est située dans la
province adjacente de Fukui. Et de demander aussi d'attendre d'avoir la
lumière sur la catastrophe de Fukushima avant de revoir les critères de
sûreté et autoriser le redémarrage.
Le maire de Nagoya s'est aussi opposé à ce redémarrage car un accident
pourrait contaminer sérieusement le fleuve Kiso qui alimente en eau
potable sa ville.
Selon un sondage commandé par le
Maïnichi,
63% des Japonais s'opposent au redémarrage de deux des réacteurs d'Ôi
et 74% sont prêts à endurer un été chaud avec des restrictions
d'électricité. En revanche, seulement 31% des Japonais sont favorables
à ce redémarrage.
77% de la population n'ont pas confiance dans les critères de sûreté du
gouvernement et 16% ont confiance.
Jeudi 10 mai, une association a
remis 323 076 signatures au gouverneur de Tôkyô pour réclamer un
référendum sur l'énergie nucléaire. Dans d'autres villes à travers le
pays des collectes de signatures ont aussi commencé.
La commission gouvernementale qui doit faire un audit sur les capacités
de production des producteurs d'électricité et sur la demande attendue,
a rédigé un premier jet de son rapport. Dans la zone couverte par
KEPCo, la demande pourrait dépasser de 15,7% les capacités de
production de la compagnie. On ne connait pas le détail du calcul pour
le moment. Dans la zone couverte par TEPCo l'été dernier, il y a eu une
plus forte baisse de la demande. C'est donc possible à tenir, mais cela
nécessite des efforts. La commission conclut cependant qu'avec le
redémarrage de deux réacteurs de la centrale d'Ôi, ce chiffre passerait
à 0,9%, tout en demandant des efforts aux consommateurs. Et de
recommander le redémarrage. KEPCo elle-même avait estimé que la demande
pouvait dépasser de 5% l'offre, même avec les deux réacteurs en marche.
Viennent ensuite Kyûshû et Hokkaïdô avec 3,7 et 3,1% respectivement.
Tous ces chiffres se basent sur la consommation de l'année 2010 qui a
été particulièrement chaude.
Pour le gouvernement, le choix des pouvoirs locaux du Kansaï est clair
: acceptez le redémarrage de deux réacteurs ou acceptez des
restrictions de consommation.
Samedi 12 mai, le gouvernement
devrait demander aux personnes vivant dans les zones alimentées par les
autres compagnies de l'ouest du Japon de baisser leur consommation de
5% cet été afin de permettre à ces compagnies de venir en secours de
KEPCo qui devra faire face à la plus forte pénurie. Sont concernées
Chubu Electric Power Co., Hokuriku Electric Power Co., Chugoku Electric
Power Co. et Shikoku Electric Power Co. qui devraient être en surplus.
A Kyûshû, le gouvernement va demander une baisse de 12% et dans le
Kansaï, de 15 à 20%.
Lundi 14 mai, le conseil municipal d'Ôi a voté un fait part de
sa décision de donner un feu vert au redémarrage des réacteurs 3 et 4
de la centrale du même nom. En revanche, 8 des 11 municipalités qui
sont situées à moins de 30 km de la centrale ont fait part de leur
réticence, voire opposition, au redémarrage, selon un recensement du
Asahi. Maizuru et Kyotamba, situées toutes les
deux dans la province de Kyôto, ont exprimé une ferme opposition.
Le village d'Ôi est dépendant des subventions de KEPCo, ce qui a eu une
forte incidence sur sa décision.
Le gouvernement a fixé la barre à 15% pour les économies de
consommation d'électricité qu'il va demander aux résidents du Kansaï.
Il s'est basé sur l'hypothèse d'aucun redémarrage de réacteur cet été
et sur la fourniture d'électricité d'autres compagnies à KEPCo. Ce taux
devrait passer à 20% si les autres compagnies d'électricité sont à leur
maximum.
Par ailleurs, 66 maires à travers le pays ont envoyé une pétition au
gouvernement demandant d'arrêter définitivement les centrales
nucléaires du pays le plus rapidement possible.
Le fait qu'une faille potentiellement active court sous la centrale de
Tsuruga, dans la province de Fukui, est connu depuis 2008, mais, ni
l'exploitant, Japan Atomic Power Co. (JAPC), ni les autorités n'ont
pris de mesures. Elle va maintenant être étudiée par l'exploitant et la
NISA a donné son feu vert pour un rapport en novembre cette année.
Cette centrale risque de ne jamais redémarrer.
Jeudi 17 mai, le gouvernement
va demander une baisse générale de la consommation électrique de 15%
dans le Kansaï, mais ne va pas imposer des restrictions à l'industrie
comme il l'avait fait dans la zone couverte par TEPCo l'été dernier.
Au-delà de la question de la sûreté des réacteurs versus la sécurité de
l'approvionnement électrique, il y a les rivalités politiques entre le
gouvernement central et la montée fulgurante du jeune maire d'Ôsaka et
son nouveau parti. Beaucoup pensent que le gouvernement espère de
graves problèmes cet été pour convaincre la population d'accepter le
redémarrage et mettre la responsabilité sur le maire d'Ôsaka.
Samedi 19 mai, les principaux
leaders politiques du Kansaï, à savoir, les gouverneurs des provinces
d'Ôsaka, Hyôgo, Kyôto, Shiga, Wakayama, Tottori et Tokushima, ainsi que
les maires d'Ôsaka et Sakaï, réunis dans l'Union of Kansai Governments,
ont accepté une baisse de la consommation de 15% de l'électricité cet
été. Leurs administrations et tous les lieux publics sous leur autorité
diminueront d'au moins 15% leur consommation entre 9h et 20h, du 2
juillet au 7 septembre. Et c'est l'année 2010, la plus chaude depuis
des décennies, qui servira de référence. D'autres villes, qui
n'appartiennent pas à cette union, mais qui étaient présentes en tant
qu'observateur, suivront.
Si jamais deux réacteurs de la centrale d'Ôi redémarraient, ces
objectifs seraient revus à la baisse. Mais même après un feu vert
officiel, il faut de 6 semaines à 2 mois pour que ces réacteurs
arrivent à pleine puissance.
Le gouvernement espère pouvoir autoriser le redémarrage rapidement,
après l'accord du conseil municipal d'Ôi, faisant fi de l'avis des
provinces limitrophes, se contentant d'un simple consentement du
gouverneur de Fukui. Mais ce dernier a toujours déclaré qu'il ne
donnerait pas son feu vert contre l'avis de ses collègues des autres
provinces du Kansaï. Ces derniers demandent une révision complète du
référentiel de sûreté, approuvé par des experts indépendants, et pas de
simples stress-tests.
Lundi 21 mai, selon un sondage
commandé par l'Asahi, 54% des Japonais s'opposent au redémarrage de
deux réacteurs d'Ôi et 29% y sont favorables. 21% ont confiance dans
les mesures de sûreté fixées par le gouvernement et 78% n'ont pas
confiance. Ces derniers chiffres sont proches de ceux de mars dernier
(19% avaient confiance et 80% pas confiance).
En ce qui concerne la pénurie d'électricité prévue pour cet été, 44%
des personnes interrogées ont déclaré que c'était ok, et 47% que cela
n'était pas ok. 23% de la population est prête à faire de gros efforts
pour économiser l'électricité, 66% des efforts et seulement 10% ne
feront pas d'effort.
Le ministère de l'industrie veut ouvrir complètement le marché de
l'électricité à la concurrence d'ici 2014. Actuellement, seulement 60%
du marché, la part des gros consommateurs, est libéralisé. Les petits
consommateurs (moins de 50 kWh) ne peuvent pas choisir leur
fournisseur. Le gouvernement doit régler le cas des habitations isolées
où la fourniture de courant revient très chère et prendre en compte le
risque de faillite d'un des producteurs.
Mardi 22 mai, le groupe de
travail mis en place par le ministère de l'industrie pour réfléchir à
l'avenir énergétique du pays, qui inclut diverses personalités allant
des milieux industriels aux associations écologistes, n'a pas réussi à
se mettre d'accord. Il va donc proposer plusieurs scénarios pour 2030.
Si l'on se base sur le projet de loi gouvernemental d'arrêter les
réacteurs au bout de 40 années de fonctionnement, la part du nucléaire
devrait être de 13 à 17% en 2030. Elle était de 26% en 2010.
Les 4 scénarios retenus sont donc :
- 0% en 2030
- 15% en 2030
- de 20 à 25% en 2030, ce qui implique la construction de nouveaux
réacteurs ou leur maintien au-delà de 40 ans.
- un scénario sans pourcentage.
Initialement, un autre scénario à 35% en 2030 était prévu, mais il va
sûrement être abandonné. Quant au scénario sans objectif, il a été
poussé par les économistes qui ont envisagé le fait que le gouvernement
impose aux compagnies d'électricité de s'assurer contre les accidents
graves, ce qui rendrait la production d'énergie nucléaire non rentable.
Ce serait alors aux marchés de décider.
Mercredi 23 mai, le maire
d'Ôsaka s'est dit favorable au redémarrage de deux réacteurs de la
centrale d'Ôi, mais juste pendant l'été, si la situation devait être
critique. Le gouvernement veut y voir une évolution favorable en faveur
du redémarrage mais n'est pas prêt à arrêter ces réacteurs à la fin de
l'été, à cause, prétend-il continuellement, du coût des énergies
fossibles. Mais, ce qui coûte si cher, ce n'est pas le fait d'utiliser
des énergies fossiles, mais d'avoir un parc nucléaire inutilisable.
Outre l'investissement faramineux qui n'est pas rentabilisé, il y a la
masse salariale et les coût de maintien. Et le gouverneur d'Ishikawa
veut taxer les réacteurs à l'arrêt. Il aurait fallu y penser avant
d'investir massivement dans le nucléaire....
Seulement 2 municipalités sur les 11 dans un rayon de 30 km autour de
la centrale d'Ôi sont favorables au redémarrage. Il s'agit de Takahama
et Mihama qui ont elles aussi une centrale nucléaire exploitée par
KEPCo... Et c'est à la condition que la municipalité d'Ôi et les
autorités provinciales donnent d'abord leur feu vert.
De plus en plus de municipalités autour de la centrale de Hamaoka,
arrêtée sur ordre du premier ministre en mai 2011, s'opposent à son
redémarrage et demande son arrêt définitif.
Jeudi 24 mai, le Maïnichi
consacre deux articles à un nouveau scandale qui secoue le 'village
nucléaire' au Japon. La Japan Atomic Energy Commission a été chargée de
repenser entièrement la politique nucléaire du pays. Mais le projet de
rapport sur le retraitement, rédigé par un groupe de travail, a été
soumis à tous les exploitants nucléaires lors d'une réunion secrète qui
s'est tenue le 24 avril, et ceci, avant même que le rapport soit soumis
au comité pleinier de la commission. L'exploitant de l'usine de
retraitement, qui aurait dû démarrer il y a 5 ans sans ses nombreux
problèmes, était présent pour défendre son industrie. Il n'y avait
aucun contradicteur. Sans surprise, des phrases ont été remaniées pour
avantager l'option retraitement, alors que le stockage direct, sans
retraitement, des déchets radioactifs est nettement plus avantageux
économiquement. Cette affirmation, clairement écrite dans le projet de
rapport, est passée au conditionnel après cette réunion. De plus, le
retraitement ne dispense pas de chercher un site de stockage définitif.
Premier article en anglais -
deuxième article en anglais.
Il s'avère que ce genre de rencontre avec les exploitants a eu lieu à
une vingtaine de reprises. On dirait que le 'village nucléaire' n'a
tiré aucune leçon de la catastrophe en cours. Par ailleurs, le
secrétariat de cette commission a été tenu par des employés prêtés par
les compagnies d'électricité.
Vendredi 25 mai, le ministre de
l'environnement et de la catastrophe, Goshi Hosono, a déclaré que la
politique énergétique du Japon qui sera définie cet été visera à
réduire à 15% la part du nucléaire dans la production d'électricité en
2030. C'est donc l'option passive, basée sur la non-décision, qui
semble avoir les faveurs du gouvernement. En effet, cela correspond à
l'arrêt des réacteurs non endommagés après quarante ans de
fonctionnement. S'ils redémarrent un jour... Pour le moment la part du
nucléaire est à 0%.
Lundi 28 mai, le maire d'Ôsaka
a écrit à 150 autres gros actionnaires de KEPCo pour leur demander de
soutenir sa proposition de demander l'abandon du nucléaire lors de la
prochaine assemblée générale qui aura lieu le 27 juin. Les villes de
Kyôto et de Kôbé ont déjà fait savoir qu'elles soutenaient cette
proposition.
Le gouverneur de la province d'Ôsaka, quant à lui, va lancer une
campagne pour inciter les gens à se rendre dans les lieux publics au
moment des fortes chaleurs pour éviter l'usage de la climatisation
domestique et donc la consommation d'électricité. Des tarifs réduits
pourraient être proposés dans les musées, cinémas... Certains
commerçants envisagent d'en profiter pour attirer les gens dans leur
magasin.
Le scénario avec 35% d'électricité d'origine nucléaire à l'horizon 2030
a été abandonné par la commission chargée de réfléchir à l'avenir
énergétique du pays (cf 22 mai ci-dessus).
Mardi 29 mai, le parlement
japonais vient seulement de commncer les débats en séance pour revoir
l'organisation de la sûreté nucléaire et son contrôle. Une nouvelle
autorité de sûreté est un pré-requis pour de nombreuses communes avant
d'autoriser le redémarrage des réacteurs. Le premier ministre reprend
espoir et espère toujours que deux réacteurs d'Ôi soient redémarrer
rapidement, sachant que la mise en service prend 6 semaines pour
atteindre le plein régime.
Mais le ministère des sciences et technologies (MEXT) a refusé de
donner les résultats de ses calculs sur les prévisions de retombées
radioactives en cas d'accident à la centrale d'Ôi. La province de
Shiga, dont une partie est à moins de 30 km de la centrale, les réclame
pourtant depuis deux mois et demi. Le MEXT attend le feu vert de la
nouvelle autorité de sûreté qui n'est pas créée. La province de Shiga
attend ces données pour préparer ses plans de prévention depuis que la
zone d'urgence est passée de 10 à 30 km.
La Japan Atomic Energy Commission, qui travaille sur un rapport sur
l'avenir de l'industrie nucléaire et qui a été prise la main dans le
sac à organiser des réunions secrètes avec les exploitants qui ont
modifié le projet de rapport, a finalement décidé de reprendre ses
travaux à zéro pour gagner la confiance du public.
Le chef des syndicalistes de TEPCo est en colère contre le parti au
pouvoir qui aurait trahi en proposant de réduire la part du nucléaire.
Et comme son syndicat est une source de financement conséquente pour de
nombreux élus du Parti Démocratique du Japon, il pense avoir les moyens
de sévir : les élus qui auraient trahi auront un retour de baton,
a-t-il annoncé lors d'un colloque intersyndical à Inuyama (Aïchi).
Pour lui, rien d'illégal n'aurait été commis lors de l'accident de
Fukushima. TEPCo ayant reçu un feu vert du gouvernement et ayant
respecté les consignes, la compagnie n'aurait rien à se reprocher. Et
comme il vient d'avouer qu'il utilisait l'argent comme moyen de
pression pour que les règles soient à son avantage, c'est à se demander
comment une catastrophe n'a pas eu lieu plus tôt !
Pourtant, c'est bien l'exploitant nucléaire qui a la responsabilité de
la sûreté de ses installations ! Ce syndicaliste ne semble pas
connaître ce principe de base...
Mercredi 30 mai, lors d'une
rencontre entre les gouverneurs du Kansaï et le ministre de
l'environnement, Goshi Hosono, à propos du redémarrage des réacteurs 3
et 4 de la centrale d'Ôi, le président de l'union des gouverneurs a
déclaré qu'ils acceptaient la décision du gouvernement. Le maire
d'Ôsaka est intervenu par visio-conférence pour rappeler son
opposition. Tout le monde s'attend à ce que le premier ministre décide
d'autoriser le redémarrage début juin.
1 200 nouvelles personnes ont entamé une action en justice collective
pour obtenir l'arrêt définitif de la centrale de Genkaï dans la
province de Saga sur l'île de Kyûshû. Cela porte à 4 200 le nombre de
plaignants.
Jeudi 31 mai, le
Japan Times
dresse un portrait du maire de Tôkaï-mura, dans la province d'Ibaraki,
qui est le seul maire d'une ville nucléaire à s'opposer au nucléaire.
Et c'est là, qu'en 1957, a divergé le premier réacteur du pays ! Mais
aussi là où a eu lieu, en 1999, le plus grave accident nucléaire du
pays avant celui de Fukushima. (Voir
notre
article à ce sujet).
Mais il a fallu l'accident de Fukushima pour qu'il cesse de soutenir
cette industrie. Il réclame l'arrêt des réacteurs de Tôkaï-mura, car il
est impossible d'évacuer le million de personnes qui vivent dans un
rayon de 30 km en cas d'accident. Il est très sévère contre le
gouvernement actuel et sa volonté de redémarrer à tout prix la centrale
d'Ôi.
Le gouvernement est optimiste sur le redémarrage des réacteurs 2 et 3
de la centrale d'Ôi suite au revirement spectaculaire du maire d'Ôsaka
qui a dit qu'il ne s'y opposait plus. Il craint que la pénurie entraîne
des difficultés dont il aura la responsabilité. Les autorités
centrales, qui ont donc obtenu un accord des autorités locales, vont
donner rapidement leur feu vert. Quant aux populations, elles n'ont pas
été consultées et ne le seront probablement jamais...
Pourtant, un sondage de la NHK montre que 55% des résidents vivant dans
la
région de la centrale d'Ôi s'opposent au redémarrage et 38% ont un avis
favorable. Dans la ville d'Ôi, 64% de la population est pour le
redémarrage et 28% contre. 78% des habitants d'Ôsaka acceptent de
baisser leur consommation de 15% cet été. 18% ne sont pas d'accord.
L'accord des élus locaux ne concerne que la période des fortes chaleurs
de l'été. Mais le gouvernement n'est pas prêt à arrêter les réacteurs
l'automne venu.
Juin 2012
[afficher/cacher]
Samedi 2 juin, même si le
gouvernement s'apprête à donner son feu vert au redémarrage
de deux réacteurs nucléaire dans la zone où la situation est la plus
critique, il va quand même demander à la population de restreindre sa
consommation d'électricité, surtout pendant les pointes de demande. En
effet, en cas d'été chaud, la demande pourrait être plus élevée que les
capacités de production.
Le maire d'Ôsaka, M. Hashimoto, a reconnu sa défaite sur le redémarrage
des réacteurs nucléaire, mais il a affirmé qu'il allait tenter
d'obtenir l'arrêt des réacteurs à l'automne quand la situation sur le
marché de l'électricité ne sera plus tendue.
Lundi 4 juin, le maire d'Ôsaka,
M. Hashimoto, a expliqué son revirement soudain :
il craint le risque d'une coupure majeure en cas de trop forte demande
cet été qui pourrait avoir des conséquences terribles. Il n'est pas
prêt à assumer ce risque. Le premier ministre, quant à lui, a déclaré
endosser seul la responsabilité du redémarrage de deux réacteurs,
nécessaires pour le développement de l'économie japonaise.
Enfin, le ministre de l'environnement, M. Hosono, est à Fukui, pour
obtenir le feu vert formel du gouverneur.
La population est à 71% opposée à ce redémarrage, contre 23% de
réponses favorables, lors d'un sondage commandé par le Maïnichi.
Mardi 5 juin, 117
parlementaires du parti au pouvoir, le Parti Démocratique du Japon,
ou 30% d'entre eux, ont signé une pétition demandant au gouvernement de
ne pas redémarrer les réacteurs cet été. Il est possible pour eux de
faire des économies d'électricité.
Mercredi 6 juin, le groupe qui
avait organisé une manifestation rassemblant 60
000 personnes à Tôkyô en septembre dernier, espère toujours rassembler
10 millions de signatures contre le nucléaire avant l'été. Il en est à
7,22 millions. A titre de comparaison, Tôkyô a 13 millions d'habitants,
soit environ 10% de la population totale du pays.
Une nouvelle manifestation était organisée ce jour avec 3 000 personnes.
Alors que l'on se rapproche de l'annonce par le gouvernement se son feu
vert pour le redémarrage de deux réacteurs de la centrale d'Ôi, c'est
au tour des Hibakusha (les irradiés de Hiroshima et Nagasaki), de
prendre position contre.
Les gouverneurs de Kyôto et de
Shiga emboîtent le pas au maire d'Ôsaka et demande que les deux
réacteurs d'Ôi ne soient autorisé à fonctionner que pendant le pic de
consommation estival. Ces deux provinces ont des communes à moins de 30
km. Un redémarrage à long terme ne sera possible que quand de nouveaux
critères de sûreté seront établis, une nouvelle autorité mise en place,
de nouveau plans de secours établis... Le gouverneur de Fukui, qui
dépend financièrement de la centrale, refuse cette option.Pour le
moment la situtaion est bloquée.
La NISA a donné son feu vert à la prolongation de l'exploitation du
réacteur n°2 de la centrale de Mihama (Fukui) qui vient d'avoir 40 ans,
alors que le gouvernement prépare une loi impliquant l'arrêt des
réacteurs au bout de 40 ans d'exploitation. La NISA n'a aucune
légitimité après la catastrophe de Fukushima et devrait disparaître
d'ici peu. A quel jeu joue-t-elle ?
Le projet de loi prévoit de donner 3 ans aux réacteurs ayant plus de 40
ans au 1er janiver 2013. En donnant son feu vert maintenant, la NISA
donne trois ans de sursis au réacteur n°2 de Mihama. Il est arrêté
depuis décembre dernier et personne ne sait quand il pourra redémarrer,
s'il redémarre un jour. En effet, l'exploitant, KEPCo, n'a pas encore
rendu le résultat des stress-tests.
Le maire de Mihama se félicite de cette décision...
Le gouvernement devrait accepter la proposition de l'opposition que la
nouvelle autorité de sûreté soit complètement indépendante, et non sous
la tutelle du ministère de l'environnement. Il reste cependant de
nombreux points à régler avant de voter la nouvelle loi. En particulier
sur le rôle du 1er ministre en cas de crise. Le gouvernement et
l'opposition ne sont pas d'accord.
Jeudi 7 juin, le gouvernement a
repoussé à la semaine suivante toute décision sur le redémarrage de
deux réacteurs de la centrale d'Ôi.
Vendredi 8 juin, conférence de
presse lénifiante du premier ministre japonais
qui demande à la population d'accepter le redémarrage des réacteurs 3
et 4 de la centrale d'Ôi "afin de préserver les moyens d'existence de
la population". Mais il ne répond à aucune des craintes de la
population et la centrale n'est pas prête. Il n'y a pas de nouveau plan
d'urgence en cas de catastrophe. L'extension de la zone d'urgence à 30
km a pris les autorités locales au dépourvu : selon une enquête de la
NHK, plus de 50% des autorités locales autour de la centrale d'Ôi ne
sont pas prête en cas d'accident nucléaire. Pareil à la centrale. Les
filtres supposés retenir les particules radioactives ne seront pas
installés avant 2015. Le QG de crise, actuellement en sous-sol est
inondable en cas de tsunami. Le nouveau est encore en construction.
Mais, le gouvernement, a assuré M. Noda, a pris les mesures nécessaires
pour garantir la sécurité de la centrale... Dès que le gouverneur de
Fukui acquiesce, le gouvernement donne son feu vert. Les communes
situées dans le périmètre d'urgence de 30 km n'ont rien à dire. La
population non plus.
Le maire d'Ôi a apprécié l'intervention du premier ministre. Le
gouverneur de Fukui aussi.
Le maire d'Ôsaka a mis en place un groupe d'experts pour réfléchir à
l'avenir du nucléaire et à sa sûreté. Son rapport est pour bientôt.
Mais l'on sait déjà qu'il devrait soutenir la position du maire de
n'accepter le redémarrage que pendant l'été. Plus surprenant, il
devrait demander que la nouvelle autorité de sûreté soit composée à 50%
d'experts étrangers pour garantir son indépendance.
Alors que le gouvernement n'a pas encore décidé du sort du
surgénérateur Monju, JAEA, l'exploitant, a déjà passé des contrats en
mars dernier pour préparer à son redémarrage. Il est arrêté depuis
1995, suite à une fuite de sodium. Une telle attitude est choquante
pour beaucoup.
Dimanche 10 juin, le groupe
d'experts mis en place par la province de Fukui a accepté les critères
de sûreté provisoires du gouvernement pour la centrale d'Ôi. Un rapport
doit être remis le lendemain au gouverneur de Fukui, qui en toute
logique, va donner son feu vert au redémarrage d'ici la fin de la
semaine, après avoir inspecté
par lui-même la centrale le 12 juin. Le maire d'Ôi devrait approuver le
redémarrage jeudi 14 juin. Le gouvernement devrait suivre rapidement.
Une fois le feu vert donné, KEPCo va d'abord redémarrer le réacteur
n°3, puis le 4. Comme il faut au minimum 3 semaines pour qu'un réacteur
tourne à pleine puissance, le redémarrage des deux réacteurs ne devrait
pas être terminé avant la fin juillet. La chaleur sera déjà bien
installée.
Mardi 12 juin, la pétition
demandant la fin de la production d'électricité d'origine nucléaire a
récolté 7 481 352 signatures. Les organisateurs espèrent toujours
atteindre 10 millions, mais ils ont déjà transmis les noms des
signataires aux autorités car le pays est à un tournant sur ce sujet.
Mercredi 13 juin, la ville et
la province d'Ôsaka se sont mises d'accord pour demander l'arrêt
complet du nucléaire dans le Kansaï d'ici 2030.
KEPCo affirme que sa centrale d'Ôi peut faire face à un tsunami de 11,4
m. D'où vient ce chiffre ? Pourquoi 11,4 m et pas 11 ou 12 m, voire 15
m comme à Fukushima daï-ichi ? L'équipe
Japan Real Time (JRT) du Wall Street Journal
a enquêté : avant la catastrophe de l'an dernier, la plus grosse vague
attendue à Fukushima était de 5,5 mètres, d'après les calculs de la
Société japonaise des ingénieurs en génie civil. Et le tsunami du 11
mars 2011 faisait 15 m, soient 9,5 m de plus que prévu. La NISA,
l'autorité de sûreté japonaise, a donc demandé à chaque opérateur
d'ajouter 9,5 m à ses prédictions. A Ôi, les calculs savants avaient
prédit une vague de 1,9 m maximum. Et le nouveau critère est devenu
1,9+9,5 = 14,1 m. Rassuré ? Pour les centrales où les prédictions
étaient déjà assez élevées, la NISA fixé la barre à 15 m, pas plus haut.
Et pourquoi 15 m, qui correspond à la hauteur de la vague à la centrale
de Fukushima daï-ichi et pas la plus grande hauteur enregistrée sur la
côte pacifique ?
Jeudi 14 juin, les partis
représentés au parlement se sont finalement mis d'accord sur la future
autorité de sûreté. Le projet de loi diffère beaucoup de ce qui avait
été proposé par le gouvernement. Si tout se passe bien, une nouvelle
autorité de contrôle devrait voir le jour en septembre ou octobre
prochain.
En revanche, ils sont revenus sur la limite de 40 années d'exploitation
que voulait imposer le gouvernement, sauf exceptions. Il reviendra à la
nouvelle autorité d'établir de nouvelles règles.
En attendant, il reste beaucoup à faire pour améliorer la sûreté des
centrales japonaises : 9 d'entre elles, sur 17, n'ont pas de centre de
crise qui résiste aux séismes. C'est le cas en particulier pour cette
d'Ôi. KEPCo y travaille et ce sera pour 2016, promet-elle. 2017 pour
ses deux autres centrales (Mihama et Takahama). Kyûshû Electric n'a pas
encore de plan de construction. Ailleurs, c'est aussi pour 2016 ou
2017.
Sans surprise aucune, le conseil municipal d'Ôi a formellement donné
son feu vert au redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ôi.
La province devrait suivre vendredi et le gouvernement samedi. Les
travaux de remises en route devraient donc commencer dimanche 17 juin.
Samedi 16 juin, sans surprise,
le premier ministre a donné son feu vert au redémarrage des réacteurs 3
et 4 de la centrale d'Ôi. Voir
son
annonce en japonais. Il endosse la responsabilité de cette
décision, mais il ne sera bientôt plus premier ministre.
11 000 personnes ont manisfesté devant sa résidence. 4 000 à Fukui. Les
protestations fusent de partout : évacués de Fukushima, élus de
Fukushima...
KEPCo a commencé la mise en route. La compagnie prévoit que le réacteur
devrait démarrer le 4 juillet et à pleine capacité le 8 juillet. Pour
le n°4 les 20 et 24 juillet. Il faut en effet 3 semaines pour purger
les circuits et remettre en route un réacteur. La compagnie ne peut le
faire que pour un réacteur à la fois.
Après cette farce qui duré plusieurs mois, il ne devrait pas y avoir
d'autre autorisation de donnée avant la mise en place d'une nouvelle
autorité de sûreté et l'établissement de nouveaux critères de sûreté.
Combien de temps cela prendra-t-il ? Personne ne le sait. La prochaine
sur la liste devrait être la centrale d'Ikata dans la province d'Ehimé
(île de Shikoku).
Lundi 18 juin, le gouvernement
a envoyé un de ses hauts fonctionnaires à Ôi pour superviser le
redémarrage des réacteurs. Il y restera pour gérer une crise
éventuelle. C'était une exigence du gouverneur de la province de Fukui
qui n'est pas sans rappeler l'époque féodale où les seigneurs locaux
devaient laisser un membre de leur famille en otage à Edo (ancien nom
de Tôkyô) en gage de leur soumission au pouvoir central. Ce haut
fonctionnaire a commencé par visiter le centre de crise...
Par ailleurs, lors d'une réunion entre le ministre de l'industrie,
Yukio Edano, et la direction de KEPCo, le ministre a ordonné à la
compagnie de garantir la sûreté des réacteurs en cours de redémarrage.
En particulier, de bien faire attention au réacteur n°3 arrêté depuis
plus d'un an. Evidemment, la compagnie ne peut répondre que
positivement... et faire ce qu'elle veut. La farce continue ! Il
appartient au gouvernement de ne pas énoncer des voeux pieux mais de
mettre en place un système de contrôle et de régulation efficace et
ayant de réels pouvoirs.
On s'en souvient : un groupe avait recueilli suffisemment de
signatures pour demander un référendum sur l'avenir du nucléaire à
Tôkyô. Les partis de la majorité de l'assemblée régionale ont voté
contre ce référendum. L'assemblée plénière devrait confirmer ce vote le
20 juin.
Mardi 19 juin, la NISA
considère que l'estimation de l'amplitude du séisme qui pouvait
secouer la centrale de Shimané exploitée par Chugoku Electric Power Co.
n'est pas correcte et doit être réévaluée à la hausse.
Mercredi 20 juin,
le gouvernement a l'intention
d'introduire de la démocratie participative via des "
conférences de
citoyens" pour définir la politique énergétique future du Japon. La
principale question concernera le mix énergétique souhaité pour 2030,
car la commission ad-hoc mise en place n'a pas réussi à se mettre
d'accord et a donc rendu plusieurs scénarios possibles.
Par ailleurs, le parlement a voté la loi mettant en place une nouvelle
autorité de sûreté à partir de septembre prochain.
Sans surprise, l'assemblée de Tôkyô a refusé la demande de référendum
sur le nucléaire, malgré la pétition soumise qui avait rassemblé assez
de signatures. D'autres collectes de signatures sont en cours dans
d'autres villes du pays. C'est le cas en particulier à Niigata avec la
centrale de Kashiwazaki-Kariwa et à Shizuoka avec la centrale de
Hamaoka.
Vendredi 22 juin, de 20 000 à
45 000 personnes, selon les sources, ont manifesté devant
la résidence du premier ministre pour protester contre la relance du
nucléaire. Des manifestations d'une telle ampleur sont exceptionnelles
au Japon. (
Site
des organisateurs de la manif ;
vidéo de la manif).
Dimanche 24 juin, 2 000
personnes, selon les organisateurs, ont manifesté contre
le redémarrage à Funabashi (Chiba), ville d'origine du premier ministre.
Lundi 25 juin, le gouverneur de
la province de Yamaguchi, à l'Ouest du pays, a déclaré
être opposé au projet de construction d'une nouvelle centrale à
Kaminoseki sur la mer Setonaikai. Le permis pour effectuer des travaux
de terrassement expire en octobre et le gouverneur ne veut pas le
renouveler. Si la compagnie veut reprendre sont projet plus tard, elle
devra recommencer toute la procédure.
Quant au gouverneur de Shizuoka, il a expliqué qu'il pensait que la
centrale de Hamaoka ne pourrait pas redémarrer avant longtemps. Et
d'ajouter que dans les circonstances actuelles, c'est simplement
impossible.
Mardi 26 juin, un groupe de
travail sur l'avenir du nucléaire mis en place par la
ville et la province d'Ôsaka, a recommander d'arrêter complètement le
nucléaire d'ici 2030 dans la région. Il a aussi proposé la mise en
place d'une agence de sûreté nucléaire régionale si la nouvelle
autorité de sûreté ne révise pas les règles de sûreté.
Deux sismologues, Mitsuhisa Watanabe et le célèbre
Katsuhiko
Ishibashi,
qui avait forgé le mot genpatsushinsai" (原発震灾) ou "désastre
sismo-nucléaire" en 2007, ont alerté les autorités sur la la
sous-estimation par l'exploitant de la dangerosité des failles sous la
centrale d'Ôi. Ils sont partis des données publiées par KEPCo, parfois
assez anciennes, pour montrer l'inconsistence de l'étude officielle. Et
de critiquer les autorités de ne pas avoir fait de contre-expertise
sérieuse.
Selon eux, KEPCo a toujours publié l'interprétation la plus optimiste
des données : KEPCo a considéré le mouvement simultanée de deux des
trois failles connues, mais pas des trois ensemble. Il y a aussi une
petite faille qui passe sous les réacteurs : KEPCo prétend qu'elle est
inactive. Pourtant, des traces dans l'argile semblent indiquer le
contraire.
9 associations anti-nucléaires, dont
Mihama-no-kai qui
demande l'arrêt du nucléaire dans la région de KEPCo depuis de
nombreuses années, ont rencontré la NISA pour lui demander de prendre
sérieusement en compte ce problème des failles. Elles accusent la NISA
et Kepco de n'avoir montré que le profil sud au groupe de travail qui
oscultait la sûreté de la centrale. La NISA a reconnu les faits et a
réfuté l'accusation d'avoir délibérément caché les données.
Mercredi 27 juin, c'est
l'assemblée générale des actionnaires des principales
compagnies d'électricité au Japon. L'avenir du nucléaire y a été
discuté âprement. En particulier, les pouvoirs locaux, actionnaires
silencieux habituellement, ont essayé de pousser à la réduction de la
part
du nucléaire, en vain.
En revanche, l'AG de TEPCo a entériné de fait la nationalisation de
l'entreprise en acceptant l'injection de 1 000 milliards de yens (10
milliards d'euros) d'argent public.
Alors que la NISA vit ses derniers jours, elle a donné son feu vert à
la reprise des travaux à l'usine de combustible MOx alors que le
gouvernement n'a pris aucune décision clair quant à l'avenir du
retraitement et même du nucléaire ne général. Quelle est la légitimité
d'une telle décision, la NISA étant complètement discréditée par la
catastrophe et devant être remplcée prochainement par une nouvelle
structure ? Japan Nuclear Fuel Ltd. espère finir son usine en 2016.
Jeudi 28 juin, l'ancien
premier ministre, Naoto Kan, et plusieurs autres membres du
parti au pouvoir, ont appelé à l'arrêt immédiat de 12 réacteurs
nucléaires et à l'arrêt complet du nucléaire d'ici 2025. Sur les 12, il
y a les réacteurs sinistrés de Fukushima 1 et 2, ainsi que ceux de
Hamaoka et Onagawa. Quant aux autres, ils devraient être arrêtés au
bout de 40 ans de fonctionnement.
Vendredi 29 juin, comme tous
les vendredis, de nombreuses personnes se rassemblent devant
la résidence du 1er ministre pour protester contre le redémarrage de
deux réacteurs nucléaires. Avec l'approche du redémarrage du réacteur
n°3 d'Ôi, prévue pour le 1er juillet, leur nombre augmente. Ils étaient
environ 200 000 selon les organisateurs et quelques dizaines de
milliers selon la police. La majorité n'avaient jamais manifesté et se
sont rassemblés via les appels lancés sur les réseaux sociaux.
A Ôsaka, ils étaient environ 2 200, selon les organisateurs, devant le
siège de KEPCo.
La divergence est prévue pour lundi 2 au matin. Il faudra 2 jours de
plus au réacteur pour produire de l'électricté et encore 4 de plus
atteindre sa pleine capacité de production. Pour le réacteur n°4, cela
devrait commncer le 17 juillet avec une semaine de mise en route.
Juillet 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 1er juillet, le
réacteur n°3 de la centrale d'Ôi dans la province de Fukui a été
remis en route, malgré la présence de plus de 650 manifestants dont une
partie bloque l'unique route d'accès à la centrale. La police a été
envoyée vers 17h30 pour lever le barrage, en vain. Le président de
KEPCo a dû se rendre à la centrale par bateau.
Le programme de réduction de la consommation électrique entre en
application ce jour, jusqu'à la fin septembre. La région du Kansaï veut
garder un objectif de 10% de réduction durant l'été.
Lundi 2 juillet, après avoir
commencé à lever les barres de contrôle la veille à 21h, les réactions
nucléaires en chaîne dans le réacteur n°3 de la centrale d'Ôi ont
démarré vers 6h.
Mardi 3 juillet, le branchement
sur le réseau électrique du réacteur n°3 de la centrale
d'Ôi, prévu pour mercredi 4 juin, aura au moins un jour de retard.
Le ministre de l'environnement, Goshi Hosono, veut couper les ponts
entre l'industrie nucléaire et les structures de contrôle : toute
personne ayant travaillé dans l'industrie nucléaire, ou ayant siégé
dans un conseil d'administration par exemple, ou encore ayant reçu des
fonds supérieurs à une somme qui reste à fixer (probablement 500 000
yens ou 5 000 euros par an, comme pour l'industrie pharmaceutique), ne
pourront pas avoir de poste à responsabilité dans la nouvelle agence de
sûreté nucléaire pendant 3 ans.
Jeudi 5 juillet, le réacteur
n°3 de la centrale d'Ôi a été couplé au réseau
électrique à 7h. Il fournit 15% de sa capacité et cela devrait monter
progressivement au cours de la journée. La production à pleine capacité
est prévue pour lundi prochain.
Vendredi 6 juillet, comme tous
les vendredis maintenant, nouvelle manifestation de
masse devant la résidence du premier ministre. De plus en plus de
personnalités s'y montrent. Le slogan est toujours le même "saïkadô
hantaï" (再稼働「反対」), "non au redémarrage". Les organisateurs annoncent
150 000 personnes malgré la pluie, la police, 21 000. La semaine
précédente, avec 17 000 personnes selon la police, le premier ministre
se serait plaint du bruit... A Ôsaka, devant le siège de KEPCo, ils
étaient 2 700, ce qui plus que la semaine précédente avec 2 200.
Rappelons que ce genre de mouvement est complètement nouveau au Japon.
Les dernières manifestations de masse datent des années 70.
Dimanche 8 juillet, le
réacteur n°3 de la centrale d'Ôi a atteint 100% de ses
capacités de production et fournit 1 180 MW depuis samedi 7 juillet à
23h20. Mais, les méduses ont rejoint les manifestants contre le
redémarrage des centrales nucléaires et ont obstrué la prise d'eau. Le
réacteur a dû baisser sa production de 2%.
Lundi 9 juillet, le réacteur
n°3 de la centrale d'Ôi a de nouveau atteint 100% de ses capacités de
production depuis 1h du matin.
Les autorités ont fait passer l'objectif d'économie de
l'électricité de 15 à 10%. Et dire qu'il y a peu, il fallait redémarrer
le nucléaire car les énergies fossiles
coûtaient cher, émettaient des gaz à effet de serre, etc etc... C'est
fini ? Il n'y a plus
besoin d'économiser l'électricité ?
Le message est en gros : consommez, mais juste assez pour ne pas faire
sauter le système. KEPCo, l'exploitant, voulait même descendre à 5 ou
6% mais l'union des gouverneurs du Kansaï a décidé de rester à 10%.
Hokkaidô se fait du soucis pour cet hiver si aucun réacteur nucléaire
ne redémarre d'ici là. C'est en effet en hiver que la consommation y
est maximale et la liaison électrique avec l'île principale est limitée
à 600 MW. Si la centrale thermique de Tomatoatsuma tombe en panne, il y
aura des coupures.
Personne ne maîtrise le calendrier des redémarrages suivants. Il est
peu probable qu'un autre redémarrage ait lieu avant qu'une nouvelle
autorité de sûreté ait établi de nouveaux critères de sûreté.
Mercredi 11 juillet, KEPCo
devrait commencer les opérations de redémarrage du réacteur n°4
d'Ôi le 18 juillet. La criticité est prévue pour le lendemain, le
couplage au réseau le 21 et la pleine puissance le 25.
Le gouvernement japonais a ouvert un site Internet pour débattre de la
politique énergétique à l'horizon 2030. Il est
ici en japonais.
Des réunions publiques sont aussi prévues.
Jeudi 12 juillet, la NISA a
inspecté les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Tomari sur
l'île d'Hokkaïdô, suite aux stress-tests effectués par l'exploitant.
C'est sûrement la suivante sur la liste. Mais le redémarrage ne devrait
pas avoir lieu avant l'automne.
Vendredi 13 juillet, nouvelles
manifestations devant la résidence du 1er ministre et dans
tout le pays. Il y avait 10 000 manifestants, selon la police, à Tôkyô
criant "saïkadô
hantaï" (再稼働「反対」), "non au redémarrage". Dès 13h la police a tenté de
barrer l'accès en mettant en place des barrières et à 15h, elle a
filtré les sorties de la sation de métro. La pluie était aussi au
rendez-vous. Malgré cela, des familles entières, avec de nombreux
enfants, sont venues manifester.
Il y avait aussi des centaines de manifestants à Ôsaka, devant le siège
de KEPCo, même si la police avait fermé les sorties de la station de
métro la plus proche et malgré la pluie.
Ôe, le prix nobel de littérature et le mouvement "
sayônara
nukes" appelle à une autre manifestation de grande ampleur lundi 16
juillet, qui férié au Japon (jour de la mer).
TEPCo compte sur le redémarrage de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa et
ses 7 réacteurs à partir d'avril 2013 pour redresser ses finances. Tous
les réacteurs de cette centrale, déjà fortement secouée par un séisme
en 2007 (
voir
notre article sur le sujet),
n'avaient pas encore redémarré en 2007. Le nouveau président de TEPCo
vient d'admettre que ce redémarrage sera difficile à court terme : de
nombreuses erreurs ont été découvertes dans le rapport sur les
stress-tests faits par l'exploitant et le gouverneur de Niigata est
opposé au redémarrage pour le moment. Il a déclaré, lors d'une
rencontre avec TEPCo la veille : "Qu'est ce vous pensez qui est le plus
important, la gestion ou la sûreté ?". Evidemment, le président de
TEPCo a répondu "la sûreté". Que pouvait-il d'autre ? Et le gouverneur
a regretté que la nouvelle direction de TEPCo ait parlé de redémarrage
aussitôt après avoir pris ses fonctions.
Samedi 14 juillet, le
gouvernement a tenu, à Saïtama, dans la banlieue de Tôkyô,
sa première audience publique à propos de la politique énergétique du
pays à
l'horizon 2030. Environ 170 personnes sont venues, mais seulement 9,
tirées au sort ont eu un temps de parole de 10 minutes. Le tirage au
sort n'est pas complètement aléatoire de façon à permettre aux 3
options d'être soutenues. Sur les 7
hommes et 2 femmes tirés au sort, 4 ont
soutenu l'option d'une part du nucléaire réduite à 0, deux l'option
d'une réduction à 15% et 3 le maintien à 20-25%.
309 personnes ont demandé à intervenir, dont 239 pour choisir l'option
0%, 30 l'option 15% et 40 l'option 20-25%.
Des intervenants ont
critiqué le flou qui entoure ce genre de procédure : comment le
gouvernement va décider ?
11 réunions de la sorte auront lieu en tout d'ici le 4 août. Le
gouvernement devrait prendre sa décision d'ici la fin août. Il est
aussi possible de contribuer par Internet jusqu'au 12 août.
Dimanche 15 juillet, manifestation
bruyante devant la maison du premier ministre à
Funabashi (provinec de Chiba) car il s'était plaint du bruit des
manifestation devant sa résidence officielle.
Le
Maïnichi consacre
une tribune intéressante à la sûreté nucléaire face aux prédictions des
séismes et tsunami. La sismologie a des limites et il est difficle,
voire impossible, de prédire l'amplitude d'un tremblement de terre ou
d'un tsunami. Avant de redémarrer des réacteurs nucléaires, les
autorités et les exploitants devraient reconnaître qu'il y a des
incertitudes fortes sur l'amplitude de l'agression externe et que des
situation non prévues sont possibles, comme ce fût le cas le 11 mars
2011. Le séisme le plus fort attendu avait une magnitude de 7,5 et
celui qui a eu lieu fût d'une magnitude de 9, soit 180 fois plus fort.
Pour estimer les incertitudes, les sismologues ne font varier qu'un
paramètre à la fois, sans tenir compte de la cumulation possible en
faisant varier plusieurs paramètres. Ils sous-estiment donc les
incertitudes.
En décidant de redémarrer le nucléaire, il faut admettre la possibilité
d'un nouvel évènement majeur qui dépasse les prédictions et s'y
préparer. Les autorités prévoient une évacuation immédiate dans un
rayon de 5 km et une évacuation progressive jusqu'à environ 30 km en
cas d'accident nucléaire, sans être plus précis. Les habitants entre 5
et 30 km sont donc perdus. Les centre de gestion de crise n'ont pas
encore été éloignés non plus.
Du côté des exploitants, c'est encore pire : quand KEPCo a soumis son
premier stress-test pour le réacteur n°3 de la centrale d'Ôï, elle
n'avait pris en compte, ni le risque tsunami, ni le risque séisme. Elle
en avait conclu qu'elle pouvait tenir 16 jours sans source électrique
extérieure. Pour des stress-tests effectués après Fukushima, c'est se
moquer du monde. Quand la NISA a interrogé KEPCo sur la tenue du
réacteur en cas de coupure électrique due à un tsunami ou un séisme,
c'est descendu à une semaine après travaux de renforcement. Sans ces
travaux, c'est "quelques jours".
Les autres compagnies n'ont pas pris en compte les séismes et tsunami
non plus pour évaluer le temps que le réacteur tiendrait sans
électricité... Comment peuvent-elles être prises au sérieux après ?
Deuxième
débat public à Sendaï sur l'avenir énergétique du pays à
l'horizon 2030 : un des intervenants tirés au sort n'était autre qu'un
cadre de la Tohoku Electric Power Co et a exprimé la position
officielle de la compagnie d'électricité locale, à savoir l'option la
plus haute possible pour le nucléaire. L'audience a dû être suspendue
suite aux protestations de la salle. 3 autres intervenants sélectionnés
venaient de Tôkyô.
Le ministre de l'environnement, en charge de l'énergie, a fait part de
son mécontentement et a précisé ne pas intervenir dans la sélection de
spersonnes auditionnées : c'est la compagnie de publicité Hakuhodo Inc.
qui en a la charge.
105 personnes ont demandé à parler et 70% d'entre elles étaient en
faveur de l'option 0% de nucléaire en 2030.
Le 1er août, le débat sera à Fukushima.
Lundi 16 juillet (férié au
Japon), manifestation gigantesque contre le nucléaire à Tôkyô : 170 000
personnes selon les organisateurs, 75 000 selon la police, fort
probablement bien plus que l'objectif de 100 000 personnes. Tous les
médias s'accordent pour dire qu'il s'agit de la plus grande manifestion
anti-nucléaire de l'histoire du Japon.
La page des organisateurs, avec les premières photos est
ici en japonais.
La première usine de production d'électricité à partir de sources
géothermales dans un parc national devrait démarrer cet automne à
Tsuchiyu Onsen dans la province de Fukushima, célèbre station thermale
qui a vu le nombre de touristes chuter. La ville espère ainsi s'en
sortir économiquement. L'électricité sera rachetée par Tohoku Electric
Power Co. à 42 yen (42 centimes) le kilowatt.heure en application de la
nouvelle loi qui l'oblige à racheter l'électricité d'origine
renouvelable. La production devrait commencer par 500 kilowatts pour
passer ensuite à 1 000 kilowatts.
Mardi 17 juillet, lors du
3ième débat sur l'énergie à Nagoya, un employé de la compagnie
d'électricité a encore été sélectionné parmi les neuf orateurs. Il
s'est présenté lui-même comme cadre de Chubu Electric Power Co., mais a
dit s'exprimer à titre personnel. Un employé de Japan Atomic Energy
Agency, qui exploite le surgénérateur Monju, a aussi parlé, sans
mentionner son employeur. Ils ont tous les deux défendu l'énergie
nucléaire. Sur les 161 personnes qui ont demandé à parler, 106 étaient
en faveur de l'option 0% de nucléaire en 2030, 18 pour l'option 15% et
20 pour l'option 20-25%.
Le secrétariat du débat insiste sur le fait que la sélection s'est bien
faite au hasard : 3 personnes pour chaque option sont sélectionnées par
tirage au sort. Le fait qu'il tombe ainsi fréquemment sur des employés
du nucléaire signifie donc qu'il n'y a quasiment qu'eux pour défendre
l'option haute !
Des recherches menées par le ministère de l'industrie et la NISA
montrent que la faille située sous la centrale de Shika (province
d'Ishikawa) exploitée par
Hokuriku Electric Power Co.
est probablement active. La faille S-1 aurait bougé il y a moins de 120
000 à 130 000 ans. Il se peut qu'elle aussi bougé plus récemment.
La
compagnie a toujours prétendu que la faille n'était pas active,
aussi bien lors de la demande de permis de construire du premier
réacteur en 1987 que de la demande pour le deuxième en 1997. Pour
cela, elle se base sur des travaux d'excavation menés en 1997. La NISA
vient de se replonger dans ces données de l'exploitant et conclut qu'il
est fort probable que la faille soit active. 25 ans après, il était
temps ! Comme une
autre faille passe sous le réacteur n°2, si les deux bougent en même
temps, ce serait très dangereux pour la centrale, qui ne devrait donc
pas redémarrer. L'exploitant, qui veut continuer à exploiter sa
centrale, maintient que la faille n'est pas active. Les deux réacteurs,
d'une capacité de 540 et 1 358 megawatts, fournissent de 20 à 30% de
l'électricité de la compagnie.
Mercredi 18 juillet, KEPCo a
commencé à redémarrer le réacteur n°4 de la centrale
d'Ôi à 21h et la réaction de criticité devrait démarrer le lendemain
vers 6h.
La
saison des pluies est terminée au Japon et les fortes chaleurs sont
déjà là. Mais les efforts des consommateurs sont tangibles : la demande
reste bien en dessous des capacités de production des compagnies
d'électricité. Tous les soirs, à la télévision, les prévisions de
demande pour le lendemain, au moment du pic, sont données. C'était
moins de 90% ce soir à Kyûshû avec 32°C annoncés.
L'affaire de la faille probablement active sous la centrale de
Shika
continue à faire des remous. D'autant plus que le même problème avait
été découvert à Tsuruga. A qui le tour ? Des sismologues réputés
critiquent l'indigence des études faites par les exploitants et du
contrôle fait par la NISA dans la passé. La NISA vient de demander à
l'exploitant de la centrale de Shika de réévaluer les failles sous sa
centrale.
En avril 2011, un fort séisme de magnitude 7,0 dans le sud de la
province de Fukushima a montré qu'une faille, que l'exploitant et le
gouvernement prétendaient inactive, a bougé. D'où l'impérative
nécessité de revisiter toutes les failles prétendues non actives à
proximité des centrales nucléaires. Et de la centrale d'Ôi en
particulier.
Les études faites par l'exploitant en 1985 sont basées sur quelques
forages. Les photos de mauvaise qualité qu'il a montrées à l'époque
sont très partielles. Impossible de se faire une opinion objective sur
le sujet. Pourtant, c'est passé comme cela. Nombreux sont les géologues
qui pensent qu'une la faille proche de la centrale pourrait être active
et faire bouger d'autres failles sous la centrale. Même si cette faille
supposée active ne passe pas directement sous la centrale, elle passe
sous la prise d'eau de secours. De l'argile, non daté, a été trouvé à
la surface, ce qui confirme son activité. La NISA a aussi demandé, ce
jour, à
l'exploitant de réévaluer les failles sous cette centrale, mais sans
demander l'arrêt des réacteurs en attendant...
D'autres centrales sont sur la sellette :
- celle de Tomari à Hokkaïdô, que le gouvernement veut redémarrer avant
l'hiver. La faille et considérée comme active par la commission
spécialisée de la NISA ;
- la faille active Shiraki-Nyu passe à 1 km de la centrale de Mihama et
500 m du surgénérateur Monju. Et il y a 9 failles sous chaquce de ces
centrales. Les exploitants sont rassurants, mais la NISA a demandé un
réexamen ;
- la centrale de Higashidôri a aussi reçu des instructions en ce sens ;
- il y a bien évidemment la centrale de Hamaoka arrêtée en mai 2011 sur
ordre du premier ministre de l'époque ;
- et l'usine de retraitement de Rokkasho-mura.
Jeudi 19 juillet, la réaction
en chaîne a commencé à 6h dans le réacteur n°4 de la
centrale d'Ôi. Le gouvernement avait déployé des forces de l'ordre en
nombre, mais il n'y a pas eu de manifestation.
Vendredi 20 juillet, suite du
feuilleton sur le débat énergétique au Japon : lors des
auditions qui auront lieu dans la ville de Fukushima le 1er août, seuls
les résidents ou évacués auront le droit de parler. 30 personnes seront
exceptionnellement entendues et les employés du nucléaire ne seront pas
sélectionnés.
Le gouvernement devrait nommer Shun-ichi Tanaka à la tête de la
nouvelle autorité de sûreté japonaise qui devrait être installée en
septembre prochain. Il est l'ancien vice-président de la Japan Atomic
Energy Commission qui définissait la politique nucléaire du pays. Les 4
autres membres de l'autorité seront Kenzô Ôshima, ancien
ambassadeur
auprès des nations unies, Kunihiko Shimazaki, à la tête du Comité de
Coordination de la prédiction des séismes, Kayoko Nakamura du Japan
Radioisotope Association et Toyoshi Fuketa de la Japan Atomic Energy
Agency (l'équivalent du CEA).
Comme tous les vendredis soir 16ième manifestation devant la
résidence du premier ministre et le siège de KEPCo à Ôsaka. 再稼働「反対」),
"non au
redémarrage". Il y avait environ 90 000 personnes à Tôkyô et 1 800 à
Ôsaka, selon les organisateurs. L'ancien premier ministre, Yukio
Hatoyama, du même parti que le premier
ministre actuel, est venu se montrer et/ou soutenir la manifestation.
Vidéo Asahi ici.
Des manifestations similaires sont organisées dans tout le pays : ils
étaient 900 devant le siège des autorités régionales à Sapporo dans
l'île de Hokkaïdô, 100 de plus que la semaine précédente. Il étaient
400 à Nagoya devant le siège régional de KEPCo.
Samedi 21 juillet, le réacteur
n°4 de la centrale d'Ôï a été couplé au réseau électrique à
7h. Il était à 15% de ses capacités de production dans la matinée et
devrait atteindre ses pleines capacités mercredi 25 juillet à 1h.
Le
Maïnichi révèle
que Chugoku Electric Power Co, basée à Hiroshima, avait l'intention
d'envoyer un de ses employés porter la bonne parole au "débat citoyen"
organisé par le gouvernement sur l'avenir énergétique du pays. La
compagnie n'a donc rien retenu du scandale de l'an dernier. Le tollé
provoqué par la présence d'employés du nucléaire prenant la parole pour
présenter le point de vue de leur compagnie dans un débat fait pour
écouter les citoyens, a poussé la compagnie à revoir sa stratégie.
Dimanche 22 juillet, suite de
de la consultation citoyenne sur l'avenir énergétique du Japon
à l'horizon 2030 : 140 personnes avaient fait le déplacement à Ôsaka ce
jour. 318 commentaires ont aussi été envoyés : 211 en faveur de
l'option 0% de nucléaire, 40 en faveur de l'option 15% et 67 en faveur
de l'option 20-25%.
Le gouvernement a un peu adapté le format des auditions : 11 personnes
ont parlé, dont 6 en faveur de l'option 0. Elles ont été très
applaudies. 3 ont soutenu l'option 15% et 2 l'option 20-25%. Il n'y
avait que 2 femmes parmi les personnes sélectionnées. En revanche, il
s'agit toujours d'une succession de monologues sans aucun débat.
Plusieurs intervants ont critiqué fermement les scénarios proposés par
le gouvernement et la façon dont ont été faits les calculs. Il n'y a
par exemple aucune donnée démographique.
Lundi 23 juillet, 178 000
signatures ont été collectées dans la province de Shizuoka
pour réclamer un référendum sur le redémarrage de la centrale de
Hamaoka. Seulement 62 000 étaient nécessaires.
Mercredi 25 juillet, le
réacteur n°4 de la centrale dÔï fonctionne à plein régime depuis 1h du
matin environ.
L'exploitant de la centrale de Shika, fortement soupçonnée d'être
construite sur une faille active, a présenté son plan d'investigation à
la NISA : il va creuser un tunnel sous la centrale pour aller inspecter
la faille ! Les résultats sont prévus pour janvier 2013. Le gouverneur
de la province d'Ishikawa, où est située la centrale, ne comprend le
changement d'attitude des autorités : comment ont-elles pu autoriser la
construction de la centrale il y a 25 et tou d'un coup, à partir des
mêmes données, décider que la faille pourrait être active. Pour lui, il
ne faut croire tout ce que disent les scientifiques...
KEPCo a aussi présenté son plan d'investigation des failles pour sa
centrale d'Ôï. Les résultats sont prévus pour la fin de l'année, mais
duex réacteurs de la centrale tournent toujours.
5 tonnes d'eau de mer avaient pénétré dans le réacteur de la centrale
de Hamaoka arrêtée en mai 2011 sur ordre du premier ministre de
l'époque. La NISA a mis en place un groupe de travail pour étudier si
ce réacteur peut être redémarré un jour ou pas. Une telle quantité
d'eau salée, qui est corrosive, dans la cuve d'un réacteur nucléaire,
c'est du jamais vu. Pour l'exploitant, pas de problème, car cette eau
de mer a été diluée par l'eau douce déjà présente...
Suite à une rupture sur une partie du circuit de refroidissement, 400
tonnes d'eau de mer ont fui et environ 5 tonnes auraient atteint le
coeur, selon l'exploitant. Mais des vis au niveau des barres de
contrôle seraient déjà rouillées.
Jeudi 26 juillet, le réacteur
n°2 de la centrale de Mihama, voisine de celle d'Ôï, et
aussi exploitée par KEPCo, vient d'avoir 40 ans. Va-t-il redémarrer un
jour ? Le gouvernement avait promis de limiter à 40 l'âge des
réacteurs. Mais la NISA a approuvé, la semaine précédente, des
changements dans les règles de sûreté pour permettre la continuation de
l'exploitation. Il appartiendra à la future autorité de sûreté de
décider. Il y a deux autres réacteurs qui ont dépassé 40 ans : le n°1
de Mihama et le n°1 de Tsuruga, aussi dans la même province.
Le président de KEPCo, content d'être le seul exploitant nucléaire du
pays à pouvoir faire tourner deux réacteurs, veut maintenant redémarrer
les réacteurs n°3 et 4 de la centrale de Takahama, toujours dans la
province de Fukui. Il prédit même que ce sera les deux suivants du
pays. Et d'argumenter avec toujours le même laïus sur
l'effet de serre, l'indépendance énergétique, etc, et de promettre la
sûreté. Cela a eu pour effet d'exaspérer le ministre de l'industrie qui
a rappelé qu'il n'y aura pas d'autre redémarrage avant la mise en place
d'une nouvelle autorité de sûreté, qui devra ensuite établir de
nouveaux critères de sûreté, demander des comptes aux exploitants et
inspecter les réacteurs. Cela va prendre du temps.
La mise en place de cette nouvelle autorité de sûreté prend du retard.
L'opposition n'a pas apprécié de découvrir les noms préssentis dans la
presse. Elle boude et refuse d'entériner la proposition. La centrale de
Takahama ne serait probablement pas prioritaire.
Le quotidien national
Yomiuri,
qui publie régulièrement des éditos demandant un redémarrage rapide du
nucléaire, a listé les centrales qui lui parraissent prioritaires. Il
n'y a pas Takahama. C'est à Hokkaïdô, comme nous l'avons déjà écrit,
que la situation sera la plus critique cet hiver. Comme les
négociations avec les pouvoirs locaux ont pris deux mois pour Ôï, le
Yomiuri appelle à ce qu'elles débutent dès septembre pour la centrale
de Tomari exploitée par Hokkaido Electric Power Co. Il ne mentionne pas
le temps nécessaire à la réévaluation de la sûreté. Inutile ? Après
tout, deux réacteurs d'Ôï ont été redémarrés sans satisfaire aux
critères de sûreté provisoires redéfinis rapidement par la NISA.
La centrale d'Ikata, dans la province d'Ehimé, exploitée par Shikoku
Electric Power Co. est celle pour laquelle le processus d'évaluation
des stress-tests est le plus avancé. Et là aussi, les élus locaux qui
profitent financièrement de la centrale, appellent à son redémarrage.
Pas les autres. Ni les centaines de milliers de manifestants.
La troisième sur la liste du Yomiuri, est Kashiwazaki-Kariwa, déjà bien
secouée en 2007. TEPCo espère un redémarrage rapide pour redresser ses
comptes. Les élus régionaux n'y sont pas favorables et demandent que
toute la lumière soit faite sur l'accident de Fukushima. Et il y aura
des élections locales à l'automne, ce qui rend les négociations
impossibles avant.
Mais si, à la suite des auditions qu'il mène actuellement, le
gouvernement prévoit de réduire à 15% la part du nucléaire en 2030,
comme le prévoient de nombreux observateurs, la question sera plutôt
quels réacteurs ne redémarreront pas ? Entre ceux qui ont dépassé 40
ans, ceux qui sont probablement sur des failles actives et ceux qui ont
été trop endommagés le 11 mars 2011, la compétition va être rude !
Vendredi 27 juillet, le
gouvernement a fini par nommer, comme annoncé par la presse,
Shun'ichi Tanaka, à la tête de la nouvelle autorité de sûreté
nucléaire. C'est quelqu'un du sérail, mais après la catastrophe de
Fukushima, il a présenté ses excuses pour s'être trompé en affirmant
que le nucléaire est sûr et en faisant la promotion. Natif de
Fukushima, il s'est aussi impliqué dans la décontamination.
Les quatres autres personnes nommées avec lui sont bien ceux dont les
noms ont fuit dans la presse la semaine précédente. Le feu vert des
deux chambres est encore nécessaire. Mais le gouvernement veut aller
vite et a refusé au parlement sa demande d'audionner ces personnes.
Seul Shun'ichi Tanaka le sera.
Les organisateurs habituels des manifestations du vendredi soir
devant la résidence du premier ministre n'ont pas appelé à manifester
car ils préparent l'
encerclement
au parlement prévu dimanche 29
juillet. En revanche, de nombreuses personnes sont venues. La
manifestation devant le siège de KEPCo est maintenue.
Samedi 28 juillet, la NISA
vient encore de s'illustrer en refusant de faire des études
complémentaires sur le réacteur n°1 de la centrale de Genkaï dans la
province de Saga sur l'île de Kyûshû. Les neutrons émis par le coeur du
réacteur font vieillir l'acier de la cuve qui devient plus fragile en
cas de changement rapide de température. Pour étudier le vieillissement
des morceaux d'acier, appelés éprouvettes, sont installés dans la cuve.
Ils sont retirés les uns après les autres pour être étudiés. Sur cette
éprouvette, c'est la température dite de "transition fragile-ductile"
qui est étudiée en particulier. Je ne rentrerai pas plus dans les
détails, sauf pour dire que l'éprouvette retirée en 1993 avait une
température de transition de 54°C et celle retirée en 2009, de 98°C.
Une évolution aussi rapide de la température de transition n'est pas
normale : c'est 14°C de plus de prévu. La NISA a réuni un groupe de
travail depuis novembre dernier pour savoir si la cuve peut supporter
un refroidissement rapide en cas d'accident. Après 18 réunions, la NISA
a conclu qu'il n'y avait pas de problème et que le réacteur, mis en
route en 1975, pouvait aller jusqu'à 60 ans. Pourtant, ni l'exploitant,
ni la NISA n'ont pu donner d'explication convaincante sur la
température de transition anormalement élevée. Plusieurs experts du
groupe de travail ne comprennent pas cette décision et réclament des
examens complémentaires. Les éprouvettes les plus anciennes ne peuvent
plus être réexamnées car elles ont été détruites. Dans un mois la NISA
n'existera plus... Et dire que le gouvernement a dit vouloir arrêter
les réacteurs au bout de 40 ans. Il ne resterait donc que 3 ans à ce
réacteur.
Dimanche 29 juillet, dans
la province la plus conservatrice du Japon, les élections pour le poste
de gouverneur de Yamaguchi, a vu la victoire du candidat conservateur
soutenu par deux partis. Mais, un militant anti-nucléaire, Tetsunari
Iida, directeur de l'ONG, Institute for Sustainable Energy Policies,
qui a conseillé le maire d'Ôsaka, est arrivé en deuxième position avec
un score honorable. Il n'était soutenu par aucun parti et ne s'était
lancé dans la course que très tardivement, seulement 20 jours avant le
lancement de la campagne officielle.
Le nombre de participants était de 45,32%, ce qui est beaucoup plus que
les 37,21% de l'élection précédente. Le vainqueur a obtenu 47,6% des
suffrages exprimés et M. Iida, 35%. C'est une surprise et les partis
traditionnels sont secoués.
Le "débat" public sur l'avenir du nucléaire à l'horizon 2030 continue.
A Hiroshima, 62% des personnes qui ont demandé à parler soutiennent
l'option 0%. A Naha (Okinawa) où il n'y a pas de centrale nucléaire, le
débat a eu moins de succès : seulement 9 personnes ont demandé à parler
et ont donc toutes eu la parole. 8 sont intervenues en faveur de
l'option 0. La neuvième personne a demandé au gouvernement de sortir du
nucléaire le plus rapidement possible : 2030, c'est trop tard !
8 audiences ont déjà eu lieu depuis le 14 juillet. 70% des demandes
d'intervention lors de ces 8 réunions étaient pour soutenir l'option 0,
11% pour soutenir l'option 15% et 17% pour soutenir l'option 20-25%. 2%
avaient une autre proposition. Il reste 3 réunions, mais le bilan de
ces auditions est déjà clair.
Ils étaient 200 000 selon les organisateurs, 14 000 selon la police,
à manifester contre le redémarrage des réacteurs nucléaires à l'appel
de la coalition,
Metropolitan Coalition Against Nukes,
qui organise les rassemblements du vendredi. Cette coalition refuse les
bannières et autres drapeaux qui permettraient d'identifier des
groupes, associations ou partis. De ce fait, elle attire de nombreuses
personnes très variées qui ne représentent qu'elles-mêmes. Il y a des
jeunes, des personnes âgées, des familles avec des enfants... Certains
viennent de loin. Les politiques sont complèment dépourvus face à ce
mouvement. La manifestation est partie du parc de Hibiya, puis est
passée devant le siège de TEPCo et le ministère de l'environnement qui
a la charge de la politique énergétique. En fin de journée, ils ont
entouré le parlement avec des bougies.
Il a fait plus de 35°C dans la journée et le soleil était radieux. Il
faut du courage pour manifester des heures dans de telles conditions.
Août 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 1er août, les
auditions du "débat" sur l'énergie à l'horizon 2030 ont eu lieu à
Fukushima ce jour. 28 des 30 personnes sélectionnées ont défendu
l'option zéro et ont réclamé une sortie rapide. Il n'y a pas eu de
quota cette fois-ci. Les interventions
étaient poignantes. Il y a eu des mots très durs envers les autorités.
Si
le public auditionné est à 70% pour l'option 0, le gouvernement
reste très divisé sur la question. Les parlementaires aussi. Bien
qu'une décision était promise pour la fin août, cela prendre sûrement
beaucoup plus de temps. Une partie du patronat japonais, de son côté,
fait un lobbying intense pour préserver l'énergie nucléaire. Et le
premier ministre fait partie de la faction la plus proche du patronat
du parti au pouvoir.
Shun'ichi Tanaka, qui devrait être à la tête de la future autorité de
sûreté, a été auditionné par le parlement. Il s'est dit en faveur de
limiter à 40 ans la durée de vie des réacteurs. Il a aussi dit que, si
de données nouvelles mettent en évidence une faille qui pourrait
endommager un réacteur, il faut l'arrêter. C'est bien la moindre des
choses...
L'exploitant du surgénérateur Monju prétend que le réacteur peut
faire face à une secousse sismique 1,86 fois plus forte que ce qui a
été prévu à sa conception et à un tsunami de 21 m de haut. Espérons le,
car le sodium, qui sert pour le refroidissement, explose dans l'eau.
Jeudi 2 août, on s'en souvient,
la Japan Atomic Energy Commission (JAEC) avait été
prise sur le fait pour avoir organisé des réunions secrètes avec
l'industrie nucléaire en parallèle des réunions officielles sur la
politique de traitement des déchets, pudiquement appelée, cycle du
combustible. Le gouvernement avait demandé une enquête dont le rapport
doit être remis au ministre de l'environnement et le de l'énergie le 3
août. Le rapport stipule clairement que les réunions secrètes ont
influencé les décisions. Cela contredit les affirmations de la JAEC que
les réunions "parallèles" n'ont pas influencé les décisions. Le haut
fonctionnaire qui a organisé ces réunions a supprimé tous ses 6 600
mails et documents avant de quitter son poste. On ne lui aurait pas dit
qu'il fallait les conserver... Mais la commission d'enquête a réussi à
les récupérer.
La première version du document était clairement en faveur de l'abandon
du retraitement des combustibles usés. Après l'intervention de
l'industrie, c'est l'option retraitement qui était favorisée.
Le premier ministre a finalement accepté de recevoir les représentants
des manifestants du vendredi devant sa résidence. On imagine aisément
le dialogue de sourds...
Vendredi 3 août, le
gouvernement vient d'autoriser le réacteur n°3 de la centrale d'Ôï à
fonctionner pendant 13 mois. Après le redémarrage, le mois dernier, il
y a eu une inspection de deux jours de la NISA qui a confirmé que tout
va bien. Le réacteur n°4 sera inspecté à partir du 16 août et devrait
recevoir la même autorisstion. Et les failles ?
Nouvelle manifestation devant la résidence du premier ministre, comme
tous les vendredis.
Samedi 4 août, le gouvernement
a fini sa tournée d'auditions de la population. A
l'issue des 11 réunions, 68% des 1 447 personnes qui ont souhaité
exprimer leur opinion, soutenaient l'option 0 nucléaire à l'horizon
2030. 11% étaient faveur de l'option 15% et 16% en faveur de l'option
20-25%, qui nécessite la construction de nouveaux réacteurs. 5% des
demandes d'intervention ne voulaient aucune de ces options. Ces
statistiques officielles n'incluent pas l'audition dans la ville de
Fukushima.
Le gouvernement a aussi commandé un sondage sur le même sujet.
Les méduses continuent de manifester devant la prise d'eau de la
centrale d'Ôï. 200 m3 de méduse ont obligé la centrale à réduire de 30%
le volume d'eau pompée dans la mer. La production des réacteurs a donc
dû être baissée à la fin juillet, de 1,8% au maximum pour le réacteur
n°3 et 1,3% pour le n°4.
Lundi 6 août, en plus des
11 auditions à travers le Japon pour écouter l'avis des
citoyens sur l'avenir nucléaire à l'horizon 2030, l'université Kéio a
organisé une conférence de citoyens sur deux jours. 286 ont été
choisies parmi 6 849 tirées au hasard par téléphone. Pendant, deux
jours, elles ont écouté et interrogé des experts pour se forger une
opinion plus construite. Elles ont été sondées avant et après. Les
résultats, en cours de dépouillement, seront connus d'ici la fin du
mois. On ne sait pas comment le gouvernement va prendre en compte ce
résultat.
Le premier ministre a déclaré qu'il allait demander à son
gouvernement d'étudier les défis auxquels le gouvernement devrait faire
face si la décision était prise de ne plus dépendre de l'énergie
nucléaire. Ce qui signifie que cette option n'avait jamais été
considérée sérieusement jusqu'à maintenant. Mais, avec une popularité
au plus bas et des auditions qui montrent que 70% de la population
soutiennent cette option, il était temps de se montrer plus conciliant.
Mercredi 8 août, le premier ministre va aussi recevoir des
représentants de la coalition qui organise les manifestations du
vendredi.
Nouveau rapport en ligne :
-
Fresh Currents: Japan’s flow from a nuclear past to a
renewable future
Mardi 7 août, la commission
d'enquête mise en place à propos du scandale des
réunions secrètes avec les exploitants de la Japan Atomic Energy
Commission (JAEC) est à son tour sous le feu de la critique. Que
s'est-il dit exactement lors de ses réunions secrètes sur le "cycle" du
combustible ? Il n'y aurait aucun compte-rendu de ses réunions. Les
exploitants du nucléaires présents ont pris des notes mais ont refusé
de les transmettre prétextant la confidentialité. Les représentants du
ministère de l'économie et industrie présents ont aussi pris des notes.
Mais les hauts fonctionnaires ont démenti avoir pris des notes, mais
personne ne les croit. Pour que les hauts fonctionnaires obéissent, il
faudrait que l'ordre de remettre les notes viennent du premier ministre
ou du ministre de l'industrie et économie, pas de la commission
d'enquête qui ne peut compter que sur la bonne volonté. Mais aucun des
deux ministres n'a fait un geste en ce sens et la commission d'enquête
n'a pas pu aller au fond des choses. Bref, il est clair que le
gouvernement ne voulait pas faire toute la lumière sur ce scandale.
Mercredi 8 août, le premier
ministre a reporté son rendez-vous avec les organisateurs
des manifestations du vendredi, officiellement car il est dans une
situation politique
difficile après la motion de censure déposée par des partis
d'opposition. Mais de nombreuses voix ont critiqué ce geste
d'ouverture. Le ministre de l'Industrie a exprimé son désaccord devant
les médias.
L'
AIEA
prétend, après son inspection de la centrale d'Onagawa, qui a subi une
secousse supérieure à celle de Fukushima car plus proche de
l'épicentre, est moins endommagée que prévu. Onagawa était à 70 km
alors que Fukushima daï-ichi à 180 km. La centrale d'Onagawa avait une
digue anti-tsunami de 14 m qui a permis de la sauver.
Mais il ne s'agit que d'une inspection visuelle des 3 réacteurs et de
discussions avec l'exploitant.
Le groupe de travail de la NISA chargé de travailler sur les risques
sismiques a ajouté deux centrales à sa liste des installations
nucléaire probablement situées sur une faille active : Monju
(surgénérateur) et Mihama, toutes deux situées dans la province de
Fukui. Sans surprise, les exploitants, Japan Atomic Energy Agency
(JAEA) et KEPCo respectivement, prétendent que les failles ont été
étudiées et qu'il n'y a pas de problème. Mais le groupe de travail
n'est pas convaincu et a demandé des études complémentaires.
Il a aussi pointé le cas de la centrale de Takahama, toujours à Fukui
et toujours exploitée par KEPCo, mais la NISA pourrait répondre qu'il
n'y a pas de faille active à proximité.
En ce qui concerne les centrales de Shimané (dans la province de
Shimané) et de Hamaoka (province de Shizuoka), la NISA a confirmé qu'il
n'y a pas de faille active sous le site, mais a demandé aux exploitants
de réévaluer les effets des secousses potentielles sur le sol et les
installations.
Le groupe de travail a passé en revue les 18 centrales du pays. Pour 5
d'entre elles seulement, la NISA a approuvé les assurances des
exploitants quant à l'absence de faille active sous le site. Il s'agit
des centrales de Genkai (province de Saga) Prefecture et de Sendaï
(province de Kagoshima) toutes les deux exploitées par Kyushu Electric
Power Co., de la centrale d'Ikata (Ehimé) exploitée par Shikoku
Electric Power Co., de la centrale de Tôkaï (Ibaraki) exploitée par la
Japan Atomic Power Co. et de la centrale d'Onagawa (Miyagi) exploitée
par Tohoku Electric Power Co.. Cela ne fait pas beaucoup !
Vendredi 10 août, l'affluence
dimininue à la traditionnelle manifestation du vendredi
devant la résidence du premier ministre à Tôkyô : 90 000 selon les
organisateurs, 4 000 selon la police. Mais la semaine prochaine au
Japon, c'est o-bon. De nombreux Japonais rentrent dans leur famille ou
partent en vacances.
Toujours une seule revendication autorisée, malgré d'autres sujets de
récrimination comme l'augmentation de la TVA votée le même jour.
Une autre manifestation était aussi organisée devant le ministère de
l'environnement, 800 m plus loin, à l'appel d'une association de
protection de l'environnement, pour protester contre les nominations à
la tête de la future autorité de sûreté.
Samedi 11 août, nouveau
sondage qui montre que 62,6% des personnes interrogées
veulent sortir du nucléaire et que 17,8% pensent que le Japon devrait
arrêter immédiatement toutes ses centrales.
L'
AIEA
prétend, après son inspection de la centrale d'Onagawa, qui a subi une
secousse supérieure à celle de Fukushima car plus proche de
l'épicentre, est moins endommagée que prévu. Onagawa était à 70 km
alors que Fukushima daï-ichi à 180 km. La centrale d'Onagawa avait une
digue anti-tsunami de 14 m qui a permis de la sauver.
Mais il ne s'agit que d'une inspection visuelle des 3 réacteurs et de
discussions avec l'exploitant.
Le groupe de travail de la NISA chargé de travailler sur les risques
sismiques a ajouté deux centrales à sa liste des installations
nucléaire probablement situées sur une faille active : Monju
(surgénérateur) et Mihama, toutes deux situées dans la province de
Fukui. Sans surprise, les exploitants, Japan Atomic Energy Agency
(JAEA) et KEPCo respectivement, prétendent que les failles ont été
étudiées et qu'il n'y a pas de problème. Mais le groupe de travail
n'est pas convaincu et a demandé des études complémentaires.
Il a aussi pointé le cas de la centrale de Takahama, toujours à Fukui
et toujours exploitée par KEPCo, mais la NISA pourrait répondre qu'il
n'y a pas de faille active à proximité.
En ce qui concerne les centrales de Shimané (dans la province de
Shimané) et de Hamaoka (province de Shizuoka), la NISA a confirmé qu'il
n'y a pas de faille active sous le site, mais a demandé aux exploitants
de réévaluer les effets des secousses potentielles sur le sol et les
installations.
Le groupe de travail a passé en revue les 18 centrales du pays. Pour 5
d'entre elles seulement, la NISA a approuvé les assurances des
exploitants quant à l'absence de faille active sous le site. Il s'agit
des centrales de Genkai (province de Saga) Prefecture et de Sendaï
(province de Kagoshima) toutes les deux exploitées par Kyushu Electric
Power Co., de la centrale d'Ikata (Ehimé) exploitée par Shikoku
Electric Power Co., de la centrale de Tôkaï (Ibaraki) exploitée par la
Japan Atomic Power Co. et de la centrale d'Onagawa (Miyagi) exploitée
par Tohoku Electric Power Co.. Cela ne fait pas beaucoup !
Lundi 13 août, le taux
d'utilisation du parc nucléaire japonais était de 2,9% en
juillet 2012. La demande en électricité a encore baissé de 1,4% pour ce
même mois par rapport à l'année précédente où elle était déjà
exceptionnellement basse. Les efforts d'économie d'énergie sont
sensibles.
Avant l'audition du public, le parti au pouvoir, divisé, penchait
vers l'option de compromis de 15% de nucléaire à l'horizon 2030. Au
plus bas dans les sondages et devant faire face à une opinion largement
favorable à l'option 0, aucune décision ne devrait être prise avant la
fin du mois comme envisagé initialement. Le parti vient de mettre en
place un groupe de travail pour trouver une solution...
Tsuyoshi Yoshiwara, président de la banque coopérative Johnan
Shinkin, a déclaré à la télévision "Est-ce que les compagnies membres
du Keidanren (Japan Business Federation) peuvent acheter les réacteurs
nucléaires et les exploiter elles-mêmes ? Non, car aucune banque ne
leur prêterait de l'argent. Les compagnies proposent quelque chose (la
poursuite de l'exploitation du nucléaire) qu'elles ne sont pas capables
de réaliser elles-mêmes, sachant très bien que le fardeau finira par
retomber sur la population. Et elles disent que ce qu'elles proposent
est 'réaliste'. Cela n'a aucun sens et complètement irresponsable."
Ces paroles franches ont eu un grand impact sur les téléspectateurs et
les réactions ont été nombreuses. Tsuyoshi Yoshiwara s'est déjà opposé
au redémarrage de la centrale de Hamaoka. Il fait même partie des
plaignants qui demandent son arrêt définitif. Quand il est arrivé à la
tête de la banque, il a limité les mandats du président à l'âge de 60
ans, réduit son salaire et surprimé les voitures de fonction luxueuses.
Cette banque coopérative avait aussi résilié tous ses contrats avec
TEPCo en décembre dernier et choisi un fournisseur d'électricité qui
n'utilise pas de nucléaire.
Mardi 14 août, le ministère de
l'industrie a annoncé qu'il allait provisionner de
l'argent pour étudier le stockage direct des combustibles usés (sans
retraitement) à partir de l'an prochain. C'est la première fois au
Japon.
Kyûshû Electric a soumis le résultat des premiers stress-tests pour son
réacteur n°1 de la centrale de Genkaï, province de Saga. Tout va bien,
le réacteur peut supporter un séisme 1,61 plus puissant que prévu et un
tsunami de 13 m, ce qui est plus que les 2,1 m prévus initialement. La
compagnie affirme aussi pouvoir refroidir le réacteur pendant 65 jours
sans électricité extérieure car elle a introduit des camions
générateurs.
La compagnie avait déjà soumis le résultat des stress-tests de tous ses
autres réacteurs.
Jeudi 16 août, comme le
réacteur n°3, le réacteur n°4 de la centrale d'Ôï a obtenu
l'autorisation d'exploitation pour 13 mois, jusqu'à septembre 2013. La
NISA ne semble pas prendre en compte qu'elle n'existera plus dans
quelques semaines et qu'il y a des études en cours sur des failles
peut-être actives sous les réacteurs. Les personnes examinées n'ont pas
été choisies de façon aléatoire, mais étaient toutes volontaires.
Vendredi 17 août, les
manifestations du vendredi et les mots d'ordre commencent à se
disperser :
- une à 16h30 pour demander que les enfants soient protégés, devant le
ministère des sciences. L'horaire permet d'enchaîner sur :
- une contre le redémarrage et la nouvelle autorité de sûreté devant le
ministère de l'économie et de l'industrie à 18h, puis :
- une contre la nouvelle autorité de sûreté devant le ministère de
l'environnement à 20h30 (chaîne humaine).
Un ministre a déclaré à des réfugiés de Kawauchi qui vivant dans les
logements provisoires à Kôriyama, que les réacteurs 5 et 6 de la
centrale de Fukushima daï-ichi et les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni
ne devraient jamais être redémarrés. Cela a le mérite d'être clair et
il ne lui reste plus qu'à passer à l'action. Cela devrait être
possible, maintenant que l'Etat est actionnaire majoritaire de TEPCo.
Et la compagnie, qui dépense des sommes folles pour tenter de
réparer ces réacteurs, fera même des économies !
Samedi 18 août, parmi les
'o-bon odori' ou danses de obon du week-end à Tôkyô, une est
anti-nucléaire.
Dimanche 19 août, l'été a été
particulièrement chaud cette année au Japon, jusqu'à 3 à
4°C de plus que la moyenne des dix dernières années, mais il n'y a pas
eu de problème dans l'alimentation électrique. C'est dans le Kansaï que
la situation devait être la plus tendue : KEPCo avait prévu une demande
pouvant atteindre 29 870 mégawatts si l'été était aussi chaud qu'en
2010, avec une capacité de production de 25 420 mégawatts sans
nucléaire. Avec le redémarrage de deux réacteurs nucléaires, la
capacité
de production est passée à 29 880 mégawatts. La plus forte demande a
été enregistrée le 3 août avec 26 820 mégawatts. A peine plus que la
capacité sans nucléaire, mais aucun effort supplémentaire n'a été
demandé ce jour là. Le Japon aurait donc pu passer l'été sans nucléaire.
Les
efforts de la population ont été notables, même s'il y a encore de
la marge. Dans certains labos universitaires, on travaillait sans clim
malgré les fortes chaleurs et dans d'autres les consignes de ne pas
refroidir en dessous de 28°C n'étaient pas respectées. Il y a encore de
nombreuses lumières qui brillent en plein jour. Et le premier ministre
apparaît toujours en costard cravate à la télévision, malgré la
campagne 'cool-biz'. Heureusement, ce genre d'accoutrement est devenu
rare, à ce que l'on peut en juger dans les transports en commun. Et
puis, d'une manière générale, on peut aller au restaurant ou faire ses
courses sans être obligé de prendre un pull.
Du fait des efforts faits par de nombreuses personnes et les fortes
chaleurs, le nombre de personnes hospitalisées pour 'coup de chaud' a
battu des records : 21 000 en juillet et 39 décès.
Lundi 20 août, même si les
réacteurs sont arrêtés, l'industrie nucléaire continue
d'arroser les pouvoirs locaux de subventions plus ou moins cachées. L'
Asahi
a enquêté en utilisant son droit à l'accès aux documents administratifs
et a compté un total de 3,18 milliards de yens (32 millions d'euros) de
subventions cachées depuis le 11 mars 2011. Les 3/4 n'étaient pas
publics. Les indemnisations ne sont pas prises en compte. Les donateurs
sont : la Fédération des Compagnies de Production d'Electicité du Japon
(Denjiren), Japan Nuclear Fuel Ltd., Chubu Electric Power Co., Japan
Atomic Power Co., Chugoku Electric Power Co. et Kyushu Electric Power
Co.. Les bénéficiaires sont les autorités régionales d'Aomori, Shizuoka
et Saga, ainsi que les municipalités de Rokkasho (Aomori), Tsuruga
(Fukui) et Matsué (Shimané). D'autres ont reçu des assurances qu'elles
continuront à recevoir des fonds l'an prochain...
La municipalité de Rokkasho a sollicité deux fois la Denjiren pour des
fonds et a obtenu satisfaction. Kyûshû electric a donné 300 millions de
yens (3 millions d'euros) pour un centre de traitement du cancer initié
par Saga. Japan Atomic Power Co. soutient la construction de routes
dans la ville de Tsuruga. Etc etc...
Mardi 21 août, Nippon Paper
Group Inc, la deuxième compagnie de production de papier
du Japon, qui possède environ 900 km2 de forêts au Japon, veut
augmenter significativement sa production l'électricité à partir de la
biomasse. La compagnie va bénéficier du tarif de rachat pour les
énergies nouvelables. Pour le moment, seule son installation de
Hokkaïdô produit de l'électricité et vend de l'électricité. La
compagnie fera ensuite de même dans ses unités à l'étranger. Les autres
producteurs de papier ne sont pas en reste.
Mercredi 22 août, en Juillet
2012, la consommation d'électricité au Japon a baissé de
6,3% par rapport à l'année précédente où la consommation avait déjà
baissé par rapport à celle d'avant. L'été 2012 a aussi été plus chaud
que l'été 2011. Les Japonais semblent très motivés pour se passer du
nucléaire. Les données de la Fédération des compagnies d'électricité
sont
ici en anglais.
Le Japon a utilisé, de manière expérimentale, les conférences de
citoyens pour juger de l'avenir du nucléaire. Des personnes
volontaires, tirées au hasard, se réunissent sur un week-end,
interrogent des experts, débattent, puis se forgent une opinion plus
construite que lors d'un simple sondage. Les participants ont été
interrogés avant et après sur leur choix. 32,6% soutenaient l'option 0
nucléaire en 2030 avant le week-end et 46,7% après. Le nombre de
soutiens de l'option 15% de nucléaire en 2030 a baissé de 16,8 à 15,4%.
Quant au nombre de ceux qui soutiennent l'option 20 à 25%, il n'a pas
changé et est resté de 13%.
Le premier ministre a fini par recevoir, pendant 30 min., les
représentants ds manifs du vendredi et n'a rien lâché.
Jeudi 23 août, le gouverneur
conservateur de Yamaguchi, tout juste élu, a annoncé
qu'il allait geler la construction d'un nouveau réacteur nucléaire,
comme promis lors de la campagne. Quant au gouverneur d'Aomori, il a
expliqué qu'il tenait à son usine de retraitement et qu'il fallait la
démarrer, si elle arrive à fonctionner.
Vendredi 24 août, le
gouvernement n'arrive toujours pas à conclure quant à l'avenir
énergétique du pays. Le premier ministre ayant promis des élections
pour dans pas trop longtemps, le sujet devient un enjeu électoral. Le
gouvernement visait 15% d'électricité d'origine nucléaire à l'horizon
2030, mais l'option publique est plutôt favorable à 0%. Pour s'en
sortir, les autorités multiplient les groupes d'experts et les
commissions, sans pour autant avancer dans sa décision.
KEPCo a annoncé que la consommation d'électricité dans sa zone a
baissé de 11% durant l'été par rapport à 2010, année de forte demande
due à un été très chaud. 11%, c'est mieux que les recommandations d'une
baisse de 10%. La baisse avait été de 5% en 2011. Ces chiffres
correspondent à la demande au moment du pic, entre 14 et 15h, depuis le
3 juillet jusqu'à ce jour. Pou l'industrie, la demande a baissé de 12%,
pour le tertiaire, 11% et pour les foyers, aussi 11%. KEPCo en conclut,
bien évidemment, que le redémarrage de deux réacteurs était nécessaire,
ce qui n'est pas vrai.
Un collectif a réussi a recueillir les signatures de 50 726 électeurs
pour réclamer un référedum sur l'avenir de la centreale de
Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCo. C'est plus que la limite de 40
000 signatures environ qui correspond au 1/50ième du nombre d'électeurs
inscrits. Les autorités régionales ne sont pas obligées de donner une
suite favorable à la demande.
TEPCO a annoncé qu'elle allait réétudier les failles situées sous sa
centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Deux failles, appelées alpha et bêta,
passent directement sous la centrale. TEPCo a toujours prétendu
qu'elles n'étaient pas actives et les autorités ont accepté sans
vérifier. Suite à la catastrophe de Fukushima, les exploitants du
nucléaire doivent revoir la sismicité des failles sous leurs
installations. TEPCo va creuser et tenter de dater les failles à partir
des pollens fossilisés et d'autres facteurs. Les résultats sont
attendus pour février 2013.
La NISA a demandé des études complémentaires sur les failles situées
sous le réacteur expérimental Monju et sous la centrale de Mihama, tous
deux situés dans la province de Fukui, sur la côte de la Mer du Japon.
Chubu Electric Power Co. a annoncé avoir trouvé de la rouille dans
l'eau de refroidissement du réacteur n°5 de sa centrale de Hamaoka.
Cela fait suite à l'entrée de 5 tonnes d'eau de mer dans le circuit de
refroidissement, juste après son arrêt en mai 2011. La concentration
est environ 14 000 fois plus élevée qu'avant l'incident. La compagnie
prétend que la rouille a pénétré avec l'eau de mer et ne provient pas
de la corrosion des circuits de la centrale... La compagnie a commencé
à retirer le combustible et va l'examiner de près.
Samedi 25 août, selon un
sondage effectué par l'
Asahi,
58% des personnes interrogées souhaitent l'arrêt complet de l'énergie
nucléaire en moins de 10 ans. Le quotidien a envoyé à 3 000 électeurs à
travers le pays et a obtenu 75% de réponses. 16% des personnes qui ont
répondu souhaitent l'arrêt immédiat du nucléaire, 21% d'ici 5 ans et
21% avant 10 ans. Seulement 8% souhaitent la poursuite de
l'exploitation des centrales nucléaires.
55% des répondants ont déclaré accepter une hausse du tarif de
l'électricité pour pouvoir sortir du nucléaire rapidement. 7% seraient
même prêts à accepter une hausse élevée.
Interrogées sur les plans gouvernementaux à l'horizon 2030, les
personnes ont répondu de façon contradictoire avec les premières
questions : 49% soutiennent l'option 0%. 29% ont déclaré accepter la
décision si le gouvernement choisit 15% d'électricité d'origine
nucléaire en 2030.
Enfin, 65% de ces mêmes personnes souhaitent que les énergies
renouvelables jouent un rôle important en 2030.
Lundi 27 août, le gouverneur
de Shizuoka est favorable à la tenue d'un référendum
sur le redémarrage de la centrale de Hamaoka, comme demandé par les 165
127 signataires d'une pétition en ce sens. Il espère être suivi par
l'assemblée régionale.
Mardi 28 août, le gouvernement
a officiellement reconnu que toutes les consultations
qu'il a menées montrent que la majorité de la population est en faveur
de la sortie du nucléaire. Le rapport signale que "l'on peut affirmer
des citoyens souhaitent une société qui ne dépende pas de l'énergie
nucléaire". Et d'ajouter qu'"en revanche, les opinions varient sur la
vitesse avec laquelle cet objectif sera atteint".
Jeudi 30 août, les normes
sismiques des centrales japonaises avaient été revues en
2006 après le tremblement de terre qui avait plus secoué la centrale
nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa que prévu. Le Japon a eu peur à ce
moment là. Les secours n'avaient pas réussi à éteindre l'incendie d'un
transformateur pendant des heures. Qu'auraient-ils pu faire en cas de
problème plus grave ?
Conséquence : interdiction d'exploiter une centrale construite sur une
faille qui a été active durant ces 120 000-130 000 dernières années.
C'était ces dernières 50 000 années avant.
Si les normes avaient changé, personne n'avait réétudié les failles. Il
aura fallu la catastrophe de Fukushima pour que des experts découvrent
que les études faites par les exploitants n'étaient pas suffisantes,
que les autorités les avaient acceptées sans contre-expertise et qu'il
fallait peut-être réétudier les failles sous de nombreuses centrales
nucléaires.
Devant la crainte de voir de nombreuses centrales arrêtées, la NISA
veut donc changer à nouveau les règles et autoriser les centrales à
fonctionner sur certaines failles actives, si l'exploitant peut
démontrer que les bâtiments peuvent supporter la secousse. La NISA veut
classer les failles en 3 catégories : les failles actives qui peuvent
provoquer des séismes, les failles secondaires qui sont connectées à
des failles actives et les failles réputées plus faibles que les deux
autres. Dans le dernier cas seulement, si l'accélération du sol lors
des secousses peut être supportée par les bâtiments, la NISA envisage
de permettre l'exploitation de la centrale. Personne ne sait comment
elle compte faire cette estimation.
La NISA ne devrait plus exister dans quelques semaines pour être
remplacée par une nouvelle autorité de sûreté. Vouloir ainsi changer
les règles à la dernière minute pour sauver quelques centrales, c'est
vraiment du n'importe quoi.
Vendredi 31 août, les manifestations du vendredi continuent.
Moins de 3 000 participants selon la police...
Septembre 2012
[afficher/cacher]
Samedi 1er septembre, le
parlement n'a pas encore accepté la nomination des 5 sages
de la nouvelle autorité de sûreté et la situtation semble bloquée. Il
est peut probable qu'un vote ait lieu avant la fin de la session
parlementaire, le 8 septembre. En effet, certains membres du parti au
pouvoir s'opposent à la nomination du président qui a présidé la
Commission à l'Energie Atomique par le passé. Et l'opposition boycott
les délibérations après la motion de censure adoptée par la chambre
haute où elle est majoritaire. Comme elle n'est pas contraignante, le
gouvernement a passé outre et l'opposition boude.
Le gouvernement a jusqu'au 26 septembre pour nommer les membres de la
nouvelle autorité de sûreté nucléaire. Il peut se passer du vote de
l'assemblée si nécessaire.
Lundi 3 septembre, après tous
ces débats et consultations, le gouvernement pourrait
choisir l'option... 15% de nucléaire à l'horizon 2030. L'option qui
avait sa préférence dès le début, mais pas des personnes consultées qui
préfèrent l'option 0%. Alors que des échéances électorales approches,
le parti au pouvoir espère cependant y rester. Il va donc proposer une
vague promesse de quitter complètement le nucléaire après 2030. La
décision est attendue pour la fin du mois. Elle devrait confirmer la
volonté d'arrêter les réacteurs de plus de 40 ans d'âge et discuter du
problème du devenir des combustibles usés qui ne seront pas retraités.
Le surgénérateur Monju pourrait être abandonné et le retraitement
réduit.
Un groupe d'experts mis en place par les autorités régionales de
Fukui a conclu que les centrales de Takahama et Tsuruga pourraient être
partiellement inondées en cas de tsunami. Mais les exploitants se
veulent rassurants : aucune partie vitale en terme de sûreté ne sera
inondée promettent-ils.
Mardi 4 septembre, le parti au
pouvoir a finalement décidé de reporter à 2015 sa
décision sur la contribution du nucléaire à l'horizon 2030. Le parti a
proposé 3 autres principes :
- arrêter les centrales de plus de 40 ans ;
- ne pas redémarrer les centrales jugées inaptes par la nouvelle
autorité de sûreté (on se demande comment il aurait pu proposer
l'inverse...) ;
- de ne pas construire de nouvelle centrale.
Ces règles conduisent à une sortie complète de la production
d'électricité nucléaire au début des années 2050.
Il n'a pas tranché sur le retraitement : mais si cette option est
abandonnée, la province d'Aomori, qui entrepose provisoirement une
partie du combustible usé n'en voudra plus et il faudra le renvoyer
vers les centrales dont les capacités d'entreposage seront dépassées.
Il faudra alors fermer les centrales dont les piscines sont pleines.
Mais ce débat reste théorique car
l'usine de retraitement ne fonctionne pas et personne ne sait si elle
pourra fonctionner un jour.
Les compagnies d'électricité font donc un lobbying intense auprès du
parti au pouvoir pour tenter de sauver l'énergie nucléaire.
Le ministre de l'économie a, quant à lui, annoncé qu'il fallait 150 000
milliards de yens (1 500 milliards d'euros) d'investissement dans les
économies d'énergie et les énergies renouvelables pour sortir du
nucléaire d'ici 2030. Il n'a pas donné l'investissement nécessaire pour
remettre aux normes de sûreté les centrales nucléaires.
Mercredi 5 septembre, le
premier ministre devrait nommer les 5 membres de la nouvelle
autorité de sûreté sans l'accord du parlement. Il a le droit de le
faire si le parlement n'est pas en session. Mais cette nomination devra
être néanmoins approuvée a posteriori à la mi-automne. Certains élus du
parti au pouvoir refusent la nomination du nouveau président jugé trop
proche du 'village nucléaire'.
Jeudi 6 septembre, 19ième report du redémarrage de l'usine de
retraitement de Rokkashô-mura, pour un an cette fois-ci.
Après de longues discussions, batailles, etc, il semblerait que le
parti démocratique du Japon, actuellement au
pouvoir, est prêt à défendre une société sans nucléaire d'ici 2030 dans
son programme électoral. Cela fait grincer des
dents tous ceux qui en dépendent financièrement. C'est le cas en
particulier des maires des villes qui reçoivent les subsides des
centrales nucléaires et des autorités régionales de la province
d'Aomori qui accueille une partie des combustibles usés en vue d'en
extraire le plutonium, si l'usine de retraitement arrive à démarrer un
jour. Elle accueille aussi les déchets vitrifiés issus du retraitement
en France et en Grande-Bretagne. Le reste, qui représente la plus
grosse partie, blanchi par la vertue du retraitement, n'est plus
considéré comme déchet, mais comme 'matière valorisable' et reste en
Europe, même si elle n'est pas valorisée.
Les compagnies d'électricité sont bien décidées à intensifier leur
lobbying pour redémarrer leurs centrales nucléaires et maintenir ce
qu'elles appellent le recyclage. Voir par exemple le
communiqué Japan Nuclear Fuel ou celui de la
fédération des compagnies d'électricité.
Aveux inhabituels du chef de la défense japonaise Satoshi Morimoto :
il considère les centrales nucléaires comme un instrument de dissuasion
car les pays voisins pensent que le Japon peut produire rapidement des
armes nucléaires en cas de besoin. Ces propos auraient été tenus le 25
janvier dernier lors d'un colloque organisé par un organisme lié à la
compagnie d'électricité de Hokkaïdô. Et de soutenir l'option 25% de
d'électricité nucléaire à l'horizon 2030. C'était avant qu'il ait le
poste...
Le gouvernement envisage d'allouer 1 milliard de yen (10 millions
d'euros) à la nouvelle autorité de sûreté afin qu'elle puisse évaluer
elle-même les failles sous les centrales nucléaires. C'est nouveau :
jusqu'à maintenant, seules les compagnies d'électricité faisaient les
études et la NISA entérinait.
Vendredi 7 septembre, le
gouvernement a levé ses objectifs d'économie d'électricité
pour les zones couvertes par 3 compagnies d'électricité dans l'Ouest du
pays : celles du Kansaï, de Kyûshû et de Shikoku. Ces objectifs avaient
déjà été levés dans les zones couvertes par les compagnies
d'électricité de Hokuriku, Chubu et Chûgoku.
Si l'on compare la demande en électricité avec l'année 2010 pour des
jours où la température était similaire, la demande a baissé de 11%
lors des pics de consommation dans le Kansaï, ce qui est mieux que
l'objectif de 10%. C'est 9,5% à Kyûshû et 8,6% à Shikoku alors que les
objectifs étaient de 10 et 5% respectivement. Dans les régions de
Chubu, Hokuriku et Chûgoku, la baisse a été de 5 à 6% pour un objectif
de 5%.
Dans la région couverte par KEPCo, les capacités de production
dépassaient de 11,8% la demande en électricité le 3 août, quand la
demande a été très forte. Sans les deux réacteurs d'Ôï, elle n'aurait
été que de 2,7% plus forte, ce qui est moins que la limite de sécurité
de 3%. Mais KEPCo aurait pu acheter de l'électricité à d'autres
compagnies ou appeller à faire plus attention. Il y avait un excédent
de 9 GWh dans l'Ouest du Japon au même moment. Le pic de consommation
était
à 26,8 GWh et les réacteurs d'Ôï ont fourni 2,4 GWh. En conclusion, la
région aurait pu passer l'été sans nucléaire...
A Hokkaïdô, le gouvernement va demander à la population de réduire sa
consommation d'électricité de 7% entre 17 et 20h à partir du 14
septembre.
Dans une interview donnée à l'agence AP et reprise par la presse, le
président de TEPCo a dit que la compagnie n'avait pas les moyens
financiers pour investir dans les énergies renouvelables et compte donc
continuer à exploiter ses réacteurs nucléaires. Obtenir l'accord des
pouvoirs locaux sera difficile, reconnaît-il.
Le conseil municipal de Rokkashô-mura a décidé, à l'unanimité, de ne
plus accepter de combustible usé et de renvoyer celui qui est déjà là
si le gouvernement abandonne son projet de démarrer un jour l'usine
d'extraction de plutonium, appelée usine de retraitement.
Le gouverneur de la province d'Aomori est en phase avec cette position,
conformément à l'accord signé avec l'exploitant de l'usine.
Lundi 10 septembre, malgré la
décision du parti au pouvoir de mettre la fin du nucléaire
dans son programme électorale, le gouvernement n'annoncera pas sa
politique énergétique comme prévu. Il est tiraillé entre les électeurs
et l'industrie et n'arrive pas à prendre une décision claire.
Mardi 11 septembre, TEPCo a
mis en place un comité d'experts extérieurs pour se réformer
afin de continuer à exploiter du nucléaire. Etrange, car son rapport
d'enquête prétendait qu'elle n'avait rien à se reprocher... Le
communiqué de presse en anglais est ici. Une
vidéo présente la profession de foi des trois
membres de ce comité.
La nouvelle autorité de sûreté nucléaire sera lancée le 19 septembre
prochain.
Mercredi 12 septembre, le
Maïnichi croit
savoir que le gouvernement va finalement opter pour l'option zéro
nucléaire en 2030, tout en conservant l'extraction du plutonium des
combustibles usés, ce qui est communément appelé retraitement. Une
telle décision est complètement inconpréhensible. Pourquoi extraire le
plutonium s'il n'y a pas réacteur pour le consommer ? Pour satisfaire
les autorités locales d'Aomori et Rokkashô, qui avaient menacé de
renvoyer tous les combustibles usés entreposés vers les centrales
d'origine. Il y en a actuellement 2 919 tonnes en train de refroidir
dans les piscines de Rokkashô. Cela aurait eu pour effet de saturer
certaines piscines, rendant impossible le démarrage des réacteurs. La
municipalité de Rokkashô a aussi menacé de ne pas accepter les déchets
nucléaire actuellement entreprosés en France et Grande-Bretagne. La
province d'Aomori a reçu 233,4 milliards de yens (2,3 milliards
d'euros) en 2011 en en lien avec les installations nucléaires qu'elle
héberge.
Quand
le gouvernement parle de "poursuite de la politique de retraitement",
c'est assez virtuel pour le moment, puisque l'usine, dont la
construction a commencé il y a presque 20 ans, n'a jamais pu fonctionne
à cause de problèmes techniques.
Mais c'est la partie la plus proliférante du programme nucléaire
japonais. La maintenir est donc lourd de sens. Le gouvernement n'a même
pas essayé de discuter avec les autorités locales, comme il l'a fait
pour le redémarrage des réacteurs d'Ôï, pour tenter d'arriver à un
compromis. Il a immédiatement cédé à un chantage qui l'arrange bien...
Avoir toute la technologie pour accéder à la bombe nucléaire reste donc
un enjeu majeur, presque jamais exprimé, dans ce dossier.
Quant au surgénérateur Monju, le gouvernement veut le transformer en
réacteur de recherche. Il faudrait déjà qu'il arrive à fonctionner et
être sûr qu'il n'est pas sur une faille active. Comme pour Superphénix,
qui s'est révélé inutile comme réacteur de recherche, tout comme
réacteur de production d'électricité...
Jeudi 13 septembre, le
gouverneur de la province de Fukui, la région la plus
nucléarisée du Japon, n'est pas content de la décision gouvernementale
d'arrêter le nucléaire à l'horizon 2030.
Les compagnies d'électricité du Kansaï et de Kyûshû envisagent
d'augementer leur tarifs d'électricité pour compenser l'arrêt de
réacteurs nucléaires.
Vendredi 14 septembre, c'est officiel, le gouvernement veut
arrêter le nucléaire d'ici
2030. Mais le gouvernement risque de changer après
les élections. Si cette décision n'est pas inscrite dans la loi, elle
ne fera pas long feu.
En 2008-2009, la NISA n'a pas étudié la faille sous la centrale de
Shika, dans la province d'Ishikawa, car elle n'avait pas de document...
C'est ce qui ressort d'un audit interne. Elle aurait pu le faire quand
elle a évalué la résistance aux séismes des bâtiments, après que le
gouvernement ait introduit de nouvelles normes en 2006.
Samedi 15 septembre, en
présentant une politique nucléaire incohérente, le
gouvernement n'a convaincu et séduit personne : il est critiqué de tous
les côtés. Une partie du patronat menace de délocaliser ses usines. Les
opposants au nucléaire, devenus majoritaires, ne sont pas convaincus.
Cela apparaît plus comme une annonce pour marquer les
esprits avant les élections. Nous l'avons déjà dit, garder le
retraitement n'a déjà pas beaucoup de sens avec un parc de réacteurs en
fonctionnement :
en France moins
de 4% de ce qui sort des centrales est recyclé. Cela n'a plus aucun
sens s'il n'y a pas de réacteurs nucléaires en fonctionnement, si ce
n'est pour la dimension militaire.
Et si le Japon veut vraiment se passer du nucléaire à moyen terme, il
lui faut une politique ambitieuse d'économies d'energie et de
développement des énergies renouvelables, avec un ministère dédié. Rien
de tel pour le moment.
Pour couronner le tout, le ministre de l'industrie a annoncé que le
gouvernement allait donner son feu vert à la reprise des travaux de
construction de trois réacteurs nucléaires. Les travaux avaient été
stoppés par la catastrophe de 2011. Comment croire qu'il vise une
sortie du nucléaire en 2030 ? Quarante ans de fonctionnement conduisent
aux années 2050...
Un de ces trois réacteurs, situé à Higashidôri, appartient à TEPCo,
mais la compagnie n'a pas avoir assez de fonds pour
investir dans la construction d'un nouveau réacteur.
Outre la contradiction flagrante avec les annonces de la veille, le
gouvernement ne prend même pas le temps de prendre en compte les leçons
de l'accident en cours de déroulement. Il n'y a aucune modification à
prévoir sur les réacteurs en construction ? Un moratoire aurait été
bienvenu.
Les trois réacteurs dont la construction a été suspendue sont :
- le réacteur n°3 de la centrale de Shimané, situé à Matsué, capitale
de la province de Shimané Prefecture, qui appartient à Chugoku Electric
Power Co.. Il est terminé à 93,6%.
- un réacteur à la centrale d'Ôma, dans la ville du même nom, dans la
province d'Aomori, qui appartient à Electric Power Development Co.. Il
est avancé à 37,6%.
- et le réacteur n°1 de Higashidôri dans la ville du même nom, dans la
province d'Aomori, qui appartient à Tokyo Electric Power Co.. Il est
avancé à 9,7%.
On ne sait pas non plus ce que compte faire le gouvernement à court
terme. Va-t-il autoriser le redémarrage de la centrale de Hamaoka
arrêtée en mai 2011 par le premier ministre car particulièrement
dangereuse ? Combien de réacteurs veut-il encore redémarrer sachant
qu'il n'en a pas besoin pour garantir l'approvisionnement électrique du
pays ?
Lundi 17 septembre, un sondage du quotidien
Maïnichi montre que 60% des Japonais soutiennent
la décision de sortir du nucléaire à l'horizon 2030.
Mardi 18 septembre, pour le
directeur de l'AIEA, le nucléaire est promis à un bel avenir.
A lire dans le texte :
"When I visit Member States, I always try to see IAEA projects in
action. The people I meet - scientists and scholars, farmers and
fishermen - express great appreciation for the work of the Agency. It
is touching to see how much impact our work can have on individual
lives. When I see the distinctive blue IAEA logo at the project sites,
I feel as if I am among family. [...] Nuclear power remains the best
known peaceful application of nuclear energy. [...] Eighteen months
after the accident, it is clear that nuclear energy will remain an
important option for many countries. Our latest projections show a
steady rise in the number of nuclear power plants in the world in the
next 20 years."
On se croirait dans une dictature qui s'extasie devant l'amour du
peuple envers ses dirigeants et les chiffres truqués qui montrent le
dépassement des plans quinquennaux...
Bref, il y a du soucis à se faire pour la sûreté nucléaire et
prolifération. Et dire que c'est l'AIEA que le gouvernement japonais
est allé chercher pour donner une caution à l'évaluation de ces
stress-tests...
Le ministre des sciences et technologies a affirmé que rien n'était
changé pour le surgénérateur Monju. Le gouvernement espère toujours
pouvoir le redémarrer. Il est arrêté depuis 1995, suite à une fuite de
sodium. Mais sa remise en route avait débuté avant la catastrophe de
Fukushima. Et le ministre d'expliquer que l'annonce de s'en servir pour
transmuter les déchets n'avait rien de sérieux. Il n'y a pas grand
chose à attendre de cette technologie encore plus dangereuse que celle
des réacteurs classiques. Le sodium, qui sert de liquide de
refroidissement, s'enflamme à l'air et explose dans l'eau. On n'ose pas
imaginer un surgénérateur à Fukushima, avec une vague de tsunami de 15
m !
Finalement, le Japon annonce vouloir arrêter la production
d'électricité nucléaire en 2030 mais garde partie la plus proliférante
de son industrie.
Mercredi 19 septembre, le gouverneur de Shizuoka a reçu
favorablement la pétition de demande
de référendum sur l'avenir de la centrale de Hamaoka. Il a soumis cette
demande à l'assemblée régionale dominée par la droite conservatrice
(Parti Libéral Démocrate) qui pourrait bien voter contre le 11 octobre.
Le gouvernement japonais est bien décidé à ne pas redémarrer
les réacteurs qui ont plus de 40 ans : sont concernés le réacteur n°1
de la centrale de Tsuruga, exploitée par Japan Atomic Power Co depuis
1970 et les réacteurs 2 et 3 de celle de Mihama, exploitée par KEPCo
depuis 1970 et 1972 respectivement. Ils sont tous situés dans la
province de Fukui, le Ginza (ou Champs Elysée) du nucléaire. L'annonce
a été faite par le chef de cabinet du gouvernement.
La décision finale reviendra à la nouvelle autorité de sûreté.
En revanche, sa promesse de sortir du nucléaire en 2030 est de plus en
plus floue : dans la nouvelle version discutée ce jour, le gouvernement
va "mettre en pratique cette strétégie de façon flexible, en la
vérifiant et la réévaluant constamment". Ce genre de précaution
n'existe pas pour la décision inverse de développer et exploiter le
nucléaire. Cela a suffit pour rassurer les milieux économiques qui
défendaient la poursuite de l'exploitation des réacteurs nucléaires.
TEPCo comptait redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa en avril
2013 pour renouer avec les bénéfices. Mais elle est pessimiste et va
encore couper dans ses coûts pour essayer de redevenir bénéficiaire
sans la centrale nucléaire.
La NISA (Nuclear and Industrial Safety Agency) et la NSC
(Nuclear Safety Commission) sont mortes, vive la nouvelle autorité de
sûreté
nucléaire : la NRA pour Nuclear Regulation Authority ! Le gouvernement
compte beaucoup sur elle pour redonner
confiance à la population et redémarrer au plus vite les réacteurs
nucléaires. Espérons surtout, qu'elle soit plus efficace que le système
de contrôle précédent. Mais la plupart de ses employés viennent de la
NISA : plus de 300 sur 480 au total. En particulier, des anciens de la
NISA ont toujours la main mise sur le secrétariat qui risque de garder
la même structure bureaucratique et inefficace.
Jeudi 20 septembre, la nouvelle autorité de sûreté nucléaire,
la NRA, veut revoir son
référentiel de sûreté avant d'examiner les demandes de redémarrage.
Cela va prendre du temps, mais la seule révision du référentiel de
sûreté doit être achevée d'ici 10 mois selon la loi. En attendant, il
ne devrait
pas y avoir de redémarrage, selon le président de la NRA. A Hokkaïdô,
où il fait très froid en hiver, la situation risque d'être tendue, si
l'on en croit l'exploitant.
La première phase des stress-tests de 30 réacteurs a déjà été soumise à
la NISA avant son remplacement par la NRA.
Samedi 22 septembre, Chubu
Electric Power Co., qui exploite la centrale de Hamaoka,
prétend que la digue de 18 m de haut qu'elle a construite permet de
protéger la centrale face à une vague de tsunami qui peut faire jusqu'à
23 m de haut. La digue tiendra et les portes étanches installées
protègeront la centrale. Ce sont les arguments utilisés lors du procès
en cours suite à la plainte déposée par de nombreuses personnes pour
demander l'arrêt définitif de la centrale. Mais un séisme peut
fragiliser la digue et endommager les portes avant l'arrivée du
tsunami.
Et la défunte Nuclear Safety Commission avait exigé, suite à la
catastrophe de Fukushima, que l'eau d'un tsunami ne puisse pas
atteindre la centrale. La compagnie n'a pas encore décidé comment elle
allait répondre à cette exigence.
Dans une interview au quotidien
Asahi,
le président de la nouvelle Nuclear Regulation Authority (NRA), a dit
qu'il n'exigerait pas l'arrêt des réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ôï
redémarrés cet été. Malgré l'incertitude qui demeure sur la faille qui
passe sous cette centrale. Elle sera réévaluée par la NRA qui
n'hésitera pas à exiger l'arrêt si nécessaire (comment pourrait-il dire
l'inverse ?).
En ce qui concerne le redémarrage des autres réacteurs, ce sera
difficile, selon lui, sans avoir revu les mesures d'urgence de
protection des populations en cas d'accident. C'est de la
responsabilité des autorités locales et du gouvernement, pas de la NRA.
Et de conclure que la technologie nucléaire est promise à un bel
avenir...
Mardi 25 septembre, le
président de la NRA (la nouvelle autorité de sûreté) a déclaré
qu'il ne prendrait pas en compte les stress-tests commandés par la
défunte autorité car il va définir de nouveaux critères de sûreté.
Mercredi 26 septembre, le
gouvernement compte demander aux compagnies d'électricité
de retirer 'spontanément' leur projet de nouveaux réacteurs nucléaires
dont les travaux n'ont pas commencer. Il y a 9 projets dans les
cartons. Reste le problème des réacteurs pour lesquels les travaux sont
sur le point de commencer. Le gouvernement n'a pas clarifié leur statut.
Une
étude espagnole (en accès payant, mais rapportée
par
Futura sciences), recense 23 centrales sur la
planète, avec un total de 74 réacteurs, situées en zones exposées aux
tsunamis.
Jeudi 27 septembre, le président de la NRA a promis le nouveau
référentiel de sûreté pour
mars 2013. Les grandes lignes devraient connues avant la fin 2012. Pour
certains réacteurs, la mise aux nouvelles normes pourrait prendre des
années. En revanche, pour Ôï, redémarré cet été, il ne va imposer son
arrêt pendant ce temps. Cette centrale va donc continuer à fonctionner
avec des standards provisoires partiellement satisfaits.
Vendredi 28 septembre, J-Power espère reprendre avant la fin de
l'année les travaux
de son réacteur nucléaire en construction à Ôma dans la province
d'Aomori. Le maire d'Ôma soutient toujours le projet et attend les
retombées financières. Les autres municipalités de la région n'y sont
pas favorables. La ville de Hakodaté, située sur l'île de Hokkaïdô, à
une vingtaine de kilomètres de cette centrale, a clairement demandé au
gouvernement l'abandon du projet. De nombreux habitants de cette ville
ont porté l'affaire devant la justice. La ville pourrait suivre.
Le ministre de l'industrie a déclaré que le gouvernement n'allait
plus s'impliquer dans le redémarrage des réacteurs nucléaires. Si la
NRA donne son feu vert, ce sera aux compagnies d'électricité d'aller
convaincre les autorités locales.
Octobre 2012
[afficher/cacher]
Lundi 1er octobre, le premier
ministre Noda a procédé à un remaniement ministériel et le
nouveau cabinet laisse penser que la promesse d'arrêter du nucléaire ne
sera pas tenue.
Le PDG d'Electric Power Development Co est venu annoncer la reprise
des travaux de construction de sa centrale d'Ôma dans la province
d'Aomori. La mairie d'Ôma est contente, pas celle de Hakodaté. Il
s'agit d'un réacteur à eau bouillante conçu pour consommer du MOx
dont les travaux de construction sont avancés à 37,6% environ, mais à
l'arrêt depuis le 11 mars 2011. Le réacteur est très sûr, a expliqué
l'exploitant. Cela n'a pas convaincu Hakodaté qui se plaint que le
retour d'expérience de l'accident de Fukushima ne soit pas pris en
compte. Il y a 90 000 personnes dans un rayon de 50 km qui vivent dans
la province d'Aomori et 370 000 à Hokkaïdô. Et ces 370 000 n'ont pas
leur mot à dire.
Le communiqué de la compagnie est
ici en anglais.
Mardi 2 octobre, l'ancienne autorité de sûreté nucléaire avait
une bibliothèque avec 40
000 documents en libre accès. Cette librairie est fermée et la nouvelle
autorité n'a pas encore pris de décision quant à sa réouverture.
Le maire de Hakodaté, à Hokkaïdô, a annoncé vouloir porter le
redémarrage des travaux de construction de la centrale d'Ôma devant la
justice. Il a le soutien des municipalités voisines. La centrale n'est
qu'à 23 km de sa ville.
Mercredi 3 octobre, la NRA a
présenté les grandes lignes des mesures à prendre en cas d'accident
nucléaire grave :
- elle compte porter la distance maximale entre la centrale et le
centre de crise à 30 km, contre 20 km actuellement ; elle compte aussi
les interdire dans un rayon de 5 km. 5 des 16 centres de crise actuels
sont à moins de 5 km de la centrale... Les habitants vivant dans un
rayon de 5 km devront évacuer si un accident est anticipé.
- les zones de préparation à l'évacuation vont aussi être étendues à
30 km contre 10 km actuellement. Le nombre de communes concernées va
donc passer de 45 dans 15 provinces à 135 dans 21 provinces. Les
communes devront présenter leur plan d'évacuation d'ici mars 2013.
-
la distribution des pastilles d'iode doit être effectuée en avance dans
un rayon de 50 km. Les mesures de confinement pourraient aussi
ordonnées dans ce même rayon.
- les hôpitaux devront aussi préparer des plans d'évacuation.
Les
nouvelles directives devraient être finalisées avant la fin du mois. Il
faudra notamment fixer les limites d'évacuation en terme de dose, qui
sont actuellement très controversées.
Plus de la moitié des grands journaux japonais ont appelé à l'arrêt
du nucléaire. Selon une étude menée par Ken Fujimori, professeur de
journalisme à l'université Senshû de Tôkyô, sur 46 journaux, 28, ou
61%, ont écrit des éditoriaux en faveur de l'arrêt du nucléaire. C'est
le cas en particulier des Asahi, Maïnichi et Tôkyô shimbun. Les
éditoriaux de 14 journaux, ou 30%, ont appelé à une diminution
graduelle de la part du nucléaire. Deux journaux, le Yomiuri et le
Sankei, soutiennent l'énergie nucléaire. Enfin, certains n'ont pas pris
position.
Selon l'
Asahi,
certains journaux, lors d'un colloque à Okinawa, ont aussi reconnu que
le couverture de la catastrophe pouvait être améliorée : leur seule
source d'information était le gouvernement et TEPCo dans les premiers
jours, comme lors de la couverture d'une guerre, ce qui n'est pas sans
rappeler la situation du Japon pendant la seconde guerre mondiale.
Ils ont aussi noté une grande différence entre la couverture des 3
catastrophes par la presse locale et la presse nationale. Le Fukushima
Minpo a publié les opinions des habitants locaux et fait ressortir les
problèmes auxquels ils faisaient face pour que les autorités en
tiennent compte. En revanche, en ce qui concerne les risques liés à la
radioactivité, le journal a essayé de ne pas ajouter à l'engoisse.
Enfin, certains journaux ont reconnu n'avoir pas été assez critiques
vis à vis de l'industrie nucléaire dans le passé, croyant à la fable
que l'accident n'était pas possible.
Jeudi 4 octobre, après le
redémarrage aux forceps de deux réacteurs cet été, le
gouvernement, qui a mis tout son poids dans la balance, l'a ensuite
payé en y perdant beaucoup en popularité. Le parti au pouvoir n'est pas
sûr de remporter les prochaines élections. Les mouvements de
protestation massifs ont fait des émules : c'est l'introduction
d'hélicoptères Osprey par l'armée américaine qui est rejetée maintenant
suite à plusieurs accidents.
En conséquences, le gouvernement ne veut plus décider pour les autres
réacteurs. Il se défausse sur la nouvelle autorité de sûreté. Laquelle
a rétorqué qu'il ne lui appartenait de décider où non du redémarrage
d'un réacteur. Toute ce qu'elle doit faire, est purement technique :
vérifier que le réacteur satisfait bien aux nouveaux critères de
sûreté. C'est une condition nécessaire mais pas suffisante. Qui va donc
décider ? Les compagnies toutes seules, ce qui signifie la fin de toute
politique énergétique. Les compagnies, quant à elles, reprennent espoir
et maintiennent leurs projets de construction de nouvelles centrales.
Il y aurait une faille active sous le réacteur en construction de la
centrale d'Ôma, dans la province d'Aomori. La compagnie dément, bien
entendu, car cela signifirait la fin de son projet. Mais des
sismologues réputés ont pointé du doigt une gigantesque faille active
au large, qui pourrait provoquer un mouvement de la faille sous la
centrale. La NRA pourrait mener des inspections à ce propos.
Vendredi 5 octobre, la
précédente autorité de sûreté, la NISA, avait décidé de réévaluer
la sismicité des failles qui passent sous 6 centrales du pays. La
nouvelle autorité, la NRA, a décidé de réévaluer les failles de toutes
les centrales du pays au regard des nouveaux critères de sûreté, même
de celles en construction. La première sur la liste, est la centrale
d'Ôï qui a deux réacteurs en fonctionnement. Elle faisait déjà partie
de la précédente sélection de la NISA.
Conformément à son engagement durant la campagne électorale, le
gouverneur conservateur de Yamaguchi a rejeté la demande d'extension de
3 ans du permis d'aménagement pour le projet de construction des deux
réacteurs de la centrale de Kaminoseki. Le projet de Chugoku Electric a
donc peu de chance de voir le jour. Une telle décision pourrait
influencer les autres provinces qui font face à des choix similaires. A
Tôkyô, le ministre de l'industrie a aussi affirmé son opposition au
projet, mais cela ne restent que des paroles. Certains comptent sur
l'arrivée au pouvoir de l'opposition, plus favorable au nucléaire. La
compagnie d'électricité continue son lobbying en faveur du projet et a
soumis son projet à la nouvelle autorité de sûreté nucléaire. Elle a
aussi déjà entièrement financé les réparations de la route côtière à la
place de la mairie. Il y en avait pour des dizaines de millions de yens
(des centaines de milliers d'euros). Le budget de la ville pour 2012
est de 4,2 milliards de yens (42 millions d'euros), dont 1,3 doivent
venir de l'industrie nucléaire. La situation financière est donc
difficile.
Les opposants locaux sur l'île d'Iwaishima, qui manifestent toutes les
semaines depuis 30 ans, ne désarment pas. Le 1er octobre dernier,
c'était leur 1 145ième manifestation.
Mercredi 10 octobre, les travaux de la centrale nucléaire d'Ôma
dans la province d'Aomori
ont repris : une pièce en acier de 200 tonnes de l'enceinte de
confinement a été mise en place ce jour. Elle attendait à l'extérieur
depuis le 11 mars 2011, mais elle n'est pas rouillée, selon la
compagnie.
Shinzo Abe, qui a pris la tête de l'opposition, a promis de revoir la
politique énergétique du pays et de ne pas sortir du nucléaire s'il
revenait au pouvoir.
Jeudi 11 octobre, l'assemblée
de la province de Shizuoka a rejeté la demande de
référendum sur l'avenir de la centrale de Hamaoka, malgré 160 000
signatures. Le gouverneur soutenait pourtant le référendum.
Le gouverneur de Hokkaïdô s'inquiète pour cet hiver. Y aura-t-il assez
d'électricité ? Va-t-on demander des efforts inutiles pour économiser
l'électricité ? Il aimerait des prévisions précises et réalistes.
Vendredi 12 octobre, le
gouvernement a fait les comptes : il ne devrait pas y avoir de
coupure d'électricité cet hiver, s'il n'y a pas de panne dans des
centrales électriques. A Hokkaïdô, où l'hiver est particulièrement
froid, la demande pourrait atteindre 5 630 mégawatts en février, alors
que les capacités de production garantissent 5 960 mégawatts. C'est
l'année 2010 qui sert de référence et la marge est de 5,8%.
Samedi 13 octobre, il n'y a eu
que 6 500 personnes à Tôkyô pour protester contre le
redémarrage des travaux de construction de la centrale d'Ôma.
Dans un éditorial, l'
Asahi
appelle à l'arrêt des deux réacteurs de la centrale d'Ôï,
officiellement redémarrés pour pouvoir passer le pic de demande de
l'été. Le Japon aurait pu passer l'été sans et la demande a baissé,
maintenant que les fortes chaleurs sont passées. Les incertitudes sur
la sûreté de ces réacteurs militent en faveur de leur arrêt immédiat.
Mardi 16 octobre, le maire de Hakodaté, sur l'île de Hokkaïdô,
est allé demander au
gouvernement de suspendre les travaux de construction de la centrale
d'Ôma dans la province d'Aomori. La réponse a été ambigüe, comme
toujours.
Mercredi 17 octobre, la NRA a sollicité le prof. Mitsuhisa
Watanabe pour faire partie du
groupe d'experts qui va inspecter les failles sismiques sous la
centrale d'Ôï en fonctionnement. C'est lui qui avait lancé la sonnette
d'alarme pour
cette centrale et d'autres. L'inspection aura lieu le 2 novembre.
D'autres centrales devraient suivre.
Vendredi 19 octobre, une
faille active de 14 km de long a été découverte à une
cinquantaine de kilomètres de la centrale en construction d'Ôma, dont
les travaux ont repris récemment.
Lundi 22 octobre, le 26 septembre dernier, la nouvelle autorité
de sûreté, la NRA, a
exclu le journal Akahata (Drapeau rouge, organe du parti communiste
japonais) de ses conférences de presse, sous prétexte que le journal
n'est pas objectif. Elle a finalement changé d'avis et le journal est
accepté depuis le 2 octobre.
Mercredi 24 octobre, la
nouvelle NRA a réévalué le périmètre de crise en supposant des rejets
radioactifs massifs. A Fukushima, par
chance, 80% des retombées sont allées vers la mer. Ce ne sera pas
toujours forcément le cas.
La NRA a étudié deux hypothèses : les mêmes rejets qu'à Fukushima ou
une fusion de tous les réacteurs de la centrale. Dans la deuxième
hypothèse, pour certaines
centrales, la dose reçue durant les 7 premiers jours pourrait dépasser
100 mSv à plus de 30 km, distance retenue actuellement comme la
nouvelle zone d'évacuation. A Kashiwazaki-Kariwa, cette dose, qui
entraîne l'évacuation, pourrait être relevée à 40 km de la centrale.
Trois autres centrales sont dans une situation similaire : Fukushima
daï-ni, Ôï et Hamaoka. Pour les 12 autres centrales, les points où la
dose pourrait dépasser 100 mSv les 7 premiers jours sont tous situés à
moins de 30 km. Ce critère de 100 mSv pour les 7 premiers jours est
celui fixé par l'AIEA pour enclencher une évacuation immédiate. Il
inclut l'irradiation externe et la contamination interne. L'étude
n'inclut pas 3% des distances les plus éloignées pour éliminer les
conditions météo les plus extrêmes de l'étude.
A Ôï,
le point le plus éloigné est à 32,2 km, dans la province de Kyôto.
Cette centrale serait aussi sévèrement exposée en cas de catastrophe à
la centrale de Takahama.
Les différences entre les sites s'expliquent par la météo et la rose
des vents. Les différences de topographie n'ont pas été prise en compte.
Avec l'hypothèse d'un rejet de même amplitude qu'à Fukushima, les
points avec une dose supérieure à 100 mSv pour les 7 premiers jours
sont tous compris dans un rayon de 30 km.
Ces calculs ne s'intéressent qu'aux mesures d'urgence, pas à la
contamination à long terme.
Les
données sont ici en japonais.
Kunihiko Shimazaki, vice-président de la nouvelle NRA et le seul
sismologue du conseil des 5 commissaires, veut revoir la définition de
"faille active". Actuellement, une faille est déclarée active si elle a
bougé ces 120 000 à 130 000 dernières années. Il veut remonter à 400
000 ans, pour prendre en compte les dernières évolutions de la
sismologie : une faille qui n'a pas bougé depuis 400 000 ans peut très
bien bouger dans le futur. Et comme il est interdit de construire une
centrale nucléaire sur une faille active, certaines devront être
arrêtées ou renforcées.
Jeudi 25 octobre, le
gouvernement a refait les calculs pour évaluer l'offre et la
demande en électricité cet hiver à Hokkaïdô, la région la plus froide
du Japon. Avec les centrales actuelles, la région devrait pouvoir
passer l'hiver. Mais en cas de panne sur une ou plusieurs centrale, la
situation risque d'être tendue et le gouvernement pourrait être amené à
demander 10% d'économie sur la consommation électrique.
En ce qui concerne l'été 2013, pas de problème, même si aucun nouveau
réacteur n'est redémarré et que les températures sont aussi élevées que
lors de l'été 2010.
Selon une enquête du
Maïnichi,
7 provinces sur les 21 qui ont un bout de territoire à moins de 30 km
d'une centrale nucléaire, ont assez de place dans des abris pour
accueillir les déplacés en cas de catastrophe nucléaire. 6 autres, en
ont partiellement.
16 provinces n'ont toujours pas de plan de distribution de l'iode. 12
comptent encourager les gens à partir avec leurs propres moyens de
locomotion. En cas de tsunami, il est recommandé de fuir à pied, ce qui
les exposera directement aux retombées radioactives en cas d'accidents
multiples.
Lundi 29 octobre, la NRA s'est
trompée dans ses simulations des retombées en cas
d'accident majeur sur 6 centrales nucléaires (Kashiwazaki-Kariwa
exploitée par TEPCO, Tôkaï No. 2 et Tsuruga, exploitées par Japan
Atomic Power Co., Shika exploitée par Hokuriku Electric Power Co.'s et
Genkaï et Sendaï, exploitées par Kyushu Electric Power Co.). C'est la
direction des vents qui a été revue, et parfois les distances
atteintes. Les
nouvelles cartes sont
ici en japonais. D'autres cartes, supposant les
mêmes rejets que lors de la catastrophe de Fukushima, sont
ici en japonais. Les
villes concernées avec les doses sont ici.
L'erreur serait due au fait que les roses des vents, les précipitations
et la météo, fournies par les exploitants, n'étaient pas codées de la
même façon pour toutes les centrales. Les directions des vents étaient
parfois numérotées dans le sens des aiguillles d'une montre, parfois
dans le sens inverse, et ne commençaient pas toujours par le Nord.
D'autres erreurs ont été découvertes lors de la conférence de presse
pour s'excuser des erreurs passées et montrer les nouveaux résultats...
Les premières simulations ont créé un émoi dans les municipalités qui
se
croyaient à l'abri car situées à plus de 30 km. Les villes d'Uonuma et
de Tokamachi, sous les vents de la première carte, s'étaient proposées
pour accueillir des réfugiés en cas de catastrophe nucléaire à
Kashiwazaki-Kariwa. Voilà qu'il leur faudra peut-être aussi évacuer.
Les agriculteurs, qui produisent un riz réputé, sont aussi inquiets.
KEPCo a rendu son rapport d'étape à propos de la faille sous sa
centrale d'Ôï : rien ne permet d'affirmer qu'elle est est active ou
qu'elle puisse être activée par une faille voisine. L'autorité de
sûreté va mener sa propre inspection le 2 novembre. Le rapport final de
KEPCo est prévu pour la fin de l'année.
Mardi 30 octobre, le
gouvernement envisage de demander aux habitants de Hokkaïdô de
baisser leur consommation d'électricité de 7% cet hiver par rapport aux
niveaux de 2010.
Mercredi 31 octobre, après la
correction des erreurs dans les prédictions des retombées
radioactives suite à une fusion des sept réacteurs de la centrale de
Kashiwazaki-Kariwa, Uonuma n'est plus la ville la plus éloignée qui
pourrait recevoir une dose de 100 mSv durant les sept premiers jours.
C'est Nagaoka maintenant, toujours à 40,2 km de la centrale. Résultat,
Uonuma, qui n'est plus dans la
zone, n'est pas rassurée pour autant car très proche de la limite et
Nagaoka est très inquiète.
La NRA a adopté de nouvelles directives en cas de catastrophe
nucléaire. Les municipalités qui sont à moins de 30 km doivent
soumettre un plan d'urgence avant mars prochain. Un manuel leur sera
fourni d'ici la fin novembre.
De
nombreuses questions posées par les autorités locales sont encore
sans réponse : à partir de quelle dose on évacue ? Comment le logiciel
SPEEDI de prédiction des retombées sera utilisé ? Jusqu'où des
comprimés d'iode pourront être distribués ? La NRA avait un moment
pensé distribuer les comprimés jusqu'à 50 km, mais y a renoncé pour le
moment, face à l'incompréhension des autorités locales. A Ôma, par
exemple, où les travaux de construction de la centrale ont repris
récemment, il n'y a qu'une seule route pour évacuer et il y a de la
neige en hiver. Suite au séisme du 11 mars, cette route était fermée et
Ôma et Kazamaura se sont retrouvées isolées.
A Ibaraki, il n'y a pas assez de bus pour évacuer tout le monde.
Novembre 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 1er novembre, Japan
Nuclear Fuel Ltd a organisé un
voyage de presse pour montrer le chantier de construction de son usine
de production de combustible MOx. Les travaux avaient commencé en
octobre 2010 et stoppés par les trois catastrophes de mars 2011. Le
taux d'avancement du chantier est de 3%. Alors que le Japon veut
officiellement arrêter tous ses réacteurs d'ici 40 ans, il n'y aura
plus de réacteur pour consommer le MOx. L'usine est donc complètement
inutile, mais l'industrie continue sa politique du fait accompli.
Le gouvernement a entériné la demande de baisser d'au moins 7% la
consommation d'électricité cet hiver à Hokkaïdô. La compagnie devrait
avoir un surplus de 5,8% mais n'est pas à l'abri d'une panne sur une
centrale électrique. La période court du 10 décembre au 8 mars. En cas
de graves tensions sur le réseau, le gouvernement compte demander aux
gros consommateurs de signer un contrat dans lequel il pourrait leur
être demandé de suspendre la production.
Vendredi 2 novembre, la NRA va
proposer un modèle de guide d'urgence pour les autorités
locales désemparées face au plan qu'elles doivent mettre en place. Elle
va aussi les aider. De nombreux élus locaux ont appelé à l'aide le
gouvernement. Il est aussi important que les plans soient réalistes et
puissent être réellement appliqués en cas d'urgence.
Les autorités régionales de Niigata et les municipalités se sont
mises d'accord sur les grandes lignes du plan d'évacuation d'urgence en
cas de catastrophe à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Les
municipalités dans un rayon de 30 km vont répondre à la requête
gouvernementale de se préparer à évacuer. Il a aussi été décidé que les
municipalités situées dans un rayon de 50 km doivent aussi se préparer
à pouvoir évacuer rapidement si nécessaire car les calculs indicatifs
de la NRA ont montré que les rejets pouvaient avoir un impact
significatif jusqu'à 40 km.
Les autorités comptent sur les véhicules privés pour évacuer les
populations.
Comme prévu, le groupe d'experts mis en place par la NRA est allé
inspecter la faille sous l'unique centrale nucléaire en fonctionnement
du pays, celle d'Ôï. Le groupe devrait se réunir dimanche 4 novembre
expertiser les résultats. D'autres études pourraient être commandées
si nécessaire.
La faille ne peut pas déclencher directement un séisme, mais pourrait
bouger en cas de séisme proche et couper la prise d'eau en mer qui sert
à refroidir les réacteurs. La NRA a affirmé être prête à demander
l'arrêt des réacteurs si la faille était menaçante.
C'est la première inspection sur site de la NRA. 5 autres sites
devraient suivre.
La NRA embauche pour les sites de Fukushima daï-ichi et daï-ni. Les
annonces sont
ici
en japonais.
Les 5 sages de la nouvelle autorité de sûreté n'ont toujours pas été
approuvés par le parlement. Le parlement est bloqué par l'opposition
qui veut la dissolution et de nouvelles élections, et cette nomination
ne fait l'unanimité, même chez les membres du parti au pouvoir. La
situation est donc bloquée. Le gouvernement s'est donc mis d'accord
pour enclencher la clause dérogatoire. Il ne peut pas se permettre de
maintenir les postes vacants.
Samedi 3 novembre, les experts
mandatés par la NRA pour inspecter la faille qui passe
sous la centrale d'Ôï sont divisés : pour Norio Shigematsu, du National
Institute of Advanced Industrial Science and Technology, il n'est pas
évident que les formations géologiques ont bougé, mais il ne peut pas
se faire d'opinion claire. Mais pour Mitsuhisa Watanabe, professeur de
géomorphologie à l'université de Tôkyô, il est évident qu'il y a eu un
mouvement, mais il ne peut pas dire à quand cela remonte. Deux autres
ont déclaré ne pas pouvoir se faire d'opinion avec les informations
actuelles.
Dimanche
4 novembre, 4 des 6 experts mandatés par la NRA pour établir un
nouveau
référentiel de sûreté ont reçu des fonds de l'industrie nucléaire lors
des 4 dernières années. Mais pour la NRA, qui a rendu publique cette
information, il n'y a pas de problème de déontologie. L'un des deux qui
n'a pas reçu de fonds de l'industrie nucléaire travaille pour la Japan
Atomic Energy Agency, l'équivalent du CEA.
Les 5 experts mandatés par la NRA pour osculter la faille qui passe
sous la seule centrale nucléaire en activité, celle d'Ôï, se sont
réunis. Ils s'ont d'accord pour dire qu'il y a des fissures qui signent
un mouvement dans une strate qui a 125 000 ans environ. Mais ils ne
peuvent pas conlure quant à l'origine de ce mouvement : une faille
active voisine ou un glissement de terrain ? Les uns penchent pour la
première explication, les autres se refusent à conclure si vite.
Mitsuhisa Watanabe est convaincu que la faille est active et qu'il faut
en tirer les conséquences qui s'imposent. En tout cas, il n'est pas
possible d'exclure que la faille ait été active comme le fait
l'exploitant.
La décision est donc reportée au mercredi 7 novembre. Des expertises
complémentaires pourraient être commandées.
L'enjeu est énorme : l'arrêt définitif ou non de cette centrale. La NRA
a exclu les experts nommés par la défunte NISA de cette expertise.
Selon le ministère de l'environnement, la consommation d'électricité
lors des deux premiers mois de l'année 2012 a baissé de 5% par rapport
à 2011. Les magasins surfent sur la vague d'économie d'énergie et
offrent de nombreux produits qui permettent d'avoir chaud en hiver.
Environ 35% des municipalités qui se sont retrouvées dans une zone où
il fallait trouver des abris pour accueillir des réfugiés en cas
d'accident nucléaire dans la centrale voisine située à moins de 30 km
doivent encore trouver des solutions, selon un recensement de l'agence
Kyodo. 90% d'entre elles doivent encore décider comment distribuer les
comprimés d'iode.
Mardi 6 novembre, la NRA s'est
encore plantée dans son estimation corrigée des
retombées d'un accident grave dans une centrale nucléaire japonaise. Ce
serait dû aux données transmises par la compagnie d'électricité de
Kyûshû qui a inversé les directions du vent. La Japan Nuclear Energy
Safety Organization, qui a fait les calculs, est aussi montré du doigt
pour ne pas avoir contrôlé les données transmises par les exploitants.
Une mauvaise habitude ?
Mercredi 7 novembre, le
parc de Hibiya à Tôkyô a été refusé aux organisateurs d'une
manifestation anti-nucléaire prévue pour ce dimanche 11 novembre. Les
organisateurs, qui organisaient les rassemblement tous les vendredis
devant la siège du premier ministre, ont annulé la manifestation dans
le parc mais maintiennent le rassemblement autour des ministères et du
parlement entre 15 et 19h. Ils espèrent attirer un million de personnes.
Après une deuxième réunion, les experts demeurent divisés sur la
question de la faille sous la centrale d'Ôï. Dans ce cas on applique le
principe de précaution... Des analyses complémentaires vont être
demandées à l'exploitant et une nouvelle visite sur site est prévue.
Vendredi 9 novembre, la Japan
Atomic Energy Agency (JAEA, équivalent du CEA français) n'en
démord pas, elle veut redémarrer le surgénérateur Monju, arrêté en 1995
suite à une fuite de sodium. Il y a peut-être des failles actives sous
ce prototype de centrale. La JAEA va donc commencer à étudier ces
failles à partir de mardi 13 novembre.
Le refroidissement se fait avec du sodium,
qui s'enflamme spontanément dans l'eau comme on peut le voir
ici ou encore
ici avec de grandes quantités. Que se serait-il
passé si Monju avait été installé à Fukushima ?
Lundi 12 novembre, l'
Asahi titre sur la "grosse manifestion" de la
veille devant les bâtiments gouvernementaux et le parlement, et annonce
que 7 000 personnes ont bravé la pluie. De son côté, le
Maïnichi annonce 100 000 manifestants. Comment
expliquer une telle différence ?
Les rassemblements du vendredi attirent de moins en moins de
manifestants et cette nouvelle démonstration de force était nécessaire
pour les organisateurs.
Mardi 13 novembre, la
NRA va retourner inspecter la faille sous la centrale d'Ôï en
trois endroits. Une nouvelle tranchée doit être creusée auparavant et
cela ne sera pas fini avant la fin de l'année. La tranchée va passer à
proximité du bâtiment réacteur et va couper des routes d'évacuation. Il
serait donc plus prudent d'arrêter la centrale avant d'entamer ces
travaux. Pour le moment, deux réacteurs continuent à tourner, même s'il
est possible qu'ils soient sur une faille active qui pourrait couper
l'arrivée d'eau en cas de séisme. Et cela pourrait durer car c'(est
l'exploitat, KEPCo, qui contrôle le calendrier des travaux.
La nouvelle NRA, qui s'est déjà ridiculisée en publiant des cartes
fausses car les données transmises par les exploitants n'avaient pas
été contrôlées, joue sa crédibilité dans cette affaire.
La prochaine centrale sur la liste est celle de Tsuruga.
Vendredi 16 novembre, KEPCo
prétend que si les deux réacteurs d'Ôï étaient arrêtés à cause
de la faille qui passe sous la centrale nucléaire, il y aurait un
risque de
pénurie d'électricité cet hiver. Elle avait déjà fait de coup cet été
et le Japon aurait pu passer la période des grosses chaleurs sans
nucléaire. A force d'hurler au loup, plus personne ne la croit...
Après de nombreuses tergiversations, le premier ministre a dissous
l'assemblée et des élections auront lieu le 16 décembre. Si
l'opposition reprend le pouvoir, elle pourrait relancer le nucléaire.
Ce sera un des thèmes du débat électoral.
Mercredi 21 novembre, la
centrale de
Hamaoka,
arrêtée en mai 2011 sur ordre du premier ministre, a connu d'autres
problèmes : une fuite dans le réacteur n°5 a provoqué l'intrusion de
centaines de m3 d'eau de mer. L'exploitant estime que 5 m3 ont pénétré
jusque dans le coeur du réacteur. Les dommages pourraient être
irréversibles suite à la découverte de rouille sur des composants clés
comme les barres de contrôle. La fuite a eu lieu lors de l'arrêt du
réacteur le 14 mai 2011.
Chubu Electric, l'exploitant, a commencé à nettoyer, mais une autre
fuite, sur le système de désalinisation cette fois-ci, a tout arrêté le
14 août 2011. Le réacteur n°5 est le plus récent de cette centrale avec
une mise sur le réseau en 2005.
Vendredi 23 novembre, vous
souvenez-vous des prédictions des retombées radioactives en cas
de fusion totale de tous les réacteurs d'une centrale faites par la
NRA, la nouvelle autorité de sûreté nucléaire ? Il y avait de
nombreuses erreurs. Puis la version corrigée avait encore des erreurs.
Et bien, ce n'est pas fini : de nouvelles erreurs ont été trouvées !
C'est Tôhoku Electric qui a relevé de nombreuses erreurs dans les
données météo qu'elle avait fournies pour ces centrales d'Onagawa et
Higashidôri et s'est excusée. La NRA pense que l'impact sur les
résultats sera très faible.
La façon dont les calculs ont été effectués pose aussi question : la
NRA a mandaté la Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) pour
faire les calculs. Mais celle-ci a sous-traité le projet (une maladie
dans le nucléaire) à un cabinet privé qui travaille habituellement pour
l'industrie, CSA Japon, pour 9,77 millions de yens. Officiellement par
manque de main d'oeuvre. Pourtant une seule personne aurait travaillé
sur ces calculs chez le sous-traitant, qui a rentré les données météo
fournies par l'industrie nucléaire dans un code de dispersion des
polluants créé par l'autorité de sûreté américaine. Ensuite, personne
n'a vérifié...
Lundi 26 novembre, TEPCo a annoncé
qu'aujourd'hui la demande en électricité pourrait
atteindre 95% de ses capacités de production en soirée et qu'il fallait
faire attention. Cette situation tendue est due au fait que sa centrale
thermique de Hirono est en panne suite à une fuite. TEPCo va acheter du
courant à ses voisins.
La gouverneuse de Shiga envisage de créer un nouveau parti pour que le
Japon arrête définitivement le nucléaire.
Mardi 27 novembre, avec
l'approche des élections (16 décembre), certains partis
politique se positionnent clairement vis à vis de l'avenir du
nucléaire, d'autres deviennent de plus en plus flou. C'est le cas du
parti du maire d'Ôsaka qui n'est plus opposé au nucléaire depuis qu'il
a rejoint la droite la plus conservatrice. De nombreux petits partis,
certains créés très récemment, réfléchissent à s'unir pour favoriser
l'arrêt du nucléaire.
Si la droite reprend le pouvoir, elle aura du mal à obtenir un soutien
populaire pour la relance du nucléaire qu'elle affiche.
Dans les lieux où le gouvernement veut installer un centre de stockage
des déchets radioactifs issus de la décontamination, le refus du projet
devient, localement, un enjeu électoral majeur. C'est le cas, en
particulier, à Yaïta (Tochigi) et Takahagi (Ibaraki).
Mercredi 28 novembre, la NRA
vient de rappeler à l'ordre TEPCo à propos de problèmes à
répétition sur sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Elle pense que ces
problèmes récurrents sont dus à un manque de culture de sûreté.
Samedi 1er décembre, après la
centrale d'Ôï, c'est au tour de celle de Tsuruga qui va voir
ses failles inspectées par la commission mise en place par la NRA.
L'exploitant, Japan Atomic Power Co., prétend que les deux failles qui
passent sous chacun des réacteurs ne sont pas actives. Les experts de
la NRA ont de sérieux doutes sur les recherches effectuées par
l'exploitant, comme s'il avait relié artificiellement les deux zones où
il a creusé pour observer les failles.
L'inspection aura lieu tout le week-end et une réunion est prévue le 10
décembre pour prendre une décision.
154 personnes ont demandé à la justice l'arrêt définitif des deux
réacteurs de la centrale d'Ôï car leur sûreté n'est pas garantie. 1 100
autres ont demandé la suspension des opérations.
Dimanche 2 décembre, le groupe
d'experts mandaté par la NRA pour osculter les failles sous
la centrale de Tsuruga pendant le week-end a tenu une conférence de
presse : ils ont constaté une déformation de la strate au-dessus de la
zone de fracturation qui passe sous le réacteur n°2. S'il est confirmé
que la zone est active, le réacteur ne redémarrera jamais. Lors de la
réunion du 10 décembre, l'exploitant sera auditionné.
Lundi 3 décembre, début de la
campagne hivernale d'économie d'énergie dans tout le
Japon, à l'exception d'Okinawa. A Hokkaïdô, il est demandé de réduire
de 7% sa consommation les jours ouvrables jusqu'au 8 mars 2013. Il n'y
a pas d'objectif chiffré pour les autres régions où la campagne va
durer jusqu'au 29 mars.
Jeudi 6 décembre, la NRA vient
de tancer la Japan Atomic Energy Agency car elle n'a pas
respecté les procédures de sûreté pour son prototype de surgénérateur
Monju. Elle a repoussé l'inspection de 10 000 pièces environ, dont
certaines sont importantes pour la sûreté. Pour 1 551 de ces pièces,
dont des détecteurs de neutron, l'inspection n'a pas été faite et
aucune date n'est fixée.
La NRA a laissé entendre qu'elle pourrait ne pas autoriser le
redémarrage des deux réacteurs de la centrale de Tsuruga, même si les
failles ne passent pas directement sous les réacteurs.
La NRA a sollicité 3 conseillers internationaux,
dont André-Claude Lacoste, l'ancien président de l'ASN française. Les
deux autres personnes sont Richard A. Meserve (USA) et Mike Weightman
(UK).
Vendredi 7 décembre, les
émissions de CO2 du Japon ont de augmenté de 3,9% lors de l'année
fiscale 2011 par rapport à l'année précédente.
La NRA, qui la nouvelle autorité de sûreté nucléaire japonaise, a mis
en place un comité qui va la contrôler et vérifier que les
recommandations des trois commissions d'enquête sont bien prise en
compte. Les présidents de ces trois commissions siègeront dans ce
comité de 15 personnes mis en place pour 3 ans, ainsi que le gouverneur
de Fukushima. Un premier rapport est attendu pour mars 2013.
La centrale de Shika dans la province d'Ishikawa est-elle aussi sur
une faille active ? Des documents officiels datant de 1987 mettent en
évidence une telle faille. Les travaux de construction de la centrale
ont pourtant commencé l'année suivante... A l'époque, la faile ne
devait avoir été active pendant les 50 000 dernières années. Les
critères ont été revus en 2006 et la faille ne doit pas avoir été
active pendant 130 000 ans. La faille est dans une couche géologique
qui date de 120 000 à 130 000 ans. C'est seulement maintenant, après
l'accident de Fukushima, que le problème est pris en compte...
L'exploitant, Hokuriku Electric, qui vient de remettre un rapport
d'étape sur cette faille, prétend que le cisaillement observé est dû à
l'érosion des marées et qu'il n'y a pas de problème. Le rapport final
est prévu pour juin 2013.
La NRA a proposé d'osculter les couches géologiques des 400 000
dernières années si l'on n'a pas assez de données.
Lundi 10 décembre, la campagne de réduction de 7% de la consommation d'électricité à
Hokkaïdô a débuté ce jour.
Comme prévu, les experts mandatés par la NRA se sont réunis
aujourd'hui pour faire le point sur la faille qui passe sous la
centrale de Tsuruga dans la province de Fukui sur la côte de la Mer du
Japon. La faille qui passe directement sous le réacteur n°2 est bien
considérée comme active et la NRA ne peut donc pas donner son feu pour
un redémarrage.
Le réacteur n°1, le plus vieux réacteur commercial du Japon, a 43 ans.
Comme le gouvernement actuel veut arrêter les centrales au bout de 40
ans, c'est peut-être la fin pour lui. Quant au n°2, il a été mis en
service en 1986.
Ils sont exploités par la Japan
Atomic Power Company.
Mardi 11 décembre, retour sur la faille de Tsuruga pour laquelle un schéma très
explicite a été publié dans l'Asahi
: la faille Urasoko, qui passe à 200 m des réacteurs est active. La
question est de savoir si les lignes de faille qui passent sous les
réacteurs peuvent bouger si la faille Urasoko bouge. La ligne de faille
D1, qui passe directement sous le réacteur n°2, aurait été active en
même temps qu'Urasoko par le passé selon l'expertise menée par le
groupe mandaté par la nouvelle autorité de sûreté, la NRA. Ils sont
unanimes pour Tsuruga, contrairement à Ôï. On peut donc
considérer qu'elle est active, selon le président de ce groupe. La
faille Urasoko pourrait déclencher un séisme plus puissant que celui
qui a ravagé Kôbé en 1995.
Les documents de la NRA sont ici en japonais. Des vues sont ici.
Lors de la conférence de presse, un journaliste a demandé aux experts
comment ils avaient pu conclure aussi vite alors que l'exploitant n'a
rien vu pendant tant d'années. Le président du groupe a répondu :
"Après tout, l'exploitant de l'installation se trouve dans une position
très délicate, en particulier ceux qui font les études peuvent être
placés dans une position très délicate, je suppose. Fondamentalement,
[l'exploitant] poursuit les études afin de prouver que ce n'est pas une
faille active, et tant qu'il ne peut pas le prouver, il continue, pour
ainsi dire. C'est une position tout à fait différente de la nôtre."
En 1966, quand l'autorisation de construire le premier réacteur a été
demandée, la faille n'était pas connue. Elle a été reconnue active en
1991 dans un article scientifique, quelques années après le démarrage
du deuxième réacteur en 1987. Mais l'exploitant a continué à nier le
danger et a même demandé, en 2004, l'autorisation de construire les
réacteurs 3 et 4. Ce n'est qu'en 2008 que l'exploitant, Japan Atomic
Power Co. (JAPC), a admis qu'Urasoko était active. Mais pas les lignes
de faille qui passent sous le réacteur n°2.
JAPC a envoyé une lettre
ouverte à la NRA, dénonçant le caractère peu scientifique de
l'expertise menée et demande des explications. L'enjeu financier est
grand pour elle qui n'a que 3 réacteurs, 2 à Tsuruga qui sont
probablement condamnés et un à Tôkaï dans la province d'Ibaraki. JAPC
vend l'électricité qu'elle fournit aux compagnies d'électricité proches
de ses réacteurs qui la revendent aux clients. Temps que la production
d'électricité est suspendue, les grandes compagnies d'électricité
doivent, par contrat, payer la maintenance des réacteurs. Mais si les
réacteurs sont définitivement arrêtés, elles ne payeront plus et JAPC
sera dans situation financière difficile. Le maire de Tsuruga, les yeux
rivées sur ses rentrées financières, est aussi très inquiet et n'exclut
pas que des études ultérieures confirment la sûreté de la centrale.
Bien que la NRA n'a pas le pouvoir de demander l'arrêt définitif de
cette centrale, il a le pouvoir de ne pas l'autoriser à redémarrer.
L'exploitant va conduire d'autres études pour tenter de prouver que sa
centrale est sûre.
D'autres centrales pourraient se trouver dans une situation similaire
dans l'avenir, celle de Shika dans la provice d'Ishikawa et celles de
Mihama, Ôï et le surgénérateur Monju dans la province de Fukui. Il y a
aussi Higashidôri dans le Nord-Est. A chaque fois les exploitants
prétendent aussi que les failles ne sont pas actives. Et les autorités
ont toujours pris leurs affirmations pour argent comptant dans le
passé. Qu'en sera-t-il maintenant que leur crédibilité est remise en
cause ?
Cette révélation sur les failles à Tsuruga constituent un choc pour le
Japon.
Jeudi 13 décembre, alors qu'une conférence internationale organisée par l'AIEA est
prévue ce week-end à Kôriyama, dans la province de Fukushima. Une
contre conférence est organisée à Tôkyô par des associations qui
demandent l'arrêt définitif de l'industrie nucléaire. Une autre est
aussi organisée à Kôriyama par les maires opposés au nucléaire. Une
manifestion est aussi prévue à Tôkyô dans le parc Hibiya et le
lendemain à Kôriyama. Le dimanche 16, les Japonais sont aussi appelés
aux urnes.
Le ministère des sciences et technologies espère toujours pouvoir
sauver le surgénérateur Monju alors qu'il ne marche pas, qu'il est
proliférant, qu'il est probablement sur une faille active, que la
culture de sûreté y est absente... Bref, il est très dangereux, mais il
peut produire du plutonium de qualité militaire... Le ministère a tenté
d'établir un programme de recherche pour pouvoir justifier la poursuite
du programme.
La NRA vient d'intimer aux exploitants de Monju d'améliorer la sûreté
et de résoudre les graves problèmes de maintenance qui ont été
constatés.
Après Ôï et Tsuruga, c'est au tour des failles sous la centrale de
Higashidôri dans la province d'Aomori d'être oscultées par le groupe
d'experts mis en place par la NRA. Le long de la faille s-19, il y a eu
un déplacement de 90 cm. L'exploitant, Tohoku Electric Power Company,
prétend que ce n'est pas dû à l'activité sismique mais à un gonflement
des couches suite à l'absorption d'eau. Les experts ont de sérieux
doutes sur cette explication. Après l'inspection, ils pensent plutôt
que le mouvement est dû à une faille active proche. L'inspection
continue vendredi et le verdict est attendu dans une semaine.
Après s'être trompée à plusieurs reprises et dans ses corrections, la
NRA vient de publier de nouvelles cartes de prédiction de l'impact des
retombées radioactives en cas d'accident majeur dans chacune des 17
centrales nucléaires du pays. Les plus grands changements sont pour les
centrales de Genkaï (province de Saga) et de Sendaï (Kagoshima), toutes
deux sur l'île de Kyûshû et pour la centrale de Tomari à Hokkaïdô. A
Kyûshû c'est la rose des vents qui était fausse et à Hokkaïdô, les
précipitations.
Les nouvelles cartes, qui ont toutes dues être corrigées sont ici en japonais.
Ces
cartes sont basées sur le critère d'évacuation de l'AIEA qui est de
100 mSv la première semaine. Mais la NRA veut fixer un seuil deux fois
plus faible comme critère, ce qui correspond à un débit de dose de 500
microsieverts par heure à partir duquel l'évacuation serait ordonnée.
Ce débit de dose a été mesuré jusqu'à 6 km de Fukushima daï-ichi dès le
12 mars 2012.
Le groupe d'experts qui a fait des recommandations propose aussi de
restreindre la consommation de nourriture et d'eau locales dès 0,5
microsievert par heure. Des recommandations plus complètes sont prévues
pour la fin du mois.
Vendredi 14 décembre, après le deuxième jour d'inspection à la centrale de Higashidôri dans
la province d'Aomori, les experts mandatés par la NRA ne peuvent pas
exclure que les deux failles soient actives. Ils sont unanimes et il n'est pas
nécessaire de faire des études complémentaires. L'exploitant précise que ces failles ne passent pas directement sous
les réacteurs ou des équipements importants pour la sûreté. Encore une
centrale à l'avenir difficile...
Samedi 15 décembre, début de la conférence internationale organisée par l'AIEA et le
gouvernement japonais. Que des bonnes intentions et de la langue de
bois. Voir par exemple l'intervention de la France : nous sommes parfaits
et nous invitons les autres à nous imiter...
La NRA a échangé ses vues sur la sûreté des réacteurs nucléaires avec
les 3 experts internationaux qu'elle a nommés pour la conseiller. Parmi
eux, il y a A-C Lacoste qui présidait l'ASN française jusqu'à la
mi-novembre 2012. Pour le président de la NRA, la culture de sûreté de
l'industrie japonaise n'est pas suffisante et il n'y aura pas de
redémarrage sans progrès significatifs. La politique de l'industrie
nucléaire japonaise est d'appliquer les règles, sans plus, et ce n'est pas acceptable. Ce qu'il ne
dit pas c'est qu'elle faisait aussi du lobbying intense pour que ces
règles soient le moins contraignantes possible.
Dimanche 16 décembre, la droite conservative a repris le pouvoir au Japon suite aux
élections : avec 43% des voix, elle raffle 79% des sièges. La
participation n'était que de 59,32%.
Le parti libéral démocrate
(PLD), qui vient de remporter les élections, a toujours soutenu
l'énergie nucléaire lors de la
campagne électorale. Mais un sondage du Asahi
montre que la question nucléaire n'a pas été
primordiale dans le choix des électeurs : 16% de ceux qui veulent
l'arrêt immédiat du nucléaire ont voté pour le PLD. Il a aussi
recueilli 43%
des voix de ceux qui veulent une sortie graduelle de la production
d'électricité nucléaire.
Mardi 18 décembre, le conseil municipal de Hakodaté (Hokkaïdô) a voté une enveloppe
financière de 23 millions de yens pour aller en justice afin d'arrêter
la construction de la centrale d'Ôma dans la province d'Aomori.
Mercredi 19 décembre, l'industrie nucléaire, qui n'en finit jamais de "renaître", reprend
le sourire suite au retour de la droite conservatrice au Japon. Les
compagnies minières australiennes extrayant de l'uranium applaudissent.
Les actions des compagnies d'électricité repartent à la hausse. Le
directeur du surgénérateur expérimental Monju redevient arrogant :
après avoir été tancé par la nouvelle autorité de sûreté, la NRA, pour
des failles sérieuses dans la maintenance, il explique que cela se
réduit à des "problèmes de formalités qui peuvent arriver". Le
Président de la NRA a trouvé la remarque très "inappropriée" et va
alerter le ministère des sciences et technologie qui a la tutelle de la
Japan Atomic Energy Agency qui aimerait bien réussir à exploiter le
réacteur.
La NRA, très critiquée lors de sa mise en place, a fait montre d'une
fermeté inhabituelle face à l'industrie nucléaire japonaise. Il se peut
que de nombreux réacteurs ne soient pas autorisés à redémarrer. Que va
faire le nouveau pouvoir ? Tenter de la museler ? Il en a les moyens
car la nomination des 5 sages de la NRA n'a pas été approuvée par le
parlement. Il faudra qu'elle repasse par le parlement.
Jeudi 20 décembre, la NRA doit redéfinir entièrement le référentiel de sûreté avant
d'aller inspecter les réacteurs pour vérifier s'ils sont conformes ou
non. La procédure prend plus de temps que prévu et l'inspection ne
commencera pas avant juillet 2013. Le président de la NRA veut que la
redéfinition des standards de sûreté soit transparente et ouverte au
public. Cela va aussi laisser du temps au compagnies à engager les
travaux nécessaires. Et de toutes façons, même si les compagnies
demandent un redémarrage rapide, les inspections ne peuvent pas
commencer avant que les standards soient adoptés par la loi. Les débats
peuvent être houleux.
Bref, le redémarrage n'est pas pour tout de suite, n'en déplaise au
"village nucléaire" et aux marchés financiers.
Les experts mandatés par la NRA pour inspecter les failles sous la
centrale de Higashidôri dans la province d'Aomori se sont réunis pour
prendre position et ont conclu qu'elles pourraient être actives ! Une
rencontre est prévue avec l'exploitant mercredi 26 décembre et une
décision finale sera prise. Les réacteurs ou des pièces importantes
pour la sûreté ne sont pas directement au dessus de ces failles, mais
les travaux de renforcement de la résistance aux séismes pourraient
prendre des années.
La faille F-3, en cause, passe à seulement 400 m à l'Ouest du bâtiment
réacteur. La faille F-9 lui est parallèle. D'autres failles, pas encore
inspectées, pourraient aussi être actives... Il y en a 10 en tout !
Un des membres du comité d'experts explique que l'exploitant doit se
préparer à un séisme de magnitude 7 avec un épicentre sous la centrale.
Les deux autres réacteurs de l'explotant, Tôhoku Electric, sont à la
centrale d'Onagawa, qui a été endommagée par le séisme du 11 mars 11.
Pas question de les redémarrer pour le moment.
Les travaux de construction de la centrale de Higashidôri ont commencé
en 1998 et elle a été couplée au réseau en 2005. Au moment de la
demande de permis de construire, l'exploitant avait reconnu que des
strates avaient glissé, mais avait affirmé que c'était dû à un
glonflement de l'argile lié à l'infiltration d'eau. En 2006, l'autorité
de sûreté de l'époque, la défunte NISA, avait demandé de réévaluer le
risque sismique et l'exploitant avait répondu en 2008 qu'il n'y a pas
de faille active dans un rayon de 5 km autour de la centrale. La NISA
avait accepté alors qu'il est maintenant clair que c'est faux. Kunihiko
Shimazaki, qui préside le groupe d'experts, a déclaré "c'est notre
diagostique commun que l'argument qu'il n'y a pas de faille active est
complètement inacceptable".
A qui le tour ? La faille F-3 passe sous le réacteur en construction de
TEPCo à Higashidôri. L'avancement des travaux n'y est que de 10% et
TEPCo n'a plus les moyens financiers de continuer le chantier.
Un peu plus loin, vers l'Ouest, il y a la centrale en construction
d'Ôma où les travaux de construction ont repris. L'avancement y est de
40% environ. La faille qui passe sous la centrale pourrait être aussi
active.
Par ailleurs, des géologues indépendants affirment que l'usine de
retraitement de Rokkashô-mura, sur la même péninsule de Shimokita, est
située à proximité d'une faille
active. Là, l'enjeu est moins grand car l'usine ne fonctionne toujours
pas, plus de 5 ans après la fin des travaux... Il y a aussi un centre
d'entreposage provisoire du combustible usé en construction.
Plus inquiétant encore, c'est la faille Nord-Sud du plateau continental
qui fait 80 km de long au large de la
péninsule où sont ces installations nucléaires. Elle pourrait
déclencher un séisme de
magnitude 8,0 ou plus. Bref, c'est toute la sûreté de la péninsule qui
est à revoir.
Vendredi 21 décembre, la NRA, qui n'en fini plus de trouver des failles actives se trouve
démunie face au problème. Quel critère accepter ? A Tsuruga, la faille
incriminée passe directement sous la centrale, ce qui est interdit par
la loi. Il est facile de conclure. En revanche à Higashidôri, elles
passent à proximité. Comment décider ? Quelles exigences demander aux
exploitants ? Quel est l'effet d'une faille qui passe à 200 m ? La
méthode d'évaluation des failles situées à moins de 1 à 2 km reste à
établir.
Il est d'autant plus important d'y voir plus clair que ce n'est pas
fini, d'autres failles actives vont être trouvées ? Cela va prendre du
temps et les réacteurs ne redémarreront pas de si tôt !
Quant aux compagnies d'électricité, elles commencent à dire que les
experts sont anti-nucléaires... Faute d'argument, on dénigre ses
critiques.
Chubu Electric, exploitant de la centrale de Hamaoka arrêtée en mai
2001 sur ordre du premier ministre, a décidé de rehausser la nouvelle
digue en construction : elle va passer de 18 à 22 m. Cela lui coûterait
environ 150 milliards de yens (1,4 milliards d'euros). Ce sont les
études de l'exploitant qui ont montré que la vague pourrait atteindre
21,4 m. La marge est donc extrêmement faible ! Il a aussi estimé qu'une
brèche d'un kilomètre de long était possible, ce qui entraînerait de 1
à 3 m d'eau dans les réacteurs 3 et 4, et jusqu'à 6 m dans le 5.
Le problème de cette centrale en cas d'accident, c'est que les
principaux axes de communication entre l'Est et l'Ouest du pays
(autoroute, shinkansen...) seraient coupés. De l'eau de mer a pénétré
dans le coeur du réacteur n°5, érodant une partie.
Samedi 22 décembre, la carte sismique mise à jour par les autorités
japonaises met en évidence une augmentation du risque sismique dans
l'Est du Japon par rapport à la version précédente qui date de 2010.
C'est à Shizuoka, que la probabilité de survenue d'un tremblement de
terre majeur est la plus forte, avec 89,7% dans les 30 ans à venir.
Suivie par Tsu (Mié) et Chiba. A Mito, capitale d'Ibaraki elle est
passée de 31,0 à 62,3% à cause du risque de répliques après le séisme
du 11 mars 11. Pour la centrale voisine de Tôkaï, c'est passé de 34,1 à
67,5%.
Avec l'arrivée prochaine du nouveau gouvernement, prévue le 26
décembre, la presse japonaise en anglais s'intéresse à nouveau aux
manifestations du vendredi devant la résidence du premier ministre (site des
organisateurs). La veille, c'était la 36ième. Ils étaient un
millier selon la police reprise par l'Asahi. Des manifestations similaires ont lieu à
Ôsaka ou Fukuoka devant le siège des compagnies d'électricité. Le
slogan est toujours "saïkadô hantaï" (再稼働「反対」), "non au redémarrage".
Mardi 25 décembre, un groupe de citoyens a déposé une pétition auprès des autorités
locales de Niigata pour réclamer une référendum sur le nucléaire. C'est
la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCo et ses 7
réacteurs qui est visée.
Deux centrales nucléaires sont déjà sur la sellette car situées sur
ou à proximité de failles actives. D'autres pourraient suivre. Pour ces
deux premières centrales, de Tsuruga (Fukui) et Higashidôri (Aomori),
il y a aussi 815 tonnes de combustible usé entreposées. Est-ce que le
système de refroidissement tiendra en cas de séisme ? Les exploitants,
qui nient que les failles soient actives, affirment qu'il n'y a aucun
problème.
La prochaine centrale à être inspectée à partir de vendredi 28 décembre
est celle d'Ôï où deux réacteurs sont en fonctionnement. Il y a là 262
tonnes de combustible usé.
Mercredi 26 décembre, les experts qui ont inspecté les failles de la centrale de
Higashidôri se sont réunis avec l'exploitant et ont rejeté, à
l'unanimité, les arguments de la compagnie Tohoku Electric que les
failles ne sont pas actives.
L'exploitant maintient sa position, mais la centrale ne sera pas
autorisée à redémarrer avant longtemps.
Vendredi 28 décembre, les experts de la NRA étaient divisés sur les failles qui passent
sous des parties importantes pour la sûreté de la centrale d'Ôï, la
seule en fonctionnement. Lors de la dernière inspection en novembre, il
y avait consensus pour dire qu'il y a eu un mouvement, mais il n'y
avait ps concensus sur la cause. Ils ont donc commandé des études
complémentaires qui consistent à
creuser plus pour pouvoir osculter la géologie. Même si les travaux ne
sont pas terminés, de nouvelles
inspections ont débuté.
Si la faille est jugée active, les deux réacteurs en fonctionnement
seront arrêtés car la prise d'eau en mer passe au-dessus de la faille.
A l'issue de la première journée, les experts pensent qu'il est
toujours difficile de juger et que le creusement d'une autre fosse est
nécessaire. Il y en a pour des mois.
Samedi 29 décembre, le parlement japonais a décidé de mettre en place une commission
permanente sur le nucléaire qui aura, notamment, comme mission de
surveiller l'autorité de sûreté et la politique gouvernementale.
Après deux jours d'inspection supplémentaire des failles de la
centrale d'Ôï, la seule en fonctionnement, les doutes ne sont pas levés
et les cinq experts mandatés par la NRA ont besoin de mener des
expertises
complémentaires pour se faire une opinion sur l'origine du mouvement
observé. Pour quatre d'entre eux, on ne peut pas exclure que la faille
soit active. Et l'un d'entre eux pense que ce qui a été observé
pourrait être dû à un glissement de terrain.
Une réunion de synthèse est prévue bientôt, dans les premiers jours de l'année 2013.
L'exploitant maintient la thèse du glissement de terrain, bien entendu.
Le 24 mai dernier, le quotidien Maïnichi avait révélé que la Japan
Atomic Energy Commission (JAEC), qui avait été chargée de repenser
entièrement la politique nucléaire du pays, avait soumis le projet de
rapport à tous les exploitants nucléaires lors d'une réunion secrète
qui s'est tenue le 24 avril, et ceci, avant même que le rapport soit
soumis au comité pleinier de la commission. L'exploitant de l'usine de
retraitement, qui aurait dû démarrer il y a 5 ans sans ses nombreux
problèmes, était présent pour défendre son industrie. Il n'y avait
aucun contradicteur. (Voir l'entrée "24 mai" dans la rubrique "Arrêt du
nucléaire et situation énergétique").
Ce même quotidien
révèle maintenant que le rendu de la réunion secrète a été falsifié
avant une conférence de presse du gouvernement. Le Maïnichi a obtenu
des emails grâce à la loi sur l'accès aux documents administratifs. A
7h56, le 24 mai, le chef de Cabinet de l'époque, Osamu Fujimura, a
demandé à son administration, pour 10h00, des éléments de réponse aux
questions auxquelles il devrait faire face suite aux révélation du
Maïnichi. A 9h59, il reçoit un mail de son administration qui nie que
le document ait été modifié à la demande des exploitants. A 10h33, il
reçoit un autre mail avec les documents avec des garanties que le
document n'a pas été discuté lors de la réunion secrète. A 11h08, lors
d'une conférence de presse, Osamu Fujimura déclare que le rapport n'a
pas été modifié durant la réunion secrète. Il a seulement été distribué
sans être discuté.
Pourtant, des sources proches du groupe de travail affirment au
Maïnichi que la Japan Nuclear Fuel Ltd., qui espère pouvoir exploiter
l'usine de retraitement de Rokkashô, a appelé à un soutien à la
politique de retraitement. Et le Maïnichi a eu accès à des mails plus
anciens qui viennent conforter sa thèse : le 4 mai 2012, un mail de
l'administration mentionne que "de nouveaux commentaires de la
Fédération des Compagnies d'Electricité du Japon sont arrivés, et
qu'ils sont déjà reflétés dans le projet de rapport." La Maïnichi a
donc demandé les commentaires envoyés et les changements effectués dans
le rapport, en vain pour le moment.
Le mandat des 5 membres de la JAEC expire le 5 janvier prochain. Le
précédent gouvernement avait dit vouloir la réformer, mais n'a rien
fait. L'actuel gouvernement n'a rien dit et il se peut donc que les 5
membres soient reconduits automatiquement...
Lundi 31 décembre, dans une interview télévisée sur la chaine TBS, le premier ministre a
exprimé sa volonté d'autoriser la construction de nouveaux réacteurs
nucléaires plus sûrs que ceux de Fukushima. Il ne s'agit que d'une
déclaration d'intention pour le moment car personne n'est prêt, au
Japon, à accepter un tel projet. Le partenaire gouvernemental, le
nouveau Komeito, y est opposé.
Mardi 1er janvier 2013, selon le Maïnichi,
plus de 10 centrales nucléaires japonaises ne sont pas aux normes en ce
qui concerne la protection contre les incendies. Il y a, par exemple,
des cables électriques inflammables ou des équipements importants pour
la sûreté trop proches l'un de l'autre. Il s'agit de réacteurs dont
l'autorisation de construction date d'avant 1975. Tous les exploitants
concernés n'ont pas jugé utile d'appliquer les nouvelles règles aux
anciennes unités et les autorités ne les ont pas obligés.
Il n'y a pas de statistiques officielles, mais le quotidien a interrogé
les exploitants. Il ressort que des cables électriques utilisant des
matériaux inflammables comme le vinyl ou le polyéthylène sont utilisés
dans 13 réacteurs (sur 50). Les exploitants se veulent rassurants,
comme d'habitude, et expliquent que ces cables sont recouverts d'agents
inifuges, mais le ministère de l'industrie et l'autorité de sûreté, la
NRA, ne valident pas ces arguments. L'intérieur peut être endommagé en
cas d'incendie et l'on ne connaît pas leur tenue au vieillissement.
Pour certains réacteurs, ce sont des équipements indispensables à la
sûreté qui ne sont pas aux normes anti-incendie ! Alors que ces
équipements doivent être redondants, les cables qui les cables
électriques qui les alimentent sont trop proches. Les pompes de
refroidissement sont aussi trop proches l'une de l'autre et peuvent
prendre feu simultanément. Là encore, plus de 10 réacteurs sont
concernés.
La NRA veut inclure la séparation des systèmes dans ses nouvelles
règles de sûreté et imposer des cables électriques résistant au risque
incendie. Les coûts de remise aux normes pourraient être trop élevés
pour certains réacteurs et le ministère de l'industrie anticipe l'arrêt
définitif de quelques uns. Il y a, en effet, dans un réacteur
nucléaire, de 1 000 à 2 000 km de cables, dont quelques centaines très
importants pour la sûreté.
Le problème de vieillissement des cables électriques est majeur pour
tous les réacteurs de la planète. En France EdF refuse de donner des
bouts de cable issus du démantèlement à l'IRSN pour que l'institut
puisse étudier leur vieillissement...
Jeudi 3 janvier, la presse japonaise revient sur une pratique des compagnies
d'électricité pour faire accepter le nucléaire : la distribution
d'argent ! Selon l'Asahi,
en 2011, 14 provinces ont distribué 7,6 milliards de yens (67 millions
d'euros) à 1,03 million de foyers, sans compter la province de Fukui
qui concentre le plus grand nombre de réacteurs, mais qui ne compile
pas de statistiques. Les sommes ne sont pas élevée, de 2 172 à 36 000
yens (19 à 316 euros), mais ce sont les consommateurs qui payent. Le
nombre de personnes qui refusent est faible, mais a doublé depuis le
mars 2011. Certaines municipalités ont aussi arrêté de distribuer cet
argent.
En 2002, les compagnies d'électricité ont établi une liste de ceux qui
refusent et les ont classé comme opposants au nucléaire. Cette liste a
été transmise aux autorités locales. Refuser necessite des démarches et
une mise à l'index. La majorité accepte donc l'argent, mais n'en pense
pas moins. Ce système date de 1981.
Les universités ne sont pas en reste : 8 universités d'Etat (il y a de
nombreuses universités privées au Japon) qui ont un département
d'ingéniérie nucléaire, ont reçu 1,74 milliards de yens (15 millions
d'euros) de l'industrie nucléaire en 2011. L'argent est en majorité
destiné à des programmes de recherche, mais les bénéficiaires sont
parfois ceux qui participent aux groupe de travail de l'autorité de
sûreté (la NRA) pour établir le nouveau référentiel de sûreté. TEPCo a
arrêté de soutenir la recherche après mars 2011.
Lundi 7 janvier, avec le froid qui règne actuellement au Japon, Hokkaido Electric
Power Company a étendu sa campagne d'économie d'énergie. Elle demandait
aux consommateurs de baisser leur consommation de 7% entre 16 et 21h.
C'est entre 8 et 21h à partir de ce jour. La situation pourrait être
tendue en cas de panne sur une unité de production.
Mercredi 9 janvier, la nouvelle autorité de sûreté nucléaire, la NRA, devrait débattre,
ce vendredi 11 janvier, du nouveau référentiel de sûreté, qui devrait
être rendu public avant la fin du mois. Les investissements de mise aux
nouvelles normes pourraient être colossaux. Un redémarrage contre promesse
de travaux pourrait être autorisé. Le premier ministre espère que ce
processus ne prendra pas plus de 3 ans pour tous les réacteurs. Le
président de la NRA est moins optimiste et pense que cela prendra plus
longtemps.
Et d'ajouter, que toutes les installations nucléaires sont concernées, comme les usines de retraitement.
De toutes façons, de nombreux réacteurs ne pourront probablement jamais
redémarrer, comme nous l'avons déjà vu. Ne serait-ce qu'à cause des
failles et des câbles électriques inflammables.
Le gouvernement devrait allouer 12 milliards de yens (100 millions
d'euros) supplémentaires pour renforcer les hôpitaux, hospices et
écoles dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires. Des
dosimètres y seront aussi installés. Les portes et les fenêtres devront
être étanches, et la ventilation dotée de filtres. Suivant les
nouvelles règles de sûreté en préparation, les habitants dans un rayon
de 5 km doivent être évacués, mais pour les personnes fragiles qui ne
peuvent se déplacer par elles-mêmes, un confinement temporaire dans un
bâtiment renforcé est envisagé.
L'évacuation d'urgence de patients alités avaient entraîné de nombreux décès en mars 2011.
Jeudi 10 janvier, le groupe qui avait organisé des manifestations anti-nucléaire de masse
annonce une nouvelle manifestion le 9 mars à Tôkyô, à l'occasion du
deuxième anniversaire du déclenchement de la catastrophe. Le prix Nobel
de littérature, K. Ôé fait partie des organisateurs.
Le gouverneur de Fukushima a réitéré sa demande et celle de ses
administrés de voir tous les réacteurs nucléaires de Fukushima daï-ichi
et daï-ni démantelés, pas seulement les réacteurs 1 à 4 de Fukushima
daï-ichi. Le président de TEPCo est resté évasif et ne s'est pas
engagé. TEPCo décidera de manière globale, en cohérence avec la
politique nationale en matière nucléaire...
Il est déjà incroyable que TEPCo soit toujours autorisée à exploiter
des centrales nucléaires et puisse un jour redémarrer sa centrale de
Kasiwazaki-Kariwa. On retire le permis de conduire à un chauffard. Mais
alors, pour les réacteurs de Fukushima, qui ont été inondés par le
tsunami, cela devient de la folie.
Vendredi 11 janvier, première manifestation anti-nucléaire du vendredi de l'année devant
le cabinet du premier ministre. Une telle tenacité est impressionante.
Samedi 12 janvier, comme annoncé, la NRA a discuté du nouveau référentiel de sûreté. Selon la presse elle compte imposer :
- la construction d'une deuxième salle de contrôle à distance pour
remplacer celle à proximité des réacteurs en cas d'accident, ainsi que
de gérérateurs électriques et de pompes ;
- des filtres doivent être installés pour limiter les rejets radioactifs en cas rejets gazeux pour dépressuriser les réacteurs ;
- des camions pompier, pompe et générateur devront être stationnés ;
Ces nouveaux équipements devront être construits en conformité
avec les règles anti-sismiques. Le nouveau référentiel de sûreté
devrait être terminé à la fin du mois. Les compagnies d'électricité ne
devront pas les avoir installés, mais seuelement s'engager à les
installer, pour obtenir l'autorisation de redémarrage.
Dimanche 13 janvier, la NRA a prévu d'évacuer tous les habitants dans un rayon de 5 km en
cas de problème dans une centrale nucléaire. Mais cela n'est pas
forcément faisable. Il est donc prévu de renforcer le confinement pour
les personnes qui ne peuvent pas déplacer seules (école, hôpitaux,
hospices...). Pour certains sites, où la centrale est sur une péninsule
étroite, ce n'est pas suffisant. Evacuer peut signifier s'approcher de
la centrale avant de fuir pour certaines personnes. C'est le cas, en
particulier à Ôï, la seule centrale en fonctionnement (voir la carte).
5 provinces sont concernées (Miyagi, Shizuoka, Fukui, Ehimé et Saga).
La NRA va donc aussi reforcer les mesures de confinement de gymnases
qui pourraient être transformés en centre d'accueil. 50 lieux d'accueil
sont prévus.
Lundi 14 janvier, TEPCo veut lancer un appel d'offre pour la construction de centrales
au charbon dont elle achèterait la production d'électricité pour la
revendre. Selon une dépêche de l'agence Kyodo reprise par le Japan Times,
ce choix est très critiqué. Le charbon contribue beaucoup plus à
l'effet de serre que le gaz, par exemple. Et puis, la consommation
d'électricité a fortement baissé et la population de la région de Tôkyô
devrait baisser. Pourquoi faire investir ? TEPCo table sur une
augmentation de la consommation car elle en a besoin pour gagner de
l'argent. In fine, ce sont les consommateurs qui payeront les
investissement inutiles.
Mercredi 16 janvier, la NRA, dans son nouveau référetiel de sûreté, va fixer les hauteurs
minimales pour se protéger des tsunamis. Les compagnies devront donc
engager des travaux. Elle va aussi étendre la définition de faille
sismique active de "avoir bougé lors des 120 000 à 130 000 dernières
années" à "avoir bougé lors des 400 000 dernières années". Les
nouvelles règles vont aussi imposer une étude détaillée du sous-sol qui
influence l'amplitude des vibrations en cas de séisme.
Les tractations vont bon train à ce propos : selon le Maïnichi,
dans une version de travail des nouvelles règles de sûreté datée de
décembre 2012, il était écrit : "Les bâtiments réacteur peuventt être
construits au-dessus de failles actives tant qu'elles ne constituent
pas une menace grave pour la sécurité des installations". Cette phrase
a disparu du document discuté le 15 janvier 2013. La personne en charge
du risque sismique parmi la NRA s'y est opposé sous le prétexte qu'il
n'a pas été établi comment garantir que les failles ne constituent pas
une menace grave.
Jeudi 17 janvier, les cinq experts de la NRA se sont à nouveau réunis à propos des
failles sous la centrale d'Ôï et n'ont toujours pas réussi à se mettre
d'accord, après plus de 4 heures de discussion. En cas d'unanimité sur
l'activité des failles, il faudra arrêter l'unique centrale en
fonctionnement. Outre, Kunihiko Shimazaki, de la NRA, qui préside le
groupe, les 4 autres experts sont extérieurs à l'institution. Deux
d'entr eeux pensent que la faille n'est pas active et que les
mouvements observés sont dus à des glissements de terrain, alors que
les deux autres pensent que la faille est active. Un des membres a
demandé que d'autres experts soient consultés.
Vendredi 18 janvier, dans sa lettre au Président Obama,
The Bulletin of Atomic Scientists lui demande de décourager les
Japonais à autoriser le démarrage de l'usine dite de retraitement de
Rokkashô-mura à cause des risques de prolifération qu'elle représente.
Jusqu'à maintenant, l'administration américaine a plutôt fait pression
sur le Japon pour qu'il s'entête dans cette voie, même si l'usine de
fonctionne pas à cause de problèmes techniques insolubles depuis 5 ans.
Le ministre de l'industrie japonais vient de rassurer le gouverneur de
la province d'Aomori où il y a l'usine de Rokkashô : il veut poursuivre
la voie du 'retraitement'. Le gouverneur avait menacé de ne plus
accepter l'entreposage de combustibles usés si le gouvernement
abandonnait ce qu'il voyait comme une source de revenus. De nombreuses
centrales ont leur piscine de combustible usé pleines ou quasi-pleines.
L'abandon du site d'entreposage centralisé impliquerait que plusieurs
d'entre elles devraient s'arrêter.
Samedi 19 janvier, selon le Maïnichi,
la NRA veut imposer des filtres sur les réacteurs nucléaires pour
retenir une partie de la radioactivité en cas d'évent des réacteurs.
Pour les 26 réacteurs à eau bouillante, ces filtres devraient être
installés avant le redémarrage, ce qui va prendre plusieurs années.
En ce qui concerne les réacteurs à eau sous pression, qui ont une
enceinte de confinement beaucoup plus volumineuse, la NRA pourrait
autoriser le redémarrage sans les filtres, mais imposer leur
installation dans un délai qui reste à définir. Les deux seuls
réacteurs en fonctionnement, à Ôï, sont de ce type.
Les réacteurs de Fukushima daï-ichi étaient à eau bouillante.
Lundi 21 janvier, la nouvelle autorité de sûreté japonaise s'est mise d'accord sur un
nouveau référentiel de sûreté lors de la réunion de ce jour. C'est ici en japonais.
Ces propositions de standards plus sévères vont être soumises aux
commentaires publics avant de faire l'objet d'une loi, en principe
avant l'été.
Les mesures phare ont déjà été présentées dans cette chronique (filtres, câbles électriques, sources électriques...).
Mercredi 23 janvier, l'assemblée régionale de Niigata a refusé d'organiser un référendum
sur le redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par
TEPCo. Le gouverneur regrette cette décision.
Jeudi 24 janvier, les deux seuls réacteurs nucléaires en fonctionnement, redémarrés en
juillet 2012, seront à nouveau arrêtés pour maintenance après 13 mois,
en septembre 2013. Les autres réacteurs n'auront probablement pas
redémarrés et ceux d'Ôï devront être remis aux normes si la faille est
déclarée non active. Dans la cas contraire, ils seront arrêtés
définitivement.
Si le nouveau référentiel de sûreté est adopté rapidement et si ces
deux réacteurs ne satisfont pas les nouvelles normes, ils seront
arrêtés avant, a expliqué le président de la NRA.
Dans tous les cas, le Japon devrait connaître un nouvel arrêt complet de son parc nucléaire.
Il se pourrait bien que des failles qui passent sous la centrale de
Kashiwazaki-Kariwa, avec 7 réacteurs, soient considérées comme actives
selon les nouveaux critères. Par exemple, la faille appelée bêta par
l'exploitant, TEPCo, qui passe sous les réacteurs 1 et 2 a déplacé une
couche de cendres volcaniques âgées de 240 000 ans. C'est plus vieux
que l'ancienne limite fixée à 130 000 ans, mais plus jeune que la
nouvelle, fixée à 400 000 ans. Cette faille doit donc être considérée
comme active.
La NRA a décidé d'inspecter plus attentivement 6 centrales nucléaires
où il y a des doutes sérieux sur l'activité des failles.
Kashiwazaki-Kariwa n'en fait pas partie...
Samedi 26 janvier, il fait très froid dans le Nord du Japon et il y a de fortes chutes de neige. Mais l'alimentation électrique a pu faire face.
Lundi 28 janvier, les experts de la NRA se sont réunis ce jour à propos de la faille sous
la centrale de Tsuruga et ils confirment qu'elle est très probablement
active. Ils se sont refusés de conclure définitivement, mais comme la
faille passe directement sous le réacteur n°2, ce dernier devra être
arrêté définitivement. Ils n'ont pas conclu pour la faille qui passe
sous le n°1, mais comme il a plus de 40 ans, il ne devrait pas
redémarrer non plus. "Si de nouvelles connaissances sont obtenues,
la décision pourra être examinée. Cependant, au moins à ce stade, la
faille sous la centrale est très probablement une faille active qui
doit être prise en compte en termes de risques sismiques". Le rapport
doit encore être examiné par des experts extérieurs avant d'être
définitif.
L'exploitant, Japan Atomic Power Company, a invité la presse la semaine
dernière pour expliquer qu'il allait prouver le contraire. Il a déjà la
conclusion avant d'avoir conduit les études ! Et comme nous l'avons
déjà dit, il a intérêt à jouer la montre car l'argent continue de
rentrer, même avec les réacteurs à l'arrêt. La compagnie avait reconnu,
en 2008, que la faille Urazoko, qui passe à 250 m des réacteurs, est
active. La question est de savoir si cette faille peut entraîner celles
qui passent sous les réacteurs.
Le gouverneur veut inverser la charge de la preuve : ce n'est plus à
l'exploitant de prouver que la faille n'est pas active, mais à la NRA
de prouver qu'elle l'est...
Une partie de bras de fer est en train de se jouer entre les
exploitants du nucléaire qui sont prêts à minimiser les risques pour le
profit, comme si aucune leçon n'avait été tirée et l'autorité de
sûreté. Cette dernière tiendra-t-elle ? Combien de réacteurs sont
condamnés ?
Mardi 29 janvier, le gouvernement va soutenir 7 projets de production d'électricité à
partir de sources thermales (onsen). Ce n'est pas beaucoup, mais c'est
déjà un début.
La NRA a validé les nouvelles mesures de protection contre les
séismes et les tsunamis. Pour les séismes, la proposition de considérer
une faille active si elle a bougé ces 400 000 dernières années (contre
130 000 avant) est entérinée. Sont directement touchées par cette
mesure, les centrales de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) et Tomari
(Hokkaïdô). Le fait que des failles proches puissent bouger ensemble va
aussi être pris en compte. Cela touche la centrale de Tsuruga (Fukui)
avec une faille proche reconnue active qui pourrait entraîner avec elle
une autre faille qui passe sous le réacteur n°2.
Lors d'un séisme, l'amplitude du mouvement dépend aussi de la nature des sols. Cela devra aussi être étudié de près.
En ce qui concerne les tsunamis, une hauteur de vague de référence,
considérée comme la plus haute possible, va être fixée pour chaque
centrale. Les exploitants devront prévoir des protections par rapport à
cette référence. Cela signifie élever des murs, mais aussi reforcer
l'étanchéïté les bâtiments qui abritent des équipements importants pour
la sûreté. Le tsunami de référence sera déterminé à partir de
l'activité sismique, bien-sûr, mais aussi en prenant en compte le
risque de glissement de terrain ou d'éruption volcanique. Actuellement,
il n'y a quasiment aucune référence au risque de tsunami dans les
standards de sûreté actuels, car ils étaient considérés comme des
effets collatéraux des séismes.
Le grouvernement va prendre la responsabilité de redémarrer ou pas
les réacteurs nucléaires en fonction de l'avis de la NRA. Il va aussi
tenter de convaincre les citoyens du bien fondé de sa décision.
Et c'est sans vergogne que le premier ministre a aussi déclaré que son
pays allait devenir le leader mondial dans le recyclage des déchets
radioactifs. Hahaha. Même s'il n'y a presque plus que la France à
s'entêter dans cette technologie, le Japon n'a pas encore gagné car
cela fait plus de 5 ans qu'il essaye, en vain, de démarrer son usine de
retraitement...
Jeudi 31 janvier, retour à la centrale de Hamaoka arrêtée en mai 2011 sur ordre du
premier ministre car située sur une faille : 400 m3 d'eau de mer
avaient pénétré dans le bâtiment du réacteur n°5 lors de cet arrêt. A
l'aide d'une caméra, l'exploitant, Chubu Electric Co, a répéré des
traces de corrosion à l'intérieur du réacteur. La rouille aurait
attaqué l'acier sur plusieurs millimètres. C'est trop profond pour
pouvoir être ponsé. L'exploitant espère toujours pouvoir redémarrer ce
réacteur, mais les dommages pourraient être trop importants. D'autres
contrôles vont être menés.
Vendredi 1er février, les compagnies d'électricité japonaises sont toutes dans le rouge à
l'exception de celle d'Okinawa qui n'exploite pas de nucléaire et celle
Hokuriku (Rikuden) qui a une faible part de nucléaire. Pourtant, elles
pointent du doigt le coût élevé des hydrocarbures pour expliquer leur
déficit et la presse transmet l'information sans critique. Ce qui
coûte, ce sont les centrales nucléaires inutilisées. Et cela devrait
durer encore longtemps car il va falloir les mettre aux nouvelles
normes de sûreté, au prix d'un investissement énorme.
Dans le passé, il était facultatif de se préparer à un accident grave,
cela va devenir obligatoire. Aucun réacteur japonais ne satisfait aux
nouveaux critères. Ces nouveaux critères correspondent grosso-modo au
référentiel de l'AIEA de 1996 qui n'avaient pas été appliqués au Japon.
Certains ont été appliqués dès les années 80 en Europe. Au-delà des
règles, c'est aussi la culture de sûreté qui est défaillante au sein
des entreprises qui n'appliquent que ce qu'on leur impose, comme si
elles n'étaient pas responsable de la sûreté de leurs installations.
La situation est plus critique pour les réacteurs à eau bouillante qui
ont une petite enceinte de confinement qui est donc plus sensible à une
élévation rapide de la température et de la pression. Il y a 26
réacteurs à eau bouillante au Japon sur les 50 réacteurs de production
d'électricité.
Les compagnies d'électricité font donc un lobbying intense pour
assouplir les critères. Il y a maintenant obligation d'installer des
filtres à particules radioactives sur les systèmes de relargage des gaz
en cas d'accident. L'autorité de sûreté en veut deux et les compagnies
ont essayé d'éviter la redondance. Finalement, un seul système sera
obligatoire pour redémarrer, le second devra être installé par la
suite. Pour les réacteurs à eau bouilante, ce système ne pourra pas
être installé avant 2015.
Une partie de l'enjeu du bras de fer qui va s'engager entre les
compagnies et les autorités concerne les mesures transitoires : quelles
mesures minimales pour un redémarrage et quel calendrier pour les
autres mesures ?
Kansaï Electric (KEPCo) a estimé à 285 milliards de yens (2,3 milliards
d'euros) le coûts des investissements pour ses 11 réacteurs. A Hamaoka,
rien que les protections contre les tsunami coûtent 150 milliards de
yens (1,2 milliards d'euros).
Et c'est encore pour TEPCo que la situation est la plus critique d'un
point de vue financier : elle compte sur le redémarrage rapide de sa
centrale de Kashiwazaki-Kariwa mais ses 7 réacteurs sont à eau
bouillante et 2 sur une faille sismique active... TEPCo n'a commencé à
installer des filtres qu'à un réacteur seulement.
Tôhoku Electric est aussi dans une situation critique. Elle veut
augmenter ses tarifs de 10%, mais comme elle couvre la zone sinistrée,
c'est délicat.
Enfin, redémarrer un réacteur après un long arrêt de plusieurs années n'est pas une opération simple.
Certains membres du parti au pouvoir veulent donc faire pression sur l'autorité de sûreté.
Samedi 2 février, un membre de la NRA vient d'être limogé pour avoir transmis une
version non validée du rapport sur les failles sismiques de la centrale
de Tsuruga à l'exploitant, Japan Atomic Power Co., une semaine avant sa
publication. Le rapport n'avait rien de confidentiel car il résumait
les points de vue discutés lors de réunions ouvertes au public, mais
cette pratique est jugée comme inacceptable par la NRA. Les nouvelles
règles interdisent aux membres de la NRA de rencontrer les exploitants
seuls, en dehors des urgences. Tetsuo
Nayuki, un des directeurs de la NRA, a rencontré seul des
représentants de Japan Atomic Power Co. et leur a transmis le rapport.
Il a lui-même prévenu sa hiérarchie après s'est rendu compte de sa
faute. C'était la 5ième fois qu'il rencontrait seul des représentants
de la Japan Atomic Power Co. lors de visites de 'courtoisie'.
Il va retourner au MEXT, son ministère d'origine.
Les nouvelles règles pour les rencontres des exploitants avec des
membres de la NRA imposent que le rendez-vous soit pris à l'avance,
qu'il y ait au moins deux membres de la NRA présents et qu'il y ait un
compte-rendu écrit de la rencontre.
Un violent séisme de magnitude 6,9 a secoué l'île de Hokkaïdô ainsi
que le Nord de l'île principale. Les nombreuses installations
nucléaires, toutes arrêtées, n'auraient pas été endommagées.
Lundi 4 février, l'expert de la NRA qui vient d'être renvoyé pour avoir eu transmis un
rapport interne à l'exploitant de la centrale de Tsuruga avait déjà eu 7
réunions illégales avec cette compagnie (contre 5 annoncés
précédemment).
Mercredi 6 février, le bras de fer continue entre les autorités et les exploitants du
nucléaire à propos du nouveau référentiel de sûreté et de la période
transitoire. Dans un éditorial, le Japan Times
appelle la NRA à ne pas céder sur les critères à mettre en place et à
n'accorder aucune période de grâce qui pourrait s'éterniser et laisser
penser qu'il est possible d'exploiter des centrales nucléaires avec des
normes au rabais.
Quant à la NRA, elle prétend que le Japon aura les critères les plus
stricts du monde, ce qui reste à démontrer. Le pays est aussi un des
plus sismiques de la planète.
Jeudi 7 février, un membre de la commission d'enquête parlementaire, Mitsuhiko Tanaka,
accuse TEPCo d'avoir menti à la commission. La commission voulait
inspecter le réacteur n°1, mais TEPCo a rétorqué que ce n'était pas
possible car il faisait trop noir après que le réacteur ait été
recouvert et que c'était trop dangereux. TEPCo a transmis une photo à
la commission d'enquête qui datait prétenduement d'avant la mise en
place de la couverture. Or cette photo date d'après la mise en place de
la couverture et montre qu'il ne faisait pas si noir ! M. Tanaka
demande donc au parlement de se saisir de cette affaire. TEPCo répond
qu'elle a juste fait une erreur en datant la vidéo.
La commission voulait voir si le séisme seul avait endommagé des
éléments clés en terme de sûreté. TEPCo dément, bien-sûr, et prétend
que tout est dû au tsunami imprévisible. La réponse à la question est
importante pour la sûreté des autres réacteurs. M. Tanaka, un ancien
ingénieur du nucléaire, voulait vérifier par lui-même, avec d'autres
membres de la commission, si un système de refroidissement de secours
avait fuit à cause du séisme. Il avait donc prévu une visite les 5 et 6
mars 2012 suite à un témoignage de sous-traitants qui disaient avoir vu
de l'eau au 4ième niveau du bâtiment réacteur. Mais il a dû renoncer
suite aux déclarations de TEPCo. Il y a un enregistrement de la
conversation du 28 février entre M. Tanaka et M. Tamaï de TEPCo, en
présence d'autres membres de la commission. M. Tamaï a expliqué qu'il
n'y avait pas assez de lumière et que si les membres de la commission
se perdaient, ils pourraient se rendre dans des lieux avec de forts
débits de dose et paniquer. Et de montrer une photo prétenduement datée
d'avant la mise en place du chapiteau pour appuyer ses dires. Dans les
faits, TEPCo n'a pas interdit l'accès à la commission, elle a juste été
très persuasive pour convaincre M. Tanaka qu'il valait mieux renoncer à
l'inspection. Avec des arguments fallacieux.
L'Asahi
a découvert, de plus, qu'en fait, la couverture laisse passer environ
10 à 16% de la lumière du jour et il y a cinq lampes puissantes au
mercure au sommet du chapiteau. C'est l'équivalent de l'éclairage des
phares de plus de 40 véhicules... ET il y a 5 autres lampes de secours
qui auraient pu être allumées.
La photo en question, prise 4 jours après la mise en place du
chapiteau, est en ligne sur le site de TEPCo avec la date correcte. Elle est aussi sur le site du quotidien Asahi.
TEPCo a mis en ligne la vidéo
montrée à la commission d'enquête le 18 octobre 2011 et précise que le
caméraman a pris 9,44 mSv. Il est resté 55 min sur le site, dont 30
dans le bâtiment réacteur.
Incident inquiétant dans le réacteur n°3 de la centrale d'Ôï, un des
deux seuls réacteurs en fonctionnement au Japon : le courant a été
complètement coupé à 14h30 "par mégarde" par un stagiaire dans le
bâtiment réacteur. Cela a duré une minute. Comment est-ce possible ? Il
n'y a pas de sécurité ? Et si cela avait été une personne mal
intentionnée ?
Les autorités régionales de Fukui, province qui est très dépendante
du nucléaire, avec 14 réacteurs, vont étudier la possibilité de remplacer
ces centrales par des installations gazières de production de gaz
liquéfié ou d'électricité.
TEPCo a mis en ligne des informations sur les progrès réalisés dans la centrale de Fukushima daï-ni avec des photos.
C'est incroyable qu'elle continue à tenter de remettre en état des
réacteurs noyés par de l'eau de mer très corrosive dans une province
qui ne veut plus de nucléaire. L'arrogance et la politique du fait
accompli continuent.
Vendredi 8 février, les membres de la NRA devraient être prochainement avalisés par le parlement.
L'exploitant du surgénérateur Monju a reconnu que des contrôles
importants pour la sûreté n'avaient pas été menés contrairement à ce
qui est écrit dans le rapport remis aux autorités le 31 janvier. L'an
dernier, l'exploitant s'était déjà fait prendre alors qu'il n'avait pas
contrôlé 9 847 pièces comme il aurait dû, conformément au règles de
sûreté. Dans son rapport du 31 janvier 2013, il affirme que tout a été
contrôlé, ce qui n'est toujours pas vrai ! En particulier, un
générateur diesel de secours et un instrument de contrôle du débit de
sodium n'ont pas encore été inspectés. L'exploitant vient d'annoncer
qu'il a découvert les faits.
Samedi 9 février, Tetsuo Nayuki, un des directeurs de la NRA, qui a été renvoyé dans
son ministère d'origine pour avoir transmis des documents internes à un
exploitant nucléaire, aurait eu plus d'une trentaine de réunions privés
avec des exploitants du nucléaire, en violation des nouvelles règles de
l'autorité de sûreté. Certaines compagnies refusent d'en dire plus sur
les discussions qui ont eu lieu lors de ces réunions secrètes.
KEPCo a conclu son inspection sismique de la centrale de Mihama
(Fukui) que les 9 zones de fractures sous la centrale ne sont pas
reliées à la faille active qui passe à proximité. L'inverse aurait été surprenant de la part
de l'exploitant...
Il ne s'agit, pour le moment, que d'un rapport provisoire. Le rapport
définitif est attendu pour la fin mars. La NRA ira ensuite inspecter le
site.
Jeudi 14 février, la chambre basse du parlement a entériné la nomination des 5 sages de
la nouvelle autorité de sûreté. La chambre haute devrait suivre.
La NRA a inspecté le surgénérateur Monju suite aux nombreux problèmes
liés au rapport de sûreté de l'exploitant : plus de 9 800 irrégularités
ont été détectées dans les procédures de contrôle.
Vendredi 15 février, la chambre haute a aussi approuvé la nomination des 5 sages de la NRA.
Samedi 16 février, actuellement, les compagnies d'électricité ont un monopole régional,
mais le gouvernement veut libéraliser le marché, comme en Europe, en
séparant la distribution et la production. Les compagnies d'électricité
font un lobbying intense pour garder leurs privilèges. Entre l'arrêt
prolongé des réacteurs et les financements énormes à mettre en oeuvre
pour les mettre aux normes, ces compagnies ne sont plus aussi
profitables. Elles ne veulent donc pas entendre parler de concurrence
et reporter tous les coûts sur les consommateurs.
Lundi 18 février, le groupe d'experts de la NRA qui a osculté les failles sous la
centrale de Higashi-dôri, dans la province Aomori, ont conclu qu'elles
étaient probablement actives à la suite de la réunion de synthèse. Les
cendres de volcan observées tendent à montrer que ces failles ont été
actives à plusieurs occasions dans le passé, il y a moins de 110 000
ans. L'explication de l'exploitant, Tôhoku Electric, que les mouvements
sont dus à un gonflement par absorption d'eau n'a pas été retenue par
les experts. L'étude de l'exploitant est qualifiée d'insuffisante. Le
comité va consulter d'autres experts et rendre son rapport final à la
NRA.
La faille la plus proche passe à 200 m environ des réacteurs. 8 autres
failles qui passent sous le site de la centrale sont liées. Légalement,
la compagnie n'est donc pas obligée d'arrêter définitivement sa
centrale, mais elle devra renforcer ses résistances sismiques. Dans son
argumentaire pour obtenir l'autorisation d'augmenter ses tarifs, elle
prévoyait de redémarrer cette centrale en juillet 2015. De tels délais
sont intenables maintenant.
Mais la faille f1, qui passe directement sous la prise d'eau, a pu être
active. Il faut donc mener des études complémentaires car il y a des
signes de mouvements. Si c'est le cas, la centrale ne pourra pas
redémarrer.
L'exploitant maintient donc, sans plus d'argument, que les failles ne
sont pas actives. Et d'annoncer des études pour démontrer ses dires.
Etonnants ces exploitants qui connaissent les conclusions des études
avant de les avoir menées...
Sale temps pour l'industrie nucléaire japonaise qui voit, une fois de
plus, sa parole et son expertise complétement discréditées.
A la centrale d'Ôï, la seule en fonctionnement, KEPCo va creuser une
nouvelle tranchée pour continuer d'osculter les failles car il n'y a
pas concensus. Le rapport de la compagnie est prévu pour juillet 2013.
Selon un sondage du quotidien Asahi, il y a toujours 70% des Japonais qui souhaitent un abandon du nucléaire :
- 13% tout de suite
- 24% avant 2030
- 22% dans les années 2030
- 12% après les années 2030.
18% veulent garder le nucléaire. Les 11% restant ne se prononcent pas.
155 autres personnes ont porté plainte contre Chubu Electric et l'Etat
pour obtenir l'arrêt définitif de la centrale de Hamaoka. Il y a 336
plaignants maintenant.
Mardi 19 février, Japan Atomic Power Co (JAPC), qui exploite la centrale de Tsuruga,
située sur une faille considérée comme active par les experts de la NRA
et qui ne peut donc plus redémarrer, continue d'arroser les pouvoirs
locaux pour gagner leurs soutiens. Elle vient de faire un don de 700
millions de yens (5,6 millions d'euros) à la municipalité de Tsuruga
pour construire une route entre le centre ville et la centrale arrêtée.
JAPC s'était engagée à payer cette route en 2002, en prévision de la
construction de deux tranches supplémentaires. Mais il est quasiment
impossible que ces deux réacteurs, n°3 et 4, voient le jour. Le
réacteur n°1 a dépassé l'âge de 40 ans et le n°2 est sur une faille
active.
Mais la compagnie, qui reçoit de l'argent des compagnies d'électricité
clientes, continue à faire des bénéfices et peut se permettre de faire
des dons. Pendant ce temps là, les compagnies d'électricité clientes,
dont KEPCo, demandent à augmenter leurs tarifs. Une partie va donc
servir à la construction de routes inutiles... à moins qu'elle ne serve
au démantèlement.
Mercredi 20 février, avant le 11 mars 2011, le Japon comptait 54 réacteurs nucléaires de
production d'électricité répartis dans 18 centrales. 34 sont des
réacteurs à eau bouillante et 20 des réacteurs à eau sous pression.
Voir la page wikipedia pour plus de détails.
4
de ces réacteurs (à eau bouillante) ont été déclassés après la
catastrophe et le pays ne compte plus, officiellement, que 50
réacteurs. Aucune centrale ne satisfait aux nouvelles normes de sûreté
et de nombreux réacteurs ne redémarreront probablement jamais.
Petit tour en suivant le tableau wikipédia qui commence par les réacteurs à eau bouillante (REB) :
- A Fukushima, il y a encore 6 réacteurs qui ont été noyés par le
tsunami. Ils ne redémarreront jamais, même si TEPCo refuse de
l'admettre.
- A Hamaoka, arrêtée en mai 2011 sur ordre du 1er ministre, de l'eau de
mer est remontée dans la cuve du réacteur n°5
et a corrodé des éléments de cuve et des tuyaux. Ce réacteur ne pourra
probablement jamais redémarrer. La centrale est située à fort risque
sismique et en cas d'accident, ce sont les liaisons stratégiques entre
l'Est et l'Ouest du pays (autoroutes, trains, shikansen...) qui
seraient coupées. Il y a des chances pour que les deux autres réacteurs
aient dû mal à redémarrer.
- A Higashidôri, la NRA vient de déclarer que les failles qui passent à
proximité de l'unique réacteur sont très probablement actives. Les
renforcements sismiques devraient prendre des années si l'exploitant
obtient une autorisation de redémarrage...
- A Kashiwazaki-Kariwa, les réacteurs 1 et 2 sont sur une faille qui a
été reclassée en "active". Il ne peuvent pas redémarrer. Pourtant TEPCo
n'y a pas renoncé : elle installe un système de filtrage des gaz sur le
réacteur n°1.
- A Onagawa, la digue a sauvé les réacteurs du tsunami, mais ils ont
été fortement secoués par le séisme. Personne ne sait s'ils pourront
repartir.
- A Tôkaï, l'opposition locale est tellement forte, que pour le moment, il n'y a pas d'espoir de redémarrage.
- A Tsuruga, le réacteur n°1 a plus de 40 ans. C'est donc fini pour lui.
Les réacteurs à eau bouillante nécessitent des travaux de remise aux
normes plus lourds que les réacteurs à eau sous pression. Aucun ne peut
redémarrer avant quelques années. Parmi ces 30 réacteurs, il y en a
donc 18 dont le redémarrage est très difficile, voire impossible pour 8
d'entre eux.
Passons aux réacteurs à eau sous pression (REP) :
- A Mihama, les réacteurs n°1 et 2 ont plus de 40 ans. C'est fini pour eux.
- A Ôï, la faille est peut-être active. Les experts n'arrivent pas à s'entendre. Cela fait 4 réacteurs au sort indéterminé.
- A Takahama, le réacteur n°1 a 39 ans. La limite d'âge est trop proche pour qu'il ait une chance. Le n°2, 38 ans. Idem.
- A Tsuruga, le réacteur n°2 est sur une faille active. C'est donc très probablement fini pour lui.
- A Shimané, le réacteur n°1 a 39 ans. C'est donc probablement fini pour lui.
Ainsi, sur les 20 réacteurs à eau sous pression, il y en a donc 10 dont
le redémarrage est très difficile, voire impossible pour 6 d'entre eux.
On arrive à un total de 27 réacteurs (plus de la moitié du parc) avec
un espoir de redémarrage réduit, dont 14 réacteurs sans aucun espoir.
Il y a aussi le problème des câbles inflammables utilisés dans 13
réacteurs (cf 1er janvier 2013), mais je n'ai pas trouvé la liste. Cela
n'a donc pas été pris en compte.
Trois compagnies risquent de perdre tous leur réacteurs : celles du
Tôhoku et de Chubu et Japan Atomic Power Co.
Voici
un signe qui montre que Japan Atomic Power Co est pessimiste sur
le redémarrage de ses 3 réacteurs nucléaires : la compagnie a vendu une
part de son stock d'uranium... La compagnie ne dit pas à qui elle a
vendu, mais il s'agit probablement du fournisseur qui aurait repris sa
marchandise à un prix plus bas que celui auquel il l'avait vendue.
TEPCo envisage de faire de même car sa situation financière est
catastrophique.
La centrale qui est la mieux placée pour redémarrer est celle de Ikata
(province d'Ehimé, sur l'île de Shikoku). Elle a l'avantage d'être en
hauteur et n'a donc pas besoin de digue pour se protéger des tsunamis. Mais le redémarrage ne semble pas possible cette année.
Rappelons, pour finir, qu'il n'y que deux réacteurs en fonctionnement
depuis juillet 2012, mais qu'ils devront s'arrêter au bout de 13 mois
de fonctionnement et que le Japon sera donc à nouveau sans nucléaire à
partir de l'été 2013.
A cela s'ajoute le problème que 60% du parc thermique de production
d'électricité est situé dans des zones à fort risque sismique selon un
recensement du quotidien Asahi. L'approvisionnement électrique du pays est donc très fragile.
Jeudi 21 février, un projet de petites unités décentralisées de générateurs
d'électricité à partir de l'eau chaude des sources thermales, présentes
sur tout le territoire, a débuté à Beppu, sur l'île de Kyûshû. Cette
énergie abondante au Japon n'était pas utilisée pour des raisonsessentiellement culturelles. Cela semble possible maintenant.
Lundi 25 février, le Japon a le troisième potentiel géothermique au monde (après les
Etats-Unis et l'Indonésie), avec une réserve de 23 gigawatts
électriques (environ 20 réacteurs nucléaires), mais n'est qu'à la 8ième
place en terme d'exploitation avec 520 mégawatts. 80% des sources
potentiellement exploitables sont situées dans des parcs nationaux.
Mais le Japon a assoupli la réglementation et l'exploitation de cette
énergie va progresser. Mais cela devrait prendre entre 8 à 10 ans.
Mardi 26 février, dans la zone couverte par KEPCo (le Kansaï), la consommation d'électricité a baissé de 6% par rapport à l'hiver 2010.
Selon Greenpeace,
Areva prévoit de renvoyer du combustible MOx au Japon en avril 2013.
Pour quoi faire puisque que le parc nucléaire japonais est quasiment à
l'arrêt ? On ne sait même pas combien de réacteurs redémarreront.
Aucun ne devrait être autorisé à utiliser du MOx avant longtemps.
Rappelons que le MOx contient du plutonium et qu'il est plus dangereux
que le combustible classique.
L'industrie nucléaire s'est fourvoyée dans une drôle d'impasse : le
taux de recyclage en France est de quelques pourcents. Il est quasiment
nul au Japon. Qu'a-t-il gagné en envoyant ses combustibles usés en
France ? Le blanchiment des déchets, pudiquement appelé "retraitement",
permet d'en reclasser une grande partie en "matières" valorisables",
mais non valorisées, qui resteront en France, comme la loi le permet.
Seuls les déchets ultimes doivent repartir.
Mercredi 27 février, la NRA a validé les nouvelles règles en cas d'accident nucléaire. Parmi les mesures phares :
- distribution de pastilles d'iode dans un rayon de 5 km autour des centrales.
- les habitants vivant dans un rayon de 5 km devront évacuer si un
débit de dose de 500 microsieverts par heure est détecté. C'est la
moitié de la limite proposée par l'AIEA.
- les autorités locales doivent prévoir un plan d'évacuation en cas
d'accident dans un rayon de 30 km. Ce point là est long à mettre en
oeuvre et de nombreuses communes ne sont pas prêtes.
La NRA avait sollicité l'avis du public sur ces règles proposées en
octobre dernier. Elle a reçu 3 155 contributions en deux semaines.
C'est beaucoup plus qu'attendu. De nombreuses personnes demandent un
abaissement des seuils d'évacuation ou la distribution de pastilles
d'iode au-delà des 5 km. Certaines personnes demandent une protection renforcée pour les jeunes enfants et les femmes enceintes.
Mais il n'y a pas eu de changement majeur. A quoi sert la consultation
? Plusieurs personnes ont manifesté leur mécontentement lors de la
présentation des nouvelles règles par la NRA.
Selon l'Asahi, la mise aux normes des centrales nucléaires japonaises
coûtera environ 1 000 milliards de yens (10 milliards d'euros) aux
exploitants du nucléaire. Cette évaluation ne prend pas en compte tous
les protections supplémentaires qui vont devenir nécessaires car elles
n'ont pas toutes été chiffrées. Fukushima daï-ichi et daï-ni n'ont pas
été prises en compte. Sans surprise, c'est pour KEPCo que la facture
est la plus élevée. Mais c'est aussi la compagnie qui dépend le plus du
nucléaire avec 11 réacteurs.
Le Maïnichi est arrivé à la même somme.
Un bateau transportant des déchets nucléaires à haute activité et à
vie longue en provenance de Grande-Bretagne vient d'arriver au Japon,
dans la province d'Aomori. Ces 28 conteneurs iront à Rokkashô.
Vendredi 1er mars, le ministère de l'industrie a revu la composition de la commission
chargée de réfléchir sur l'avenir de l'énergie en excluant quasiment
toutes les personnes opposées au nucléaire. Le nombre total de membres
est passé de 24 à 15 (-37,5%). Le nombre de personnes opposées au
nucléaire est passé de 7 à 2 (-71%). Parmi les nouveaux venus, le
gouverneur de la province de Fukui, une région très nucléarisée avec 14
réacteurs nucléaires. Le message est donc clair...
Lundi 4 mars, l'agence Kyodo
a enquêté auprès des exploitants du nucléaire : aucun ne croit à un
redémarrage de réacteur nucléaire en 2013. Cela n'a pas empêché Luc
Oursel, PDG d'Areva, de déclarer à la presse : "On pense qu'il pourrait
y avoir une demi-douzaine de reacteurs qui redémarrent d'ici la fin de
l'année 2013". Cela doit être la même boule de cristal qui lui dit que
96% du combustible nucléaire usé est recyclable...
Mardi 5 mars, il y a toujours des rassemblements tous les vendredis soir devant la
résidence du premier ministre pour demander l'arrêt définitif du
nucléaire, mais plus petits. Il y a environ 3 000 participants.
Areva a confirmé l'information de Greenpeace qu'elle prépare un envoi
de combustible MOx au Japon, mais elle se refuse à donner un
calendrier. Côté japonais, aucune compagnie d'électricité ne
semble vouloir accepter le combustible.
Mercredi 6 mars, de nombreuses manifestations anti-nucléaire sont prévues ce week-end
à Tôkyô. Vendredi soir, c'est devant la résidence du 1er ministre,
comme toutes les semaines. Samedi 9, un grand rassemblement est prévu
au Parc de Yoyogi à 11h. Dimanche 10 mars, c'est au parc Hibiya à 13h.
Il y en a d'autres dans d'autres villes du Japon. 300 évènements sont prévus en tout.
Dimanche 10 mars, de 10 000 à 40 000 personnes selon les sources ont manifesté contre le
nucléaire à Tôkyô. Il y a eu 300 autres manifestations dans le pays.
-> Lire notre article
faisant le
point sur le redémarrage (9 juillet 2012, remis à jour le 18 juillet).
-> Site Internet du gouvernement pour débattre de la politique
énergétique à l'horizon 2030 : ici en japonais.
Coût de la catastrophe
nucléaire
|
Mars 2012
[afficher/cacher]
Dimanche 11 mars 2012, TEPCo
n'aurait distribué qu'un quart des 1 700 milliards de yens (17
milliards d'euros) reçus du gouvernement pour l'aider à payer les
compensations. Au 7 mars, elle n'aurait distribué que 441,7 milliards
de yens (4,42 milliards d'euros).
Vendredi 16 mars, la "Dispute
Reconciliation Committee for Nuclear Damage Compensation", en charge de
définir les indemnisations, a proposé que les habitants des zones où le
retour n'est pas possible à court terme (où l'exposition externe
dépasse les 50 mSv/an), reçoivent 6 millions de yens (moins de 60 000
euros). Cela devrait couvrir le coût de la vie et compenser le stress
subi sur 5 ans. Une somme supplémentaire pourrait être allouée si
l'évacuation dure plus longtemps. Le foncier sera aussi indemnisé sur
la valeur d'avant la catastrophe.
Pour les habitants originaires des zones où l'exposition externe est
comprise entre 20 et 50 mSv/an, que les autorités espèrent pouvoir
décontaminer, la commission propose 2,4 millions de yens pour deux ans
(moins de 24 000 euros). Là encore, une somme supplémentaire pourrait
être allouée si l'évacuation dure plus longtemps.
Enfin, les populations originaires des zones où l'exposition externe
est inférieure à 20 mSv/an, c'est 100 000 yens (moins de 1 000 euros)
par mois qui sont proposés.
Si les évacués ont une activité salariée sur leur lieu d'évacuation,
même à temps partiel, les indemnités seront réduites du salaire reçu.
La délimitation des nouvelles zones n'est pas prévue avant avril.
De nombreuses personnes concernées se plaignent que ces décisions
soient prises sans concertation et que ces indemnités de compensent pas
tout. Au bout d'un an, les maisons abandonnées doivent être dans un
piteux état. Qui va payer la remise en état ? Si le séisme a provoqué
des fuites qui n'ont pas pu être réparées suite à l'évacuation et que
la maison est devenue inhabitable. Qui va payer ? Quant à ceux qui ont
perdu leur proche dans le tsunami et qui ont dû abandonner les
recherches suite à l'ordre d'évacuation vivront la fin de leurs jours
avec un sentiment de culpabilité faute de n'avoir pas pu faire le
maximum pour tenter de sauver d'éventuels survivants. Comme compenser
cette perte ? Ou ceux qui se sont résignés et qui ne rentreront jamais,
verront-ils leur bien indemnisé au juste prix si l'ordre d'évacuer est
levé ?
Jeudi 22 mars, TEPCo devrait
demander entre 700 et 900 milliards de yens (7 et 9 milliards d'euros)
d'aides supplémentaires pour pouvoir faire face aux indemnisations. Le
total d'aides reçues devrait alors dépasser 2 000 milliards de yens (20
milliards d'euros) sachant que déjà 1 580 milliards de yens ont déjà
été accordés. Ce surcoût est dû aux 20 000 à 30 000 réfugiés qui ne
pourront pas rentrer chez eux avant de nombreuses années car leur
habitation est dans une zone où l'exposition externe dépasse 50 mSv/an.
L'aide gouvernementale ne peut pas dépasser 5 000 milliards de yens (50
milliards d'euros) pour le moment. Cela ne devrait pas suffire à
indemniser la décontamination.
Le gouvernement pense en plus investir 1 000 milliards de yens (10
milliards d'euros) dans la compagnie pour en prendre le contrôle et la
réformer.
Par ailleurs, la compagnie ne va pas pouvoir augmenter ses tarifs pour
les entreprises avant expiration du contrat car elle n'a pas réussi à
les convaincre d'accepter l'augmentation. 220 000 clients sont
concernés, pour la plupart des PME qui consomment moins de 500 kW. Le
contrat de 170 000 client n'expire pas avant le 2 avril.
Le gouvernement veut acquérir suffisemment de parts sociales de TEPCo
pour obtenir les 2/3 des droits de vote afin de réformer complètement
la compagnie.
Dimanche 25 mars, 280 habitants
du district de Nagadoro du village d'Iitaté vont demander
collectivement à la structure en charge de régler les problèmes
d'indemnisation une plus forte somme. Ce district devrait être classé
dans la zone où le retour est difficile car l'exposition externe y est
supérieure à 50 mSv/an. Alors qu'ils ont droit à 100 000 yens par mois
(moins de 1 000 euros) pour compenser la détresse pendant 5 ans, ils en
réclament 350 000 par mois (3 200 euros) ainsi qu'une meilleure
indemnisation des autres coûts.
Mardi 27 mars, TEPCo a reçu ce
jour 104,9 milliards de yens (1 milliard d'euros) d'aides de la part du
Nuclear Damage Compensation Facilitation Corporation.
Mercredi 28 mars, TEPCo veut
augmenter ses tarifs de 17% pour 240 000 compagnies, après le 1er
avril, au moment du renouvellement annuel du contrat. Pour 50 000
d'entre elles, le contrat est renouvelé le 1er avril. Parmis ces 50 000
compagnies, seulement 3 300 ont accepté de signer le nouveau contrat
avec un tarif plus élevé. Parmi les 187 000 companies dont le contrat
doit être renouvelé après le 2 avril, seulement 26 850 ont accepté de
signer. TEPCo va continuer à approvisionner ces compagnies pendant 50
jours au maximum avant de couper l'électricité. Comme elle est en
situation de monopole, les clients n'ont pas d'alternative.
Jeudi 29 mars, TEPCo a
sollicité une aide supplémentaire de 1 000 milliards de yens (9
milliards d'euros). Mais la question du nombre de parts sociales que va
acquérir l'Etat n'est pas réglée. Le gouvernement veut aussi changer la
tête de la compagnie, mais les personnes sollicitées ont refusé le
poste. Cela ne se bouscule pas au portillon. L'injection de capital
pourrait avoir lieu en juillet.
La compagnie a aussi demandé 845,9 milliards de yens (7,7 milliards
d'euros) au Nuclear Damage Liability Facilitation Fund. Cela portera la
part de ce fond à 2 400 milliards de yens (22 milliards d'euros).
Avril - Mai 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 4 avril, TEPCo, qui a
fait face à une perte de 1 247 milliards de yens (11,3 milliards
d'euros) en mars 2011, essentiellement dû à la perte de son outil de
production, et qui devra faire face à une perte supplémentaire de 695
milliards de yens (6,3 milliards d'euros) en mars 2012, va probablement
couper les primes (bonus) de ses employés cet été. Les employés
bénéficient de primes conséquentes en été et en hiver. L'an dernier,
elles avaient été divisées par 2. Cette année, elles seront
probablement supprimées. Les syndicats vont en être informés bientôt.
Samedi 21 avril, 3 producteurs
de riz de de la région de Fukushima réclament 3,5 milliards de yens (35
millions d'euros) à TEPCO. Ils faisaient de la vente directe sans
passer par les coopératives agricole et TEPCo n'envisage par
d'indemniser les agriculteurs en dehors des coopératives. Ils ont donc
saisi l'instance de médiation pour obtenir des indemnités.
Lundi 23 avril,
TEPCo a annoncé
avoir reçu 218,6 milliards de yens (2 milliards d'euros) d'aide ce
jour. L'argent va servir aux indemnisations. La compagnie a maintenant
reçu 882,2 milliards de yens (8,3 milliards d'euros) d'aide en tout.
Vendredi 20 avril, TEPCo avait déjà versé 776,5 milliards de yens (7,3
milliards d'euros) d'indemnités.
Vendredi 27 avril, TEPCo a
soumis au gouvernement son plan financier : la compagnie veut couper
dans ses coûts et économiser 3 300 milliards de yens (31 milliards
d'euros) en 10 ans. Mais cela ne suffira pas, même si elle a prévu de
redémarrer sa cenrale de Kashiwazaki-Kariwa en 2013. Elle veut aussi
augmenter ses tarifs pour les particuliers de 10% à partir du 1er
juillet. Et elle compte sur 1 000 milliards de yens (9,4 milliards
d'euros) d'aide du gouvernement et 1 000 milliards de yens d'emprunts
auprès d'organismes privés.
Mardi 1er mai, le bras de fer
continue entre TEPCo et les gros consommateurs
d'électricité : TEPCo a augmenté de 17% ses tarifs mais seulement 45%
de ses
clients ont accepté de signer un nouveau contrat. Parmi ceux dont le
contrat arrivait à échéance à la fin mars 2012, 36,4% ont refusé le
nouveau tarif. Ils considèrent que c'est un abus de position dominante
puisqu'il ne leur est pas possible de choisir leur fournisseur.
Lundi 7 mai, le ministre de
l'industrie a estimé à 2 700 milliards de yens (26 milliards d'euros)
les pertes cumulées des neuf compagnies d'électricité qui possèdent des
réacteurs nucléaires si aucun ne redémarre durant l'année fiscale 2012
(jusqu'au 31 mars 3013). Ces mêmes compagnies ont déjà affiché une
perte de 1 500 milliards de yens (14,4 milliards d'euros). Mais elles
possèdent encore des réserves qui devraient fondre rapidement si la
situation perdure.
Mercredi 9 mai, le gouvernement
a accepté le plan de TEPCo. Il va donc injecter 1 000 milliards de yens
(environ 10 milliards d'euros) et prendre le contrôle de la compagnie.
Cela portera à 3 500 milliards de yens (35 milliards d'euros) l'aide
gouvernementale.
Dans son plan, la compagnie compte augmenter de 10,28% en moyenne ses
tarifs pour les particuliers à partir de juillet. La compagnie prévoit
toujours de redémarrer certains réacteurs de sa centrale de
Kashiwazaki-Kariwa dès 2013. Sans cela, la situation financière est
encore plus désespérée...
Vendredi 11 mai, selon un
décompte fait par TEPCo, environ 30% des gros consommateurs clients de
TEPCo refusent le nouveau contrat avec une hausse moyenne de 17%. La
compagnie essaye de les convaincre d'accepter le nouveau tarif, tout en
continuant à les fournir en électricité.
Pour les particuliers aussi, TEPCo veut augmenter ses tarifs à partir
du 1er juillet. Elle en a fait la demande aux autorités. Elle a aussi
annoncé vouloir proposer des tarifs différenciés en fonction des heures
pour limiter la demande pendant les pics de demande. Cette option, avec
un compteur adapté, est déjà implantée pour les maison tout-électrique.
TEPCo veut généraliser l'offre en fournissant gratuitement le nouveau
compteur. Le prix du kilowattheure serait donc de 53,29 yens entre 13
et 16h de juillet à septembre, soit plus du double du tarif plat de 23
yens (45,15 yens avant l'augmentation des tarifs). Le reste de la
journée, le tarif sera de 29,66 yens, y compris dans la tranche 13-16h
les autres mois de l'année (27,08 avant l'augmentation des tarifs).
Enfin, la nuit, de 23h à 7h, le tarif proposé est de 12,13 yens (9,72
yens avant l'augmentation des tarifs). Bref, le consommateur est
perdant avec ce système, à moins de vivre de nuit. Il n'est donc pas
sûr que cette nouvelle tarification séduisent les consommateurs et aide
donc à lisser les pics.
TEPCo veut aussi augmenter l'abonnement.
Il n'y aura pas de prime d'été pour les employés de TEPCo, suite à un
accord avec les syndicats. C'est la première fois dans l'histoire de la
compagnie. Elle avait déjà baissé de 20% le salaire des employés et de
25% celui des cadres.
Lundi 14 mai, TEPCo a annoncé
une perte de 781,64 milliards de yens (7,6 milliards d'euros) pour
l'année fiscale 2011 (qui termeine au 31 mars 2012).
Lundi 21 mai, le gouvernement
devrait nationaliser TEPCo le 25 juillet en y injectant 1 000 milliards
de yens (10 milliards d'euros). Il va ainsi contrôler 50,11% des parts,
ce qui lui permet de nommer les dirigeants. La part gouvernementale
pourrait monter à 75,84%.
Mercredi 23 mai, selon le
ministère de l'industrie, les compagnies d'électricité japonaises
tirent 69% de leurs bénéfices des particuliers alors qu'ils ne
consomment que 38% de l'électricité. Les bénéfices de TEPCo
provennaient à 91% des particuliers. Cette différence s'explique par le
fait que le marché de l'électricité est libéralisé pour les gros
consommateurs, alors que les compagnies jouissent d'un monopole auprès
des particuliers. Et TEPCo veut encore augmenter les tarifs pour les
particuliers...
14 000 des 55 000 gros clients de TEPCo dont le contrat expirait au 1er
avril dernier refusent de signer le nouveau contrat avec une
augmentation de 17% de de la facture d'électricité. TEPCo pourrait
couper le courant à partir de ce jour mais a décidé de ne pas le faire
et de continuer à convaincre ses client d'accepter l'augmentation de
ses tarifs. Au 17 mai, TEPCo avait réussi à convaincre 126 000 clients,
soit à peu près la moitié de ses 235 000 clients concernés par cette
augmentation. Même la province de Shizuoka a refusé de signer.
Juin - Juillet 2012
[afficher/cacher]
Lundi 4 juin, la ville d'Iwaki
réclame 243 millions de yens (2,3 millions d'euros)
d'indemnisation à TEPCO pour compenser le manque à gagner suite à la
réduction du nombre de patients dans son hôpital municipal et les coûts
de la mise en place d'une surveillance de la radioactivité dans l'eau
de distribution.
TEPCo achète pour 100 milliards de yens par an (1 milliard d'euros)
d'électricité à d'autres producteurs d'électricité nucléaire qui sont
Japan Atomic Power Co. and Tohoku Electric Power Co.. Le contrat
stipule que TEPCo doit payer, même si les réacteurs sont à l'arrêt. En
effet, TEPCo doit couvrir les coûts fixes, comme la dépréciation,
les réparations, les salaires, la communication et la publicité et les
"dons" aux autorités locales. Or, les trois centrales concernées (Tôkaï
n°2, Onagawa et Higashidôri) ne sont pas prêtes à redémarrer avant
longtemps.
Si le contrat est changé et que TEPCo ne paye pas, elle peut limiter la
hausse de ses tarifs pour les particuliers à 9%, contre 10,28%
actuellement. Mais, dans la situation actuelle, les paiements de TEPCo
devraient augmenter dans les années à venir pour couvrir les frais de
réparation de ces réacteurs affectés par le séisme.
Plus des deux tiers des retraités de TEPCo (83%) ont accepté une baisse
de leur pension. Cela devrait donc être effectif à partir d'octobre
prochain. La compagnie espère ainsi économiser 106,5 milliards de yens
(1 milliard d'euros) en 10 ans.
Mercredi 13 juin, les autorités
envisagent d'indemniser le foncier sur la valeur des maisons avant la
catastrophe, pour les maisons situées dans les zones où les habitants
ne pourront pas rentrer avant au moins 5 ans. Cependant, la commission
en charge des arbitrages a décidé que la maisons qui entrent dans cette
catégorie mais qui ont été d"truite par le tsunami ou le séisme ne
pourront pas être indemnisées. Il y en a 806 à Namié, Futaba, Ôkuma,
Tomioka et Naraha. Et le bureau de Fukushima de l'agence en charge de
la reconstruction a déclaré au
Maïnichi qu'elle ne prévoyait pas d'assistance aux
victimes du tsunami des zones évacuées...
Lundi 18 juin, selon une
estimation du ministère de l'économie et de l'industrie, 4 compagnies
de production d'électricité pourraient faire faillite si le
gouvernement décidait d'abandonner complètement le nucléaire dès 2012.
Il s'agit de Tokyo Electric Power Co., Tohoku Electric Power Co.,
Hokkaido Electric Power Co. et Japan Atomic Power Co. qui sont trop
endettées. Pour les 10 compagnies d'électricité, un actif total de 3
200 milliards de yens (32 milliards d'euros) pourraient être perdus
dans un tel scénario. Il faudra alors ajouter 1 200 milliards de yens
(12 milliards d'euros) pour le démantèlement.
Facile après coup d'aller accuser le coût des énergies fossiles, comme
le font les compagnies et le gouvernement. Ce qui grève les budgets des
compagnies d'électricité, ce sont bien les investissements massifs dans
une source d'énergie qui se rélève être beaucoup moins sûre que ce qui
était prétendu. Bref, des investissements toxiques.
Vendredi 29 juin, alors que
TEPCo voulait augmenter ses tarifs à partir du 1er juillet
pour les particuliers, les autorités n'ont toujours pas donné leur feu
vert. Cela coince en particulier sur la baisse des salaires de ses
employés proposée par la compagnie. Le ministère de l'industrie est
prêt à accepter la proposition de l'exploitant nucléaire, mais pas
l'Agence en charge des consommateurs qui espère une baisse supérieure à
30%. TEPCO propose 21% en moyenne, ramenant ainsi le salaire moyen à
la moyenne de celui dans les grandes entreprises. C'est encore trop
pour de nombreux consommateurs qui gagnent moins et qui doivent
supporter une hausse de l'électricité.
Il y a aussi la question des primes (bonus) qui peuvent être très
élevées au Japon. Quand la Japan Airlines a reçu une aide
gouvernementale, les bonus ont été supprimés 3 ou 4 fois consécutives.
TEPCo n'envisage qu'une seule suspension cet été.
Le président de TEPCo et son directeur espèrent toujours redémarrer la
centrale de Kashiwazaki-Kariwa qui compte 7 réacteurs. Mais il leur
faut obtenir l'accord des autorités locales, ce qui n'est pas gagné
pour le moment. L'enjeu financier est énorme pour la compagnie.
La crise de confiance date d'avant la catastrophe de Fukushima : la
compagnie avait, pas le passé, caché des problèmes ou falsifié des
rapports.
Les 10 compagnies d'électricité du Japon veulent augmenter leur
tarifs en août, pour, soit disant, faire face à la hausse des prix de
l'essence (qui baisse actuellement !) et au surcoût lié à la nouvelle
obligation de rachat des énergies renouvelables. C'est le 3ième mois
consécutif de hausse. Mais ce qui leur coûte leur plus et qu'elles ne
veulent pas admettre, c'est d'avoir investi massivement dans l'énergie
nucléaire sans pouvoir l'utiliser.
La province d'Ishikawa, comme celles de Fukui et Aomori, a décidé de
taxer les réacteurs nucléaires à l'arrêt.
Mercredi 4 juillet, plus de 80
prisonniers de la prison de Fukushima ont reçu 80
000 yens (800 euros) d'indemnités de la part de TEPCo, comme les autre
résidents de la province. Un a essayé et le mot s'est propagé très
vite. Il avait 1 700 prisonniers le 11 mars 2011.
Les nouveaux président et le directeur de TEPCo ont visité la centrale
de Fukushima daï-ni, située à 12 km de celle de daï-ichi. 2 000
travailleurs habillés en shadok y travaillent tous les jours, malgré la
forte contamination des lieux liée à l'accident nucléaire de la
centrale voisine. Ils assurent le refroidissement des combustibles et
surtout, il tentent de la réparer. Pareil pour les réacteurs 5 et 6 de
la centrale de daï-ichi. TEPCo dépense 90 milliards de yens (900
millions d'euros) par an pour tenter une remise en état de marche alors
qu'il est fort probable que les 4 réacteurs de daï-ni et les réacteurs
5 et 6 de daï-ichi ne redémarrent jamais. Les autorités régionales ont
été claires là-dessus. Et les dommages sont probablement irréversibles.
In fine, c'est le consommateur qui paye cette folie. La compagnie a
inclu ces coûts dans son bilan pour justifier l'augmentation de ses
tarifs.
Pourquoi dépenser l'argent dans ce tonneau des Danaïdes ? Pourquoi
faire prendre des doses inutiles aux travailleurs ? En maintenant
l'ambiguité sur le devenir de ces 6 réacteurs, ils gardent une valeur.
Si TEPCo déclarait ces 6 réacteurs comme à démanteler, ses avoirs
seraient réduits et il lui faudrait additionner immédiatement les coûts
du démantèlement. Elle serait en faillite et le gouvernement aurait à
prendre à sa charge les tous les coûts dont les indemnités.
Jeudi 5 juillet, la commission
qui scrute les compte de TEPCo n'a pas accepté, dans son
rapport remis ce jour, l'augmentation proposée par la compagnie. Même
si elle ne donne pas de chiffre, l'augmentation doit être inférieure au
10,28% en moyenne proposés. Certaines dépenses que TEPCo a incluses
n'ont pas été acceptées. Outre le problème des salaires dont nous avons
déjà parlé (29 juin), la commission a retoqué les dépenses de publicité
et les donations faites à de nombreuses structures.
Jeudi 12 juillet, TEPCo
pourrait faire face à une note de 1 000 milliards de yens (10
milliards d'euros) pour la décontamination des seules années 2011 et
2012, qui devra être reportée sur la facture des consommateurs. Elle
vient s'ajouter aux 2 500 milliards de yens (25 milliards d'euros)
d'indemnités.
Vendredi 13 juillet, TEPCo
compte sur le redémarrage de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa et
ses 7 réacteurs à partir d'avril 2013 pour redresser ses finances. Tous
les réacteurs de cette centrale, déjà fortement secouée par un séisme
en 2007 (
voir
notre article sur le sujet),
n'avaient pas encore redémarré en 2007. Le nouveau président de TEPCo
vient d'admettre que ce redémarrage sera difficile à court terme : de
nombreuses erreurs ont été découvertes dans le rapport sur les
stress-tests faits par l'exploitant et le gouverneur de Niigata est
opposé au redémarrage pour le moment. Il a déclaré, lors d'une
rencontre avec TEPCo la veille : "Qu'est ce vous pensez qui est le plus
important, la gestion ou la sûreté ?". Evidemment, le président de
TEPCo a répondu "la sûreté". Que pouvait-il d'autre ? Et le gouverneur
a regretté que la nouvelle direction de TEPCo ait parlé de redémarrage
aussitôt après avoir pris ses fonctions.
Samedi 14 juillet, 41 familles
de Nagadoro, un hameau de Iitaté, sur 70 environ, ont porté
plainte auprès de la structure ad-hoc mise en place par le
gouvernement, pour obtenir plus d'indemnités de la part de TEPCo.
Mardi 17 juillet, le bras de
fer continue sur l'augmentation des tarifs de l'électricité
demandée par TEPCo. La compagnie a suggéré une baisse de 20% des
salaires pour les employés et 25% pour les cadres. La commission ad-hoc
de ministère de l'industrie a accepté, mais pas l'agence en charge de
la protction des consommateurs : elle demande une baisse de 30% des
salaires pour limiter l'augmentation des tarifs.
Jeudi 19 juillet, le
gouvernement a tranché : l'augmentation des tarifs de
l'électricité pour les ménages clients de TEPCo sera de 8,47% à partir
du 1er septembre au lieu des 10,28% demandés par la compagnie qui devra
faire plus d'économies. Le gouvernement, qui a le contrôle de la
compagnie maintenant, va exiger une baisse de 31% du salaire des
cadres. Elle a été baissé de 16% actuellement. Il va aussi revenir sur
tarif pour les entreprises, qui a augmenté de 16,7% en avril dernier,
en limitant l'augmentation à moins de 15%.
L'entreprise possède un hôpital qui lui est propre au centre de Tôkyô
(Shinjuku), réservé à ses employés, ses anciens employés et leurs
famille. Elle va le vendre car le gouvernement a refusé d'inclure ses
coûts dans la justification d'augmentation des tarifs.
La cour de Tôkyô a rendu un jugement intéressant : un actionnaire de
TEPCo l'avait saisie pour réclamer l'application de la clause
d'exception dans le cas de l'accident nucléaire du 11 mars 2011. La loi
sur les indemnisations en cas d'accident nucléaire prévoit que le
gouvernement, et non l'exploitant, doit payer en cas d'une catastrophe
naturelle d'une ampleur exceptionnelle ou en cas de crise sociale
majeure. Cet actionnaire réclamait aussi 1,5 million de yens (15 000
euros) à l'Etat en compensation de la chute de l'action de TEPCo. Il a
été débouté, le juge ayant considéré que le gouvernement avait raison
de n'appliquer la clause qu'à des situations absolument inimaginables.
Vendredi 20 juillet, le
gouvernement a défini le régime d'indemnisation du foncier pour les
victimes de la catastrophe de Fukushima. Dans les zones où l'exposition
externe annuelle dépasse les 50 mSv/an et où aucun retour n'est
possible avant longtemps, le remboursement de la maison par TEPCo sera
intégral sur le prix avant la catastrophe. Pour les autres zones, le
remboursement sera complet si l'ordre d'évacuation n'est pas levé 6 ans
après le déclenchement de la catastrophe. Le remboursement sera partiel
s'il est levé avant (la maison non entretenue est bien endommagée). Par
valeur avant la crise, le gouvernement entend la valeur en 2010
multipliée par 1,43.
Des montants maximums de dédommagement ont aussi été fixés pour les
meubles, équipements et autres biens laissés dans les maisons
abandonnées lors de l'évacuation. Cette somme peut atteindre jusqu'à
6,75 millions de yens (67 500 euros) pour une famille de quatre
personnes.
L'indemnisation du préjudice moral peut atteindre 6 millions de yens
(60 000 euros).
Il prévoit en outre que les agriculteurs et pêcheurs contraints
d'arrêter leur activité dans la région pourront toucher jusqu'à
l'équivalent de cinq années de revenus, les employés d'entreprises
ayant dû fermer pouvant percevoir quant à eux jusqu'à deux ans de
salaire.
Mardi 24 juillet, les
nouvelles règles d'indemnisation de TEPCo sont présentées
ici en anglais.
Mercredi 25 juillet, c'est
décidé, les tarifs d'électricité de TEPCo pour les ménages vont
augmenter de 8,46% en moyenne à partir du 1er septembre.
Mardi 31 juillet, une agence
gouvernementale a injecté 1 000 milliards de yens (10
milliards d'euros) dans TEPCo et en prend, de facto, le contrôle. Dès
l'année prochaine, va se poser le problème du redémarrage des 7
réacteurs de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. TEPCO compte
dessus pour limiter ses pertes financières. Si le gouvernement a le
contrôle de la compagnie et de la sûreté, le conflit va être intenable.
Août - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 1er août, 7
compagnies d'électricité sur 9 sont en déficit. Seules celle
d'Okinawa, qui n'exploite pas de centrale nucléaire, et Hokuriku
Electric Power Co. ont fait des bénéfices entre avril et juin de cette
année. C'est celle de Kyûshû qui enregistre les plus fortes pertes avec
100,9 milliards de yens (1 milliard d'euros), suivie par celle du
Kansaï, avec 99,5 milliards de yens. Viennent ensuite, Hokkaido
Electric Power Co. avec une perte de 17,0 milliards de yens, Tohoku
Electric Power, avec 12,0 milliards de yen, Chubu Electric Power Co.,
avec 12,5 milliards de yens, Chugoku Electric Power Co., avec 10,5
milliards de yens et Shikoku Electric Power 14,9 milliards de yens.
TEPCo communique
pour annoncer que ses revenus ont augmenté lors du premier trimestre
2012, par rapport au premier trimestre 2011 et que ses pertes ont
donc baissé pour cette même période : 288,39 milliards de yens (3
milliards d'euros). Mais ses
prédictions de déficit pour l'année fiscale en cours s'aggravent : 160
milliards de yens et non plus 100 milliards de yens à cause de la
hausse moins forte que prévu de ses tarifs d'électricité. TEPCo avait
enregistré une perte nette de 781 milliards de yens (8 milliards
d'euros) lors de l'année fiscale 2011.
Mardi 14 août, selon l'agence
bloomberg, les compagnies d'électricité du Japon
auraient perdu 3 600 milliards de yens (36 milliards d'euros) depuis le
11 mars 2011. Cela correspond à la somme des bénéfices depuis 2004.
Elle ne devraient plus payer des dividendes à leurs actionnaires cette
année. Les années à venir seront aussi difficile : personne ne sait
combien de réacteur seront redémarrés. Et le projet du gouvernement de
séparer la distribution de la production, comme en Europe, afin
d'introduire de la concurrence, fait qu'elles ne pourront plus
bénéficier d'une rente de situation abusive qui leur permettaient de
payer des dividendes très élevés, 46% de plus que la moyenne des
compagnies du Nikkei 225 sur les 5 dernières années. Les investisseurs
se retirent.
Mardi 21 août, TEPCo annonce avoir reçu 155,1 milliards de yens
(1,5 milliards d'euros) de l'Etat. La compagnie a aussi annoncé les
mesures d'indemnisation de l'activité touristique
qui souffre des 'rumeurs nuisibles'.
Mardi 28 août, l'industrie
touristique des provinces d'Aomori, Akita, Yamagata,
Iwaté, Miyagi et Chiba aura aussi droit à des indemnités pour compenser
la baisse de fréquentation suite aux retombées radioactives. Fukushima,
Ibaraki, Tochigi et Gunma avaient déjà droit à des compensations.
Samedi 1er septembre, comme
prévu, les tarifs d'électricité de TEPCo augmentent bien de
8,46% en moyenne pour les petits consommateurs. Cela concerne presque
29 millions de clients (foyers, petits commerces...). Les tarifs pour
les plus gros clients a déjà augmenté de 14,9% en moyenne.
D'autres compagnies d'électricité aimeraient aussi augmenter leurs
tarifs, mais elles hésitent car cela nécessite de justifier et donc
expliquer leur calcul au ministère de l'industrie. Pour le moment,
elles préfèrent garder secret leur méthode de calcul des tarifs.
Dans la zone couverte par TEPCo, nombreux sont ceux qui essayent de
compenser la hausse du tarif par une baisse de consommation.
Mercredi 19 septembre, TEPCo comptait redémarrer sa centrale de
Kashiwazaki-Kariwa en avril
2013 pour renouer avec les bénéfices. Mais elle est pessimiste et va
encore couper dans ses coûts pour essayer de redevenir bénéficiaire
sans la centrale nucléaire.
Samedi 29 septembre, une taxe carbone débute le 1er octobre.
Certains fournisseurs
d'énergie vont la répercuter sur leurs prix, d'autres non. TEPCo va la
répercuter.
Lundi 1er octobre, TEPCo vend
son hôpital. Avis aux intéressés...
Mardi 2 octobre, fin septembre, TEPCo avait reçu 940 000
demandes d'indemnisation. 860
000 demandes ont été satisfaites et les compensations engagées
s'élèvent à 1 240 milliards de yens (12,4 milliards d'euros). Et cela
va encore augmenter. C'est l'Etat qui avance l'argent et il doit se
faire rembourser par TEPCo quand elle le pourra.
Lundi 22 octobre, la compagnie KEPCo, qui couvre le Kansaï,
devrait demander une
augmentation de ses tarifs d'électricité de 10% à partir d'avril 2013
pour les foyers et de 20% pour les compagnies. KEPCo doit obtenir
l'accord du gouvernement pour les particuliers, pas pour les
compagnies. Le Ministère de l'industrie doit osculter les comptes de
KEPCo et solliciter l'avis des consommateurs avant de donner son avis.
KEPCo devrait afficher une perte de 125 milliards de yens (1,25
milliards d'euros) pour les 6 premiers mois de l'année fiscale (avril à
septembre 2012). Elle pourrait ne pas payer de dividendes pour la
première fois en 61 ans.
Bien que TEPCo soit en faillite et ait dû être nationalisée, elle a
continué à arroser financièrement les municipalités. Higashidôri, où
TEPCo a commencé à contruire un réacteur, a reçu 76 millions de yens
(760 000 euros) depuis le 11 mars 2011. Le chantier est arrêté.
Rokkashô, où il y a l'usine de retraitement qui n'arrive pas à
démarrer, a reçu 270 millions de yens (2,7 millions d'euros). Quand l'
Asahi
a commencé à enquêté, la municipalité de Higashidôri a nié avoir reçu
des fonds, puis, une fois le versement à Rokkashô connu, elle a reconnu
les faits. Pour TEPCo, il ne s'agit pas de donations.
Le ministère de l'industrie a décidé de ne pas inclure ces paiements
dans l'évaluation des coûts de l'électricité depuis cette année
fiscale, qui commence le 1er avril. TEPCo les aurait donc cessés depuis
mai 2012. A Higashidôri, une partie de l'argent était en soutien à la
pêche.
Mardi 30 octobre, 5 compagnies
d'électricité envisagent d'augmenter leurs tarifs pour
les particuliers et les entreprises. Pour elles, c'est une question de
survie. Et d'avancer, une fois de plus, les coûts élevés des énergies
fossiles. Mais ce qui coûte, c'est de payer pour des centrales
nucléaires qui sont à l'arrêt. Il s'agit des compagnies du Kansaï, de
Kyûshû, de Hokkaïdô, du Tôhoku et du Shikoku. C'est aussi une façon,
pour elles, de faire pression sur les autorités pour une accélération
des procédures d'autorisation de redémarrage de leurs centrales
nucléaires. Kyûshû Electric va dépenser 470 milliards de yens (4,7
milliards d'euros) en plus pour les combustibles fossiles cette année
par rapport à 2010. Ce sont 250 milliards de yens (2,5 milliards
d'euros) en plus pour celle du Tôhoku.
Les autorités ne devraient pas autoriser une augmentation supérieure à
celle accordée à TEPCo, à savoir 8% en moyenne pour les foyers.
Mercredi 31 octobre, selon un
audit rendu public la semaine dernière, un quart environ des
11 700 milliards de yens (117 milliards d'euros) du budget de
reconstruction suite au tsunami et à la catastrophe nucléaire ont été
utilisés pour d'autres projets au prétexte que cela contribue à la
relance de l'économie japonaise. Parmi ces projets, il y une route à
Okinawa, des aides pour une usine de lentilles dans le centre du pays,
la rénovation de bâtiments gouvernementaux à Tôkyô, l'entraînement de
pilotes d'avion, un soutien à la pêche à la baleine, etc etc etc... 30
millions de yens (300 000 euros) ont servi à la promotion de la
nouvelle tour de Tôkyô (Sky Tree). En attendant, plus de 325 000 des
340 000 personnes qui ont dû fuir les zones dévastées par le tsunami ou
la radioactivité, sont sans logement définitif.
Plus de la moitié des 23 000 milliards de yens (230 milliards d'euros)
prévus sur dix ans n'ont pas encore été affectés.
Vendredi 2 novembre, de
nombreux patients atteints de maladies rénales qui doivent
bénéficier régulièrement de dialyses ont demandé des compensations à
TEPCo. Ils ont dû aller se faire soigner dans d'autres provinces même
s'ils ne vivaient pas dans des zones à évacuer. A Iwaki, des hôpitaux
ont dû fermer après le départ du personnel soignant et 600 patients ont
dû aller vers d'autres régions en urgence pour pouvoir continuer à
bénéficier de soins. Comme Iwaki n'est pas une zone d'évacuation, ces
patients sont considérés comme des évacués volontaires et ne
bénéficient que de 80 000 yens (800 euros de compensation). Ceux qui ne
sont pas partis ont vu leur traitement réduit.
Samedi 3 novembre, TEPCo veut
ouvrir des bureaux à Fukushima avec plus de 4 000 personnes
à partir de janvier prochain. Elle veut y installer les sections en
charge des indemnisations et de la "décontamination". Cela représente
plus de 10% des employés de la compagnie. Les 38 000 employés de la
compagnie devront y passer un certain temps. Il y a 3 500 personnes
affectées à ces tâches actuellement. La compagnie espère ainsi se
rapprocher des personnes directement touchées par la catastrophe
nucléaire.
Mercredi 7 novembre, TEPCo
demande plus de sous au gouvernement pour faire face aux coûts
de la décontamination et des indemnisations qui
pourraient s'élever à 10 000 milliards de yens (100 milliards d'euros).
C'est le double de l'estimation d'il y a quelques mois et cela ne
prends en compte le coût du démantèlement. Rien n'a été décidé non plus
sur le sort des réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi et sur les 4 de
Fukushima daï-ni. Le vrai coût de la catastrophe est encore impossible
à chiffrer et le
retour d'expérience de Tchernobyl montre qu'il se chiffrera en
plusieurs centaines de milliards d'euros.
TEPCo a déjà
reçu 10% de la somme réclamée. Elle utilise aussi ce levier pour faire
pression sur le gouvernement afin d'obtenir l'autorisation de
redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. C'est incroyable que,
contrairement aux chauffards à qui on retire le permis, elle puisse
continuer à exploiter des centrales nucléaires.
Lundi 26 novembre, KEPCo
demande l'autorisation d'augmenter ses tarifs de 11,88% en moyenne à
partir d'avril prochain. C'est plus que ce qu'avait obtenu TEPCo.
Selon une étude de l'IRSN (résumé, présentation), une
catastrophe comme celle de Fukushima en France aurait un impact
économique beaucoup plus grand en Europe. Rien que pour la France, le
coût pourrait excéder 430 milliards d'euros, ce qui aurait des
conséquences économiques, sociales et politiques difficiles à prévoir.
C'est à comparer à une guerre régionale...
L'étude explique le coût plus élevé en France par la plus forte densité
de population à proximité des centrales et l'impact sur l'industrie
agro-alimentaire et le tourisme. L'image de la France serait affectée
durablement et pourrait nous coûter 276 milliards d'euros. Le
déplacement des 100 000 personnes aurait aussi un coût élevé, mais les
conséquences sanitaires auraient un impact financier réduit par rapport
au reste. Tous ces coûts, auxquels il faudrait ajouter l'arrêt d'une
partie au moins du parc nucléaire comme au Japon, ne sont pas pris en
compte par les exploitants et les autorités. Il y a eu la fusion de 3
réacteurs au Japon. EDF ne considère la fusion que d'un seul réacteur.
Et d'ajouter que les Japonais ont eu de la chance car 80% de la
radioactivité est allée vers l'Océan pacifique. ce ne serait pas le cas
en France.
Un simple accident "sévère" pourrait coûter 120 milliards d'euros. Le
double avec des conditions météo défavorables. Les pertes dues à
l'image et au remplacement de la production d'électricité couvriraient
environ 77% de cette somme. La situation serait différente en cas
d'accident "majeur" mentionnée ci-dessus.
Vous
pouvez en savoir plus ici, mais c'est payant...
Pour avoir des statistiques récentes sur la population vivant autour
des centrales nucléaires françaises, vous pouvez consulter gratuitement
cet article en français.
Mardi 27 novembre, après
KEPCo, dans le Kansaï, c'est au tour de Kyûshû Electric de
demander une hausse moyenne de ses tarifs d'électricité de 8,51% à
partir d'avril prochain. Les compagnies du Tôhoku et de Shikoku
pourraient suivre. Des conférences de presse sont annoncées pour les 29
et 30 novembre.
Mercredi 5 décembre, TEPCo a
présenté les indemnisations qu'elle allait verser aux
personnes qui sont parties volontairement de certaines zones
contaminées : c'est 40 000 yens (400 euros) par adulte et 80 000 (800
euros) par enfant. Le communiqué en anglais est ici et les tableaux avec
les sommes ici et ici. Cela ne fait pas beaucoup quand il faut
refaire sa vie.
Vendredi 7 décembre, KEPCo,
qui a demandé à augmenter ses tarifs d'électricité à partir
d'avril prochain, envisage de réduire de 5% les salaires et de ne pas
verser de prime (bonus) lors de l'été 2013. Les discussions sont en
cours avec le syndicat.
Jeudi 13 décembre, lors de son audition par le ministère de l'industrie à propos de sa
volonté d'augmenter ses tarifs, Kyûshû Electric a prétendu qu'il lui
faudra vendre son électricité 35,64% plus cher en moyenne (admirez la
précision !) si aucun réacteur nucléaire ne redémarre. Actuellement, la
compagnie demande une augmentation moyenne de 8,51% pour les ménages et
14,22% pour les compagnies en tablant sur le fait que 4 de ses 6
réacteurs seront remis en route.
Kansaï Electric (KEPCo) n'est pas en reste et table aussi sur 4
réacteurs nucléaires remis en route pour estimer sa demande
d'augmentation moyenne de 11,88% pour les ménages.
Mardi 18 décembre, TEPCo a reçu 29,2 milliards de yens (260 millions
d'euros) des autorités.
Jeudi 20 décembre, le président de TEPCo va essayer de renégocier l'aide publique avec
le nouveau gouvernement. La compagnie a besoin de 10 000 milliards de
yens (90 milliards d'euros) pour couvrir les indemnisations, la
décontamination et le démantèlement et ne devrait recevoir que la
moitié. Il espère avoir plus de chance qu'avec les précédent
gouvernement. Il en profite aussi pour pousser le redémarrage rapide de
sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa qui compte 7 réacteurs. Il affirme
n'avoir toujours rien décidé quant au devenir de la centrale de
Fukushima daï-ni, même si elle a été inondée par le tsunami et que les
autorités régionales de Fukushima refuseront toujours son redémarrage.
Jeudi 27 décembre, TEPCo a demandé une rallonge de 698,6 milliards de yens (plus de 6
milliards d'euros) d'aide auprès du gouvernement. C'est la quatrième
demande de fonds. Avec la nouvelle requête, le montant total des fonds
demandés pour l'indemnisation des victimes du désastre de Fukushima
s'élève à 3 243 milliards de yens (28,5 milliards d'euros au cours
actuel), sans compter l'argent injecté directement dans son capital par
l'Etat.
Elle a, par ailleurs, reçu 250,3 milliards de yens (2,2 milliards d'euros) du gouvernement.
Vendredi 28 décembre, Toshiba veut céder 36% des parts de sa filiale nucléaire Westinghouse.
Samedi 29 décembre, le nouveau ministre de l'industrie, Toshimitsu Motegi, a annoncé
vouloir consacrer une part du budget au démantèlement des réacteurs
nucléaires. Le précédent gouvernement avait déjà alloué 2 milliards de
yens (18 millions d'euros) aux recherches sur le démantèlement. Avec ce
nouveau budget, le gouvernement soutiendra aussi sa mise en oeuvre.
TEPCo a dédié 900 milliards de yens (8 milliards d'euros) au
démantèlement des réacteurs 1 à 4. La compagnie sera soutenue
financièrement par le gouvernement. On est, une fois de plus, dans un
processus de nationalisation des pertes après la privatisation des
profits. Il s'agit, de plus, d'une aide financière indirecte payée par
les impôts, à toute l'industrie nucléaire qui ne serait pas compétitive
sans cela.
Jeudi 10 janvier, TEPCo a annoncé qu'elle accepterait des demandes d'indemnisation au-delà des trois ans légaux.
Vendredi 11 janvier, la compagnie Japan Atomic Power Co, qui exploite trois réacteurs
nucléaires et vend l'électricité à 5 compagnies d'électricité, continue
à faire du profit, même si tous ses réacteurs sont à l'arrêt et qu'elle
ne produit pas d'électricité. Ses 20,9 milliards de yens de profit (177
millions d'euros) sont dus aux contrats qui la lient aux compagnies
d'électricité qui doivent la payer, même si elle ne produit rien... Il
s'agit d'un profit record car elle a moins de frais. In fine, se sont
les consommateurs qui payent, car les compagnies d'électricité
reportent ces coûts.
Cette
situation est confortable : ses deux réacteurs de Tsuruga
risquent de ne jamais redémarrer car situés sur une faille. Le n°1 a
plus de 40 ans. Cependant, elle a tout intérêt à ne pas les arrêter
officiellement car l'argent continue de rentrer sans rien faire. Les
procédures vont donc durer indéfinitivement. L'avenir du réacteur n°2
de Tôkaï n'est pas plus brillant à cause de l'opposition locale.
Mardi 22 janvier, TEPCo a reçu 271,7 milliards de yens (2,3 milliards d'euros) des autorités. C'est la treizième aide financière.
Lundi 28 janvier, 512 habitants de la province de Fukushima, essentiellement d'Iwaki,
préparent une "class action" contre TEPCo et le gouvernement. Il
s'agit surtout d'évacués volontaires qui demandent des indemnisations
plus conséquentes que ce qui est pévu pour eux.
TEPCo avait annoncé qu'elle ne mettrait pas de limite de temps aux
demandes d'indemnisation, comme la loi l'y autorise, trois ans après le
drame (cf 10 janvier). Mais elle a précisé sa stratégie : il y aura
bien une limite, trois ans après avoir reçu les papiers à remplir pour
être indemnisé. Beaucoup de gens n'ont encore rien reçu et le dossier
est si compliqué, avec de nombreux justificatifs demandés, que
certaines personnes abandonnent.
Mercredi 30 janvier, le gouvernement japonais augmente de 12,4% son soutien financier à
l'industrie nucléaire nationale pour atteindre 156,4 milliards de yens
(1,3 milliard d'euros). Il veut, en particulier, soutenir :
- la robotique de démantèlement : 4,2 milliards de yens ;
- le renforcement de la sûreté nucléaire : 2,2 milliards de yens ;
- les études géologiques pour les projets de réacteurs nucléaires à l'étranger : 1 milliard de yens ;
- les autorités locales qui hébergent des centrales nucléaires : 96,8 milliards de yens ;
- la NRA, la nouvelle autorité de sûreté japonaise : 72,5 milliards de yens ;
- les centres de secours en cas d'accident nucléaire : 13,8 milliards de yens.
Lundi 4 février, le gouvernement va accorder une aide supplémentaire de 696,8
milliards de yens (5,6 milliards d'euros) à TEPCO. Au total, cela va
porter l'aide à 3 243 milliards de yens (26 milliards d'euros). La
compagnie devra rembourser quand elle fera des profits... Cela s'ajoute
à la recapitalisation de la compagnie qui en fait, de facto, une
entreprise nationalisée.
TEPCo prévoit une perte de 120 milliards de yens (1 milliard d'euros)
pour cette année fiscale qui se termine le 31 mars. C'est beaucoup plus
que les 45 milliards de yens initialement annoncés.
TEPCo prévoyait, de façon complètement irréaliste, de redémarrer des
réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa en avril 2013. Il est
maintenant clair pour tous que ce n'est pas possible. Deux réacteurs
sont sur une faille considérée maintenant comme active. Il devront
sûrement être arrêtés définitivement. Et ce sont tous des réacteurs à
eau bouillante, comme à Fukushima, qui demandent le plus de travaux de
remise aux normes de sûreté. Il y en a pour des années et cela coûte
très cher. TEPCo aura-t-elle les moyens d'investir ?
TEPCo se refuse actuellement à revoir ses prévisions financières...
Samedi 9 février, une commission du ministère de l'économie et de l'industrie va
proposer au gouvernement d'ouvrir le marché de l'électricité. A partir
de 2016, les foyers devraient pouvoir choisir leur fournisseur. La
séparation entre le transport de l'électricité et la production devarit
être effective entre 2018 et 2020. Ce sera la fin du monopole régional
pour les compagnies qui en ont bien profité en fournissant une des
électricités les plus chères de la planète. Elles font un lobbying
intense pour retarder au plus les échéances.
Espérons que cela entraînera la création de producteurs alternatifs comme Enercoop en France qui fournit l'ACRO et le domicile de l'auteur des ces lignes.
La compagnie d'électricité du Tôhoku veut augmenter ses tarifs de 11%
en moyenne à partir de juillet prochain. C'est plus que l'augmentation
obtenue par TEPCo. Elle envisage aussi de baisser de 20% en moyenne le
salaire de ses employés.
Mercredi 13 février, TEPCo
va indemniser les évacuations volontaires du Sud de la province de
Fukushima et de la ville de Marumori à Miyagi. La somme proposée est de
40 000 yens (moins de 400 euros) pour le stress. A cela on peut espérer
obtenir 40 000 yens supplémentaires pour les frais occasionnés par la
contamination. Cela fait un total de 80 000 yens (640 euros)...
Jeudi 14 février, la compagnie Tôhoku Electric a sollicité l'autorisation du
gouvernement d'augmenter ses tarifs d'électricité de 11,41% en moyenne
pour les particuliers à partir du 1er juilet prochain. C'est plus que
ce qu'avait obtenu TEPCo (8,46%). Pour les entreprises, la hausse sera
de 17,74% en moyenne. Cette hausse ne nécessite pas d'accord du
gouvernement.
L'estimation des coûts repose sur l'hypothèse que la compagnie pourra
redémarrer sa centrale de Higashi-dôri à partir de juillet 2015. Pour
celle d'Onagawa, endommagée lors du séisme et tsunami de 2011, il n'y a
pas de calendrier.
C'est la quatrième compagnie à demander de pouvoir augmenter ses tarifs.
Vendredi 15 février, le 10 décembre dernier, l'ACRO
avait attiré l'attention du public sur une étude IRSN qui tentait
d'évaluer le coût financier d'une catastrophe nucléaire majeure en
France. L'association réclamait que l'IRSN publie en français cette
étude sur son site. A l'époque, seul le Canard Enchaîné s'y était
intéressé. Puis, toute la presse a repris l'information ce mois-ci,
suite à une présentation en France. Sur le site Internet de l'IRSN,
toujours rien ! Mais des citoyens ont traduit le résumé de l'étude en français, uniquement disponible en anglais, sur un site spécialisé. Merci à eux !
Mardi 19 février, Greenpeace a publié un rapport à l'occasion des deux ans de la catatrophe (rapport complet en anglais, résumé en français)
qui se focalise sur le coût de la catastrophe, en montrant que ce sont
toujours les populations qui trinquent. L'industrie nucléaire n'a rien
déboursé alors qu'elle porte une responsabilité dans l'accident.
Selon ce rapport, les réfugiés de la catastrophe de Fukushima devront rembourser une
partie des indemnités reçues : au début de la catastrophe, TEPCo a
distribué la même somme à tout le monde. Maintenant, les indemnités
sont calculées sur des critères précis et certaines personnes se voient
déduire le trop perçu des compensations actuelles ou doivent rembourser
une partie. Pour ces gens qui ont tout perdu et qui sont partis sans
rien de chez eux, pensant pouvoir revenir rapidement, c'est un choc.
De son côté, l'IRSN,
a fini par mettre en ligne le résumé de son étude sur le coût potentiel
d'une catastrophe en France, en français et en anglais. Comme quoi, la
transparence se conquiert. Encore un effort, et l'on aura peut-être
l'étude complète avec toutes les hypothèses retenues pour faire les
évaluations...
Japan Atomic Power Co (JAPC), qui exploite la centrale de Tsuruga,
située sur une faille considérée comme active par les experts de la NRA
et qui ne peut donc plus redémarrer, continue d'arroser les pouvoirs
locaux pour gagner leurs soutiens. Elle vient de faire un don de 700
millions de yens (5,6 millions d'euros) à la municipalité de Tsuruga
pour construire une route entre le centre ville et la centrale arrêtée.
JAPC s'était engagée à payer cette route en 2002, en prévision de la
construction de deux tranches supplémentaires. Mais il est quasiment
impossible que ces deux réacteurs, n°3 et 4, voient le jour. Le
réacteur n°1 a dépassé l'âge de 40 ans et le n°2 est sur une faille
active.
Mais la compagnie, qui reçoit de l'argent des compagnies d'électricité
clientes, continue à faire des bénéfices et peut se permettre de faire
des dons. Pendant ce temps là, les compagnies d'électricité clientes,
dont KEPCo, demandent à augmenter leurs tarifs. Une partie va donc
servir à la construction de routes inutiles... à moins qu'elle ne serve
au démantèlement.
Mercredi 20 février, Kansaï Electric (KEPCo) et Kyûshû Electric avaient demandé
l'autorisation de relever de 11,88% et 8,51% en moyenne leurs tarifs
pour les particuliers. La commission du ministère de l'industrie leur
demande de faire plus d'économies en coupant plus les salaires et en
prenant en compte la baisse des coûts des hydrocarbures.
Vendredi 22 février, TEPCo a reçu 210,6 milliards de yens (1,7 milliard d'euros) des autorités.
Vendredi 1er mars, TEPCo obtenu l'autorisation du gouvernement pour augmenter ses tarifs
d'électricité auprès des particuliers. Elle les a aussi augmentés pour
les compagnies depuis avril 2012, au moment du renouvellement du
contrat. Mais 1 100 compagnies ont refusé le nouveau contrat, qui
entraîne une augmentation moyenne de 14,9%. TEPCo a continué à leur
fournir de l'électricité, mais elle pourrait leur couper la ligne car
le manque à gagner est de 7 milliards de yens (70 millions d'euros).Ce serait une première au Japon.
TEPCo prétend que c'est injuste vis à vis des particuliers qui ont
accepté la hausse. Mais ils n'ont pas accepté la hausse, on la leur a
imposé !
Lundi 4 mars, les autorités taxent les indemnitées reçues par les personnes forcées
à évacuer comme si c'était des salaires. Pour les agriculteurs ou
d'autres professions, cela change tout : les frais étaient déduits des
produits de la vente et les impôts faibles si les bénéfices étaient
faibles. Les indemnités, qui compensent les invendus, sont considérées
comme des salaires et entièrement taxés, sans prendre en compte les
dépenses de ceux qui ont continué à cultiver par exemple. Et les impôts
ont augmenté drastiquement, ce qui provoque de la colère. C'est la même
chose dans le tourisme, par exemple.
Vendredi 8 mars, lundi 11 mars, jour anniversaire du déclenchement de la catastrophe,
1 600 nouvelles personnes devraient porter plainte contre TEPCo.
Japan Atomic Power Co (JAPC) qui a très peu d'espoir d'être autorisée
à redémarrer un de ces trois réacteurs nucléaires vient de recevoir 140
milliards de yens (1,2 milliards d'euros) d'aide de la part d'autres
compagnies du nucléaire. Cette somme comprend 40 milliards de yens de
Japan Nuclear Fuel Ltd. Il s'agit en fait d'un remboursement d'une
somme qu'elle avait reçu pour promouvoir le "recyclage". JAPC est assez
particulière dans le paysage japonais : elle produisait de
l'électricité nucléaire qu'elle revendait à d'autres compagnies
d'électricité qui la distribuait et revendait. KEPCo et trois autres
compagnies qui sont actionnaires vont fournir 100 milliards de yens.
Ce n'est qu'un début, il faudra ensuite payer le démantèlement des réacteurs.
Samedi 9 mars, la NRA a demandé à un groupe d'experts d'évaluer les conclusions de
son propre groupe d'experts à propos de la faille qui passe sous le
réacteur n°2 de Tsuruga et ils ont confirmé que la faille est très
probablement active. L'exploitant, Japan Atomic Power Co, dans une
situation critique car aucun de ses réacteurs ne devraient redémarrer,
a critiqué cette décision "unilatérale".
Dimanche 10 mars, nous avions, le 10 décembre dernier,
attiré l'attention sur une étude IRSN restée confidentielle qui
évaluait le coût d'un accident nucléaire en France uniquement (alors
que les répercussions dépasseront les frontières). L'IRSN avait fini,
le 19 février dernier, par publier cette étude sur son site Internet avec une traduction en français. Elle avait été devancée par des citoyens pour la traduction française.
Le JDD
vient de révéler que l'IRSN avait dans ses cartons, depuis 2007, une
étude beaucoup plus pessimiste avec des coûts, pour un accident majeur,
qui peuvent monter jusqu'à 5 800 milliards d'euros, l'équivalent de 3
ans de PIB. Pourquoi ces chiffres n'ont-ils jamais été rendus publics ?
-> Rapport de Greenpeace de 2012 avec une partie sur les indemnisations (en français)
-> Rapport de Greenpeace de 2013 avec une partie sur les indemnisations et la responsabilité (en anglais)
-> Rapport de l'OCDE de 2012 : Japan's compensation system for nuclear damage
Généralités
L'accident a été classé au
niveau 7 de l'échelle INES.
Le premier rapport écrit par l'autorité de sûreté nucléaire japonaise
sur l'accident pour l'AIEA est disponible ici en anglais (juin
2011).
Le site de la commission d'enquête mise en place par le gouvernement,
avec le rapport d'étape en anglais, est ici : Investigation
Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations.
Le rapport
définitif est aussi disponible en anglais.
Le site de la commission d'enquête indépendante d'initiative privée est
ici : The Rebuild
Japan Initiative Foundation Le rapport est en cours de traduction
en anglais. Le résumé et les conclusions sont déjà disponibles.
La commission
d'enquête parlementaire sur l'accident de Fukushima a
présenté son rapport début juillet 2012. Il est disponible en ligne en japonais ici et ici en anglais. Le résumé est aussi disponible en français grâce à
une équipe de traducteurs bénévoles.
TEPCo a mis en place sa propre commission d'enquête interne : le résumé en anglais est ici. Le rapport d'enquête
interne complet, en date du 20 juin 2012, est maintenant disponible en anglais. Les autres données
de la compagnie sont regroupées ici en anglais.
L'Institute of Nuclear Power Operations (INPO) aux Etats-Unis a mis à
jour son rapport sur l'accident nucléaire. Il est disponible en ligne.
TEPCo a mis en ligne 2 145 photos
qui datent des premiers jours de la catastrophe. Elles ont été prises,
pour la plupart, par des employés. TEPCo a censuré 849 photos sous le
prétexte de la protection de données sensibles relatives à la
technologie nucléaire.
La CIPR a tiré les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le résumé est disponible en ligne.
Jusqu'au 15 mai pour le réacteur n°1 et au 24 mai 2011 pour le n°2 et
3, TEPCo prétendait que le combustble était partiellement endommagé,
avant d'admettre soudainement qu'il y avait fusion complète du coeur
dans ces 3 réacteurs.
Outre les réacteurs, les piscines de combustibles ont fait très peur et
sont toujours menaçantes. Leur inventaire officiel
est sur le site du ministère de l'industrie. La première colonne
correspond au n° du réacteur. La deuxième, à la capacité de stockage,
la troisième au nombre d'assemblages de combustible usé et la dernière
au nombre d'assemblages de combustible neuf. Un assemblage contient 72
barres de combustible. A cela s'ajoute la piscine d'entreposage commune
du site avec 6 375assemblages.
La BBC a diffusé un reportage remarquable sur l'accident qui peut être
visualisé ici en anglais.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire utilise
le mot 'incident' pour décrire ce qui s'est passé à Fukushima. Pour Areva aussi,
il n'y a eu qu'un incident à Fukushima... Un ACROnaute nous a envoyé
par mail un scan du programme 25ième congrès de radioprotection
organisé par l'ATSR
les 10-11-12 octobre à Orléans : l'IRSN y a fait une présentation
intitulée "Conséquence incident FUKUSHIMA"... Sans s à conséquence.
Ce serait bien que tous ces gens expliquent ce qu'est un accident
nucléaire si Fukushima n'est qu'un incident.
3 des 4 réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ni (n°2) ont failli
suivre ceux de daï-ichi sans une source de courant encore disponible
pas trop loin. Heureusement qu'il y avait 2 000 personnes sur le site
de la centrale. Cela a permis de tirer un câble sur 9 km. La nuit ou le
week-end, avec seulement 400 personnes présentes, cela n'aurait
peut-être pas été possible.
Si la centrale d'Onagawa a pu être sauvée, c'est grâce à l'obstination
d'un homme, Yanosuke Hirai, qui a obtenu que la digue de protection
contre les tsunami fasse 14,8 m. Sa conviction était basée sur l'étude
du passé et du tsunami de 869, alors que la plupart de ses collègues se
seraient contentés d'une digue de 12 m. Le tsunami du 11 mars 2011 a
atteint une hauteur de 13 m... Comme un tsunami provoque d'abord un
retrait de la mer, il s'était aussi assuré que la prise d'eau ne serait
pas asséchée.
Mars - Juin 2012
[afficher/cacher]
Lundi 12 mars, Yotaro Hatamura,
qui préside l'
Investigation
Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations,
s'est dit réservé à l'idée de publier intégralement les auditions des
politiciens. Au début, il voulait êtr le plus ouvert possible, mais
dans les faits, il s'est rendu compte que les personnes interrogées
étaient plus sincères à huis clos. Le comité a déjà auditionné 10
politiciens, dont les ministres de l'industrie et des sciences et
technologie de l'époque. Il n'a pas encore auditionné l'ancien premier
ministre et son chef de cabinet devenu premier ministre.
Mardi 3 avril, on a appris que
le cabinet du premier ministre n'était pas relié au système de
visio-conférence de crise du gouvernement. Ce système doit mettre en
relation, le cabinet du premier ministre, la NISA et les centres de
crise situés à proximité des centrales nucléaires pour faciliter le
partage des informations. Mais il n'est pas connecté avec les réseaux
des exploitants.
Il est installé au troisième étage (quatrième niveau), au niveau du
cabinet du premier ministre et pas dans le centre de crise situé dans
les sous-sols. Il a été installé en 1999, suite à l'accident de
Tôkaï-mura et coûte entre 500 et 600 millions de yens (5 à 6 millions
d'euros) par an en maintenance. Mais il n'a pas été utilisé au début de
la crise, après le 11 mars 2011. Naoto Kan, le premier ministre de
l'époque avait pourtant utilisé ce système de visio-conférence lors
d'un exercice de crise en octobre 2010...
Par ailleurs, les Etats-Unis n'ont eu cesse d'alerter le Japon sur la
vulnérabilité de ses réacteurs nucléaires : suite au 11 septembre 2001,
ils craignaient une attaque terroriste sur ue centrale japonaise et
avaient pointé du doigt la faiblesse des piscines, des systèmes de
refroidissement et des sources électriques de secours. Ils avaient vu
juste, mais l'attaque n'a pas été terroriste...
Le Japon n'a pas pris en compte ces critiques car il pensait que les
risques d'une attaque terroriste étaient très faibles. Pourtant, les
vulnérabilités étaient là et n'ont pas été prises en considération.
Mercredi 4 avril, il y a eu une
interruption de l'injection d'azote dans les réacteurs 1, 2 et 3. Cela
a été découvert à 10h55 : les pompes étaient arrêtées. Le système de
secours a démarré à 12h16 et l'injection d'azote a repris à 12h30.
L'azote sert à prévenir une nouvelle explosion hydrogène.
Une alarme a sonné à partir de 9h51, mais il a fallu une heure environ
pour trouver la cause... TEPCO soupçonne un filtre encrassé suite à la
tempête des derniers jours.
Selon TEPCo la centrale n'a pas été mise en danger car il faut environ
de 30 à 50 heures pour que la concentration d'hydrogène atteigne des
niveaux dangereux. La compagnie va cependant revoir son système de
surveillance et d'alarme.
Samedi 7 avril, nouvel arrêt
inexpliqué de l'injection d'azote dans les 3 réacteurs ayant subi une
fusion du coeur. Vers 17h un employé a découvert que l'injection
d'azote
était proche de zéro. Après vérification, le système était arrêté
depuis 16h43 dû à une alarme conduisant à un arrêt automatique. TEPCo a
donc utilisé un système de secours pour injecter à nouveau de l'azote à
partir de 17h56. A 18h28, le débit était redevenu normal. Le communiqué
laconique de TEPCo est
ici en anglais. La compagnie ne peut pas expliquer
les déboires de son système d'injection.
Vendredi 13 avril, nouvel arrêt
de l'injection d'azote dans les trois réacteurs. Cela a été découvert à
1h par un employé qui contrôlait les paramètres de la centrale. Le
système de secours a démarré à 3h10 et l'injection a repris à 3h46.
C'est le quatrième arrêt en un mois.
Lundi 16 avril, les réacteurs 1
à 4 n'auront plus le statut de réacteur nucléaire à partir du 20 avril.
Le parc nucléaire japonais sera donc de 50 réacteurs au lieu de 54
actuellement et TEPCo n'aura plus que 13 réacteurs. Le déclassement des
tranches 5 et 6 devrait suivre. Le statut futur de Fukushima daï-ni,
avec ses 4 tranches, n'est pas connu : la compagnie garde un espoir de
les redémarrer, même si cela semble peu sérieux. Les autorités
régionales de Fukushima ont demandé à la compagnie d'arrêter
définitivement tous ses réacteurs nucléaires. Il reste à TEPCo la
centrale de Kashiwazaki-Kariwa avec 7 réacteurs, dont 3 arrêtés depuis
le violent séisme de 2007. Les 4 autres sont aussi arrêtés actuellement.
Quel est le statut de ce qui était les réacteurs 1 à 4 ? Déchet
radioactif à ciel ouvert ? Leur démantèlement devrait prendre environ
quarante ans estime TEPCo.
Mercredi 18 avril,
Ken'ichi Ômae
(ou Ohmae, 大前研一), célèbre économiste qui a fait des études d'ingéniérie
nucléaire, vient de publier une tribune dans le
Japan Times où il
analyse les causes profondes de l'accident. Il est aussi l'auteur d'un
rapport sur le sujet.
Il remet en cause l'approche probabiliste adoptée par l'industrie
nucléaire pour négliger certains risques jugés trop peu probables. Les
réacteurs 1 à 4 ont subi des dommages fatals alors que les 5 et 6 ont
pu être sauvés par un générateur diesel situé en hauteur et épargné par
le tsunami. Ce générateur n'avait pas besoin d'eau pour être refroidi.
La différence entre ces deux cas, ce n'est pas l'aggression externe ou
sa probabilité d'occurence, mais bien la robustesse des systèmes de
secours pour maintenir le refroidissement. La catastrophe de Fukushima
est donc une catastrophe humaine qui aurait pu être évitée. Tout mettre
sur le dos de l'ampleur exceptionnelle du séisme et du tsunami n'est
pas correct.
Tous les systèmes de secours de la centrale (pompes de refroidissement,
vannes, système d'injection d'acide borique...) ont besoin
d'électricité pour fonctionner. Cette situation est donc très fragile.
La centrale du Fukushima avait 5 lignes électriques reliées au réseau.
L'exploitant et les autorités n'ont donc pas pris sérieusement en
compte la possibilité d'une coupure électrique totale. Elle a pourtant
eu lieu, les 5 lignes ayant été coupées et les générateurs de secours
noyés. Les camions générateurs envoyés en secours fournissaient du 220
V alors que la centrale nécessite du 660 V !
Pour lui, il faut abandonner ces études probabilistes qui ne servent
qu'à obtenir l'acceptation par public de risques inacceptables mais
présentés comme peu probables. Il revient donc aux ingénieurs du
nucléaire, non pas d'essayer de retrouver la confiance de la
population, mais de réfléchir à des réacteurs qui peuvent supporter les
situations les pires avec rupture complète de l'alimentation en eau et
électricité.
Est-ce possible ? (En France, EDF milite depuis de nombreuses années
pour l'introduction de ces analyses probabilistes dans l'évaluation de
la sûreté. Mais elles ne sont pas prises en compte dans les critères de
sûreté par les autorités en charge du contrôle).
Vendredi 20 avril, comme
annoncé, les réacteurs 1 à 4 de la centrale de Fukushima daï-ichi ne
font plus partie du parc nucléaire japonais qui ne compte plus que 50
tranches.
Samedi 21 avril, après avoir
tergiversé, le ministre de l'industrie, Yukio Edano, a
annoncé que le Japon allait arrêter toutes ses centrales nucléaires
d'ici 40 ans au plus tard. En fait, il n'annonce rien de nouveau,
puisque le gouvernement a déjà comme projet d'arrêter les centrales au
bout de 40 ans de fonctionnement. Cela revient a dire que les réacteurs
en construction seront mis en marche...
Dommage que les journalistes ne l'interroge pas sur les autres aspects
du programme nucléaire, comme le retraitement, le Mox et le
surgénérateur Monju. Edano a fait de l'ambiguïté sa marque de fabrique.
Mardi 24 avril, selon le
Sankei,
il y avait 8 personnes de la NISA sur le site de la centrale de
Fukushima daï-ichi le 11 mars 2011 mais elles ont fui sur leur propre
décision le 14 mars à 15h. A partir de ce moment là, les autorités
devaient se contenter des seules informations de l'exploitant. Une peu
plus tard, se sera au tour de TEPCo de demander l'autorisation de se
retirer de la centrale, ce qui a été refusé par le premier ministre.
Lundi 14 mai, le président de
TEPCo a été auditionné par la commission parlementaire qui enquêtre sur
l'accident. Interrogé sur ses responsabilités, il a été évasif. En
revanche, il a accusé le gouvernement et l'ancien premier ministre
d'avoir perturbé la gestion de la crise. En ce qui concerne les
avertissements passés sur les risques encourus en cas de tsunami, il
n'était au courant de rien.
Le président de la télévision nationale, la NHK, a été nommé au conseil
d'administration de TEPCo, ce qui fait grincer des dents à de
nombreuses personnes qui craignent pour l'impartialité de l'information
diffusée par la télévision.
Mardi 15 mai, en 2006, la NISA
avait alerté TEPCo sur les risques de perte
de l'alimentation électrique en cas de tsunami. Cela n'a eu aucun
effet. Et l'autorité n'a pas fait plus pour imposer ses vues.
Ces craintes faisaient suite au tsunami de Sumatra en 2004 qui avait
fait perdre une pompe de refroidissement à une centrale indienne.
Vendredi 18 mai, il y a 6 ans,
le Japon a revu les critères de résistance aux séismes des
installations nucléaires. Mais la NISA, qui est encore sous la tutelle
du ministère de l'industrie, a demandé à la Nuclear Safety Commission
(NSC) de dire que les anciens réacteurs ne présentaient aucun problème,
malgré les nouveaux critères. Dans sa lettre, la NISA insiste pour que
cela soit la NSC qui fasse l'annonce, pour éviter que les riverains,
autorités locales... demandent leur arrêt. La commission a obéi en
déclarant que les réacteurs construits sous les anciens critères
n'avaient pas besoin d'inspection spécifique.
La même année, la NISA a aussi tenté d'empêcher l'implémentation de
nouvelles règles d'urgence qui satisfont aux critères internationaux.
Mis à part cela, c'est la faute à un tsunami exceptionnel...
Dimanche 27 mai, interrogé par
la commission d'enquête parlementaire, le ministre de l'économie et de
l'industrie, Yukio Edano, porte parole du gouvernement au début de la
crise, a affirmé qu'il était clair que TEPCo a eu l'intention d'évacuer
complètement la centrale nucléaire. La compagnie dément. Ce sujet de
controverse, très grave, ne sera probabement jamais tranché
puisqu'aucun compte rendu des réunions de crise n'a été fait.
Mercredi 13 juin, l'
Asahi
a pu consulter des documents internes à TEPCo qui montrent qu'un groupe
de travail interne avait étudié les conséquences d'un tsunami d'une
hauteur supérieure à 5,7 m, hauteur maximale retenue pour assurer la
sûreté de la centrale. Il est arrivé à la conclusion que si la vague
dépassait 13,5 m, les générateurs électriques seraient perdus et il ne
serait plus possible de refroidir les réacteurs. La construction d'une
digue de protection des seuls réacteurs 5 et 6, distants des 4 autres,
a été estimée à 8 milliards de yens (80 millions d'euros). Cet exercice
n'avait que pour but d'entraîner les jeunes recrues. Il n'a jamais été
pris au sérieux par la compagnie.
TEPCo
a perdu une autre occasion de prévenir ce qui s'est passé : en
2006, le gouvernement lui a demandé officiellement de présenter ses
protections faces aux tsunamis, suite au tsunami qui avait fait des
ravages dans l'océan indien en 2004. Ainsi, en 2008, TEPCo a
calculé qu'une vague de 15,7 m était possible, mais elle a décidé de ne
rien faire, comme deux ans plus tôt.
TEPCo a réagit en expliquant qu'il ne s'agissait
que d'exercices de potaches. Bref rien de sérieux.
Mercredi 20 juin, TEPCo a
publié son rapport d'enquête sur l'accident. Il n'est disponible qu'en
japonais pour le moment et est accessible via le
communiqué de presse en anglais.
L'
Asahi
en fait une analyse intéressante : la compagnie n'est responsable de
rien, ou presque. Elle avait sous-estimé le risque de tsunami
(difficile à nier !), mais c'est la faute des autorités qui n'ont pas
su imposer des critères plus stricts. Des retards dans la communication
? Certes, mais c'est la faute du premier ministre qui voulait tout
contrôler. Quant au chaos qui règnait à la centrale au début de la
catastrophe, il est aussi dû aux autorités qui dérangeaient les
personnes sur place. Pouvait-on attendre autre chose de la compagnie ?
Non, car elle fait face à de nombreux procès pour des indemnités.
Reconnaître la moindre responsabilité pourrait donc lui coûter très
cher.
Evidemment, la compagnie continue à nier qu'elle avait voulu évacuer
complètement la centrale, comme l'ont indiqué de nombreux politiques.
Mais elle refuse de rendre publics les enregistrements des
vidéo-conférences de l'époque pour confirmer ses affirmations.
La compagnie semblait aussi ignorer que de l'hydrogène, qui a explosé,
puisse fuir en cas d'accident...
Mardi 26 juin, TEPCo a mis en
ligne toute une
série de photos montrant l'état actuel de la
centrale.
Vendredi 29 juin, TEPCo refuse
toujours de rendre publics les enregistrement des
visio-conférences des premiers jours de la catastrophe. 42
actionnaires ont donc porté l'affaire devant les tribunaux, arguant que
ces enregistrements devaient devenir publiques pour faire toute la
lumière sur l'accident. L'enjeu sous jacent est de savoir si, oui ou
non, TEPCo avait bien l'intention de retirer tous ses employés au tout
début de la catastrophe.
Le gouvernement, qui devrait devenir l'actionnaire majoritaire d'ici la
fin juillet, devrait pouvoir exiger alors leur publication, sauf si la
compagnie les a détruits d'ici là.
Toues les enregistrements du 11 au 30 mars, ainsi que leur
retranscription, sont concernés par la plainte.
Juillet - Août 2012
[afficher/cacher]
Jeudi 5 juillet, la commission
d'enquête parlementaire sur l'accident de Fukushima a
présenté son rapport aujourd'hui. Il est disponible en ligne en
japonais ici. Un
résumé en anglais est aussi disponible. Le
rapport complet sera aussi disponible en anglais prochainement.
Le message principal mis en avant lors de la conférence de presse a été
de réaffirmer qu'il s'agit d'un accient d'origine humaine et pas une
catastrophe naturelle. TEPCo aurait dû envisager un tsunami de plus
grande hauteur. Les autorités auraient dû imposer des mesures de
protection plus contraignantes. Des évidences... Et de critiquer le
système fermé de collusion entre les exploitants et les autorités.
TEPCo aurait demandé de reporter la mise en place de mesures de sûreté
complémentaires car cela ferait baisser le rendement de ses
installations. La NISA a accepté. Le rapport va jusqu'à mentionner que
les rôles étaient inversés et que la NISA était l'esclave des
exploitants.
La gestion de la crise par l'exploitant et les autorités est aussi
sévèrement critiquée. Ils n'étaient pas préparés à faire face à un
accident nucléaire. La commission critique en particulier l'ordre de
confinement pendant 10 jours qui est intenable, suivi par la suggestion
d'évacuer volontairement la zone comprise entre 20 et 30 km. Le
gouvernement s'est défaussé de ses responsabilités sur les habitants et
n'a pas mis en place des moyens pour aider à l'évacuation. Le rapport
est aussi cinglant pour les autorités régionales et le corps médical,
rappelant qu'une soixantaine de personnes qui étaient alitées sont
décédées lors de l'évacuation de la zone des 20 km. Et de pointer du
doigt la non distribution de comprimés d'iode. Il critique aussi la
limite de 20 mSv par an, qu'il juge trop élevée, en particulier pour
les femmes enceintes et les enfants.
La commission ne peut pas exclure que le séisme seul ait déjà
sévèrement endommagé la centrale, dont son système de refroidissement.
La commission fait aussi 7 recommandations pour la suite concernant la
politique de sûreté nucléaire et la gestion de crise.
Elle ne va pas jusqu'à remettre en cause l'énergie nucléaire. Ni
remettre en cause la capacité de TEPCo à gérer des centrales nucléaires
ou suggérer des pousuites pénales.
Les commission n'a pas non plus proposé au parlement d'user de son
droit à l'accès aux documents pour réclamer des comptes-rendus aux
gouvernement ou à TEPCo. En particulier les vidéos controversées qui
permettraient peut-être de faire toute la lumière sur la volonté de
TEPCo d'évacuer complètement la centrale ou non.
Une autre commission d'enquête doit rendre son rapport prochainement.
Lundi 9 juillet, TEPCo a mis
en ligne une tentaine de
photos de l'arrivée du tsunami.
Vendredi 13 juillet, selon le
Maïnichi, la
commission d'enquête
indépendante sur l'accident nucléaire mise en place par le
gouvernement, réfute l'analyse faite par TEPCo dans son propre rapport
d'enquête. L'analyse de TEPCo est basée sur des simulations numériques.
Celle de la commission, sur une analyse des données enregistrées comme
la température ou la pression. La commission d'enquête estime que la
fusion des réacteurs 1 et 3 a commencé 2 à 3 heures plus tôt que ce que
dit TEPCo. Pour le réacteur n°2, il n'y a pas assez de données pour
conclure. L'autorité de sûreté nucléaire n'aurait pas fait mieux que
TEPCo.
L'exploitant et les autorités auraient sur-estimé la quantité d'eau
injectée. Le fait que les résultats obtenus cela n'aient pas été
comparés aux données est un acte de négligence pour un membre qui reste
anonyme.
Le rapport est prévu pour le 23 juillet.
Samedi 14 juillet, la NISA a
demandé à 4 provinces, Hokkaidô, Shizuoka, Ishikawa et Ehimé,
de déplacer leur centre d'urgence au-delà de la limite de 5 km autour
des centrales nucléaires.
Jeudi 19 juillet, le directeur
de TEPCo a donné une conférence de presse pour se plaindre
de la décision du gouvernement de ne pas lui accorder une augmentation
de 10,28% de ses tarifs pour les ménages. Il aussi déclaré ne pas
comprendre ce que voulait dire la commission d'enquête parlementaire
quand elle disait que "l'accident (..) est le résultat d'une collusion
entre le gouvernement, les agences de régulation et l'opérateur Tepco,
et d'un manque de gouvernance de ces mêmes instances". Il ne voit pas
sur quels faits reposent ces accusations de collusion. S'il ne comprend
pas, il vaut mieux qu'il démissionne... Et d'ajouter, sans vergogne,
qu'il espère regagner la confiance du public ! Il est mal parti.
Lundi 23 juillet, la
commission d'enquête
mise en place par le gouvernement a remis, comme prévu, son rapport
final aux autorités. Seules les recommandations sont disponibles en
anglais actuellement. Le rapport complet est disponible en japonais.
Les premiers éléments qui sortent de ce rapport concernent
l'impréparation des exploitants et des autorités face à l'accident à
cause d'une croyance aveugle en la sûreté nucléaire absolue. Quand
TEPCo
prétend que le tsunami a dépassé ses hypothèses, la commission lui
répond qu'aucun effort n'a été fait pour étudier des hypothèses
imaginables. "Quand on ne veut pas voir quelque chose, on ne le voit
pas". La structure hiérarchique rigite de la compagnie et
l'impréparation des personnes sur place a ajouté à la confusion.
Quant au gouvernement, il s'est trop impliqué dans les détails
techniques, ce qui n'est pas son rôle.
La rapport tance aussi l'autorité de sûreté nucléaire japonaise, la
NISA. En particulier, son refus d'admettre publiquement la fusion
complète des coeurs de réacteur, alors que c'était évident pour un
spécialiste. Le porte-parole de la NISA l'a évoquée lors qu'une
conférence de presse le 12 mars 2012. Puis, la NISA s'est refusée à
utiliser ce mot pendant 2 mois, jusqu'à ce que l'exploitant admette
enfin l'évidence.
Les autorités régionales n'ont pas réussi à évacuer les patients
grabataires de l'hôpital de Futaba et de l'hospice voisin, situés à 4
km de la centrale accidentée (ville d'Ôkuma), ce qui a
entraîné une cinquantaine de décès. Deux équipes ont été envoyées, mais
aucune n'avait les moyens d'évacuer des personnes qui devaient rester
alitées. Quand l'armée est finalement intervenue, elle est venue avec
des bus sans savoir où amener les patients. Ils ont fait 5 heures de
voyage alors que des hôpitaux plus proches pouvaient les accepter. Les
personnes les plus vulnérables ont attendu jusqu'à 5 jours avant d'être
évacuées. Certaines sont décédées avant.
Et d'ajouter que
peu de progrès ont été faits depuis : TEPCo n'a pas vraiment recherché
les causes de l'accident et les exploitants des autres
centrales nucléaires et les autorités ne sont pas prêts. Le rapport de
TEPCo contient des contradictions internes que l'exploitant n'a pas
investiguées.
Le rapport
liste toute une série d'améliorations à apporter dans la protection des
centrales et la préparation à la crise. Si le gouvernement s'engage à
les appliquer, il peut déjà fermer les deux réacteurs en marche de la
centrale d'Ôï et il ne pourra par relancer le nucléaire avant
longtemps.
Le rapport appelle aussi TEPCo a prendre au sérieux les recommandations
faites. Est-ce possible ? Le rapport interne de TEPCo et les dernières
déclarations de son directeur (19 juillet) laissent penser que ce ne
sera pas possible.
Pourtant, aucun des rapports publiés ne remet explicitement en
cause les capacités de TEPCo à exploiter du nucléaire ! Incroyable. On
retire le permis d'un conducteur automobile après une faute grave. Mais
pas à un exploitant nucléaire. Yotaro Hatamura, le président de cette
commission, suggère cependant que les problèmes qui ont conduit à la
catastrophe sont si enracinés dans la culture de l'entreprise qu'il
vaudrait mieux créer une nouvelle entité que d'essayer d'améliorer la
situation.
Enfin, le rapport souligne qu'il y a encore beaucoup à apprendre sur
cet accident et qu'il ne faut pas arrêter les investigations maintenant
que tous les rapports ont été rendus. De nombreuses questions restent
ouvertes :
- pourquoi le réacteur n°2 est celui a a eu les plus forts rejets ?
- pourquoi il y a eu une explosion hydrogène dans le bâtiment réacteur
n°1 ?...
C'est aussi le cas sur les
conséquences humaines de cet accident. Il appelle à la création d'une
mémoire de l'accident en collectant les témoignages des parties
prenantes et des victimes.
Le rapport ne conclut quant à savoir si TEPCo a vraiment voulu
abandonner la centrale ou pas.
Mardi 24 juillet, le ministre
de l'environnement et de la catastrophe, Goshi Hosono, a
dit qu'il appartiendrait à la prochaine autorité de sûreté de faire
toute la lumière sur ce qui s'est passé à la centrale de Fukushima
daï-ichi et qu'un groupe de travail spécifique serait mis en place.
Mercredi 25 juillet, le maire
de Futaba n'est pas satisfait des rapports d'enquête sur
l'accident et veut créer sa propre commission pour connaître la vérité.
Vendredi 27 juillet, TEPCo
a-t-elle eu l'intention de retirer tout le personnel sur le site
de la centrale comme l'affirment tous les politiques en poste ou
seulement une partie et qu'elle n'a pas été comprise comme elle
l'affirme ? Cette question cruciale hante le Japon. La compagnie qui a
enregistré de nombreuses conversations, réunions, téléconférences... ne
voulait pas diffuser ces images. Face à la pression, elle en a
sélectionné 150 heures qu'elle est prête à montrer une seule fois à la
presse. Sur ces 150 heures, seules 50 heures ont du son. Les
journalistes se sont vus refuser une copie DVD. Le show aura lieu du 6
au 10 août.
Chaque media ne peut envoyer qu'un seul journaliste pour ne visionner
que 30 heures d'enregistrement après avoir signé un engagement de na
pas tenter de filrmer l'écran, transmettre les noms des personnes qui
seront floutées... Une version courte, pour le grand public, sera mise
en ligne... en toute transparence !
Mardi 31 juillet, face à la
pression gouvernementale, TEPCo a assoupli les conditions
de visionnage des enregistrements vidéo des premiers jours de la
catastrophe : chaque média pourra envoyer plus d'une personne ; la
durée sera aussi alongée. En revanche, sur le son, le nom des
personnes, etc, elle ne recule pas.
Si le gouvernement a pris le contrôle de la compagnie, il devrait
pouvoir imposer plus de transparence...
Lundi 6 août, TEPCo a commencé
à montrer ses 150 heures de vidéo aux médias :
90 minutes expurgées pour le grand public
sont consultatbles en ligne sur le site de TEPCo et peuvent être
téléchargées. Les médias fulminent contre les pratiques de la compagnie
et demandent que ces images soient considérées comme une propriété
publique.
Nouveau rapport en ligne sur l'accident nucléaire :
- INPO:
Updates Report on Lessons Learned From Fukushima
Daiichi Accident
Mardi 7 août, les médias
sont furieux contre TEPCO (même le
Yomiuri qui,
pourtant, appelle régulièrement au redémarrage rapide des réacteurs !)
: les vidéos avec les visages floutés, le son coupé ou couvert par des
bip ne permet pas de comprendre ce qui s'est réellement passé. Même le
visage du président de la compagnie a été flouté ! La
vidéo de 90 min mise sur le web n'apporte rien de
nouveau.
Cependant, d'après les médias qui ont commencé à visionner les 150
heures de vidéo, il apparaît que le siège de TEPCo n'était pas d'une
grande aide. Il donnait des ordres comme comme "il faut éventer
rapidement les réacteurs avant que l'enceinte de confinement ne soit
endommagée", ce qui est évident, insistait pour que les opérateurs
interviennent rapidement, mais n'avait aucune solution technique à
proposer. A un moment, le directeur de la centrale demande qu'on ne le
dérange plus car ils sont en train de mener une opération délicate.
Le 14 mars vers 17h, la vidéo rapporte que le chef de la Nuclear Safety
Commission (NSC) demande à ce l'on injecte plus d'eau dans le réacteur
n°2 où la pression monte plutôt que d'essayer de l'éventer. Cela va à
l'encontre des tentatives d'éventage en cours. Le directeur demande
donc au siège ce qu'il doit faire : continuer ou obéir à la NSC ?
Finalement, aucune des solutions ne marchera...
Les vidéos confirment l'improvisation de TEPCo tout au long d'une crise
qu'elle n'avait jamais envisagée. Elle ne permettent pas de conclure
quant à la polémique sur un retrait total de la centrale, ce qui n'est
pas surprenant. La compagnie a bien fait attention à ce sujet.
Mercredi 8 août, suite du
visionnage des vidéos de TEPCo par les médias : le 14 mars
après midi, suite aux explosion hydrogène dans les bâtiments réacteur 1
et 3, TEPCo réfléchit comment éviter une explosion similaire au niveau
du réacteur n°2. La trappe qui permettrait d'évacuer l'hydrogène a
besoin d'électricité pour être ouverte. Le directeur de la centrale ne
veut pas envoyer une équipe de peur qu'il y ait une explosion quand
elle est sur place. Les ingénieurs émettent de nombreuses idées qui
sont abandonnées les unes après les autres. Le directeur de la centrale
demande donc au siège d'envoyer un hélicoptère pour qu'il largue un
objet lourd pour percer le toit du bâtiment. Le siège temporise et
propose finallement de faire un trou avec un jet d'eau. Le directeur de
la centrale ne semble pas convaincu, mais remercie le siège. Le camion
ne pourra pas approcher à cause des débris. Le bâtiment réacteur n°2
n'explosera pas : un débris du réacteur n°1 lancé lors de l'explosion
l'aurait percé.
Autre séquence épique : suite à l'explosion qui a eu lieu dans le
réacteur n°3 le 14 mars à 11h01, Masataka Shimizu, le président de
TEPCo et Akio Takahashi, un cadre dirigeant, rédigent le communiqué de
presse. L'enregistrement a eu lieu vers 11h30. "Le seul changement que
l'on a fait a été de remplacer 'réacteur n°1' par 'réacteur n°3'". "On
ne sait pas si c'était une explosion hydrogène, mais comme le
gouvernement - la NISA - disent que c'est une explosion hydrogène, on
peut dire la même chose, n'est pas ?". Et le Président approuve son
conseiller, car il faut faire vite.
Lepoint.fr a sous-titré de très
courts extraits de la vidéo grand public.
Une traduction d'un autre épisode est
ici en anglais.
Vendredi 10 août, suite des
révélations grâce aux enregistrements des visio-conférences
par TEPCo : il est confirmé que le siège à Tôkyô était réticent à ce
que l'eau de mer soit injectée dans les réacteurs car le sel corrode
tout et le réacteur est dénitivement perdu. La remarque est faite au
directeur de la centrale le 13 août à propos du réacteur n°2. Pourtant,
dans son rapport d'enquête interne, TEPCo dément avoir hésité à
utiliser de l'eau de mer.
Voici le dialogue :
- A t'entendre, tu veux injecter de l'eau de mer n'est-ce pas ? Je
pense que l'utilisation de l'eau de mer serait dommageable car les
matériaux vont être corrodés. Ne peut-on pas s'accorder que l'on a
l'option d'attendre autant que possible pour utiliser de l'eau douce ?
(Nom et visage cachés)
- Nous avons pas la possibilité d'utiliser de l'eau douce. Cela va
encore nous retarder. (Yoshida, le directeur de la centrale). Vous
savez qu'en utilisant de l'eau douce, nous seront capables d'utiliser à
nouveau ce réacteur car il ne sera pas endommagé par le sel, n'est pas
? Quand on a besoin d'un apport massif d'eau de refroidissement comme
maintenant, il est difficile de se contenter d'eau douce. Je crois que
nous n'avons pas d'autre option.
- Je comprends maintenant.
Un peu plus tard, on peut entendre d'autres voix disant : "Quel gâchis
!".
Mardi 14 août, suite des
révélations liées au visionnage de l'enregistrement des
visio-conférences par la presse : le 14 mars à 6h TEPCo a noté une
augmentation soudaine de la pression dans le réacteur n°3. Le directeur
de la centrale a demandé aux personnes sur place d'évacuer le réacteur,
de crainte d'une explosion. TEPCo a préparé un communiqué pour la
presse, mais la NISA lui a demandé de ne pas le diffuser tout de suite.
L'interlocuteur sur place n'arrivait pas à joindre son supérieur...
L'annonce aura lieu 3 heures plus tard, soit deux heures avant
l'explosion hydrogène.
Samedi 18 août, suite de la
visualisation des visio-conférences par les médias : le
mardi 14 mars 2011, un des cadres dirigeants de TEPCo, Akio Komori, a
appelé, depuis le centre de crise hors-site, à se préparer à évacuer la
centrale car cela pourrait être nécessaire. En effet, après les
explosions hydrogène qui ont eu lieu dans les réacteurs 1 et 3, les
personnes sur place font leur possible pour éventer le réacteur n°2
afin d'éviter qu'il explose sous la pression, entraînant des fuites
irrémédiables, mais n'y arrivent pas.
Cet échange est en faveur de la thèse de toutes les personnes de
l'entourage du 1er ministre de l'époque, et du premier ministre
lui-même, qui prétendent que TEPCo
voulait abandonner la centrale.
Mardi 21 août, la Société
Japonaise pour l'Energie Nucléaire a mis en place sa
propre commission d'enquête sur l'accident nucléaire. Elle est composée
d'une quarantaine de personnes et devrait rendre son rapport en
décembre 2013. Elle devrait aussi se réformer à l'issue de ce travail,
une fois qu'elle aura compris pourquoi elle n'a pas pu prévenir
l'accident.
Septembre - Octobre 2012
[afficher/cacher]
Mercredi 5 septembre, l'
Asahi
continue le visionnage des enregistrements des visio-conférences des
premiers jours de la crise. Le journal en conclut que la fusion de deux
des trois coeurs aurait pu être évitée. Outre que les moyens de secours
n'étaient pas disponible sur le site, l'exploitant a tardé à faire
venir pompes et générateurs pour refroidir les coeurs.
Les personnes sur place ont d'abord actionné les valves pour faire
baisser la pression et injecter de l'eau en utilisant des batteries de
voiture branchées en série. Le 13 mars, il n'y avait plus assez de
batteries chargées. La 14 mars le manque d'eau est aussi devenu un
problème. Bien que la centrale soit située en bord de mer, TEPCo
n'avait pas de pompes assez puissantes pour relever l'eau de mer sur
une hauteur de plus de 10 m. Les réacteurs 1 et 3 étaient donc
refroidis avec de l'eau de mer laissée par le tsunami. Mais il n'y a
plus eu d'eau rapidement et le refroidissement a cessé le 14 mars à
1h10. Le réacteur n°2 est resté plus longtemps sans refroidissement car
il n'y avait pas d'eau de mer à proximité.
Les vidéos montrent que TEPCo dépendait d'une filiale pour le personnel
des pompes incendie et d'une autre pour la machinerie. Et elle ne
pouvait pas donner des ordres directement, ce qui a retardé encore plus
les secours. Le 13 mars à 7h30, quand TEPCo a décidé d'envoyer des
pompes incendie de ses centrales thermiques situées à Tôkyô, c'est à
dire à 200 km de la centrale, les ordres ont dû passer par sa filiale
Nanmei Kosan et entraîné un délai supplémentaire. Puis des camions se
sont perdus dans la nuit et se sont rendus à la centrale nucléaire
voisine (daï-ni). A 3h01 le 14 mars, un membre du siège annonce que les
camions ne trouvent pas leur route. 4 minutes plus tard, il est
question de problèmes avec le personnel de la filiale Nanmei Kosan qui
commencent à devenir nerveux et qui s'inquiètent des niveaux de
radiation qui commencent à être élevés. Il a encore fallu passer par
les dirigeants de la filiale pour discuter avec ces personnes. Les
camions sont finalement arrivé à daï-ichi à 9h05 ce même jour.
A 15h22, il est demandé au directeur de la centrale s'il a besoin de
plus de personnel pour actionner ces pompes. La réponse a été
affirmative car il était dépendant de Nanmei Kosan pour ce travail.
Autre exemple relevé par l'Asahi : le 13 mars TEPCo ne pouvait pas
utiliser J-Village situé à Naraha à 9 km au sud de la centrale comme
base car ce centre d'entraînement de foot est trop près de
Fukushima daï-ni qui avait aussi des problèmes d'alimentation
électrique. La compagnie s'est donc installée dans le port d'Onahama à
60 km au Sud où elle a un centre d'entreposage de charbon. A 10h15, 800
litres de fuel étaient en route vers ce centre. Mais TEPCo ne trouvait
pas de chauffeur pour acheminer le fuel au-delà à cause de la crainte
des radiations. Le fuel est arrivé à Onahama et est resté là. A 20h30
le lendemain, la centrale n'avait toujours pas reçu de fuel !
Lundi 10 septembre, pour les
18 mois de la catastrophe, TEPCO a mis en ligne une
série de photos de la centrale accidentée.
Mardi 11 septembre, TEPCO a
mis en ligne 600
photos
uniquement
disponibles en japonais pour le moment. Elles ont été prises lors des
18 premiers jours de la catastrophe. La liste est
ici en anglais.
Mardi 25 septembre, la
commission d'enquête indépendante sur l'accident de Fukushima mise en
place par le gouvernement a publié une
traduction
en anglais de son rapport final.
Pour mémoire, le
rapport
de la commission d'enquête indépendante mise en place par le parlement
est partiellement disponible en anglais. La traduction n'est pas
terminée.
Enfin, le
rapport
d'enquête de la fondation privée est toujours en cours de
traduction.
Il y a aussi les rapports d'enquête internes de TEPCo...
Mardi 2 octobre, TEPCo a invité la presse observer le retrait
du combustible usé de la piscine du réacteur n°4 de sa centrale de
Fukushima...
daïni
qui n'est pas accidentée. La compagnie espère terminer pour la fin du
mois pour le réacteur n°4 et en 2014 pour tous les réacteurs du site.
Mercredi 3 octobre, la NRA
veut changer le statut de la centrale accidentée de Fukushima
daï-ichi pour pouvoir continuer à l'inspecter et la contrôler.
Vendredi 5 octobre, TEPCO a
mis en ligne plus de 5 heures d'enregistrement de ses visioconférences
des premiers jours de la catastrophe. C'est
ici en japonais et maintenant
ici en anglais.
Elle en a montré 150 heures aux médias, dans des conditions difficiles.
Elle devrait montrer prochainement les enregistrements d'avril 2011.
Vendredi 12 octobre, TEPCo n'a
jamais voulu reconnaître sa responsabilité dans la
catastrophe : le tsunami était imprévisible et elle n'y était pour
rien. Admettre une faille, c'est aussi s'exposer à payer plus de
dommages lors des procès à venir suites aux plaintes déposées contre
elle. Mais elle veut aussi redémarrer les 7 réacteurs de sa centrale de
Kashiwazaki-Kariwa. C'est incroyable que personne, au Japon, ne lui
retire le droit d'exploiter du nucléaire, comme on retire le permis de
conduire à un chauffard. Pour arriver à ses fins, TEPCo doit convaincre
qu'elle saura mieux gérer la centrale, de manière plus sûre. Elle a
donc préparé une réforme de la gestion de sa division nucléaire,
présentée
ici ce jour en anglais.
A partir de la page 7, la compagnie reconnaît sa responsabilité dans la
crise pour la première fois. Page 9, elle reconnaît ne pas avoir tiré
les leçons de l'accident du Blayais en 1999 en France, devenu une
référence internationale. Il faut dire que
sa position était intenable, trois rapports d'enquête pointaient
clairement ses responsabilités dans cette catastrophe.
Et de promettre qu'elle mettra tout en oeuvre pour qu'un tel accident
ne puisse pas se produire à Kashiwazaki-Kariwa.
Dimanche 14 octobre, l'
Asahi
consacre un très long article au visionnage des enregistrements des
visio-conférences des premiers jours de la catastrophe. Voici quelques
extraits :
- Réacteur n°3, le 13 mars, le lendemain de la première explosion
hydrogène au niveau du réacteur n°1, le système d'injection à haute
pression utilisé pour refroidir le réacteur s'arrête à 2h44. 70 minutes
plus tard, le directeur le mentionne dans la visio, comme une nouvelle
information. L'injecteur d'acide borique aurait pu être une
alternative, mais il n'est plus alimenté, le cable électrique étant
coupé.
Le système d'injection à haute pression s'est probablement arrêté car
sa batterie est à plat. Où trouver une batterie de secours ? Il n'y en
a pas à la centrale. C'est la panique.
La pression dans le réacteur augmente vite : elle est 5 fois plus
élevée. Il est impossible d'injecter de l'eau sans faire baisser la
pression. Les lances à incendie ne servent à rien.
Les vannes d'éventage pour faire baisser la pression nécessitent aussi
une batterie pour être actionnées. A 6h39, le directeur de la centrale
annonce que la batterie est aussi morte. Et il n'y a pas de batterie de
secours. Pour le réacteur n°1, cinq batteries de voiture ont été
récupérées sur des bus et des voitures personnelles. Pour actionner la
vanne, il faut 120 V, qui peuvent être obtenus avec 10 batteries de
voiture de 12 V. La veille, le siège à Tôkyô a commandé 1 000 batteries
de voiture, mais la livraison tarde.
A 5h23, le directeur annonce que l'éventage est retardé car il n'est
pas possible d'ouvrir les vannes.
A 7h05, un appel général est lancé dans la centrale : "Si vous êtes
venus en voiture à la centrale, merci de vous signaler, nous voulons
emprunter votre batterie".
A 7h17, un autre appel général est lancé : "Nous allons acheter des
batteries, mais nous n'avons plus d'argent. Si vous pouvez prêter de
l'argent, ce sera très apprécié".
Finalement, 20 batteries de voitures personnelles ont pu être
récupérées et apportées dans la salle de contrôle des réacteurs n°2 et
3. Elles ont été branchées pour actionner les vannes des deux réacteurs.
Des
employés sont aussi allés faire les courses à Iwaki d'où ils n'ont pu
rapporter que 8 batteries achetées dans un magasin de discount...
L'éventage a finalement lieu 30 minutes après le début estimé de la
fusion du réacteur. De l'eau est à nouveau injectée à l'aide de lance à
incendie à partir de 9h20.
Le directeur s'inquiète d'une explosion hydrogène du bâtiment réacteur
n°3. Il faut donc ouvrir une trappe pour laisser sortir l'hydrogène.
Mais comment faire ? Ni le siège à Tôkyô, ni la centrale n'a d'idée
réaliste. Quelqu'un a même suggéré de demander à l'armée de tirer sur
la trappe pour la faire exploser...
Vers 17h, de la vapeur d'eau peut être vue au dessus du réacteur n°3.
Au siège on s'inquiète : de la vapeur d'eau avait été vue au-dessus du
réacteur n°1, 30 minutes avant son explosion.
Dans la soirée, l'eau et le diesel commencent à manquer.
Le 14 mars, le niveau de l'eau dans le réacteur a de nouveau chuté et
les barres de combustible sont à nouveau exposées. Il n'y avait plus
d'eau à la centrale... Et quand de l'eau à de nouveau été disponible,
la pression dans le réacteur était de nouveau trop élevée, comme la
veille. Elle monte aussi dans l'enceinte de confinement et le directeur
craint une explosion hydrogène. Des tentatives répétées d'éventer
l'enceinte échouent car les valves se referment automatiquement. A
11h01, l'image montre que le centre de crise de la centrale est secoué
par une explosion. 50 secondes plus tard, le directeur crie : "nous
avons un gros problème. Le réacteur n°3 vient juste d'exploser.
Probablement une explosion vapeur." Cette explosion a endommagé le
circuit électrique du réacteur n°2 : il n'est plus possible d'y
actionner les vannes d'éventage.
- Réacteur n°2, le 13 mars. De l'eau est injectée automatiquement par
le système de refroidissement de secours qui n'a pas besoin
d'électricité. Vers 21h, les employés rapportent qu'ils ne peuvent plus
contrôler le niveau de l'eau car les 10 batteries de voiture branchées
en série sont à plat. Et de réclamer de 50 à 100 batteries pour pouvoir
contrôler le niveau d'eau.
Le 14 mars, le système de refroidissement de secours s'est arrêté. Les
10 batteries récupérées la veille ont été utilisées pour tenter
d'ouvrir une vanne d'éventage. Il faudra 3 essais, sur 3 vannes
différentes, pour réussir à éventer le réacteur n°2.
Entre 20h et 21, 320 des 1 000 batteries commandées par le siège sont
arrivées.
- 13 mars, salle de contrôle des réacteurs 3 et 4. A 15h36, il est
rapporté que le débit de dose ambiant est passé à 12 millisieverts par
heure (la limite de dose est d'un millisievert/an pour la population et
50 pour les travailleurs au Japon).
- Il y avait 6 000 personnes sur le site de la centrale quand le
tsunami a frappé, le vendredi 11 mars en début d'après midi. Dans la
nuit du 14 mars, il n'en restait plus que 700. Le 15 au matin, 70. Les
enregistrements montrent que le siège a sérieusement envisagé d'évacuer
tout le monde quand la situation au niveau de réacteur n°2 se
détériorait rapidement.
- Les enregistrements montrent aussi que le directeur était submergés
de questions, parfois stupides, de la part du siège et qu'il a perdu
beucoup d'énergie et de temps à y répondre. Parfois, il se fâchait en
demandant qu'on les laisse travailler.
Vendredi 19 octobre, il y a eu
un
incendie dans un transfo sur le site de la
centrale.
Mercredi 31 octobre, la NRA a
décidé de former sa propre commission d'enquête sur le
déroulement de l'accident survenu à la centrale de Fukushima daï-ichi.
Les quatre enquêtes précédentes ont laissé de nombreuses questions
ouvertes et le précédent ministre de l'environnement, en charge de la
catastrophe, avait décidé de confier la suite des travaux à la futures
NRA. Ces travaux devraient commencer en novembre 2012. Aucun calendrier
n'est fixé pour le moment, car il est impossible d'accéder aux
réacteurs tant la radioactivité y est élevée. Cela pourrait donc
prendre des décennies.
Samedi 17 novembre, reconstitution
de quelques épisodes des premiers jours de la
catastrophe à partir des quelques enregistrements que TEPCo a bien
voulu rendre publics. C'est ici avec des sous-titres en français et c'est
extrait d'un programme de la télévision Asahi.
Mercredi 28 novembre, selon l'Asahi, les rapports d'enquêtes des commissions
sont des succès de librairie. 100 000 exemplaires vendus pour celui de
la commission
d'enquête indépendante et 35 000 pour celui de la commission mise en place par le parlement. C'est
beaucoup pour des ouvrages techniques.
Jeudi 29 novembre, selon le Maïnichi,
la Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) a dépensé environ 23
millions de yens (230 000 euros) pour obtenir des résumés des rapports
d'enquêtes sur la catastrophe de Fukushima. Et, trois des quatres
compagnies retenues, sont impliquées dans l'industrie nucléaire. Il
s'agit de Mitsubishi Heavy Industries Ltd et d'une filiale, Energis Co..
Les résumés ont coûté 2,9 millions de yens (29 000 euros) chacun. Le
reste de la somme était consacré à une étude sur le comportement des
évacués au début de la catastrophe à partir des rapports d'enquête.
Coût 14,17 millions de yens (141 000 euros). La JNES est financée par
de l'argent public.
Vendredi 30 novembre, TEPCo a
mis en ligne de nouveaux enregistrements des visio-conférences des
premiers jours de la catastrophe.
Vendredi 7 décembre, à 17h18,
un puissant séisme, d'une magnitude de 7,3 sur l'échelle de
Richter s'est produit au large de la côte Nord-Est de l'île principale
du Japon. Il a été suivi, peu après 18 heures, d'un tsunami de 1 m de
hauteur au niveau d'Ishinomaki, dans la préfecture de Miyagi, située au
coeur de la catastrophe de 2011. Il y aurait eu 11 blessés. 20 000
personnes ont été évacuées.
TEPCo a annoncé n'avoir rien constaté d'anormal sur ses réacteurs. De
même pour les autres exploitants nucléaires.
Une réplique d'une magnitude allant jusqu'à 6 pourrait avoir lieu dans
la semaine.
Samedi 8 décembre, le séisme
de la veille est considéré comme une réplique du séisme du 11 mars 2011.
Vendredi 14 décembre, TEPCo a préparé un "vidéo tour" en anglais pour l'AIEA qui est
disponible en ligne. A voir pour faire le tour du site.
Une version française est aussi disponible (traduction non officielle).
Elle a aussi mis en ligne plusieurs présentations en anglais sur l'accident et ses
suites. La première présentation
par la commission d'experts qu'elle a mis en place en interne pour
l'aider à se réformer à garantir la sûreté de ses autres centrales,
liste une série d'échecs qui auraient conduit à la catastrophe. S'en
suivent les mesures mises en place pour protéger ce qui reste de la
centrale afin d'éviter de nouveaux rejets massifs.
Dimanche 16 décembre, il y a un an, le gouvernement déclarait l'arrêt à froid des réacteurs
nucléaires accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi. Le système
de refroidissement demeure fragile : on ne compte plus les fuites sur
les 4 km de tuyaux. Et l'eau contaminée continue à s'accumuler sans
autre
solution qu'un stockage temporaire dans de nouvelles cuves. TEPCo a une
capacité de stockage de 257 000 m3 et elle a déjà accumulé 237 000 m3.
Elle continue donc à installer des cuves et des cuves. Elle ne sait
plus où les mettre. Alors elle creuse pour pouvoir en mettre sous une
ligne à haute tension.
Toshiba
travaille sur une station de traitement de cette eau, mais le peu de
nouvelles à son propos laisse penser que les tests ne permettent pas
d'être optimiste.
Les réacteurs 1 à 3 rejettent toujours de l'ordre de 10 millions de
becquerels par heure.
Quant au corium (combustible fondu), personne ne peut dire où il est.
Vendredi 28 décembre, nouvelles révélations suite au visionnage des visio-conférences des
premiers jours montrées à la presse par TEPCo : le 16 mars, la ligne de
communication entre le siège a Tôkyô et la centrale de Fukushima
daï-ichi a été coupée par inadvertance. Mais l'équipe restée à la
centrale est incapable de faire face au problème car tout le personnel
en charge de la communication a été évacué.
Mercredi 9 janvier, il y a eu 3 139 séismes en 2012 au Japon. 1 868 d'entre eux étaient
des répliques du séismes du 11 mars 2011. C'est environ 60%. Une
réplique d'une magnitude 8 est encore possible. On en est à 9 357 répliques depuis le 11 mars 2011.
L'activité sismique est cependant à la baisse. Il y a eu 10 487 séismes en 2011. Le record est de 52 957 en 1966.
Le séisme du 11 mars 2011 s'est produit sur une faille considérée jusqu'alors comme à faible risque...
Jeudi 10 janvier, selon des journalistes qui ont visionné les visioconférences que
TEPCo a bien accepté de leur montrer, la compagnie a hésité à envoyer
ses propres camions de pompier en place à son usine thermique de
Hirono, située à une vingtaine de km de la centrale de Fukushima
daï-ichi. La loi impose que des camions pompiers y soient toujours
stationnés et personne n'a pris le risque de violer la loi. Ils sont
donc restés stationnés à Hirono pendant que d'autres camions pompier
étaient envoyés de Tôkyô.
Jeudi 24 janvier, TEPCo montre aux journalistes de nouveaux enregistrements des
visio-conférences correspondant à la période du 23 au 30 mars, puis du
6 au 12 avril 2011. Il y a 312 heures d'enregistrement en tout. Cela
s'ajoute aux 486 heures déjà montrées à la presse. La bande son a été
couverte par un biiiip à 1 133 occasions et des images floutées 347
fois.
Le public n'a pas accès à ces enregistrements.
Ces enregistrements font apparaître des évènements pas connus du public :
- le 23 mars la pression dans l'enceinte de confirnement du réacteur
n°1 montaient à nouveau au niveau maximal autorisé. A 11h20, le
directeur de la centrale a demandé au siège de confirmer les procédure
pour relarguer des gaz, forcément radioactifs, afin de faire baisser la
pression. La pression ne baisse pas avant la nuit du 24 mars.
Les rejets radioactifs massifs ont duré une dizaine de jours. Le 23 mars, il aurait pu y avoir d'autres rejets massifs.
- le 23 mars, toujours, la température dans le réacteur n°5, a une
panne sur le système de refroidissement à 20h58, quand l'alimentation
électrique est passé du générateur diesel à une source externe. La
température, qui était passée sous la barre des 100°C 3 jours
auparavant, risque de remonter. Le directeur de la centrale est furieux
car il n'a pas été prévenu rapidement. Le 24 au matin, le problème
devait être réparé pour midi, mais ce ne sera pas avat 16h le même
jour. La pompe s'est remise en route à 16h14 et la température de l'eau
est montée à 99°C.
- le 25 mars, le siège à Tôkyô est prévenu que de l'eau contaminée
fuyait du bâtiment réacteur n°2 par une trappe pour de gros
équipements. Le débit de dose est de 40 millisieverts par heure, 4 fois
plus que dans les environs. Il ne se passera pas grand chose.
Un câble électrique a commencé à fondre, ce qui a entraîné des
dégagements de fumée au niveau de la piscine d'entreposage centralisée
du site. Rien de grave, selon TEPCo, qui publie aussi des photos, car le câble a immédiatement été débranché.
Mardi 29 janvier, TEPCo a organisé un voyage de presse sur le site de la centrale de
Fukushima daï-ichi. Les journalistes ont pris 38 microsieverts pendant
leur tour en bus et le débit de dose le plus élevé était de 1,3
millisievert par heure près du bâtiment turbine n°3.
Vendredi 1er février, TEPCo a mis en ligne 2 145 photos
qui datent des premiers jours de la catastrophe. Elles ont été prises,
pour la plupart, par des employés. TEPCo a censuré 849 photos sous le
prétexte de la protection de données sensibles relatives à la
technologie nucléaire.
Lundi 11 février, la NRA veut scanner 900 000 pages de documents relatifs à la
catastrophe de Fukushima et les mettre en ligne. Cela devrait prendre
deux ans. Ne seront mis à la disposition que les documents publics, pas
ceux de l'exploitant. La NRA, à elle seule, a déjà 300 000 pages. Le
reste proviendra des ministères.
La plupart de ces documents ne sont pas classés et ont été entassés
dans des boîtes lors de la crise. Le tri va prendre du temps.
Mercredi 6 mars, TEPCo a mis en ligne des enregistrements des visio-conférences des premiers jours de la catastrophe. C'est en japonais. Page en anglais.
Vendredi 8 mars, l'Asahi
publie une analyse très intéressante de la catastrophe et de la
différence de perception entre les autorités américaines et japonaises
durant les premiers jours. Il s'agit d'une interview de Yoïchi
Funabashi qui a présidé la commission d'enquête créée par une fondation
privée et qui a écrit plusieurs livres sur le sujet.
Gestion de l'eau contaminée
TEPCo injecte continuellement
de l'eau dans les cuves des trois réacteurs accidentés. Au contact du
combustible fondu, elle se contamine fortement, s'inflitre dans les
sous-sols par les fissures, où elle s'accumule et menace de déborder
dans la mer. Une partie de cette eau est pompée et partiellement
décontaminée (le strontium reste), avant d'être réinjectée. Il est
officiellement question de "circuit fermé". Mais, entre 300 et 500 m3
d'eau souterraine s'ajoutent quotidiennement et TEPCo ne sait pas
comment faire face aux volumes d'eau qui ne cessent d'augmenter. Elle
espère mettre au point un meilleur système de décontamination pour
pouvoir la rejeter en mer.
Lundi 19 mars, suite à une
inspection, la NISA a noté que TEPCo n'a pas de plan de maintenance de
son système de traitement des eaux contaminées. Elle demande donc à la
compagnie d'améliorer ses pratiques.
Lundi 26 mars, TEPCo a
découvert une fuite à l'unité de désalinisation et l'a arrêtée. 120
tonnes auraient fui et 80 litres auraient rejoint l'océan. (Communiqué en anglais). La localisation de la
fuite dans le système de traitement des eaux est ici en anglais.
La
contamination de l'eau trouvée au dehors serait de 10 000
becquerels par litre pour les césiums et 81 000 Bq/l pour l'antimoine
125 (Sb125). Ici en anglais. Quant au strontium, la
concentration de l'eau qui a fui serait de l'ordre de 140 millions de
becquerels par litre.
Des photos de la fuite sont ici en anglais.
Jeudi 5 avril, TEPCo a trouvé
une nouvelle fuite ayant pu entraîner un rejet en mer d'eau fortement
contaminée en strontium (jusqu'à 100 millions de becquerels par litre).
La fuite a été découverte à 1h05.
L'installation a été arrêtée 5 min plus tard et une valve fermée après
35 min. Mais la fuite a continué jusqu'à 2h20. Elle est due à un tuyau
déconnecté.
Le communiqué de TEPCo est ici en anglais. Une photo du tuyau fautif ici.
Vendredi 6 avril, TEPCo, a,
sans rire, estimé à 150 ml le volume d'eau qui a fui dans la mer lors
de la fuite de la veille. La compagnie pense que les 12 tonnes d'eau,
qui ne sont plus dans la tranchée, ont dû être absorbées par le sol.
Lundi 9 avril, TEPCo a trouvé
la parade pour éviter de nouvelles fuites : des sacs de sable ! Voir ses photos en anglais. KEPCo a-t-elle aussi fait
des stocks de sacs de sable pour sa centrale d'Ôi ?
Lundi 23 avril, TEPCo a annoncé
vouloir pomper l'eau souterraine afin de réduire de moitié les
infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. La compagnie veut
creuser 12 puits et rejeter 1 000 tonnes (ou m3) d'eau par jour dans la
mer. Après avoir contrôlé sa contamination, bien-sûr, explique TEPCo.
Mais si TEPCo ne pompe pas bien en amont des réacteurs, cette eau sera
contaminée. Cela pourrait commencer en septembre octobre 2012.
Vendredi 27 avril, nouvelle
fuite sur la station de traitement des eaux contaminées, au niveau de
l'unité de désalinisation. 36 litres se seraient échappés et la cause
n'est pas connue. Explications de TEPCo en anglais.
Mercredi 9 mai, nouvelle fuite
sur l'installation de traitement des eaux usées, avec photos ici.
Jeudi 14 juin, encore une fuite sur l'installation de traitement des eaux
fortement contaminées.
Lundi 18 juin, TEPCO a annoncé
une nouvelle fuite sur l'installation de décontamination qui a
été découverte le 14 juin.
L'eau souterraine s'infiltre dans les sous-sols des réacteurs
nucléaires où elle se mélange à l'eau très contaminée qui percole dans
les coeurs fondus des réacteurs. TEPCo la pompe pour éviter qu'elle
déborde en mer, la décontamine partiellement (il reste notamment
beaucoup de strontium) et en réinjecte une partie dans les réacteurs
pour les refroidir. Le surplus s'accumule dans des cuves qui
s'emplissent vite. Une telle solution ne peut pas durer longtemps.
TEPCO veut donc détourner les écoulements souterrains pour qu'ils ne
viennent plus s'infiltrer dans les sous-sols. Pour le moment, elle
pompe partiellement cette eau. Elle veut aussi construire une barrière
souterraine pour la dévier. Le projet est présenté ici en anglais.
Mais l'eau des sous-sols, fortement contaminée, doit aussi s'exfiltrer
et finir par rejoindre la mer.
Mardi 24 juillet, en été, la
température des réacteurs augmente à cause de la chaleur.
Depuis juillet 2012, TEPCo refroidit l'eau qu'elle injecte dans les
réacteurs. Cette eau, qui se contamine fortement au contact du
combustible nucléaire, continue à fuir dans les sous-sols des 3
réacteurs. Il y en aurait 100 000 tonnes (ou m3) actuellement, si l'on
compte aussi celle qui a fuit dans les sous-sols des bâtiments voisins.
TEPCo espérait avoir fini de tout pomper et décontaminer à la fin 2011
mais comme des centaines de tonnes (ou m3) d'eau souterraine s'infiltre
quotidiennement, le niveau ne baisse pas. TEPCo a déjà pompé et
partiellement décontaminé 160 000 tonnes, le double de ce qu'elle avait
prévu initialement, mais ce n'est pas fini. Quant à l'eau partiellement
décontaminée, elle continue à s'accumuler dans des citernes : il y en
aurait actuellement 228 000 tonnes.
Mercredi 25 juillet, une
nouvelle station de décontamination de l'eau a été présentée :
elle permettrait de baisser la concentration à des niveaux
"acceptables" de 62 éléments, dont le strontium et le cobalt qui ne
sont pas filtrés actuellement. "Acceptables" signifie que l'eau devrait
pouvoir être rejetée dans la mer...
Le système développé par Toshiba et d'autres organsations est basé sur
de résines échangeuses d'ions et sera testé à la centrale de Fukushima
en septembre prochain. Il devrait pouvoir traiter 500 tonnes par jour.
Mardi 14 août, nouvelle fuite
découverte dans le bâtiment turbine n°4 : il y a un cm
d'eau dans une pièce de 350 m2. L'eau vient d'un tuyau du circuit de
refroidissement du réacteur n°3 voisin. La contamination de l'eau en
césium est de 77 millions de Bq par litre. TEPCo n'aurait pas trouvé de
fuite vers l'environnement.
La fuite a été découverte à 11h15. La circulation de l'eau a été
stoppée dans le tuyau à 12:20 et vers 13h il a été confirmé qu'il n'y
avait plus de fuite. Photos ici.
Une pompe d'un site de stockage, dans une pièce qui sert au filtrage
de l'eau, a pris feu et a été éteinte à l'aide d'un extincteur. Photos ici.
Vendredi 17 août, encore une
fuite dans la station de traitement des eaux radioactives,
au niveau d'une membrane servant à la désalinisation. Des photos sont ici.
Lundi 27 août, les cuves de
TEPCo sont presque pleines d'eau contaminée et la
compagnie va en installer de nouvelles. Environ 400 tonnes (ou m3)
d'eau souterraine prénètrent chaque jour dans les sous-sols de la
centrale où elle se mélange à l'eau très contaminée qui fuit des
réacteurs. La compagnie en décontamine partiellement une partie qui est
réinjectée dans les réacteurs. Le reste s'accumule. Il y a actuellement
une capacité de stockage de 220 000 tonnes utilisée à 85%. Ces cuves
seront pleines d'ici 3 mois environ. TEPCo va ajouter 170 000 tonnes de
stockage ce qui lui devrait de tenir jusqu'à novembre 2013. Mais, il
lui faudra tenir ainsi pendant 30 ans ! Pour étendre plus le stockage,
TEPCo devra aplanir des terrains.
Jeudi 30 août, TEPCo a
découvert vers 15h que les volumes d'eau injectée pour le
refroidissement des réacteurs 1 à 3 est passé sous les valeurs
minimales adminissibles. Dans son communiqué,
la compagnie ne donne pas d'explication, mais prétend ne pas avoir noté
de différence dans les paramètres (température, pression, ...) des
réacteurs en question.
L'incident a de nouveau eu lieu vers 20h et les débits d'eau
nécessaires ont été rétablis vers 22h30. La compagnie suspecte quelque
chose au niveau des pompes et utilise celles de secours en remplacement.
Les débits sont de 5 tonnes par heure pour le réacteur n°1 et de 7
tonnes par heure pour les réacteurs 2 et 3.
Samedi 1er septembre, les
débits d'eau injectée dans les réacteurs pour les refroidir continuent
à avoir des baisses inexpliquées.
Mardi 4 septembre, TEPCO a
annoncé que l'injection d'eau de refroidissement dans les
réacteurs était stabilisée. Elle suspecte que les tuyaux ont été
partiellement bouché par quelque chose, mais elle n'en sait pas plus.
Dimanche 9 septembre, à
presque un an et demi du déclenchement de la catastrophe
nucléaire, le refroidissement reste le talon d'Achille des trois
réacteurs. Il y a déjà eu 56 fuites et 12 pannes. Les cuves sont
pleines à 90% et TEPCo doit raser des forêts pour installer d'autres
cuves. TEPCo va ajouter une capacité de 470 000 m3 pour tenir 3 ans.
Mais il lui faut tenir 40 ans... Un sous-traitant développe donc une
station de traitement des eaux fortement contaminées pour les rejeter
en mer. Il est peu probable que les populations acceptent.
Par ailleurs, seulement 16 thermomètres sur 41 semblent fonctionner au
niveau du réacteur n°2.
Jeudi 13 septembre, TEPCo
injecte actuellement 4,8 m3 d'eau par heure dans le réacteur
n°1 pour le refroidir, 6,7 m3/h dans le deuxième et 6,8 m3/h dans le
troisième. C'est plus que le minimum requis.
Mardi 18 septembre, et une fuite de plus !
Vendredi 5 octobre, TEPCo annonce encore une fuite sur le système de
traitement des eaux.
Vendredi 12 octobre, TEPCo a
organisé son 4ième voyage de presse sur le site de la centrale
accidentée afin de montrer les progrès accomplis et la nouvelle station
de traitement des eaux contaminées en cours de test. Comme la compagnie
ne sait plus comment faire face à l'accumulation des eaux fortement
contaminées, elle compte les décontaminer mieux que ce qu'elle fait
maintenant pour pouvoir les rejeter en mer. Mais ce n'est pas gagné car
l'opinion publique y sera opposée. En attendant, cela s'accumule dans
des citernes et des citernes.
Lundi 15 octobre, nouvelle fuite d'eau très radioactive au
niveau du réacteur n°3 : 90
litres ont aspergé le rez de chaussée du bâtiment turbine. L'eau ne
serait pas sortie du bâtiment, selon TEPCo. La fuite a été découverte
par un sous-traitant vers 10h et la pompe a été immédiatement arrêtée.
C'est la deuxième fuite à ce niveau : en août dernier, 4 m3
avait fui.
Une photo est disponible sur le site de TEPCo.
Jeudi 25 octobre, TEPCo a
accumulé 200 000 tonnes ou m3 d'eau contaminée
(l'équivalement de plus d'une cinquantaine de piscines olympiques). A
cela s'ajoutent les boues issues de la décontamination partielle de
l'eau. Et la situation ne fait qu'empirer puisque 300 à 500 m3 d'eau
souterraine pénètrent quotidiennement dans les sous-sols des réacteurs
où elle se mélange à l'eau contaminée.
Les dernières données de TEPCo sont ici en anglais.
Encore une fuite
: sur l'installation de désalinisation de la piscine du réacteur n°3
cette fois-ci. Ce sont 75 litres d'acide chlorhydrique qui ont fuit.
Mercredi 21 novembre, nouvelle fuite de la station de traitement des eaux
contaminées
(Sarry). Environ 176 litres auraient fui et l'eau aurait une
contamination de 370 000 Bq/l pour le césium 134, 650 000 Bq/l pour le
césium 137, 3 500 Bq/l pour le cobalt 60 et 1 900 Bq/l pour la
manganèse 54. La fuite a été colmatée et l'eau essuyée.
Lundi 10 décembre, encore une fuite sur le système de désalinisation. C'est ici en anglais ou en japonais. 96 litres auraient fui. Il s'agit
d'eau contaminée, mais on ne sait pas de combien.
Mercredi 12 décembre, TEPCo a mis en ligne des vidéos suite à
l'investigation menée dans le bâtiment réacteur n°2 avec le robot
quadrupède. Elle n'a trouvé aucune fuite. Pourtant, le
réacteur n°2 fuit et TEPCo ne sait toujours pas par où.
Toujours des fuites dans le bâtiment turbine n°3.
La contamination de l'eau qui a fui est de 11 600 Bq/L pour les deux
césium.
Vendredi 14 décembre, encore une fuite d'eau contaminée en césium à 11 400 Bq/l.
Mardi 25 décembre, encore une fuite à la centrale de Fukushima daï-ichi. 10 litres auraient fui, mais la contamination est "faible", que quelques centaines de becquerels par litre.
Mercredi 26 décembre, encore une fuite !
TEPCo a annoncé des retards supplémentaires sur son projet de station
de décontamination de l'eau qui s'accumule dans les sous-sols de ses
réacteurs et qu'elle pompe dans cuves qu'elle ne sait plus où mettre.
Le nouveau système d'épuration était prévu pour septembre 2012... Les cuves de la nouvelle installation n'ont pas passé les crash-tests
:
elles devaient supporter une chute de 6 m et les tests ont montré que
les cuves fuyaient après une chute de 3 m. Aucune date n'a été avancée
pour la mise en route de la station. Ce problème n'est-il pas qu'un
simple voile pour cacher les réelles difficultés ? La technologie pour
des cuves résistantes aux chutes existe, mais pas celle pour traiter l'eau contaminée.
La compagnie espère décontaminer suffisamment pour rejeter l'eau dans
la mer, mais il n'est pas sûr que la population et les autorités
locales acceptent.
Jeudi 31 janvier, encore une fuite
sur la station de traitement des eaux contaminées, au niveau de
l'installation de désalinisation. 30 litres auraient fui, avec une
"faible" contamination : 1 300 Bq/L pour le césium 137 et 700 Bq/L pour
le césium 134. C'est donc la contamination de l'eau après la
'décontamination'. Il y a d'autres radioéléments comme le strontium qui
ne sont pas mesurés, ni retirés pour le moment.
Le dernier point sur l'eau contaminée accumulée est ici en anglais.
Mercredi 13 février, l'eau contaminée continue à s'accumuler. Le dernier bilan de TEPCo est ici en anglais.
Lundi 18 février, encore une fuite,
au niveau de l'unité de désalinisation de l'eau des réacteurs 5 et 6,
mais avec de l'eau "faiblement" radioactive : 198 Bq/l de césium. 19,8
m3 auraient fui.
Jeudi 21 février, la NRA a donné sont feu vert aux tests sur la nouvelle installation de
décontamination de l'eau qui répond au doux nom de Alps. TEPCo espère
décontaminer suffisemment pour pouvoir rejeter l'eau en mer. Ce n'est
pas gagné. En attendant, les stocks d'eau continuent d'augmenter de 400
m3 par jour pour atteindre 230 000 tonnes ou m3. Il ya aussi environ
100 000 tonnes ou m3 dans les sous-sols des bâtiments. Les places pour
le stockage se font de plus en plus rares. TEPCo prétend pouvoir encore
tenir 2 ans ainsi pour atteindre une capacité de stockage de 700 000
tonnes ou m3. Après, elle ne sait pas. Pourtant les tests vont prendre
plusieurs mois.
Jeudi 28 février, encore une fuite,
dans la bâtiment turbine du réacteur n°2 cette fois-ci : il y a une
flaque d'eau avec 380 000 Bq/L de césium. En revanche, l'eau qui goutte
du toit n'a "que" 3 000 Bq/L : TEPCo pense que c'est de l'eau de pluie !
Dimanche 3 mars, un petit point sur l'eau : il y a 930 cuves sur le site de la
centrale avec 260 000 m3 d'eau contaminée. La capacité de
stockage est de 320 000 m3, mais cela ne suffira pas pas. TEPCo va
encore ajouter des cuves.
Mercredi 6 mars, TEPCo relance l'idée de rejeter en mer l'eau qui s'accumule car elle
ne sait plus où mettre les cuves de stockage. Bien entendu, elle
prétend purifier l'eau avant, mais elle n'a pas encore mené les tests
de sa nouvelle station. Personne ne connaît l'efficacité du processus,
ni la contamination résiduelle de l'eau à rejeter. Comme nous l'avons
déjà signalé, le tritium ne sera pas retiré : la contamination moyenne
actuelle de l'eau est de 1,3 million de becquerels par litre et TEPCo
n'est pas autorisée à rejeter une eau contaminée à plus de 60 000 Bq/L.
L'eau contaminée accumulée est un des gros problèmes de la centrale car
personne ne sait combien de temps les cuves peuvent tenir alors que
l'eau restera radioactive pendant des milliers d'années. On ne sait pas
gérer les déchets solides et encore moins les déchets liquides.
Les derniers chiffres officiels sont ici en anglais.
Il est question de 76 000 m3 dans les sous-sols des réacteurs 1 à 4. Il
y a 40 000 autres mètres cubes ailleurs. A cela s'ajoute l'eau des
cuves avec plus de 260 000 m3. Rappelons que le stock augmente de 400
m3 par jour. TEPCo veut atteindre une capacité de stockage de 700 000
m3 d'ici 2015, mais ne sait pas encore où elle va mettre les cuves.
Evidemment, les pêcheurs sont opposés aux rejets alors que la mer reste très contaminée. Les derniers résultats
mis en ligne donnent valeur de 13 Bq/L de tritium dans l'eau de mer
devant la centrale. C'est la signature que les fuites continuent. La concentration en césium dans l'eau de mer est aussi plus élevée à proximité de la centrale.
Le réacteur était en marche avant le séisme. Le combustible dans le
coeur a entièrement fondu en quelques heures et a subi une explosion
hydrogène le samedi 12 mars à
15h36. Il est recouvert d'un chapiteau pour empêcher l'eau d'y pénétrer
et pour retenir une partie des gaz radioactifs.
Mardi 1er mai, l'Asahi
a eu accès au manuel d'urgence pour le réacteur n°1 et il s'avère qu'il
y est noté que le refroidissement de secours ne doit pas être utilisé
en priorité ! Ce réacteur, de conception ancienne, a un circuit de
refroidissement de secours qui peut fonctionner sans électricité. La
vapeur d'eau produite dans le réacteur en surchauffe est conduite dans
une chambre de condensation où l'eau ainsi obtenue est automatiquement
réinjectée. Mais le manuel pour l'opérateur en chef dit que ce système
ne doit pas être utilisé en priorité en cas de crise, mais qu'il faut
dépressuriser la cuve en ouvrant des vannes qui conduisent la vapeur
vers l'anneau torique qui entoure le pied de la cuve. Mais une telle
opération peut aggraver la situation : en faisant baisser rapidement la
pression, l'eau se met à bouillir et s'évapore plus vite. Et quand il
n'y a plus d'eau, la température grimpe vite.
La commission d'enquête gouvernementale (Investigation Committee on the
Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations) est en train de
travailler sur ce sujet. Car, de fait, le système de refroidissement de
secours s'est mis en marche automatiquement, mais les personnes
présentes sur le site l'ont stoppé manuellement 10 minutes plus tard,
de peur qu'une chute trop rapide de la température endommage le
réacteur. Ils ont, par la suite, activé et arrêté manuellement ce
système pour refroidir le réacteur, jusqu'à ce qu'une vanne se bloque.
Le refroidissement s'est arrêté.
La centrale de Tsuruga a un système similaire et le manuel d'urgence du
réacteur n°1 précise qu'il doit être utilisé en priorité. Il semblerait
que c'était aussi le cas au tout début pour Fukushima, mais que TEPCo a
changé le manuel par la suite.. Par ailleurs, il semblerait que le
manuel pour les opérateurs et le manuel pour leur chef ne disent pas la
même chose !
Il est important de noter que ce système de refroidissement seul
n'aurait pas pu empêcher la fusion du coeur, seulement la retarder.
Mercredi 23 mai, selon les
calculs effectués par la Japan Nuclear Energy Safety Organization, qui
est sous la tutelle du ministère de l'industrie, le niveau d'eau dans
la cuve du réacteur n°1 pourrait n'être que de 40 cm, alors que TEPCo
annonce 1,9 m. L'organisation pense qu'un trou de 2 cm au niveau du
cicuit primaire est responsable de la fuite. 40 cm, c'est très peu,
rendant le réacteur très fagile. La moindre suspension de l'injection
d'eau et le combustible fondu est découvert et se remet à fondre et
rejeter de la radioactivité. TEPCO espère pouvoir faire une endoscopie
d'ici la fin de l'année pour mesurer ce niveau.
Mercredi 27 juin, jusqu'à 10
sievert par heure, c'est à dire une dose léthale en quelques
minutes, ont été mesurés par un robot dans le réacteur n°1.Tepco a
introduit une caméra et des instruments de mesures via un trou de
canalisation depuis le plafond du sous-sol. Des images et des données
sont ici en anglais. Une vidéo ici.
Jeudi 5 juillet, TEPCo a mis en
ligne des informations sur les débits de dose relevés dans
les réacteurs n°2 et 3. Il y aussi des informations pour le réacteur n°1 accompagnées
d'une vidéo. Il est impossible d'y envoyer des humains
pour y travailler.
Jeudi 27 septembre, TEPCo a inséré une caméra dans l'enceinte
de confinement
du réacteur n°1 pour la première fois, après avoir creusé un trou. Elle
a mis en ligne 40 min de vidéo.
La compagnie compte procéder à des mesures (température, niveau d'eau,
radioactivité...) par ce trou, à partir du mois d'octobre.
Mardi 9 octobre, TEPCO a introduit une caméra dans l'enceinte
de confinement du
réacteur n°1 : il semblerait qu'il y a de l'eau au fond, mais la
compagnie ne peut pas donner le niveau.
Jeudi 11 octobre, TEPCo
continue son endoscopie de l'enceinte de confinement du
réacteur n°1 : le niveau d'eau serait de 2,8 m, ce qui est plus que les
2 m attendus. La compagnie a aussi détecté un débit de dose de 11,1 Sv
par heure (pas d'erreur d'unité, c'est bien sievert), à 8,6 m de
hauteur. La dose léthale est atteinte en 40 minutes. Il y a 4,7 Sv/h à
la surface de l'eau. TEPCo avait détecté jusqu'à 73 Sv/h dans le
réacteur n°2. Si le combustible est bien au fond de la cuve et de
l'enceinte de confinement, les débits de doses pourraient être plus
élevés vers le bas.
Les images mettent aussi en évidence de la rouille sur les structures
métalliques. Il y a aussi un boulon qui laisse présager des dommages.
Une première série de vidéos et photos est ici en
anglais. Une autre série est ici.
Les travailleurs impliqués dans ces opérations ont pris jusqu'à 2,13
millisieverts.
Vendredi 12 octobre, TEPCo
présente de nouvelles vidéos prises lors de l'endoscopie de
l'enceinte de confinement. La compagnie a aussi réussi à faire des prélèvements d'eau
: 35 millions de Bq de Cs137 par litre et 19 millions de Bq/L pour le
césium 134. L'eau prélevée dans le bâtiment réacteur le 20 septembre
dernier était environ deux fois plus contaminée. La dose maximale prise pour cette opération est de
1,72 mSv. On ne sait pas combien de personnes étaient impliquées.
Jeudi 25 octobre, TEPCo a
utilisé un ballon pour inspecter le réacteur n°1. Des photos et vidéos sont en ligne.
Le débit de dose le plus fort mesuré est de 150 mSv/h au 1er étage. Les
opérateurs ont pris jusqu'à 3,81 mSv. 29 personnes étaient impliquées
en tout : 4 employés de TEPCo et 25 sous-traitants.
Jeudi 7 février, un membre de la commission d'enquête parlementaire, Mitsuhiko Tanaka,
accuse TEPCo d'avoir menti à la commission. La commission voulait
inspecter le réacteur n°1, mais TEPCo a rétorqué que ce n'était pas
possible car il faisait trop noir après que le réacteur ait été
recouvert et que c'était trop dangereux. TEPCo a transmis une photo à
la commission d'enquête qui datait prétenduement d'avant la mise en
place de la couverture. Or cette photo date d'après la mise en place de
la couverture et montre qu'il ne faisait pas si noir ! M. Tanaka
demande donc au parlement de se saisir de cette affaire. TEPCo répond
qu'elle a juste fait une erreur en datant la vidéo.
La commission voulait voir si le séisme seul avait endommagé des
éléments clés en terme de sûreté. TEPCo dément, bien-sûr, et prétend
que tout est dû au tsunami imprévisible. La réponse à la question est
importante pour la sûreté des autres réacteurs. M. Tanaka, un ancien
ingénieur du nucléaire, voulait vérifier par lui-même, avec d'autres
membres de la commission, si un système de refroidissement de secours
avait fuit à cause du séisme. Il avait donc prévu une visite les 5 et 6
mars 2012 suite à un témoignage de sous-traitants qui disaient avoir vu
de l'eau au 4ième niveau du bâtiment réacteur. Mais il a dû renoncer
suite aux déclarations de TEPCo. Il y a un enregistrement de la
conversation du 28 février entre M. Tanaka et M. Tamaï de TEPCo, en
présence d'autres membres de la commission. M. Tamaï a expliqué qu'il
n'y avait pas assez de lumière et que si les membres de la commission
se perdaient, ils pourraient se rendre dans des lieux avec de forts
débits de dose et paniquer. Et de montrer une photo prétenduement datée
d'avant la mise en place du chapiteau pour appuyer ses dires. Dans les
faits, TEPCo n'a pas interdit l'accès à la commission, elle a juste été
très persuasive pour convaincre M. Tanaka qu'il valait mieux renoncer à
l'inspection. Avec des arguments fallacieux.
L'Asahi
a découvert, de plus, qu'en fait, la couverture laisse passer environ
10 à 16% de la lumière du jour et il y a cinq lampes puissantes au
mercure au sommet du chapiteau. C'est l'équivalent de l'éclairage des
phares de plus de 40 véhicules... ET il y a 5 autres lampes de secours
qui auraient pu être allumées.
La photo en question, prise 4 jours après la mise en place du
chapiteau, est en ligne sur le site de TEPCo avec la date correcte. Elle est aussi sur le site du quotidien Asahi.
TEPCo a mis en ligne la vidéo
montrée à la commission d'enquête le 18 octobre 2011 et précise que le
caméraman a pris 9,44 mSv. Il est resté 55 min sur le site, dont 30
dans le bâtiment réacteur.
Dimanche 10 février, accusée d'avoir barré l'accès au réacteur n°1 à la commission d'enquête parlementaire, TEPCo a immédiatement réagi
: "We admit that we mistakenly thought and stated that the picture of
the reactor building cover was taken BEFORE it was installed when we
were asked by the panel about the brightness
of the inside of the building. (Nous reconnaissons que nous avons pensé
et affirmé par erreur que la photo du bâtiment réacteur était prise
AVANT la mise en place de la couverture quand la commission nous a interrogé sur la luminosité à l'intérieur du bâtiment)". L'Asahi revient
sur ces excuses et prétend qu'il s'agit là d'un mensonge
supplémentaire : la commission n'a jamais interrogé TEPCo sur la
luminosité. Cet argument a été utilisé par le représentant de TEPCo pour
dissuader la commission d'enquête de venir inspecter le réacteur n°1.
Mardi 12 février, TEPCo a corrigé sa déclaration
à propos de la demande retoquée de la commission d'enquête. Ce n'est
plus à la demande de la commission d'enquête, mais spontanément,
qu'elle a affirmé que c'était trop sombre et dangereux...
Interrogé par le parlement, le PDG de la compagnie rejette la faute à
propos de la photo sur la personne contact avec la commission d'enquête
parlementaire. Il veut faire une enquête interne ouverte à des membres
extérieurs.
Jeudi 14 février, suite au scandale provoqué par les révélations sur les mensonges d'un
employé de TEPCo vis à vis de la commission d'enquête parlementaire qui
voulait inspecter le réacteur n°1 pour verifier si un système de
refroidissement de secours a été endommagé par le seul séisme, la NRA a
décidé d'aller inspecter ce réacteur prochainement. Elle étudie
actuellement comment mener l'inspection au mieux car les débits de dose
peuvent être élevés par endroit.
Vendredi 15 février, suite à la polémique à propos de la commission d'enquête
parlementaire qui n'a pas eu accès au bâtiment réacteur n°1 alors
qu'elle voulait aller voir si le séisme seul avait endommagé un système
de refroidissement de secours, comme elle le soupçonne, TEPCo a pris
une vidéo du 4ième niveau qu'elle a mise en ligne pour montrer que le séisme n'était pas responsable des fuites.
La vidéo, de 28 minutes, a été prise le 30 novembre 2012. TEPCo prétend
que les flaques d'eau qui ont été vues ne viennent pas du circuit de
refroidissement, mais de la piscine de combustibles usés.
Lundi 18 février, suite de l'affaire des fuites au 3ième étage (4ième niveau) du
réacteur n°1 que la commission d'enquête parlementaire n'a pas pu aller
inspecter. Après une vidéo datant de novembre 2012, TEPCo a mis en
ligne des explications
pour prouver que la fuite ne venait pas du circuit de refroidissement
de secours et que le séisme n'est pas la cause de la catastrophe.
Par ailleurs, TEPCo a mis en place une commission d'enquête interne à
propos de cette affaire composée de juriste. Les deux questions posées
sont :
- est-ce que les information erronées ont été données intentionnellement ?
- quel rôle ont joué les supérieurs hiérarchiques dans le processus de
décision à propos des informations transmises à la commission d'enquête
?
Jeudi 21 février, TEPCo a fini par réussir à faire un trou dans le plancher du bâtiment
réacteur n°1 et à percer le tore qui entoure la cuve pour y glisser,
caméra, thermomètre et dosimètre. Des photos et une vidéo sont disponibles ici.
Le débit de dose à proximité du trou dans le plancher du réacteur n°1
est de 10 millisieverts par heure. Il est de 2 millisieverts par heure
à 1,20 m.
A l'intérieur du tore, au dessus de l'eau, le débit de dose le plus élevé est de 920 millisieverts par heure ! Les données sont ici en japonais, mais les dessins sont assez explicites.
Il a fallu 20 personnes pendant 2 heures et 25 minutes pour faire le
travail. La plus forte dose prise par ces personnes est de 1,78
millisieverts.
Vendredi 22 février, TEPCo a mis en anglais
des informations sur son inspection du tore du réacteur n°1. Il y a de
la boue très radioactive au fond. TEPCo a fait un prélèvement : il y a
un débit de dose de 4 mSv/h au contact d'une fiole de 10 ml.
La version japonaise contenait des débits de dose qui ne sont pas dans la version anglaise...
-> Photos de TEPCo du réacteur n°1
Le réacteur était en marche avant le séisme. Le combustible dans le
coeur a entièrement fondu. Après avoir annoncé une explosion hydrogène
dans la bas du réacteur, TEPCo est revenue sur ses affirmations et
prétend qu'il n'y a pas eu d'explosion.
Mardi 13 mars 2012, TEPCo a
envoyé 6 personnes inspecter les sous-sols des réacteurs n°2 et 3. Les
débits de dose sur place sont encore très élevés, ce qui empêche toute
intervention. Les détails avec photos sont ici en anglais. Il y a aussi des vidéos à
télécharger sur le site de TEPCo.
L'inspection de la chambre de décompression, ou condenseur en forme de
tore qui est en bas du réacteur, n'a pas mis en évidence de fissure, ni
de déformation. La compagnie a inspecté l'intérieur pour trouver par où
pouvait fuir l'eau, mais n'a pas trouvé. Le débit de dose maximal était
de 160 millisierverts par heure. Il y avait environ 60 cm d'eau très
contaminée dans les sous-sols. Les employés ont pris au maximum 2,87
mSv.
Jeudi 22 mars, TEPCo a envoyé
un robot explorer le rez de chaussée du bâtiment réacteur n°2. Les
débits de doses enregistrés sont ici en anglais, avec le chemin suivi. Une vidéo
peut être téléchargée ici ou visualisée en ligne ici. On voit un homme
intervenir pour ouvrir une porte au robot.
Par ailleurs, un nouveau thermomètre de ce réacteur se met à indiquer
une température qui monte jusqu'à 80°C. Pas d'explication de TEPCo pour
le moment. Les données sont ici.
Vendredi 23 mars, TEPCo va
insérer un nouvel appareil pour inspecter l'intérieur de l'enceinte de
confinement et évaluer la température et la hauteur d'eau. Cela devrait
commencer lundi 26 mars. Par ailleurs, un débit de dose de l'ordre de 1
640 mSv/h a été mesuré dans le bâtiment réacteur. Un tel niveau empêche
tout travail. Les détails sont ici.
Lundi 26 mars, TEPCo débute
aujourd'hui une nouvelle endoscopie de l'enceinte de confinement, la
précédente n'ayant pas permis d'atteindre l'eau. Selon les premiers
résultats, il y a 60 cm d'eau à 50°C. C'est beaucoup que ce qui était
imaginé, mais cela semble suffisant pour maintenir une température très
inférieure à 100°C. L'eau est transparente.
Plus de détails ici en anglais.
Cette affaire montre une fois de plus que la réalité est très éloignée
de ce que TEPCo a en tête et que l'on n'est pas au bout des surprises.
Avant la précédente endoscopie, TEPCo s'attendait à trouver de l'eau
sur une hauteur de 4,5 m et n'en avait pas trouvé. Elle avait donc
estimé le niveau juste en dessous de ce qu'elle avait vu : 3 à 4 m. Le
verdict vient de tomber : 60 cm ! Quand on pense que TEPCo voulait
remplir d'eau l'enceinte de confinement...
Si 60 cm suffisent pour refroidir le corium au fond de l'enceinte de
confinement, c'est qu'il y en a moins qu'imaginé. Où est-il donc ?
Mardi 27 mars, TEPCo a diffusé
les débits de dose dans l'enceinte de confinement : cela va de 31 à 73
sieverts par heure (c'est bien sievert). La dose léthale est atteinte
en moins d'une heure. Les données sont ici en anglais.
Le plus fort débit de dose est à 4 m au-dessus du fond de la cuve. Un
tel niveau peut aussi endommager l'électronique des robots exposés.
TEPCo a aussi mis en ligne des vidéos prises lors de l'endoscopie.
C'est ici.
Dimanche 15 mars, le réacteur a
encore perdu un thermomètre ! Il n'y en a plus qu'un en fonctionnement
au bas du réacteur et 18 sur 36 en tout. Le seul thermomètre du bas
indiquait 46,7°C à 11h. La surveillance de ce réacteur est de plus en
plus fragile.
Mercredi 18 avril, TEPCo a
envoyé un robot inspecter le tore au pied du réacteur n°2. La photo du
robot et le chemin qu'il doit parcourir sont ici en anglais. La compagnie a affirmé n'avoir pas
trouvé de fuite et que le tore ne semble pas endommagé. Les premières photos sont ici.
Il lui faut donc encore chercher les fuites qui inondent les sous-sols.
TEPCO injecte 200 tonnes d'eau par jour pour refroidir ce réacteur, eau
qui s'enfuit dans les sous-sols par on ne sait où.
Jeudi 19 avril, TEPCo a mis en
ligne des photos et vidéos de l'inspection faire par le robot du tore
du réacteur n°2. C'est ici.
Vendredi 1er juin, TEPCO a mis
en ligne une vidéo
montrant des travaux de décontamination dans l'entrée de la tranche
n°2. Il paraît que le nucléaire est de la haute technologie, mais pour
réparer ses dégâts, il n'y a que l'huile de coude. Selon TEPCo plus de
la moitié des thermomètres du réacteur n°2 sont
hors service (23 sur 41). La compagnie va donc essayer d'en installer
des nouveaux, c'est pourquoi elle a commencé à décontaminer l'accès au
bâtiment réacteur.
Jeudi 7 juin, TEPCO fait un
nouveau bilan
de l'eau fortement contaminée qui inonde les sous-sols du réacteur n°2.
Il y en aurait 830 m3 ou tonnes, sur une hauteur de 5,3 m par endroit.
La compagnie montre aussi ici comment elle a mesuré le niveau d'eau.
Mardi 12 juin, TEPCo a mis en
ligne des images
de sa tentative de déterminer le niveau de l'eau dans la pièce abritant
le tore qui est au pied de la cuve du réacteur n°2. La caméra
infrarouge n'a pas permis de déterminer le niveau de l'eau. En
revanche, elle donne des indications sur la température.
Mercredi 13 juin, TEPCo a
annoncé qu'un robot a mesuré 880 millisieverts par heure (!) au 4ième
étage (5ième niveau) du bâtiment réacteur n°2. En 7 minutes, un
travailleur atteint sa limite de dose maximale pour 5 ans. La mesure a
été faite à 3,5 m environ du haut de l'enceinte de confinement, en un
lieu où il y a deux mètres de béton.
Jeudi 14 juin, un relevé des débits de dose a été mis en ligne en
anglais, ainsi que des vidéos prises par le robot Quince.
Lundi 2 juillet, TEPCo annonce avoir fini de dessaler l'eau de la
piscine du réacteur n°2.
Mardi 3 juillet, TEPCO estime qu'il
y a environ 3,5 m d'eau contaminée à 120 000 Bq/kg (seulement les
gamma) dans les sous-sols d'un bâtiment annexe du réacteur n°2. Il y en
aura environ 500 m3 dans tout le bâtiment.
Jeudi 5 juillet, TEPCo a mis en
ligne des informations sur les débits de dose relevés dans
les réacteurs n°2 et 3. Il y aussi des informations pour le réacteur n°1 accompagnées
d'une vidéo. Il est impossible d'y envoyer des humains
pour y travailler.
Mardi 24 juillet, il devient de
plus en plus difficile de savoir ce qui se passe dans les
réacteurs. Les cables qui relient les thermomètres se corrodent et ne
devraient plus durer longtemps. Seulement la moitié des 36 thermomètres
du réacteur n°2 donnent des résultats raisonnables.
Mercredi 3 octobre, TEPCo a
installé un nouveau thermomètre dans le réacteur n°2, une grande partie
de ceux en place ne fonctionnant plus. Explications en anglais.
Il indiquait 42,6°C à 11h. L'autre thermomètre en place qui a survécu
indique 46,1°C, une valeur proche. 6 des 7 thermomètres situés en bas
de cuve ne fonctionnent plus. Les réacteurs 1 et 3 en ont au moins 5.
Mercredi 12 décembre, TEPCo a mis en ligne des vidéos suite à
l'investigation menée dans le bâtiment réacteur n°2 avec le robot
quadrupède. Elle n'a trouvé aucune fuite. Pourtant, le
réacteur n°2 fuit et TEPCo ne sait toujours pas par où.
Lundi 7 janvier, TEPCo a mis en ligne un document sur la fiabilité des thermomètres des réacteurs accidentés,
comme demandé par la précédente autorité de sûreté. Le réacteur n°2 a
toujours des thermomètres peu fiables qui affichent de fortes
fluctuations, à moins que cela soit dû à une autre problème. Voir par
exemple, les pages 21 et 23 du document.
Vendredi 22 février, TEPCo a utilisé une gamma caméra dans le réacteur n°2.
Jeudi 28 février, encore une fuite,
dans la bâtiment turbine du réacteur n°2 cette fois-ci : il y a une
flaque d'eau avec 380 000 Bq/L de césium. En revanche, l'eau qui goutte
du toit n'a "que" 3 000 Bq/L : TEPCo pense que c'est de l'eau de pluie !
Mercredi 6 mars, TEPCo a inspecté
la partie basse du réacteur n°2 à l'aide d'un robot. Elle a osculté au
niveau du tuyau d'évacuation des gaz radioactifs en cas de problème et
n'a pas trouvé de fuite d'eau. Des vidéos sont aussi disponibles.
TEPCo ne sait donc toujours pas par où le réacteur fuit.
-> Photos de TEPCo du réacteur n°2
Ce
réacteur est
chargé en
MOx, combustible contenant plus de plutonium que le combustible
classique. La
température de fusion du MOX est aussi plus basse que celle du
combustible classique.
Le combustible dans le coeur a entièrement fondu en quelques heures et
a subi une explosion hydrogène. La piscine de combustibles usés a 566 assemblages.
Mardi 13 mars 2012, TEPCo a
envoyé 6 personnes inspecter les sous-sols des réacteurs n°2 et 3. Les
débits de dose sur place sont encore très élevés, ce qui empêche toute
intervention. Les détails avec photos sont ici en anglais.
Les employés sont descendus dans les sous-sols pour inspecter la
chambre de décompression en forme de tore, mais les portes n'ont pas pu
être ouvertes à cause de la déformation provoquée par l'explosion. Il y
avait environ 75 millisieverts par heure devant la porte du tore. Il y
avait aussi de l'eau très contaminée dans les sous-sols et le débit de
dose à la surface était de 140 millisieverts par heure. Les employés
ont pris au maximum 2,87 mSv.
Vendredi 13 avril, TEPCo a
annoncé avoir découvert qu'une pièce de 35 tonnes, qui sert à la
manutention des barres, est tombée dans la piscine de combustible du
réacteur n°3. Mais il semblerait que le combustible n'ait pas été
endommagé. Cette pièce, sous 7 mètres d'eau, a été découverte quand la
compagnie a plongé une caméra. Des photos de cette piscine sont aussi en ligne
sur le site de la compagnie qui devra trouver un moyen de retirer cette
pièce pour pouvoir récupérer les combustibles usés et neufs qui sont en
dessous. La piscine contient aussi du combustible MOx, beaucoup plus
dangereux car plus chargé en plutonium.
Lundi 16 avril, TEPCo a mis en
ligne 5 vidéos prises dans la piscine de combustible usé du réacteur
n°3. Elles peuvent être visionnées en ligne ou téléchargées ici.
Jeudi 19 avril, TEPCO a mis en
ligne des photos d'une inspection par un robot d'une fuite dans
l'enceinte de confirment du réacteur n°3. Ce n'est ici.
C'est que la première fuite découverte car ce n'est pas par là que
sortent les gros volumes d'eau. TEPCo n'est qu'au début de ses
surprises...
Vendredi 20 avril, TEPCo a mis
en ligne une vidéo de l'inspection de la fuite de
l'enceinte de confinement du réacteur n°3.
Jeudi 24 mai, TEPCO a envoyé un
robot dans le bâtiment réacteur n°3. Son parcours a été entravé par des
débris. Il a mesuré des débits de dose élevés. Une vidéo et des explications sont en ligne ici.
Jeudi 5 juillet, TEPCo a mis en
ligne des informations sur les débits de dose relevés dans
les réacteurs n°2 et 3. Il y aussi des informations pour le réacteur n°1 accompagnées
d'une vidéo. Il est impossible d'y envoyer des humains
pour y travailler.
Jeudi 12 juillet, TEPCo a
envoyé un robot inspecter les sous-sols du bâtiment réacteur
n°3. Il a mesuré jusqu'à 360 mSv/h, ce qui rend le travail des humains
impossible. Des images et une vidéo sont disponibles ici.
La veille, elle a mis en ligne des photos et des vidéos de la partie supérieure du bâtiment.
Mercredi 8 août, TEPCo est
allée inspecter le haut du bâtiment réacteur n°3 à l'aide d'un ballon
et a mis en ligne quelques photos.
La compagnie reconnait que l'opération est un échec : le ballon est
resté coincé au 4ième niveau et n'a pas pu inspecter le 5ième niveau
comme prévu. TEPCo voulait regarder ce qu'il y avait au-dessus de la
piscine de combustibles usés.
Jeudi 13 septembre, TEPCo a
inspecté la piscine du réacteur n°3 et a mis des vidéos en ligne.
Samedi 22 septembre, une
poutrelle d'acier de 470 kilo et de 7 m de long est tombée dans la
piscine du réacteur n°3. C'est une grue télécommandée qui sert au
démantèlement qui a heurté la poutrelle.
TEPCo donne aussi la concentration en césium dans
l'eau de la piscine qui n'a pas beaucoup varié :
- césium 137 : 3,6 à 4 millions de Bq/l
- césium 134 : 2,2 à 2,4 millions de Bq/l
- total des deux césium : 5,8 à 6,4 millions de Bq/l.
Lundi 24 septembre, TEPCo a
plongé une caméra vidéo dans la piscine du réacteur n°3 à la
recherche de la poutrelle qui est tombée samedi 22 septembre. Elle en a
trouvé au fond de la piscine, sous 11,5 m d'eau. Comme elle n'est pas
sûre qu'il s'agit bien de la bonne poutrelle, elle va continuer ses
recherches. La compagne a aussi affirmé qu'elle n'avait pas vu de
dommages visibles sur les barres de combustible. La piscine contient
514 assemblages de combustible usé et 52 de combustible neuf (dont du
Mox). Chaque assemblage comporte 72 barres.
Des photos et vidéos sont en ligne sur le site de
TEPCO en japonais... et aussi en anglais maintenant.
Mercredi 26 septembre, nouvelles
vidéos de TEPCo prises dans la piscine du réacteur
n°3. La compagnie aurait trouvé la poutrelle tombée.
Mercredi 3 octobre, TEPCO a
rendu son rapport à propos de la chute d'une poutrelle dans
la piscine du réacteur n°3, accompagné de photos. Les barres de combustible n'auraient pas
été endommagées.
Lundi 15 octobre, TEPCo a mis en ligne des vidéos et photos
de la piscine de combustibles usés du réacteur n°3, qui contient du MOx
: elle est pleine de débris qui va rendre difficile le retrait des
combustibles. On voit même un moteur électrique qui vient de l'appareil
de levage des barres de combustible, décrit ici.
Le
réacteur n°3 est beaucoup plus irradiant que le 4 : son démantèlement
ne peut se faire qu'avec des appareils télécommandés. TEPCo espère
avoir retiré les débris pour 2014.
Nouvelle fuite d'eau très radioactive au niveau du réacteur n°3 : 90
litres ont aspergé le rez de chaussée du bâtiment turbine. L'eau ne
serait pas sortie du bâtiment, selon TEPCo. La fuite a été découverte
par un sous-traitant vers 10h et la pompe a été immédiatement arrêtée.
C'est la deuxième fuite à ce niveau : en août dernier, 4 m3
avait fui.
Une photo est disponible sur le site de TEPCo.
Jeudi 15 novembre, TEPCo a
présenté son projet de couverture pour le réacteur n°3 (ici en anglais), avec 'photo'.
Le but est de limiter les rejets gazeux et le lessivage par la pluie.
Il devrait permettre l'installation d'une structure pour retirer les
combustibles usés de la piscine. L'intérieur sera ventilé pour la
contamination ambiante n'augmente pas trop, et l'air extrait, filtré.
Mardi 27 novembre, TEPCo a envoyé 3 robots pour inspecter le réacteur
n°3.
Jeudi 29 novembre, TEPCo a mis
en ligne des vidéos et quelques données suite à
l'inspection faite par un robot dans le bâtiment réacteur n°3. C'est japonais et en anglais. Il apparaît
que le débit de dose augmente dans la partie Nord-Est : au point le
plus chaud c'est passé à 4,780 Sv/h (oui, c'est bien 4 780 mSv/h).
Mercredi 12 décembre, toujours des fuites dans le bâtiment turbine n°3.
La contamination de l'eau qui a fui est de 11 600 Bq/L pour les deux
césium.
Jeudi 20 décembre, TEPCo a mis en ligne une présentation de
la récupération de la poutrelle
qui avait chuté dans la piscine de combustibles usés de la piscine du
réacteur n°3.
Lundi 4 février, TEPCo a annoncé avoir
retiré une poutre en acier au-dessus de la piscine de combustibles usés
du réacteur n°3. Cela va lui permettre de commencer à retirer le
maillage en acier qui servait de charpente au bâtiment réacteur. Elle
recouvrira ensuite le réacteur avec une autre structure.
Jeudi 7 février, TEPCo avait annoncé, le 4 février, avoir retiré une poutre de la piscine de combustible usé du réacteur n°3. Elle annonce maintenant avoir aussi retiré le maillage en acier qui provient de la charpente du bâtiment réacteur.
Vendredi 8 février, quand elle a retiré le maillage en acier de la piscine de
combustibles usés du réacteur n°3, TEPCo aurait fait tomber une morceau
de mât en acier au fond de la piscine. Il fait environ 1,5 tonnes. Elle
va le rechercher à l'aide d'une caméra vidéo. Voir les photos avec explications en anglais et vidéos mises en ligne.
Rappelons que, contrairement au réacteur n°4, les hommes ne peuvent pas
démanteler le haut du réacteur à cause des forts débits de dose. Le
travail est donc télécommandé.
Mercredi 13 février, TEPCo a trouvé le mât en acier tombé
dans la piscine de combustibles usés du réacteur n°3 à l'aide d'une
caméra vidéo. Le mât ne toucherait pas directement la structure
métallique dans laquelle sont rangés les combustibles. La compagnie ne
dit pas comment elle compte aller rechercher ce mât.
Jeudi 21 février, TEPCo a remis en ligne des vidéos
et des images de la piscine de combustibles usés du réacteur n°3 qui
contient du MOx. Le problème est toujours de récupérer le mât
métallique qui est tombée dedans lors du démantèlement du maillage de
poutrelles de la charpente métallique du bâtiment réacteur. Explications en anglais.
-> Photos de TEPCo du réacteur n°3
Le
coeur du réacteur est vide. La piscine de combustibles usés a fait
craindre le pire. La bâtiment réacteur a subi une explosion hydrogène.
L'hydrogène provenait du réacteur n°3 via leur cheminée commune. La
piscine est refroidie en circuit fermé.
La structure soutenant la piscine a été endommagée par l'explosion
hydrogène et le séisme. TEPCo l'a renforcée et prétend que cela suffit.
Les conséquences d'une fuite dans la piscine entraînant une perte du
refroidissement et une fuite sont évaluées ici par holophi en Suisse.
La piscine contient 1 331 assemblages de combustible usé et 202 de
combustible neuf. Deux assemblages neufs ont été retirés.
Lundi 12 mars 2012, TEPCo va
envoyer un robot inspecter la piscine de combustible et la cuve du
réacteur n°4. Il s'agit de faire le point sur les débris qui pourraient
géner les opération de reprise des combustibles et de démantèlement.
C'est ici en anglais.
Jeudi 15 mars, TEPCo a annoncé,
après y avoir plongé une caméra, que l'eau de la piscine est moins
limpide qu'avant. La visibilité n'y dépasse pas le mètre alors qu'il
faudrait une visibilité de 7 m environ pour pouvoir retirer le
combustible usé. Il y a un mois, la visiblité était de 5 m environ.
TEPCo soupçonne des algues ou un problème avec la caméra.
Vendredi 16 mars, TEPCo a mis
en ligne des vidéos prise au fond de la piscine avec une visibilité
réduite. Il y en a 5 en tout :
vidéo 1 - vidéo 2 - vidéo 3 - vidéo 4 - vidéo
5 En commençant par la vidéo n°1, les autres suivent
automatiquement.
Vendredi 23 mars, TEPCo
affirme, suite à une nouvelle inspection vidéo de la piscine du
réacteur n°4, qu'il n'y a pas d'obstacle majeur à la récupération des
combustibles. Les petits débris qui jonchent le sommet des barres de
combustible peuvent être facilement retirés. Des photos et vidéos sont
dispnibles ici.
Jeudi 12 avril, une pompe du
système de refroidissement de la piscine du réacteur n°4
s'est arrêtée automatiquement à 14h45. 20 litres d'eau radioactive a
fui. La température de la piscine était de 28°C dans la matinée. Elle
monte de 0,5°C toutes les heures en l'absence de refroidissement, selon
TEPCo.
Vendredi 13 avril, le système
de refoidissement de la piscine de combustible du réacteur n°4 a repris
à 16h04. La température à la surface de l'eau était de 37,6°C une heure
plus tard. Elle serait montée à 49,9°C à 3h ce même jour.
Mardi 17 avril, TEPCo commence
les travaux pour couvrir le réacteur n°4, comme elle l'a fait pour le
1. Après elle s'attaquera au retrait du combustible usé de la piscine.
La structure devrait éviter la dispersion de poussières et que la pluie
mouille tout.
Le communiqué de TEPCo, avec présentation de la
structure, est ici en anglais.
Lundi 23 avril, la visite d'un
ministre est l'occasion d'avoir des photos du réacteur n°4. C'est ici en anglais. Il y a aussi une vidéo en japonais pour le moment.
Mercredi 2 mai, 72 associations
japonaises ont lancé un appel au gouvernement japonais et à l'ONU pour
qu'il y a une prise en compte internationale du danger que représente
la piscine du réacteur n°4. Si un nouveau séisme endommageait cette
piscine, la plus chargée du site, et que l'eau s'échappe, le
refroidissement ne serait plus assuré. S'en suivrait une fusion d'une
quantité phénoménale de matières radioactives non protégées par une
enceinte de confinement et donc une pollution encore plus massive que
Tchernobyl et Fukushima.
L'appel est ici en anglais.
Mercredi 16 mai, pour faire
taire ce qu'elle considère comme des rumeurs, TEPCO a conduit des
inspections complémentaires de la structure soutenant la piscine du
réacteur n°4. Ces inspections complémentaires seront répétées 4 fois
par an jusqu'au retrait de tout le combustible usé dans la piscine.
La compagnie se veut rassurante et explique que le réacteur peut
endurer un séisme de la même magnitude que celui du 11 mars 2011.
La présentation des contrôles effectués est ici en anglais. Le rapport de l'inspection devrait
être publié le 25 mai.
Vendredi 25 mai, TEPCo a
présenté, comme prévu, le résultat de son inspection du bâtiment
réacteur n°4. C'est ici en anglais. La compagnie confirme que ce
bâtiment peut supporter un séisme aussi fort que celui du 11 mars 2011.
Samedi 26 mai, Goshi Hosono, le
ministre de l'environnement et de la catastrophe, a fait une visite du
réacteur n°4 pour répondre aux inquiétudes. Il était accompagné de
nombreux journalistes, ce qui permet d'avoir des images du réacteur.
Voir, par exemple, le reportage de FNN en japonais.
Les images prises par TEPCo pour la presse peuvent être
visualisées ici. Le ministre a un casque orange avec son nom écrit
dans le dos : ホソノ ゴウシ.
TEPCO a aussi mis en ligne deux pages de photos pour cet évènement ! Ici et ici.
Le débit de dose au quatrième étage (5ième niveau) est de 330
microsieverts par heure, selon TEPCo. Le ministre est resté 30
minutes dans le bâtiment.
Lundi 28 mai, TEPCo envisage de
retirer deux barres de combustible neuf de la piscine du
réacteur n°4 dès le mois de juillet. Sur les 1 535 barres, 204 sont
neuves et donc peu radioactives. Elles dégagent aussi peu de chaleur.
Les opérations ne sont donc pas très risquées. TEPCo espère ainsi se
faire la main avant de retirer les barres de combustible usé.
Mardi 5 juin, une pompe du
circuit de refroidissement de la piscine du réacteur n°4 a pris feu
dans la nuit précédente, stoppant tout. Des photos sont ici.
Mercredi 6 juin, TEPCo a changé
la pompe et le refroidissement de la piscine du réacteur n°4 a repris
vers 18h. La température de l'eau est montée à 40°C à 11h, ce qui fait
6° de plus que la veille à la même heure. A 17h, la température est
passée à 42°C.
TEPCo espère une chute de 10° de la température en 12 à 24 heures.
Vendredi 8 juin, TEPCo a mis en
ligne une présentation succinte de son projet de couverture
de la piscine du réacteur n°4.
Vendredi 15 juin, comme
annoncé, TEPCo a installé un couvercle en acier au dessus de la piscine
du réacteur n°4 pour éviter la chute de débris dans l'eau lors du
démantèlement. Des photos sont disponibles.
Jeudi 21 juin, le ministre de
l'environnement, en charge de la catastrophe nucléaire, a annoncé que
le retrait des barres de combustible de la piscine du réacteur n°4
commencerait un an plus tôt que ce qui avait été prévu initialement.
Cela devrait donc commencer cette année 2012. Il s'agit là qu'une
réponse à la pression internationale face à la menace des piscines en
cas de nouveau séisme de forte magnitude. Mais des piscines des autres
réacteurs, dont celle du 3 qui contient du MOx, et donc plus de
plutonium, rien n'est dit pour le moment.
Vendredi 29 juin, TEPCo réaffirme la solidité de la structure
de soutainement de la piscine du réacteur n°4. Les conséquences d'une
fuite dans la piscine entraînant une perte du refroidissement et une
fuite sont évaluées ici par holophi en Suisse.
Samedi 30 juin, le système de
refroidissement de la piscine du réacteur n°4 s'est
encore arrêtée après qu'une alarme ait sonné à 6h25. La température de
l'eau était alors de 31°C. Le système de secours n'a pas pu être mis en
marche. La température augmente donc de 0,26°C par heure selon TEPCo et
pourrait atteindre 65°C mardi si rien n'est fait.
Dimanche 1er juillet, Le
refroidissement de la piscine du réacteur n°4 a repris
après 15h. La température de l'eau avait atteint 42,9°C. Les
explications, toujours aussi peu limpides de TEPCo, sont ici en anglais.
Mercredi 11 juillet, TEPCo a
fini de démanteler le sommet du bâtiment réacteur n°4 et a mis des photos en ligne.
TEPCo va ensuite commencer par retirer deux barres de combustible
en commençant par le combustible neuf, qui est peu radioactif. Une grue
va retirer une barre de la piscine, puis la mettre dans un container
spécial situé au 4ième étage (5ième niveau). Une grue au sol va prendre
ce container pour le mettre dans un camion qui l'emportera vers une
autre pisicine de combustible située sur le site. La date des
opérations est secrète.
Le retrait des autres barres est prévu pour l'an prochain.
Mercredi 18 juillet, TEPCO a
retiré une barre de combustible non usé de la piscine du
réacteur n°4. Une deuxième barre devrait être retirée le 19 juillet.
Toutes les télévisions japonaises ont diffusé des images
prises par hélicoptère. C'est plus facile avec le combustible non usé
car il est peu radioactif. Il y en a encore 202 barres dans la
piscines. La méthode utilisée actuellement ne permet pas d'avancer vite
et TEPCo devra en trouver une autre.
Le reste (1 331 barres), c'est du combustible usé. Les
travaux de retrait à grande échelle ne devraient pas commencer avant
décembre 2013. Puis, il y a encore les combustibles des autres piscines
et le combustible fondu...
Jeudi 19 juillet, TEPCo a
retiré une deuxième barre de combustible de la piscine du
réacteur n°4. Les télévisions ont montré des images qui ne peuvent
venir de l'exploitant cette fois-ci. On voit les travailleurs laver la
barre de combustible et la tenir à la main. Ce ne sera pas possible
avec le combustible irradié. TEPCo va devoir trouver d'autres solutions.
Des photos et vidéos sont en ligne sur le site de TEPCo.
Pour les vidéos, il faut commencer par la dernière. Les autres
s'enchaînent automatiquement.
Vendredi 10 août, TEPCo a
retiré le couvercle jaune de l'enceinte de confinement du
réacteur n°4. Les images capturées par la webcam de l'exploitant
peuvent être visualisées ici en accéléré. La vidéo officielle de TEPCo,
quant à elle, peut être visionnée ici. Hitachi semble fière de son oeuvre
et a donc accroché une bannière !
Lundi 27 août, TEPCO a examiné
les deux barres de combustible non irradié qu'elle a
retirées de la piscine du réacteur n°4 et n'a pas trouvé de problème.
Elle va aussi regarder les pastilles à l'intérieur des barres. Des
photos sont ici et ici.
Vendredi 31 août, TEPCo a conclu ses études sur la résistance
du réacteur n°4 en
prétendant qu'il peut supporter un séisme de magnitude 6 sur l'échelle
japonaise qui compte 7 niveaux. La compagnie n'a trouvé aucun dommage
important dans les murs de soutainement de la piscine et prétend que le
démantèlement de la partie supérieure a allégé significativement le
bâtiment.
Lundi 10 septembre, TEPCo
continue à ouvrir le réacteur n°4 et a mis en ligne des photos et une vidéo.
Jeudi 13 septembre, TEPCo a
retiré un couvercle de 65 tonnes du réacteur n°4. Des photos son disponibles.
Lundi 8 octobre, selon les calculs de TEPCo, la chaleur dégagée
par le combustible usé
de la piscine du réacteur n°4 est passée de 2,35 mégawatts à 1 mégawatt
et devrait passer à 0,61 en octobre 2013 et 0,41 en octobre 2014.
Vendredi 30 novembre, TEPCo a
mis en ligne des photos du réacteur n°4 pour prouver qu'il est
toujours stable et qu'il n'y a pas à s'inquiéter pour la piscine de
combustibles usés.
Samedi 1er décembre, presque
336 heures supplémentaires d'enregistrements des
visio-conférences entre le 16 et le 23 mars 2011, puis entre le 30 mars
et le 6 avril, ont été montrés à la presse. Une sélection a été mise en ligne sur le site de TEPCo.
La presse revient sur la piscine de combustibles usés du réacteur n°4.
Le 16 mars, le directeur de la centrale, se plaint auprès du quartier
général à Tôkyô de ne pas avoir d'ordres clairs pour arroser la
piscine. "Nous allons tous mourir si ça explose". Le directeur de la
centrale veut asperger la piscine depuis le sol à l'aide de camions
pompier et attend un feu vert. M. Hosono, du gouvernement, refuse et
propose d'envoyer l'armée à la place, pour larguer de l'eau depuis un
hélicoptère. Le 17 mars à 9h48, une première tentative est faite pour
la piscine du réacteur n°3. Ce sera un échec.
Dimanche 2 décembre, nouvel
épisode lié au visionnage des enregistrements des
visio-conférences que TEPCo a bien voulu montrer à la presse : le 15
mars, un incendie s'est déclaré dans le réacteur n°4 (date
surprenante, des flammes ont été vues le 16 mars et les nouvelles
vidéos commencent le 16. Merci à l'internaute qui nous l'a signalé).
Le directeur de
la centrale appelle à l'aide car il n'a aucun moyen pour éteindre les
flammes. Les lignes téléphones sont coupées. Il contacte donc la
centrale daï-ni pour leur demander d'appeler les pompiers locaux, mais
personne ne répond. Au quartier général on s'inquiète plutôt de la
communication : il faudra bientôt annoncer l'évènement car les
télévisions qui ont des webcams pointées sur la centrale verront
bientôt la fumée et ce sera la panique. TEPCo communique donc en disant
qu'un incendie a été repéré dans le réacteur n°4 mais que le personnel
essaye de le maîtriser. "Appeler les pompiers est bien une tentative
pour maîtriser l'incendie, n'est pas ?" dit une personne à Tôkyô.
Le personnel local est tout aussi évasif quand il contacte finalement
les pompiers et ne mentionne pas la radioactivité. Ce sera
contre-productif : à l'entrée de la centrale, les pompiers découvrent
le niveau de radiation et commencent par refuser de pénétrer dans le
périmètre de l'installation.
Le New-York Times
ironise sur d'autres propos de TEPCo : "des niveaux de radioactivité
plus élevés qu'à l'ordinaire" veut dire 100 fois plus. "Du bruit et de
la fumée blanche" au niveau du réacteur n°4 signifie une possible
explosion hydrogène.
Lundi 3 décembre, TEPCo a
annoncé qu'elle allait accélérer le retrait du combustible
usé de la piscine du réacteur n°4 : les travaux devraient commencer en
novembre 2013 (un mois plus tôt que prévu) et finir en décembre 2014
(un an plus tôt que prévu).
Mardi 8 janvier, TEPCo a commencé à construire la structure métallique qui va entourer
le réacteur n°4 pour en retirer le combustible usé et le démanteler.
Elle a mis en ligne des photos de la pose des deux premiers piliers.
Mardi 15 janvier, TEPCo continue à mettre en ligne des photos sur la structure qu'elle
construit autour du réacteur n°4. Après le premier pilier, le premier niveau de la charpente en acier. On va avoir droit à chaque pièce... ça, c'est de la transparence !
Mercredi 13 février, TEPCo a mené une inspection visuelle du bâtiment réacteur n°4 et elle en a conclu qu'il peut supporter un séisme. Seules les photos sont en ligne. Un observateur extérieur a participé à l'inspection, mais TEPCo refuse de donner son identité.
Jeudi 21 février, l'Asahi a
filmé la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi depuis le réacteur
n°4 alors que des journalistes accompagnaient la NRA. A voir en
japonais et avec des explications en anglais.
Le site propose aussi une vision panoramique de 360°.
Il y a 0,2 millisievert par heure tout en haut et 1 mSv/h au Nord,
quand on s'approche du réacteur n°3. La température de l'eau est de
20°C environ.
Le journaliste a pris 0,111 millisiervert en 4 heures.
-> Photos de TEPCo du réacteur n°4
Comme le réacteur n°4, les réacteurs 5 et 6
étaient arrêtés avant le
séisme. A la différence du réacteur n°4
où
tout le chargement était dans la piscine d'entreposage, il n'y en a
qu'un tiers dans les piscines des 2 autres réacteurs arrêtés.
Un générateur diesel a pu rapidement être redémarré, ce qui a permi
d'éviter la fusion du coeur partiel resté dans la cuve de chacun de ses
réacteurs. Ils sont en "arrêt à froid".
Mercredi 21 mars 2012, un
incendie s'est déclaré à proximité des réacteurs 5 et 6 alors que des
ouvriers soudaient des canalisations. Ils ont couvert l'incendie avec
une couverture anti-feu qui s'est envolée par le vent. 3 m2 d'herbes
ont brûlé, mmais le feu a pu être éteint 5 minutes plus tard. Le
communiqué de TEPCo en anglais est ici. La photo du lieu ici.
-> Photos de TEPCo du réacteur n°5
-> Photos de TEPCo du réacteur n°6
Dimanche 10 février, Reporters sans frontières
a fait passer le Japon de la 22ième à la 53ième place dans son
classement mondial de la liberté de la presse, avec l'explication
suivante :
"Rétrogradé de la 22ème à la
53ème position, le Japon enregistre la plus forte baisse parmi les pays
asiatiques. Les autorités interdisent toute couverture indépendante de
sujets liés de manière directe ou indirecte à l'accident nucléaire de
la centrale de Fukushima. Des journalistes indépendants dénonçant
l'étouffement du débat public ont été victimes de censure,
d'intimidation policière et de harcèlement judiciaire. La survivance du
système discriminatoire des "kisha clubs", associations de journalistes
qui restreignent l'accès à l'information à leurs membres, constitue un
élément structurel très négatif."
Pour le Japan Times, dans un éditorial, c'est justifié.
Lundi 11 mars, jour anniversaire des trois catastrophes, il y aurait eu 9 577 répliques du séisme du 11 mars 2011 en deux ans, selon l'Agence météorologique japonaise.
Autres sources d'information :
De nombreux autres sites Internet suivent l'évolution en continu de la
catastrophe nucléaire :
- au Japon, mais en anglais, par Greenaction
à Kyoto, association avec laquelle nous avons des liens
très serrés ;
- au Japon, et toujours en anglais, EX-SKF, qui
épluche et traduit la presse japonaise ;
- en France, Enerwebwatch, qui recense tout ce
qui apparaît sur internet ;
- en France encore, le blog de Fukushima et génération 4 qui font
un suivi régulier
avec un oeil critique ;
- en France toujours, Information
Fukushima qui ratisse la toile ; fukushima-is-still-news
qui collecte les articles de la presse japonaise en anglais
- en France, Dissensus Japan met en ligne des vidéos
sous-titrées en français et/ou anglais.
- en Suisse, un suivi est fait par 2000watts.org ;
- au Etats-Unis, le New York Times ;
- en France, l'ASN
et l'IRSN
;
- au niveau international, l'AIEA.
La centrale accidentée est déjà visible sur google-earth.
Une webcam
permet de voir le site de
la centrale.
Les photos fournies à la presse par TEPCo
sont ici.
Des images satellites de la centrale avant et pendant la
catastrophe
sont disponibles ici.
Des photos aériennes de grande qualité sont disponibles ici.
Les photos du quotidien Asahi sont visibles ici et les archives des jours
précédents ici.
Une vidéo prise par un drone peut être visualisée en trois parties
ici.
Des photos prises par une personne sur place sont disponibles ici.
Photos en
ligne de Kazuma Obara sur les environs de la centrale de Fukushima
daï-ichi et les manifestations contre le redémarrage des centrales
nucléaires.
Les débits de dose sur le site de la centrale sont disponibles ici. Les autres données sont regroupées ici.
Les conditions météo
sur place peuvent être consultées en français ici.
Tous les tremblements de terre qui
ont eu lieu au Japon depuis le 11 mars sont répertoriés ici.
Il y en
a eu plus de 1 700.
Une vidéo recense tous les séismes de l'année 2011 en
anglais et japonais.
Le site officiel de prévision des risques sismiques est ici en anglais.
De nombreuses données sismiques sont disponibles ici.
Des images satellites et une cartographie de l'impact du tsunami sont
disponibles ici.
TEPCo avait falsifié des données importantes pour la sûreté dans la
passé. Voir l'article de
l'ACRO à ce sujet et un reportage de la télévision japonaise sur Youtube,
sous-titré en anglais si l'on clique sur cc.
Articles de
l'ACRO en ligne
pour comprendre la radioactivité :
- La
radioactivité expliquée aux enfants, suivie de la mesure de
la radioactivité expliquée aux enfants (2011)
- Notions de
base de radioactivité, fiche technique
- La
contamination et l'irradiation, fiche technique
- Exposé sur la
radioactivité et ses effets (pdf, 2011)
- Définition
des zones contaminées en Biélorussie (1991) Plus de détails ici
et sur des évènements passés au Japon :
- A propos
des
falsifications de TEPCo dans le passé
- A
propos de
l'accident de Tokai-mura le 30 septembre 1999
- A propos
du tremblement de terre de 2007 et de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa
(juin 2008)
L'ACRO
est énormément sollicitée
en ce moment et c'est compréhensible.
Cependant, nos actions ont un coût et nous avons besoin de votre
soutien pour continuer. Si vous pensez que l'ACRO est utile, adhérez ou
envoyez un don !
Bulletin
d'adhésion
|