L’ACRO assiste Greenpeace dans sa campagne de mesure de la radioactivité des fonds marins à Fukushima

Le Rainbow-Warrior III de Greenpeace est de nouveau à Fukushima pour une campagne de mesure de la contamination des fonds marins au large de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi.

L’ACRO est à bord pour assister Greenpeace dans cette opération. Chikurin, le laboratoire indépendant monté à Tôkyô avec le soutien de l’ACRO est aussi partenaire.

A suivre sur notre site dédié à la catastrophe de Fukushima.

Voir le témoignage de Mylène Josset, chargé d’études à l’ACRO, en mission sur le Rainbow Warrior III au large de Fukushima (site de Greenpeace)

Fukushima, 5 ans après : quel impact sanitaire ?

A un mois du cinquième anniversaire de la catastrophe de Fukushima,
l’ACRO publie en ligne un premier rapport sur son impact sanitaire.
D’autres rapports vont suivre d’ici le 11 mars 2016. A retrouver sur
http://fukushima.eu.org

L’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO) s’est
beaucoup investie à Fukushima en étant sur le terrain dès les premiers
jours. Elle a soutenu la création d’un laboratoire indépendant de la
radioactivité à son image au Japon qui est en pleine expansion :
http://chikurin.org

L’ACRO effectue aussi un suivi régulier des évènements sur place sur un
site Internet dédié : http://fukushima.eu.org

Enfin, à l’occasion du trentième anniversaire de la catastrophe de
Tchernobyl, l’ACRO a effectué une cartographie citoyenne de la pollution
radioactive rémanente à retrouver sur http://tchernobyl30.eu.org
Plus de 350 échantillons ont déjà été analysés.

Fukushima : des défis insurmontables

A l’approche du 4ème anniversaire de la catastrophe de Fukushima, l’ACRO a mis en ligne un article qui tente de faire le point sur la situation : http://fukushima.eu.org/fukushima-des-defis-insurmontables/

L’ACROnique de Fukushima, le suivi quotidien de la catastrophe de Fukushima par l’ACRO se poursuit sur un nouveau site internet dédié, rendez-vous sur : http://fukushima.eu.org/

L’ACROnique de Fukushima : la catastrophe au jour le jour

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30 ans après l’accident nucléaire de Tchernobyl, une demi-vie du césium-137, la catastrophe continue. L’ACRO vous propose de participer à une cartographie citoyenne :

Voir le communiqué de l’ACRO sur la distribution d’iode autour des centrales nucléaires.
Voir le communiqué de l’ACRO sur les rejets de l’usine Areva de La Hague.

A partir de 2015, suivez l’actualité sur http://www.fukushima.eu.org/

Les archives de l’an I sont ici.
Les archives de l’an II sont ici.
Les archives de l’an III sont ici.

Mercredi 31 décembre 2014 :
• Les forts rejets de poussières radioactives dus aux négligences de TEPCo
On s’en souvient, le démantèlement de la partie supérieure du réacteur n°3 avait entraîné le rejet de poussières radioactives qui ont été détectées assez loin de la centrale accidentée. Une douzaine de travailleurs ont été contaminés alors qu’ils attendaient le bus sur le site de la centrale. Ces rejets ont un temps été soupçonnés d’avoir contaminé du riz à Minami-Sôma, à une vingtaine de kilomètres de la centrale. La NRA a conclu, depuis, qu’il fallait chercher la cause ailleurs. L’IRSN n’était pas aussi catégorique.
TEPCo a mis du temps à reconnaître ces rejets anormalement élevés. Les riverains sont inquiets. Les autorités, qui veulent que les habitants reviennent chez eux, aussi.
Pour le réacteur n°1, qui va suivre, TEPCo a d’abord retiré le toit provisoire, aspergé une résine qui fixe les poussières, montré que la radioactivité ambiante n’avait pas augmentée. Elle a, depuis, remis le toit. Le démantèlement a pris du retard à cause de cette histoire.
La NRA vient de révéler que TEPCo avait dilué la résine aspergée au dessus du réacteur n°3 en 2013 et que c’est la cause des rejets anormaux ! Et elle n’en a pas aspergé régulièrement comme elle aurait dû.
L’Asahi explique que pour le réacteur n°4, dont la partie supérieure a été démantelée en premier, la résine était aspergée la veille des travaux et juste avant. La solution était utilisée pure ou diluée d’un facteur 10, conformément aux recommandations du fabricant. Ce type de produit est utilisé en cas d’amiante.
Mais pour le réacteur n°3, à partir d’août 2012, la solution a été diluée d’un facteur 100 et n’a été aspergée que de temps en temps. Même pas toutes les semaines. Pour le fabricant, c’est comme avoir aspergé de l’eau. Les poussières doivent être humidifiées au moment des travaux pour éviter leur remise en suspension.
La compagnie n’a même pas testé la nouvelle procédure avant de l’appliquer. Les alarmes ont sonné deux fois au cours de l’été 2013 à cause du taux anormalement élevé de radioactivité dans l’air. Il n’y avait que deux aspersion durant l’été 2013 : une à la mi-juin et une à le 13 août. Cela n’a pas empêché le plus fort rejet le 19 août qui a été 6 700 fois plus élevé que dépassé la « normale ». Et en octobre 2013, la compagnie a repris les procédures normales avec dilution d’un facteur 10 et aspersion quotidienne. Les mauvaises pratiques auront duré presque un an !
Il n’y a rien en anglais sur le site de TEPCo à ce propos. Quelle est la part de mise en scène pour le réacteur n°1 alors que la compagnie connaissait très bien la cause des problèmes ?
Quant à la NRA, elle a demandé à TEPCo de suivre les procédures normale et elle va contrôler de plus près les opérations. Mais pas de punition.
TEPCo reste TEPCo et quand les Japonais n’ont pas confiance, ils sont victimes de « rumeurs néfastes »…

Mardi 30 décembre :
• Appel à relancer la construction de réacteurs nucléaires
Le Yomiuri, journal officiel du village nucléaire japonais, s’appuie sur un rapport du ministère de l’industrie pour appeler à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires au Japon afin de maintenir un savoir faire et attirer les jeunes.

Lundi 29 décembre :
• Encore beaucoup de stress chez personnes touchées par la catastrophe nucléaire
L’Asahi publie une interview d’un psychanalyste de l’université de Fukushima qui a travaillé auprès des mères de famille de Fukushima. Il a noté que 24% d’entre-elles sont dépressives alors que ce taux est généralement de 15% au Japon. Il y a un corrélation entre la dépression et l’inquiétude de l’impact des radiations sur les enfants.
De fortes différences de comportement demeurent entre les familles : la nourriture vient parfois d’ailleurs, les enfants ne sont pas autorisés à jouer dehors. Dans d’autres familles, aucune précaution particulière n’est prise. Mais même ces dernières ne font du soucis pour l’avenir de leurs enfants.
La radioactivité est devenue un sujet dont on ne parle plus. Il y a la crainte d’être critiqué par les autres en cas d’opinion divergente. Les personnes évacuées, qui touchent une indemnisation de TEPCo, sont parfois traitées de profiteurs et font souvent profil bas.
Or, il y a un besoin d’échange sur le sujet. Le psychanalyste propose donc d’organiser des petits groupes de discussion où les familles peuvent échanger avec des spécialistes. Le but est de dépasser les questions générales couvertes lors des premiers temps de la catastrophe pour se focaliser sur les questions particulières en laissant les personnes concernées s’exprimer. Cela nécessite une certaines confiance envers les spécialistes qui s’engagent dans ce genre de réunions.

• Levée de la recommandation à évacuer des points chauds de Minami-Sôma
Comme annoncé, les autorités ont levé la recommandation à évacuer les derniers points chauds de Minami-Sôma. 152 foyers sont concernés. Tous ne retourneront pas. Certains ont refait leur vie ailleurs.

• Restriction à l’importation d’aliments en provenance du Japon
9 pays maintiennent des restrictions à l’importation d’aliments en provenance du Japon, dont la Corée, Taiwan ou Singapore. Le ministère des affaires étrangères veut organiser des évènements pour promouvoir les produits japonais et obtenir la levée des restrictions.

• Réévaluation des rejets de l’accident nucléaire
La Japan Atomic Energy Agency, l’équivalent du CEA en France, a réévalué la quantité de radioéléments rejetés durant les premiers jours de l’accident. Il s’avère que 75% des rejets ont eu lieu après les quatre premiers jours, durant les deux semaines qui ont suivi.

Samedi 27 décembre :
• Fin de l’indemnisation pour les activités commerciales
Actuellement, les travailleurs indépendants et les PME des 11 communes évacuées peuvent recevoir des indemnisations. Mais ce soutien doit s’arrêter en février 2015. En dehors des zones évacuées, les activités commerciales qui souffrent des « rumeurs néfastes » reçoivent une aide sans limite officielle. Va-t-elle continuer ?
Face à une telle situation, les autorités locales ont demandé au gouvernement et à TEPCo de clarifier leur politique. Ces derniers ont proposé à la chambre de commerce et d’industrie d’arrêter les indemnisations aux activités commerciales en février 2016, à l’exception de la pêche, agriculture et foresterie. Le président de la chambre de commerce a critiqué cette proposition, bien-entendu, car la crise ne sera pas terminée en 2016. Certaines compagnies, surtout celles issues des zones évacuées, continuent à souffrir et ne pourront pas survivre sans indemnisation.
De septembre 2011 à novembre 2014, TEPCo aurait versé 1 694 milliards de yens (12 milliards d’euros) d’indemnisation au secteur commercial.

Vendredi 26 décembre :
• 127 nouveau témoignages
La commission d’enquête mise en place par le gouvernement avait auditionné 772 personnes qui étaient restées secrètes jusqu’à ce que l’Asahi publie des extraits de l’audition de l’ancien directeur de la centrale.
Le gouvernement a finalement fini par accepter de publier une partie de ces témoignages après avoir retiré certains aspects. 127 nouveaux témoignages viennent d’être rendus publics avec l’accord des personnes interrogées, portant à 202 leur nombre total. Le gouvernement s’était engagé à tout publier d’ici la fin de l’année, mais il fait face à l’opposition de cadres de TEPCo et d’autres qui refusent de donner leur accord.
Selon les médias japonais, un cadre de TEPCo à Tôkyo pensait que la partie supérieure du cœur du réacteur n°1 avait fondu mais que la compagnie a évité d’utiliser le mot « fusion » pour éviter la confusion. La compagnie n’admettra la fusion des réacteurs 1, 2 et 3 qu’en mai 2011.
D’autres soulignent le manque de communication interne. Une des personnes de la cellule de crise dit ne pas avoir été informée que le système de refroidissement du réacteur n°1 était arrêté le premier jour.

• L’eau souterraine fuit toujours vers la mer
TEPCO est toujours à la peine avec ses fuites d’eau contaminée. Rappelons que de l’eau souterraine pénètrent chaque jour dans les sous-sols où elle se mélange à l’eau de refroidissement fortement contaminée. Un partie est pompée et stockée et une autre fuit vers la mer. TEPCo installe une barrière souterraine destinée à geler le sol en amont des réacteurs. Mais en aval, côté océan, il y a de nombreuses galerie souterraines avec tuyaux câbles… TEPCo avait essayé en vain de geler une de ces tranchées durant tout l’été. Elle avait tenté d’ajouter de la glace pour abaisser la température, sans plus de succès. La compagnie avait ensuite proposé de remplir la tranchée de béton, tout en pompant l’eau pour éviter les débordements.
Lors d’une réunion avec la NRA, TEPCo a admis que cette nouvelle tentative n’était pas un succès. La compagnie a complètement rempli de ciment des tunnels, sauf les puits d’accès et retiré 2 500 m3 d’eau contaminée. Mais quand TEPCo pompe l’eau d’un des puits, le niveau baisse dans le puits voisin, indiquant qu’elle n’a pas réussi à boucher la connexion entre les deux puits. TEPCo veut donc remplir les puits de ciment pour tout boucher, mais la NRA n’était pas convaincue et a demandé des investigations complémentaires.
TEPCo va suivre les niveaux dans ces puits pendant un mois pour comprendre les écoulements.

• TEPCo veut appliquer les méthodes de Toyota
TEPCo a embauché un ancien cadre de Toyota pour améliorer sa productivité. Il aura pour tâche de réduire les coûts de production à tous les niveaux.

• TEPCo n’est pas responsable de la sécurité des sous-traitants
Un employé à un quatrième niveau de sous-traitance était décédé d’un arrêt cardiaque sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi en mai 2011. Sa veuve a saisi la justice pour obtenir une indemnisation de la part de TEPCo qui n’a « même pas donné un bâton d’encens ».
Le tribunal de Shizuoka a estimé qu’il n’y avait aucune évidence que le donneur d’ordre, à savoir TEPCO, puis Toshiba, le premier sous-traitant, n’avaient pas à assurer la sécurité des travailleurs sous-traitants.
La veuve va faire appel.

• Contamination des poissons
TEPCO a mis en ligne des résultats de mesure sur les poissons pêchés dans le port devant la centrale de Fukushima daï-ichi et au-delà, à moins de 20 km de la centrale. Au large, tous les poissons ont une contamination inférieure à la limite de commercialisation fixée à 100 Bq/kg pour le césium. c’est une bonne nouvelle. Dans le port, certains spécimens continuent à être très contaminés, jusqu’à 2 640 Bq/kg.

Jeudi 25 décembre :
• Un mineur sur un chantier de décontamination
Une compagnie de construction de Tochigi a embauché un lycéen pour décontaminer des maisons. Il est interdit d’employer des mineurs pour ce genre de travaux. La commune de Nasu a alerté la compagnie et l’inspection du travail.
Il a travaillé pendant 36 jours durant l’été dernier à transporter à la brouette des débris contaminés.

• Avancement de la décontamination
Voir le dernier rapport du ministère de l’environnement à propos de l’avancement de la décontamination.

Mercredi 24 décembre :
• 5 réacteurs pourraient être arrêtés définitivement
Le gouvernement a demandé aux exploitants du nucléaire qui ont des réacteurs ayant plus 40 ans d’âges ou presque de décider de leur avenir avant juillet 2015. La loi japonaise impose de les arrêter à 40 ans ou de demander une rallonge exceptionnelle de 20 ans après un examen poussé. Il y en a sept. KEPCo tente le prolongement pour les réacteurs 1 et 2 de Takahama (Fukui). Les 5 autres pourraient être arrêtés définitivement. Il s’agit du réacteur n°1 de Tsuruga, les n°1 et 2 de Mihama à Fukui, le n°1 de Genkaï à Kyûshû, et le n°1 de Shimané. Les exploitants n’ont pas encore officiellement confirmé.

• Déchets radioactifs
La NRA prépare un référentiel de sûreté pour le stockage des déchets nucléaires.

• Augmentation des tarifs
Kansaï Electric a fait une demande d’autorisation pour augmenter ses tarifs d’électricité pour les particuliers. Elle a demandé une hausse de 10,23%. Pour les compagnies, ce sera 13,93%.

• Quatre nouveaux cas de cancers suspectés de la thyroïde chez les enfants de Fukushima
Les autorités locales ont ausculté la thyroïde de tous les enfants de Fukushima. Elle a commencé une deuxième série d’échographies et quatre enfants, chez qui aucun problème n’avait été relevé la première fois, sont désormais suspectés d’avoir un cancer. Ils étaient âgés de 6 à 17 ans au moment de l’accident et originaires d’Ôkuma, Fukushima, Daté et Tamura.
Ces 4 cas viennent s’ajouter aux 107 cas précédents, confirmés ou suspectés. Parmi eux, 84 cas sont confirmés après intervention chirurgicale (c’était 57 lors de la dernière publication en août 2014).
370 000 enfants ont été contrôlés la première fois. Ils seront 385 000 la deuxième car les enfants nés la première année sont ajoutés. La presse ne dit pas combien d’entre eux ont déjà été auscultés une deuxième fois.
Il ne s’agit pas d’une annonce officielle, mais d’une fuite dans la presse. Voir Fukushima Voice en anglais. L’annonce est prévue pour le 25 décembre.

• Nouvelle aide financière
TEPCo a reçu 75,5 milliards de yens d’aide financière du gouvernement. C’est le 35ième versement.

• Pas de démarrage avant mars 2015
La centrale nucléaire de Sendaï (Kagoshima), la première à voir son rapport de sûreté validé, ne redémarrera pas avant mars 2015.

• Relance du nucléaire
Le ministère de l’industrie veut relancer la construction de réacteurs nucléaires
Un rapport intermédiaire du groupe du ministère de l’industrie sur la politique énergétique recommande que la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en remplacement de ceux qui seront arrêtés puisse être une option. Cette opinion contredit la politique officielle qui est de réduire la part du nucléaire au plus bas possible, sans qu’il soit précisé ce que cela veut dire.

Mardi 23 décembre :
• Un plan de réévacuation
Alors que le gouvernement prépare le retour des populations dans les zones évacuées la NRA réfléchit à des plans d’évacuation en cas de nouveau rejet de grande ampleur. Ils repartent pour une zone de 30 km comme pour les autres centrales non accidentées.

Lundi 22 décembre :
• Les vieilles méthodes
Pour faciliter l’acceptation du redémarrage des réacteurs nucléaires, le gouvernement veut augmenter la dotation aux communes qui hébergent les centrales nucléaires…
Pour le moment, c’est uniforme pour les 48 réacteurs, même s’ils sont à l’arrêt. Ce pourrait être plus, une fois le réacteur en fonctionnement… et moins s’il reste à l’arrêt. Comme si les communautés locales étaient responsables de la sûreté défaillante des centrales nucléaires. Bref, c’est toujours les mêmes méthodes !
La prime au démarrage pourrait être mise en place en 2016. La décision sera prise d’ici la fin de l’année fiscale, en mars 2015. Comme de nombreux réacteurs devraient être arrêtés définitivement dans un avenir proche, les autorités vont aussi revoir les sommes allouées dans ce cas là.

• Monju, l’acharnement thérapeutique continue
L’exploitant a soumis un rapport au gouvernement où il explique les mesures prises pour éviter que se reproduise les manquements graves à la sûreté qui avaient été dénoncés par la NRA. Elle avait suspendu toute velléité de redémarrer ce réacteur.
Rappelons qu’il a démarré en 1994 et est tombé en panne en 1995 et que depuis, il est à l’arrêt. Il s’agit d’une technologie obsolète et excessivement dangereuse à cause du sodium liquide utilisé pour le refroidissement.

• La faille sous la centrale de Higashidôri pourrait être active
Le groupe d’experts de la NRA a estimé que la faille qui passe sous la centrale de Higashidôri (Aomori) pourrait être active. Il y a un an, ces experts avaient estimé que les failles F3 et F9 qui passent près du bâtiment réacteur pourraient bouger dans l’avenir. L’exploitant, Tôhoku Electric, avait mené des investigations complémentaires dans le but de contredire ce point de vue.
Les experts de la NRA ont réfuté les nouveaux arguments de l’exploitant qui n’a pas pu démontrer la stabilité de ces failles. En revanche, les experts n’ont pas pu se mettre d’accord à propos de la faille F1 qui passe sous la prise d’eau, un équipement important pour la sûreté. Pour la faille F2, qui passe sous le réacteur, ils sont d’accord pour dire qu’elle n’est pas active.
Il est trop tôt pour savoir si ce réacteur devra être abandonné ou pas. Si ces failles étaient finalement reconnues actives, cela ne condamne pas forcément la centrale car elles ne passent pas directement sous les réacteurs, mais cela imposerait un renforcement des mesures antisismiques.
L’exploitant a déjà déposé un dossier de demande de redémarrage qui ne sera pas instruit tant que ce problème n’est pas réglé.
Le groupe d’experts a mené quatre inspections de terrain et tenu 11 réunions pour arriver à cette conclusion.

• Vers un stockage réversible pour les déchets radioactifs
Le gouvernement fait face à une forte opposition des populations près des lieux où il veut installer un centre de stockage des déchets dus à la catastrophe dans les provinces voisines de Fukushima. Il s’agit de cendres, boues de station d’épuration et autres déchets radioactifs.
Le gouverneur de Tochigi a proposé que le stockage soit réversible et que les déchets soient repris une fois la radioactivité diminuée. Un groupe d’experts mis en place par le gouvernement pour trouver une issue a décidé de reprendre cette idée.
Il s’agirait d’appliquer les seuils de libération pour les déchets issus du démantèlement des installations nucléaires, seuils en dessous desquels les déchets peuvent être recyclés pour d’autres usages. Il ne s’agit que de pistes, rien n’étant décidé pour le moment.

• Base de donnée en anglais
Le laboratoire associatif Chikurin, ouvert à Tôkyo avec le soutien de l’ACRO, fait partie d’un réseau de stations de mesures qui, il y a un an, a ouvert une base de données commune pour publier leurs résultats d’analyse. Il s’agit de « Minna no data », ou les « données de tout le monde ». La base de données est maintenant disponible en anglais avec des résultats de mesure sur la nourriture et les sols.

• Fin de la vidange de la piscine du réacteur n°4
TEPCo a mis en ligne un communiqué en anglais et des vidéos pour célébrer la fin de la vidange de la piscine du réacteur n°4, avec un discours du PDG. Voir aussi la page dédiée.

• Photos
TEPCo a mis en ligne des photos de la partie haute du réacteur n°1, où elle a aspergé avec des agents de fixation des poussières (explications en japonais).

Dimanche 21 décembre :
• Outre les zones d’évacuation, les autorités japonaises ont évacué des points chauds où l’exposition externe dépassait 20 mSv/an. Cela s’est fait jusqu’en septembre 2011 et la décision était prise maison par maison à la fin. Les habitants pouvaient choisir entre une évacuation avec indemnisation ou rester.
Depuis, ces points chauds ont été décontaminés et le conseil à l’évacuation levé. La dernière recommandation à évacuer un de ces points chauds devrait être levée le 28 décembre à Minami-Sôma. Elle concerne 152 foyers à une vingtaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi.
Le gouvernement voulait lever cette recommandation en octobre dernier, mais les habitants s’y sont opposés car ils considéraient qu’il n’était pas encore sûr d’y habiter. Mais les autorités auraient depuis obtenu l’accord des autorités locales. Tous les habitants ne sont pas convaincus et réclament une meilleure décontamination. L’indemnisation va continuer jusqu’en mars 2015.

• Alors que le déblaiement des débris du tsunami a commencé à Tomioka, de nombreux objets personnels sont retrouvés, créant beaucoup d’émotion chez leurs propriétaires. Certains seront utilisés pour un mémorial.

• Le gouvernement devait commencer, dès janvier, à transporter les déchets vers le site d’entreposage prévu à Fukushima. Mais il ne devrait pas pouvoir tenir le calendrier. Les négociations avec les propriétaires des terrains sont plus complexes que prévu. Cela n’est pas étonnant car les autorités prétendent qu’il s’agit d’un entreposage pour 30 ans maximum – c’est inscrit dans la loi – et qu’un site de stockage définitif sera trouvé en dehors de la province de Fukushima d’ici là. Il y a plus de 25 millions de m3 à déménager. Qui peut les croire ?

Samedi 20 décembre :
• La piscine du réacteur n°4 est vide ! Bonne nouvelle ! Il y avait 1 535 assemblages, dont 1 331 irradiés et 204 neufs. Le retrait avait débuté en novembre 2013.
Rappelons que le cœur du réacteur était vide le 11 mars 2011 et qu’il n’a donc pas fondu, contrairement aux réacteurs 1, 2 et 3. L’explosion du bâtiment réacteur serait due à de l’hydrogène venue du réacteur n°3.
Le démantèlement du réacteur n°4 va pouvoir continuer, même s’il n’est pas prioritaire car ce réacteur accidenté pose beaucoup moins de risques maintenant. Et puis, TEPCo ne sait pas où mettre les déchets engendrés.
Pour les réacteurs 1, 2 et 3, ce sera plus complexe car les humains ne peuvent pas pénétrer dans les réacteurs à cause du débit de dose trop élevé.
Le Japon, comme les autres pays, n’a pas de solution pour ces combustibles usés.

• Les habitants des zones où l’exposition externe est inférieure à 50 mSv/an pourront dormir chez eux durant les fêtes de fin d’année et même au-delà pour certains. Sont concernés par cette mesure, 9 880 foyers, ou 26 740 personnes originaires d’Iitaté, Minami-Sôma, Kawamata, Katsurao, Kawauchi et Naraha.

• Un séisme de magnitude 5,8 a secoué Fukushima à 18h30. Il n’y a pas eu d’alerte tsunami. L’épicentre était au large.
TEPCo dit n’avoir détecté aucune anomalie.

Vendredi 19 décembre :
• 344 résidents de Minami-Sôma, qui ont dû évacuer suite à la catastrophe nucléaire, viennent de porter plainte contre TEPCo. Comme ils ne peuvent toujours pas rentrer, ils réclament un doublement d’indemnisation de base et une compensation supplémentaire pour avoir tout perdu. L’accident a rendu impossible le retour sur les lieux où vivaient leurs ancêtres et a détruit le lien social. Ils réclament de l’ordre de 6 à 7 milliards de yens.

• Taïwan a annoncé maintenir son interdiction d’importation de denrées alimentaires provenant de 5 provinces japonaises (Fukushima, Ibaraki, Gunma, Tochigi et Chiba). Le pays n’a pas de projet de lever cette interdiction pour le moment et a imposé, le mois dernier, des contrôles sur les matières recyclables importées (papiers, métaux, plastics…) du Japon.

Jeudi 18 décembre :
• Les travaux de déblaiement des débris et maisons effondrées a commencé le 11 décembre dernier à Tomioka, commune située près de la centrale et complètement évacuée. Il y aurait 34 000 tonnes de déchets selon le ministère de l’environnement.

• TEPCo a annoncé espérer faire du profit cette année et ne va pas augmenter ses tarifs d’électricité. Elle devrait rembourser 150 milliards de yens (1 milliard d’euros) aux banques le 26 décembre, mais va réemprunter en 2015. Elle a 2 000 milliards de yens de dettes d’urgence auprès des banques suite à la catastrophe. Il faut encore ajouter l’argent avancé par le gouvernement pour les indemnisations.

• C’est maintenant officiel, le gouvernement veut faire porter les coûts du démantèlement des réacteurs nucléaires par les compagnies qui distribuent l’électricité pour que tout le monde paye une fois le marché de l’électricité ouvert, même les consommateurs qui choisiront un producteur qui n’exploite pas de nucléaire. Il s’agit de protéger les exploitants historiques face à la nouvelle concurrence.

• Suite à l’annonce gouvernementale de revoir la politique d’achat de l’électricité d’origine renouvelable, 5 compagnies d’électricité, Hokkaïdô, Tôhoku, Shikoku, Kyûshû et Okinawa Electric Power Co ont décidé de reprendre la signature de contrat avec les producteurs.

• 3 713 évacués de la catastrophe nucléaire n’auraient toujours pas demandé à être indemnisés, selon TEPCo. La compagnie a reçu des demandes de la part de 166 000 personnes.
TEPCo ne saurait pas où sont 400 réfugiés et 750 autres n’auraient même pas demandé d’indemnisation provisoire, le temps que leur dossier soit instruit.

Mercredi 17 décembre :
• La NRA, l’autorité de régulation nucléaire, a jugé recevable le dossier de sûreté des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama (Fukui). La décision a été prise à l’unanimité. Il s’agit de la deuxième centrale à passer cette étape importante sur le chemin du redémarrage, même s’il reste encore de nombreux obstacles. Le rapporteur de la NRA a expliqué que les réacteurs satisfaisaient au minimum requis et que l’exploitant, KEPCo, devait encore faire des efforts pour améliorer la sûreté. Pas très rassurant…
Pour cette première étape, il y a déjà eu plusieurs aller-retour entre KEPCo et la NRA. La compagnie avait d’abord estimé la secousse la plus forte à 550 gals, mais la NRA l’a rejeté. Elle a ensuite proposé 700 gals en décembre 2013, prenant en compte le mouvement simultané de plusieurs failles.
Pour la hauteur de tsunami, c’était d’abord 2,6 m au dessus du niveau de la mer, puis 5,7. Après avoir découvert une erreur de calcul, c’est maintenant 6,2 m. La digue de protection va donc passer d’une hauteur prévue de 6 m à 8 m.
La compagnie a aussi renforcé les moyens de refroidissement du cœur en cas d’accident et des moyens de prévenir les explosions hydrogène.
Pour le moment, ce sont les réacteurs les plus anciens qui servent de salle de contrôle en cas d’urgence, mais ce n’est pas tenable à terme car KEPCo veut aussi les redémarrer. Elle est donc en train de construire un bâtiment protégé en cas d’urgence. En attendant, la NRA refuse le redémarrage des réacteurs 1 et 2.
KEPCo prévoit d’utiliser du combustible MOx dans cette centrale.
L’avis de la NRA va être soumis au public à partir du 18 décembre via Internet pour une durée d’un mois. L’exploitant doit soumettre le détail des dossiers qui devront être instruits, faire les travaux qui devront être inspectés et obtenir le consentement des autorités locales. Comme d’habitude, on ne demandera leur avis qu’à ceux qui sont déjà d’accord car ils dépendent financièrement de la centrale. C’est plus simple !
Mais la zone de préparation à l’urgence empiète sur les provinces de Shiga et Kyôto qui vont légitimement demander voix au chapitre.

• Le Japon a commencé à déblayer les débris du tsunami à Futaba, c’est à dire à proximité de la centrale de Fukushima daï-ichi. La ville est toujours entièrement évacuée à cause de la radioactivité. La zone en question est une zone classée en « retour possible ». Il y aurait 5 500 tonnes de débris selon le ministère de l’environnement.

• KEPCo a annoncé officiellement qu’elle allait solliciter l’autorisation d’augmenter ses tarifs d’électricité pour les particuliers. Ce sera la deuxième hausse depuis 2011. La précédente était de 9,75% en moyenne. Le tarif pour les compagnies va augmenter en avril prochain.
KEPCo, qui dépendait à 45% du nucléaire, aurait perdu presque 5 milliards de dollars depuis l’accident de Fukushima.
TEPCo, de son côté, a confirmé qu’elle n’allait pas demander de deuxième hausse de ses tarifs en 2015.

• Avec la libéralisation du marché de l’électricité et de nombreux réacteurs à arrêter prématurément, le coût du démantèlement risque de rendre les compagnies historiques peu compétitives. Le gouvernement réfléchit donc à un moyen de lisser ces coûts ou les « sociabiliser ». Il envisage de les reporter sur les compagnies qui transportent l’électricité afin de faire payer tous les consommateurs. Mais les nouvelles compagnies vont refuser. Surtout celles qui veulent proposer une offre 100% renouvelable. Ces coûts pourraient n’être supportés que par les compagnies qui exploitent du nucléaire, ce qui serait plus équitable.

• TEPCo a annoncé une fuite de 6 m3. Cette eau aurait été décontaminée partiellement par ALPS et aurait fui des tuyaux de transport jusqu’aux cuves de stockage. Cette eau est allée sur le sol mais n’aurait pas rejoint la mer. Des analyses effectuées lundi 15 décembre sur cette eau donnent une contamination de 89 Bq/L en bêta total. Rien n’est dit sur la contamination au tritium.
Des photos et une carte sont disponibles ici en japonais.
La fuite coïncide avec la visite d’une délégation d’experts coréens venus vérifier les contrôles effectués sur les ressources halieutiques. Ils visitaient la centrale au même moment et n’auraient pas été informés de la fuite…

Mardi 16 décembre :
• J-Power était en train de construire un nouveau type de réacteur à Ôma dans la province d’Aomori qui doit fonctionner uniquement avec du combustible MOx, c’est à dire un mélange d’uranium appauvri et de plutonium. Un tel réacteur est unique au monde. Les réacteurs classique qui utilisent aussi du MOx limitent sa part à un tiers.
Le combustible MOx est plus difficile à contrôler, ce qui rend ce type de réacteur plus dangereux.
Les travaux, commencés en 2008, ont été suspendus après le 11 mars 2011, puis ont repris en octobre 2012. Le degré d’avancement serait de 37,6%. En toute logique, J-Power allait faire les démarches pour être autorisée à exploiter ce réacteur une fois les travaux terminés en 2021. La puissance est de 1,38 GWhe.
La compagnie ne veut pas perdre de temps semble-t-il puisqu’elle vient de déposer un dossier de sûreté pour qu’il soit instruit par la NRA, l’autorité de régulation nucléaire. Elle veut aussi adapter les travaux à l’avis de cette dernière.
Evidemment, il a fallu revoir les plans à la lumière du nouveau référentiel de sûreté. Par exemple, des travaux de renforcement vont être effectués pour que le réacteur puisse supporter une secousse de 650 gals, contre 450 gals précédemment. La vague de tsunami pourra atteindre 6,3 m. L’augmentation du coût de construction serait de l’ordre de 130 milliards de yens (presqu’un milliard d’euros).
Rappelons que la ville de Hakodaté, à Hokkaïdô, de l’autre côté du détroit de Tsugaru, mais à moins de 30 km du réacteur, a entamé une action en justice pour faire arrêter les travaux.
Mais le « village nucléaire japonais », qui a investi dans une usine pour séparer le plutonium des combustibles usés – usine qui ne marche pas pour le moment – a besoin de ce réacteur pour justifier sa politique dite de retraitement. Le combustible MOx usé ne pourra pas être retraité à l’usine de Rokkashô-mura, car il est beaucoup plus radioactif. Il faudrait construire une autre usine pour ce type de combustible. Ce qui n’est guère envisageable, même à moyen terme. Les plans n’existent même pas.
C’est le 21ième dossier de sûreté soumis à la NRA depuis la mise en place du nouveau référentiel de sûreté en juillet 2013.

• Kansaï Electric (KEPCo), qui veut redémarrer les réacteurs 1 et 2, c’est à dire les plus anciens de sa centrale de Takahama (Fukui), qui est en passe de voir son dossier de sûreté accepté par la NRA pour les réacteurs 3 et 4 de cette même centrale et qui veut augmenter ses tarifs d’électricité, vient d’organiser une grande opération de communication. Elle a montré à la presse les inspections supplémentaires qu’elle est en train de mener sur les réacteurs 1 et 2. Le 1er vient de passer la quarantaine, le second c’est pour 2015, mais elle veut malgré tout les redémarrer.
Rappelons que la loi japonaise, votée après mars 2011, limite à 40 ans l’exploitation des réacteurs nucléaires, en laissant la possibilité aux exploitants de demander une prolongation « exceptionnelle » jusqu’à 60 ans à condition de mener des examens complémentaires de sûreté relatifs au vieillissement. En France, l’autorisation d’exploiter un réacteur doit être révisée tous les 10 ans. Cela ne semble pas le cas au Japon où KEPCo espère obtenir 20 ans de plus. Cela n’empêche pas les autorités de déclarer qu’elles ont le référentiel de sûreté le plus contraignant…
La presse a pu observer les contrôles aux ultra-sons effectués sur les soudures.

• Retour sur le dossier du rachat de l’électricité solaire qui bénéficie d’un tarif préférentiel pour favoriser son développement. Sept compagnies d’électricité (Hokkaïdô, Tôhoku, Hokuriku, Chûgoku, Shikoku, Kyûshû et Okinawa Electric Power Co.) ont reçu, en tout, des demandes de raccordement pour 40 GWhe, mais leur réseau ne peut accepter que 58%, à savoir 23,69 GWhe selon le ministère de l’industrie, le METI. 6 de ces compagnies sont concernées par le surplus de demande de raccordement. Le METI veut donc changer les règles mais ne semble rien proposer pour adapter le réseau afin de favoriser les énergies renouvelables.

• La ville de Fukushima veut organiser des épreuves olympiques en 2020 pour montrer au monde et au pays qu’elle a surmonté les problèmes liés à la radioactivité. Rien n’a encore été décidé, mais il se pourrait que ce soit du foot car il est prévu de délocaliser les matchs sur tout le pays.

Lundi 15 décembre :
TEPCo annonce qu’il ne reste plus que 26 assemblages neufs dans la piscine du réacteur n°4.

• Cela fait exactement 15 mois que le Japon ne produit d’électricité d’origine nucléaire.

Samedi 13 décembre :
• Le président de la NRA, Shunichi Tanaka, a visité la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi pendant 4 heures. C’est sa troisième visite en deux ans. Il aurait déclaré que l’eau qui s’accumule devra être rejetée dans l’océan afin de pouvoir nettoyer le site. Impressionné par le nombre de cuves qui constituent une menace pour le site, il veut trouver une solution. Après décontamination partielle, cette eau devra être rejetée en mer. Il veut donc mieux informer la population car il est conscient que l’idée va choquer. C’est toujours la même stratégie qui est à l’oeuvre au Japon : Décider – Annoncer – Défendre (DAD).
En revanche, il n’a rien dit à propos de l’énorme volume de déchets radioactifs sur le site de la centrale, pour lequel il n’y a aucune solution envisagée pour le moment.

Vendredi 12 décembre :
• Depuis septembre 2013, la Corée du Sud interdit l’importation de produits de la mer en provenance de huit provinces japonaises suite à la catastrophe nucléaire (Fukushima, Aomori, Iwaté, Miyagi, Ibaraki, Gunma, Tochigi et Chiba). D’autres pays font de même, mais le Japon est particulièrement sensible au cas coréen. Une délégation d’experts coréens va donc venir visiter la région, observer les contrôles et les mesures prises par TEPCo pour tenter de limiter les fuites en mer.

• Les réacteurs n°3 et 4 de la centrale de Takahama (Fukui) pourrait voir leur dossier de sûreté approuvé par l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA. La décision est ensuite soumise à l’avis du public pendant un mois. Puis, il faut soumettre les plans détaillés, les instruire, finir les travaux, mener les inspections… Cela va encore prendre des mois avant un démarrage.
Pour les deux réacteurs de Sendaï à Kyûshû, cet avis favorable avait été donné en juillet 2014 et les réacteurs n’ont toujours pas démarré. Personne ne peut donner de date précise.
A Takahama, la situation est plus complexe car la zone de préparation à l’évacuation de 30 km empiète sur les provinces voisines de Shiga et Kyôto.

• Le conseil municipal d’Ôkuma, à Fukushima, vient d’accepter formellement le centre d’entreposage de déchets radioactifs sur sa commune. Celui de Futaba n’a pas encore pris position.

• Le gouvernement ne voulait révéler la liste des communes qui ont accepter de traiter, c’est à dire incinérer, des débris issus du tsunami de mars 2011. Des résidents craignent la contamination radioactive. Mais un tribunal d’Ôsaka vient de décider que cette liste devait être publique car la population est en droit de savoir.
Ce choix du secret date d’avant la loi sur le secret ! Cela ne devrait donc pas s’arranger…

• Petit résumé de la situation : en juillet 2012, le gouvernement de l’époque a introduit un tarif de rachat favorable pour les énergies renouvelables afin de favoriser leur développement. Il voulait passer de 10 à 20%. Les 10 compagnies qui commercialisent l’électricité doivent acheter cette électricité auprès des producteurs qui en feraient la demande pour la distribuer et la vendre aux consommateurs. Seulement, elles préfèrent favoriser leur production, plus lucrative pour elles. Et les réseaux électriques n’ont pas été conçus pour cette production décentralisée.
Face au boom des investissements dans le renouvelable, cinq compagnies d’électricité (Hokkaïdô Electric Power Co., Tôhoku Electric Power Co., Shikoku Electric Power Co., Kyûshû Electric Power Co. et Okinawa Electric Power Co.) ont donc arrêté d’accepter les demandes de raccordement sous prétexte de menaces sur le réseau et la stabilité de l’approvisionnement. Le solaire, par exemple, produit beaucoup la journée et pas la nuit. Il faut donc compenser une partie de l’énergie solaire quand il n’y a pas de soleil, ce qui est plus complexe à gérer.
Le ministère de l’économie s’est penché sur le dossier et veut changer les règles. Jusqu’à présent, les compagnies d’électricité pouvaient refuser d’acheter l’électricité renouvelable 30 jours par an, sans compensation pour le fournisseur. Ce sera désormais possible sur une base horaire en prévenant le fournisseur un jour avant, même pour les petits producteurs, comme les particuliers. C’était seulement pour les installations produisant plus de 500 kWh jusqu’à maintenant. En revanche, les compagnies d’électricité ne pourront plus fixer de limite, sauf pour deux d’entre elles : celles de Kyûshû et celle du Tôhoku où ce sera environ 50% de ce qui a été demandé. Cette dernière privilégiera les initiatives de la province de Fukushima.
Ces nouvelles règles devraient être confirmées d’ici la fin de l’année.

• Suite à la dissolution de l’assemblée par le gouvernement, il y aura des élections dimanche 14 décembre et la campagne bat son plein. En revanche, les candidats évitent de parler du nucléaire. Le parti au pouvoir, favorable à un redémarrage rapide, ne veut pas braquer les électeurs plutôt opposés dans leur majorité. Et le principal parti d’opposition, ne fait pas campagne sur ce thème pour ne pas froisser les syndicats des compagnies d’électricité qui le soutiennent.
En revanche, les petits partis n’hésitent pas à déclarer ouvertement leur opposition au programme nucléaire dans leurs interventions.
Les opposants au nucléaire, qui manifestent toujours tous les vendredis soir autour de la résidence du premier ministre, demandent aux partis d’opposition de clarifier leur politique énergétique. Cela fait deux ans neuf mois qu’ils manifestent toutes les semaines.

Jeudi 11 décembre :
• Le « ampo-gaki », une spécialité du Nord de Fukushima, à base de kaki séché et fumé, retourne sur les étals des magasins. Les producteurs avaient suspendu la production après la catastrophe nucléaire pour garder la confiance des consommateurs. L’an dernier, quelques producteurs ont repris la production à titre d’essai. Cela a été étendu cette année. Le nombre d’appareils de mesure pour contrôler la radioactivité est passé de 12 à 26. Le maire de Daté veut contrôler toute la production, à l’instar de ce qui est fait pour le riz.
Un cérémonie a célébré le premier envoi d’ampo-gaki depuis Daté, le 5 décembre dernier.

• La contamination de l’eau souterraine autour des réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima daï-ichi a tendance à s’améliorer. Il n’y a plus d’augmentation régulière avec des records battus jours après jours. Dans certains puits, la contamination reste cependant très élevée.
En amont des réacteurs, au pied des cuves, un record de la contamination au tritium vient d’être battu : il y a 900 Bq/L dans le puits E-13 (prélèvement du 9 décembre).

Mercredi 10 décembre :
• La loi sur le secret entre en application au Japon. Comme cela a déjà été souligné, le périmètre du secret n’est pas bien défini et cela laisse la porte ouverte à l’arbitraire. Un document peut être classifié durant 60 ans et cela peut être prolongé sans règle claire. Le contrôle n’est pas bien défini non plus, ce qui fait craindre des abus.
Les punitions encourues en cas de violation du secret sont très sévères : jusqu’à 10 ans pour le fonctionnaire qui aurait faire fuir les documents et jusqu’à 5 ans pour ou ses complices, dont les journalistes
Le premier ministre a déclaré à la télévision que si cette loi devrait entraver la liberté de la presse, il démissionnerait. Comme les premiers ministres ne restent jamais longtemps en poste, ce n’est pas très rassurant comme argument. C’est même complètement ridicule.
De nombreuses personnes et organisations continuent à demander son abolition.

• On s‘en souvient, le manga Oïshimbo (gourmet) avait défrayé la chronique car il montraient de personnes saigner du nez après être allées à Fukushima. « Rumeurs néfastes » avaient hurlé les autorités. La série, qui paraissait dans un magazine avait dû être arrêtée. Un éditeur qui compile les épisodes dans des livres vient de publier le 111ième volume qui inclut les épisodes controversés, mais après quelques modifications. Ainsi, lors de la première parution, les saignements de nez du héro principal, un journaliste, étaient directement liés à l’exposition aux radiations. Dans la présente version, il déclare, après avoir consulté un médecin, que ce n’est pas dû aux radiations.

• La NRA veut fixer à 250 mSv la limite de dose pour les travailleurs du nucléaire en cas d’urgence, comme cela avait été décidé lors de l’accident à Fukushima daï-ichi.  Elle insiste pour que les compagnies obtiennent l’accord des travailleurs concernés avant.

Lundi 8 décembre 2014 :
TEPCo a retiré 1 463 assemblages de combustibles de la piscine du réacteur n°4. Il en reste 70 non irradiés.

Dimanche 7 décembre :
• Kansaï Electric Power Co. (KEPCo) devrait faire une demande pour être autorisée à augmenter à nouveau ses tarifs d’électricité pour les ménages de 10% environ à partir d’avril 2015. L’augmentation pour les gros consommateurs devrait être plus élevée, mais il n’y a besoin de demander l’autorisation.
Ce sera la deuxième hausse depuis la catastrophe nucléaire. C’était 9,75% en moyenne pour les ménages et 17,26% pour les compagnies en mai 2013. La compagnie prétend qu’elle baissera ses tarifs une fois les réacteurs redémarrés.
Hokkaïdô Electric a déjà augmenté ses tarifs deux fois.

• Après la catastrophe nucléaire, la précédente majorité avait fait voter une loi pour favoriser le développement des énergies renouvelables grâce à un tarif de rachat avantageux. Les demandes de raccordement ont explosé et les compagnies d’électricité ont gelé toutes les nouvelles demandes sous le prétexte que le réseau électrique ne pourrait pas faire face à de rapides variations de la production solaire.
Le gouvernement actuel a mis en place un groupe de travail avec les compagnies d’électricité qui préfèrent vendre leur propre production pour déterminer la quantité maximale d’énergie renouvelable qui pourrait être acceptée. Il en ressort de Kyûshû Electric ne pourrait accepter que 8 GWhe dans sa zone, alors qu’elle a reçu des demandes pour 18 GWhe environ. Pour Tôhoku Electric, c’est entre 5 et 6 GWhe contre 12 GWhe demandés.

• Le gouvernement a du mal avec les propriétaires de terrains où il veut installer deux centres d’entreposage des déchets radioactifs. Certains sont introuvables. D’autres rechignent à vendre. Le rachat de chaque parcelle va prendre du temps. Alors, pour accélérer la procédure, il veut commencer les travaux et y mettre les déchets avant même d’avoir racheté les terrains. Car les communes où les déchets s’entassent actuellement protestent.
Le gouvernement a négocié avec des compagnies qui ont des terrains sur les sites sélectionnés pour pouvoir les utiliser avant rachat. Les compagnies ont accepté.
Il va donc lancer des appels d’offre sans que l’on connaisse exactement la position du site, la surface et la date de commencement des travaux. Mais comme il s’est engagé pour janvier 2015, il fait tout donner l’apparence d’y être arrivé.
Pour rappel, il est prévu de mettre plus de 25 millions de m3 de déchets sur ces deux sites.

Samedi 6 décembre :
• La portion de 18,4 km d’autoroute entre Namié et Minami-Sôma doit ouvrir ce jour. Trois panneaux lumineux annoncent le débit de dose par endroit : il y a 0,2 microsievert par heure à Haramachi et 1,3 microsievert par heure près de la sortie Namié. Un chauffeur qui roule à 70 km prend 0,06 microsievert à chaque passage.

• Les autorités ont fait effectuer des tests génétiques sur les thyroïdes de 23 enfants de Fukushima qui ont subi une intervention chirurgicale après la découverte d’un début de cancer. Selon l’étude, les résultats sont similaires à ce que l’on trouve chez des adultes japonais et diffèrent de ce qui a été observé autour de Tchernobyl. Les auteurs concluent que c’est un argument supplémentaire pour dire que l’augmentation observée n’est pas due à la catastrophe nucléaire, mais au dépistage systématique qui a permis de découvrir rapidement ces cas.

• Le Japon est le seul pays nucléarisé qui n’a pas un système de contrôle de l’identité des personnes qui entrent dans les installations nucléaires alors que c’est recommandé par l’AIEA. Il s’agit de limiter le risque terroriste.
La NRA a décidé de rendre un tel système obligatoire. Le groupe de travail de l’Agence va regarder les systèmes existants au Japon et formuler des recommandations précises à partir de janvier prochain.
Sont concernés les travailleurs qui entrent en zone contrôlée et ceux qui détiennent des informations sensibles sur les matériaux radioactifs.

Vendredi 5 décembre 2014 :
• Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 1,6% en 2013 par rapport à l’année précédente. Avec 1 395 million de tonnes de carbone, c’est le plus fort rejet depuis 1990, date à partir de laquelle le Japon a commencé à compter. Le rejet de 2013 est de 10,6% plus élevé que celui de 1990.
Il s’est engagé à baisser ses rejets à -3,8% par rapport au niveau de 2005 d’ici 2020. Il est à +1,3%. Cet engagement constitue un recul par rapport à un précédent engagement.
A noter que les émissions de CO2 dues aux transports et ménages ont légèrement baissé.
Le gouvernement met en avant l’arrêt du parc nucléaire mais ne fait pas grand-chose pour faire baisser la consommation d’énergie. Pour cela, il a calculé le niveau d’émission si les réacteurs nucléaires avaient fonctionné comme en 2010 et a trouvé 9,4% de moins qu’en 2005. Mais le parc actuel ne pourra jamais entièrement redémarrer.
Le Réseau Action Climat a remis au Japon le « prix fossile » pour son investissement dans les énergies fossiles dans les pays en développement, dont l’Indonésie.

• Bien que le gouvernement n’ait pas terminé ses négociations avec les propriétaires des terrains, il va lancer un appel d’offre pour la construction de deux sites d’entreposage des déchets radioactifs à Fukushima. Il est difficile de croire que les premiers déchets arriveront en janvier comme prévu. Le gouvernement doit encore présenter son plan transport d’ici la fin de l’année.

• 9 personnes ont déposé une nouvelle plainte pour arrêter les projets de redémarrage de 4 réacteurs nucléaires à Fukui. Il s’agit des réacteurs 3 et 4 de Takahama et d’Ôï.
En mai dernier, cette même cour de Fukui avant demandé l’arrêt des réacteurs d’Ôï et l’exploitant a fait appel.

• Finalement, TEPCo ne devrait pas demander la permission d’augmenter ses tarifs d’électricité avant mars 2015. Elle va couper dans ses coûts. Dans ses prévisions, deux réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa devraient démarrer en juillet 2015, mais cela ne sera pas le cas.

Jeudi 4 décembre 2014 :
• TEPCO a remis la couverture sur la réacteur n°1. La compagnie affirme que son retrait n’a pas augmenté de façon significative la radioactivité ambiante.
Elle espère commencer à démanteler cette couverture à partir de mars prochain et retirer les débris à partir de 2016.
Voir les photos mises en ligne.

• L’Institute of Environmental Radioactivity a été inauguré à l’université de Fukushima. Financé avec des fonds gouvernementaux, il va étudier le comportement de la pollution radioactive dans l’environnement. Il y a actuellement 13 chercheurs, dont neuf étrangers. Il est équipé de neuf détecteurs au germanium.

Mardi 2 décembre 2014 :
• TEPCo a mis en place un groupe d’experts pour la conseiller en terme d’amélioration de la culture de sûreté dans l’entreprise. Il y a des experts étrangers, dont Dale Klein, un ancien président de la commission de régulation nucléaire américaine. Ce dernier propose que des compagnies étrangères qui exploitent du nucléaire soient invitées à inspecter les réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) et l’organisation interne de TEPCo afin de vérifier que tout est bien aux standards internationaux et rassurer le public japonais qui n’a plus confiance. Il faut aussi convaincre le gouverneur de Niigata… Cela viendrait s’ajouter aux contrôles de la NRA.
Dave Klein a déclaré à Reuters que TEPCo a fait des progrès, mais qui sont plus lents que ce qu’il espérait. Il y a en pour des années. C’est une façon d’avouer que la compagnie n’est pas prête à exploiter du nucléaire…

Lundi 1er décembre 2014 :

• La campagne électorale pour les élections du 14 décembre débute officiellement. Outre les traditionnels sondages, comme partout, il est parfois question du nucléaire… Selon un sondage de l’Asahi, seulement 15% des personnes interrogées ont cité la politique nucléaire comme un des deux points déterminants de cette élection. C’est la situation économique qui domine.

Le parti actuellement au pouvoir devrait y rester. Selon Kyodo, 90% de ses candidats soutiennent l’énergie nucléaire. C’est 80% pour son allié bouddhiste. Les candidats d’opposition y sont, quant à eux, majoritairement opposés.

Le Maïnichi révèle que des filiales et des sociétés affiliées aux grands groupes d’électricité ont continué à verser de fortes sommes d’argent au principal parti au pouvoir. Les compagnies, étant en difficulté financière et ayant demandé de pouvoir augmenter leur tarif, ont, pour la plupart, stoppé ces dons. Mais pas leurs filiales ou sociétés affiliées. Ce sont pas moins de 32,28 millions de yens (218 000 euros) qui auraient ainsi été versés au parti libéral démocrate depuis la catastrophe de Fukushima.

Les compagnies concernées ont toutes déposé une demande d’autorisation de redémarrage pour certains de leurs réacteurs nucléaires.

Selon le journal conservateur Yomiuri, KEPCo et TEPCo seraient sur le point de déposer une nouvelle demande d’augmentation de leurs tarifs, mais attendent que les élections soient passées pour le faire.

Le 25 novembre dernier, TEPCo a reçu 73,8 milliards de yens (500 millions d’euros) de soutien financier de la part des autorités. C’est le 34ième versement.

• KEPCo a commencé les examens spéciaux destinés à vérifier que les réacteurs 1 et 2 de sa centrale de Takahama (Fukui) peuvent aller jusqu’à 60 ans. Elle en a pour 4 mois.

TEPCo a retiré 1 419 assemblages de combustible sur 1 533 de sa piscine du réacteur n°4.

• Nouveau records de contamination en tritium dans l’eau d’un puits de contrôle : 45 000 Bq/L dans le puits 1-8 (prélèvement du 24 novembre 2014).

• Comme cela faisait longtemps que je ne l’ai pas signalé, voici les derniers résultats de la contamination des sédiments marins prélevés devant la centrale de Fukushima daï-ichi.

Vendredi 28 novembre :

• TEPCo a fini de retirer les gros débris qui étaient au dessus du plus haut niveau du réacteur n°3 et elle a entamé un travail de décontamination afin de faire baisser le débit de dose. Elle voulait passer en dessous de 1 mSv/h pour y envoyer des humains pendant un temps très court, sachant que la limite annuelle pour les travailleurs est de 20 mSv/an en moyenne et 50 mSv/an au sens strict.

Mais les débits de dose restent beaucoup plus élevés. Il y a environ 10 mSv/h en de nombreux endroits et cela peut monter jusqu’à 60 mSv/h. La compagnie va donc engager d’autres travaux pour tenter d’abaisser plus le débit de doses. Elle va retirer une partie du plancher et mettre des plaques métalliques pour atténuer les radiations.

Les travaux de démantèlement prennent donc du retard sur le planning initialement prévu.

• Les autorités régionales de Tôkyô veulent installer des panneaux solaires sur les toits pour faire passer la part de l’électricité renouvelable de 6% en 2012 à 20% d’ici 2024. Actuellement, environ 10% des nouvelles constructions ont des panneaux photovoltaïques, mais l’ancien est peu couvert. Les autorités veulent donc accélérer le mouvement en encourageant d’installer des panneaux en cas de travaux de rénovation.

• L’Asahi va punir 6 de ses employés suite à l’article consacré au témoignage du directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi au moment de l’accident.

• TEPCo a contrôlé des contrats de travail de sous-traitants intervenant sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Dans 30% des cas, les personnes contrôlées n’étaient pas payées par la compagnie qui dirige leur intervention sur le site. C’est plus qu’il y a un an et c’est interdit par la loi japonaise.

L’an dernier, suite à la polémique sur les conditions de travail, avait décidé d’augmenté la prime de risque. 70% des personnes interrogées ont déclaré avoir reçu une explication relative à l’augmentation. 1 400 sur 2 400 ont eu une augmentation. Mais TEPCo ne leur a pas demandé le montant de la prime, ni quand l’augmentation a eu lieu.

• Le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°2 a été arrêté par inadvertance.

• La station de traitement des eaux contaminées, ALPS, est de plus en plus fiable. Le nombre e panne a fortement diminué et les autorités reprennent confiance. Elles pensent qu’il sera possible de traiter 320 000 m3 d’eau contaminée d’ici mars 2015, comme indiqué dans la feuille de route.

Les six unités peuvent traiter 1 500 m3 par jour. TEPCo teste une version améliorée qui lui permettrait de passer à 2 000 m3/jour.

Jeudi 27 novembre :

• Le redémarrage du réacteur n°1 de la centrale de Sendaï (Kagoshima) n’aura pas lieu avant février 2015, au plus tôt. Le n°2 après. L’exploitant doit revoir sa copie pour certains documents de sûreté. Il va commencer par le réacteur n°1.

• Un groupe de 180 Japonais a demandé à la justice d’interdire le redémarrage des réacteurs d’Ôï et de Takahama (Fukui). Le tribunal d’Ôtsu (Shiga) vient de les débouter. Ils mettaient en avant le risque d’accident, mais le juge a estimé qu’il fallait faire confiance à la NRA qui n’a pas encore donné son feu vert.

Rappelons qu’en mai dernier, un autre tribunal avait jugé que les réacteurs d’Ôï ne devraient pas être redémarrés. L’exploitant a fait appel.

TEPCo annonce avoir adopté une nouvelle mesure du strontium qui prend quelques dizaines de minutes alors que la méthode actuelle prend un mois environ. On aura peut-être les résultats plus rapidement dans l’avenir.

Justement, les prélèvements du 2 octobre 2014battent des records de contamination en strontium dans les puits 1-14 et 1-17 avec respectivement 28 000 Bq/L et 990 000 Bq/L. Dans le puits 1-6, il y a encore plus, même si ce n’est pas un record. Ces chiffres sont à manier avec précaution car, pour le puits 1-17, TEPCo trouve plus de strontium que de bêta total. Idem pour le puits 1-16 ! Pour le puits 1-6, c’est exactement la même valeur alors qu’il y a d’autres émetteurs bêta qui polluent. La compagnie s’était déjà trompée dans ce type de mesures par le passé. Elle sous-estimait systématiquement la contamination bêta totale en cas de forte pollution car le détecteur saturait.

Espérons que la nouvelle méthode de mesure sera plus fiable…

Rappelons que TEPCo se refuse de rejeter en mer une eau qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

Mercredi 26 novembre :

• Le gouvernement maintient une position ambiguë sur le nucléaire. D’un côté, il se déclare déterminé à faire que la part du nucléaire soit la plus faible possible et d’un autre, il affirme qu’il s’agit d’une énergie de base importante. Avec zéro réacteur en fonctionnement, la part du nucléaire est actuellement la plus faible possible…

Chaque côté lui réclame donc des engagements chiffrés, mais il est bien ennuyé pour plusieurs raisons : c’est un sujet polémique sur lequel il n’y aura jamais de consensus et donc, politiquement, il vaut mieux être flou. Il ne sait toujours pas combien de réacteurs seront autorisé à redémarrer in fine.

Le ministre de l’industrie vient de s’engager à clarifier la situation avant l’été 2015. Cette annonce est aussi pour montrer que le gouvernement ne s’est pas endormi sur le dossier alors que le premier ministre a dissous le parlement et convoqué des élections pour le 14 décembre prochain. Et puis, il y a la conférence internationale sur le climat à Paris. Il faudra bien être plus clair.

• C’est maintenant officiel, Kansaï Electric va se préparer à demander l’autorisation d’exploiter les réacteurs 1 et 2 de sa centrale de Takahama (Fukui) pendant 60 ans. Le premier a été mis en service en 1974 et le second, en 1975. La compagnie a déjà déposé une demande de redémarrage pour les réacteurs 4 et 5 de cette même centrale.

La loi japonaise, votée après la catastrophe de Fukushima, limite à 40 ans l’exploitation des réacteurs nucléaires, mais permet une demande « exceptionnelle » de prolongement de 20 ans si les réacteurs passent des contrôles supplémentaires. Pour les exploitants du nucléaire, l’exception devrait devenir la règle sauf pour les réacteurs qu’il sera trop coûteux à remettre en marche.

Officiellement, KEPCo va mener les contrôles supplémentaires à partir de décembre prochain et décider ensuite, si elle dépose la demande de prolongation de la durée de vie. Il s’agit de tester l’intégrité de la cuve, de l’enceinte de confinement, du circuit de refroidissement, des soudures etc et de voir l’évolution du vieillissement. Mais la décision semble déjà prise.

• Le ministère de l’industrie japonais a estimé à 21 milliards de yens (143 millions d’euros) la perte par réacteur due à l’arrêt après 40 ans de fonctionnement.

Il a mis en place un groupe de travail destiné à faire des propositions pour aider les compagnies d’électricité qui devront faire face à ces coûts suite l’arrêt définitif de plusieurs réacteurs. Actuellement, les exploitants du nucléaire sont supposés provisionner de l’argent pour le démantèlement. Mais certains réacteurs seront arrêtés plus tôt que prévu.

Par ailleurs, avec l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité, les exploitants veulent rogner sur les coûts pour rester compétitifs. Le gouvernement envisage donc de mettre en place un fond dont l’argent sera collecté sur les factures d’électricité. Ce seraient les distributeurs d’électricité qui collecteraient l’argent. Ainsi, même les nouveaux entrants, qui n’exploitent pas du nucléaire, devraient participer.

• Le Japan Atomic Industrial Forum (JAIF), au cœur du village nucléaire japonais, tire à boulets rouges contre le groupe d’experts de la NRA qui a osé conclure que la faille qui passe sous la centrale de Tsuruga (Fukui) pourrait être active. Si les mêmes experts, suivant exactement le même processus de décision, avaient conclu que tout va bien, le JAIF n’aurait rien trouvé à y redire.

Il a aussi organisé un symposium pour trouver un moyen de convaincre les femmes d’accepter l’énergie nucléaire, pardon, de « permettre aux femmes une meilleure compréhension de l’énergie nucléaire ». Bref, elles n’y comprennent rien, c’est pourquoi elles sont majoritairement contre. Ces gens là sont sans vergogne.

• Les autorités ont inauguré un incinérateur à Kawauchi dans la province de Fukushima, qui doit incinérer les déchets issus de la décontamination tout en retenant le césium. L’usine, capable de traiter 7 tonnes de déchets par jour, devrait démarrer en janvier 2015 après une phase de tests. D’autres usines similaires sont prévues à Fukushima.

• JAEA, le CEA japonais, a un réacteur expérimental à très haute température, refroidi à l’hélium, le « High Temperature Engineering Test Reactor », à Ôarai, dans la province d’Ibaraki. Il était à l’arrêt au moment des séismes et tsunami du 11 mars 2011. L’exploitant affirme qu’il satisfait aux nouveau critères de sûreté et va déposer une demande d’autorisation de redémarrage.

Ce réacteur graphite-gaz a un coût plus élevé que les réacteurs commerciaux, mais la JAEA veut l’utiliser pour produire de l’hydrogène.

• On s’en souvient, le ministère de l’agriculture avait découvert, en mars dernier, que du riz de Minami-Sôma, moissonné en 2013 à plus de 20 km de la centrale, avait dépassé la limite de mise sur le marché qui est de 100 Bq/kg pour le césium. La commune et ses habitants n’ont été informés qu’en juillet 2014. Ils n’ont pas apprécié !

Des rejets de poussières radioactives provenant du réacteur n°3 avaient été soupçonnées. TEPCo avait fini par reconnaître qu’un rejet plus élevé que d’habitude a eu lieu le 19 août 2013. Des universitaires ont détecté plusieurs pics de contamination des poussières en 2013.

La NRA vient de conclure que ce rejet du 19 août n’est pas responsable du dépassement de la limite du riz. D’après ses calculs, les retombées n’auraient été que de 30 Bq/m2 en un endroit et 12 Bq/m2 ailleurs. Le ministère de l’agriculture a annoncé des investigations supplémentaires pour tenter de comprendre l’augmentation de la contamination du riz.

L’IRSN avait publié une note sur ce sujet le 1er août dernier et avait conclu que les retombées étaient comprises entre 100 et 1 000 Bq/m2. L’écart est important, mais c’est, dans tous les cas, plus faible que la contamination existante des sols. En revanche, le transfert à la plante est beaucoup plus élevé quand cela tombe sur les feuilles que quand cela remonte par les racines.

L’IRSN va-t-il publier une nouvelle note pour corriger son calcul ou celui de la NRA ?

Mardi 25 novembre :

• TEPCo a commencé à injecter du ciment dans la galerie souterraine qu’elle n’arrive pas à colmater malgré des essais divers. Elle pompe l’eau contaminée en parallèle pour éviter les débordements. 80 m3 ont été versés ce jour.

TEPCo devrait commencer dès le mois prochain des travaux similaires dans une autre galerie souterraine reliée au réacteur n°3.

La compagnie va de nouveau faire des tests d’étanchéité et espère tout finir pour mars 2015.

Voir la présentation en japonais faite devant la NRA à ce propos et des photos du chantier.

• Le puits de contrôle 1-17 qui battait des records de contamination par le passé a aussi battu un record de contamination en strontium. Dans le prélèvement du 1er septembre 2014, il y avait 490 000 Bq/L alors que la contamination bêta totale était de 540 000 Bq/L. Ce qui signifie que le strontium, très radiotoxique, domine la contamination de cette eau. Les puits 1-6 et 1-16 sont bien plus contaminés, mais ils ne battent leur propre record.

Samedi 22 novembre :

• Il y a eu un exercice de crise à Kawauchi, dans la province de Fukushima. Le scénario supposait un accident sérieux à la centrale de Fukushima daï-ichi : un séisme a stoppé le refroidissement du réacteur n°3 et que plus de 20 microsieverts par heure ont été détectés dans le village. Les habitants se sont réfugiés dans le village voisin de Tamura.

C’est le premier exercice de crise nucléaire depuis 2011. Il a impliqué 260 habitant et un millier de fonctionnaires.

Vendredi 21 novembre :

TEPCo a repris la vidange de la piscine du réacteur n°4. Les combustibles qui restent, 180 assemblages qui n’ont pas été irradiés, sont transportés dans la piscine du réacteur n°6. Elle a retiré 22 assemblages supplémentaires, ce qui correspond à un voyage.

La compagnie devrait avoir fini d’ici la fin de l’année.

• TEPCo a présenté sa stratégie devant la NRA pour faire face aux fuites en mer via les galeries souterraines. Elle a reconnu que le projet de bloquer les écoulement en gelant l’eau, puis en tentant de colmater avec du ciment ne marchait pas. La compagnie abandonne cette méthode et envisage de combler les galeries avec du ciment tout en pompant l’eau pour éviter les débordements. Des tests vont avoir lieu d’ici la fin de l’année.

La NRA lui a demandé de ne pas aller au-delà de fin décembre et d’étudier l’impact. Il faut aussi étudier la tenue du ciment avec le temps. Risque-t-il de se fissurer ?

Il y a de nombreux tuyaux, gaines et câbles dans ces galeries. L’eau ne va-t-elle pas continuer à passer, même si le flux est ralenti ?

La jonction avec le sol qui devra être gelé à proximité risque d’être complexe.

• Le nettoyage des zones affectées par le tsunami n’a pas eu lieu dans les zones évacuées à cause de la radioactivité. Le ministère de l’environnement vient d’engager les travaux de démantèlement des bateaux transportés dans les terres par la vague. Il y en a 70 : 62  à Namié, 6 à Tomioka, un à Minami-Sôma et un à Naraha. Les travaux devraient être terminés d’ici mars prochain.

• TEPCo a mis en ligne des résultats d’analyse sur des poissons pêchés dans le port devant la centrale, et au large à moins de 20 km. La contamination baisse. Dans le port, ils sont passés sous les 1 000 Bq/kg. Au-delà, tous sont sous la limite de commercialisation de 100 Bq/kg. La plus forte valeur y est de 88 Bq/kg.

Jeudi 20 novembre :

• Du riz a été cultivé à Namié, commune complètement évacuée, de manière expérimentale, après décontamination. Les contrôles indiquent une contamination sous la limite de détection de 25 Bq/kg. C’est la première moisson depuis 2011.

Deux tonnes de ce riz ont été offertes aux cafétérias du ministère de l’environnement. Le ministre a organisé une dégustation publique en présence du maire et d’un agriculteur.

Mercredi 19 novembre :

• Le parlement japonais a approuvé que le Japon ratifie le traité international de compensation en cas d’accident nucléaire. Il impose au pays membres de constituer une réserve et de s’entre-aider. Il exonère les compagnies qui ont construit les centrales. La ratification n’aura lieu qu’une fois qu’une autre loi demandant aux compagnies d’électricité de contribuer au fond de réserve aura été votée.

• Le parlement a approuvé la loi qui instaure deux centres d’entreposage des déchets issus de la décontamination à Fukushima, pour une durée de 30 ans. Au-delà, le gouvernement devra reprendre les déchets pour les stocker définitivement en dehors de la préfecture de Fukushima.

C’est l’agence en charge des déchets au PCB qui devra se charger de ces deux centres.

• Le groupe d’experts de la NRA avait conclu, en mai 2013, que la faille qui passe sous le centrale de Tsuruga (Fukui) est active. L’exploitant, qui ne peut plus exploiter la centrale, n’était pas d’accord. Il a soumis de nouvelles données pour prouver que la faille ne bougera pas. Mais les experts de NRA viennent de conclure que ces nouvelles données ne changent rien et elle maintient que cette faille pourrait bouger. Ils vont soumettre leur avis à des personnes extérieures avant de conclure définitivement.

L’exploitant n’est pas content.

• TEPCo a mis en ligne des images commentées en japonais du réacteur n°1, avec ses plans pour le contrôle des poussières. Les photos de la première page sont anciennes. Les suivantes sont récentes (31 oct.).

Mardi 18 novembre :

• TEPCo et le gouvernement veulent isoler les sous-sols des réacteurs, plein d’eau contaminée, de la nappe phréatique. En amont, la compagnie construit un mur gelé. En aval, du côté de la mer, il y a de nombreuses galeries souterraines avec des câbles, tuyaux… TEPCo a essayé, en vain, de geler l’un de ces galeries. Elle a ensuite prévu de cimenter qui ne gelait pas. Des essais de colmatage ont eu lieu jusqu’au 6 novembre dernier.

Puis, TEPCo a pompé 200 m3 en espérant ainsi faire baisser le niveau de 80 cm, mais il n’a baissé que de 21 cm. Ce qui signifie que l’eau pénètre rapidement depuis le bâtiment réacteur. La compagnie pensait pourtant avoir réussi à colmater le passage.

La compagnie va donc revoir ses plans en tentant d’injecter plus de ciment sans vider la galerie, tout en veillant à ce que l’eau ne déborde pas. Cela va être discuté avec l’autorité de sûreté le 21 novembre prochain.

Tant que le colmatage de ces galeries ne fonctionne pas, TEPCo ne pourra pas isoler les sous-sols des réacteurs.

La galerie en question contient environ 5 000 m3 d’eau contaminée.

• TEPCo a, semble-t-il arrêté de retirer les combustibles de la piscine du réacteur n°4. Tous les combustibles usés ont été retirés et il ne reste que des combustibles neufs qui ne nécessitent pas de refroidissement. C’est donc moins urgent.

Dimanche 16 novembre :

• Le gouverneur d’Ehimé a été réélu face au candidat du parti communiste. Il a été très discret sur le redémarrage de la centre d’Ikata durant sa campagne.

Samedi 15 novembre :

• Cela fait exactement 14 mois que le Japon tourne sans électricité d’origine nucléaire.

Vendredi 14 novembre :

• Près de la moitié du village de Iitaté, soit 2 837 personnes, a dépose une demande d’augmentation des indemnisations de TEPCo car leur statut de réfugié se prolonge. Les familles et les communautés sont séparées, ce qui menace l’avenir du village. Ils réclament donc 350 000 yens (2 400 euros) par mois et des excuses de TEPCo. Ils demandent aussi une forte somme pour avoir détruit leur village.

• La famille du doyen d’Iitaté en mars 2011 vient de saisir la justice pour demander des compensations à TEPCo. Âgé de 102 ans, il s’était suicidé le 11 avril 2011 alors que le gouvernement a fait part de son intention d’évacuer le village. Il ne voulait pas partir d’où il avait toujours vécu. Trois membres de sa famille réclament 30 millions de yens (plus de 200 000 euros) de dédommagement.

• A Miyagi aussi le gouvernement peine à trouver un site pour les déchets radioactifs. Il n’a pas pu commencer les travaux d’étude des 3 sites retenus à cause de l’opposition des riverains. Avec l’arrivée prochaine de la neige, le gouvernement a préféré tout suspendre pour reprendre la procédure au printemps prochain. Il espère avoir réussi à convaincre les riverains d’ici là.

• Greenpeace a mis en ligne toute une série de relevés de débit de dose dans plusieurs communes de Fukushima : Iitaté, Kawauchi et Tamura.

La présentation faite devant la presse est ici en anglais et japonais. Les données détaillées sont ici en japonais et ici en anglais.

L’organisation a aussi fait des mesures dans la ville de Fukushima et a trouvé des points chauds dans une rue devant l’hôpital. La plus forte valeur relevée était de 1,1 microsievert par heure alors que le seuil pour l’évacuation est de 0,23 microsivert par heure.

Jeudi 13 novembre :

• La loi japonaise limite à 40 ans l’exploitation des réacteurs nucléaires, mais les exploitants peuvent demander une prolongation à 60 ans à « titre exceptionnel ». Pour les 7 réacteurs ayant dépassé la limite ou en étant proches, la demande doit être faire avant juillet 2015.

Kansaï Electric (KEPCo) devrait faire la demande pour les deux réacteurs les plus anciens de sa centrale de Takahama (Fukui) qui ont été mis en service en novembre 1974 et novembre 1975. Ils ont une puissance de 826 MWhe chacun.

Cela implique un examen beaucoup plus complet. Si cette information est confirmée, ce serait la première demande de ce type. Chûgoku Electric and Kyûshû Electric pourraient suivre.

KEPCo n’a toujours pas officiellement renoncé à ses réacteurs les plus anciens, les n°1 et 2 de Mihama, qui ont respectivement 44 et 42 ans et sont de faible puissance.

• L’eau contaminée demeure le cauchemar principal de TEPCo à la centrale de Fukushima daï-ichi. Selon l’AP, sur les 6 000 travailleurs qui interviennent quotidiennement sur le site de la centrale, la grande majorité est là pour l’eau. Comme les ressources humaines et financières sont limitées, cela entrave les travaux de démantèlement.

Il y a plus de 500 000 m3 d’eau radioactive dans des cuves. A titre de comparaison, l’accident de Three Mile Island en 1979 avait généré 9 000 m3 d’eau contaminée et il a fallu 14 années pour l’évaporer et traiter les déchets. Le traitement de l’eau devrait coûter de l’ordre de 2 000 milliards de yens (14 milliards d’euros).

• La commission d’enquête mise en place par le gouvernement sur l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima avait auditionné 772 personnes mais le compte-rendu de ces auditions était resté secret. L’Asahi avait publié de larges extraits du témoignage de l’ancien directeur, maintenant décédé, qui avaient fait polémique car le quotidien avait mal interprété certains propos relatifs au retrait des travailleurs sur place.

Cela avait conduit les autorités à rendre publics ce témoignage ainsi que 18 autres en septembre dernier. Elles viennent de rendre publics 56 auditions supplémentaires.

Parmi les nouveaux témoignages, il y a celui de Tetsuya Yamamoto, à la tête des inspecteurs de l’ancienne autorité de sûreté, la défunte NISA. Il explique que l’accident aurait pu être évité si les mesures avaient été prises en amont et que c’est son plus grand regret. C’est bien la moindre des choses au regard de la lourde responsabilité de cette agence qui n’a pas su imposer des règles de sûreté plus strictes. Si des générateurs de secours sur des camions étaient positionnés à proximité des centrales, il aurait peut-être été possible de faire face à la catastrophe.

Rappelons que la fusion du cœur du réacteur n°1, les rejets radioactifs massifs et l’explosion hydrogène ont eu lieu en moins de 24 heures. Aurait-ce été suffisant alors qu’il n’y avait plus d’eau non plus et que TEPCO a tergiversé avant d’utiliser l’eau de mer ?

Hidehiko Nishiyama, ancien porte-parole de la NISA, explique qu’il n’a jamais nié la fusion des cœurs, mais qu’il n’a juste pas utilisé ce vocabulaire… Rappelons que jusqu’en mai 2011, TEPCo ne parlait que d’endommagement des combustibles dans les réacteurs et donnait même des pourcentages et que personne parmi les experts officiels, que ce soit au Japon, à l’AIEA ou dans d’autres pays n’a rien trouvé à y redire.

Manabu Terata, un des conseillers du premier ministre, décrit ce dernier comme menaçant, cassant.

• TEPCo a mis en ligne une compilation de données sur la contamination de l’eau de mer le long des côtes depuis août dernier et la tendance n’est pas à la baisse. On note une remontée récente.

Mercredi 12 novembre :

• 1 400 Japonais ont déposé un recours contre la décision de la NRA relative à la centrale nucléaire de Sendaï (Kagoshima) dont le dossier de sûreté avait été jugé conforme en juillet dernier. Ils pointent en particulier le manque de préparation pour faire face à un accident nucléaire de grande ampleur en situation complexe, concomitant avec un fort séisme, par exemple.

La NRA a accepté leur recours et va l’instruire.

• La compagnie J-Power, qui construit un nouveau prototype de centrale nucléaire à Ôma (Aomori) qui doit fonctionner avec un cœur entièrement constitué de MOx va déposer un dossier demande de démarrage, comme nous l’avons déjà signalé. 40% des travaux de construction de ce nouveau réacteur étaient réalisés en mars 2011.

La compagnie espère un démarrage en 2021 et est allée informer officiellement les communes situées dans un rayon de 30 km, dont celle de Hakodaté située de l’autre côté du détroit de Tsugaru, à Hokkaïdô, qui a déposé un recours en justice contre la reprise des travaux de construction.

A l’issue de la réunion, le maire a déclaré ne pas avoir été convaincu. La commune d’Ôma, quant à elle, soutient le projet car elle va toucher les subsides.

Il y a deux autres réacteurs dont les travaux avaient débuté avant le 11 mars 2011 et qui ne sont donc pas comptés comme « nouveaux » par les autorités. Il s’agit du réacteur n°1 de Higashi-dôri (Aomori) et du n°3 de Shimané.

Ce nouveau type de réacteur qui fonctionne à 100% au MOx est plus complexe à faire fonctionner. En général, dans les réacteurs classiques, la part du MOx ne dépasse par un quart à un tiers. Plus il y a de MOx, plus il est difficile d’arrêter la réaction en chaîne. Cela impose des moyens supplémentaires pour assurer la sûreté de ce nouveau réacteur et il n’y a pas d’équivalent dans le monde. L’examen de la sûreté de ce réacteur va donc être complexe.

La compagnie assure avoir pris en compte les nouveaux critères de sûreté japonais qui imposent une meilleure tenue aux séismes par exemple et une deuxième salle de contrôle. Cela lui coûtera 130 milliards de yens (presqu’un milliard d’euros) en plus.

• Les négociations avec les propriétaires des terrains où le gouvernement souhaite implanter les deux centres d’entreposage pour 30 ans des déchets radioactifs de Fukushima sont plus complexes que prévu. L’ouverture, prévue initialement en Janvier pourrait être retardée.

Mais le ministère de l’environnement a organisé un voyage de presse sur un site où les déchets attendent pour montrer aux journalistes la mise dans des « big bags » d’un mètre cube pour préparer les déchets au transport.

Les sacs actuels, qui attendent depuis 3 ans, pourraient montrer des signes de détérioration. Les reprendre maintenant est donc une mesure préventive. Les odeurs seraient fortes, mais il n’y aurait pas de gaz toxiques.

Le gouvernement espère terminer avant l’arrivée de la neige en décembre.

• Le quotidien Asahi avait révélé le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi devant la commission d’enquête mise en place par le gouvernement et avait mal interprété ses propos. Cela a entraîné une polémique et le journal a dû corriger ses articles. Il a aussi présenté ses excuses aux travailleurs de TEPCo qu’il a pu offenser en laissant entendre qu’ils avaient désobéi en se retirant de la centrale accidentée. Il a mis en place une commission d’enquête qui vient de conclure qu’il y avait bien des erreurs majeures dans les articles. Elle critique aussi le temps qu’il a fallu au quotidien pour admettre les erreurs suite aux polémiques.

Le président du journal va démissionner.

• Un exercice de crise a tourné court à Niigata. Le scénario était qu’un séisme arrête le refroidissement de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. TEPCo a annoncé des rejets radioactifs. Le gouverneur, en liaison avec la cellule de crise gouvernementale, a demandé que les comprimés d’iode soient distribués avant le rejet. Mais le gouvernement a refusé sous le prétexte que les textes prévoient que la distribution ait lieu après le rejet et seulement dans les zones les plus touchées.

Le gouverneur a raison car l’iode stable a une efficacité maximale quand il est pris 6 heures avant l’exposition aux rejets. Le gouvernement n’ayant pas lâché sur ce point, l’exercice a dû être arrêté. Et le gouverneur a expliqué qu’il était impossible de protéger la population avec les règles actuelles. Quant au maire de Kariwa, qui n’attend que le redémarrage pour des raisons financières, il a critiqué le gouverneur.

1 500 personnes ont participé à l’exercice de crise.

Mardi 11 novembre :

• 7 communes situées à moins de 30 km de la centrale de Hamaoka (Shizuoka) ont réclamé la signature d’un accord avec l’exploitant qui veut redémarrer certains réacteurs de sa centrale. Elles demandent à être consultée en amont de la décision de redémarrage ou en cas de changement notable à la centrale. Un tel accord existe déjà avec 4 autres communes plus proches. La compagnie n’a pas souhaité commenter.

Lundi 10 novembre :

• TEPCo a retiré un deuxième ensemble de panneaux du sommet du réacteur n°1. Une surface de 40 m sur 14 m a donc été dégagée en tout.

Des photos sont en ligne sur le site de TEPCo. Elle ne montre jamais les débris…

• TEPCO a arrêté depuis quelques mois de publier des statistiques sur les doses prises par les travailleurs sur le site de sa centrale accidentée. Elles sont maintenant sur le site du ministère de la santé, du travail et des affaires sociales.

Au 30 septembre 2014, 38 454 travailleurs sont passés sur le site de Fukushima daï-ichi, dont 34 121 sous-traitants. Entre juillet et septembre 201, la dose la plus forte enregistrée en un mois est de 18,69 mSv, et c’est un sous-traitant. La dose moyenne prise par les sous-traitants est toujours plus forte que celle prise par les employés de TEPCo.

• La commune d’Ôsaka pourrait vendre se sparts dans KEPCo. Elle en détient 9,37%, ce qui en fait le plus gros actionnaire. Il s’agit de faire pression sur la compagnie pour qu’elle abandonne le nucléaire. La proposition sera soumise au conseil municipal le 21 novembre et le vote aura lieu le 9 décembre.

• Le Figaro propose un reportage sur les déchets issus de la décontamination, avec une photo impressionnante. Il mentionne un total de 43 millions de mètres cube sans préciser s’il s’agit seulement de Fukushima ou si cela inclut aussi les provinces limitrophes.

Les autorités veulent incinérer les déchets végétaux pour limiter les volumes, mais sans être précis sur les rejets atmosphériques engendrés.

A Tochigi, qui est la deuxième province la plus touchée après Fukushima, le gouvernement est à la peine pour trouver un site de stockage définitif pour ces déchets. Lors d’une réunion entre le ministre de l’environnement et les maires concernés qui a eu lieu la veille, le maire de Shioya a fermement réitéré son opposition à voir un te centre sur sa commune. Cela n’a pas empêché le ministre de dire que l’acceptation du projet progressait. Il y a actuellement 170 site d’entreposage à Tochigi.

• Le Woods Hole Institute qui fait une surveillance citoyenne de la pollution marine commence à détecter la pollution de Fukushima au large des côtes japonaises. C’est la présence de césium-134, qui a une demi-vie de 2 ans, qui permet de signer l’origine. Les résultats sont très faibles, de quelques becquerels par m3.

Voir le communiqué de l’Institut et sa carte de résultats.

TEPCO s’est sentie obligée de publier un communiqué à ce propos. Elle ferait mieux de communiquer sur ses propres mesures. Surtout que ses commentaires sont douteux. Après avoir rappelé que les niveaux sont très faibles, la compagnie insiste pour dire que ses rejets en mer ont beaucoup baissé (heureusement !), ce qui est une façon détournée d’admettre que cela fuit toujours…

Plus prêt du Japon, les dernières données officielles sont ici.

• TEPCO aurait retiré tous les assemblages endommagés de la piscine du réacteur n°4. C’est une bonne nouvelle, elle va donc finir bientôt le vidage de la piscine. Ces assemblages étaient endommagés avant la catastrophe.

Voir les photos commentées en japonais et les vidéos.

• On s’en souvient, TEPCo a demandé à la famille d’un étudiante de rembourser les indemnités reçues une fois que cette dernière est partie étudier à Tôkyô car elle n’est plus considérée comme évacuée. La famille refuse et TEPCo aurait renoncé à porter l’affaire devant la justice.

Les autres familles dans une situation similaire ont consulté la commission ad-hoc et TEPCo a convenu de ne pas leur réclamer de remboursement des sommes déjà versées. En revanche, la compagnie refuse toujours de publier ses règles d’indemnisation.

Le Maïnichi, qui a révélé cette affaire, y est probablement aussi pour quelque chose dans le règlement favorable aux familles.

Vendredi 7 novembre 2014 :

• Trois travailleurs ont été blessés à la centrale de Fukushima daï-ichi, alors qu’ils travaillaient sur une cuve, suite à la chute d’un objet en acier. L’un a perdu connaissance. Ils ont dû tous les trois être transportés à l’hôpital par hélicoptère.

TEPCo a mis en ligne une photo du lieu du sinistre.

• Comme prévu, suite à vote favorable de son assemblée (38 oui sur 47 membres), le gouverneur de Kagoshima a donné son feu vert au redémarrage des deux réacteurs de Sendaï. Le redémarrage n’est pas encore pour tout de suite. Il y avait environ 400 manifestants anti-nucléaire devant l’assemblée régionale et à l’intérieur.

Comme les communes des alentours, qui n’ont pas été consultées, mais qui sont à la peine avec leurs plans d’évacuation, râlent, le gouverneur a simplement déclaré, lors de la conférence de presse, que les plans d’évacuation ne lui posaient pas de problème.

Les deux réacteurs ont une puissance de 890 MWhe chacun.

• Un hôpital de Fukushima a envoyé des résultats de contrôle de la thyroïde à une mauvaise adresse. 173 personnes ont reçu le résultat d’une autre personne… Parmi eux, il y a deux enfants où la taille du nodule nécessite un deuxième examen et ils ont reçu une lettre leur indiquant que ce n’était pas nécessaire.

• A Nasu, dans la province de Tochigi, où il y a de nombreuses résidences secondaires, les travaux de décontamination n’avancent pas car il est impossible de joindre de nombreux propriétaires. Selon le Maïnichi, seulement 3 361 maisons sur près de 20 000 ont été décontaminées au 4 novembre dernier. Mais il n’y a pas que cela, puisque 11 000 propriétaires ont donné leur accord. Une petite partie a refusé et 3 600 environ n’ont pas répondu. Certaines propriétés sont aussi abandonnées suite à un héritage et sont entrées en décrépitude.

Le problème ce sont les déchets. Ils sont actuellement laissés sur chaque propriété. Les autorités locales peuvent décontaminer une maison de vacances en cas de non réponse du propriétaire, à condition de l’annoncer dans la presse. En revanche, elles n’osent pas y laisser des déchets sans leur consentement.

Et comme l’eau de pluie lessive les sols contaminés avant de rejoindre, parfois, les jardins de résidents permanents, ces derniers demandent au gouvernement de faire quelque chose.

• J-Power, qui termine la construction d’une nouvelle centrale à Ôma (Aomori), va déposer un dossier de demande de démarrage, alors que le réacteur n’est pas terminé. Il s’agit d’une technologie nouvelle qui doit utiliser du combustible MOx, un mélange d’uranium et de plutonium. Les travaux de construction avaient commencé en 2008 et ont été suspendus en mars 2011 pour reprendre en octobre 2012.

La ville de Hakodaté, à Hokkaïdô, située à moins de 30 km, mais de l’autre côté du détroit de Tsugaru, a déposé plainte pour arrêter la construction.

Jeudi 6 novembre 2014 :

• Le maire et les habitants de Shioya à Tochigi ne veulent toujours pas d’un centre de stockage des déchets radioactifs issus de la catastrophe nucléaire car ils craignent pour leurs ressources en eau. Le maire propose donc que ces déchets soient mis à Fukushima, soit sur un des centres prévus ou sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Mais le ministre de l’environnement a refusé cette idée en disant que la province de Fukushima avait suffisamment souffert de cette catastrophe et que chaque province devait gérer ses propres déchets. Une réunion est prévue dimanche avec les maires de Tochigi concernés.

• Le président du quotidien Asahi, qui a été récemment dans la tourmente pour avoir publié des articles erronés sur l’implication du Japon pendant la guerre et avoir mal interprété les propos du directeur de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi à propos du retrait des travailleurs, va démissionner.

• Un collectif d’associations japonaises demande à l’UNSCEAR de revoir son rapport sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Le texte est ici en anglais. Il a été traduit en français ici.

• Voici quelques résultats de la contamination de l’eau de mer le long du rivage devant la centrale accidentée. Cela monte jusqu’à la centaine de becquerels par litre pour le césium 137.

• TEPCo a mis en ligne, en japonais, des vidéos sur le retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°4, ainsi que des photos.

• TEPCo a aspergé le réacteur n°1 de résines supposées fixer les poussières. Elle a mis en ligne des photos et vidéos démonstratives pour montrer l’impact des résines. On dirait un spot publicitaire.

Mercredi 5 novembre 2014 :

TEPCo annonce avoir retiré tous les 1 331 assemblages de combustibles usés de la piscine du réacteur n°4. Une belle prouesse. Ces assemblages, de 22 crayons chacun, sont provisoirement mis dans une piscine au niveau du sol, qui est plus stable.

En revanche, la compagnie reste discrète sur les 180 assemblages neufs qui restent car trois sont endommagés, depuis bien avant la catastrophe. Ces derniers seront transportés dans la piscine du réacteur n°6.

Pour les autres réacteurs, ce sera plus complexe car les être humains ne peuvent pas pénétrer à cause des débits de dose trop élevés.

• L’assemblée régionale de Kagoshima, réunie en cession extraordinaire, a débattu du redémarrage de la centrale de Sendaï. Le gouverneur a demandé aux membres de faire part de leur avis pour l’aider à prendre sa décision, alors qu’elle est déjà prise. Le vote, sans surprise, aura lieu vendredi 7 novembre. Le théâtre continue…

• Le risque volcanique continue de faire débat à propos de la centrale de Sendaï. En cas de risque, l’exploitant prévoit de retirer tout le combustible pour le mettre à l’abri. Mais la NRA vient d’estimer que cela prendrait 3 mois et qu’il faudrait donc prévoir l’éruption trois mois à l’avance… Ce qui est impossible. Chaque qu’il y aura suspicion, l’exploitant va arrêter sa centrale et retirer tout le combustible ?

La NRA ne sait encore comment ni où ce combustible serait transporté.

Mardi 4 novembre 2014

• La chambre basse du parlement japonais a adopté la loi sur le stockage des déchets radioactifs issus de la décontamination à Fukushima. Pour rappel, cette loi prévoit un entreposage de 30 ans maximum à Fukushima avec un stockage définitif en dehors de la province. Elle prévoit aussi la mise au point de technologies pour réduire les volumes gigantesques, de l’ordre de 25 à 30 millions de m3. Elle charge aussi une compagnie d’Etat, en charge du stockage des PCB, de trouver une solution de stockage définitif.

La loi doit encore passer à la chambre haute pour être validée, mais ce n’est pas parce que la loi est adoptée qu’elle sera effective. Trouver un nouveau site n’est pas facile et déplacer un tel volume, non plus. Il est peu probable que le gouvernement puisse tenir ses engagements.

• L’Asahi a interrogé 155 maires et gouverneurs ayant une centrale nucléaire sur leur territoire ou à moins de 30 km. 69 d’entre eux, ou 45%, demandent à ce que toutes ces communes et provinces soient consultées sur le redémarrage de la centrale en question. En restreignant aux 123 maires et gouverneurs qui n’hébergent pas la centrale, mais sont à moins de 30 km, ce nombre est de 66, ou 54%. Cela signifie qu’il n’y a que 3 maires ou gouverneurs qui hébergent une centrale qui sont d’accord de consulter leurs voisins ! Et encore, il y a parmi ces trois là, le maire de Tomioka dans la province de Fukushima où il n’y aura pas de redémarrage de la centrale de Fukushima daï-ni. Les deux autres sont le gouverneur de Shizuoka et le maire de Tôkaï (Ibaraki).

Les autres doivent craindre que cela retarde le processus et menace leurs finances…

Parmi toutes les personnes interrogées, 60, ou 39%, demandent au gouvernement de clarifier le processus de consultation et décision. Sur les 12 qui sont contre, il y a 9 maires ou gouverneurs qui hébergent une centrale…

• D’après le Maïnichi, les travailleurs à la centrale accidentée revêtent des combinaisons protectrices qui deviennent des déchets radioactifs. Et comme ils sont presque 6 000 par jour sur le site, cela s’accumule vite. Il y en aurait 33 300 m3 et cela augmenterait à raison de 1 000 m3 par mois. Sur l’équipement complet d’un travailleur, seuls les chaussures et masques sont réutilisés après nettoyage. Tout le reste, à savoir les combinaisons, les gants en trois épaisseurs, chaussettes en deux épaisseurs… sont à usage unique.

TEPCo veut construire un incinérateur sur place pour traiter ce problème, qui ne devrait pas être mis en service avant un an avec près de six mois de retard. Et encore, cette installation ne devrait pouvoir incinérer que 960 m3 par mois si l’on en croit la présentation faite à la NRA. Et le nombre de travailleurs devrait encore augmenter.

Il s’agit là d’un exemple illustratif du problème des déchets générés par le démantèlement des réacteurs accidentés pour lesquels la compagnie n’a aucune solution à proposer.

• La NRA a mis en ligne une traduction en anglais de son rapport sur l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi. Il fait 137 pages.

• L’entreprise américaine Kurion, engagée par le gouvernement japonais pour trouver un moyen de séparer le tritium, hydrogène radioactif, de l’eau contaminée à Fukushima – un travail à un milliard de yens – a publié un communiqué triomphant : non seulement, la compagnie prétend pouvoir séparer le tritium, mais elle va aussi générer du dihydrogène qui pourrait être utilisé comme combustible dans les piles à hydrogène.

Il y a déjà 400 000 m3 d’eau contaminée à traiter et Kurion prévoit d’en traiter le double. Elle prévoit de produire 90 000 tonnes de dihydrogène.

La compagnie prétend pouvoir adapter la performance du système au niveau requis par la demande sociétale, en restant discrète sur le coût et l’énergie consommée, et le devenir du tritium séparé.

Lundi 3 novembre 2014 :

• Le Japon a effectué un exercice de crise à la centrale de Shika (Ishikawa), en supposant qu’un séisme a coupé l’alimentation électrique et que le refroidissement de la centrale a dû s’arrêter. Un exercice d’évacuation de quelques personnes a été fait. Les autorités régionales prévoyaient d’évacuer certains habitants par la mer, mais le mauvais temps ne l’a pas permis et il n’y avait pas de moyens de substitution. Il y a eu aussi des problèmes de visio-conférence, sans le son qui passe.

(L’Allemagne a aussi fait un exercice de crise nucléaire qui a tourné au désastre et elle l’a tenu secret…)

• Un groupe de travail de la société japonaise de vulcanologie propose à la NRA de revoir ses critères de sûreté nucléaire face au risque d’éruption volcanique qui est peu prédictible.

• Suite au report du démarrage de l’usine de retraitement de Rokkashô et au démarrage des réacteurs nucléaires, la Fédération japonaise des compagnies d’électricité vient de reporter la mise en place du programme dit Pluthermal qui consiste à réutiliser le plutonium extrait des combustibles usés sous la forme de combustible MOx dans les réacteurs classiques.

16 à 18 réacteurs devaient utiliser ce combustible à partir de 2015… et il n’y aura même pas 16 réacteurs en fonctionnement en 2015 ! Originellement, c’était même prévu pour 2010, mais plusieurs scandales ont entraîné des retards. Cette fois-ci, la fédération ne donne plus de calendrier car elle ne sait même pas combien de réacteurs pourront redémarrer, in fine.

En attendant, le Japon a toujours sur les bras un stock de plutonium séparé de 47,1 tonnes.

• Le ministre de l’industrie est allé expliquer la nécessité de redémarrer les deux réacteurs de Sendaï (Kagoshima) et le gouverneur s’est dit satisfait. Quelle mise en scène ! Le gouverneur est favorable au redémarrage et il ne pouvait qu’être satisfait.

Dimanche 2 novembre 2014 :

• L’Asahi révèle que la compagnie Japan Atomic Power Co., qui produisait du courant électrique d’origine nucléaire pour le vendre aux compagnies d’électricité, a fait une donation de 1,54 milliards de yens (11 millions d’euros) à la commune de Tsuruga (Fukui) et lui aurait demandé de garder le secret. Cette compagnie est dans une situation difficile puisqu’aucun de ses réacteurs ne devraient être autorisés à redémarrer. Ceux de Tsuruga sont sur une faille classée active par la NRA et celui de Tôkai (Ibaraki) est trop vieux. Ce dernier, qui a plus de 35 ans, a été touché par le séisme et tsunami du 11 mars 2011. Ses câbles électriques sont inflammables et il y aurait presque 1 million d’habitants à évacuer dans un rayon de 30 km en cas d’accident, dont la capitale régionale Mito.

Mais, le contrat que Japan Atomic Power Co. a signé avec les compagnies d’électricité clientes lui assure des revenus, même sans rien produire, ce qui a évité sa faillite. Elle reçoit ainsi chaque année plus de 100 milliards de yens (700 millions d’euros) de 5 principaux clients, sans rien produire. In fine, ce sont donc les consommateurs qui payent.

Ces donations sont donc choquantes. Elles ont commencé en 2009, pour financer des routes. Le bilan financier de la commune a fait apparaître un total de 440 millions de yens jusqu’en mars 2012. Puis, en mai 2012, quand le gouvernement a instruit la demande d’augmentation de tarif de KEPCo et TEPCo, il a critiqué les contrats les liant à Japan Atomic Power Co.. Les donations sont alors devenues secrètes… A la fin mars 2013, il y a eu 410 millions supplémentaires de versés à la commune. Puis 670 millions en décembre 2013 et 19 millions en mars 2014.

• Dans un éditorial expliquant pourquoi le redémarrage de la centrale de Sendaï (Kagoshima) est prématuré, le Japan Times, cite, en particulier, le plan d’urgence nucléaire qui n’est pas finalisé. Il n’est pas instruit par la NRA, bien qu’il s’agisse du 5ième niveau de « défense en profondeur ».

Les moyens de transport pour les personnes qui n’ont pas de véhicules et les patients des hôpitaux et cliniques ne sont pas connus précisément. Les lieux d’accueil où la contamination des évacués sera contrôlée ne sont pas encore désignés. Et puis, les autorités ne vont distribuer des comprimés d’iode que dans un rayon de 5 km. Elles n’ont pas encore terminé, puisque seulement 70% des personnes concernées les ont reçus. C’est 10 km en France, 20 en Belgique et 50 en Suisse…

Samedi 1er novembre 2014 :

• Comme prévu, le coût de l’électricité augmente de 12,43% en moyenne pour les ménages de Hokkaïdô à partir de ce jour. Pour les gros consommateurs, c’est 16,48% en moyenne. Une deuxième augmentation est prévue en avril 2015.

L’électricité de la région était l’une des moins chères du pays. C’est devenu l’une des plus chères, avec la région de Tôkyô et Okinawa.

Sur les 10 compagnies d’électricité, 8 affichent des profits pour les 6 premiers mois de l’année fiscale (1er avril – 30 septembre). Seules Hokkaidô Electric et Kyûshû Electric restent dans le rouge.

TEPCo a reporté des investissements et a une meilleure efficacité de sa production.

TEPCo a commencé à retirer les combustibles usés de la piscine du réacteur n°5 de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Vendredi 31 octobre :

• Après avoir déchiré accidentellement la couverture du réacteur n°1, TEPCo a finalement retiré l’armature centrale avec six panneaux. La compagnie va contrôler les poussières et en retirer d’autres dans les jours qui suivent. TEPCo va observer les poussières pendant un mois avant de remettre les panneaux. Elle démantèlera le chapiteau à partir de mars 2015, si tout va comme prévu.

Rappelons qu’il y a 392 assemblages de combustibles dans cette piscine et que 70 d’entre eux sont endommagés. Cela date d’avant la catastrophe et TEPCo ne sait pas encore comment les retirer. Le retrait ne devrait pas commencer avant 2019.

TEPCo a mis deux photos en ligne.

Alors que ces poussières inquiètent suite aux rejets liés au retrait des débris dans le réacteur n°3, un des commissaires de la NRA affirme qu’il est peu probable que les poussières du réacteur n°3 aient entraîné la contamination du riz à plus de 20 km. La quantité rejetée le 19 août 2013 serait de 110 GBq (110 milliards de becquerels), ce qui est moins que l’estimation de TEPCo (130 à 260 GBq). Pour cela, elle a analysé les données des balises au Nord Nord-Ouest de la centrale ce jour là. Cela représenterait un incident de niveau 0 sur l’échelle internationale INES.

De plus, les poussières ne sont généralement pas transportées aussi loin. Le commissaire avance plutôt la contamination de l’eau qui irrigue les rizières pour expliquer l’augmentation notée, mais cette hypothèse n’est basée sur aucune mesure ou étude.

Tout comme TEPCo, la NRA ignore les résultats de surveillance indépendante effectuée par des universitaires qui mentionnaient plusieurs rejets significatifs. Il n’y a pas eu que le 19 août.

Chikurin, le laboratoire associatif monté avec le soutien de l’ACRO, a mis en place un système de mesure des retombées des poussières radioactives et effectue aussi sa propre surveillance maintenant.

• Kansaï Electric (KEPCo) a resoumis son dossier de demande de redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Takahama. Selon les médias japonais, ce pourrait être la deuxième centrale à redémarrer, mais encore tout de suite.

• Taïwan a interdit l’importation de produits alimentaires provenant de 5 provinces japonaises suite à la contamination radioactive. Le pays fait aussi des contrôles sur les aliments importés. Il pourrait revoir sa politique en 2015 en exigeant des certificats de provenance et de contrôle de la radioactivité pour certains aliments.

• Toutes les compagnies d’électricité devraient pouvoir faire face à la demande cet hiver. Le gouvernement ne va donc pas fixer d’objectif de réduction de la consommation, même à Hokkaïdô, où il fait froid.

• TEPCo a mis en ligne ses résultats financiers pour les six premiers mois de l’année fiscale (1er avril – 30 septembre). Elle est bénéficiaire.

• TEPCo a soudainement fait apparaître un nouveau puits de contrôle de l’eau souterraine autour du réacteur n°2 et la contamination en bêta total y est de 3,2 millions de Bq/L et celle en tritium, de 84 000 Bq/L (prélèvement du 29 octobre 2014). Pourquoi elle ne publiait rien auparavant pour ce puits ?

Jeudi 30 octobre :

• TEPCo et le gouvernement devraient revoir le calendrier de démantèlement du réacteur n°1. Le retrait des combustibles de la piscine devait débuter en 2017, ce sera 2019. Le retrait du combustible fondu (corium) devait commencer en 2020, ce sera 2025.

Le calendrier pour le réacteur n°2 pourrait aussi être revu à cause du fort niveau de débit de dose qui y règne.

Pour le réacteur n°3, le retrait des débris est suspendu suite à la chute d’une lourde pièce en août dernier.

• Ce n’est pas une surprise, mais c’est maintenant officiel, le démarrage de l’usine de traitement des combustibles usés de Rokkashô-mura est reporté à mars 2016. C’est le 21ième ou 22ième report selon les médias. Officiellement, c’est dû au renforcement des critères de sûreté et au temps nécessaire pour les inspections. Elle aurait dû démarrer en 1997, initialement.

• KEPCo devrait annoncé être en déficit pour la quatrième année consécutive si elle ne redémarre pas de réacteur nucléaire d’ici la fin de l’année fiscale. Rappelons que TEPCo, avec tous ses réacteurs arrêtés et un accident à gérer va faire du profit, sans compter les indemnisations. Surprenant tous ces comptes.

• Dale Klein, ancien patron de la sûreté nucléaire aux Etats-Unis, maintenant conseiller de TEPCo, a suggéré que la compagnie fasse appel à un homologue américain pour inspecter sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Ce serait une première au Japon.

La compagnie peine à convaincre que sa centrale est sûre. Certains réacteurs sont sur une faille désormais considérée comme active. Et le gouverneur de Niigata a clairement fait savoir qu’il était contre le redémarrage tant que toute la lumière n’a pas été faite sur l’accident de Fukushima. Il s’agit donc, avant tout, d’une manœuvre pour convaincre ces protagonistes.

• Alors que le marché de l’électricité va être ouvert en 2016, le ministère de l’industrie envisage de restreindre la publicité sur les énergies renouvelables. Les producteurs et revendeurs qui bénéficieront du tarif de rachat favorable ne pourront pas d’afficher « énergie 100% renouvelable » ou « électricité verte » dans les publicités. Ceux qui n’en bénéficieront pas, pourront.

Mercredi 29 octobre :

• Les habitants de Shioya dans la province de Tochigi ont demandé au Ministère de l’environnement d’abandonner le projet de centre de stockage des déchets radioactifs générés par la catastrophe nucléaire. Le maire et un représentant de la comme de 12 000 habitants ont remis une pétition signée par 173 000 personnes à travers le Japon. Ils ont expliqué, notamment, que le projet menaçait les ressources en eau de la commune.

Une réunion est prévue le 9 novembre prochain entre des représentants du ministère et les maires de Tochigi. Le maire réitérera l’opposition de sa commune.

• Les déchets radioactifs issus de la décontamination des cours d’école de Fukushima, qui sont souvent encore dans la cour, ne seront pas transférés vers les centres de stockage que le gouvernement veut ouvrir dans deux communes situées près de la centrale de Fukushima daï-ichi, car la loi sur les déchets générés par la catastrophe a été votée en janvier 2012, après les travaux de décontamination.

Les autorités régionales réclament que ces déchets soient pris en charge comme les autres, mais le gouvernement n’a pas donné de réponse claire pour le moment.

• KEPCo, l’exploitant de la centrale d’Ôï dans la province de Fukui, a dû revoir à la hausse la secousse maximale qui pourrait ébranler les réacteurs nucléaires. Il avait initialement proposé 700 gals avant d’être obligé de revoir sa copie. Il a ensuite proposé 856 gals, qui viennent d’être acceptés par la NRA. Il va falloir maintenant faire des travaux pour renforcer la résistance aux séismes, qui devraient prendre au moins un an.

La NRA doit maintenant évaluer la hauteur maximale du tsunami estimée par l’exploitant.

• Le vote positif de la commune de Satsumasendaï en faveur du redémarrage des réacteurs nucléaires de Sendaï, même s’il n’est pas une surprise, suscite de nombreux commentaires. Le maire, fervent partisan du nucléaire, qui a été réélu en 2012 à une forte majorité, avait fait campagne en annonçant qu’il soutiendrait le redémarrage. Suite au vote de son conseil municipal, il a même déclaré qu’il estimait que la centrale était sûre à 100%, même si elle devait subir une agression externe similaire à celle de Fukushima daï-ichi. Il est bien le seul à faire ce genre d’affirmations.

La commune reçoit chaque année fond de soutien gouvernemental de 1,2 milliards de yens (8,7 millions d’euros) d’un fond de soutien gouvernemental, auxquels il faut ajouter 400 millions de yens (2,9 millions d’euros) de taxe sur les combustibles nucléaires. Kyûshû Electric a versé en tout 27 milliards de yens (200 millions d’euros au cours actuel) à la ville, sur les 30 ans de fonctionnement de la centrale. La contribution à l’économie est estimée à environ 600 millions de yens (4,4 millions d’euros) par an, selon la chambre de commerce.

Une autre commune, Aïra, située partiellement dans la zone de préparation à l’évacuation de 30 km autour de la centrale a voté, en juillet dernier, contre le redémarrage de la centrale et pour son arrêt définitif. Deux autres communes, Ichikikushikino et Hioki, situées entièrement dans cette zone, ont voté des résolutions demandant à être consultées, comme on l’a déjà signalé. Ichikikushikino ne reçoit que 90 millions de yens (655 000 euros) par an du fond gouvernemental, soit moins d’1% de son budget. Mais le gouverneur a décidé que la commune qui héberge la centrale suffit, en l’absence de règles officielles.

Ce genre de problème n’est pas limité à la centrale de Sendaï. Partout au Japon, les communes qui doivent préparer des plans d’évacuation demandent légitimement à avoir droit au chapitre.

• TEPCo voulait pomper l’eau souterraine au pied des réacteurs, la décontaminer partiellement et le rejeter en mer, mais elle vient d’abandonner le projet face à l’opposition des pêcheurs. Il faut dire que les niveaux de contamination peuvent être très élevés et que la compagnie est restée vague sur les performances du traitement de l’eau. A titre d’exemple, la contamination bêta totale dans le puits 1-6 est passée de 1,4 million de Bq/l à 2,5 millions de Bq/L entre les prélèvements des 23 et 27 octobre. Et pour l’eau pompée en amont, TEPCo s’est engagée à ce qu’elle ne dépasse pas 5 Bq/L en bêta total avant rejet dans l’océan.

TEPCo a mis en ligne un schéma avec ses différents dispositifs de traitement de l’eau contaminée. Cela devrait aider à comprendre ses communiqués, entre la station ALPS, la station ALPS améliorée et la station ALPS à haute performance…

Mardi 28 octobre :

• Alors que TEPCo continue à faire des petits trous dans la couverture du réacteur n°1 à l’aide d’une grue télécommandée, un coup de vent a déchiré la toile et le trou fait maintenant un mètre sur 2 mètres, au lieu de 30 cm sur 30 cm.

La compagnie a affirmé qu’elle n’avait pas détecté d’augmentation du taux de poussières radioactives.

Pour le moment, les travaux sont suspendus et TEPCo ne sait pas quand ils reprendront.

Voir la photo mise en ligne par TEPCo.

• Sans surprise, le conseil municipal de Satsumasendaï a voté en faveur du redémarrage de la centrale nucléaire de Sendaï qui est sur son territoire. 19 élus ont voté pour, 4 contre et 3 se sont abstenus.

Cette commune de 100 000 habitants dépend financièrement de la manne financière de la centrale et c’est la seule qui sera consultée, comme on l’a déjà rapporté. Les autres communes situées à moins de 30 km des réacteurs, qui doivent préparer des plans d’évacuation en cas d’accident, ne sont pas consultées. Elles demandent à avoir droit au chapitre.

Lors d’une conférence de presse, le maire a décliné toute responsabilité en cas d’accident.

• Le nouveau ministre de l’industrie va finalement vendre les actions de TEPCo qu’il possède à la fin de son mandat et il affirme qu’il va donner l’argent à la reconstruction de Fukushima.

Selon le Maïnichi, TEPCo a établi que les étudiants qui partent étudier ne sont plus considéré comme « évacués » et doivent rembourser les indemnités qu’ils auraient perçues durant cette période. Le quotidien a obtenu un document interne qui explique que si le bail a été signé avant le 11 mars 2011, l’étudiant n’est plus considéré comme réfugié à partir du moment où il déménage. Et comme il n’y a pas d’université dans la zone évacuée, cela concerne beaucoup de monde.

TEPCo ne communique pas sur le sujet et refuse de rendre publiques les règles qui lui servent à indemniser. Un millier d’élèves originaires des zones évacuées ont terminé le lycée au printemps 2011 (cf 23 octobre) et sont donc potentiellement concernés.

• Comme cela faisait longtemps que je ne l’ai pas relayé, voici des résultats de la contamination de l’eau de mer.

• Peu d’équipes de recherche s’intéressent aux effets des faibles doses de radioactivité sur la faune, la flore et écosystèmes. L’IRSN vient de publier une note qui critique la plupart de ces études pour leur manque de puissance statistique ou pour les biais dans l’évaluation des doses reçues. Mais l’institut ne propose pas d’étude « modèle » ni de résultat.

• Il y a quelques jours, TEPCo a annoncé, en japonais uniquement, avoir observé une augmentation soudaine de la contamination radioactive de l’eau souterraine dans des puits de contrôle situés près du réacteur n°2. L’un a eu une concentration en césium qui a atteint 428 000 Bq/L et l’autre 458 000 Bq/L. Les niveaux auraient baissé depuis et seraient 10 fois moindre. Et TEPCo se met à mettre les tableaux de résultat en ligne… (Voir, par exemple, les résultats publiés les 25, 26, 27, 28 octobre).

La contamination est toujours 10 fois plus élevée que dans les puits voisins.

Lundi 27 octobre :

• TEPCo a retiré 1 342 assemblages sur 1 533 de la piscine du réacteur n°4.

Dimanche 26 octobre :

• C’est jour d’élection pour le poste de gouverneur à Fukushima et c’est le vice-gouverneur, Masao Uchibori, qui l’aurait emporté. Le gouverneur sortant ne s’est pas porté candidat. Il avait le soutien des principaux partis japonais, majoritaires comme d’opposition.

• Voir le dernier bilan officiel des travaux de décontamination effectué par le ministère de l’environnement. C’est en anglais.

Samedi 25 octobre :

• Le gouvernement japonais a accepté de ratifier une des conventions internationales en cas d’accident nucléaire. Il va soumettre la ratification au parlement.

Il s’agit de la Convention sur les Compensations en cas d’Accident nucléaire qui traite des problèmes transfrontaliers. Il y a d’autres conventions concurrentes.

Celle là n’a été ratifiée que par 5 pays, dont les Etats-Unis. Mais pour qu’elle entre en force, il faut qu’elle ait été ratifiée par des pays qui totalisent au moins 400 000 MWhe installés. Ce sera le cas si le Japon rejoint ce traité. Les Etats-Unis poussent le Japon à le faire.

Cette convention limite la responsabilité à l’exploitant de la centrale et du pays hôte. Le fabriquant est épargné. L’industrie nucléaire japonaise, qui voit le marché intérieur fermé, espère construire des réacteurs à l’étranger. Elle pousse donc aussi à la ratification. Elle ne pourra pas être tenue responsable en cas d’accident. Le Japon va donc pousser les pays client à rejoindre le traité.

A noter que l’Inde, qui a souffert de la tragédie de Bhopal, refuse cette carte blanche.

Un pays signataire s’engage à provisionner 438 millions de dollars pour faire face à un accident. Si le coût dépasse cette somme, les autres pays signataires doivent mettre la main à la poche pour payer le reste au prorata de la puissance électrique nucléaire installée.

• Le Maïnichi continue à enquêter sur les dispositions et règles cachées de la commission en charge d’évaluer le niveau d’indemnisation. Ce quotidien a déjà mis en évidence, par le passé, que le taux de responsabilité de TEPCo avait été fixé à 50%, indépendamment des documents fournis par les victimes. Il a demandé au ministère des sciences et technologies, qui supervise la commission, à avoir accès aux comptes-rendus des réunions qui ont eu lieu à propos de l’établissement des standards, mais cela lui a été refusé.

Le ministère a reconnu avoir ces comptes-rendus, mais refuse de les transmettre au journal sous prétexte que cela empêchera les membres de parler librement, entachera leur neutralité et créer de la confusion dans le public.

Le quotidien a aussi demandé la liste des personnes qui évaluaient les dossiers pour voir si elles étaient vraiment indépendantes de TEPCo, mais la liste fournie par le ministère était entièrement noircie.

• Les autorités ont effectué un exercice de crise à la centrale de Tomari à Hokkaïdô qui a consisté en l’évacuation d’un millier de personnes et à la distribution de comprimés d’iode, ou plutôt d’un ersatz dans ce cas, à une trentaine de personnes de Kyowa, commune située à moins de 5 km de la centrale. C’est la première fois que cette distribution est testée, alors que les nouveaux plans prévoient une pré-distribution, comme en Europe. Les comprimés n’ont pas été distribués aux femmes qui allaitent ou à leur enfant car rien n’est prévu pour eux !

• TEPCo pense être bénéficiaire cette année suite à la chute des prix du pétrole et à la demande pas trop élevée durant l’été qui a été moins chaud que la moyenne. Cela ne prend pas en compte l’indemnisation des victimes de la catastrophe qui est avancée, sans intérêts, par le gouvernement.

• Le site prévu pour le stockage des déchets radioactifs à Kami est toujours bloqué et les représentants du ministère venus effectuer des prélèvements ont été repoussés pour la deuxième fois consécutive.

• Les médias mentionnent une autre augmentation fulgurante de la contamination radioactive de l’eau souterraine que TEPCo ne peut pas expliquer dans deux puits situés près du réacteur n°2. La compagnie a stoppé les pompages.

C’est aussi ici en japonais.

Vendredi 24 octobre :

• Le gouvernement a dû suspendre les investigations sur des sites pressentis pour accueillir les déchets radioactifs dus à l’accident nucléaire suite à une manifestation des opposants.

Le gouvernement a présélectionné 3 sites dans la province de Miyagi et devait commencer les études géologiques ce jour. Mais à Kami, entre 40 et 50 opposants, dont le maire de la commune, attendaient les représentants du ministère sur le site.

Le ministère a donc suspendu les forages sur les trois sites. Les deux autres sont à Taïwa et Kurihara.

• Les procureurs ont décidé de prolonger leurs investigations avant de décider s’ils mettaient en examen 3 anciens dirigeants de TEPCo pour négligence. La décision est attendue pour février 2015.

Rappelons que l’an dernier, les procureurs avaient refusé de mettre en examen une trentaine de cadres de TEPCo, des hauts fonctionnaires et des membres du gouvernement. Mais un jury de citoyens tirés au hasard les a enjoint de reconsidérer le cas de trois anciens dirigeants de la compagnie. Si les procureurs maintiennent leur position, la mise en examen reste possible si 8 membres du jury sur 11 le demandent.

• Le Ioyama, un volcan situé à 64 km de la centrale de Sendaï (Kagoshima), montre des signes d’activité. Les récentes secousses laissent penser qu’une petite éruption est possible. Les spécialistes écartent tout risque d’éruption majeure pour le moment. Les autorités ont donc demandé de s’éloigner du sommet. L’accès est aussi interdit au sommet de Sakurajima, aussi situé dans les environs de la centrale de Sendaï.

• Le nouveau ministre de l’industrie aurait affirmé que la part du nucléaire serait inférieure à 30%, qui était sa part dans la production d’électricité avant mars 2011. Ce serait la première fois qu’un ministre s’avance sur ce taux depuis la catastrophe nucléaire. Avec un tiers à la moitié du parc nucléaire qui ne pourra jamais redémarrer, ce n’est, pourtant, une surprise pour personne.

C’est 0% depuis plus de 13 mois.

• La contamination en tritium de l’eau souterraine pompée entre les réacteurs 2 et 3 vient de battre un nouveau record avec 13 000 Bq/L (prélèvement du 19 octobre).

Jeudi 23 octobre :

• Le nouveau ministre de l’industrie et de l’économie est actionnaire de TEPCo. Il possède 600 actions qui ne valent plus grand-chose, de l’ordre de 2 000 euros au cours actuel. Ce n’est pas un délit, mais cela va entamer sa crédibilité. Il a pensé les vendre en devenant ministre, mais a finalement pensé qu’il se devait de soutenir la compagnie nationalisée. Il doit surtout être impartial.

• Selon le Maïnichi, il y aurait 17 centrales thermiques au charbon en construction ou planifiées au Japon, avec une puissance cumulée de 8 270 GWhe. En parallèle, trois centrales à charbon anciennes doivent fermer. Cela va induire une augmentation importante des émissions de gaz à effet de serre, de 3,9% par rapport aux émissions totales de 2012. Les autorités japonaises ne semblent pas envisager une politique sérieuse de diminution de la consommation d’énergie.

• Selon le Maïnichi, TEPCo réclame à une étudiante de 21 ans de lui rembourser une partie des indemnisations qu’elle a reçues, environ 9 millions de yens (66 000 euros) sur 16 millions (117 000 euros), mais cette dernière refuse.

TEPCo avait déjà réclamé des remboursements à ses employés. C’est la première fois qu’elle le fait pour quelqu’un d’extérieur à la compagnie.

Que s’est-il passé ? Cette jeune fille terminait le lycée à Futaba en mars 2011 et toute sa famille a dû évacuer. Elle était acceptée dans une école d’infirmière dans la région de Tôkyô avant le 11 mars 2011, y est allé et a maintenant terminé ses études. Elle travaille dans un hôpital. Les parents se sont rendus dans un bureau de TEPCo, en juin dernier, pour régler leur situation vis à vis des indemnisations et ont clarifié la situation de leur fille. En septembre 2014, ils ont reçu une demande de remboursement car la compagnie estime qu’elle avait choisi avant la catastrophe d’aller à Tôkyô et qu’elle cessait donc d’être évacuée à partir du moment où elle a déménagé. Elle réclame donc le remboursement de 7,3 millions de yens versés au titre de l’indemnisation de la souffrance mentale, 480 000 yens au titre de l’évacuation et 1,28 millions de yens pour les effets personnels perdus. Sur ce dernier point, TEPCo estime qu’en allant étudier dans une autre région, elle doit, de toute façon, racheter des effets personnels et qu’elle n’a pas à indemniser ce qui a été perdu…

Les parents sont scandalisés : la famille est originaire d’une zone de « retour difficile », euphémisme pour dire retour impossible avant longtemps. Quand leur fille est partie faire ses études, elle n’était pas indépendante financièrement et elle ne peut toujours pas revenir dans sa commune d’origine. Et TEPCo n’a jamais rendu publiques les conditions d’indemnisation. Elle a aussi refusé de justifier sa décision quand elle a été interrogée par le quotidien.

TEPCo indemnise environ 80 000 personnes actuellement et les changements de situation pour étude, changement professionnel ou suite à un mariage vont se multiplier. Un millier d’élèves originaires des zones évacuées ont terminé le lycée au printemps 2011. S’ils ont quitté la région, il se peut que TEPCo leur réclame aussi un remboursement des indemnisations. Une femme évacuée qui s’est mariée en octobre 2011 et a quitté la région, a vu ses indemnisations au titre de la souffrance mentale coupées. Elle estime que sa souffrance n’a pas cessé, a déposé une demande d’arbitrage et a obtenu gain de cause. Les indemnisations ont repris.

Il faudrait que les autorités édictent des règles justes et claires.

Mercredi 22 octobre :

• Il y a eu une réunion entre la NRA et Kyûshû Electric à l’issue de laquelle l’autorité a expliqué que l’exploitant n’a pas fourni d’explications suffisantes sur la tenue aux séismes et d’autres problèmes.

• TEPCo a commencé à percer la couverture du réacteur n°1 à l’aide d’une grue télécommandée. La compagnie va faire 48 trous et asperger un produit chimique pour fixer les poussières.

Il y a deux photos en ligne sur le site de TEPCo en anglais et deux autres sur le site en japonais, avec des vidéos. On y voit les 8 trous déjà faits et l’aspersion du produit chimique.

Le retrait du chapiteau devrait être terminé en mars 2016. Le retrait des combustibles de la piscine devrait commencer deux ans plus tard, après avoir retiré les débris.

• TEPCo a présenté son nouveau plan de démantèlement. Il y en a toujours pour 30 à 40 ans. Le retrait des combustibles usés devrait se terminer cette année pour la piscine du réacteur n°4. Il devrait commencer en 2015 pour le réacteur n°3. Pour les réacteurs 1 et 2, ce n’est pas pour tout de suite. Le débit de dose dans le réacteur n°2 reste très élevé et pour le réacteur n°1, la compagnie commence à peine des travaux de retrait de la couverture.

TEPCo a reçu 8,8 milliards de yens (64 millions d’euros) d’aide financière. C’est le 33ième versement. Il s’agit d’un prêt sans intérêt.

Mardi 21 octobre :

• Le Wood Holes Oceanic Institution, qui fait une surveillance citoyenne de la contamination radioactive du Pacifique, côté américain, a mesuré, pour la première fois, un échantillon d’eau de mer avec du césium 134, qui a une demi-vie de 2 ans et qui provient donc probablement de Fukushima. Il y a 0,7 Bq/m3, soit 0,000 7 Bq/L.

Sur la carte de résultats, il y a une longue traversée avec un point plein. Il faut cliquer dessus. L’échantillon a été prélevé à environ 1 200 km à l’Ouest de Vancouver, à une profondeur de 25 m.

• Le Yomiuri, journal conservateur qui se fait souvent le porte-parole du village nucléaire, consacre un article aux conditions de travail difficiles à la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi et au manque de main d’œuvre.

Il y a 5000 à 6000 travailleurs par jour sur le site de la centrale. Ils se plaignent des conditions de travail qui se dégradent, du manque d’espace pour se reposer… TEPCo serait en train de construire un bâtiment de repos avec 1 200 places.

Comme il y a un manque de main d’œuvre, tout le monde est accepté. Même pour l’encadrement, il y a un manque de personnes qualifiées. Et de citer le cas d’un chef d’équipe qui n’a que quelques mois d’expérience dans une autre centrale nucléaire.

Les CDD à court terme proposés par plusieurs niveaux de sous-traitance n’aident pas à avoir des personnes qualifiées qui préfèrent allez voir ailleurs.

• TEPCo communique sur sa station de traitement des eaux contaminées, ALPS. Elle vient d’installer deux unités supplémentaires, dont une est une nouvelle version ALPS2.0, plus performante. Elle devrait pouvoir traiter 500 m3/jour. La compagnie espère ainsi arriver à un total de 2 000 m3/jour. Mais elle inclut une unité qui ne traite que le strontium, en plus du césium, et qui ne propose pas une décontamination poussée.

ALPS2.0 produirait moins de déchets que ALPS et a été partiellement financée par le gouvernement qui a versé environ 15 milliards de yens (0,1 milliard d’euro).

• Le nouveau ministre de l’industrie a immédiatement endossé la politique gouvernementale en faveur du nucléaire, expliquant que le nucléaire est une énergie de base importante, qu’il soutiendrait le redémarrage des réacteurs qui ont reçu un avis positif de la NRA, qu’il soutiendrait le développement des énergies renouvelables et qu’il ferait tout pour limiter la part du nucléaire à son strict minimum. C’est contradictoire, mais si ça passe…

Avec tous les réacteurs arrêtés, la part du nucléaire est actuellement à son strict minimum.

En revanche, interrogé lors de sa première conférence de presse sur le périmètre des communautés locales qui doivent être consultées avant tout redémarrage d’une centrale, il a refusé de se prononcer, renvoyant la balle aux communautés locales… Le gouvernement s’est engagé à recueillir la compréhension et la coopération des « communautés locales », sans plus de détails. Comme on l’a déjà rapporté, celles qui touchent de l’argent du nucléaire sont en faveur du redémarrage et celles qui n’en touchent pas, mais doivent se préparer à évacuer en cas d’accident, sont plus réticentes.

Lundi 20 octobre :

• Le groupe de travail mis en place par le conseil municipal de Satsumasendaï a voté en faveur du redémarrage de la centrale de Sendaï. Le conseil municipal devrait suivre lors de sa réunion qui devrait avoir lieu le 28 octobre. Ce n’est pas une surprise car la commune est dépendante de la manne du nucléaire. C’est aussi pour cela que ce sera la seule commune consultée officiellement.

Sur les 10 membres du groupe de travail, 6 ont voté pour le redémarrage, 2 contre, et deux se sont abstenus. Le redémarrage de la centrale de Sendaï ne fait pas l’unanimité, même à Sendaï. Des manifestants contre le redémarrage se sont heurtés à des élus municipaux membres du groupe de travail.

Il y a aussi eu la dernière réunion publique sur le redémarrage de la centrale.

• Le premier ministre Abe avait choisi une jeune ministre de l’économie et de l’industrie, mère de deux jeune enfants. C’était la première femme à ce poste. Elle avait pour mission de rassurer à propos du nucléaire. Dans les faits, ses propos dans les médias n’étaient pas plus pertinents que ceux du premier ministre. Elle répétait, comme lui, que la « situation est globalement sous contrôle » à la centrale de Fukushima daï-ichi ou que le Japon a le référentiel de sûreté le plus strict au monde, sans jamais démontrer ces assertions.

Elle vient de démissionner suite à l’utilisation litigieuse d’argent public et a été remplacée dans la journée par Yoichi Miyazawa. Après la fille d’un ancien premier ministre, le Japon aura le neveu d’un ancien premier ministre à l’économie.

TEPCo a retiré 1342 assemblages de la piscine du réacteur n°4.

• La contamination radioactive de l’eau souterraine dans le puits de contrôle 1-6 vient de remonter en flèche, sans pour autant battre un nouveau record. Dans le prélèvement du 17 octobre, il y avait 5,1 millions de Bq/L en bêta total, dont 200 000 Bq/L de césium 137.

Dimanche 19 octobre :

• On l’a déjà dit plusieurs fois sur cette page, plus du tiers du parc nucléaire japonais ne redémarrera jamais. 7 réacteurs auront plus de 40 en 2016. D’autres sont sur des failles considérées comme actives. Ou ceux de Fukushima daï-ni, qui ont été inondés par de l’eau salée qui font face à une forte opposition locale, ne devraient jamais démarrer non.

La question est de savoir quels réacteurs seront officiellement arrêtés les premiers. Cela risque d’aller plus vite que le redémarrage car les exploitants n’ont que jusqu’en juillet 2015 pour demander une prolongation au-delà de 40 ans. Parmi ces 7 réacteurs, 5 sont de faible puissance : les n°1 et 2 de Mihama (Fukui), le n°1 de Tsuruga (Fukui), qui est en plus sur une faille sismique, le n°1 de Shimané et le n°1 de Genkaï (Saga). Ils pourraient être les premiers.

Les exploitants craignent pour leurs avoirs si les réacteurs sont officiellement déclassés et les élus locaux qui dépendent de la manne nucléaire s’inquiètent. Mais, la décision d’arrêter ces réacteurs semble inéluctable. Ce n’est qu’un début…

Samedi 18 octobre :

• Toshitsugu Fujii, un éminent vulcanologue japonais, qui préside le groupe gouvernement sur la prédiction de l’éruption des volcans, a expliqué qu’il était impossible d’assurer que les réacteurs de Sendaï étaient à l’abri du risque volcanique. La NRA a estimé que la probabilité d’une éruption majeure dans l’un des nombreux volcans situés dans les environs de cette centrale était très faible, ce que conteste T. Fujii : « il est simplement impossible de prédire une éruption dans les 30 à 40 ans ». On ne peut les prédire que quelques heures avant, voire jours, au mieux. Il y a 90 000 ans, la coulée pyroclastique d’un de ces volcans aurait atteint une distance de 145 km. Une telle coulée au Sakurajima pourrait très bien atteindre la centrale de Sendaï située à 40 km. Les cendres pourraient rendre l’accès à la centrale impossible. Elles pourraient affecter une grande partie du Japon, dont toute la partie Ouest avec ses nombreux réacteurs nucléaires.

Dans son dossier de sûreté, l’exploitant prévoit de garantir l’accès à la centrale avec une épaisseur de cendre allant jusqu’à 15 cm et va améliorer sa surveillance des volcans proches. Mais T. Fujii estime qu’avec 10 cm de cendre, seuls les tanks peuvent se déplacer. Les lignes électriques aussi seraient coupées, menaçant ainsi le refroidissement des réacteurs.

La NRA n’a consulté les vulcanologues qu’après avoir émis un avis favorable au dossier de demande de redémarrage des deux réacteurs de Sendaï et ces derniers s’opposent à ses vues. Même si le risque est très faible, il ne peut pas être écarté. « Scientifiquement, ces réacteurs ne sont pas sûrs », selon T. Fujii. Et d’ajouter qu’il n’est pas à exclure un regain d’activité volcanique suite au séisme de 2011. Cela s’est vu après de forts séismes par le passé.

Vendredi 17 octobre :

• Le gouvernement a levé l’ordre d’évacuer d’une partie de Kawauchi le 1er octobre dernier, mais il vient de lancer une décontamination complémentaire dans ce village pour que les populations rentrent. Il avait fait de même dans le district de Miyakoji du village de Tamura.

• Un sondage effectué auprès des personnes évacuées montrent qu’elles sont de plus en plus nombreuses à ne plus vouloir retourner dans leur village d’origine. C’est trois points de plus à Tomioka et 11 de plus à Namié, pour atteindre environ 50%. Il y a un an, plus de 60% des habitants de Futaba et d’Ôkuma ont déclaré qu’ils ne rentreraient plus.

• TEPCo a montré à la presse sa nouvelle chaîne de traitement des eaux contaminées ALPS, mise en place en septembre dernier et elle fonctionnerait sans problème. Un mois sans panne, quoi.

Au 14 octobre, TEPCo a 355 000 m3 d’eau contaminée dans laquelle seul le césium a été retiré et qui restent donc à traiter. TEPCo veut donc installer d’autres chaînes de traitement amélioré afin de passer d’une capacité de 750 à 1 960 m3 par jour. Tout cela reste théorique car ALPS a accumulé les pannes et déboires. Le taux d’utilisation n’a été que de 35 à 61%.

TEPCo a donc récemment introduit une nouvelle unité qui ne retire que le strontium. Avec le retrait du césium et du strontium, la contamination baisse de façon significative. En cas de fuite, cela limitera les dégâts. Cette unité peut traiter 300 m3 par jour et TEPCo veut ajouter une nouvelle unité capable de traiter de 500 à 900 m3 par jour. Cette reste contaminée avec de nombreux autres radioéléments.

Mais comme la compagnie s’était engagée à purifier toute l’eau accumulée d’ici le 31 mars 2015, fin de l’année fiscale, elle qualifie l’eau passée dans les filtres à césium et strontium de « purifiée »… C’est du même niveau qu’affirmer que la situation est « sous-contrôle ».

En attendant, il y a toujours 300 à 400 m3 d’eau souterraine qui pénètre dans les sous-sols où elle se mélange de l’eau de refroidissement qui est fortement contaminée et qui vient s’ajouter au stock d’eau à traiter.

• Le gouvernement a demandé aux compagnies d’électricité de décider rapidement quels réacteurs elles ne redémarreront jamais. Il espère ainsi faciliter l’acceptation du redémarrage des autres réacteurs par la population.

Rappelons que les compagnies ont jusqu’à juillet 2015 pour soumettre un dossier de demande d’autorisation de redémarrage. Elles vont donc devoir bientôt abattre leurs cartes. Les compagnies tentent d’obtenir des avantages financiers de la part du gouvernement pour les réacteurs qui ne satisferont jamais aux nouveaux critères de sûreté.

• Le ministère de l’industrie a mis en ligne sa dernière carte en anglais des zones où il y a évacuation obligatoire.

• TEPCo a mis en ligne, comme tous les mois, des résultats de mesure de la contamination des poissons pêchés dans le port devant la centrale, et au large, jusqu’à une vingtaine de kilomètres. La tendance à la baisse de cette contamination se confirme, ce qui est une bonne nouvelle.

Au large, la plus forte contamination est de 69 Bq/kg pour la somme des deux césiums. Dans le port, il y a jusqu’à 3 190 Bq/kg, mais on est loin des valeurs détectées il y a un an, qui étaient beaucoup plus élevées.

Jeudi 16 octobre :

• Environ 130 conseils municipaux ou régionaux ont voté une motion demandant l’abolition de la loi sur le secret, selon un décompte du Maïnichi. D’autres ont demandé une application prudente de la loi. Un tel mouvement est rare au Japon.

• Le gouverneur de Niigata a réitéré son point de vue que le Japon ne peut pas redémarrer de centrale nucléaire tant que la cause des fusions des cœurs n’est pas bien comprise et tant qu’il n’y a pas de plan sérieux pour l’évacuation des populations. Il a cependant refusé de commenter la situation dans les autres provinces. Il a précisé que Niigata est particulier car c’est TEPCo qui est propriétaire de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa avec ses 7 réacteurs.

Mercredi 15 octobre :

• La loi sur le secret continue à faire des remous. Après son vote à l’assemblée, le gouvernement avait promis de préciser son contour pour rassurer la population très inquiète : cette loi ne va-t-elle pas servir à cacher des informations dérangeantes pour le gouvernement et punir les lanceurs d’alerte qui les divulgueraient ? Quatre grands domaines sont concernés : la défense, les affaires étrangères, le contre-espionnage et le terrorisme. 19 ministères et agences nationales auront la possibilité de classer secrets des documents, dont l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA. Elles pourront détruire les documents 30 ans après avoir été classifiés, sur accord du 1er ministre.

La presse japonaise souligne que les critères d’application restent flous. Le public ne saura toujours pas ce qui a été classé secret ou pas. L’inspecteur mis en place pour contrôler l’application de la loi et éviter les abus n’est pas indépendant, mais fera partie du cabinet du premier ministre. Et les ministres peuvent refuser l’accès à certains documents à l’inspecteur s’il y a un risque pour la sécurité du pays !

Les personnes accréditées pour accéder aux documents secrets devront subir des tests psychologiques, ce qui constitue une atteinte aux droits de l’Homme, selon la société japonaise de psychologie et neurologie.

L’accès à l’information publique est donc menacé, ce qui représente une atteinte à la démocratie pour de nombreux journaux japonais.

• Le Japon va dénoncer devant l’OMC les restrictions à l’importation de produits de la mer mises en place par la Corée du Sud. En octobre 2013, suites aux scandales à répétition sur les fuites en mer de l’été précédent, la Corée avait interdit l’importation de produits marins provenant de 8 provinces japonaises : Fukushima, Aomori, Iwaté, Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Chiba et Gunma. D’autres pays ont aussi des restrictions à l’importation de produits japonais, sans que cela soit porté devant l’OMC.

• Cela fait 13 mois que tout le parc nucléaire japonais est à l’arrêt. Il se confirme que le redémarrage des réacteurs de Sendaï (Kagoshima) n’aura pas lieu cette année. Le gouvernement a promis d’obtenir l’accord des élus locaux avant d’autoriser le redémarrage, mais il se limite à la région et à la commune qui abritent la centrale, les seules entités qui reçoivent beaucoup d’argent du nucléaire. Le vote du conseil municipal de Satsumasendaï devrait avoir lieu en novembre et celui de l’assemblée régionale de Kagoshima en décembre. Ils devraient être favorables.

Les autres communes situées à moins de 30 km de la centrale doivent préparer des plans d’urgence et pourraient être affectées par une catastrophe, mais ne touchent rien et n’ont pas droit au chapitre. Certains maires crient au scandale. C’est le cas d’Ichikikushikino, située à 15 km de la centrale, où plus de la moitié des 30 000 habitants ont signé une pétition contre le redémarrage. La commune voisine de Hioki, avec 50 000 habitants, a aussi demandé à être consultée officiellement.

L’exploitant, quant à lui, continue à rédiger les détails des procédures d’exploitation, des plans de construction, des mesures de sûreté etc…

• TEPCo veut retirer le chapiteau qui recouvre le réacteur n°1 pour commencer le démantèlement, mais elle vient, une fois de plus, de retarder le démarrage des travaux à la fin octobre. C’était juillet dans le calendrier initial, puis fin septembre à cause de la polémique suscitée par les rejets lors du démantèlement du réacteur n°3 qui a contaminé du riz de Minami-Sôma.

Le 22 octobre, TEPCo va faire 48 trous et asperger des produits chimiques pour tenter de fixer les poussières. Puis, TEPCo va retirer deux panneaux à la fin du mois et regarder l’intérieur à l’aide de caméras. Le retrait du chapiteau ne devrait commencer qu’en mars 2015 et prendre un an. Le retrait des débris en haut du réacteur devrait commencer en octobre 2016.

• La contamination en tritium de l’eau souterraine pompée en amont pour rejet dans l’océan, vient de battre son propre record dans le puits n°10 avec 460 Bq/l (prélèvement du 13 octobre 2013).

Mardi 14 octobre :

• Le gouvernement a terminé sa série de 12 réunions avec les propriétaires des terrains où il veut implanter les deux centres de stockage des déchets radioactifs issus de la décontamination.

Il y avait 240 personnes à la dernière réunion qui s’est tenue à Iwaki et qui n’était pas publique. Ils sont 901 en tout à avoir assisté à une réunion. De nombreux propriétaires n’ont pas encore pu être contactés par les autorités car elles ne les retrouvent pas. Il y a aussi des terrains dont le propriétaire est décédé et les héritiers ne sont pas connus. Les fonctionnaires du ministère de l’environnement n’ont réussi à contacter que 1 269 personnes alors qu’il y a 2 365 parcelles.

Il a surtout été question d’argent. Certains propriétaires estiment que le prix proposé par le gouvernement ne leur permet de refaire leur vie ailleurs. D’autres se sont plaints du peu de considération des officiels pour leur situation.

• Comme les mairies situées à moins de 30 km d’une centrale nucléaire ont du mal à mettre en place des plans d’urgence en cas d’accident nucléaire, le gouvernement a mis en place une cellule de planification centrale avec une cinquantaine de personnes.

• Alors que la loi sur le secret va entrer en application le 10 décembre prochain, le gouvernement a précisé les critères d’application de la classification. Ces règles sont loin d’apaiser la crainte du public, au contraire. Les sources des journalistes, par exemple, ne sont pas protégées.

TEPCo a retiré 1 298 barres de combustible de la piscine du réacteur n°4.

Lundi 13 octobre :

• En attendant un centre de stockage centralisé, les déchets issus de la décontamination s’amoncellent un peu partout à Fukushima. Le Maïnichi a interrogé 47 communes de Fukushima à propos de ces déchets et 46 ont répondu. Il en ressort qu’il y a 859 sites d’entreposage dans 40 communes avec un total de 3,2 millions de mètres cubes (chiifres à la fin juillet 2014).

En octobre 2011, le gouvernement pensait reprendre ces déchets d’ici 3 ans, mais il n’en est rien. Les mairies ont donc loué les terrains pour 3 ans et de nombreux baux arrivent à échéance. L’échéance de 3 ans sera dépassée pour 104 sites d’ici fin janvier 2015, avec un total de 178 192 m3.

La commune de Kawamata a demandé au gouvernement de reprendre les déchets de ses 9 sites d’ici là. Celle de Kawauchi a, quant à elle, demandé au gouvernement de renégocier les contrats de location.

• Un nouveau typhon arrive sur le Japon et TEPCo se prépare à faire face aux fortes pluies.

• TEPCO a demandé à la NRA l’autorisation de pouvoir aménager une nouvelle zone pour ses cuves d’eau contaminée. Voir la carte en japonais.

• La contamination radioactive du puits de contrôle 1-6 vient de battre plusieurs records : la contamination bêta total est à 7,8 millions de Bq/L, celle en Cobalt-60, 3 600 Bq/L, celle en Manganèse-54, 700 Bq/L, celle en Césium-134, 61 000 Bq/L et celle en Césium-137, 190 000 Bq/L (prélèvement du 13 octobre 2014). Pour le césium, il s’agit d’un record absolu. En bêta total, c’est la deuxième valeur la plus élevée jamais observée.

Et TEPCo d’accuser le typhon. Mais ce n’est pas le typhon qui a apporté celle pollution, c’est bien sa centrale qui fuit de partout.

Dimanche 12 octobre :

• Un tiers des 180 caméras de surveillance du surgénérateur Monju seraient HS, selon une inspection qui a eu lieu récemment. Ces caméras doivent surveiller le circuit secondaire de refroidissement. Elles avaient été installées en 2005 suite à la fuite de sodium en 1995. Certaines seraient en panne depuis plus d’un an et demi.

La NRA avait déjà stoppé toute tentative de redémarrage en mai 2013 après avoir découverts de nombreuses failles dans la sûreté. Ce réacteur, qui n’a fonctionné que quelques mois depuis 1994, est particulièrement dangereux et cumule les défaillances, mais les autorités ne se résignent pas à l’arrêter.

L’exploitant a expliqué être conscient du problème, mais que ce type de caméras n’est plus fabriqué. Et alors ? C’est tout le réacteur qui est obsolète !

• Le puits 1-17 de contrôle de l’eau souterraine fait parler de lui dans les médias. La contamination en tritium a atteint la valeur de 150 000 de Bq/L (prélèvement du 9 octobre 2014). C’est 10 fois plus que le 2 octobre. Le typhon est pointé du doigt. Le fait que la contamination bêta total atteigne 1,2 million de Bq/L et qu’elle n’arrête pas d’augmenter ces derniers temps ne semble pas intéresser la presse.

Samedi 11 octobre :

• Suite à l’action des compagnies d’électricité qui ont refusé tout nouveau projet de raccordement de sources de production d’électricité renouvelable, le gouvernement pourrait revoir sa politique de rachat. Depuis juillet 2012, les producteurs d’énergie renouvelable bénéficient d’un tarif de rachat avantageux, mais les autorités veulent geler le processus à cause de son succès.

Pour le moment, 90% des demandes de rachat concernent le solaire, qui ne produit que le jour. L’éolien ou la géothermie, qui est plus souple d’utilisation, pourrait être privilégiés.

Un rapport à propos de la politique de rachat va être publié d’ici la fin de l’année. Il se pourrait qu’il y ait une mise en concurrence des projets en privilégiant ceux qui proposent les tarifs les plus bas.

Le gouvernement pourrait aussi développer une économie de l’hydrogène pour stocker et distribuer cette énergie d’origine renouvelable, ou de lui permettre de fournir d’autres consommations, comme les transports.

Le gouvernement n’a pas, à ma connaissance, lancé de politique de réduction de la demande en énergie…

Vendredi 10 octobre :

• Les prochaines élections régionales auront lieu les 12 et 26 avril. Plusieurs gouverneurs de provinces où il y a des réacteurs nucléaires termineront leur mandat. C’est le cas, en particulier, à Fukui, Shimané, Hokkaïdô ou Saga.

• Hokkaïdô Electric va augmenter ses tarifs à partir du 1er novembre prochain de 12,43% en moyenne pour 5 mois. A partir du 1er avril 2015, ce sera 15,33% par rapport à maintenant. Ce calendrier est pour limiter la hausse durant l’hiver, qui est rigoureux à Hokkaïdô. La compagnie avait demandé 17,03%. Elle va couper les salaires et ne pas donner de prime de fin d’année cet hiver (cette prime peut être élevée au Japon).

C’est la deuxième augmentation depuis 2011. La précédente était de 7,73% en moyenne pour les ménages.

Jeudi 9 octobre :

• Le gouvernement a organisé une réunion publique pour expliquer les nouvelles mesures de sûreté appliquées à la centrale nucléaire de Sendaï (Kagoshima), mais il n’a semble-t-il pas convaincu. Bien que la réunion ait été prolongée de 30 minutes, il n’a pas répondu à toutes les questions. Un millier de personnes y ont participé, dont le gouverneur et le maire de Sendaï. 4 autres réunions sont prévues dans 4 autres communes.

Par ailleurs, Kyûshû Electric a transmis à la NRA, l’autorité de sûreté nucléaire, les documents relatifs aux mesures de sûreté en cas d’éruption volcanique dans les environs de sa centrale de Sendaï. La compagnie, prévoit, en cas de forte éruption, d’arrêter ses réacteurs, ce qui est bien la moindre des choses et de transporter le combustible au loin. Mais, elle reconnaît qu’une telle opération prendrait au moins 5 ans.

• Ils sont 6 à briguer le poste de gouverneur de la province de Fukushima. Le gouverneur actuel n’est pas candidat, mais Masao Uchiborim le vice-gouverneur, si. Ce dernier est soutenu par les principaux partis au pouvoir et d’opposition.

L’ancien maire de Futaba, Katsutaka Idogawa, qui après avoir été un promoteur du nucléaire, est devenu un farouche opposant, avait emmené la population de son village se réfugier jusque dans la banlieue de Tôkyô en 2011. Il prône des normes de radioprotection plus strictes pour définir les zones d’évacuation et veut revoir la politique de gestion des déchets issus des travaux de décontamination.

Il y a aussi un candidat soutenu par le parti communiste, comme toujours, et 6 indépendants issus de la société civile.

Tous sont d’accord pour réclamer l’arrêt définitif des réacteurs de Fukushima daï-ni.

• Trois banques ont accepté de reconduire des prêts à TEPCo arrivés à échéance. Il y en aurait pour des dizaines de milliards de yens. D’autres banques hésitent encore pour d’autres prêts, d’un total de 150 milliards de yens (plus d’un milliard d’euros), qui arrivent à échéance en décembre prochain.

• Record de la contamination bêta total de l’eau souterraine dans le puits de contrôle E9 situé en amont des réacteurs, mais en aval des cuves, avec 14 000 Bq/L (prélèvement du 8 octobre 2014). Il y a aussi eu un record de la contamination bêta total dans l’eau d’un drainage de surface (prélèvement du 7 octobre 2014). Ces augmentations pourraient être dues aux fortes pluies qui ont déplacé la pollution radioactive.

Mercredi 8 octobre :

• Chaque pays nucléarisé se doit d’avoir un logiciel pour prédire les retombées radioactives en fonction de la météo en cas d’accident grave. Au Japon, il s’appelle SPEEDI et n’a servi à rien lors de la catastrophe de mars 2011. Les experts ne pouvaient estimer la quantité de radioéléments qui étaient rejetés et donc la quantité qui retombaient. La seule information disponible était où ils retombaient. Mais cela n’a pas été transmis aux personnes concernées et de nombreuses personnes ont évacué vers des zones plus contaminées.

La nouvelle autorité de sûreté japonaise, la NRA, a décidé de ne pas utiliser SPEEDI en cas de nouvel accident, car il ne serait pas fiable. On ne sait pas comment elle va faire.

• Les autorités locales peinent à établir des plans d’évacuation des populations en cas d’accident nucléaire. 40% des communes n’y seraient pas encore parvenu, selon le gouvernement japonais. Le trafic engendré va fortement ralentir l’évacuation, exposant les populations dans les véhicules où elles sont peu protégées. Il n’est pas toujours facile pour trouver un abri pour tous les habitants vivant à moins de 30 km des centrales. Ils sont presqu’un million autour de Tôkai (Ibaraki) et 740 000 autour de Hamaoka (Shizuoka). C’est encore plus compliqué pour les personnes âgées et les personnes hospitalisées qui ont besoin d’assistance et de soins.

Et là où les plans sont terminés, comme autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima) ou dans la province de Fukui, il y a encore de nombreuses lacunes. Plusieurs responsables locaux considèrent qu’ils ne sont pas réalistes.

L’exemple japonais prouve qu’il n’est pas possible d’avoir un plan d’évacuation effectif si l’on veut faire les choses sérieusement. Ce qui signifie que les plans européens ne seront pas fiables en cas d’accident.

• Les autorités ont lancé les travaux d’investigation sur les sites présélectionnés pour y stocker les déchets radioactifs de Miyagi liés à la catastrophe nucléaire. Elles ont commencé par celui de Kami.

• TEPCo n’a pas prélevé d’eau souterraine lors du passage du typhon et ses tableaux de résultats sont vides. En revanche, ce document signale une augmentation soudaine de la contamination bêta total près des cuves de stockage, dans le puits de contrôle E1 où elle serait passée de 750 à 95 000 Bq/L. A suivre…

Mardi 7 octobre :

Reuters consacre une nouvelle enquête aux travailleurs à la centrale de Fukushima. Un an après que le gouvernement ait décidé de doubler la prime de risque, nombre d’entre eux ne savent toujours pas combien ils vont toucher. Seulement une personne sur les 37 interviewées par l’agence de presse a déclaré avoir reçu complètement cette prime. Certains n’ont rien reçu et la plupart, moins de la moitié de la somme promise.

A certains d’entre eux, il a été expliqué que la prime serait proportionnelle à la dose prise, comme pour les inciter à prendre des risques. Un autre explique qu’il ne reçoit de prime que quand il pénètre dans les zones les plus chaudes près des réacteurs.

TEPCo refuse de communiquer sur le sujet, disant que c’est l’affaire des compagnies sous-traitantes qui ponctionnent à chaque niveau.

Il y a toujours près de 800 compagnies sous-traitantes à intervenir sur le site et qui fournissent la majorité des 6 000 travailleurs quotidiens. Il n’y a que 250 employés de TEPCo.

Si TEPCo ne fait pas le ménage et ne s’inquiète pas de ce que touchent les travailleurs, ils vont se détourner de la centrale et aller travailler sur les chantiers de construction liés aux jeux olympiques de 2020.

• Du riz a été planté à Ôkuma, village évacué, à titre expérimental dans une rizière de 25 ares qui a été décontaminée. La moisson vient d’avoir lieu en présence d’une dizaine d’agriculteurs. Les grains vont être séchés pendant deux semaines avant d’être contrôlés.

Avant la catastrophe, 800 hectares de rizières étaient cultivés à Ôkuma.

• Record de la contamination en tritium de l’eau souterraine pompée entre les réacteurs 2 et 3. Il y a maintenant 10 000 Bq/L (prélèvement du 2 octobre).

Lundi 6 octobre 2014 :

• Un typhon est passé sur le Nord-Est du Japon et la centrale de Fukushima daï-ichi a été bien arrosée. Selon TEPCo une alarme a signalé une fuite qui versait de l’eau d’un tuyau externe dans le bâtiment turbine du réacteur n°1. La compagnie a aussi trouvé une fuite dans le bâtiment réacteur n°3 où l’eau de pluie pénètre puisqu’il n’est pas couvert.

TEPCo prétend qu’il n’y a pas eu de fuite d’eau contaminée vers l’extérieur, alors que ces fuites sont quotidiennes, qu’il pleuve ou pas.

Communiqué en japonais.

• C’est bien connu, les champignons sont de vraies pompes à césium. Les shiitakés sont cultivés sur du chêne qui provient souvent de Fukushima. Au début, il n’y a pas eu de contrôle sur le bois de culture et des shiitakés dépassant les normes ont été cultivés à l’autre bout du pays. A Kyôto, le bois a même contaminé un terrain avant d’être renvoyé discrètement à Fukushima.

Les autorités régionales veulent instaurer un contrôle systématique du bois de culture afin de relancer l’industrie forestière. Ces contrôles systématiques existent depuis 3 ans pour le riz et les kakis.

Des premiers tests sur le bois vont avoir lieu dans la région d’Aïzu. Le matériel de détection est non destructif et permet de garder les échantillons entiers. Si les tests sont concluants, la méthode sera déployée pour la récolte de l’automne 2015. La province de Fukushima espère ainsi retrouver sa place de premier producteur de bois pour la culture des champignons.

De nombreux échantillons ont plus de 50 Bq/kg pour le césium et la production est passée à 300 000 bûches en 2012, soit 6% de la production antérieure au désastre nucléaire.

• A Minami-Sôma, il y a 142 points chauds où l’exposition externe dépasse 20 mSv par ans. 152 familles sont touchées et 80% des 720 habitants ont évacué. Maintenant que les travaux de décontamination sont terminés, le gouvernement veut que les habitants rentrent chez eux. L’exposition externe la plus élevée qui reste est de l’ordre de 5 mSv/an, ce qui est plus que la limite de 1 mSv/an en temps normal. Lors d’une réunion, le 26 septembre dernier, il a expliquer vouloir lever la recommandation à évacuer (ce n’est pas obligatoire) en octobre 2014. Les indemnités liées à l’évacuation seraient versées durant 3 mois après la levée, ce qui est beaucoup plus court que pour les zones où l’évacuation est obligatoire : c’est un an.

• TEPCo avait repris le retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°4 en septembre dernier, mais ne communiquait plus sur l’avancement, laissant penser que le rythme s’était bien ralenti.

La compagnie vient d’indiquer qu’elle a retiré 1 276 assemblages sur 1 533 en tout.

• Nouveau record de la contamination radioactive de l’eau souterraine dans le puits de contrôle 1-17. Toujours lui ! Il y a maintenant 960 000 Bq/L en bêta total. Dans le puits 1-14, c’est 29 000 Bq/L (prélèvements du 2 octobre 2014).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter en mer une eau dont la contamination bêta total dépasserait 5 Bq/L.

Vendredi 3 octobre 2014 :

• TEPCo s’est fixé comme critère que la secousse maximale possible au niveau de sa centrale de Fukushima daï-ichi est de 600 gals, et la vague de tsunami la plus haute, de 14 m. En mars 2011, ce fut 675 gals et 15,5 m. La NRA a demandé à TEPCo de revoir ces critères et TEPCo a proposé 900 gals et 26,3 m. La NRA donnera son avis plus tard, mais ne devrait pas demander de rehausser la digue qui ne fait que 14 m. Un nouveau tsunami entraînerait un fort rejet radioactif en mer, à cause des sous-sols inondés, qui pourrait atteindre une centaine de térabecquerels de césium 137. C’est 30% de ce qu’il y a dans les galeries souterraines. En revanche, TEPCo prétend que ses réacteurs accidentés peuvent supporter 900 gals.

C’est désormais 27,2 m pour Fukushima daï-ni.

• Le gouvernement a approuvé le projet de loi concernant l’entreposage, pour 30 ans, des déchets radioactifs issus de la décontamination à Ôkuma et Futaba.

• TEPCo est à la peine avec sa station de traitement des eaux contaminées. Elle retire le césium depuis 2011, mais elle a du mal avec la station ALPS qui doit retirer 62 radioéléments en tout.

En attendant, elle a installé une autre unité qui retire le strontium. La concentration de cet élément, particulièrement radiotoxique, devrait être divisée par 1 000. C’est déjà cela, mais TEPCo reconnaît que cela ne suffira pas pour rejeter l’eau traitée dans l’océan. En cas de fuite majeure, l’impact sera moindre.

La compagnie veut traiter les 23 000 m3 d’eau dans lesquelles le césium a déjà été retiré.

Photos commentées en japonais.

Jeudi 2 octobre 2014 :

• Le docteur Keith BAVERSTOCK critique, dans cette note en anglais et japonais, le rapport de l’UNSCEAR sur la catastrophe de Fukushima. Il regrette les conclusions hâtives alors que l’on n’a pas tous les éléments, le rôle de l’AIEA qui n’a pas transmis toutes les informations utiles et qui n’a rien trouvé à redire quand les autorités japonaises ont minimisé l’ampleur de la catastrophe dans les premières semaines. Rappelons qu’il a fallu un mois pour que l’accident soit classé au niveau 7 de l’échelle INES et encore plus pour que TEPCo admette qu’il y a fusion des cœurs nucléaires. L’AIEA n’a rien trouvé à redire.

Faute d’informations fiables sur les premiers jours, où l’exposition était la plus forte, il est difficile de tirer des conclusions définitives.

Le rapport de l’UNSCEAR ne donne que des doses moyennes pour certaines catégories de population sans évaluer la dispersion des résultats.

Keith BAVERSTOCK critique aussi l’évaluation de la dose des habitants d’Iitaté, évacués très tardivement. Le modèle employé est, selon lui, adapté à un mode de vie urbain, pas un mode de vie rural avec consommation de sa propre production.

• Dans le passé, TEPCo mettait en ligne, à la fin de chaque mois, des statistiques sur les doses prises par les intervenants sur le site de la centrale accidentée. Cela fait plusieurs mois que cette pratique a cessé.

• Les autorités font régulièrement effectuer des sondages sur les pratiques alimentaires des Japonais. La dernière étude a été faite auprès de 5 176 personnes du Tôhoku, qui a été particulièrement touché et des grandes agglomérations comme Tôkyô, Nagoya ou Ôsaka. La crainte envers les produits de Fukushima ne diminue pas.

19,6% des personnes interrogées expliquent éviter d’acheter des produits de cette région. En février dernier, c’était 15,3%. En 2013, c’était 17,9 et 19,4%. Ce chiffre de 19,6% est le plus élevé enregistré.

Par ailleurs, 70% des personnes interrogées disent faire attention à la provenance des produits. Ce chiffre est aussi en augmentation. 22,5% demandent des limites plus basses et 47% ne veulent pas consommer des produits contaminés, même si la concentration en césium est inférieure à 100 Bq/kg.

Certains prétendent que le Manga Oishinbo, qui avait défrayé la chronique, est responsable.

Lien vers l’étude.

• Le président de la NRA a affirmé que l’explosion du volcan Ontaké ne remet pas en cause les décisions quant à la sûreté des réacteurs de Sendaï. Il a expliqué qu’il y a un fossé entre son opinion et celle de certains vulcanologues. Pour lui, on ne peut pas tout arrêter car on ne peut pas prédire la survenue d’une catastrophe naturelle. La comparaison entre les volcans situés près de la centrale de Sendaï et le Ontaké ne serait pas scientifique, d’après lui.

• La loi sur le secret, qui est très controversée, va entrer en application le 10 décembre 2014.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

– l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3 a une contamination en tritium de 9 700 Bq/L (prélèvement du 28 septembre 2014).

Mercredi 1er octobre 2014 :

• Après Okinawa et Kyûshû Electric, trois autres compagnies refusent de racheter l’électricité renouvelable. Hokkaïdô, Tôhoku et Shikoku Electric Power Co. ne signeront plus de contrat à partir de ce jour.

Le gouvernement avait introduit cette politique de rachat à un prix garanti pour favoriser le développement des énergies renouvelables et faire passer leur part de 10 à 20% de la production d’électricité.

Les compagnies mettent en avant la faiblesse de leur réseau électrique et la difficulté à compenser la production électrique en cas d’absence de production renouvelable.

Le gouvernement réfléchit à la prochaine étape de son plan de développement de l’électricité renouvelable.

Ces compagnies veulent investir en moyen de production dans les zones contrôlées par les autres afin de préparer la fin du monopole en 2016. Cette électricité renouvelable contrarie leurs plans.

• Les communes d’Ichikikushikino et Hioki, toutes deux situées à moins de 30 km de la centrale de Sendaï, ont officiellement demandé au gouverneur de Kagoshima d’être consultées sur le redémarrage des deux réacteurs. Le gouverneur veut limiter la consultation à la commune qui accueille la centrale et à la province, bref, aux structures qui sont financièrement dépendantes du nucléaire.

A Ichikikushikino, située à 5 km de la centrale, de nombreux habitants ont signé la pétition contre le redémarrage et le conseil municipal a adopté une motion demandant à être consulté. Le conseil municipal de Hioki a fait de même, à l’unanimité.

La ministre de l’industrie a rappelé que ce n’était pas obligatoire. Bref, le gouvernement qui se vante de vouloir consulter les parties-prenantes, va se limiter à celles qui sont d’accord…

• TEPCo a mis en ligne une vidéo et des photos de la chambre de suppression du réacteur n°2 prises par un robot rampant. C’est en anglais.

• TEPCo a mis en ligne des résultats d’analyse de la contamination en strontium de l’eau souterraine avec plusieurs records battus. Cela monte jusqu’à 170 000 Bq/L dans le fameux puits 1-17 où la contamination ne cesse d’augmenter, et 1 100 000 Bq/L dans le puits 1-6 (prélèvements du 4 août 2014). TEPCo s’interdit de rejeter une eau en mer qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

Mardi 30 septembre :

TEPCo a signé un accord avec Sellafield Limited, qui a démantelé le réacteur accidenté de Windscale en Grande-Bretagne et qui a la charge de démanteler d’autres installations nucléaires. Le site a été rebaptisé depuis et s’appelle Sellafield.

• Cela se confirme, la centrale nucléaire de Sendaï (Kagoshima) ne redémarrera pas en 2014. L’exploitant n’a pas encore soumis tous les documents de sûreté détaillés et l’instruction va prendre du temps. Il y aura ensuite les inspections.

• Il y a eu un concert anti-nucléaire organisé à Tôkyô la veille, avec 2 500 spectateurs. Deux anciens premiers ministres étaient présents : Junichiro Koizumi et Morihiro Hosokawa. Suite à l’éruption soudaine du Ontaké, Koizumi a rappelé que les catastrophes naturelles étaient imprévisibles et donc incompatibles avec l’énergie nucléaire.

Le festival est organisé par Ryuichi Sakamoto, célèbre compositeur japonais.

• L’ordre d’évacuer va être levé le 1er octobre pour une partie du village de Kawauchi qui est à moins de 20 km de la centrale accidentée. Les travaux de décontamination sont terminés, affirme le gouvernement et les infrastructures (routes etc) rétablies.

C’est la deuxième zone où l’ordre d’évacuer est levé à moins de 20 km. La précédente était le district de Miyakoji dans la commune de Tamura, qui jouxte celle de Kawauchi, au Nord.

275 personnes, réparties dans 139 foyers sont concernées. Dans la partie Ouest de Kawauchi, située entre 20 et 30 km, il avait d’abord été demandé aux habitants de rester confinés, puis de partir s’ils le pouvaient ou le voulaient. Le retour y est possible depuis longtemps, mais de nombreux habitants ne sont jamais rentrés. Il en sera de même dans la nouvelle zone. En effet, seulement 48 habitants de 22 foyers avaient demandé à pouvoir rentrer et passer la nuit chez eux pour pouvoir préparer leur retour.

Il y avait 2 800 habitants à Kawauchi. 54 d’entre eux, répartis dans 18 foyers, ne peuvent pas encore rentrer à cause de la contamination radioactive.

L’aide financière s’arrêtera dans un an, au 30 septembre 2015, que les habitants soient rentrés ou pas.

• Nouveau record de la contamination bêta totale dans le puits de contrôle 1-17 : 910 000 Bq/l (prélèvement du 29 septembre 2014).

Lundi 29 septembre :

• Depuis juillet dernier, il y aurait 5 730 travailleurs en moyenne chaque jour sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. C’est pratiquement le double d’il y a un an.

• La Japan Atomic Energy Agency, l’équivalent du CEA français, a décidé d’arrêter définitivement son usine de retraitement de Tôkaï-mura (Ibaraki) à partir d’avril 2017, au plus tôt. La remise aux nouvelles normes coûterait trop cher, plus de 100 milliards de yens (presque qu’un milliard d’euros).

Elle a traité 1 140 tonnes depuis son démarrage en 1977. Avec la construction d’une autre usine à Rokkashô-mura (Aomori), qui n’a jamais démarré, l’usine de Tôkaï devait traiter le combustible du surgénérateur Monju, arrêté depuis 1995, après quelques mois de fonctionnement seulement.

Il resterait 110 tonnes de MOx issu du réacteur expérimental Fugen à traiter. Le Japon pourrait les envoyer à l’étranger.

• Ils étaient environ 7 500 la veille pour manifester à Kagoshima contre le redémarrage de la centrale de Sendaï. L’ancien premier ministre, Naoto Kan, y a fait un discours.

• Il y aurait maintenant 201 hôpitaux désignés pour pouvoir traiter des patients irradiés, contre 83 avant la catastrophe de 2011. Mais l’agence de presse Kyodo estime que pour nombre d’entre eux, il n’y a toujours pas de personnel formé ou d’équipement spécifique.

• Des comprimés d’iode ont commencé à être distribués aux habitants dans un rayon de 5 km autour de la centrale d’Ikata. 5 km, c’est peu. C’est 10 en France, 20 en Belgique et la Suisse veut passer à 50 km.

• La ligne de traitement de l’eau contaminée de la station ALPS, qui a été arrêtée suite à un problème de filtrage, ne sera pas redémarrée avant la fin octobre.

TEPCo pense qu’il faudra changer le système de filtrage, mais en attendant, elle continue à utiliser les anciens sur les deux autres lignes.

• Le Mont Ontaké, à la frontière des provinces de Gifu et Nagano, vaut l’ascension. En automne les feuillages sont jolis. Ils étaient environ 300 près du sommet, samedi, en milieu de journée, quand le volcan s’est réveillé, surprenant tout le monde. Les environs du sommet ont été recouverts de plusieurs dizaines de centimètres de cendres et cailloux. Cela a entraîné plus d’une trentaine de décès parmi les alpinistes.

Mais le gouvernement a affirmé que l’événement n’a pas entamé sa détermination à redémarrer deux réacteurs nucléaires de la centrale de Sendaï, entourée de nombreux volcans.

• TEPCo a mis en ligne des résultats d’analyse de la contamination en strontium de l’eau souterraine et de l’eau de mer. Des records ont été battus dans les puits de contrôle 1-14 et 1-17, avec respectivement 4 100 et 29 000 Bq/L. Dans le puits 1-11, c’est 67 Bq/L. Quant à l’eau de mer, plusieurs records sont aussi battus, avec des valeurs de 390 et 660 Bq/L (prélèvements du 9 juin 2014).

Samedi 27 septembre :

• Selon l’Asahi, il n’y a pas assez de bus pour évacuer la population autour de plusieurs centrales nucléaires japonaises, dont celle de Sendaï (Kagoshima), qui devrait être la première à redémarrer. Et certaines compagnies de transport rechignent à exposer leurs employés en cas d’accident.

A Sendaï, les autorités provinciales n’ont réussi à s’assurer le service que d’un quart seulement des bus nécessaires pour évacuer la population située dans un rayon de 10 km. Le plan d’urgence doit aller jusqu’à 30 km…

Un syndicat de chauffeurs a fait savoir qu’il refuserait le plan s’il n’y a pas des mesures de protection de précisées. Quelle est la dose maximale qu’ils seraient autorisés à prendre ? Auront-ils un dosimètre ? Qu’en est-il de la prophylaxie à l’iode ? Devront-ils en prendre plusieurs fois ? A Fukushima, lors de la phase d’urgence, en mars 2011, aucun chauffeur n’aurait refusé d’aller chercher des personnes à évacuer. En revanche, des livreurs ont refusé d’aller dans les zones où il y avait ordre de confinement.

Le décompte qui a été fait suppose qu’une partie de la population évacuera par ses propres moyens et les bus sont pour les personnes qui ont besoin d’assistance ou qui n’ont pas de véhicule. Il faudrait environ 415 bus de 30 à 50 places. Seulement une centaine serait disponible.

A Tottori, il faudrait un millier de bus en cas d’accident à la centrale nucléaire de Shimané, la province voisine. Il n’y en aurait que la moitié. Et Shimané aurait besoin de 5 000 bus pour ses propres habitants ! Il n’y en a 10 fois moins.

• Une des trois lignes de traitement de la station ALPS a dû être arrêtée suite un dysfonctionnement. L’eau à la sortie était trouble et TEPCo soupçonne un filtre défectueux. Elle était calcaire, ce qui empêche le retrait du strontium.

Ce n’est pas la première fois que TEPCo doit faire face à ce genre de problème. En mars denier, elle avait dû se résoudre à suspendre la station de traitement des eaux contaminées le temps de trouver une solution, en cours de test.

Vendredi 26 septembre :

• Un comité scientifique japonais a recommandé que les compagnies d’électricité soient contraintes de construire de nouveaux centres d’entreposage des combustibles usés avant d’être autorisées à redémarrer leurs réacteurs nucléaires. Ces entreposages devraient pouvoir durer 30 ans.

Ce même conseil avait pris acte de l’échec gouvernemental de trouver un centre de stockage définitif et avait recommandé que ces combustibles usés soient entreposés de façon réversible pendant des siècles en espérant que les générations futures aient mieux à proposer. C’est dans cette même logique qu’il considère comme « irresponsable » d’autoriser l’exploitation des réacteurs sans avoir des sites d’entreposage. Ce point ne fait pas partie des nouvelles règles de sûreté.

Ce comité n’a qu’un rôle de conseil et le gouvernement n’est pas obligé de suivre.

• Le gouvernement japonais devrait soumettre au parlement, lundi 29, sa loi qui entérine le fait que les déchets issus de la décontamination seront retirés des deux centres d’entreposage envisagés pour être stockés ailleurs, sans plus de précision. C’est le gouvernement qui aura la responsabilité de ces déchets.

• Kyûshû Electric va refuser toute nouvelle demande de rachat d’électricité renouvelable car elle a trop de demande et craint ne pas pouvoir réguler la distribution. En faisant la somme des demandes reçues, elle arrive à 80% de l’électricité consommée dans son secteur lors des pointes en juillet. Cela pourrait même dépasser la demande par moment.

La compagnie ne pourra pas faire face en cas de forte baisse de la production d’électricité renouvelable, ce qui pourrait déstabiliser le réseau et l’approvisionnement. En revanche, la compagnie va continuer à accepter les demandes des particuliers si elles ne dépassent pas 10 kWe.

Le gouvernement japonais s’est fixé comme objectif d’arriver à 20% d’électricité d’origine renouvelable. Avec la somme des projets acceptés, il arrive à 94% de cet objectif. Et 26% de ces projets sont à Kyûshû.

Les compagnies d’électricité se préparent à l’ouverture complète du marché et commencent à investir sur le territoire des autres compagnies. Ainsi, Kansaï Electric va construire une centrale à charbon de 112 MWe à Sendaï (Miyagi). Elle devrait alimenter Tôkyô en utilisant les lignes électriques de la concurrence.

Les travaux vont commencer dans un an et la centrale devrait entrer en service en 2017. Chûbu Electric va aussi construire une centrale à Shizuoka pour le marché tokyoïte. Chûgoku Electric envisage de faire de même.

Bref, le Japon aura trop d’électricité, même sans nucléaire…

• Yūko Obuchi, Ministre de l’industrie, a reconnu qu’il sera difficile de redémarrer les réacteurs de Fukushima daï-ni. Le premier ministre avait déjà dit la même chose par le passé. Pourquoi n’imposent-ils pas à TEPCo l’arrêt définitif ? Le gouvernement est actionnaire majoritaire. Le gouverneur l’a réclamé à la ministre.

• Le PDG de Tôhoku Electric a annoncé que la remise aux normes de ses centrales d’Onagawa et Higashidôri allait coûter plus de 300 milliards de yens (2,2 milliards d’euros) à la compagnie. Un tiers est destiné à renforcer la résistance aux séismes et tsunamis. Elle espère un redémarrage au printemps 2016, au plus tôt.

• L’eau souterraine pompée entre les réacteurs 2 et 3 vient de battre son record de contamination en tritium avec 9 300 Bq/L (prélèvement du 21 septembre 2014).

Jeudi 25 septembre :

• Selon, l’Asahi, il y a encore presque 130 000 personnes déplacées à Fukushima. Et il y a, officiellement, un total de 15 281 jeunes qui doivent être scolarisés dans un autre établissement. Parmi eux, il y en a 9 767 en dehors de la province de Fukushima.

De nombreuses familles envisagent de s’installer là où elles sont maintenant et de ne pas rentrer chez elles.

En revanche, moins de jeunes partent à la fin de leurs études car le marché de l’emploi est porteur à Fukushima. Et puis, ils veulent s’engager pour reconstruire leur province.

Mercredi 24 septembre :

• Il y a eu deux forts séismes au large de Fukushima, séparés par moins d’une heure, sans annonce de tsunami, ni conséquences.

• Ils étaient environ 16 000 à manifester la veille à Tôkyô contre le redémarrage des réacteurs nucléaires. Le 23, premier jour de l’automne, est férié au Japon. Il a juste promis de former des spécialistes du sujet dans le tiers-monde.

• Le premier ministre japonais s’est bien gardé de faire le moindre engagement de réduction des émissions de gaz à effets de serre à la réunion de New-York.

• Le système de filtrage du césium de la station de traitement des eaux contaminées s’est arrêté. Ce serait dû à une erreur humaine.

• Comme TEPCo n’a pas réussi à créer un bouchon de glace dans la galerie souterraine située entre les réacteurs 2 et 3, elle a proposé à la NRA de cimenter la tranchée. Cette dernière a reconnu qu’il n’y avait probablement pas d’autre solution possible. Le sujet va être débattu lors de réunions communes.

• La contamination en tritium de l’eau d’un puits situé en amont des réacteurs où l’eau est pompée pour être rejetée dans la mer, vient de battre son propre record avec 370 Bq/L (prélèvement du 22 septembre 2014). C’est moins que la limite de rejet qui est de 1 500 Bq/L.

Mardi 23 septembre :

• TEPCo ne devrait commencer les travaux de démantèlement du réacteur n°1 avant l’hiver 2015. La compagnie a promis qu’elle veillerait à ce qu’il n’y pas de rejets atmosphériques importants, comme lors des travaux sur le réacteur n°3.

Le chapiteau qui a été construit par dessus sera retiré avant, bien entendu.

• Le premier ministre japonais a déclaré, à Vienne, qu’il n’allait pas redémarrer les réacteurs nucléaires si leur sûreté n’a pas été rétablie à 100%. Qu’est ce que cela peut-il bien dire ?

• Le PDG de TEPCo a écrit au New-York Times pour le remercier d’avoir signalé que l’Asahi a retiré ses allégations que les travailleurs avaient désobéi aux ordres et avaient fui, ce que n’ont pas fait de nombreux autres journaux.

• Nouveau record de la pollution radioactive dans le puits de contrôle 1-17. La contamination bêta total atteint désormais 840 000 Bq/L (prélèvement du 22 septembre 2014). Toujours pas d’explication de la compagnie concernant cette hausse continue.

Lundi 22 septembre :

• Le gouvernement japonais pourrait ratifier un des traités internationaux d’assistance en cas d’accident nucléaire (Convention on Supplementary Compensation for Nuclear Damage) d’ici la fin de l’année. Ce traité n’est signé que par 5 pays dont les Etats-Unis pour le moment. Cela devrait favoriser l’implication de sociétés américaines dans les travaux de démantèlement. Certains soupçonnent aussi que le gouvernement espère aussi favoriser l’exportation de ses réacteurs nucléaires.

• Il y a 104 communes non évacuées où des travaux de décontamination doivent être effectués car l’exposition externe peut y dépasser le millisievert par an. Selon le Maïnichi, sur ces 104 communes, 74 ont prévu de décontaminer des habitations. Sur ces 74 communes, à la fin juin 2014, 40 n’avaient pas terminé. Il resterait au moins 311 700 habitations à nettoyer.

Sur ces 40 communes, 29 sont à Fukushima où les habitations à décontaminer sont plus nombreuses : il en resterait 286 002. Les 11 autres communes sont à Tochigi (4), Miyagi (4), Ibaraki (2) et Gunma (1) avec un total de 25 719 habitations.

Les travaux n’ont pas encore commencé à Yamamoto (Miyagi), avec 1 495 habitations, ni à Shinchi (Fukushima) avec 600 habitations.

Il y aurait trois communes qui ne savent toujours combien d’habitation elles doivent décontaminer.

Pour justifier leur retard, les communes mentionnent le manque de zones de stockage des déchets.

Cinq communes ont terminé leurs travaux mais signalent qu’il faudra une deuxième décontamination par endroit, car il y a encore des débits de dose trop élevés, surtout sous les toits.

41 communes sur 70 n’ont pas terminé de décontaminer les rues et routes, ainsi que leurs abords. Il y a aussi des retards importants pour les terrains agricoles et les forêts.

• La province de Fukui est très dépendante du nucléaire avec les 11 réacteurs de KEPCo. Comme 5 d’entre eux auront dépassé les 40 ans en 2016, cela va changer rapidement si la compagnie applique la règle des 40 ans. La compagnie peut demander 20 ans de plus, au prix d’investissements énormes.

L’économie locale va être bouleversée. Bien entendu, le démantèlement va générer de l’activité si les autorités régionales arrivent à imposer que des compagnies locales soient impliquées. Et après ?

Certains élus locaux veulent que d’autres réacteurs soient construits à la place. Selon le Japan Times, certains font la promotion de petits réacteurs enterrés qui poseraient moins de risque en cas d’accident. Mais ils utiliseraient de l’uranium hautement enrichi, ils posent des problèmes de prolifération.

• Le gouvernement pourrait créer une nouveau bureau pour aider à la préparation des plans d’urgence.

• Données de la contamination des poissons dans le port devant la centrale et dans un rayon de 20 km autour de la centrale : la situation s’améliore. Aucun poisson ne dépasse les 100 Bq/kg au-delà du port, mais le maximum est à 96 Bq/kg… Dans le port, cela monte jusqu’à 32 500 Bq/kg pour les deux césium.

• Record de la contamination radioactive de l’eau contaminée :

– c’est encore dans le puits de contrôle 1-17, que la contamination bêta totale bat un nouveau record, avec 790 000 Bq/L (prélèvement du 18 septembre 2014). TEPCo ne dit toujours rien.

Vendredi 19 septembre :

• Deux communes où le gouvernement veut implanter un centre de stockage de déchets radioactifs liés à la catastrophe nucléaire (boues de station d’épuration, cendres d’incinérateurs, paille contaminées…), ont voté contre à l’unanimité. Il s’agit de Kami à Miyagi et Shioya à Tochigi. Dans cette dernière commune, une source a été classée de façon à compliquer toute procédure administrative. La zone protégée fait 5 000 hectares et inclut la forêt où le gouvernement voulait s’installer. Toute opération dans cette zone devra obtenir l’accord de la commune.

• Les autorités locales, situées à moins de 30 km d’une centrale nucléaire, doivent préparer un plan d’évacuation pour leur population. Pour l’île Izushima, située à 5 km de la centrale d’Onagawa (Miyagi), c’est quasiment impossible. L’île, située à 200 de l’île principale, n’est pas reliée par un pont. Le bateau qui fait trois allers-retours par jour ne pourra plus accoster où il accoste habituellement. Les habitants risquent donc d’être bloqués sur leur île. Ils étaient 500 avant 2011, ils ne sont plus qu’une centaine après le tsunami, essentiellement des personnes âgées.

L’école va donc être aménagée en centre d’accueil, avec filtrage de l’air… et de la nourriture pour 70 personnes pendant 3 jours, comme le raconte le Maïnichi. Le coût sera pris en charge par le gouvernement. Le maire insiste sur le fait qu’il s’agit d’une mesure transitoire en attendant d’être évacué, mais il se demande si quelqu’un viendra les chercher en cas de retombées radioactives massives. Pour le moment, rien n’est clairement défini.

Jeudi 18 septembre :

• Le gouvernement compte toujours ouvrir ses deux centre d’entreposage des déchets issus de la décontamination à Fukushima en janvier prochain. Comme il veut y mettre entre 20 et 30 millions de m3 de déchets, cela va générer un trafic immense. Les autorités réfléchissent à réduire le nombre de transports : des petits camions vont collecter les déchets, les rassembler en certains lieux où ils seront transportés vers les centres de stockage par de gros camions.

• On le sait, TEPCo a commencé à pomper l’eau souterraine bien en amont des réacteurs, la transvase dans des cuves, la contrôle avant de la rejeter dans l’océan. Ces opérations devaient réduire de 100 m3 par jour les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs. La compagnie pompe entre 300 et 350 m3 par jour et a ainsi rejeté 36 000 m3 d’eau depuis mai dernier.

Les effets se faisaient attendre, TECPo ne constatant aucune baisse et son stock d’eau contaminée continue à augmenter de 400 m3 par jour. La compagnie vient d’annoncer qu’elle a enfin observé un effet : le volume d’eau qui s’infiltre semblerait avoir été réduit de 50 à 80 m3 par jour. Il s’agit là d’une estimation corrigée des données saisonnières qui prend en compte les précipitations. Il est vrai que les pluies ont été particulièrement abondantes cet été au Japon.

La compagnie aurait aussi observé une baisse de 20 cm du niveau de l’eau dans trois puits de contrôle. Voir le document explicatif en japonais.

Pour limiter encore plus les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs où elle se contamine, TEPCo veut aussi pomper l’eau souterraine à proximité, la décontaminer et la rejeter dans l’océan. La compagnie a eu une réunion avec des pêcheurs d’Iwaki pour leur expliquer ses projets, mais ils s’y sont opposés.

Ils étaient 90 et TEPCo va organiser une autre réunion pour ceux qui n’ont pas pu venir. Elle devra aussi fournir plus d’études et des chiffres.

Cette dernière démarche de TEPCo est aussi un pas de plus vers le rejet de l’eau des cuves après décontamination. Si elle arrive à convaincre pour l’eau souterraine traitée, elle espère ensuite pouvoir convaincre plus facilement pour celle des cuves.

En attendant, TEPCo continue de pomper l’eau contaminée dans des cuves. Elle en a près de 400 000 tonnes maintenant, plus ce qui reste dans les sous-sols, galeries souterraines…

• On s’en souvient, le Maïnichi a révélé que la commission de conciliation chargée le fixer le niveau d’indemnisation des victimes de la catastrophe nucléaire avait fixé comme critère que, par défaut, la part de responsabilité de l’exploitant était de 50%. Le quotidien a même obtenu une note interne avec une telle directive. La commission avait refusé de reconnaître les faits et le document.

L’auteur de cette directive, Isomi Suzuki, a reconnu par écrit, après avoir été interrogé par le journal, avoir contribué à la note de 5 pages. Il justifie cette note par le manque de jurisprudence et l’absence de critères préétablis pour plusieurs situations. Mais, cette note, au contraire des autres critères, n’a jamais rendue publique. Elle ne serait pas contraignante, mais traduirait les échanges d’opinion destinés à harmoniser les décisions.

• Kunihiko Shimazaki, commissaire de l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA, vient de terminer son mandat, comme prévu. C’était de seul sismologue des cinq commissaires et il avait pris son travail sérieusement, exigeant des exploitants des garanties quant à l’activité sismique. Ces derniers n’avaient pas l’habitude…

Il est remplacé par quelqu’un du sérail qui a toujours été un grand défenseur de cette énergie et qui a touché, jusqu’à récemment, de l’argent des industriels du nucléaire. Satoru Tanaka, c’est son nom, ne doit pas être confondu avec le président de la NRA, Shun’ichi Tanaka.

• La vanne d’un cuve avait fui dernièrement. TEPCo a mis en ligne des photos de la fissure responsable.

Mercredi 17 septembre :

• On le sait, TEPCo veut geler le sol tout autour des quatre réacteurs accidentés pour limiter les infiltrations d’eau souterraine et les fuites vers la mer d’eau contaminée. Mais, les tests pour geler une galerie souterraine pleine d’eau contaminée en aval des réacteurs se sont révélés être un échec. Seulement 90% de la section de la galerie a pris en glace et l’eau continue à circuler.

TEPCo a proposé de cimenter une partie et la NRA vient de donner son feu vert. Pourquoi ne pas avoir mis du ciment dès le début, c’est plus simple et moins cher que la glace ?

• Selon le Yomiuri, le gouvernement envisagement de demander l’autorisation de redémarrer le réacteur expérimental d’Oaraï à Ibaraki. Il s’agit d’un réacteur nucléaire refroidi à l’héluim qui pourrait préfigurer une prochaine génération de réacteurs commerciaux. Il a démarré en 1998 et a été arrêté en mars 2011.

La demande pourrait être déposée dans un mois, au minimum. Le gouvernement devrait aussi redéfinir un agenda pour une application industrielle.

• Japan Nuclear Fuel Ltd., l’« exploitant » de l’usine de retraitement de Rokkashô devrait, une fois de plus, retarder la date de démarrage de l’usine au printemps 2016. La première date de démarrage était en 1997 et il s’agira du 22ième report… Le dossier de sûreté a été jugé incomplet par l’autorité de sûreté, la NRA.L’annonce officielle devrait avoir lieu le mois prochain.

On arrive à presque 10 ans de retard. Le coût est aussi passé de 760 à 2 200 milliards de yens (5,4 à 16 milliards d’euros).

Pour certaines centrales, si elles étaient autorisées à redémarrer, se posera le problème de l’entreposage des combustibles usés car les piscines sont presque pleines et devraient être pleines après 3 ans de fonctionnement. Il faudra à nouveau les arrêter…

Il y a près de 17 000 tonnes de combustibles usés entreposés principalement dans des piscines de refroidissement.

Le principal ennemi du nucléaire, c’est l’industrie nucléaire elle-même.

• TEPCo veut traiter l’eau contaminée à l’aide de sa station de traitement ALPS qui cumule les déboires. Elle a donc construit une station ALPS2, qui serait plus performante et plus fiable. La première unité a démarré en phase de test.

Communiqué de TEPCo et document explicatif.

Mardi 16 septembre :

• Un fort séisme, de magnitude 5,6, a secoué le Nord-Est du Japon à 12h28. Les exploitants du nucléaire ont affirmé qu’il n’y a eu aucun problème reporté dans leurs centrales.

• Un groupe de travail du ministère de l’industrie s’est réuni à propos de la politique dite de « recyclage » des combustibles usés au Japon. L’usine de retraitement de Rokkashô (Aomori) n’a jamais fonctionné depuis qu’elle est terminée et il n’y a aucun réacteur en fonctionnement pour utiliser le plutonium extrait.

Parler de recyclage est un abus car, même en France, le taux de recyclage est inférieur à 1%. Le Japon y tient pourtant et la question est qui va payer ? Les compagnies d’électricité, qui sont déjà dans le rouge et qui vont affronter un marché libéralisé rechignent. L’Etat et donc les contribuables ?

A la fin 2013, le stock de plutonium du Japon s’élevait à 47,1 tonnes. C’est 2,9 tonnes de plus qu’un an auparavant : 2,3 tonnes viennent du retraitement au Royaume-Uni et 640 kilogrammes n’avaient pas été déclarés l’année précédente. Ces derniers étaient dans le combustible MOx chargé dans le réacteur n°3 de Genkaï qui n’a pas redémarré.

Sur ces 47 tonnes, il y en a 10,8 au Japon. Le reste est en France et au Royaume-Uni.

TEPCO a retiré 1 254 assemblages en tout de la piscine du réacteur n°4.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-17, la contamination bêta totale continue de monter et atteint maintenant 720 000 Bq/L (prélèvement du 15 septembre 2014).

Lundi 15 septembre :

• Le Japon vient de passer un an sans la moindre production d’électricité d’origine nucléaire avec un parc entièrement arrêté. Seuls deux réacteurs ont vu leur dossier de sûreté approuvé sur 20 dossiers déposés. Il est maintenant admis qu’un tiers du parc japonais ne redémarrera jamais. Ce sera probablement beaucoup plus.

• La route nationale n°6, qui passe à travers la zone interdite autour de la centrale de Fukushima daï-ichi, vient d’être rouverte à la circulation pour les voitures, camions… mais pas pour les deux-roues. Les automobilistes n’ont pas le droit de s’arrêter et de sortir de leur véhicule sur la portion de 14 km située entre Futaba and Tomioka qui vient d’être rouverte.

En effet, les débits de dose le long de cette portion de route restent très élevés : ils sont, en moyenne, de 3,5 microsieverts par heure et culminent à 14,7 microsieverts par heure. D’après les tests, les véhicules récolteraient peu de poussières.

Cette route, orientée Nord-Sud, va éviter un grand détour à de nombreux véhicules et leur permettre de gagner deux heures de route entre Sôma et Iwaki.

Vendredi 12 septembre :

• Il y a eu une manifestation anti-nucléaire à Tokyo le 11 septembre à l’occasion des 3 ans et demi de la catastrophe avec 800 personnes qui ont formé une chaîne humaine autour du quartier des ministères. Les manifestations du vendredi continuent, ainsi que l’occupation dans des tentes.

• Le gouvernement japonais a approuvé le plan d’urgence autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima), y compris l’évacuation dans un rayon de 30 km, alors qu’il y a encore de nombreuses lacunes comme les médias japonais l’ont déjà souligné. C’est le cas, en particulier, pour les personnes les plus fragiles qui ne peuvent pas se déplacer par elles-mêmes, comme les personnes âgées et les patients dans les hôpitaux. C’étaient ces mêmes catégories de personnes qui ont le plus souffert lors de l’évacuation d’urgence autour de Fukushima.

Ces lacunes dans les plans d’urgence, avec le problème des volcans, étaient les principales préoccupations des personnes qui ont participé à la consultation du public. Y répondre aussi légèrement est du mépris.

• TEPCo a accepté le jugement d’un tribunal de Chiba qui considère qu’elle est responsable à 75% du décès d’une patiente de l’hôpital de Futaba, où l’évacuation d’urgence a été particulièrement dramatique. Ce sont des bus qui sont allés chercher les patients. Les plus faibles ont dû rester avec seulement quelques personnels de santé et sans soutien externe. Ceux qui sont partis ont passé 10 heures dans un bus avant de trouver un lieu d’accueil. Cette évacuation a provoqué une quarantaine de décès.

La patiente en question, 83 ans, est décédée de déshydratation dans un centre d’accueil de secours. TEPCo va verser 13,5 millions de yens (97 000 euros) à la famille.

• Les réactions suite à la rétractation de l’Asahi sont diverses. Certains journaux, comme le Maïnichi, se contentent de rapporter les faits, d’autres, comme le Yomiuri, tirent à boulets rouges sur le quotidien concurrent. L’Asahi a repris le passage critique en ajoutant les passages qu’il avait omis et qui changent ses conclusions.

Les médias français ne semblent pas intéressés par ce démenti.

• Le gouvernement va lever l’ordre d’évacuer une partie de Kawauchi, à l’Est, qui est à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, à partir du 1er octobre prochain. Il s’agit de la partie la moins contaminée. C’est la deuxième zone à moins de 20 km où cet ordre est levé.

• TEPCo a mis en ligne un document en anglais où elle présente les mesures prises pour réduire les fuites. Ce document avait déjà été publié en japonais le 15 août dernier. Il fait apparaître une évaluation des fuites en mer qui montre, si l’on fait les calculs, que les autorisations annuelles de rejet sont dépassées. TEPCo ne le mentionne pas et préfère dit que le niveau de contamination de l’eau de mer, au large, est faible. Certes, mais il est anormal.

• La presse a commencé à lire les témoignages mis en ligne par le gouvernement, en commençant par celui de l’ancien directeur, Masao Yoshida.

D’après l’agence Kyodo, ce dernier a critiqué vertement la classe politique qui n’a pas su saisir la gravité de la situation et qui n’a fait qu’aggraver la confusion ambiante. Les politiques ne semblaient pas comprendre qu’après avoir donné un ordre, il n’était pas rapidement exécuté, comme s’il s’agissait d’appuyer sur un bouton.

Pour tenter d’éventer le réacteur n°1 pour que l’enceinte de confinement tienne, il fallait ouvrir les vannes à la main, faute d’électricité. Mais les débits de dose étaient trop élevés et la seconde équipe a dû faire demi-tour sans pouvoir remplir sa mission. En revanche, il explique que la visite du premier ministre n’a, en rien, retardé les opérations.

Plusieurs personnes l’appelaient directement, dont le premier ministre, alors qu’il avait d’autres priorités que de répondre à leurs questions.

Il critique aussi vertement le siège de TEPCo à Tôkyô qui ne comprenait pas non plus la gravité de la situation. D’après le Maïnichi, M. Yoshida se serait plaint du peu d’aide apportée. Au contraire, le siège ne faisant que transmettre les messages du premier ministre. On se souvient qu’il avait passé outre un ordre d’arrêter l’injection d’eau de mer.

En 2008, avant d’être directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, M. Yoshida, était en charge de superviser la construction des réacteurs et était conscient qu’un tsunami d’une hauteur de 15,7 m pouvait frapper la centrale, mais il n’a rien fait pour protéger les centrales. D’après le Maïnichi, dans son témoignage, il rejette la critique à ce propos, mais reconnaît qu’il était trop confiant en les capacités des centrales nucléaire face à des agressions externes.

Jeudi 11 septembre :

• Le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi devant la commission d’enquête mise en place par le gouvernement est maintenant en ligne, en japonais.

L’Asahi en avait publié des extraits en anglais et avait conclu que 90% des personnes présentes avaient désobéi aux ordres du directeur et avaient fui à Fukushima daï-ni dans la matinée du 15 mars 2011. Cette interprétation a fait débat. Le directeur a bien dit que les personnes étaient allées à daï-ni alors qu’il leur avait demandé de rester à proximité. Mais plus tard, il reconnaissait que c’était peut-être la meilleure option. D’autres témoignages de personnes présentes ont mis en avant la grande confusion qui régnait à ce moment là. Le quotidien vient de revenir sur son interprétation du témoignage, mais insiste sur son rôle qui a conduit à la publication du témoignage, qui était secret.

Le Yomiuri, journal conservateur qui s’est fait le porte-parole du village nucléaire, a publié d’autres extraits en anglais : un, deux et trois.

Dans la liste des 19 transcriptions mises en ligne, figurent notamment les déclarations de l’ex-Premier ministre Naoto Kan, de l’ancien ministre de l’Industrie Banri Kaieda, du porte-parole du gouvernement à l’époque, Yukio Edano.

• Exactement 3 ans et demi après la triple catastrophe, c’est l’heure des bilans. 89 323 personnes, qui ont perdu leur logement suite aux séisme et tsunami, vivent encore dans des préfabriqués initialement prévus pour deux ans. Il y a, en plus, 90 000 personnes qui vivent dans des logements loués pour elles par les pouvoirs locaux.

Il y a encore 246 000 réfugiés en tout. C’est à Fukushima qu’il y a le plus grand nombre de réfugiés qui ont quitté la province : 47 149, contre 6 974 à Miyagi et 1 513 à Iwaté.

Le nombre officiel de décès est de 15 889 et il y a 2 601 disparus. 88 corps demeurent non identifés. Certains ne sont pas pris en compte car il manque la tête.

• Les élections au poste de gouverneur approchent à Fukushima. Elles auront lieu le 26 octobre. Le gouverneur en place ne se présentera pas. Il a déjà fait deux mandats. Le vice-gouverneur, Masao Uchibori, a accepté de se porter candidat. Il est soutenu par le principal parti d’opposition au gouvernement ainsi que par le parti socialiste.

La branche locale du principal parti de gouvernement, le parti libéral démocrate, avait pensé proposer un ancien haut fonctionnaire de la banque centrale, comme challenger, mais il n’a pas été adoubé par le parti. Ce dernier envisage donc de soutenir aussi le vice-gouverneur. Il y aura peut-être d’autres candidats.

• Records de la contamination radioactive de l’eau :

–    il s’agit de données sur le strontium, qui est long à mesurer. Les prélèvements datent donc de mai 2014. Dans les puits de contrôle 1-14, 1-17 et 1-6, il y avait, respectivement, 2 200, 5 600 et 690 000 Bq/L. Pour l’eau de mer, il y a aussi de nombreux records compris entre 250 et 1 400 Bq/L (prélèvements des 12 et 15 mai 2014).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter en mer une eau qui aurait plus de 5 Bq/l en bêta total. Et le strontium est un émetteur bêta.

Mercredi 10 septembre :

• Kyûshû Electric vient de franchir une étape supplémentaire dans sa quête d’obtenir l’autorisation de redémarrage de ses réacteurs nucléaires n°1 et 2 de la centrale de Sendaï (Kagoshima). La NRA avait, le 16 juillet dernier, approuvé le rapport de sûreté de la compagnie et l’a soumis à l’appréciation du public pendant un mois. Elle a reçu 17 819 commentaires, qu’elle aurait partiellement pris en compte pour donner son avis final. Une reformulation de certains passages a été effectuée et des items ajoutés, mais il n’y a pas eu de changement dans les conclusions.

Mais ce n’est pas fini : il reste de nombreux travaux de remise aux normes à effectuer et des milliers de pages à écrire et instruire, décrivant, de façon plus précise, les plans de construction, les nouveaux équipements, les procédures de fonctionnement et la réponse à un accident. Il faudra aussi inspecter les équipements. Il y en a pour des mois.

Et puis, la compagnie devra aussi obtenir l’accord des autorités locales. Mais le maire de la commune qui héberge la centrale et le gouverneur de Kagoshima ont déjà fait part de leur opinion favorable. Ils dépendent financièrement de la centrale. Ce n’est pas le cas d’autres communes situées dans la zone de préparation à l’urgence d’un rayon de 30 km, mais leur avis n’est pas officiellement pris en compte.

Le plan d’urgence n’est pas satisfaisant et la NRA doit encore établir ses règles de sûreté face au risque volcanique. La NRA pourrait demander des garanties supplémentaires sur ces deux points, qui faisaient souvent partie des commentaires du public.

Mais, le gouvernement est tellement pressé de redémarrer le nucléaire – le 15 septembre, cela fera un an qu’il y a un arrêt complet du parc – qu’il devrait passer outre. A l’inverse des Etats-Unis, la loi japonaise n’oblige pas d’avoir des plans d’urgence effectifs pour obtenir une autorisation de fonctionner.

• Les enfants déplacés à cause du tsunami manquent aussi d’exercice et cela suscite des inquiétudes pour leur santé. Certains passent beaucoup de temps dans le bus pour se rendre à leur école. D’autres n’ont pas de place pour jouer autour de leur logement provisoire. Et certains de ces logements ont été installés dans des cours d’école où les enfants ne peuvent plus faire de sport. Les performances sportives des enfants affectés ont baissé.

Le 11 septembre, cela fera exactement 3 ans et demi que le tsunami a eu lieu et cette situation risque de perdurer : seulement 28 préfabriqués sur 4 224 installés dans 61 cours d’école de Miyagi et d’Iwaté ont été enlevés car le programme de reconstruction prend du temps. Il y a la difficulté de trouver des terrains et les prix des matériaux de construction ont beaucoup augmenté, rendant la construction plus chère.

Une enquête menée auprès des réfugiés de Miyagi et Iwaté a montré que 11% d’entre eux n’avaient pas encore décidé quel logement ils souhaitent, s’ils veulent louer ou acheter.

A Fukushima, c’est encore plus compliqué à cause des craintes liées à la radioactivité.

Il y a encore 90 000 personnes qui vivent dans ces préfabriqués situés dans les trois provinces de Miyagi, Iwaté et Fukushima. Construits rapidement, ils se détériorent vite. Le taux d’occupation de ces logements est de 80%.

Après le tremblement de terre de Kôbé, des réfugiés ont dû passer jusqu’à 5 ans dans des préfabriqués.

• La route nationale 6, qui traverse du Nord au Sud la zone interdite autour de la centrale de Fukushima, devrait être entièrement rouverte à la circulation. Actuellement, 14 km passent dans la zone où l’exposition annuelle dépasse 50 mSv. Les travaux de décontamination sont terminés depuis Août dernier.

Le gouvernement devrait bientôt indiquer les débits de dose résiduels et installer des caméras de surveillance pour garantir la sécurité.

• Suite à une consultation du public, le gouvernement devrait légèrement modifier sa loi sur le secret d’Etat. Une personne qui divulguerait un tel secret risque jusqu’à 10 ans de prison. Crainte supplémentaire pour les Japonais, le périmètre du secret est mal défini.

• Records de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

– c’est encore le puits de contrôle 1-17 qui bat son propre record avec une contamination bêta totale de 620 000 Bq/L (prélèvement du 8 septembre 2014).

Dimanche 7 septembre 2014 :

• L’AIEA a publié un rapport sur la décontamination, à Tchernobyl et à Fukushima.

La partie sur la participation des « parties-prenantes » (la seule que j’ai lue) est significative de la façon dont est perçu le public. Le seul but de cette participation est de « gagner la confiance du public » et pas de proposer de meilleures solutions, comme on aurait pu le penser. Les experts sont donc infaillibles. Il est aussi beaucoup question de « communication », mais jamais de prise en compte de l’opinion du public. Il y est dit, page 10, par exemple, que TEPCo communique de façon « ouverte et transparente ». Cela fait deux mois qu’elle n’a pas publié en anglais les données sur doses prises par les travailleurs.

Bref, les experts de l’AIEA ont, une fois de plus, montré qu’ils n’avaient rien compris au problème et qu’ils ne connaissent même pas la convention d’Aarhus.

• Le nouveau ministre de l’environnement a fait sa première sortie à Fukushima, ce qui est normal, étant donnée l’ampleur du désastre. La nouvelle ministre de l’industrie a choisi la centrale accidentée pour sa première sortie. Elle y a encouragé les ouvriers sur place, mais n’a rien proposé de concret pour les protéger.

Interrogée par les journalistes qui l’accompagnaient à propos de l’eau contaminée, elle a aussi expliqué qu’elle pense que la situation est « globalement sous contrôle », répétant la célèbre phrase du premier ministre devant le comité olympique, il y a un an. Et d’ajouter, que les effets de la pollution radioactive sont complètement bloqués dans le port. Là encore, il s’agit d’un copier-coller des paroles du premier ministre, sans que l’on en sache plus sur ce qu’ils entendent par « les effets ». Et dire que c’est cette ministre qui doit redonner confiance dans l’énergie nucléaire.

Voir notre note du 15 août dernier à propos des fuites en mer qui dépassent les autorisations de rejet. Que signifie « sous contrôle » quand il y a des fuites élevées ?

TEPCo a mis des photos de cette visite. Preuve qu’elle communique de façon ouverte et transparente !

• Pour le Yomiuri, journal officiel du village nucléaire japonais, il n’y aurait que 7 réacteurs à arrêter définitivement, dont les réacteurs 1 et 2 de Mihama (Fukui) et de Takahama (Fukui), le n°1 Shimané, le n°1 de Genkaï (Saga) et le n°1 de Tsuruga (Fukui). Pour cette dernière centrale, la NRA a déjà tranché puisqu’elle est sur une faille active. Et il y a deux réacteurs à arrêter !

Le reste de la presse mentionne 12 réacteurs. Ces deux chiffres sont inférieurs à la réalité.

Vendredi 5 septembre 2014 :

• Ce ne sera pas un scoop pour les lecteurs de cette page : une part significative du parc nucléaire japonais ne redémarrera jamais. Parmi ceux qui ne redémarreront pas, il y a les 10 réacteurs de Fukushima, dont 4 sont accidentés et deux arrêtés définitivement à daï-ichi. Les 4 autres, à daï-ni, n’obtiendront jamais l’accord des autorités locales.

Il y a aussi deux réacteurs de Tsuruga (Fukui) qui sont sur une faille active. L’exploitant tergiverse encore, mais il n’a pas le choix (cf 4 septembre).

Kansaï Electric envisagerait d’abandonner définitivement deux réacteurs de sa centrale de Mihama (Fukui) qui ont plus de 40 ans, mais de demander le redémarrage des réacteurs 3 et 4 de celle de Takahama (Fukui). Avant la catastrophe nucléaire, KEPCo voulait aller jusqu’à 50 ans pour sa centrale de Mihama. Les autorités locales étaient d’accord. Mais depuis, le coût de remise aux normes est devenu trop élevé et il y a une faille qui menace. Ces deux réacteurs ont une puissance cumulée de 840 MW, ce qui est faible par rapport aux autres plus récents. La décision sera prise avant la fin de l’année.

Kyûshû Electric pourrait aussi arrêter définitivement le réacteur n°1 de sa centrale de Genkaï, qui a 38 ans.

Le parc initial avait 54 réacteurs, moins 6 arrêtés définitivement, il en reste donc officiellement 48.

Le 15 septembre prochain, cela fera exactement un an que tout le parc est à l’arrêt. Le gouvernement tablerait sur l’arrêt définitif du quart du parc restant, considéré comme trop vieux ou nécessitant des investissements trop élevé. Il espère ainsi obtenir l’aval de la population pour redémarrer le reste. En effet, 12 réacteurs devraient dépasser les quarante ans dans les 5 ans à venir. Afin de faciliter leur arrêt définitif, les autorités veulent revoir les conditions financières.

Mais le gouvernement est encore bien optimiste ! Une demande d’autorisation de redémarrage n’a été déposée que pour 20 réacteurs et certains dossiers ne sont pas instruits par la NRA, qui doit d’abord statuer sur les failles sismiques. Il y a aussi la demande pour le réacteur de Tôkaï-mura qui ne devrait pas passer car il est trop vieux. Bref, le Japon ne devrait pas pouvoir redémarrer plus du quart de son parc à moyen terme. Reuters est en phase en estimant que les deux tiers du parc japonais pourraient ne pas redémarrer.

Les exploitants ont jusqu’à juillet 2015 pour décider s’ils sollicitent une demande de redémarrage ou un arrêt définitif. Ils vont devoir abattre leurs cartes bientôt.

• Selon le Maïnichi, la réunion du 4 septembre dernier entre la NRA et la Japan Atomic Power Co., qui exploitait la centrale de Tsuruga, située sur une faille considérée comme active, a été très houleuse. On le comprend, la compagnie vient de perdre sa centrale.

Quand un spécialiste appointé par la NRA, un consultant de l’exploitant se serait écrié en disant, « vous n’écoutez pas ».

Par ailleurs, Kyûshû Electric aurait soumis 900 corrections à son dossier de demande de redémarrage de sa centrale de Sendaï. Mais cela ne devrait pas ralentir l’instruction du dossier.

• TEPCo avait été condamnée à indemniser la famille d’une personne qui s’était suicidée suite à la catastrophe nucléaire. Elle a décidé de ne pas faire appel et va payer.

• Le quotidien suisse, Le Temps, a mis en ligne un article sur le déclin des oiseaux à Fukushima, qui est réservé aux abonnés. Merci à l’ACROnaute qui nous l’a envoyé.

Timothy Mousseau y rapporte ses derniers résultats sur la biodiversité dans les zones contaminées. Premier constat, la population des 14 espèces d’oiseaux étudiées diminue avec le temps. La biodiversité aussi. Le déclin est plus fort dans les zones où la radioactivité est élevée. Aucun chiffre n’est donné car les données sont encore en cours d’analyse. Ces résultats corroborent ceux des environs de Tchernobyl où des taches blanches ont aussi détectées sur des hirondelles. La Wild Bird Society du Japon aurait observé des taches similaires sur une quinzaine d’individus au Japon.

Zbyszek Boratynski, de l’université de Porto, rapporte, quant à lui, avoir observé une augmentation des problèmes de cataracte chez les rongeurs, aussi bien à proximité de la centrale de Tchernobyl que de celle de Fukushima. La taille du cerveau et la couleur du pelage seraient aussi affectés.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    il s’agit de prélèvements anciens dans les puits de contrôle 1-14 et 1-17 où il y avait respectivement 900 et 4 000 Bq/L en strontium. Des records étaient aussi battus dans l’eau de mer, avec des valeurs allant de 230 à 400 Bq/L en strontium (prélèvement du 14 avril 2014).

Jeudi 4 septembre 2014 :

• Le remaniement ministériel a eu lieu comme prévu le 3 septembre 2014. Le portefeuille de l’industrie est dans les mains de Yuko Obuchi, 40 ans, fille d’un ancien premier ministre. Une de ses missions sera de convaincre l’opinion d’accepter le redémarrage des réacteurs nucléaires autorisés par la NRA.

La nouvelle ministre a expliqué que la priorité était la remise à niveau du parc existant et qu’elle ne s’attendait pas à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dans l’immédiat.

• TEPCo a détecté une fuite au niveau d’un tuyau connectant deux cuves de stockage de l’eau contaminée. Le césium avait été retiré de l’eau de la cuve affectée.

Les deux cuves vont être vidées et la valve en cause changée.

Photos commentées en japonais.

• La NRA est convaincue que la centrale de Tsuruga (Fukui) est sur une faille sismique active, ce qui interdit son redémarrage. L’exploitant, qui risque de perdre tout son parc nucléaire car son autre centrale, à Tôkaï (Ibaraki), est obsolète, a tenté de convaincre la NRA qu’il n’en était rien. Il affirme que de nouvelles études montrent que cette faille n’a pas bougé pendant les 120 000 dernières années, et qu’il n’y a pas de lien avec une autre faille, au large, reconnue active.

Mais l’exploitant semblait manquer d’arguments convaincants lors de la réunion avec la NRA qui a eu lieu le mardi 2 septembre. Lors de la réunion qui a eu lieu ce jour, la NRA a conclu que son opinion à propos de cette faille n’a pas changé. Les deux réacteurs devront donc être arrêtés définitivement. L’exploitant a essayé de poursuivre les discussions, mais le commissaire de la NRA en charge du dossier a dit que c’était terminé. Un nouveau rapport de la NRA, amendé dans les détails seulement, avec sa position officielle, est attendu pour octobre prochain.

• Il y aura des élections pour le poste de gouverneur de la province de Fukushima le 26 octobre prochain. Le gouverneur actuel, Yûhei Satô, 66 ans, vient d’annoncer qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. Le principal parti d’opposition, le parti démocratique du Japon, va se choisir un autre candidat.

Mercredi 3 septembre 2014 :

• Le Japon va faire un exercice de crise à la centrale de Shika, sur la côte de la Mer du Japon, en supposant qu’il y a eu simultanément un séisme et un accident nucléaire. Cela devrait durer deux jours en novembre prochain. Des habitants dans un rayon de 5 km vont être évacués préventivement, des pensionnaires des maisons de retraite mis dans des pièces protégées… 200 000 personnes habitent dans un rayon de 30 km autour de la centrale.

Rappelons que la Commission d’Enquête Indépendante sur l’Accident Nucléaire de l’Assemblée Nationale Japonaise (Nuclear Accident Independent Investigation Commission of Japanese National Assembly, NAIIC) précise que souligne aussi que « le séisme Chuetsu-oki de la province de Niigata qui a eu lieu le 16 juillet 2007, a entraîné plusieurs incidents à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. Suite à cet événement, de nombreux experts ont réclamé que la préparation aux accidents prenne en compte la possibilité de catastrophes complexes. Cependant, aucun effort n’a été fait, ni par le gouvernement, ni par les autorités municipales, pour se préparer à des situations complexes avant l’accident qui a eu lieu à la centrale de Fukushima daï-ichi ».

La Commission d’Enquête Indépendante sur l’Accident Nucléaire de Fukushima, mise en place par une fondation privée, ajoute : « En 2010, par exemple, les autorités régionales de la province de Niigata, sur la côte Ouest, ont planifié un exercice de crise impliquant un séisme et un accident nucléaire. C’était un sujet sensible puisque trois ans auparavant un séisme au large avait provoqué l’arrêt de la centrale nucléaire de TEPCo située sur la côte de Niigata. Mais l’Agence pour la Sûreté Nucléaire et Industrielle (Nuclear and Industrial Safety Agency, NISA), l’agence de régulation nucléaire de l’époque, a fait savoir aux autorités locales qu’un exercice de crise nucléaire suite à un séisme créerait « des inquiétudes inutiles et de l’incompréhension » parmi les résidents ».

Il aura fallu un accident grave pour briser le tabou…

• La NRA se donne un an pour établir des critères de protection des centrales contre les éruptions volcaniques. La centrale de Sendaï (Kagoshima), située à proximité de volcans, va-t-elle redémarrer avant ? Elle satisfait aux critères de sûreté actuels. Qu’en sera-t-il au bout d’un an ?

• TEPCo veut cimenter le fond marin dans le port devant la centrale de Fukushima daï-ichi pour éviter que les sédiments contaminés ne se propagent dans l’océan. Mais, une fois les fuites terminées, TEPCo ne pourra pas reprendre ces sédiments qui resteront sous le ciment, s’il tient.

Il y a 180 000 m2 et TEPCo veut mettre deux couches. La première couche devrait être mise d’ici la fin mars 2015.

TEPCo va reprendre le retrait des combustibles de la piscine du réacteur n°4 à partir du 4 septembre.

Mardi 2 septembre 2014 :

• Le Maïnichi continue son enquête sur le taux d’indemnisation des victimes de la catastrophe nucléaire. Il s’intéresse au problème des décès liés à la catastrophe et a regardé 120 cas « résolus ». Pour 80% de ces cas, la commission d’arbitrage a estimé que la part de responsabilité de la catastrophe était inférieure ou égale à 50%. Et donc TEPCo indemnise les familles en fonction de sa part de responsabilité.

A titre de comparaison, la famille qui est allé en justice suite à un suicide, a obtenu une reconnaissance de 80% de part de responsabilité due à la catastrophe.

La somme standard fixée pour indemniser les familles est inférieure à 20 millions de yens (145 000 euros), ce qui est moins que ce qui est retenu pour un accident de la route. Une décote est ensuite appliquée en fonction de la part de responsabilité de TEPCo. A titre de comparaison, la famille qui est allée en justice, a obtenu 49 millions de yens (358 000 euros).

Lors des audiences au tribunal, TEPCo a mis en avant plusieurs autres cas de suicides où un arbitrage de la commission d’indemnisation avait fixé sa part de responsabilité à 10 et 30%. Mais la cour ne l’a pas suivie.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

– dans le puits de contrôle 1-17, nouveau record avec maintenant 580 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 29 août 2014). Dans le prélèvement de 1er septembre, c’est redescendu à 540 000 Bq/L, qui est le précédent record.

Lundi 1er septembre 2014 :

• Quatre plombiers qui ont travaillé pour un sous-traitant de TEPCo viennent de porter plainte à Iwaki pour réclamer un meilleur salaire étant donnés les risques liés à leur travail sous rayonnements. Leurs salaires n’ont pas changé après que TEPCo ait annoncé une revalorisation en novembre dernier. Une de ces personnes a expliqué que son exposition mensuelle a parfois dépassé les 4 millisieverts.

Ils réclament au total 90 millions de yens (660 000 euros) selon les médias japonais et 65 millions de yens (475 000 euros) selon l’AFP car TEPCo a la responsabilité de contrôler que les sous-traitants rétribuent correctement leurs employés.

• Les déchets radioactifs empoisonnent aussi les autres provinces touchées par les retombées radioactives. A Chiba, des boues de station d’épuration et des cendres d’incinérateurs contaminées à plus de 8 000 Bq/kg de trois communes particulièrement exposées sont entreposées sur des terrains appartenant à la province. Le gouvernement doit proposer un site définitif, mais il n’y arrive pas à cause de l’opposition des riverains. Les autorités régionales ont donc demandé aux municipalités, Kashiwa, Matsudo and Nagaréyama, de reprendre leurs déchets si le gouvernement ne propose pas de solution avant mars 2015. Elles ont accepté. Il y en a 526 tonnes en tout.

La ville de Kashiwa va proposer un budget de 400 millions de yens au conseil municipal pour installer un centre où les 296 tonnes de déchets pourront être reprises par la suite. Mais le lieu n’a pas encore été trouvé et les riverains risquent de s’y opposer.

• Le gouverneur de Fukushima et les maires de Futaba et Ôkuma doivent rencontrer le premier ministre pour lui transmettre leur accord pour les deux centres d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination.

Les négociations avec les 2 000 propriétaires des 16 km2 de terrain nécessaire vont pouvoir commencer. Certains sont toujours opposés au projet.

Il est toujours question d’un entreposage temporaire pour 30 ans, qui doit être inscrit dans la loi. C’est une absurdité et un vrai mensonge. Qui acceptera ces déchets dans 30 ans ? Les politiques n’ont aucune piste à proposer pour le moment. Ils n’ont pas réussi, avant la catastrophe, à trouver un site pour les autres déchets, comment y arriveront-ils après ?

Et puis, le volume est considérable : de 25 à 30 de millions de mètres cube. Une dizaine de stades de France remplis ! Le nombre de voyages en camion pour apporter ces déchets se compte en millions. Qui peut imaginer déménager tout cela dans 30 ans ?

Mais comme les autorités n’ont toujours pas reconnu officiellement qu’il y a des zones où les habitants ne rentreront pas, elles ne peuvent pas proposer un centre définitif.

Pour le moment, tout est mis dans des sacs plastiques qui ne résistent pas toujours avec le temps, sans traçabilité, répartis sur près de 54 000 sites. Comment cela va-t-il être repris, traité, emballé etc ? Aucune information à ce sujet dans les médias japonais.

• TEPCo a mis en ligne des infos en anglais à propos de la console qui est tombée dans la piscine du réacteur n°3 lors de travaux de démantèlement. Les photos et la vidéo sont ici. Les commentaires, ici.

Dimanche 31 août :

• Les manifestations anti-nucléaire continuent au Japon. Il y avait 7 000 manifestants devant le parlement à Tôkyô, samedi 30 août. Il y a des initiatives similaires dans tout le pays.

• TEPCo reconnaît qu’elle ne pourra pas traiter avec ALPS toute l’eau contaminée avant la fin de l’année fiscale, qui termine le 31 mars 2015. Il y en a actuellement 367 000 m3 auxquels il faut ajouter ce qu’il y a dans les sous-sols des réacteurs, bâtiments turbine, galeries souterraines…, plus toute l’eau supplémentaire d’ici là, de l’ordre de 43 000 m3, pour arriver à un total de 420 000 m3.

TEPCo espère traiter 380 000 m3 d’ici le 31 mars 2015 avec ALPS. Pour les 40 000 m3 restant, elle veut retirer le césium et strontium avant de les passer dans ALPS plus tard. La station ALPS est supposée retirer 62 radioéléments, mais n’a toujours pas le feu vert de la NRA pour fonctionner à plein régime et peine toujours à abaisser la contamination de certains radioéléments à des niveaux jugés acceptables.

• La ville d’Iwaki, située à une cinquantaine de kilomètres au Sud de la centrale de Fukushima daï-ichi, a été transformée par la catastrophe. Elle accueille de nombreux réfugiés et des travailleurs à la centrale accidentée ou sur les chantiers de décontamination. Mais les populations ne se mélangent pas, comme le montre l’enquête de Reuters. Certains quartiers, avec bars, restaurants, ont été désertés par les habitants car ils sont fréquentés par les travailleurs du nucléaire.

Une partie des 300 000 habitants se plaignent, car le prix des terrains a fortement augmenté alors qu’une partie des réfugiés vit sur les indemnisations. Cela suscite des jalousies. Il y a eu des dégradations sur les parkings des réfugiés ou des graffitis leur demandant de partir. Cela devrait continuer car le gouvernement veut construire 3 700 logements pour les réfugiés à Iwaki, même si le programme a beaucoup de retard.

Evidemment, d’autres profitent du boom économique engendré par cet afflux de populations nouvelles.

Samedi 30 août :

• Les maires de Futaba et Ôkuma ont aussi accepté les deux centres d’entreposage des déchets radioactifs.

• Le Maïnichi l’avait déjà révélé (cf 10 et 21 juillet), la commission en charge de l’arbitrage concernant l’indemnisation a adopté la politique du 50%, à savoir que la catastrophe nucléaire n’est responsable qu’à 50% des maux dont se plaignent les personnes qui ont recours à elle.

L’ancien directeur avait reconnu avoir prédéfini 50% par défaut, mais son successeur a toujours nié l’existence d’une telle règle. Mais le Maïnichi a obtenu un document interne qui a circulé parmi le personnel où cette règle est écrite noir sur blanc. Daté du 26 décembre 2012, il fait quatre pages et contient la phrase suivante : « [L’indemnisation] sera fixée par le conseil à 50%. Des ajustements plus fin, comme fixer ce chiffre à 40 ou 60% ne doivent pas être faits ». Par ailleurs, ce document précise que « quand il est difficile de s’assurer que la règle des 50% doit être appliquée, il est possible, à titre exceptionnel, de choisir 10% ».

Le document explique aussi que les documents transmis, comme les certificats médicaux ou les témoignages de médecins, ne doivent pas trop peser dans la décision. Cela corrobore des accusations précédentes du quotidien.

Des témoignages internes confirment que ce document sert de base de travail, et qu’il ne s’agit de « notes personnelles », comme avait fini par le reconnaître la commission, après en avoir nié l’existence.

• 88 personnes viennent de porter plainte contre le gouvernement et les autorités régionales pour avoir failli dans leur devoir de protéger les enfants de la radioactivité en mars 2011. Elles demandent 100 000 yens (730 euros) de dommages et intérêts.

Elles reprochent aux autorités de ne pas avoir diffusé rapidement les données en leur possession. Il y a aussi 24 enfants qui réclament le droit à une éducation dans un environnement sain.

Vendredi 29 août :

• La revue “Sciences et Vie” de septembre 2014 consacre un dossier à l’accident nucléaire en France, en tentant de tirer les leçons de ce qui s’est passé au Japon.

• Le retrait des débris dans la piscine du réacteur n°3 se poursuivent avec des grues télécommandées. Le débit de dose près de la piscine serait de 3,2 millisieverts par heure, ce qui ne permet pas à des humains d’aller y travailler.

Un débris est retombé dans la piscine à 12h45. Il s’agit d’une console d’un mètre carré et de 400 kg !

La compagnie regarde s’il y a des assemblages endommagés parmi les 566 présents dans la piscine, dont 52 neufs, avec du MOx.

Communiqué laconique de TEPCo en japonais et quelques photos commentées en japonais.

• C’est officiel, les autorités régionales de Fukushima ont accepté l’implantation de deux centres d’entreposage des déchets issus de la décontamination à Fukushima, un à Futaba et un à Ôkuma, à la condition qu’il soit inscrit dans la loi que les déchets n’y resteront pas plus de 30 ans. Il sera plus facile de changer la loi que de trouver un nouveau site…

Il y a encore une réunion de prévue samedi entre le gouverneur les communes, puis une rencontre officielle avec le premier ministre est prévue lundi 1er septembre pour transmettre la décision.

Le gouvernement devra encore négocier avec 2 000 propriétaires terriens pour les 16 km2 requis, ce qui ne sera pas forcément très simple.

• Il va y avoir un exercice de crise avec évacuation de la population autour de la centrale de Takahama (Fukui) ce dimanche. 2 000 résidents vont prendre part à l’exercice, qui va consister à contrôler la contamination des véhicules qui sortent de la zone et à distribuer des comprimés d’iode.

190 000 habitants vivent dans un rayon de 30 km, 4,8 millions dans un rayon de 75 km.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle E14, situé en amont des réacteurs, mais en aval des cuves, il y a maintenant 640 Bq/L en tritium (prélèvement du 26 août 2014).

Jeudi 28 août :

• Le pont roulant qui sert à mettre ou retirer les barres de combustible dans les piscines de refroidissement s’est effondré dans celle du réacteur n°3 suite à l’explosion hydrogène en mars 2011. TEPCo va bientôt tenter de le retirer. Il s’agit d’une opération délicate à cause de la masse de la poutre principale et du risque pour les combustibles en dessous.

• Il y a un an, le premier ministre japonais déclarait devant le comité international olympique que la situation était « sous contrôle » en ce qui concerne les fuites en mer d’eau contaminée. Un an plus tard, TEPCo a reconnu que le pompage en amont dans les nappes phréatiques ne servait à rien, que le mur gelé dans une galerie souterraine n’a pas pris et, maintenant, que la station de traitement des eaux contaminées, ALPS, n’est toujours pas au point. Outre des pannes à répétition, ses performances ne sont pas à la hauteur des espérances pour quatre éléments.

TEPCo veut donc installer une nouvelle ligne test pour ALPS, avec une meilleure protection contre les fuites et une unité de décontamination supplémentaire pour ces quatre éléments.

Tout doit fonctionner pour décembre 2014 et pouvoir traiter 2 000 m3/jour. Mais cela des mois et des mois que la station ALPS est pour bientôt. Les premiers tests ont eu lieu en mars 2013.

En attendant, les fuites en mer continuent et l’eau continue de s’accumuler dans des cuves. Il y en a maintenant 367 000 m3 auxquels il faut ajouter ce qu’il y a dans les sous-sols des réacteurs, bâtiments turbine, galeries souterraines…

• Le siège de TEPCo à Tôkyô a-t-il voulu évacuer tout le monde à la centrale de Fukushima daï-ichi, le 15 mars 2011 ? L’agence de presse Kyodo News revient sur ce sujet hautement polémique au Japon. Le PDG de la compagnie aurait bien suggéré un retrait de la centrale. D’autres directeurs ont aussi réclamé des critères pour décider de l’évacuation. Le premier ministre de l’époque, Naoto Kan a été réveillé à ce propos et s’est mis en colère contre TEPCo, lui refusant toute idée d’évacuation. Il s’est rendu dans les locaux de la compagnie pour y installer une cellule de crise commune et y a découvert un système de visio-conférence avec liaison directe vers la centrale accidentée et la cellule de crise située à 5 km. Comment se fait-il alors qu’il avait si peu d’information ? Sa confiance envers la compagnie et son administration s’est encore détériorée.

Le PDG de TEPCo a, par la suite, dit qu’il ne parlait pas d’un retrait complet. Il n’a, manifestement, pas été très clair. L’intervention du premier ministre dans les locaux de TEPCo a été suivie en direct à la centrale et a beaucoup choqué, car il n’y était pas question d’évacuer complètement.

Mais, ce même jour, suite à un bruit faisant penser à une explosion dans le réacteur n°2, le directeur de la centrale a demandé aux personnes sur place de s’éloigner, tout en restant à proximité pour pouvoir revenir rapidement, le temps de comprendre ce qui s’était passé. Comme l’avait révélé l’Asahi, qui a eu accès au témoignage du directeur fait devant la commission d’enquête mise en place par le gouvernement, 90% des personnes présentes sont parties à la centrale de Fukushima daï-ni, située à 12 km et y ont retiré leurs habits de protection, bravant ainsi l’ordre du directeur. Il leur a ensuite fallu du temps pour revenir. L’Asahi y voit une volonté de fuir.

Le journal conservateur Sankei cite le même passage où le directeur de la centrale explique qu’il n’a jamais donné l’ordre de fuir, mais y voit surtout une conséquence de la confusion qui régnait sur place et une incompréhension. Il accuse l’Asahi de tordre les faits, ce qu’il qualifie d’injure à l’honneur du journal.

Il y a donc bien eu un retrait d’une grande partie du personnel le 15 mars. Mais la polémique sur les circonstances et les intentions réelles des dirigeants de TEPCo est loin d’être terminée. Il n’est pas sûr que la publication complète du témoignage du directeur de la centrale ne clarifie les choses.

Mercredi 27 août :

• Selon une étude par deux universitaires, Ken’ichi Ôshima et Masafumi Yokémoto, les coûts directs de la catastrophe nucléaire de la centrale de Fukushima daï-ichi s’élèveront à 11 000 milliards de yens (80 milliards d’euros). C’est près du double de l’estimation gouvernementale de 2011. Cela se décompose ainsi :

–    4 910 milliards de yens (36 milliards d’euros) d’indemnisations des évacués ;

–    2 480 milliards de yens (18 milliards d’euros) pour la décontamination ;

–    2 170 milliards de yens (16 milliards d’euros) pour le démantèlement des réacteurs ;

–    1 076 milliards de yens (7,9 milliards d’euros) pour la gestion des déchets radioactifs engendrés par l’accident, sans leur stockage définitif, qui est inconnu.

Il s’agit du prix minimum, préviennent les auteurs. D’autres études donnent un coût deux fois plus élevé pour la décontamination. Le fond de soutien gouvernemental, qui avance, sans intérêt, le coût de l’indemnisation, a fixé à 9 000 milliards de yens la limite. Cette estimation ne prend pas en compte tous les coûts indirects sur l’économie locale, l’industrie nucléaire japonaise…

• Les autorités régionales de Fukushima ont donné leur feu vert à l’installation à Futaba et Ôkuma de centres d’entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination après en avoir discuté avec les communes, l’assemblée régionale et des chefs de communauté. L’annonce officielle est prévue pour vendredi. Débuteront alors les négociations avec les 2 000 propriétaires terriens. Il est toujours prévu que ces déchets quittent les sites au bout de 30 ans, sans que personne ne sache où.

• Selon les statistiques officielles du ministère de l’éducation, il y a encore 11 452 enfants scolarisés en dehors de leur province d’origine suite à la triple catastrophe à Iwaté, Miyagi et Fukushima. Mais, c’est à Fukushima que l’exode a été le plus élevé, avec 9 767 enfants.

21 775 enfants ont dû changer d’école dans ces trois provinces, suite à la triple catastrophe, dont 15 281 à Fukushima. C’est donc à Fukushima que les enfants ont été le plus éloignés, à cause des craintes liées à la radioactivité. 60% des enfants qui ont changé d’école ont quitté la province.

• Selon une nouvelle étude commandée par le gouvernement, la côte de la Mer du Japon est aussi exposée au risque tsunami que la côte pacifique. La vague la plus élevée pourrait atteindre 23,4 m à Hokkaïdô. Au niveau des nombreuses centrales nucléaires situées le long de la Mer du Japon, la nouvelle estimation est plus faible que les critères retenus par les exploitants. En revanche, en certains points, la vague pourrait venir très vite, en une minute environ.

Mardi 26 août :

• La justice a jugé recevable la plainte de la famille de Hamako Watanabé qui s’était suicidée en juillet 2011, lors d’une visite ponctuelle dans sa maison de Kawamata, commune évacuée. La famille réclamait 91,16 millions de yens (665 000 euros) et a obtenu 49 millions de yens (358 000 euros). Le tribunal a estimé qu’il y avait un lien direct avec l’accident, ce que contestait TEPCo qui mettait en avant d’autres facteurs qui auraient contribué au suicide, comme des troubles du sommeil et des soins antérieurs à la catastrophe.

TEPCo n’a pas décidé si elle allait faire appel ou non. C’est la première fois que TEPCo est condamnée à indemniser la famille d’une personne qui s’est suicidée. Il y a eu un précédent, résolu par une négociation à l’amiable, via la commission de conciliation. Il y a d’autres plaintes en cours d’instruction.

56 suicides sont considérés comme liés à la triple catastrophe à Fukushima. C’est plus que dans les provinces voisines de Miyagi et d’Iwaté où c’est respectivement 37 et 30. A Fukushima, le taux de suicide parmi les réfugiés est à la hausse : 10 en 2011, 13 en 2012, 23 en 2013 et déjà 10 jusqu’en juillet cette année. Les lettres d’adieu ou le témoignage des proches sont utilisés pour faire le lien avec les catastrophes.

• Le gouvernement et les autorités régionales de Fukushima ont précisé leur offre aux deux communes, Futaba et Ôkuma, qui acceptent l’installation d’un site « temporaire » d’entreposage des déchets radioactifs dus à la catastrophe nucléaire. La région va leur verser directement 15 milliards de yens (110 millions d’euros) pour rebâtir les communes et aider les habitants à refaire leur vie et le gouvernement 85 milliards de yens (620 millions d’euros). Cette somme est incluse dans l’offre globale faite récemment et servira, notamment, à compenser la perte de valeur des terrains suite à la catastrophe. Une brochure explicative va être distribuée à tous les habitants et un numéro vert mis en place.

Les conseils municipaux se sont déclarés satisfaits mais certains membres ont demandé au gouvernement de rencontrer directement les propriétaires des terrains concernés avant de prendre une décision finale.

• Les pêcheurs d’Iwaki vont reprendre la pêche de la petite friture (petits poissons de 3 cm qui sont bouillis et séchés) pour la première fois depuis le début de la catastrophe. Il s’agit d’une pêche expérimentale avant de reprendre une pêche commerciale. Les pêcheurs avaient voulu reprendre en octobre 2013, mais le scandale de l’été précédent sur les fuites en mer avait suspendu leur projet.

17 bateaux sont partis en mer ce premier jour et ont rapporté 3 tonnes de poissons qui ont été testés et déclarés conformes aux normes de mise sur le marché. Cette friture représentait la principale activité des petits bateaux de pêche, qui ne reprend, d’abord, qu’avec une seule sortie par semaine.

• TEPCo est toujours à la peine avec l’eau contaminée. Il y a trois mois, elle a commencé à pomper de l’eau en amont des réacteurs pour la rejeter en mer. Cela n’a pas été facile car cette eau est contaminée au tritium à cause des cuves voisines. Il y a aussi du césium, comme dans les cours d’eau, suite au lessivage des sols. Les pêcheurs étaient réticents et TEPCo leur avait menti par omission en ne leur disant pas que les fuites en mer continuaient. Après de longues discussions, un double contrôle avant rejet en mer, TEPCo en a finalement rejeté 25 000 m3 en trois mois. Elle l’avait annoncé que cette mesure allait faire diminuer la quantité d’eau qui pénètre dans les sous-sols des réacteurs où elle se contamine beaucoup plus et elle vient de reconnaître qu’il n’en est rien. Il y a toujours 400 m3 par jour qui viennent s’ajouter au stock et il faut toujours ajouter des cuves et des cuves pour la stocker.

Par ailleurs, le gouvernement japonais a retenu trois compagnies étrangères parmi 29 candidatures pour déterminer la meilleure méthode pour séparer le tritium de l’eau contaminée. Il s’agit de Kurion (Etats-Unis), General Electric Hitachi Nuclear Energy Canada Inc et RosRAO (Russie). Elles vont recevoir chacune jusqu’à un milliards de yens (7,3 millions d’euros) en R&D pour déterminer si le tritium peut être séparé à un coût raisonnable. Elles doivent rendre leur conclusion pour mars 2016. Il n’y a aucun engagement à déployer ces technologies par la suite.

Pendant ce temps là, les fuites en mer continuent (cf 15 août dernier).

• TEPCo avait estimé, à la louche, à 1,12 TBq (1 120 milliards de becquerels) le rejet atmosphérique du 19 août 2013 lors de travaux de démantèlement de la partie haute du réacteur n°3. Comme nous l’avons déjà raconté, ces travaux ont entraîné plusieurs rejets, mais celui du 19 août serait le plus fort et aurait contaminé du riz à plus de 20 km de la centrale. Cette contribution venant s’ajouter à la contamination déjà existante aurait rendu ce riz impropre à la consommation.

La compagnie vient d’affiner son estimation pour le seul 19 août et avant un chiffre 5 à 10 fois inférieur. Cela reste très élevé !

Voir les 27 pages d’explications en japonais.

• Le ministère de la recherche veut dédier un budget de 8,1 milliards de yens (60 millions d’euros) à la recherche sur le démantèlement des installations nucléaires. Cet argent devrait partiellement être dédié à un nouvel institut de recherche et de formation situé à Fukushima. Son nom pourrait être quelque chose comme International Joint Research Center for Dismantlement of Nuclear Reactors (2 milliards de yens). Le reste devrait être dédié au traitement et stockage du combustible fondu et autres déchets radioactifs.

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-17, il y a maintenant 540 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 25 août). Le précédent record dans ce puits était de 350 000 Bq/L. Il s’agit d’une hausse vertigineuse, non expliquée.

Lundi 25 août :

• Le gouvernement a confirmé son intention de publier, en septembre prochain, la quasi-intégralité du témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, Masao Yoshida, maintenant décédé. Les noms de tiers ou des détails relevant du sécurité nationale seront expurgés. De larges extraits de ce témoignage avaient déjà été publiés par des journaux japonais. Le gouvernement, ne fait donc que rendre public un document qui l’est déjà partiellement. Il y a 771 autres témoignages dans le cadre de la commission d’enquête. Le gouvernement devrait rendre publics ceux pour lesquels il obtient l’accord des personnes interrogées.

L’Asahi avait révélé, en mai dernier, à partir du témoignage de M. Yoshida, que les personnes présentes sur le site avaient désobéi à ses ordres et étaient allées se réfugier à la centrale voisine daï-ni au lieu de rester à proximité. Le Sankei Shimbun, a, ce moi-ci, publié d’autres extraits et dément les conclusions de l’Asahi : les ordres auraient été mal transmis et il régnait une grande confusion sur place. Mais l’Asahi cite d’autres propos de l’ancien directeur, disant que les personnes avaient bien fait de fuir.

Le Sankei rapporte que M. Yoshida a fortement critiqué l’ancien premier ministre Naoto Kan, qui a affirmé que TEPCo voulait abandonner la centrale : ce n’était pas le cas des personnes sur place.

• TEPCO a annoncé aux pêcheurs que le test de décontamination qu’elle a mené sur l’eau souterraine pompée au pied des réacteurs étaient concluants et qu’elle pouvait la rejeter en mer sans problème. Les pêcheurs n’ont pas été convaincus.

• La NRA a eu sa première audience avec des vulcanologues à propos des risques pour les centrales nucléaires. Rappelons que la centrale de Sendaï (Kagoshima) est à 50 km du Sakurajima, un volcan en activité. Les experts ont critiqué les critères de sûreté établis par la NRA par rapport à ce type de risques et le dossier déposé par Kyûshû Electric. Il est très difficile de faire des prédictions avec les volcans et il n’est donc pas possible d’affirmer que le risque est négligeable qu’un volcan près de la centrale de Sendaï devienne actif, comme l’a fait la NRA.

De plus, la seule étude citée par l’exploitant et la NRA ne concerne qu’un type tr !s spécifique de caldeiras et ne peut pas être étendue à tous les volcans. Il y a 5 caldeiras autour de la centrale de Sendaï.

• Le logiciel SPEEDI, supposé prédire les retombées radioactives en cas d’accident nucléaire et aider à la décision pour protéger au mieux les populations, s’est révélé inopérant durant les premiers jours de la catastrophe à Fukushima daï-ichi. Et ces premiers résultats n’ont pas été transmis aux personnes qui en avaient besoin, aussi bien au niveau central, qu’au niveau local.

Selon l’Asahi, la NRA va réduire de moitié le budget dédié à ce système l’an prochain et va utiliser l’argent pour renforcer son réseau de balises en lien avec les pouvoirs locaux. Comme les zones de préparation à l’urgence nucléaire ont été étendues, c’est devenu nécessaire. Mais les balises, coupées des réseaux, s’étaient aussi révélées peu utiles durant les premiers jours et n’avaient pas permis de calibrer SPEEDI.

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-17, il y a maintenant 350 000 Bq/L en bêta total. La contamination en tritium de l’eau de mer le long du littoral bat aussi des records en trois points de prélèvement, avec des niveaux compris entre 350 et 600 Bq/L (prélèvements des 18 et 21 août 2014).

–    dans l’eau pompée en amont des réacteurs, mais en aval des cuves, pour rejet en mer, la contamination en tritium dans le puits n°11 est maintenant de 820 Bq/L (prélèvement du 21 août 2014)

TEPCO a mis en ligne des résultats de mesure sur de l’eau souterraine pompée au pied des réacteurs, mais en amont.

Rappelons, à titre de compraison, que la compagnie se refuse à rejeter dans l’océan une eau qui aurait plus de 5 Bq/l en bêta total etplus de 1 500 Bq/l en tritium.

Dimanche 24 août :

• Les autorités régionales de Fukushima ont mis en ligne leurs derniers résultats concernant les cancers de la thyroïdes chez 300 000 jeunes de moins de 18 ans au moment du déclenchement de la catastrophe. Tous ces enfants ont subi au moins un examen par échographie. Une deuxième série a débuté. Il y a environ 370 000 enfants éligibles à ces tests, ce qui signifie que 70 000 y échappent.

En cas de découverte d’un kyste ou nodule suspect, d’autres examens médicaux sont pratiqués : tests sanguins et urinaires, ainsi qu’une biopsie.

Il y a maintenant 104 cas de cancers suspectés, dont 57 confirmés après une intervention chirurgicale. Il y a 55 cancers papillaires et 2 cancers embryonnaires. Une 58ième personne a subi une intervention chirurgicale, mais le nodule était bénin.

C’est beaucoup plus que dans d’autres régions du Japon, mais les autorités se refusent à faire le lien avec la catastrophe nucléaire, sans pour autant préciser qu’elles ne peuvent, en aucun cas, affirmer que ce n’est pas dû à la catastrophe. En effet, cela fait environ 30 cas sur 100 000 enfants, contre 1,7 cas sur 100 000 enfants à Miyagi. Mais dans un cas, il y a un dépistage systématique et dans l’autre, seuls les cas avec symptômes sont comptés. S’il s’agit que d’un effet du dépistage systématique, comme suggéré, pourquoi opérer, les symptômes n’apparaissant souvent jamais. Mais le vice-président de l’université médicale de Fukushima se défend en affirmant qu’ils n’ont opéré que des cas où il y avait un risque élevé.

Sur ce total de 104 personnes, il y a 68 filles. La taille des tumeurs varie entre 5 et 41 mm, avec une moyenne de 14 mm.

Il s’agit des statistiques à la fin juin 2014. Quand la deuxième série d’échographies sera terminée, on y verra plus clair. Si le nombre de cas détectés est beaucoup plus faible, on pourra réellement mettre en avant l’effet du dépistage.

Les dernières statistiques sont ici en japonais. La page correspondante est ici.

Une traduction non officielle en anglais est disponible ici.

A propos de la nécessité de pratiquer une ablation partielle ou totale de la thyroïde, voir les discussions traduites en anglais.

• Le site Fukuleaks a rassemblé sur une seule page les liens vers tous les témoignages de travailleurs présents à la centrale de Fukushima daï-ichi durant les premiers jours. Ces témoignages ont été recueillis par l’agence de presse Kyodo News.

• L’IRSN a mis en ligne les vidéos d’un colloque interne sur la « récupération des territoires contaminés ». L’Institut vante toujours son ouverture à la société civile mais ne l’invite jamais quand il s’agit de sujets l’intéressant directement.

• Hokkaïdô Electric devrait ne pas verser de prime de fin d’année en décembre prochain. Elle est en discussions avec les syndicats à ce propos. La compagnie a demandé l’autorisation au gouvernement de pratiquer une deuxième hausse de ses tarifs d’électricité. C’est la première à le faire, mais d’autres compagnies pourraient suivre.

Samedi 23 août :

• Les autorités régionales de Fukushima vont finalement accepter la proposition gouvernementale relative à l’installation de deux centres d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination, un à Ôkuma et un à Futaba. Les conseils municipaux devraient aussi donner leur accord lors de la réunion avec la région le 25 septembre. Le lendemain, une autre réunion avec le gouvernement est prévue, pour discuter de l’utilisation des fonds (301 milliards de yens). Le surlendemain, ce sera au tour des habitants. Le marchandage entre le gouvernement et les autorités locales semble terminé.

L’annonce devrait être faite avant le 3 septembre, date du prochain remaniement ministériel où le ministre de l’environnement, le très controversé Nobuteru Ishihara, pourrait être remplacé. Le nouveau ministre devant s’approprier le dossier, cela entraînerait un retard supplémentaire d’un mois minimum. Et les pouvoirs locaux ne pensent pas pouvoir obtenir plus.

La province a donc décidé de faciliter les négociations et va prendre à sa charge la différence de prix des terrains entre avant et après la catastrophe. C’était une des revendications des propriétaires prêts à vendre.

Le gouvernement espère commencer les travaux en janvier. Mais il doit encore négocier avec près de 2 000 propriétaires, soit l’achat de leur terrain, soit la location. Ce n’est pas encore gagné.

• Mis à part un épisode de canicule, le mois de juillet a été moins chaud que la normale au Japon et la consommation d’électricité a baissé de 3,1% par rapport à l’année précédente. C’est le troisième mois consécutif de baisse.

• Le gouvernement pourrait céder face à la pression et rendre public le témoignage de Masao Yoshida, l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, devant la commission d’enquête mise en place par le gouvernement. Des versions de ce témoignage circulent et il devient intenable de le garder secret. Il va consulter la famille avant de prendre sa décision.

Vendredi 22 août :

• Le ministère de l’environnement va demander un budget de 300 milliards de yens dédié à la décontamination pour l’année fiscale 2015. C’est plus que les 258 milliards de yens de l’année 2014. Il va aussi demander 150 milliards de yens pour les centres de stockage et d’entreposage des déchets radioactifs liés à la catastrophe. C’est autant qu’en 2014. Et puis, il y a les aides aux autorités locales pour qu’elles acceptent.

• Le marché de l’électricité devrait être complètement concurrentiel à partir de 2016. L’industrie nucléaire est à la peine car ses quelques centrales qui pourraient redémarrer nécessitent des investissements massifs et celles qui vont fermer définitivement vont grever les budgets des exploitants. Le gouvernement prévoit donc un mécanisme de stabilisation des prix pour l’électricité d’origine nucléaire avec garantie d’un prix minimal. Un système similaire existe en Grande-Bretagne.

Le prix standard devrait être fixé à l’issue de négociations entre le gouvernement et les exploitants et doit prendre en compte le démantèlement et la gestion des déchets radioactifs.

Ce mécanisme va donner un avantage aux compagnies déjà en place et les nouveaux venus sur le marché de l’électricité feront face à une concurrence faussée.

• La population de singes a triplé dans le district évacué d’Odaka à Minami-Sôma. Le nombre d’animaux sauvages est en augmentation sans les humains.

• Les glissements de terrain meurtriers dans la province de Hiroshima, engendrés par les fortes pluies qui ont touché la région cet été, posent la question de l’accès à certaines centrales nucléaires, comme celles de la péninsule de Tsuruga dans la province de Fukui. Il y a 5 réacteurs de production d’électricité sur cette péninsule, plus le surgénérateur Monju. Que se passera-t-il si des glissements de terrain y barrent l’accès ? Les autorités régionales vont mener des investigations à ce propos.

• TEPCO a mis en ligne une version en anglais de ses explications et photos relatives au système de décontamination de l’eau souterraine qu’elle veut pomper au pied des réacteurs pour la jeter dans l’océan.

Jeudi 21 août :

• Des habitants d’Ôkuma, une des communes qui hébergent la centrale de Fukushima daï-ichi, vont organiser des visites mensuelles de leur bourg situé dans la zone interdite d’accès. Le voyage se fera sur deux jours à partir de Tôkyô pour montrer les dégâts provoqués par la catastrophe nucléaire.

• TEPCO a annoncé qu’elle espérait finir le retrait des combustibles de la piscine du réacteur n°4 en novembre prochain, soit avec un mois d’avance sur le planning initialement prévu. Au 10 juillet, date de la suspension des travaux pour maintenance, 1 188 assemblages sur un total de 1 533 avaient été retirés.

• La nouvelle autorité de sûreté, la NRA, a mis en ligne, en anglais, son rapport annuel pour l’année 2013.

TEPCo a reçu 17,5 milliards de yens des autorités pour payer les indemnisations des victimes de la catastrophe nucléaire. Il s’agit du 31ième versement.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle n° 3-2, il y a maintenant 3 100 Bq/L en bêta total (prélèvement du 20 août 2014).

Mercredi 20 août :

• Le gouvernement devrait fixer la part du nucléaire dans le futur mix énergétique du Japon en 2015 pour la conférence sur le climat qui aura lieu à Paris. S’il a choisi cette occasion, c’est qu’il veut présenter un chiffre élevé, mais, pour le moment, c’est 0% et cela jusqu’à l’an prochain au minimum. C’était 30% de l’électricité avant la catastrophe, mais si un tiers du parc redémarre, ce sera déjà beaucoup vu son état actuel. Ce qui signifie qu’un chiffre supérieur à 10% semble complètement irréaliste.

La population japonaise continue, majoritairement, à vouloir que le pays renonce définitivement à cette énergie.

• La NRA a décidé de ne pas instruire le dossier de demande de redémarrage de la centrale de Shika (Ishikawa) qui vient d’être déposée, avant que le statut de la faille qui passe sous la centrale soit clarifié. En revanche, l’exploitant pourra assister aux réunions entre la NRA et les exploitants à propos de la sûreté et des dossiers à soumettre.

La NRA avait déjà pris une décision similaire à propos de la centrale de Higashidôri à Aomori.

• Après la catastrophe nucléaire, la NRA a révisé les plans pour faire face à une urgence nucléaire et a étendu la zone de préparation à 30 km. C’était 10 km avant et c’est toujours 10 km en France. Mais, même 30 km pourraient ne pas être suffisants. La NRA va donc établir des règles pour les territoires situés au-delà de 30 km.

• Une compagnie basée à Yokohama vient d’être blâmée pour ne pas avoir fait passer de visite médicale à un ou plusieurs de ses employés envoyés décontaminer à Fukushima. Il s’agit d’un sous-traitant, maintenant en faillite, de la major du BTP Kajima.

• La NRA a mis en ligne quelques résultats de mesure sur la contamination de la Baie de Tôkyô. Aussi bien l’eau de mer que les sédiments marins ont des niveaux de contamination similaires à ce que l’on peut trouver à 10 km de la centrale de Fukushima. C’est dû au lessivage des sols et à la concentration dans la baie presque fermée. Voir, à titre de comparaison, des résultats récents sur l’eau de mer au large de la centrale.

• Un groupe de Japonais, incluant des actionnaires de TEPCo qui ont porté plainte contre la direction de la compagnie, vient de débuter une nouvelle action en justice pour demander que le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi à la commission d’enquête mise en place par le gouvernement soit rendu public. L’ancien directeur, Masao Yoshida, est maintenant décédé.

L’Asahi a publié des extraits traduits en anglais de ce témoignage.

Ce groupe demandera aussi la publication des témoignages des 772 personnes interrogées par la commission d’enquête.

• TEPCo veut pomper l’eau souterraine au pied des réacteurs, la décontaminer partiellement et la rejeter dans l’océan. Elle vient de commencer les tests de décontamination. Elle avait récemment pompé 500 m3 et elle vient de commencer le traitement de 290 m3. L’efficacité effective du traitement n’est pas connue.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-17, il y a maintenant 310 000 Bq/l en bêta total (prélèvement du 18 août 2014).

Mardi 19 août :

• La commune de Shioya dans la province de Tochigi a refusé le plan gouvernemental de venir y installer un centre de stockage pour les déchets radioactifs issus de la décontamination plus les boues de station d’épuration, les cendres d’incinérateurs… qui ont plus de 8 000 Bq/kg en césium. Le maire et un représentant du conseil municipal se sont rendus au ministère de l’environnement pour réclamer le retrait du plan. Le représentant du ministère a insisté pour dire que ce centre était nécessaire et que le ministre était prêt à revenir expliquer le projet.

• TEPCo a reconnu, lors d’une réunion avec l’autorité de sûreté, que son projet de boucher une galerie souterraine située en amont des réacteurs 2 et 3 avec un mur de glace est un échec. Cela fait trois mois qu’elle essaye, qu’elle ajoute de la glace, de plus en plus de glace, en vain. Elle en a mis 400 tonnes depuis le mois dernier. 90% de la section de la galerie a pris, mais l’eau contaminée passe toujours à cause de tuyaux, gaines etc qui passent par là. TEPCo veut donc boucher les trous du mur de glace avec du ciment. Pourquoi ne peut-elle pas mettre du ciment partout ?

La NRA va donner son avis après avoir examiné le nouveau plan de TEPCo.

Des images et explications sont ici en japonais.

• La NRA a finalement reçu 17 000 contributions lors de la consultation du public à propos de son dossier d’évaluation de la sûreté de la centrale de Sendaï à Kagoshima. La prise en compte de ces avis va prendre plus de temps que prévu.

Lundi 18 août :

• Le gouvernement a organisé une réunion publique, dimanche, avec les habitants de Kawauchi à propos de la levée de l’ordre d’évacuer. 80 personnes étaient présentes en plus des émissaires. La dernière fois, le gouvernement avait proposé de lever l’ordre d’évacuation le 26 juillet dernier, mais les habitants s’y étaient opposés. Cette fois-ci, il a mieux préparé la réunion avec l’aide du maire et a proposé une deuxième décontamination des points les plus chauds et la réparation des routes. Tout devrait être fini d’ici septembre et l’ordre d’évacuer pourrait être levé à partir du 1er octobre 2014. Le gouvernement a proposé deux dates : le 26 août, qui correspond à la fin de la première période de retour temporaire qui a commencé le 26 avril, et 1er octobre.

Comme toujours, c’est le droit à choisir son lieu de résidence, garanti par la constitution, qui est mis en avant par le gouvernement. Et donc, si les zones en question ne posent pas de problème pour la santé, l’ordre d’évacuation doit être levé. Mais la limite de dose déterminée par le gouvernement pour le retour reste élevée. Et le droit à la santé doit concerner chaque individu, pas un individu moyen.

275 habitants répartis dans 139 foyers sont concernés. Ils habitaient dans la partie Est de la commune, qui est à moins de 20 km de la centrale.

Le maire a donné son accord, sous le prétexte qu’est autorisé à rentrer ne signifie pas être obligé à rentrer. Mais le sujet divise toujours les habitants. La majorité d’entre eux a exprimé fortement son opposition, mettant en avant le fait que la contamination est encore élevée. Par ailleurs, l’indemnisation de TEPCo qui va s’arrêter au bout d’un an, est aussi un sujet d’inquiétude. Comment gagner sa vie à Kawauchi ? Qu’en sera-t-il de la nourriture ? Peut-on cultiver ?

La décision officielle sera prise bientôt. Ce sera alors le deuxième district où l’ordre d’évacuer est levé. Les habitants étaient déjà autorisés à rentrer chez eux, et même y passer la nuit, pour préparer leur retour. Mais seulement 55 d’entre eux en ont fait la demande à ce jour. le retour ne devrait pas être immédiat.

Par ailleurs, le statut d’un district adjacent va changer de catégorie : de zone de retour difficile, elle va passer à zone de préparation au retour. 54 habitants répartis dans 18 foyers sont concernés.

• Du riz de Fukushima devrait être exporté à Singapour ce mois-ci. 300 kg sont prêts à partir et seront vendus dans un magasin d’une chaîne japonaise.

C’est la première fois que du riz de cette province est exporté depuis l’accident nucléaire. C’était plus de 100 tonnes par an avant, vers Hong-Kong, Taïwan…

• Takeshi Hachimura, un des directeurs de la Banque du Japon, a déclaré sa candidature pour le poste de gouverneur de Fukushima. Les élections auront lieu cet automne. Il va concourir en « indépendant », mais soutenu par la branche locale du principal parti de gouvernement, le parti libéral démocrate. Le gouverneur actuel n’a pas encore fait savoir s’il était candidat ou pas.

• TEPCo a mis en ligne des images et des explications en japonais (et en anglais) à propos du système de décontamination partielle monté sur camions qui est arrivé pour traiter l’eau souterraine avant rejet en mer, si la compagnie obtient l’autorisation.

• TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés au large de la centrale, à moins de 20 km et dans le port devant la centrale. Au large, la plus forte contamination est de 131 Bq/kg et c’est la seule à dépasser la limite de 100 Bq/kg. En revanche, dans le port, les valeurs sont beaucoup plus élevé et atteignent 85 000 Bq/kg.

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-8 et dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, il y a respectivement 1 900 et 8 300 Bq/L en tritium. Dans le puits 3-4, il y a 46 Bq/L en bêta total (prélèvements du 10 et 13 août).

–    dans le puits de contrôle 1-14, il y a 22 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 14 août).

–    dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, il y a 8 800 Bq/L en tritium (prélèvement du 13 août). C’était 8 300 quelques jours plus tôt (voir plus haut).

–    dans le puits de contrôle E-7, situé en amont des réacteurs, mais en aval des cuves, il y a maintenant 60 Bq/L en bêta total (prélèvement du 13 août).

–    dans l’eau pompée en amont pour être détournée vers l’océan, il y a maintenant 56 et 670 Bq/L en tritium dans les puits 5 et 11 respectivement (prélèvements du 14 août).

Rappelons, à titre de comparaison, que TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Dimanche 17 août :

• La consultation du publique à propos de l’avis de la NRA sur le dossier de sûreté de la centrale de Sendaï (Kagoshima) est terminée. La NRA reçu plusieurs milliers de contributions. Il y en avait déjà plus de 4 000 début août qui ne sont pas encore rendues publiques. Tous les contributeurs attendent, avec attention, de voir comment la NRA va traiter ces commentaires.

Certains groupes ont rendu public leur avis. Ils demandent une meilleure protection contre les séismes ou les volcans. D’autres, que la NRA évalue les plans d’urgence nucléaire en cas d’accident…

• Le Japon avait déjà, avant la catastrophe nucléaire, l’une des électricités les plus chères du monde. Et comme les compagnies ont un monopole local, les consommateurs doivent payer. Cet argent sert, entre autres, à influencer la politique et les développements économiques en faveur d’une plus grande consommation d’électricité… Des « donations » ont été faites aux partis politiques et hommes politiques. Un contrôle est exercé sur les chambres de commerce et d’industrie vie des filiales ou sur les syndicats patronaux. Dans le Kansaï, Kansaï Electric emploie 22 000 personnes directement, sans compter les filiales. Le Japan Times décrit son influence délétère locale.

Après la catastrophe, ces compagnies comptent bien maintenir cette politique clientéliste. L’Asahi raconte que TEPCo et Tôhoku Electric ont accepté de mettre la main à la poche quand la municipalité de Rokkashô, où il y a l’usine de retraitement, leur a demandé un soutien financier pour rénover le port de pêche. La demande a été faite le 14 juillet et la réponse favorable envoyé le 22 juillet. TEPCo va donner 133,4 millions de yens (974 000 euros) et Tôhoku Electric 66,6 millions de yens (486 000 euros) dès ce mois-ci. Cela va vite ! Sur ces 5 dernières années, ces deux compagnies auront donc versé à Rokkashô plus d’un milliard de yens (plus de 7 millions d’euros).

Ces deux compagnies ont augmenté leurs tarifs d’électricité et TEPCo reçoit de l’argent du gouvernement, sans intérêt, pour payer les indemnisations. Le gouvernement prend aussi en charge une partie des coûts de la gestion de l’eau contaminée. Ces compagnies sont vraiment sans vergogne !

Les deux compagnies ont déclaré au journal qu’il s’agissait là de leur dernier versement et qu’elles comptaient toujours construire une centrale nucléaire dans la région…

Il y a deux ans, le 26 août 2011, la précédente majorité a fait passer une loi favorisant l’achat, par les compagnies d’électricité de l’électricité renouvelable. Les projets ont attiré les investisseurs et de nouveaux acteurs se positionnent pour l’ouverture totale du marché en 2016. Mais, dans les faits, cela ne se passe pas comme cela. C’est très complexe de se faire racheter son électricité par des compagnies qui entendent garder un monopole. Elles peuvent refuser la demande de raccordement au réseau pour n’importe quelle raison. Par conséquence, comme le note le Japan Times, seule une faible partie des projets approuvés par le gouvernement fournissent de l’électricité au réseau.

Le cas du centre de recherche nucléaire de l’université d’Ôsaka est emblématique : les toits du bâtiment principal et de l’accélérateur ont été couverts de panneaux solaires, mais il n’y a pas de couplage au réseau, car c’est « administrativement trop complexe ». Une partie du surplus est stockée dans des batteries, mais pas tout. Le reste est perdu.

• La revue scientifique Journal of Heredity a mis en ligne une série d’articles sur les effets des radiation sur le patrimoine génétique d’animaux autour de Tchernobyl et Fukushima. Tout est en libre accès.

Il y a une courte présentation du projet de comparer les deux zones contaminées. T. Mousseau et A. Møller passent en revue leurs propres résultats dans cet article. Une équipe japonaise présente ses travaux sur les papillons et une autre sur le riz.

Toutes ces études mettent en avant des effets liés aux radiations.

En français, vous pouvez aussi consulter le programme de recherche de T. Mousseau et une de ses conférences.

Samedi 16 août :

• Les compagnies d’électricité qui exploitaient du nucléaire ont dû couper dans les dépenses à cause de l’arrêt des réacteurs. Elles ont aussi augmenté leurs tarifs. Mais, 7 d’entre elles continuent à dépenser des milliards de yens pour leurs centres d’accueil du public où elles font souvent la promotion du nucléaire. Le nombre de visiteurs a, pourtant, fortement chuté. Selon, l’Asahi, il s’agit de Hokkaido Electric Power Co., Tohoku Electric Power Co., Tokyo Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., Kansai Electric Power Co., Shikoku Electric Power Co. et Kyushu Electric Power Co..

Chubu Electric n’a pas voulu dire combien cela lui coûte. Les 6 autres vont leur consacrer un total de 3 milliards de yens (22 millions d’euros) cette année.

Certains centres d’accueil du public situés à proximité des centrales nucléaires ont même une piscine gratuite. Mais, malgré la gratuité, le nombre de visiteurs a fortement diminué.

TEPCo a fermé ses deux centres d’accueil de Fukushima, mais en conserve 5 autres consacrés à la promotion du nucléaire.

Toutes ces compagnies ont expliqué conserver ces centres pour regagner la confiance du public…

Cette vidéo date un peu, mais la situation n’a pas beaucoup changé : le désarroi des agriculteurs de Fukushima est toujours aussi grand et le gouvernement est complètement désemparé face à la situation. Quand les agriculteurs lui parlent de dignité, de raison d’être, il ne répond que par l’argent, comme si c’était la seule valeur qui vaille. Sa seule stratégie, est de combattre les « rumeurs », comme s’il n’y avait pas de problème réel.

Les politiques et les hauts fonctionnaires n’écoutent que les experts qui leur disent ce qu’ils ont envie d’entendre. Les populations, qui doivent faire face au danger, écoutent plusieurs points de vue et, en cas de doute, choisissent l’option la plus protectrice quand c’est possible. Au Japon, tout ce qui ne correspond pas à l’opinion sélectionnée par les autorités, n’est que « rumeurs ». En France, ce serait « l’irrationalité » de la population ou un problème « d’acceptabilité sociale », plus neutre.

Vendredi 15 août :

• Kyodo News, l’agence de presse japonaise, a réussi à recueillir le témoignage direct de travailleurs présents sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi durant les premiers jours de la catastrophe. Une première dépêche relate l’action des « commandos » envoyés pour ouvrir manuellement les valves de dépressurisation de l’enceinte de confinement du réacteur n°1.

Le 12 mars 2011 matin, moins de 24 heures après le tsunami, il y avait urgence à dépressuriser cette enceinte pour garantir son intégrité, ce qui signifie rejeter des gaz radioactifs dans l’atmosphère. Mais il était impossible d’ouvrir les valves à distance, faute de courant électrique. Le directeur de l’usine a donc décidé d’envoyer deux équipes les ouvrir manuellement. La première équipe est partie à 9h04 le 12 mars et a réussi sa mission après avoir pris une dose de 25 millisieverts. Kyodo News a recueilli le témoignage de Hideyoshi Endô, chef de la deuxième équipe, 51 ans. Il était à la maison lors du séisme et tsunami et devait prendre son service à 21 heures. Il a parcouru les 13 km qui le séparaient de la centrale à pied et est arrivé dans la nuit. Pour cette mission effectuée avec deux autres personnes, il était équipé d’une combinaison anti-feu, une assistance respiratoire avec une autonomie de 20 minutes et un dosimètre limité à 1 000 millisieverts par heure. Cette deuxième équipe devait aller au pied du réacteur, près de la chambre de suppression toroïdale (en forme de beignet), où les niveaux de radiation sont plus élevés. Elle est partie à 9h24.

Après avoir ouvert la porte du bâtiment réacteur, le dosimètre indiquait un débit de dose de 500 millisieverts par heure. L’intérieur était empli de vapeur ou poussières. Deux membres de l’équipe sont descendus et ont entendu des bruits bizarres, comme des coups. Le dosimètre indiquait des valeurs entre 900 et 1 000 millisieverts par heure.

A une trentaine de mètre de la valve, le dosimètre saturait, ce qui signifie que le débit de dose était supérieur à 1 000 millisieverts par heure, sans savoir combien. Le chef d’équipe a donc décidé de faire demi-tour. Sur le chemin du retour, son collègue n’était plus derrière lui. Il lui a donc indiqué de se dépêcher après l’avoir attendu.

Pendant cette mission de 8 minutes, il a pris 89 millisieverts et son collègue 95. Mais comme le dosimètre a saturé, c’est forcément plus. Ils ont dû quitter la salle de contrôle pour ne pas prendre des doses supplémentaires.

Plus d’un an plus tard, un robot a mesuré jusqu’à 10 300 millisieverts par heure près de la chambre de suppression.

• TEPCo continue de pomper l’eau souterraine en amont pour la rejeter dans l’océan avant contrôle. Les deux derniers rejets ont eu lieu les 5 et 12 août avec, respectivement, 2 007 et 2 123 m3. Comme cette eau a environ 330 Bq/L en tritium, cela conduit à des rejets respectifs de 662 et 700 MBq (millions de becquerels). Cela reste faible par rapport aux fuites quotidiennes estimées à une vingtaine de milliards de becquerels par jour. Et puis le tritium pompé en amont est déjà dans la nappe phréatique et ira, de toutes façons, dans l’océan.

La fuite de tritium en mer représenterait donc un rejet annuel de 7 300 GBq (milliards de becquerels) et est donc inférieure à l’autorisation de rejet en mer donnée à TEPCo avant la catastrophe (22 000 GBq). Cependant, comme TEPCo ne dit pas comment cette fuite a été évaluée, il est impossible de savoir si ce chiffre est réaliste ou pas.

En revanche, pour le césium 137, la fuite quotidienne estimée à 22 GBq par jour environ l’an dernier et 10 fois moins cette année. Cela conduit à un rejet annuel de 8 000 GBq l’an dernier et 800 GBq cette année. Dans les deux cas, l’autorisation de rejet annuelle, fixée à 220 GBq est dépassée. Pour le strontium, la limite de rejet est aussi dépassée. C’est pourquoi TEPCo ne dit rien à ce sujet…

• C’est la pleine saison des pêches à Fukushima et de la publicité incite les Japonais à en manger. Il s’agit d’un fruit de luxe qui est trié en fonction de la couleur, calibré et emballé individuellement après que la teneur en sucre ait été mesurée.

Jeudi 14 août :

• Un émissaire japonais a tenté de convaincre Hong-Kong d’assouplir sa politique d’importation d’aliments en provenance de 5 provinces japonaises situées près de la centrale accidentée de Fukushima : Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. En vain. Le Japon va donc inviter des officiels au Japon pour leur montrer les contrôles effectués sur la nourriture et fournir régulièrement des informations sur l’accident et des données sur la contamination.

41 pays ou groupes de pays maintiennent des restrictions à l’importation d’aliment en provenance du Japon.

Le Japon, qui est un importateur net d’aliments, exporte peu. Avant la catastrophe en 2010, ses exportations de produits agricoles et de la pêche étaient de 492 milliards de yens (3,6 milliards d’euros au cours actuel). Elles étaient de 451,1 milliards de yens en 2011 et 449, 7 milliards en 2012. Ce qui fait une baisse de 8,5% environ. Avec la dévaluation du yen, cette somme est passée à 550,5 milliards de yens en 2013.

Mercredi 13 août :

• Le gouvernement japonais va mener une enquête à propos de la ferraille contaminée découverte en Corée. Le débit de dose est de 5 microsieverts/h à proximité de ce lot, sans que la distance à laquelle la mesure a été faite ne soit mentionnée par les médias.

Les exportateurs de métaux pour le recyclage ne sont pas tenus de contrôler la contamination radioactive. Mais certains le font, en fonction du pays de destination. C’est, par exemple, fait systématiquement pour la Chine.

• TEPCo communique en anglais sur son projet de rejeter dans l’océan l’eau souterraine partiellement décontaminée car cela va sûrement faire l’objet de protestations des pays voisins. Rappelons qu’il s’agit d’un mur sous-marin le long du littoral pour arrêter les fuites en mer, qui ne peut fonctionner que si l’eau est pompée en amont, autrement elle va seulement être détournée. TEPCo a donc restauré certains puits de pompage, ainsi que les pompes et la tuyauterie qui existaient avant la catastrophe et va en creuser de nouveaux. Avant 2011, la compagnie pompait près de 1 000 m3/jour pour éviter les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols. Mais maintenant, cette eau est fortement contaminée et TEPCo ne peut pas se permettre de la mettre dans des cuves : elle compte pomper de l’ordre de 500 à 700 m3 par jour en espérant que cela va diminuer de 200 m3 par jour les infiltrations. Si c’est confirmé, cela signifie qu’elle va se trouver avec de 300 à 500 m3 d’eau contaminée supplémentaire par jour. Comme ses autres prédictions n’étaient pas correctes, cela peut même être plus.

Le mur ne serait fermé qu’une fois le système de pompage en service, pour éviter que la contamination ne se propage partout.

Dans un premier document annexe, un schéma fait apparaître que le césium (Cs), strontium (Sr) et antimoine (Sb) seront partiellement filtrés. La contamination en césium et strontium de cette eau devrait être divisée par 1 000 à 10 000 selon le document. Le communiqué ne mentionne pas le tritium, qui n’est pas retiré.

Dans le premier document annexe, TEPCo précise que cette eau souterraine a été contaminée par l’eau de pluie qui a été en contact avec les débris en surface. Cela dépend où. A proximité des réacteurs et en aval, il y a aussi les fuites des sous-sols vers les nappes phréatiques qui ne sont jamais mentionnées, mais qui expliquent les niveaux très élevés de pollution qui sont relevés.

Un autre document précise aussi que TEPCo va utiliser les mêmes limites que pour l’eau souterraine pompée en bien en amont : 5 Bq/L en bêta total, 1 500 Bq/L pour le tritium et 1 Bq/L pour chaque césium.

Ce qu’il y a de ridicule dans toute cette communication, c’est l’insistance de TEPCo à expliquer qu’elle compte ainsi diminuer les fuites en mer et protéger l’océan. Ah bon, il y a des fuites ? La situation n’est pas « sous-contrôle » ? Le document donne une estimation des rejets en mer pour le strontium, césium et tritium qui sont de l’ordre de quelques milliards à presque 25 milliards de becquerels par jour. TEPCo met en avant une baisse entre l’année dernière et cette année, qui ne semble pas due à une amélioration de la situation, mais à un changement du point de mesure pour estimer les fuites… Son nouveau système de barrière+pompage+rejet devrait diminuer par un facteur quarante les rejets et fuites en mer. Pour le tritium, c’est un facteur 15 alors qu’elle ne le filtre pas. Bizarre.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans les puits de contrôle 1-6, 1-14 et 1-17, il y a respectivement 1 400 000, 21 000 et 280 000 Bq/L en bêta total (prélèvements du 11 août 2014).

• Les derniers résultats mis en ligne sur la site de la NRA pour l’eau de mer mettent en évidence une faible contamination, mais systématique de l’eau de mer, sur de grandes distances, et une contamination conséquente des sédiments marins. Cela se traduit, pour les ressources halieutiques, par une faible contamination des animaux qui dépendent du plancton pour se nourrir et une forte contamination de ceux qui dépendent de la faune benthique, qui vit au fond.

Mardi 12 août :

• Selon une étude, qui vient d’être acceptée pour publication dans une revue scientifique en accès payant (article disponible à l’ACRO), trois micro-fragments de 2 microns de diamètre, prélevés dans les aérosols à Tsukuba, à 172 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, contiennent des éléments chimiques lourds correspondant aux produits de fission. Deux d’entre eux contiennent aussi de l’uranium. Il s’agit donc de micro-fragments de combustible nucléaire rejetés par la centrale nucléaire accidentée lors des premiers jours de la catastrophe. Ces fragments restent plus longtemps dans l’environnement que le césium 137.

Les aérosols ont été collectés les 14 et 15 mars.

• TEPCo va démanteler la station de traitement de l’eau contaminée installée par Areva au tout début de la catastrophe. Cela fait presque 3 ans qu’elle n’a pas été utilisée.

Cette station avait été installée en juin 2011 mais n’avait fonctionné que 3 mois, avant d’être remplacée par une autre installation plus fiable. Elle n’a traité que 76 000 m3 d’eau contaminée, mais elle a aussi accumulé les problèmes et les pannes.

Comme elle est très contaminée, sa maintenance induit des doses inutiles. TEPCo va donc demander à la NRA l’autorisation de la démanteler.

• Hokuriku Electric a déposé une demande d’autorisation de redémarrage du réacteur n°2 de sa centrale de Shika (Ishikawa). Ce réacteur a été mis en ligne en 2006. L’estimation de la secousse maximale est passée de 600 gals à 1 000 gals (cm/s2). Elle renforce donc la structure en conséquence. La digue face à la mer fait maintenant 15 de haut pour pouvoir faire face à un tsunami de hauteur estimée à 7,1 m.

L’activité de la faille qui passe sous la centrale est encore en débat. Le dossier ne sera donc pas instruit tant que cette question n’est pas réglée. Bien évidemment, la compagnie a conclu que la faille n’était pas active… Dans le cas contraire, elle peut fermer définitivement sa centrale.

C’est la 20ième demande de redémarrage sur 48 réacteurs. Le parc nucléaire japonais était dans un piètre état.

• Comme prévu, TEPCo a pompé environ 500 m3 d’eau souterraine à proximité des réacteurs qui a été mise dans des cuves. Cette eau devrait être traitée à partir du 20 août pour voir si le niveau de contamination baisse significativement.

• TEPCo continue à introduire de la glace et de la glace carbonique dans la galerie souterraine en espérant que le mur de glace refroidi par un liquide réfrigérant finisse par prendre. Dans une tentative de la dernière chance, TEPCo est passée à une tonne de glace carbonique, mais le tuyau par lequel elle la introduite a gelé et s’est bouché. Le mur de glace, quant à lui, n’a toujours pas pris… Le bricolage continue.

• TEPCo a changé sa page oueb où elle met toutes les informations autres que celles dédiée à la gestion de l’accident.

Lundi 11 août :

• Après en avoir informé les pêcheurs, TEPCo a déposé auprès de la NRA sa demande de rejet en mer de l’eau souterraine pompée au pied des réacteurs et le long du littoral. Cette eau, très contaminée, devrait être partiellement décontaminée avent d’être mise dans des cuves tampon pour contrôle avant rejet.

La compagnie va aussi commencer les pompages à titre d’essai dans 14 puits dès mardi, mais l’eau ne sera pas rejetée avant d’obtenir un feu vert.

• La Corée devrait renvoyer au Japon 20 kg de ferraille contaminée au césium 137. Le lot importé pour recyclage faisait 20 tonnes.

• Selon une étude du Maïnichi, seulement 13% des communes qui doivent accepter des réfugiés en cas d’accident nucléaire ont planifié leur accueil.

Le quotidien a contacté 362 communes mentionnées dans les plans d’urgence pour les questionner à propos de l’accueil prévu. Seulement 333 ont répondu. Parmi elles, 47 ont déclaré avoir un plan, 93 sont en train de s’en occuper et 179, soit 54%, n’ont pas de plan et ne sont pas en train d’y travailler. Beaucoup de plaignent des difficultés de collaborer avec les autorités régionales et les autres communes. Une commune, Kamo à Niigata, a refusé le plan qui lui était proposé car cela signifierait accepter un nombre de réfugiés égal à 43% de sa population, ce qui est impossible.

Pour 10 centrales nucléaires (Tomari à Hokkaïdô, Higashidôri à Aomori, quatre centrales de Fukui, Shimané à… Shimané, Ikata à Ehimé, Genkaï à Saga et Sendaï à Kagoshima), les communes situées dans un rayon de 30 km ont terminé leur plan d’urgence qui prend en compte l’évacuation complète de la population. Mais les communes d’accueil supposées ne sont pas toujours prêtes : il n’y en a aucune autour de Tomari et cela va au maximum à 33% des communes prêtes pour Higashidôri. Pour la centrale de Sendaï, qui devrait être la première à démarrer l’an prochain, seulement 11% des communes d’accueil sont prêtes.

Le gouvernement exige des communes situées à moins de 30 km de prévoir un plan d’évacuation, mais il n’exige rien des communes d’accueil… et ne leur fournit aucune aide. Certaines communes d’accueil ont à peine été consultées quand elles ont été sélectionnées par les régions.

• Le gouvernement japonais aurait décidé d’accorder une aide supplémentaire de 512 milliards de yens (3,75 milliards d’euros) à TEPCo.

• Le Japon sera en vacances cette semaine. Peu de travaux à la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi. Il y a habituellement 6 000 personnes chaque jour sur le site. Ils seront beaucoup moins durant cette semaine.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-17, il y a maintenant 240 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 7 août 2014).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

Samedi 9 août :

• Le mur de glace dans la galerie souterraine ne prend toujours pas : TEPCO va passer de 15 à 27 tonnes de glace par jour pour abaisser la température de l’eau.

• Une fédération d’agriculteurs a demandé à TEPCo de reporter le démantèlement de la partie haute du réacteur n°1 suite aux forts rejets qui avaient accompagné des travaux similaires au niveau du réacteur n°3. La compagnie a refusé.

TEPCo a mesuré entre 26 et 340 Bq/kg en strontium 90, particulièrement toxique, dans le sol desséché de la centrale. C’est beaucoup plus que ce que l’on trouve habituellement à cause des essais nucléaires. Dans son style inimitable, TEPCo précise qu’il y a une « possibilité que ces fortes valeurs soient dues à l’accident ». Quelle pourrait être l’autre cause ?

La contamination en plutonium est plus faible, du même ordre de grandeur que les niveaux avant accident. Mais il doit aussi y avoir une contribution de l’accident, comme dans les sédiments des rivières alentours (cf 8 août). Là encore, TEPCo précise qu’il y a une possibilité…

• Deux magasins et un restaurant de nouilles, hébergés dans un bâtiment provisoire, ont ouvert, le 31 juillet dernier, devant la mairie de Naraha, pour favoriser le retour des habitants. L’ordre d’évacuer n’est pas encore levé mais les habitants peuvent rester chez eux pour préparer leur retour.

• Des chantiers pilote de décontamination de la forêt vont être lancés dans quatre villages de Fukushima : 30 hectares dans le district de Miyakoji de la commune de Tamura où l’ordre d’évacuer a été levé récemment, 10 hectares dans le district d’Odaka de Minami-Sôma, 30 hectares dans le district de Modo de Kawauchi et 10 hectares dans le district de Nimaibashi à Iitaté. Il s’agit de tester l’efficacité des méthodes tout en limitant l’exposition des travailleurs afin de permettre la reprise des activités de l’industrie forestière et de réduire « l’anxiété » des habitants qui souhaitent rentrer. Pas leur exposition à la radioactivité ? Ce sont des forêts privées situées dans les zones où c’est le gouvernement qui a pris en charge la décontamination.

L’agence des forêts estime le coût à 300 millions de yens (2,2 millions d’euros). Un appel d’offre va être lancé pour débuter en septembre prochain.

Rappelons que la province de Fukushima est couverte à 70% de forêts. Combien va coûter la décontamination des forêts ?

• Plus de précisions sur le montant de l’aide financière proposée par le gouvernement pour faciliter l’acceptation des centres de stockage de déchets issus des travaux de décontamination à Fukushima :

Le gouvernement a fait passer son offre à 301 milliards de yens (2,2 milliards d’euros) sur 30 ans. Si l’on ajoute les autres aides existantes, on arrive à près de 500 milliards de yens (3,6 milliards de yens). La part dédiée aux déchets était de 100 à 150 milliards de yens le mois dernier, selon les sources. Le gouverneur de Fukushima et les maires des deux communes concernées vont étudier l’offre. Ils ont déjà fait part de leur satisfaction.

La nouvelle offre se décompose ainsi : 150 milliards de yens pour les deux centres, qui iront essentiellement aux deux communes qui acceptent les déchets, 100 milliards pour aider à la reconstruction de Fukushima et 51 milliards supplémentaires aux communes qui hébergent des centres de production d’électricité. Il s’agit des centrales nucléaires.

Les communes qui hébergent les centrales reçoivent déjà 6,7 milliards de yens par an. Cela va être augmenté de 1,7 milliards pour faire face à la baisse de revenus liés à l’arrêt définitif des réacteurs et leur démantèlement. Cela devrait durer 30 ans.

Mais le gouvernement doit encore négocier avec près de 2 000 propriétaires à propos des terrains. Il va les acheter ou les louer, selon leur préférence. Cela ne va pas être aussi facile : le ministre va découvrir qu’avec les citoyens, tout ne se règle pas avec de l’argent…

Vendredi 8 août :

• Une étude franco-japonaise sur la pollution au plutonium dans les sédiments des rivières vient de paraître. On trouve du plutonium partout à de faibles concentrations, suite aux essais nucléaires atmosphériques. Mais certains isotopes ont des demi-vies assez courtes. En regardant les ratios entre les différents plutonium, il est possible de dater les rejets et faire la part entre ce qui vient de la catastrophe de Fukushima, récente, et les essais nucléaires, anciens.

Du plutonium de Fukushima a été détecté dans tous les échantillons contrôlés, jusqu’à 45 km de la centrale, mais en très faible quantité. La plus forte contribution de l’accident nucléaire est de 60% du plutonium trouvé dans un échantillon. La concentration en césium dans ces mêmes échantillons est, quant à elle, beaucoup plus forte.

L’étude est ici, en accès payant.

• L’AIEA réclame un contrôle strict du plutonium au Japon, comme dans les autres pays. Avec la fusion du cœur du réacteur n°3 qui contenait du MOX, et donc beaucoup de plutonium, le Japon doit mettre au point de nouvelles méthodes de contrôle pour prouver qu’il ne va pas détourner du plutonium lors du démantèlement de ce réacteur dans l’avenir.

• Le ministère de l’environnement va augmenter son aide au développement économique de la région de Fukushima à partir du moment où les centres de stockage seront acceptés. Comme le ministre de l’environnement l’avait dit, l’argent viendra à bout des réticences. Le gouvernement propose maintenant 300 milliards de yens (2,1 milliards d’euros) sur 30 ans. Le marchandage continue, mais les populations ne sont pas sur la même logique. Elles veulent des garanties.

Au bout de 30 ans, le gouvernement doit reprendre les déchets, comme il l’a promis. Mais cela va entraîner une baisse des subventions. Les élus locaux demanderont alors le prolongement des centres de stockage…

Jeudi 7 août :

• L’eau contaminée reste le cauchemar n°1 de TEPCo. Le pompage en amont d’eau souterraine devait réduire les infiltrations, en vain. TEPCo construit aussi un mur de glace en amont des réacteurs. En aval, elle tente de colmater les écoulements d’une galerie souterraine à l’aide d’un mur de glace, mais n’y arrive pas. Quant à sa station expérimentale de traitement des eaux contaminées pompées, elle accumule les déboires.

Dans un tel contexte, TEPCo vient de proposer un nouveau plan lors d’une réunion avec les pêcheurs : pomper l’eau des nappes à proximité des réacteurs au niveau de 42 puits, la décontaminer partiellement et la rejeter dans l’océan. TEPCo va faire la demande d’autorisation auprès de la NRA. Le dossier est prêt.

L’eau serait pompée à proximité des réacteurs et le long du littoral. TEPCo a déjà 27 puits et veut en creuser 15 supplémentaires. Les records à répétition de la contamination de ces nappes montrent que les niveaux atteint peuvent être très élevés et que cela va en s’aggravant. Les pêcheurs se sont montrés très réticents. Le ministre de l’environnement, qui prétend pouvoir tout régler par l’argent, va-t-il être appelé en renfort ?

Par cette action, TEPCo ne va-t-elle pas accélérer la contamination des nappes en favorisant les fuites de l’eau contenue dans les sous-sols ?

Une nouvelle barrière métallique est aussi en construction le long du littoral pour limiter les fuites. Mais on n’arrête pas un écoulement. L’eau va contourner la barrière, sauf si elle est pompée… D’où le plan de TEPCo, qu’elle espère mettre en application à partir de septembre prochain. Une nouvelle station de traitement des eaux qui retirerait essentiellement le césium et le strontium dédiée à l’eau souterraine viendrait s’ajouter à celles déjà existantes. Comme c’est déjà le cas actuellement, l’eau pompée serait entreposée dans des cuves tampon et contrôlée avant rejet en mer. Le tritium n’est pas retiré et sa concentration dépasse souvent la limite de 1 500 Bq/L que la compagnie s’est fixée pour l’eau pompée en amont. Ce risque d’être le cas, même en mélangeant l’eau des différents puits. Comment TEPCo va faire ? Elle va la mélanger avec l’eau pompée en amont pour diluer la pollution. Au pied du réacteur n°1 par exemple, il y a jusqu’à 150 000 Bq/L en tritium : TEPCo devra donc diluer 100 fois cette eau pour passer sous la limite de 1 500 Bq/L. Est-ce réaliste ?

En attendant, les fuites d’eau contaminée vers l’océan continuent. L’estimation officielle, faite à la louche, est de 200 m3 jour. TEPCo présente sa nouvelle idée comme un moyen de limiter ces fuites vers l’océan. Elle affirme aussi que les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols seront diminuées de moitié. Elles devraient passer de 400 à 200 m3 par jour. Mais, les pompages en amont devaient déjà diminuer de 100 m3 par jour ces infiltrations et ce n’est pas le cas.

La situation n’est pas sous contrôle depuis l’été 2013, comme le premier ministre l’avait affirmé ?

Avant la catastrophe, TEPCo pompait déjà l’eau souterraine au niveau de 57 puits pour éviter qu’elle n’inonde les sous-sols de la centrale. Elle la rejetait ensuite dans l’océan. ce système de drains et de pompes a été endommagé par le séisme et le tsunami.

• Le redémarrage du réacteur de Tôkaï (Ibaraki), pour lequel une demande a été déposée, relève de l’acharnement thérapeutique : il est vieux et nécessite des investissements massifs pour être remis aux normes. De plus, presqu’un million d’habitants vivent dans un rayon de 30 km autour de la centrale et pourraient être obligés d’évacuer en cas d’accident, dont ceux de la capitale régionale Mito. Les autorités régionales viennent d’estimer que 520 000 personnes devront aller trouver refuge dans les provinces voisines, dont celle de Fukushima. Il est impossible d’héberger tout le monde dans la province d’Ibaraki. Seuls 440 000 réfugiés pourraient y trouver un abris.

Les 14 communes concernées doivent donc passer des accords avec d’autres communes situées dans les provinces voisines pour trouver des hébergements, décider des moyens de transport, des stations de contrôle de la contamination et de la décontamination si nécessaire… Bref tout reste à faire. Est-ce bien raisonnable pour un réacteur qui a peu de chance de bénéficier d’un feu vert de la NRA ?

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans les puits de contrôle 1-14 et 1-17, il y a respectivement 14 000 et 190 000 Bq/l en bêta total (prélèvements du 4 août 2014).

Pour rappel, TEPCo se refuse à rejeter dans l’océan une eau contaminée à plus de 5 Bq/l en bêta total.

Mercredi 6 août 2014 :

• TEPCo a revu le scénario de l’accident pour son réacteur n°3 et pense maintenant que presque tout le combustible a fondu. Il s’est accumulé au fond de l’enceinte de confinement. La compagnie affirmait, jusqu’à maintenant, que 60% du combustible avait fondu et que le reste était resté dans la cuve. Le démantèlement sera donc plus complexe.

Rappelons qu’il s’agit partiellement de combustible MOx, c’est à dire un mélange d’uranium et de plutonium.

Par ailleurs, la commission d’enquête gouvernementale avait estimé que les personnes sur place avaient arrêté par erreur un système de refroidissement de secours et que cela avait contribué à l’accident. TEPCo estime désormais que ce système ne fonctionnait déjà plus quand il a été arrêté. La forte pression à l’intérieur de la cuve aurait empêché l’eau d’y pénétrer à partir de 20h la veille.

La compagnie en déduit que la fusion du cœur a eu lieu 5 heures plus tôt que ce qu’elle avait estimé précédemment. Elle aurait débuté à 5h30 le 13 mars 2013 et vers 7h, presque tout aurait fondu, percé la cuve et se serait étalé dans le bas de l’enceinte de confinement.Cet horaire coïncide avec la détection de neutrons à l’entrée du site. Une augmentation du flux de neutrons a aussi été détectée lors de la fusion du cœur du réacteur n°2 vers minuit le 14 mars.

L’injection d’eau grâce à un camion pompier a débuté à 9h25 ce même jour. Comme la température a immédiatement baissé, TEPCo estime qu’une petite partie du combustible a dû rester dans la cuve.

L’explosion hydrogène a eu lieu le lendemain, peu après 11h.

TEPCo estime toujours que presque la totalité du cœur du réacteur n°1 et 60% du cœur du réacteur n°2 ont fondu.

Voir le communiqué de TEPCo et une présentation, le tout en anglais.

• Le gouvernement japonais réfléchit à la mise en place d’un système de récompense pour les compagnies qui abaisseraient leur consommation d’électricité au moment des pics de demande. Il espère sa mise en place en 2016, au moment de la libéralisation complète du marché.

• L’eau pompée en amont dans le puits n°12 pour rejet dans l’océan, avait systématiquement une contamination en tritium supérieure à la limite de 1 500 Bq/L. Dans le prélèvement du 4 août, cette contamination est retombée à 960 Bq/L. Est-ce dû aux fortes pluies ?

Mardi 5 août 2014 :

• Les autorités régionales de Miyagi vont donner leur accord au lancement d’études pour installer un centre de stockage des déchets radioactifs dus à la catastrophe nucléaire : boues de station d’épuration, cendres d’incinérateurs, paille de riz… contaminées à plus de 8 000 Bq/kg en césium. Le gouverneur justifie sa décision par le fait qu’il y a de tels déchets un peu partout entreposés dans des sacs plastiques qui ne vont pas durer longtemps, ou dans des conditions non pérennes.

Mais les trois communes où le gouvernement envisage de mener ces études, Kurihara, Taïwa et Kami, sont opposées à l’installation d’un site de stockage. Le maire de Kami a refusé de coopérer avec le ministère et envisage de porter l’affaire devant la justice afin de bloquer les investigations. Il veut que les déchets soient stockés à Fukushima. Les deux autres maires ont accepté les investigations, avec des réserves.

• Kyûshû Electric a annoncé qu’elle ne pourrait pas soumettre les documents de sûreté concernant sa centrale de Sendaï (Kagoshima) avant septembre-octobre 2014. Ce qui signifie qu’il n’y aura pas de redémarrage avant l’hiver car il faut laisser le temps à l’instruction des dossiers et aux inspections. Bref, ce sera 2015 au plus tôt.

Le dossier déposé jusqu’à présent, qui a reçu l’assentiment de la NRA, concernait les améliorations à effectuer pour satisfaire aux nouveaux critères de sûreté. Il faut maintenant soumettre un rapport plus détaillé avec les plans de construction et la résistance aux séismes. Le document fera plusieurs dizaines de milliers de pages.

La compagnie avait initialement promis ce rapport pour mai 2014, puis juillet. Maintenant, ce n’est pas avant septembre 2014, au plus tôt.

Pendant ce temps là, la procédure de consultation du public sur le premier rapport de la NRA, qui a débuté le 16 juillet, continue jusqu’au 15 août.

• La NRA est en train d’inspecter la centrale de Tomari à Hokkaïdô pour étudier le risque sismique et le risque volcanique.

• Record du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, la contamination en tritium est maintenant de 7 500 Bq/L (prélèvement du 30 juillet 2014). C’est le deuxième record de suite.

Lundi 4 août 2014 :

• Depuis avril dernier, TEPCo essaye, en vain, de construire un mur de glace dans une galerie souterraine pour bloquer les écoulements d’eau contaminée. Elle a augmenté le nombre de tuyaux avec du liquide réfrigérant, sans pouvoir bloquer les écoulements. En juillet, elle a essayé de verser de la glace dans l’eau de la tranchée pour abaisser sa température et favoriser le gel. Elle a commencé avec 2 tonnes par jour, sans plus de succès. Fin juillet, elle est passée à 15 tonnes par jour ! Elle est arrivée à un total de 58 tonnes de glace et un représentant de la compagnie a déclaré qu’il fallait voir si cela marche. Pas très optimiste comme déclaration. La compagnie va aussi essayer la neige carbonique. C’est du bricolage. D’autres personnes avaient proposé d’injecter du béton, plus simple et moins cher, mais TEPCo s’acharne avec son gel. La NRA s’impatiente.

• Quatre personnes ont été arrêtées après avoir tenté de tricher pour obtenir une indemnisation de TEPCo.

• La maire pro-nucléaire de Genkaï, où il y a la centrale du même nom, dans la province de Saga, a été réélu pour un troisième mandat. Ses deux opposants demandaient l’arrêt définitif de la centrale.

• Ce mois-ci, TEPCo n’a pas mis en ligne en anglais les statistiques sur les relevés de dose prise par les intervenants à la centrale accidentée.

TEPCO a encore trouvé de l’eau contaminée suite à la fuite qui a eu lieu sur le circuit de refroidissement de la piscine du réacteur n°5.

• Le Woods Hole Oceanographic Institute a lancé une surveillance citoyenne de la radioactivité dans l’eau du Pacifique le long des côtes américaines, à l’instar de ce que fait l’ACRO en France. La grande différence est que l’ACRO ne fait pas payer ses préleveurs volontaires, cet Institut, si.

Les premiers résultats sont ici en ligne. L’institut trouve une contamination systématique en césium 137, de l’ordre de 1,1 à 1,5 Bq/m3, soit 0,001 1 à 0,001 5 Bq/L en 2014. Le césium 134, qui disparaît plus vite grâce à sa période radioactive de 2 ans, est indétectable, sachant que la limite de détection annoncée est de 0,2 Bq/m3.

La contamination en césium 137 est donc très probablement beaucoup plus ancienne que l’accident de Fukushima : essais nucléaires atmosphériques et rejets de l’industrie nucléaire américaine.

A noter qu’en 2011, les quelques mesures qui ont été faites font parfois apparaître une contamination une peu plus forte en césium 137 et la présence de césium 134. Il avait donc une contribution des rejets aériens, massifs en 2011, qui sont partiellement retombés dans l’océan et sur le sol américain qui a été lessivé par la pluie.

• Une évaluation italienne de la quantité de radioéléments dispersés dans l’atmosphère par la catastrophe à la centrale de Fukushima daï-ichi est ici en anglais.

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-13, il y a maintenant 13 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 31 juillet 2014). TEPCo se refuse à rejeter dans l’océan une eau qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

–    dans le puits n°5 situé en amont des réacteurs où TEPCO pompe l’eau souterraine pour la rejeter dans l’océan, la contamination en tritium est maintenant de 50 Bq/L (prélèvement du 31 juillet 2014). L’eau du puits n°12 dépasse systématiquement la limite que s’est fixée TEPCo qui est de 1 500 Bq/L avant rejet en mer.

Vendredi 1er août 2014 :

• KEPCo, Kansaï Electric, vient de se faire retoquer son estimation de la hauteur de tsunami qui pourrait frapper sa centrale de Takahama (Fukui). Une erreur triviale de report de données s’est glissée dans son estimation et c’est la NRA qui l’a découverte. Elle va devoir refaire ses calculs.

L’an dernier, elle avait déjà revu à la hausse cette hauteur maximale estimée à 5,7 m et elle construit une digue de 6,5 m de haut. Mais si cette hauteur augmente encore, la digue ne pourra peut-être plus suffire.

Quand la NRA avait déclaré recevable le dossier de sûreté de la centrale de Sendaï (Kagoshima), elle avait suggéré que la prochaine centrale sur la liste pourrait être Takahama… Cela risque donc de ne plus être le cas.

• Il y a 10 compagnies d’électricité au Japon qui se partagent le territoire. 9 exploitaient du nucléaire et 8 étaient dans le rouge à cause de l’arrêt des réacteurs. Au cours du premier trimestre de l’année fiscale 2014 (avril – mai – juin), 6 compagnies ont fait des bénéfices, y compris TEPCo. Elles invoquent des coupures dans les dépenses et une augmentation de leurs tarifs. Mais toutes réclament un redémarrage rapide de leurs réacteurs nucléaires pour retrouver les profits. Il ne tient pourtant qu’à elles d’avoir des réacteurs aux normes !

Les trois compagnies qui restent dans le rouge sont Hokkaïdô, Kansaï et Kyûshû Electric, qui les plus dépendante envers l’énergie nucléaire.

Okinawa Electric, qui n’exploite pas de nucléaire, était aussi déficitaire pour cette période.

• Des fraises cultivées à Iitaté, village évacué, viennent d’être mises sur la marché. C’est le premier produit agricole cultivé dans les zones évacuées à être vendu.

Les fraises ont été cultivées sous serre dans une zone de préparation au retour où les travaux de décontamination sont terminés. Les bâches en plastique de la serre et la terre ont été changées. Un contrôle de la radioactivité a été fait par les autorités régionales. L’exploitant de la ferme a fait faire d’autres contrôles par la commune et un laboratoire privé pour regagner la confiance des consommateurs.

Le 15 juillet dernier, un agriculteur de Shinchi, dans la province de Fukushima, a repris la vente de champignons shiitaké. Ce sont les premiers shiitakés de Fukushima à être remis sur le marché. Il y en avait 24 kg et la plus forte contamination était de 5 Bq/kg. La provenance était indiquée sur les paquets.

• Suite à la catastrophe nucléaire, trois enquêtes indépendantes ont été menées : l’une mise en place par le gouvernement de l’époque, l’une par le parlement et la dernière par une fondation privée. Les trois rapports, aussi disponibles en anglais, ont beaucoup apporté mais soulignaient qu’ils subsistent de fortes interrogations sur le déroulé de l’accident et ses conséquences. Mais il ne s’est rien passé depuis. Aucune autre investigation ou étude n’a été lancée. Pas plus qu’un suivi indépendant des conséquences à long terme. Tous les documents et entretiens de la commission gouvernementale n’ont pas été rendus publics.

La décision du jury d’appel relatif à l’inculpation de cadres de TEPCo est venu rappeler que le public attend que toute la lumière soit faite sur ce qui s’est passé et que les responsabilités soient clairement établies. Ce devrait être fait avant toute autorisation de redémarrage d’un réacteur nucléaire.

• L’IRSN a rédigé une note sur le rejet atmosphérique du 19 août 2013 qui fait beaucoup couler d’entre actuellement au Japon. L’Institut ne prend en compte que le rejet de ce jour et se base sur l’AFP pour ses informations. Rappelons que les rejets liés au démantèlement ont été détectés à plusieurs reprises et que celui du 19 août semble être le plus élevé. L’IRSN semble l’ignorer.

Le seul apport de la note est le calcul des retombées à Minami-Sôma en prenant en compte la météo du jour et le terme source de TEPCo via l’AFP, à savoir la quantité de radioéléments rejetés. Ce rejet aurait ajouté entre 100 et 1 000 Bq/m2 pour le seul césium. C’est faible par rapport à la contamination existante des sols qui était déjà de quelques dizaines de Bq/m2 à plus d’un million et demi de Bq/m2. Mais ce nouveau rejet est aussi tombé sur les feuilles des plants de riz avec un transfert à la plante qui est beaucoup plus grand que par les racines.

• Dans un communiqué en anglais, TEPCo annonce le début des travaux de démantèlement du réacteur n°1 et qu’elle va tirer les leçons du réacteur n°3, sans mentionner les problèmes passés. Aucun calendrier précis n’est donné, même si l’on sait qu’il y a un mois de retard suite aux scandales sur le réacteur n°3. Mais la compagnie espère pouvoir commencer à retirer les combustibles de la piscine à partir de 2017. Elle ne dit pas non plus comment elle va s’y prendre pour les 70 assemblages qui sont endommagés depuis bien avant la catastrophe sur les 292 au total.

TEPCo a annoncé que sa station de traitement de l’eau contaminée, ALPS, qui cumule les déboires, devrait fonctionner à plein régime à partir de décembre prochain après avoir amélioré sa performance pour quatre radioéléments (cobalt 60, iode 129, antimoine 125 et ruthénium 106). La première date de démarrage annoncée était septembre 2012, les premiers tests ont débuté en mars 2013.

Rappelons qu’ALPS est supposée réduire significativement la contamination pour 62 radioéléments. Elle ne retire pas le tritium et la compagnie n’est pas autorisée à en rejeter une telle quantité dans l’océan. Elle devra donc garder des cuves pleines d’eau moins contaminée. Le risque est moindre en cas d’accident, mais cela ne résout pas le problème de la place prise par les cuves, leur surveillance etc. TEPCO ne mentionne jamais la contamination au carbone 14 et n’a jamais effectué la moindre mesure. Cela ne lui a pas été demandé non plus.

Outre ses pannes à répétition, ALPS génère beaucoup de déchets radioactifs, pour lesquels il n’y a aucune solution non plus. TEPCo ne dit rien à propos de ce problème. A-t-elle réussi à en diminuer le volume ? Si elle ne dit rien, c’est que la réponse doit être négative.

La compagnie n’a pas encore le feu vert de la NRA.

Ce communiqué s’explique par le fait que TEPCo avait, en septembre 2013, promis de traiter toute l’eau d’ici la fin de l’année fiscale 2014 (31 mars 2015). C’était à l’époque du choix de Tôkyô pour les jeux olympiques. La situation était officiellement “sous contrôle”.

Seulement 110 000 tonnes ont été traitées sans que l’objectif ne soit atteint pour les quatre éléments mentionnés.

Voir aussi la fiche technique.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, la contamination en tritium est maintenant de 7 300 Bq/L (prélèvement du 27 juillet 2014).

Jeudi 31 juillet :

• Retour sur le fort rejet atmosphérique qui a eu lieu en août 2013, lors du démantèlement de la partie supérieure du réacteur n°3. Il a probablement entraîné une contamination du riz cultivé à plus de 20 km de la centrale, le rendant impropre à la consommation.

Des mesures faites par une équipe universitaire à Marunomori, dans la province de Miyagi, à 59 km au Nord-Ouest de la centrale accidentée, ont mis en évidence une augmentation des la contamination de l’air en lien avec les travaux de démantèlement. Le système de filtration de l’air permet d’étudier la contamination des poussières, aérosols… Entre décembre 2011 et décembre 2013, les chercheurs ont mesuré, à 8 occasions différentes, une augmentation significative de la contamination, avec des niveaux plus de 10 fois plus élevés que ce qui est mesuré habituellement. A chaque fois, les vents dominants soufflaient vers le Nord-Ouest. La plus forte contamination relevée concerne un prélèvement qui a eu lieu entre le 16 et le 20 août 2013, qui correspond au seul rejet reconnu par TEPCo. Elle était de 50 à 100 fois plus élevée que les niveaux habituels.

Selon TEPCo, 7 des 8 augmentations de la radioactivité de l’air correspondent aux travaux de démantèlement de la partie haute du réacteur n°3. Le dernier cas, qui date du 16 au 20 novembre 2012, coïnciderait avec une fuite d’eau d’une cheminée d’un système de capture de césium dans l’eau. Mais ce dernier incident n’aurait pas entraîné un rejet aussi fort qu’en août 2013. La compagnie ne donne pas de chiffre.

Les chercheurs en concluent que des rejets répétés ont atteint des zones éloignées. Ils demandent donc à TEPCo de faire plus attention lors de ses opérations de démantèlement des réacteurs accidentés. Ils ont fait part de leurs résultats au ministère de l’agriculture en mai 2014. Cela ne l’a pas plus incité à communiquer sur le sujet que lors des précédents résultats reçus en mars de la même année.

Les travaux de démantèlement du réacteur n°1, qui devaient commencer ce mois-ci inquiètent de plus en plus. La négligence avec laquelle TEPCo a traité ces rejets est scandaleuse. Ils sont reportés le temps de trouver de meilleures solutions ou le temps que la polémique ne retombe ? Il ne faut pas s’étonner ensuite si les gens rechignent à retourner dans les territoires évacués.

Source Asahi.

• Le Japan Times revient sur l’augmentation des cancers de la thyroïde déjà relevée chez les enfants de Fukushima. En mars dernier, 300 000 enfants de la province, sur 370 000, ont eu droit à une échographie de la glande. 90 étaient suspectés d’avoir un cancer. Parmi eux, 51 ont subi une intervention chirurgicale qui consiste en l’ablation totale ou partielle de la glande située au bas du cou. C’est beaucoup plus que l’incidence normale qui est d’un à neuf cas par million d’enfants.

Certains spécialistes critiquent les interventions chirurgicales : les cancers papillaires de la thyroïde ne se développent pas toujours et les enfants auraient peut-être pu vivre en bonne santé avec leur glande. Une fois opérés, ils auront une cicatrice au cou et certains doivent prendre des médicaments toute leur vie. Entre 1995 et 2009, 283 patients ayant un cancer papillaire de la thyroïde à Tôkyô ont choisi de ne pas se faire opérer et ont opté pour un suivi médical. Aucun n’est décédé de ce cancer. A-t-on vraiment bien expliqué aux parents des enfants concernés ?

Ces experts réclament donc que les autorités régionales, qui mènent ce programme, rendent publiques les informations relatives à la glande après chirurgie et au niveau de progression du cancer. L’université de Fukushima refuse pour préserver la confidentialité des patients. Les autorités régionales n’ont pas le pouvoir d’accéder au dossier médical.

Les experts ne veulent que des statistiques, sur les 51 enfants qui ont subi une intervention chirurgicale, pas un accès au dossier.

Comme il y a une défiance des habitants envers ce programme, certains parents sont allés faire ausculter leurs enfants ailleurs et personne ne connaît les résultats.

• On en a déjà parlé, mais le ministère de l’environnement progresse dans son choix d’augmenter la limite de dose acceptable à l’issue des travaux de décontamination. Actuellement, l’objectif est de passer sous la limite de 0,23 microsievert par heure. En estimant que l’on passe 8 heures par jour dehors et 16 heures par jour à l’intérieur où l’exposition serait réduite de 60%, cela correspond à une dose annuelle de 1 mSv (après avoir retiré le bruit de fond de 0,04 microsievert par heure). C’est la limite à ne pas dépasser en temps normal.

Le ministère veut passer à une limite située entre 0,3 et 0,6 microsievert par heure et va bientôt présenter son projet aux autorités locales. En effet, même après des travaux de décontamination, il n’est pas facile de descendre sous cette limite. Les habitants concerné demandent de nouveaux travaux de décontamination, qui ne seront peut-être pas beaucoup plus efficaces.

Le ministère pense que l’estimation de la dose annuelle est trop pénalisante et que les indications des dosimètres montrent que les doses réellement reçues sont inférieures. Mais il se base sur des moyennes, alors que chaque individu doit être protégé et des populations qui ont modifié leur façon de vivre.

C’est vrai que le calcul tend à surestimer l’exposition, mais c’est toujours comme cela que l’on fait pour être sûr de protéger tout le monde. Peu de gens passent 8 heures par jour dehors. Mais la marge gagnée de ce côté peut être perdue par le fait que certains habitants doivent aller dans des zones non décontaminées qui ne sont pas prises en compte dans le calcul.

Si des habitants dépassent la limite de 1 mSv/an là où des voisins ne la dépassent pas, que se passera-t-il ? Seront-ils accusés ou montré du doigt ? Auront-ils droit à une aide ?

• Une plainte collective avait été déposée contre 42 personnes, les accusant de négligences ayant entraîné la mort. Parmi elles, les patrons de TEPCo, des politiques, hauts fonctionnaires… En septembre dernier, les procureurs avaient retenu la plainte mais avaient conclu qu’il n’était pas possible de prouver leur culpabilité. Un tel tsunami n’était pas prévisible et il n’y avait pas de preuve de négligence.

5 700 plaignants ont fait appel pour que 6 anciens présidents, vice-présidents et autres dirigeants de TEPCo et le jury citoyen constitué de 11 personnes tirées au hasard a conclu que trois présidents et vice-présidents devaient être inculpés. Il s’agit de Tsunéhisa Katsumata, Sakaé Muto et Ichiro Takékuro. Le dossier de Akio Komori doit encore être examiné. Le jury a notamment justifié sa décision sur le fait que TEPCo avait prédit qu’un tsunami de 15,7 m était possible mais n’a rien fait : la vague du 11 mars 2011, 15,5 m au plus haut à la centrale situé à 10 m au dessus du niveau de la mer. TEPCo aurait dû prendre des mesures de protection.

Les procureurs vont donc revoir leur copie. Si les procureurs maintiennent leur position et le jury aussi, c’est ce dernier qui a gain de cause et il y aura inculpation.

• Selon l’agence de la reconstruction, 35,3% du budget 2013 dédié aux zones touchées par les trois catastrophes de 2011 n’ont pas été dépensés. C’était 35,2% l’année précédente. Ces chiffres mettent en avant les retards pris dans les programmes dus à une pénurie de main d’œuvre, de matériaux de construction et des problèmes de coordination entre le gouvernement et les autorités locales.

Il y a aussi des désaccords sur la hauteur des digues de protection à construire ou reconstruire. Dans les territoires contaminés, c’est l’absence d’exutoire pour les déchets issus de la décontamination qui retarde les travaux. 50% des 996 milliards de yens (7,2 milliards d’euros) dédiés à la décontamination n’auraient ainsi pas été utilisés.

L’argent non utilisé a été reporté dans le budget de l’année suivante.

Le budget total alloué par le gouvernement à la réhabilitation des territoires affectés par les trois catastrophes est de 25 000 milliards de yens sur 5 ans (presque 200 milliards d’euros). 18 000 milliards ont été utilisés à la fin de l’année fiscale 2013. Les autorités locales demandent une extension, car 5 ans c’est trop court.

• Hokkaïdô Electric a demandé de pouvoir augmenter ses tarifs d’électricité de 17% en moyenne à partir de l’automne. C’est la première compagnie à faire une deuxième demande d’augmentation. Elle n’obtiendra pas 17%, mais cela fait partie du marchandage. Elle avait obtenu le droit d’augmenter ses tarifs de 7,73% en moyenne pour les particuliers et petits consommateurs à l’automne dernier.

Pour les entreprises, Hokkaïdô Electric veut appliquer une hausse de 20%. Elle n’a pas besoin du feu vert gouvernemental pour cela.

Mercredi 30 juillet :

• Comme l’avait expliqué sans vergogne le ministre de l’environnement, c’est l’argent qui permettra de faire accepter les centres d’entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination, comme si les opposants ou les personnes réticentes n’étaient que dans une position de marchandage. Ils ont quand même tout perdu suite à la catastrophe nucléaire et ont donc le droit à un peu plus d’égards.

Et c’est d’argent dont il est question entre le gouvernement et les autorités régionales. Le gouvernement a proposé 230 milliards de yens (1,7 milliards d’euros) sur 30 ans « d’aides au développement régional » en échange du stockage. 30 ans correspondent à la durée d’entreposage des déchets. Mais, le gouvernement devrait aussi satisfaire à la demande d’arrêter définitivement les 4 réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ni, située à une dizaine de kilomètres au Sud de daï-ichi. Il arrêtera donc de verser les aides correspondantes qui sont de 12 milliards de yens par an (87 millions d’euros).

Les autorités régionales, qui y perdent au change, ont réagi vivement et réclament plus.

• Les centres d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination prévus à Fukushima ne devraient accueillir que des déchets de Fukushima, pas des autres provinces touchées. A Tochigi, le gouvernement a sélectionné un autre site dans la commune de Shioya sur des terrains qui lui appartiennent. Le site de 3 hectares devrait accueillir des boues de station d’épuration, des cendres d’incinérateurs, paille de riz et d’autres déchets qui ont une contamination en césium supérieure à 8 000 Bq/kg. Le maire a exprimé son opposition au projet à l’émissaire gouvernemental, mais a déclaré être prêt à discuter avec le ministère. Plus d’une centaine de personnes ont manifesté leur désaccord devant la salle de réunion.

Ce n’est pas très loin de Nikkô, qui est un site très touristique, connu pour la statue des 3 singes qui se cachent les oreilles, les yeux et la bouche. Il y a aussi une source à moins de 4 km, Shojinzawa Yusui, classée parmi les 100 meilleures eaux minérales en 1985.

Aucune étude sérieuse ne semble avoir été menée pour le moment puisque il doit encore déterminer la distance aux habitations, aux ressources aquatiques, les biotopes du lieu… et la quantité de déchets à stocker. Elle est actuellement de 14 000 tonnes environ. Contrairement au cas de Fukushima, il semble que ce site soit prévu pour être définitif. Dans tout le pays, en dehors de Fukushima, il y en a 146 000 tonnes, réparties dans 12 provinces.

• L’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, a admis l’idée d’augmenter la limite maximale admissible de dose pour les travailleurs du nucléaire en cas d’accident. Mais elle n’a pas fixé de valeur.

Actuellement, c’est 100 mSv et cela avait été augmenté à 250 mSv durant les neuf premiers mois de la catastrophe. C’est toujours 250 mSv pour certaines personnes qui ne pourraient plus entrer sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi sans cette limite élevée. La limite de 100 mSv est donc considérée comme peu réaliste.

Une étude internationale va être faite pour fixer le niveau et voir comment obtenir le consentement a priori des travailleurs concernés. Il ne faut pas oublier les sous-traitants qui sont, de loin, les plus nombreux et qui prennent les plus fortes doses. Comment obtenir leur accord en cas d’emploi précaire ?

• On s’en souvient, la barrière de glace dans la galerie souterraine ne veut pas prendre t il y a toujours de l’eau qui circule. TEPCo avait donc versé de la glace en plus, ainsi que de la neige carbonique, pour abaisser la température de l’eau et aider au gel au niveau des tuyaux de refroidissement. La première fois, deux tonnes de glace avaient baissé la température de 4°C, mais cela n’avait pas suffi.

Cette fois-ci, TEPCo est passée à 15 tonnes par jour. Cette eau vient s’ajouter à l’inventaire quotidien d’eau contaminée.

• Les autorités régionales de Saïtama, dans la banlieue de Tôkyô, ne semblent pas connaître le nombre de réfugiés de Fukushima s’y sont installés. Elle ne recensait que ceux qui bénéficient d’un logement gratuit, à savoir 2 640 personnes. Après avoir interrogé toutes les 63 communes de la provinces, le nombre officiel de réfugiés est presque doublé : 5 044.

Les 2 400 personnes supplémentaires sont essentiellement des réfugiés « volontaires », à savoir des personnes qui sont parties de zones contaminées non évacuées. Et il ne s’agit que ceux qui se sont inscrits. Le nombre réel est plus élevé. Une ONG de soutien aux déplacés estime que le nombre de déplacés est de 1,7 à 2 fois plus élevé.

La situation pourrait être la même dans d’autres provinces. Cela confirme ce que l’on savait déjà, à savoir que le gouvernement ne connaît pas le nombre de déplacés dus à la catastrophe nucléaire.

Le nombre total de déplacés sur tout le Japon est officiellement de 247 233 pour les trois catastrophes.

• Des photos et quelques explications en japonais à propos de la fuite qui a eu lieu sur le circuit de refroidissement de la piscine du réacteur n°5. Les photos font apparaître une forte corrosion. La vanne a été remplacée.

Mardi 29 juillet :

• L’Académie Nationale des Sciences américaine vient de publier un rapport sur les leçons de Fukushima appliquées aux réacteurs nucléaires américains. Le rapport est accessible gratuitement en ligne ici, après s’être inscrit.

TEPCo a publié un communiqué de presse pour dire que le rapport ne faisait que reprendre ce que TEPCo a déjà mis en place. Et de se féliciter des leçons qui vont permettre une amélioration de la sûreté des réacteurs de la planète. Pour peu, la compagnie se féliciterait presque de l’accident. Ces gens sont sans vergogne.

• TEPCo a mis en ligne des images de robots partiellement financés par de l’argent public pour rechercher des fuites. Un robot nageur et un robot rampant ont ainsi été testés dans le réacteur n°2 et les tests seraient concluants. Aucune fuite n’aurait été trouvée pour le moment.

L’industrie japonaise veut faire de cet accident une opportunité pour être bien positionnée dans le marché mondial du démantèlement nucléaire qui va exploser dans les années à venir. D’où le communiqué.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans les puits 1-14 et 1-17, il y a respectivement 12 000 et 150 000 Bq/L en bêta total (prélèvements du 28 juillet 2014).

A titre de comparaison, TEPCO ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau souterraine qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total. Une leçon positive pour le monde ?

Lundi 28 juillet :

• L’Asahi a fini de mettre en ligne des extraits traduits en anglais du témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi durant les premiers mois de la catastrophe. Quant au gouvernement, il ne semble toujours pas disposé à tout rendre public.

• Après Chubu Electric, les langues se délient. Chimori Naïto, 91 ans, un ancien vice-président de Kansaï Electric Power Compagny (KEPCO), a révélé que Yoshishigé Ashihara, qui a été président de la compagnie, a versé de l’argent à 7 premiers ministres. Y. Ashihara a décédé en 2003 à l’âge de 102 ans. Les versements de 20 millions de yens par an (146 000 euros au cours actuel), ont commencé en 1972 et ont duré 18 ans. A l’époque, ce n’était pas interdit. Mais, en 1974, les compagnies d’électricité ont décidé d’arrêter face à l’opposition des consommateurs qui ne voulaient pas payer ces dons via leurs factures. Mais l’interdiction n’était que superficielle selon Chimori Naïto. Impossible d’arrêter les versements pour ne pas déplaire aux politiciens.

A l’époque, Chimori Naïto pensait que c’était utile pour promouvoir l’énergie nucléaire et était fier de son action. Mais depuis, il y a eu une catastrophe nucléaire de grande ampleur, ce qui l’a fait réfléchir. La venue d’un journaliste de l’Asahi, a fait qu’il pense qu’il fallait témoigner avant de mourir. Pour les générations futures.

Il était présent quand l’argent était versé, deux fois par an, à la mi-août, au moment de la fête des morts (o-bon), et au moment du nouvel an. D’autres hommes politiques ont aussi reçu des dons en fonction de leur soutien à l’énergie nucléaire. En tout, KEPCo distribuait chaque année plusieurs centaines de millions de yens (plusieurs millions d’euros au cours actuel).

Les premiers ministres qui ont bénéficié de ces dons sont : Kakuei Tanaka, Takeo Miki, Takeo Fukuda, Masayoshi Ohira, Zenko Suzuki, Yasuhiro Nakasoné et Noboru Takeshita. Seul Nakasoné est encore en vie et n’a pas confirmé.

• Selon un sondage national, 59% des japonais sont opposés au redémarrage de la centrale de Sendaï et 23% sont en faveur.

• Hokkaïdô Electric devrait demander une nouvelle autorisation d’augmenter ses tarifs. La précédente augmentation était de 7,73% en moyenne pour les ménages en septembre 2013. La compagnie a perdu 63 milliards de yens en 2013 (460 millions d’euros).

Dimanche 27 juillet :

• Les autorités ont commencé à distribuer des pastilles d’iode autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima), dont le dossier de sûreté a été jugé recevable par la NRA.

La NRA avait recommandé de distribuer les pastilles dans un rayon de 30 km et la distribution n’a lieu que dans un rayon de 5 km ! Il n’y aura pas de distribution au-delà. Le Japon peine à tirer les leçons de la catastrophe en cours. A Fukushima, il aurait fallu distribuer de l’iode jusqu’à 50 km !

4 700 personnes sont concernées autour de Sendaï. 2 661 personnes en ont reçu ce dimanche après avoir vu un médecin. La deuxième distribution aura lieu en septembre prochain.

C’est la première fois que de telles pastilles sont distribuées au Japon. 39 personnes les ont refusées.

Samedi 26 juillet :

• Il fait chaud au Japon, très chaud. Il y a eu 37°C à Osaka, plus en d’autres lieux. Mais aucun problème d’alimentation électrique bien qu’aucun réacteur nucléaire ne fonctionne.

• Le gouvernement est à la peine pour les deux sites d’entreposage des déchets issus de la décontamination qu’il veut installer à Ôkuma et Futaba. Il voulait acheter les terrains mais certains propriétaires ne veulent pas vendre. Le gouvernement a promis que les déchets n’y resteront pas plus de trente ans et qu’il trouverait un site de stockage définitif en dehors de la province de Fukushima. Mais les propriétaires en question n’y croient pas, bien entendu. Qui va accepter ces déchets près de chez lui ? Ils ne veulent donc pas vendre de peur que ce stockage devienne définitif.

Le gouvernement a donc renoncé à l’achat et va louer les terrains en question. Il a besoin de 16 km2 pour y mettre entre 16 et 22 millions de mètres cube et espère toujours commencer les travaux en janvier 2015. Il va aussi augmenter le soutien aux personnes évacuées, mais les paroles du ministre de l’environnement, qui a expliqué que l’argent viendrait à bout des réticences. (Une telle gaffe n’est pas une surprise. Avoir mis une telle personne à l’environnement est symptomatique du peu de considération de ce poste, même après une catastrophe écologique d’une telle ampleur.)

Les deux communes sont classées dans la zone de retour difficile à cause des niveaux de contamination. 17 000 personnes ont dû les quitter.

• Le redémarrage éventuel du réacteur n°3 de la centrale d’Ikata (Ehimé) vient d’être reporté car, selon l’exploitant, Shikoku Electric, la salle de contrôle de secours ne tiendrait pas à une secousse sismique de 620 gals. Il va donc construire une nouvelle salle. Les travaux vont débuter en septembre et devraient prendre 6 mois.

Le bâtiment actuel, qui a coûté 4 milliards de yens (30 millions d’euros), a pourtant été terminé en décembre 2011, c’est à dire après la catastrophe de Fukushima ! Le problème n’est pas récent car, lors du séisme de 2007 qui avait conduit à l’arrêt de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata), une des pièces du centre de crise était inutilisable. C’était déjà TEPCo… La leçon n’avait donc pas été tirée par Shikoku Electric. Mais les nouvelles règles de sûreté ne lui laissent pas le choix.

Ce n’est pas la seule centrale japonaise qui a ce genre de problème :

–    à Onagawa (Miyagi), le bâtiment a été terminé en octobre 2011, mais il n’est pas étanche à la radioactivité ;

–    idem à Tôkaï (Ibaraki), où le bâtiment a été terminé en mars 2011 ;

–    à Hamaoka (Shizuoka), le bâtiment terminé en août 2010, ne tiendrait pas aux secousses les plus fortes envisagées.

Les compagnies qui n’avaient pas construit de tels bâtiments, comme Kyûshû Electric ou Kansaï Electric, doivent s’y mettre sans avoir le problème d’un bâtiment neuf sous-dimensionné face aux risques.

Vendredi 25 juillet :

• Le Japon affiche un déficit commercial de 55,5 milliards d’euros au premier semestre 2014, en hausse de plus de 50% sur un an. La balance commerciale n’est pas sortie du rouge depuis deux ans. La hausse des importations d’hydrocarbures suite à la catastrophe de Fukushima et l’arrêt complet du parc nucléaire, est une des raisons. La dévaluation de la monnaie a renchéri ce coût. D’un autre côté, les exportations peinent à décoller.

• La revue Nature Scientific Reports vient de publier une étude sur le sang de 61 singes vivant à 70 km de la centrale de Fukushima. Il y aurait moins de globules blancs et rouges que dans le sang d’un groupe témoin situé à 400 km. La contamination en césium de leurs muscles varie entre 78 et 1 778 Bq/kg et il y a une corrélation négative entre cette contamination et les globules. Selon les auteurs, “ces résultats suggèrent que l’exposition à des matières radioactives a contribué aux modifications hématologiques chez les singes de Fukushima”. Leur système immunitaire serait donc plus fragile.

L’étude est ici en libre accès.

• Depuis mai dernier, TEPCo pompe de l’eau souterraine en amont des réacteurs pour la rejeter dans l’océan après contrôle. Elle espère ainsi diminuer les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. 400 m3 pénètrent chaque jour et cette eau se contamine au contact de l’eau de refroidissement des réacteurs. Le pompage devait réduire de 100 m3 par jour ces infiltrations. Lors d’une réunion au ministère de l’industrie sur le problème de l’eau, la compagnie a reconnu que les effets sont très faibles. Dans des puits de contrôle situés de 70 à 150 m des réacteurs, le niveau de la nappe n’a baissé que de 10 cm, au mieux. Et d’accuser l’eau de pluie qui s’infiltre. La compagnie veut donc couvrir le sol pour limiter cet apport.

Des experts ont demandé à TEPCo d’être plus précise et d’apporter des mesures plus précises car les pêcheurs, qui ont donné leur accord aux rejets en mer, attendent des résultats.

• TEPCo a reconnu que des cuves qui servent à stocker l’eau contaminée sont d’occasion, comme l’a révélé le Maïnichi. Mais la compagnie prétend que cela ne change rien par rapport à leur qualité. Quant à la cuve qui avait fui durant l’été 2013, elle était neuve.

Dans son communiqué, la compagnie dit tout faire pour diminuer le volume d’eau contaminée qui s’ajoute jour après jour. Et de citer notamment, les pompages en amont sans dire que les effets sont quasi-nuls, la station de traitement ALPS, sans dire qu’elle est encore en phase de teste et souvent en panne et le mur de glace, sans dire que dans la galerie souterraine, il ne prend pas. Bref, du blabla.

• Pour la première fois, le plan stratégique énergétique du Japon envisage le stockage des combustibles usés qui sortent des centrales sans passer par le retraitement. L’agence en charge des études sur l’enfouissement devra envisager cette option. Il s’agit d’un revirement réaliste car l’usine de retraitement n’a jamais démarré depuis qu’elle est terminée. De plus, les perspectives de « recyclage » sont quasi-nulles avec le parc nucléaire très réduit et le projet de surgénérateur Monju qui n’a fonctionné que quelques mois depuis 1994.

La Japon a accumulé 17 000 tonnes de combustible usé.

TEPCo a reçu 105,5 milliards de yens (770 millions d’euro) d’aide financière. C’est le 30ième versement. Parallèlement, la compagnie a indiqué avoir fait une nouvelle demande d’aide financière de 512,5 milliards de yens (3,75 milliards d’euros). En prenant en compte cette nouvelle demande, le montant total des fonds demandés pour l’indemnisation des victimes du désastre de Fukushima s’élève à 5 301,4 milliards de yens (plus de 38,8 milliards d’euros au cours actuel). Ces sommes sont censées être remboursées ultérieurement par Tepco, mais nul ne sait quand.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

– dans les puits de contrôle 2-8, 3-2 et 3-4, il y a respectivement 5 800, 3 000 et 35 Bq/l en bêta total (prélèvements du 23 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo se refuse de rejeter dans l’environnement une eau qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

• Suite aux récents scandales, TEPCo tente de reprendre en main sa communication et a mis en ligne plusieurs vidéos :

–    cette vidéo monte une patrouille de contrôle en action ; on voit les bâches en plastique mises par dessus les cuves pour éviter que l’eau de pluie s’accumule dans les réceptacles supposés récupérer l’eau des fuites éventuelles.

–    cette vidéo montre l’imperméabilisation des sols pour éviter que l’eau de pluie rejoigne les nappes phréatiques. Le drainage de ces eaux jusque dans le port est ensuite montré.

Jeudi 24 juillet :

• Retour sur le rejet atmosphérique qui a eu lieu en août 2013. Pour rappel ce sont des chercheurs qui, en mesurant la contamination de l’air, ont découvert de brusques augmentations. Cela pourrait expliquer le fait que la contamination du riz dépasse la limite de mise sur le marché en des lieux où elle était inférieure les années précédentes. Alerté depuis mars 2014, le gouvernement a contacté TEPCo qui n’a ni confirmé, ni infirmé. Ni l’un ni l’autre n’ont jugé utile de prévenir la commune de Minami-Sôma, qui a été exposée par ces rejets, le public etc… Il a fallu attendre juillet pour que l’affaire soit révélée. Il y avait bien eu une histoire de travailleurs contaminés en attendant le bus sur le site de la centrale et rien d’autre.

TEPCo vient maintenant de reconnaître que le déblaiement des débris situés en haut du réacteur n°3 a entraîné le rejet total de plus de 1,12 térabecquerel d’éléments radioactifs (1 120 milliards de becquerels) pour la seule journée du 19 août. Cela vient s’ajouter aux autres rejets continus par les réacteurs accidentés. Et les autres jours ?

Comme le rejet aurait duré 4 heures, cela représente un rejet de 280 milliards de becquerels par heure à comparer aux 10 millions par heure rejetés en continu par ailleurs. Ces 10 millions par heure sont déjà beaucoup plus élevés que les rejets d’une centrale en fonctionnement normal.

L’estimation de TEPCo reste grossière et est prétendument majorante : ce débit de 280 GBq/h n’aurait duré de 20 minutes, mais TEPCo l’a extrapolé aux 4 heures où il y a eu des rejets qui ont déclenché des alarmes. La compagnie ne dit rien des autres jours où les rejets ont dus être plus forts qu’à l’accoutumée, même s’ils n’ont pas fait sonner les alarmes. Les chercheurs ont détecté d’autres pics de rejet en dehors du site. Et comme leurs détecteurs ne sont pas situés tout autour de la centrale, ils n’ont forcément pas tout vu.

TEPCo ne peut donc pas détecter de tels rejets aériens anormaux ? Ni en informer les autorités et le public ? Pourquoi la compagnie n’est interrogée que maintenant par la NRA, quand c’est devenu public, alors que l’affaire est connue des autorités depuis mars dernier ? Décidément, ni le gouvernement, ni la compagnie n’ont encore tiré les leçons de la catastrophe passée.

Tout le monde s’inquiète légitimement des rejets à venir quand les travaux de démantèlement du réacteur n°1 vont commencer.

• Les montagnes de l’Est (Higashiyama) d’Ichinoséki dans la province d’Iwaté sont connues pour les plantes sauvages qui servaient de base à l’économie locale. Mais après les rejets massifs dus à la catastrophe nucléaire, elles ne sont plus consommables et leur mise sur le marché est interdite. C’est le cas en particulier de l’angélique, de fougères, pousses de bambou et champignons. Ne restent que les feuilles de wasabi, les pétasites ou tacounets (fuki) et shidoké (pas de traduction trouvée).

La récolte de ces plantes est très ancienne et c’est donc toute la culture locale qui est menacée. Il y a donc des initiatives locales pour les cultiver sur des terrains propres afin de préserver l’économie locale et la culture culinaire qui y sont associées.

La culture des shiitakés est aussi menacée. La province d’Iwaté a produit 201 tonnes de shiitakés séchés et 385 tonnes de shiitakés frais en 2010. Cette production a été divisée par deux en 2012. Aussi bien les champignons que le bois de culture dépassaient la limite autorisée. Pour ce dernier, elle est de 50 Bq/kg pour le césium car les champignons ont tendance à concentrer cet élément. Il faut donc renouveler le stock de bois de culture, mais la moisson n’est possible que deux années plus tard. Même en commençant cet hiver, il n’y aurait pas de récolte avant l’automne 2016. 70% des cultivateurs de shiitaké d’Ichinoséki veulent donc abandonner leur activité.

Des interdictions de mise sur le marché de plantes sauvages et de champignons ont toujours cours au Japon dans 15 provinces. Le nombre de producteurs de shiitakés a été divisé par plus de 5 à Fukushima et plus de 3 à Miyagi. Fukushima était aussi réputée pour sa production de bois d’élevage qui était vendu dans tout le pays. La vente de ce bois est à 6% de son niveau avant catastrophe. C’est donc toute la culture associée à cette activité qui est menacée.

• Après presque 3 mois, la barrière de glace tentée par TEPCo dans une galerie souterraine pour stopper les écoulement d’eau contaminée n’a toujours pas entièrement pris. La compagnie accuse toujours un filet d’eau qui empêche le colmatage. Ne serait-ce pas l’inverse ?

Lors d’une réunion avec l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, la compagnie a expliquer vouloir ajouter des tuyaux avec du liquide réfrigérant et verser de la glace dans l’eau contaminée pour abaisser sa température. TEPCo veut aussi mettre des sacs de sable là où il n’est pas possible de mettre des tuyaux. La NRA lui a reproché d’avoir été trop optimiste.

Sur ces images mises en ligne sur son site, TEPCo annonce avoir versé 2 tonnes de glace dans une galerie souterraine du réacteur n°2. Cette glace est simplement versée à l’aide de pelles. Quelle dose ont pris les intervenants ? N’est-il pas possible d’envisager des moyens moins rudimentaires qui exposent moins les ouvriers ?

Voir le communiqué de TEPCo et la fiche technique en anglais.

Mercredi 23 juillet :

• Le Maïnichi révèle que TEPCO a acheté des cuves d’occasion pour stocker de l’eau contaminée. Il y en aurait plus d’une vingtaine qui sont du même type que celle qui a fui durant l’été 2013. TEPCo avait alors mis un mois à s’en rendre compte et 300 m3 d’eau fortement contaminée avait fui dans l’environnement. La compagnie avait alors reconnu que cette cuve avait été démontée et remontée pour être déplacée sur le site de la centrale. Maintenant, elle refuse de dire si c’était une d’occasion ou pas.

En mai 2011, TEPCo a commandé des cuves pour stocker l’eau et la boue radioactive. Mais comme il fallait du temps pour les produire et qu’il y avait un caractère d’urgence, TEPCo s’est rabattue sur des cuves d’occasion. Le fabricant en aurait fourni entre 20 et 30. Ses bénéfices ont explosé en juin 2011.

Les joints de ce type de cuve sont supposés tenir 5 ans. TEPCo maintient cette assertion. Mais une personne qui travaille chez le fabricant de cuve, explique que cette durée n’est pas garantie.

Depuis octobre 2012, TEPCo installe des cuves plus solides et plus chères, mais les premières cuves moins résistantes, dont celles d’occasion, sont toujours pleines d’eau. Cependant, une source interne au fabricant, Tokyo Kizai Kogyo selon l’AFP, révèle que les cuves bon marché ont continué à être livrées jusqu’en septembre 2013. Il aura fallu la fuite de l’été 2013 et de l’argent public pour que TEPCo y renonce. Elles coûtent deux à trois fois moins cher que les nouvelles. Il y en aura 332 en tout qui devraient commencer à être remplacées à partir de septembre 2014.

• TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons qui ont été pêchés au large de la centrale, à moins de 20 km, à l’exclusion du port devant les réacteurs accidentés. La tendance est à la baisse, mais il y a encore plusieurs spécimens qui dépassent les 100 Bq/kg en césium, la limite de mise sur le marché. La plus forte contamination est de 370 Bq/kg.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-6, il y a maintenant 1,2 million de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 21 juillet 2014).

A titre de comparaison, TEPCo se refuse de rejeter dans l’environnement une eau qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

Mardi 22 juillet :

• Le village d’Iitaté a été entièrement évacué mais depuis, il a été divisé en différentes zones en fonction du niveau de contamination, comme partout ailleurs. Le montant des indemnisations dépend de la zone, ce qui ne plait pas aux habitants. Les résidents des zones les moins contaminées, où le gouvernement promet un retour, pensent que cette politique divise les habitants. Ils ont fait une demande officielle pour que tout le monde obtienne la même chose. Ils vont aussi demander un soutien supplémentaire de 3 millions de yens car ils n’ont été évacués que tardivement et ont donc été exposés pendant plus d’un mois aux retombées radioactives sans le savoir.

Environ 2 500 personnes, soit environ 40% du village, devraient se joindre à cette demande.

• Des résidents vivant à proximité de la centrale de Sendaï (Kagoshima), la première qui devrait redémarrer, s’inquiètent en cas d’accident. Ils sont donc aller regarder de près les plans d’évacuation. Le principal problème, comme partout, ce sont les personnes hospitalisées et les personnes âgées, qui ne peuvent pas s’enfuir par elles-mêmes et qui ont besoin de soins.

La province de Kagoshima a publié son plan d’évacuation dans un rayon de 30 km en mai dernier. Il ne prenait pas en compte les hôpitaux, cliniques et maisons de retraite. Les autorités régionales ont récemment publié un plan d’évacuation pour les 17 hôpitaux et centres de soins situés dans un rayon de 10 km. Si l’on passe à 30 km, ce chiffre passe à 244 ! Elles veulent donc se limiter à 10 km. Le gouverneur a expliqué qu’il était toujours possible de définir des plans jusqu’à 30 km sur le papier, mais qu’ils ne seraient pas fonctionnels en cas d’accident.

• TEPCo peine à garder ses cadres. 134 personnes ont quitté TEPCo en 2010, avant la catastrophe. Elles étaient 465 en 2011, 712 en 2012 et 488 en 2013. 70% d’entre elles ont moins de 40 ans. Et quand la compagnie a lancé un programme de départs volontaires à la retraite, il y a eu 1 151 demandes pour 1 000 places.

La baisse des salaires est une des raisons de ces départs. Mais aussi l’image détériorée de la compagnie.

A Fukushima, de nombreux employés cachent qu’ils travaillent chez TEPCo. Ils craignent d’être stigmatisés ou que leurs enfants ne soient plus acceptés par leurs camarades.

Certaines compagnies étrangères qui veulent pénétrer le marché des énergies renouvelables au Japon, qui bénéficie d’un prix de rachat de l’électricité qui est attractif, tentent de séduire les employés de TEPCo qui ont une bonne connaissance de la production, du transport et de la vente de l’électricité.

• Après un week-end de 3 jours au Japon, voici quelques records de la contamination des eaux souterraines :

–    dans le puits de contrôle 3-5, il y a maintenant 510 Bq/l en bêta total. La contamination en césium de l’eau y a aussi battu son propre record (prélèvement du 16 juillet).

–    dans le puits de pompage de l’eau souterraine situé entre les réacteurs 2 et 3, la contamination en tritium est maintenant de 7 100 Bq/L (prélèvement du 16 juillet).

–    l’eau recueillie dans un drainage a aussi battu un record de contamination en césium (12,9 Bq/L) et en bêta total (45 Bq/L). TEPCo ne donne pas d’explication particulière. Le prélèvement date du 18 juillet.

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Ce n’est pas un record, mais l’eau pompée en amont dans le puits n°12 a semble avoir en permanence une contamination tritium supérieure à la limite de rejet en mer. Il y a 1 800 Bq/L dans le prélèvement du 17 juillet.

Lundi 21 juillet :

• Un ancien directeur de Chubu Electric, qui possède la centrale de Hamaoka, a avoué à l’Asahi que la compagnie avait demandé à ses sous-traitants de contribuer à fond secret pour arroser les politiciens. 250 millions de yens (1,8 millions d’euros) auraient ainsi été collectés en 20 ans. La compagnie a démenti quand elle a été interrogée par le quotidien.

Mais l’ancien directeur, qui a décidé de révéler les faits après l’accident nucléaire, a expliqué que peu de personnes sont au courant des faits. Il recevait l’argent personnellement, sans les faire apparaître dans les comptes de l’entreprise. L’argent servait ensuite à financer les campagnes électorales des gouverneurs favorables au nucléaire.

Les sous-traitants étaient remboursés en surfacturant leurs travaux. Les compagnies incriminées n’ont ni confirmé ni démenti. Un ancien cadre d’une des compagnies a reconnu les faits. Cela a commencé dès les années 1970. Les travaux de construction de la centrale ont débuté en 1976.

Dans un autre article, l’ancien directeur a ainsi avoué avoir versé un total de 30 millions de yens (220 000 euros) à quatre candidats au poste de gouverneur entre les années 1980 et 2000. Le précédent gouverneur d’Aïchi, Masaaki Kanda, qui a fait trois mandats entre 1999 et 2011 a reconnu avoir reçu de l’argent de Chubu Electric en 1999. Selon l’ancien directeur de Chubu Electric, ce sont 3 et 5 millions de yens (22 000 et 36 000 euros) qui lui ont été versés en 1999 et 2003 respectivement. L’ancien gouverneur ne se souvient pas pour 2003. Il explique que Chubu Electric ne lui a rien demandé en échange et qu’il n’a jamais favorisé la compagnie.

Les 5 millions de yens donnés en 2003 provenaient de 5 donations d’un million de yens chacune par 5 entreprises du bâtiment. Les noms de ces compagnies ont été donnés à M. Kanda quand l’argent lui a été remis.

Pour ce qui des trois autres candidats au poste de gouverneur soutenus par Chubu Electric, les sommes versées étaient aussi de l’ordre de 2 à 5 millions de yens. Ces dernier n’ont pas reconnu les faits ou déclarent ne pas en avoir souvenir. Les gouverneurs n’ont, officiellement, pas le pouvoir de s’opposer au démarrage d’un réacteur nucléaire. Mais s’ils s’y opposent, la situation politique est plus complexe à gérer pour l’exploitant.

In fine, ce sont sûrement les consommateurs qui ont payé via leur facture d’électricité.

• Avant la triple catastrophe, le barrage Ogaki à Namié alimentait 1 613 fermes ou 1 531 hectares de cultures dans le district d’Odaka à Minami-Sôma. Le barrage a été endommagé par le séisme et les sédiments contaminés par les rejets radioactifs. Namié et le district d’Odaka ont été évacués.

Les travaux de consolidation du barrage ont commencé en avril dernier et la décontamination du fond devrait commencer en octobre prochain.

La mairie de Minami-Sôma espère un retour des habitants à Odaka en avril 2016. Les eaux du barrage devraient pouvoir à nouveau servir à l’irrigation à partir d’avril 2017. Ce sera le premier parmi les dix barrages dédiés à l’agriculture de la zone évacuée qui sera réhabilité.

Mais le lessivage des sols va, à nouveau, contaminer les sédiments retenus dans le barrage. Les analyses de l’eau de surface a mis en évidence une absence de contamination décelable. Seules les eaux de surface seront donc utilisées. En cas de basses eaux ou de fortes pluies entraînant une forte turbidité, le barrage ne sera pas utilisé.

• De récentes affaires ont montré que la commission d’arbitrage qui établit le niveau de compensation reçu par les victimes de la catastrophe nucléaire n’est pas toujours loyal. Le Maïnichi cite le cas d’une dame de 66 ans qui vivait en bonne santé à Minami-Sôma. Elle avait quelques problèmes de tension, mais rien d’autre. Elle a fait une hémorragie cérébrale dans le centre d’accueil des réfugiés où elle était et n’a pas recouvré depuis toutes ses capacités motrices. Elle a besoin d’une cane pour se déplacer.

Elle a fourni 3 certificats médicaux dans son dossier de demande d’indemnisation. Un du médecin qui l’a reçue aux urgences. Il dit que l’impact de la catastrophe nucléaire est « inconnu ». En revanche, le médecin de famille et celui qui a suivi sa réhabilitation ont certifié que l’hémorragie et ses conséquences étaient dues à 100% au stress engendré par la catastrophe nucléaire.

TEPCO a soumis sa propre analyse du dossier et a conclu que la catastrophe n’a contribué qu’à 50%. Son médecin n’a jamais vu la dame en question. Il ne l’a pas auscultée. La commission a conclu comme TEPCo sans demander l’avis d’un médecin tiers et lui a allouée une indemnisation de 7 millions de yens (51 000 euros). Il n’a pas, non plus, justifié sa décision.

Le quotidien a trouvé plusieurs autres cas où la commission n’a pas sollicité l’avis d’experts tiers. Officiellement, c’est pour gagner du temps. Mais le quotidien avait déjà révélé que, par défaut, la contribution de la catastrophe était fixée à 50%.

• Le gouvernement s’était engagé à décontaminer toutes les zones où l’exposition externe dépasse le millisievert par an, qui est la limite annuelle à ne pas dépasser en temps normal. En supposant que les habitants passent 8 heures par jour à l’extérieur et 16 heures à l’intérieur, cela se traduit par un débit de dose de 0,23 microsievert par heure.

Mais les travaux de décontamination ne donnent pas les résultats attendus. Les autorités veulent donc changer la façon d’évaluer les doses. Un dosimètre est fourni aux habitants et les données relevées. En faisant attention, il est possible de prendre moins d’un millisievert par an là où le calcul grossier prédit plus. Et donc, il n’est pas besoin de décontaminer autant !

Certaines communes, comme Daté, sont contentes de ce choix. Le maire, soutenu par le programme français Ethos in Fukushima, fait régulièrement venir des experts étrangers pour faire valoir ce point de vue. L’exemple norvégien est mis en avant : les samis, qui vivent de l’élevage de rennes, ont vu leur mode de vie menacé par la contamination radioactive de Tchernobyl. Ils ont donc accepté une augmentation de la limite de contamination de la viande de renne.

Des dosimètres ont été distribués à 50 000 personnes entre juillet 2012 et juin 2013 à Daté. 70% d’entre elles avaient une dose enregistrée inférieure à 1 mSv. Même dans des zones où la contamination engendre un débit de dose supérieur à 0,23 microsievert par heure.

Mais le gouvernement ne se base que sur des moyennes. Or il faut protéger chaque individu, pas un individu moyen. Il est donc important de connaître aussi les valeurs les plus fortes enregistrées. Et puis, les habitants de Daté ont modifié leur mode de vie, en passant moins de temps à l’extérieur. Est-on sûr qu’ils portaient toujours leur dosimètre ?

La municipalité de Tamura est opposée à ce nouveau mode d’évaluation des doses et ne va pas changer ses plans de décontamination. Elle pense que les habitants n’accepteront jamais les nouvelles règles.

Avoir différents standards, est-ce viable ?

• Le ministère de la santé et des affaires sociales a mis en ligne toute une série de documents en anglais relatifs à la santé des travailleurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. La liste est accessible ici ou directement ici.

• TEPCo a mis en ligne, en japonais uniquement, une présentation des travaux de retrait de la couverture du réacteur n°1 et de démantèlement de la partie supérieure. Seule la partie haute de la couverture sera retirée dans un premier temps. TEPCo insiste sur le fait qu’elle va pulvériser un produit pour diminuer la remise en suspension des poussières. Elle aussi essayé de colmater la partie inférieure du bâtiment où elle aspirera les poussières.

On peut cependant s’attendre à une augmentation des rejets radioactifs et un silence assourdissant de TEPCo à ce sujet, comme pour le réacteur n°3…

Dimanche 20 juillet :

• TEPCo avait déjà bétonné le fond marin dans le port devant la centrale. Elle va recommencer.

Voir les photos et explications en japonais.

Les poissons pêchés dans le port peuvent toujours être fortement contaminés. Voir les derniers résultats en japonais.

• Résultats de mesure sur l’eau de mer prélevée devant la centrale de Fukushima daï-ichi qui inclut le césium, le strontium et le tritium. Les niveaux sont faibles, mais la contamination est systématique. Les sédiments marins restent contaminés sur des centaines de kilomètres.

Samedi 19 juillet :

• On s’en souvient, au début du mois de juillet 2014, le refroidissement de la piscine du réacteur n°5 a dû être arrêté suite à une fuite sur le circuit d’eau de mer. Comme il faut plusieurs jours à l’eau de la piscine pour atteindre la température limite autorisée de 65°C, cela n’était pas très grave. L’IRSN a tout de même consacré une note au sujet, sans que l’on sache trop pourquoi il a retenu cet événement plutôt qu’un autre. Il n’a même pas intéressé les médias français. La contamination des rizières par les opérations de démantèlement, par exemple, est bien plus grave.

Le refroidissement de la piscine du réacteur n°6 avait aussi dû être arrêté le 11 juillet dernier suite à une fuite sur une vanne.

TEPCo annonce maintenant avoir trouvé une fuite d’eau radioactive sur le circuit de refroidissement de cette même piscine. Cette eau contient 2 000 à 3 000 Bq/L de Cobalt 60. Cette portion du réseau de refroidissement est inutilisée depuis le 6 juillet dernier, suite à la découverte de l’autre fuite. L’eau serait restée dans le réceptacle qui entoure les vannes.

Ce nouvel incident montre que les vannes se détériorent vite et que les contrôles effectués par TEPCo ne sont pas suffisants. TEPCo reconnaît qu’elle doit améliorer ce dernier point.

Photos et explications en japonais.

Vendredi 18 juillet :

• Quelle est la part due au séisme et quelle est la part due au tsunami dans l’accident nucléaire ? Cette question est importante pour la suite, car les séismes sont plus fréquents que les tsunamis, même si cela n’est pas une raison valable pour négliger le risque tsunami. Peu importe la fréquence, si c’est possible.

La NRA, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, est arrivée à la conclusion que c’est le tsunami qui a endommagé les équipements de secours importants pour la sûreté. Le rapport d’enquête parlementaire avait suggéré que le séisme avait pu endommager des circuits de refroidissement et que les générateurs électriques du réacteur n°1 aient pu aussi être rendus indisponibles avant. Des ouvriers avaient vu une fuite d’eau avant l’arrivée du tsunami. Mais la NRA a conclu que cette eau venait de la piscine de combustible voisine. Les diesels de secours ont bien été endommagés par le tsunami.

Le rapport de la NRA va être envoyé à l’AIEA.

Il ne faut pas en conclure que le séisme a été inoffensif : les lignes électriques ont été coupées à cause du séisme. L’approvisionnement en eau aussi. A Fukushima daï-ni, où le séisme a aussi noyé les générateurs de secours, l’électricité réseau était encore disponible à quelques kilomètres de cela, ce qui a permis d’éviter l’accident grave.

Jeudi 17 juillet :

• La décision de la NRA concernant le dossier de demande de redémarrage de la centrale de Sendaï (Kagoshima) a été beaucoup commentée.

France Inter titre, Le Japon redémarre une centrale nucléaire. La station de radio va un peu vite en besogne. Les deux réacteurs ne redémarreront pas avant l’automne, au plus tôt, car les obstacles sont encore nombreux. Si une étape importante a été franchie, ce n’est pas encore un feu vert qui a été donné.

Les journaux plus critiques, comme l’Asahi ou le Maïnichi, soulignent l’absence de progrès dans la gestion d’une catastrophe nucléaire. En particulier, les plans d’évacuation, à la charge des autorités locales, ne sont pas prêts. Ils donnent la parole aux évacués de la catastrophe de Fukushima qui prennent cette décision comme une insulte, comme si leur vie détruite ne comptait pas. Ils rappellent que la centrale de Fukushima avait aussi été qualifiée de « sûre ».

Dans un éditorial, l’Asahi pense que le redémarrage est trop risqué et donc irresponsable. Le quotidien n’a pas confiance dans les exploitants qui ont rechigné à faire les investissements nécessaires à améliorer la sûreté de leurs installations et leur tenue face à des situations extrêmes. La NRA a dû batailler dur pour imposer ses vues. Est-ce bien raisonnable de les laisser exploiter une source d’énergie si dangereuse sans réforme interne drastique ? Rappelons que c’est l’exploitant qui a la responsabilité de la sûreté de ses installations ! Dans un éditorial, le Maïnichi est en phase. Il regrette que la NRA ne doivent pas valider les plans d’évacuation mis en place par les autorités locales, alors qu’il s’agit du dernier niveau de défense des populations riveraines.

Mais la décision d’exploiter ou non l’énergie nucléaire n’est pas seulement technique. Il s’agit d’un choix de société qui n’a pas été débattu après la catastrophe, même si la population le réclame fortement.

Dans les faits, personne ne veut prendre la décision finale d’autoriser la centrale à redémarrer, comme le souligne le Japan Times. Le gouvernement a clairement dit qu’il s’en remettait à l’autorité de sûreté, la NRA, pour évaluer la sûreté et laisserait les compagnies décider de l’exploitation de tous les réacteurs jugés « sûrs ». Il se décharge ainsi de sa responsabilité. Le porte-parole du gouvernement a ainsi précisé qu’il ne prendrait aucune décision politique et qu’il laisserait les procédures légales suivre leur cours.

Mais le président de la NRA rappelle qu’il n’est pas de son ressort de décider le redémarrage ou non. Sa seule tâche concerne l’évaluation de la sûreté. Il n’a même pas à décider si un réacteur est sûr ou pas, mais seulement à estimer si les normes de sûreté son satisfaites.

Est-ce que les autorités locales, qui ne sont pas prêtes en cas d’accident, donneront un avis favorable ? Quelle sera leur responsabilité si cet accident se produit ? Ce qui entendu par « autorité locale » qui peut donner son avis est très restreint au Japon. Il s’agit des mairies des communes qui abritent la centrale et qui touchent de larges subsides. Le gouverneur de la province n’a, officiellement, pas son mo à dire, même s’il essaye de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Dans le cas de la province de Kagoshima, il est favorable au redémarrage des réacteurs de Sendaï, mais n’a pas à prendre la responsabilité du redémarrage, puisqu’il n’a pas on mot à dire ! Alors que la zone de préparation à l’accident nucléaire a été étendue à un rayon 30 km autour de la centrale, les autres communes concernées n’ont pas non plus leur mot à dire.

Quant aux exploitants, qui ont massivement investi dans l’industrie nucléaire, ils doivent satisfaire leurs actionnaires et cherchent la rentabilité maximale. Ces derniers ne se considèrent pas pour autant responsables.

Le Yomiuri, journal officiel du village nucléaire, qui appelle régulièrement à un redémarrage rapide des réacteurs nucléaires, demande au gouvernement de prendre ses responsabilités en soutenant localement le redémarrage des réacteurs de Sendaï. Il demande aussi à la NRA de venir défendre sa position devant les riverains.

En avril dernier, un sondage par téléphone effectué auprès de 1 016 personnes vivant dans la province de Kagoshima avait montré que 59,5% étaient opposés au redémarrage de la centrale de Sendaï et 36,8%, favorables.

• L’exploitant de la centrale de Sendaï, Kyûshû Electric, a organisé une visite de presse le 8 juillet dernier, date anniversaire du nouveau référentiel de sûreté, pour montrer les efforts qu’il a fait pour faire face aux aléas, conformément aux nouvelles exigences. Il y avait 3 100 travailleurs sur le site pour effectuer les travaux qu’il reste à faire.

Avant 2011, l’accident était considéré comme impossible pour la technologie japonaise et les mesures à prendre étaient laissées à la discrétion des exploitants. Ce n’est plus le cas. Les nouvelles règles de sûreté imposent aux exploitant de pouvoir faire face à des situations extrêmes, comme celles qui ont prévalues à Fukushima. C’est le refroidissement des cœurs de réacteur qui est le plus critique. En cas d’accident, il faut aussi pouvoir diminuer l’impact des rejets.

La secousse maximale envisagée en cas de séisme est passée de 540 à 620 gals (cm/s2). C’était plus à Fukushima. La vague de tsunami la plus haute envisagée est passée de 4 à 5 m.

Une barrière de 10 m de haut  et un mur de 3 m ont été construits pour protéger les pompes qui prélèvent l’eau de mer nécessaire au refroidissement. Elles sont à 5 m d’altitude. Des cuves avec de l’eau de refroidissement de secours ont été protégées par une cage en acier qui n’a pas la même résistance que les réacteurs mais qui doit pouvoir les protéger des chutes d’objet en cas de typhon.

L’exploitant prétend aussi pouvoir faire face à 15 cm de cendre en cas d’éruption du volcan Sakurajima situé à 50 km.

Il y a des nouveaux générateurs électriques montés sur des camions, ainsi que des pompes. Ils viennent compléter les générateurs électriques installés en hauteur.

Les filtres à particules radioactives nécessaires pour limiter les rejets en cas de dépressurisation d’un cœur accidenté ne sont pas encore installés car les réacteurs à eau sous pression bénéficient d’un délai de 5 ans. Ce devrait être fait en 2016, après le redémarrage envisagé. Des recombineurs à hydrogène pour limiter le risque d’explosion comme à Fukushima ont été installés.

La salle de commande de secours décentrée et bunkérisée n’est pas encore construite. C’est prévu pour 2015. D’ici là, une autre salle va être utilisée.

Ces équipements ne servent à rien s’ils ne sont pas utilisés correctement. La compagnie est donc en train de revoir toutes ses procédures en cas d’urgence. Il faudra ensuite former le personnel.

Tout cela devra aussi être inspecté. Bref, la compagnie n’est pas encore prête au redémarrage.

Toutes ces meures concernent le renforcement des moyens pour faire face à une perte du refroidissement et une minimisation des conséquences. Pour ce qui est de la sûreté ordinaire, comme tous les problèmes liés au vieillissement, qu’en est-il ? La précédente autorité de sûreté, la NISA, avait brillé par son laxisme. Ne faut-il pas tout revoir et tout réinspecter de ce côté là aussi ?

• Si vous souhaitez accéder au dossier de la centrale de Sendaï et envoyer des commentaires, c’est ici en japonais. Il fait 423 pages, plus les CR de réunions de la NRA.

Mercredi 16 juillet :

• L’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, a, comme prévu, annoncé que, sur le papier, les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Sendaï à Kagoshima, tout au Sud de l’île de Kyûshû, satisfaisaient aux nouvelles normes de sûreté. Il ne s’agit pas encore d’une autorisation de redémarrage. Le détail des opérations en fonctionnement normal et en cas d’accident n’a pas encore été instruit. Quant aux plans d’évacuation de la population, ils ne sont pas pris en compte dans l’évaluation de la sûreté. Ils ne sont pas terminés.

La centrale peut officiellement supporter des secousses de 620 gals (cm/s2). Celle de Fukushima avait subi des secousses allant jusqu’à 675 gals. Tous les équipements décrits dans le dossier de sûreté ne sont pas encore installés. L’exploitant veut accélérer les travaux pour pouvoir redémarrer au plus vite car ses finances ne sont pas bonnes. Il espère finir à la fin du mois. Ils devront ensuite être inspectés. C’est le cas, en particulier, de la salle de contrôle bunkérisée.

L’exploitant, Kyûshû Electric, avait été un des premiers à soumettre une demande d’autorisation de redémarrage en juillet 2013. Depuis mars dernier, son dossier avait été jugé prioritaire pour accélérer le processus de redémarrage. Il y a 17 autres dossiers en cours d’instruction.

Les élus locaux des zones qui touchent des subsides de la centrale sont satisfaits. Mais certaines communes locales sont opposées au redémarrage. La population locale est plus partagée. Plus de la moitié des habitants d’Ichikikushikino, commune située à 5 km de la centrale, a signé une pétition contre le redémarrage. Parmi leurs griefs, l’absence de plan d’évacuation réaliste.

Le gouvernement est aussi satisfait et va autoriser le redémarrage sans hésitation. Au niveau national, plus de la moitié de la population est opposée au redémarrage des centrales nucléaires, selon les sondages.

Il y a eu des manifestations de protestation devant la centrale et devant le siège de la NRA.

Le dossier technique de 420 pages va être soumis à la consultation du public à partir du 17 juillet pour 30 jours. En parallèle, la NRA va mener des inspections. Des voix se sont déjà élevées pour souligner que le risque d’éruption volcanique était sous-estimé. Il y a 39 volcans dans un rayon de 160 km et aucun vulcanologue n’a été consulté.

La prochaine centrale sur la liste pourrait être Takahama (Fukui), selon la NRA. le dossier de Genkaï (Saga), est aussi bien avancé.

• Le Maïnichi a interrogé les autorités locales à propos des hôpitaux et maisons de retraite situés à moins de 30 km d’une centrale nucléaire. Une grande majorité n’a pas de lieu d’accueil défini en cas d’accident nucléaire. C’est le cas pour 621 maisons de retraite sur 875, soit 71%, et pour 633 hôpitaux sur 838, soit plus de 75%.

40% des communes concernées n’ont pas fini d’établir leur plan d’évacuation. Dans les provinces de Miyagi, Ibaraki, Niigata, Shizuoka et Toyama, où ces communes sont situées, aucun des 412 hôpitaux et clinique et des 377 centres de soins et de repos n’ont de plan d’évacuation.

Les provinces de Kagoshima, où il y a la centrale de Sendaï, Aomori, Ishikawa, Shiga, Ehimé et Nagasaki, les plans d’évacuation des populations sont terminés, mais à de rares exceptions près, les hôpitaux, cliniques et centres de soins, n’ont pas de lieu d’évacuation prédéfinis.

A Fukui, où il y a 14 réacteurs nucléaires, il y a un lieu d’accueil prédéfini pour les 231 centres de soin et les 202 hôpitaux et cliniques. A Shimané et certaines parties de Hokkaïdô, les patients seront d’abord évacués dans des hôtels avant d’être pris en charge par les autorités compétentes…

C’est en fait très difficile de trouver un lieu d’accueil pour des patients qui ont besoin de soin car le centre se secours ne peut pas garantir avoir de la place à l’avance, à moins de garder une partie de sa structure inutilisée en temps normal pour faire face à l’imprévu.

Le directeur de la maison de retraite Togo, située à 16 km de la centrale de Sendaï qui devrait redémarrer prochainement, a déclaré au Maïnichi, qu’il ne sait même pas par quel bout prendre le problème. Certains pensionnaires ne peuvent plus quitter leur lit. Il envisage donc de ne pas évacuer, mais plutôt de s’enfermer en cas d’accident, en espérant que la contamination ne rentrera pas dans les bâtiments. Mais s’il n’y a plus d’approvisionnement, cela ne pourra pas durer longtemps. Les employés resteront-ils ?

• Retour sur l’affaire de la contamination du riz à Minami-Sôma, dans des rizières situées à plus de 20 km de la centrale, suite aux travaux de démantèlement des débris. Selon une étude menée par l’université de Kyôto rapportée par l’Asahi, les particules radioactives peuvent être transportées jusqu’à une cinquantaine de kilomètres.

Ils ont installé des systèmes de prélèvement de l’air en trois points de la province de Fukushima et ont mesuré les filtres chaque semaine depuis septembre 2012. Entre le 15 et le 22 août 2013, c’est à dire la période incriminée par le ministère de l’agriculture, ils ont relevé 1,28 millibecquerel par mètre cube d’air à Sôma, à 48 km au Nord de la centrale. C’est plus de 6 fois plus que ce qu’ils mesurent habituellement. La contamination de l’air était 20 à 30 fois supérieure aux niveaux habituels à Minami-Sôma (Sôma Sud), au point de mesure situé à 27 km de la centrale, pendant cette même semaine. En revanche, à Kawauchi, situé à 22 km vers l’Ouest Sud-Ouest, il n’y a pas eu d’augmentation significative.

L’équipe a aussi trouvé une augmentation significative de la contamination de l’air à Minami-Sôma en mai et juin 2013. Elle attribue ces pics de contamination aux travaux de démantèlement à la centrale.

Elle a présenté ces résultats aux ministères de l’environnement et de l’agriculture en mars dernier. Ce dernier aurait alors demandé à TEPCo de prendre des mesures pour limiter ces rejets aériens.

TEPCo a reconnu que le 19 août 2013, les travaux de démantèlement ont entraîné un rejet de 4 térabecquerels (4 000 milliards de becquerels), ce qui est 10 000 fois plus que le rejet habituel. Et les autres jours ? La compagnie a demandé des excuses pour les troubles occasionnés… Mais elle continue à affirmer que le lien de cause à effet n’est pas prouvé, sans pour autant apporter d’explication alternative.

A la fin juillet, TEPCo va retirer la couverture installée au dessus du réacteur n°1 afin de retirer les débris de la partie haute du bâtiment.

• Les vols dans les maisons abandonnées suite à la catastrophe nucléaire se poursuivent. Certaines communes ont mis en place des patrouilles financées sur les fonds dédiés à la reconstruction. D’autres sont en train d’installer un système de vidéo-surveillance.

Namié, Ôkuma, Futaba, Tomioka et Katsurao ont installé des caméras qui enregistrent les plaques d’immatriculation des véhicules qui passent.

Selon un habitant de Tomioka qui aide les autres évacués à nettoyer leur maison, 70% des habitations ont été visitées par des voleurs. Les cinq communes listées ont enregistré 212 vols en 2013, ce qui est 4 fois plus qu’en 2010, avant l’accident. Entre janvier et juin de cette année, la police a enregistré 107 vols.

Le nombre de cas doit être plus élevé car tous les évacués ne rentrent pas régulièrement voir leur maison. Il n’est pas non plus facile de repérer un vol dans une maison endommagée.

La commune d’Ôkuma va donc installer 40 caméras de vidéosurveillance et 18 pour enregistrer les plaques des véhicules. Une compagnie de sécurité est chargée de la surveillance. Cela va coûter 725 millions de yens (5,3 millions d’euros) par an à la commune. Les niveaux de contamination sont trop élevés pour pouvoir surveiller les lieux autrement.

Source : Asahi

Mardi 15 juillet :

• TEPCO veut augmenter ses capacités de stockage d’eau contaminée en ajoutant des cuves. La compagnie prévoyait arriver à 830 000 m3 au 31 mars 2015. Elle veut faire plus en ajoutant 100 000 m3.

• Il y a eu un petit incendie dans un générateur électrique à la centrale de Fukushima daï-ichi. Voir le communiqué et la photo.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

– dans le puits de contrôle 1-14, il y a maintenant 9 300 Bq/L en bêta total (prélèvement du 14 juillet 2014).

Lundi 14 juillet :

• La contamination du riz cultivé dans 14 rizières de Minami-Sôma a dépassé les 100 Bq/kg, même à plus de 20 km de la centrale, dans une zone où elle n’aurait pas dû être si élevée. Il ne dépassait pas la limite au même endroit l’année précédente. Ce riz n’a pas été mis sur le marché.

D’où vient cette contamination ? Le ministère de l’agriculture soupçonne les retombées de poussières lors du démantèlement des débris du réacteurs n°3 durant l’été 2013. La contamination n’était pas uniforme comme elle aurait dû l’être s’il s’agissait d’un transfert racinaire via la contamination des sols. Les retombées directes ont donc dû contribuer à hausser la contamination. En plus des poussières du démantèlement, il y a les rejets gazeux qui continuent.

Or, en août 2013, des ouvriers avaient été contaminés à la tête sur le site de la centrale par ces poussières et le niveau de dose ambiant avait augmenté au niveau des stations de mesure situées au Nord de la centrale.

TEPCo, qui n’a rien dit à ce propos, ne peut pas contester l’explication, mais ne peut pas la confirmer non plus. Un fonctionnaire de Fukushima a, quant à lui, dit qu’il n’y a pas d’autre explication possible. TEPCo va reprendre ses travaux de déblaiement des débris après avoir retiré la couverture mise sur le réacteur n°1. Elle a reconnu que cela va entraîner de nouveaux rejets. Mais elle devrait prendre des mesures préventives comme pulvériser plus d’agents anti-dispersion. Un pis aller.

Le maire et les habitants de Minami-Sôma sont furieux, car ni TEPCo, ni le gouvernement, ne leur ont signalés des retombées radioactives sur la commune. Le ministère de l’agriculture a parlé de ce problème avec TEPCo en mars dernier mais n’a pas prévenu la commune.

Le gouverneur de Fukushima a annoncé, le 4 juillet dernier, qu’il voulait continuer l’an prochain le contrôle systématique du riz produit dans sa province. Cela coûte 700 millions de yens (5 millions d’euros) par an et le gouverneur ne sait pas sur quel budget il va continuer ce programme.

• La NRA va donner son feu vert au redémarrage de deux réacteurs de la centrale de Sendaï (Kagoshima), exploitée par Kyûshû Electric, lors de sa réunion de mercredi 16 juillet. Ce serait alors les deux premiers réacteurs autorisés à fonctionner depuis le durcissement des règles de sûreté. Mais le redémarrage ne devrait pas avoir lieu avant la fin de l’année. Il y aura encore une consultation du public pendant un mois, des inspections sur place…

Des manifestations de protestation sont prévues devant la centrale mercredi.

• Le gouvernement a reporté la levée de l’ordre d’évacuer une partie du village de Kawauchi, situé à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. C’était prévu pour le 26 juillet prochain, mais les habitants sont réservés. Lors de la dernière réunion publique qui a eu lieu la veille, le représentant du gouvernement a donc conclu qu’il valait mieux revoir le calendrier.

Les habitants sont autorisés à dormir sur place depuis avril dernier. Mais parmi les récriminations, il y a les niveaux encore élevés de la contamination, que des infrastructures doivent encore être réparées, comme des routes. Et puis, il y a les déchets issus de la décontamination qui s’entassent toujours partout, sans solution. Le contrôle citoyen de la contamination n’a pas eu lieu non plus. Il vient à peine d’être organisé.

Il y a 157 foyers (329 personnes) qui vivaient dans la partie Est du village située à moins de 20 km de la centrale. Parmi eux, 139 foyers (275 personnes) sont concernés par ce programme de retour et peuvent passer la nuit chez eux. Mais seulement 20 foyers en ont fait la demande.

• La gouverneuse de la province de Shiga, où il y a le lac Biwa, le plus grand du Japon, qui alimente en eau potable 14,5 millions d’habitants, était opposée au redémarrage des réacteurs de la province voisine de Fukui. Que se passera-t-il en cas d’accident nucléaire avec l’alimentation en eau potable ?

Son deuxième mandat arrivant à son terme, elle a décidé de ne pas se représenter devant les électeurs. Son successeur, élu la veille, est Taizo Mikazuki, soutenu par le principal parti d’opposition au gouvernement et qui s’inscrit dans la continuation de sa prédécesseuse en terme de politique nucléaire. Une base militaire de la province a aussi un des enjeux de cette élection. Son principal challenger, soutenu par les partis de gouvernement, pensait gagner. Mais il a été battu d’une courte tête.

Evidemment, le gouvernement a annoncé que cette victoire n’allait pas changer sa politique nucléaire.

• Une partie de la pâture de Shibayama dans la commune d’Iwaki a été rouverte car les niveaux de la contamination de l’herbe ont baissé après les travaux de décontamination qui ont consisté en la tonte de l’herbe, le retrait de la partie supérieure du sol et un semis. 7 hectares sur les 50 sont donc rouverts au pâturage. 10 bovins de 4 fermes sont venus ce premier jour.

• Record de contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-6, il y a maintenant 1,1 million de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 10 juillet 2014). Ce n’est pas un record absolu, mais c’est parmi les plus fortes valeurs relevées.

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Dans le puits de pompage n°12, il y a 2 100 Bq/L en tritium (prélèvement du 10 juillet), ce qui est plus que la limite de rejet, mais la compagnie compte toujours sur la dilution. L’eau rejetée a environ 300 Bq/L en tritium (prélèvement du 3 juillet).

Dimanche 13 juillet :

• Selon une étude des universités de Nagoya et Tôkyô commandée par le ministère de l’éducation et effectuée sur 10 000 personnes évacuées suite à la catastrophe nucléaire, elles sont allées, en moyenne, dans quatre lieux de refuge différents et se sont déplacées de 273 km en moyenne durant le premier mois.

Le premier déplacement était d’environ 57 km, soit dans de la famille ou chez des proches, ou dans des centres d’accueil. Le deuxième déplacement faisait 81 km en moyenne et était pour chercher quelque chose de plus stable, dans des hôtels ou dans le parc locatif privé.

Les troisième et quatrième déplacements du premier mois étaient respectivement de 102 et 112 km en moyenne.

Un an après la catastrophe, les personnes évacuées avaient changé d’abris 4,9 fois en moyenne.

C’est la première étude étendue sur les évacués volontaires au Japon. 76% sont partis en utilisant leur véhicule personnel, 10% le véhicule de proches. Il leur en a coûté 51 253 yens (370 euros) en moyenne (essence, billet de train, de bus…).

Dans 42% des cas, les familles ont été séparées durant l’évacuation.

Des questionnaires ont été envoyés à 41 754 personnes et 10 082 réponses valides ont été reçues. Il y a à la fois des évacués forcés et des évacués « volontaires ».

Voir l’Asahi qui rapporte cette étude.

Fukushima Diary a mis en ligne une photo avec des sacs de déchets radioactifs dans lesquels les plantes recommencent à pousser.

• Une partie du toit du bâtiment réacteur n°3 s’est effondré lors de l’explosion hydrogène en mars 2011. C’est que vient de découvrir TEPCo à l’aide d’une caméra suspendue à une grue.

Samedi 12 juillet :

• Un séisme de magnitude 6,8 a eu lieu à 4h22 à 129 km au large de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il a été suivi par un petit tsunami d’une vingtaine de centimètres maximum. Il faisait 10 cm à Sôma, au Nord de la centrale.

TEPCo a annoncé qu’il n’y a eu aucune conséquence à la centrale de Fukushima daï-ichi. Le niveau de la vague n’a pas pu y être mesuré car le système de surveillance des tsunamis a été détruit le 11 mars 2011.

Cet événement est venu rappeler qu’il était temps que la NRA impose à TEPCo de protéger la centrale accidentée des séismes et tsunamis. Pour l’eau contaminée des sous-sols, elle contaminera la mer. Quant aux câbles et tuyaux tout autour des réacteurs, on peut se demander légitimement ce qui se passera.

Vendredi 11 juillet :

• Une organisation de protection des travailleurs, le Tokyo Occupational Safety&Health Center, milite pour une meilleure protection des travailleurs du nucléaire en cas d’accident. Cela fait trois ans qu’elle essaye de convaincre l’administration de revoir les procédures et d’informer les travailleurs avant que la catastrophe ne survienne. Ces derniers doivent pouvoir donner leur accord en amont.

La loi japonaise limite à 100 mSv la dose maximale admise en cas d’accident. Mais cette limite a été rapidement dépassée en 2011 à Fukushima et le gouvernement a remonté la limite à 250 mSv pendant neuf mois.

La NRA a reconnu que les demandes de l’organisation étaient pertinentes et qu’elle allait les prendre en compte. Il est légitime que les travailleurs sachent à l’avance à quelle dose ils peuvent être exposés et qu’ils donnent leur accord. C’est la première fois, en trois ans, qu’une administration répond. Elle va consulter les ministères concernés car elle n’a pas le pouvoir de décider.

• Après la piscine du réacteur n°5, cela a été au tour de système de refroidissement de la piscine du réacteur n°6 d’être suspendu pendant deux heures, de nouveau à cause d’une fuite au niveau d’une vanne. Il aurait fallu 5 jour à la piscine pour que sa température dépasse la limite de 65°C. Communiqués en japonais : un et deux.

• Record de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-14, il y a maintenant 8 200 Bq/L en bêta total (prélèvement du 7 juillet).

Jeudi 10 juillet :

• Le typhon Neoguri (raton laveur en coréen) se dirige vers l’Est du Japon et approche de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les vents sont moins forts, mais des trombes d’eau sont tombées sur les zones traversées entraînant parfois des glissements de terrain.

Les réceptacles situés autour des cuves sont vidés pour pouvoir retenir la nouvelle eau de pluie. Les grues sont amarrées.

Voir le communiqué de TEPCo.

• Si le décès d’un proche peut être attribué à la catastrophe, la famille a droit à une compensation financière. Au 25 juin 2014, il y avait ainsi 1 729 liés directement ou indirectement à la catastrophe nucléaire selon le Fukushima Minpo. C’est plus que le nombre de décès liés au séisme et tsunami à Fukushima : 1 603. La décision d’accorder ou pas cette reconnaissance officielle dépend de la commune. Les autorités provinciales veulent donc harmoniser les critères.

La compensation est de 5 millions de yens (36 000 euros) si c’est la personne qui a le principal revenu du foyer qui est décédé. La moitié autrement.

C’est un panel d’experts composés de médecins, juristes,… mis en place dans chaque commune qui décide si les mauvaises conditions de vie après l’évacuation ont pu accélérer le décès.

De son côté, la commission en charge de fixer les indemnités versées par TEPCo a décidé, selon le Maïnichi, de diviser par deux la somme versée en cas de décès. Pour cela, la part de la catastrophe dans le décès est fixée à 50%. Il y a, bien entendu, des cas où c’est manifestement 100%, mais le secrétariat a décidé d’adopter 50% par défaut. Si les familles ne sont pas satisfaites, elles doivent aller devant les tribunaux.

Dans les statistiques de cette commission, il y a 11 cas de décès où la part de la catastrophe nucléaire est fixée : pour 10 cas, c’est 50% avec un indemnité de 5 à 7 millions de yens. Pour un cas, c’est 90% avec une indemnité de 16,2 millions de yens.

Cette règle de 50% n’est pas officielle.

Reuters rapporte le cas d’un fermier qui est allé devant les tribunaux après le suicide de sa femme.

Témoignage d’un enseignant de l’université de Fukushima sur la gestion des premiers jours de la catastrophe.

Mercredi 9 juillet :

• L’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, envisage d’appliquer le nouveau référentiel de sûreté plus strict à la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi, qui est arrêtée définitivement. Il faudrait qu’elle puisse résister à un autre séisme de forte magnitude et un tsunami. Il en est de même pour les cuves qui contiennent l’eau contaminée. Quant à l’eau des sous-sols, la situation n’est pas tenable et la NRA presse TEPCo de trouver des solutions.

• TEPCo a organisé un voyage de presse sur le site de la centrale pour montrer les travaux du mur souterrain gelé en amont des réacteurs. Les ouvriers travaillent de 17 à 23 h à cause de la chaleur. Le rythme actuel est de 3 forages par jour avec installation des tuyaux pour le liquide réfrigérant. TEPCo a déjà fait installer 90 tuyaux dans les forages.

Si tout va bien, la compagnie espère toujours pouvoir geler le sol en mars prochain et ainsi stopper les infiltrations, même si, en aval, au niveau des galeries souterraines, les tests menés actuellement ne permettent pas d’être optimiste.

TEPCo, qui a augmenté la densité de tuyaux dans la galerie souterraine où elle mène des tests, n’arrive toujours pas à geler tout le passage. Elle parle d’un flux de 2 millilitres par minute qui empêcherait le gel complet. Mais l’explication ne convainc pas la NRA.

• L’Asahi a commencé une nouvelle série basée sur le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, maintenant décédé. C’est ici en anglais.

Le premier chapitre concerne la fuite des travailleurs le 15 mars 2014, révélée par ce quotidien.

• Selon le ministère de l’environnement, il y a 143 689 tonnes de déchets radioactifs, avec plus de 8 000 Bq/kg de césium, accumulés dans 12 provinces. A partir de 100 000 Bq/kg, le gouvernement prévoit le stockage dans deux centres situés à Fukushima. Mais pour le reste, il n’y a toujours pas de solution. Les déchets sont en partie dans des sacs plastiques qui se détériorent avec le temps.

Pour les boues de station d’épuration, entreposée à proximité des stations, le gouvernement s’était engagé auprès des riverains de les reprendre avant mars 2015. Il ne pourra pas tenir ces délais. Dans les lieux pressentis pour accueillir ces déchets, les riverains s’y opposent.

Le précédent gouvernement avait sélectionné des sites loin des habitations, dans des forêts de l’Etat. Les communes concernées avaient protesté quand elles ont découvert le choix fait sans leur aval. Le gouvernement actuel a décidé d’utiliser une approche opposée en commençant pas consulter les communes, mais cela n’avance pas plus vite. Même avec de l’argent à la clé, pour, officiellement, lutter contre les rumeurs néfastes.

• Des images de la fuite et de la réparation sur le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°5.

Mardi 8 juillet :

• Le ministre de l’industrie estime que le fait que le nouveau commissaire de la NRA ait reçu de l’argent de l’industrie nucléaire n’était pas un problème. Les sommes étaient faibles selon lui. Le fait que le ministre ne voit pas de problème est déjà un problème ! Comment quelqu’un qui a passé sa vie à promouvoir l’énergie nucléaire, qui a siégé dans les conseils de plusieurs entreprises nucléaires peut-elle exercer cette tâche ? Ses avis seront toujours suspectés d’être favorables à l’industrie.

Si M. Tanaka a reçu une somme d’argent de l’industrie inférieure à la limite autorisée, pourquoi ne le dit-il pas ?

Ce problème de conflit d’intérêt concerne toutes les industries à risque, pas seulement le nucléaire.

• Le refroidissement de la piscine du réacteur n°5 a repris après deux jours de suspension. TEPCo a fait un communiqué en anglais pour l’annoncer alors qu’elle ne l’avait pas fait pour annoncer la panne…

• Kyûshû Electric Power Company a invité les médias pour leur montrer les nouvelles mesures de sécurité mises en place à sa centrale nucléaire de Sendaï (Kagoshima). La compagnie espère finir les travaux de remise aux normes de sûreté à la fin du mois.

Mais la NRA qui devait donner son verdict le 9 juillet sur le dossier de sûreté de cette centrale a finalement décidé de reporter sa décision. Il lui faut plus de temps pour évaluer la procédure mise en place en cas d’accident grave.

• Cela fait tout juste un an que le nouveau référentiel de sûreté nucléaire est entré en application. Depuis, tous les exploitants du nucléaire ont soumis un dossier d’autorisation de redémarrage, pour un total de 19 réacteurs sur 48. Mais aucune autorisation n’a été délivrée. La NRA n’a pourtant pas chômé depuis. Elle a eu 122 réunions, mais les exploitants ont du mal à accepter les nouvelles règles et espèrent pouvoir passer en force, comme par le passé.

Lors d’une conférence de presse, le 2 juillet dernier, le Président de la NRA a critiqué les exploitants du nucléaire qui ne semblent pas prendre en compte le fait que l’accident de Fukushima a eu lieu.

• L’élection au poste de gouverneur de la province de Fukushima aura lieu le 16 octobre prochain. Ce sera la première élection régionale depuis la triple catastrophe.

• La commune de Kashiwa, citée dortoir de la banlieue de Tôkyô, située dans la province de Chiba, a été particulièrement touchée par les retombées radioactives, au vu de son éloignement. La municipalité a soutenu les anthropogammamétries (WBC) des enfants et des femmes enceintes.

Les résultats sont ici en japonais. Sur 369 personnes contrôlées, une contamination interne au césium a été détectée chez 20 d’entre elles. Parmi elles, 11 ont moins de 6 ans. La plus forte contamination est de 16,11 Bq/kg. La dose reçue sur la vie liée à cette contamination est inférieure à 0,1 mSv selon la commune.

• L’eau souterraine pompée en amont des réacteurs dépasse toujours la limite de 1 500 Bq/L en tritium dans le puits n°1 (prélèvement du 3 juillet 2014). Le laboratoire tiers confirme.

Lundi 7 juillet :

• Le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°5 a été arrêté après la découverte d’une fuite. C’est une vanne dans le circuit d’eau de mer qui fuit. La température de la piscine est de 25,7 °C, soit deux degrés de plus que la veille. TEPCo estime qu’il faut 5 jours pour atteindre la température limite de 65°C.

Voir des photos commentées en japonais.

• Alors que tout le monde attend l’avis de la NRA à propos de la demande de redémarrage de la centrale de Sendaï (Kagoshima), l’Asahi rappelle que le gouvernement a demandé la mise en place de centres de crise protégés, situés au-delà de 5 km, pour gérer la protection des populations en cas d’accident nucléaire. Il faut en prévoir plusieurs au cas où l’un serait défaillant ou inutilisable, comme ce fut le cas lors de la catastrophe de Fukushima. La date limite est septembre 2015.

La province de Kagoshima n’est pas prête et la construction de ces centres est en retard. Le premier centre de crise avec système de filtration de l’air entrant et générateur électrique de secours ne devrait être terminé qu’en mars 2015. La construction d’un deuxième centre ne devrait pas commencer avant octobre. La centrale nucléaire de Sendaï va-t-elle démarrer avant ? Si la NRA donne son feu vert, comme la presse le suppose, l’exploitant, Kyûshû Electric, prévoit un redémarrage cet automne.

• TEPCo essaye toujours de bloquer l’écoulement d’eau contaminée dans une galerie souterraine en la gelant. Un essai est mené entre les réacteurs 2 et 3 depuis avril dernier. Mais la glace n’a toujours pas pris malgré les 17 tuyaux réfrigérant installés. TEPCo prévoyait que la tranchée soit gelée à partir de juin pour pouvoir pomper l’eau à partir de juillet. Ce ne sera pas possible.

La galerie fait environ 5 m sur 5 m et est à 22 m de profondeur. TEPCo reste optimiste, mais la NRA précise que s’il n’est pas possible de geler ces nombreuses galeries souterraines, il n’est pas question de parler de mur étanche tout autour des réacteurs accidentés. Elle presse donc TEPCo de trouver des solutions d’ici la fin du mois.

Voir des explications en japonais.

• Records de la contamination de l’eau souterraine du jour :

– dans le puits de contrôle 3-2, il y a maintenant 3 500 Bq/L en tritium. Dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, c’est 6 800 Bq/L (prélèvements du 2 juillet 2014)

Dimanche 6 juillet :

• Le coût des travaux d’amélioration de la sûreté du parc nucléaire japonais s’élève à 2 200 milliards de yens (16 milliards d’euros). Et ce n’est pas fini. D’autres mesures de protection sont encore nécessaires. C’est beaucoup plus que ce qui avait été estimé par les exploitants du nucléaire. Pour Chubu Electric et sa centrale de Hamaoka, l’estimation des coûts a doublé en un an : elle est passée de 150 à 300 milliards de yens.

Samedi 5 juillet :

• Le réacteur nucléaire de Tôkaï (Ibaraki) est dans la liste de ceux qui ne pourront probablement jamais redémarrer car il est trop vieux. Ses câbles électriques sont inflammables. Il y a aussi presque 1 million d’habitants dans un rayon de 30 km à évacuer en cas d’accident.

Mais l’exploitant, qui risque de perdre son autre centrale à Tsuruga (Fukui) car elle est sur une faille jugée sismique par la NRA, s’acharne et a déposé une demande de redémarrage pour celle de Tôkaï.

Il a organisé une première réunion publique dans le quartier de Shirakata à Tôkaï-mura pour expliquer les mesures de sûreté supplémentaires. Il y avait une vingtaine de participants ! Des réunions seront organisées dans les 30 quartiers de Tôkaï-mura d’ici la fin août.

• L’Asahi a découvert que le nouveau commissaire de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, dont la nomination est controversée, a touché des fonds de l’industrie nucléaire jusqu’en juin 2014. Satoru Tanaka a été nommé en mai dernier et doit prendre ses fonctions en septembre prochain. Il est actuellement professeur en ingénierie nucléaire à l’université de Tôkyô.

Le quotidien a obtenu des documents officiels de l’université grâce à la loi d’accès aux documents publics où il apparaît qu’il a reçu des fonds de Japan Nuclear Fuel Ltd., exploitant de l’usine de retraitement qui n’a jamais fonctionné, et de Mitsubishi FBR Systems Inc., qui développe un surgénérateur, où il siégeait comme conseiller depuis juillet 2007 jusqu’à juin 2014.

L’usine de retraitement, construite par AREVA, est terminée depuis longtemps mais l’atelier de vitrification n’a jamais fonctionné. S. Tanaka présidait le groupe d’évaluation de la technologie de vitrification de l’exploitant de mai 2009 à mars 2014.

L’Asahi ne sait pas combien S. Tanaka a reçu de ces deux industriels du nucléaire car les chiffres étaient noircis dans les documents reçus. Les deux compagnies ont refusé de répondre. S. Tanaka n’a pas mentionné cet argent sans sa déclaration d’intérêt soumise à la NRA et a aussi refusé de répondre au quotidien. Si cela dépasse 500 000 yens par an (3 600 euros), il ne peut pas être commissaire à la NRA.

A la NRA, il devra prendre des décisions concernant ces deux compagnies.

Pour rappel, sa nomination a été très controversée car il est au cœur du village nucléaire : il a été président de la Société pour l’Energie Atomique du Japon et directeur du Japan Atomic Industrial Forum. Il a aussi défendu l’énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima. Il a reçu jusqu’à 5,1 millions de yens (37 000 euros) de l’industrie nucléaire entre 2006 et 2011 pour ses recherches. Il a aussi touché 500 000 yens d’une fondation liée à TEPCo en 2011.

Le précédent gouvernement, dirigé alors par l’opposition, avait défini des règles strictes pour nommer les commissaires de la NRA : ils ne devaient pas avoir travaillé pour l’industrie nucléaire pendant les 3 années précédent leur nomination. Mais l’actuel ministre de l’environnement a déclaré qu’il ne suivait pas les règles définies par l’opposition et qu’il n’avait pas l’intention de définir de nouvelles règles. C’est donc le retour du clientélisme qui a conduit à la catastrophe…

• Le Maïnichi croit savoir que, le 9 juillet, la NRA donnera son feu vert au redémarrage de deux réacteurs de la centrale de Sendaï (Kagoshima) exploitée par Kyûshû Electric. Il y aura ensuite une consultation du public d’un mois. L’exploitant doit aussi obtenir le feu vert des élus locaux, ceux dont la commune qui touche de l’argent de la centrale. Les réacteurs pourraient donc redémarrer à l’automne. Le plan d’évacuation des habitants dans un rayon de 30 km n’est pas opérationnel, mais il n’est pas évalué par la NRA et n’empêchera pas le redémarrage.

Vendredi 4 juillet :

• La commune de Hakodaté (Hokkaïdô) a porté plainte pour arrêter la reprise du chantier de construction de la centrale nucléaire d’Ôma (Aomori). Le chantier a débuté en 2008 et a été suspendu en 2011 pour reprendre en octobre 2012. En cas d’accident, l’avenir de la commune serait menacé. Ce nouveau type de réacteur devrait utiliser du combustible MOx qui pourrait augmenter la gravité des conséquences.

La première audience a eu lieu. Le propriétaire et l’Etat ont déclaré que la commune ne pouvait légalement pas demander la suspension du chantier. Cela va rassurer les riverains…

• Les habitants du district de Nogami de la commune d’Ôkuma, situé à 8 km de la centrale accidentée, veulent une meilleures indemnisation de TEPCo pour pouvoir refaire leur vie ailleurs. Ils prétendent n’avoir pas d’autre choix car ils ne pourront jamais rentrer chez eux à cause de la forte contamination et du projet de centre de stockage de déchets radioactifs.

L’argent reçu pour le moment ne permet pas de se réinstaller ailleurs. Ces habitants demandent à leur commune de les soutenir dans leur démarche.

• Le toit du Centre de Recherche de Physique Nucléaire de l’Université d’Ôsaka est maintenant couvert de panneaux solaires. Tout un symbole.

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans les puits de contrôle 2-8 et 3-3, il y a maintenant 5 300 et 8 900 Bq/L en bêta total (prélèvements du 2 juillet 2014).

–    dans le puits 1-14, c’est 6 400 Bq/L (prélèvement du 3 juillet 2014).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Jeudi 3 juillet 2014 :

• TEPCo avait prévu, dans ses plans financiers, de redémarrer deux réacteurs nucléaires de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Ce ne sera pas le cas. Aucun réacteur ne fonctionnera cet été. Des sources proches du dossier n’envisagent pas un redémarrage avant plus d’un an.

La compagnie avait prévu d’augmenter ses tarifs d’électricité si elle ne pouvait pas redémarrer de réacteur nucléaire pour faire face à ses créances. Mais le gouvernement, actionnaire majoritaire depuis la catastrophe, voudrait éviter cette option.

Mercredi 2 juillet 2014 :

• Conformément à l’engagement pris lors de la visite du Premier ministre japonais, Singapour a assoupli ses règles d’importation d’aliments en provenance du Japon. Les produits en provenance de Fukushima pourront être importés à l’exception de 10 communes de la province. L’importation de champignons et de produits de la mer reste interdite pour toute la province.

Singapour n’exige plus de contrôle de la radioactivité sauf pour les produits en provenance de Ibaraki, Tochigi et Gunma.

• Records du jour de la contamination de l’eau :

–    dans les puits de contrôle 1-14 et 1-17, il y a maintenant, respectivement 6 000 et 99 000 Bq/l en bêta total (prélèvements du 30 juin 2014).

–    la contamination en tritium de l’eau pompée en amont des réacteurs pour être rejetée dans l’océan bat un nouveau record dans le puits n°12 avec 2 300 Bq/L. C’est plus que la limite que TEPCo s’est fixée, mais par dilution avec l’eau des puits, TEPCo va entrer dans les clous (prélèvement du 30 juin 2014). D’une manière générale, la contamination en tritium de cette eau mélangée a tendance à augmenter, mais reste loin de la limite : entre 250 et 280 Bq/L en fonction du laboratoire qui fait la mesure (prélèvement du 21 juin).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Mardi 1er juillet 2014 :

• On s’en souvient, lors de l’été 2013, TEPCo avait mis un mois de se rendre compte qu’une cuve fuyait. Elle avait ainsi perdu 300 m3 d’eau très contaminée. C’est le strontium qui dominait ce rejet, avec 45 TBq (45 000 milliards de becquerels). TEPCo a retiré toute la terre autour de la cuve incriminée et estime avoir repris 80% du strontium qui s’était échappé. Elle vient de soumettre un rapport en ce sens à la NRA, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise. Les 20% restant (9 TBq tout de même) seraient restés dans le sol plus profond. Il serait peu probable que ce strontium ait atteint l’océan selon TEPCo. Le tritium, quant à lui, est bien allé dans la nappe phréatique.

TEPCo a retiré 1188 assemblages de la piscine du réacteur n°4. Cela représente 77% du stock initial. La compagnie va suspendre le retrait jusqu’au début septembre pour des vérifications de maintenance de la grue de retrait.

Une vidéo de Sciences et Avenir montre, en images de synthèse, les opérations de retrait.

TEPCo a mis en ligne les statistiques sur les doses enregistrées par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi. Ils sont maintenant 35 000 à être passés sur le site de la centrale à la fin mai 2014, dont 882 nouveaux le dernier mois.

La dose la plus forte enregistrée en mai est de 20,70 mSv et c’est un sous-traitant.

Lundi 30 juin :

• C’est la centrale de Sendaï dans la province de Kagoshima qui est la mieux placée pour obtenir une autorisation de redémarrage. Mais des riverains s’inquiètent de ce que le plan d’évacuation en cas d’accident majeur n’est pas réaliste. Par exemple, à Ichikikushikino, situé à 5 km de la centrale, la moitié des 30 000 habitants ont signé une pétition contre le redémarrage parce que la route d’évacuation peut être inondée à marée haute, qu’un centre d’accueil est délabré et trop petit… 2 m2 par personne pour les 90 réfugiés prévus.

Une garderie pour enfants, avec généralement 60 petits, située à 13 km de la centrale, n’a pas de plan d’évacuation. Une des employées ne sait pas quoi faire en cas de catastrophe : doit-elle attendre les parents ou partir avec les enfants ?

Il y a 210 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale.

La mairie d’Ichikikushikino va transmettre la pétition au gouverneur.

Voir le reportage de Reuters.

• Le gouvernement a appelé la population à économiser l’électricité à partir du 1er juillet pour le premier été sans nucléaire depuis 40 ans. Tout le pays est concerné à l’exception d’Okinawa, entre 8h et 20h. C’est le quatrième été de suite où le gouvernement demande à la population de faire attention en ne climatisant pas trop, par exemple.

En cas de pannes sur plusieurs centrales thermiques, assez âgées, la situation pourrait être tendue. Autrement, le Japon devrait pouvoir passer l’été sans coupure de courant.

• Records du jour de la contamination de l’eau :

–    dans le puits de contrôle 3-2, il y a maintenant 3 200 Bq/L en tritium. Dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, c’est 6 700 Bq/L. Et dans le puits de contrôle 2-8, c’est la contamination bêta total qui bat son record, avec 4 900 Bq/L (prélèvements du 25 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/L en tritium.

Samedi 28 juin :

• Il y a un mois, TEPCo a commencé à pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs, à la stocker dans des cuves tampon, le temps de faire des contrôles de la contamination, et à la rejeter dans l’océan. Cela devait diminuer les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs accidentés où l’eau se mélange à l’eau de refroidissement fortement contaminée. La compagnie aurait ainsi rejeté 8 600 m3 en mer. Mais aucun effet n’a été décelé dans le niveau d’eau souterraine qui monte à chaque pluie. TEPCo a donc affirmé qu’elle allait continuer à pomper et attendre patiemment les effets.

• 5 500 personnes ont manifesté à Tôkyô contre le redémarrage des réacteurs nucléaires de Sendaï (Kagoshima).

Vendredi 27 juin :

• 15 000 habitants de Namié, soit plus de 70% des résidents, avaient conjointement saisi la commission de conciliation pour réclamer une meilleure indemnisation suite à leur évacuation forcée. Après des négociations, la commission avait proposé une augmentation de 50 000 yens (360 euros) par mois et par personne. Les personnes âgées de plus de 75 ans devaient recevoir 30 000 yens (214 euros) supplémentaires par mois et par personne. Les plaignants, qui réclamaient plus, avaient accepté cette décision, mais TEPCo vient de la rejeter. Elle refuse d’indemniser mieux les victimes de la catastrophe nucléaire. Elle accepte juste de verser 20 000 yens de plus par mois et par personne aux résidents de Namié qui ont plus de 75 ans et qui ont été blessés ou sont tombés malades.

La compagnie verse chaque mois 100 000 yens (714 euros) à chacun des 80 000 habitants des zones où il est obligatoire d’évacuer. Donner plus aux habitants de Namié serait inique, selon TEPCo.

Dans son jugement, la commission avait pris en compte le fait que les habitants de Namié vivent actuellement dans une situation extrêmement instable et sans avenir. Mais TEPCo considère que ce statut précaire était déjà pris en compte dans l’indemnisation qu’elle verse actuellement et qu’elle n’a donc pas besoin de verser plus.

Les communes concernées par les évacuations forcées vont donc demander au gouvernement de revoir les règles d’indemnisation. Le rôle de la commission de conciliation est remis en question par cette décision unilatérale de TEPCo, alors que la compagnie s’était engagée à respecter ses décisions. TEPCo avait déjà refusé un jugement de la commission relatif à ses propres employés. C’est la première fois qu’elle refuse pour d’autres personnes.

• Records du jour de la contamination de l’eau :

–    dans le puits de contrôle 1-17, situé près du rivage, il y a maintenant 70 000 Bq/L en bêta total. Dans l’eau de mer, plusieurs records de la contamination en tritium sont battus. La plus forte valeur est de 2 500 Bq/L (prélèvement des 23 et 26 juin 2014).

Jeudi 26 juin :

• Comme tous les ans, des actionnaires demandent l’abandon de l’énergie nucléaire lors de l’assemblée générale des compagnies d’électricité. Mais c’est la première fois que c’était demandé pour les neuf compagnies simultanément. C’était même la première fois pour Hokuriku Electric Power Co.

Et comme tous les ans, cela a été rejeté car il faudrait obtenir les deux tiers des voix. Les banques, qui détiennent une forte part, votent toujours contre. Même l’arrêt définitif de la centrale de Fukushima daï-ni, qui a été inondée par le tsunami, a été rejeté par les actionnaires de TEPCo.

• TEPCo veut pénétrer le marché européen de l’électricité via la Grande-Bretagne en se positionnant dans le stockage. Elle va installer des batteries de forte capacité pour acheter l’électricité quand elle est peu chère pour la revende quand elle est très chère. La compagnie pourrait ensuite s’installer dans d’autres pays européens, dont la France et l’Allemagne. Elle est soutenue par le ministère de l’industrie japonais.

Dans un communiqué en anglais, TEPCo se félicite du redémarrage d’ALPS, la station de décontamination de l’eau, qui serait unique au monde et qui avait été arrêtée… pour maintenance et modernisation !

En parallèle, TEPCo travaille à l’amélioration de la station SARRY, qui n’enlève que le césium et le sel. Des essais sont menés par Kurion d’un côté et Toshiba de l’autre pour retirer aussi le strontium, qui est un contaminant majeur. Il est temps que TEPCo prenne sérieusement en compte le fait qu’ALPS, prévue pour retirer 62 éléments dont le strontium, ne pourrait pas fonctionner et qu’il faut trouver d’autres solutions, moins ambitieuses, mais qui rendraient l’eau stockée beaucoup moins toxique en cas de fuite.

Mercredi 25 juin :

• La NRA a critiqué les exploitants du nucléaire japonais qui ne font pas les efforts nécessaires pour améliorer la sûreté de leurs installations. Un commissaire a, en particulier, visé l’exploitant de l’usine de retraitement de Rokkashô (Aomori), usine qui n’a jamais pu démarrer depuis qu’elle est terminée. La documentation transmise est incomplète et ne permet pas de juger de la sûreté de l’installation.

Les exploitants se contenteraient de tenter de démontrer sur le papier qu’ils satisfont aux critères imposés sans faire d’effort pour améliorer la sûreté.

• TEPCo a annoncé avoir mesuré 4 700 Bq/L dans l’eau souterraine à 25 m de profondeur d’un puits de contrôle situé près du réacteur n°1 (prélèvement du 4 juin). La pollution s’enfonce donc et trouve par là un autre chemin d’accès à l’océan. TEPCo a dit vouloir accélérer les travaux de barrière.

La NRA est venue pour inspecter les travaux de construction du mur gelé souterrain en amont des réacteurs. En aval, il s’agit seulement de test de mur de glace dans les galeries souterraines inondées. Tant que ce test n’est pas concluant, il n’est pas question de construire le mur partout a expliqué la NRA.

• Autres records de contamination de l’eau :

–    deux records battus dans l’eau de mer prélevée entre le rivage et la barrière marine, avec des contaminations bêta total de 140 et 610 Bq/L (prélèvements du 23 juin 2014).

–    l’eau pompée en amont pour être rejetée dans l’océan vient de battre un nouveau record de contamination en tritium dans le puits n°12 : il y a maintenant 2 100 Bq/L (prélèvement du 23 juin 2014). Le prélèvement du 19 juin dans ce même puits a été contrôlé par un labo tiers : là où TEPCo trouvait 1 800 Bq/L, le labo tiers trouve 2 000 Bq/L. Les incertitudes ne sont jamais indiquées.

TEPCo ne communique pas sur l’effet de se pompage en amont. Fait-il baisser les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs ? Si oui, de combien ? Ce silence n’est pas de bon augure.

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total. C’est 1 500 Bq/L pour le tritium. L’eau du puits n°12 est diluée avec celle des puits voisins avant rejet.

Mardi 24 juin :

• Kyûshû Electric a resoumis son dossier de demande de redémarrage de sa centrale de Sendaï (Kagoshima), qui est la plus avancée. Ce nouveau dossier de 8 600 pages répond aux critiques de la NRA.

La NRA, l’autorité de contrôle, devrait rendre un premier avis le 9 juillet. Puis, il est prévu une consultation du public qui va durer un mois. En cas d’issue favorable, il faudra ensuite obtenir l’assentiment des élus locaux, contrôler les équipements et procédures.

L’exploitant prévoit donc un redémarrage en septembre au mieux.

Le parc nucléaire japonais sera donc complètement arrêté durant l’été, quand la demande est la plus forte à cause de la chaleur. L’an dernier, deux réacteurs avaient été redémarrés.

Résultat d’analyse de l’eau contenue dans les sous-sols des bâtiments turbine 3 et 4. Attention, les valeurs sont en Bq/cm3. Il faut donc multiplier par 1 000 pour obtenir des Bq/L. Même au niveau du réacteur n°4, où il n’y a pas eu de fusion du cœur, il y a 5,5 millions de Bq/L en bêta total. C’est 52 millions de Bq/L pour le 3.

Lundi 23 juin :

• Le gouvernement a fait une estimation des doses liées à l’exposition externe dans les zones évacuées à l’horizon 2021, c’est à dire après 10 ans. Après des travaux de décontamination, là où il y a 100 mSv/an, il y aura entre 9 et 20 mSv/an. Et là où il y a 50 mSv/an, il y aura entre 6 et 11 mSv/an. Ces calculs sont basés sur une hypothèse que les habitants passent 6,5 à 8 heures par jour à l’extérieur (selon les médias) et le reste du temps dans une maison en bois où l’exposition est moindre.

A titre de comparaison, la limite d’exposition en temps normal est de 1 mSv/an et les autorités ont augmenté cette limite à 20 mSv/an pour l’évacuation et pour le retour. Il a promis un retour à la limite de 1 mSv/an à long terme, sans donner de calendrier.

Comme les autorités semblent optimistes, cela signifie qu’elles ne vont pas passer à 1 mSv/an avant 2021. Pour s’approcher de la limite basse, il veut revoir la méthode de calcul et considérer un scénario moins pénalisant. Il espère ainsi pouvoir afficher des doses annuelles allant de 1 à 12 mSv/an.

• TEPCo a relancé la dernière ligne de sa station expérimentale de traitement de l’eau contaminée, la célèbre ALPS, qui tombe souvent en panne. Deux lignes devront être arrêtées le mois prochain pour de la maintenance car la corrosion est très rapide.

Le stock d’eau contaminée dans les cuves à traiter s’élève à 360 000 m3. Il faut ajouter l’eau des sous-sols des bâtiments réacteur et turbine.

• Le ministre de l’environnement gaffeur est allé s’excuser platement devant les maires de Futaba et d’Ôkuma, ainsi que le gouverneur de Fukushima. Il a dit qu’il n’a pas voulu dire ce qu’il avait dit, à savoir que l’argent pourrait vaincre les réticences à accepter un site d’entreposage de déchets radioactifs.

• La province de Fukushima veut reprendre la vente de shiitakés (champignons) produits localement. Ces champignons sont cultivés sur du bois dans des serres. Chez 4 producteurs, 3 à Daté et un à Shinchi, la contamination est inférieure à 100 Bq/kg. Actuellement, la décision d’autoriser ou d’interdire la vente de produits agricoles de fait à l’échelle d’une commune. Pour les shiitakés, les autorités veulent passer à l’échelle du producteur.

65 mesures ont été faites sur les champignons, en plus de celles sur le bois de culture. La contamination était inférieure à 6,6 Bq/kg pour le césium.

TEPCo a reçu 89,4 milliards de yens (638 millions d’euros) d’aide gouvernementale. C’est le 29ième versement.

TEPCo a retiré 1 122 assemblages de combustible de la piscine du réacteur n°4. Elle a fait 51 transports.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 2-7, situé près du rivage, il y a maintenant 1 300 Bq/L en bêta total (prélèvement du 20 juin 2014).

–    dans les puits de contrôle 0-1-2 et 0-4, il y a respectivement 24 et 44 Bq/L en bêta total (prélèvements du 22 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo ne s’autorise pas à rejeter dans l’océan une eau qui contiendrait plus de 5 Bq/L en bêta total.

Dans le puits de pompage n°12 situé en amont des réacteurs, la contamination en tritium est de 1 800 Bq/L. Ce n’est pas un record, mais c’est toujours supérieur à la limite de 1 500 Bq/L que s’est fixée compagnie pour le rejet dans l’océan. Elle va donc profiter de l’effet dilution (prélèvement du 19 juin 2014). L’analyse de l’eau des cuves avant rejet est ici en anglais.

Vendredi 20 juin :

• Les chiffres officiels de janvier 2014 de la province de Fukushima indiquent qu’il y a 89 491 évacués vivant dans des logements temporaires de la province, plus 48 364 ailleurs. Il faut ajouter les évacués « volontaires », qui ont décidé de partir même s’ils ne vivaient pas dans une zone à évacuer. Ils n’acceptent pas la limite de dose fixée par les autorités pour délimiter ces zones. Leur nombre n’est pas connu, mais la presse parle de 35 000 personnes.

Leur situation est précaire : certains vivent dans des mobil-homes, d’autres dans des logements prêtés par les communes d’accueil. La procédure de prêt de logement est prévue par les autorités suite à une catastrophe. Elle n’est supposée durer que deux ans. Face à la situation actuelle, le prêt a été prolongé d’un an, puis encore d’un an. Mais les réfugiés ne savent pas jusqu’à quand cela va durer. Quand pourront-ils rentrer ? Jusqu’à quand peuvent-ils bénéficier de leur logement temporaire ?

Ils réclament une plus grande stabilité pour leur permettre de se fixer, de chercher du travail et pour que les enfants sachent à quoi s’en tenir à propos de leur école.

Un groupe d’évacués vivant à Tôkyô vient d’adresser une pétition avec 16 000 signatures au premier ministre pour lui demander un soutien à long terme.

• Deux personnes sont restées dans la zone évacuée de 20 km autour de la centrale et refusent de partir. Elles s’occupent des nombreux animaux de ferme abandonnés.

Un éleveur s’occupe ainsi de 350 têtes de bétail. Certains bovins ont de nombreuses taches blanches sur le pelage.

Ces deux personnes sont venues manifester devant le ministère de l’agriculture avec une vache malade pour réclamer des études sur la cause de ces taches.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-6, situé près du rivage, il y a maintenant 890 000 Bq/l en bêta total (prélèvement du 19 juin 2014).

–    dans le puits G-1, situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 480 Bq/L en tritium (prélèvement du 18 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo se refuse à rejeter dans l’océan de l’eau souterraine qui dépasserait les 5 Bq/L en bêta total. C’est 1 500 Bq/L pour le tritium.

Jeudi 19 juin :

• TEPCo veut modifier ses plans à propos du transfert des combustibles de la piscine du réacteur n°4. Pour le moment, ces combustibles sont entreposés dans la piscine commune de la centrale, située au niveau du sol. Au Japon, il n’y a pas d’entreposage centralisé comme à La Hague en France.

Pour y faire de la place, TEPCo envisageait d’entreposer à sec les combustibles usés les plus anciens. Mais comme ils sont contaminés, ce n’est pas possible. La compagnie veut donc mettre les combustibles neufs de la piscine du réacteur n°4 dans celle du réacteur n°6. Elle va demander la permission à la NRA. Si l’avis est favorable, cela se fera à partir de novembre 2014.

Document en japonais.

• Les propos du ministre de l’environnement continuent de faire des vagues. Faute de pouvoir convaincre les riverains évacués d’accepter un centre de stockage des déchets nucléaires dans leur commune d’origine, il a déclaré qu’en versant suffisamment d’argent, il réussirait à les convaincre.

Des éditoriaux (Asahi, par exemple) dénoncent le mépris face à ces populations qui ont tout perdu. L’opposition a déposé une motion de censure contre le ministre qui a échoué car elle n’a pas la majorité. Le ministre a fini par retirer ses propos, mais le mal est fait.

Le village nucléaire pense toujours qu’il peut tout acheter…

Mercredi 18 juin :

• L’Asahi a interrogé 52 communes à propos des hôpitaux, cliniques, maisons de convalescence ou de retraite situées dans un rayon de 30 km autour de 6 centrales nucléaires : Tomari (Hokkaïdô), Takahama et Ôï (Fukui), Ikata (Ehimé), Genkaï (Saga) et Sendaï (Kagoshima). Une demande d’autorisation de redémarrage a été déposée pour chacune d’entre elles et la procédure est la plus avancée.

Le quotidien a ainsi découvert que plus de 90% des hôpitaux et cliniques n’ont toujours pas de plan d’évacuation en cas d’accident nucléaire. Seulement 18 sur 217 ont un plan, soit 8%. Pour les maisons de retraite et de convalescence, c’est 204 sur 823, soit 25%.

Pour la centrale de Sendaï (Kagoshima), qui devrait redémarrer en premier, seulement un hôpital sur 87 et six maisons de repos sur 153 ont un plan d’évacuation.

Rappelons que les patients hospitalisés et les pensionnaires des maisons de retraite sont ceux qui ont le plus souffert durant l’évacuation d’urgence à Fukushima, qui a provoqué de nombreux décès.

Certaines communes considèrent que l’évacuation de la structure médicale est irréaliste car elles n’ont pas le personnel ni les véhicules pour y faire face. Elles ont pu rédiger un plan d’évacuation pour leur population, mais se sont retournées vers les hôpitaux, cliniques et maisons de repos en leur disant de prévoir leur propre plan.

• L’exploitant de la centrale de Hamaoka, qui avait été arrêtée en mai 2011 sur ordre du premier ministre, a conclu ses investigations des failles sous la centrale : elles ne sont pas actives. Elles n’auraient pas bougé ses 130 000 dernières années et ne déclencheront pas de séisme. Il ne peut pas dire l’inverse, autrement, il n’est plus autorisé à exploiter la centrale. Le rapport d’étude va être soumis à la NRA.

• Suite à l’annonce de la veille à propos de son échec à geler l’eau d’une galerie souterraine située entre les réacteurs et l’océan, TEPCo a tenu à préciser qu’elle continuait les travaux en amont des réacteurs où il s’agit de geler le sol. Ce n’est donc pas la même chose. Mais en aval, il y a de nombreuses galeries et si TEPCo ne trouve pas de solution, elle n’arrivera pas à isoler les réacteurs.

Communiqué de TEPCo et explications en anglais.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de pompage en amont des réacteurs, la contamination en tritium atteint maintenant 2 000 Bq/L (prélèvement du 16 juin) et dépasse largement la limite de rejet en mer fixée par TEPCo : 1 500 Bq/L. La compagnie continue à pomper car, grâce à la dilution avec de l’eau provenant des autres puits, elle pourra rester sous la limite.

Mardi 17 juin :

• Comme noté par le blog ex-skf, Google met en ligne des images satellite assez récentes de la centrale accidentée.

• La NRA a reproché à deux exploitants nucléaire d’avoir déposé des dossiers de demande de redémarrage avant d’être prêts. Il s’agit de Japan Atomic Power Company et son réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki) et de Tôhoku Electric et sa centrale de Higashidôri (Aomori).

A Tôkaï, ce sont notamment les câbles électriques avec un isolant inflammable qui inquiètent. L’exploitant veut juste les recouvrir alors que la NRA dit qu’ils doivent être remplacés. Comme il y en a des centaines de kilomètres et que le réacteur est ancien, cela ne vaut pas le coût.

Quant à Higashidôri, c’est la résistance aux séismes qui doit être revue.

• On le sait, TEPCO veut geler le sol tout autour des réacteurs pour éviter les échanges d’eau contaminée. Mais du côté de l’océan, il y a de nombreuses galeries souterraines qui vont jusqu’au rivage. Elles sont pleines d’eau contaminée. TEPCo a mené des tests dans une de ces galeries du réacteur n°2 pour stopper l’écoulement vers la mer. Le refroidissement a débuté en avril et l’eau n’est toujours pas gelée. TEPCo ne sait pas pourquoi. Elle va essayer de faire passer plus de tuyaux avec du liquide réfrigérant. Elle ne pourra donc pas bloquer ce passage d’ici la fin du mois.

TEPCo mène des tests similaires dans une galerie du réacteur n°3.

• Le quotidien Asahi continue sa lecture des témoignages recueillis par la commission d’enquête gouvernementale et jamais publiés. C’est le témoignage de Tetsuro Fukuyama, haut fonctionnaire du gouvernement, qui a supervisé les évacuations d’urgence autour de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Les ordres d’évacuation ont été successifs à cause d’une information limitée. Cela a d’abord été 3 km ordonné à 21h23 le 11 mars, puis 10 km le 12 mars à 5h44. Il y a ensuite eu une explosion hydrogène et l’ordre d’évacuer a été étendu à 20 km à 18h25 ce même jour. L’ordre de rester confiné entre 20 et 30 km a été donné le 15 mars à 11h.

Comme on le sait déjà, une partie de la population a dû évacuer plusieurs fois de suite, en allant toujours de plus en plus loin.

T. Fukuyama justifie cette évacuation successive par la volonté de vouloir limiter les embouteillages qui auraient pu retarder l’évacuation des habitants les plus proches de la centrale accidentée. Mais il y a eu des embouteillages et un manque d’abris pour accueillir les évacués.

Quant aux habitants mis à l’abri entre 20 et 30 km, ils n’ont pas évacués car cela aurait pris trop de temps. Cette mise à l’abri a été transformée en évacuation volontaire le 25 mars, après 10 jours enfermés. C’était simplement invivable. T. Fukuyama reconnaît qu’il s’agit d’une faute et est désolé.

• Des chercheurs japonais ont étudié la contamination du régime alimentaire d’habitants de Fukushima qui se nourrissent de leur propre production qui échappe aux contrôles officiels. Certains avaient une forte contamination interne qui a diminué suite au changement de régime alimentaire.

Les chercheurs ont suivi 9 habitants de Minami-Sôma qui avaient plus de 50 Bq/kg en césium 137 dans le corps. La contamination totale variait entre 3 230 et 15 918 Bq et induit une dose comprise entre 0,07 et 0,53 mSv par an. Cela vient s’ajouter à l’exposition externe.

Ces habitants, âgés de 60 à 74 ans consomment tous des produits de leur jardin non contrôlés. Ils mangent aussi des champignons sauvages ou cultivés. Le plus contaminé a même mangé du sanglier sauvage et des poissons de rivière.

Suite à un changement de régime alimentaire, qui consiste surtout à éviter les produits connus pour être les plus contaminés, la contamination en césium a été divisée par deux en trois mois. Au bout de 6 mois, elle était à moins d’un tiers de la contamination originale.

Les chercheurs appellent à une meilleure information des personnes ainsi exposées.

Etude en libre accès dans Plos one.

Lundi 16 juin :

• Le gouvernement a terminé sa série de 16 consultations avec les habitants concernés par l’installation de centre d’entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination. Deux communes sont concernées par ce projet, Ôkuma et Futaba, classées en zone de « retour difficile » et 2 605 personnes en tout auraient participé aux réunions.

Les habitants ne sont pas satisfaits car les autorités n’ont pas répondu à leurs questions. A quel prix seront payés les terrains ? Quelle garantie que les déchets seront bien repris au bout de 30 ans, comme promis ? A la première question, la réponse est « au cas par cas », ce qui n’aide pas beaucoup les habitants. Quant à la deuxième, ce sera dans la loi. On comprend que personne ne soit satisfait. Certains habitants préfèreraient louer leur terrain plutôt que le vendre, pour être sûrs que les déchets repartiront. Comment imaginer que les autorités pourront trouver un autre site d’ici une trentaine d’année alors qu’il n’a jamais été capable de trouver un site pour les déchets nucléaires qui sortent des centrales.

Le gouvernement veut toujours commencer à y transférer les déchets à partir de janvier 2015. Il prévoit aussi des compensations financières pour les communes, mais le montant n’est pas connu et devrait mener d’autres réunions de concertation.

Le ministre de l’environnement a déclaré que l’argent permettra d’arriver à bout des résistances. Le gouverneur de Fukushima a protesté et le ministre a dû s’excuser.

• Le gouvernement veut toujours changer la façon d’estimer la dose reçue afin de permettre le retour des habitants dans les zones évacuées. Actuellement, c’est le débit de dose ambiant qui est utilisé, en considérant que chaque personne passe 8 heures par jour à l’extérieur et le reste à l’intérieur où l’exposition est moindre de 60%. Il veut maintenant se baser sur ce qui est enregistré par les dosimètres, en espérant que ce sera moins élevé. Ce sera donc aux habitants de se débrouiller pour limiter leur exposition, sans leur avoir demandé s’ils étaient d’accord.

TEPCO a retiré 1 078 assemblages de la piscine du réacteur n°4.

TEPCO a contrôlé quelques poissons pêchés à quelques kilomètres des côtes. La contamination en césium total varie entre 246 et 500 Bq/kg. C’est plus que la limite de mise sur le marché, qui est de 100 Bq/kg. Il y a aussi une contamination au strontium qui varie de 0,11 à 1,2 Bq/kg. Les plus contaminés en césium ne sont pas les plus contaminés en strontium.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans l’eau pompée entre les réacteurs n°2 et 3, il y a maintenant 6 300 Bq/L en tritium. Et dans le puits de contrôle 2-8, il y a maintenant 4 400 Bq/L en bêta total (prélèvements des 11 et 15 juin 2014).

–    dans l’eau pompée en amont pour être rejetée en mer, la contamination tritium dans le puits n°11 est désormais de 530 Bq/L (prélèvement du 12 juin 2014).

–    dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 43 Bq/L en bêta total (prélèvement du 14 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo s’est engagée à ce que l’eau prélevée en amont pour être rejetée dans l’océan ait moins de 1 500 Bq/L en tritium et moins de 5 Bq/L en bêta total.

Dimanche 15 juin :

• Cela fait exactement 9 mois consécutifs que le Japon est sans énergie nucléaire.

• Selon le Fukushima Minpo, traduit par le Japan Times, Fukushima Inochi no Denwa, la permanence téléphonique de prévention du suicide de Fukushima a reçu un record de 18 194 appels en 2013. En 2011, il y en a eu 13 677, ce qui est moins qu’un an auparavant avec 16 649. En 2012, c’était 17 881.

Les consultations liées à la triple catastrophe de mars 2011 se distinguent toujours. En 2011, 1 618 appels étaient directement reliés à ces catastrophes. C’est descendu à 816 en 2012, mais le temps passé au téléphone était plus long.

Les appels les plus récents concernaient des querelles familiales à propos du dilemme auquel doivent faire face les familles, rester ou partir ou la distance prise par le père obligé de s’éloigner pour trouver du travail.

Il y a un sentiment d’isolement, d’abandon et de pessimisme général. Lors d’un récent coup de fil, une personne se plaignait de n’avoir rien pu faire durant le tsunami. Une autre, qui a participé aux secours, n’avait pu sauver personne.

Vendredi 13 juin :

• Il existe plusieurs conventions internationales en terme de responsabilité civile suite à un accident nucléaire. Un de ces conventions n’a été signée que par les Etats-Unis, l’Argentine, le Maroc et la Roumanie. Cela ne suffit pour entrer en application. Les Etats-Unis font donc pression pour que le Japon rejoigne cette convention pour qu’elle puisse entrer en application. Les compagnies américaines sont aussi demandeuses de garanties pour intervenir à la centrale accidentée. Le gouvernement japonais devrait proposer la ratification au parlement.

• De 700 à plus de 1 000 personnes (en fonction des médias) ont manifesté Kagoshima contre le redémarrage de la centrale nucléaire voisine, considérée comme la plus avancée. Selon un sondage récent, 52% des Japonais sont opposés au redémarrage des réacteurs nucléaires et 34% pour.

• TEPCO a mis en ligne des photos commentées en japonais et en anglais, ainsi qu’une vidéo prises dans le tore du réacteur n°1.

• La NRA a rendu publics des résultats d’une campagne de mesure de la contamination du sol sous-marin. Il y a jusqu’à 2 000 Bq/kg en césium 137 à 6 km de la centrale accidentée. Il y a 1 000 Bq/kg en une vingtaine de points situés à 4 km.

C’est à 2,3 – 2,5 km de l’embouchure du fleuve Abukuma que la pollution est la plus forte, jusqu’à 2 700 Bq/kg en césium 137.

Les données sont ici en japonais.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine et de l’eau de mer à la centrale de Fukushima daï-ichi :

–    dans l’eau de mer prélevée le long du rivage, trois nouveaux records de contamination en tritium ont été battus. Les données vont de 1 200 à 3 900 Bq/L. Dans le puits de contrôle 1-17, situé près du rivage, il y a maintenant 63 000 Bq/L en bêta total (prélèvements des 9 et 12 juin 2014).

–    dans le puits de contrôle E8, situé en amont des réacteurs mais en aval de la cuve qui a débordé durant l’été 2013, il y a maintenant 26 Bq/L en bêta total (prélèvement du 11 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo se refuse à rejeter en mer de l’eau souterraine qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total et 1 500 Bq/l en tritium.

Jeudi 12 juin :

• Dans la nuit du 14 au 15 mars 2011, la direction de TEPCo à Tôkyô aurait voulu abandonner la centrale devenue trop dangereuse. La compagnie a depuis démenti. Mais le premier ministre de l’époque et toute son équipe maintiennent ces faits. Dans la matinée du 15, le premier ministre s’est rendu dans les locaux de TEPCo pour leur intimer l’ordre de ne jamais abandonner la centrale nucléaire autrement il n’y aura plus de Japon. Il a aussi laissé sur place un fonctionnaire chargé de récupérer toute l’information pertinente que TEPCo rechignait à transmettre. Ce dernier a pris des notes durant cette phase critique de la crise.

Il a autorisé le quotidien Asahi à consulter ses carnets. Ken’ichi Shimomura a été choqué par ce qu’il a vu. TEPCo ne transmettait que très peu d’informations. Dans la cellule de crise du premier ministre, on pensait que le siège de TEPCo ne savait pas grand chose. Mais K. Shimomura a alors découvert tout ce que TEPCo savait sans le transmettre.

Il s’est rendu au siège de TEPCo à 6h07. A son arrivée, le premier ministre tançait TEPCo.

Vers 6h14, il note qu’un bruit fort a été entendu au niveau du réacteur n°2 et qu’il y a eu une baisse brutale de la pression. TEPCo pense alors que le fond de la cuve s’est effondré.

Peu avant 7h, TEPCo veut déplacer le centre de crise sur place, à la centrale daï-ichi, sans que l’on sache où. Le déménagement n’aura pas lieu.

Vers 9h38, un incendie est déclaré dans la piscine du réacteur n°4. 7 minutes plus tard, K. Shimomura note que le feu est incontrôlable. Mais il s’est éteint tout seul vers 11h.

K. Shimomura note aussi que les officiels du centre de crise à Tôkyô semblaient peu concernés. D’autres haut-fonctionnaires présents sur place ont ressenti la même chose.

En ce qui concerne la fuite de 90% des travailleurs présents vers la centrale daï-ni, TEPCo prétend qu’ils n’avaient fait qu’obéir. Cependant, K Shimomura n’a pas enregistré un tel ordre. Il ne souvient pas non plus avoir entendu quelque chose de tel.

Vers 6h50, il note que TEPCo a fait savoir au cabinet du premier ministre que les travailleurs vont revenir d’ici une heure environ, après avoir vérifié les débits de dose. Il pensait alors qu’ils étaient tout près. Il n’a jamais imaginé qu’ils étaient allés à daï-ni, 12 km plus loin et qu’ils avaient ôté leurs vêtements de protection. Il ne leur était alors pas possible de rentrer en une heure.

De fait, les premiers travailleurs sont revenus vers midi.

K. Shimomura n’a jamais été interrogé par la commission d’enquête gouvernementale. On ne lui a jamais demandé ses carnets non plus.

• TEPCo a mis en ligne des photos de l’arrivée de nouvelles cuves par la mer.

TEPCo a mis en ligne ses statistiques sur l’exposition des travailleurs sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Au 30 avril 2014, ils sont 34 145 à y être intervenu : 4 170 employés de TEPCo et 29 975 sous-traitants.

De février 2014 (il doit y avoir une erreur dans le fichier de TEPCo qui indique 2013) à avril 2014, la plus forte dose mensuelle a été de 18,49 mSv. Et c’est un sous-traitant.

Un millier de travailleurs indispensables ont droit à une dose plus forte. La plus forte dose prise depuis le début est de 102,69 mSv.

• TEPCO a mis en ligne quelques photos commentées en anglais et une vidéo peu intéressante des travaux de forage pour la mise en place du mur gelé souterrain situé en amont des réacteurs. La contamination en tritium de l’eau profonde à cet endroit atteint 4 700 Bq/L.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 3-4 situé près du rivage, il y a maintenant 33 Bq/L en bêta total (prélèvement du 11 juin 2014).

–    dans le puits de contrôle G2, situé près de la cuve qui débordé en février 2014, il y a maintenant 260 Bq/L en bêta total (prélèvement du 10 juin 2014).

Mercredi 11 juin :

• Après la catastrophe nucléaire de mars 2011, le gouvernement avait interdit la culture du riz dans 12 communes. De nombreux agriculteurs ont aussi renoncé d’eux-mêmes à planter. Ce printemps, l’interdiction de cultiver et les restrictions volontaires ont été levées sur 5 600 hectares répartis sur 6 communes. C’est lié à la baisse de la contamination des sols et aux autorisations de retour pendant la journée. Cependant, peu d’agriculteurs concernés ont planté du riz cette année.

A Minami-Sôma, la culture a repris sur 111 hectares, soit 3,6% de la surface disponible. C’est 0,2% à Tomioka et 0,1% à Namié et Ôkuma, 0,06% à Katsurao. Rien à Futaba.

Ils estiment que la décontamination des rizières ou des canaux d’irrigation n’a pas été suffisante. Dans 5 communes, il a d’abord été décidé de planter du riz à titre expérimental, de le faire contrôler, puis de décider ensuite si la culture à grande échelle peut être reprise.

Il y a aussi un manque de motivation de certains agriculteurs et la peur de ne pas pouvoir vendre la récolte.

• Le National Institute of Advanced Industrial Science and Technology estime que la contamination des zones inhabitables coûterait 6,6 milliards de dollars. Encore faudrait-il que ce soit réalisable, les premiers essais faits par le gouvernement étant décevants. L’an dernier, ce même institut avait estimé à 19,2 milliards de dollars le coût de la décontamination des zones où un retour est envisagé. Le gouvernement a estimé que le coût de l’entreposage sur 30 ans lui coûtera 10,4 milliards de dollars, en incluant le prix d’achat des terrains.

• Le parlement japonais a voté la loi de libéralisation du marché de l’électricité pour tous à partir de 2016 environ.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans les puits de contrôle 1-14 et 1-17, situés en aval des réacteurs, il y a maintenant 4 800 et 32 000 Bq/L en bêta total. Dans l’eau de mer prélevée le long du rivage, il y a aussi deux records de battus avec 660 et 410 Bq/L en bêta total (prélèvements du 9 juin 2014).

A titre de comparaison, TEPCo se refuse à rejeter en mer de l’eau souterraine qui aurait plus de 5 Bq/L en bêta total.

Mardi 10 juin :

• La réalisatrice française Keiko Courdy a lancé un appel à soutien pour réaliser un nouveau documentaire sur les conséquences de la catastrophe nucléaire. Elle veut donner la parole aux travailleurs cette fois-ci.

• TEPCo a estimé la quantité d’eau présente dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2 et a trouvé moitié moins que ce qu’elle avait estimé la dernière fois.

Il y a deux ans, la compagnie avait réussi à faire une endoscopie de l’enceinte de confinement à l’aide d’une caméra et avait estimé qu’il y avait environ 60 cm d’eau.

Cette fois, c’est un robot qui a inséré des instruments de mesure afin d’estimer le niveau et la température de l’eau. Il a trouvé 30 cm et 35°C. La température est suffisamment basse pour conclure que le combustible fondu est refroidi, mais la compagnie ne sait pas s’il est entièrement recouvert.

• La chambre basse du parlement a entériné la proposition de nommer Satoru Tanaka parmi les 5 membres de la NRA. Cette nomination est très controversée car M. Tanaka est un fervent promoteur de l’énergie nucléaire. Il a présidé la société pour l’énergie nucléaire et a aussi reçu de l’argent de cette industrie comme professeur à l’université. 8 mois après le déclenchement de la catastrophe, il a affirmé qu’il était sûr de redémarrer les réacteurs. L’industrie nucléaire jubile en cachette. Un de ses cadres a déclaré, sous couvert d’anonymat, que le départ de Kazuhiko Shimazaki, le sismologue qui ne s’en laissait pas compter, est une petite victoire. Ce dernier n’a, semble-t-il, pas demandé à partir.

L’indépendance de la NRA semble donc une conquête fragile.

Les deux partis au pouvoir ont voté pour, tous les autres contre. La chambre basse a aussi accepté la nomination de Akira Ishiwatari, un géologue moins controversé. La chambre haute devrait suivre.

• Le ministère de l’environnement a reconnu que la décontamination dans les zones les plus contaminées, pudiquement classées en « zone de retour difficile », n’est pas assez efficace pour permettre un retour des populations. Les essais menés ont réussi à faire baisser de 50 à 80% la contamination, mais le débit de dose ambiant reste au dessus des 20 mSv/an.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans l’eau pompée entre les réacteurs 2 et 3, il y a maintenant 6 200 Bq/L en tritium. La contamination bêta total du puits 2-7 est passée à 1 100 Bq/L (prélèvements des 4 et 8 juin 2014).

En ce qui concerne l’eau contaminée prélevée en amont TEPCo s’est engagée à ce qu’elle ait moins de 1 500 Bq/L en tritium et moins de 5 Bq/L en bêta total pour être rejetée dans l’océan.

Lundi 9 juin :

• Le gouvernement prévoit la construction d’une ville nouvelle pour héberger les 5 000 travailleurs impliqués dans le démantèlement des 6 réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il y a voit là aussi l’opportunité de créer de l’emploi localement et favoriser le retour des populations. Mais les élus locaux se demandent qui d’autre voudra y vivre ?

Actuellement, la plupart des travailleurs demeurent au-delà des 20 km. Le gouvernement veut s’installer à Ôkuma, situé à 10 km, après avoir décontaminé. Le projet inclut aussi une clinique, des restaurants… Le maire d’Ôkuma y est favorable.

Ce projet accompagne aussi la volonté du gouvernement de faires des réacteurs 5 et 6 une centre de recherche sur le démantèlement ouvert aux université et à l’industrie. Un institut de recherche en robotique devrait y être installé.

Le gouvernement veut aussi construire une centrale thermique le long de la côte et installer un centre de développement des énergies nouvelles. Il y a aussi l’idée d’une ferme contrôlée par ordinateur… Il espère ainsi créer 15 000 emplois supplémentaires.

Le nom de tout cela, « Innovation coast ».

• TEPCo a procédé au quatrième rejet en mer d’eau souterraine pompée en amont. Le volume augmente à chaque fois : ce sont 1 563 m3 qui ont été rejetés cette fois-ci. Cela a duré 6 heures.

• Le gouvernement a consulté les habitants de Tomioka réfugiés à Iwaki à propos du stockage de déchets radioactifs contenant moins de 100 000 Bq/kg. Ces déchets devraient être couverts par une chape en béton à Naraha avant d’être transporté à Tomioka. L’eau qui pourrait être récupérée au niveau du site sera récupérée tant que la concentration dépasse les limites fixées. Pendant combien de temps ?

Si l’on en croit le rapport de la télévision publique, la NHK, la consultation a tourné au dialogue de sourds : certains habitants ont demandé pourquoi un tel projet alors qu’ils veulent rentrer chez eux. D’autres demandent de pouvoir contrôler par eux mêmes le site. Face à ces questions pertinentes, les autorités auraient conclu qu’elles vont continuer en espérant convaincre les habitants !

• Les 18 kg d’ormeaux pêchés au large d’Iwaki ont passé les tests de mesure de la radioactivité et ont été vendus sur le marché.

• TEPCo a signé un contrat avec la compagnie américaine Kurion pour retirer le strontium de l’eau contaminée.

TEPCO avait, jusqu’alors, tout misé sur ALPS supposé retirer 62 éléments, sans plan B. Comme le système ne marche pas, elle aurait dû se rabattre depuis longtemps sur une solution moins ambitieuse en ce contenant, dans un premier temps, de retirer les éléments les plus pénalisants. Cela aurait dû lui être imposé depuis longtemps.

Le système Kurion devra pouvoir traiter rapidement 300 m3 par jour, dès cet été. La NRA doit encore donner son accord. Cela ne suffira pas car le stock d’eau contaminée s’accroît de 400 m3/j. Mais TEPCo croit toujours en sa station ALPS…

• Tôhoku Electric a annoncé avoir demandé à la NRA l’autorisation de redémarrer son unique réacteur de sa centrale de Higashidôri (Aomori). La compagnie table sur un redémarrage avant mars 2016, mais la NRA n’a toujours pas statué sur les failles sismiques locales.

Cela porte à 19 le nombre de demandes d’autorisation de redémarrage.

TEPCo a retiré 1034 assemblages de la piscine du réacteur n°4 sur un total de 1 533. Il y a 1 012 assemblages usés sur 1 331 de retirés. TEPCo aura donc bientôt fini pour le combustible usé.

• Pour vous changer des records, voici, en japonais, des courbes sur l’évolution de la contamination de l’eau souterraine. L’échelle logarithmique masque les évolutions.

Dimanche 8 juin :

• Le gouvernement japonais s’est fixé comme objectif à long terme de décontaminer de façon à ce que l’exposition annuelle soit inférieure à 1 mSv/an. Il n’a jamais donné de calendrier et, pour la politique de retour actuelle, il s’accroche au 20 mSv/an.

Cet objectif est traduit par un débit de dose de 0,23 microsievert par heure. Pour faire ce calcul, il est supposé que les personnes passent 8h par jour à l’extérieur et 16h à l’intérieur où le débit de dose est 60% plus faible qu’à l’extérieur. Le bruit de fond naturel de 0,04 microsievert/h est ensuite ajouté.

Selon le blog ex-skf, le ministère de l’environnement serait en discussion avec les communes pour revoir cet objectif qui est difficilement atteignable. Un seuil 2 fois plus élevé serait choisi, avec un débit de dose entre 0,4 et 0,6 microsievert/h.

Pour justifier ce choix, les autorités estiment que le calcul précédent est trop pénalisant : peu de gens restent 8 heures par jour à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments en béton, le débit de dose est réduit de 80, voire 90%.

Rappelons que cette limite de 1 mSv/an n’est pas une limite d’innocuité, mais une limite à ne pas dépasser en prenant compte de toutes les sources d’exposition possibles.

Samedi 7 juin :

• Dans son bilan annuel à l’AIEA pour les années 2012 et 2013, le Japon a oublié de déclarer 640 kg de plutonium. Ce plutonium est sous la forme de combustible MOX dans le réacteur n°3 de la centrale de Genkaï (Saga) à Kyûshû. Il a été chargé en mars 2011, mais le réacteur n’a pas fonctionné depuis à cause de la catastrophe de Fukushima. Il a été retiré deux ans plus tard sans être irradié et est actuellement dans la piscine de combustible. Il doit donc être déclaré à l’AIEA, ce que n’a pas fait le Japon.

C’est Kakujoho.net qui a découvert l’erreur.

• Satoru Tanaka, membre du village nucléaire japonais, vient d’être nommé parmi les 5 sages de la NRA. Il a été président de la Société pour l’énergie nucléaire japonaise et du Forum de l’industrie nucléaire.

Un des cours qu’il donnait à l’université de Tôkyô a été sponsorisé par TEPCo. 120 millions de yens (860 000 euros) ont été versés sur 4 ans et l’université en a rendu 20,36 millions non utilisés. Le cours s’est arrêté en septembre 2011.

• Le gouvernement a décidé de changer le président de la NUMO (l’ANDRA japonaise) deux ans avant la fin de son mandat pour accélérer le processus de sélection de site d’enfouissement pour les déchets de haute activité à vie longue.

Vendredi 6 juin :

• Suite de la fuite des deux cuves d’eau de pluie très contaminée : TEPCo estime que 3,4 m3 auraient pu fuir au-delà de la zone de rétention qui entoure les cuves.

Il n’y a eu aucun contrôle de la zone depuis mars dernier… et la vanne d’écoulement était en position ouverte, comme avant le scandale de l’été 2013. Cela n’a surpris personne qu’il ne fallait pas pomper l’eau de pluie dans cette zone.

Il y a d’autres zones qui ne sont pas contrôlées. TEPCo va le faire.

• Suite de l’affaire des 772 témoignages gardés secrets : l’Asahi a interrogé 72 homme politiques. 11 d’entre eux ont reconnu avoir été interrogé par la commission d’enquête gouvernementale et 10 ont donné leur accord à la publication de leur témoignage. Parmi eux, il y a Naoto Kan, premier ministre durant les premiers mois de la catastrophe. Yukio Edano, le chef de cabinet de l’époque aussi.

En revanche, le gouvernement ne semble toujours pas disposé à rendre public le témoignage de Masao Yoshida, qui était alors directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il est décédé maintenant.

• Records du jour de la contamination de l’eau :

–    dans le puits de contrôle 2-8, la contamination bêta total atteint maintenant 4 300 Bq/L (prélèvement du 4 juin 2014).

–    dans le puits de contrôle 1-8, la contamination en tritium est maintenant de 33 000 Bq/L et celle en bêta total du puits de contrôle 1-17 est de 25 000 Bq/L (prélèvements des 2 et 5 juin 2014).

–    la contamination en tritium de l’eau de mer prélevée le long du rivage bat aussi deux records avec 2 600 et 3 200 Bq/L (prélèvements des 2 et 3 juin 2014).

Jeudi 5 juin :

• Retour sur la fuite découverte la veille dans deux cuves d’eau de pluie contaminée. 4 m3 de cette eau ont été retrouvés à l’intérieur des petits murets construits pour retenir les fuites. Mais TEPCo a découvert qu’une vanne d’évacuation avait été laissée ouverte et que, par conséquent, de l’eau contaminée est sortie.

La compagnie est en train d’étudier la contamination des sols aux alentours.

• Les révélations du Asahi basées sur le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi continuent de faire des vagues. La commission d’enquête gouvernementale a interrogé 722 personnes dont le verbatim n’a jamais été rendu public. Même leur identité n’est pas connue. Il y a 1 479 heures d’enregistrement.

Un groupe d’actionnaires de TEPCo et d’autres personnes ont annoncé une action légale pour obtenir ces documents et est prêt à mener une action en justice pour obtenir gain de cause. Le gouvernement s’est alors engagé à les publier si les personnes interrogées donnent leur accord. Il a 30 jours pour répondre, une fois la demande officielle déposée.

Cependant, le gouvernement se garde le droit de retenir certains passages s’ils concernent des tiers ou la sécurité de la nation.

Dans l’interview consultée par l’Asahi, l’ancien directeur, maintenant décédé, donne son accord à la publication.

Ce même groupe d’actionnaires envisage aussi une action en justice contre TEPCo pour clarifier les responsabilités des dirigeants dans la catastrophe.

• Des informations sont maintenant disponibles en anglais sur le site de TEPCo à propos d’une fuite de l’enceinte de confinement du réacteur n°1 découverte par un robot. Le débit serait compris entre 0,75 et 1,5 m3/h. C’est assez important. En colmatant cette fuite, la compagnie espère diminuer les écoulements d’eau contaminée vers les sous-sols, puis l’environnement. Mais les débits de dose sur place interdisent toute intervention humaine.

Voir le communiqué de presse et les explications.

En revanche, il n’y a rien en anglais sur la fuite des deux cuves…

• Records du jour dans la contamination de l’eau de mer :

– le long du littoral, près de la prise d’eau des réacteurs 1 et 2, il y a maintenant 2 900 Bq/L en tritium et 1 200 Bq/L en bêta total (prélèvements des 1er et 3 juin).

Mercredi 4 juin 2014 :

• Deux cuves qui contenaient de l’eau de pluie contaminée ont fui. Elles n’étaient pas surveillées régulièrement. Selon TEPCo, de l’eau de pluie non contaminée se serait infiltrée dans ces cuves et les aurait fait déborder. La contamination en bêta total était de 72 000 Bq/L en bêta total et sera passée à 9 800 Bq/L après dilution. La compagnie n’a pas encore estimé le volume qui a fui.

Voir les photos et explications en japonais.

• TEPCo a contrôlé l’eau au niveau des forages qu’elle effectue pour y installer le mur gelé souterrain et a trouvé, dans l’un d’entre eux, une contamination en tritium de 3 100 Bq/L en amont des réacteurs.

Les données sont ici en japonais.

• La contamination en tritium de l’eau de mer à proximité du point de rejet en mer de l’eau souterraine pompée en amont a légèrement augmenté à 3,6 Bq/L durant le rejet du 2 juin avant de redevenir indétectable par la dilution.

La contamination en tritium de l’eau dans les cuves avant rejet était de 200 à 210 Bq/L le 22 mai. C’était 150 Bq/L auparavant.

Les données sont ici en anglais.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-17 situé non loin du rivage, il y a maintenant 17 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 2 juin).

Mardi 3 juin 2014 :

• Le Japon veut réviser sa loi sur la responsabilité financière en cas d’accident nucléaire. Actuellement, la loi stipule que tout doit être payé par l’exploitant. Dans les faits, TEPCo aurait été en faillite et dans l’impossibilité de payer si le gouvernement ne l’avait pas racheté. Par ailleurs, en décidant de la politique énergétique du pays, le gouvernement porte une part de responsabilité.

Une commission va donc être mise en place pour faire des propositions de révision de la loi. Elle devra aussi étudier l’intérêt de rejoindre les conventions internationales à ce propos.

• L’Asahi revient sur un autre épisode trouble des premières heures de la catastrophe à partir du témoignage de Masao Yoshida, l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Les inspecteurs de la NISA, l’ancienne autorité de sûreté, ont quitté la centrale dans les premières heures de l’accident. Ils se sont réfugiés dans le PC de crise situé à 5 km, qui a dû être évacué dans la ville de Fukushima, à 50 km, car il n’était pas adapté.

Les autorités n’avaient donc aucun relai sur place pour obtenir des informations et dépendaient entièrement de TEPCo. Les relations n’étaient pas bonnes, voire tendues, ce qui est inévitable lors d’un accident de cette ampleur.

La nouvelle loi japonaise requiert que des inspecteurs de la NRA, la nouvelle autorité, restent dans la salle de contrôle décentrée en cas d’accident. Mais combien de temps ? Rien n’est dit. La limite de dose pour les fonctionnaires en cas d’accident est de 100 mSv. Elle était de 250 mSv pour les travailleurs, jusqu’à décembre 2011.

• TEPCO communique sur le démarrage des travaux de mise en place du mur gelé souterrain en amont des réacteurs accidentés. Voir son communiqué et sa vidéo en anglais. 1 550 trous d’une trentaine de mètres de profondeur vont être creusés tous les mètres pour y faire circuler un liquide de refroidissement à -30°C.

Espérons que le système fonctionnera et réduira significativement les infiltrations d’eau souterraine car il coûte très cher, 32 milliards de yens (229 millions d’euros). Il va aussi consommer autant d’électricité que 13 000 foyers (45,5 millions de kWh par an). Espérons aussi qu’il pourra réduire les fuites en mer.

Les travaux devraient être terminés pour mars 2015 et le refroidissement devrait prendre 6 mois. Il est prévu de maintenir le sol gelé jusqu’en 2020. Que se passera-t-il après ?

TEPCo continue, en parallèle, de pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs pour la rejeter en mer. 3 rejets ont déjà été effectués. Cette mesure devait initialement réduire les infiltrations de 100 m3 par jour, mais TEPCo a revu ses estimations et annonce entre 20 et 100 m3 par jour.

Le stock d’eau contaminée est de 480 000 m3, dont 360 000 m3 d’eau très contaminée.

Lundi 2 juin 2014 :

• C’est un des sujets les plus controversés de la catastrophe de Fukushima. Dans la nuit du 14 au 15 mars 2011, TEPCo aurait appelé la cellule de crise du premier ministre pour déclarer qu’elle se retirait de la centrale devenue trop dangereuse. Le premier ministre aurait alors ordonné de ne pas partir. TEPCo affirme qu’elle a été mal comprise et qu’il était évident qu’elle ne voulait pas abandonner la centrale, mais seulement y laisser un nombre minimum de travailleurs. Le premier ministre et les membres de son cabinet confirment que TEPCo a bien dit vouloir partir. Il n’y a aucun enregistrement de la conversation.

Le témoignage de l’ancien directeur de la centrale, Masao Yoshida, que l’Asahi a obtenu, apporte un éclairage nouveau sur cette affaire. Le quotidien a aussi interrogé Goshi Hosono, alors conseiller spécial du premier ministre, qui est devenu ensuite ministre de l’environnement et de la catastrophe, avant le changement de majorité.

Durant cette fameuse nuit, M. Yoshida aurait téléphoné deux fois à G. Hosono. La première fois, c’était pour dire qu’il était impossible d’injecter de l’eau dans le réacteur n°2 pour le refroidir. Il aurait aussi suggéré qu’il ne sera peut-être plus possible de travailler à la centrale. Ce qui signifiait, implicitement, qu’il faudrait évacuer les lieux.

Le deuxième appel était pour dire que l’eau avait pénétré dans la cuve du réacteur n°2. G. Hosono dit avoir alors senti la détermination de M. Yoshida, qui n’abandonne jamais.

C’est entre 2 et 3h du matin, le 15 mars, que la pression a commencé à augmenter significativement dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2, faisant craindre le prire.

A peu près au même moment, le PDG de TEPCo essayait de joindre le ministre de l’industrie, Banri Kaieda. G. Hosono a entendu dire, par B. Kaieda et Yukio Edano, alors secrétaire général du gouvernement, que TEPCo voulait se retirer complètement.

G. Hosono a déclaré à l’Asahi que ce souhait d’abandonner la centrale a été évoqué par plusieurs directeurs à Tôkyô, dont le PDG, mais que cet avis n’était pas partagé par M. Yoshida. Son sentiment était que M. Yoshida voulait rester et le cabinet du premier ministre a décidé de le soutenir. La question était de savoir si le siège à Tôkyô voulait aussi soutenir les personnes sur place. Il a aussi ressenti un sentiment d’abandon chez les représentants de TEPCo présents à la résidence du premier ministre. La situation sur place, serait hors de contrôle, selon eux. Haruki Madaramé, chef de la sûreté nucléaire, semblait partager l’avis de TEPCo.

G. Hosono aurait conseillé au premier ministre, Naoto Kan, de suivre l’avis de M. Yoshida. Ce dernier aurait alors sermonné le PDG de TEPCo, Masataka Shimizu, lui faisant comprendre qu’un retrait était exclu.

Comme on le sait maintenant, vers 6h le 15, la situation s’est aggravée à la centrale. M. Yoshida a demandé aux travailleurs sur place de s’éloigner, mais de se tenir prêts à revenir. 90% des travailleurs se seraient enfui à la centrale de Fukushima daï-ni, située 12 km plus au sud. Le PDG actuel de TEPCo réfute ces allégations dans une lettre au New York Times : il reconnaît que les travailleurs sont allés à la centrale de Fukushima daï-ni, mais il explique qu’ils n’ont pas désobéi et qu’ils sont revenus quand ils en ont reçu l’ordre.

Jusqu’à maintenant, G. Hosono a refusé les interviews à propos de cette catastrophe. Mais, après 3 ans, sa mémoire commence à le trahir et il pense qu’il est temps d’apporter son témoignage.

Selon l’Asahi, M. Yoshida, aurait déclaré à la commission d’enquête gouvernementale :

« C’est parce que l’eau ne pénétrait pas. Sans eau, le combustible va juste fondre. »

« Cela peut être le plutonium, cela peut être autre chose, mais toutes les substances contenues dans le combustible vont sortir. Cela va être beaucoup plus sérieux que le césium actuel, car toutes les substances radioactives vont être rejetées et dispersées. On imaginait l’effondrement de l’Est du Japon »

« La situation va devenir plus grave qu’à Tchernobyl, peut-être pas exactement comme dans le film le syndrome chinois, mais quelque chose comme cela. Puis on devra aussi arrêter d’injecter de l’eau dans les réacteurs 1 et 3. »

• Le train a recommencé à circuler entre Hirono et la station Tatsuta à Naraha, commune complètement évacuée. C’est la première fois qu’un train circule dans la zone évacuée. Il y avait 160 passagers pour le premier voyage qui a eu lieu le 1er juin matin.

La commune de Naraha a aussi rouvert sa mairie. Une vingtaine d’employés municipaux étaient résents.

• Il y a eu une manifestation à Tôkyô contre le redémarrage de la centrale de Sendaï (Kagoshima). Il y avait 1 300 personnes, selon la police, et 10 000, selon les organisateurs, devant le parlement.

• Les travaux de construction d’un mur gelé souterrain ont débuté comme prévu en amont des réacteurs accidentés.

TEPCo a mis en ligne quelques photos commentées en japonais.

• TEPCO a effectué son troisième rejet en mer d’eau souterraine pompée en amont des réacteurs. Il est de 833 m3 cette fois-ci.

TEPCo a retiré 968 assemblages de la piscine du réacteur n°4. C’est 63% du contenu initial de la piscine.

• Les fortes chaleurs sont arrivées au Japon, ainsi que la campagne Super Cool Biz qui consiste à s’habiller plus légèrement pour économiser sur la climatisation. Elle va durer jusqu’au 30 septembre.

Samedi 31 mai :

• Une réunion publique a été organisée à Iwaki avec les habitants d’Ôkuma et Futaba à propos des centres d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination. Entre 400 et 540 personnes étaient présentes. Cela dépend des médias.

Le gouvernement veut acquérir 16 km2 de terrain dans ces deux communes pour y installer deux centres d’entreposage. Le prix ne sera pas beaucoup plus bas que le prix avant la catastrophe. Les autorités ont réitéré leur promesse que les déchets n’y resteront pas plus de trente ans. Un site de stockage définitif sera recherché en dehors de la province de Fukushima.

Selon les médias, des habitants se sont exprimés pour s’opposer au projet ou pour dire qu’ils ne croient pas qu’un autre site pourra être trouvé dans l’avenir.

• Singapour a profité de la visite du Premier ministre japonais pour annoncer que le pays va lever l’interdiction d’importer d’aliments en provenance de Fukushima.

• La province de Shimané a évalué à son tour le temps qu’il lui faudrait pour évacuer les 471 000 personnes qui vivent dans un rayon de 30 km de la centrale du même nom. Cette zone empiète sur la province voisine de Tottori.

Un scénario standard conduit à une estimation de 28 heures. S’il y a de la neige, cela pourrait aller jusqu’à presque 33 heures.

• Les pêcheurs d’Iwaki ont repris la pêche aux ormeaux à titre expérimental. Si les niveaux de contaminations sont plus faibles que les limites fixées par la coopérative de pêche, les ormeaux seront mis sur le marché.

Vendredi 30 mai :

• Après le succès de leur plainte contre le redémarrage de la centrale d’Ôï, des Japonais ont porté plainte contre le redémarrage de la centrale de Sendaï (Kagoshima), qui devrait être la première à être autorisée à redémarrer.

• Lundi 2 juin, TEPCo va commencer les travaux du mur gelé souterrain pour la partie amont. Pour l’aval, les plans ne sont pas encore terminés car il y a des galeries souterraines et l’eau y est plus contaminée.

• TEPCo va construire une centrale au charbon aux Philippines. C’est son premier investissement à l’étranger depuis la catastrophe. Un compagnie locale possèdera 50% des parts.

• Le Japon a lancé un appel d’offre international pour séparer le tritium, de l’hydrogène radioactif, de l’eau. Une technique est mise en œuvre en Corée pour produire du tritium qui est commercialisé. Elle est très onéreuse à mettre en œuvre.

L’appel d’offre a pour but d’évaluer les techniques disponibles, leur coût avant de décider leur mise en œuvre éventuelle ou l’abandon de cette idée.

TEPCo a mis en ligne (en japonais) de nouvelles explications sur la découverte d’une fuite de l’enceinte de confinement du réacteur n°1, avec des photos. Page 4, il y a les débits de dose enregistrés par le robot. Cela va de 300 à 2 400 mSv/h. Ils sont trop élevés pour une intervention humaine car la limite sur 5 ans est de 100 mSv.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 3-2, il y a maintenant 2 800 Bq/L en bêta total. Dans le puits 3-5, c’est 350 Bq/L (prélèvements du 28 mai 2014).

–    trois records sont battus pour la contamination en tritium de l’eau de mer près du rivage : il y a de 1 600 à 4 200 Bq/L en fonction du point de prélèvement (prélèvements des 26 et 27 mai 2014). C’est plus que ce que TEPCo est autorisée à rejeter en mer.

Jeudi 29 mai :

• L’Asahi reprend son feuilleton, le piège de Prométhée. La nouvelle série de 10 épisodes est consacrée au rôle de la famille impériale.

• Le maire de Naraha, commune située à proximité de la centrale nucléaire, espère que ses 7 500 administrés pourront rentrer au printemps 2015. Les travaux de décontamination sont presque terminés. Il faut encore rétablir les infrastructures, commerces, centres de soins…

Cependant, le gouvernement n’a pas encore répondu aux exigences de la municipalité :

–    décontamination des forêts qui couvrent 70% de la commune ;

–    décontamination des sédiments d’un réservoir qui sont très contaminés ;

–    décontamination et nettoyage de l’intérieur des maisons abandonnées depuis plus de trois ans.

Lors de la dernière réunion publique qui s’est tenue en avril dernier, les habitants n’ont pas réclamé un retour rapide.

• Le temps d’évacuation des 210 000 personnes qui vivent dans un rayon de 30 km autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima) vient d’être estimé par les autorités locales : il faudra jusqu’à 29 heures pour évacuer 90% d’entre elles. Ce scénario suppose que les habitants qui vivent à moins de 5 km partent en premier, qu’ils utilisent leur voiture, avec deux personnes par voiture en moyenne et que les autoroutes sont fermées.

TEPCo communique sur le redémarrage d’un des lignes de traitement de sa station ALPS. Elle a mis en ligne des explications sur l’origine de la panne.

Mercredi 28 mai :

• Le gouvernement va remplacer deux des cinq membres de l’autorité de sûreté dont le mandat se termine en septembre.

Les sortants sont Kunihiko Shimazaki, un sismologue et Kenzo Ôshima, un ancien ambassadeur. Ils seront remplacés par Satoru Tanaka, ancien président de la société japonaise pour l’énergie nucléaire et Akira Ishiwatari, un géologue. Leur mandat dure 5 ans. Comme la NRA n’a que deux ans, le premier remplacement avait été tiré au sort si je me souviens bien.

Cette décision fait du bruit car Kunihiko Shimazaki avait été intraitable en ce qui concerne les failles sous les réacteurs. Personne, dans le village nucléaire, ne va le regretter. Il est remplacé par un promoteur du nucléaire, qui devrait être plus « compréhensible ». Satoru Tanaka a reçu de l’argent de l’industrie nucléaire par le passé. Il n’y a plus de sismologue parmi les 5 commissaires.

Alors que le gouvernement déclare qu’il veut redémarrer au plus vite les réacteurs, il se heurte à la nouvelle autorité de sûreté qui n’est pas aussi « flexible » que la précédente. En changeant les commissaires, il espère accélérer le processus. Mais les décisions prises risquent de manquer de crédibilité.

M. Shimazaki a remonté la barre en terme d’exigences à la tenue aux séismes, suite à ce qui s’est passé à Fukushima. Les exploitants ont essayé de résister, en vain. Il a, en particulier, conclu que les failles sous la centrale de Tsuruga étaient actives, ce qui la condamne. En revanche, après des examens complémentaires, il a reconnu que celles sous la centrale d’Ôï ne l’étaient pas.

Les exploitants du nucléaire et certains hauts fonctionnaires l’accusent d’avoir fait traîner l’instruction des dossiers de demande de redémarrage et de ne pas décider. Le Yomiuri, qui est la voix du village nucléaire, va jusqu’à dire que ces décisions étaient non-scientifiques. Mais ces critiques ne prennent pas en compte le fait que ses décisions étaient partagées avec d’autres géologues.

• TEPCo a de nouveau rejeté de l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs. C’est le deuxième rejet. Le premier faisait 561 m2, le deuxième, 641 m3.

La compagnie ne communique plus en anglais sur le sujet.

• TEPCo a trouvé une fuite dans le réacteur n°1. C’est encore au niveau d’un tuyau qui pénètre dans l’enceinte de confinement.

Des photos et vidéos sont ici en japonais.

• Il y a 400 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale de Shimané. En cas d’accident, il faudrait en évacuer 270 000 en dehors de cette province. Un accord vient d’être signé avec les provinces voisines de Hiroshima et Okayama.

C’est Shimané qui devra contrôler la contamination des évacués et payer la note. Les provinces vont maintenant discuter avec les communes.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 42 Bq/L en bêta total (prélèvement du 26 mai 2014).

–    dans le puits de pompage n°12 situé en amont des réacteurs, la concentration en tritium atteint 1 700 Bq/L (prélèvement du 26 mais 2014). Cette concentration dépasse la limite que TEPCo s’est fixée pour le rejet en mer qui est de 1 500 Bq/L. Mais la compagnie va diluer cette eau avec celle des puits voisins, moins contaminée, afin de satisfaire à ses critères de rejet. Les derniers résultats sur l’eau des cuves tampon sont ici : il y a 150 Bq/L pour le tritium.

TEPCo a publié en japonais (et en anglais) des résultats surprenants sur des prélèvements de septembre 2013 : dans le puits de contrôle 1-2, il y a 1 000 000 Bq/L en strontium, mais seulement 500 000 Bq/L en bêta total, ce qui est impossible. Dans le puits 1-16, il y a 580 000 Bq/L en strontium contre 400 000 Bq/L en bêta total. Comme le strontium est un émetteur bêta, il y a incompatibilité entre ces mesures. Dans ce dernier puits, en octobre, c’était 890 000 Bq/L en strontium et 880 000 Bq/L en bêta total.

Ce problème n’est pas nouveau : le détecteur bêta total saturait quand la contamination est trop forte et sous-estimait les résultats. TEPCo avait prétendu avoir résolu le problème. Cela ne semble pas être le cas.

De plus, dans le puits 1-9, il y a 300 Bq/L en strontium et 80 Bq/L en bêta total. Ce ne sont pas des contaminations qui saturent les détecteurs !

Plusieurs records de contamination en strontium sont aussi battus. La plus forte valeur est de 1,4 million de becquerels par litre en strontium dans le puits 1-16 en décembre 2014. C’est énorme.

Mardi 27 mai :

• L’Asahi continue d’éplucher le témoignage de Masao Yoshida, l’ancien directeur de Fukushima daï-ichi. Cette fois-ci, le quotidien s’interroge sur l’interruption de l’injection d’eau dans le réacteur n°3 le 13 mars 2011.

Si vous avez bonne mémoire, l’injection d’eau de mer dans le réacteur n°1 avait déjà fait polémique. Faute d’eau douce, de l’eau de mer avait été utilisée. La question avait été traitée au cabinet du premier ministre et le siège de TEPCo avait demandé à M. Yoshida de suspendre l’injection d’eau de mer. Il avait passé outre l’ordre.

Le même problème a eu lieu pour le réacteur n°3, le 13 mars. A 5h42, après avoir été alerté que les cuves d’eau douce étaient vides, M. Yoshida ordonne d’utiliser de l’eau de mer. Mais à 6h43, il aurait reçu un coup de fil depuis la ligne de TEPCo installée dans la cellule de crise du premier ministre. Il ne sait plus qui l’a appelé. L’ordre lui est donné d’éviter au possible l’eau salée, qui est corrosive. On peut imaginer que TEPCo espérait encore sauver des réacteurs. Il a répondu qu’il ferait de son mieux pour trouver de l’eau douce.

Vers 9h13, un des vice-présidents de TEPCo suggère, dans une visio-conférence, d’utiliser de l’eau de mer.

A 12h18, M. Yoshida donne l’ordre d’utiliser l’eau de mer car les nouvelles sources d’eau douce sont taries. Il pensait que cela prendrait 10 minutes. Cela a pris une heure pendant laquelle il n’y a pas eu d’injection d’eau. L’eau de mer est arrivée à 13h11.

• Le PDG de KEPCo a déclaré qu’il passerait outre la décision de justice et redémarrerait les deux réacteurs d’Ôï (Fukui) s’il obtient l’accord de la NRA et des autorités locales. Il en est loin…

• Record du jour de la contamination de l’eau contaminée :

–    il y a maintenant 9 600 Bq/L en bêta total dans le puits de contrôle 1-17 situé près du rivage (prélèvement du 26 mai 2014).

• Les dernières données de la NRA sur la pollution de l’eau de mer sont ici en anglais.

Lundi 26 mai :

• La NRA a donné son accord à la mise en place d’un mur de glace souterrain tout autour des 4 réacteurs accidentés. Il s’agit de faire circuler du liquide réfrigérant dans le sol pour le geler et empêcher les échanges d’eau avec l’extérieur. Il va faire 1,5 km de long sur une profondeur de 30 m environ.

la NRA avait demandé des études complémentaires. TEPCo a donc calculé que le sol autour des réacteurs pourrait s’enfoncer de 16 mm, ce qui ne devrait pas poser de problème.

Les travaux devraient commencer en juin, en amont.

• Les habitants de Namié avaient saisi la structure de conciliation à propos de leur indemnisation. Ils réclamaient plus d’argent. L’arbitre a accepté de proposer une augmentation mensuelle de 150 000 yens (1 100 euros), qui est rétroactive sur deux ans. Selon les autorités municipales, 98% des habitants accepteraient cet arbitrage. TEPCo n’a pas encore donné son accord et dit l’étudier. Elle doit répondre avant le 28 mai.

15 000 habitants ont dû être évacués de Namié.

• La justice vient de décider qu’un homme originaire de la zone comprise entre 20 et 30 km, considéré comme évacué « volontaire », a droit à une indemnisation de la part de TEPCo. Il réclamait 130 millions de yens (0,9 million d’euros) car il souffrait de stress post-traumatique qui l’empêchait de travailler. La cour de Kyôto, où il habite actuellement, a reconnu que son stress était lié à l’accident nucléaire. Elle a demandé à TEPCo de payer 400 000 yens (2 900 euros) par mois pendant un an à partir de mai. Cette somme est basée sur son revenu avant l’accident et d’autres facteurs.

TEPCo a refusé de commenter ce jugement.

• Tôhoku Electric devrait prochainement déposer un dossier d’autorisation de demande de démarrage de l’unique réacteur de sa centrale de Higashidôri (Aomori). La NRA n’a pas encore conclu quant à la sismicité des failles locales.

• L’IRSN fait le point sur la situation à la centrale de Fukushima daï-ichi. Les lecteurs fidèles de cette page n’apprendront rien de neuf.

TEPCo a retiré 924 assemblages de la piscine du réacteur n°4. Cette opération se passe sans heurt pour le moment, ce qui est une bonne nouvelle.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    l’eau pompée entre les réacteurs 1 et 2 a maintenant 1 100 Bq/L (prélèvement du 25 mai 2014).

–    la contamination en tritium de l’eau souterraine dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui avait débordé en février 2014, continue d’augmenter : elle est de 2 400 Bq/L (prélèvement du 22 mai) et 2 600 Bq/L (prélèvement du 24 mai). C’est plus que la limite fixée par TEPCo pour les rejets en mer (1 500 Bq/L).

Dimanche 25 mai :

• Après avoir rédigé sa politique énergétique, le gouvernement a organisé une consultation publique entre janvier et février 2014. Il aurait reçu environ 19 000 commentaires. Aucune statistique n’a été publiée à propos des réponses. Le ministre de l’industrie avait expliqué devant le parlement qu’il s’était plutôt attaché à lire les contenus plutôt qu’à compter le nombre d’opinions favorables ou défavorables.

L’Asahi a fait appel à la loi sur l’accès aux documents publics et a reçu les copies de 2 109 emails sans le nom et les coordonnées des expéditeurs. Il ressort que 2 008 emails, soit 95,2%, s’opposaient à l’énergie nucléaire. Seulement 33 étaient en sa faveur. Les autres exprimaient une autre opinion.

Résultat de la consultation, le gouvernement a affirmé le rôle de l’énergie nucléaire comme énergie de base…

Le gouvernement décidera en septembre s’il rend publics les autres commentaires.

Vendredi 23 mai :

• Suite du feuilleton de l’Asahi basé sur le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, Masao Yoshida. Ce témoignage de 400 pages résulte d’interviews menées par la commission d’enquête gouvernementale et est resté secret. Les autres épisodes sont ici.

M. Yoshida reconnaît une erreur de jugement à propos du réacteur n°1 qui a pu conduire à une accélération de la fusion du cœur du réacteur n°1.

Le combustible irradié d’un réacteur nucléaire dégage beaucoup de chaleur qu’il faut refroidir. Suite aux séisme et tsunami, il n’y avait plus de courant électrique pour refroidir le cœur. Il existe, sur ce type de réacteur, un condenseur qui recueille la vapeur d’eau, la refroidit et la réinjecte dans le cœur pour assurer un refroidissement. Il s’agit de l’ultime système de secours qui fonctionne sans électricité. Le refroidissement se fait en passant dans une cuve pleine d’eau qui s’évapore. Et quand cette cuve est vide, il n’y a plus de refroidissement de la vapeur, ni du cœur du réacteur.

Dès le 11 mars au soir, un employé s’est inquiété de l’eau dans la cuve du condenseur et a alerté M. Yoshida en suggérant de la remplir à l’aide d’une pompe fonctionnant à l’essence. Mais il ne connaissait pas le fonctionnement de ce système qui n’avait jamais été utilisé à la centrale. Il l’a reconnu devant la commission d’enquête, tout en exprimant ses regrets. Il n’a donc pas compris la demande de la salle de contrôle et a ordonné aux ouvriers d’injecter de l’eau dans la cuve du réacteur, et non dans la cuve du condenseur, négligeant le refroidissement.

Il n’y a eu aucune information ou suggestion à ce propos venant du siège de TEPCo.

Ce n’est que vers 23 h, quand le débit de dose avait déjà fortement augmenté, qu’il a réalisé que le condenseur ne fonctionnait pas. Les estimations faites a posteriori montrent que le cœur avait déjà fondu à ce moment là.

• TEPCO a relancé la ligne B de sa station de traitement ALPS, celle qui avait été arrêtée en mars car un des filtres ne filtrait plus. Les lignes A et C arrêtées la semaine précédente, restent à l’arrêt.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-14, il y a maintenant 4 200 Bq/l en bêta total (prélèvement du 22 mai 2014).

–    dans l’eau du puits G3 situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 2 200 Bq/L en tritium (prélèvement du 21 mai 2014).

• TEPCO a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés à moins de 20 km de la centrale. Le poisson le plus contaminé est à 129 Bq/kg pour le césium total alors que la limite de mise sur le marché est de 100 Bq/kg. La situation des poissons au large s’améliore.

En revanche, dans le port devant la centrale, où les poissons sont piégés par un filet, les contaminations restent très élevées. Un poisson atteint 193 000 Bq/kg ! Presque tous les autres dépassent la limite de mise sur le marché.

Jeudi 22 mai :

• La décision de justice concernant le redémarrage d’Ôï fait des vagues. Elle stipule implicitement qu’il n’est pas possible de garantir la sûreté nucléaire. Il y aura toujours des évènements imprévus, comme des séismes d’une magnitude plus forte qu’estimée. Et par conséquence, au nom du droit à la vie, garanti par la constitution, il ne faut pas exploiter du nucléaire.

Kansaï Electric (KEPCo), l’exploitant, a estimé que le plus fort séisme entraînerait une secousse de 700 gals et que sa centrale peut supporter une secousse de 1 260 gals. Le tribunal conteste cette affirmation, considérant qu’en 2008, la plus forte secousse enregistrée lors d’un séisme à Iwaté et Miyagi, dans le Nord-Est du Pays, avait une accélération de 4 022 gals. De plus, depuis 2005, 4 centrales nucléaires ont été plus secouées qu’initialement envisagé. Le centre des activités sismiques est souvent très profond et les connaissances sont donc limitées. Les calculs reposent sur des hypothèses trop simplificatrices.

Cette décision remet donc en cause le nouveau référentiel de sûreté japonais en suggérant qu’il n’est pas possible de faire des prédictions scientifiques suffisamment sûres et pourrait faire jurisprudence. Il y a d’autres procès en cours. Elle remet aussi en cause la possibilité d’exploiter du nucléaire au Japon, pays où les séismes sont fréquents.

KEPCo a fait appel de cette décision qui s’oppose au redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale d’Ôï. Tant que la procédure suit son cours, le jugement n’est pas suspensif. Si l’exploitant devait obtenir un accord de la NRA et des élus locaux, il pourrait redémarrer ses réacteurs. Il en est loin pour le moment. Dans le passé, deux jugements avaient donné raison aux plaignants et la cour d’appel avait permis l’exploitation des réacteurs.

Quant au gouvernement, il a clairement exprimé son intention de ne rien changer à sa politique énergétique et de pousser au redémarrage des réacteurs qui seront autorisés par la NRA. Il ne compte pas changer, non plus, les règles de sûreté qu’il proclame comme étant les plus strictes au monde, ce qui reste à prouver. Il serait intéressant que le procès en appel s’intéresse à ce sujet.

Les journaux opposés au nucléaire saluent ce jugement et ceux en faveur d’un redémarrage rapide parlent d’irrationalité. Il en est de même pour les élus locaux.

• L’Asahi continue d’éplucher le témoignage secret de Masao Yoshida, l’ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi à propos des premiers jours de la catastrophe. Le quotidien lui a même dédié une page spéciale.

Par manque d’eau, le refroidissement du réacteur n°3 s’est arrêté le 14 mars 2011. La pression a commencé à monter et l’intégrité de l’enceinte de confinement est menacée. Dans les premières heures de la journée, TEPCo a essayé de relâcher de la vapeur d’eau, radioactive, mais a échoué. A 6h23, elle considère donc un éventage à sec, qui consiste à rejeter des gaz beaucoup plus contaminés que la vapeur d’eau, de 100 à 1 000 fois plus.

Vers 7h, la compagnie a fait une simulation et a estimé que les gaz iraient vers le Nord-Ouest, c’est à dire vers la terre, et non l’océan. La dose à la thyroïde à Minami-Sôma est estimée à 250 millisieverts alors que la limite pour la prise de pastilles d’iode était alors de 100 mSv (50 en France et au Japon actuellement).

A 7h49, le gouvernement aurait demandé à TEPCo de ne pas communiquer à ce sujet. Le manuel d’urgence de la compagnie lui impose pourtant de partager ce type d’information avec le gouvernement et les autorités locales afin de protéger au mieux les populations.

L’éventage à sec n’aura pas lieu. TEPCo a continué de tenter à relâcher de la vapeur d’eau à la place, en vain. C’est l’explosion hydrogène du réacteur n°3 à 11h01 qui réduira la pression dans l’enceinte de confinement.

M Yoshida a expliqué que sa priorité était de gérer la catastrophe, pas de communiquer. Quant à TEPCo, elle confirme ne pas avoir communiqué car rien n’était décidé et que, finalement, cela n’a pas été nécessaire…

Si un accident devait à nouveau se produire au Japon, les règles de communication ne sont toujours pas claires.

Le témoignage de Masao Yoshida, le directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi maintenant décédé, va rester secret. Ainsi en a décidé le gouvernement qui dit respecter les vœux du directeur. Si la famille acceptait la publication, le gouvernement serait prêt à revoir sa position. Le président de l’autorité de sûreté ne l’aurait pas lu. A quoi sert-il alors ?

Le précédent gouvernement avait réagi positivement en mettant en place cette commission d’enquête. Qu’y a-t-il à craindre à tout rendre public ? L’Asahi prétend que dans son témoignage, M. Yoshida, accepte sa publication dans le futur.

• TEPCo va, pour la première fois, vendre de l’électricité en dehors de sa zone à partir d’octobre 2014. Elle va commencer par les agglomérations de Nagoya et Ôsaka. Pour le moment, seul le marché des gros consommateurs est libéralisé. Il le sera complètement à partir de 2016.

La compagnie reconnaît que ses tarifs ne seront pas moins élevés que celui de ses concurrents et elle espère convaincre les consommateurs en offrant d’autres services en même temps.

Voir le communiqué de TEPCo.

TEPCo a reçu 175,9 milliards de yens (1,25 milliards d’euros) d’aide sans intérêt de la part du gouvernement. Il s’agit du 28ième versement.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans l’eau souterraine pompée entre les réacteurs 2 et 3, il y a maintenant 5 700 Bq/L en tritium et dans le puits d’observation 3-2, il y a maintenant 2 700 Bq/L en bêta total (prélèvements des 18 et 21 mai 2014).

Ces records quotidiens montrent que la situation n’est pas sous contrôle et que la pollution des nappes s’aggrave.

Les contaminations relevées dépassent les normes de potabilité et traduisent une forte pollution. Mais l’impact sanitaire reste limité car personne ne boit cette eau. Il est fort possible que les fuites en mer s’aggravent aussi.

Mercredi 21 mai :

• Les révélations du Asahi de la veille continuent à faire des vagues. Le quotidien se demande comment l’on pourra tirer les leçons de la catastrophe si l’on ne dit pas la vérité. Dans un éditorial, il se demande s’il y aura encore des volontaires pour braver le danger en cas d’accident. Le président de la NRA, la nouvelle autorité de sûreté, n’aurait pas connaissance du document révélé par l’Asahi.

Le New-York Times, dans un éditorial, s’interroge sur la crédibilité du témoignage de TEPCo et du gouvernement, qui semblent plus préoccupés par le redémarrage des réacteurs que par la vérité.

TEPCo n’a mis aucun commentaire en anglais sur son site Internet.

• Le tribunal japonais de Fukui vient de juger que Kansaï Electric (KEPCo) ne pouvait pas redémarrer deux réacteurs de la centrale d’Ôï (Fukui) pour lesquels une demande est en cours d’instruction. La cour a estimé que les estimations sismiques de l’exploitant sont trop optimistes et pas crédibles.

Selon les plaignants, uu cours des 10 dernières années, il y a eu 5 séismes qui ont dépassé les prévisions des exploitants. Le juge a aussi pris en compte des problèmes liés au refroidissement en cas de séisme, en particulier des piscines non protégées. Enfin, lors de la catastrophe de Fukushima, il a été évoqué la possibilité d’être obligé d’évacuer la population jusqu’à 250 km en cas de fusion du combustible dans les piscines de refroidissement. Le juge a donc jugé recevables les plaintes déposées par des habitants vivant à moins de 250 km de la centrale.

La NRA n’a pas à commenter sur cette décision de justice et va continuer à instruire le dossier de demande de redémarrage.

Cette décision pourrait faire jurisprudence. KEPCo va faire appel et le gouvernement a expliqué qu’il ne changerait pas sa politique.

• Comme annoncé, TEPCO a rejeté les 560 m3 d’eau souterraine pompée en amont des réacteurs et stockée dans des cuves tampon. Des photos et vidéos sont disponibles en ligne, ainsi qu’un communiqué.

• Record du jour dans l’eau de mer :

–    près de la prise des réacteurs 1 et 2, il y a maintenant 1 900 Bq/L en bêta total (prélèvement du 20 mai 2014).

Mardi 20 mai :

• L’Asahi a eu accès à des documents internes de la commission d’enquête gouvernementale et révèle que 90% des employés de TEPCo ont fui la centrale de Fukushima daï-ichi dans les premiers jours de la catastrophe, bravant les ordres de rester.

Ils étaient 720 sur place le 15 mars et Masao Yoshida, le directeur, leur a demandé de rester. Ils sont 650 à avoir fui. TEPCo n’a jamais reconnu que les personnes sur place ont défié les ordres et prétend que ce n’était pas un ordre, mais une sollicitation.

Le directeur a été auditionné par la commission d’enquête à 13 occasions entre le 22 juillet et le 6 novembre 2011, pendant une durée totale de 29 heures environ. Le tout est consigné dans un document de 400 pages auquel l’Asahi a eu accès. Le directeur est maintenant décédé.

Que s’est-il passé ? Le 15 mars, un bruit d’explosion a été entendu à 6h15 au niveau du réacteur n°2, suivi par une chute de la pression, laissant envisager une rupture de l’enceinte de confinement et donc un risque plus élevé pour les personnes sur place. A 6h42, le directeur a ordonné aux personnes sur place d’aller se réfugier dans les zones où le niveau de radiation était relativement faible. Ils devaient attendre en des endroits où ils pouvaient revenir rapidement. Il a précisé qu’il leur serait demandé de retourner à leur poste quand la situation aura été clarifiée. Comme le débit de dose n’a pas augmenté de manière significative, cela signifiait que l’enceinte de confinement retenait encore la radioactivité.

Mais, vers 7h, des travailleurs ont demandé aux chauffeurs de bus de les emmener à la centrale de Fukushima daï-ni, située à une dizaine de kilomètres vers le Sud. D’autres y sont allés avec leur propre véhicule. Comme les routes étaient endommagées et qu’il fallait ôter puis remettre les habits et masques de protection, un retour rapide n’était pas possible. Parmi les 650 personnes qui sont allées à daï-ni, il y avait des chefs d’équipe qui auraient dû rester à leur poste.

Dans son témoignage, M. Yoshida explique qu’il ne leur a jamais demandé d’aller à daï-ni, mais d’attendre les ordres à proximité. Une fois sur place, il a demandé que les chefs d’équipe rentrent en priorité. Il n’en veut pas aux simples employés d’être partis, mais pensent que les personnes ayant des responsabilités n’auraient jamais dû s’enfuir.

Il n’y avait plus que 69 personnes à la centrale accidentée daï-ichi, les fameux « 50 de Fukushima » qui ont fait la une des médias internationaux. Les premiers retours ont eu lieu vers midi.

Pendant ce temps là, de la vapeur d’eau sortait du réacteur n°2 et il y a eu un incendie au niveau du réacteur n°4. Les plus forts niveaux de dose ont été enregistrés à l’entrée principale.

Le rapport interne de TEPCo ne mentionne pas l’ordre du directeur et laisse entendre que les 650 employés qui se sont réfugiés à daï-ni l’ont fait en accord avec les procédures. TEPCo a aussi diffusé des enregistrements de conversation, mais le son aurait été coupé à ce moment là. La compagnie ne veut toujours pas reconnaître qu’il y a eu une faute.

Le gouvernement, quant à lui, se refuse à tout commentaire et ne veut pas rendre public le document.

• Comme annoncé, la station de traitement des eaux usées ALPS est complètement arrêtée suite à un problème avec le calcium.

• TEPCo va rejeter en mer l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs et stockée dans des cuves tampons. La compagnie espère ainsi réduire les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs et, ainsi, ralentir l’accumulation de l’eau contaminée dans des cuves. Le projet est ancien, mais TEPCo avait caché les fuites en mer et s’était trompée sur les mesures de radioactivité. Une fois la vérité connue et les mesures faites par un laboratoire tiers, les pêcheurs ont donné leur accord. Un an de perdu alors que la solution était simple !

Voir le communiqué de TEPCo.

Les dernières données de la NRA sur la contamination de l’eau de mer sont ici en anglais.

• Records de contamination du jour :

–    dans le puits de contrôle 1-14, il y a maintenant 3 900 Bq/L en bêta total. Des records sont aussi battus dans l’eau de mer (prélèvements du 19 mai 2014).

Lundi 19 mai :

• L’éditeur du manga controversé défend son œuvre en expliquant avoir voulu donner la parole aux nombreuses personnes qui vivent dans l’inquiétude à cause de la pollution radioactive et qui sont de moins en moins écoutées. Ce serait une erreur de les ignorer, selon lui. Le dernier épisode dépeint un journaliste qui explique qu’il y a une tendance à adoucir son langage et qu’il faut, au contraire, dire la vérité, sans hypocrisie. Et d’ajouter qu’il comprend et soutien les personnes qui sont parties d’elles-mêmes. Crier sur les toits que Fukushima est sans danger pourra plaire, mais il déteste décevoir.

Parmi les 13 experts qui ont exprimé leur point de vue sur le sujet, il y a le désormais célèbre Hiroaki Koïdé, de l’université de Kyôto, qui explique que l’on ne peut pas exclure un lien entre radioactivité et saignements de nez sans une étude approfondie. Et d’ajouter que le gouvernement n’assume pas ses responsabilités et veut effacer les stigmates de la catastrophe de la mémoire des gens.

Comme annoncé, il s’agit du dernier épisode de la série lancée en 1983.

• Le réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki) est l’un des plus vieux du Japon. Il date de 1978. Je l’avais classé parmi les réacteurs qui ne redémarreront jamais. L’isolant de ses câbles électriques est inflammable. C’était toléré avant 2011 et ce n’est plus permis maintenant. Il y a des milliers de kilomètres de câbles. Il y a aussi presque 1 million d’habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale. Comment les évacuer en cas d’accident ? Et puis cette centrale a été affectée par le séisme et tsunami du 11 mars 2011 : des diesels de secours ont été noyés et une turbine endommagée.

Japan Atomic Power Company, l’exploitant, a décidé de déposer une demande d’autorisation de redémarrage. Pourquoi un tel acharnement thérapeutique ?

Cette compagnie, filiale des compagnies qui distribuent l’électricité, ne fait que produire du courant à partir de nucléaire. La situation de son autre centrale, à Tsuruga (Fukui), est encore plus désespérée : un des réacteurs a plus de 40 ans et l’autre est sur une faille reconnue active par la NRA. C’est donc la survie même de cette compagnie qui est en jeu.

La compagnie veut donc couvrir 18,5 km de câbles avec un retardateur de feu et prétend que la qualité sera la même qu’avec un isolant inflammable. Elle estime aussi que le réacteur peut supporter une secousse de 901 gals contre 600 précédemment. Elle va aussi construire une nouvelle digne qui devrait pouvoir arrêter un tsunami de 17,2 m. Il y a aussi les filtres à air à ajouter et une salle de contrôle décentrée et protégée. Il y en aurait pour 78 milliards de yens (557 millions d’euros) pour une durée de fonctionnement forcément réduite. Ce coût est probablement sous-évalué et la compagnie espère sûrement dépasser les 40 années de fonctionnement.

Les élus locaux, qui ont donné leur feu vert au dépôt du dossier, ont bien précisé qu’il ne s’agit pas d’un feu vert au redémarrage. Il n’y a toujours pas de plan d’évacuation.

• Le gouvernement va charger Japan Environmental Safety Corporation (JESCO), une entreprise étatique, de gérer les déchets issus de la décontamination à Fukushima. Elle gère déjà les PCB. L’état va acheter les terrains à Ôkuma et Naraha où il envisage d’installer les sites d’entreposage.

Comme les résidents craignent, à juste titre, que les déchets y restent définitivement, le gouvernement veut inscrire dans la loi qu’ils devront être stockés définitivement en dehors de la province de Fukushima dans 30 ans. Ce ne va pas résoudre le problème.

Des réunions sont prévues avec les habitants originaires de ces zones.

• TEPCO s’est engagée à améliorer le contrôle de ses activités sur le site de la centrale accidentée afin de réduire le nombre d’incidents. Elle a divisé les tâches en 14 blocs avec un superviseur pour chacun.

• TEPCO a un mois de retard dans l’installation des cuves pour entreposer l’eau contaminée. Ce serait dû à une mauvaise programmation et une pénurie de béton.

• Records du jour pour la contamination de l’eau :

–    dans le puits de contrôle 3-2, situé près des réacteurs, il y a maintenant 2 800 Bq/L en tritium. Dans l’eau souterraine pompée entre les réacteurs 2 et 3, il y a maintenant 5 600 Bq/L en tritium (prélèvements du 14 mai 2014).

–    la contamination en tritium de l’eau de mer près du rivage continue de monter (cf vendredi 16 mai). Il y a maintenant 2 600 Bq/L près de la prise d’eau des réacteurs 1 et 2. Celle en bêta total est aussi passée à 1 700 Bq/L (prélèvements du 15 et 18 mai 2014).

–    dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a 1 900 Bq/L en tritium dans le prélèvement du 16 mai 2014 et 2 100 Bq/L dans celui du 17 mai 2014.

TEPCo a retiré 880 assemblages de la piscine du réacteur n°4.

Dimanche 18 mai :

• Pour vaincre la réticence des deux communes sélectionnées pour accueillir un centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination à Fukushima, le gouvernement envisage des compensations financières conséquentes. Il achèterait ou louerait les terrains au prix du marché sans accident et serait prêt à déplacer les tombes. Si les familles ne veulent pas déplacer les sépultures, le projet de stockage les évitera de façon à permettre les visites et l’entretien.

Ces indemnisations viendront s’ajouter à celles de TEPCo.

• Le nombre total de cancers de la thyroïde chez les enfants de Fukushima serait maintenant de 50 cas confirmés auxquels s’ajouteraient 39 nouveaux cas en cours d’examens complémentaires. Les experts expliquent qu’il est difficile d’établir un lien de cause à effet avec les retombées radioactives. Lors des précédentes publications de résultats, ce lien était exclu…

80% des 370 000 enfants de Fukushima ont subi une première échographie de la thyroïde à la fin mars 2014. Les résultats complets devraient être disponibles en août 2014.

Les données officielles sont ici en japonais.

Samedi 17 mai :

• ALPS, la station expérimentale de traitement des eaux contaminées, va de nouveau être complètement arrêtée, car le niveau de calcium ne baisse plus en amont.

Dire que TEPCo voulait démarrer cette installation en septembre 2012. La dernière date prévue pour fonctionner à pleine capacité était le mois dernier… Il ne semble plus y avoir de calendrier, ni de plan B.

• Le prochain épisode du Manga Oïshimbo, qui avait fait scandale en évoquant des saignements de nez chez les habitants de Fukushima, paraîtra lundi 19 mai. Dans ce nouvel opus, les éditeurs accepteraient les nombreuses critiques reçues. Ils devraient aussi publier les opinions de 13 experts différents à propos de l’impact des faibles doses et des propos tenus récemment par les caractères du manga.

La série sera ensuite suspendue alors qu’elle avait débuté en 1983. Le titre signifie « gourmet » et la série était plutôt dédiée à la gastronomie.

• Suite aux recommandations d’un panel d’experts, le gouvernement va suivre la santé de 20 000 travailleurs qui sont intervenus dans les premiers mois de la catastrophe de Fukushima et qui ont été parmi les plus exposés aux radiations. Rappelons que la limite de dose avait été remontée jusqu’à 250 mSv jusqu’au 16 décembre 2011 alors qu’en temps normal elle est de 100 mSv sur 5 ans sans dépasser 50 mSv sur un an.

Ce sont justement les travailleurs qui étaient présents sur le site entre le 14 mars et le 16 décembre qui vont bénéficier de ce suivi médical à vie.

Le ministère n’a pas encore décidé qui fera les examens.

Vendredi 16 mai :

• TEPCo a découvert une des fuites de l’enceinte de confinement du réacteur n°3. Un robot équipé d’une caméra a découvert de l’eau qui s’écoulait d’un joint d’un tuyau connecté à l’enceinte. L’eau de refroidissement, qui est régulièrement injectée, s’écoule sur le sol et finit dans les sous-sols du réacteur. La compagnie étudie comment colmater cette fuite sachant qu’un être humain ne peut pas accéder à la zone à cause des trop fortes radiations.

Voir le communiqué en anglais de la compagnie. Des photos et une vidéo sont aussi disponibles. Il y a aussi des explications complémentaires en japonais.

• TEPCo a commencé à geler le sol à titre expérimental et a montré la zone à la presse (voir les photos). Il s’agit de faire circuler un liquide refroidi à -30°C dans des tuyaux qui s’enfoncent tous les mètres sur une trentaine de mètres de profondeur. Le but est de tout geler pour bloquer les écoulements. Selon la compagnie, l’expérience est concluante.

TEPCo espère commencer les travaux de grande ampleur en juin, si elle obtient l’accord de la NRA. Il y a 1,5 km à installer pour faire le tour des 4 réacteurs accidentés. Le gel du terrain pourrait alors commencer en mars 2015 et durer 7 ans.

Le premier test n’est que sur 10 m2. La NRA demande des garanties supplémentaires. Le document que lui a fourni TEPCo pour le moment, ne fait que trois pages !

Le gouvernement finance le projet à hauteur de 32 milliards de yens (230 millions d’euros). Un représentant du ministère de l’industrie s’est dit surpris de l’attitude de la NRA. Les temps ont changé…

• Un groupe d’experts mandatés par le ministère du travail recommande que les 19 000 travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima daï-ichi durant les premiers mois et qui ont reçu une dose dépassant la limite autorisée en temps normal, aient doit à un suivi médical à vie. Enfin ! C’est bien la moindre des choses pour ces travailleurs qui ont pris des risques énormes. Ils le méritent bien.

Certaines personnes réclament que cela soit étendu à tous les travailleurs qui interviennent à la centrale.

• En dehors des zones d’évacuation, le gouvernement avait recommandé l’évacuation de points chauds qui avaient été découverts jusqu’à l’automne 2011. Il ne s’agissait que d’un conseil à évacuer, mais 80% des foyers concernés sont partis. A Minami-Sôma, par exemple, il y a 142 points chauds affectant 152 foyers.

La décontamination est terminée pour tous ces points chauds et le gouvernement envisage de lever le conseil à évacuer. Il va organiser des réunions.

• Les autorités régionales de Fukushima effectuent des contrôles réguliers de la radioactivité dans l’alimentation. En 2013, pour la première fois, tous les fruits et légumes testés avaient une contamination inférieure à la limite de mise sur le marché. C’est aussi le cas pour la viande, les œufs et le lait pour la deuxième année consécutive.

Les plantes sauvages, quant à elles, restent fortement contaminées, ainsi que le gibier.

En 2013, seulement 1,4% de tous les produits comestibles testés ont dépassé la limite. C’était 1,8% l’année précédente.

De son côté, le ministère de la santé a décidé de réduire le nombre de contrôles sur l’alimentation pour tenir compte de l’amélioration de la situation. Il a aussi réduit son soutien financier aux provinces concernées. Les autorités régionales vont donc demander au gouvernement de sécuriser ce financement à l’avenir afin de pouvoir continuer les contrôles.

Les producteurs critiquent cette décision du gouvernement. Ce n’est pas parce ce que la situation s’est améliorée que la confiance des consommateurs est revenue. Ils demandent donc un maintien des contrôles alors que la centrale rejette toujours de la radioactivité dans l’environnement.

• TEPCo a mis en ligne une vidéo promotionnelle en anglais qui montre les efforts faits pour installer des cuves qui arrivent par la mer construites sur le site de la centrale. Il a fallu refaire toute la voirie pour pouvoir les transporter du port à leur lieu de stockage. Ces cuves font 700 m3 chacune.

• Records du jour concernant la contamination de l’eau souterraine :

–    dans les puits 2-7 et 3-2, situés près des réacteurs, il y a maintenant 1 000 Bq/L et 2 600 Bq/L respectivement en bêta total (prélèvements du 14 mai). La contamination en césium de ce dernier puits et des puits voisins (3-3 et 3-4) bat aussi son propre record.

–    dans le puits 1-8, il y a maintenant 19 000 Bq/L en tritium (prélèvement du 12 mai).

–    dans le puits 1-14, il y a maintenant 3 300 Bq/L en bêta total (prélèvement du 15 mai).

–    la contamination en tritium de l’eau de mer le long du rivage bat aussi des records en trois points. Près de la prise d’eau des réacteurs 2 et 3, il y a désormais 1 900 Bq/L. Il y a 1 400 Bq/L un peu plus loin (prélèvements du 12 mai). Ces records ont, pour une fois, intéressé les médias. Peut-être parce que cela a dépassé la limite fixée par TEPCo pour les rejets en mer qui est de 1 500 Bq/L pour le tritium. Celle pour le césium est dépassée depuis longtemps…

Les dernières données sur l’eau de mer publiées par la NRA montrent que la concentration en césium est toujours plus forte au pied des réacteurs qu’un peu plus loin, montrant par là que les fuites dans l’océan continuent.

Jeudi 15 mai :

• En dehors des zones évacuées, ce sont les communes qui sont en charge de la décontamination, financée par le gouvernement. Le ministère de l’environnement a fait un bilan de l’avancement des travaux dans 58 communes situées dans 7 provinces. Pour 42 d’entre elles, les travaux sont terminés, ou presque terminés. Cela fait 70%. 16 n’ont pas réussi à finir dans les temps, à savoir avant la fin mars 2014. 12 ont donc demandé une extension du soutien financier gouvernemental pour une durée qui va de un à trois ans. Les délais sont dus au fait qu’il y a plus d’habitations à décontaminer qu’initialement prévu.

En revanche, il n’y a toujours pas de solution pour les déchets engendrés.

Le document du ministère de l’environnement est ici en anglais.

• Un sous-sous-traitant de TEPCo vient de recevoir un avertissement pour avoir forcé ses employés à travailler plus de 10 heures par jour, en violation du droit du travail japonais pour les travaux sous rayonnement. Le sous-traitant, Hazama Ando Corp., est impliqué dans la construction de cuves pour l’eau contaminée.

On ne sait rien sur le nombre de personnes concernées ni depuis quand de telles pratiquent perdurent, la compagnie refusant de répondre aux questions des médias.

Ce n’est pas la première fois que cette limite de 10 heures est dépassée.

• Le gouvernement a demandé aux producteurs d’électricité de réviser leurs centrales électriques avant l’été pour qu’il n’y ait pas de panne pendant les pics de demande au moment le plus chaud de l’année. La situation pourrait être tendue dans l’Ouest du pays, qui dépend plus du nucléaire, en cas de panne. Et le transfert d’électricité depuis l’Est est limité par le fait que la fréquence n’y est pas la même. C’est 50 Hz d’un côté et 60 Hz de l’autre.

En revanche, comme l’an dernier, le gouvernement ne fixera pas d’objectif en terme d’économie d’énergie.

• Record du jour de la contamination de l’eau souterraine :

– dans le puits G3, situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 36 Bq/L en bêta total (prélèvement du 13 mai 2014).

Mercredi 14 mai :

• Le 15 mai, le Japon sera sans énergie nucléaire depuis 8 mois consécutifs. Le président de la NRA a expliqué que si les procédures de redémarrage prenaient tant de temps, ce n’était pas de la faute des autorités, mais des exploitants. Il ajoute que ses agents travaillent dur, mais que les réponses des exploitants à leurs questions tardent à venir.

Il ne peut toujours pas dire quand les deux réacteurs de Sendaï (Kagoshima) seront autorisés à redémarrer. 7 000 pages de documents ont déjà été analysées, mais il y a encore des lacunes. Le calendrier est dans les mains des exploitants.

Cela fait exactement 3 ans que la centrale de Hamaoka (Shizuoka) est arrêtée. Un dossier de demande de redémarrage a été déposé pour un des réacteurs, mais les élus locaux restent très réservés, voire opposés, même si la NRA donne son feu vert.

Le Maïnichi a interrogé les 11 maires dont les communes sont à moins de 30 km de la centrale et leur a demandé si les mesures de sûreté nationales sont suffisantes : 6 ont répondu « non » et 5 « autre ». Aucun n’a choisi « oui ».

L’exercice de crise du mois dernier, n’a été qualifié d’ « utile » que par 4 maires. Un des maires dit qu’il ne s’agit que d’un exercice bureaucratique très éloigné de la réalité.

7 communes se plaignent du manque d’information de la part de l’exploitant.

• TEPCo a commencé à pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs, la stocke dans des cuves tampons et veut commencer à la rejeter en mer à partir du 20 mai. Un laboratoire tiers a fait une analyse et a trouvé 0,039 Bq/L pour le césium 137 et 230 Bq/L pour le césium. C’est donc dans les limites que TEPCo s’est fixé grâce à la dilution. Le premier rejet devrait être de 600 tonnes.

Rien n’est dit sur l’impact du pompage sur la contamination des sous-sols des réacteurs. Est-ce qu’il y a toujours 400 m3/j qui y pénètrent et se contaminent ?

Les résultats de mesure sont ici en anglais sur le site du ministère de l’industrie, et ici en anglais sur celui de TEPCo.

• Caroline Kennedy, fille de JFK et ambassadrice des Etats-Unis au Japon, a visité la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi avec son fils âgé de 21 ans. Cela permet d’avoir un bilan très succinct de TEPCo :

–    il y a entre 1 200 et 1 300 cuves pleines d’eau contaminée, avec un total de 450 000 m3. TEPCo espère atteindre une capacité de stockage de 800 000 tonnes d’ici deux ans.

–    il y a maintenant 5 000 travailleurs par jour sur le site de la centrale et TEPCo espère passer à 6 000. Ils étaient 4 000 il y a un an. Cela me fait penser que TEPCo n’a pas, comme toutes les fins de mois, publié les dernières statistiques sur les doses prises.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine et de l’eau de mer :

–    dans le puits de contrôle G3, situé près de la cuve qui a débordé en février dernier, il y a maintenant 1 700 Bq/L en tritium (prélèvement du 12 mai 2014).

–    dans la mer, près de la prise d’eau des réacteurs 1 et 2, il y a maintenant 4 100 Bq/L en tritium (prélèvement du 11 mai 2014).

Mardi 13 mai :

• J-Village, une ancienne base d’entraînement de foot située à 20 km de la centrale de Fukushima, a été transformée en camp retranché de TEPCo pour gérer l’accident. Le gouvernement persiste à vouloir lui rendre son rôle d’origine avant les JO de 2020. Il espère que l’équipe japonaise de foot et des équipes étrangères viendront s’y entraîner.

TEPCo approuve et veut rendre le site en 2018 pour qu’il soit utilisable à partir de 2019.

• Records du jour en matière de contamination de l’eau (prélèvements du 12 mai 2014) :

–    dans le puits de contrôle 1-16, il y a maintenant 2 900 Bq/L en bêta total.

–    plusieurs records sont battus dans l’eau de mer prélevée près du rivage, en deçà de la barrière.

Lundi 12 mai :

• Le nouvel opus du manga Oïshinbo (美味しんぼ, qui signifie gourmet) est paru ce jour et parle encore des conséquences de la catastrophe de Fukushima. Selon l’AFP, on peut notamment y lire qu’on ne peut vivre dans cette région en sûreté, qu’on n’enlève pas la radioactivité même en décontaminant, que la cause des saignements de nez est bien l’irradiation et que des habitants d’Ôsaka où ont été incinérés des déchets des environs de Fukushima souffrent aussi de divers maux… Tous ces propos sont tenus pas des personnages bien réels qui apparaissent sous leur vrai nom.

Le gouverneur de Fukushima est furieux car il s’agit, selon lui, de rumeurs non fondées. Les autorités d’Ôsaka aussi et démentent les propos tenus par Eisuke Matsui. Le quotidien conservateur, Yomiuri, qui fait un édito par mois pour appeler au redémarrage rapide des réacteurs nucléaires, parle de Manga « anti-nucléaire ».

Malgré les nombreuses protestations, le scénariste, âgé de 72 ans, va continuer à parler de la catastrophe de Fukushima. Il assume la responsabilité de son œuvre et appelle ses critiques à ne pas harceler l’éditeur.

Ce dernier a déjà mis en ligne une précision relative aux saignements de nez, expliquant qu’il n’est pas établi de lien avec les radiations. Il va mettre un ligne une mise au point la semaine prochaine, avec l’avis de nombreux experts.

• La NRA a commencé à inspecter les failles de la péninsule Shimokita d’Aomori où il y a de nombreuses installations nucléaires.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits de contrôle 1-6, il y a maintenant 860 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 8 mai 2014).

–    dans le puits de contrôle 3-3, il y a maintenant 8 000 Bq/L en tritium. En ce qui concerne l’eau souterraine qui est pompée entre les réacteurs 2 et 3, la contamination tritium est passée à 5 500 Bq/L (prélèvements du 7 mai 2014).

–    la contamination de l’eau de mer atteint maintenant 1 600 Bq/L près de la prise d’eau pour les réacteurs 1 et 2 (prélèvement du 11 mai 2014).

–    la contamination en tritium de l’eau pompée en amont des réacteurs atteint désormais 72 Bq/L (prélèvement du 8 mai 2014).

TEPCO a retiré 814 assemblages de combustibles de la piscine du réacteur n°4, sur 1533. C’est 53%.

Dimanche 11 mai :

• La province de Shizuoka avait donné son accord à l’utilisation de combustible MOx dans le réacteur n°4 de la centrale de Hamaoka. C’était avant le 11 mars 2011. Le gouverneur a déclaré qu’il fallait considérer cet accord comme caduque. L’exploitant, Chubu Electric, devra à nouveau solliciter l’accord des mairies proches et de la province s’il veut utiliser ce combustible.

Il demande aussi à l’exploitant de prévoir un stockage à sec des combustibles usés. Il envisage, en particulier, la possibilité que l’usine de retraitement de Rokkashô ne démarre jamais et que le combustible usé qui y est déjà entreposé, soit renvoyé à Hamaoka.

Le combustible usé occupe 70% des capacités d’entreposage autour des réacteurs et à l’usine de retraitement. Les perspectives d’utilisation du plutonium qui y serait extrait sont très réduites : le surgénérateur Monju est en panne depuis 1995 et les réacteurs classiques tous arrêtés depuis au moins 8 mois. Peu redémarreront, et probablement sans MOx.

Si l’usine de retraitement ne démarre pas, le gouverneur d’Aomori a dit qu’il renverrait les combustibles usés et certains réacteurs ne pourront plus fonctionner faute de place d’entreposage.

Samedi 10 mai :

• Une équipe de chercheurs japonais a ré-estimé la quantité de césium 137 rejeté dans l’atmosphère par la catastrophe de Fukushima et trouve plus que ce qu’avait estimé TEPCo.

TEPCo avait estimé à moins de 13 600 TBq, la quantité totale de césium 137 rejetée. A titre de comparaison, c’était 85 000 TBq à Tchernobyl. L’équipe de recherche annonce entre 17 500 et 20 500 TBq et prétend qu’il s’agit du chiffre le plus probable.

D’autres estimations faites dans les premiers mois avaient trouvé plus.

Plus de 85% de ces rejets seraient allés vers l’océan, selon eux. Le rejet direct en mer est estimé, quant à lui, à 3 500 TBq. TEPCo avait 940 TBq et l’IRSN 22 000 TBq.

TEPCo a chaque fois l’estimation la plus basse. Un hasard sûrement…

(1 TBq = un térabecquerel = 1 million de millions de becquerels)

Bon article du Japan Times sur les relations ambigües du Japon avec l’arme nucléaire.

• Kansaï Electric a finalement cédé et a revu à la hausse l’accélération potentielle qui pourrait secouer sa centrale d’Ôï en cas de séisme : c’est passé de 700 à 856 gal. Il va donc falloir renforcer les infrastructures, ce qui va prendre du temps. Le redémarrage n’est donc pas pour bientôt.

253 citoyens avaient porté plainte pour s’opposer au redémarrage de ces réacteurs et ils viennent d’être déboutés car il n’y a pas d’autorisation d’exploitation actuellement. Voir les explications de Greenaction Kyôto.

• Un des derniers épisodes d’un série de Manga qui existe depuis 1983 (Oïshinbo, 美味しんぼ), qui représente des saignements de nez après un séjour à la centrale de Fukushima, fait polémique au Japon. Des élus locaux, indignés, déclarent : « A cause de la publication de cet épisode, ce ne sont pas seulement les ex-habitants de Futaba mais aussi toutes les personnes de la région de Fukushima qui risquent d’être victimes de discrimination». L’auteur se défend : «Tout le monde aurait sans doute été content de lire que Fukushima était sûr, sans problème et que la reconstruction avançait», mais «je ne peux raconter que la vérité».

Le ministre de l’environnement y est aussi allé de son couplet : « Je ne peux pas comprendre l’intention de l’auteur ou ce qu’il veut dire ».

Katsutaka Idogawa, l’ancien maire de Futaba, qui est dessiné dans le manga, maintient les propos qui lui sont attribués : son nez a souvent saigné au début de la catastrophe, presque tous les jours. Il explique qu’il en est de même pour de nombreuses autres personnes à Fukushima. Il est donc hors de question, pour lui, de démentir ces faits. Sa santé ne regarde pas le ministre de l’environnement.

• ARTE a diffusé un reportage sur les villages abandonnés autour de la centrale nucléaire de Fukushima et la vie des réfugiés. Il y a quelques erreurs de traduction, surtout en ce qui concerne la radioactivité (par exemple à Futaba, la personne parle de 5 000 CPM et c’est traduit 5 000 Bq).

Au Japon : La zone morte autour de Fukushima

Vendredi 9 mai :

• On s’en souvient (cf 23 avril), l’administration de la province de Niigata n’avait pas commandé les tablettes d’iode à stocker dans un rayon de 30 km des centrales nucléaires et payées par le gouvernement (en France, c’est EDF qui paye).

Le gouvernement va contrôler l’achat des tablettes d’iode dans les 22 régions japonaises concernées.

• Pour la première fois depuis le début de la catastrophe, des produits de la pêche en provenance d’Iwaki (Fukushima) ont été vendus à la célèbre criée Tsukiji de Tôkyô. Près 1,6 tonnes ont été vendues à des prix similaires à ceux d’avant la catastrophe, ce qui a mis du baume au cœur des pêcheurs.

• Le Japon et l’OCDE ont commencé à développer une programme éducatif pour promouvoir la créativité, l’ingénuité… en mettant les élèves face à des problèmes difficiles. A Daté (Fukushima), il s’agissait de promouvoir les produits agricoles locaux.

Voir le Yomiuri.

• Record du jour de contamination de l’eau souterraine :

– dans le puits G3 situé près de la cuve qui a débordé en février 2014, il y a maintenant 1 400 Bq/L en tritium (prélèvement du 7 mai 2014).

• Des données de contamination en césium le long de la côte américaine du Pacifique montrent une faible contamination quasi-systématique des algues. Comme il n’y a que du césium 137 (demi-vie de 30 ans) et pas de césium 134 (demi-vie de 2 ans), il doit s’agir des conséquences des essais nucléaires atmosphériques et pas de Fukushima.

Jeudi 8 mai :

• C’était le 24 mars 2011, 6 personnes, employées par un sous-traitant ou par un sous-sous-traitant, étaient allées dans les sous-sols du réacteur n°3 pour y installer des câbles électriques. Il y avait de l’eau qui n’était pas supposée être contaminée. Son origine devait être le tsunami. Or, il s’avère que c’était de l’eau de refroidissement fortement contaminée. Trois personnes ont pataugé dans la flaque jusqu’à la cheville et ont été fortement irradiées aux pieds. Jusqu’à 180 millisieverts. D’autres ont travaillé à côté, sans se méfier. Officiellement, il n’y avait pas de danger. Les ouvriers, à l’époque, n’avaient de dosimètre individuel car ils avaient été noyés par l’eau de mer. Ce n’est que plus tard, quand le scandale est paru dans la presse, que des dosimètres ont été apportés des autres centrales.

Une de ses personnes a décidé de porter plainte contre TEPCo et réclame 11 millions de yens (78 000 euros) d’indemnisation. Elle n’a pas été au contact direct avec l’eau contaminée, mais a travaillé à proximité pendant une heure et demie. Cet ouvrier estime avoir été exposé à plus de 20 mSv ce jour là alors que l’exposition était limitée à 10 mSv. TEPCo aurait dû être plus prudente, estime-t-il, car de l’eau radioactive avait déjà été découverte dans les sous-sols du réacteur n°1.

Il a 48 ans. C’est probablement la première fois qu’un travailleur porte plainte contre TEPCo suite à la catastrophe nucléaire.

• Deux anciens premiers ministres du principal parti actuellement au pouvoir, Junichirô Koizumi et Morihiro Hosokawa, ont créé une nouvelle organisation anti-nucléaire au Japon à laquelle se sont associées d’autres personnalités politiques et médiatiques. L’un des deux avait récemment tenté, en vain, de devenir gouverneur de Tôkyô. Ils veulent soutenir les candidats aux élections qui s’opposent au nucléaire. Ils vont organiser plusieurs évènements pour rallier d’autres Japonais à leur cause.

• Le conseil municipal de Naraha a demander plus de décontamination avant d’envisager le retour des habitants, alors que les travaux sont officiellement terminés depuis mars dernier. Il demande que l’exposition externe soit inférieure à 1 mSv/an, que la décontamination de l’intérieur des maisons soit prise en charge par le gouvernement. La commune exige aussi la décontamination du barrage où les sédiments sont fortement contaminés.

• La NRA a demandé à Kyûshû Electric de revoir le rapport de sûreté de ses deux réacteurs de Sendaï (Kagoshima) pour lesquels une demande de redémarrage a été déposée. Il y a 42 items pour lesquels des données supplémentaires sont nécessaires.

Le rapport de sûreté fait 7 200 pages.

• Records du jour de contamination de l’eau souterraine :

– dans le puits 2-5, les contaminations en césium et en antimoine 125 viennent de battre leur propre record avec 151 Bq/l et 74 Bq/L respectivement. Dans le puits 3-2, c’est la contamination bêta total avec 2 500 Bq/L (prélèvements du 7 mai).

Mercredi 7 mai :

• De retour de vacances après la Golden week, TEPCo rattrape son retard dans la publication des résultats de la contamination des eaux souterraines, avec de nombreux records :

–    publication du 2 mai : la contamination en tritium du puits 1-8 est maintenant de 18 000 Bq/L (prélèvement du 28 avril) ; celle en bêta total du puits 1-14 est de 2 400 Bq/L (prélèvement du 1er mai) ; enfin, l’eau de mer d’un des points des points de prélèvement le long du rivage a maintenant 540 Bq/L (prélèvement du 1er mai).

–    publication du 3 mai : l’eau pompée dans les nappes souterraines en amont des réacteurs pour limiter les infiltrations a battu son record de contamination tritium pour le puits n°3 avec 110 Bq/L (prélèvement du 1er mai).

–    publication du 5 mai : la contamination en tritium du puits 3-3 est maintenant de 2 600 Bq/L, celle du point de pompage entre les réacteurs 2 et 3, de 5 200 Bq/L (prélèvements du 30 avril).

–    publication du 6 mai : la contamination en bêta total des puits 1-6 et 1-12 est maintenant de 780 000 Bq/L et 1 100 Bq/L respectivement (prélèvements du 5 mai) ; un nouveau record a aussi été battu pour l’eau de mer prélevée entre le rivage et la barrière : 140 Bq/L pour le bêta total et 40 Bq/L pour les césiums (prélèvement du 5 mai).

Mardi 6 mai :

• Cet hiver, le ministère de l’environnement japonais a déjà fait tuer plus de 200 sangliers et leurs rejetons croisés avec des cochons abandonnés (« cochongliers »). Mais cela ne suffit pas, ils continuent à faire des dégâts dans les maisons abandonnées. Il veut donc étendre la zone d’abatage. Mais cela ne suffira pas non plus car de nouvelles bêtes viendront toujours dans les territoires évacués.

• T. Mousseau et A. P. Møller, spécialistes de l’impact de la pollution radioactive sur les écosystèmes, viennent de publier une nouvelle étude, avec d’autres collaborateurs, sur les oiseaux de la zone interdite autour de Tchernobyl.

Si j’ai bien compris, ils ont étudié plusieurs paramètres biologiques qui permettent d’évaluer la santé des oiseaux (ADN, couleur du plumage et anti-oxydants) et il apparaît que les oiseaux les plus exposés sont en meilleure forme. Alors que les oiseaux étaient en moins bonne santé il y a quelques années ou actuellement autour de Fukushima, ils en déduisent qu’une sélection naturelle est à l’œuvre, rendant les animaux plus résistants aux radiations.

L’étude est ici.

Lundi 5 mai :

• Selon les autorités régionales, le niveau de radiation moyen dans les forêts de Fukushima a été divisé par deux environ en 2 ans. Une partie de la baisse est due à la disparition progressive du césium 134 qui a une durée de vie de 2 ans. Il représentait 50% de la contamination en césium en 2011. Il y a aussi le lessivage des sols par la pluie et leur couverture par de la matière organique moins contaminée. Les autorités prévoient une baisse supplémentaire de 30% dans les 20 prochaines années.

La contamination des nouvelles feuilles serait 5 fois plus faible que celle des feuilles directement exposées aux retombées radioactives.

• Comme déjà annoncé, le Japon et la France ont signé un accord de coopération sur le développement de surgénérateurs au sodium. La coopération existait déjà et n’avait pas besoin d’une signature au sommet. Les autorités veulent lui donner une forte dimension politique car, aussi bien Monju, le réacteur existant au Japon, que le projet ASTRID en France sont très controversés. Monju ne pourra jamais satisfaire aux nouveaux critères de sûreté au Japon. Quant à ASTRID, il ne s’agit que d’un superphénix amélioré qui relève d’un rêve chimérique très ancien du CEA.

Voir le communiqué de l’Elysée.

TEPCO a transféré 770 assemblages de la piscine du réacteur n°4.

Dimanche 4 mai :

• Le 1er avril dernier, le gouvernement a levé l’ordre d’évacuer dans le district de Miyakoji qui est situé à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. 353 personnes peuvent à présent rentrer. 27 seulement l’ont fait.

Samedi 3 mai 2014 :

• TEPCo aurait perdu, durant l’année fiscale 2013, 8 450 clients parmi les gros consommateurs qui peuvent choisir leur fournisseur d’électricité. Sur 220 000 clients, qui bénéficient de l’ouverture du marché de l’électricité depuis mars 2000, 30 900 sont allés voir ailleurs. TEPCo a perdu 1 200 clients supplémentaires le 1er avril 2014, qui correspond au début de la nouvelle année fiscale.

• Comme TEPCo a gagné de l’argent l’an dernier, elle va rembourser 150 milliards de yens (1 milliard d’euros) de dette aux trois principales banques du pays. L’Etat, qui lui prête de l’argent sans intérêt, attendra. TEPCo a remboursé 4 milliards de yens (30 millions d’euros) à la Banque de développement du Japon en avril et devrait faire de même en octobre.

Vendredi 2 mai 2014 :

• TEPCo a signé un accord avec Sellafield pour le démantèlement, en présence du 1er ministre japonaise en tournée européenne. Le communiqué de presse et les photos sont en ligne en anglais.

• Les militants qui se réunissent tous les vendredis soirs devant la résidence du 1er ministre pour demander l’arrêt définitif du nucléaire ont célébré leur 100ième manifestation ce jour. Ils sont encore entre 1 500 et 3 000 toutes les semaines.

• La NRA a demandé à Kyûshû Electric de revoir un de ses rapports de sûreté. Le redémarrage sera donc retardé et semble peu probable avant l’été.

• On s’en souvient, quatre pompes de secours avaient été mises en route par mégarde et de l’eau fortement contaminée était allée dans les sous-sols d’un autre bâtiment au lieu d’aller dans des cuves. La compagnie a enquêté pour savoir comment ces 200 m3 d’eau contaminée ont pu être transférés au mauvais endroit.

Le rapport d’enquête confirme que des ouvriers ont fermé le mauvais interrupteur, pensant mettre en route la climatisation. Les interrupteurs sont identiques et seulement distingués par un numéro. Le rapport révèle que le mauvais pompage, découvert le 13 avril, a commencé le 20 mars ! Incroyable ! Les ouvriers ne se sont pas rendus compte que la clim ne fonctionnait pas ni que l’eau ne venait pas dans les cuves ?

TEPCo souligne que le nouveau bâtiment aux sous-sols inondés ne fuit pas car aucune anomalie n’a été détectée dans l’eau souterraine proche. Est-ce si sûr ? Les dernières données, opportunément exprimées en Bq/cm3 au lieu de Bq/L pour diviser par 1 000 la valeur, montrent une augmentation récente de la contamination de cette eau : cela monte maintenant à 430 Bq/L en bêta total contre 13 Bq/L la veille et 150 Bq/l en tritium (valeurs du 30 avril et 1er mai).

• Record du jour :

–    à proximité de la cuve qui a débordé en février dernier, il y a maintenant 860 Bq/L en tritium (prélèvement du 30 avril 2014).

Jeudi 1er mai 2014 :

• TEPCo a mis en place un panel international d’experts qui doit faire des recommandations à propos de la sûreté de toutes ses installations nucléaires. Lors de la réunion qui a eu lieu ce jour, il a été souligné que la culture de sûreté de la compagnie a encore des progrès à faire. C’est bien la moindre des choses après les incidents à répétition avec l’eau contaminée. La compagnie semble toujours subir les évènements sans pouvoir les anticiper ou les prévenir.

L’avis est ici en anglais. Le communiqué de la compagnie retient surtout les quelques points positifs et ne dit rien sur comment la compagnie compte améliorer sa culture de sûreté. On est dans la com.

• La NRA est en train d’inspecter les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Sendaï (Kagoshima), qui font la course en tête pour le redémarrage.

• Records du jour de la contamination de l’eau :

–    dans les puits 2-7, 3-2 et 3-3, la contamination en bêta total atteint respectivement 990, 2 400 et 4 900 Bq/L (prélèvements du 30 avril 2014).

–    en aval des cuves, la contamination en tritium du puits E3, qui ne cessait de monter ces derniers jours, semble faire une pause. Elle est repassée à 7 300 Bq/L (prélèvement du 29 avril 2014).

• TEPCo a mis en ligne des images des combustibles retirés de la piscine du réacteur n°4.

Mercredi 30 avril :

• Pour la première fois depuis le début de la catastrophe, TEPCo a affiché un résultat excédentaire pour l’année fiscale 2013. Le profit net du groupe est de 438,65 milliards de yens (3 milliards d’euros). La compagnie a coupé drastiquement dans ses coûts et a vu ses profits augmenter grâce à l’augmentation de ses tarifs.

En revanche, 6 autres compagnies d’électricité ayant des centrales nucléaires sont encore dans le rouge. Kansaï Electric affiche une perte de 97,4 milliards de yens (700 millions d’euros). C’est la troisième année consécutive. Le PDG a admis que les perspectives de redémarrage des réacteurs étaient sombres.

Kyûshû Electric et Hokkaïdô Electric vont demander un soutien financier à la Banque de développement du Japon. Après trois années consécutives de pertes, la loi japonaise interdit l’obtention de prêts auprès des établissements financiers. Les deux compagnies se retournent donc vers un établissement public.

• Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :

–    dans le puits 3-2, il y a maintenant 2 700 Bq/L en tritium (prélèvement du 23 avril 2014).

–    dans les puits 1-14 et 1-17, il y a respectivement 2 300 et 8 700 Bq/L en bêta total (prélèvements du 28 avril 2014).

–    la contamination en césium 137 de l’eau de mer bat aussi un record en deux points situés en deçà de la barrière de protection : il y a maintenant 93 et 39 Bq/L (prélèvements du 28 avril 2014).

–    dans le puits E3, situé en aval des cuves, la contamination en tritium continue de monter de façon anormale : 7 500 Bq/L le 27 avril et 7 700 Bq/L le 28 avril 2014.

Mardi 29 avril :

• Le district de Miyakoji, dans la commune de Tamura, est situé entre 20 et 30 km de la centrale de Fukushima, avec un petite partie à moins de 20 km. Dans les premiers jours de la catastrophe, il y a eu ordre d’évacuer jusqu’à 20 km, puis de se confiner entre 20 et 30. Le confinement a duré trop longtemps et a été suivi d’un conseil à l’évacuation. Miyakoji n’a finalement pas été fortement touché par les retombées radioactives. Pour la partie située au-delà de 20 km, les habitants ont pu rentrer à partir de septembre 2011. Et pour la partie située en deçà de 20 km l’ordre d’évacuer a été levé le 1er avril 2014, après des travaux de décontamination. Pour ces derniers, les indemnisations s’arrêteront dans un an.

Le New-York Times est allé enquêter dans ce village où il y avait 3 000 habitants. Un tiers seulement est rentré. Les autres rechignent à cause de la crainte des radiations et de l’absence de commodités (médecin, commerces…). Ils vont finir par rentrer, contraints et forcés, pour des raisons économiques. Leur maison ne vaut plus rien et il est souvent difficile de refaire sa vie ailleurs. Pour ceux qui sont restés loin les dommages dus au séisme aggravé par l’abandon de la maison font que leur habitation s’est fortement dégradée. L’indemnisation n’est pas suffisante pour les mettre en état ou pour emménager ailleurs.

Les habitants se sentent pris au piège et accusent TEPCo de ne pas leur rembourser la valeur de la maison. Et pour faire pression, le gouvernement a promis 9 000 dollars supplémentaires à ceux qui rentreront.

Le maire de Tamura est outré : ils sont victimes et doivent encore mendier ce qu’ils estiment être leur dû. 500 habitants originaires de Miyakoji ont donc entamé une action en justice.

A tout cela s’ajoute l’inquiétude des parents avec de jeunes enfants à cause de la pollution radioactive.

Dans les zones plus contaminées, mais non évacuées car étant au-delà de 20 km, les habitants ont aussi un sentiment d’injustice, car eux, n’ont pas pu partir et n’ont presque pas été indemnisés.

La gestion de la catastrophe par les autorités a conduit à une situation inextricable à cause de règles trop rigides et des traitements contradictoires en fonction du lieu d’habitation. Leur seule proposition maintenant, est le retour, quel que soit l’avis des populations.

• Selon une étude commandée par les autorités régionales et reprise par les médias japonais, 50% des familles évacuées sont encore séparées et 67,5% ont un membre qui souffre de stress physique et mental.

En janvier et février dernier, la région a envoyé à un questionnaire à 62 812 familles vivant à Fukushima ou ailleurs. Elle a reçu 20 680 réponses, dont 16 965 (82%) vivaient dans les zones évacuées. Les 18% restants (3 683 familles) sont parties de leur propre décision. Il y a un doute pour 32 familles.

48,9% des familles qui ont répondu disent vivre séparées depuis la catastrophe. Pour 15,6% des familles, l’éclatement familial est sur plus de 3 lieux.

Les raisons de la séparations sont multiples : logements provisoires trop petits pour accueillir tout le monde, volonté de protéger les plus jeunes, volonté de se rapprocher d’une école ou du travail pour certains membres de la famille…

Certaines personnes se retrouvent seules, inquiètes pour leur avenir. 50% des familles disent que certains de leurs membres ont des troubles du sommeil ou perdu leur joie de vivre. Le sentiment de frustration et de dépression touche 40% d’entre elles. Enfin, 34,8% des réponses signalent une aggravation des maladies chroniques qui les affectent.

L’enquête montre aussi que 50,6% des familles qui sont parties de leur propre chef ont changé de résidence administrative alors que 86% des familles qui ont été forcées à partir ne l’ont pas fait. Cela est probablement lié aux aides financières.

Enfin, parmi les familles qui sont parties d’elles-mêmes, seulement 17,1% veulent rentrer. 27% veulent s’installer où elles ont trouvé refuge et 36,3% sont indécises.

Voir l’Asahi et le Maïnichi.

• Il ne devrait y avoir aucun réacteur nucléaire en fonctionnement cet été, quand la demande est la plus forte. Cela constitue un test pour le Japon, car l’approvisionnement énergétique est fragile. En cas de pannes, la situation sera tendue.

Dans le Kansaï, la compagnie d’électricité KEPCo avait pu démarrer deux réacteurs à Ôï les deux été passés. Il n’y en aura pas cet été. Des échanges sont prévus avec les producteurs voisins, mais restent limités par le fait qu’une moitié du Japon est à 50 Hz et l’autre à 60 Hz. KEPCo compte cependant sur l’approvisionnement de TEPCo ! Elle estime aussi que la baisse de la consommation depuis l’accident suite aux efforts faits par les consommateurs permet de se passer de 2 réacteurs et demi.

• Le premier ministre japonais vient en tournée européenne et sera en France le 5 mai prochain. Il devrait signer un accord sur le développement des réacteurs nucléaires de quatrième génération, qui consiste en un remake de Superphénix.

Le CEA aurait demandé à utiliser le surgénérateur moribond Monju pour tester son projet ASTRID. Rappelons que le réacteur Monju a mis en service en 1994, qu’il est tombé en panne en 1995 et qu’il est à l’arrêt depuis. Il y a eu une tentative de redémarrage avant Fukushima, qui a été arrêtée suite à de graves lacunes en terme de sûreté. Bref un projet très prometteur !

Le CEA est tombé bien bas pour s’accrocher à Monju. Il doit y avoir une participation financière dans ASTRID en échange. Et puis montrer que cela intéresse un autre pays permet de valoriser le projet en interne.

ASTRID n’est rien d’autre qu’un Superphénix amélioré. Les recherches sur cette technologie ont commencé dans les années 1950. Si cela devait aboutir dans le calendrier avancé par le CEA, il y aura donc eu un siècle de R&D. Qui est prêt à investir dans une telle technologie qui a connu de nombreux échecs et peu de succès encourageants ?

L’intérêt de faire croire à l’avènement des ces réacteurs et de classer une grosse partie de ce qui sort des centrales nucléaires en « matières valorisables » et pas en « déchets », même si elles ne sont pas valorisées. Monju et ASTRID participent donc au processus de blanchiment des déchets nucléaires.

• Une université américaine a mesuré des traces de césium dans des thons pêchés au large des Etats-Unis entre 2008 et 2012. La contamination était présente dans deux spécimens sur deux analysés en 2011 et dans 10 sur 17 en 2012. Avant Fukushima, il n’y avait pas de césium dans le thon.

La concentration maximale détectée est de 1,18 Bq/kg pour les deux césiums. C’est très faible. Mais le communiqué de presse de l’université d’Oregon est complètement stupide : pour rassurer la populace, il fait des comparaisons avec l’exposition au potassium 40 en dormant à côté de son conjoint. Il oublie le potassium 40 du thon dans son calcul qui ne veut donc rien dire. Affligeant.

Comment communiqueront-ils s’il y a un jour une contamination plus forte des aliments ?

L’article scientifique est en accès payant.

Lundi 28 avril : (C’est le début de la Golden week au Japon, il y a moins d’info)

TEPCo a transféré 748 assemblages de la piscine du réacteur n°4, sur 1 533 (48,8%).

• Parmi les 24 000 travailleurs qui sont intervenus en 2011 à la centrale de Fukushima daï-ichi, 10 n’ont pas bénéficié d’une anthropogammamétrie (WBC). TEPCo ne sait pas ce qu’ils sont devenus. L’appel à contact est toujours sur son site Internet, même en anglais avec la liste de noms, incomplète.

• La contamination en tritium du puits E3, situé en aval des cuves mais en amont des réacteurs, est repartie à la hausse, avec deux records consécutifs : 6 800 Bq/L le 25 avril et 7 300 Bq/L le 26 avril 2014.

Dimanche 27 avril :

• Le gouvernement autorise maintenant les habitants à dormir chez eux dans une partie du Kawauchi située à moins de 20 km de la centrale afin de préparer leur retour. Il compte lever l’ordre d’évacuer dans trois mois. Sur les 276 personnes concernées, issues de 134 foyers, seules 40, venant de 18 foyers, ont fait la demande de pouvoir rester.

La demande doit être renouvelée chaque mois. Les membres de la famille et les amis peuvent aussi faire une demande. On leur prête un dosimètre s’ils le souhaitent.

Les travaux de décontamination sont terminés depuis un mois, mais la limite pour le retour est toujours de 20 mSv/an, qui n’est pas acceptée par la majorité des résidents.

Des discussions sont en cours avec la municipalité et les habitants à propos du retour définitif. Ce serait la deuxième zone à moins de 20 km où les habitants seront autorisés à rentrer.

Samedi 26 avril :

• Le gouvernement, pour faire accepter le redémarrage des réacteurs nucléaires, clame haut et fort que le nouveau référentiel de sûreté est le plus exigent au monde. Cette affirmation est critiquée, même à l’intérieur du parti au pouvoir, comme étant vide de sens.

L’ancien premier ministre, Naoto Kan, maintenant opposé à l’énergie nucléaire, a posé une question écrite au gouvernement, lui demande de justifier ses affirmations. La réponse du gouvernement, publiée le 25 avril, redit qu’il s’git des critères les plus stricts par comparaison à ce qui se fait à l’étranger, mais ne donne aucun argument ou exemple concret.

Interrogée, l’autorité de sûreté est prudente et se refuse à prétendre qu’il s’agit des standards les plus exigeants au monde. Les critères sont beaucoup plus stricts qu’avant, mais il est difficile de faire un classement mondial.

Voir l’Asahi.

• Kansaï Electric (KEPCo) veut utiliser les 150 milliards de yens (1 milliard d’euros) qui lui restent sur son fond de réserve pour faire face à l’augmentation de ses coûts, les perspectives de redémarrer rapidement un réacteur nucléaire s’amenuisant. Ce fond de réserve était de 640 milliards en 2011 (4,6 milliards d’euros). C’est l’assemblée générale des actionnaires en juin prochain qui entérinera la décision.

Vendredi 25 avril :

• Une première réunion a été organisée par les autorités régionales dans la commune d’Izumi située dans un périmètre de 30 km autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima) à propos des mesures d’évacuation. Environ 130 habitants ont participé et ont exprimé leur doute quant au plan proposé : un habitant pense que les lieux d’évacuation peuvent à leur tour être contaminés en fonction des vents, comme cela s’est passé à Fukushima ; un autre pense que le lieu de rassemblement pour prendre les bus destinés aux personnes qui ne peuvent pas partir par elles-mêmes est trop éloigné des habitations.

Des réunions auront aussi lieu à Kagoshima, la capitale régionale, située à moins de 30 km de la centrale.

• L’Institut de Recherche International sur le Démantèlement (IRID) mis récemment en place par le gouvernement avec l’industrie nucléaire a organisé une réunion sur le retrait du combustible fondu (programme en anglais).

TEPCo envisage toujours de remplir l’enceinte de confinement d’eau pour réduire le rayonnement au moment des opérations de retrait. Mais cela est paru peu réaliste aux personnes présentes car l’enceinte est percée et il sera difficile de boucher tous les trous et fissures. En revanche, l’Institut n’a pas d’idée à proposer à la place et lance donc un appel international pour proposer des techniques sans noyage. Le gouvernement va accepter les propositions à partir de juin prochain.

• Le gouvernement n’a toujours pas de site à proposer pour le stockage des 11 000 tonnes de déchets radioactifs générés par la catastrophe nucléaire. Ces déchets sont répartis dans 11 provinces et le gouvernement prévoit 5 sites de stockage, mais, partout, il fait face à l’opposition des riverains. Ces déchets attendent donc dans des sites d’entreposage temporaire où les autorités s’étaient engagées à les reprendre.

L’Asahi explique la situation à Miyagi. A Kurihara, où 930 tonnes de paille radioactive attendent, les autorités régionales avaient promis que l’entreposage sur les 5 sites ne durerait pas plus de 2 ans. Cela fera deux ans en mai prochain et il n’y a pas de solution alternative. Les autorités régionales se sont excusées pour le retard, lors d’une réunion publique, mais les habitants ont exprimé leur colère et exprimer leur sentiment de trahison.

Le gouvernement a rencontré toutes les communes de la province et retenu 3 sites potentiels où il possède des terrains. Un de ces sites est à Kurihara. Mais les riverains se mobilisent contre le projet. Le maire est contre et est prêt à risquer sa carrière contre ce projet. Les deux autres communes sélectionnées, Taïwa et Kami, sont aussi opposées.

Kurihara a un projet touristique à faire valoir. A Kami, le riz bénéficie d’une appellation. Quant à Taïwa, la commune s’interroge sur le choix du site situé à 2 km seulement d’un terrain d’entraînement de l’armée. Comment garantir sa sûreté dans ces conditions ?

Pour le moment, aucune étude de terrain n’a été menée et le ministère de l’environnement est incapable de fournir un calendrier.

La situation est similaire dans les 4 autres provinces concernées : Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. A Ibaraki et Tochigi, le gouvernement avait choisi un site, mais e dû faire marche arrière à cause de l’opposition locale. Il expérimente donc une autre méthode à Tochigi en discutant avec les populations sans donner de lieu. Des mesures d’accompagnement économique doivent d’abord être mises en place. Une fois que l’on est habitué à l’argent, il est plus difficile de dire non…

A Fukushima, comme les sites choisis sont dans la zone évacuée où les habitants ne pourront pas rentrer, cela a été plus facile. Mais les autorités ont promis que les déchets n’y resteront pas plus de 30 ans, le temps de trouver un site définitif en dehors de la province. Qui les croit ?

• Le 19 janvier dernier, un document de TEPCo mentionnait que l’inventaire en tritium de l’eau contaminée était de 875 TBq (875 000 milliards de becquerels). Comme l’autorisation de rejet en mer pour les 6 réacteurs est de 22 TBq, le stock de tritium représente donc 40 années de rejets à la limite.

Maintenant TEPCo estime à 3 400 TBq le stock de tritium dans les 4 réacteurs accidentés, en prenant en compte ce qu’il y a encore dans le combustible. Cela représente donc 150 ans de rejets à la limite autorisée !

Selon la présentation faite lors de la 8ième réunion du groupe de travail tritium du ministère de l’industrie, la plus grande partie du tritium se trouverait encore dans le combustible (2 500 TBq). La quantité de tritium dans l’eau aurait augmenté de 17 TBq depuis le dernier bilan de janvier 2014. Ce tritium s’échappe probablement du combustible fondu.

Voir aussi l’article en anglais du Maïnichi à ce propos.

• Lors de sa visite au Japon, Barack Obama a salué la nouvelle politique énergétique du pays. Les Etats-Unis avaient critiqué la volonté affichée du précédent gouvernement de renoncer à l’énergie nucléaire. Comment auraient réagi les Etats-Unis dans une situation symétrique ?

• TEPCo a mis en ligne une présentation en japonais sur sa feuille de route et l’avancement des travaux. Il y a de nombreux graphes et photos.

• TEPCo pompe l’eau souterraine en amont des réacteurs et la stocke dans des cuves tampon avant de d’espérer la rejeter en mer. La contamination de l’eau des cuves est donnée et comparée aux valeurs limites de rejet que la compagnie s’est fixées. Cela montre bien que TEPCo compte sur l’effet dilution pour le puits le plus contaminé. Les valeurs obtenues par le labo tiers sont aussi données (prélèvement du 15 avril 2014).

• Très nombreux records de contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits 3-2, situé en aval des réacteurs, il y a maintenant 2 300 Bq/L en bêta total. Il y a aussi 16,7 Bq/L en césium. Un record de contamination en césium est aussi battu dans le puits de pompage voisin avec 6,7 Bq/L. La contamination bêta total du puits 2-7 est passée à 940 Bq/L, sa plus forte valeur (prélèvements du 23 avril 2014).

–    dans le puits 1-8, il y a maintenant 17 000 Bq/L en tritium. Dans le 1-14, c’est la contamination bêta total qui atteint sa valeur la plus élevée avec 2 000 Bq/L. Il y a aussi 14 Bq/L d’Antimoine 125 (Sb125) dans l’eau du puits 1-16 (prélèvement du 21 et 24 avril 2014).

–    après des records battus 3 jours consécutifs, la contamination en tritium de l’eau du puits E-3, situé en aval des cuves, mais en amont des réacteurs, baisse légèrement à 6 500 Bq/L (prélèvement du 23 avril 2014).

–    près de la cuve qui a débordé en février dernier, les contrôles dans le puits G3 sont rares mais restent à la hausse. Un nouveau record vient d’être battu avec 320 Bq/L en tritium (prélèvement du 23 avril 2014).

Jeudi 24 avril :

• Les autorités régionales de Shizuoka ont estimé qu’il fallait au moins 28 heures pour évacuer les 860 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale. Pour obtenir ce résultat très optimiste, elles ont supposé que les habitants partiraient en bon ordre et suivaient les instructions pour éviter les embouteillages. Il y aurait aussi 3 personnes par véhicule ! Dans un cas moins optimiste, l’évacuation pourrait prendre deux jours selon la préfecture. Ce serait le cas suite à un fort séisme. Et donc, des habitants seraient fort probablement exposés.

Les 50 000 habitants à moins de 5 km mettraient environ 24 heures pour aller au-delà des 30 km.

Le temps passé dans la voiture, où l’on est moins bien protégé que dans un bâtiment en dur, va de 8 heures environ à une trentaine d’heures en fonction des hypothèses.

Ces chiffres ne prennent pas en compte l’endommagement du réseau routier ni l’évacuation des personnes dépendantes dans les hôpitaux et les maisons de retraite.

Nous en avions déjà parlé le 14 janvier dernier. Un cabinet privé avait estimé que cette même évacuation pouvait prendre jusqu’à 6 jours si l’autoroute était coupée suite à un séisme par exemple et que tous les bus n’étaient pas disponibles.

La différence entre les deux estimations est énorme ! Demander l’estimation du temps d’évacuation, à l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, est un progrès. La France devrait en prendre de la graine. Mais si cela conduit à des estimations basées sur des hypothèses irréalistes, cela ne sert à rien. Une contre expertise de ces travaux est donc indispensable.

A Hyôgo, les autorités régionales ont rendu publiques leur estimation de la dose à la thyroïde que les enfants pourraient recevoir en cas d’accident nucléaire dans la province voisine de Fukui. Dans 31 communes sur 41, cela pourrait dépasser la limite de 50 mSv à la glande pendant la première semaine. C’est à partir de cette limite qu’il faut prendre des pastilles d’iode. Pour cela, elle a, à chaque fois, supposé des conditions météo défavorables.

De son côté, le gouverneur de Niigata, où il y a la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa avec ses 7 réacteurs, pense que, même si la sûreté des réacteurs est garantie par la NRA, les autorités locales ne sont pas prêtes à faire face en cas d’accident. Il sait de quoi il parle car il a dû faire face au séisme de 2007 qui avait entraîné l’arrêt prolongé de la centrale. Sa province a aussi accueilli de nombreux réfugiés de Fukushima.

Les chauffeurs de bus accepteront-ils d’aller chercher les gens dans des zones contaminées ? De quelle protection bénéficieront-ils ? Ne faut-il pas changer leur statut ?

• Les autorités régionales auraient fini de tuer les 1 692 bovins qui vaquaient dans la zone évacuée. Il y en avait 3 500 avant la catastrophe. Entre 10 et 20 agriculteurs s’y sont opposés et continuent à s’occuper de 750 têtes environ à la condition de ne pas vendre la viande ou le lait.

• L’unité expérimentale de traitement de l’eau contaminée, ALPS, a encore connu des déboires. Le 22 avril, une ligne a dû être arrêtée car elle ne retirait plus le calcium. La vanne qui contrôle l’agent chimique utilisé à cette fin était fermée. Il s’agit d’une erreur humaine. La vanne a été ouverte et les opérations ont repris le lendemain.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    en aval des cuves, mais en amont des réacteurs, dans le puits E3, cela continue de monter : il y a maintenant 6 700 Bq/L en tritium (prélèvement du 22 avril 2014). Troisième jour consécutif avec un record battu.

–    dans les puits de pompage en amont des réacteurs, il y a maintenant 100 Bq/L en tritium dans le puits n°8 (prélèvement du 22 avril 2014).

Comme la contamination en tritium du puits de pompage n°12 est repassée sous la barre des 1 500 Bq/L pendant 3 jours, TEPCo a repris le pompage.

Mercredi 23 avril :

• Il n’y aura pas de redémarrage de réacteur nucléaire avant l’été. Deux pourraient redémarrer cette année. Quant aux quelques autres, pour lesquels une demande a été déposée, personne ne peut donner de calendrier. Et comme un réacteur à l’arrêt coûte très cher, le lobbying est intense pour alléger les procédures.

Mais le président de la NRA, l’autorité de sûreté japonaise, a expliqué que les compagnies japonaises ont échoué à expliquer ce qu’elles ont retenu de la catastrophe de Fukushima et ce qu’elles comptent mettre en place pour améliorer la sûreté ! Le jugement est particulièrement sévère.

Les compagnies d’électricité ont mis en place un Japan Nuclear Safety Institute en novembre dernier. La remarque était destinée au président de cet Institut lors de la première rencontre officielle entre les deux organisations. Et d’ajouté que l’accident était dû à l’arrogance de la science et la technologie. Il a donc demandé au président de l’institut de passer le message aux compagnies d’électricité. Ce dernier a tenté de plaider qu’un arrêt prolongé était néfaste pour la culture de sûreté.

• Dans le district d’Odaka à Minami-Sôma, qui est toujours évacué, la municipalité a rouvert le petit hôpital municipal. Il est possible d’y consulter un médecin 3 jours par semaine, mais pas d’y être pris en charge. La commune espère ainsi aider au retour une fois l’ordre d’évacué levé. Elle espère que ce sera avant avril 2016.

Une station essence et des usines ont aussi rouvert dans cette zone.

• Les autorités régionales de Niigata, où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa avec ses 7 réacteurs, auraient dû acheter 1,32 million de pastilles d’iode pour les habitants situés entre 10 et 30 km de la centrale. Elle en a déjà pour ceux situés à moins de 10 km. Mais l’employé en charge des achats a stoppé la procédure en déclarant que l’achat était fait. Personne n’a vérifié et le gouvernement a versé 8 millions de yens (57 000 euros).

La faute va être réparée et les pastilles vont être achetées.

• Records du jour dans la contamination de l’eau souterraine :

–    en aval des cuves, mais en amont des réacteurs, la contamination en tritium du puits E3 continue de monter et atteint maintenant 6 400 Bq/L (prélèvement du 21 avril 2014). Le précédent record datait de la veille…

–    en aval des réacteurs, il y a maintenant 6 700 Bq/L en bêta total dans le puits 1-17 (prélèvement du 21 avril 2014). Le précédent record datait du 17 avril.

TEPCO a reçu 191,8 milliards de yens (1,4 milliard d’euros) d’aides de l’Etat. C’est le 27ième versement.

Mardi 22 avril :

• Selon l’Asahi, les compagnies d’électricité continuent d’arroser les politiciens pour acheter leurs faveurs. Taro Aso, Ministre des finances et n°2 du gouvernement, aurait régulièrement reçu de l’argent depuis 10 ans, à un niveau juste inférieur à la limite où il faut le déclarer. C’est plus discret. La limite est de 200 000 yens (1 400 euros). Mais les compagnies ont mis la main à la poche à chacune des trois campagnes annuelles de collecte de fonds. La somme atteignait un million de yens (7 000 euros) à chaque fois.

TEPCo était la plus généreuse car la plus grosse, mais a arrêté après 2011. Les autres ont continué au même niveau après l’accident, même si elles sont dans le rouge et si elles ont augmenté leur tarif.

M. Aso est un fervent défenseur de l’industrie nucléaire.

• La municipalité de Naraha a commencé ses réunions avec les habitants à propos de leur retour. Une soixante de personnes étaient présentes à Iwaki pour la première réunion. Elles ont exprimé leurs doutes et demandé aux autorités de ne pas se presser.

Les réunions vont se poursuivre en d’autres lieux jusqu’au 2 mai prochain.

Le débit de dose a été divisé par deux après la décontamination, ce qui n’est pas une bonne performance. Il y a encore 0,44 mSv/h au centre. Une sorte de galerie marchande a aussi été installée pour facilité les conditions de retour.

• Les prévisions de consommation et de production d’électricité pour l’été à venir par TEPCo sont ici en anglais. La compagnie pourra faire face à un été chaud, même sans nucléaire.

• Un bateau avec des déchets de retraitement en provenance de Grande-Bretagne est arrivé à Rokkashô (Aomori). Il y a 132 containers de déchets vitrifiés.

Bilan de la visite en Europe de Naoto Matsumura en mars dernier.

• Record du jour de contamination de l’eau souterraine : en amont des réacteurs, mais en aval des cuves, il y a maintenant 6 100 Bq/L en tritium dans le puits E3 (prélèvement du 20 avril 2014).

• TEPCo a mis ses résultats mensuels sur la surveillance des poissons pêchés dans le port et au-delà, à moins de 20 km de la centrale où de nombreux spécimens dépassent encore la limite de mise sur le marché de 100 Bq/kg pour le césium.

Le dernier bilan de la NRA sur la pollution marine est ici en anglais.

Lundi 21 avril :

• Les déchets radioactifs, les cuves et autres équipements occupent une grande surface à Fukushima daï-ichi, surface qui est plus grande que la plupart des autres centrales nucléaires. En cas d’accident sur une autre centrale, y aura-t-il assez de place pour faire face ?

A Fukushima daï-ichi, où il y avait de la place pour deux réacteurs supplémentaires, 90% des 3,5 millions de mètres carrés n’étaient pas utilisés. 2,55 millions de mètres carrés sont dévolus à la gestion de la catastrophe et TEPCo en aurait besoin de 700 000 m2 supplémentaires. Mais, la place va finir par manquer avec le temps.

Le Maïnichi a interrogé les exploitants de 16 centrales nucléaires. Seule la centrale d’Ikata a répondu. Le cadastre a été consulté pour les autres. Il apparaît que pour 13 d’entre elles, la surface de la centrale est plus petite que la surface utilisée à Fukushima.

Japan Atomic Power Co. et Kansai Electric Power Co. ont aussi refusé de répondre à propos de leur stratégie pour faire face au problème en cas d’accident.

Un représentant de Chubu Electric Power Co. a expliqué que la compagnie faisait tout pour éviter un tel accident. Et d’ajouter qu’il n’y avait pas le même problème d’eau souterraine à sa centrale.

• Il y a une nouvelle fuite sur des cuves le 18 avril dernier. La contamination de l’eau est de 29 Bq/L en césium et de 130 Bq/L en bêta total. Voir les photos et explications en japonais.

• Nouvelle série de records de contamination de l’eau souterraine après le week-end :

–    près du rivage, dans le puits 2-7, il y a maintenant 910 Bq/L en bêta total (prélèvement du 18 avril 2014) ;

–    dans le puits 1-16, il y a maintenant 13 Bq/L en bêta total (prélèvement du 17 avril 2014) ;

–    dans l’eau de mer, la contamination en tritium à l’intérieur de la barrière de protection, est la plus élevée en 5 points de prélèvement datés du 14 avril 2014. Cela va de 540 à 1 400 Bq/L.

La contamination en tritium de l’eau souterraine dans le puits de pompage n°12 est repassée sous la limite de 1 200 Bq/L en tritium (prélèvement du 18 avril 2014). Pour combien de temps ?

TEPCo a retiré 704 assemblages de combustibles de la piscine du réacteur n°4.

Dimanche 20 avril :

• Le Japon requiert maintenant un plan pour évacuer toute la population dans un rayon de 30 km autour des centrales nucléaires. Selon la NRA, seulement 64 communes sur 135 concernées ont fini leur plan. Pour 6 zones sur 13, il n’y a aucun plan. C’est le cas, en particulier, à Fukushima, où les autorités locales ne veulent pas entendre parler de redémarrage, à Miyagi où la reconstruction est la priorité, à Ibaraki et Shizuoka où il y a près d’un million d’habitants dans un rayon de 30 km.

• On sait que les personnes handicapées sont plus vulnérables lors de la phase d’urgence d’une catastrophe quelle qu’elle soit. Mais c’est aussi le cas à long terme. Selon le Maïnichi, il y avait 28 centres d’accueil pour personnes handicapées dans la dizaine de communes du district de Soso, situé à moins de 30 km de la centrale, il n’y en a plus que 15. Cela entraîne des complications et des souffrances pour les personnes elles-mêmes, mais aussi pour les familles.

Samedi 19 avril :

• Dimanche 20 avril, il y aura des élections municipales à Tamura et les candidats ont largement ignoré le district de Miyakoji où l’ordre d’évacuer a été levé le 1er avril dernier. Selon le Maïnichi, les quelques habitants qui sont rentrés ou qui y passent la journée, ont le sentiment d’être oubliés. Ils souhaitent pourtant que leurs problèmes soit pris en compte.

Le district de Miyakoji a été évacué car il était à moins de 20 km de la centrale. Cependant, il y a d’autres zones de Tamura, situées au-delà des 20 km, qui sont plus contaminées que Miyakoji, mais où il n’y a pas eu d’ordre d’évacuation car l’exposition externe y est inférieure à 20 mSv/an. Les habitants ne sont pas indemnisés, alors que ceux de Miyakoji le sont jusqu’au 31 mars 2015. C’est une source de frustration et d’incompréhension.

• Kansaï Electric (KEPCo) s’est finalement résignée à renforcer la résistance sismique de ses réacteurs 3 et 4 de la centrale d’Ôï (Fukui), ceux là même qui avaient redémarrés durant l’été 2012 pour être arrêtés à nouveau en septembre 2013. La compagnie a longtemps essayé de passer outre les recommandations de la NRA en prétendant que ses réacteurs étaient suffisamment résistants, mais, elle a finalement dû les prendre en compte. Les travaux vont prendre du temps et retarder d’autant tout espoir de redémarrage.

KEPCo a donc mettre la priorité sur les réacteurs 3 et 4 de sa centrale voisine de Takahama.

• Sharp va construire une centrale solaire à Tomioka, à 11 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. L’électricité sera vendue à Tôhoku Electric pendant 20 ans. Le terrain est loué à la commune et la compagnie va aider à la reconstruction du village.

Vendredi 18 avril :

• Le gouvernement a mis en ligne toutes les données sur les doses potentiellement reçues par les habitants qui retourneraient vivre dans les zones évacuées d’Iitaté, Tamura et Kawauchi. Données qui étaient cachées depuis octobre 2013.

Au lieu d’une estimation grossière de la dose potentiellement reçue, basée sur le niveau de dose ambiant et l’hypothèse que chaque habitant passe 8 heures par jour à l’extérieur, le gouvernement avait commandé une étude plus fine à l’aide de dosimètres placés en 43 zones, avec plusieurs appareils par zone, et une reconstitution de la dose en fonction de mode de vie. Il espérait ainsi montrer que la dose réelle est bien inférieure à celle estimé grossièrement. Ce n’est pas le cas.

Partout où les mesures ont été faites, les doses annuelles sont bien inférieures à 20 mSv/an, limite fixée par le gouvernement pour le retour. Mais cette limite correspond à la phase d’urgence et la CIPR préconise de choisir une limite dans la partie basse de la fourchette 1-20 mSv/an pour les décisions à long terme.

A Kawauchi, où le gouvernement veut lever l’ordre d’évacuer à partir de juillet prochain, la dose estimée est de 3 mSv/an. A Miyakoji, où l’ordre à déjà été levé, les travailleurs forestiers pourraient prendre 2,3 mSv/an. Les agriculteurs, entre 0,9 et 1,2 mSv/an, un enseignant, environ 0,7 mSv/an.

Un premier document de 8 pages est ici en japonais. Un autre, plus complet, est ici en japonais.

Les habitants originaires du district de Miyakoji, où l’ordre d’évacuer a été levé le 1er avril dernier, se sentent trahis par le gouvernement qui leur a caché les données sur la mesure des doses potentielles obtenues par les nouvelles méthodes d’évaluation.

• Ce ne sera pas une surprise pour les lecteurs de cette page : la contamination en tritium de l’eau pompée en amont des réacteurs en vue d’être rejetée en mer vient de dépasser la limite de 1 500 Bq/L en tritium que s’était fixée TEPCo.

Ce n’est pas une surprise car presque tous les jours, un nouveau record de contamination est battu par-ci par-là, ce qui montre que la situation s’aggrave. En aval des réacteurs, cela vient de l’inondation des sous-sols et des travaux menés par TEPCo qui modifient les écoulements. En amont des réacteurs, mais en aval des cuves, outre les fuites, l’évaporation continue de l’eau des cuves, fortement chargée en tritium, se retrouve dans l’eau de pluie et les nappes phréatiques. La pollution en tritium ne peut qu’augmenter.

Il y a maintenant 1 600 Bq/L en tritium dans le puits de pompage où il y avait 1 300 Bq/L la semaine précédente. TEPCo aurait suspendu les opérations de pompage et ne sait pas quoi faire. Il était pourtant évident que la contamination dépasserait les 1 500 Bq/L et je pensais qu’elle allait jouer sur la dilution. Elle ne semble pas avoir de solution ni d’explication à proposer.

8 mois après que le premier ministre japonais ait déclaré à la planète que l’eau contaminée à la centrale de Fukushima daï-ichi était sous contrôle, TEPCo déclare être « embarrassée » par les problèmes à répétition. Elle a le sens de la litote.

Lors d’un voyage de presse sur le site pour montrer les nouvelles cuves, rapporté par Reuters, un dirigeant de TEPCo a admet ne pas avoir le contrôle sur certaines parties du site et qu’il lui faut promouvoir la qualité à partir de maintenant. Les nouvelles cuves doivent pouvoir tenir 30 à 40 ans, le temps nécessaire au démantèlement. Il a aussi admis que la compagnie n’aura probablement pas traité toute l’eau contaminée d’ici mars 2015, comme initialement prévu.

Les nouvelles cuves sont aussi présentées en anglais ici et ici maintenant.

• Records du jour de contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits 3-4, situé près du rivage, la contamination en césium atteint maintenant 9,7 Bq/L et celle en bêta total, 19 Bq/L.

–    dans le puits 2-2, la contamination en bêta total atteint maintenant 600 Bq/L.

–    dans le puits 2-7, c’est maintenant 870 Bq/L, toujours en bêta total.

Prélèvements du 16 avril 2014.

Plus en amont, près de la cuve où il y a eu un débordement en février dernier, il y a maintenant 180 Bq/l en tritium dans le puits G3 (prélèvement du 16 avril 2014).

TEPCo a mis 3 résultats de mesure sur la pollution en strontium 90 des sols de la centrale : cela va de 65 à 120 Bq/kg de matière sèche. Elle ajoute que ces valeurs sont plus élevées que ce que l’on trouve généralement au Japon suite aux essais nucléaires atmosphérique, et qu’il est « possible » que ce soit dû à l’accident nucléaire.

• Le parlement japonais a entériné l’accord de coopération nucléaire entre le Japon et la Turquie, ainsi que les Emirats Arabes Unis. Les deux principaux partis de la coalition au pouvoir, ainsi que le principal parti d’opposition, ont voté pour.

• 53% des japonais interrogés pour l’agence jiji sont contre le redémarrage des réacteurs nucléaires, même s’ils obtiennent le feu de l’autorité de sûreté nucléaire. 40% approuvent la politique énergétique gouvernementale.

• La compagnie Kyûshû Electric décidera du sort du réacteur n°1 de sa centrale de Genkaï (Saga) à l’automne prochain. Il a 39 ans. Il y a 3 autres réacteurs à cette centrale.

Jeudi 17 avril :

• Il y a quelques jours, des ouvriers ont mis en marche des pompes par erreur et 203 m3 d’eau fortement contaminée sont allés inonder les sous-sols d’un autre bâtiment (cf 14 avril). TEPCO a enquêté et pense que les ouvriers se sont trompés d’interrupteur. Ils ont mis en route les pompes au lieu de climatiseurs. Les interrupteurs sont identiques et seuls des chiffres permettent de les distinguer. (Voir les photos dans ce document).

Ce qui est incompréhensible, c’est qu’ils aient mis tant de temps à se rendre compte de leur erreur. Un climatiseur qui ne démarre pas, cela se remarque tout de suite, non ?

• Les compagnies d’électricité japonaise ont annoncé avoir assez de moyens de production pour pouvoir passer l’été 2014 sans nucléaire. Le gouvernement ne va donc pas demander aux Japonais de réduire leur consommation. Il devrait, à cause des émissions de gaz à effet de serre !

TEPCo devrait pouvoir fournir de l’électricité aux compagnies du Kansaï et de Kyûshû en cas de forte demande. Mais le transfert est limité par le fait qu’il y a 60 Hz d’un côté et 50 Hz de l’autre.

• TEPCo installe des nouvelles cuves qui arrivent toutes montées par la mer. Des photos sont mises en ligne ici et ici. Il y a aussi une vidéo.

Jusqu’à maintenant, les cuves étaient montées sur place. Les nouvelles cuves fournies par Mitsubishi font 700 m3. Une cuve sera remplie en moins de 48 heures.

Mercredi 16 avril :

• Le Maïnichi en avait déjà parlé le 25 mars 2014. Le gouvernement a retenu des données de mesure de dose dans des villages où il s’apprête à lever l’ordre d’évacuer. Les données viennent d’être mises en ligne et la presse revient sur cette affaire.

En juillet 2013, le gouvernement avait mandaté le National Institute of Radiological Sciences (NIRS) et la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) pour faire des mesures de dose dans 43 sites variés, incluant des écoles, habitations, terrains agricoles… à Tamura, Kawauchi et Iitaté. Le but du gouvernement était de montrer que l’on peut vivre dans une zone où les calculs, basés sur l’hypothèse que l’on reste 8 heures par jour à l’extérieur, surestiment les doses et qu’en faisant attention, on peut avoir une dose proche de 1 mSv/an, même si la limite pour le retour est toujours de 20 mSv/an.

Les deux organismes ont mesuré des doses à l’aide de dosimètres en plusieurs points de chacun des 43 sites et on reconstitué une dose reçue en fonction du mode de vie. Ils ont estimé que la dose effective reçue était 30% plus faible que l’estimation simpliste basée sur le débit horaire. Mais la dose ainsi estimée dépassait le millisievert par an en 24 sites sur 43.

Les résultats ont été remis au gouvernement en octobre 2013 et il s’est bien gardé de les publier. Il a attendu que l’ordre d’évacuer à Miyakoji soit levé, alors que des mesures concernaient cette zone et qu’il a eu plusieurs réunions avec les habitants.

Des habitants de Miyakoji déplorent ce comportement et se demandent s’ils ont bien fait de rentrer.

Le document est ici en japonais.

• Le Maïnichi revient sur le problème des employés de TEPCo qui ont dû évacuer comme les autres habitants mais à qui TEPCo refuse une indemnisation sous le prétexte fallacieux qu’ils ont déménagé et ne sont plus considérés comme évacués. Il y en 21 dans ce cas pour lesquels la compagnie s’obstine malgré l’avis le la commission de conciliation.

Deux employés ont donc saisi les tribunaux. D’autres pourraient suivre. L’un d’eux a 45 ans et vivait seul à Ôkuma quand l’accident a éclaté. Il vit maintenant à Fukushima et ne comprend pas cette discrimination envers les employés de TEPCo. Il réclame 7 millions de yens (50 000 euros). L’autre a 23 ans et vivait dans une résidence de la compagnie à Ôkuma. Il a d’abord dormi dans sa voiture avant de rejoindre J-Village à Hirono en août 2011. Les conditions de vie y étaient difficiles et il a fait de la dépression. TEPCo considère que son statut d’évacué a cessé quand il est allé s’installer à Iwaki. Il réclame 18 millions de yens (130 000 euros). Il voit son action comme une façon de donner de la voix aux nombreux employés de l’ombre qui n’osent pas parler.

De nombreux employés quittent la compagnie car ils ne supportent plus de ne pas être traités comme des humains.

Le syndicat maison de TEPCo ne lève pas le petit doigt car il considère qu’il s’agit d’affaires privées qui ne le concernent pas…

• Encore un problème de fuite ! Et c’est encore ALPS, la station de traitement expérimentale de l’eau contaminée, qui est en cause. De l’eau a débordé. 1 000 litres (1 m3) se seraient répandus mais ne seraient pas sortis du bâtiment. La contamination de cette eau est tout de même de 3,8 millions de becquerels par litre en bêta total et 6 700 Bq/L en césium 137.

Il n’y a toujours qu’une seule ligne sur 3 en fonctionnement.

Explications en japonais.

• La NRA a demandé à TEPCo d’améliorer la sûreté des ses installation de pompage et stockage de l’eau suite à l’erreur de transvasement. Ce n’est pas la première fois, et sûrement pas la dernière.

• L’ASN est allée vanter le livre blanc tritium français au Japon. Voir sa présentation.

• Records du jour dans l’eau souterraine :

–    dans le puits 1-16 situé près du rivage, il y a maintenant 12 Bq/L en bêta total (prélèvement du 14 avril 2014).

–    dans le puits voisin, 1-17, il y a maintenant 4 200 Bq/L en bêta total (prélèvement du 14 avril 2014).

Mardi 15 avril :

• Deux anciens premiers ministres, Junichiro Koïzumi and Morihiro Hosokawa, vont créer une association anti-nucléaire afin de peser sur les décisions politiques. Ils essayent d’associer des personnalités à leur combat. L’assemblée générale constitutive aura lieu le 7 mai prochain.

• La province de Hyôgo a fait faire des simulations d’accident nucléaire dans l’une des nombreuses centrales de la province voisine de Fukui, en supposant un rejet similaire à celui qui a eu lieu à Fukushima. Elle a publié les résultats pour son propre territoire, mais pas pour les provinces voisines, comme Kyôto ou Shiga. Des citoyens les réclament en vain. Ils ont fait appel à la commission d’accès aux documents administratifs, ont eu gain de cause, mais les autorités rechignent toujours.

L’article du Japan Times qui relate l’affaire donne des doses issues de la simulation, mais il n’est pas précisé si c’est au corps entier ou la thyroïde. Au vu des chiffres et des conclusions quant à la distribution d’iode, ce doit être à la thyroïde.

• Chubu Electric avait demandé une autorisation d’augmenter ses tarifs de 4,95% en moyenne pour les foyers et le gouvernement a autorisé 3,77%. L’augmentation aura lieu à partir du 1er mai.

• TEPCo est pressée de toute part suite à l’erreur de pompage de la veille. Comment cela a-t-il pu arriver ? Pourquoi l’investigation n’a débuté que le lendemain de la découverte du problème ? Quand est-ce que TEPCo va réellement prendre au sérieux sa responsabilité et améliorer la gestion de l’eau ? Les cadres de TEPCo n’ont rien à répondre. La NRA non plus. Voir son communiqué à ce propos.

TEPCo a commencé à analyser la contamination de l’eau souterraine à proximité du bâtiment où de l’eau contaminée a été transvasée par erreur. RAS. (Prélèvements du 14 avril 2014)

• Records de contamination du jour dans l’eau souterraine :

–    dans le puits 2-5, situé près du rivage, il y a maintenant 7 900 Bq/L en tritium (prélèvement du 9 avril 2014).

–    dans le puits voisin 2-7, il y a maintenant 810 Bq/L en bêta total (prélèvement du 13 avril 2014).

Lundi 14 avril :

• Encore un problème d’eau contaminée à la centrale de Fukushima daï-ichi. TEPCo a découvert qu’entre jeudi et dimanche, le niveau d’eau dans des cuves supposées en cours de remplissage ne montait plus. Au contraire, il a même commencé à baisser. Après enquête, elle a trouvé 4 pompes, supposées à l’arrêt, qui envoyaient l’eau dans les sous-sols d’un autre bâtiment qui était sec jusqu’à maintenant. 203 m3 d’eau fortement contaminée y auraient été envoyés par inadvertance. Il y a 37 millions de becquerels par litre pour le seul césium. La compagnie assure que cette ne devrait pas fuir de ce bâtiment et qu’elle va repomper l’eau. Elle va aussi enquêter pour comprendre comment cela a pu avoir lieu.

Ces pompes étaient là en cas de panne sur les autres systèmes de pompage pour envoyer l’eau contaminée vers un autre lieu de stockage temporaire. Ces pompes doivent être démarrées manuellement. Comment une telle erreur est-elle possible ?

L’installation SARRY, qui retire le césium, est située au rez-de-chaussée du bâtiment accidentellement contaminé. Quel sera l’impact sur les travailleurs ? Le débit de dose va-t-il augmenter significativement dans ce bâtiment ?

Un plan peu compréhensible est proposé en anglais par TEPCo.

• TEPCo a découvert une fuite sur un « petit » container en plastique (jerrican) plein d’eau contaminée. Un mètre cube aurait fui et la contamination serait de 1 640 Bq/L pour le césium et 1 400 Bq/L pour le bêta total. C’est bizarre qu’il y ait moins de bêta total que de césium… Le strontium est évalué à 11 Bq/L.

Cette eau a été absorbée par le sol qui va être retiré.

Des ouvriers ont trouvé un trou d’un centimètre environ. Des photos et explications sont ici en anglais.

• Selon le Maïnichi, le 17 mars 2014, le ministère des affaires étrangères a envoyé un email à 18 communes de Fukushima équipées d’un appareil d’anthropogammamétrie (WBC) pour leur demander de transmettre à l’AIEA leurs données sur la contamination interne des habitants. Le message a aussi été envoyé aux autorités provinciales et à la mairie de Namié. Il était demandé de transmettre toutes les données à l’AIEA : contamination interne, relevés des dosimètres individuels, etc… avant le 24 mars.

Le mail suggérait que l’AIEA voulait montrer que cette contamination était inférieure à celle évaluée par d’autres organismes internationaux.

La moitié des communes a refusé sous le prétexte qu’il n’est pas raisonnable de demander des données personnelles par email et qu’elles ne souhaitent pas que l’exposition des résidents soit minimisée.

8 communes ont répondu en enlevant les noms ou en se limitant aux informations déjà rendues publiques. Le gouvernement n’a pas encore transmis les données à l’AIEA qui prétend vouloir faire un rapport objectif. La mission première de l’AIEA est de promouvoir le nucléaire. Si elle était objective, cela se saurait !

• Le taux d’utilisation du parc nucléaire japonais est descendu à 2,3% pour l’année fiscale 2013 qui fini au 31 mars 2014. Seuls deux réacteurs ont fonctionnés jusqu’en septembre 2013.

Pour 2014, ce taux pourrait être encore plus bas…

• Records du jour dans la contamination de l’eau :

–    dans le puits F1, en amont de la cuve qui a fui, il y a maintenant 26 Bq/L en bêta total (prélèvement du 11 avril 2014). Le précédent record était de 25 Bq/L.

–    dans l’eau de mer, à l’intérieur de la barrière, il y a maintenant, 1 100 Bq/l, 1 000 Bq/L et 440 Bq/L en trois points différents (prélèvements du 7 avril 2014).

TEPCo a retiré 638 assemblages de la piscine du réacteur n°4 sur 1 533.

Dernière feuille de route de TEPCo, avec avancement.

Dimanche 13 avril :

• Tous les 48 réacteurs nucléaires japonais sont arrêtés. Il n’y a eu que 17 demandes de redémarrage et les inspections sur site ne pourront commencer que pour deux. Les partisans les plus optimistes du nucléaire espèrent leur redémarrage avant l’été 2014. Combien de réacteurs pourront fonctionner in fine, personne ne le sait. Beaucoup moins qu’avant la catastrophe. Et même si quelques réacteurs redémarrent, ils ne pourront pas utiliser du combustible MOx. Le Japon a fait extraire du plutonium, mais n’en consomme quasiment pas. Il en a 44 tonnes sur les bras sans perspective sérieuse d’utilisation. Cela ne l’empêche pas de continuer à vouloir démarrer l’usine de retraitement de Rokkashô-mura (Aomori) qui n’a jamais fonctionné. Le démarrage a déjà été reporté plus de 19 fois et personne ne sait non plus si elle pourra démarrer un jour.

Selon l’Asahi, l’acharnement du gouvernement japonais à vouloir extraire le plutonium des combustibles usés, et donc d’accroître son stock, inquiète les Etats-Unis à cause des risques de prolifération. Pourquoi le Japon pourrait extraire le plutonium sans utilisation crédible et pas d’autres pays ? La Corée du Sud aimerait faire la même chose mais les Etats-Unis tentent de l’en dissuader. Car, après, d’autres pays voudront faire de même. Au Japon comme ailleurs, cette technologie est déployée avec des arrières pensées militaires.

Samedi 12 avril :

• On s’en souvient, une cuve avait fui pendant un mois avant que TEPCo s’en rende compte durant l’été 2013. 300 m3 d’eau fortement contaminée s’étaient écoulée dans la nature. La NRA avait exceptionnellement classé l’événement au niveau 3 de l’échelle INES. A notre connaissance, il n’y a pas eu d’autre événement classé depuis.

On se souvient aussi que TEPCo avait largement sous-estimé la contamination bêta totale quand la concentration était élevée, car ses détecteurs saturaient. Un faute de débutant. C’était notamment le cas pour la cuve qui avait fui.

La compagnie a réévalué la quantité de radioéléments qui ont fui de la cuve : c’est passé de 80 millions de becquerels à 280 millions de becquerels ! 3,5 fois plus !

TEPCo avait fait 173 prélèvements après la fuite découverte. Elle en a ré-analysé 104. Les 69 autres sont perdus. L’eau qui a fui de la cuve est perdue. La nouvelle estimation est donc basée sur un calcul et des hypothèses non précisées dans les médias.

Elle ne peut pas aller prélever dans la cuve ?

• Après la fuite de la cuve au cours de l’été 2013, TEPCo a mis en place des jauges avec alarme dans chaque cuve qui sont reliées à un ordinateur dans un poste de contrôle. Le 8 avril 2014, deux alarmes ont sonné pendant deux heures sans personne ne s’en rende compte. Heureusement, il s’agissait de fausses alertes. Le lendemain, TEPCo a admis que les alarmes étaient inaudibles pour 433 cuves. Et pourquoi ? Parce que le son de l’ordinateur avait été coupé ! Traduction en anglais d’extraits du Maïnichi.

Vendredi 11 avril :

• Un éleveur d’Iitaté a raconté la situation de son village après la catastrophe, les mensonges des autorités, dans un livre paru en mars 2012. Il y a maintenant un projet de le traduire en anglais et un appel de fonds a été lancé.

• A l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, il faut maintenant estimer le temps pour évacuer toute la population de la zone de préparation à l’urgence nucléaire qui a un rayon de 30 km au Japon. Autour de la centrale de Higashidori (Aomori), le scénario le plus réaliste conduirait à un temps de 65 heures et 10 minutes (plus de deux jours et demi). Si la circulation peut être contrôlée efficacement, cela pourrait descendre à 27 heures et 20 minutes. En hiver avec de la neige, cela pourrait monter à 70 heures et 50 minutes (presque 3 jours). Ce scénario supposait aussi que 20% de la population était partie avant que le lieu de rassemblement ne soit spécifié soit lancé et 95% d’entre elle partira avec sa propre voiture.

Le scénario dit réaliste suppose que 60% de la population part avant que la destination soit indiquée et que 90% d’entre elle prend sa propre voiture.

• Le gouvernement a adopté plan d’orientation énergétique. Il renonce officiellement à la sortie du nucléaire prônée par le précédent gouvernement. Il maintient le programme dit de recyclage, qui consiste à retraiter les combustibles usés et utiliser du MOx dans les réacteurs où cela est permis.

Cela reste virtuel car tous les réacteurs nucléaires sont encore à l’arrêt et l’usine de retraitement n’a jamais fonctionné. Son démarrage est sans cesse repoussé.

Le plan reste très vague sur les objectifs à atteindre. Le nucléaire est qualifié d’importante source de production d’électricité en base. Les réacteurs nucléaires qui peuvent être redémarrés le seront, tout en disant qu’il faut réduire la part du nucléaire autant que possible. Là encore, cela ne veut rien dire car elle est actuellement réduite au maximum.

La part de chaque type d’énergie n’est pas spécifiée. Aucun objectif n’est fixé. Le précédent plan, daté de 2010, prévoyait 20% d’énergie renouvelable dans la production électrique d’ici 2030. Le nouveau plan parle de faire mieux, sans plus de précision. Difficile de prétendre faire moins… Pour le nucléaire, le précédent plan visait 50% à la même échéance. Le nouveau parle juste d’électricité de base. En 2012, le précédent avait promis l’arrêt complet du nucléaire en 2030.

Devant le parlement, le premier ministre a annoncé attendre le résultat de l’instruction des dossiers de demande de redémarrage et donc le nombre de réacteurs potentiellement en service avant de fixer la part du nucléaire dans le nouveau mix énergétique.

Il a ajouté que le Japon devait devenir plus sobre énergétiquement et favoriser les énergies renouvelables, mais qu’il ne pouvait pas se passer du nucléaire. Il n’a aucun projet de construire de nouveau réacteur. Mais le plan est muet à ce propos.

Les petits producteurs d’énergie renouvelable sont très déçus. Le Japan Times, dans un éditorial, parle de plan rétrograde.

• Le surgénérateur Monju, qui n’a réussi à fonctionner que quelques mois depuis 1995, a été suspendu en mai 2013 suite à des contrôles de sureté défaillants. 14 000 items n’avaient pas été contrôlés alors qu’ils auraient dû. Certains sont pourtant important pour la sûreté. En septembre dernier, le propriétaire a annoncé avoir fini de contrôler les 47 500 items. Mais, en mars 2014, la NRA a découvert qu’au moins 9 nouveaux items n’avaient pas été contrôlés sur 80 inspectés. Ils concernent le circuit secondaire de refroidissement. La NRA avait prévu d’inspecter 700 items, mais elle s’est arrêtée après 80, étant donnée la situation.

Plus grave, la NRA soupçonne des falsifications de rapport de sûreté. Il y aurait plus de 240 révisions non répertoriées dans ces rapports.

Il serait temps d’arrêter l’acharnement thérapeutique et d’arrêter définitivement ce réacteur expérimental qui est un échec technologique et un désastre financier. 1 000 milliards de yens (plus de 7 milliards d’euros) à la construction et 20 milliards de yens (150 millions d’euros) par an en maintenance. La construction de l’usine de retraitement, qui n’a jamais fonctionné, a, quant à elle, coûté 2 000 milliards de yens (14 milliards d’euros).

Dans le projet de loi d’orientation énergétique, Monju est qualifié de centre de recherche sur la réduction des déchets nucléaires. La même fable avait déjà été proposée pour Superphénix. De nos jours, aussi bien l’IRSN que l’ASN reconnaissent qu’il n’y a pas grand chose à attendre de ce côté.

• Record du jour pour la contamination de l’eau souterraine :

– dans le puits E8, situé près de la cuve qui a fui durant l’été 2013, il y a maintenant 19 Bq/L en bêta total (prélèvement du 9 avril).

Jeudi 10 avril :

• Selon les médias, la compagnie Kyûshû Electric pourrait remettre son rapport de sûreté définitif pour sa centrale de Sendaï (Kagoshima)d’ici la fin du mois. La NRA devrait pouvoir l’instruire d’ici la fin mai. Puis, devrait commencer une consultation du public sur l’avis de la NRA qui nous conduira à la fin juin 2014. Si tout va bien, la NRA pourrait alors déclarer que le réacteur satisfait aux nouveaux critères de sûreté à la fin juin 2014. Mais, ce ne sera pas fini pour autant. Il faudra encore mener des inspections sur site et obtenir l’assentiment des élus locaux.

Kyûshû Electric a demandé l’autorisation de redémarrer deux réacteurs. Son dossier est le plus avancé des 17 demandes déposées.

• Records du jour de la contamination de l’eau souterraine :

–    dans le puits E-10, situé en aval de la cuve qui a fui lors de l’été 2013, il y a maintenant 160 Bq/L en bêta total (prélèvement du 8 avril 2014). Le précédent record pour ce puits était de 54 Bq/L.

–    plusieurs records viennent d’être battus dans les puits où TEPCo a pompé de l’eau souterraine dans le but de la détourner vers la mer après contrôle. Les prélèvements ont eu lieu le 8 avril, qui correspond à la veille du pompage. Il y a maintenant, pour le tritium, 230 Bq/L dans le puits n°6, 690 Bq/L dans le puits n°7 et 1 300 Bq/L dans le puits n°12. TEPCo a limité à 1 500 Bq/L la concentration maximale acceptable avant rejet en mer. Elle s’en approche dans le puits n°12, mais elle doit compter sur l’effet de dilution avec l’eau des autres puits pour que cela n’empêche pas le rejet.

• La NRA a mis en ligne des résultats de mesure sur des sédiments marins prélevés au large de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les prélèvements datent du 10 septembre et 5 novembre 2013. Il était temps ! La contamination en césium est montée jusqu’à 2 780 Bq/kg de sédiments secs.

Mercredi 9 avril :

• L’Asahi est allé dans le district de Miyakoji où l’ordre d’évacuer a été levé le 1er avril 2014. Sur les 117 familles qui y vivaient avant la catastrophe nucléaire, 26 ont exprimé leur intention de rentrer. Deux autres l’ont déjà fait.

Il y a la crainte des radiations, l’état de la centrale qui n’est toujours pas stabilisée et l’absence de service de base comme un médecin qui freinent le retour. Une ambulance viendra-t-elle en cas de problème de santé ? Le supermarché le plus proche est à Ôkuma, à 15 minutes en voiture, mais il demeure fermé.

• TEPCo a commencé à pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs. Elle va être stockée dans des cuves tampon, contrôlée, avant d’être rejetée en mer à partir du mois prochain. Le gouvernement a promis un contrôle par un tiers. Le délai est dû à la mesure du strontium qui prend du temps. Les limites fixées par TEPCo sont ici en anglais.

1 100 m3 ont été pompés en tout.

La compagnie espère ainsi réduire de 100 m3 par jour le volume d’eau souterraine qui s’infiltre dans les sous-sols des réacteurs où elle se contamine. Actuellement, il y a environ 400 m3 par jour qui pénètrent et qui doivent être stockés dans des cuves. Cela devrait donc passer à 300 m3 par jour.

Voir le communiqué de presse de TEPCo en anglais, des photos et une vidéo peu intéressantes.

Le point sur l’eau contaminée stockée est ici en anglais.

Mardi 8 avril :

• Selon TEPCo, le démantèlement devrait générer 560 000 m3 de débris radioactifs d’ici 2027 et elle n’a pas d’emplacement pour les mettre. La compagnie en a déjà 250 000 m3. Elle veut incinérer les matériaux combustibles. Il y a en particulier le bois de la forêt que TEPCo a dû raser pour mettre des cuves de stockage de l’eau contaminée. En ce qui concerne les débris les moins radioactifs, elle veut les compresser et s’en servir pour faire des routes par exemple sur le site de la centrale. Le volume pourrait ainsi être réduit à 220 000 m3. Il manque actuellement des capacités de stockage pour 160 000 m3.

Le cœur des réacteurs avec les déchets les plus radioactifs ne sera pas démantelé avant 2027 et n’est donc pas pris en compte dans ce bilan.

• 79 marines américains ont porté plainte contre TEPCo et réclament 1 milliard de dollars d’indemnisation. Ils prétendent que TEPCo a menti sur le niveau de contamination de la zone où ils effectuaient des opérations humanitaires.

C’est la deuxième fois qu’une plainte est déposée aux Etats-Unis à ce propos. La précédente n’avait pas abouti car elle avait été déposée contre le gouvernement japonais et le tribunal s’était déclaré incompétent.

TEPCo prétend qu’il n’est pas plausible que le commandement du navire dépende des informations de TEPCo pour garantir la sécurité de son équipage.

• Records du jour dans les niveaux de contamination de l’eau souterraine :

–    il y a maintenant 4 100 Bq/L en bêta total dans l’eau du puits 1-17 situé près du rivage (prélèvement du 7 avril 2014).

–    l’eau de mer au niveau de la prise d’eau entre les réacteurs 3 et 4 est maintenant à 430 Bq/L en bêta total (prélèvement du 7 avril 2014).

–    il y a maintenant 13 000 Bq/L en tritium dans l’eau souterraine du puits 1-8 situé près du rivage (prélèvement du 31 mars 2014).

Lundi 7 avril :

• Record de contamination du jour dans l’eau souterraine :

–    Il y a maintenant 54 Bq/l en bêta total dans l’eau du puits E-10 situé près de la cuve qui a fui durant l’été 2013 (prélèvement du 4 avril).

TEPCo a retiré 594 assemblages de la piscine du réacteur n°4, dont 22 neufs.

• Selon deux articles du Maïnichi (ici et ici), 70 personnes âgées se sont fait arnaquer par des escrocs qui leur ont vendu des forêts de Fukushima à 1000 fois leur vraie valeur. Les victimes auraient perdu des sommes allant d’un million de yens (7 200 euros) à 54 millions de yens (386 000 euros).

Des gangs, qui avaient déjà escroqué des gens par le passé, les ont rappelés en leur promettant de les rembourser. Des menaces ont aussi été proférées contre eux et leur famille. Puis, une autre personne leur propose d’investir dans de la forêt à Fukushima afin d’aider à l’effort de reconstruction du pays. Il a aussi promis que le gouvernement rachèterait la parcelle par la suite. Cet argument d’aider la région a fait pencher la balance pour certains.

• Les pêcheurs, qui ont accepté le projet de TEPCo de pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs pour la rejeter en mer avant qu’elle ne se contamine plus, ont fait des requêtes au ministre de l’industrie. Ils demandent, entre autres, qu’une tierce expertise soit faite sur l’eau des cuves tampon avant rejet en mer, et que le gouvernement les aide à lutter contre les « rumeurs néfastes ».

Le ministre a répondu qu’il verrait ce qu’il peut faire. La tierce expertise est bien la moindre des choses.

• L’ordre d’évacuer a été levé dans le district de Miyakoji à Tamura. L’école a aussi rouvert. Lors de la cérémonie de rentrée qui a eu lieu ce jour, il n’y avait que 4 nouveaux. Le nombre d’enfants a été divisé par 3.

60% des enfants viendront en bus car leur famille n’est pas rentrée. Ils auront jusqu’à une heure de transport.

Deux magasins ont aussi ouvert dans des bâtiments préfabriqués dans ce district. Ils sont soutenus financièrement par les autorités et tenus par des employés municipaux. Il s’agit de faciliter la vie des habitants qui ont choisi de rentrer et de vendre des produits locaux.

Chikurin-sha, le laboratoire japonais de mesure de la radioactivité, soutenu et équipé par l’ACRO, a mis en ligne une base de données avec tous ses résultats de mesure. C’est ici en japonais.

Il travaille actuellement dans les zones où les autorités ont levé l’ordre d’évacuer ou s’apprête à lever cet ordre.

Dimanche 6 avril :

• Les autorités locales doivent préparer un plan d’évacuation dans un rayon de 30 km autour de chaque centrale nucléaire et, à l’instar de ce qui est exigé aux Etats-Unis, elles doivent aussi évaluer le temps d’évacuation. Selon l’agence Kyodo, cette estimation a pris de retard dans 11 provinces concernées sur 21 : Aomori, Fukui, Fukuoka, Saga, Nagasaki, Kagoshima, Fukushima, Niigata, Shizuoka, Tottori et Shimané.

• Le gouvernement devrait sélectionner deux ou trois universités où il va favoriser le développement de la recherche sur le démantèlement. Un centre de recherche, coordonné par lRID, devrait être installé à Naraha, à proximité de la centrale de Fukushima daï-ichi. Le nombre d’étudiants qui choisissent l’énergie nucléaire est en baisse au Japon.

• Le colloque “Pérégrinations en territoire radiocontaminé“, qui s’est tenu à Lyon le 10 janvier 2014, est visible en ligne. Il y a 7 vidéos.

Samedi 5 avril :

• TEPCO peut actuellement stocker jusqu’à 480 000 m3 d’eau contaminée dans ses cuves, qui sont pleines à 90% et elle compter porter cette capacité à 800 000 m3 d’ici mars 2015. Elle installe maintenant des cuves préfabriquées qui arrivent par bateau.

• La chambre basse du parlement japonais a voté en faveur de l’exportation de technologie nucléaire en Turquie et aux Emirats Arabes Unis. Les deux partis au pouvoir, dont le parti bouddhiste, ont voté pour. Le principal parti d’opposition, qui était au pouvoir au moment de la triple catastrophe, a aussi voté pour. Certains de ses élus s’y sont opposés. L’ancien premier ministre, Naoto Kan, qui s’oppose maintenant à l’énergie nucléaire, était opportunément absent.

Le passage devant la chambre haute devrait avoir lieu avant l’été.

Avant 2011, la sûreté du matériel nucléaire exporté devait être garanti par l’autorité de sûreté. La NISA mettait le tampon requis sans rechigner, mais la nouvelle autorité, la NRA, s’y refuse, arguant que ce n’est pas son rôle, étant indépendante.

Il n’est même pas sûr que les réacteurs exportés satisfassent aux nouvelles règles japonaises, prétendument les plus strictes au monde. Le ministère des affaires étrangères veut donc mettre en place un nouveau système de contrôle pour l’exportation.

En Turquie, comme au Japon avant l’accident, l’autorité de sûreté nucléaire n’est pas indépendante.

Comme tous les vendredis, il y a eu des manifestations anti-nucléaire devant le siège du premier ministre et les parlement. La 96ième, qui a eu lieu la veille, a rassemblé environ 350 personnes.

• Les déchets radioactifs issus de la décontamination ne devraient rester que 30 ans maximum dans les deux centres de stockage prévus à cet effet, si l’on en croit les autorités. Après, les déchets seront stockés définitivement en dehors de la province de Fukushima. Interrogés par le Fukushima Minpo, 82,7% des habitants de Fukushima ne croient pas à cette fable. Ils sont 71,5% a penser qu’une loi en ce sens serait nécessaire.

• Selon l’agence de la reconstruction, le terrain a été trouvé pour 3 741 logements pour les évacués de la catastrophe nucléaire. Il reste encore à trouver des terrains pour 1 149 unités. Ce devrait être fait d’ici septembre prochain. Le but est d’avoir tout construit d’ici septembre 2016.

Vendredi 4 avril :

• TEPCo communique sur sa nouvelle entreprise dénommée Fukushima Daiichi D&D Engineering Company. D&D signifie Decommissioning et Decontamination, c’est à dire, Démantèlement et Décontamination.

Présentation de la compagnie en anglais et de sa structure. Communiqué de presse.

• Records du jour dans la contamination de l’eau souterraine :

–    près du rivage, dans le puits 2-8 : 1 400 Bq/L en tritium (prélèvement du 30 mars) ;

–    dans le puits 3-4, c’est la contamination en césium 137 de l’eau qui a atteint sa valeur la plus élevée en ce lieu avec 5,4 Bq/L (prélèvement du 2 avril).

• Réacteur n°3 : TEPCo a fini de démantelé la partie supérieure du bâtiment réacteur, a commencé à retirer une partie des débris de la piscine et va couvrir le haut du bâtiment pour réduire le débit de dose. Une structure analogue à celle construite sur le réacteur n°4 va être mise en place. Elle devra aussi réduire le débit de dose autour du réacteur.

Documents en japonais sur le retrait des débris et sur la protection de la partie haute.

• TEPCO a mis en ligne une vidéo en anglais de présentation de son projet de détournement de l’eau souterraine dans le but de réduire les infiltrations dans les sous-sols où elle se contamine. Cela devrait commencer en mai. Cette vidéo n’est pas sur sa page en japonais.

Basée sur une maquette qui ressemble à du sucre, tout est blanc, propre, net. Le commentateur a quelques raccourcis qui tentent de dédouaner TEPCo :

–    il dit que la centrale est au pied de la colline, sur le trajet de l’eau souterraine, mais ne dit pas que TEPCo a rasé la falaise pour y placer les réacteurs à cet endroit ;

–    quand la compagnie explique qu’elle espère ainsi réduire les infiltrations dans les sous-sols, elle retire des cuves pleines d’eau contaminées de l’image. Mais l’eau souterraine continuera à s’infiltrer et TEPCO continuera à construire des cuves de stockage, à un rythme moins soutenu.

–    le mur face à la mer n’arrêtera pas l’eau car on n’arrête pas un écoulement. Il va juste faire que l’eau choisira d’autres chemins pour finir dans l’océan.

Le commentateur dit que l’eau en amont n’est pas contaminée, mais qu’elle va être contrôlée. Il mentionne qu’elle pourrait transporter de la contamination collectée en surface. Dans les faits, cette eau souterraine pompée en amont est contaminée en tritium, jusqu’à 1 200 Bq/L ! Il suffit de regarder les résultats de mesure des derniers prélèvements.

Le tritium vient des cuves, pas de la pollution des sols. Quant aux contrôles en bêta total, ils indiquent tous « ND », qui signifie non-détecté, mais la limite de détection choisie est très élevée : 16 Bq/L. Pour les rejets d’eau de pluie contaminée, TEPCo s’est fixé une limite de 10 Bq/L en strontium à ne pas dépasser. Pourquoi ce ne serait pas la même chose pour l’eau souterraine ?

TEPCO s’engage à publier ses résultats de mesure dans les cuves tampon avant rejet en mer, mais ne parle toujours pas d’analyse faite par des tiers pour contrôler son travail. Elle s’est pourtant déjà trompée plusieurs fois dans ses mesures.

Certains articles de presse mentionnent que les contrôles seront faits le premier mois et qu’il y aura un laboratoire tiers. Et après un mois ?

Jeudi 3 avril :

• Comme annoncé, la ville de Hakodaté à Hokkaïdô a entamé une action en justice pour arrêter les travaux de construction du réacteur nucléaire d’Ôma (Aomori).

Il s’agit d’un réacteur de type nouveau qui doit fonctionner entièrement au combustible MOx.

• Le Japon a levé l’alerte au tsunami suite au séisme chilien. La vague la plus haute a fait 60 cm à Iwaté. L’industrie nucléaire a beaucoup communiqué pour mettre en avant les précautions prises.

Voir, par exemple, le communiqué de TEPCo qui a suspendu les prélèvements le long du rivage.

Seuls deux petits records de contamination ont donc été battus :

–    près des cuves, en amont des réacteurs, dans le puits F1, il y a maintenant 25 Bq/L en bêta total (prélèvement du 1er avril 2014). Ce puits est en amont de la cuve qui a fui.

–    près du rivage, dans le puits 3-5, il y a maintenant 300 Bq/L en bêta total (prélèvement du 2 avril 2014).

• L’union européenne a assoupli ses contrôles des aliments importés du Japon suite à l’évolution de la situation sur place.

Voir les nouvelles règles en français.

Mercredi 2 avril :

• Cela a déjà été dit et répété sur cette page, au moins un tiers du parc nucléaire japonais ne redémarrera jamais. Deux PDG de compagnie d’électricité ont même avoué que l’arrêt définitif de certains réacteurs âgés était une option. L’agence de presse Reuters a aussi fait un décompte et est arrivé au même résultat : elle estime que seulement un tiers du parc nucléaire japonais pourra redémarrer, au grand maximum les deux tiers.

14 pourraient redémarrer, selon Reuters, même si cela prendra du temps. Pour 17 autres, c’est moins certain. Enfin, pour les 17 derniers, c’est quasiment sans espoir. L’agence a, pour cela, interrogé une douzaine d’experts et les compagnies d’électricité.

17 demandes de redémarrage ont été déposées.

• On s’en souvient, la station de traitement des eaux usées, ALPS, est tombée en panne et de l’eau supposée décontaminée, qui ne l’était pas, a potentiellement contaminé 21 cuves toutes neuves. TEPCo admet la contamination de 9 d’entre-elles. Ces cuves ont été vidées et des ouvriers les nettoient à la main.

• Suite au séisme au large du Chili, TEPCo a suspendu les opérations près du rivage. L’Agence météo a annoncé qu’un tsunami d’un mètre pouvait toucher le Japon.

• Kyûshû Electric Power a, à son tour, demandé une aide financière publique. La compagnie espère que la Banque du développement du Japon achète pour 100 milliards de yens (700 millions d’euros) d’actions préférentielles.

• Le Comité scientifique des Nations Unies sur les effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) a rendu public son rapport de 321 pages sur les conséquences sanitaires de l’exposition à la radioactivité à Fukushima. Pas encore lu.

Page 108, le rapport explique avoir utilisé nos résultats de mesure au Japon. Page 111, Greenpeace est aussi mentionnée pour les contrôles sur le milieu marin, sachant que c’est l’ACRO qui a fait les mesures.

Le communiqué de presse est ici en anglais.

Mardi 1er avril 2014 :

• Le ministre de l’environnement a annoncé que les travaux de décontamination sont terminés à Ôkuma, Naraha et Kawauchi.

• La compagnie Hokkaïdô Electric Power Co a demandé une injection de capitaux de 50 milliards de yens (351 millions d’euros), à la Banque du développement du Japon, contrôlée par l’Etat.

La banque pourrait acheter des parts spéciales qui ne lui donne pas de droit de vote mais donne la priorité en cas de dividendes. Outre TEPCO, c’est la première compagnie d’électricité japonaise à demander de l’aide.

• Records du jour dans l’eau souterraine :

–    près des cuves, en amont des réacteurs, il y a maintenant 5 500 Bq/L en tritium dans le puits E3 (prélèvement du 30 mars).

–    entre les réacteurs et la mer, dans le puits 1-14, il y a maintenant 1 800 Bq/L en bêta total (prélèvement du 31 mars).

Ces records battus jours après jours montrent bien que la contamination souterraine s’aggrave.

En revanche, du côté des cuves de la zone G, où il y a eu un débordement, la situation s’améliore. Il n’y a « plus » que 53 Bq/L en bêta total et 250 Bq/l en tritium dans le puits G2 (prélèvement du 30 mars).

• Le 1er avril correspond au premier jour de l’année fiscale et administrative au Japon. TEPCo a un nouveau président et est maintenant séparée en deux entités : une dédiée à la production, transport et vente d’électricité, l’autre au démantèlement et à la décontamination.

En ce qui concerne l’électricité, les compagnies japonaises bénéficiaient d’un monopole régional qui leur assuraient une rente confortable et leur permettait d’arroser financièrement toute leur région pour continuer à bénéficier de cette position confortable. L’ouverture du marché interne va changer la donne dans un contexte difficile avec l’arrêt complet du parc nucléaire. TEPCo doit donc changer sa culture d’entreprise et va se développer à l’international.

En ce qui concerne la partie démantèlement, elle va être associée avec les grandes industries nucléaires japonaises (Hitachi, Toshiba et Mitsubishi) dans le but d’être, à terme, les mieux placés dans l’immense marché mondial du démantèlement nucléaire qui s’ouvre.

Telle est la mission du nouveau président présentée dans un communiqué de presse.

• Comme toutes les fins de mois, TEPCo a mis en ligne les dernières statistiques sur les doses enregistrées des 32 546 travailleurs qui sont passés sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi avant le 28 février 2014, dont 28 426 sous-traitants. En février 2014, il y a eu 530 nouvelles personnes, dont 512 sous-traitants, sur les 5 504 travailleurs qui y sont passés.

Il y a 636 travailleurs spéciaux qui ont une limite de dose plus élevée.

• TEPCo a apporté une station de décontamination mobile en vue de décontaminer l’eau de la piscine du réacteur n°3. Des photos et explications en japonais uniquement.

Dernier bilan de la pollution marine par la NRA.

Lundi 31 mars :

• Comme déjà annoncé, l’ordre d’évacuer le district de Miyakoji à Tamura va être levé le 1er avril 2014. Les habitants peuvent déjà dormir chez eux. En revanche, c’est le début du compte à rebours pour les indemnisations qui se tariront dans un an.

Il y a 357 personnes enregistrées dans ce district. 44% veulent rentrer définitivement, selon les statistiques officielles, mais pas forcément dans l’immédiat.

• Presque à chaque jour ses records de pollution dans les nappes phréatiques :

–    près des cuves, en amont des réacteurs, dans le puits E3, il y a maintenant 5 200 Bq/L en tritium (prélèvement du 29 mars) ;

–    près du rivage, dans le puits 2-7, il y a maintenant 640 Bq/L en bêta total (prélèvement du 28 mars) ;

–    au pied du réacteur n°1, dans le puits 1-6, il y a 770 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 27 mars).

• TEPCo a mis en ligne, en japonais uniquement, plus d’explications et de photos sur les circonstances du décès survenu vendredi 28 mars dernier.

Plan de transfert de déchets radioactifs de TEPCo pour l’année fiscale qui commence le 1er avril.

Dimanche 30 mars :

• TEPCo et le gouvernement ont réussi à convaincre les pêcheurs d’accepter le rejet en mer de l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Cela devrait permettre de réduire les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs et donc la quantité d’eau qui s’accumule jours après jours.

Les rejets en mer devraient débuter en mai prochain, après la pêche des lançons juvéniles qui a lieu en avril.

• ALPS, la station expérimentale de traitement de l’eau contaminée, a, de nouveau, été complètement arrêtée suite à la panne sur une pompe. Les arrêts et redémarrages s’enchaînent depuis le 18 mars. Une seule des trois chaînes ne fonctionnait. Elle a pu être redémarrée, une fois la pompe réparée.

• TEPCO a repris les opérations dans la piscine du réacteur n°4.

• En 2007, le maire de Toyo (Kôchi, sur l’île de Shikoku) s’était porté volontaire pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs. Il voulait ainsi améliorer les finances de sa commune. La population n’a pas accepté et il a perdu son poste. En 2012, le nouveau maire a décidé de construire une centrale solaire de 45 000 m2 sur le terrain prévu à cet effet. Cette centrale vient juste d’être reliée au réseau.

Samedi 29 mars :

• Retour sur le décès d’un ouvrier la veille. Son transport à l’hôpital, situé à 40 km, a été fait par ambulance. Il a fallu plus d’une heure de route pour atteindre l’établissement où le décès a été confirmé. Il s’était alors écoulé plus de trois heures depuis l’accident.

Des ouvriers réclament un hélicoptère médicalisé.

• Les partis au pouvoir n’ont pas réussi à s’entendre sur la politique énergétique du pays. Le plan gouvernemental propose des orientations sans se fixer aucun objectif. Des termes comme « favoriser les énergies renouvelables » sonnent donc creux. Le nouveau Kômeitô, le parti bouddhiste, membre de la coalition, réclame des objectifs chiffrés. Il veut un minimum de 20% d’électricité renouvelable à partir de 2030. C’est 10% actuellement, essentiellement de l’hydraulique. Le Parti Libéral Démocratique, le principal parti au pouvoir, est en phase avec cette demande. Mais, pour le moment, les ministres de l’environnement et de l’industrie ne tiennent pas le même discours. Et c’est rarement l’environnement qui gagne…

• 83 323 personnes, soit 14% des électeurs, avaient demandé à l’assemblée régionale de Shimané de s’opposer au nucléaire, mais les élus ont rejeté la demande sous le prétexte qu’il ne leur appartenait pas de fixer la politique énergétique. C’est au gouvernement de le faire.

La centrale de Shimané est située à Matsué, la capitale régionale. En cas d’accident, les perturbations sociétales et économiques seront donc plus fortes qu’à Fukushima.

• Le PDG de Shikoku Electric a aussi laissé entendre qu’il envisageait d’arrêter définitivement le réacteur n°1 de sa centrale d’Ikata (Ehimé) qui a 37 ans.

Vendredi 28 mars :

• Un travailleur a été enseveli sous des gravats et de la terre lors de travaux d’excavation près d’une zone destinée à l’entreposage de déchets radioactifs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il a été transporté à l’hôpital où son décès a été confirmé. Il était à l’intérieur d’un trou de 2 m de profondeur au moment de l’effondrement et a été enseveli.

Il s’agissait d’un sous-traitant. Une enquête de police a été ouverte.

Voir le communiqué de TEPCo. Des photos du trou sont en ligne avec des explications en anglais.

• L’arrêt du pont roulant qui permet de retirer les combustibles de la piscine du réacteur n°4 serait dû à une erreur humaine, selon TEPCo. Un travailleur a actionné le pont alors que le frein de sécurité était mis. Il n’a donc pas bougé. Après s’être aperçu de l’erreur, il a débloqué le frein, mais une alarme avait tout bloqué pour protéger le moteur. Les opérations devraient pouvoir reprendre rapidement.

• La compagnie d’électricité du Tôhoku, basée à Sendaï (Miyagi), va réclamer une indemnisation à TEPCo. La facture s’élève à 170 millions de yens (1,2 million d’euros) et prend en compte le déplacement des installations de la compagnie en dehors de la zone d’évacuation et du matériel de protection contre la radioactivité.

Une autre demande devrait suivre pour compenser la perte de clients et les pertes financières.

Tôhoku Electric avait aussi un projet de centrale nucléaire à Namié qui est maintenant en zone évacuée. Ce projet est abandonné, mais la compagnie de réclamera pas de compensation pour les 18 milliards de yens (130 millions d’euros) déjà investis car c’est juridiquement difficile. Elle n’avait pas fini d’acheter les terrains et la population pourrait être choquée.

Le PDG de Tôhoku Electric a dit avoir attendu que les particuliers soient indemnisés pour faire sa requête.

Les centrales nucléaire de Fukushima, propriété de TEPCo, fournissaient Tôkyô. Les habitants de Fukushima sont fournis par Tôhoku Electric.

• C’est un secret de Polichinelle, une partie du parc nucléaire japonais ne redémarrera jamais, mais aucune compagnie d’électricité ne l’a avoué jusqu’à maintenant. Le PDG de Chugoku Electric Power Co a dit, pour la première fois, que l’arrêt définitif du réacteur n°1 de la centrale de Shimané, qui a 40 ans, était une option. L’investissement pour le remettre aux nouvelles normes de sûreté est probablement trop élevé.

Il s’agit d’un réacteur de 460 MWé qui aura exactement 40 ans le 29 mars 2014 et est arrêté depuis mars 2010 après qu’il a été découvert que plusieurs pièces n’avaient pas été suffisamment contrôlées.

Le maire de Matsué, qui héberge la centrale, est en faveur de l’arrêt définitif. Il y a un deuxième réacteur de 820 MWé. Un troisième, dont la construction a débuté en 2007, était prévu, mais les travaux sont toujours arrêtés, alors qu’ils étaient avancés à 94%.

Cette compagnie, comme de nombreuses autres, envisagent maintenant de construire des centrales thermiques et c’est le charbon qui a leur faveur, en raison de son coût.

Une liste des nouveaux projets est donnée par Reuters.

Jeudi 27 mars :

• Il y avait 54 réacteurs nucléaires commerciaux au Japon au début de 2011. Quatre ont été détruits à Fukushima et deux autres arrêtés définitivement. Le chiffre officiel est donc passé à 48.

Suite à la mise en place de nouvelles règles de sûreté, le 8 juillet 2013, aucun réacteur n’est autorisé à fonctionner. Depuis, des dossiers de demande d’autorisation de redémarrage n’ont été déposés que pour 17 réacteurs. Mais comme l’instruction des dossiers prend du temps et qu’aucun réacteur ne fonctionne, la NRA a proposé de sélectionner dix réacteurs à inspecter en priorité. Les unités 1 et 2 de la centrale de Sendaï à Kagoshima, sur l’île de Kyûshû, ont été récemment classées comme prioritaires. Et cela risque d’être tout avant l’été 2014… Quelle performance ! 2 réacteurs sur 54 potentiellement aptes.

Les autres compagnies n’ont pas soumis leur étude sur les mouvements potentiels du sol avant la date limite du 26 mars ou elles ont été jugées insuffisantes, comme à Ikata et Genkai. Ces données servent à l’évaluation de la résistance aux séismes des installations.

• Une des trois lignes de traitement d’ALPS, la station supposée résoudre les problèmes d’eau contaminée, a de nouveau été arrêtée alors qu’elle venait à peine d’être remise en route. Il n’y a plus qu’une ligne en cours de test.

• Les jours se suivent et se ressemblent en ce qui concerne la contamination des nappes phréatiques : encore des records de contamination battus dans certains puits.

Toujours 7 000 Bq/L en tritium dans le puits G2 situé près de la cuve qui a débordé récemment (prélèvement du 25 mars 2014). Dans les puits de pompage situés en amont des réacteurs, record aussi pour les n°5 et 6 avec, respectivement, 48 et 210 Bq/L en tritium (prélèvement du 25 mars 2014). Au pied des réacteurs, c’est la contamination bêta totale des puits 2-2 et 2-7 qui arrive à 570 et 620 Bq/L respectivement (prélèvement du 26 mars 2014).

C’était notre rubrique « la situation est sous contrôle ».

• Le gouvernement a remis au gouverneur de Fukushima et aux maires de 8 communes son plan relatif à la création de deux centres d‘entreposage de déchets radioactifs issus de la décontamination.

Mercredi 26 mars :

• La commune de Hakodaté sur l’île de Hokkaïdô a confirmé qu’elle allait porter plainte contre la reprise de la construction de la centrale nucléaire d’Ôma dans la province voisine d’Aomori. Le conseil municipal a donné son accord à l’unanimité. La commune est à 23 km de la centrale et craint les conséquences d’un accident.

Les travaux de construction avaient été arrêtés en 2011 pour reprendre en 2012. L’exploitant espère déposer le dossier de demande d’autorisation de démarrer cet automne pour ce réacteur à eau bouillante prévu pour utiliser du MOx.

• TEPCO a suspendu la reprise des combustibles usés de la piscine de son réacteur n°4 suite à un problème sur le pont roulant qui permet de soulever les assemblages. Une alarme a sonné à 9h30 et a tout stoppé. Il n’y a pas d’assemblage de suspendu.

528 assemblages sur 1 553 ont été retirés. 22 autres sont dans le container de transport.

• Selon le ministère de la santé, TEPCO a sous-estimé la contamination interne de 142 personnes en 2011. L’augmentation moyenne de la dose reçue est de 5,86 millisieverts. Une personne est passée de 90,27 à 180,10 millisieverts, ce qui représente une hausse de 89,83 millisieverts. En dépassant la limite de 100 mSv à ne pas dépasser sur 5 ans, cette personne aurait dû arrêter ses activités à la centrale. Cela n’a pas été le cas. Deux autres dépassent la limite annuelle de 50 mSv.

Sur ces 142 personnes, il y a 24 employés de TEPCo. Les 118 autres sont des sous-traitants employés par 18 compagnies différentes.

Le gouvernement a vérifié l’exposition de 1 536 personnes sur les 7 529 qui sont intervenues en mars – avril 2011. Cela fait plus d’une personne sur 9 pour qui il y a eu sous-estimation ! Et si l’on se souvient que les travailleurs n’avaient pas dosimètre individuel dans les premières semaines, la ré-estimation est peut-être encore minorante. Le ministère critique la méthode d’évaluation des doses faite par TEPCo et demande à la compagnie de suivre les règles établies. Elle a, notamment, sous-estimé l’exposition de ceux qui ont pris des tablettes d’iode pour protéger leur thyroïde.

En juillet dernier, le ministère de la santé avait déjà trouvé que les doses reçues par 642 personnes sur 1 300 avaient été sous-estimées.

• Il y a environ 5 000 vannes sur toute la tuyauterie mise en place par TEPCo depuis le début de l’accident. Les bonnes pratiques veulent que l’on mette une étiquette informative sur chacune d’entre elles pour éviter les erreurs, comme il y a déjà eu. C’est ce qui est fait dans les centrales nucléaires. TEPCo avait négligé cet aspect et n’a commencé à étiqueter les vannes qu’à partir du 21 octobre 2013. Il y a actuellement environ 3 500 étiquettes. Il en reste donc 1 500 à mettre. Cela ne devrait pas être fait avant le 27 juin 2014.

En fait, TEPCo ne sait déjà plus à quoi servent certaines vannes et doit vérifier avant de les étiqueter.

Le débordement de la cuve du mois dernier était dû à des vannes laissées en position ouverte alors qu’elles auraient dû être fermées.

• Le New-York Times avait consacré une enquête aux conditions de travail déplorables à la centrale de Fukushima daï-ichi. Cela n’a pas plu à TEPCo qui a envoyé un droit de réponse : que du blabla lénifiant qui ne répond pas aux problèmes et cas très précis soulevés.

• La contamination en tritium de l’eau souterraine à proximité de la cuve qui a débordé récemment continue d’augmenter de jour en jour. On est à 7 000 Bq/L dans le puits G2 (prélèvement du 24 mars).

Près du rivage, c’est la contamination bêta totale du puits 1-17 qui vient battre son propre record avec 3 500 Bq/L (prélèvement du 24 mars).

Entre le rivage et la barrière mise en place dans le port, c’est la contamination en césium qui a battu son propre record : 31,6 Bq/L (prélèvement du 24 mars).

Mardi 25 mars :

• Le Maïnichi révèle que le gouvernement a retenu des données sur la contamination de villages où une levée de l’ordre d’évacuer est prévue à court terme parce que les résultats étaient trop élevés et auraient pu « effrayer » les habitants.

Selon les documents obtenus par le quotidien, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA, le CEA japonais) et le National Institute of Radiological Sciences (NIRS) ont déposé des dosimètres dans le district de Miyakoji à Tamura, dans les villages de Kawauchi et Iitaté et les ont laissés plusieurs jours. Ils étaient mis dans les classes et les cours d’école, dans des maisons et d’autres bâtiments… et même dans les champs et la forêt. Le but était d’évaluer la dose des habitants qui pourraient retourner, en se basant sur le fait qu’ils passeront 8 heures par jour à l’extérieur et 16 heures à l’intérieur.

Les données récoltées ont été transmises au cabinet gouvernemental qui les a comparées à celles obtenues par les dosimètres individuels qui gens qui vont et viennent. Les nouveaux résultats étaient beaucoup plus élevés que les anciens. Ils n’ont pas été publiés car le but était de montrer combien les risques étaient faibles… C’est à Kawauchi que l’écart était le plus élevé. Là où le gouvernement espérait des doses de 1 à 2 mSv/an (l’article écrit par jour, mais ce doit être une erreur car ce serait beaucoup trop élevé pour faire retourner les habitants), elles étaient de 2 à 6,6 mSv/an.

Le gouvernement a donc demandé aux experts de refaire leur calculs avec un mode de vie moins pénalisant : 6 heures par jour à l’extérieur pour un agriculteur. Les nouveaux résultats ont été remis récemment aux autorités qui s’apprêtent à les publier.

Voici quelques données de débit de dose dans la zone des 20 km, sans carte.

• En mai 2013, afin de favoriser le retour des évacués à Fukushima, le gouvernement a mis en place un guichet spécifique dans 7 bureaux d’agences pour l’emploi situés dans 5 provinces. En janvier 2014, cela avait entraîné le retour de… 18 personnes.

• TEPCO est en train de créer une filiale spécialisée dans le démantèlement et la décontamination. Elle devrait être mise en place le 1er avril prochain, qui correspond au début de l’année administrative et fiscale au Japon. Des représentants des trois grandes compagnies industrielles japonaises impliquées dans le nucléaire, Hitachi-GE Nuclear Energy, Toshiba et Mitsubishi Heavy Industries, siègeront dans la nouvelle branche et conseilleront le PDG.

Voir son communiqué de presse.

• TEPCo a re-redémarré les lignes A et C de sa station ALPS.

• La contamination en tritium du puits G2 situé à proximité de la cuve qui a récemment débordé continue à augmenter : il y a maintenant 6 300 Bq/L (prélèvement du 23 mars 2014).

• TEPCo a mis en ligne quelques résultats de mesure sur la contamination des sols. Elle indique le nom du labo qui a fait la mesure. Les mesures datent de 2013. Mieux vaut tard que jamais… Cela monte jusqu’à 263 000 Bq/kg de sol sec pour le césium.

• TEPCo a mis en ligne, comme tous les mois, des données sur la contamination des poissons pêchés dans un rayon de 20 km au large de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Les poissons de fond sont les plus contaminés et dépassent parfois les 100 Bq/kg, limite à ne pas dépasser pour la commercialisation.

Les poissons pêchés dans le port devant la centrale sont, quant à eux, beaucoup plus contaminés : une sole atteint 142 000 Bq/kg.

• Jean-Claude Zerbib fait le point sur le retrait des combustibles de la piscine du réacteur n°4 dans une note à télécharger.

• Timothy Mousseau et Anders Pape Møller, spécialistes de l’impact de la radioactivité sur les écosystèmes, ont étudié la décomposition de la litière des sols forestiers en Ukraine. Il s’agit là d’une étape importante pour la vie des forêts : la vie des plantes, et donc des herbivores, en dépend.

D’après ces auteurs, on savait déjà que la contamination radioactive réduit la diversité et l’abondance des invertébrés du sol jusqu’à un facteur 30 au-delà des 3 km de la centrale de Tchernobyl, ce qui contribue à la réduction de la population des oiseaux qui se s’en nourrissent.

Dans cette nouvelle étude, ils ont déposé des feuilles de végétaux non contaminés sur des sols forestiers autour de Tchernobyl. Ils ont aussi déposé ces matériaux dans 155 sacs en nylon avec une petite maille pour empêcher les invertébrés les plus gros d’y pénétrer. Ils ont aussi mis sur les mêmes sites 400 sacs avec une maille plus large afin de les laisser pénétrer. Ils voulaient ainsi comparer la décomposition due aux microorganismes seuls et celle due aux microorganismes et invertébrés. La litière et les sacs ont été déposés sur un même site en septembre 2007, en des lieux avec différents niveaux de rayonnement ambiant. Ils y sont restés 9 mois, jusqu’en juin 2008.

L’épaisseur de la litière déposée sur le sol a été remesurée en mai 2013.

Ils ont trouvé une baisse de la perte de masse de la litière dans les lieux où le rayonnement ambiant est le plus important, sans effet de seuil. Il n’y avait pas de différence significative entre les sacs à petites mailles et ceux à grosses mailles. La litière était plus épaisse dans les lieux où la décomposition des feuilles dans les sacs était la plus faible, comme attendu.

La contamination radioactive induit donc une diminution de la décomposition des végétaux et a donc des conséquences sur toute la vie des forêts. La différence du taux de décomposition a atteint 40% entre les sites les plus contaminés et les moins contaminés. Le débit de dose y était 2 600 plus élevé.

Le fait que la litière se décompose moins vite augmente le risque incendie.

Article en accès payant.

Lundi 24 mars :

TEPCo a reçu 65,7 milliards de yens (470 millions d’euros) d’aide. Il s’agit du 26ième versement.

• Un groupe de résidents et d’experts a rédigé un plan de reconstruction pour la ville de Tomioka et ses 14 000 réfugiés. La gare de Tomioka devrait devenir le centre du nouveau bourg car les niveaux de contamination y sont relativement bas. Mais c’est aussi une zone proche de la mer, détruite par le tsunami. Il faut y reconstruire des logements, commerces, services…

Le groupe demande aussi l’organisation d’événements pour maintenir le lien social entre les habitants dispersés dans tout le Japon. Car les travaux de reconstruction n’avancent pas vite.

Le maire a expliqué qu’il faisait tout son possible pour améliorer la situation et qu’il allait revoir le plan de reconstruction de la ville.

• TEPCo a remis en route les unités A et C de sa station de traitement ALPS après 6 jours d’arrêt. L’unité B reste arrêtée. Mais elle dû les arrêter à nouveau, après 6 heures de fonctionnement… Il y avait une fuite. Un demi-litre aurait fui.

• Il y a 120 Bq/l en bêta total dans l’eau souterraine d’un puits situé à proximité de la cuve où il y a récemment eu un débordement de 100 m3 d’eau contaminée. La contamination en tritium y est de 140 Bq/L. (Prélèvement du 19 mars 2014). Ces valeurs sont passées, respectivement à 240 et 150 le lendemain. Dans le prélèvement du 22 mars, le tritium monte à 4 600 Bq/L.

• La coopérative de pêche de Sôma-Futaba a donné son accord à ce que de l’eau souterraine, pompée en amont des réacteurs, soit rejetée en mer. Celle d’Iwaki devrait suivre.

TEPCo a rasé la falaise pour mettre les réacteurs au niveau de la mer lors de l’installation de la centrale. Les sous-sols des réacteurs se sont retrouvés sur le passage de l’eau souterraine. Avant la catastrophe, la compagnie devait pomper 1 000 m3 par jour pour rabattre la nappe et éviter les infiltrations. Cela s’est arrêté avec la catastrophe et 400 m3 d’eau souterraine pénètrent quotidiennement dans les sous-sols où elle se mélange à l’eau de refroidissement, fortement contaminée. Ces 400 m3 s’ajoutent, jour après jour, au stock d’eau contaminée.

TEPCo veut à nouveau pomper cette eau en amont et espère réduire ainsi les infiltrations et l’eau contaminée qui s’accumule de 100 m3 par jour. L’eau devrait être mise dans une cuve tampon pour être contrôlée avant d’être rejetée. La limite est de 1 Bq/L pour le césium et 1 500 Bq/L pour le tritium. Pour le moment, il y a jusqu’à 1 200 Bq/L en tritium dans ces puits de pompage. Cela risque d’augmenter. Comment fera TEPCo. Diluer ?

L’eau en amont est maintenant contaminée. Les pêcheurs s’étaient donc opposés à son rejet en mer. TEPCo ne leur avait pas dit qu’il y avait des fuites bien plus graves et que cela devrait réduire les rejets en mer, pas les augmenter… Un an a été perdu bêtement à cause des mensonges de la compagnie.

Les pêcheurs ont assorti leur accord de 9 conditions, parmi lesquelles, une information aux consommateurs et un soutien financier renouvelé.

L’eau en amont des réacteurs est polluée au tritium à cause des cuves qui en laisse s’échapper une partie via la vapeur d’eau, indépendamment des fuites qu’il y a eu. Dans le puits E3, situé près des cuves, un nouveau record vient d’être battu, avec 4 500 Bq/L (prélèvement du 19 mars 2014). C’est 4 700 Bq/l le lendemain. Pour redescendre à 2 500 Bq/l le surlendemain.

Il y a eu entre 42 000 Bq/L et 58 000 Bq/L dans le puits E1 aux mêmes dates.

En aval des réacteurs, la contamination de l’eau souterraine ne s’améliore pas : des records viennent d’être battus pour les puits 1-14 et 1-17, avec respectivement 1 100 et 2 900 Bq/l en bêta total (prélèvement du 20 mars 2014). Il y a 1,3 million de becquerels par litre dans le 1-16.

Dimanche 23 mars :

• Environ 270 à 330 habitants de Kawauchi, selon les sources, seront autorisés à passer la nuit chez eux à partir du 26 avril, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pour une durée de 3 mois. Les travaux de décontamination sont terminés. Le gouvernement veut donc lever l’ordre d’évacuer et entend ainsi permettre aux habitants de préparer leur retour.

40% du village avait dû fuir en 2011. Les habitants, comme ailleurs, sont réservés. Il reste des points chauds et la vie sur place sera difficile si les villages voisins avec des commerces restent évacués.

• Le Tôkyô Shimbun dresse le bilan des lieux d’évacuation des habitants de Fukushima. C’est en japonais.

Vendredi 21 mars :

• Les habitants de Futaba sont restés longtemps dans un lycée désaffecté de la province de Saïtama, en banlieue de Tôkyô. Il y a eu jusqu’à 1 423 personnes sur place. Il n’y a plus personne. 250 volontaires sont allés le nettoyer aujourd’hui, jour férié au Japon.

Editorial cinglant du New-York Times qui parle de démantèlement-décontamination honteux à Fukushima. Il critique les conditions de travail et les faibles revenus des travailleurs peu qualifiés qui conduisent à une série de dysfonctionnements suite à des erreurs humaines. Il critique aussi les nombreuses couches de sous-traitance.

Le fonctionnement actuel est intenable. Le quotidien appelle le gouvernement japonais, qui a promu et fait développer l’énergie nucléaire, à prendre ses responsabilités en prenant le contrôle des opérations.

Est-ce que ce sera vraiment mieux ? Le gouvernement a pris en charge le chantier de la décontamination des territoires évacués et ce n’est guère mieux…

Jeudi 20 mars :

• De nombreux Japonais réclament une deuxième décontamination dans les lieux où le débit de dose reste élevé. Le ministère de l’environnement a annoncé qu’il allait décider au cas par cas, sans donner de critère spécifique.

• Le problème de la station de traitement de l’eau contaminée ALPS semble sérieux. Elle est arrêtée pour un temps indéfini…

La voie B a dysfonctionné, réduisant à peine la contamination de l’eau. 900 tonnes d’eau  supposée « décontaminée », mais encore très radioactive, sont allées dans 21 cuves réservées à l’eau peu contaminée. Cela a recontaminé les 15 000 tonnes d’eau qui y était stockée, ainsi qu’un kilomètre de tuyaux. Un mois de travail de perdu…

TEPCo est en train d’estimer l’ampleur des dégâts. Personne ne s’est rendu compte de rien, une fois de plus. TEPCo n’avait pas pensé que cela puisse arriver. Heureusement que l’eau traitée ne va pas directement dans la mer !

Il y a 340 000 tonnes d’eau contaminée dans des cuves qui est en attente de traitement par ALPS… Plus tout ce qu’il y a dans les sous-sols.

La NRA a demandé à TEPCo de mettre la priorité sur la sûreté à Fukushima daï-ichi car ce problème aurait pu être évité. Elle doit être moins avare pour ce qui concerne la sûreté. Ce n’est pas la première fois. Tant que cela restera des vœux pieux, TEPCo continuera à favoriser le redémarrage hypothétique de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa qui peut lui rapporter de l’argent. Ce démarrage devrait être conditionné par la sûreté à Fukushima daï-ichi.

• La contamination des nappes phréatiques en aval des cuves, mais en amont des réacteurs s’étend. La concentration en tritium dans le puits E3 vient de battre son propre record avec 4 300 Bq/L (prélèvement du 18 mars 2014).

Il en est de même pour l’eau souterraine dans les stations de pompage en amont des réacteurs : il y a 44 Bq/L dans la pompe n°5, la plus éloignée, qui est son nouveau record (prélèvement du 18 mars 2014).

Mercredi 19 mars :

• TEPCo a mis en ligne, sur le site du ministère des affaires étrangères, une présentation en anglais à propos des derniers problèmes rencontrés avec l’eau, à savoir, le débordement d’une cuve pleine suite à une accumulation d’erreurs, et les erreurs de mesure de la contamination en cas de forte pollution.

• L’Agence des pêches a mis en ligne une présentation en anglais résumant les derniers résultats de mesure et sa politique. Il apparaît clairement que les poissons du fond qui se nourrissent de la faune benthique qui vit dans les sédiments sont les plus contaminés.

• Le correspondant du Maïnichi à Kôriyama a assisté aux réunions publiques avec les habitants du district de Miyakoji à Tamura, où l’ordre d’évacuation sera levé à partir du 1er avril prochain. Il a le sentiment que les autorités ont manipulé les habitants. Il explique pourquoi et donne des conseils aux habitants des autres zones où l’ordre d’évacuer devrait être prochainement levé, comme à Kawauchi ou Naraha.

Il note que certains habitants sont très contents de la décision, mais que beaucoup ne sont pas satisfaits. Il a mené une enquête auprès des habitants de Miyakoji et a reçu 73% de réponses. 47% des personnes qui ont répondu ont dit souhaiter une levée de l’ordre d’évacuer après 2015 et 39% préfèrent dès ce printemps.

Lors de la réunion du 23 février avec les 117 foyers de Miyakoji, des habitants se sont opposés à la décision du gouvernement pour diverses raisons : décontamination insuffisante, risques de recontamination, absence d’accès au centre du bourg où il y avait les commerces, médecins, fin de l’indemnisation… Mais à la fin de la réunion, aucune de ces craintes n’a été prise en compte et les autorités ont confirmé leur décision de lever l’ordre d’évacuer au 1er avril 2014.

En juin 2013, à la fin des travaux des décontamination, qui n’a eu lieu qu’à proximité immédiate des habitations, les autorités ont autorisé les habitants à rentrer chez eux et même y passer la nuit. Cette largesse, initialement prévue pour l’été, a été prolongée sans consultation jusqu’en octobre 2013. Le gouvernement voulait lever l’ordre d’évacuer dans la foulée, à partir de novembre 2013. Mais les habitants, surpris par la rapidité de la décision et l’absence de concertation, s’y sont opposés.

La division des habitants a joué en faveur des autorités. Certains, réticents à l’idée de rentrer, ont été accusés de vouloir profiter de l’indemnisation. Des fractures sont apparues entre les habitants.

Miyakoji est divisé en quatre zones. Dans une zone, les habitants ont réclamé un retour rapide. Dans deux autres zones, où la contamination est plus élevée, les habitants voulaient encore attendre une deuxième campagne de décontamination. Dans la dernière zone, il n’y a pas eu de consensus. En janvier 2014, les autorités locales et nationales ont eu des réunions avec chacune des zones séparément. Un calendrier d’une levée de l’ordre d’évacuer n’a été évoqué qu’avec les habitants de la zone où un retour rapide était souhaité. Le 23 février, les autorités ont profité de la division pour faire adopter la levée de l’ordre d’évacuer pour tout le district.

Le journaliste prévient donc les habitants des autres zones qu’il leur faut être conscient que les autorités ont un agenda en tête en faveur d’un retour rapide. Elles ont donc préparé un scénario et une mise en scène. Le droit du choix du lieu de résidence, garanti par l’article 22 de la constitution, a été mis en avant pour donner une tournure solennelle aux discussions et à la décision. La conclusion de la réunion a été tirée au moment le plus favorable de la discussion, sans qu’il soit possible, pour les autres habitants de changer l’ordre des choses.

Le journaliste appelle donc les habitants opposés à un retour rapide de bien s’organiser en amont de la réunion pour parvenir à faire entendre leur voix. Il pense aussi que les opposants s’étaient résignés sous le prétexte que le gouvernement fera ce qu’il veut à la fin. Les mauvaises conditions de vie des réfugiés leur confèrent un sentiment d’infériorité et de résignation. Ils n’ont plus la force de se battre et ont le sentiment d’avoir été trahis par les fonctionnaires qui devraient servir le public.

Enfin, le dernier point soulevé par le journaliste est que de nombreuses réunions n’étaient pas publiques. Il suggère aux habitants d’exiger que les réunions soient publiques et qu’un compte-rendu soit fait par un tiers.

Il espère que ces conseils seront utiles aux habitants face aux autorités.

Mardi 18 mars :

• Le bureau du travail à Fukushima a mené des inspections dans 660 compagnies impliquées dans la décontamination entre juillet et décembre 2013 et a trouvé des violations du droit du travail pour 446 d’entre elles, ou 67,6%. Il a, notamment, trouvé 742 cas où le salaire ou le temps de travail n’étaient pas clairement indiqués dans le contrat de travail, ou pour lesquels les salaires n’ont pas été entièrement versés.

363 cas concernent la protection des travailleurs : absence d’équipements de protection individuelle, de masque ou de dosimètre, ou encore de visite médicale.

Entre janvier et juillet 2013, 387 compagnies avaient été inspectées et des violations du droit du travail avaient été relevées pour 68% d’entre elles. Le bureau du travail menace d’être plus sévère par la suite.

• Un sondage du Asahi montre que 59% des Japonais sont opposés au redémarrage des réacteurs nucléaires, 28% sont pour. Il y avait 56% d’opposants lors des derniers sondages.

En ce qui concerne la sortie du nucléaire, 77% sont pour et 14% contre.

95% des personnes interrogées considèrent que le fait qu’il n’y ait pas de solution pour les déchets radioactifs est problématique.

• TEPCo a entièrement arrêté sa station ALPS de traitement de l’eau contaminée, toujours en cours de test. La chaîne B ne fonctionne pas correctement : la contamination en bêta total de l’eau ne passait que de quelques centaines de millions de becquerels à quelques dizaines de millions de becquerels par litre, ce qui n’est pas très efficace… La contamination aurait être abaissée à quelques centaines de becquerels par litre. TEPCo aurait aussi arrêté les lignes A et C « par précaution », l’eau des trois chaînes se retrouvant dans les mêmes cuves.

Le gouvernement dit qu’il veut développer une nouvelle version de ALPS, plus performante et qui génère moins de déchets. Bref, ALPS, qui aurait dû démarrer en septembre 2012, est un échec. Une autre station est donc envisagée, sans changer le nom…

ALPS venait après SARRY, l’unité de désalinisation et de retrait du césium, qui n’a pas été arrêtée.

Dans ce document en anglaisdu ministère de l’industrie, daté du 13 décembre 2013, il était dit que ALPS devait être mise en service à la mi-2014. Ce ne sera pas le cas, même si TEPCo maintient qu’elle veut officiellement la démarrer le mois prochain.

Ce document en japonais contient une synthèse de l’avancée des travaux pour tenter de résoudre le problème de l’eau, des mesures faites dans les nappes phréatiques et un point sur ALPS.

• Une partie des sacs en plastique utilisés pour stocker les déchets issus de la décontamination ne sont prévus que pour tenir 3 ans… Certains déchets vont bientôt y être depuis 3 ans en attendant mieux.

Lundi 17 mars :

TEPCo a retiré 506 assemblages sur 1 533 de la piscine de combustible du réacteur n°4.

• On le sait, la station de traitement ALPS, même si elle devait fonctionner correctement, n’enlèvera jamais le tritium de l’eau contaminée. Or le stock de tritium est d’environ 40 années de rejet en mer à la limite maximale.

Le ministère de l’industrie a donc mis un groupe de travail tritium pour tenter de trouver une solution. Dans ce document en anglais, plusieurs pistes sont envisagées :

– injecter l’eau tritiée dans le sous-sol ;

– rejeter l’eau tritiée en mer (sans mention du problème de l’autorisation de rejet)

– chauffer l’eau et la rejeter sous forme de vapeur dans l’atmosphère !!!

– rejeter le tritium dans l’atmosphère sous la forme d’hydrogène ;

– enfouissement après solidification ;

– stockage dans des cuves après concentration ;

– stockage dans des cuves comme maintenant.

N’oublions pas qu’il n’y aura pas que du tritium dans cette eau après traitement. Il restera de nombreux autres radioéléments à des concentrations moindres, mais bien présentes.

L’option rejet dans l’atmosphère est complètement folle. Les vents vont disperser la radioactivité dans tous les sens, y compris sur les zones habitées. Et puis, cela va consommer une énergie folle.

L’enfouissement paraît assez utopique car le Japon n’a aucune perspective de site pour les déchets plus toxiques. Restent le rejet en mer, que les pêcheurs n’accepteront jamais, où le stockage dans des cuves, qui laissent fuir environ 1% du tritium par an.

Le groupe de travail tritium a eu droit aux lumières d’un expert de l’IRSN Cherbourg-Octeville. Les autorisations de rejet en tritium de l’usine Areva La Hague ont dû faire rêver les officiels japonais. Ah, si seulement on pouvait rejeter autant…

En attendant la concentration en tritium dans l’eau souterraine en aval des cuves vient de battre un nouveau record dans le puits E-3 : 4 100 Bq/L dans le prélèvement du 13 mars, plus forte valeur enregistrée pour ce puits. Près du rivage, les concentrations peuvent être beaucoup plus élevées. Les rejets en mer continuent.

• Le principal parti au pouvoir veut créer de nouveaux certificats pour les travailleurs du nucléaire. Il n’y a, actuellement, qu’une seule catégorie. Il devrait y en avoir 3 : décontamination, maintenance en milieu nucléaire et radioprotection.

• Les habitants du district de Yamakita à Kawamata ont gagné. Ce quartier était divisé en deux : une partie à plus de 50 mSv/an, classée en zone de « retour difficile » et une partie entre 20 et 50 mSv/an où un retour est envisagé à moyen terme. L’indemnisation prévue dépend de la zone. Mais les habitants ont demandé à être tous traités sur pied d’égalité car ils ne savent pas quand ils pourront retourner. 39 familles ont donc saisi le médiateur du gouvernement pour réclamer une compensation intégrale. TEPCo aurait accepté la demande et va donc devoir indemniser le foncier au prix d’avant 2011.

• Les 9 communes situées dans un rayon de 30 km autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima) ont finalisé leur plan d’évacuation en cas d’accident. Il y a 220 000 habitants en tout dans cette zone. Mais les maires citent des problèmes non résolus comme l’évacuation des personnes vulnérables, les embouteillages, la distribution de pastilles d’iode… Il faudrait que ces plans soient évalués.

• Il y a un manque crucial d’aides soignant dans les maison de retraite situées près de la côte de Fukushima. Il y a 3,74 fois plus de postes que de demandeur d’emploi dans ce secteur. Au niveau national, c’est 2,22. Le gouvernement envisage donc de créer un fond de soutien pouvant aller jusqu’à 450 000 yens (3 200 euros) qui couvrirait en partie les frais de formation (150 000 yens) et une aide à l’installation (300 000 yens).

• Selon une enquête du New-York Times, les conditions de travail se détériorent à la centrale de Fukushima daï-ichi. TEPCo a mis son personnel le plus qualifié sur la remise aux normes de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Il y a 3 000 travailleurs par jour à Fukushima daï-ichi et 4 500 à Kashiwazaki-Kariwa.

Il est de plus en plus difficile de trouver des travailleurs pour démanteler la centrale accidentée. Les personnes recrutées n’ont aucune formation, ne sont informéss à la va-vite des risques encourus et il n’y a pas de supervision adéquate des tâches à mener. Cela conduit à de nombreux problèmes, erreurs et mise en danger.

Le quotidien cite le cas de travailleurs qui devaient débrancher un tuyau et se sont trompés. Il y a eu une fuite d’eau très contaminée : leur réflexe a été de mettre les mains gantées dans l’eau pour rebrancher le tuyau, arrosant deux autres personnes. L’encadrant s’était éloigné pour surveiller une autre tâche. TEPCo n’a rien voulu dire au journal à ce propos.

Il y a eu aussi le problème des vannes restées ouvertes ou ouvertes par inadvertance qui ont conduit au débordement de 100 m3 d’eau contaminée d’une cuve déjà pleine. L’alarme a été ignorée.

Une partie des ingénieurs les plus qualifiés, qui étaient là au début, ont atteint leur dose limite et ne peuvent travailler à la centrale.

Un ancien chauffeur de bus, employé à construire des cuves, a dit avoir tenté d’alerter TEPCO sur la mauvaise qualité du travail effectué. En vain. TEPCo refuse de commenter.

D’autre travailleurs rapportent des problèmes d’alcoolisme et certains ont avoué être allés travailler malgré s’être saoulé la veille.

Il y a aussi de nombreux marginaux, en rupture avec la société, voire des SDF. Evidemment la pègre en profite.

Dimanche 16 mars :

• Il y a eu des manifestations anti-nucléaire un peu partout au Japon. La plus grosse, avec 6 000 participants, était devant la centrale de Sendaï (Kagoshima), tout en haut de la liste de la NRA pour le redémarrage. Il y avait 2 200 manifestants à Tochigi. A Mihama (Fukui), les manifestants ont lâché 500 ballons pour montrer où pouvaient retomber la radioactivité en cas d’accident. Une opération similaire a été organisée à Shimané.

• Selon le Japan Times, qui reprend un article du Fukushima Minpo, il y a environ 530 détecteurs dans 59 communes de Fukushima où les habitants peuvent aller faire contrôler leur nourriture. Il faut encore ajouter tous les détecteurs des associations, producteurs etc.

Ces détecteurs, simples d’utilisation, requièrent 500 g d’aliments qui sont mixés avant d’être comptés pendant une vingtaine de minutes. D’avril 2013 à janvier 2014, 126 626 mesures ont été faites.

Les autorités régionales veulent introduire un nouveau détecteur plus rapide qui ne nécessiterait pas de broyer les aliments. La limite de détection serait de 20 Bq/kg environ.

Il est déjà utilisé pour contrôler le riz et les kakis séchés (anpo kaki), spécialité locale. Le problème, c’est l’étalonnage. Il faudrait tester l’appareil pour chaque aliment, ce qui n’est pas très pratique et rendra le résultat plus approximatif.

La région a déjà le budget pour fournir un appareil à chaque commune qui en ferait la demande. Mais le déploiement devrait prendre du temps à cause des tests à mener sur chaque type d’aliment auparavant.

Samedi 15 mars :

• Cela fait exactement 6 mois que le Japon est sans énergie nucléaire.

• Le gouverneur de Niigata, peu favorable au redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, propriété de TEPCo, dit qu’il est impossible de définir un plan d’évacuation dans un rayon de 30 km autour de la centrale, comme exigé. Il faut d’abord changer la réglementation. Autrement, les chauffeurs de bus n’iront pas dans les zones exposées avec une limite de dose de 1 mSv par an, comme tout membre du public. Il réclame une hausse des doses limites pour la population impliquée dans les secours ou la création d’un escadron prêt à intervenir en cas de catastrophe nucléaire.

Certaines communes proches de la centrale ont déjà un plan d’évacuation, mais le gouverneur pense qu’il n’est pas réaliste.

• Après la désignation par la NRA, de la centrale de Sendaï (Kagoshima) comme prioritaire pour un éventuel redémarrage, la compagnie KEPCo, qui couvre le Kansaï, se prépare à passer son premier été sans nucléaire, qui représentait 40% de sa production avant 2011. Elle va acheter de l’électricité aux compagnies voisines et demander aux consommateurs de faire des efforts.

• Une manifestation a rassemblé environ 5 000 personnes à Tôkyô contre le redémarrage de la centrale de Sendaï et de toutes les autres centrales.

Vendredi 14 mars :

• La province de Kagoshima, où il y a la centrale nucléaire de Sendaï, la mieux placée, selon la NRA, pour obtenir un feu vert à son redémarrage, a budgétisé 1,2 millions de yens (86 000 euros) en promotion de la centrale afin d’obtenir le consentement de la population. Les communes les plus proches, dont les finances dépendent de la centrale, y sont favorables. Les autres, plus éloignées, qui doivent avoir un plan d’évacuation sans contrepartie financière, sont plus réticentes. L’Asahi a interrogé 8 communes dans un rayon de 30 km et quatre d’entre elles veulent être consultées.

• Une centaine de travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi ont manifesté devant le siège de TEPCo, à Tôkyô. Ils se plaignent d’avoir été arnaqués par leur employeur, un sous-traitant, qui les a forcés à faire un travail dangereux pour un salaire de misère.

Certains prétendent qu’on leur a demander de faire des tâches inacceptables sans les protections adéquates. L’un a été mis au chômage après avoir reçu une dose élevée.

Les ponctions à chaque couche de sous-traitance font que la paye est bien inférieure à ce qui a été promis : on leur facture le transport, les repas… Certains n’ont pas reçu la prime de risque de 10 000 yens (72 euros) par jour.

Il y a eu aussi une manifestation devant le siège de Maeda Co., l’un des sous-traitants.

Les tâches les plus dangereuses sont peut-être encore devant nous. il est donc important de se préoccuper des conditions de travail car la main d’œuvre manque déjà.

• La demande en électricité a augmenté de 1,3% en février par rapport au même mois de l’année précédente. C’est la première hausse depuis 4 mois et serait due aux basses températures.

Jeudi 13 mars :

• Avec 27 283 cas, le nombre total de suicides au Japon, est en baisse, mais il augmente à Fukushima. Il a baissé de 2,1% par rapport à l’année précédente, pour la quatrième année consécutive. A Fukushima, il est passé de 10 à 23 par an. Sur ces 23 cas, 16 sont liés à la catastrophe nucléaire, soit par une note laissée ou parce que la personne vivait dans un hébergement provisoire, suite à l’évacuation.

A titre de comparaison, à Iwaté, où il y a eu 4 cas de suicide, un seul est lié à l’évacuation. Le nombre total est aussi en baisse. A Miyagi, où le nombre total de suicide est en hausse, aucun n’a été lié à la catastrophe.

• Plus de 4 000 personnes ont déposé une plainte collective contre les industriels du nucléaire, General Electric, Toshiba et Hitachi. Chaque personne demande 100 yens (70 centimes) de dommages et intérêts. Ils accusent les compagnies d’avoir failli à leur tâche d’améliorer la sûreté des centrales nucléaires. Ils veulent aussi mettre fin à l’impunité dont bénéficie l’industrie nucléaire de par le monde.

• 7 écoles élémentaires et collèges de Fukushima vont fermer leur porte à la rentrée prochaine, en avril 2014, faute d’élève. 38 écoles et collèges ont dû être déplacés à cause de la pollution radioactive. Ils ont perdu 80% de leurs 7 681 élèves. Il y a encore 12 648 élèves été évacués en tout à la date du 1er mai 2013. Ils étaient 13 286 en septembre 2011.

• La NRA a placé les réacteurs n°1 et 2 de la centrale de Sendaï (Kagoshima) sur l’île de Kyûshû sur sa liste des réacteurs à inspecter en priorité. Elle se refuse cependant à donner un calendrier car il reste de nombreux items à contrôler et tout peut arriver. Il y aura aussi 4 semaines de consultation du public et il faudra recueillir l’assentiment des élus locaux. L’exploitant espère avoir un feu vert avant l’été, quand la demande en électricité est la plus forte.

La NRA s’est dite satisfaite par l’approche de l’exploitant à propos du risque sismique et de tsunami.

Mercredi 12 mars :

• Depuis la mise en place des nouvelles règles de sûreté, le 8 juillet 2013, aucun réacteur ne satisfait aux nouvelles normes et des investissements massifs sont nécessaires. La situation dépend de chaque installation. Certaines mesures bénéficient d’un délai de grâce de 5 ans. La NRA n’a reçu que 17 demandes d’autorisation de redémarrage de réacteur nucléaire, sur les 48 restant. Suite à un décompte que j’avais fait, il apparaissait qu’au moins un tiers du parc ne redémarrera probablement jamais. Il y a les failles sismiques maintenant considérées comme actives, les câbles électriques de 13 réacteurs avec un matériau isolant inflammable, les plans d’évacuation d’urgence dans un rayon de 30 km pas toujours réalisables… et l’opposition locale des élus qui ne touchent pas la taxe professionnelle.

L’Asahi a interrogé les exploitants à ce propos et il apparaît qu’il n’y aura pas de demande de redémarrage à court terme pour 30 réacteurs sur 48. Le quotidien estime que 13 réacteurs ne redémarreront pas. Il s’agit du réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki), des trois réacteurs de Mihama (Fukui), de deux réacteurs à Ôï, Takahama et Tsuruga, toutes dans la province de Fukui, du réacteur n°1 de Shimané, d’Ikata (Ehimé) et Genkaï (Saga).

Pour 5 d’entre eux, la limite d’âge de 40 ans est dépassée ou sera dépassée dans l’année (n°1 de Tsuruga, n°1 et 2 Mihama, n°1 de Shimané, n°1 de Takahama). On peut ajouter aussi les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni qui ont été noyés par le tsunami et pour lesquels l’opposition locale est, à juste titre, très forte. Et puis, il y a le réacteur n°5 de Hamaoka dans lequel de l’eau de mer est remontée jusque dans la cuve entraînant de la corrosion. On arrive donc à 18 réacteurs, ou 37,5% du parc. La liste pourrait s’allonger si d’autres failles, en cours d’inspection, sont considérées comme actives. A Hamaoka, située à proximité d’une faille réputée active et menaçante, une étude a montré qu’il faudrait jusqu’à 6 jours pour évacuer toute la population dans un rayon de 30 km. Un redémarrage est-il vraiment envisageable ?

Le réacteur n°2 de Tsuruga est sur une faille active. L’exploitant, qui possède aussi la centrale de Tôkaï risque de perdre tous ces réacteurs. Ce sera donc la fin pour cette compagnie qui ne fait que produire de l’électricité pour la revendre aux distributeurs.

L’instruction des dossiers de demande de redémarrage est bien avancée pour 10 réacteurs : le n°3 de Tomari (Hokkaïdô), les n°3 et 4 d’Ôï (Fukui), les n°3 et 4 de Takahama (Fukui) le n°3 d’Ikata, les n°3 et 4 de Genkaï et les n°1 et 2 Sendaï (Kagoshima).

L’instruction des dossiers a pris du retard pour 7 autres réacteurs : les N°1 et 2 de Tomari (Hokkaïdô), le n°2 d’Onagawa (Miyagi), les n°6 et 7 de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata), le n°4 de Hamaoka (Shizuoka) et le n°2 de Shimané.

La télévision publique, la NHK, relève de son côté, que près d’un tiers des communes situées à moins de 30 km d’une centrale nucléaire n’ont toujours pas de plan d’évacuation. Elles ont du mal à trouver des structures d’accueil et sont en négociation avec des communes situées au-delà des 30 km.

En ce qui concerne les hôpitaux et structures d’accueil des personnes dépendantes, seulement 7% ont déclaré avoir un plan d’évacuation et 44% non.

• Gregory Jaczko, l’ancien président de l’autorité de sûreté nucléaire américaine, la NRC, en visite au Japon, a donné plusieurs interview, dont une longue au Japan Times. Pour lui, TEPCo de

Pour lui, l’accident est toujours possible au Japon, même avec les nouvelles règles de sûreté. Il faut donc s’y préparer. Si le Japon ne veut plus d’accident nucléaire, il doit donc arrêter ses centrales.

Il présidait la NRC en mars 2011 et a donc vécu de l’intérieur la phase d’urgence de la catastrophe. Pour lui, l’accident ne se déroule jamais comme durant les exercices. Il faut prendre des décisions avec peu d’information. Il s’est plaint du manque d’information transmis par TEPCo et les autorités japonaises qui l’a conduit, le 17 mars 2011, à recommander aux ressortissants américains d’évacuer dans un rayon de 80 km, alors que c’était 20 km pour les Japonais.

D’après lui, l’opinion de nombreux experts de la NRC au tout début était que la crise ne durerait pas plus que le week-end (le tsunami a eu lieu un vendredi). Elle a duré plus longtemps, les explosions hydrogène des réacteurs 3 et 4 a eu lieu au bout de 3 et 4 jours.

De nombreux experts de la NRC étaient aussi convaincu que la piscine de combustibles usés du réacteur n°4, qui n’est pas dans une enceinte de confinement, était sèche et que si la fusion y avait lieu, les conséquences seraient plus effroyables. TEPCo a confirmé, le 16 mars au soir, qu’il y avait de l’eau dans la piscine, mais des experts de la NRC étaient encore sceptiques. Jaczko avait fait part de ses doutes au congrès américain le 16 mars. Il justifie a postériori cette position, au nom de la transparence. Pour lui, il aurait été plus grave de cacher cette donnée, même si elle n’était pas confirmée.

Pour conclure, il ajoute que les conséquences d’un accident nucléaire sont très différentes de ce qu’il imaginait. Une catastrophe de type Fukushima n’est pas acceptable. Pour lui, la conception des réacteurs actuels n’est pas tenable et devra être remplacée. Il y a des failles rédhibitoires et les systèmes de refroidissement pourraient ne pas suffire. Et s’il n’est pas possible de concevoir des réacteurs pour lesquels l’accident est impossible, il faut se passer de cette énergie.

• Le HCFDC a publié un rapport sur les conséquences des trois catastrophes au Japon avec beaucoup de chiffres et de données.

Blabla lénifiant de TEPCo à l’occasion du troisième anniversaire de la catastrophe.

Mardi 11 mars, troisième anniversaire du déclenchement de la catastrophe :

• La télévision publique NHK a fait la somme des dépenses déjà engagées par TEPCo et le gouvernement japonais suite à la catastrophe nucléaire. Elle arrive à 11 000 milliards de yens (presque 80 milliards d’euros). Il s’agit là d’un minimum car cela ne prend pas en compte la gestion des déchets ni les salaires des fonctionnaires en charge de la gestion de cette catastrophe. le coût de démantèlement n’est pas encore connu, ni celui des indemnisations car personne ne peut dire quand elles finiront.

Et puis, il faudrait ajouter tout ce qui a été payé par les japonais et les compagnies qui souffrent de cette crise. cela ne sera jamais pris en compte.

Lundi 10 mars :

• L’IRSN a mis en ligne un dossier de presse à l’occasion du troisième anniversaire de la catastrophe de Fukushima.

– Concernant les travailleurs, on peut y lire : “Il est à noter que des informations précises quant à la méthodologie mise en oeuvre pour évaluer les doses reçues par les travailleurs ont désormais été transmises par les autorités japonaises aux membres d’un groupe de travail du Comité des Nations Unies en charge de l’étude des effets des expositions aux rayonnements ionisants chargé d’expertiser les évaluations dosimétriques publiées par les autorités japonaises. Les conclusions définitives de cette expertise devraient être publiées au mois d’avril 2014 ; nous pouvons cependant d’ores et déjà confirmer qu’un bon accord a été trouvé entre les évaluations japonaises et celles réalisées par des experts indépendants, au moins en ce qui concerne les travailleurs ayant reçu les doses les plus élevées. Pour les travailleurs ayant reçu des doses inférieures à 100 mSv, le travail d’analyse entrepris par des experts indépendants a montré des écarts parfois importants entre les doses enregistrées par certaines sociétés sous-contractantes et celles évaluées par l’UNSCEAR. Ces écarts ont conduit en juillet 2013 les autorités japonaises à réévaluer les doses estimées pour près de 25 000 travailleurs.”

– Concernant l’eau contaminée, l’IRSN confirme que “TEPCO prévoit de réaliser la décontamination de l’eau (hors tritium) fin 2014, ce qui est ambitieux au vu des difficultés rencontrées sur l’ALPS et de la nécessité de construire des modules supplémentaires.” En revanche, l’Institut ne fait, comme TEPCo, aucune mention du carbone 14.

Même l’IRSN a peu d’information sur les déchets engendrés par la station de traitement ALPS : “En outre, l’IRSN souligne que, nonobstant les difficultés d’entreposage des eaux accumulées, leur traitement génère des déchets dont la gestion constitue un enjeu d’importance, à la fois en termes d’entreposage pérenne sûr et de conditionnement ultérieur. TEPCO a d’ores et déjà défini des actions en ce sens. Par exemple, des conteneurs dits « à haute intégrité » sont prévus pour les déchets issus de l’installation ALPS et un programme de recherche devrait être engagé. En tout état de cause, les informations disponibles concernant ces sujets restent moins détaillées que celles relatives aux enjeux plus immédiats.”

• Des produits de la mer pêchés au Tôhoku seront servis dans les cantines des ministères à Tôkyô… pendant 5 jours seulement.

• Selon une étude rapportée par le Maïnichi, 20% des journalistes locaux qui ont couvert les conséquences des catastrophes naturelles du 11 mars 2011 pourraient souffrir de troubles liés au stress post-traumatique. Il était déjà bien connu que les secours souffraient aussi de ces troubles, et pas seulement les victimes. Les études sur les journalistes sont plus rares.

Un questionnaire a été envoyé à 270 journalistes de la presse locale, 120 ont répondu.

75,8% des répondants ont déclarés être mal à l’aise vis à vis des victimes lors des interviews. 30,8% pensent avoir blessé ou mis mal à l’aise la personne interviewée. 16,7% ont été très émus par le témoignage recueilli et ont dû arrêter l’interview.

40,8% ont dit avoir été critiqués par les populations à propos de la couverture médiatiques. 56,7% ont été remerciés par les personnes interviewées et 41,7% pensent que leur reportage a permis d’aider les victimes.

Lors du premier mois, 41,7% ont pleuré. 38,3% ont senti une forte frustration et un sentiment d’impuissance. 26,7% ont eu des problèmes de sommeil.

Plusieurs symptômes de troubles post-traumatiques ont été analysés et 22,4% des journalistes qui ont répondu ont eu plus de 25 points au test, ce qui permet de considérer qu’ils souffraient encore.

Les journalistes qui pouvaient parler librement de leur problème sur le lieu de travail souffrent moins que les autres.

• Pour visiter virtuellement le réacteur, il y a des photos et vidéos ici.

• Il y a eu une nouvelle fuite sur l’unité de désalinisation : 1,25 litre a fui. La contamination en césium est de 220 Bq/L et celle en bêta total, 23 millions de becquerels par litre. Photo et explications en japonais.

• Selon un sondage de la télévision publique japonaise, la NHK, 76% des japonais qui ont répondu sont en faveur d’arrêter tout ou une partie du parc nucléaire japonais. Ils sont 36% pour un arrêt total.

• Après avoir hésité, le gouvernement va décontaminer les réservoirs qui servent à l’irrigation à Fukushima. Il y en a 576 où la contamination de la boue dépasse 8 000 Bq/kg et 14 où elle dépasse 100 000 Bq/kg.

Dimanche 9 mars :

• Entre 4 000 et 10 000 personnes ont manifesté contre le nucléaire près du parlement à Tôkyô, à l’occasion du troisième anniversaire de la catastrophe de Fukushima. D’autres évènements ont eu lieu en d’autres lieux de la capitale. Les organisateurs estiment à 32 000 le nombre total de participants.

• Conformément à la demande du gouverneur de Fukushima, le gouvernement n’a pas retenu la ville de Naraha pour installer un centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination. Il veut y installer une unité de traitement des cendres radioactives issues de l’incinération des végétaux radioactifs.

Samedi 8 mars :

• Le Japon espère profiter de la catastrophe de Fukushima pour devenir le leader mondial du démantèlement nucléaire, un marché énorme au niveau mondial. La stratégie gouvernementale et des entreprises impliquées sur le site de la centrale accidentée est orientée dans ce sens. C’est aussi l’objet de la création récente de l’International Research Institute for Nuclear Decommissioning. Beaucoup d’argent public est mis dans le développement de nouvelles technologies, dont de la robotique,

TEPCo va aussi se scinder en deux entités, une pour la production et le transport de l’électricité, son activité traditionnelle, et l’autre sur le démantèlement et la décontamination.

Il y a effectivement un effort technologique sans précédent à faire pour venir à bout de la centrale de Fukushima daï-ichi, avec son corium que personne ne sait comment aller récupérer, pour traiter l’eau qui s’accumule… Mais, il faut aussi penser à la sûreté du chantier, aux facteurs humains et sociaux… Ils sont 3 000 chaque jour sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les robots ont besoin d’hommes pour les piloter, les contrôler, voire aller les rechercher s’ils tombent en panne. Sur ces aspects là, il y a aussi d’immenses progrès à faire ! Les scandales à répétition sur le chantier qu’est devenu la centrale accidentée montre que TEPCo est loin d’avoir fait ses preuves.

Et puis, il y aura toujours les volumes énormes de déchets radioactifs sans solution pour le moment.

Le démantèlement est peut-être une belle opportunité économique, mais les exploitants du nucléaire vont toujours ergoter sur les coûts. TEPCo, en faillite si elle n’avait pas été nationalisée, choisit toujours l’option la moins chère. Cela concerne les matériaux retenus, mais aussi les outils. Pourquoi dépenser pour un outil qui sera contaminé et qui finira en déchet radioactif ? L’autre marge de manœuvre financière est la masse salariale.

L’enjeu principal pour ces compagnies va donc être de mettre en avant leur maîtrise du démantèlement tout en cachant les problèmes qui ne vont pas manquer d’apparaître du fait des options bon marché choisies. La transparence va s’en trouver affectée.

La communication en anglais de TEPCO a déjà été reprise en main. Presque plus aucune info sur les incidents, mais de belles déclarations sur les succès remportés. Les médias, forcément embarqués comme sur une zone de conflit, ne pourront voir que ce que la compagnie voudra bien leur montrer.

Business as usual… Il est donc indispensable d’avoir une autorité de sûreté puissante et stricte comme contre-pouvoir. Pour le moment, la NRA consacre plus de ressources humaines à l’instruction des dossiers de demande de redémarrage qu’à la surveillance du chantier de Fukushima daï-ichi.

En dehors de la centrale, les expériences de décontamination ne sont pas probantes, comme nous l’avons déjà rapporté de multiples fois sur cette page. L’AIEA et autres experts internationaux ont droit à des chantiers Potemkine. Mais la presse, des ONG peuvent enquêter et des scandales éclatent de temps en temps : rejet des déchets dans les rivières ou la forêt, sous-traitance en cascade, exploitation des travailleurs…

• L’eau reste le cauchemar principal de TEPCo sur le site de la centrale.

La compagnie a tout misé sur sa nouvelle station de traitement ALPS, supposée retirer 62 radioéléments, initialement prévue pour septembre 2012 et dont le démarrage officiel est sans cesse repoussé. La compagnie n’a, semble-t-il, pas de plan B. En attendant, l’eau s’accumule et la situation sur place est de plus en plus complexe. Le rayonnement ambiant a fortement augmenté. Certaines sont bon marché, car TEPCo pensait ne pas avoir à les utiliser longtemps et doivent être remplacées.

Les cuves avec près de 400 000 m3 d’eau contaminée sont vulnérables. Que se passera-t-il en cas de fortes secousses ? Des fuites massives qui vont contaminer les terrains et rendre le travail sur place plus difficile ?

Il serait temps que TEPCo réfléchisse à une autre option. Elle retire déjà une partie du césium dans son installation SARRY. Pourquoi ne pas retirer les quelques éléments supplémentaires pour lesquels la nouvelle station est performante ? Cela diminuerait les risques. Surtout s’il y a le strontium parmi eux car il domine dans la contamination de l’eau et est particulièrement radiotoxique.

Pourquoi la NRA n’impose pas un changement de stratégie ?

• Les présentations faites lors du colloque sur la thyroïde de Tôkyô sont disponibles en ligne. Pas regardé.

Vendredi 7 mars :

• En 2012, les douanes jamaïcaines ont découvert qu’un minibus Toyota Hiace importé du Japon avait une contamination radioactive qui dépasserait les normes. Il est encore dans le port. L’ambassade du Japon à Kingston aurait fait procéder à ses propres mesures, confirmé les données des douanes et déclaré que la contamination était inférieure aux limites en vigueur dans le pays d’origine.

Les douanes veulent renvoyer le véhicule.

• La Japan Atomic Power Company possède un réacteur nucléaire à Tôkaï (Ibaraki) mis en service en 1978. C’est un réacteur à eau bouillante qui nécessite des investissements majeurs pour être remis aux normes : il faut installer des filtres à particule radioactives en cas de dépressurisation d’urgence, changer l’isolant des câbles électriques qui est inflammable (il y en a des milliers de km)… et en cas d’accident, il y a presque 1 million de personnes à évacuer dans un rayon de 30 km. Pourtant, la compagnie veut le remettre en route. C’est de l’acharnement thérapeutique !

Elle exploitait aussi les réacteurs de Tsuruga, qui sont sur une faille déclarée active par la NRA. Elle risque de perdre tous ces réacteurs.

• Hokkaïdô Electric s’était trompée en rédigeant sa demande d’autorisation de redémarrage des réacteurs 1 et 2 de sa centrale de Tomari. Certaines données ne correspondaient pas aux réacteurs, mais venaient du réacteur n°3. La NRA s’en était aperçu rapidement et la compagnie a dû revoir sa copie. C’est maintenant chose faite et la NRA va pouvoir reprendre l’instruction du dossier.

• La NHK a sondé des évacués volontaires qui ont quitté d’eux-mêmes les zones contaminées de Fukushima où il n’y a pas eu d’ordre d’évacuation. Il apparaît que 74% des 307 personnes qui ont répondu ne veulent pas retourner et vont s’installer là où elles sont. Certaines sont retournées à Fukushima pour en repartir. C’est la crainte des radiations qui est mise en avant. 65% ont vu une baisse significative de leur pouvoir d’achat.

Parmi ces réponses, il y a 129 familles où le père est resté à Fukushima et la mère est partie avec les enfants. Dans 97% des cas, c’est à cause de la profession du père. Pour un quart de ces familles, il y a divergence de vue relative aux risques et à l’évacuation, qui est source de conflit et de séparation.

Les liens familiaux se sont détériorés pour 37% des familles séparées.

23% des 307 personnes ayant répondu ont divorcé ou sont en instance de divorce.

• Outre les deux commissions d’enquête sur la catastrophe de Fukushima diligentées par le gouvernement et le parlement japonais, une fondation privée a fait sa propre enquête. Le rapport est disponible en japonais depuis 2012 et vient seulement d’être traduit en anglais. Il est vendu sous forme papier. Voir le site de la fondation.

• Les villages évacués suite à la catastrophe nucléaire ont tenté de maintenir des écoles pour garantir une continuité et une cohésion sociale pour les enfants évacués, mais ce n’est pas facile quand les familles sont dispersées. Le nombre d’enfants inscrits est très faible. Le soutien du ministère de l’éducation est maintenu.

Avec la baisse de la natalité, il y a une diminution générale du nombre d’élèves qui entraîne une restructuration de la carte scolaire. Mais pour les écoles des villages évacuées, il y aura une exception. Par ce soutien, le gouvernement veut aussi favoriser le retour des populations. Les évacués commencent à s’habituer à la vie dans leur nouveau lieu de résidence, les enfants se font de nouveaux camarades et oublient leur commune d’origine. De nombreux autres ne se font pas à leur nouvelle école et sont victimes de « ijimé » (intimidations et brimades).

Les habitants de Futaba étaient parti à Kazo (Saïtama), situé à 200 km de là. Avec le changement de maire, un repli à Iwaki est en cours. La commune veut ouvrir à Iwaki une école, un collège et un lycée dès la rentrée d’avril 2014. Il y a quatre enfants d’inscrits dans chaque pour le moment… Ils étaient 551 en primaire et collège avant le 11 mars 2011.

Selon le Maïnichi, la ville de Namié avait ouvert une école, un collège et un lycée dès août 2011 à Nihonmatsu (Fukushima). Seulement 3% des enfants inscrits avant la catastrophe y sont allés. Ils ne sont plus que 58 en tout cette année. L’école élémentaire de Tsushima a rouvert cette année avec seulement trois frères. Tomioka a rouvert une crèche et 4 établissements (écoles et collèges) à Miharu, 6 mois après le 11 mars 2011. Des parents se sont plaints que c’était trop tardif. Il n’y a eu que 64 inscrits dans ces quatre établissements. Il y a zéro inscrits en CP à la rentrée prochaine…

Katsurao a aussi rouvert une école à Miharu en avril 2013 et il n’y pas de nouveaux inscrits pour la rentrée prochaine.

Pour Naraha, 20% des enfants sont allés dans les établissements scolaires rouverts par la commune à Iwaki, mais le nombre d’inscrits diminue.

Ôkuma a rouvert un mois après la catastrophe à Aïzuwakamatsu grâce à l’aide de la commune d’accueil. Mais une partie des réfugiés ont déménagé à Iwaki qui est plus proche de leur lieu d’origine. Le nombre d’inscrit va passer de 284 actuellement à 197 à la rentrée prochaine.

Jeudi 6 mars :

• A trois ans de la catastrophe nucléaire, il n’y a toujours pas de solution en vue pour les déchets radioactifs qui se sont accumulés un peu partout dans le pays. A Fukushima, deux centres d’entreposage sont prévus, mais les élus locaux s’opposent à ce que l’on y mette des déchets venus d’autres provinces.

Rien que dans le grand Tôkyô, cela se compte en milliers de tonnes. Il s’agit de cendres d’incinérateur, de boues de station d’épuration… qui contiennent plus de 8 000 Bq/kg en césium. Dans la province de Chiba, il y en 3 612 tonnes. Les trois principales villes de Chiba touchées par la catastrophe, Kashiwa, Matsudo et Nagaréyama, ont produit à elles seules 2 564 tonnes de cendres radioactives. Le gouvernement a promis de trouver un emplacement pour un centre de stockage définitif à Chiba d’ici 2015, mais il doit faire face à une forte opposition. Les riverains des sites de stockage temporaire s’impatientent et certains ont porté plainte, de crainte que le stockage devienne définitif.

Dans la ville de Tôkyô, il y a 982 tonnes de déchets radioactifs qui sont, à une tonne près, entreposés sur une parcelle gagnée sur la mer, sans voisin.

La province de Saïtama, toujours dans la banlieue de Tôkyô, a 245 tonnes de cendres radioactives, mais elle ne les a pas fait enregistrer comme déchets radioactifs pour ne pas avoir à rechercher un site. Elle espère pouvoir s’en débarrasser discrètement plus tard. Pour cela, elle mise sur la décroissance radioactive qui devrait faire passer ces déchets sous la barre des 8 000 Bq/kg.

Fin 2013, il y en avait 140 843 tonnes de déchets radioactifs réparties dans 12 provinces.

• Toujours avec l’approche du troisième anniversaire, les bilans continuent dans la presse japonaise. 21 480 hectares de terrains agricoles ont été endommagés par le tsunami dans les provinces d’Aomori, Iwaté, Miyagi, Fukushima, Ibaraki et Chiba. Parmi eux, 2 120 hectares se trouvent en zone évacuée à cause de la radioactivité, soit 10%.

Ce printemps, 70% des terrains agricoles endommagés par le tsunami pourront être cultivés. C’était 63% l’an dernier. Il y a le problème de la salinité des sols, et surtout la réfection des digues dans les zones côtières.

En ce qui concerne les ports de pêche, 143 sur 319 ont été réparés.

• TEPCo est toujours à la peine avec l’eau radioactive : des records viennent d’être battus dans deux puits, ce qui prouve que le problème continue à s’aggraver.

Il y a le puits 2-8 situé près du littoral : la contamination en tritium y est de 950 Bq/L, qui la plus forte valeur enregistrée pour ce puits. (Prélèvement du 2 mars 2014).

Il y a aussi le puits E3, situé en amont des réacteurs, pas très loin de la cuve qui a fui lors de l’été 2013 : la contamination en tritium y est de 3 500 Bq/L, qui est aussi la plus forte valeur enregistrée pour ce puits. (Prélèvement du 4 mars 2014).

Un peu plus en aval, mais toujours en amont des réacteurs, le puits de pompage de l’eau souterraine n°12 a une contamination en tritium de 1 200 Bq/L, plus forte valeur enregistrée pour ce puits. (Prélèvement du 4 mars 2014).

En amont des réacteurs, il y a le problème de la fuite massive qui a eu lieu depuis une cuve et qui se retrouve en partie dans la nappe. Mais cela n’explique pas tout car la tendance devrait être nettement à la baisse depuis. En fait, ce que n’explique pas TEPCo, c’est qu’on ne sait pas stocker le tritium. Il s’échappe des cuves, essentiellement sous forme gazeuse, pour se retrouver dans l’eau de pluie, puis dans la nappe phréatique. L’ordre de grandeur pour un fût est de 1% du tritium contenu qui s’échappe par an.

Mercredi 5 mars 2014 :

• L’IRSN et le CEPN organisent à Paris un séminaire sur le programme « ICRP Dialogue Initiative » à Fukushima. L’information est restée assez confidentielle : rien sur les sites internet des organisateurs ! Etonnant pour une démarche dite de dialogue… Cela ressemble plutôt à un séminaire d’autosatisfaction. (Programme disponible à l’ACRO sur demande).

• Le gouvernement japonais qui ne sait plus quoi faire pour sauver le surgénérateur Monju fait appel à la France en espérant qu’elle collaborera. S’il avoir à faire valoir un intérêt international, n’est pas la preuve que Monju est utile ? Le pire, c’est que la France pourrait accepter alors que cette filière est sans avenir à cause des risques encourus. Un surgénérateur refroidi au sodium est bien trop dangereux.

• Un groupe d’habitants d’Iitaté a présenté un projet de réhabilitation au maire du village : ils veulent reconstruire leur vie dans le district de Fukaya. La demande inclut des logements pour les personnes âgées et prévoit, entre autres, la culture de fleurs, l’installation d’une immense centrale solaire… pour relancer l’économie locale de ce village classé parmi les 100 plus beau du pays.

• La cabinet du premier ministre a mis en ligne une présentation succincte des mesures mises en place ou à venir pour faire faire au problème de l’eau contaminée. C’est ici en anglais.

Mardi 4 mars 2014 :

• TEPCo organise un voyage de presse le 10 mars prochain, la veille de l’anniversaire de la catastrophe.

Lundi 3 mars 2014 :

• Comme tous les lundis, TEPCo fait le point sur le retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°4. Elle en est à 418 assemblages sur 1 533, ce qui fait 19 transports. Mis à part le premier transport test avec 22 assemblages neufs, elle a retiré 396 assemblages usés.

• Suite à la fuite d’un mois sur une cuve durant l’été 2013, TEPCo avait foré plusieurs puits de contrôle de l’eau souterraine en aval. La contamination en tritium du puits E3 vient d’atteindre 3 300 Bq/L, ce qui la plus forte valeur pour ce puits. (Prélèvement du 1er mars 2014). Il y a 24 000 Bq/L dans le puits E10.

• Le débordement récent de 100 m3 d’eau contaminée d’une cuve pleine à 98% a conduit la NRA à demander à TEPCo à limiter à 95% le remplissage des cuves pour prévenir d’autres débordements en cas de fort séisme. TEPCo a refusé, mettant en avant le manque de place…

• La NRA a absorbé la Japan Nuclear Energy Safety Organization et récupéré 380 employés. Elle a donc maintenant un millier d’employés environ.

• La pénurie de main d’œuvre ralentit toujours les travaux de reconstruction dans les régions frappées par la triple catastrophe. Le manque de matériaux de construction est un autre obstacle. Le gouvernement a aussi créé plus de 20 000 postes pour aider les réfugiés rien qu’à Miyagi.

Cela rejaillit sur d’autres secteurs d’activité : une usine de transformation du poisson qui a repris ses activités à Kesennuma (Miyagi) n’a plus qu’une cinquantaine d’employés alors qu’ils étaient une centaine avant 2011. La construction paye près de 10 000 yens par jour, un gardien d’un village de préfabriqués pour réfugiés, 8 000. Les 6 000 yens par jour proposés par l’usine de transformation du poisson ne sont pas attractifs.

60% des maires des communes affectées par le séisme et le tsunami pensent que les travaux pour les JO de 2020 seront prioritaires et que cela va retarder encore plus la reconstruction. L’Asahi a interrogé 42 maires de villes côtières ou de la zone évacuée de Fukushima. L’agence de presse Kyodo aussi : il sont plus de la moitié à se plaindre des délais. Les maires de Namié et Futaba, communes évacuées à cause de la radioactivité, n’ont vu aucun progrès.

Des chantiers pour les JO ont déjà commencé : il y en a pour 500 milliards de yens (3,6 milliards d’euros). Il faut ajouter 6 000 milliards de yens (43 milliards d’euros) dans des routes et autoroutes. Les JO devraient coûter jusqu’à 20 000 milliards de yens (143 milliards d’euros).

Les prix de la construction augmentent et les pouvoirs publics du Tôhoku ne peuvent plus suivre : Aïzu-Wakamatsu a eu du mal à trouver un constructeur pour loger 2 000 réfugiés d’Ôkuma. Il a dû lancer plusieurs appels d’offre en augmentant les prix de 6% pour pouvoir y arriver. Le prix du béton a augmenté de 45% environ.

• Les autorités ont classés les territoires évacués en trois zones en fonction de la contamination. Le calendrier de retour n’est pas le même et les indemnités non plus. A Ôkuma et Futaba, les mairies ont obtenu une indemnisation uniforme. Mais ce n’est pas le cas à Tomioka et les réfugiés ne comprennent pas cette différence de traitement. Ceux qui sont originaires d’une zone où la contamination est la plus forte ne pourront pas revenir et ont droit à plus. Mais de nombreux habitants des autres zones ne reviendront pas et veulent bénéficier des mêmes aides, selon le Maïnichi. Le retour ne sera pas possible avant 2017 dans cette commune et les sondages montrent que seulement 12% des habitants veulent rentrer. Ils vont donc tous souffrir longtemps. Pour cette différence de traitement ?

A Hirono, située entre 20 et 30 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, il y a eu ordre de se mettre à l’abri, puis d’évacuer. L’ordre a été levé en septembre 2011 et l’indemnisation a cessé en août 2012. Pourtant, seulement 1 300 personnes sur 5 200 sont rentrées. Les habitants se plaignent de l’arrêt de l’aide alors qu’il est difficile de rentrer sans travail ni services publics.

• 15 884 décès et 2 636 disparus : tel est le dernier bilan de la triple catastrophe. Cela fait un total de 18 520 victimes.

Dimanche 2 mars 2014 :

• Selon un sondage pour l’agence de presse Kyodo, seulement 37 (24%) des 156 autorités locales situées à moins de 30 km d’une centrale nucléaire ne donneront leur accord à un redémarrage, même si l’autorité de sûreté donne son feu vert. Parmi elles, 13 le feront sans condition et 24 demanderont des garanties. 66 communes ou provinces (42%) se déclarent incapables de prendre une décision. Enfin 32 y seront opposées, même si la NRA donne son accord.

Sur les 156 entités interrogées en février 2014, il y a 135 communes et 21 provinces.

• 33,8% des enfants affectés par les trois catastrophes qui ont frappé le Tôhoku en 2011 souffrent de troubles de stress post-traumatique. L’étude a été menée sur 198 enfants d’Iwaté, Miyagi et Fukushima âgés de 3 à 5 ans en 2011. Une étude comparable a été menée à Mié, loin de la zone. Il n’y avait que 3,7% des enfants qui montraient des troubles de stress post-traumatique.

Samedi 1er mars 2014 :

• A l’approche du 3ième anniversaire, c’est l’heure des bilans. Suite aux trois catastrophes, il y a encore 267 000 réfugiés, dont 100 000 vivent dans des logements préfabriqués. Les autorités régionales de Fukushima recensent encore 136 000 réfugiés dont la vie reste difficile.

• Les procureurs ont décidé de ne poursuivre personne suivre au triple accident nucléaire à Fukushima daï-ichi. Etaient visés, l’ancien premier ministre Naoto Kan au moment de la catastrophe, des membres de la précédente autorité de sûreté ou l’ancien PDG de TEPCo. Il y a eu une manifestation à Tôkyô pour protester contre cette décision.

La rapport d’enquête parlementaire avait conclu à une catastrophe d’origine humaine, mais sans coupable…

Les plaignants ont décidé de faire appel. D’autres plaintes ont été déposées contre TEPCo à propos des indemnisations ou au civil.

Vendredi 28 février :

TEPCo a mis en ligne des statistiques sur les doses enregistrées par les travailleurs sur le site de sa centrale. En janvier 2014, il y a eu 924 employés de TEPCo et 5 813 sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes. Aucun employé de TEPCo n’a pris plus de 5 mSv en un mois alors que c’est le cas de 247 sous-traitants.

Ils sont 32 034 à être passés sur le site depuis le début de la catastrophe.

• Suite de la fuite de 100 m3 d’une cuve suite à une accumulation d’erreurs humaines. Dans un nouveau document mis en ligne (en japonais uniquement), on voit une photo de l’étendue de la flaque. TEPCo a pompé l’eau qui a fui et a retiré la terre contaminée. Il y a aussi des photos. Elle a récupéré 42 m3 d’eau et retiré 130 m3 de terre. De la terre contaminée inaccessible aux engins reste. TEPCo veut aussi creuser 3 puits pour surveiller l’eau souterraine à proximité.

La compagnie suspecte toujours un acte de malveillance concernant les vannes qui étaient ouvertes alors qu’elles n’auraient pas dû l’être. Elle a mis des cadenas et montre les photos. Elle va aussi installer des caméras de surveillance.

• Comme cela faisait longtemps, des données sur les sédiments marins devant la centrale qui sont toujours fortement contaminés en césium.

• Les pêcheurs de Fukushima ne pêchent que 32 espèces, les font contrôler avant de les mettre sur le marché. Ils ont adopté une limite de 50 Bq/kg, qui est la moitié de la limite gouvernementale. Mais ils ont récemment pêché une rascasse à 110 Bq/kg au large d’Iwaki. Les 13,2 kg de rascasse ne seront pas commercialisés et les 2,5 kg pêchés la veille seront repris, même s’ils ne dépassaient pas la limite. La pêche à la rascasse est suspendue.

• La levée de l’ordre d’évacuer les villages d’Iitaté et de Katsurao va être reportée d’un an à cause du retard pris dans les travaux de décontamination. 2 120 personnes vivaient dans les zones concernées de ces deux villages, où l’exposition externe devrait être inférieure à 20 mSv/an. La nouvelle date annoncée, mars 2015, n’est pas sûre. Pour les zones plus contaminées, où l’exposition externe pourrait atteindre une valeur comprise entre 20 et 50 mSv/an, le gouvernement garde l’objectif de mars 2016.

Ce n’est pas le seul endroit où les retards s’accumulent.

• Le gouvernement a approuvé la loi de libéralisation du marché de l’électricité. Actuellement, 10 compagnies d’électricité se partagent le marché avec un monopole régional. Une nouvelle entité va être mise en place pour coordonner l’offre et la demande. En 2016, ce sera l’ouverture du marché pour les petits consommateurs. Puis, entre 2018 et 2020, les compagnies devront séparer le réseau de distribution de la production pour faciliter l’entrée sur le marché de nouveaux producteurs.

Jeudi 27 février :

• L’eau des puits situés en amont des réacteurs, où TEPCo veut pomper pour la rejeter en mer avant qu’elle ne se contamine plus, est systématiquement contaminée en tritium, jusqu’à 1 100 Bq/L. Cela vient des fuites des cuves car on ne sait pas stocker le tritium. Voir les prélèvements du 25 février.

En aval des réacteurs, la contamination en tritium peut atteindre 220 000 Bq/l (prélèvement du 24 février). L’eau s’y contamine avec de nombreux autres éléments.

On en retrouve aussi systématiquement en mer au large de la centrale, à des teneurs beaucoup plus faibles grâce à la dilution. Il faut ajouter la contribution directe des réacteurs. Il y a aussi du césium et du strontium. Voir les prélèvements de novembre 2013 près de la centrale et au large (affichés récemment).

• Une équipe de chercheurs japonais a étudié les doses reçues par des habitants vivant en bordure de la zone évacuée. Les résultats ont été publiés dans une revue scientifique en libre accès. Des données complémentaires sont ici.

Ils ont sélectionné 483 personnes vivant à Kawauchi et dans le district de Haramachi à Minami-Sôma, situés entre 20 et 30 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, ainsi qu’à Tamano, commune de Sôma, située plus loin, en bordure d’Iitaté. Ces personnes ont porté un dosimètre pendant deux mois en Août-Septembre 2012. Les résultats ont été relevés et la contribution de la radioactivité naturelle soustraite. Ils ont aussi contrôlé la nourriture de 117 personnes et les poussières pour évaluer l’exposition interne.

L’irradiation externe varie beaucoup d’un individu à l’autre. A Kawauchi, la dose reçue varie de 0,04 mSv à 1,2 mSv pour deux mois (0,24 mSv à 7,2 mSv si l’on extrapole à l’année). La personne qui a pris le plus est retournée régulièrement dans sa maison située en zone évacuée. La deuxième plus forte dose à Kawauchi a été prise par une personne qui va travailler en forêt. D’autre, avec des doses élevées ont participé à des travaux de décontamination. A Haramachi, les doses étaient comprises entre 0,14 mSv et 0,40 mSv sur deux mois (0,84 mSv et 2,4 mSv si l’on extrapole à un an). A Tamano, c’était compris entre 0,17 mSv et 1,1 mSv sur deux mois (1,02 mSv et 6,6 si l’on extrapole sur un an).

L’exposition interne liée à la nourriture ou à l’inhalation de poussières a été calculée à partir des mesures et conduit à des valeurs plus faibles. La valeur maximale pour la nourriture est de 0,120 mSv par an. Il faut noter que ce calcul est très approximatif car la contamination des aliments varie beaucoup en fonction de la saison. Or les mesures ont été faites sur tous les aliments consommés pendant 24 heures. La consommation d’un ou deux aliments plus contaminés que la moyenne un autre jour peut conduire à de forts changements.

En ce qui concerne l’inhalation de poussières, les auteurs de l’études évaluent la contribution la plus élevée à 0,023 mSv/an pour un adulte et à,027 mSv/an pour un enfant.

Cette étude confirme donc d’autres études qui montrent que c’est bien l’exposition externe qui domine et que les variations peuvent être très grandes d’un individu à l’autre. Les auteurs comparent ces résultats à l’exposition naturelle, mais les règles de radioprotection n’y font pas référence car cela s’ajoute. Ils se hasardent ensuite à calculer la dose sur 10 ans, jusqu’en 2022 et à calculer le nombre de cancers engendrés. Ces derniers calculs doivent être pris avec précaution, surtout en ce qui concerne l’impact sanitaire des faibles doses encore mal compris.

Mercredi 26 février :

• Suite aux scandales à répétition lors de l’été 2013 concernant les fuites d’eau en mer, le gouvernement s’était engagé à prendre les choses en main et a proposé de financer une barrière souterraine gelée tout autour des 4 réacteurs pour isoler les sous-sols des réacteurs des écoulements souterrains.

Il s’agit de creuser les puits d’une trentaine de mètres de profondeur, d’y faire circuler un liquide réfrigérant à -40°C. Le projet coûterait plus de trente milliards de yens (214 millions d’euros).

Les premiers tests devraient avoir lieu bientôt et seront lancés, au plus tôt, le 11 mars prochain, jour anniversaire. Ils concerneront une surface de 100 m2 seulement à proximité du réacteur n°4. Le gel devrait prendre un mois.

Il s’agit de tester l’étanchéité de la solution malgré la présence de tuyaux, galeries… Les travaux à grande échelle devront démarrer plus tard durant l’année. Le mur devrait alors aller jusqu’à 35 m de profondeur car de la contamination a été détectée si bas.

Personne ne sait si cette solution ne va pas modifier la stabilité des sols, ni elle est pérenne car le chantier est là pour des décennies.

• La province de Fukushima a dépensé 1,7 milliard de yens (12 millions d’euros) pour combattre les « rumeurs néfastes » et promouvoir l’économie locale. C’est 4 fois plus que l’année précédente. Les produits agricoles locaux se vendent toujours mal.

• Le Japon possède 331 kg de plutonium de qualité militaire qui vient du Royaume Uni et qui lui a été fourni par les Etats-Unis pendant la guerre froide. Depuis 2010, les Etats-Unis réclament au Japon de rendre ce matériau proliférant. Le Japon a finalement cédé et demande du plutonium de moins bonne qualité à la place pour continuer son effort de recherche. Dire qu’il a une usine toute neuve d’extraction de plutonium qui n’a jamais servi car elle ne fonctionne pas.

Ce plutonium est à Tôkaï (Ibaraki). L’annonce officielle devrait être faite au sommet sur le sécurité nucléaire de La Hague les 24 et 25 mars 2014.

• Une des deux lignes de la station ALPS de traitement des eaux en cours de test est à nouveau tombée en panne. L’autre ligne traite 250 m3/j.

• Les médias ont été invité à visiter la salle de commande des réacteurs 1 et 2 de la centrale de Fukushima daï-ichi qui a dû être abandonnée au tout début de l’accident car le débit de dose y était trop élevé.

Mardi 25 février :

• L’exploitant de la centrale de Tôkaï (Ibaraki), la Japan Atomic Power Company, veut déposer une demande d’autorisation de redémarrage pour son réacteur. Elle va auparavant signer un accord avec 11 communes environnantes dans lequel elle s’engage à venir s’expliquer avant de déposer le dossier. Un problème majeur est l’absence de plan d’évacuation dans un rayon de 30 km où vivent près d’un million de personnes.

• Le refroidissement de la piscine du réacteur n°4 a été stoppé suite à un court-circuit. Ce sont des travaux de creusement au sud qui ont endommagé le câble électrique. Le refroidissement a repris 4 heures plus tard. Le retrait des combustibles usés a aussi été suspendu. La température de l’eau de la piscine n’a presque pas changé.

Photos et explications en japonais. Communiqué de presse en anglais.

• C’est bien connu, le césium s’accumule dans les sédiments et c’est particulièrement vrai dans les bassins, lac, réservoirs qui recueillent l’eau de pluie qui lessive les sols. Selon une étude de la province de Fukushima et du ministère de l’agriculture, la concentration en césium radioactif dépasse 8 000 Bq/kg dans les sédiments de 576 réservoirs agricoles utilisé pour l’irrigation sur 1 939 contrôlés. Il y en a 3 730 en tout. 8 000 Bq/kg constitue la limite à partir de laquelle les autorités japonaises considèrent que les boues de station d’épuration, les cendres d’incinérateur et les déchets issus de la décontamination doivent être traité comme déchets radioactifs.

Parmi ces réservoirs, il y en a 14 où la contamination dépasse 100 000 Bq/kg. Cela monte à 370 000 Bq/kg à Motomiya ou 390 000 Bq/kg à Futaba.

108 des 576 bassins de rétention contaminés sont en zone évacuée. Et 9 sur les 14 les plus fortement contaminés sont aussi en zone évacuée.

En été, quand le niveau de l’eau est bas, le débit de dose à proximité augmente. Les autorités régionales s’inquiètent aussi pour les champs et rizières irriguées, même si le niveau de contamination de l’eau reste faible. En cas de sécheresse, la boue pourrait devenir poussière et contaminer les environs. Cependant, le ministère de l’environnement n’a aucune intention de curer ces bassins. Et celui de l’agriculture renvoie vers l’environnement car la décontamination n’est pas de sa compétence. Il se contente de transmettre l’information. Et s’il le faisait, il ne pourrait pas se faire indemniser par TEPCo.

Les autorités régionales ont évalué à 15,4 milliards de yens (plus de 100 millions d’euros) le coût de la décontamination et de la prise en charge des déchets. Le gouvernement pourrait commencer par les réservoirs les plus contaminés en zone non évacuée.

• Le gouvernement a rédigé son nouveau programme énergétique qui devrait être adopté en mars prochain. Il ne change quasiment pas, même s’il insiste plus sur les énergies renouvelables. Le nucléaire reste une énergie de référence, sans valeur cible quant à sa part. Personne ne peut dire combien de réacteurs seront autorisés à repartir, ni quand. Ce qui est fort probable, c’est qu’au moins un tiers du parc ne reparte jamais.

Le gouvernement maintient aussi l’option du retraitement, même si ni l’usine de retraitement ni le surgénérateur Monju ne marchent.

Le nouveau plan ne propose rien pour les déchets radioactifs et joue sur les mots : le nucléaire passe du statut d’énergie de base à énergie en base, c’est à dire la part de l’électricité qui ne varie entre le jour et la nuit et au fil des saisons.

Bref, cette nouvelle stratégie énergétique est bien vague.

• On le sait, les mesures de contamination bêta total de TEPCo étaient fausses quand la contamination est forte. La compagnie a mis 6 mois à rendre public ce scandale.

Dans un communiqué en anglais, elle annonce qu’elle va demander de l’aide à l’extérieur pour expertiser ces procédures de mesure et faire des essais inter-laboratoire. Elle va aussi s’adresser à l’international.

• Le gouvernement tente toujours de faire accepter ces deux centres d’entreposage des déchets les plus radioactifs issus de la décontamination à Futaba et Ôkuma. Le gouverneur de Fukushima voulait que soit inscrit dans la loi que ces centres ne sont là que pour trente ans et que les déchets seront mis ailleurs par la suite, conformément aux promesses faites. Mais le gouvernement ne le veut pas il sait très bien que ce n’est pas réaliste. Qui acceptera ces déchets dans 30 ans ?

• TEPCo indemnise le stress dû à l’évacuation à hauteur de 100 000 yens par personne et par mois (715 euros). Elle compense aussi la perte de revenu, mais elle veut cesser à partir de février 2015 sous prétexte que le marché de l’emploi s’est amélioré. Cela va à l’encontre des instructions du comité gouvernemental qui stipule que TEPCo doit payer aussi longtemps que les revenus sont inférieurs à leur niveau d’avant la catastrophe.

• Retour sur la fuite de 100 m3 d’eau contaminée d’une cuve. En plus d’avoir négligé le contrôle des vannes et l’alarme, les personnes sur place n’ont pas remarqué que le niveau de l’eau dans la cuve qui devait être remplie ne bougeait pas, bien qu’elle était équipée d’une jauge. TEPCo a mis 9 heures pour se rendre compte de la fuite. Cela avait pris un mois lors de l’été 2013. C’est un progrès significatif, mais c’est encore inacceptable. C’est toute la culture de sûreté qui est à revoir.

• L’Institut océanographique de Bedford à Vancouver au Canada a détecté l’arrivée de la contamination en césium en provenance de Fukushima sur la côte Ouest du pays. La concentration est faible, mais la présence de césium 134 signe une origine récente. Les premières traces, à moins de 1 becquerel par m3 ont été vues en juin 2013. La modélisation prévoit une concentration de 2 à 27 Bq/m3 à la mi-2015.

• A Hirono, commune située à une trentaine de kilomètre de la centrale, les habitants ont d’abord été confinés, puis encouragés à partir. Le conseil à l’évacuation a été levé après 6 mois. Pourtant peu d’habitants sont rentrés. Ils étaient plus de 5 000 avant le 11 mars 2011, ils sont actuellement 1 352. L’économie locale ne repart pas. Les magasins, restaurants restent fermés. En revanche, il y a environ 2 500 travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi dans des dortoirs, hôtels et autres hébergements. Un propriétaire de « combini » (magasin dépanneur ouvert 24h/24, 7j/7) a vu ses ventes augmenter depuis la catastrophe. La municipalité a donc le projet de développer l’accueil des travailleurs.

Les habitants sont divisés : certains y voient une bonne opportunité pour relancer l’économie locale. D’autres craignent l’insécurité, ce qui n’est pas sans vexer les travailleurs en question.

Lundi 24 février :

• Retour sur la levée de l’ordre d’évacuer le district de Miyakoji à Tamura à partir du 1er avril 2014. Il y avait 358 âmes dans ce hameau (117 familles) avant la catastrophe et les travaux de décontamination sont terminés depuis juin 2013. Les habitants pouvaient rentrer pour réparer leur maison.

Lors de la réunion publique organisée par les autorités le 23 février dernier, qui a duré 3 heures, ils étaient une centaine.

C’est un début, le gouvernement espère lever l’ordre d’évacuer de 6 communes dans les deux ans à venir : 30 000 personnes auront à décider ce qu’elles font, rentrer ou refaire leur vie ailleurs. Pour trois communes, ce devrait être dès ce printemps.

Le représentant de l’agence de reconstruction gouvernementale a expliqué que l’ordre d’évacuer est en contradiction avec la liberté de choisir son lieu de vie garantie par la constitution. Il se réjouit donc que cette liberté soit recouvrée partiellement. Ce sont surtout les coûts liés aux indemnisations des évacuations qui le motive.

Les avis des habitants sont mitigés. Certains sont contents car les entreprises du bâtiment seront moins hésitantes à venir y travailler. D’autres sont contents pour l’agriculture : trois familles ont repris les cultures et espèrent que cette décision leur permettra de lutter contre les « rumeurs néfastes ».

D’autres, surtout avec des petits enfants, demandent une décontamination plus poussée car elle est limitée aux environs immédiats des habitations et autres lieux de vie. Lors d’un retour en famille, un habitant a expliqué que ses enfants sont allés jouer dans des zones non décontaminées, sans le savoir. Il demande donc que le point de vue des parents soit pris en compte avant de lever l’ordre d’évacuer. Sa décision est prise, il ne rentrera pas.

Comme nous l’avons déjà répété, la limite de dose fixée pour le retour est toujours de 20 mSv/an en supposant que les habitants passent 8 heures par jour à l’extérieur. C’est trop, et en contradiction avec les recommandations de la CIPR. 20 mSv/an, c’est pour la phase d’urgence, qui est terminée depuis longtemps. Mais les autorités espèrent que les habitants adapteront leur mode de vie pour limiter leur exposition.

Pour relativiser cette limite de dose, une grande partie de la presse française a copié-collé une dépêche AFP qui explique que « une radio effectuée dans un hôpital délivre quelque 10 millisieverts, d’après l’Institut national des sciences radiologiques du Japon. » (Voir ici par exemple) Ce chiffre est complètement farfelu. Une radio dentaire, d’un bras, jambe… c’est mille fois moins. Pour l’abdomen, c’est moins de 1 mSv. Un scanner peut atteindre 10 mSv. (Voir ce document IRSN-INVS).

Et puis ces doses médicales, qui ne sont inoffensives, viennent s’ajouter aux doses liées à la pollution. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais l’un et l’autre.

Voir des photos prises par Greenpeace à Tamura.

• Les experts de la NRA qui sont allés ausculter la faille sous la centrale de Higashidôri (Aomori) sont partagés. Il n’y a donc pas consensus sur le fait que cette faille soit active ou pas.

• Le ministère de la santé et des affaires sociales va contrôler la thyroïde de 1 972 travailleurs qui étaient présents sur le site de la centrale au début de la catastrophe et qui auraient eu une dose à la thyroïde supérieure à 100 mSv. L’équipe devrait ausculter la thyroïde de près de 2 000 autres travailleurs qui auraient reçu une dose inférieure afin de comparer.

TEPCo avait d’abord déclaré 178 travailleurs ayant reçu une dose supérieure à 100 mSv à la thyroïde à l’OMS, avant que le ministère ne revoit ce chiffre à la hausse.

TEPCo a de nouveau reçu 145,6 milliards de yens (1 milliard d’euros) d’aide sans intérêt. C’est la 25ième aide.

• Voir une synthèse de TEPCo en japonais sur la dernière fuite de 100 m3.

Dimanche 23 février :

• Les autorités japonaises ont redéfini les territoires évacués en trois zones. Dans la partie la moins contaminée, les populations sont autorisées à rentrer chez elles durant la journée pour faire des travaux, mais pas à dormir sur place. Sauf dans le district de Miyakoji de Tamura où il est possible de rester dormir chez soi, sans que l’ordre d’évacuer ne soit levé. Cet ordre devrait être levé le 1er avril 2014. Les habitants continueront à toucher une indemnisation pendant un an. C’est la première fois que des habitants pourront officiellement rentrer chez eux. Combien rentreront ?

• L’université médicale de Fukushima et la CIPR ont signé un accord (ici en anglais). Il n’y a pas de clause de secret cette fois-ci, comme c’était le cas avec l’AIEA…. (Source en japonais).

Samedi 22 février :

• 5 000 résidents de Fukushima(-ville), Kôriyama et Iwaki s’apprêtent à déposer une demande d’être mieux indemnisés. Ils ont reçu 120 000 yens  chacun (860 euros) en dédomagement du stress occasionné par la catastrophe. Les femmes enceintes et les enfants, ont reçu 600 000 yens en plus (4 300 euros).

Ces personnes estiment que cela ne suffit pas et que la différence est énorme par rapport aux personnes qui ont dû évacuer. Elles réclament donc 1 million de yens (2 millions pour les femmes enceintes et les enfants) pour les trois années écoulées et une indemnisation jusqu’à ce que la radioactivité ait retrouvé les niveaux d’avant la catastrophe.

• L’Union européenne devrait alléger la surveillance des produits alimentaires en provenance du Japon à partir du 1er avril prochain. Cette décision repose sur le contrôle de 85 000 produits. La surveillance va continuer pour certains produits de Gunma, Ibaraki, Tochigi, Miyagi, Saitama, Iwaté et Chiba.

• La NRA a commencé à inspecter les failles sous la centrale de Shika (Ishikawa). Un trou de 40 m de profondeur a été creusé à cet effet, ainsi qu’un tunnel. La faille S1 passe sous le réacteur n°1 et pourrait être active.

• TEPCo exclut maintenant la panne de la valve pour expliquer la fuite de 100 m3 d’eau contaminée et cherche qui a bien la laisser en position ouverte. Des photos montrent qu’elle fonctionne correctement. La manivelle pour l’ouvrir et la fermer est restée en place alors qu’elle n’aurait pas dû.

Il a fallu que trois vannes soient laissées ouvertes pour que l’eau aille dans la mauvaise citerne, déjà pleine, alors qu’elles auraient dû être fermées. Comment est-ce possible ? Et puis, l’alarme a été ignorée.

Hideka Morimoto, secrétaire général adjoint de l’autorité de sûreté, la NRA, se pause des questions sur la compétence de TEPCo. Les erreurs sont trop nombreuses. Est-elle capable d’exploiter des réacteurs nucléaires ? La NRA va aussi consulter l’AIEA sur l’opportunité de classer cet incident sur l’échelle INES. Elle ne peut pas décider toute seule ? Il ne s’agit que d’une échelle de communication.

• Seulement 68% des débris du tsunami des zones non évacuées de Fukushima ont été traités, alors que c’est 98% à Iwaté et Miyagi. Il y en avait près de 17 millions de tonnes en tout, dans ces trois provinces.

• Bien que le réacteur Monju n’ai fonctionné que quelques mois depuis 1994, qu’il cumule les déboires, le gouvernement japonais s’y accroche et ne veut pas l’abandonner. Il a coûté plus de 1 000 milliards de yens (10 milliards d’euros) pour rien. La nouvelle loi sur l’énergie, en préparation, maintient cet équipement. Il n’est pas sûr que l’autorité de sûreté donne son feu vert.

• L’autoroute Joban qui passe dans la zone interdite des 20 km a été réouverte après décontamination. Les panneaux d’affichage donnent aussi des informations sur le débit de dose dans cette zone…

Vendredi 21 février :

• Retour sur la fuite de 100 m3 d’eau très contaminée annoncée la veille : deux valves avaient été laissées ouvertes et une autre était endommagée selon TEPCo. Et l’eau était allée dans une cuve déjà pleine qui a débordé. L’alarme avait aussi été supposée défectueuse par les ouvriers qui n’avaient rien vu.

Maintenant, la valve ne serait peut-être pas endommagée et c’est l’erreur humaine qui est mise en avant. Les vannes auraient été laissées ouvertes par mégarde.

L’eau reste le cauchemar quotidien de TEPCo. Elle en a 520 000 m3 dans des cuves, dont 340 000 m3 d’eau fortement contaminée.

La NRA avait classé au niveau 3 de l’échelle INES la fuite de 300 m3 de l’été 2013. Va-t-elle classer cette nouvelle fuite ?

Document en anglais.

Jeudi 20 février :

• Le nombre de décès officiellement liés à l’évacuation à Fukushima est maintenant de 1 656. C’est beaucoup comparé aux deux autres provinces touchée par le tsunami : l’évacuation des côtes a entraîné 434 décès à Iwaté et 879 à Miyagi. 90% des personnes décédées à cause du stress et des mauvaises conditions de vie avaient plus de 66 ans.

C’est à Minami-Sôma qu’il y a eu le plus de décès post-accidents : 447. Suivi par Namié, 317 et Tomioka, 225.

La reconnaissance officielle du lien avec l’évacuation intervient quand la famille réclame une indemnisation, après validation par une commission ad-hoc. Parmi les causes, il y a le manque de soin, le suicide, l’isolement… Cette procédure avait été mise en place après de séisme de 2004 à Niigata. Mais il n’y a plus eu de décès post-catastrophe après un mois. Avec la catastrophe nucléaire, cela continue après presque 3 ans.

A titre de comparaison, le séisme et tsunami ont provoqué 1 607 décès ou disparus à Fukushima et environ 18 000 sur tout le Japon.

TEPCo a annoncé une fuite de 100 m3 environ d’eau fortement contaminée sur une cuve qui a débordé.

L’eau de cette cuve avait déjà été partiellement décontaminée dans l’installation SARRY qui retire du césium. La contamination en bêta total est de 230 millions de becquerels par litre. Si on multiplie par 100 m3=100 000 L, on arrive à une fuite de 23 000 milliards de becquerels en bêta total (23 TBq).

Parmi les radioéléments émetteurs gamma dans cette eau, on trouve 3 800 Bq/L en césium 134, 9 300 Bq/L en césium 137, 1 800 Bq/L en cobalt 60, 1 300 Bq/L en manganèse 54 et 41 000 Bq/L en antimoine 125. Le reste, c’est du strontium ?

Il y a un réceptacle au pied des cuves, entouré d’un muret pour retenir l’eau qui fuit. Mais l’eau qui a débordé est allée dans une gouttière qui part du sommet de la cuve pour rejeter l’eau de pluie au-delà du réceptacle. L’eau contaminée se serait donc écoulée dans le sol sans aller jusqu’à la mer située à 700 m. Elle aurait contaminé 870 m2 de terrain. La gouttière a été installée en novembre 2013.

TEPCo aurait immédiatement commencé à recueillir l’eau qui restait et la terre contaminée.

Deux vannes d’injection de l’eau dans la cuve seraient restées ouvertes et une troisième semble défectueuse. L’eau est allée dans une cuve pleine de la zone H6 au lieu d’aller vers la zone E.

TEPCo ne sait pas pourquoi deux vannes sont restées ouvertes. Une alarme a sonné vers 14h le mercredi 19 février, mais les ouvriers n’ont pas pu détecter d’anomalie. C’est la patrouille qui surveille les cuves qui a découvert la fuite, le même jour à 23h25. Il a encore fallu 6 heures pour arrêter la fuite.

Plus d’informations ici en anglais avec photos, plans etc. La fuite n’est pas sur la page Facebook de la compagnie

La réaction de l’autorité de sûreté, la NRA, est ici en anglais.

Les pêcheurs de Fukushima ont exprimé leur inquiétude.

• Selon TEPCo, il ne reste plus qu’un seul thermomètre en état de fonctionner dans le réacteur n°2. Dans la partie inférieure de l’enceinte de confinement, il y avait plus que deux thermomètres, mais un a été détruit suite à une erreur humaine : un technicien a créé un court-circuit en appliquant une tension de 250 V au lieu de 100 V lors d’un test.

TEPCo a mis plus de 24 heures pour se rendre compte de la panne car le thermomètre défectueux affichait la même valeur que celui en état de marche. L’installation d’un nouveau thermomètre va prendre du temps à cause la radioactivité ambiante.

Avant la catastrophe, il y avait neuf thermomètres en bas de cette enceinte.

• TEPCo a du mal avec sa nouvelle station de traitement des eaux contaminées ALPS, supposée retirer 62 radioéléments. L’unité en cours de test devrait avoir une performance de 750 m3 par jour, mais la réalité est plus proche de 560 m3 par jour à cause des nombreux arrêts de maintenance et de contrôle.

TEPCo espère un démarrage en octobre 2014 avec un doublement de la capacité. Et le gouvernement devrait payer une autre ligne avec une capacité nominale de 500 m3/j. TEPCo arriverait à une capacité installée de 2 000 m3/j. Mais avec les performances actuelles, cela ferait plutôt 1 500 m3/j, sans compter les pannes.

Et cela ne suffira pas, comme le révèle le Yomiuri, journal promoteur de l’industrie nucléaire. TEPCo affirme avoir besoin de traiter 1 960 m3/j.

TEPCo injecte environ 360 m3 d’eau par jour dans les réacteurs pour les refroidir. Cette eau se contamine et s’enfuit dans les sous-sols. TEPCo pompe des sous-sols environ 760 m3/j. Les 400 m3 supplémentaires viennent des infiltrations d’eau souterraine.

Cette eau est traitée avec SARRY qui ne retire que le césium avant d’être réinjectée ou stockée.

TEPCo pompe aussi l’eau des tranchées entre les bâtiments turbine et les réacteurs, enlève une partie du césium et réinjecte l’eau dans la tranchée, comme expliqué dans la vidéo en anglais. Il est question de 20m3/h, ce qui fait 480 m3/j par installation. Et comme il y a deux installations mobiles, on arrive à un total de 960 m3/j. Mais cette eau ne doit pas entrer dans le bilan présenté par TEPCo.

Les 1 960 m3/j annoncés par TEPCo – 760 m3/j pompés dans les sous-sols = 1 200 m3 par jour pour traiter l’eau accumulée dans les cuves en un an ? Est-ce cela le calcul de TEPCo ? Le journal ne l’explique pas.

Pour le moment ALPS n’est pas au point : les performances sont moins bonnes que prévu pour certains radioéléments et elle génère beaucoup de déchets. Et même si elle était au point, elle suffirait pas selon TEPCo. Veut-elle que le gouvernement lui paye une quatrième chaîne de traitement ?

• Un groupe de chercheurs japonais et américains ont commencé à étudier l’impact de la radioactivité sur l’ADN d’une quarantaine de vaches restées à moins de 20 km de la centrale. Il vont comparer à des vaches d’Aomori qui n’ont pas été exposées. Dans l’équipe, il y a Timothy Mousseau, qui est connu pour ses travaux dans la zone interdite de Tchernobyl.

• Le ministère de l’environnement a mis en ligne, en anglais, une présentation de l’avancement de la décontamination.

• Les poissons pêchés dans le port devant la centrale sont systématiquement contaminés, à des valeurs souvent très élevées, avec un maximum à 171 000 Bq/kg pour les deux césiums. Dans un rayon de 20 km, plusieurs prises dépassent encore la limite maximale admissible de 100 Bq/kg. La pêche commerciale y est interdite.

Mercredi 19 février :

• Greenpeace Japon a invité ses homologues à un voyage à Fukushima. Greenpeace France nous délivre une chronique quotidienne sur son site.

• Une partie des cuves de stockage de l’eau contaminée de TEPCo ont été construites à la va-vite et les joints ont une durée de vie de 5 ans, sans compter la dégradation due aux radiations. Suite à la fuite de 300 m3 d’eau fortement contaminée d’une de ces cuves durant l’été 2013, qui était restée inaperçue pendant un mois, TEPCo s’était engagée à reprendre ces 750 cuves et les remplacer par d’autres plus solides. Les travaux devraient commencer en mars 2014 pour se terminer en mars 2015.

• La NRA a reçu 10 demande de redémarrage de réacteur en juillet 2013. 7 autres demandes sont venues s’ajouter depuis. La NRA devrait proposer, dès le mois prochain, une liste de réacteurs pour lesquels la fin de l’instruction sera menée en priorité. Elle va aussi procéder à des auditions publiques pendant quatre semaines sur le rapport final. Des réunions publiques seront organisées dans les communes proches des centrales concernées.

• Dans un discours en amont du troisième anniversaire du déclenchement de la catastrophe de Fukushima (ici en anglais), au-delà des déclarations de bonnes intention, le PDG annonce que l’indemnisation des victimes va coûter à la compagnie 4 900 milliards de yens (35 milliards d’euros – c’est prix de 10 EPR au tarif annoncé avant construction, ou de 4 EPR au tarif actuel). Tout cela sans connaître le calendrier de retour des populations. c’est donc un minimum optimiste.

Il confirme la décision de séparer TEPCo en deux entités, une en charge de la production et distribution de l’énergie, l’autre en charge de la décontamination et du démantèlement probablement appelée Fukushima D&D Engineering. Il n’est pas sûr que les résidents locaux acceptent l’utilisation du nom de la région… Il espère qu’elle va devenir une référence internationale en la matière. Faudrait que TEPCO commence par à apprendre à faire des mesures de la radioactivité qui sont justes !

Il propose aussi une vidéo en anglais et une page Facebook avec 778 j’aime !

• La contamination bêta total de l’eau du puits 1-16 est toujours très élevée : 2 millions de becquerels par litre dans le prélèvement du 17 février. C’était 3 millions dans celui du 13 février. Le record était de 3,1 millions.

• TEPCo a mis en ligne une vidéo en anglais qui explique, pendant 10 minutes, les mesures qu’elle a prises pour tenter de colmater les fuites en mer. Cette vidéo ne semble pas exister en japonais. Il n’est pas fait mention des erreurs de mesure…

Cette vidéo montre une action qui m’avait échappée : TEPCO pompe l’eau des galeries souterraines entre les bâtiments turbine et la mer, retire une partie du césium, et la réinjecte dans les galeries. Elle espère ainsi diminuer la contamination de cette eau et les fuites en mer. TEPCo parle d’eau purifiée dans sa vidéo, alors qu’elle toujours fortement contaminée en strontium, très radiotoxique. Cela a commencé en novembre 2013 et le niveau en césium aurait été divisé par 3 après une semaine de “purification”. Il en reste donc aussi des dizaines de  millions de becquerels par litre dans l’eau “purifiée”.

On voit aussi les tests de gel des passages vers ces galeries afin de ralentir, voire arrêter, les écoulements. Les images ont été prises avec de l’eau non contaminée dans une cuve de test.

Mardi 18 février :

• Selon l’Asahi, les compagnies d’électricité japonaises qui exploitent du nucléaire, investissent 1 620 milliards de yens (12 milliards d’euros) pour mettre leurs réacteurs aux nouvelles normes de sûreté. C’est 60% de plus que ce qu’elles avaient estimé il y a un an et cela pourrait encore augmenter en fonction des avis de la NRA. De nombreux réacteurs ne redémarreront jamais car ils sont trop vieux ou parce qu’ils sont sur des failles considérées comme actives. Il n’y a donc aucune garantie de résultat et les compagnies pourraient perdre beaucoup. Mais elles prennent le risque.

Les coûts sont plus élevés pour les réacteurs à eau bouillante.

Avec 300 milliards de yens (plus de 2,1 milliards d’euros), c’est Chubu Electric qui investit le plus. C’est le double du chiffre annoncé il y a un an. Et l’opposition au redémarrage de sa centrale de Hamaoka est forte. Elle avait été arrêtée sur ordre du premier ministre en mai 2011 à cause des risques encourus. Outre la faille Nankaï qui pourrait provoquer un séisme majeur, un accident couperait les principales liaisons entre l’Est et l’Ouest (autoroute, train à grande vitesse…).

TEPCo en est à 270 milliards de yens (1,9 milliards d’euros) pour sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa ; Kansaï Electric, 285 milliards de yens (2 milliards d’euros) ; Shikoku Electric 83,2 milliards de yens (600 millions d’euros).

• 7 communes de Shizuoka (Fujieda, Yaïzu, Shimada, Fukuroï, Iwata Yoshida et Mori), situées entre 21 et 30 km de la centrale de Hamaoka se plaignent de ne pas avoir assez d’information alors qu’elles doivent se préparer à faire face à une catastrophe nucléaire.

Chubu Electric a signé un accord avec quatre communes, Omaezaki et Makinohara situées à moins de 5 km et Kakégawa et Kikugawa à moins de 10 km. Elle s’est engagée à recueillir leur avis avant de redémarrer des réacteurs. Ces quatres communes ont été informées avant que Chubu Electric soumette sa demande de redémarrage à la NRA. Les 7 autres, l’ont découvert après. Elles réclament donc de signer un accord avec la compagnie, qui n’est pas favorable à ajouter des obstacles à sa demande de redémarrage.

Pour rappel, la zone de préparation à une situation d’urgence est maintenant de 30 km au Japon.

• TEPCo affirme qu’il faudra de 3 à 6 mois pour étudier les failles sous sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa.

• La NRA a mis en ligne le dernier bilan de la contamination de l’eau de mer, à proximité et au large.

Lundi 17 février :

• La NRA inspecte les failles sous la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata), propriété de TEPCo. Il y en a 23 et tous les 7 réacteurs sont concernés, sauf le n°4. Il s’agit d’abord de déterminer si l’approche de TEPCo est correcte et d’observer la géologie dans une fosse creusée sur place.

TEPCo est convaincue, bien-entendu, que les failles ne sont pas actives et que tout va bien. Elle maintient son plan de redémarrer les réacteurs 6 et 7 en juillet 2014.

Le gouverneur de Niigata rechigne toujours à donner son feu vert au redémarrage, même si la NRA devait donner son accord. TEPCO a installé des filtres pour retenir une partie des radio-éléments en cas d’accident. Ces filtres ne retiennent pas l’iode par exemple. Mais le gouverneur veut un engagement que TEPCo ne décompressera pas son réacteur sans son accord en cas d’uregnce. C’est une exigence assez surprenante qui ne peut être acceptée par la NRA, même si elle part d’un bon sentiment : laisser le temps à la population de fuir avant rejet. TEPCo vient de faire des calculs et affirme pourvoir attendre 18 heures avant d’éventer l’enceinte de confinement en cas d’accident.

• TEPCo a rehaussé les barrières qui entourent les cuves pour pouvoir mieux retenir l’eau qui pourrait fuir ou l’eau de pluie qui se contaminerait. Mais la compagnie a trouvé 7 fuites au niveau de ces barrières. En un point, 19,2 m3 (19 200 litres) auraient fui et auraient été absorbés par le sol. La contamination en strontium 90 de l’eau restante serait de 23 Bq/L, ce qui est 2,3 fois plus que la limite que TEPCo s’est fixée pour pouvoir rejeter l’eau de pluie.

• Le ministère de l’environnement a annoncé avoir procédé à la décontamination de 80 000 habitations en dehors de Fukushima. Cela représente 59% des maisons à traiter dans 58 communes. Il y aurait une accélération qui s’explique par le fait que certaines maisons n’auraient plus besoin de décontamination après avoir effectué de nouvelles mesures.

Les travaux sont presque terminés à Chiba et Gunma, mais seulement 30% des maisons de Miyagi et d’Ibaraki qui doivent être décontaminées l’ont été.

Le tableau avec tous les chiffres est ici en japonais.

• Le gouvernement pourrait changer la finalité du surgénérateur Monju qui n’a presque jamais fonctionné afin de tenter de le sauver. Il va servir à étudier la transmutation des déchets. La même chose avait été envisagée pour Superphénix, mais c’est une supercherie : le réacteur n’est pas plus sûr et les bénéfices attendus sont extrêmement maigres. C’est ce qu’avait conclu la commission Castaing de 1996. Dans son cahier d’acteur pour le débat cigéo, l’IRSN écrit : “La séparation/transmutation consiste à retirer des déchets une partie des atomes radioactifs à vie longue pour les transformer en atomes à durée de vie plus courte. En dépit de l’avancée des recherches qui se poursuivent aujourd’hui, il est vraisemblable que ces opérations ne seront pas réalisables à l’échelle industrielle dans un proche avenir ni applicables aux déchets déjà produits. Par ailleurs, la transmutation nécessite de déployer un parc de réacteurs dits de quatrième génération dont la conception est encore à l’étude. De plus, la transmutation ne permet pas d’éliminer tous les radionucléides à vie longue et des déchets HA et MA-VL resteront à gérer même si cette technique est mise en oeuvre. Ainsi, dans l’état actuel des connaissances, la transmutation ne constitue pas par elle-même une solution suffisante pour gérer les déchets de ce type. L’IRSN estime en outre qu’elle n’apporterait pas un gain probant pour la sûreté.”

Bref, le village nucléaire sait mieux recycler les mauvaises idées que les déchets…

• Les coopératives de pêche de Fukushima ont lancé un nouveau site Internet pour tenter de rassurer sur la qualité de leur produits. C’est en japonais.

• La production d’électricité en janvier a baissé de 0,7% par rapport au même mois de l’année précédente. C’est le troisième mois consécutif de baisse. Les compagnies d’électricité expliquent cette tendance par un hiver relativement doux. Cela a changé en février, avec de fortes chutes de neige. Il n’y a toujours aucun réacteur nucléaire en fonctionnement sur 48 restant.

• En septembre dernier, la compagnie d’électricité de Hokkaïdô avait augmenté ses tarifs de 7,73% en moyenne pour les foyers et 11% pour les entreprises, et envisage de les augmenter à nouveau. Ce serait la première compagnie japonaise à les augmenter deux fois. Mais elle n’est pas très optimiste quant à un redémarrage de sa centrale nucléaire de Tomari.

• La contamination de l’eau des nappes phréatiques se remettent à monter : dans le puits 1-6, situé près des réacteurs, il y a maintenant 640 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 13 février). Un record pour ce puits.

Du côté des cuves, la contamination en tritium du puits E10 est passée à 36 000 Bq/L (prélèvement du 15 février). Celle en bêta total du puits E1 est de 220 000 Bq/L (prélèvement du 16 février).

Ces valeurs ne sont pas des records, mais sont très élevées.

Dimanche 16 février :

• La construction de logements pour les réfugiés à Fukushima prend du retard. Les autorités régionales ont prévu un complexe de 16 unités à Aïzuwakamatsu mais les 8 compagnies qui ont répondu à l’appel d’offre ont proposé un tarif bien trop élevé pour la région. C’est dû à un manque de main d’oeuvre et de matériaux de construction.

C’est le deuxième appel d’offre : lors du précédent à Kôriyama, en août 2013, c’était pareil. L’appel d’offre a échoué deux fois et les autorités ont dû relever le prix par deux fois.Les premiers emménagements dans la vingtaine d’unités prévues dans ce projet devraient avoir lieu en octobre 2014.

Trouver du terrain prend aussi plus de temps que prévu. Sur les 3 700 nouvelles unités d’habitation prévues pour la fin 2015, l’achat du terrain est finalisé pour 60% d’entre elles seulement (2 360 unités). Les autorités veulent en construire 4 890 en tout.

Les autorités veulent favoriser l’emménagement de personnes qui sont devenues proches dans les hébergements provisoires ou avant dans les mêmes unités afin de préserver du lien social.

• Les révélations continuent à propos du scandale de la sous-estimation de la mesure bêta total sur des échantillons très contaminés à cause de la saturation du détecteur. Une erreur de débutant…

TEPCO a fait faire 20 866 mesures bêta total depuis le début de l’accident. La sous-estimation interviendrait quand la contamination dépasse 200 000 Bq/L. Il y a 167 analyses dans ce cas qui sont à refaire. TEPCo s’est engagée à publier les nouveaux résultats alors qu’elle a caché les anciens pendant 6 mois.

Ces chiffres sont ici en japonais.

Samedi 15 février :

• On s’en souvient, TEPCo avait oublié de mesurer le rayonnement X pour évaluer le débit de dose en bordure de sa centrale. Il pouvait atteindre 8 mSv/an par endroit alors qu’il est limité à 1 mSv/an. Ces chiffres ne prennent en compte que le rayonnement dû à la centrale, pas la radioactivité naturelle, ni les dépôts de césium sur le sol. Le problème est surtout pour les travailleurs.

Ce rayonnement vient des cuves pleines d’eau contaminée : le rayonnement bêta provoque une émission de rayons X sur l’acir des cuves. TEPCo s’est engagée à repasser sous la limite de 2 mSv/ avant mars 2015 et sous 1 mSv/an avant la fin mars 2016.

Vendredi 14 février :

• TEPCo a développé un nouveau dosimètre avec Fuji Electric Co qui serait plus précis que ceux sur le marché. Espérons qu’il soit plus fiable que ses mesures en bêta total de l’eau souterraine…

• Avec la neige et le froid, la demande en électricité a atteint 93% des capacités de production de TEPCo au moment des pointes.

• La contamination de l’eau du tout nouveau puits 1-13, qui était la plus élevée jamais mesurée en césium a fortement augmentée : il y a 93 000 Bq/L en césium 137 et 37 000 Bq/L en césium 134 (prélèvement du 13 février). Il y a aussi 260 000 Bq/L en bêta total. L’eau a été prélevée à 16 m de profondeur.

En amont des réacteurs, dans la zone où une cuve avait fui, la contamination en tritium vient aussi de battre un record : 1 000 Bq/L dans le puits E11 et 2 900 Bq/L dans le E12 (prélèvements du 12 février).

• TEPCo a mis de nouvelles photos (commentées en japonais) et une vidéo du réacteur n°3 : on voit que les travaux de démantèlement ont bien progressé. Mais on voit aussi l’endommagement du bâtiment et de la structure de soutainement. Espérons que cela tiendra aux séismes car les humains ne peuvent pas aller la renforcer.

• L’AIEA a publié son dernier rapport de mission à Fukushima. Pas lu. Dans son communiqué de presse, l’AIEA réitère son soutien à l’option rejet en mer pour l’eau contaminée, après avoir été décontaminée, dans la limite des autorisations de rejet. Or la station ALPS qui doit décontaminer ne marche pas et le tritium stocké dépasse largement les autorisations de rejet. Bref, que des conseils très utiles…. L’AIEA encourage TEPCo à améliorer les performances d’ALPS.

SimplifyInfo, alias Fukuleaks, a mis en ligne des liens vers plusieurs témoignages de personnes évacuées.

• Comme prévu, Chubu Electric a déposé son dossier de demande d’autorisation de redémarrage du réacteur n°4 de la centrale de Hamaoka. C’est la 17ième demande déposée sur 48 réacteurs.

Jeudi 13 février :

• TEPCo a creusé un nouveau puits, le n°1-13 et la contamination en césium de l’eau y bat tous les records : 54 000 Bq/l en césium 127 et 22 000 Bq/l en césium 134. (Prélèvement du 12 février 2014). Ce puits est à 50 m du rivage, à proximité du réacteur n°2.

TEPCo pense s’être approchée du point où les sous-sols fuient. Ah bon, ils fuient ? Mais pas très loin, tient-elle à rassurer.

• Le ministère japonais de l’environnement, l’université médicale de Fukushima et l’Agence pour l’Energie Nucléaire de l’OCDE organisent un workshop à Tôkyô sur les cancers de la thyroïde. Tous les intervenants sont du village nucléaire planétaire. L’ouverture à la société civile va être promue sans que cette société civile ne soit invitée à donner son point de vue…

On imagine le contenu de la conférence de presse à la fin de la conférence.

• Statistiques sur la thyroïde d’une clinique de Tôkyô. En anglais.

Reporters sans frontière a classé le Japon au 59ième rang de son classement mondial de la liberté de la presse. L’ONG écrit, sur sa page Asie :

“Fukushima censuré

Arrestations, perquisitions de domicile, convocations par les services du Renseignement intérieur, menaces de poursuites judiciaires, qui eût pu croire que les journalistes indépendants prenaient autant de risques en couvrant l’après-Fukushima ? Depuis l’accident nucléaire en 2011, le système unique au monde des « Kisha clubs », ces clubs de presse dont seuls les membres sont accrédités auprès des autorités, exacerbe les discriminations dont sont victimes les journalistes free-lance et la presse étrangère. Souvent exclus des conférences de presse organisées par TEPCO et le gouvernement, privés d’une information réservée aux grands médias au sein desquels l’autocensure est la règle, les journalistes indépendants luttent à armes inégales contre le « village nucléaire ». Après que le gouvernement de Shinzo Abe a légiféré sur les « secrets d’État », leur combat pour la liberté d’informer s’annonce encore plus dangereux.”

• L’association des médecins contre la guerre nucléaire a publié un rapport, en octobre 2013, pour critiquer les conclusions de l’UNSCEAR. C’est ici en anglais.

Mercredi 12 février :

• La NRA s’est enfin fâchée suite aux erreurs de mesures inadmissibles de TEPCo. Il n’est pas acceptable qu’elle fasse des erreurs si importantes pendant plus de deux ans. M. Tanaka, le président de la NRA a déclaré à la presse : “Quelque chose comme cela ne doit pas arriver… Ces données servent de base à la prise de décision, ils doivent donc tout faire pour éviter les erreurs en mesurant la radioactivité”.

(Pour rappel, les détecteurs saturaient et ne comptaient pas toute la radioactivité présente en cas de forte contamination).

TEPCO ne communique presque plus en anglais et n’a encore rien dit sur ce scandale, si ce n’est pour corriger un article de presse qui lui déplait : une dépêche de jiji affirmait que TEPCo savait depuis juillet 2013 que la mesure en strontium dans l’eau du puits 1-2 était de 5 millions de becqurels par litre. TEPCo donne la “vraie chronologie” :

– 5 juillet 2013 : prélèvement ;

– 26 juillet, début de la mesure du strontium ;

– 12 septembre, résultat de la mesure dont la publication a été suspendue car elle n’était pas plausible ;

– 5 février, annonce de la cause des problèmes ;

– 6 février, annonce des résultats.

L’agence jiji s’est peut-être trompée sur les dates, mais pas sur le fond : que s’est-il passé entre le 12 sept. et le 5 février ? Pourquoi TEPCo n’a rien dit ? Rien à ce propos dans son communiqué rectificatif…

• Des décontamineurs avaient trouvé des débris très radioactifs dans le lit de la rivière Idégawa à Naraha durant l’été 2013. TEPCo les a fait analyser par la JAEA (le CEA japonais) et les résultats sont ici en japonais. Les niveaux sont similaires à ce que l’on trouve dans les débris de la centrale, c’est à dire énormes ! L’échantillon n°3, qui fait 0,4 g, a 2 millions de becquerels en césium 137.

TEPCO affirme qu’ils sont liés à l’accident, mais ne peut en donner l’origine exacte. Cela ressemble à des débris du réacteur n°3 sans que TEPCO ne sache comment ils sont arrivés là. Certains sont en plastique, un autre en bois…

Les premiers tableaux sont en Bq/échantillon. Celui sur le césium et cobalt, en Bq/g. Il faut donc multiplier par 1 000 pour avoir des Bq/kg.

• Le président de la NRA a annoncé qu’aucune instruction de dossier de demande de redémarrage ne sera terminée d’ici la fin de l’année fiscale (31 mars). Sur 16 dossiers de demande déposés, l’évaluation a bien avancé pour 10 réacteurs, situé dans l’Ouest. Mais des travaux complémentaires devront être effectués.

Un membre de la NRA a expliqué que certaines compagnies n’ont pas changé d’attitude vis à vis des autorités, d’autres ont compris les enjeux et ont fait des efforts. Il n’a pas donné de nom…

• Le principal parti au pouvoir, le parti libéral démocrate, veut introduire une qualification pour les ouvriers engagés dans les travaux de décontamination ou de démantèlement, avec 3 niveaux et un examen.

• TEPCo a trouvé deux fissures de 8 et 12 m de long dans la dalle en béton qui est sous les cuves d’eau contaminée. De la neige contaminée a pu s’écouler par là après avoir fondu. Ces fissures ne sont pas loin de la cuve qui avait perdu 300 m3 d’eau contaminée pendant un mois durant l’été 2013. TEPCo a trouvé 58 Bq/L en césium dans la neige fondue et 2 100 Bq/L en strontium. Comment la neige a-t-elle pu se contaminer autant ?

Des photos commentées et quelques explications sont ici en japonais et ici en anglais.

L’eau souterraine à proximité reste fortement contaminée. Il y a 51 000 Bq/L en tritium dans le puits E1 (prélèvement du 10 février 2014). Il y a 7 200 Bq/L en bêta total. Comment expliquer cette contamination persistante autrement que par des fuites persistantes ?

• La NRA a finalement confirmé ses précédentes conclusions à propos des failles sous la centrale d’Ôï (Fukui) et considère qu’elles ne sont pas actives. Si elles l’avaient été, les réacteurs n’auraient pas pu redémarrer.

• La NRA a mis deux résultats de mesure de contamination marine dans la baie de Tôkyô : il y a entre 39 et 66 Bq/kg en césium dans les sédiments secs et de l’ordre de 0,01 Bq/L dans l’eau de mer. Cette pollution est due au lessivage des sols et s’accumule dans la baie presque fermée. La contamination des sédiemnts a augmentée par rapport aux précédents prélèvements aux mêmes points.

Pour les sédiments, c’est du même ordre que ce qui est trouvé au large (une centaine de km) de la centrale de Fukushima. Pour l’eau de mer, les niveaux sont similaires à ce qui est trouvé au large de Miyagi.

• La ville de Hakodaté (Hokkaïdô) a entamé une action en justice pour arrêter les travaux de construction d’un réacteur nucléaire à Ôma (Aomori). C’est le premier réacteur de Electric Power Development Co. (J-Power) qui doit fonctionner au MOx uniquement. Une partie du territoire communal de Hakodaté est à moins de 30 km de la centrale et fait donc partie de la zone de préparation à l’urgence nucléaire.

La ville justifie son action sur le fait que le réacteur en construction a été conçu pour satisfaire des critères de sûreté devenus obsolètes. Elle veut aussi avoir le droit de peser sur la décision car elle est à moins de 30 km. Pour le moment, seules les communes qui accueillent une centrale ont leur mot à dire. Et comme elles touchent des taxes, elles sont favorables !

Les travaux de construction ont commencé en 2008 et ont été suspendus en 2011 après la catastrophe nucléaire. Ils ont repris en octobre 2012.

Mardi 11 février :

TEPCo a retiré 308 assemblages de la piscine de combustible du réacteur n°4, dont 22 neufs.

• Selon les indiscrétions recueillies par la presse japonaise, le gouvernement devrait présenter son plan énergétique à court et moyen terme d’ici la fin du mois. Il devrait réaffirmer le rôle de l’énergie nucléaire en base, c’est à dire la part de l’électricité dont on a toujours besoin, quelles que soient les variations. La presse cite l’opposition des Japonais face à cette énergie qui a longtemps fait hésiter le gouvernement. Mais comme cela ne semble pas se traduire dans les urnes, le gouvernement hésiterait moins à réaffirmer ses positions en faveur de cette énergie.

Que le public soit pour ou contre, que le gouvernement soit pour ou contre, pour le moment aucun réacteur ne peut fonctionner, faute de pouvoir satisfaire aux nouveaux critères de sûreté. Le fossé est grand tant il y avait du laisser aller. Le meilleur ennemi de l’industrie nucléaire reste l’industrie nucléaire elle-même.

Lundi 10 février :

• La candidat conservateur, soutenu par le gouvernement, a remporté le poste de maire-gouverneur de Tôkyô, avec 45% des suffrages exprimés. Ses deux principaux challengers, ont recueilli 20% des suffrages chacun (estimations à la sortie des urnes). L’ancien premier ministre, M. Hosokawa, retiré de la politique, était revenu dans la course en axant toute sa campagne sur une sortie rapide du nucléaire. Il avait dû démissionner de son poste de pemier ministre suite à des problèmes d’argent jamais clarifiés et il voulait prendre la suite d’un gouverneur démissionnaire pour les mêmes raisons… La sortie rapide du nucléaire n’a pas pu faire la différence. L’autre challenger, M. Utsunomiya, soutenu par le parti communiste et le parti social démocrate et arrivé en deuxième position, était aussi opposé au nucléaire.

La vainqueur a promis de faire passer la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à Tôkyô, de 6 à 20%.

Le taux de participation était de 46%, un des plus bas.

• Le gouvernement avait promis une nouvelle politque énergétique mais repousse sans cesse l’échéance. Il a du mal à faire la synthèse entre les différentes opinions de la majorité. Il ne sait toujours pas quand ni combien de réacteurs nucléaires pourront redémarrer. Et il n’a pas de solution pour les déchets nucléaires. En attendant, de nouveaux opérateurs attendent l’ouverture complète du marché de l’électricité en 2016 en investissant dans les énergies renouvelables.

• Lire l’excellente dépêche Reuters sur la course contre la montre engagée par les exploitants du nucléaire pour satisfaire aux nouveaux critères de sûreté. Des milliers d’employés ont été envoyés à Tôkyô, à proximité des locaux de l’autorité de sûreté, pour répondre à ses questions. Les conditions de vie depuis des mois dans des hôtels bon marchés, loin de la famille, sont difficiles, les exploitants rognant sur tous les frais. Les journées de travail sont aussi très longues. Mais il n’y a pas que le papier. Les investissements pour remettre les réacteurs aux normes sont aussi massifs. C’est pourquoi le nombre de demande de redémarrage reste très limité.

Mitsubishi Heavy Industry, qui a mis 2 800 personnes sur ce dossier, est le principal sous-traitant, dont dépendent tous les exploitants. C’est un autre frein.

Bref, personne ne peut dire quand ce travail sera fini et quand des réacteurs pourront redémarrer.

Samedi 8 février :

• TEPCo a reconnu que toutes ses mesures de contamination en bêta total pourraient être sous-estimées quand la valeur est élevée ! TEPCo va revoir toutes ses données depuis le début de la crise jusqu’en octobre 2013. Cela va prendre du temps !

Ce serait dû à un problème de saturation des détecteurs. Il faut alors diluer la solution à analyser pour être sûr que tout est bien pris en compte. Quand la concentration n’est pas trop élevée, TEPCo pense que les résultats sont corrects. Si un labo associatif avait une telle erreur, tout le village nucléaire l’aurait cloué au pilori.

TEPCo a identifié qu’il y avait un problème durant l’été 2013, mais l’a caché. Elle trouvait plus de strontium 90, émetteur bêta, que de bêta total. Et c’est seulement maintenant qu’elle se penche dessus. La NRA n’a rien vu ? Elle ne va pas la punir ?

Un scandale de plus pour cette compagnie, qui les cumule, et pas des moindres. Mais quand les pêcheurs refusent de lui faire confiance, c’est à cause des rumeurs néfastes…

Des explications de TEPCo sont ici en japonais.

• 180 habitants d’Iitaté et un millier de Daté, où les évacuations ont été tardives, avaient demandé une indemnisation à la commission mise en place pour régler les litiges, car ils se font du soucis pour leur santé. La commission avait donné un avis favorable, mais TEPCo refusait de payer au prétexte que la demande des habitants ne reposait sur aucune base scientifique.

Mais TEPCo vient de changer d’avis : elle va verser des indemnités pour régler ce litige, tout en maintenant qu’elle n’a aucun devoir de le faire, mais qu’elle souhaite prendre en compte la situation de ces personnes.

• Il y a eu deux séismes d’une magnitude de 5 et 4,8 dans la matinée à Fukushima.

Vendredi 7 février :

• Les nouvelles statistiques sur les cancers de la thyroïde viennent d’être publiées : il y a 75 cas potentiels, dont 33 confirmés après intervention chirurgicale, sur 254 000 enfants contrôlés. C’était respectivement 59 et 26 en novembre dernier. Les autorités maintiennent qu’elles ne pensent pas que ce soit lié à la catastrophe nucléaire. Et c’est toujours le même argument qui est avancé : à Tchernobyl, l’apparition des cancers est apparue 4 à 5 ans après la catastrophe. Mais il n’y avait pas eu un tel dépistage systématique et la découverte des cancers y a été plus tardive.

L’université médicale de Fukushima va faire une analyse génétique des glandes retirées pour voir si un lien peut être fait avec les radiations.

375 000 enfants en tout ont droit à une échographie de la thyroïde pour dépistage.

Plus de détails statistiques peuvent être trouvés ici en japonais. Une traduction très partielle est ici en anglais.

• Les erreurs de mesure de la contamination en bêta total entraîne un questionnement de la véracité de tous les autres résultats. En particulier, il y a le cas de la fuite de 300 m3 d’eau contaminée d’une cuve pendant un mois lors de l’été 2013. TEPCo avait mesuré jusqu’à 80 millions de becquerels par litre dans l’eau qui a fui et la NRA avait classé l’évènement au niveau 3 de l’échelle internationale INES. Si TEPCo a aussi fortement sous-estimé l’ampleur de la fuite, il faudrait peut-être reclasser son niveau. La réévaluation va prendre du temps.

• Le gouvernement veut revoir sa politique de communication sur la catastrophe. Il va donc sélectionner un panel de citoyens pour en discuter. La réunion aura lieu le 17 février à Fukushima et sera ouverte au public.

• La NRA va aller inspecter les failles de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) pendant deux jours à partir du 17 février prochain. Une tranchéede 30 m de profondeur a été creusée.

• Le gouverneur de Fukushima confirme son refus de l’installation d’un centre d’entreposage des déchets radioactifs à Naraha car la commune est moins contaminée que les deux autres, Ôkuma et Futaba où le gouvernement veut aussi y mettre les déchets issus de la catastrophe.

• Il y a toujours 3,1 millions de Bq/L en bêta total dans l’eau du puits 1-16, sous réserve que cette mesure est juste (prélèvement du 3 février).

Jeudi 6 février :

• Une nouvelle fuite a eu lieu sur le circuit de refroidissement. 600 litres ont fui, avec une contamination en bêta total de 2 800 Bq/L. Cela fait 1,7 millions de becquerels dans le sol. TEPCo a retiré 1 m3 de terre.

Les photos et explications sont ici en japonais.

TEPCo a publié des analyses de strontium (ici en anglais) sur des échantillons d’eau souterraine prélevée durant l’été 2013. Dans le puits 1-2, il y avait 5 millions de becquerels de strontium 90 par litre d’eau le 5 juillet, alors que la contamination bêta totale dans le même échantillon est de 900 000 Bq/L. Ce n’est donc pas possible car le strontium est un émetteur bêta. Le 8 août c’était 4 millions de Bq/L pour le strontium et 170 000 Bq/L en bêta total.

La mesure sur le strontium a été refaite après que TEPCo ait découvert que ces précédentes mesures étaient fausses. Un représentant de TEPCo a déclaré à la presse qu’il n’excluait pas que la contamination en bêta total soit de 10 millions de becquerels par litre. Les mesures vont être refaites.

Cela signifie-t-il que d’autres mesures bêta total sont fausses ?

Le puits, situé entre les réacteurs 1 et 2, est à 25 m du rivage.

TEPCo n’avait pas publié 140 résultats de mesure de strontium faites entre juin et novembre 2013 car les résultats étaient surprenants. Elle n’avait rien dit sur ce problème.

• Le ministre de l’économie et de l’industrie a laissé entendre que le gouvernement pourrait autoriser la reprise des travaux pour les réacteurs en cours de construction. En revanche, il ne compte pas lancerde nouveaux chantiers. Il y a trois réacteurs déjà approuvés, dont un de TEPCo à Higashidôri (Aomori) qui était prévu pour 2017. Sur son site TEPCo mentionne maintenant 2020. Le problème des failles qui passent sous cette centrale n’est pas réglé. Les deux autres sont à Shimané qui est presque terminé et Ôma (Aomori) où les travaux ont à peine commencé.

• La NRA a demandé à TEPCo de réduire l’exposition des travailleurs qui participent au retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°4. La NRA aurait mesuré un fort niveau de radiation dû au Cobalt 60 à cause des poussières issues du découpage de métaux lors de travaux de démantèlement qui sont tombées dans la piscine. Elle a trouvé qu’en mettant des plaques de plomb, l’irradiation pourrait être réduite à un tiers du niveau initial.

Voir ce document en japonais à partir de la page 5. Il y a des photos du réacteur dans les pages précédentes.

• La compagnie d’électricté se prépare à demander l’autorisation de redémarrer le réacteur n°4 de sa centrale de Hamaoka qui a été mis en service en 1993. Cette centrale avait été arrêtée sur demande du premier ministre en mai 2011 à cause de sa position, à proximité d’une faille majeure et de nombreux réseaux (train, autoroute…) entre l’Est et l’Ouest du Japon. Un mur anti-tsunami de 22 m de haut devrait être terminé en septembre 2015.

Le dossier pourrait être déposé aux alentours du 14 février. La demande pour le réacteur n°3 est aussi dans les tuyaux et pourrait être déposée en avril prochain.

• Le principal casse-tête des autorités concerne le retour des populations dans les territoires évacués. Pour cela, il a déterminé trois zones en fonction de l’exposition externe calculée en supposant que les habitants restent 8 heures par jour à l’extérieur et sont moins exposés à l’intérieur. Ces zones sont :

– moins de 20 mSv/an : retour possible ;

– entre 20 et 50 mSv/an : retour envisagé une fois la décontamination terminée pour faire passer cette exposition sous la limite de 20 mSv/an ;

– plus de 50 mSv/an : retour “difficile”, euphémisme pour dire dans longtemps, plus de 5 ans.

En temps normal, la limite est à 1 mSv/an. En cas d’urgence, la CIPR, qui établit les recommandations internationales en matière de radioprotection, écrit, dans sa publication 109 que le niveau de référence doit être fixé entre 20 et 100 mSv, au total ou par an. Les autorités japonaises, qui ont fixé à 20 mSv/an la limite pour évacuer les populations, se sont vantées d’avoir choisi la limite basse de la CIPR. Pourtant, le 22 avril 2011, lorsque que l’ordre d’évacuer les zones contaminées à plus de 20 mSv/an au-delà des 20 km, a été pris, on était probablement déjà plus dans l’urgence.

Maintenant, la phase d’urgence est terminée depuis longtemps. Le gouvernement a même déclaré l’arrêt à froid des réacteurs le 16 décembre 2011. Il faut donc se référer à la publication 111 de la CIPR qui recommande que les niveaux de référence soit fixés dans la limite basse de l’intervalle 1 – 20 mSv/an. La NRA, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, dans son avis, a ajouté qu’il s’agissait d’un objectif à long terme, tout en se gardant bien de donner un calendrier.

L’idée des autorités, qui n’ont pas réussi à faire baisser de façon significative la contamination, malgré avoir dépensé beaucoup d’argent, est donc de distribuer des dosimètres et radiamètres pour que les habitants adaptent leur mode de vie de façon à réduire la dose externe reçue. Elles espèrent ainsi que les habitants arriveront à être à des niveaux proches de 1 mSv/an. En ce qui concerne les habitants qui n’ont jamais été évacués, mais qui vivent en territoire contaminé, la situation est moins claire. Ou ceux qui sont partis d’eux même, sans aucun soutien. Va-t-il distribuer les mêmes appareils de mesure ? La NRA recommande de ne pas les oublier, sans pour autant proposer le même programme.

Le gouvernement, qui a un devoir régalien de protéger les populations, se décharge ainsi de sa responsabilité. C’est inévitable après une catastrophe nucléaire. Mais si les populations doivent prendre en charge leur radioprotection, elles doivent être aidées et soutenues, comme le rappelle la NRA. Et surtout, elles doivent pouvoir participer au processus de décision, tant au niveau individuel que collectif. Il ne doit avoir aucune discrimination entre les personnes qui décident de rentrer et celles qui décident de refaire leur vie ailleurs. L’avis de la NRA reconnaît ce droit à chosir, ce qui ne semblait pas être le cas du gouvernement qui envisage de donner plus d’indemnités à ceux qui rentrent.

Dans les faits, ce sont surtout les personnes âgées qui rentrent et les familles avec enfants évitent de le faire quand c’est possible. Cela signifie une nouvelle organisation collective, car toute la vie des collectivités locales va se trouver affectée pendant longtemps.

Comme le gouvernement a refusé d’abaisser la limite d’évacuation, il ne peut pas choisir une limite plus basse maintenant pour le retour, car les personnes non évacuées ne comprendraient pas ! Il n’est plus possible de leur demander de partir sans justifier le fait d’avoir attendu 3 ans. Bref, le gouvernement est coincé et les recommandations de la CIPR sont difficilement applicables, à cause de la mauvaise articulation entre la phase d’urgence et la phase post-accidentelle.

Extraits des recommandations de la CIPR :

103: In the context of developing response plans for emergency exposure situations, the Commission recommends that national authorities should set reference levels between 20 mSv and 100 mSv effective dose (acute or per year, as applicable to the emergency exposure situation under consideration).

109: The reference level for the optimisation of protection of people living in contaminated areas should be selected in the lower part of the 1–20 mSv/year band recommended in Publication 103 (ICRP, 2007) for the management of this category of exposure situations. Past experience has demonstrated that a typical value used for constraining the optimisation process in long-term post-accident situations is 1 mSv/year. National authorities may take into account the prevailing circumstances, and also take advantage of the timing of the overall rehabilitation programme to adopt intermediate reference levels to improve the situation progressively.

Mercredi 5 février :

• Le gouvernement voulait ouvrir trois centres d’entreposage pour les déchets radioactifs les plus contaminés (plus de 100 000 Bq/kg) à Fukushima. Face à l’opposition à Naraha, le gouverneur a proposé au gouvernement de n’en ouvrir que deux, à Ôkuma et Futaba. Il en a parlé aux maires de ces deux communes qui réservent leur réponse. Il s’agit de stocker de 22 à 28 millions de m3, pour une durée maximale de 30 ans, officiellement. Mais personne ne croit que les autorités reprendront ces déchets. 96% des zones habitées de ces deux communes sont classées en “zone de retour difficile” car l’exposition externe y dépasserait 50 mSv/an.

• TEPCO a bien progressé dans le démantèlement télécommandé du réacteur n°3 et a plongé une caméra depuis une grue pour osculter les étages supérieurs. Il y a des fissures dans la structure en béton aux niveaux 4 et 5 (3ième et 4ièmes étages). Voir les photos commentées en japonais sur le site du Ministère de l’économie et de l’industrie. La résistance aux séismes est donc diminuée de 50%. Comme les êtres humains ne peuvent pas aller pour renforcer la structure, TEPCo ne propose pas de contre-mesure dans ce document.

Rappelons qu’il y a du combustible MOx dans la piscine de ce réacteur.

• TEPCO n’avait pas signalé des résultats de mesure du strontium qui lui paraissaient aberrants. Et pour cause, la contamination en strontium y était supérieure à celle en bêta total. TEPCo vient de trouver l’erreur : l’appareil de mesure, situé près des réacteurs 5 et 6 donne des résultats erronés depuis 2003.

Les explications en japonais sont ici et les photos commentées en japonais, ici. Des explications sont aussi disponibles en anglais, avec des photos.

Mardi 4 février :

• Le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales veut mener une étude sur la santé des travailleurs qui sont intervenus à la centrale accidentée. Il a lancé un groupe de travail qui doit proposer l’étude d’ici le mois de mai prochain.

• La plus grande partie du village de Kawauchi est située entre 20 et 30 km de la centrale. Après l’ordre de se tenir à l’abri, le village de 3 000 âmes a été évacué. L’ordre d’évacuation a été levé, sauf pour les parties à moins de 20 km, et des travaux de décontamination ont été menés. Le maire appelle au retour des habitants. Le village a 2 700 habitants inscrits, mais seulement 535 étaient rentrés chez eux en octobre dernier. Ils étaient 342 en avril 2012. 65% des villageois ont plus de 65 ans, contre 35% avant la catastrophe. Les jeunes ne rentrent pas car les obstacles sont nombreux : le lycée de secteur est toujours en zone évacuée. D’autres se sont habitués à une vie plus urbaine et ne veulent pas retourner.

Avant mars 2011, les habitants de Kawauchi faisaient 30 min en voiture pour se rendre à Ôkuma ou Tomioka pour voir un médecin, faire des courses ou travailler. Ce n’est plus possible car ces deux bourgs sont évacués.

Le maire fait tout pour développer les services et commerces. Il espère aussi attirer de nouveaux habitants.

• Les travaux de remise aux normes du réacteur n°3 de la centrale de Tomari à Hokkaïdô vont encore prendre des mois. La remise en route n’est pas pour bientôt. Il fait pourtant partie des 16 réacteurs pour lesquels un dossier de demande de redémarrage a été déposé.

Le système de refroidissement de secours n’a qu’un seul tuyau d’injection d’eau et la NRA en réclame deux. La compagnie d’électricité a essayé de tergiverser en disant que la probabilité que l’unique tuyau soit endommagé est très faible, mais la NRA n’a pas cédé. C’est le seul réacteur à eau sous pression dont le dossier a été déposé à être dans ce cas. Tous les autres ont déjà deux tuyaux.

Pour cette centrale, il y a aussi des désaccords concernant l’amplitude du séisme qui pourrait survenir.

Lundi 3 février :

• Pour réduire la quantité d’eau souterraine qui pénètre dans les sous-sols des réacteurs où elle se contamine fortement, TEPCo voulait pomper l’eau en amont et la rejeter en mer. Les pêcheurs s’y étaient opposés. Il faut dire qu’à l’époque, TEPCO s’y était reprise à plusieurs fois avant de donner une mesure fiable de la contamination en césium. Et puis, elle avait menti en disant qu’il n’y avait plus de fuite en mer. (Voir notre synthèse sur les évènements de l’été 2013).

Le gouvernement revient à la charge sur le sujet et a rencontré les pêcheurs. Evidemment, il est encore question de “rumeurs néfastes” qui pourraient pénaliser les pêcheurs. Le président des coopératives de pêche est encore d’accord cette fois-ci, mais il faut convaincre la base qui s’y était opposée la dernière fois, tant elle était exaspérée.

Le pompage devra permettre de réduire de 100 m3 la quantité d’eau qui pénètre chaque jour dans les sous-sols, qui devrait ainsi passer de 400 à 300 m3/j. L’eau pompée en amont est contaminée. Il y avait le lessivage des sols et surtout, il y a eu des fuites sur des cuves. Ce n’est pas aussi simple. TEPCo promet donc de satisfaire aux autorisations de rejet d’avant la catastrophe. La limite à ne pas dépasser était de 10 Bq/L en bêta total et 30 000 Bq/L en tritium. TEPCO promet que l’eau pompée sera contrôlée avant rejet et que le rejet n’aura lieu que si la contamination en bêta total est inférieure à 5 Bq/L et en tritium à 1 500 Bq/L. Pour le césium 137, ce sera 1 Bq/L, comme avant. Voir le document de TEPCo en japonais. Ce document ne dit rien sur la contamination actuelle de l’eau de ces puits. C’est pourtant primordial pour juger. Les données sont dans un autre document, exprimées en Bq/cm3 au lieu des habituels Bq/L pour diminuer d’un facteur mille les résultats. La contamination en tritium y serait inférieure à 100 Bq/L.

Sur ce document en anglais, on voit clairement la position des puits prévus pour le pompage (bypass) et des puits à proximité des cuves où il y a eu la fuite, plus en amont. La contamination en tritium près des cuves dépasse la limite. Que se passera-t-il quand TEPCo pompera ?

Les limites de TEPCo sur les rejets sont probablement pour le mélange afin de bénéficier de l’effet dilution.

La concentration maximale ne suffit pas comme critère, il faut aussi limiter la quantité totale rejetée par an. Il n’y a rien à ce propos dans le document. Et puis, si les pêcheurs n’ont pas confiance, ce qui est compréhensible, il faut leur proposer de faire des contrôles par eux même. Rien n’est prévu dans ce sens.

Bref, le dossier est encore une fois mal préparé. Mais un nouvel échec de TEPCo sera encore dû aux “rumeurs néfastes”… Et attendant, les fuites en mer continuent.

• A Iitaté, un groupe de travail avec des élus municipaux et des habitants a rédigé un plan pour les années à venir afin de sauver le village. Il prévoit notamment la construction de nombreux services sur une zone de 26 hectares. Il est aussi prévu une centrale électrique solaire et un retour en 2016. c’est plus tard qu’initialement prévu, mais encore bien optimiste.

TEPCo a mis en ligne les dernières statistiques concernant les doses prises par les travailleurs sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle fait des efforts en publiant 6 documents ! Au 31 décembre 2013, on arrive à un total de 31 383 intervenants enregistrés : 4 086 employés de TEPCo et 27 297 sous-traitants.

Ce document en japonais, donne la répartition des doses enregistrées par classe d’âge pour les employés de TEPCo (première colonne) et les sous-traitants (deuxième colonne), le total étant la dernière colonne. Les âges sont indiqués en haut de chaque tableau, à gauche.

Ce document en japonais donne la répartition des doses prises chaque mois (la colonne de gauche est à lire année mois avec des chiffres collés). Ce document en japonais donne la contribution de la dose externe et celui-là de la dose interne.

Rappelons que la plupart des intervenants résident en zone contaminée durant leur séjour à Fukushima et que la dose en dehors de la centrale n’est pas prise en compte. Et, en mars 2011, il n’y avait pas un dosimètre par personne et que les chiffres annoncés sont à prendre avec recul. Il y a aussi eu de la triche.

TEPCo a mis en ligne un communiqué où elle se vante des progrès accomplis. Tout va bien. Ainsi, les réacteurs 5 et 6 n’auraient pas été endommagés par le tsunami. Juste lavés à grande eau ? Mais ils seront démantelés. Quel sens du sacrifice !

Les efforts pour mettre la centrale de Kashiwazaki-Kariwa aux normes continuent, sans un mot sur le laxisme qui a prévalu durant des années et qui explique l’immensité des travaux à effectuer.

TEPCo aurait fait des progrès dans la gestion de l’eau contaminée alors que sans le scandale médiatique de l’été 2013, elle n’aurait rien fait ! Mais bon, les progrès avoués sont sur la qualité des cuves et l’administration ! Faut bien positiver pendant que les fuites en mer continuent comme avant et qu’il faut toujours une cuve nouvelle tous les deux jours.

Ce genre de communiqué, qui montre le pouvoir repris par la com, est complètement inutile. Il n’explique rien et décrédibilise toute autre prise de parole. Et dire que TEPCo se vante d’avoir fait des progrès dans la communication sur les risques…

Samedi 1er février :

• Lors de la réunion de la veille à propos de l’eau contaminée, la NRA a entendu TEPCo à propos du débit de dose trop élevé à la bordure du site, depuis la prise en compte du rayonnement X. Il monte jusqu’à 8 mSv/an alors que la limite est de 1 mSv/an. C’est un problème pour les travailleurs. Pour résoudre, le problème, TEPCo a dit qu’elle voulait filtrer l’eau, mais la station ALPS n’est toujours pas au point et TEPCO n’a pas pu donner de calendrier. Bref, la compagnie n’a pas de plan B alors que la station ALPS, initialement prévue pour septembre 2012, cumule les déboires sans remplir les performances attendues.

• Le ministère de l’environnement a classé 2,9 tonnes de boues de Kanagawa (au Sud de Tôkyo, à 300 km de la centrale) comme déchets radioactifs. Il va devoir les prendre en charge. Il s’agit de boues récoltées dans les caniveaux, gouttières… qui ont plus de 8 000 Bq/kg en césium.

Il y a 140 000 tonnes de boues en tout dans 11 provinces en tout.

• Le tore (chambre de supression) qui entoure le réacteur n°2 est percé, selon TEPCo, et l’eau fuit. Le trou fait 3 cm.

• Les derniers résultats de la contamination de l’eau souterraine à 25 m de profondeur sont ici en japonais uniquement. Il y a jusqu’à 60 Bq/L en strontium, mais TEPCo annonce qu’elle ne recherchera plus cet élément.

Vendredi 31 janvier :

TEPCo a annoncé officiellement l’arrêt définitif des réacteurs 5 et 6 de sa centrale de Fukushima daï-ichi. Il lui reste encore à prendre une décision  pour les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni qu’elle ne pourra pas redémarrer. Elle a encore 7 réacteurs à Kashiwazaki-Kariwa (Niigata).

Le nombre total de réacteurs de production d’électricité est donc de 48 maintenant au Japon, contre 54 avant le 11 mars 2011.

TEPCo a présenté des comptes bénéficiaires. Pour les 9 premiers mois de l’année fiscale 2013, qui commence au 1er avril, son bénéfice, avant impôt, serait de 189,22 milliards de yens (1,4 milliards d’euros). Elle avait perdu presque la même somme l’année précédente. Si l’on ajoute l’argent prêté par le gouvernement dans les recettes, le profit montre à 772,9 milliards de yens (5,6 milliards d’euros).TEPCo continue à réclamer plus d’aides, qui sont sans intérêts.

Les recettes issues des ventes d’électricité ont augmenté de 10% suite à l’augmentation de ses tarifs. L’arrêt définitif des réacteurs 5 et 6 implique une perte de 39,8 milliards de yens (290 millions d’euros) seulement car le gouvernement japonais a changé la loi.

• TEPCo avait découvert deux fuites dans l’enceinte de confinement du réacteur n°3. L’analyse des images a conduit la compagnie à estimer que 3,3 tonnes par heure sortaient par ces deux trous. Comme elle en injecte 4,5 tonnes par heure, il y en a encore 1,2 tonnes qui fuient par ailleurs vu que tout part.

• Interrogé au parlement, le premier ministre a déclaré que son gouvernement allait faire des efforts pour réduire la dépendance à l’énergie nucléaire en diversifiant les sources d’énergie.

TEPCo a mis en ligne toute une série de photos sur les débris qu’elle est en train de faire déblayer du côté de l’océan. Il y a, à chaque fois, avant-après.

TEPCo a mis en ligne une vidéo montrant les fissures dans des assemblages de combustible usé de la piscine du réacteur n°4. Il y a aussi des vidéos concernant les assemblages déformés.

La NRA a mis en ligne des résultats de mesure sur l’eau potable dans tout le Japon. Il y a du césium (à très faible concentration) dans l’eau du robinet dans les provinces d’Iwaté, Miyagi, Yamagata, Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama, Chiba, Tôkyô, Kanagawa et Niigata (12 provinces sur 47). La plus forte concentration est de 7,4 mBq/L (0,007 4 Bq/L) à Tochigi.

Jeudi 30 janvier :

• TEPCo avait laissé fuir une cuve pendant un mois durant l’été 2013 et 300 m3 d’eau fortement contaminée a pollué le sol et les nappes phréatiques à proximité. La compagnie a fait retirer une partie de la terre contaminée, et veut maintenant “rattrapper” le strontium parti dans la nappe phréatique qui se trouve en amont des réacteurs. Pour cela, elle veut y mettre un matériau absorbant (de l’apatite) à titre expérimental, utilisant une technologie américaine déjà mise en oeuvre à Hanford. Elle va donc creuser un puits de 20 m de profondeur à proximité de la cuve et y placer l’absorbant. Dans le puits le plus contaminé à proximité de cette cuve, il y a encore 10 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 29 janvier 2013).

En aval, l’eau souterraine se contamine continuellement au contact des sous-sols des réacteurs. Vouloir la décontaminer de cette façon est assez illusoire. Il se peut que les absorbants soient rendus inefficaces par la salinité de l’eau.

• 1 400 personnes ont porté plainte contre les trois constructeurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Ils réclament 100 yens (70 centimes) par personne à Hitachi, Toshiba et General Electric. Il y a parmi eux 38 résidents de Fukushima, mais aussi 400 étrangers de Corée, Taiwan…. Ils espèrent être bientôt 10 000.

La loi japonaise ne prévoit pas de compensations de la part du constructeur, seulement de l’exploitant. Mais les plaignants pensent que les constructeurs doivent aussi payer car les indemnités de TEPCo sont en fait prises en charge par les contribuables et les consommateurs d’électricité.

• La radio NHK a demandé à un édirorialiste du matin, un professeur d’économie, de ne pas parler de nucléaire pendant la campagne électrorale à Tôkyô alors qu’il avait préparé une chronique à ce sujet qui critiquait les coûts de cette industrie. Il a donc quitté la radio.

Il voulait mentionner l’augmentation des coûts de production due à l’augmentation des polices d’assurance, des investissements massifs pour améliorer la sûreté et la sous-estimationdes charges liées au démantèlement.

Mercredi 29 janvier :

• TEPCo a commencé les travaux pour installer une barrière souterraine gelée dans les tunnels et galeries souterraines qui relient les bâtiements réacteurs aux bâtiments turbines. Elle espère pourvoir pomper l’eau de ces galeries ensuite. Elle pense que les fuites en mer viennent de là. Le pompage des 11 000 m3 d’eau contaminée devrait commencer en mars pour finir en mai. Le problème est qu’il y a des câbles et des tuyaux qui passent par là et il n’est pas sûr qu’elle arrive à bloquer les écoulements. Et l’eau s’enfuit vers la nappe pas d’autres endroits fort probablement.

TEPCo a aussi commencé à construire une autre barrière dans le port en le comblant de blocs et de ciment afin de ralentir les fuites (voir le document en japonais). Répétons encore une fois ce qu’un enfant qui a construit des barrages dans un ruisseau sait : on n’arrête pas un écoulement, on le dévie. L’eau souterraine rejaillira ailleurs.

La contamination de l’eau du puits 1-16 fleurte toujours avec les niveau records : 3 millions de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 27 janvier). La contamination en tritium dans le puits 1-10, le long du littoral, vient d’atteindre 270 000 Bq/L. Ce n’est pas un record, mais la valeur la plus élevée depuis novembre (prélèvement du 27 novembre).

• On s’en souvient, TEPCo n’avait pas publié des données sur la contamination en strontium car elle estimait qu’elles étaient fausses. Et elle n’avait rien dit. Elle trouvait plus de strontium que de bêta total et avait conclut que la mesure strontium était fausse (voir des exemples ici en japonais). Mais il se pourrait que ce soit la mesure bêta total qui soit fausse…

• Le conseil municipal de Naraha a rejeté la demande de référendum concernant l’installation d’un centre de stockage de déchets radioactifs dans la commune. Il y a eu 4 voix pour et 6 contre. L’argument du maire est que la problématique de ces déchets concerne toute la province de Fukushima et qu’il n’est pas correct vis à vis des autres communes d’avoir un référendum sur cette question à Naraha uniquement.

Lu ici, ces propos de Pierre-Franck Chevet, le président de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) : « Schématiquement, si vous dessinez un cercle de 80 km autour d’une centrale européenne – ce qui a été plus ou moins la zone d’impact de l’accident de Fukushima – vous êtes dans la plupart des cas à cheval sur plusieurs pays ». Les PPI autour des centrales sont toujours limités à 10 km en France et 30 km au Japon. C’est 10 miles (16 km) aux Etats-Unis.

Mardi 28 janvier :

• La décontamination menée jusqu’à maintenant se limite aux environs immédiats des habitations. Quelques expériences sont menées sur les parcelles agricoles, et c’est tout. Fukushima, c’est 70% de forêt. Comment faire ? A Hirono, où seulement 20% de la population est rentrée, un expérience est menée dans la forêt, sur 200 m2. Le sol contaminé n’est pas enlevé, mais recouvert de sacs remplis de terre non contaminée sur une épaisseur de 10 cm. Des mesures vont être faites et les résultats devraient être communiqués en avril prochain.

Le sol forestier est à la base de la vie. Quelles sont les conséquences de cette pratique ?

• La NRA a demandé de nombreuses études complémentaires à la Japan Nuclear Fuel Limited concernant la sûreté de son usine de ‘retraitement’ de Rokkashô-mura. Son démarrage n’est pas encore pour bientôt.

Lundi 27 janvier :

• L’Asahi a découvert que les compagnies d’électricité ont financé partiellement les campagnes électorales d’hommes politiques défendant le nucléaire. Les dirigeants de ces compagnies étaient déjà connus pour avoir versé de l’argent lors de campagnes électorale. Mais là, ce sont directement les compagnies qui ont payé. Les sommes versées ne dépassaient pas 200 000 yens (1 400 euros) à chaque fois pour pouvoir rester anonymes. Ainsi, Akira Amari, membre du cabinet, qui est allé tenter de convaincre le gouverneur de Niigata d’accepter la demande de redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, aurait reçu plusieurs millions de yens par ce biais.

Neuf compagnies d’électricité auraient mis la main à la poche en 2006 quand il est devenu ministre de l’économie et de l’industrie et qu’il avait la charge de ces compagnies… Cela a continué les années suivantes. Des sous-traitants ou filiales ont aussi contribué. TEPCo aurait arrêté en 2011, après sa quasi-faillite, mais pas les autres.

Ce n’est pas le seul cas. TEPCo aurait créé une échelle pour classer les membres de la classe politique et les soutenir en conséquence.

• 28% des enfants des trois régions du Tôhoku les plus touchées par le tsunami souffrent de troubles psychiques selon le ministère de la santé. Une équipe médicale a interrogé 178 enfants d’Iwaté, Miyagi et Fukushima âgés entre 3 et 6 ans à la date du tsunami, ainsi que leurs parents ou tuteurs deux ans après la catastrophe. Ils ont ensuite comparé les résultats avec ceux d’une étude similaire menée sur 82 enfants de la province de Mié, très éloignée. Ils ont posé une centaine de questions et sont arrivés à la conclusion que 28% des enfants du Tôhoku interrogés souffraient de troubles d’introversion graves, comme de l’isolement, de la dépression ou des angoisses. C’est 4,5 fois plus qu’à Mié.

21% sont aggressifs ou ont d’autres indicateurs de comportement “extraverti”. 26% ont des troubles d’adaptation sociale ou autres.

La méthode retenue a été celle du contrôle du comportement des enfants (Child Behaviour Check List – CBCL).

Ces enfants vont être suivi sur une décennie. Les médecins pensent qu’il faut fournir des soins à ces enfants, sinon leur état pourrait empirer, mais il y a un manque de spécialistes dans la région.

L’étude a aussi montré que 25% des enfants ont perdu leur maison et que 25% autres ont vu leur maison endommagée. 58% des enfants vivaient dans de la famille à l’époque de l’enquête et 31% dans des abris. 31% ont été séparés de leur parents pendant au moins un temps.

• Les Etats-Unis réclament depuis des années que le Japon renvoie 331 kg de plutonium de qualité militaire qu’ils avaient prêté pendant la guerre froide pour “des études scientifiques”. Ce plutonium est à Tôkaï-mura (Ibaraki) et permettrait de faire entre 40 et 50 têtes nucléaires. L’administration Obama demande le retour, mais le Japon veut le garder car ils en auraient besoin pour l’étudier. Une preuve de plus que le Japon est un pays du seuil qui fait tout pour pouvoir assembler une bombe nucléaire en quelques mois en cas de troubles.

Le plutonium vient du Royaume-Uni qui a longtemps été le pouvoyeur des Etats-Unis après l’arrêt du retraitement. Les négociations sont donc tripartites, les EU voulant récupérer chez eux ce plutonium. le Japon pourrait céder.

• TEPCo a mis en ligne une synthèse en anglais des résultats de sa surveillance de la contamination de l’eau souterraine. Elle a mis aussi en ligne une présentation en anglais de la lutte qu’elle mène pour tenter, en vain, de résoudre le problème. Le problème de l’eau souterraine qui s’infiltre serait “naturel”. Mais c’est TEPCo qui a creusé pour y mettre les réacteurs. Les effets de l’eau contaminée seraient limités au port…

Aucune explication sur les retards de ALPS, sur le tritium, sur le carbone 14… Bref de la com.

• TEPCo a mis une présentation en anglais de l’avancement des travaux de sa feuille de route.

• Le maire de Naraha a demandé au gouvernement de revoir sa copie concernant l’implantation d’un centre de stockage de déchets radioactif dans sa commune. Il n’est prêt à accepter que des déchets issus de sa commune ayant moins de 100 000 Bq/kg. Il craint que le projet gouvernemental freine le retour des habitants. Le conseil municipal va discuter de la demande de référendum ce mercredi 29 janvier.

• Le conseil des sciences du Japon va étudier l’option de l’entreposage pérennisé pour les déchets les plus radioactifs car l’option de l’enfouissement est actuellement dans l’impasse.

• La Wood Hole Oceanographic Institution invite les habitants de la côte Ouest des Etats-Unis à prélever de l’eau de mer pour surveiller l’arrivée de radioéléments du Japon. Il en coûtera entre 550 et 600 dollars aux préleveurs volontaires. Elle a même créé un site oueb dédié.

L’ACRO fait une surveillance citoyenne de la radioactivité dans l’environnement depuis des années et cela ne coûte rien aux préleveurs volontaires. Vous êtes les bienvenus. De même que les informations en ligne sur cette page sont en accès gratuit malgré l’énorme quantité de travail que cela représente. Mais un don ou une adhésion sont bienvenus si vous pensez que notre travail est utile. L’argent sera utilisé à bon escient !

Vendredi 24 janvier :

• A Tsuchiyu, un célèbre onsen (source thermale) de Fukushima qui a perdu de nombreux touristes, des hôteliers ont investi dans la génération d’électricité grâce à l’eau chaude naturelle. Après avoir fait tourné une turbine, l’eau est encore assez chaude pour être utilisée dans les bains. Ils espèrent ainsi générer 2,8 MWh d’électricité, de quoi fournir 500 foyers.

• TEPCo a annoncé qu’elle allait mener une étude des failles sous sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, pour confimer qu’elles ne sont pas actives.

Il y a 23 failles sous cette centrale et la NRA a demandé des études complémentaires. Cette étude va prendre plusieurs mois. TEPCo le savait, mais cela ne l’a pas empêcher d’annoncer un redémarrage de deux réacteurs de cette centrale à partir de juillet prochain dans son plan financier avalisé par le gouvernement.

• L’AIEA est allée visiter des chantiers de décontamination Potemkine. Son rapport final est ici. Rien sur les scandales liés aux déchets réjetés dans les rivières, rien sur la sous-traitance et les conditions de travail. Mais une affirmation que n’importe quelle dose entre 1 et 20 mSv/an est acceptable. Les membres de l’équipe seraient-ils prêts à aller y vivre avec leurs enfants ?

• TEPCo a mis en ligne des images avec explications en anglais de son inspection du tore du réacteur n°2 (chambre de suppression).

• TEPCo va envoyer un robot dans les étages supérieurs du réacteur n°2 afin d’explorer comment retirer les combustibles usés de la piscine. Le débit de dose y est trop élevé pour les hommes, mais le haut du bâtiment n’a pas été détruit par une explosion hydrogène. Tout devrait être en place pour mener les opérations. Voir les photos et explications en japonais.

• Un groupe de travail de la NRA sur les fuites n’exclut que de l’eau contaminée contenue dans les sous-sols du bâtiment turbine du réacteur n°1 contamine les nappes phréatiques. TEPCo s’en tient toujours à une galerie pleine d’eau contaminée située entre les réacteurs 2 et 3 qui avait fui en avril 2011 comme étant la source des problèmes. Mais l’eau d’un puits situé près du réacteur n°1 a vu sa contamination en tritium monter récemment pour atteindre 5 600 Bq/L (prélèvement du 19 janvier, puits 0-2).

La présentation de TEPCo, en japonais, lors de la réunion du groupe de travail sur la contamination de l’eau souterraine est en ligne. On voit sur les graphes, en échelle logarithmique, que la contamination augmente dans de nombreux puits. Cela commence à poser un problème pour les ouvriers qui travaillent entre les réacteurs et la mer.

Jeudi 23 janvier :

• TEPCo a mis en ligne ses derniers résultats de mesure sur les poissons pêchés dans le port devant la centrale : ils sont tous contaminés, souvent à de fortes teneurs. Cela monte à 244 000 Bq/kg pour les deux césium. Il y a aussi des résultats sur des poissons pêchés dans un rayon de 20 km devant la centrale : de nombreux spécimens dépassent encore la limite de 100 Bq/kg. La plus forte valeur est de 400 Bq/kg.

• Les autorités régionales d’Iwaté et de nombreuses communes de cette province ont réclamé environ 54 millions d’euros de dédommagement à TEPCo. Mais la compagnie a refusé certaines demandes. Elles ont donc saisi la commission d’arbitrage pour une somme de l’ordre de 10 millions d’euros environ. C’est la première fois qu’une province fait une telle demande.

• La campagne officielle pour le poste de maire/gouverneur de Tôkyô a officiellement commencé. Il y a 16 candidats, dont M. Hosokawa qui axe sa campagne sur le nucléaire. Etant donné que l’accident a eu lieu sur une centrale qui aliment Tôkyô (Fukushima est alimentée par une autre compagnie, celle du Tôhoku) et que la ville région est un gros actionnaire de TEPCo (1,2% des parts), il est bienvenu que ce thème fasse partie de la campagne électorale. En revanche, ce n’est pas le seul critère de décision pour les électeurs et il sera difficile d’interpréter les résultats.

Il y a presque 11 millions de votants potentiels.

• Quelques maigres informations en anglais sur la fuite découverte dans le réacteur n°3. On ne sait toujours pas grand chose sur cette fuite : d’où elle vient et depuis quand elle existe ? Est-elle en partie responsable de la perte de refroidissement ?

La version japonaise est à peine plus fournie, mais sans évoctation des questions cruciales.

Mercredi 22 janvier :

• La NRA a mis en ligne des résultats de mesure de la contamination des sédiments marins au large de la centrale de Fukushima et au-delà. On trouve du strontium 90, particulièrement radiotoxique, à de grandes distances, mais à un niveau moindre que le césium. Les prélèvements ont eu lieu en mai 2013. La contamination en césium seulement aux mêmes points, mais sur des prélèvements en novembre 2013, sont aussi disponibles. Au Nord, la tendance à la baisse est notable. C’est pas le cas au Sud où il y a des points où cela augmente.

Il y a aussi des données sur la contamination de l’eau de mer, avec quelques mesures de strontium dans des prélèvements de mai 2013, ainsi que dans des prélèvements d’août 2013.

En ce qui concerne la contamination de l’eau de mer à proximité de la centrale, la NRA a commencé à afficher les résultats en potassium 40 (K-40)  naturel à côté de ceux pour le césium. Les prélèvements datent de décembre 2013.

• Selon une étude, le fleuve Abukuma, qui se jette dans l’océan à Miyagi après avoir traversé Fukushima, a rejeté environ 10 TBq (10 000 milliards de becquerels) de césium lors de la première année de la catastrophe. Et 60% de ce rejet aurait eu lieu suite au passage du typhon n°15 en septembre 2011 (6,2 TBq).

TEPCO a reçu 118 milliards de yens (843 millions d’euros) des autorités. Il s’agit d’une petite partie de l’argent du prêt sans intérêtpour payer les indemnisations. La somme totale, de 3 357,7 milliards de yens (240 milliards d’euros) ne sera pas suffisante.

• Nouveau record pour la contamination de l’eau du puits 1-16 : 3,1 millions de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 20 janvier). Le précédent record était de 2,7 MBq/l dans le prélèvement du 16 janvier.

Mardi 21 janvier :

TEPCo communique enfin en anglais sur la fuite découverte dans le réacteur n°3. Elle reconnaît explicitement que l’eau sort de l’enceinte de confinement. Elle aussi mis une nouvelle vidéo en ligne où le débit de l’écoulement semble plus faible.

• Les autorités ont distribué des dosimètres individuels à Fukushima, d’abord aux enfants et femmes enceintes, puis à toute la population. Ce sont les mairies qui en ont la charge. La télévision publique, la NHK, a contacté 26 mairies et il apparaît qu’il y a une forte baisse de l’utilisation de ces appareils, de 40% par rapport à 2011. Et c’est dans la ville de Fukushima que la baisse est la plus forte.

Environ 85 000 personnes continuent à les utiliser.

• Un responsable du ministère de l’environnement est allé recontrer les maires des 3 communes où le gouvernement veut faire des études géologiques en vue de l’implantation d’un site de stockage de déchets radioactifs issus de la catastrophe. Il s’agit de Kurihara, Kami et Taïwa à Miyagi. Les maires ne semblent pas ravis d’avoir été choisis et ils ne comprennent pas le processus de sélection. L’un a un site touristique, l’autre dit que de l’eau située à proximité alimente un réservoir.

• Un ouvrier, qui participait à un chantier de décontamination du réacteur n°2, a subi une contamination interne qui va entraîner une dose estimée à 0,38 mSv. Il aurait retiré son masque pour essuyer la buée.

• On se souvient de l’histoire de ses employés de TEPCo qui ont dû évacuer leur logement suite à la catastrophe nucléaire et à qui la compagnie a demandé de rembourser les indemnitées reçues. Le Maïnichi, qui continue à enquêter sur le sujet, a découvert que, dès octobre 2011, TEPCo a demandé à ses employés de ne pas demander de compensations. Ofiiciellement, il s’agissait, à l’époque, de laisser la priorité aux autres victimes alors que les demandes affluaient. Mais cela durer pendant plusieurs mois, TEPCo décourageant ses employés ou refusant leur demande.

Le document déniché par le quotidien, daté du 27 octobre 2011, explique que la section en charge des indemnisations est débordée, mais qu’elle va bien indemniser ses employés qui ont souffert comme les autres. Elle leur demande juste d’attendre avant d’envoyer leur dossier. Et d’ajouter que la situation devrait s’améliorer à la fin novembre ou au début décembre 2011. Mais entre 10 et 20 employés de la centrale, qui ont déposé leur demande au début 2012, conformément à la requête de leur employeur, se sont vus refuser toute indemnisation alors qu’ils y ont droit, comme toute personne qui habitait un territoire évacué. Tous les employés qui ont quitté la province de Fukushima ou qui ont été mutés ailleurs ont essuyé un refus.

Chaque personne évacuée à droit à 100 000 yens par mois (714 euros) à cause du stress engendré, en plus de la compensation de la perte éventuelle de l’emploi, du loyer etc. Les employés de TEPCo et leur famille souffrent autant que les autres. Le quotidien cite le cas d’une famille avec deux enfants qui étaient locataires pendant une dizaine d’année à proximité de Fukushima daï-ichi. La femme et les enfants ont  quitté Fukushima de peur d’être stigmatisés comme famille d’employés de TEPCo. Ils ont perdu toute vie sociale sur le nouveau lieu de vie. La femme ne va pas aux réunions de réfugiés de sa nouvelle commune pour les mêmes raisons. Quand le mari, qui ne voit sa famille qu’une fois par semaine, a, début 2012, demandé des indemnisations, elles lui été refusées, sous prétexte qu’il n’a plus le statut de réfugié. Mais pour lui, c’est un devoir de rester à la centrale de Fukushima daï-ichi, malgré la vexation.

Après, le PDG de TEPCo déclare dans la presse qu’il veut retenir ses employés qui quittent la compagnie… Et c’est sans vergogne que la compagnie, annonce sur son site qu’elle va indemniser toutes les personnes éligibles, “jusqu’à la dernière personne”. Il y a des personnes moins éligibles que d’autres…

Lundi 20 janvier :

• Retour sur la fuite découverte dans le réacteur n°3 : TEPCo n’en connaissait pas l’origine, mais a émis une hypothèse rassurante liée à de l’eau de pluie. Elle n’a pas mentionné d’hypothèse inquiétante…  Elle donne maintenant des informations (en japonais uniquement) sur cette eau :

– la température est de 20°C alors que l’eau injectée est à 7°C (à 17h) ;

– il y a 1,7 MBq/l en césium 137 (1,7 million de becquerels par litre), 700 000 Bq/l en césium 134, 25 000 Bq/l en Cobalt 60 et 24 MBq/l en bêta total. (Les données de TEPCo sont en Bq/cm3 pour faire moins peur). C’est donc beaucoup plus contaminé que l’eau injectée dont la composition est ici en anglais.

TEPCo en conclut pudiquement que “ce n’est pas l’eau qui pénètre dans le réacteur”. Certes, mais elle n’en dit pas plus sur la provenance. Toujours pas d’hypothèse alarmante, alors que la veille, elle n’avait pas hésité à suggérer qu’il pouvait s’agir d’eau de pluie… Quand les médias l’interrogent, le porte-parole de la compagnie ne peut nier que cette eau doit sortir de l’enceinte de confinement.

Cette eau a donc fort pobablement pénétré dans la cuve où elle a été en contact avec le combustible. La fuite existe-t-elle depuis le début ? Est-elle partiellement responsable de la fusion ? Si oui, est-elle due au séisme ou au tsunami ? Ces questions sont cruciales pour la sûreté des autres réacteurs. Rien à ce propos, même en japonais.

Et comme les débits de dose sont très élevés sur place, aucun être humain ne peut aller inspecter. La réponse à ces questions va tarder.

• Le ministère de l’environement a sélectionné 3 sites potentiels dans la province de Miyagi (Kurihara, Kami et Taïwa) pour y mettre les déchets radioactifs ayant plus de 8 000 Bq/kg en césium, comme les cendres d’incinérateur, les boues de station d’épuration… Ces sites sont éloignés des habitations et des cours d’eau. Des études géologiques doivent encore y être menées avant d’un sélectionner un. Quatre autres sites seront ouverts dans d’autres provinces sans que l’on sache où.

• Katsunobu Sakuraï a été réélu au poste de maire de Minami-Sôma. Il était devenu célèbre dans le monde entier suite à son appel sur Youtube où il appelait à l’aide au tout début de la catastrophe en expliquant sobrement la situation sur place. La partie Sud de la commune côtière est à moins de 20 km de la centrale et a dû être évacuée. Le tsunami a aussi fait des dégâts. Sur 54 000 électeurs, 11 000 vivent en dehors de la commune.

Il est devenu anti-nucléaire et très actif dans le mouvement des élus locaux opposés à cette énergie, alors que ses deux rivaux, proches du principal parti au pouvoir, soutenaient l’énergie nucléaire… dans les autres régions.

• La NRA avait conlu que les failles sous la centrale de Tsuruga (Fukui) étaient actives. Cette conclusion, qui implique l’arrêt définitif des réacteurs, était, bien-entendu, contestée par l’exploitant, qui a mené des études complémentaires pour prouver ses dires. Les inspecteurs de la NRA sont donc retournés sur le terrain pour deux jours afin de ré-examiner les failles.

• TEPCo veut investir 2 670 milliards de yens (20 milliards d’euros) d’ici 2022 pour se développer au Japon et à l’étranger, retrouver les profits et proposer un avenir à ses employés qui quittent la compagnie. Elle va notamment investir dans les gaz de schiste. Elle n’a pas l’argent et compte sur de nouveaux emprunts bancaires.

Elle a perdu un dizième de cette somme depuis le début de la catastrophe nucléaire.

• TEPCO a mis en ligne des résultats d’analyse de l’eau souterraine qui font apparaître une forte contamination en strontium, particulièrement radiotoxique : 1 100 Bq/l dans le puits n°1, 5 100 Bq/l dans le puits 1-5, un peu plus en amont, jusqu’à 1 300 Bq/l dans le 1-8… Dans l’eau de mer, à l’intérieur de la barrière mise en place le long du littoral, cela monte à 720 Bq/l.

La contamination en tritium dans le puits n°1 atteint 430 000 Bq/l, presque autant que ce qui sort des réacteurs.

Voir et lire l’excellent visuel interactif du journal Le Monde intitulé Fukushima, an III.

Dimanche 19 janvier :

• Un robot qui inspectait le rez de chaussée du bâtiment réacteur n°3 a trouvé une fuite d’eau. TEPCo ne sait pas d’où vient l’eau. D’un tuyau qui amène l’eau au réacteur ? De la cuve elle-même ? Dans l’un ou l’autre des cas, elle est fortement radioactive, ce qui ne va pas simplifier les choses. En revanche, TEPCo prétend que cette eau va dans les sous-sols et qu’elle ne fuit pas vers l’extérieur. Elle n’exclut pas qu’il s’agisse d’eau de pluie.

Si cette eau coule depuis le début de l’accident, ce pourrait expliquer en partie la perte de refroidissement et aurait des conséquences pour la sûreté des autres réacteurs.

Voir le document en japonais avec photo de la fuite. Il y a aussi une vidéo où l’on voit bien l’eau couler. La photo est maintenant disponible en anglais, mais aucun document explicatif, ni communiqué.

• L’association des dentistes de Fukushima va récupérer les dents des enfants de 5 à 15 ans volontaires pour contrôler la contamination en strontium, particulièrement radiotoxique, mais difficile à mesurer. Ayant les mêmes propriétés chimiques que le calcium, il a tendance à se fixer dans les dents et les os. Le projet est soutenu par le ministère de l’environnement et par d’autres associations de dentistes du Japon, de Hokkaïdô à Kyûshû.

Une spectrométrie gamma, plus simple, sera d’abord faite sur chaque dent. S’il y a une quantité significative de césium, une analyse de strontium sera faite. Pour les autres dents, la mesure ne sera pas individuelle, mais par groupe de 10 dents.

L’association a trouvé deux universités qui ont accepté de participer au projet : Tôhoku University à Miyagi fera les mesures et Ou University (?) à Fukushima analysera les données.

1 000 à 2 000 enfants devraient ainsi être contrôlés durant l’année fiscale qui commence le 1er avril. La recherche continuera au-delà en fonction de la demande. Le directeur de l’association s’est engagé à publier les résultats. La contamination en strontium des sols est faible. Les initiateurs du projet ne s’attendent donc pas à trouver du strontium et espèrent ainsi rassurer les habitants de Fukushima.

• Nous avions déjà signalé que des cochons abandonnés s’étaient croisés avec des sangliers. Il y a des photos dans ce document en japonais sur le site du METI, le ministère de l’économie, des finances, de l’industrie… Les photos ont été prises à Tomioka. Un néologisme a été inventé pour nommer ces bestioles : “inobuta”, contraction de “inoshishi” (sanglier) et “buta” (cochon).

• Selon le Maïnichi en japonais, l’eau contenue dans les cuves dépasse désormais 400 000 tonnes (ou m3). La quantité de tritium dans ces cuves serait de 817 TBq (817 000 milliards de becquerels). Il y aurait aussi 58 TBq dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine. Cela fait donc un total de 875 TBq.

Comme l’autorisation de rejet annuelle pour la centrale avec 6 réacteurs est de 22 TBq, (voir ce document en anglais) le stock de tritium représente donc 40 années de rejets à la limite. Si la station de traitement ALPS devait marcher, TEPCo devra revoir à la hausse ses autorisations de rejet avant de pouvoir rejeter l’eau qu’elle a sur les bras. Ce n’est pas gagné.

Voir aussi le document de TEPCo en japonais pour le groupe de travail tritium :

– Page 4, on voit le circuit de l’eau : 400 m3/j injectés, 800 m3/j pompés des sous-sols. Les 400 m3 supplémentaires proviennent des infiltrations des nappes phréatiques.

– Page 5 : le schéma des 4 réacteurs accidentés avec les températures et le volume d’eau injectée par heure dans chaque réacteur. Le total est de 15 m3/h, ou 360 m3/j. Contredit la page précédente…

– Page 11 : on voit des photos des cuves où il y a 430 000 m3 d’eau contaminée. TEPCo prétend pouvoir aller jusqu’à 800 000 m3 en 2016.

– Page 13 : on voit l’évolution de la quantité d’eau stockée en fonction du temps.

– Page 14 : on voit l’évolution de la concentration en tritium en Bq/l dans l’eau : cela passe de 4,2 millions de Bq/l en sept. 2011 à 630 000 Bq/l de nos jours. (Sur ce document en anglais, il y a un peu plus de 400 000 Bq/l en sortie de SARRY).

– Page 15 : on voit l’évolution de la quantité totale de tritium stocké dans les cuves. Il y a 817 TBq (817 000 milliards de becquerels).

Selon l’Asahi, presque un tiers des communes ont voté une délibération contre l’énergie nucléaire et l’ont soumise au parlement. Il s’agit notamment de communes qui se trouvent à moins de 30 km d’une centrale et qui sont maintenant dans la zone de préparation à l’évacuation d’urgence, mais pas seulement.

• Le projet de recherche DEVAST a fait une étude comparative des évacuations dues au tsunami et des évacuations dues à la catastrophe nucléaire. Lire l’excellent rapport en anglais.

Samedi 18 janvier :

• La ville de Hakodaté (Aomori) veut porter plainte contre le gouvernement afin d’annuler l’autorisation de construire une centrale nucléaire à Ôma, tout au Nord de l’île principale. La ville, qui est à 23 km du projet de centrale, n’accepte pas de ne pas avoir été consultée, alors que le rayon de la zone de préparation à une catastrophe nucléaire est étendu à 30 km.

• L’eau du puits 1-16 a désormais une contamination bêta totale de 270 000 Bq/L. C’est un nouveau record. Le prélèvement date du 16 janvier 2014.

Vendredi 17 janvier :

TEPCo a retiré 10% du combustible de la piscine du réacteur n°4 : 154 assemblages sur 1 533.

• Le Japon va revoir sa préparation face aux catastrophes. En particulier, les personnes vulnérables, qui ne peuvent pas fuir par elles-mêmes, seront répertoriées. Lors du tsunami du 11 mars 2011, 60% des victimes avaient plus de 60 ans. Des pastilles d’iode seront distribuées aux habitants dans un rayon de 5 km autour des centrales et la zone de préparation à une catastrophe nucléaire sera étendue de 10 à 30 km.

• TEPCo a mis en ligne, en japonais, des relevés de débit de dose dans le réacteur n°1. Aux points 10 et 11 (cf p.3), il y a respectivement 1,66 et 1,1 sievert par heure. Les hommes ne peuvent donc pas encore y pénétrer.

Page 8 du document, il y a deux points, les 20 et 21, avec respectivement 2,1 et 5,2 sieverts par heure !

On voit aussi des photos prises par le robot.

• Tohoku Electric Power Company, propriétaire de la centrale de Higashidôri (Aomori), a conclut que les failles qui passent sous sa centrale ne sont pas actives. Quelle surprise ! Les experts de la NRA, qui n’étaient pas convaincus jusqu’à présent, vont étudier ce nouveau dossier.

Jeudi 16 janvier :

• La ville d’Ôkuma a été fortement touchée par la catastrophe nucléaire, puisque 96% de sa surface sont classés en “zone de retour difficile”. La commune veut construire une ville nouvelle avec tous les services publics dans une zone au Sud de la commune qui n’est pas trop contaminée. Il y avait 300 habitants, il devrait y en avoir 3 000 en 2018, quand les travaux seront terminés, dont 2 000 qui travailleront à la centrale accidentée toute proche.

Le calendrier semble bien optimiste ! Il y avait 11 000 habitants à Ôkuma, tous évacués.

Mercredi 15 janvier :

• Le gouvernement japonais a approuvé le plan de redressement de TEPCo qui prévoit le redémarrage de deux réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa dès juillet 2014 et de deux autres tranches en 2015. C’est complétement irréaliste, mais le gouvernement a accepté.

Le gouverneur de Niigata est toujours opposé à ce redémarrage. Il a parlé de plan chimérique et critique le fait que les banques et les actionnaires n’aient pas pris leurs responsabilités.

• Environ 180 habitants du district de Nagadoro d’Iitaté, qui avaient été évacués tardivement malgré une forte contamination, ont demandé une compensation à TEPCo, à cause de l’angoisse engendrée. La structure de conciliation qui a été saisie leur a donné raison, mais TEPCo rechigne à payer et n’accepte pas la décision.

Une compagnie de pêche de Seattle a fait mesurer la contamination de saumons du Pacifique. Sur les 7 spécimens, elle en a trouvé 2 qui étaient légèrement contaminés. Mais un échantillon a plus de césium 134 (1,2 Bq/kg) que de césium 137 (< 1Bq/kg). Un tel résultat est surprenant.

Un autre a 1,4 Bq/kg en césium 137 et une contamination inférieure à 1 Bq/kg pour le césium 134, ce qui est plus plausible.

• Un taxi de Tsuruga (Fukui) a refusé de prendre un homme politique qui est contre l’énergie nucléaire. Avec l’arrêt de la centrale de Tsuruga à cause d’une faille et les déboires de Monju, le nucléaire de la ville est en mauvaise posture et l’économie locale s’en ressent. La situtation est tendue. Mais cela n’excuse pas ce refus.

Mardi 14 janvier :

Un site humoristique américain, connu pour ses canulars, a fait un montage photo présentant un calamar géant échoué sur une plage de Californie. Pour plus d’explications, voir le blog sur le site du Monde.

• Le gouverneur de Tôkyô a dû démissioner suite à une histoire de prêt personnel douteux. Des élections auront lieu le 9 février pour le remplacer. L’ancien premier ministre Hosakawa, qui avec un autre ancien premier ministre, Koïzumi, soutient une sortie du nucléaire, s’est porté candidat, malgré ses 76 ans. Il avait aussi dû démissionner de son poste de premier ministre suite à une histoire de prêt…

L’actuel premier ministre, en déplacement à l’étranger, a appelé à ne pas faire du nucléaire, l’enjeu de l’élection à Tôkyô. Le principal challenger de M. Hosokawa, Yoïchi Masuzoé, soutenu par la majorité au pouvoir, s’est aussitôt déclaré, lui-aussi, opposé à l’énergie nucléaire.

Et comme la région est un des actionnaires principaux de TEPCo, elle peut faire pression.

• La NRA a rassemblé dans un seul fichier (de 3,4 Mo à cause de la photo…) les derniers résultats de mesure sur la contamination de l’eau de mer. Il y a toujours beaucoup plus de césium près de la centrale qu’au large et du tritium qui ne s’accumule pas dans les sédiments : les fuites continuent.

• Les cartes avec l’évolution de la contamination terrestre de la NRA sont en ligne en anglais.

• Le désormais fameux puits 1-16 vient de voir un nouveau record de contamination : 2,4 millions de becquerels par litre en bêta total. Le prélèvement date du 13 janvier.

• La station ALPS de décontamination ne l’eau n’est toujours pas au point : elle n’arrive pas à remplir les objectifs assignés pour certains éléments comme l’iode. En attendant, l’eau s’accumule dans les cuves et le débit de dose augmente sur place. Et avec la prise en compte récente des rayons X, ce n’est pas anodin pour les travailleurs. TEPCo devrait revoir entièrement sa stratégie. La NRA suggère de se limiter d’abord au retrait du césium (déjà effectué par SARRY) et du strontium afin de baisser significativement la contamination bêta totale de l’eau et le rayonnement X induit.

• Le dernier bilan des doses enregistrées pour les 30 904 travailleurs qui sont passés sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi est en ligne.

• Le gouvernement japonais avait repoussé à la fin janvier 2014 sa nouvelle stratégie énergétique. Le ministre de l’industrie a annoncé un nouveau report, faute de concensus sur le nucléaire, même à l’intérieur de la majorité au pouvoir. Il a confirmé qu’il n’est pas prévu de construire de nouveux réacteurs nucléaires.

• La province de Fukushima a effectué un exercice de crise dans la zone évacuée, où les habitants sont autorisés à retourner durant la journée seulement, en imaginant un accident dans les centrales nucléaires de Fukushima. Une vingtaine de véhicules ont sillonné la zone avec des haut-parleurs pour prévenir les habitants de rester enfermés. Le message n’a pas été bien entendu dans 26 lieux sur 36. Les personnes équipées d’un vieux téléphone portable n’ont pas reçu de mail d’urgence. En revanche, les talkies-walkies prêtés aux habitants de Futaba et Ôkuma, ont été efficaces. Les autorités régionales vont essayer d’améliorer le plan d’urgence.

• Des militants anti-nucléaire de Kyûshû ont célébré leur 1 000ième jour d’occupation devant le siège de la compagnie Kyushu Electric à Fukuoka. Ils sont là de 10h à 17h en semaine, avec des banderoles.

• Un groupe de recherche privé (Kankyo Keizai Kenkyujo) a évaluer qu’il fallait au minimum 12 heures pour évacuer les populations dans un rayon de 30 km autour des centrales nucléaires japonaise. Si des routes sont endommagées par un séisme, cela pourrait prendre jusqu’à 5 jours et demi autour de Tôkaï (Ibaraki) où il y a près d’un million d’habitants et 6 jours autour de Hamaoka (Shizuoka) où il y a 740 000 personnes. Il serait donc quasiment impossible de protéger les populations en cas d’accident complexe impliquant aussi un séisme, car une mise à l’abris de 5 à 6 jours n’est pas tenable non plus.

L’étude s’est basée sur les plans d’évacuation et a supposé que 30% des bus enregistrés et 50% des voitures individuelles étaient disponibles. Elle a pris en compte les forts embouteillages engendrés qui vont freiner l’arrivée des secours à la centrale.

Les autorités régionales de Hokkaïdô avaient aussi estimé qu’il fallait un minimum de 12 heures et demie pour évacuer la population autour de Tomari. Voir l’article du Maïnichi qui rapporte l’étude.

Redémarrer les réacteurs implique aussi améliorer le réseau routier des zones les plus peuplées.

• Le bâtiment fait face à une forte pénurie de main d’oeuvre au Japon avec la reconstruction des zones dévastées, les chantiers de relance de l’économie et les Jeux Olympiques et envisage de se tourner vers de la main d’oeuvre étrangère.

Lundi 13 janvier :

• Le district de Miyakoji de Tamura, commune située à une vingtaine de kilomètres de la centrale, devrait être le premier à voir l’ordre d’évacuer levé. Lors d’une rencontre entre les autorités, des représentants de la commune et 25 habitants du district, ces derniers ont demandé à ce qu’ils puissent officiellement rentrer à partir du 1er avril prochain, car cela correspond au début de l’année fiscale et scolaire.

Ils peuvent déjà rester chez, même pour la nuit, mais l’ordre d’évacuation est maintenu pour qu’ils puissent continuer à recevoir un soutien financier.

Les travaux de décontamination sont officiellement terminés. Mais des familles avec enfants réclament une nouvelle décontamination et des objectifs en terme de débit de dose. Le gouvernement refuse ces objectifs chiffrés car il ne pourra probablement pas les atteindre. D’autres demandent une décontamination plus vaste car elle se limite actuellement à la proximité immédiate des zones de vie. Une fois les habitants rentrés, le gouvernement continuera-t-il à décontaminer ? Certains en doutent et réclament un engagement ferme des autorités.

• Le dernier train de débris du tsunami est arrivé à Tôkyô, ce jour. Il a pratiquement fait un voyage par jour depuis septembre 2012. 184 000 tonnes de déchets ont été transportées. La masse totale de débris est estimée à 17 millions de tonnes. Pour Iwaté et Miyagi, les autorités pensent avoir fini de les traiter d’ici le 31 mars prochain. En revanche, pour les 2,5 millions de tonnes de débris à Fukushima, contaminés par l’accident nucléaire, il n’y a toujours pas de solution.

Dimanche 12 janvier :

• L’industrie nucléaire a tenu son forum pour l’emploi. Le nombre d’étudiants est encore 5 fois plus faible qu’avant la catastrophe. Les quelques étudiants interrogés par la NHK veulent travailler dans la décontamination ou le démantèlement pour aider leur pays.

• Une portion de l’autoroute Joban, qui traverse les territoires contaminés, est fermée depuis mars 2011. Elle a été endommagée par le séisme et les travaux retardés par la radioactivité. Elle devrait rouvrir à la fin février prochain.

• TEPCO a cessé de mettre en anglais sur son site Internet toutes les informations relatives à l’avancement des travaux et aux incidents. Mais elle vient de publier un communiqué de presse pour contredire “certaines informations” étrangères sur la centrale de Fukushima daï-ichi.

Moralité, pour avoir des infos, il faut faire circuler des rumeurs et attendre que TEPCo communique…

• Le comité gouvernemental qui fixe le tarif de rachat des énergies renouvelables a proposé d’augmenter le tarif de rachat pour l’éolien off-shore, qui est actuellement au même prix que l’éolien terrestre, et de le baisser pour le solaire. L’investissement est plus élevé pour les éoliennes en mer que sur terre, où la place manque. Pour le solaire, le prix des panneaux photovoltaïques baisse.

• L’ancien premier ministre, Junichiro Koïzumi, a déclaré à une journaliste du Asahi : “Denjiren (la Fédération des compagnies électriques du Japon) a dit un paquet de mensonges. Quand les experts disent que la production d’énergie nucléaire est sûr et ne coûte pas cher et que c’est la seule voie à suivre si nous voulons cesser de compter sur le charbon, bien, nous les croyons. Mais ils nous ont menti pendant des années. Et le fait est que nous ne connaissions pas grand chose à propos de la production d’énergie nucléaire connus. Nous avons eu peu d’intérêt pour ce sujet avant le 11 mars 2011, et nous avions aucune idée de comment il est difficile de contrôler l’énergie nucléaire.”

Samedi 11 janvier :

• L’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, a fait installer environ 400 autres balises de mesure de la radioactivité dans 12 communes autour de Fukushima, dont des communes évacuées. Les résultats des mesures, actualisés toutes les 10 minutes, sont disponibles en ligne.

• TEPCo a trouvé 60 Bq/L en strontium 90 dans l’eau souterraine prélevée entre les réacteurs 3 et 4 à 25 m de profondeur (prélèvement du 10 décembre 2013). Il y a aussi 9,4 Bq/L en césium dans ce même échantillon. La contamination en tritium est inférieure à 110 Bq/L, alors qu’elle était de 780 Bq/L une semaine plus tôt.

La mesure du strontium prend un mois et l’on n’a pas encore les données pour les semaines suivantes. Mais comme la contamination en bêta totale reste significative, on peut supposer qu’il y a encore du strontium à une concentration inférieure.

TEPCo a mis en place une barrière souterraine entre les réacteurs et la mer qui n’arrête pas les écoulements mais les dévie. C’est un signe que l’a pollution s’enfonce et qu’il sera de plus en plus difficile de stopper les fuites en mer.

L’agence de recherche des coopératives de pêche annonce avoir pêché une dorade grise avec 12 400 Bq/kg en césium. Elle a été prise dans l’embouchure du fleuve Niidagawa, à 37 km à vol d’oiseau de la centrale le 17 novembre dernier. Deux autres aveint 197 et 426 Bq/kg. L’agence a pêché 37 dorades en tout au large d’Iwaki en octobre-novembre dernier et les autres spécimens étaient tous en dessous de la limite de 100 Bq/kg.

Il s’agissait d’une pêche expérimentale : la pêche commerciale de ce poisson est interdite au large de Fukushima et Miyagi. Les coopératives de pêche des communes au Nord d’Ibaraki ne le pêche pas non plus.

Vendredi 10 janvier :

• Le ministère de l’environnement a mis en ligne des statistiques en anglais sur le traitement des débris du tsunami : 90 et 96% des débris seraient traités à Iwaté et Miyagi, mais seulement 62% à Fukushima, à cause de la radioactivité, bien que la zone d’évacuation ne soit pas prise en compte dans ces statistiques. Rien n’y a été fait pour le moment.

Il a aussi mis en ligne une présentation sur les progrès de la décontamination et ses projets de centres d’entreposage : tout va bien.

• TEPCo a redémarré sa station de traitement des eaux ALPS. Le pont roulant pour décharger les containers de déchets avait un moteur en panne. Mais le pont peut fonctionner avec les trois autres. TEPCo va réparrer le moteur défaillant.

• Le Japon veut réorganiser le démantèlement des installations nucléaires, un immense marché international. Il a déjà créé l’International Research Institute for Nuclear Decommissioning (IRID), soutenu par l’industrie nucléaire, exploitants et constructeurs, bien qu’initié par le gouvernement. Il veut créer une division “démantèlement” dans la structure en charge de la compensation des victimes, ce qui en a surpris plus d’un, car ce sont deux choses différentes. Cette division devrait absorber l’IRID qui a pour but de développer des nouvelles technologies.

Mais le président de l’IRID pense que le Japon devrait plutôt créer une agence en charge du démantèlement, à l’instar du Royaume Uni. Il est soutenu par des fonctionnaires qui ne comprennent pas le couplage de démantèlement et de l’indemnisation.

• Un groupe d’audit interne de TEPCo a trouvé que la compagnie payait trop chères certaines prestations par faute d’ouvrir suffisamment ses appels d’offres. Certains coûts pourraient être réduits d’un facteur 2 à 5. Comme la compagnie est soutenue par de l’argent public, elle doit encore réduire ses dépenses selon cet audit.

• Un groupe d’habitants de Naraha demande l’organisation d’un referendum local sur la construction d’un centre d’entreposage de déchets issus de la décontamination dans leur commune. Ils ont récolté 2 151 signatures valides, ce qui est beaucoup plus que le minimum requis pour que le sujet soit considéré par le conseil municipal qui a 20 jours pour prendre une décision.

Jeudi 9 janvier :

• TEPCo n’aurait pas mesuré les rayons X émis par ces cuves de stockage d’eau contaminée et le débit de dose à la limite de la centrale dépasse les limites imposées par la NRA. La compagnie s’est engagé à ce que la dose en bordure soit inférieure à 1 mSv/an alors qu’elle peut dépasser les 8 mSv/an en prenant en compte les X (ces chiffres ne prennent pas en compte la contamination des sols qui entraînent une irradiation plus forte). Il n’y a personne qui habite près de la centrale. Le problème concerne donc surtout les travailleurs présents sur le site. TEPCo et la NRA devraient en parler vendredi prochain, pour tenter de trouver une solution.

La majorité du rayonnement émis par l’eau contaminée est de type bêta qui ne traverse pas le métal de la cuve, mais qui interagit avec le fer qui, lui, émet ensuite un rayonnement X qui traverse la cuve.

TEPCo a ignoré ce problème, mais durant l’été 2012, l’autorité de sûreté lui a demandé de le prendre en compte. Elle revu ses calculs en mars 2013 et doit maintenant trouver une solution car, le nombre de cuves augmentant, le problème s’aggrave.

Le débit de dose total ne dépassait pas 1 mSv en mars 2013 et est passé à 7,8 mSv/an en mai à cause des cuves mises près de la bordure.

• TEPCo a caché 140 résultats de mesure du strontium dans l’eau souterraine et l’eau de mer entre juin et novembre 2013 car elle les considérait comme erronés. En effet, les concentrations en strontium dépassaient les valeurs en bêta total, ce qui n’est pas possible. Elle n’a pas publié ces valeurs, ni n’a mentionné le problème.

La compagnie s’est engagée à trouver le problème, corriger les valeurs et les publier avant la fin du mois.

• Avec la libéralisation complète du marché de l’électricité à partir de 2016, TEPCo veut s’implanter dans d’autres zones du Japon. Mais sous un autre nom… Elle pense que “TEPCo” n’est pas très vendeur. Le nom sera connu avant avril 2015.

Mais comme elle a les deuxièmes tarifs les plus élévés du pays, ce ne sera pas facile.

Mercredi 8 janvier :

• TEPCo a mis en anglais des images de combustibles endommagés de la piscine du réacteur n°4. Le document est daté du 27 décembre dernier. L’endommagement date d’avant la catastrophe nucléaire.

TEPCo va réinstaller une webcam du côté du réacteur n°1. Pour accéder aux images en direct, c’est ici.

• TEPCo avait arrêté le transfert de combustibles de la piscine du réacteur n°4 le 22 décembre dernier pour les fêtes de fin d’année. Elle a repris et en était à 132 assemblages transférés à la date du 6 janvier. Il est toujours prévu de finir en décembre 2014.

• Les trois chaînes de la station de traitement de l’eau contaminée, ALPS, toujours en cours de test, sont de nouveau arrêtées à la suite d’une panne.Le palan pour retirer les cuves de déchets radioactifs pleins ne fonctionne plus. Le redémarrage pourrait prendre du temps.

Mardi 7 janvier :

• Japan Nuclear Fuel Limited, qui espère toujours pouvoir démarrer un jour son usine de “retraitement” des combustibles usés de Rokkashô-mura, a fait une demande à l’autorité de sûreté, montrant qu’elle satisfaisait aux nouvelles règles de sûreté. Personne ne sait combien de temps l’instruction prendra. Au minimum 6 mois. Et ce n’est pas dit que l’usine, dont le démarrage a déjà été repoussé 21 fois, puisse fonctionner. Les travaux de construction de l’usine ont commencé en 1993 et elle n’a jamais marché… Enfin, les failles de la péninsule Shimokita doivent être réétudiées. Cela pourrait aussi changer la donne.

L’utilité de l’usine reste à démontrer car le surgénérateur Monju, qui doit utiliser le plutonium extrait, n’est pas au point. Les réacteurs traditionnels sont tous arrêtés. Pourront-ils utiliser du MOx ?

Lundi 6 janvier :

• Le Maïnichi revient sur les indemnités qui doivent être remboursées par les employés de TEPCo qui ont été évacués (cf 4 janvier). Les 100 000 yens par mois (710 euros) sont reçus par chaque personne évacuée et TEPCo demande le remboursement pour tous les membres de la famille de ses employés !

TEPCo réclame plus de  30 millions de yens (214 000 euros) à une famille. Les membres de la famille des travailleurs ne sont pas responsables de la catastrophe et souffrent autant que les autres. Ils ont des frais similaires pour racheter ce qui a été abandonné lors de l’évacuation : meubles, vêtements…

La famille en question, deux adultes et deux enfants, vivaient dans une zone maintenant classée en “retour difficile” car l’exposition externe peut y dépasser 50 mSv/an. Elle avait droit, comme les autres habitants de ces régions, à demander une somme forfaitaire correspondant à 5 années d’indemnisation à partir de juin 2002, ce qu’elle a fait. Elle a donc reçu 24 millions de yens. Puis TEPCO a envoyé une demande de remboursement de plus de 30 millions de yens sous le prétexte que la famille avait trouvé à se reloger à partir de l’été 2011. Elle n’est donc plus considérée comme “évacuée”.

Rappelons que les autres habitants dans une situation similaire, mais qui ne sont pas employés par TEPCo, n’ont pas reçu de demande remboursement. Selon le quotidien, quatres familles avec un membre employé par TEPCo, ont aussi reçu des demandes de remboursement, qui, dans deux cas, dépassent les 10 millions de yens (71 000 euros).

• La chaîne australienne ABC mentionne le cas de M. Yoshizawa, éleveur à 14 km de la centrale accidentée, qui refuse que son troupeau soit abattu. Il pense qu’il est plus important que ses bovins, fortement contaminés, fassent l’objet d’études scientifiques sur l’impact de la radioactivité. Cette situation est illégale, mais il résiste. Certaines bêtes ont des taches blanches que l’on peut voir sur la vidéo et qu’aucun vétérinaire ne peut expliquer.

• Un des 8 ordinateurs de la salle de contrôle du surgénérateur Monju, situé dans la province de Fukui, aurait été piraté depuis la Corée du Sud. Il y avait 42 000 mails et des rapports internes dans cet ordinateur, mais aucune information importante pour la sécurité, selon l’exploitant qui s’était déjà fait critiqué pour son manque de protection contre le terrorisme par la NRA.

• Selon le Tôkyô Shimbun du 31 décembre dernier, l’AIEA et l’université médicale de Fukushima, en charge de l’étude d’impact sanitaire dans la province de Fukushima, ont signé un protocole d’accord incluant des clauses de secret : selon le journal, il y est mentionné la possibilité que des informations ne soient pas publiées si elles peuvent attiser l’anxiété de la population.

L’ACRO a reçu depuis le texte signé qui est sur le site du ministère des affaires étrangères japonais. L’article 8 mentionne que les signataires publieront leurs résultats tout en respectant la confidentialité imposée par l’autre partie. C’est article est assez commun, mais suffisamment vague pour permettre des dérives. Dans le contexte actuel de défiance vis à vis des autorités sur un sujet aussi sensible et après le vote de la loi sur le secret, il aurait été bienvenu de mieux préciser les choses. Il aurait été préférable de dire que toutes les données seront rendues publiques tout en garantissant la vie privée des personnes concernées.

Parmi les sujets abordés par cet accord, il y a “la peur des radiations”…

Dimanche 5 janvier :

• TEPCo donne une prime de risque à tous les intervenants sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Mais elle ne parvient pas toujours aux employés des sous-traitants à cause des ponctions lors des étapes intermédiaires. Et comme le montant de cette prime, variable en fonction du travail, de l’exposition etc, n’est pas connu, les travailleurs ne peuvent pas faire valoir leurs droits.

Selon le Maïnichi, le 8 novembre dernier, TEPCo a révélé que la prime était de 10 000 yens par jour (un peu plus de 70 euros au cours actuel) et qu’elle allait la doubler à partir de décembre. Lors de la conférence de presse, le PDG de TEPCo a clairement annoncé que cette nouvelle prime, dont le montant est connu, devrait être intégralement reversée aux travailleurs. Mais, le 29 novembre, TEPCo a envoyé une note explicative à ses sous-traitants, où elle expliquait que l’augmentation de la prime de 10 000 yens par jour ne signifiait pas que les salaires devaient être augmentés d’autant.

Dans les faits, certains sous-traitants ont augmenté les salaires de 10 000 yens par jour, d’autres non. Sur place, c’est mal ressenti.

Samedi 4 janvier :

• Pour limiter les fuites, TEPCo veut vider les tunnels et galeries souterraines. Mais comme l’eau y revient immédiatement, elle va d’abord tenter de boucher les accès en les gelant. Elle va commencer à installer les tuyaux dès ce mois-ci. Le pompage de l’eau devrait commencer en avril prochain.

• TEPCO doit payer 100 000 yens par mois (714 euros par mois) à chaque personne forcée à évacuer pour compenser le stress et les frais engendrés par la nouvelle vie (voyage vers l’ancienne habitation, achat de meubles, habits, électroménager…). Mais, selon le Maïnichi, ce soutien financier a été arrêté pour une centaine d’employés de TEPCo qui ont dû évacuer. Pire, la compagnie réclame à au moins une quinzaine d’entre eux de rembourser une partie de ce qu’ils ont déjà reçu !

Un des employés concernés a déménagé dans un nouvel appartement qu’il loue. Comme il habitait avant dans un appartement en location, TEPCo juge qu’il s’agit d’un simple déménagement et qu’il n’est plus évacué. Elle a donc supprimé l’aide financière et lui réclame le trop versé. Les autres personnes évacuées, qui ne sont pas employées par TEPCo, continuent à toucher cette aide, même si elles ont emménagé dans le parc locatif.

L’employé en question a donc porté l’affaire devant la structure de conciliation qui a été mise en place pour gérer les conflits en matière d’indemnisation qui lui a donné raison. Il n’a pas à rembourser et doit même continuer à toucher les indemnisations. Mais TEPCo ne veut rien entendre et refuse cette décision qui n’est pas contraignante.

Dans un autre article, le quotidien présente plus précisément un de ces cas : la personne en question était à la centrale durant les premières heures de la catastrophe, a risqué sa vie pour rétablir la situation et a été exposée à de fortes doses. Cette attitude de TEPCo est donc extrêmement choquante et a cassé le moral des personnes qui se sont beaucoup données. Les salaires ont déjà été amputés de 20%. Cette mesquinerie est la goutte qui fait déborder le vase. De nombreux jeunes quittent donc la compagnie.

Vendredi 3 janvier :

• Le retour rapide des personnes évacuées, dont l’indemnisation coûte cher, est toujours la priorité du gouvernement japonais. Et pour que les gens rentrent, il leur faut aussi un emploi. Selon l’Asahi, le vice-ministre de l’industrie, qui est à la tête du groupe gouvernemental relatif à la catastrophe, a trouvé la solution : les impliquer dans le démantèlement de Fukushima daï-ichi ! Et comme le chantier va durer des décennies, c’est un emploi durable. Ainsi, ces personnes prendront des doses au travail et à la maison. Max 20 mSv/an à chaque fois. La comptabilité sera-t-elle séparée ou cumulée ?

• L’eau du puits 1-16 continue à être fortement contaminée à son niveau record : 2,1 millions de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 30 décembre). La contamination en tritium est systématique dans les puits le long du rivage et atteint 240 000 Bq/L dans le puits n°1.

• TEPCo a fait un communiqué en anglais pour signaler que de la vapeur d’eau au dessus du réacteur n°3 est fréquemment observée, surtout quand le temps est humide ou froid.

Jeudi 2 janvier 2014 :

• Selon la NRA, aucun réacteur nucléaire ne pourra redémarrer rapidement car les exploitants sous-estiment encore l’amplitude des séismes potentiels qui pourraient secouer leurs installations. Le président de l’autorité nucléaire, qui a déjà tenu 65 réunions à propos de ces demandes, n’est pas capable de donner un calendrier.

• TEPCo veut accélérer la réhabilitation de J-Village. Ce complexe sportif, situé à une vingtaine de kilomètres de la centrale accidentée, propriété de TEPCo, de la Fédération japonaise de Football et des autorités locales, a été transformé en base pour la gestion de l’accident. TEPCo veut le rendre en 2018, juste deux ans avant les JO. Elle va le décontaminer pour qu’il puisse accueillir à nouveau des camps d’entraînement de foot.

• Pour les courageux, les 242 pages en japonais de la dernière feuille de route de TEPCo est ici en ligne. Il y a de nombreuses images et graphes.

On y apprend, par exemple (p 152-158), que TEPCo a commencé à retirer les débris de la piscine du réacteur n°3. Ce travail est toujours télécommandé car le débit de dose y est trop élevé pour des humains. Un résumé en anglais antérieur, daté du 28 novembre, est aussi disponible.

Mercredi 1er janvier 2014 :

• La station ALPS de traitement des eaux contaminées qui s’accumulent jour après jour à la centrale de Fukushima daï-ichi devait être initialement prête pour septembre 2012. Depuis, on ne compte plus les reports. TEPCo a officiellement admis que ce ne sera pas avant avril 2014, sans donner de date. Il y a eu des problèmes de corrosion après seulement quelques mois de test. TEPCo les aurait réglés et repris les tests. Qu’est-ce qui coince ?

Ex-skf a déniché et partiellement traduit un document officiel sur le site du ministère de l’industrie, où il apparaît qu’ALPS produit trop de boues radioactives.  Une des premières étapes du procédé, qui consiste en une coprécipitation avec des ions fer et carbonates, produit à elle seule 95% des déchets. Le document suggère de remplacer cette étape par un procédé qui utilise une autre technique. Laquelle ? C’est ce qui semble coincer.

Il apparaît que 93% du césium est sous forme de colloïdes et 5% de particules. Le reste est sous forme d’ions. Pour les autres émetteurs bêta, dont le très toxique strontium, 59% est sous forme de colloïdes et 37% de particules.

Et donc l’étape de coprécipitation des boues et particules forme des boues très radioactives pour lesquelles il n’y a pas de solution par la suite. Les résines échangeuses d’ions, qui devaient retirer la majorité des éléments radioactifs, n’en retirent donc qu’une faible partie.

 

 Suivi chronologique

Les archives de ce suivi sont dans d’autres fichiers, classées chronologiquement par thème. Elles ont été rédigée en direct, au jour le jour. Je les laisse ainsi, avec toutes les fautes de frappes, un français parfois approximatif et les liens qui ne sont peut-être plus valables. Car ce travail est entièrement fait bénévolement.

Les archives de l’an I sont ici.

Les archives de l’an II sont ici.

Les archives de l’an III sont ici.

Nous continuons aussi la reconstitution des premières heures de l’accident en fonction des information glanées ça et là. C’est ici en français.

Nous avons aussi rédigé deux rapports qui font un bilan de la première année de la catastophe :

Rapport sur les initiatives citoyennes au Japon suite à la catastrophe de Fukushima, février 2012 (pdf, 1,4 Mo)

Les enseignements de Fukushima : Contribution de l’ACRO au rapport de Greenpeace International, février 2012 (pdf, 4,6 Mo). Une version anglaise, espagnole et allemande sont aussi disponibles.

Ce qui pécède, est essentiellement basé sur la presse japonaise, quelques blogs et sites officiels pertinents, ainsi que sur des informations transmises directement par quelques personnes avec qui nous sommes en contact.

Autres sources d’information :

De nombreux autres sites Internet suivent l’évolution en continu de la catastrophe nucléaire :

– au Japon, mais en anglais, par Greenaction à Kyoto, association avec laquelle nous avons des liens très serrés ;

– au Japon, et toujours en anglais, EX-SKF, qui épluche et traduit la presse japonaise ;

– en France, Enerwebwatch, qui recense tout ce qui apparaît sur internet ;

– en France encore, le blog de Fukushima et génération 4 qui font un suivi régulier avec un oeil critique ;

– en France toujours, Information Fukushima qui ratisse la toile ; fukushima-is-still-news qui collecte les articles de la presse japonaise en anglais

– en France, Dissensus Japan met en ligne des vidéos sous-titrées en français et/ou anglais.

– en Suisse, un suivi est fait par 2000watts.org ;

– au Etats-Unis, le New York Times ;

– en France, l’ASN et l’IRSN ;

– au niveau international, l’AIEA.

La centrale accidentée est déjà visible sur google-earth.

Une webcam permet de voir le site de la centrale.

Les photos fournies à la presse par TEPCo sont ici.

Des images satellites de la centrale avant et pendant la catastrophe sont disponibles ici.

Des photos aériennes de grande qualité sont disponibles ici.

Les photos du quotidien Asahi sont visibles ici et les archives des jours précédents ici.

Une vidéo prise par un drone peut être visualisée en trois parties ici.

Des photos prises par une personne sur place sont disponibles ici.

Photos en ligne de Kazuma Obara sur les environs de la centrale de Fukushima daï-ichi et les manifestations contre le redémarrage des centrales nucléaires.

Les débits de dose sur le site de la centrale sont disponibles ici. Les autres données sont regroupées ici.

Les conditions météo sur place peuvent être consultées en français ici.

Tous les tremblements de terre qui ont eu lieu au Japon depuis le 11 mars sont répertoriés ici. Il y en a eu plus de 1 700.

Une vidéo recense tous les séismes de l’année 2011 en anglais et japonais.

Le site officiel de prévision des risques sismiques est ici en anglais.

De nombreuses données sismiques sont disponibles ici.

Des images satellites et une cartographie de l’impact du tsunami sont disponibles ici.

TEPCo avait falsifié des données importantes pour la sûreté dans la passé. Voir l’article de l’ACRO à ce sujet et un reportage de la télévision japonaise sur Youtube, sous-titré en anglais si l’on clique sur cc.

Articles de l’ACRO en ligne

pour comprendre la radioactivité :

La radioactivité expliquée aux enfants, suivie de la mesure de la radioactivité expliquée aux enfants (2011)

Notions de base de radioactivité, fiche technique

La contamination et l’irradiation, fiche technique

Exposé sur la radioactivité et ses effets (pdf, 2011)

Définition des zones contaminées en Biélorussie (1991) Plus de détails ici

et sur des évènements passés au Japon :

A propos des falsifications de TEPCo dans le passé

A propos de l’accident de Tokai-mura le 30 septembre 1999

A propos du tremblement de terre de 2007 et de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (juin 2008)

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Fukushima 3 ans après : le Japon peine à sortir la tête de l’eau

ACRO, 5 mars 2014


Le gouvernement japonais s’apprête, pour la première fois, à lever l’ordre d’évacuer dans le hameau de Miyakoji à Tamura à partir du 1er avril 2014. Il y avait 358 âmes (117 familles) avant la catastrophe et les travaux de décontamination sont officiellement terminés depuis juin 2013. Les habitants peuvent rentrer pour réparer leur maison, et même dormir sur place s’ils le souhaitent.

Cependant, la décontamination n’a eu lieu qu’à proximité des habitations et lieux de vie. Dès que l’on s’éloigne un peu de ces îlots où le gouvernement souhaite que les populations reviennent s’installer, les niveaux de radioactivité restent élevés. Le gouvernement a pourtant dépensé des sommes folles à cette fin. Dans les territoires évacués, ce sont les majors du BTP, sans aucune expérience spécifique, qui ont remporté les marchés et qui sous-traitent le travail. Au plus bas du mille-feuilles de la sous-traitance, les salaires ont été ponctionnés à chaque niveau et les conditions de travail sont souvent déplorables. Outre l’embauche de SDF qui a défrayé la chronique, le ministère du travail a relevé des infractions à la législation du travail dans 40% des cas.

La pénurie de main d’œuvre n’arrange pas les choses. Il n’y a pas de solution pour les déchets radioactifs engendrés qui s’accumulent partout dans des sacs en plastique en attendant mieux. Des entreprises ont été prises sur le fait alors qu’elles rejetaient des déchets dans les rivières ou un peu plus loin dans la forêt.

Cela étant, même en travaillant correctement, force est de constater que, comme autour de Tchernobyl, la décontamination à grande ampleur est simplement impossible. Il y a 70% de montagne et de forêt dans la province de Fukushima.

Les habitants sont partagés quant à leur retour à Miyakoji. Certains espèrent que les entreprises du bâtiment seront moins hésitantes à venir y travailler. D’autres sont contents pour l’agriculture : trois familles ont repris les cultures et espèrent que cette décision leur permettra de lutter contre les « rumeurs néfastes ».

D’autres, surtout avec des enfants, demandent une décontamination plus poussée. Lors d’un retour en famille, un habitant a expliqué que ses enfants sont allés jouer dans des zones non décontaminées, sans le savoir. Il demande donc que les parents soient consultés et leur point de vue pris en compte avant de lever l’ordre d’évacuer. En vain. Sa décision est prise, il ne rentrera pas.

L’expérience conduite dans ce hameau aura valeur de test. Six autres communes devraient suivre cette année.

A Hirono, situé à une trentaine de kilomètre de la centrale, les habitants ont d’abord été confinés avant d’être encouragés à partir. Le conseil à l’évacuation a été levé 6 mois plus tard et l’indemnisation s’est arrêtée au bout d’un an, en août 2012. Pourtant peu d’habitants sont rentrés. La population de plus de 5 000 personnes avant le 11 mars 2011, est actuellement de 1 352. L’économie locale ne repart pas. De nombreux magasins, restaurants restent fermés. En revanche, environ 2 500 travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi y résident dans des dortoirs, hôtels et autres hébergements. La municipalité a donc pour projet de développer l’accueil des travailleurs. Le retour ne sera, pour le moment, autorisé que dans la partie “la moins contaminée” des territoires évacués, où l’exposition externe est inférieure à 20 millisieverts par an. Cette même limite avait été fixée pour délimiter les zones où il a été ordonné d’évacuer en avril 2011. En temps normal, la limite pour les populations est à 1 mSv/an pour l’ensemble des voies d’exposition. La valeur de 20 mSv/an en moyenne est celle pour les employés qui interviennent en zone contrôlée dans l’industrie nucléaire.

En cas d’urgence, la CIPR, qui établit les recommandations internationales en matière de radioprotection, écrit, dans sa publication 109, que le niveau de référence doit être fixé entre 20 et 100 mSv, au total ou par an. Les autorités japonaises, qui ont retenu la limite de 20 mSv/an pour déclencher l’évacuation des populations, se sont vantées d’avoir adopté la limite basse de la fourchette recommandée par la CIPR. Pourtant, le 22 avril 2011, lorsque les autorités ont ordonné l’évacuation des zones contaminées à plus de 20 mSv/an situées au-delà des 20 km, on n’était déjà plus dans la phase d’urgence.

Pour le retour, on est face à ce que la CIPR appelle une situation d’exposition existante. Il faut donc se référer à sa publication 111 qui recommande que les niveaux de référence soient fixés dans la limite basse de l’intervalle 1 – 20 mSv/an. L’ARN, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, dans son avis, a ajouté qu’il s’agissait d’un objectif à long terme, tout en se gardant bien de donner un calendrier.

Quand le gouvernement se défausse sur les populations

L’idée des autorités, qui n’ont pas réussi à faire baisser de façon significative les risques d’irradiation, malgré d’importantes dépenses pour tenter de décontaminer, est donc de distribuer des dosimètres et radiamètres afin que les habitants adaptent leur mode de vie de façon à réduire la dose externe reçue. Elles espèrent ainsi que les habitants arriveront à être à des niveaux proches de 1 mSv/an. En ce qui concerne les habitants qui n’ont jamais été évacués, mais qui vivent en territoire contaminé, la situation est moins claire. Ou pour ceux qui sont partis d’eux-mêmes, sans aucun soutien. Le gouvernement va-t-il distribuer les mêmes appareils de mesure ? La NRA recommande de ne pas les oublier, sans pour autant proposer le même programme.

Le gouvernement, qui a un devoir régalien de protéger les populations, se décharge ainsi de sa responsabilité. C’est malheureusement inévitable après une catastrophe nucléaire. Mais si les populations doivent prendre en charge leur radioprotection, elles doivent être aidées et soutenues, comme le rappelle la NRA. Et surtout, elles doivent pouvoir participer au processus de décision, tant au niveau individuel que collectif. Il ne doit avoir aucune discrimination entre les personnes qui décident de rentrer et celles qui décident de refaire leur vie ailleurs. L’avis de la NRA reconnaît ce droit à choisir, ce qui ne semblait pas être le cas du gouvernement qui envisageait de donner plus d’indemnités à ceux qui rentrent. Les conditions du retour doivent aussi être débattues démocratiquement.

Dans les faits, ce sont surtout les personnes âgées qui veulent retourner chez elles, alors que les familles avec enfants évitent de le faire dans la mesure du possible. Cela signifie une nouvelle organisation collective, car toute la vie sur place va s’en trouver affectée pendant longtemps.

Comme le gouvernement a refusé d’abaisser la limite d’évacuation, il ne peut pas choisir une limite plus basse maintenant pour le retour, car les personnes non évacuées ne comprendraient pas ! Il n’est plus possible de leur demander de partir sans justifier le fait d’avoir attendu 3 ans. Bref, le gouvernement avait parié sur une décontamination efficace et il est donc coincé maintenant. Les recommandations de la CIPR sont difficilement applicables, à cause de la mauvaise articulation entre la phase d’urgence et la phase post-accidentelle. Elles supposent que l’on peut faire baisser significativement la pollution radioactive.

Il y a d’autres zones où la contamination entraînerait une exposition comprise entre 20 et 50 mSv/an. Le gouvernement espère que les travaux de décontamination permettront de rabaisser les doses correspondantes sous la limite de 20 mSv pour permettre le retour des populations. Les zones où l’exposition externe dépasse les 50 mSv/an, sont pudiquement classées en zone de retour “difficile”. L’accès y est interdit.

Impact sanitaire

La population a complètement perdu confiance dans la parole des autorités. Les dernières statistiques sur les cancers de la thyroïde chez les enfants inquiètent. Il y a 75 cas diagnostiqués, dont 33 confirmés après intervention chirurgicale, sur 254 000 enfants contrôlés. Au total, 375 000 enfants ont droit à une échographie de la thyroïde pour dépistage. Il y a déjà beaucoup plus de cas de cancer de la thyroïde que ce à quoi on s’attendait. Les autorités maintiennent qu’elles ne pensent pas que ce soit lié à la catastrophe nucléaire, avec toujours le même argument : à Tchernobyl, l’apparition des cancers est apparue 4 à 5 ans après la catastrophe. Mais il n’y avait pas eu un tel dépistage systématique et la découverte des cancers y a été plus tardive.

Personne ne croit ces affirmations qui se veulent rassurantes. Et si ce n’est pas la catastrophe nucléaire qui est en cause, pourquoi le gouvernement n’étend-il pas le dépistage à tout le pays ?

Trois ans après la triple catastrophe, il y a encore 267 000 réfugiés, dont 100 000 vivent dans des logements préfabriqués. Les autorités régionales de Fukushima recensent encore 136 000 réfugiés dont la vie reste difficile. De nombreuses familles sont disloquées. Quand elles vivaient à plusieurs générations sous un même toit, elles n’ont pas trouvé à se reloger ensemble. La recherche d’un nouvel emploi a aussi conduit à des séparations. Les personnes les plus fragiles payent un lourd tribut : le nombre de décès officiellement liés à l’évacuation à Fukushima est maintenant de 1 656. C’est beaucoup comparé aux deux autres provinces touchées par le tsunami : l’évacuation des côtes a entraîné 434 décès à Iwaté et 879 à Miyagi. 90% des personnes décédées à cause du stress et des mauvaises conditions de vie avaient plus de 66 ans.

La reconnaissance officielle du lien avec l’évacuation intervient quand la famille réclame une indemnisation, après validation par une commission ad-hoc. Parmi les causes de décès prématuré, il y a le manque de soin, le suicide, l’isolement… Cette procédure avait été mise en place après le séisme de 2004 à Niigata. A l’époque, il n’y a plus eu de décès post-catastrophe après un mois. Avec la catastrophe nucléaire, cela continue après presque trois années. A titre de comparaison, le séisme et tsunami ont provoqué 1 607 décès ou disparus à Fukushima et environ 18 500 sur tout le Japon.

Les populations vivant dans les territoires contaminés s’organisent pour survivre. On fait venir la nourriture de loin, on mesure la radioactivité, on fait contrôler la thyroïde par des laboratoires indépendants nouvellement créés… Le laboratoire Chikurin que l’ACRO a soutenu est bien parti. La demande d’analyse ne diminue pas.

Il a contrôlé récemment des vêtements et a trouvé un T-shirt de Fukushima avec 65 Bq/kg en césium après lavage. Il y avait 93 Bq/kg dans des vêtements de sport, toujours après lavage. La demande pour les analyses d’urine reste forte.

TEPCo mauvais payeur

TEPCo rechigne toujours à indemniser les réfugiés car cela devrait lui coûter 4 900 milliards de yens (35 milliards d’euros). Il s’agit probablement d’une estimation optimiste car la compagnie ne maîtrise pas le calendrier de retour des populations. Outre les indemnisations liées au stress à hauteur de 100 000 yens par personne et par mois (715 euros), elle compense aussi la perte de revenu qu’elle veut arrêter à partir de février 2015, sous le prétexte que le marché de l’emploi s’est amélioré. Cela va à l’encontre des instructions du comité gouvernemental qui stipule que TEPCo doit payer aussi longtemps que les revenus restent inférieurs à leur niveau d’avant la catastrophe.

Quant à ses propres employés qui ont retrouvé à se loger, elle a suspendu les indemnités liées au stress reçues par tous les membres de la famille et a même réclamé le remboursement de celles déjà versées ! Ainsi, une famille avec deux enfants, qui vivait dans une zone maintenant classée en « retour difficile », a eu droit, comme les autres habitants de ces régions, de demander une somme forfaitaire correspondant à 5 années d’indemnisation à partir de juin 2002 afin de les aider à refaire leur vie. Elle a reçu 24 millions de yens. Puis TEPCo a envoyé une demande de remboursement de plus de 30 millions de yens (214 000 euros) sous le prétexte que cette famille avait trouvé à se reloger à partir de l’été 2011. Elle n’est donc plus considérée comme “évacuée”. Les autres résidents non employés par TEPCo, originaires des mêmes zones, n’ont pas reçu de demande remboursement. Pourtant, les familles des travailleurs de TEPCo souffrent autant que les autres. Elles ont des frais similaires pour racheter ce qui a été abandonné lors de l’évacuation : meubles, vêtements…

Au 31 décembre 2013, ils étaient 31 383 travailleurs à être passés sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Une grande majorité sont des sous-traitants : 800 compagnies y interviennent. Les nombreux niveaux de sous-traitance, les mauvaises payes, les conditions de travail très difficiles, font qu’il est difficile de trouver une main d’œuvre qualifiée et motivée. Avec les nombreux chantiers de décontamination, 50 000 travailleurs sont concernés. Il y a 25% plus d’offres d’emploi que de demandes à Fukushima. La pègre japonaise en profite parfois pour le recouvrement de dettes : les victimes sont forcées de travailler à la centrale ou dans la décontamination et une partie du salaire est confisqué.

L’eau reste le cauchemar de TEPCo

A la centrale de Fukushima daï-ichi, trois ans après la fusion de trois cœurs de réacteur nucléaire, l’accident le plus grave, l’eau reste le principal cauchemar de TEPCo. Elle doit arroser continuellement les combustibles fondus pour éviter qu’ils ne se remettent à chauffer et dispersent des gaz et aérosols radioactifs.

L’eau de refroidissement, après s’être fortement contaminée au contact des combustibles, s’écoule de la cuve et de l’enceinte de confinement, percées, dans les sous-sols inondés. Elle rejoint ensuite les sous-sols des bâtiments réacteur, turbine et toutes les galeries souterraines.

TEPCo avait creusé la falaise pour mettre ses réacteurs au niveau de la mer. Cela lui a été fatal. Les sous-sols sont sur le passage des écoulements souterrains. Avant la catastrophe, la compagnie devait pomper 1 000 m3 d’eau souterraine par jour pour éviter les infiltrations. Maintenant, 400 m3 pénètrent chaque jour dans les sous-sols et se mélangent à l’eau contaminée. TEPCo doit pomper cette eau et la mettre dans des cuves pour éviter qu’elle ne se déverse directement en mer. Les cuves s’accumulent et la place vient à manquer. Les 600 autres mètres cube quotidiens s’écoulent en mer. TEPCo estime, à la louche, que la moitié se contamine au passage. Et c’est comme cela depuis les premiers jours de la catastrophe, même s’il a fallu attendre l’été 2013 pour que la compagnie et les autorités japonaises admettent l’évidence.

Par conséquence, la contamination de l’eau des nappes phréatiques atteint des records : jusqu’à 3,1 millions de becquerels par litre en bêta total dans le puits 1-16. Ces données sont récentes car TEPCo se trompait depuis le début sur la mesure de la radioactivité quand la contamination s’élevait : ses détecteurs saturaient et sous-estimaient la pollution ! Elle a découvert l’erreur de débutant durant l’été 2013 mais ne l’a rendue publique qu’au tout début 2014. L’autorité de régulation nucléaire (ARN) a tancé la compagnie car les résultats de mesure sont à la base de la prise de décision. De telles erreurs sont simplement inadmissibles.

Du côté des cuves, l’inquiétude demeure : 750 d’entre elles, construites à la va-vite avec des joints bon marché – la compagnie rogne sur tous les budgets car elle est en faillite – ne tiendront pas longtemps. Durant l’été 2013, l’une d’entre elle a fui pendant un mois avant que TEPCo ne s’en rende compte. Elle a perdu 300 m3 d’eau très fortement contaminée qui a pollué les sols, la nappe phréatique et atteint l’océan.

Un muret de 30 cm entourait la dalle sur laquelle repose les cuves afin de retenir les fuites éventuelles. Mais comme l’eau de pluie s’y accumulait, les vannes d’écoulement étaient maintenues ouvertes. Cela ne servait donc à rien !

Depuis, toutes les vannes ont été fermées, les contrôles renforcés, l’eau de pluie accumulée est contrôlée avant d’être rejetée. En cas de dépassement des limites, elle est stockée. Ces nouvelles mesures n’ont pas empêché une nouvelle fuite en février 2014. 100 m3 d’eau fortement contaminée ont débordé.

L’eau contaminée est allée dans une cuve déjà pleine, qui a débordé, au lieu d’aller dans la cuve à remplir. Trois vannes de transfert, qui auraient dû être fermées, étaient ouvertes. La jauge de la cuve à remplir ne montrait aucune arrivée d’eau. Et une alarme a été ignorée. Il a fallu 9 heures, suite à cette accumulation d’erreurs humaines, pour découvrir la fuite.

Les cuves continuent d’être construites au rythme d’une tous les deux jours. Outre le manque de place, la radioactivité bêta induit un rayonnement X qui peut entraîner une multiplication par 8 du débit de dose par endroits. Il n’était pas pris en compte avant que TEPCo ne se fasse rappeler à l’ordre par l’Autorité de Régulation Nucléaire.

TEPCo est à la peine avec sa nouvelle station de traitement des eaux contaminées ALPS, supposée retirer 62 radioéléments et résoudre ses problèmes. L’unité, initialement prévue pour septembre 2012, est toujours en cours de test. Elle devrait avoir une performance de 750 m3 par jour, mais la réalité est plus proche de 560 m3 par jour à cause des nombreux arrêts de maintenance et de contrôle. Elle génère aussi d’énormes quantités de déchets radioactifs pour lesquels il n’y a pas de solution.

Elle ne retire pas le tritium. Les 400 000 tonnes (ou m3) d’eau contaminée dans les cuves contiennent 817 TBq (817 000 milliards de becquerels) de tritium. Il y aurait aussi 58 TBq dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine. Cela fait donc un total de 875 TBq. Comme l’autorisation de rejet annuelle pour la centrale avec 6 réacteurs est de 22 TBq, le stock de tritium représente donc 40 années de rejets au maximum autorisé. Même si la station de traitement ALPS devait marcher, TEPCo devra revoir à la hausse ses autorisations de rejet si elle veut se débarrasser de l’eau traitée dans l’océan. Ce n’est pas gagné.

Les travaux de démantèlement avancent pour le réacteur n°4 où des êtres humains peuvent y travailler. Ce ne sera pas le cas pour les trois autres réacteurs où il y a eu une fusion du cœur. Les risques d’irradiation y sont trop élevés. Le retrait des combustibles de la piscine va bon train et devrait être terminé cette année, à l’exception de 3 assemblages endommagés bien avant la catastrophe. TEPCo ne sait pas comment s’y prendre. Dans la piscine du réacteur n°1, ce sont 70 assemblages sur 292 qui sont endommagés, soit presque le quart.

Les deux autres réacteurs non accidentés de la centrale, les n° 5 et 6, ont été finalement mis à l’arrêt définitif par TEPCo, sur ordre du premier ministre. Quant aux 4 réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ni, située à 12 km plus au Sud, leur sort n’est pas encore officiellement fixé, bien qu’ils ne redémarreront jamais. Les autorités locales ont été claires à ce sujet.

Toujours zéro réacteur en fonctionnement

C’est un secret de polichinelle : une partie importante des 48 réacteurs nucléaires restant ne redémarrera jamais, même si aucune autre compagnie ne s’est encore résignée à décider l’arrêt définitif. Un nouveau référentiel de sûreté est en place depuis le 8 juillet 2013 et il n’y a eu que 17 demandes d’autorisation de redémarrage pour le moment. Plusieurs se sont déjà fait retoquer. Les autres sont toujours à l’instruction. Les investissements pour les remettre aux nouvelles normes sont massifs. Le quotidien Asahi est arrivé à la somme de 1 620 milliards de yens (12 milliards d’euros).

Il n’y a pas que les réacteurs qui posent problème : les nouvelles règles imposent un plan d’évacuation pour toute la population dans un rayon de 30 km. De nombreuses communes ne sont pas prêtes. En attendant, tout le parc japonais, qui produisait 30% de l’électricité du pays, est arrêté sans que personne ne puisse donner de date de redémarrage.

La catastrophe vient à peine de commencer. Le Japon n’est pas près de sortir la tête de l’eau. L’ACRO, qui suit au jour le jour les évènements sur son site Internet, peut en témoigner : il ne s’est pas encore passé un jour sans que la presse japonaise ne parle de l’accident nucléaire et de ses conséquences. Peu de sujets de société peuvent se targuer d’un tel impact. Des citoyens ont dû prendre les choses en main. En s’emparant de la mesure de la radioactivité, ils ont obligé les autorités et les producteurs à s’y mettre aussi et ont généralisé les contrôles. Les cartes de la pollution sont maintenant bien établies et il n’y a plus de scandale alimentaire dû à la vente d’aliments dépassant les normes. En revanche, le processus décisionnel est toujours verrouillé. Il est indispensable de démocratiser les choix relatifs à la protection des populations.

TEPCo, quant à elle, a prétendu avoir tiré les leçons de la catastrophe et amélioré sa culture de sûreté. Elle se targue d’être à nouveau en mesure d’exploiter des réacteurs nucléaires à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Celle-là même qui avait été fortement secouée en 2007. Pourtant, les erreurs grossières sur la mesure de la radioactivité ou sur la gestion de l’eau contaminée à Fukushima montrent que c’est loin d’être cas. Personne n’a songé à lui interdire d’exploiter du nucléaire, comme on retire le permis à un chauffard.

Ancien lien

Point sur la situation de l’eau contaminée à Fukushima

ACRO, le 8 août 2013 – Mis à jour le 11 septembre 2013

La catastrophe de Fukushima a déjà provoqué la plus forte pollution radioactive marine de l’histoire. C’était en avril 2011, l’eau contaminée du réacteur n°2 se déversait dans la mer via une galerie souterraine qui débordait. En mai 2011, ce fut le tour du réacteur n°3.

TEPCo a estimé à 520 m3 d’eau très radioactive, soit 4 700GE DIGITAL CAMERA térabecquerels (1 terabecquerel représente un million de millions de becquerels) ou 20 000 fois l’autorisation de rejet annuel la fuite d’avril. Plus précisément, il y avait 2 800 terabecquerels d’iode-131, 940 térabecquerels de césium 134 et autant de césium 137. Ce seul rejet mériterait d’être classé au niveau 5 ou 6 de l’échelle internationale INES. L’IRSN avait estimé que c’était 20 fois plus.

Pour refroidir les combustibles fondus TEPCo injecte en continu de l’eau dans les réacteurs. Si elle s’arrête, les combustibles se remettent à chauffer et des gaz radioactifs peuvent être émis. Cette eau se contamine et s’écoule dans les sous-sols des bâtiments réacteurs et dans tout un enchevêtrement de galeries souterraines. Les bâtiments turbine voisins sont aussi inondés.

Au début, TEPCo arrosait sans trop se préoccuper du devenir de l’eau. Des ouvriers mal protégés ont pataugé dans une flaque fortement contaminée, entraînant la plus forte dose reçue à ce jour. Et puis les niveaux ont commencé à monter et l’eau a débordé dans la mer. Une course contre la montre s’est alors engagée : colmater tant bien que mal la fuite pour arrêter le déversement en mer et pomper l’eau des sous-sols, la traiter et la réinjecter.

L’océan a aussi reçu 80% des rejets aériens, encore plus massifs.

Des chercheurs de la Japan Agency for Marine Earth Science and Technology ont prélevé du plancton en 10 points du Pacifique au large de la centrale de Fukushima, de Hokkaïdô à Guam, et ont trouvé une contamination systématique en césium 134 et 137. La contamination la plus élevée en césium 134 est de 8,2 à 10,5 Bq/kg et la plus basse, de 1,9 Bq/kg. Il faut ajouter le césium 137 : 14,9 Bq/kg pour l’échantillon le plus contaminé. Les échantillons ont été prélevés moins d’un an après la catastrophe, en janvier-février 2012, de 500 à 2 100 km de la centrale.

Une pollution marine persistante

Presque deux ans et demi plus tard, l’océan reste fortement contaminé sur de centaines de kilomètres, malgré la présence de forts courants marins (voir les dernières données officielles concernant les sédiments marins et l’eau de mer). L’eau de pluie lessive les sols, avant de se retrouver dans les rivières et se rejeter en mer, et contribue, elle aussi, à la pollution marine. C’est particulièrement flagrant dans la baie de Tôkyô, où l’eau de mer est aussi contaminée qu’à quelques dizaines de kilomètres de la centrale. Des chercheurs ont aussi découvert des points chauds dans des dépressions, où la contamination en césium peut être 5 fois plus élevée que dans les environs immédiats. Les sédiments de l’embouchure de l’Abukuma, située à Miyagi à 70 km de la centrale, y sont plus de deux fois plus contaminés que dans les environs.

Toute la faune des fonds marins se contamine au contact des sédiments. Puis, cela remonte la chaîne alimentaire. Une partie des ressources halieutiques est donc touchée et les pêcheurs n’en peuvent plus d’attendre de pouvoir reprendre leurs activités. Un bar, avec plus de 1 000 Bq de césium par kilogramme, a été pêché en juillet dernier au large d’Ibaraki, province limitrophe, au Sud de Fukushima. C’est plus de 10 fois la limite fixée par les autorités.

Mais à proximité de la centrale, la situation est toute autre : aussi bien l’eau que les sédiments sont contaminés à des niveaux beaucoup plus élevés qu’au large. Les poissons qui vivent dans le port devant la centrale et y sont piégés par les filets mis en place par TEPCo peuvent atteindre des centaines de milliers de becquerels par kilogramme pour le césium. Pour l’ACRO et pour de nombreux experts, c’est le signe que les fuites ne se sont jamais arrêtées, même si les niveaux ne sont pas comparables à ceux d’avril 2011. Des publications scientifiques tentent d’en estimer l’ampleur.

La présence de tritium dans l’eau de mer au pied de la centrale est aussi une preuve indéniable que cela fuit. Le tritium, hydrogène radioactif, ne s’accumule pas dans les sédiments, contrairement au césium, et se disperse rapidement. Il n’est pas apporté par les rivières. La seule origine possible est la centrale. Et les données ne manquent pas.

Mais TEPCo a toujours nié que la centrale de Fukushima daï-ichi continue à fuir en mer et les autorités japonaises ne l’ont pas contredite.

L’eau contaminée, le cauchemar de TEPCo

Au printemps 2011, pour éviter de nouveaux débordements vers la mer, TEPCo a fait mettre en place, dans l’urgence, une station de traitement des eaux contaminées des sous-sols des bâtiments réacteur. Elle ne retire essentiellement qu’une partie du césium et le sel. Cette station a connu de nombreux déboires au début, puis elle a été remplacée par des unités plus durables. L’eau traitée est ensuite réinjectée pour refroidir les réacteurs. TEPCo parle de « circuit fermé ».

L’eau des sous-sols des réacteurs est très contaminée : 5,4 millions de Bq/l pour les deux césiums dans le réacteur n°1 et 53 millions de Bq/l dans le réacteur n°2 (prélèvement du 22 mai 2013). Les niveaux sont similaires dans d’autres bâtiments. A la sortie de l’installation de traitement des eaux, il reste du césium 137, jusqu’à 2 700 Bq/L au niveau de l’unité de désalinisation. Il y a d’autres éléments radioactifs, comme de l’antimoine 125 ou du tritium. La contamination bêta totale y atteint encore presque 100 millions de Bq/l.

Mais la compagnie s’est rapidement aperçue que le compte n’y était pas : 400 m3 d’eau souterraine pénètrent chaque jour dans les sous-sols et viennent se mélanger à l’eau qui s’est contaminée au contact des combustibles qui ne sont plus protégés par une gaine métallique. La compagnie doit donc pomper ces 400 m3 quotidiennement en plus des 300 m3 qu’elle injecte pour refroidir les réacteurs. Ainsi, jours après jours, ces 400 m3 s’accumulent et TEPCo ne sait plus où mettre les cuves de stockage. Elle doit ajouter une cuve de 1 000 m3 tous les deux jours.

Au 7 mai, il y avait 290 000 m3 d’eau contaminée dans 940 cuves, plus environ 94 500 m3 dans les sous-sols. TEPCo veut atteindre une capacité de stockage de 700 000 m3 d’ici 2015, mais ne sait pas encore où elle va mettre les cuves.

A tout cela s’ajoutent les boues de traitement qui constituent des déchets très radioactifs à vie longue sans solution.

Le dernier bilan disponible est ici.

Par manque de place, TEPCo a aussi installé des réservoirs souterrains sous la ligne à haute tension qui empêche d’y mettre des cuves. Mais ils ont rapidement fui et elle a dû les vider. Les capacités de stockage sont tout juste suffisantes. En cas de grave problème sur des cuves, TEPCo n’a pas de solution de secours.

En faillite, la compagnie choisit toujours la solution la moins onéreuse. Cela lui a été fatal avec les réservoirs. Les premières cuves, 337 dont 280 remplies, sont considérées comme “temporaires” car elles ne peuvent être utilisées que pendant 5 ans. TEPCo devra commencer à les remplacer au printemps 2016, si elles tiennent bien comme prévu.

Dans un tel contexte, l’eau contenue dans les sous-sols, les différentes tranchées et galeries souterraines constituent pour la compagnie un stockage gratuit auquel elle ne veut pas toucher. Admettre que cela fuit l’obligerait à pomper et à ajouter des cuves… Pourtant, les nappes phréatiques sont en contact direct avec les sous-sols puisque l’eau y pénètre. Comment penser que les échanges ne se font pas dans les deux sens et que les nappes ne se contaminent pas ?

Des promesses de solution

Pour faire face à la situation, TEPCo a envisagé plusieurs pistes. Elle a fait développer par Toshiba une station de traitement des eaux contaminées beaucoup plus performante que celle utilisée actuellement. Répondant au doux nom de “ALPS”, elle devrait retirer 62 radioéléments, contre deux actuellement (voir le document de présentation). Avec trois lignes pouvant traiter chacune 250 m3 par jour, elle espère enfin pouvoir faire face à la situation. Mais,initialement prévue pour septembre 2012, l’installation n’est toujours pas fonctionnelle. Après quelques mois de test, la corrosion a entraîné des fuites minimes et, en juillet 2013, elle a dû être suspendue. Toujours du pas cher… et un nouveau report de 4 mois. Voir des photos de la corrosion.

Cette station ne retirera pas tout et la contamination en tritium de l’eau traitée, de l’ordre de 1 à 5 millions de becquerels par litre, dépasse les autorisations de rejet fixées à 60 000 Bq/L. TEPCo veut donc diluer l’eau avant de la rejeter en mer… Les autorisations de rejet en tritium sont aussi limitées à 22 térabecquerels par an, ce qui est largement insuffisant. Comment TEPCo et les autorités vont-elles s’y prendre ?

La station ALPS ne retire pas non plus le carbone 14, pourtant présent dans les rejets des installations nucléaires en fonctionnement normal. Va-t-il aussi être entièrement rejeté ? Aucune donnée n’est disponible concernant cet élément difficile à mesurer.

La compagnie a aussi imaginé pomper l’eau souterraine en amont des réacteurs, avant qu’elle soit contaminée, pour la rejeter en mer. Elle espérait ainsi diminuer de 100 m3 par jour la quantité d’eau qui pénètre dans les réacteurs. Toujours cela de pris.

Lors d’un contrôle, TEPCo a mesuré du césium dans cette eau en amont, mais pas plus que ce l’on trouve dans l’eau des rivières. Les pêcheurs se sont opposés au rejet en mer et la situation est bloquée. Ils n’ont pas confiance en TEPCo, ce qui est compréhensible et légitime. D’autant plus que TEPCo s’y est reprise à trois foisavant de sortir un chiffre fiable. Pourquoi ne pas demander à un laboratoire tiers choisi par les coopératives de pêche de faire les contrôles dans les cuves tampon avant rejet en mer ? Que fait le politique à ce propos ? C’est pourtant son rôle. Un tel blocage aggrave les risques pour l’environnement.

Elle aussi commencé à injecter du silicate de sodium, ou verre liquide, dans le sol entre les réacteurs et la mer pour éviter les fuites en mer, pourtant officiellement inexistantes… En forant et en mesurant la contamination de l’eau souterraine, elle a découvert une contamination radioactive plus grave qu’imaginé.

Du déni à la reconnaissance officielle des fuites

Finalement, le 19 juin 2013, TEPCo a annoncé avoir détecté une très forte pollution radioactive dans un puits de forage situé à seulement 27 m du rivage. La contamination de la mer était inchangée. Les prélèvements dataient du 24 mai dernier et l’analyse tritium du 31 mai, mais les résultats n’ont été rendus publics que 3 semaines plus tard. TEPCo reste TEPCo… et explique que la mesure du strontium prend du temps. C’est vrai, mais rien ne l’empêchait de donner les premiers résultats plus tôt.

Dans ce puits, il y avait 1 000 Bq/L de strontium-90, particulièrement radio-toxique, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Il y a aussi 500 000 Bq/l de tritium. Les données sont ici en anglais. On trouve aussi du ruthénium, en moindre quantité.

La compagnie a ensuite foré des puits supplémentaires à proximité qui ont montré une contamination systématique de l’eau souterraine entre les réacteurs et la mer. Une surveillance plus serrée de l’eau de mer fait aussi apparaître une contamination en tritium qui monte jusqu’à 3 100 Bq/l. Bref, difficile alors de nier les fuites en mer… mais il faudra encore attendre un mois pour que TEPCo l’admette.

Le 21 juin 2013, TEPCo publie un graphe, où l’on voit que la contamination de l’eau de mer en tritium dans le port dépasse les 100 Bq/l depuis le début de la catastrophe. En 2011, lors de la forte fuite en mer, la contamination était beaucoup plus élevée. On voit aussi une augmentation récente. Cela signifie que les fuites ont toujours existé ! Quant à la dernière mesure en strontium 90 dans l’eau de mer indiquée sur ce même document, elle date de novembre 2012 ! Rien depuis. Cet élément est pourtant très radiotoxique.

Le 27 juin, la NRA, la nouvelle autorité de sûreté nucléaire mise en place en septembre 2012, reconnaît enfin qu’elle suspecte fortement des fuites en mer depuis les réacteurs inondés. Et d’ajouter qu’il est dangereux de supposer que l’eau ne fuit pas.

Mais, il faudra attendre le 22 juillet, lendemain des élections sénatoriales, pour que TEPCo finisse par avouer, du bout des lèvres, qu’il y a bien des fuites en mer. Elle est arrivée à cette conclusion parce que la hauteur d’eau dans les nappes varie avec les marées et les précipitations. Mais rassurez-vous, la pollution reste dans la baie, selon TEPCo, et ne va pas au large ! «Les données sur l’eau de mer ne montrent pas d’augmentation anormale des taux de radioactivité». Il y a juste une pollution marine “normale”… Son document d’analyse, traduit en anglais, est disponible en ligne.

La variation des nappes phréatiques avec la marée prouve qu’il y a bien un contact entre l’eau souterraine contaminée et la mer. Ce fait est connu de TEPCo depuis janvier 2013, mais l’information n’est pas parvenue immédiatement au département environnement…

Le 26 juillet devant le tollé provoqué par son attitude, TEPCo reconnaît une « erreur de communication ». Elle ne voulait pas alarmer le public avec des hypothèses non confirmées… Est-ce bien qu’une erreur de communication ?

TEPCo a fini par reconnaître qu’elle savait qu’il y a des fuites depuis plus de deux ans. Comme les dépêches de la télévision publique japonaise ne restent pas longtemps en ligne, voici une copie d’écran. Le Japon a perdu deux ans sur ce sujet…

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Solutions inadaptées

Pour TEPCo, c’est la galerie souterraine, emplie d’eau contaminée, qui avait fui en avril 2011, qui fuit toujours, car le fond est en gravier. Cela ne vient pas des réacteurs…

L’eau de cette tranchée contient, entre autres, 750 millions de becquerels de césium 134 par litre, 1,6 milliard de becquerels de césium 137 par litre et 8,7 millions de becquerels de tritium par litre. Les résultats sont ici en anglais. Elle fait 5 000 m3. Il y aurait 6 000 m3 dans une autre tranchée voisine liée au réacteur n°3.

TEPCo a donc accéléré les travaux pour finir au plus vite sa barrière souterraine entre les réacteurs et la mer. Les ouvriers travaillaient de nuit, à cause de la chaleur, dans des conditions très difficiles. La compagnie a organisé un voyage de presse pour montrer combien elle réagissait vite et bien… et la barrière est terminée depuis le 9 août. Elle comptait aussi pomper l’eau de la tranchée, d’ici la fin août.

Mais on n’arrête pas un écoulement ! L’eau va contourner la barrière et rejaillir ailleurs. Cela ne fait que déplacer le problème. Pourquoi les autorités laissent faire ? De facto, le niveau de la nappe a commencé à monter (voir page 19 de ce document) et comme la barrière souterraine s’arrête à 1,8 m du niveau du sol, l’eau va passer par dessus. TEPCo l’a finalement reconnu. La pollution souterraine se déplace aussi. La contamination dans un puits, situé à 100 m du bâtiment turbine du réacteur n°2 et à 55 m de la mer, a aussi soudainement augmenté.

Dans le puits 1-5, TEPCo a mesuré 310 Bq/l pour le césium 134 alors qu’il y avait 21 Bq/l la semaine précédente. Pour le césium 137, c’est passé de 44 Bq/l à 650 Bq/l. Quant à la contamination bêta totale, elle est passée de 1 200 Bq/l à 56 000 Bq/l.

TEPCo ne serait-elle pas en train d’aggraver les choses ?

L’autorité de sûreté nucléaire japonaise a ordonné à TEPCo de vider rapidement la tranchée mise en cause. Mais l’eau va revenir. Après la fuite massive en mer d’avril 2011, TEPCo avait déclaré qu’elle allait sceller le passage entre le bâtiment turbine et des galeries souterraines afin de prévenir toute nouvelle fuite. C’est même écrit noir sur blanc dans feuille de route datée du 17 avril 2011. Mais elle n’a rien fait, comme l’a révélé l’Asahi. TEPCo n’a commencé les études qu’après avoir « découvert » les fuites récentes. C’est donc trop tard, et la compagnie met en avant des difficultés techniques pour se justifier.

De fait, l’eau contenue dans cette tranchée est stratifiée : il y a plus de pollution au fond que près de la surface. Pour le césium, qui s’amalgame aux particules fines, cela se comprend, mais pas pour le tritium qui reste liée à la molécule d’eau. Le fait qu’il y ait moins de tritium dans la partie haute, peut s’expliquer par le fait que l’eau y circule, contrairement à la partie la plus profonde. Ce qui signifierait que pomper, ne servirait à pas grand chose… « Il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien que de risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas », disent les shadoks.

Un problème sans fin

Lors de la première réunion entre TEPCo et le groupe de travail ad-hoc mis en place par les autorités à propos des fuites en mer, la compagnie a dit que la quantité totale de tritium rejeté depuis mai 2011 est comprise entre 20 et 40 térabecquerels. Il est difficile d’évaluer une fuite souterraine et ce chiffre est peut-être farfelu. Cela lui permet d’affirmer qu’elle n’a pas dépassé son autorisation de rejet fixée à 22 térabecquerels par an pour le tritium.

C’est aussi beaucoup moins que ce qui est prévu pour l’usine de “retraitement” de Rokkashô si elle est mise en service un jour. Mais c’est 10 à 100 fois plus qu’une centrale nucléaire en fonctionnement normal.

Le 22 août, TEPCo a aussi fini par donner l’évaluation pour d’autres radioélements rejetés en mer depuis mai 2011 : 3 à 10 térabecquerels de strontium (3 000 à 10 000 milliards de becquerels) et de 4 à 20 térabecquerels de césium 137. C’est beaucoup plus que l’autorisation de rejet en mer fixée à 220 Gbq (220 milliards). Ce calcul est basé sur la contamination de la baie et l’hypothèse que le flux était continu.

Le gouvernement japonais, quant à lui, a estimé, à la louche, que 300 m3 d’eau contaminée fuient quotidiennement vers l’océan. Pour cela, il part du fait que 1 000 m3 d’eau souterraine transitent quotidiennement sous la centrale. On sait que 400 m3 pénètrent dans les sous-sols des réacteurs et sont pompés par TEPCo, qui voit son stock augmenter jour après jour. Sur les 600 m3 restant, l’Agency for Natural Resources and Energy, du ministère de l’économie, estime que la moitié de cette eau devrait aller dans la mer sans être contaminée et que l’autre moitié est contaminée. Les autorités reconnaissent ainsi que la galerie du réacteur n°2 n’est pas la seule en cause et que les fuites peuvent venir de partout ! Un ministre a aussi déclaré que l’on ne pouvait pas exclure que les fuites en mer aient commencé dès les premiers jours de l’accident. Effectivement.

Pour faire face à la crise provoquée par la révélation de ces fuites, le gouvernement va financer la mise en place d’une autre solution et le ministre prétend que la fuite d’eau radioactive en mer passera à 60 m3/j environ et qu’il ne sera pas possible de faire mieux. Le projet retenu, dont il avait déjà été question en mai 2013, est de geler le sol tout autour des quatre réacteurs accidentés pour empêcher l’eau d’entrer et de sortir. Il s’agit d’une technologie onéreuse, qui est utilisée temporairement pour creuser des tunnels de métro par exemple. Qu’en est-il à long terme sur une longueur de 1,4 km et une profondeur de 30 m ? Quelle énergie cela va consommer ? Evidemment, certaines compagnies se frottent déjà les mains… L’idée a été proposée par Kajima, une des majors du BTP, qui estime le projet à 30 à 40 milliards de yens (300 millions d’euros). Le gouvernement veut montrer qu’il agit et fait des annonces suite à une crise. L’autorité de sûreté, quant à elle, attend de voir. C’est la première fois depuis le début de la catastrophe que le gouvernement s’engage et engage l’argent public ainsi.

Fuite sur une cuve classée au niveau 3 de l’échelle INES

  (ajouté le 8 septembre 2013)

Le 19 août 2013,  TEPCo a trouvé, lors d’une patrouille, qu’une des cuves provisoires fuyait.  Il y avait 120 litres d’eau  fortement contaminée au pied.

TEPCo a mis en ligne les premiers résultats de mesure : en plus du césium à 146 000 Bq/l dans l’eau de la flaque près de la cuve, il y a du cobalt 60 (1 200 Bq/l), du manganèse 54 (1 900 Bq/l) et de l’antimoine 125 (71 000 Bq/l) pour les émetteurs gamma. Il y a aussi du tritium et strontium qui n’ont pas encore été mesurés, mais la contamination bêta totale (hors tritium) est de 80 millions de becquerels par litre. Cette avait déjà été partiellement “décontaminée”, c’est à dire qu’une grande partie du césium avait été retiré par le système SARRY.

Et quand elle a vidée la cuve, il manquait 300 m3, soit 300 000 litres qui se sont échappés dans la nappe phréatique et en mer. TEPCo a foré un puits à proximité et découvert une contamination de la nappe phréatique, ainsi que tout le long d’un drainage qui conduit à la mer. Les cuves sont pourtant entourées d’un muret qui sert de digue pour empêcher l’eau qui pourrait fuir de contaminer l’environnement. Mais comme l’eau de pluie s’y accumule et pourrait corroder le bas des cuves, les vannes sont laissées ouvertes pour permettre les écoulements…

TEPCo n’a pas publié la composition précise de l’eau de la cuve qui a fui. On sait juste que le césium avait été partiellement retiré par la station de traitement des eaux SARRY. La contamination bêta totale est de 80 millions de becquerels par litre (hors tritium). Les 300 m3 représentent tout de même 24 térabecquerels ! La NRA a officiellement classé la fuite sur l’échelle internationale INES après avoir reçu un feu vert de l’AIEA au niveau 3 qui correspond à un “incident grave”. Les autres incidents n’ont jamais été classés. La NRA va-t-elle désormais tout classer pour améliorer sa communication ou n’utiliser l’échelle qu’au cas par cas, quand elle l’estime utile ?

Lors du pompage, 10 m3 auraient fui en un jour, ce qui laisse supposer que la fuite a duré 30 jours environ… et qu’il a donc fallu un mois à TEPCo pour la découvrir ! Une dizaine de jours plus tard, un représentant de TEPCo a confirmé à la NRA, lors d’une réunion, que la fuite de la cuve avait déjà probablement commencé en juillet 2013. Il est arrivé à cette conclusion en regardant les doses enregistrées par les travailleurs qui passent 2,5 heures par jour dans une station relais radio située à 20 m du lieu de la fuite. Ces doses ont commencé à augmenter à la mi-juillet et la compagnie va analyser les données plus anciennes. Cette observation n’a, semble-t-il, pas mené TEPCo à rechercher la cause afin de diminuer les doses prises par les intervenants sur son site !

Comment une fuite d’une telle ampleur a pu durer un mois sans être découverte ? Cette affaire a permis de découvrir que TEPCo menait deux inspections par jour. Deux personnes faisaient chacune une ronde de 2 à 3 heures et avaient 450 cuves à contrôler. L’inspection était donc essentiellement visuelle avec de nombreux angles morts. Quelques mesures de la radioactivité étaient faites rapidement, mais pas consignées. Comment détecter un changement notable dans de telles conditions ? Comment faire la différence entre de l’eau de pluie et une fuite ?

Il n’y avait pas de jauge non plus et TEPCo ne peut même pas garantir que la cuve était bien pleine. En fait, plusieurs cuves sont reliées entre-elles au moment du remplissage. C’est le cas des cuves 5, 7, 8, 9 et 10 de la zone et la jauge est dans la cuve n°7. TEPCo a arrêté d’y injecter de l’eau contaminée quand la cuve n°7 était pleine et ne sait rien pour les autres, dont la n°5 qui a fui.

TEPCo a révélé fin août que la cuve qui a fui avait d’abord été installée sur un sol instable et que la dalle qui la supportait s’était fissurée et enfoncée de 20 cm lors d’un test, en juillet 2011. Cela aurait pu endommager la cuve et provoquer la fuite. La compagnie affirme que la cuve a été correctement démontée et remontée en septembre 2011 et qu’aucun problème n’avait été détecté. Elle a été à nouveau remplie en octobre 2011. TEPCo va vider les deux autres cuves provisoires qui ont aussi été déménagées après s’être aussi enfoncées dans le sol, même si aucune fuite n’y a été détectée. Toujours les économies de bout de chandelle sans se soucier du contenu excessivement dangereux.

TEPCo a depuis renforcé ses contrôles avec 4 rondes par jour et 96 inspecteurs impliqués. Ils ont découvert des débits de dose anormalement élevés et une autre fuite : le tuyau entre deux cuves gouttait. Ces anomalies n’avaient pas été vues car les précédents appareils de mesure saturaient à 100 mSv/h. C’est monté à 2 200 mSv/h à proximité d’une cuve !

Il y a 220 000 m3 d’eau contaminée dans des cuves provisoires similaires à celle qui a fui. L’étanchéité des cuves provisoires, en caoutchouc, n’a une durée de vie que de 5 ans. Elle pourrait vieillir plus vite sous l’effet des radiations. TEPCo ne peut pas les vider rapidement car elle n’a pas de solution de rechange pour l’eau. Elle va donc installer des jauges d’ici la fin novembre. Le niveau de l’eau pourra ainsi être contrôlé à distance et une alarme va sonner en cas de baisse. Actuellement, seulement 55 cuves provisoires sur 337 sont équipées de jauges qui ne peuvent pas être contrôlées à distance.

L’AFP souligne que TEPCo ne veut pas donner le nom du fabricant des cuves, mais que les médias l’ont trouvé : Tokyo Kizai Kogyo. Cette compagnie se retranche derrière les clauses de confidentialité pour refuser de répondre aux questions. Impossible d’avoir des détails sur les cuves, leur tenue à la corrosion, aux secousses etc etc… Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que ces cuves tiennent le temps de leur remplacement.

Autant le problème de l’eau souterraine qui s’infiltre dans les sous-sols est complexe. Ils n’ont pas été conçus pour être transformés en piscine. Aussi bien le séisme que les explosions hydrogène ont dû les fissurer. La fuite de cette cuve, classée au niveau 3 de l’échelle INES, est un véritable scandale : elle aurait pu être évitée si TEPCo n’était pas aussi négligente avec la sûreté.

Conclusion

Peut-on conclure ? Le fait que la centrale fuit en mer est une évidence depuis longtemps. TEPCo a refusé de voir l’évidence car elle n’a pas de solution et ses finances sont à sec. Ce stockage souterrain dans les galeries, tranchées etc est bien pratique car il permet de faire des économies de cuves. Alors, pas vu, pas pris. Quand l’ampleur des fuites a changé, TEPCo a dû se résigner à admettre les faits. Mais c’est trop tard pour agir, elle aurait dû le faire avant.

Si l’on avait dit honnêtement aux pêcheurs qu’il y a 300 m3 d’eau radioactive qui s’écoulent dans l’océan et qu’en pompant 100 m3 par jour en amont de la centrale on espère pouvoir diminuer ces fuites, ils auraient accepté. Là encore, quelle perte de temps ! Cette pollution va venir s’ajouter aux rejets passés, retardant d’autant tout espoir de voir renaître les activités marines.

En reconnaissant officiellement les fuites, le gouvernement prépare aussi l’opinion à la suite : des rejets en mer contrôlés, qualifiés d’inévitables par l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, qui viendront s’ajouter aux fuites.

Un collectif d’ONG et d’élus a demandé aux autorités de consacrer plus de moyens humains au problème des fuites, quitte à retarder l’instruction des dossiers de demande de redémarrage de quelques réacteurs nucléaires. Actuellement, d’après le Japan Times, 80 employés de la NRA travaillent sur les dossiers de sûreté des réacteurs et 42 sur la crise à Fukushima.

TEPCo qui, par le passé, n’avait pas hésité à falsifier des rapports de sûreté, reste TEPCo. Ces explications sur ses erreurs de communication ne sont pas recevables. Quand de la vapeur d’eau s’échappant du réacteur n°3 a été récemment découverte, TEPCo a immédiatement dit que c’était la pluie. Elle n’a pas attendu d’être sûre d’elle. Or ce n’était pas la pluie… Elle a reconnu par la suite qu’elle injecte 16 m3/h d’azote et qu’elle n’en récupère que 13 m3/h. Les 3 m3/h restant s’échappent par elle ne sait où. Et ces gaz sont radioactifs. (Voir page 11 de ce document en japonais).

Le rejet atmosphérique pour les trois réacteurs est de l’ordre de 10 millions de Bq/h (10 MBq/h). C’est ici en japonais. Il doit ne s’agir que du césium. Si l’on multiplie 24 h et 365 j, on arrive à presque 88 milliards de Bq/an (88 GBq/an). C’est beaucoup plus que les rejets aériens d’une centrale nucléaire en fonctionnement normal et même que les rejets aériens en césium de l’usine de retraitement de La Hague. Les graphes montrent que ces rejets sont stables depuis un an. TEPCo évalue l’impact sanitaire à la bordure du site à 0,03 mSv/an. Il n’est pas dit comment ils ont fait le calcul. C’est moins que ce qui dû à la contamination des sols au même endroit, mais ce serait jamais accepté pour une centrale en fonctionnement normal.

Le pire est peut-être devant nous. En cas de grave problème dans le stockage de l’eau contaminée, suite à un séisme par exemple, ce sera une nouvelle fuite majeure. La situation à la centrale reste très fragile : on se souvient qu’un rat a fait disjoncter 9 installations.

Mais TEPCo reste optimiste. Elle a publié une nouvelle version de sa feuille de route qui prévoit le retrait du corium (combustible fondu) à partir de 2020 pour les réacteurs 1 et 2, et 2021 pour le 3. C’est 18 mois plus tôt que pour la précédente feuille de route. On ne sait pas encore quel jour…

Ancien lien

An trois de la catastrophe de Fukushima

L’ACROnique de Fukushima : la catastrophe au jour le jour
suivi chronologique de l’an III

An deux de la catastrophe de Fukushima
Actualités à partir du 11 mars 2013
A partir de 2015, suivez l’actualité sur http://www.fukushima.eu.org/

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L’an un de la catastrophe est décrit dans un autre fichier qui commençait à être trop long. Il a été rédigé en direct, au jour le jour. Je le laisse ainsi, avec toutes ses fautes de frappes, son français parfois approximatif et ses liens qui ne sont peut-être plus valables. Car ce travail est entièrement fait bénévolement.
Les archives de l’an deux sont ici.

Nous continuons aussi la reconstitution des premières heures de l’accident en fonction des information glanées ça et là. C’est ici en français.

Nous avons aussi rédigé deux rapports qui font un bilan de la première année de la catastophe :

Ce qui suit, est essentiellement basé sur la presse japonaise, quelques blogs et sites officiels pertinents, ainsi que sur des informations transmises directement par quelques personnes avec qui nous sommes en contact.

Chronologie (de novembre 2013 à décembre 2013) :

Mardi 31 décembre 2013 :
• La pollution radioactive dans le puits 1-16 vient de battre un nouveau record : 2,1 millions de becquerels par litre en bêta total (prélèvement du 26 décembre).

• TEPCo observe de nouveau de la vapeur au dessus du réacteur n°3, comme c’était déjà le cas cet été. Voir les communiqués en japonais du 24 décembre, 25 décembre et 27 décembre. TEPCo a cessé de traduire en anglais ces communiqués.
Cela a conduit un site américain à en déduire que la fusion du réacteur n°3 a repris et d’alerter la population américaine à se préparer au pire. Pas les Japonais, semble-t-il ! La photo qui accompagne le texte date de 2011.
Ce genre d’alerte, reprise par quelques sites français, est ridicule : si la fusion avait repris, il y aurait des rejets massifs (ceux qui menacent les Américains) qui auraient été vus par les nombreuses balises accessibles sur Internet et les nombreuses stations de mesures indépendantes au Japon.
La situation est déjà suffisamment grave pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter.

Lundi 30 décembre :
• Le Sri Lanka a trouvé de la radioactivité dans des aliments à base de produits marins importés du Japon : la contamination est inférieure à 100 Bq/kg. La presse mentionne 15 à 20 Bq/kg.

• Le gouvernement japonais va autoriser les ouvriers engagés dans la décontamination et la réhabilitation des zones évacuées à dormir sur place si l’exposition externe est inférieure à une dose équivalente à 20 mSv/an. Il s’agit de satisfaire à une demande des compagnies et des autorités locales afin de gagner sur le temps de transport pour accélérer la décontamination. La dose en dehors des heures de travail va-t-elle être prise en compte ?
Les habitants originaires de ces zones peuvent rentrer dans la journée mais ne sont pas autorisés à dormir sur place.
Les municipalités devront en faire la demande auprès du gouvernement. Iitaté l’a déjà fait.

• L’agence de presse Reuters continue à enquêter sur les conditions de travail après la catastrophe nucléaire. Elle propose un article, des photos et une vidéo sur des sans-abris embauchés dans des travaux de décontamination. A lire !
La pénurie de main d’oeuvre incite donc les compagnies à user de tous les moyens pour trouver des travailleurs qui acceptent de faire le sale boulot pour un salaire ridicule, souvent inférieur au salaire minimum après les ponctions de chaque couche de sous-traitance. Les sans-abris recrutés à Sendaï (Miyagi) interrogés par Reuters travaillaient sur un chantier de la deuxième compagnie de construction du Japon, Obayashi, une des majors du bâtiment qui ont remporté les marchés de décontamination sans aucune expérience.
Le recrutement des personnes les plus vulnérables pour servir de main d’oeuvre sur les chantiers est souvent contrôlé par la pègre.
Les nombreuses couches de sous-traitance permettent tous les abus et rendent les contrôles difficiles. Reuters a dénombré 733 compagnies impliquées dans les chantiers de décontamination des zones les plus contaminées prises en charge par le gouvernement et l’autoroute. Parmi elles, 56 ne sont pas habilitées par le ministère de l’environnement. Les contrats associés représentent 2,5 milliards de dollars.
L’agence a aussi découvert 5 compagnies fantômes, sans adresse, téléphone, site Internet, ni enregistrement.
Le ministère de l’environnement, qui gère là son plus gros budget depuis qu’il existe, se défausse entièrement sur les quelques majors qui ont remporté les contrats. Elles mêmes sous-traitent tout et ne contrôle pas la situation. Un patron d’une compagnie sous-traitante avoue que s’il commençait à contrôler tous les contrats, cela n’avancerait pas et il n’aurait pas le dixième de la main d’oeuvre nécessaire. Alors tout le monde ferme les yeux.
Ces problèmes de sous-traitance existaient déjà avant la catastrophe dans le batiment et la décontamination nucléaire. Ils ont été exacerbés par l’ampleur de la tâche suite à la catastrophe, la pénurie de main d’oeuvre et l’attrait de la prime de risque de 100 000 yens par jour qui n’est pas toujours versée aux travailleurs. Selon la police qui a enquêté sur les sans-abris de Sendaï, seulement un tiers de ce qui est versé par Obayashi arrive dans la poche des travailleurs journaliers. Après leur avoir pris les frais de logement et nourriture, il ne leur reste plus que 6 dollars de l’heure, ce qui est moins que le salaire minimum qui est 6,5 dollars de l’heure. Certains sans-abris auraient même des dettes quand tous les frais ont été déduits !
Le recruteur des sans-abris à Sendaï a été arrêté en novembre et relâché sans charge car la police voulait remonter la chaîne de d’embauche et coincer la pègre locale qui logeait les sans-abris dans des dortoirs insalubres et se faisait 10 000 dollars par mois sur leur dos. Le membre de la pègre qui a été arrêté, a dû payer une amende de 2 500 dollars. La compagnie qui a embauché les sans abris envoyés par la pègre a eu une amende de 5 000 dollars, son manager aussi. Elle les a ensuite envoyés à une autre compagnie, à peine plus grosse, qui prétend n’avoir prélevé que 10 dollars par personne avant de les envoyer au véritable sous-traitant. Cette deuxième compagnie et son manager ont aussi eu une amende de 5 000 dollars chacun. Elle prétend que si l’on ne traite pas avec la pègre, il n’est pas possible d’avoir de la main d’oeuvre : ce serait toujours ainsi dans le bâtiment. Quant sous-traitant sur les chantiers, il prétend ne pas être au courant du recrutement. Cette compagnie et la major du bâtiment, n’ont pas été punies.
Des pratiques similaires existent sur les chantiers de traitement des débris du tsunami.

Dimanche 29 décembre :
• Un ancien employé de TEPCo a mis en place une organisation pour venir en aide aux travailleurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Il donne aussi des conférences pour expliquer les conditions de travail déplorables à la centrale. Selon l’Asahi, il collecte de l’argent pour acheter des sous-vêtements chauds et des chaufferettes pour les ouvriers qui doivent faire face aux frimas de l’hiver. Pourquoi ce n’est pas TEPCo qui fournit ces équipements ?
Le site internet de cette initiative, entièrement en japonais, contient quelques photos.

Samedi 28 décembre :
• TEPCo a mis en ligne (en japonais et en anglais) des photos d’un des assemblages endommagés de la piscine du réacteur n°4. Le problème date d’avant le séisme du 11 mars 2011. La compagnie prétend que le débit de dose n’est pas anormal à proximité et suggère qu’il ne fuit pas. Qu’en est-il des autres assemblages endommagés ?

Vendredi 27 décembre :
TEPCo vient de procéder à la cinquième demande d’augmentation du soutien financier de l’Etat japonais : elle réclame 999 milliards de yens de plus (7,1 milliards d’euros). Cela fait un total de 4 789 milliards de yens (34,2 milliards d’euros). Elle justifie cette nouvelle demande par le changement de règles concernant l’indemnisation du foncier et à la prolongation des indemnisations liées aux restrictions de vente de produits de Fukushima et aux “rumeurs néfastes”.
La veille, le comité gouvernemental en charge de fixer les règles d’indemnisation a demandé à TEPCo de payer 7 millions de yens (50 000 euros) supplémentaires à chaque personne qui ne pourra pas rentrer chez elle tout au long de sa vie. La compagnie devra aussi les aider à acheter une nouvelle maison. 25 000 personnes, originaires des zones où la contamination pourrait engender une dose annuelle supérieure à 50 mSv, sont concernées. Ces personnes recoivent déjà 100 000 yens (715 euros) par mois.

• TEPCo a mis en ligne la version anglaise des informations et photos concernant les dernières fuites des réceptacles sous les cuves. Elle a aussi mis en ligne une vidéo montrant les mesures prises pour éviter que cela se reproduire.
TEPCo n’a pas trouvé de fissure dans ces réceptacles et pense donc que ce sont les joints qui ont laisser fuir l’eau de pluie contaminée. Elle a donc ajouté une résine par dessus les joints. Le bricolage continue… TEPCo va mettre de la résine sur les 20 réceptacles et mieux les surveiller.

• Tôhoku Electric Power Co a déposé une demande d’autorisation de redémarrage du réacteur n°2 de sa centrale d’Onagawa (Miyagi) qui avait été fortement secouée lors du séisme du 11 mars 2011. C’était l’installation nucléaire la plus proche de l’épicentre. Les trois réacteurs se sont arrêtés automatiquement lors du séisme. La vague de tsunami faisait 13 mètres, mais n’avait pas submergé la centrale. Un incendie s’était déclaré et certains générateurs de secours avaient été noyés.
La compagnie est en train de construire un mur anti-tsunami de 29 m de haut pour pouvoir faire face à une vague de 23 m, ce qui fait 10 m de plus que ce que était estimé auparavant. Les filtres pour retenir les particules radioactives pour limiter les rejets en cas d’accident ne seront pas installés avant mars 2016. C’est obligatoire, sans période de grâce, pour les réacteurs à eau bouillante.
C’est la 16ième demande de redémarrage.

• Les autorités régionales de Fukushima avaient distribué un questionnaire aux populations pour estimer a posteriori la dose reçue. Il s’agissait de reconstituer l’emploi du temps des personnes concernées, du temps passé à l’extérieur, du lieu etc afin de calculer l’expostion à partir de la reconstitution des retombées radioactives. Le questionnaire avait été envoyé quelques mois après le début de la catastrophe aux 2 millions d’habitants de la province. Le taux de retour est toujours de 23,6%. Plus le temps passe, plus il sera difficile de le remplir.

• La NRA devrait confirmer que la faille qui passe sous la centrale d’Ôï (Fukui) n’est pas active.

Jeudi 26 décembre :
• TEPCo a présenté un nouveau plan financier, accepté par son conseil d’administration. La compagnie espère renouer avec les profits, mais prévoit pour cela le redémarrage de deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) à partir de juillet 2014 et deux autres réacteurs à partir du printemps 2015. Elle espère aussi pouvoir rassurer les banques et obtenir des prêts supplémentaires. Mais la compagnie est peut-être trop optimiste sur le redémarrage de ses réacteurs et personne ne peut dire combien coûtera le démantèlement des réacteurs accidentés et définitivement arrêtés. Ni combien coûtera l’indemnisation des victimes de la catastrophe.
Si la compagnie fait à nouveau des bénéfices, elle baissera ses tarifs : elle n’a pas trop le choix car à partir de 2016, le marché de l’électricité sera entièrement libéralisé et les tarifs de TEPCo sont très élevés.
Pour les trois réacteurs restants de Kashiwazaki-Kariwa, TEPCo parle d’un redémarrage après 2016, voir 2023. C’est à dire jamais…

• Le gouvernement a admis qu’il lui faudra plus de temps pour traiter les débris du tsunami à Fukushima à cause de la radioactivité. Cela devrait durer jusqu’en 2016, soit deux ans de retard, sans compter les zones les plus contaminées où rien n’est prévu pour le moment. La quantité totale de déchets des zones où les travaux sont possibles serait de 802 000 tonnes.
En ce qui concerne la décontamination, le gouvernement se donne trois ans de plus pour finir en mars 2017. La simple idée que la décontamination puisse avoir une fin est assez saugrenue : les niveaux atteints restent élevés et les habitants ne s’en satisfont pas. Il y a aussi 70% de montagnes et forêts à Fukushima qui ne sont pas décontaminées et qui recontaminent certaines zones près des habitations.
Le gouvernement va mettre la priorité sur les infrastructures et les zones habitées de façon à permettre le retour des habitants. Les zones les plus contaminées, où l’exposition externe dépasserait 50 mSv/an, ne sont pas concernées par ce plan. Ni la commune de Futaba car les discussions avec la municipalité n’ont pas abouti. 96% de cette commune sont classés en zone de retour difficile.

Mercredi 25 décembre :
• Comme l’an dernier, les personnes évacuées provenant de zones pas trop contaminées peuvent retourner chez elles pour les fêtes du nouvel an, et sont même autorisées à dormir sur place. Seulement 1 700 personnes, réparties dans 556 familles en ont fait la demande alors que 27 150 auraient pu le faire.

• Chûgoku Electric Power Company a officiellement demandé à la NRA l’autorisation de redémarrer le réacteur n°2 de sa centrale de Shimané. C’est un réacteur à eau bouillante qui ne bénéficie pas d’un délai de grâce pour l’installation de filtres à particules radioactives. La compagnie ne va pas les installéer avant mai 2014. Elle a rehaussé la digue de protection contre les tsunamis de 6,5 à 15 m. La salle de contrôle excentrée ne sera mise en service qu’à partir de septembre 2014.
Cette centrale est située près de la capitale régionale. En cas d’accident, il faudrait évacuer 470 000 personnes dans un rayon de 30 km.
La compagnie envisage de demander l’autorisation de démarrer le réacteur n°3 qui est presque fini de construire. Le réacteur n°1, qui a été mis en service en 1974, nécessite des investissements massifs pour être remis aux normes.
C’est la 15ième demande de redémarrage sur 48 réacteurs (54 avant la catastrophe), aucune n’a été accordée pour le moment et le Japon a toujours zéro réacteur en fonctionnement.

• La NRA a fait refaire des mesures du débit de dose à partir l’hélicoptères dans un rayon de 80 km autour de la centrale accidentée. Les valeurs rapportée à 1 m du sol montrent une diminution moyenne de 47% depuis les premières cartes. C’est dû la disparition progressive du césium 134 qui a une demi-vie de 2 ans et au lessivage des sols par l’eau de pluie. Cette baisse doit être prise comme référence pour évaluer l’efficacité de la décontamination. Les données datent de septembre 2013 et une présentation est ici en anglais.
La précédente carte a été publiée en mai 2013 avec des données de mars 2013.

Mardi 24 décembre :
• Il y a de moins en moins d’étudiants à Fukushima alors que dans les provinces voisines, le nombre d’étudiants est revenu au niveau de l’avant 11 mars 2011. C’est surtout le nombre d’étudiants en provenance d’autres régions qui a chuté.

Le blog ex-skf a déniché et traduit une petite annonce pour aller décontaminer à Fukushima : “Travail facile, surtout tonte, élagage et élimination de la couche supérieur de sol”. Aucune mention de la radioactivité, même si les lieux concernés sont contaminés.

• TEPCo continue de découvrir des fuites dans les réceptacles autour des cuves. Dans deux nouveaux cas l’eau accumulée a baissé de 7 et 11 cm respectivement depuis vendredi 20 décembre. Et cette eau a 20 et 440 Bq/l de strontium 90 et ne peut donc pas être rejetée dans l’environnement. La compagnie va vider les réceptacles pour trouver par où l’eau a fui. 225 m3 se seraient ainsi échappés.
Les cas précédents étaient dus à des fissures dans le béton et à un joint qui n’était plus étanche. TEPCo a bouché ces fuites. Voir des photos et explications en japonais, ainsi qu’en anglais.

TEPCo a reçu 141,2 milliards de yens (1 milliard d’euro) d’aide sous forme de prêt sans intérêt du gouvernement.

TEPCo a mis en ligne la version anglaise d’une partie de ses nouvelles conclusions sur l’accident (cf 13 décembre).

Lundi 23 décembre :
• TEPCo a trouvé de nouvelles fuites au niveau des barrières qui entourent les cuves. Le volume d’eau qui aurait fui serait de 2,6 m3 (il inclut les 1,6 m3 de la veille). Dans un des réceptacles, il y avait 190 Bq/L en strontium 90. A partir de 10 Bq/L, TEPCo est supposée pomper cette eau et ne peut pas la relâcher. Dans l’autre réceptacle qui a fui, ce serait 0,8 m3 qui se serait échappé, avec 3 Bq/l en strontium.
La compagnie prétend que cette eau n’a pas atteint la mer.
Par ailleurs, le Maïnichi donne la parole à une personne employée par un sous-traitant de TEPCo pour construire les cuves : ellle dénonce un travail bâclé car il fallait faire vite. Elle dit craindre d’autres fuites. La peinture anti-rouille n’a pas toujours été bien appliquée. La dalle en béton n’était pas toujours bien plate non plus. On pouvait parfois passer un doigt sous la cuve. Quand le témoin trouvé par le Maïnichi a signalé le problème au contremaître, il lui a été répondu que cela ne servait à rien car personne n’écoute au-dessus d’eux.
Le quotidien a interrogé TEPCO et Taisei, son sous-traitant, qui se sont voulus rassurants, sans pour autant répondre aux questions précises.

• Deux centrales japonaises sont particulièrement exposées au risque volcanique : il s’agit de la centrale de Sendaï à Kagoshima, tout au Sud de l’île de Kyûshû et de la centrale de Tomari au Sud de l’île de Hokkaïdô. D’autres sont aussi concernées (Higashidori, Genkaï, Ikata…).
Les compagnies d’électricité doivent étudier les risques engendrés par les volcans situés dans un rayon de 160 km autour de leurs centrales et déterminer le rique d’éruption dans les 60 ans à venir.
Même si la lave n’atteint pas directement la centrale, les cendres peuvent perturber fortement son fonctionnement. Les secours peuvent aussi être empêchés de rejoindre la centrale en cas d’accident durant une éruption volcanique.

• Nouvelle manifestation anti-nucléaire dimanche 22 décembre qui a encerclé le parlement. Il y avait 15 000 personnes, selon les organisateurs, et 2 000 selon la police.

• La municipalité de Minami-Sôma a mis en ligne quelques données de mesure sur des champignons avec des contaminations en césium qui montent à plus de 400 000 Bq/kg.

Dimanche 22 décembre :
Les dernières données mises en ligne sur le site de la NRA concernant la contamination de l’eau de mer montrent que la pollution est toujours beaucoup plus forte près de la centrale qu’au large, ce qui prouve que les fuites en mer continuent et sont visibles.

• TEPCo a découvert une nouvelle fuite : de l’eau de pluie contaminée, qui aurait dû être retenue dans les réceptacles autour les cuves, se seraient écoulée eta été absorbée par le sol. TEPCo estime à 1,6 m3 la fuite.

Vendredi 20 décembre :
• TEPCo a mesuré  les débits de dose le long de la cheminée de rejet des réacteurs 1 et 2 : cela monte jusqu’à 3,6 mSv/h à 10 m du sol. (Données et photos en japonais).

• Chûgoku Electric Power Co va demander aux autorités locales de la province de Shimané et de la ville de Matsué l’autorisation de soumettre à la NRA la demande de redémarrage du réacteur n°2 de la centrale de Shimané. C’est un réacteur à eau bouillante.
La compagnie du Tôhoku, quant à elle, envisage de faire une demande similaire pour le réacteur n°2 de sa centrale d’Onagawa (Miyagi) qui avait été fortement secouée par le séisme du 11 mars 2011. Ce serait la première demande pour un réacteur affecté par ce séisme. C’est aussi un réacteur à eau bouillante.

• 60% des communes qui sont à moins de 30 km d’une centrale nucléaire n’ont toujours pas finalisé leur plan d’évacuation en cas de catastrophe : 82 sur 135 à la date du 2 décembre 2013. Elles ont du mal à trouver des centres d’accueil, surtout pour les résidents en maisons de retraite ou les personnes hospitalisées.

• Le gouvernement veut accélérer le retour des populations en leur donnant une prime de retour pour les aider à reconstruire leur vie sur place. Les personnes qui rentreront dans les deux ans qui suivent la levée de l’ordre d’évacuation devraient recevoir 900 000 yens supplémentaires (6 400 euros). Les détails sur cette prime seront connus à partir du printemps prochain. Il va aussi leur distribuer des dosimètres individuels pour qu’elles puissent contrôler leur exposition réelle dans des zones où elle pourrait monter jusqu’à 20 mSv/an, comme pour les travailleurs du nucléaire. De nombreuses associations d’aide aux victimes réclament de laisser le choix aux populations évacuées en leur proposant soit de rentrer, soit de se réinstaller ailleurs sans discrimination financière.
Pour le moment, l’aide à la réinstallation ailleurs n’est prévue que pour les 25 000 personnes qui vivent dans une zone classée “retour difficile” car l’exposition externe pourrait y dépasser les 50 mSv/an.
C’est TEPCo qui devra payer ces aides supplémentaires grâces aux prêts sans intérêt du gouvernement.

TEPCo a annoncé qu’elle allait créer une filiale chargée du démantèlement. La compagnie va donc séparer la production d’électricité de la prise en charge des conséquences de la catastrophe. (Voir aussi le deuxième communiqué à ce propos).

• TEPCo aurait trouvé de la pollution radioactive dans de l’eau souterraine prélevée à 25 m de profondeur sous le réacteur n°4 : il y aurait 6,7 Bq/L en césium 137 et 89 Bq/L en bêta total. Les nappes phréatiques sont fortement contaminées, mais c’est la première fois que TEPCo trouve une pollution à une telle profondeur. La compagnie n’exclut pas une nouvelle erreur de mesure. (Données en japonais).
Par ailleurs, la contamination de l’eau du puits 1-16 vient de battre un nouveau record avec 1,9 millions de becquerels par litre en bêta total. (Prélèvement du 19 décembre).

Jeudi 19 décembre :
• Le gouvernement japonais a finalement remonté à 9 000 milliards de yens (65 milliards d’euros) le plafonds des prêts sans intérêt qu’il compte accorder à TEPCo. C’est le contribuable qui payera les intérêts. Il était de 5 000 milliards de yens auparavant. TEPCo a déjà dépensé plus de 3 000 milliards de yens (22 milliards d’euros) en indemnisation.
Le gouvernement va aussi prendre en charge la décontamination au-delà des 2 500 milliards de yens (18 milliards d’euros) payés par TEPCo et les centres d’entreposage de déchets issus de la décontamination pour un total de 1 100 milliards de yens (8 milliards d’euros).

• TEPCO a mis en ligne une présentation des progrès effectués à la centrale de Fukushima daï-ichi (en anglais).

• Le gouverneur de Fukushima a réitéré sa demande de voir tous les réacteurs nucléaires de sa province définitivement arrêtés. TEPCo n’a pas encore pris officiellement de décision pour les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni qui ont été innondés par le tsunami.

• Japan Nuclear Fuel Ltd a reporté pour la 20ième fois la date de démarrage de son usine dite de retraitement des combustibles irradiés de Rokkashô-mura (Aomori). La nouvelle date est octobre 2014. Il lui faut mettre son usine aux nouvelles normes de sûreté entrée en vigueur la veille. La toute première date de démarrage proposée était en 1997…

• Suite du voyage de presse français à Fukushima encadré par l’IRSN : les journalistes sont allés visiter une coopérative de production de kakis séchés et ont vu le détecteur qui permet de contrôler tous les colis mis sur le marché. Une machine coûte 63 millions de yens (450 000 euros). Il y en a 5 prises en charge par TEPCo, qui paye aussi 1 000 yens (7 euros) par analyse. C’est une coquette somme. Les fournisseurs d’instruments de détection de la radioactivité s’en mettent plein les poches.
L’ACRO a un devis pour une chaîne de spectrométrie gamma comme celle que nous avons financée et installée au Japon, mais proposée par Canberra : c’est trois fois plus que ce que nous avons payé chez Itech ! L’ordinateur, avec clavier et OS japonais, était proposé à 4 280 euros HT avec l’imprimante. Il n’est même pas plaqué or.

Mercredi 18 décembre :
Voici un écho du voyage de presse au Japon qui détonne par rapport aux autres articles. Une vingtaine de journalistes français ont rencontré leurs homologues de Fukushima et il en ressort que : “Les mêmes journalistes présents à la réunion racontent comment les familles se divisent sur le fait de savoir s’il faut ou non rester au pays. Et comment, bien souvent, elles éclatent, minées par les divisions internes. Un phénomène qui semble s’être massifié. A Iitate, le maire confiait que sa ville comptait 1.700 ménages avant mars 2011. Or depuis, les séparations et les divorces se sont à ce point multipliés que le nombre de foyers fiscaux a presque doublé pour atteindre le chiffre record  de 3.000.” (Ce n’est le seul phénomène qui explique cette augmentation du nombre de foyers, comme nous l’avons déjà signalé : les familles incluaient souvent plusieurs générations qui n’ont pas pu trouver à se reloger ensemble. Le problème des divorces est cependant bien réel.)
“Ce sont encore les réfugies des zones contaminés qui, selon qu’ils appartiennent à la zone la plus proche de la centrale ou non, ont reçu des indemnités allant de un million de yens à 80.000. Ou presque rien, provoquant de fortes jalousies au sein de “la diaspora des évacués de Fukushima.”
“C’est Masaya Hayakawa, du Fukushima Minpo Newspaper, qui explique la difficulté d’informer les populations locales. […] “Tepco, dit-il, en assurant parler au nom de tous ses confrères, n’est pas pour nous un source fiable. Non pas parce qu’ils falsifient les données, mais tout simplement parce qu’ils sont dépassés, débordés, et littéralement affolés. Deux ans et neuf mois sont passés depuis l’accident, et Tepco n’est toujours pas en mesure de trier les informations qui se bousculent dans ses bureaux”.

• TEPCo a mis en ligne des données sur la contamination des poissons pêchés dans un rayon de 20 km autour de la centrale. Il y a encore de nombreux spécimens qui dépassent les 100 Bq/kg en césium. Cela monte jusqu’à 1 070 Bq/kg. En ce qui concerne les poissons pêchés dans le port devant la centrale, la contamination est toujours beaucoup plus élevée car ils ne peuvent pas sortir et sont directement exposés aux fuites en mer. Elle monte jusqu’à 131 000 Bq/kg.

• TEPCo en est à 88 assemblages retirés de la piscine du réacteur n°4.

• La station de traitement des eaux contaminées ALPS est toujours en phase de test. Son démarrage a été une nouvelle fois reporté de novembre 2013 à avril 2014. Les premières annoncent mentionnaient septembre 2012… Elle coûte 15 milliards de yens (107 millions d’euros).
Le dernier bilan de l’eau contaminée accumulée est ici en anglais.

TEPCO a officiellement annoncé qu’elle avait engagé la procédure de mise à l’arrêt définitif des réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi. Elle devrait être effective le 31 janvier prochain. Les 6 réacteurs de la centrale seront donc définitivement arrêtés après 42 ans de fonctionnement pour le plus ancien. Il faudra plus de temps pour les démanteler…
Le démantèlement des réacteurs 5 et 6, secoués par le séisme et noyés par le tsunami, mais pas accidentés, servira de laboratoire au démantèlement des réacteurs accidentés (voir le document en anglais). TEPCo a commencé à retirer le combustible des cuves pour le mettre dans les piscines de refroidissement. Elle en aura jusqu’en septembre prochain.
En ce qui concerne les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni, TEPCo n’a pas encore pris de décision officielle.
Le Japon n’aura donc plus que 48 réacteurs contre 54 avant le 11 mars 2011.

• Le puits 0-3-2 est soudainement devenu très contaminé. TEPCo avait annoncé 63 000 Bq/L en bêta total dans l’eau. Et comme il n’est pas séparé de la mer par le mur souterrain, cela a beaucoup inquiété quant à l’ampleur de la fuite. Le lendemain, la contamination est redevenue indétectable. TEPCo pense donc avoir fait une erreur et mélangé l’échantillon de ce puits avec un échantillon beaucoup plus contaminé (provenant du puits 1-16 ?).

• L’International Research Institute for Nuclear Decommissioning vient de lancer un nouvel appel à idées pour aller inspecter et démanteler le combustible fondu (page spéciale, avec document explicatif).

• Sept habitants de Futaba vivaient encore dans le lycée désaffecté de Kazo (Saïtama), dans la banlieue de Tôkyô. Ils ont tous plus de 60 ans. Ils ont trouvé un nouveau logement et  devront quitter les lieux avant la fin de l’année.

• La NRA avait estimé que la centrale de Tsuruga (Fukui) est sur une faille active et qu’elle ne peut donc pas être redémarrée. L’exploitant n’a pas accepté ce verdict et a apporté de nouvelles données pour démontrer l’inverse. La NRA va donc rouvrir le dossier.

Mardi 17 décembre :
• Le directeur de l’IRSN et son équipe étaient en visite à Fukushima daï-ichi la veille, accompagné d’une armada de journalistes français. Il y a donc de nombreux articles dans la presse française aujourd’hui. Cela s’apparente à une belle opération de communication. On n’apprend pas grand chose de neuf si ce n’est que les discussions pour rejeter en mer l’eau partiellement décontaminée ne débuteront pas avant deux ou trois ans.

• Le nombre de décès liés à l’évacuation provoquée par l’accident nucléaire à Fukushima est maintenant de 1 605 (au 30 novembre 2013). C’est plus que le nombre de décès directs dus au séisme et tsunami dans la province : 1 603. C’est aussi beaucoup plus que les 919 décès indirects qui avaient suivi le séisme de Kôbé en 1995. A Miyagi, les décès indirects liés à l’évacuation provoquée par le tsunami s’élèvent à 878. C’est 428 à Iwaté.
Ces décès incluent des personnes qui n’ont pas pu recevoir des soins appropriés, ou qui ont développé de nouvelles maladies, ou encore, qui se sont suicidées.
A Fukushima, 309 dossiers de demande de reconnaissance de décès liés à la catastrophe ont été rejetés. 76 dossiers sont en cours d’évaluation. Cela devient de plus en plus difficile de faire le lien avec l’évacuation.
Si le décès est reconnu comme état lié à la catastrophe, les familles peuvent recevoir 5 millions de yens. Mais il n’y a pas de critères prédéfinis et les dossiers sont examinés au cas par cas.

• Japan Nuclear Fuel Limited, qui a fait construire l’usine de retraitement à Rokkashô-mura, espère pouvoir la démarrer à partir d’octobre 2014.

• La contamination bêta totale de l’eau du puits 1-16 stagne à un niveau très élevé : 1,4 million de becquerels par litre (prélèvement du 13 décembre) et 1,7 million de becquerels par litre (prélèvement du 16 décembre). A noter que la contamination du puits 0-3-2 augmente aussi fortement.

• La NRA a mis en ligne un recueil de données sur la contamination de l’eau de mer au large de la centrale de Fukushima. L’eau est contaminée, à de faibles niveaux, sur des centaines de kilomètres.

Lundi 16 décembre :
La NRA a mis sur Internet des débits de dose mesurés dans la zone des 20 km autour de la centrale de Fukushima daï-ichi et leur évolution. C’est encore fortement contaminé. Pour rappel, la limite d’évacuation, considérée comme trop élevée par beaucoup, est fixée à 3,8 microsievert par heure.

• La dette de TEPCo auprès de 77 banques et autres institutions financières privées va être plafonnée à 4 500 milliards de yens (32 milliards d’euros). Cette dette vient d’augmenter de 300 milliards de yens (un peu plus de 2 milliards d’euros). C’est plus de deux fois la dette de la compagnie avant l’accident.
Il faut aussi ajouter ce que TEPCo doit au gouvernement.

• A Shirakawa, les sacs contenant les déchets radioactifs issus de la décontamination sont entreposés à l’air libre dans un parc, comme partout ailleurs. Mais ce parc est juste devant des immeubles et une habitante a vu des enfants jouer sur ces sacs. Elle a alerté les autorités régionales, propriétaires des habitations, qui n’ont pas réagi. Un journaliste du Maïnichi, qui révèle l’affaire, a mesuré jusqu’à 2,23 microsieverts par heure à proximité de sacs situés près de la rue. Il y avait 10 fois moins en s’éloignant des sacs. Le quotidien est ensuite aller inspecter d’autres complexes d’habitations, dans la même ville. Il a trouvé deux collégiens (ou collégiennes) en train de bavarder à proximité de tels sacs sans être informé(e)s du risque.
Le quotidien rappelle que les autorités locales sont responsables des déchets et de la protection des populations. La loi impose un débit de dose inférieur à 1 mSv/an (ou 0,23 microsievert par heure) au niveau de la bordure du site d’entreposage.La région a réagi après l’intervention du journal.
La région possède 78 complexes d’habitation et n’en a décontaminé que 21.

Samedi 14 décembre :
• Alors que le démantèlement des réacteurs de Fukushima, puis de tous ceux qui ne pourront pas redémarrer, va devenir une activité centrale de l’industrie nucléaire japonaise, l’autorité de sûreté, la NRA a aucun expert sur le sujet. le Japon vient à peine de mettre en place un Research Institute for Nuclear Decommissioning.

• Le gouvernement va acheter les terrains où il veut installer les centres d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination. Mais la valeur du terrain va être calculée en prenant en compte leur dépréciation suite à la catastrophe. Le gouvernement va tenter d’estimer la valeur des terrains en fonction de leur utilité potentielle après la levée de l’ordre d’évacuation. Le manque à gagner suite à la dépréciation devra être compensé par TEPCo. Le gouvernement applique ainsi les règles habituelles pour les expropriations, à savoir la veleur du terrain au moment de l’achat. Mais on ne sait pas comment il va estimer la valeur du terrain dans le futur, car l’ordre d’évacuation ne sera pas levé de si peu dans ces zones.
La surface totale à acheter est de 19 km2 pour 28 millions de m3. Elle inclut un centre de tri et d’incinération sur chaque site. Trois communes sont concernées pour le moment : Ôkuma (11 km2), Naraha (3 km2) et Futaba (5 km2) et plusieurs milliers de propriétaires. Certains demandent un achat au prix du terrain avant la catastrophe. D’autres ne veulent pas vendre. Cela va prendre du temps.
Les ministres de l’environnement et de la reconstruction étaient en visite à Fukushima pour convaincre les autorités locales d’accepter les sites d’entreposage. Les concertations avec les habitants évacués auront lieu l’an prochain.
On se demande pourquoi le gouvernement veut acheter les terrains si l’entreposage est limité à 30 ans. Il pourrait aussi les louer. Cette limitation dans le temps n’est pas crédible.

• Le gouvernement prête de l’argent à TEPCo pour qu’elle puisse indemniser certaines victimes de la catastrophe. Le plafond est fixé à 5 000 milliards de yens (36 milliards d’euros), mais le gouvernement pourrait le remonter à 9 000 voire 10 000 milliards de yens.
Le gouvernement, déjà fortement endetté, emprunte lui-même ces sommes et les intérêts sont à la charge du contribuable.

• La contamination bêta totale de l’eau du puits 1-16 continue de monter et de battre des records : 1,5 million de becquerels par litre (prélèvement du 9 décembre), puis 1,8 million de becquerels par litre (prélèvement du 12 décembre).
Un bilan de la contamination de l’eau souterraine est ici en anglais.

Vendredi 13 décembre :
• On s’en souvient, les habitants de la partie Est du district de Miyakoji à Tamura, située à moins de 20 km de la centrale, peuvent retourner et dormir chez eux pour rétablir les conditions de vie sur place. L’ordre d’évacuation n’est pas encore levé pour qu’ils puissent continuer à recevoir une indemnisation. Il devrait l’être au printemps prochain et l’aide financière s’arrêtera un an plus tard.
Sur 117 foyers concernés, seuls 30 sont revenus pour une longue durée. Le débit de dose est tel que l’irradiation externe dépasse 1 mSv par an, la limite de dose en temps normal. Les jeunes avec enfants ne veulent donc pas rentrer.Certaines personnes âgées préfèrent rentrer, d’autres préfèrent rester avec leurs enfants et petits enfants.
L’Asahi a interrogé les 117 foyers et a obtenu 60 réponses : 16 vont rentrer après la levée de l’ordre d’évacuation, 7 ne rentreront jamais. 24 ne rentreront pas, mais n’excluent pas de le faire plus tard. Les 13 restant sont indécis.
Le quotidien a ensuite demandé aux 37 foyers qui n’ont pas encore de réponse définitive, quelle seraient les conditions nécessaire à un retour. C’est la stabilisation de la situation à la centrale qui arrive en premier (29 réponses), suivie par la baisse des niveaux de contamination (26 réponses). Trois réponses étaient possibles.

• Les dernières statistiques du ministère de l’éducation, après examen de 700 000 enfants âgés de 5 à 17 ans, montre que le surpoids diminue dans le pays, sauf à Fukushima où il continue d’augmenter. Le ministère met en avant le manque d’activité physique et la perturbation des conditions de vie.

• TEPCo a rendu publiques de nouvelles conclusions sur la fusion du coeur du réacteur n°3. Elle avait estimé, que la fusion avait commencé le 13 mars 2011 à 13h40. La fusion est due à un manque d’eau qui serait dû, d’après la nouvelle étude, à un dysfonctionnement d’un système de secours (pas vraiment une révélation…). Le système d’injection d’eau de refroidissement sous pression serait tombé en panne. Le rapport d’enquête gouvernemantale avait dit que ce système avait été arrêté manuellement, mais TEPCo prétend qu’il était déjà défaillant. La fusion aurait donc pu commencé plus tôt et plus de combustible pourrait avoir fondu et percé la cuve.
Ce n’est pas le seul problème : l’eau injectée par les camions pompier à partir de 9h ce jour là ne serait pas parvenue dans la cuve du réacteur à cause de vannes restées ouvertes qui auraient dévié une partie de l’eau vers d’autres zones. TEPCo prétend que la quantité d’eau injectée était suffisante. Plus de 7 fois la quantité nécessaire pour le réacteur n°2. Des problèmes similaires sur les vannes auraient eu lieu dans les réacteurs 1 et 2, où il y a aussi eu fusion du coeur. Il était impossible d’envoyer des personnes actionner les vannes à cause de la trop forte radioactivité.
Voir le document, la présentation et le communiqué de presse en japonais. Le version anglaise est maintenant disponible pour la présentation.
TEPCo connaissait ces problèmes de circulation de l’eau depuis la fin mars 2011, mais n’en a jamais parlé avant… TEPCo reste TEPCo. Elle a modifié les vannes en conséquence dans ses réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa, toujours à l’arrêt.

• Les maires de Futaba et Ôkuma, communes qui hébergent la centrale de Fukushima daï-ichi, ont accepté l’arrêt définitif des réacteurs 5 et 6. Il faut encore l’accord des autorités régionales avant que TEPCo n’engage les démarches administratives.

• La loi sur le secret a été promulguée… mais l’opposition reste forte.

• L’ACRO inaugure son nouveau détecteur, le même que celui qui équipe le laboratoire Chikurin que nous aider à mettre en place au Japon.

Jeudi 12 décembre :
• Toshiba et ses 17 sous-traitants se sont fait rappeler à l’ordre par l’inspection du travail car les ouvriers ont travaillé trop longtemps à proximité de l’eau radioactive. La loi japonaise limite à 10 heures par jour la durée du travail quand il y a des risques, 8 heures plus deux heures supplémentaires. Toshiba et ses sous-traitants ont reconnu que certains de leurs employés ont dépassé cette durée. Et comme les alarmes des dosimètres sonnaient au bout de 9 heures et trente minutes de travail, ils étaient changés avant de retourner sur le chantier.
Ils ont donné comme excuse qu’ils ne savaient pas que le temps de préparation et d’attente est compris dans le temps de travail. Un représentant de la compagne a même dit que le dépassement n’était, au plus, que de quelques heures… Après dix heures de travail, on l’espère ! Si une multinationale comme Toshiba n’est pas capable de comprendre correctement le droit du travail, c’est inquiétant.

• Le conseil municipal de Tomioka a accepté une demande d’arrêt définitif des réacteurs de Fukushima daï-ni. Les réacteurs 3 et 4 sont à la limite de son territoire. C’est la première fois qu’une commune vote un tel texte à Fukushima.

• Le gouvernement envisage de mettre dans la loi que les centres d’entreposage de déchets radioactifs qu’il veut installer à Fukushima ne dépasseront pas 30 ans et que les déchets seront stockés en dehors de la province. Il espère ainsi rassurer les élus locaux. Mais comment trouvera-t-il un autre site d’ici là ?

• Des cochons abandonnés lors de l’évacuation se sont croisés avec des sangliers sauvages. Ils pénètrent dans les maisons et les fermes abandonnées à la recherche de nourriture. Les autorités veulent demander à des chasseurs de les abattre pour faciliter le retour des populations.

• TEPCo veut goudronner le sol de sa centrale afin de réduire le débit de dose et limiter les infiltrations d’eau de pluie qui finissent dans les nappes phréatiques. Elle doit d’abord retirer les débris, racler le sol avant de pouvoir l’asphalter (voir des photos et les mesures envisagées, en japonais).

• Alors que la loi sur le secret continue de faire des remous, que les sondages montrent une forte opposition, le premier ministre se veut rassurant. Il a promis qu’il n’y aurait pas d’abus. Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient… Il a aussi proposé, à la dernière minute, la mise en place d’une commission qui supervisera le secret. Mais, comme l’explique le Maïnichi, depuis la mise en place de la nouvelle autorité de sûreté, en septembre 2012, le secret concernant le nucléaire n’est contrôlé par personne. Une telle commission avait été mise en place par la précédente autorité de sûreté, la NISA. La nouvelle, qui est plus indépendante, se déclare être, elle même juge dans cette affaire. Mais elle a surtout des compétences techniques et d’autres urgences. En attendant, les compagnies classifient ce qu’elles veulent.

Mercredi 11 décembre :
• Le gouvernement va acheter les terrains où il compte installer les centres d’entreposage des déchets issus de la décontamination : cela devrait lui coûter 100 milliards de yens (plus de 700 millions d’euros) sur le budget 2014 qui ne seront pas remboursés par TEPCo. La construction des centres et leur exploitation devraient coûter 10 fois plus. En 2013, 14,6 milliards de yens (100 millions d’euros) ont été affectés aux études préliminaires sur les sites présentis à Futaba, Ôkuma et Naraha.
Le gouvernement espère commencer à y mettre des déchets en 2015. Les estimations sont de l’ordre de 3 à 5 km2 pour ces sites et le gouvernement prévoit d’acheter 18 km2 de terrains. Le volume de déchets à y mettre serait de l’ordre de 15 à 28 millions de m3. Les deux ministres viendront le 14 décembre tenter de convaincre les élus locaux.

• On l’a déjà dit, l’installation de retraitement de Tôkaï-mura (Ibaraki) a des déchets liquides qui menacent. La NRA va donc autoriser la reprise partielle des activités afin de reprendre ces solutions. Il y a 3,5 m3 d’une solution qui contient du plutonium et plus de 400 m3 de déchets très radioactifs à vie longue. La solidification du plutonium devrait prendre deux ans et la vitrification des déchets liquides, 21 ans !

• TEPCo devrait annoncer la semaine prochaine qu’elle va demander l’arrêt définitif des réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi, comme cela lui a été fortement suggéré par le premier ministre. Elle va consulter les élus locaux avant.

Mardi 10 décembre :
• Le président de la commission d’enquête parlementaire qui avait travaillé sur l’accident de Fukushima, n’est pas entièrement satisfait de la nouvelle autorité de sûreté japonaise, la NRA. Elle est certes indépendante, comme cela avait été réclamé, mais il l’a trouve trop repliée sur elle-même. Dans un interview à l’agence Bloomberg, il réclame une internationalisation de la sûreté à l’instar de ce qui a été fait pour l’aviation civile.
Les grandes compagnies d’électricité gardent une grande influence sur la politique du pays et font un lobbying intense pour retarder certaines décisions concernant l’ouverture du marché.

• Un groupe gouvernemental veut limiter les indemnisations reçues par les évacués de la catastrophe de Fukushima de 10 à 14 millions de yens (71 000 à 100 000 euros). Et comme les habitants des zones les plus contaminées, où l’exposition externe dépasse les 50 mSv/an, ont déjà reçu 7,5 millions de yens, ils seront bientôt au maximum. De nombreuses personnes concernées sont furieuses.

• Le gouvernement va promulguer la loi sur le secret ce vendredi 13 décembre. En France, ce sera la sainte Lucie, fête de la lumière. Au Japon, celle de l’opacité…

• Les ministres de l’environnement et de la reconstruction sont à Fukushima pour prier les populations locales d’accepter les centres d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination dans les commune de Futaba, d’Ôkuma et de Naraha, qui sont les plus proches de la centrale.
Officiellement, ces déchets n’y resteront que 30 ans, le temps de trouver un site définitif, mais personne n’est dupe. Ces trois communes avaient accepté les études pour la recherche de site, pas les sites. Les discussions sont avec le gouverneur de Fukushima et les trois maires.
Les deux ministres veulent aussi convaincre le maire de Tomioka d’accepter les boues de station d’épuration et les cendre d’incinérateur qui dépassent les 100 000 Bq/kg en césium.
Le ministre de l’environnement va aussi mettre en place un groupe de travail pour discuter du transport des déchets vers ces trois sites. La quantité totale de sol contaminé est de l’ordre de 35 millions de tonnes, selon les estimations officielles. Cela va donc prendre des années.

La contamination de l’eau souterraine du puits 1-16, qui avait battu des records, augmente encore : 1 400 000 Bq/L en bêta total. Pas d’explications en anglais.
La contamination en tritium de l’eau du puits E1, situé près de la cuve qui avait fui cet été, remonte : 450 000 Bq/L.

TEPCo a refait un transport de combustibles de la piscine du réacteur n°4 vers la piscine commune. Elle a retiré 66 (3×22) assemblages sur 1 533.

Lundi 9 décembre :
• A Nagadoro, une des zones les plus contaminées d’Iitaté, des rizières ont été décontaminées en retirant la couche superficielle et plantées au printemps dernier. Après la moisson d’octobre dernier, 3 kg de ce riz ont été analysés et la contamination en césium était inférieure à 10 Bq/kg, ce qui est moins que la limite fixée à 100 Bq/kg. L’agriculture dans les zones évacuées est interdite et le riz produit ne sera pas vendu, mais cette expérience sera renouvelée l’année prochaine.

• 540 kg de riz de Fukushima vont être servis à la cantine d’un ministère à Tôkyô pendant neuf jours. Ils ne prennent pas beaucoup de risques…

• L’Asahi a étudié les logements des personnes forcées à évacuer 7 communes de Fukushima et a trouvé que de nombreuses familles sont encore disloquées, plus de 1 000 jours le déclenchement de la catastrophe nucléaire. Les grandes familles avec plusieurs générations sous un même toit n’ont souvent pas trouvé à se reloger ensemble. La recherche d’un nouvel emploi a aussi forcé certains à se séparer.
Le quotidien a compté 1,3 logement temporaire de personnes évacuées pour un logement avant la catastrophe. A Iitaté, c’est même 1,6.

• L’équipe d’inspecteurs mandatés par la NRA pour osculter les failles sous la centrale de Mihama (Fukui) ont fini sans pouvoir conclure, par manque de données. L’exploitant, KEPCo, va donc devoir mener des investigations supplémentaires.

• Le ministère du travail va mieux contrôler les doses prises par les personnes engagées dans les travaux de décontamination et introduire un carnet de doses, comme pour les travailleurs du nucléaire. Voir le communiqué de presse et son annexe avec plus de détails. Enfin ! Espérons que le système sera appliqué et effectif.

Samedi 7 décembre :
• TEPCo a découvert un point chaud avec un débit de dose de 25 Sv/h (par d’erreur, c’est bien des sieverts par heure), dose qui est léthale en 20 minutes, près d’un tuyau reliant le bâtiment réacteur à la cheminée de rejet des réacteurs 1 et 2 qui 120 m de haut. Voir des photos et plans en japonais. Il s’agit d’un calcul à partir de mesures prises à distance. Un autre point chaud aurait 15 Sv/h.

• TEPCo a mis en ligne des photos prises par un robot dans le réacteur n°1 (en japonais et en anglais).

• La NRA a commencé à inspecter les failles sous la centrale de Mihama (Fukui).

• Les manifestations contre la loi sur le secret continuent.

Vendredi 6 décembre :
• La chambre haute du parlament a, à son tour, voté la loi sur le secret. Un grand recul pour la démocratie. Pour rassurer les opposants, qui craignent l’arbitraire dans le classement des documents, le premier ministre a promis la mise en place d’une agence qui surpervisera le secret, mais dont les contours sont très flous. Et comme elle sera uniquement constituée de hauts-fonctionnaires, elle ne sera pas indépendante.
La précipitation avec laquelle la coalition au pouvoir a imposé cette loi, sans prendre le temps d’écouter l’opposition, la population, la presse… a beaucoup choqué. Même des prix Nobel en sciences comme Toshihide Maskawa et Hideki Shirakawa, peu connus pour leur implication politique, on pris position contre cette loi liberticide qui permettra au gouvernement de classer ce qui l’arrange. Le monde du cinéma aussi. Des associations de juristes, journalistes, d’écrivains… ont manifesté leur opposition.
Le secrétaire général du principal parti au pouvoir, le parti libéral démocrate, a traité les manifestations d’actes de terrorisme.
Un triste jour pour le Japon.

• Allison Macfarlane, à la tête de la NRC, l’autorité de sûreté nucléaire américaine, en visite au Japon, a déclaré que l’eau partiellement décontaminée par ALPS, mais contenant toujours beaucoup de tritium, devrait être rejetée en mer, après avoir été diluée, car il n’y a pas d’autre solution.

• Selon une étude de l’Agence de reconstruction, presque 70% des personnes évacuées à Futaba et Ôkuma, qui sont les communes les plus proches de la centrale, ne veulent pas rentrer chez elles. Il y a 2 760 foyers à Ôkuma et 1 730 à Futaba. Plus précisément, à Ôkuma, 67% des familles ont abandonné l’idée de rentrer, 9% veulent rentrer et 20% sont indécises. A Futaba, c’est respectivement  65, 10 et 17%.
Pour 70% de ceux qui ne veulent pas rentrer, c’est la crainte des radiations qui conduit à cette décision. 65% disent aussi que les délais sont trop longs.

• L’eau du puits de contrôle 1-16, situé à 40 m du rivage, avait battu un record de contamination (cf 3 décembre). La contamination bêta total continue d’augmenter : il y a maintenant 1,3 million de becquerels par litre. TEPCo affirme que c’est une conséquence de la fuite d’avril 2011. Elle disait déjà cela avant d’avouer que les fuites en mer continuent. Et de présenter ce résultat comme un succès… sans expliquer pourquoi.
Celle du puits E1, situé près de la cuve qui a fui cet été, repart à la hausse.

• Le président de TEPCo, Kazuhiko Shimokobé, quittera ses fonctions en juin, après l’assemblée générale des actionnaires.

Jeudi 5 décembre (1 000ième jour de la catastrophe) :
• Il y a encore 278 000 réfugiés suite aux trois catastrophes du 11 mars 2011. Ils étaient 470 000 dans les premiers jours. Il y a eu 15 883 décès directs et 2 651 disparus, ce qui fait un total de 18 534. Il faut ajouter 2 688 décès supplémentaires (à la fin mars 2013) dus aux conditions de vie dans les refuges et aux suicides liés à l’évacuation.

• Au 3 décembre 2013, TEPCo prétend avoir 390 000 m3 d’eau contaminée dans des cuves, dont 31 000 m3 traités par ALPS. Il faut encore ajouter tout ce qu’il y a dans les sous-sols.

• La NRA a demandé à Kansaï Electric (KEPCo) de démontrer qu’une faille active passant à proximité de la centrale de Mihama (Fukui) ne peut pas affecter d’autres failles passant sous la centrale. La faille en question passe à 1 km à l’Est de la centrale et pourrait faire bouger 9 autres failles connues sous la centrale, dont 6 sous les réacteurs, selon certains sismologues.
KEPCo prétend que ces 9 failles n’ont pas bougé durant ces 120 000 dernières années et ne peuvent donc pas être considérées comme actives et que, bien-sûr, elles ne peuvent pas être affectées par d’autres failles. Cela n’a pas suffit à convaincre à la NRA qui a demander des études complémentaires.

• La demande d’indemnisation auprès de TEPCo était limitée à 3 ans, c’est à dire bientôt. Le parlement vient d’étendre à 10 ans cette période. Les partis au pouvoir, qui ont proposé la loi, se justifient en disant que certaines personnes ne peuvent pas justifier leurs bien en vivant loin de chez elles et ne peuvent donc pas remplir les dossiers. La loi demande aussi au gouvernement de faciliter les démarche en proposant de l’information et de l’aide.

TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons, crabes… pêchés entre 1 et 3 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. La compagnie donne, pour la première fois, la teneur en argent 110m. Les crabes sont systématiquement contaminés par cet élément. Pour les poissons, c’est plus variable. L’ACRO, qui avait fait des mesures pour Greenpeace Japon la première année, trouvait aussi de l’argent 110 parfois. La demi-vie de cet élément est de 250 jours. S’il est encore présent avec de telles teneurs, c’est qu’il y a encore des fuites en mer.
Le tableau donne aussi quelques résuiltats de mesure en strontium 90, qui est très radiotoxique, mais difficile à mesurer : il semble être présent à chaque fois qu’il a été recherché, mais à des teneurs assez faibles.
A noter qu’il y a des spécimens dont la concentration en césium dépasse la limite de mise sur le marché de 100 Bq/kg.

Mercredi 4 décembre (999ième jour de la catastrophe) :
• A la veille du 1 000ième jour de la catastrophe, important pour les médias, c’est l’heure des bilans. Que ce soient les personnes déplacées du tsunami ou celles de la catastrophe nucléaire, elles ont l’impression de ne pas voir le bout du tunnel. Les projets de reconstruction ont pris beaucoup de retard. Les populations quittent donc les zones dévastées, voire la région du Tôhoku.
D’après le Yomiuri, à Onagawa, par exemple, dans la province de Miyagi, 2 236 nouvelles unités d’habitation sont prévues. Aucune n’est terminée, mais 203 devraient l’être d’ici la fin mars 2014. Seulement 580 devraient être construites d’ici mars 2016. Le problème principal est de trouver des terrains en hauteur mais plats. Ou les propriétaires des terrains sont parfois décédés et il faut trouver les héritiers. Cela prend du temps et il n’y a pas pas assez d’employés municipaux. La situation est assez semblable ailleurs.
Le taux d’occupation des logements provisoires mis en place par les autorités est toujours de plus de 80% (86,7% à la fin octobre). C’était beaucoup moins 1 000 jours après le séisme de Kôbé en 1995 (58,4%).

• L’AIEA a rendu un rapport préliminaire suite à sa dernière mission à Fukushima (communiqué et rapport). La mission de 19 membres a fait 19 constats et 19 recommandations. En particulier, elle souligne qu’il faudra sûrement rejeter le tritium en mer, sans préciser que la quantité à rejeter dépasse largement l’autorisation annuelle de rejet. Elle n’apporte pas de solution autre qu’une étude environnementale pour expliquer que les rejets massifs en tritium ne poseront pas de problème…

Mardi 3 décembre :
• L’Université Médicale de Fukushima et l’AIEA ont organisé une conférence internationale qui s’est tenue à Fukushima, du 21 au 24 novembre dernier, intitulée “Rayonnements, Santé et Société : les implications post-Fukushima pour les professionnels de santé”. Cela semble intéressant, mais quand on y regarde de plus près, il n’est quasiment question que de santé mentale, risque et communication… Voir l’annonce, le poster et le programme.

• Cinq organisations internationales de protection des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont protesté auprès de gouvernement japonais à propos de son projet de loi sur le secret. Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, a aussi alerté le gouvernement sur ce projet de loi trop flou et qui pouvait conduire à des dérives. Elle a ajouté qu’il n’y a pas d’urgence et qu’il fallait d’abord garantir l’accès à l’information et la liberté d’expression.

• La municipalité d’Ôkuma va compléter l’indemnisation des populations évacuées car elle n’est pas satisfaite par les propositions gouvernementales. C’est la première commune à agir ainsi. Le gouvernement a fixé des niveaux différents de compensation en fonction de la zone évacuée. Comme ces disparités peuvent diviser la communauté, la municipalité va compléter de façon à ce que tout le monde soit traité de la même façon.

• Un groupe gouvernemental s’est réuni pour proposer des solutions à propos de l’eau contaminée qui continue de s’accumuler. Il est question de boucher les galeries et les fissures, de construire des cuves géantes avec un mur de protection, de mettre de l’asphalte pour limiter les infiltrations de l’eau de pluie… Il a aussi été question de construire un autre mur souterrain autour du projet de mur gelé, sans qu’aucune décision ne soit prise à ce propos.
Le groupe va aussi travailler sur le tritium. Ce que les médias ne disent pas, c’est que les stocks actuels dépassent largement les autorisations de rejet. Il faudra donc revoir les autorisations à la hausse si TEPCo veut rejeter l’eau filtrée en mer.
En attendant, TEPCo continue de construire une cuve tous les deux jours pour stocker l’eau contaminée…

• Selon la NRA, l’entreposage de solutions contenant du plutonium et d’autres substances dangereuses à l’unité de retraitement de Tôkaï-mura est très dangereuse en cas de défaillance installations. Il y a 3,5 m3 de liquide contenant du plutonium et 430 m3 de déchets liquides très radioactifs. En cas d’arrêt du refroidissement, cette dernière solution pourrait se mettre à bouillir 55 heures. En 23 heures pour la solution au plutonium. En cas de défaillance du système d’extraction de l’hydrogène, une explosion hydrogène serait possible au bout de 38 heures pour les déchets et 11 heures pour le plutonium.
L’exploitant dit qu’il lui faut 18 mois pour transformer le plutonium en combustible MOx, sans solution d’utilisation par la suite, et 20 ans pour vitrifier les déchets liquides. Cela ne pourra commencer qu’après avoir démontré que les installations satisfont aux nouveaux critères de sûreté qui entreront en application le 18 décembre prochain. L’exploitant, la JAEA, a donc demandé l’autorisation d’exploiter ses installations au plus vite, sans attendre l’instruction de ses dossiers…

La pollution de l’eau souterraine vient de battre un nouveau record : 1,1 million de becquerels par litre en bêta tota dans le puits 1-16 situé à 40 m du rivage, à l’Est du réacteur n°2. Le prélèvement date du 28 novembre 2013. Il n’y a plus de communiqué de presse en anglais sur le site de TEPCo à propos de la pollution.
Le précédent record était dans un prélèvement du 25 novembre dernier : 910 000 Bq/L dans le puits 1-16 (tableau de données).

• TEPCo prévoit de redémarrer les 7 réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa d’ici 2016. Ben voyons ! Les réacteurs 1 et 2 sont sur une faille active. On ne sait même pas si les dossiers déposés pour les réacteurs 6 et 7 sont recevables. C’est pourtant dans l’accord entre TEPCo et le fond gouvernemental qui lui avance l’argent. Est-ce que TEPCo pense que les banques sont assez stupides pour gober de tels pronostiques ?
La compagnie va aussi investir en Asie du Sud-Est pour tenter de faire des profits à l’étranger. Les habitants apprécieront de payer les dégâts au Japon. Elle veut aussi se préparer à l’ouverture du marché domestique en vendant de l’électricité en dehors de sa zone de monopole. Mais comme elle a l’électricité la plus chère du pays, à l’exception d’Okinawa, ce ne sera pas facile. Surtout si elle ne peut pas redémarrer de réacteurs nucléaires qui continuent à lui coûter cher sans rien produire.
La compagnie devrait dédier 28 milliards de yens (200 millions d’euros) à l’investissement dans l’amélioration de l’efficacité de son parc thermique et à des investissements à l’étranger.

• Japan Nuclear Fuel, l’entreprise qui espère pouvoir exploiter un jour l’usine de retraitement des combustibles usés à Rokkashô-mura, va devoir investir 200 milliards de yens supplémentaires (1,4 milliard d’euros) pour la mettre aux nouvelles normes de sûreté. Cela devrait augmenter son coût de 10%. Elle n’a encore jamais fonctionné alors qu’elle aurait dû démarrer en 1997 ! Ce sont les actionnaires qui paieront. TEPCo, le plus gros actionnaire, détient 28,6% des parts… Cela va donc lui coûter plus de 60 milliards de yens.

• La NRA a de nouveau mis en ligne un recueil de données sur la pollution marine.

• TEPCo a mis en ligne des photos de robots décontamineurs pour le réacteur n°2.

• La contamination du fameux puits E1 continue de diminuer rapidement : il reste tout de même 8 000 Bq/L pour le bêta total et 4 000 Bq/L pour le tritium (prélèvement du 1er décembre).

Lundi 2 décembre 2013 :
TEPCo a mis en ligne une vidéo promotionnelle en anglais du transfert des combustibles. Cette vidéo ne dit comment la compagnie va s’y prendre avec les assemblages endommagés. On voit beaucoup de monde à côté de la piscine. Ce ne sera pas possible pour les réacteurs 1 à 3 car le débit de dose y est trop élevé. La compagnie ne dit pas non plus comment elle compte procéder.
Le container de transport est en partie flouté.

• Une campagne de la contamination dans la commune de Toridé située au Sud de la province d’Ibaraki a commencé. Il s’agit de déterminer quelle habitation nécessite une décontamination. Environ 70% de la commune est a priori concernée et 35 000 habitations seront contrôlées.
La décontamination des écoles et des parcs a déjà commencé.

• Avec l’approche de l’hiver et ses frimas, la campagne de réduction de la consommation d’électricité a débuté au Japon. Elle durera jusqu’au 31 mars. Aucun objectif chiffré n’est donné, sauf à Hokkaïdô où une baisse de 6% par rapport à la consommation de 2010 est demandée entre le 9 décembre et le 7 mars.

• Le fameux puits E1, situé à proximité de la cuve qui a fui cet été, a vu sa contamination chuter brusquement en 24 heures : le tritium est passé de 360 000 Bq/L (prélèvement du 29 novembre) à 18 000 Bq/L (prélèvement du 30 novembre). Pour la contamination bêta totale, c’est passé de 38 000 à 5 800 Bq/L entre ces deux jours.

• L’autorité de sûreté américaine, la NRC, a déclassifié des documents relatifs aux premiers jours de la crise à Fukushima (voir cet article avec les liens). Si la loi sur le secret passe au Japon, ils pourraient être emprisonnés !

Dimanche 1er décembre 2013 :
• TEPCo a détecté une fuite d’acide chloridrique sur une des chaînes de sa station ALPS de traitement des eaux, toujours en cours de test. C’est un joint de pompe qui est en cause. La fuite serait de l’ordre d’un litre.La station a été arrêtée.
Des photos et un schéma sont disponibles en japonais.

Samedi 30 novembre :
• TEPCo a transféré les 22 assemblages de combustible usé dans la piscine commune.

TEPCO a mis en ligne les dernières statistiques relatives aux doses prises par les travailleurs. Ils sont maintenant plus de 30 000 à être passés sur le site de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi : plus de 26 000 sous-traitants pour 4 000 employés de TEPCo. En octobre dernier, ils sont 3 500 sous-traitants à être intervenus, contre 813 employés de TEPCO. Il y a eu 561 nouvelles personnes en octobre.

Vendredi 29 novembre :
• TEPCo a fini de retirer un deuxième lot de combustibles de la piscine du réacteur n°4. Les 22 assemblages étaient usés, cette fois-ci.
La compagnie a mis photos et vidéos en ligne.

• Les nouvelles données concernant la contamination marine concernant le césium mettent en évidence un fort gradient de concentration dans l’eau, ce qui indique que les fuites continuent. Il y a aussi du tritium dans l’eau de mer au large de la centrale, qui ne s’accumule pas dans les sédiments marins, qui montre, sans ambiguité que les fuites sortent toujours du port, contrairement aux affirmations du premier ministre. (C’est moins que dans la Manche).

• Le lycée privé Shoei de Minami-Sôma va fermer ses portes en mars prochain par manque d’étudiants. Situé à moins de 30 km de la centrale, il avait dû fermer après le 11 mars 2011. La fermeture est maintenant définitive. Des indemnités vont être demandée à TEPCo.

• TEPCo a fait tomber une caméra vidéo dans la piscine du réacteur n°3.

• Un ancien intervenant sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi, embauché par une compagnie au 5ième niveau de sous-traitance, a porté plainte (aux prudhommes?) suite à son licenciement en juin denier. A l’embauche, on lui aurait dit que le travail serait sans danger, mais, au bout d’un certain temps et il aurait été exposé à de fortes radiations. Il a donc refusé une tâche qui lui a été assignée et a été licencié.
Il ne recevait que 13 000 yens par jour (100 euros), alors qu’il pense que TEPCo payait 50 000 yens. Le reste aurait donc été ponctionné par les couches de sous-traitance. Il devait payer pour son logement.

• TEPCo aurait oublié de signaler à l’autorité de sûreté le remplacement de 5 équipements divers sur ces centrales entre août 2008 et avril 2001. Des réacteurs de Fukushima daï-ichi et daï-ni sont concernés, ainsi qu’à Kashiwazaki-Kariwa.

Jeudi 28 novembre :
• TEPCO avait récemment découvert une contamination de l’eau souterraine de 6 000 Bq/L en bêta total dans un puits près du rivage, entre les réacteurs 1 et 2. C’est plus que son autorisation de rejet. Elle a donc décidé de pomper cette eau, mais vient de reporter les opérations, faute de place pour la stocker.

• Le gouvernement avait déjà décidé de consacrer 47 milliards de yens (336 millions d’euros) au problème de l’eau radioactive qui pénètre dans les sous-sol et celle accumulée. Il devrait ajouter 20 milliards de yens (143 millions d’euros) à cette somme, afin de tester d’autres technologies.

• Mardi, la chambre basse du parlement japonais a adopté le projet de loi qui consiste à punir sévèrement tout fonctionnaire qui ferait fuir des documents secrets. Jusqu’à 10 ans de prison sont prévus. Et pour tout journaliste qui chercherait à les obtenir, cela peut aller jusqu’à 5 ans. Cette loi est fortement critiquée par la presse et toutes les associations citoyennes qui craignent que le gouvernement ne disent même pas ce qu’il classe comme secret. Il pourrait donc classer tout ce qu’il veut, ce qui est menace pour la démocratie. Sur certains sujets, le classement est de 60 ans renouvelables, c’est à dire à jamais. Evidemment, sous prétexte de sécurité, des informations cruciales concernant les centrales nucléaires pourront devenir secrète. Et comme le texte de loi est tellement vague, qu’il pourrait même concerner des données environnementales ou concernant la catastrophe en cours.
Des auditions ont été menées la veille à Fukushima où l’opposition était claire. Les personnes consultées sont outrées : à quoi servent les consultations ?

• La NRA a décidé de revoir la sismicité des failles qui passent sous la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). TEPCo prétend qu’aucune des 23 failles n’est active, bien évidemment. Mais la NRA n’a pas été convaincue par les arguments de la compagnie et demande des investigations complémentaires en creusant une tranchée. L’instruction des dossiers est suspendue, le temps qu’elle présente un plan d’investigation.Le redémarrage des réacteurs va donc être moins rapide que ce qu’espérait TEPCo.
Par ailleurs, TEPCo s’était engagée auprès du gouverneur de Niigata de ne dépressuriser les réacteurs et donc relâcher des gaz radioactifs en cas d’accident qu’après avoir obtenu son accord. Ce n’est pas acceptable pour la NRA. Une mesure de sûreté ne peut pas toujours attendre et la NRA ne donnera pas son autorisation de redémarrer dans ces conditions.

Mercredi 27 novembre :
• Le J-Village était le centre d’entraînement national pour le foot. Situé à Naraha, à environ 20 km de la centrale de Fukushima, il a été transformé en base de vie pour les travailleurs qui interviennent à la centrale accidentée. Mais TEPCo va construire une nouvelle base de vie et rendre à temps le J-Village pour les jeux olympiques de 2020 !

TEPCo a dévouvert une nouvelle fuite sur une valve de citerne à raison d’une goutte par seconde. L’eau ne serait pas sortie du réceptacle, ni fait de flaque.

• Une alarme a sonné dans un poste électrique. Après investigation, ce serait dû à de l’urine de souris… Pourtant ces rongeurs, qui ont fait disjoncter 9 installations électriques dans le passé, n’étaient plus supposés pouvoir entrer dans les armoires électriques. Il y avait une faille dans celle là. Pas de communiqué en anglais sur ce sujet.

• TEPCO a décidé de limiter à 50 milliards de yens par an (385 millions d’euros) ses remboursements de l’argent prêté par les autorités pour indemniser les populations sinistrées. Et c’est donc le contribuable qui va payer les intérêts supplémentaires. C’était le double auparavant. La compagnie justifie cette décision par le fait qu’elle veut consacrer plus de moyens au démantèlement. Comme les autorités se sont engagées à prêter 5 000 milliards de yens, TEPCO mettra plus de 100 ans à rembourser. Pour les banques, elle sera plus rapide à rembourser.

• Le container de transport de combustible est entièrement chargé de combustibles usés de la piscine n°4. Il contient donc 22 assemblages. Nouvelle vidéo.

• La NRA a adopté les nouvelles règles de sûreté pour les installations nucléaires autres que les réacteurs. Elles seront appliquées à partir du 18 décembre prochain. L’exploitant de l’usine de retraitement devrait déposer rapidement son dossier, mais personne ne sait combien de temps prendra l’instruction. Et puis, il y a le problème des failles qui peuvent être actives.

Mardi 26 novembre :
• L’autorité de sûreté japonaise a mis en ligne un bilan de la surveillance de la pollution marine. On retrouve du césium à des centaines de kilomètres de la côte du Japon.

• Le gouvernement et les municipalités se sont mis d’accord pour limiter les indemnisations pour les terres agricoles aux seules communes évacuées. Les fermes de la zone comprise entre 20 et 30 km où l’évacuation était recommandée, mais pas obligatoire, ne seront donc pas indemnisées.

• TEPCo a, comme prévu, commencé le retrait de combustibles usés cette fois-ci de la piscine du réacteur n°4. 6 assemblages ont été déposés dans le conteneur.
Elle continue aussi à soigner sa communication sur le sujet : page oueb spéciale avec décompte des assemblages retirés et nouvelle vidéo.

• L’Asahi fait le point sur l’inventaire en plutounium du Japon. Il y a 260 tonnes de plutonium sur la planète, dont 120 tonnes au Royaume-Uni. Sur ces 120 tonnes, 96 proviennent de réacteurs britanniques. Sur les 24 autres tonnes, 17 appartiennent au Japon. En Grande-Bretagne, aucun réacteur n’utilise de combustible au plutonium (MOx).
Le Japon a aussi 17,9 tonnes de plutonium en France et 9,3 tonnes sur son territoire. Les perspectives d’utiliser ce combustible sont très réduites car aucun réacteur ne fonctionne actuellement. Le seul réacteur japonais à utiliser du MOx était à Fukushima… Cela n’empèche pas le Japon à souhaiter démarrer un jour son usine de retraitement toute neuve qui n’a jamais servi. Elle peut produire 7 tonnes de plutonium par an.
L’Allemagne, qui veut consommer tout son plutonium avant 2016, a fait des échanges avec le Japon. Du plutonium Japonais stocké en France a été échangé contre du plutonium allemand stocké en Grande-Bretagne. La France a ensuite transformé le plutonium devenu allemand en MOx et le Royaume Uni est payé pour entreposer le plutonium devenu japonais.
La loi japonaise est telle que les exploitants n’ont pas d’autre solution que le retraitement, même si ce n’est pas rentable économiquement, car les piscines d’entreposage près des réacteurs sont bientôt pleines et il n’y a pas d’entreposage centralisé. La province d’Aomori n’accepte d’entreposer des combustibles usés qu’à la condition qu’ils soient destinés à être retraités.

• La province de Fukushima va reprendre la vente d’une de ses spécialités culinaires : les kakis séchés (anpo). Cela avait été suspendu après la découverte d’échantillons dépassant la limite de mise sur le marché. Mais à Daté et Yanagawa, cette contamination est passée sous la limite et la vente va pouvoir reprendre. 580 fermes, soit la moitié des producteurs du Nord de Fukushima, ont donc repris la récolte et la préparation. Des mesures de la radioactivité seront à nouveau effectuées avant la vente.

Lundi 25 novembre :
• L’Asahi consacre un article à la spirale d’irresponsabilité qui a conduit à nier les fuites en mer jusqu’à l’été 2013 alors que tout le monde savait. La troïka de l’irresponsabilité, comme l’appelle le quotidien, qui regroupe TEPCo, le ministère des finances et celui de l’industrie, se chamaille encore pour savoir qui va prendre en charge l’eau contaminée, la décontamination et le démantèlement. En attendant les fuites en mer continuent…
TEPCo, ne voulant pas payer, a tout fait pour reculer les mesures pour colmater les fuites. Elle aura pu installer un mur souterrain en amont pour dévier l’eau souterraine, mais n’a rien fait. Le gouvernement propose maintenant une technologie beaucoup plus complexe qui consiste à geler le sol.
Pendant tout ce temps, les deux ministères se disputaient pour savoir qui doit payer la décontamination. 5 mois après le déclenchement de la catastrophe, une loi a établi que le gouvernement allait avancer l’argent, mais se ferait rembourser par la compagnie, au nom du principe pollueur-payeur. Le ministère de l’industrie a fait pression sur le nouveau parti au pouvoir pour changer la loi et faire prendre en charge une partie de la décontamination par le contribuable. Mais le ministère des finances a réussi a changer le texte de la nouvelle proposition de loi pour ne pas engager l’argent public.
En ce qui concerne la prise en charge du démantèlement par une agence d’Etat, c’est le ministère de l’industrie qui s’y est opposé car il ne voulait pas être tenu pour responsable et trouvait bien pratique d’avoir TEPCo comme bouc-émissaire.

• La contamination bêta totale de l’eau du du fameux puits E1 diminue, mais celle en tritium reste très élevée (prélèvements du 21 novembre et du 22 novembre). La contamination de l’eau dans les bâtiments turbine 1 et 2 est aussi très élevée : il y a 3,3 millions de Bq/L en césium dans le 1 et 22,6 millions Bq/L dans le 2. Pour la contamination bêta totale, c’est respectivement 3,4 millions et 91 millions de Bq/L. Le tritium n’est pas indiqué.

• TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés à 20 km de la centrale de Fukushima où un spécimen dépasse les 100 Bq/kg en césium total et dans le port devant la centrale où la contamination est beaucoup plus forte, allant jusqu’à 110 000 Bq/kg.

• Seulement un tiers des évacués de Minami-Sôma (Fukushima) veulent rentrer chez eux, selon une enquête menée par l’agence de reconstruction auprès de 5 677 foyers. 3 543 ou 62% ont répondu. 44% des personnes qui ont répondu hésitent encore et 26% ne rentreront pas. Pour les 44% d’indécis, les infrastructures et services publics feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

• Deux autres maires sortant de Fukushima viennent, à leur tour, de perdre les élections municipales. Il s’agit des communes de Nihonmatsu et de Hirono.

Dimanche 24 novembre :
• Le tracé de la future ligne à grande vitesse (Shinkansen) fait l’objet d’âpres négociations, les élus locaux voulant un passage près de chez eux. Et, d’après le Japan Times, ceux qui ont du nucléaire ont un moyen de pression supplémentaire : leur feu vert en faveur du redémarrage en échange de la ligne à grande vitesse. Le gouverneur de Fukui est un spécialiste de ce genre de marchandages. A quoi tient la politique énergétique du pays…

• Le prochain retrait de combustibles de la piscine du réacteur n°4, qui devrait débuter mardi 26 novembre, devrait concerner du combustible usé.

Samedi 23 novembre :
• Le gouvernement envisage d’acheter les terrains autour de la centrale de Fukushima daï-ichi afin d’y entreposer les déchets radioactifs. Il est question de 15 km2, ce qui signifie des milliers de propriétaires. La bande fait 5 km de long dans la direction Nord-Sud et 3 km de large dans la direction Est-Ouest. Il s’agit aussi de créer une zone tampon autour de la centrale.

• TEPCO n’a pas encore obtenu l’autorisation de redémarrer deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) qu’elle rêve déjà d’en redémarrer deux autres pour en avoir 4 en fonctionnement en 2015. Ce sont les réacteurs 1 et 5 qui devraient suivre alors que le 1 est sur une faille maintenant considérée comme active.

• TEPCo et Mitsubishi veulent construire deux centrales à charbon à Fukushima. Une à Hirono et une à Iwaki. Elles feront 500 MWh chacune pour un démarrage prévu en 2020 environ. C’est surtout Mitsubishi qui va financer la construction et TEPCo aura l’exploitation.

Vendredi 22 novembre :
• Le comité en charge de définir le niveau d’indemnisation propose de verser une somme fortaitaire aux personnes originaires de zones où l’irradiation externe dépasse les 50 mSv/an et où le retour n’est pas possible avant longtemps.

• TEPCo a reçu 119,2 milliards de yens (presqu’un milliard d’euros) d’aide supplémentaire de la part des autorités. C’est le 22ième versement.

• Les 22 assemblages neufs de la piscine du réacteur n°4 transportés la veille sont maintenant dans la piscine commune située au niveau du sol, à une centaine de mètres du réacteur. TEPCo a mis en ligne des photos et des vidéos.

Jeudi 21 novembre :
TEPCo a transporté le container de transport chargé de 22 assemblages de combustible neuf de la piscine du réacteur n°4 vers la piscine commune. Elle a mis en ligne des photos et une vidéo.
Les médias ont aussi envoyé des hélicoptères pour couvrir l’évènement, ce qui n’a pas été du goût de TEPCo qui a protesté pour des raisons de sécurité.
Cette opération devra être répétée 70 fois environ.

• La NRA a débuté sa première inspection des réacteurs 6 et 7 de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) suite à la demande de redémarrage déposée par TEPCo.

TEPCo a débuté des tests sur la chaîne B de sa station ALPS de traitement des eaux contaminées. Les trois chaînes sont donc en fonctionnement pour test maintenant. Elles avaient été arrêtées en juin dernier suite à des fuites dues à des problèmes de corrosion.
Une fois les tests terminés, TEPCo ne devrait utiliser que deux chaînes sur trois en parallèle. Chaque chaîne peut traiter 250 m3/jour. Si tout va bien, le nombre de chaîne devrait être doublé, grâce à un soutien financier gouvernemental.

Mercredi 20 novembre :
• Le Japon a connu, au mois d’octobre, un déficit commercial pour le seizième mois d’affilée. Ce solde négatif était deux fois plus élevé qu’un an plus tôt, et s’est établi à l’équivalent de 8,25 milliards d’euros. En cause, la hausse très forte (26%) de la valeur des importations, qui s’explique par une augmentation des importations d’hydrocarbure suite à l’arrêt du parc nucléaire et la dévaluation du yen.

• L’autorité de sûreté, la NRA, a confirmé son intention de proposer au gouvernement de passer d’une dose estimée à une dose mesurée en fournissant un dosimètre à chaque personne qui rentrera chez elle. Le but est d’obtenir une dose plus faible et de rassurer les gens. Une équipe de conseillers dans chaque commune va aider les populations à réduire leur dose. On propose donc aux populations évacuées de rentrer vivre dans la zone contrôlée d’une centrale nucléaire avec limite de dose égale à celle des travailleurs et dosimètres. Les autorités se défaussent de leur pouvoir régalien de protéger les populations sans pour autant les consulter sur leur avenir et leurs droits.
Et les dosimètres distribués aux enfants et femmes enceintes de zones non évacuées n’affichent que les doses cumulées. Il n’est donc pas facile de s’en servir pour tenter de diminuer la dose reçue en contrôlant l’impact de chaque action. Les autorités envisagent donc de procurer un dosimètre plus évolué qui peut aussi donner le débit de dose, la moyenne journalière ou hebdomadaire.
Le ministère de l’environnement va inscrire 670 millions de yens (5 millions d’euros) à son budget de l’an prochain, pour financer 4 200 dosimètres. Cela fait cher le dosimètre…

• Le gouvernement japonais attendait depuis 2002 que des communes se portent volontaires pour accueillir les déchets nucléaires. Faute de candidat, il va changer son approche. La commune de Toyo (Kôchi) avait candidaté, puis s’est rétractée face à l’opposition des habitants. Il va rechercher lui-même le site le plus adapté, proposer des mesures d’accompagnement financier et aller rencontrer les élus locaux pour les convaincre. Une carte des lieux potentiellement favorables, où l’activité sismique et volcanique est réduite, devrait être publiée l’an prochain.
Le gouvernement devrait aussi réorganiser l’organisme en charge des déchets.

• TEPCo a finalement décidé de demander l’arrêt définitif des réacteurs 5 et 6 de sa centrale de Fukushima daï-ichi, conformément à la demande du premier ministre. Ces deux réacteurs, arrêtés et partiellement déchargés le 11 mars 2011, ont pu être sauvé grâce à un générateur diesel. Comme ils ont aussi été noyés par le tsunami, il s’agit d’une sage décision. La décision offcielle devrait être prise en décembre prochain.
Ces deux réacteurs vont aussi servir de centre d’entraînement au démantèlement avant de s’attaquer aux réacteurs où le coeur a fondu.

• TEPCo prévoit maintenant le redémarrage de ses réacteurs 6 et 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa en juillet 2014. Elle est encore bien optimiste… mais cela lui permettrait d’afficher un résultat bénéficiaire supposé rassurer les banques. Si le démarrage n’a lieu qu’en janvier 2015, l’année prochaine sera encore déficitaire.

TEPCo a mis en ligne une vidéo prise sous l’eau, dans la piscine de combustible du réacteur n°4 lors du retrait des combustibles. Le container avec ses 22 assemblages neufs, a été sorti de la piscine et posé au niveau du sol pour être décontaminé avant d’être transporté. Il pèse 91 tonnes.

Mardi 19 novembre :
• “Happy” est le pseudonyme d’un intervenant sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi qui twitte régulièrement et a 87 000 abonnés. Cela presque 20 ans qu’il travaille dans le nucléaire et est à Fukushima depuis le début de la catastrophe. Il a écrit un livre sur les 700 premiers jours et a répondu à une interview du Asahi. Les chefs d’équipe ne se rendent presque plus sur le site de la centrale car ils ont presque atteint la limite de dose. Ils donnent donc des instructions aux équipes, mais sont de plus en plus coupés de la réalité, ce qui complique les tâches et entraîne des erreurs.
Il confirme aussi que TEPCo cherche à dimunuer les coûts et choisi l’option la moins chère. Au tout début de la catastrophe, TEPCo ne se préoccupait pas du coût. Puis, une fois l’arrêt à froid déclaré, en décembre 2011, le siège à Tôkyô est devenu plus regardant sur les prix.

• Le chargement du container de transport de combustible dans la piscine du réacteur n°4, se poursuit. TEPCo a fini de le remplir de ses 22 assemblages neufs vers 18h30. Il n’y a eu aucun incident.
Il faut environ 40 minutes pour déplacer un assemblage. Les équipes de 6 personnes ne restent pas plus de 2 heures à cause de la radioactivité et des conditions de travail difficiles. Ils ont trois paires de gants, un masque intégral… ce qui complique chaque geste. Le débit de dose au bord de la piscine est de l’ordre de 0,4 mSv/h. Deux membres de l’équipe manipulent le pont roulant qui soulève les assemblages, deux les caméras qui sont dans la piscine. Leur équipement rend les communications difficiles.

La contamination de l’eau souterraine prélevée dans le puits 1-9 situé à proximité du rivage, entre les réacteurs 1 et 2, a soudainement augmenté pour battre un record : 2 100 Bq/l en bêta total alors que le précédent record était de 600 Bq/l en septembre 2013. Cela a rebaissé le lendemain, à 470 Bq/L. TEPCo ne peut pas expliquer ces fortes variations.

Lundi 18 novembre 2013 :
• TEPCo a commencé le retrait de combustibles de la piscine du réacteur n°4 et a mis des photos en ligne, avec une chronologie détaillée (en japonais et en anglais). On voit des êtres humains à côté de la piscine en train de surveiller les opérations. Ce ne sera pas possible pour les autres réacteurs car le débit de dose y est trop élevé. Une vidéo est aussi disponible ici.
TEPCo a plongé un container de transport de combustible dans la piscine. Il sera chargé de 22 assemblages, fermé hermétiquement, décontaminé, puis transporté par camion vers la piscine de combustibles commune située à proximité au niveau du sol où le container sera déchargé. Quatre assemblages neufs, qui ne dégagent pas de chaleur et sont peu radioactifs, ont été mis dans le container lors de cette première journée. Ce sera le cas pour tous les assemblages de ce premier transport qui devait prendre une semaine. TEPCo a deux containers et va en charger un pendant qu’elle décharge l’autre.
Elle espère avoir vidé la piscine d’ici la fin 2014.
Pour la compagnie, qui a fortement médiatisé l’évènement, il s’agit d’une étape importante dans le démantèlement. Voir son communiqué de presse en anglais. Pour le réacteur n°4, à l’arrêt et complètement vidé au moment de l’accident, le démantèlement est possible. En revanche, pour les réacteurs 1 à 3, où il y a eu fusion du coeur, la tâche est beaucoup plus complexe. Et dans tous les cas, le Japon n’a aucune solution à proposer pour les déchets engendrés par ces opérations. C’est déjà le cas pour les réacteurs non accidentés en cours de démantèlement. A Tôkaï-mura (Ibaraki), Japan Atomic Power Co. a, encore une fois, reporté le début des travaux de démantèlement, faute de solution pour les déchets. Le réacteur en question, mis en service en 1966 et arrêté en 1998, est le premier réacteur commercial à devoir être démantelé. Les travaux auraient dû commencer en 2011.
Le pays n’a pas plus de solution à proposer pour les combustibles usés ou les combustibles fondus, ainsi que les déchets de haute activité à vie longue. Les combustibles usés de la piscine commune de la centrale de Fukushima daï-ichi vont rester là pendant longtemps.

• Après Kôriyama, Iwaki et Tomioka, cette année, c’est au tour du maire de Fukushima de perdre son siège lors des élections. Toutes ces municipalités ont été fortement affectées par la catastrophe nucléaire. A Fukushima, le taux de participation, de 49%, est supérieur à celui des dernières élections en 2009, 38%. Le nouveau maire a récolté 72 441 suffrages contre 32 851 pour le maire sortant.
Le nouveau maire, un indépendant complètement inconnu il y a quelques mois, a axé sa campagne sur la décontamination, la gestion des déchets et le retour à une “vie normale”. Le maire sortant était pourtant soutenu par les principaux partis politiques du conseil municipal. 6 000 personnes ont quitté la ville de Fukushima par crainte des radiations, sans soutien car la ville n’est pas classée en zone à évacuer et il y a 115 000 habitations à décontaminer. Les travaux n’ont été menés que pour 18% d’entre elles. Les travaux de décontamination n’ont même pas commencé pour certains chemins menant à des écoles.

Dimanche 17 novembre :
• Il y a 173 stations de mesure de la contamination en césium pour le riz à Fukushima. Chaque sac produit dans la province est contrôlé. L’an dernier, cela a représenté 10 millions de sac de 30 kg. La mesure prend une minute et une étiquette est collée si la contamination est inférieure à 100 Bq/kg. Seulement 71 sacs avaient plus que cette limite et la plus forte concentration était de 360 Bq/kg. Les agriculteurs dopent leurs champs en engrais à base de potassium pour diminuer le transfert du césium vers la plante. Ils étendent aussi parfois des zéolites qui absorbent le césium. Et il s’avère que si l’on laisse la paille de riz dans les champs, le taux de césium dans le riz est moindre.
Le riz produit à Fukushima est toujours vendu moins cher sur le marché. Avant la catastrophe, le koshihikari, un riz très prisé, produit à Fukushima était vendu plus cher que la moyenne du pays. En 2012, il était de 92 à 98% de la moyenne nationale.
Environ 20% des Japonais déclarent hésiter ou éviter à acheter des produits agricoles de Fukushima.

• TEPCo a finalement reconnu que 80 assemblages de combustible étaient endommagés avant la catastrophe, dont 70 dans la seule piscine du réacteur n°1. Cela représente près du quart des 292 assemblages ! Il y en a aussi 3 dans la piscine du réacteur n°2 et 4 dans celle du 3, et 3 dans celle du 4. TEPCo ne sait pas encore comment elle va les retirer.
Le réacteur n°1 de Fukushima daï-ichi est le plus ancien de la compagnie. Au début la qualité des assemblages laissait à désirer. Cela s’est amélioré par la suite.

• Les mobil-homes où sont hébergés de nombreuses personnes évacuées suite à la catastrophe nucléaire se dégradent très vite. Il y a plus de 300 demandes de réparation par mois. Les habitants se plaignent et craignent l’arrivée de l’hiver quand les ouvertures ne ferment plus. Ils ont aussi peur en cas de fort séisme. Est-ce que cela tiendra ?
Il y a 29 500 personnes dans ces logements provisoires à Fukushima.

Vendredi 15 novembre :
• TEPCo devrait commencer à retirer du combustible de la piscine du réacteur n°4 à partir de lundi 18 novembre. Elle va commencer par du combustible neuf.

• Le groupe d’experts de la NRA a finalement conclu que la faille F6 sous la centrale d’Ôï (Fukui) n’est pas active, conformément aux affirmations de l’exploitant.

• Un consortium de banques a accepté de prêter 500 milliards de yens (3,8 milliards d’euros) à TEPCo. Il y a 300 milliards de reconduction et 200 milliards d’augmentation de la dette. Pour convaincre ses créanciers, TEPCo a mis en avant un redémarrage de deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa en 2014 qui devrait lui permettre de faire jusqu’à 100 milliards de yens de bénéfice en 2014. Ce n’est pas encore gagné… La perte pourrait être de 80 milliards de yens sans redémarrage et pourrait être compensée par une nouvelle augmentation de 10% des tarifs d’électricité.
La compagnie pourrait, en 2014, réduire sa masse salariale de plusieurs centaines, voire d’un millier d’emplois, sur la base d’un départ volontaire, souvent en pré-retraite, afin de réduire ses frais et espérer ainsi obtenir une aide supplémentaire de l’Etat. La compagnie a déjà réduit sa masse salariale depuis le début de l’accident : avec 37 000 employés, elle en a 2 400 de moins qu’en avril 2011.

• Le Japon a réduit ses ambitions en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il veut désormais avoir des émissions de CO2 en 2020 inférieures de 3,8% au niveau de 2005. Ce sera 3,1% de plus que le niveau de 1990 alors que le précédent engagement de 2009 était une réduction de 25% par rapport au niveau de 1990 en s’appuyant, notamment, sur un développement de l’électricité nucléaire.
Pour s’en sortir, le Japon explique que cet objectif et de 15% inférieur à ce qu’auraient été les émissions en 2005 s’il n’y avait pas eu d’énergie nucléaire. Ce calcul n’est pas honnête car le Japon aurait pu consommer moins d’électricité s’il avait été sans nucléaire en 2005. Il suppose aussi que le Japon sera sans nucléaire en 2020. Et d’ajouter qu’il va financer des mesures de réduction d’émission de CO2 dans les pays en développement. Pourquoi ne peut-il pas les dépenser dans son pays ?

• L’un des arguments de l’ancien premier ministre Koïzumi pour demander l’arrêt de la production d’électricité nucléaire est l’absence de solution pour les déchets radioactifs. Cela a réveillé ses collègues qui vont lancer un groupe d’étude parlementaire pour proposer des solutions qui incluera des membres de l’opposition. Le Japon a 17 000 tonnes de combustibles usés. Et puis, il y a ce qu’il a envoyé en Europe.

TEPCo a découvert une nouvelle cuve provisoire en train de fuir à raison d’une goutte toutes les 4 secondes. L’eau serait restée dans le réceptacle sous la cuve (voir des photos commentées en japonais). Quant aux conséquenses de la cuve similaire qui avait fui pendant un mois cet été avant que TEPCo ne s’en aperçoive, elles ne se résorbent pas : l’eau souterraine de l’eau du puits E1 reste fortement contaminée avec 650 000 Bq/l en bêta total et 310 000 Bq/L en tritium.

• TEPCo a mis en ligne des nouvelles images de l’inspection du réacteur n°1 par un bateau robot qui avait permis de découvrir par où de l’eau fuyait de l’enceinte de confinement.

Jeudi 14 novembre :
• Alors que TEPCo s’apprête à commencer un retrait test d’assemblages de combustibles de la piscine du réacteur n°4, la compagnie reconnaît que certains assemblages sont endommagés depuis longtemps, bien avant l’accident nucléaire. L’un d’entre eux l’est depuis 1982, suite à une erreur de manipulation. Un câble empêcherait le retrait de deux autres assemblages. La compagnie le sait depuis 2010. Enfin, certaines barres auraient des microfissures qui laissent s’échapper des gaz radioactifs. TEPCo ne sait pas encore comment retirer ces trois assemblages qui posent problème.
Chaque assemblage fait 4,5 m de long et contient de 60 à 80 barres.

• Alors que la plupart des réacteurs nucléaires vont être arrêtés encore longtemps, voire définitivement pour certains d’entre eux, la province d’Ibaraki va changer son système de taxe pour continuer à avoir des revenus du nucléaire : elle va taxer le combustible.
Elle touchait 1,1 milliard de yens par an avant l’arrêt du seul réacteur commercial de la province, puis 600 millions après. En taxant le combustible, elle espère récolter 8,8 milliards de yens sur 5 ans.

Mercredi 13 novembre :
• Alors que les échographies de la thyroïde des enfants de Fukushima se poursuivent, le nombre de cas de cancer a encore augmenté. 226 000 enfants ont été contrôlés, ce qui représente 33 000 de plus que lors de la publication des derniers résultats. Il y a maintenant 26 mineurs qui ont développé un cancer de la thyroïde confirmé après une opération chirurgicale. C’est 8 de plus qu’avant. Un enfant a été opéré, mais le nodule était bénin. Le nombre de cas suspects est de 32. Il y a donc 59 cas avec un cancer ou suspectés pour 226 000 enfants contrôlés.
Sur les 26 cas de cancer avérés, 10 concernent des enfants provenant de villages évacués et 16 de commnues non évacuées. Si l’on rapporte cela à la population concernée, il y a 3 fois plus de risque de développer un cancer pour les enfants évacués qui ont été plus fortement exposés dans les premiers jours de la catastrophe que pour les enfants non évacués.
On est donc à quasiment 12 cancers confirmés pour 100 000 enfants alors qu’en 2007, il n’y avait 1,7 enfants sur 100 000 qui développait un cancer de la thyroïde entre 15 et 17 ans.
Les spécialistes japonais en charge de l’étude disent que le nombre de cas détectés augmente à cause de la campagne de dépistage systématique et que l’on ne peut pas accuser l’accident nucléaire. Mais, on ne peut pas le disculper, et cela ils ne le disent pas. Par ailleurs, le Japon a lancé une campagne de dépistage de moindre ampleur dans d’autres provinces, et aucun cas de cancer n’y a été détecté.
Les dernières données sont ici en japonais (une traduction non officielle de quelques tableaux est ici en anglais). Les statistiques de 2012 pour tous les cancers au Japon sont ici en deux langues.

• La NRA avait mis comme condition, une amélioration de la culture de sûreté à la centrale de Fukushima daï-ichi ainsi que pour la gestion de l’eau contaminée, avant d’instruire la demande de redémarrage de TEPCo pour deux réacteurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). TEPCo a fait des annonces, mais il manque encore des preuves. Mais la NRA semble s’en contenter et va lancer l’instruction. Le président de la NRA, maintient, cependant, que la priorité de TEPCo doit être la gestion de l’eau et la sûreté.
Le gouverneur de Niigata a demandé plus d’explications sur ce revirement, alors que les fuites en mer continuent. Et même si la centrale satisfait aux nouveaux critères de sûreté, rien ne dit qu’elle sera exploitée correctement. Il attend aussi des garanties sur la protection des habitants en cas d’accident grave.

• Un robot a découvert par où l’eau contaminée fuyait du réacteur n°1. Il a repéré deux trous dans l’enceinte de confinement par où l’eau s’écoule. TEPCo ne connaît pas le débit de la fuite, mais il semble important, comme de l’eau qui jaillit d’un robinet. Les débits de dose sont de l’ordre de 0,9 à 1,8 Sv/h. Il est donc impossible d’y envoyer des humains.
Voir les photos commentées en japonais et en anglais.

• La contamination bêta total de l’eau du fameux puits E1 a légèrement baissé, mais reste très élevée : 650 000 Bq/L dans le prélèvement du 11 novembre.

Mardi 12 novembre :
• Le premier ministre a accepté le plan élaboré par les membres de la coalition au pouvoir à propos du non retour des populations originaires des zones les plus contaminées, où l’exposition externe peut dépasser les 50 mSv/an. Il a aussi acccepté la prise en charge d’une partie des coûts par l’Etat, et donc le contribuable. Le ministre de l’environnement, Nobuteru Ishihara, fils de l’ancien gouverneur ultra-conservateur de Tôkyô, n’est pas d’accord avec ce deuxième point. Pour lui, c’est à TEPCo de payer la majeure partie des conséquences de la catastrophe, au nom du principe pollueur-payeur.
Quant aux principaux intéressés par le non-retour, ils regrettent que les politiciens leur aient donnés de faux espoirs. On aurait dû leur dire depuis longtemps qu’il y a des zones où les habitants ne rentreront jamais. C’était évident depuis le début.
C’est le cas, en particulier pour 96% du village d’Ôkuma. Que va-t-il devenir ? Les habitants vont-ils se disperser ? Un nouveau village va-t-il être créé ailleurs ? Les autorités n’ont aucune réponse à proposer.
Le gouvernement veut autoriser le retour là où la dose annuelle est inférieure à 20 mSv comme pour les évacuations, mais c’est trop. Qu’en est-il pour ceux qui sont originaires d’une zone où il y a entre 20 et 50 mSv/an. Et pour ceux à qui il sera proposé de rentrer, ce sera un dosimètre par personne pour limiter la dose par rapport aux estimations faites à partir de la contamination ambiante. Mais comment mettre cela en pratique ? Avec quelle limite ? Les individus qui dépassent les doses seront punis ? Réévacués ?
81 000 personnes sont concernées par cette politique de retour et non-retour. Il n’est pas acceptable que le gouvernement se défausse sur les populations pour assurer leur propre sécurité sans leur permettre de donner leur avis. Il y a toujours 280 000 évacués en tout, suite aux trois catastrophes. Ils étaient 470 000 en 2011.

• L’aéroport international de Narita, situé à côté de Tôkyô, va recevoir 3,2 milliards de yens (25 millions d’euros) d’indemnités de TEPCo pour compenser la baisse de fréquentation…

• Suite à une réunion entre TEPCo et le gouvernement, des mesures ont été proposées pour limiter les fuites radioactives en cas de fortes pluies : un cheneau autour des cuves va être installé, ce qui devrait diminuer de 60% l’eau de pluie qui s’accumule au pied des réservoirs. Le muret qui retient l’eau va être élevé pour atteindre 60 cm minimum. Il pourra atteindre 1,30 m par endroit. Les zones déjà contaminées vont être repeintes.

• Nous avons signalé la veille que la contamination de l’eau du puits E1, situé près de la cuve qui a fui cet été, était repartie à la hausse. Elle vient de battre un nouveau record : 710 000 Bq/L en bêta total (prélèvement du 10 novembre). C’était 550 000 Bq/L la veille. TEPCo ne met plus de note en anglais pour expliquer cette valeur.

• L’ancien premier ministre de 2001 à 2006, ce qui est très long pour le Japon, continue sa campagne contre l’énergie nucléaire, au grand dam du premier ministre actuel, pourtant issu de la même formation politique. Il suffirait que le gouvernement annonce la fin du nucléaire et tout le monde suivrait : “Si M. Abe décide maintenant, il y aura peu de parlementaires pour s’opposer à un tel plan, tandis que la population coopérera et que les intellectuels fourmilleront d’idées”. Et d’ajouter qu’il y a de nombreux autres membres du parti qui sont aussi opposés à cette énergie.
Il a aussi réclamé un abandon immédiat du retraitement des combustibles usés. Une autre raison à son opposition, est l’absence de solution pour les déchets.

Selon un sondage effectué auprès de 521 personnes, 77,5% des Coréens ont réduit leur consommation de poissons et autres produits de la mer par crainte des conséquences des fuites radioactives dans l’océan. Les autorités japonaises n’arrivent toujours pas à convaincre les autorités coréennes à lever l’embargo sur les produits marins.

L’agence de presse AP publie une enquête inquiétante sur les conditions de construction des cuves qui contiennent l’eau radioactive à Fukushima. Selon un des ouvriers qui a monté des cuves pendant 6 mois l’an dernier, un mécanicien auto qui n’y connaissait rien, le travail était bâclé à cause de la forte pression qui reposait sur les équipes. Ils n’attendaient pas que ce soit sec pour mettre de l’anti-rouille sur les boulons et les joints. Même sous la pluie ou la neige. La dalle en béton n’était pas toujours bien plate. Des ouvriers auraient même vu que de l’eau a été mise dans des cuves non finies ! Depuis, il a peur chaque qu’il y a un séisme.
En octobre 2012, on lui a demandé de remplacer les couvercles de l’orifice par lequel on insère un tuyau par une plaque en acier de la taille d’une assiette. Il a alors découvert que le précédent couvercle n’était que du papier collant…
Un membre de la NRA prétend que les tests d’étanchéité étaient parfois faits sous la pluie et qu’il était, par conséquent, impossible de détecter une fuite.

• La NRA a fini d’inspecter l’installation de retrait des combustibles de la piscine du réacteur n°4. Elle n’a pas trouvé de problème. Elle doit encore inspecter les procédures avant de donner son feu vert.
Voir la présentation par TEPCo, en anglais, sur le sujet.

 

(Sommaire)

 

 


Contaminations radioactives

Mercredi 12 juin, un lecteur nous a signalé le dernier bilan que TEPCo a fait des rejets aériens des trois réacteurs où il y a eu fusion du coeur. C’est en japonais et je n’ai pas trouvé de version anglaise. Il date du 30 mai 2013.
Il est écrit que le rejet atmosphérique pour les trois réacteurs est de l’ordre de 10 millions de Bq/h (10 MBq/h). Je pense que cela ne prend en compte que le césium. Si l’on multiplie 24 h et 365 j, on arrive à presque 88 milliards de Bq/an (88 GBq/an). C’est beaucoup plus que les rejets aériens d’une centrale nucléaire en fonctionnement normal et même que les rejets aériens en césium de l’usine de retraitement de La Hague.
Les graphes montrent que ces rejets sont stables depuis un an.
TEPCo évalue l’impact sanitaire à la bordure du site à 0,03 mSv/an. Il n’est pas dit comment ils ont fait le calcul. C’est moins que ce qui dû à la contamination des sols au même endroit, mais ce serait jamais accepté pour une centrale en fonctionnement normal.

Dimanche 7 juillet, le laboratoire de mesure de la radioactivité mis en place avec l’aide de l’ACRO, Chikurin-sha, est opérationnel et reçoit de nombreuses demandes d’analyse. Des photos prises ce jour sont en ligne.

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 Contamination des sols

Mardi 12 mars 2013, le MEXT a mis en ligne des doses cumulées mesurées au-delà des 20 km. Les chiffres affichés sont en microsieverts. Au point 32, ce sont 205 millisieverts qui ont été accumulés alors que la limite annuelle avant un accident est de 1 millisievert !

Mardi 26 mars, le MEXT a mis en ligne des doses cumulées sur un mois, mesurées à l’aide de dosimètres. Les valeurs sont en millisievert. Au point 32, connu pour être particulièrement contaminé, la dose est de 5,9 mSv alors que la limite maximale admissible en temps normal est de 1 mSv. Sur une plus grande période, la dose cumulée en ce point est de presque 209 mSv. Attention, les chiffres sont cette fois-ci en microsieverts.

Vendredi 5 avril, les autorités régionales de Fukushima ont changé les détecteurs qui mesurent en continu la radioactivité ambiante en plusieurs points du territoire. Résultat, la contamination ambiante a baissé drastiquement et presque été divisée par deux par endroit ! A Kôriyama, c’est passé de 0,51 à 0,27 microsieverts par heure. A Minami-Sôma, de 0,30 à 0,14. Dans les deux cas, la position du détecteur a été déplacée de 80 et 45 m respectivement, vers une zone qui a été décontaminée auparavant… Par ailleurs, la technologie n’est pas la même et les deux détecteurs, portable pour l’ancien et fixe pour le nouveau, qui affichent un écart de 20%… à la baisse. Les anciennes mesures étaient en microsievert par heure et les nouvelles en microgray par heure.
Les autorités prétendent avoir choisi un lieu plus accessible et plus visible des habitants.
Voir un reportage d’une télé locale à ce sujet (en japonais) et des explications en anglais sur un blog bien informé.
Pour comprendre : le gray est l’unité de mesure de l’énergie déposée par les rayonnements. Le sievert prend en compte l’efficacité biologique, car certains rayonnements sont plus nocifs que d’autres. En cas de contamination, pour les rayonnements bêta et gamma, 1 sievert = 1 gray. Mais, dans le cas d’une contamination surfacique et de la mesure du rayonnement ambiant, on choisit 1 sievert x 0,8 = 1 gray.

Mardi 23 avril, selon le Yomiuri, il y a 389 balises de mesure de la radioactivité dans le pays, situées dans un rayon de 30 km des installations nucléaires, mais 40% d’entre elles (160) n’ont pas de générateur électrique de secours. Et de montrer le cas d’une balise nouvellement installée à 11 km de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Les câbles électriques sont prêts, mais il n’y a pas de générateur ou batterie de secours.
De nombreuses autres balises sont équipées de batteries de secours qui ont une autonomie très courte, de quelques minutes. Elles peuvent faire face à une coupure électrique due à l’orage, par exemple, mais pas à un arrêt prolongé. Pour les autres, l’autonomie varie de 1 à 7 jours en fonction des cas.
Selon les nouvelles règles, c’est le gouvernement qui a la charge des balises, mais il s’est déchargé sur les pouvoirs locaux pour leur installation. Un responsable de la province de Niigata explique que les fonds versés ne permettent pas de financer le générateur électrique…
En 2012, le gouvernement a débloqué 8,9 millions de yens (89 000 euros) pour augmenter le nombre de balises qui est passé de 162 à 389.
Dans la province de Shimané, deux nouvelles balises ont été installées suite à l’extension de la zone d’évacuation à 30 km : aucune n’a de générateur de secours et elles saturent à 10 microsieverts par heure alors que le seuil d’évacuation immédiate est de 500 microsieverts par heure… Les autorités régionales prévoient l’utilisation de véhicules équipés pour faire face à la situation, ce qui entraînera l’exposition des conducteurs en cas d’accident.
Il n’y a pas d’instructions spécifiques pour ces balises et chaque province se débrouille comme elle peut.

Mercredi 8 mai, on trouve encore des points chauds. Dans la ville de Fukushima, deux parkings viennent d’être fermés après qu’une association ait découvert une contamination anormalement élevée : 430 000 Bq de césium par kilogramme de sol. La contamination des autres points dépasse aussi 100 000 Bq/kg et le débit de dose varie de 0,6 à 3,8 microsieverts par heure. 100 000 Bq/kg, c’est la limite à partir de laquelle les autorités classent les déchets en déchets radioatifs nécessitant un traitement spécial. Plus de deux ans après les rejets massifs, une cartographie précise de la contamination reste à faire.

Mardi 28 mai, les autorités ont remis les compteurs à zéro le 1er avril dernier pour les dosimètres en différents points situés au-delà des 20 km. Les doses cumulées indiquées couvrent donc la période qui va du 1er avril au 2 mai 2013, soit un mois. Au point n°32, il y a quand même 8,4 mSv !

Mardi 11 juin, près de 80% des rizières situées à proximité de Sendaï (Miyagi) qui ont été noyées par le tsunami de 2011 ont été désalées et du riz a pu être planté. 1 600 hectares ont été désalés et le riz semble pousser normalement.
Pour le césium, ce sera beaucoup plus long…

Mardi 18 juin, l’autorité de sûreté nucléaire a mis en ligne une présentation en anglais de l’évolution de la contamination radioactive dans la province de Fukushima. Cela a baissé en moyenne de 40% durant les deux premières années, à cause du césium 134 qui a une demi-vie de 2 ans, et du lessivage des sols. Comme le montre la page 14, maintenant, cela baisse beaucoup moins vite à cause du césium 137 qui a une demi-vie de 30 ans et qui va donc continuer à contaminer le Japon pendant des siècles. La cartographie actuelle va évoluer beaucoup plus lentement à partir de maintenant.

Jeudi 27 juin, des chercheurs japonais de la JAEA ont publié (enfin !) une carte de la contamination en iode 131. L’article est en accès payant. La carte ne correspond pas exactement à celle du césium. Le Sud de la centrale a été particulièrement touché par l’iode et plus épargné par le césium. Ces faits étaient déjà connus depuis longtemps, notemment, suite aux prélèvements faits par les universités japonaises.
Comme l’iode 131 a rapidement disparu grâce à sa courte demi vie (8 jours), les chercheurs ont mesuré l’iode 129 dans les sédiments et sont remontés à la concentration en iode 131, car les deux isotopes de l’iode se dispersent de la même façon.
Les cartes sont en libre accès sur le site de la JAEA, avec des commentaires et un communiqué en japonais.

Jeudi 4 juillet, des chercheurs ont utilisé une caméra gamma pour rechercher des points chauds dans la ville de Fukushima et ont trouvé une mousse sur un toit qui avait une contamination élevée. Ils ont mesuré jusqu’à 1,78 million de becquerels de césium par kilo. Le débit de dose à 1 m dessus de la mousse était de 0,5 mSv/h. La ville de Fukushima est située à 50 km de la centrale, et n’est pas évacuée.

TEPCo a mis en ligne des résultats d’analyse de sol du site de la centrale. Il y a jusqu’à 400 000 Bq/kg de sol sec en césium.

-> Définition de zones contaminées en Biélorussie (1991)
-> Cartographie des débits de dose ambiants fait par un réseau amateur
-> Cartographie des débits de dose mesurés par le MEXT
-> Carte dessinant les contours des données précédentes (Version n°7)
-> D’autres cartes sont disponibles ici
-> Carte des dépôts de césium 137 faite par l’université de Tsukuba
-> Cartes en anglais sur le site du Ministère des Sciences et Technologies (il y en a plus en japonais)
-> Carte consultable point par point faite par les universités japonaises (version anglaise en pdf)
-> Carte montrant le parcours des masses d’air contaminées
-> Carte interactive de la contamination (cliquer sur le bouton de gauche tout en bas de la page d’accueil)
-> Débits de dose dans les écoles de Fukushima et autres lieux publics en temps réel (la plupart de ces lieux ont été partiellement décontaminés et la valeur affichée n’est pas représentative de la région)
-> Carte regroupant des analyses faites sur la substance noire (matière organique décomposée ?).

(Sommaire)


Contamination de l’eau douce

Les rivières du Nord-Est du Japon qui s’écoulent du côté Pacifique sont quasi-systématiquement contaminées. Les données du MEXT (Ministère des sciences et technologies), qui commencent à dater, sont maintenant disponibles en anglais.

Lundi 22 avril, l’Asahi a fait mesurer par le CRMS, un réseau de stations de mesures citoyennes à Fukushima, de la boue de deux piscines scolaires de la ville de Fukushima et d’une de Minami-Sôma. Ces piscines n’ont pas été vidées depuis le 11 mars 2011. La contamination dépasse les 100 000 Bq/kg à Fukushima et les 8 000 Bq/kg à Minami-Sôma. Ces boues doivent être traitées comme des déchets radioactifs, et même comme des déchets spéciaux à Fukushima. Le débit de dose à proximité des piscines ne dépasse pas le niveau ambiant car l’eau atténue le rayonnement.
63 des 70 piscines scolaires de la province ont été vidées et l’eau rejetée dans la rivière ou des canaux d’irrigation. Quant aux boues collectées, elles n’ont pas eu droit à un traitement spécial. Les autorités avaient vérifié l’eau avant de la rejeter, mais pas la boue.

Mardi 30 avril, une étude scientifique (aussi ici, dans Nature) fait le point sur la contamination des poissons d’eau douce à Fukushima. Certains poissons comme les ayu, sont contaminés dans tout l’Est du Japon et jusqu’à Shizuoka, 400 km à l’Ouest de la centrale. La carte de la contamination est très étendue.
Ils ont une contamination moyenne en césium 137 seulement de 2 657 Bq/kg dans la rivière Mano au Nord-Ouest de la centrale. La contamination des poissons carnivores est deux fois plus élevée que celle des ayu qui sont herbivores.

Jeudi 16 mai, d’après les derniers résultats mis en ligne, les eaux souterraines sont presques toutes contaminées au tritium sur le site de la centrale et c’est proche de la mer, en aval des réacteurs que la contamination est la plus forte : 3 600 Bq/L (puits n°3).
Les autres résultats de mesure de TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.

Dimanche 9 juin, encore une anguille pêchée dans la rivière Edogawa qui dépasse les 100 Bq/kg. Elle avait 140 Bq/kg. Les autorités ont donc demandé de s’abstenir de pêcher des anguilles dans quatre rivières (Arakawa, Kyuedogawa, Nakagawa et Shin’nakagawa) en plus de l’Edogawa. Si c’est de la pêche récréative, les autorités demandent de relâcher l’animal.

Mercredi 3 juillet, un objet qui émet une forte radioactivité a été découvert dans le lit de la rivière Idé à Naraha. Le débit de dose est de 3,4 millisieverts par heure (3 400 microsieverts par heure). Naraha est à moins de 20 km de la centrale et la décontamination est sous la responsabilité du gouvernement. L’objet a été découvert le 20 juin dernier et le gouvernement a demandé à TEPCo de l’analyser. TEPCo a mis en ligne une photo de l’objet sans beaucoup d’explications en japonais et en anglais.

Vendredi 12 juillet, JDC Corp., une compagnie qui participe aux travaux de décontamination, a rejeté 340 m3 d’eau contaminée dans la rivière Iizaki. Cette rivière est utilisée pour l’irrigation de Minami-Sôma. La compagnie prétend avoir eu le feu vert de la Japan Atomic Energy Agency qui l’a engagée et que l’Etat a prévenu les autorités locales. Ces dernières nient et prétendent n’avoir jamais été informées. La Japan Atomic Energy Agency prétend avoir informé verbalement la mairie et la région du rejet.
Il s’agissait d’un des premiers chantiers tests menés par la Japan Atomic Energy Agency qui a fait appel à la JDC Co.. Il a eu lieu entre décembre 2011 et février 2012 dans l’école primaire de Kanabusa et autour. Le chantier a généré 609 m3 d’eau contaminée. 269 m3 ont été traitées et les 340 m3 restant ont été rejetés dans la rivière qui irrigue les rizières. 16 MBq ou 16 millions de becquerels auraient été rejetés dans la rivière. Pour 60 m3, la contamination de l’eau était de l’ordre de 100 à 121 Bq/l.

-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l’eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> La surveillance des rivières est ici en anglais.
-> Des données sur l’eau de puits et de rivières sont ici en japonais.

(Sommaire)


Contamination de l’alimentation

Le gouvernement a décidé d’abaisser la limite maximale admissible en césium dans la nourriture à partir du 1er avril 2012. Les produits cultivés avant garderont l’ancienne limite jusqu’à épuisement du stock.

Les nouvelles limites seront :
– 100 Bq/kg pour la nourriture en général.
– 50 Bq/kg pour le lait et la nourriture pour enfant
– 10 Bq/kg pour l’eau.
Si l’on mange quotidiennement de la nourriture contaminée à la limite pendant un an, cela conduirait à une dose de presqu’un millisievert. L’hypothèse que 50% de la nourriture générale est contaminée à la limite a été prise pour ce calcul. La ration est supposée contaminée à 100% pour l’eau, les laitages et la nourriture pour enfant.

10 500 hectares de rizières ne devraient pas être cultivés dans la province de Fukushima cette année. La production de 4 000 autres hectares, où la moisson 2011 avait une contamination comprise entre 100 et 500 Bq/kg pour le césium, aura droit à un contrôle renforcé cette année : tous les sacs de riz devront être testés.

Il y a des milliers de résultats de mesure en ligne dispersés sur de nombreux sites Internet. Le ministère de la santé publie ses résultats, celui de l’agriculture et de la pêche aussi. Les autorités régionales ont leur propre site Internet avec des résultats. Les mairies aussi. A cela s’ajoutent une centaine de stations de mesure indépendantes qui contrôlent surtout l’alimentation. Certaines publient aussi tous leurs résultats. Mais, il n’existe pas, à notre connaissance, de travail de synthèse qui pourrait guider les populations et les autorités.

Le Japon importe officiellement environ 60% de sa nourriture et est auto-suffisant pour le riz. Mais ce chiffre est basé sur les calories. Comme le pays importe presque tous ses oléagineux, le blé, le sucre et l’alimentation pour l’élevage, cela a tendance à augmenter la part des importations. Le riz est 97% domestique, les légumes, à 81%, le poisson à 60%, la viande à 56%, les oeufs à 96%, le lait à 67% et les fruits à 71% (Ces chiffres sont en fait l’auto-suffisance. Pour la viande et le lait, c’est plus bas car les animaux mangent des produits importés). Les statistiques officielles sont ici en japonais.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes,  44 pays ou régions (comme l’Europe) maintiennent des restrictions sur l’importation de produits alimentaires en provenance du Japon.

Lundi 25 mars, TEPCo a annoncé avoir étendu la zone où les agriculteurs, pêcheurs et forestiers peuvent obtenir des indemnisations à cause des “rumeurs néfastes”. Voir le communiqué de TEPCo. Cela va aller jusqu’aux shiitakés de Hiroshima, à l’autre bout de l’île principale. Pour les poissons, cela va jusqu’à Hokkaïdô. Les champignons de Hiroshima ont dû être cultivés sur du bois qui venait du Nord-Est du Japon…
Si la vente de tous ces produits souffre des “rumeurs néfastes”, pour reprendre l’expression consacrée, c’est qu’ils ont été contaminés. Mais ce mot là n’apparaît jamais. Officiellement, TEPCo est prête à payer pour compenser la bêtise humaine. Et on va la croire…

Vendredi 29 mars, une enquête du Maïnichi montre que le prix des fruits et légumes produits à Fukushima a encore baissé en 2012 sur le marché de gros à Tôkyô. Le gouvernement avait baissé les limites maximales autorisées de contamination en césium, mais cela n’a pas aidé l’agriculture locale.
En 2011, le prix moyen des légumes produits dans toutes les autres régions du Japon a augmenté de 4% par rapport à l’année 2009. En revanche, les prix des légumes produits dans la province de Fukushima ont baissé de 5% par rapport à 2009. En 2012, les prix ont fléchi en moyenne de 0,2% par rapport à 2009, sauf à Fukushima où la baisse est de 18,7%.
Comme les consommateurs n’achètent plus les produits de Fukushima, officiellement à cause des “rumeurs néfastes”, ils finissent dans les restaurants et l’industrie agroalimentaire.

Greenpeace Japon a mis en ligne une nouvelle série de résultats de mesure sur des poissons prélevés en super-marché. Une morue du Pacifique d’Iwaté avait 2,6 Bq de césium 137 par kilo. Les autres poissons sont tous sous la limite de détection.

Vendredi 12 avril, des agriculteurs de Hirono vont reprendre la culture du riz après deux ans d’arrêt dans la moitié des 210 hectares de rizière. Quelques essais avaient été menés l’an dernier et le riz produit ne dépassait pas les limites de contamination. Les 5 200 habitants de la commune ont été évacués. Seulement 10% sont revenus.

Lundi 22 avril, dernière liste officielle des restrictions alimentaires.

Jeudi 25 avril, le gouvernement a toujours 17 000 tonnes de riz contaminé sur les bras et ne sait pas quoi en faire. Il veut l’incinérer, mais les incinérateurs municipaux ne peuvent techniquement pas brûler des grains et il n’a pas trouvé d’installation privée qui l’accepterait. Et d’invoquer, comme toujours, le risque de “rumeurs néfastes”. Un seul incinérateur privé a accepté, mais il n’a brûlé que 10% du stock.
Il y a deux tonnes de la moisson 2012 qui dépasse la norme de 100 Bq/kg pour les deux césium. Le reste provient de la moisson 2011 : à cette époque, quand la limite de 500 Bq/kg était dépassée dans une ferme, toute la récolte du district était interdite à la vente et stockée. Il s’avère, finalement, que 95% de ce riz avait une contamination inférieure à la limite.
De nombreux agriculteurs sont choqués par le fait que le riz qui satisfait aux normes soit traité comme un déchet. Ils proposent de l’utiliser pour le bétail ou pour faire du bio-carburant. Mais, comme les producteurs concernés ont déjà été indemnisés par TEPCo, le ministère de l’agriculture pense que c’est impossible : il n’y a pas d’autre choix que de le traiter comme un déchet.

Vendredi 26 avril, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, une usine à légumes faisant de l’agriculture hors sol vient d’ouvrir à Kawauchi. Tout y est artificiel, même l’éclairage, mais la production est garantie sans césium. Il est prévu que d’ici 3 ans, elle fasse 2 500 m2 et produise 280 tonnes de laitues par an. Jusqu’à une centaine de légumes pourraient y être produits. La municipalité espère ainsi relancer la production agricole du village qui a été évacué et changer l’image des produits. Une partie de la commune est à moins de 20 km de la centrale.
La presse reprend les termes officiels de “nourriture saine” pour lutter contre les “rumeurs néfastes” et d’un “renouveau de l’agriculture dans les territoires contaminés”.
L’usine a coûté 580 millions de yens.

Mardi 30 avril, une étude scientifique (aussi ici, dans Nature) fait le point sur la contamination des poissons d’eau douce à Fukushima. Certains poissons comme les ayu, sont contaminés dans tout l’Est du Japon et jusqu’à Shizuoka, 400 km à l’Ouest de la centrale. La carte de la contamination est très étendue.
Ils ont une contamination moyenne en césium 137 seulement de 2 657 Bq/kg dans la rivière Mano au Nord-Ouest de la centrale. La contamination des poissons carnivores est deux fois plus élevée que celle des ayu qui sont hebivores.

Vendredi 3 mai, début du repiquage du riz à Hirono, pour la première fois depuis deux ans pour certains agriculteurs. Ils ont bon espoir que la moisson satisfasse aux normes.

Mardi 7 mai, la pêche de tout petits poissons, comme des très jeunes sardines, a repris dans la province d’Ibaraki. Elle avait été suspendue après la découverte de spécimens très radioactifs. Ces poissons seront bouillis et séchés pour faire du “shirasu” avant d’être vendus. Ils seront contrôlés avant et après le process.

Vendredi 17 mai, les autorités régionales de Chiba et Tôkyô n’auraient rien fait après avoir appris que des anguilles pêchées dans la rivière Edogawa qui fait la frontière entre les deux régions. Le 9 mars dernier, une dame a pêché une anguille qu’elle a fait analyser par une université qui a trouvé 147 Bq/kg en césium. L’université a prévenu les autorités fin mars et l’agence de la pêche a prévenu les autorités régionales qui n’ont pas réagi. Avec comme excuse qu’il ne s’agissait pas d’une pêche professionnelle vendue dans le commerce. Et puis la saison de pêche est en été.
L’université a analysé d’autres anguilles pêchées par la même dame près de l’embouchure et il y avait 97,4 et 129,6 Bq/kg.

Samedi 18 mai, des agriculteurs du district de Miyakojimachi dans la commune de Tamura, situé à 15 km de la centrale, ont planté du riz avec l’intention de vendre la récolte. Ils ont répandu du potassium pour limiter l’absorption du césium. 6 hectares sur 3 exploitations sont concernés. Les habitants ne peuvent toujours pas habiter à Miyakojimachi, seulement y passer la journée.

Dimanche 9 juin, encore une anguille pêchée dans la rivière Edogawa qui dépasse les 100 Bq/kg. Elle avait 140 Bq/kg. Les autorités ont donc demandé de s’abstenir de pêcher des anguilles dans quatre rivières (Arakawa, Kyuedogawa, Nakagawa et Shin’nakagawa) en plus de l’Edogawa. Si c’est de la pêche récréative, les autorités demandent de relâcher l’animal.

Lundi 10 juin, du riz a été planté dans le district de Nagadoro, le plus contaminé d’Iitaté, où la dose annuelle externe dépasse les 50 mSv/an. Les rizières en question ont été “décontaminées” l’été dernier et la contamination du sol serait passée de 20 000 à 1 600 Bq/kg environ. La culture est expérimentale.

Vendredi 14 juin, des pêcheurs ont pêché un aïnamé à 20 km de la centrale avec 25 800 Bq/kg en césium.

Vendredi 12 juillet, un bar avec plus de 1 000 Bq/kg a été pêché au large d’Ibaraki. C’est plus de 10 fois la limite fixée par les autorités.

Samedi 13 juillet, Greenpeace Japon a de nouveau mis en ligne des résultats de mesure de produits de la mer (poissons, coquillages et algues) prélevés dans la province de Fukushima. Certains échantillons sont proches de la limite de 100 Bq/kg.

Les premières limites radiologiques pour les produits alimentaires et l’eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici. Ces limites ont été revues à la baisse depuis.
-> Des résultats gouvernementaux de surveillance de l’alimentation sont ici.
-> Résultats de mesures effectuées par la province de Fukushima sur l’alimentation (en japonais)
-> Notice de la FAO sur la contamination des aliments en cas d’accident nucléaire (en anglais)
-> Des nombreuses données sur la contamination de l’alimentation sont disponibles ici en japonais.
-> Les données officielles des autorités régionales de Fukushima sont ici en anglais.

(Sommaire)


Contamination de la mer

Vendredi 15 mars 2013, nous l’avons déjà dit et répété : la centrale de Fukushima continue de rejeter de la pollution radioactive dans la mer. Comme preuve, il y a le fait que la concentration en césium dans l’eau de mer est plus forte à proximité de la centrale qu’au large. Bien-sûr, une part du phénomène peut être expliqué par le fait que les sédiments sont plus chargés en césium qu’au large et qu’il y a moins d’eau. La résorption du césium entraîne donc une contamination plus forte.
Mais il y a aussi des données qui montrent une contamination en tritium près de la centrale. Il s’agit là d’une preuve irréfutable que la centrale continue à fuir.
Un universitaire japonais de la Tokyo University of Marine Science and Technology ensuite essayé d’évaluer la quantité de césium qui a fuit dans la mer depuis juin 2011 à partir des mesures officielles dans l’eau de mer, juste devant dans la centrale, dans le port, qui sont montées jusqu’à 100 bequerels de césium par litre d’eau de mer. Pourquoi cette date ? Parce que TEPCo prétend que les fuites ont cessé à partir de ce moment là. Il est arrivé à 16,1 térabecquerels (16,1×1012 Bq, ou 16 millions de millions de becquerels) de césium 137. C’est 73 fois plus que l’autorisation de rejet d’avant la catastrophe. Pour lui, cet apport ne peut pas être expliqué par le lessivage des sols et doit venir de l’eau souterraine.
L’étude universitaire est ici en libre accès, avec une annexe ici. Le journal scientifique, biogeosciences, propose de nombreux autres articles sur la pollution marine au large de la centrale de Fukushima.
TEPCo nie le diagnostique et continue à prétendre qu’il n’y a pas de fuite.
Le MEXT a mis en ligne des données sur la contamination en césium des sédiments marins dans la baie de Tôkyô.

Samedi 16 mars, comme en écho à l’information de la veille concernant les fuites en mer, TEPCo vient d’annoncer qu’un nouveau record de contamination vient d’être battu : 740 000 becquerels de césium par kilo dans un aïnamé (hexagrammos otakii) pêché le 21 février 2013 dans le port devant la centrale.
TEPCo a mis un filet à l’entrée du port pour empêcher les poissons fortement contaminés de prendre le large ou d’autres poissons de venir se contaminer fortement. La compagnie tente aussi de capturer tous les poissons du port pour les tuer. Quand il n’y aura plus de poissons dans cette zone, il n’y aura plus à communiquer sur les fortes contaminations. Mais ce n’est pas parce que la compagnie aura cassé le thermomètre que les fuites cesseront.

Vendredi 22 mars, les dernières données officielles sur la contamination marine montrent qu’il y a toujours plus de césium dans l’eau de mer près de la côte qu’au large. On trouve aussi plus de strontium et de plutonium dans l’eau à proximité de la centrale. Il y a aussi du tritium, hydrogène radioactif, qui signe que les fuites continuent.
Cette contamination en césium et strontium de l’eau de mer se retrouve sur des centaines de kilomètres, d’Ibaraki à Miyagi. Il en est de même pour les sédiments marins qui sont aussi contaminés avec du plutonium, de l’américium

L’étude universitaire qui estime le niveau des fuites en mer est ici en libre accès, avec une annexe ici. Le journal scientifique, biogeosciences, propose de nombreux autres articles sur la pollution marine au large de la centrale de Fukushima.

Mercredi 3 avril, TEPCo a mis en ligne une présentation succinte de la barrière souterraine qu’elle installe pour arrêter les infiltrations officiellement inexistantes des nappes phréatiques vers la mer. La première plaque vient d’être installée, mais il y a encore pour un an de travaux.

Lundi 13 mai, TEPCo a eu une réunion avec les coopératives de pêche pour obtenir leur accord afin de rejeter en mer de l’eau souterraine et limiter ainsi les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. Officiellement, cette eau serait moins contaminée que celle des rivières. TEPCo a mesuré jusqu’à 0,12 Bq/L de césium 137 dans cette eau. C’est moins que pour l’autorisation de rejet, mais cela signifie que la nappe est déjà bien contaminée et confirme l’hypothèses de fuites en mer. Qu’en est-il pour le tritium, beaucoup plus mobile ?
Mais les coopératives de pêches ont refusé de signer un chèque en blanc et demandent plus de temps pour décider. Les prochaines discussions auront lieu en juin, au plus tôt. TEPCo a sous estimé la défiance des pêcheurs. Les leaders des coopératives étaient d’accord, mais pas la base.
TEPCo estime que le volume d’eau quotidien s’infiltrant dans les sous-sols pourrait passer de 400 à 300 m3.
Greenpeace Japon et la Surfrider foundation ont proposé un contrôle citoyen de l’eau souterraine rejetée. Ces deux organisations s’opposent, bien entendu, aux rejets en mer d’eau contaminée.

Lundi 20 mai, les derniers résultats mis en ligne sur le site de la NRA montrent que les sédiments marins continuent à être toujours très contaminés à proximité de la centrale de Fukushima daï-ichi. Les analyses ont été faites par TEPCo qui met en ligne sur son site les mêmes résultats présentés différemment. La compagnie montre aussi l’évalution temporelle qui ne met pas en évidence de baisse significative. D’autres mesures plus récentes sont aussi en ligne sur le site de la NRA.

Mardi 21 mai, des chercheurs de la Japan Agency for Marine Earth Science and Technology ont prélevé du plancton en 10 points du Pacifique au large de la centrale de Fukushima, de Hokkaïdô à Guam, et ont trouvé une contamination systématique en césium 134 et 137. La contamination la plus élevée en césium 134 est de 8,2 à 10,5 Bq/kg et la plus basse, de 1,9 Bq/kg. Il faut ajouter le césium 137 : 14,9 Bq/kg pour l’échantillon le plus contaminé. Ils ont été prélevés moins d’un an après la catastrophe, en janvier-février 2012, de 500 à 2 100 km de la centrale.
Le plancton est tout en bas de la chaîne alimentaire marine et le césium peut s’accumuler tout au long de cette chaîne.
Les points où le plancton est le plus contaminé ne sont pas les points où l’eau est la plus contaminée. Les chercheurs n’ont pas l’explication.
La contamination de l’eau de mer ne baisse pas au large de Miyagi, selon les derniers relevés de TEPCo.

Vendredi 24 mai, l’eau de mer au large de Miyagi est toujours contaminée. Les mêmes résultats sont présentés sous forme de carte ici et sous forme de tableau et courbes avec évolution ici. L’eau est toujours beaucoup plus contaminée près de la centrale.
Les poissons pêchés dans le port devant la centrale continuent à être très contaminés. Et plus au large, il y a en a toujours dont la contamination dépasse l’autorisation de mise sur le marché.

Mercredi 29 mai, il y a toujours du tritium dans l’eau souterraine entre les réacteurs et la mer, jusqu’à 3 500 Bq/L et dans l’eau de mer à proximité de la centrale (3,8 Bq/L). C’est moins qu’à La Hague en France, mais cela prouve que les fuites vers la mer continuent.

Jeudi 30 mai, la Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology (JAMSTEC) a prélevé des sédiments à 7 553 m de profondeur, dans une fosse située à 110 km de l’épicentre qu séisme du 11 mars 2011 et a trouvé du césium 134 à une teneur de 20 Bq/kg. Le césium 134, qui a une demi-vie de deux ans, est dû aux rejets récents liés à la catastrophe nucléaire. Il s’est retrouvé dans la fosse abyssale en moins de 4 mois. (Article scientifique en accès libre).

Vendredi 31 mai, TEPCo présente un bilan de la surveillance de la contamination des poissons qu’elle effectue, ainsi que les derniers résultats de mesure. Même si l’on note une baisse de la contamination, il y a toujours des poissons fortements contaminés. Le record de la dernière pêche est de 152 000 Bq/kg pour les deux césium. Pour quelques spécimens, d’autres radioéléments ont été recherchés. Il y a ainsi 6,0 Bq/kg de strontium 90, un élément très radiotoxique, dans une sole pêchée à 3 km au large. Cette sole avait aussi 1 690 Bq/kg de césium.

Mardi 4 juin, TEPCo tente toujours de convaincre les pêcheurs que rejeter de l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs et de la rejeter en mer n’aura aucun impact. Une vidéo de l’installation peut être visionnée ici.
Lors de la précédente réunion, TEPCO avait dit que la contamination en césium était sous la limite de détection. Mais une nouvelle analyse effectuée à Fukushima daï-ni a montré que cette eau était contaminée au césium : 0,61 Bq/L. La première mesure avait eu lieu à Fukushima daï-ichi où la contamination ambiante a caché la contamination de l’eau. Cela reste inférieur à la limite que TEPCo s’est fixée pour rejeter de l’eau en mer (1 Bq/L), mais les pêcheurs ont le sentiment que l’on se moque d’eux.
C’est la NRA qui a demandé à TEPCo d’améliorer sa mesure.
Une explication est ici en japonais.

Mercredi 5 juin, le gouvernement a organisé une réunion publique dans la ville de Fukushima pour convaincre la population d’accepter le rejet en mer de l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle attendait 100 personnes, il y en a eu 20…

Jeudi 6 juin, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur de l’eau de mer prélevée au large de Miyagi. Les graphes montrent que la contamination ne baisse pas, mais qu’elle a même tendance à augmenter par endroit. Les mêmes données sont ici sur une carte. A titre de comparaison, voici des données plus près de la centrale, ou encore plus près. Plus on s’approche, plus la concentration augmente, ce qui indique que les fuites en mer continuent.

Vendredi 7 juin, TEPCo a eu une seconde réunion avec des pêcheurs et n’a pas plus réussi à les convaincre de donner leur accord à rejeter en mer l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs. Même en promettant de faire des mesures avant rejet. Personne n’a confiance en TEPCo. Ce n’est pas à la compagnie de faire les mesures. Comment les autorités ne comprennent pas cela et ne proposent pas des solutions acceptables par tous ?

Jeudi 13 juin, TEPCo veut rejeter dans la mer l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés afin de limiter les infiltrations dans les sous-sols. Comme elle peine à convaincre les pêcheurs, elle promet de mettre l’eau dans des cuves tampon et de la contrôler avant de la rejeter. Mais elle a du mal à faire des mesures fiables…
En mai dernier, TEPCo avait affirmé que la contamination en césium était inférieure aux niveaux détectables. Mais comme la mesure avait été faite à Fukushima daï-ichi, qui est contaminée, elle était moins fiable. La NRA a donc demandé de refaire la mesure à Fukushima daï-ni et là, TEPCo a trouvé du césium ! Le 3 juin dernier, elle a annoncé 0,61 Bq/L pour les deux césiums. Mais, TEPCo revient sur ces chiffres (en japonais) et annonce maintenant 0,055 Bq/L pour la même eau !
Cela ne fait pas très sérieux. La seule façon de s’en sortir est que les pêcheurs choisissent un laboratoire tiers qui fera des mesures de la radioactivité dans l’eau de souterraine avant rejet.

Vendredi 14 juin, des pêcheurs ont pêché un aïnamé à 20 km de la centrale avec 25 800 Bq/kg en césium.
Il y a toujours plus de césium dans l’eau de mer à proximité de la centrale qu’un peu plus au large, ce qui suggère que les fuites continuent. En revanche, TEPCo n’a pas trouvé de tritium dans l’eau de mer cette fois-ci.

Mercredi 19 juin, TEPCo a annoncé avoir mesuré 1 000 Bq/L de strontium-90 dans de l’eau souterraine prélevée dans un puits situé à 27 m de la rive. Le strontium est particulièrement radio-toxique, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Il y a 500 000 Bq/l de tritium dans l’eau du même puits.
La contamination de l’eau de mer n’aurait pas changé. TEPCo annonce le forage de puits supplémentaires à proximité.
Les prélèvements du 24 mai dernier et le résultat tritium du 31 mai, il vient seulement d’être rendu public. TEPCo reste TEPCo… et explique que la mesure du strontium prend du temps. C’est vrai, mais rien ne l’empêchait de donner les autres résultats plus tôt.
Les données sont ici en japonais et ici en anglais. On trouve aussi du ruthénium, en moindre quantité. La mesure du strontium prend beaucoup de temps et l’on n’a pas encore les résultats pour juin. En revanche, les niveaux de tritium ne semblent pas baisser.
Cette eau souterraine est vraiment le problème n°1 à la centrale. Les pêcheurs n’accepteront jamais d’autoriser le rejet en mer d’eau souterraine. Pourtant, il faut bien empêcher celle en amont de la centrale de pénétrer dans les réacteurs. Si l’on ne fait rien, les fuites vers les nappes phréatiques, puis la mer, vont s’amplifier. Ce devraient être des laboratoires indépendants choisis par les pêcheurs qui contrôlent l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs pour pouvoir être rejetée si elle n’est pas contaminée. Cela urge.
Les autorités régionales de Fukushima ont décidé de faire leur propre surveillance de la contamination marine devant la centrale.
Le denier bilan de l’eau contaminée est ici en anglais.

TEPCo a mis en ligne ses derniers résultats sur la contamination des sédiments marins. Aucune tendance à la baisse et plutôt des hausses par endroit. Ces mêmes résultats sont présentés sur une carte sur la site de la NRA.

Vendredi 21 juin, TEPCo a mis en ligne des résultats de mesure sur des poissons pêchés dans son port. Ils sont, dans l’ensemble, encore fortement contaminés, jusqu’à 320 000 Bq/kg pour les seuls césiums. C’est beaucoup plus que la contamination de l’eau de mer.
Plus loin, mais à moins de 20 km de la centrale, la contamination est plus basse, mais il y a encore des spécimens qui dépassent la limite d’autorisation de mise sur le marché.

Lundi 24 juin, TEPCO a mesuré le tritium dans l’eau de mer à proximité du puits où elle avait trouvé une forte concentration en tritium et strontium dans l’eau souterraine. La contamination en tritium de l’eau de mer augmente ! En un point, c’est passé de 500 Bq/l le 10 juin à 1 100 Bq/l le 21. En un autre point, c’est passé de 600 Bq/l le 14 juin à 910 Bq/l le 21. Mais, officiellement, il n’y a toujours pas de fuite !
Sur ce graphe, on voit que la contamination de l’eau de mer en tritium dans le port dépasse les 100 Bq/l depuis le début de la catastrophe. En 2011, lors de la forte fuite en mer, la contamination était beaucoup plus élevée. On voit aussi l’augmentation récente.
Les concentrations naturelles en tritium sont de l’ordre de 0,1 Bq/l et l’on trouve de l’ordre de 10 Bq/l dans la Manche à cause des rejets des installations nucléaires.
La dernière mesure en strontium 90 dans l’eau de mer indiquée sur ce même document date de novembre 2012

Jeudi 27 juin, ce n’est pas une surprise pour les lecteurs de cette page : la centrale de Fukushima daï-ichi continue à fuir dans la mer. Notre argumentation était essentiellement basée sur la présence de tritium dans l’eau de mer qui ne s’accumule pas dans les sédiments et qui n’est pas rejeté par les rivières après lessivage des sols, contrairement au césium. Le fait que la concentration dans l’eau de mer augmente signifie que les fuites s’amplifient. La NRA le reconnaît enfin et suspecte aussi fortement des fuites en mer depuis les réacteurs inondés. Et d’ajouter qu’il est dangereux de supposer que l’eau ne fuit pas. Elle va ordonner à TEPCo de prendre des mesures pour arrêter cette fuite. Est-ce possible ?
D’après les dernières données mises en ligne, la contamination de l’eau de mer par le tritium a encore augmenté. Il y a 1 500 Bq/l au point le plus contaminé.

Mercredi 3 juillet, la NRA a mis en ligne une carte de la contamination des sédiments marins au large de Fukushima. TEPCo, qui a fait les mesures, a aussi publié ces mêmes résultats (sans carte) en mettant en plus des courbes qui montrent l’évolution de la contamination : cela augmente en de nombreux points.

Samedi 6 juillet, nouvelles valeurs de la contamination en tritium de l’eau souterraine et de l’eau de mer. Il y a une légère augmentation par rapport aux valeurs du 1er juillet.

Dimanche 7 juillet, TEPCo a creusé un nouveau puits à proximité des deux autres puits où l’eau est très contaminée et avait mesuré 900 000 Bq/l en bêta total hors tritium. C’était un record (cf 5 juillet). Elle vient de donner les valeurs pour le tritium : 380 000 Bq/l (puits n°1-2). La situation dans ce puits est pour le moins étrange : la valeur pour la contamination bêta totale est nettement supérieure à celle pour le tritium, alors que c’était toujours l’inverse jusqu’à maintenant. Une erreur de mesure ? Espérons-le.
TEPCo a aussi mesuré 99 Bq/l pour le césium 134, 210 Bq/l pour le césium 137, 95 Bq/l pour le ruthénium 106, 62 Bq/l pour le manganèse 56… dans l’eau souterraine prélevée dans ce puits situé à 25 m de la mer. Ce sont aussi des valeurs très élevées pour de l’eau souterraine.
Dans le puits n°1-1, la contamination en tritium est passée à 600 000 Bq/l, un record. C’était 510 000 Bq/l le 5 juillet dernier dans le même puits !
Voir aussi le communiqué de presse en anglais.

Mardi 9 juillet, nouveau record de contamination de l’eau souterraine dans un puits (n°1-2) situé entre la centrale et la mer : TEPCo a annoncé 9 000 Bq/l pour le césium 134 et 18 000 Bq/l pour le césium 137. C’est 90 fois plus qu’il y a 3 jours ! La contamination bêta totale, extrêmement élevée, n’a, quant à elle, pas beaucoup changé.
Des photos et un plan sont disponibles en japonais.

Mercredi 10 juillet, la contamination en césium de l’eau souterraine du puits 1-2 a encore augmenté : 11 000 Bq/l pour le césium 134 et 22 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total, quant à elle semble rester stable.
La NRA, l’autorité de sûreté a reconnu qu’il y avait fort probablement des fuites en mer. Elle va mettre en place un groupe de travail pour essayer de résoudre le problème. Selon le New-York Times, le chef de l’autorité de sûreté a même affirmé que les fuites en mer durent depuis au moins deux ans, comme le disent de nombreuses personnes dont l’ACRO.
TEPCo ne franchit toujours pas le pas.
Pourtant, depuis au moins le 6 mars 2013, il y a du tritium dans l’eau de mer à proximité de la centrale accidentée. Il ne peut venir que de fuites. Des articles scientifiques tentent d’estimer l’ampleur des fuites. Mais TEPCo n’a rien fait. Maintenant que les fuites deviennent plus graves et voyantes, elle va mettre une rustine provisoire dans l’urgence, avec photos et vidéo pour montrer qu’elle est active. Voir le communiqué en anglais et les explications en anglais plus courtes qu’en japonais.
Les valeurs affichées par TEPCo restent surprenantes : la contamination en césium de l’eau du puits n°1-2 a été multipliée par 100 en quelques jours, mais la contamination bêta total, hors tritium, n’a presque pas variée. Celle en tritium non plus.
TEPCo pense que ce sont des particules de sol qui ont fait augmenter la contamination en césium et qu’après avoir filtré l’eau, la contamination était revenue aux niveaux d’il y a 5 jours. Les données sont ici en anglais.
Cela ne contredit pas le fait que la centrale continue à fuir dans la mer car il y a toujours quelques centaines de becquerels de tritium par litre d’eau de mer à proximité. Voir le dernier tableau de données.
Le dernier bilan de l’eau stockée dans les citernes est ici en anglais. Et les derniers résultats de mesure sont ici en anglais.

Vendredi 12 juillet, suite du feuilleton sur les fuites et la contamination des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer : TEPCo publie des données sur la contamination en strontium. La mesure de cet élément prend un mois et les données concernent donc des prélèvements faits le 7 juin 2013 dans les premiers puits creusés. Dans le puits n°1, il y a 1 200 Bq/l de strontium 90. La contamination bêta totale, hors tritium, était de 1 600 et 1 700 Bq/l. Le strontium représenterait donc plus de 70% de la contamination bêta total. Est-ce transposable aux autres puits, dont le puits n°1-2 qui a jusqu’à 900 000 Bq/l en bêta total ? Le strontium se fixe dans les os et est donc très radiotoxique. Ce serait très inquiétant. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
Quant à la contamination du jour en césium dans le fameux puits n°1-2, elle a légèrement baissé : 8 200 Bq/l pour le césium 134 et 17 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total reste stable avec 890 000 Bq/l. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
La contamination en tritium de l’eau du puits 1-1 bat un nouveau record : 630 000 Bq/l. La contamination bêta totale y est de 4 400 Bq/l. Avec 70% de strontium ? Le même document donne aussi des données pour l’eau de mer qui continue à être contaminée au tritium. De nombreux points sont classés ND, pour non détecté, mais la limite de détection est de 120 Bq/l !!!
Le puits n°3 suit aussi ses voisins : la contamination bêta totale est passée de ND le 4 juillet, à 1 400 Bq/l le 11 juillet.
TEPCo n’admet toujours pas qu’il y a des fuites, mais met en place une protection pour empêcher les poissons fortement contaminés du port de s’en aller.

Un bar avec plus de 1 000 Bq/kg a été pêché au large d’Ibaraki. C’est plus de 10 fois la limite fixée par les autorités.

Samedi 13 juillet, TEPCo pense toujours que la forte contamination de l’eau souterraine entre les réacteurs et la mer est due à la fuite qu’il y a eu en avril et mai 2011 et qu’il n’y a pas de fuite nouvelle en mer. Des fosses à proximité de la mer seraient toujours pleines d’eau contaminée qui contaminerait les nappes phréatiques. La contamination ne viendrait pas directement des bâtiments réacteurs. Mais TEPCo n’explique pas d’où vient le tritium dans la mer… Pour la NRA la question de l’origine des contaminations élevées reste ouverte.
Le problème est que TEPCo base toute sa stratégie sur cette seule hypothèse. Elle veut installer une barrière souterraine pour bloquer les écoulements (comme si c’était possible) et pomper l’eau qui est restée dans les fosses (5 000 m3 pour le réacteur n°2 et 6 000 m3 pour le 3). Mais elle risque de faire venir de l’eau contaminée des sous-sols des réacteurs et aggraver la contamination des nappes… Et les niveaux de dose sont élevés, ce qui n’est pas sans conséquence pour les personnes qui travaillent sur ce chantier.
Comme certains indices de radioactivité ne varient pas ou peu et que d’autres varients rapidement, on peut penser que plusieurs origines contribuent à la contamination des nappes phréatiques proches de la mer.

Greenpeace Japon a de nouveau mis en ligne des résultats de mesure de produits de la mer (poissons, coquillages et algues) prélevés dans la province de Fukushima. Certains échantillons sont proches de la limite de 100 Bq/kg.

Lundi 15 juillet, TEPCo a mis de nouveaux résultats de mesure sur l’eau de mer et il y a toujours une forte contamination en tritium, jusqu’à 940 Bq/l. Il y a aussi 41 Bq/l en césium au même point.

Mardi 16 juillet, la plage d’Yotsukura à Iwaki a ouvert pour la première fois depuis l’accident nucléaire. C’est la deuxième plage à rouvrir avec Nakoso l’an dernier. Cette nouvelle plage est plus proche de la centrale.

Mercredi 17 juillet, l’eau des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer continue à être très contaminée. TEPCo publie plusieurs photos, pour changer. Une carte aurait été plus utile…. Il y a toujours une forte contamination en tritium. L’eau du puits 1-2 est aussi fortement contaminée en bêta total et en césium. Pour le césium C’était presque, TEPCo a filtré l’eau et obtenu une concentration inférieure à une quarantaine de Bq/l pour les deux césium. Cette limite de détection est très élevée. 18 000 Bq/l en césium avant filtration.
L’eau de mer près de la centrale continue aussi à être très contaminée en tritium : il y a jusqu’à 2 200 Bq/l ce qui confirme les fuites. Il y a aussi jusqu’à une cinquantaine de Bq/l en césium.
Les poissons dans le port de la centrale sont toujours aussi contaminés : il y a jusqu’à 212 000 Bq/kg en césium. Au-delà, TEPCO continue à trouver de nombreux poissons avec une contamination qui dépasse les 100 Bq/kg en césium, qui est la limite d’autorisation de mise sur le marché. La pêche commerciale n’est donc toujours pas possible. Il y a jusqu’à 670 Bq/kg dans un poisson pêché à 2 km au large de la centrale de Fukushima daï-ni.
Le dernier bilan de l’eau contaminée dans les cuves et les sous-sols est ici en anglais. Cela continue à s’accumuler sans que TEPCo ne puisse donner de calendrier à propos de sa station de traitement. Il est aussi fort peu probable qu’elle obtienne l’autorisation de rejeter en mer l’eau traitée.

-> Les mesures disponibles concernent surtout l’eau de mer. Pour les êtres vivant dans la mer, il faut multiplier ces valeurs par un facteur de concentration. Quelques valeurs de facteurs de concentration sont données. Ce modèle basé sur la concentration directement via l’eau de mer ne marche pas bien qu’il soit utilisé partout. Une partie des poissons est contaminée via la chaine alimentaire à partir des sédiments marins.
-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l’eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici.
-> Les données de mesure officielles du MEXT sont ici et ici en anglais.
-> Simulation de la dispersion de la pollution radioactive dans le Pacifique par JAMSTEC : ici en anglais.

(Sommaire)


Impact sur la faune et la flore

Mercredi 27 mars 2013, une espèce de mollusque gastéropode a disparu de la côte japonaise à proximité de la centrale de Fukushima, selon une étude du National Institute for Environmental Studies. Les chercheurs ne savent pas si c’est dû à la radioactivité. Ces animaux de 3 cm sont très répandus au Japon. Mais il n’y en avait aucun sur 30 km de littoral près de Fukushima, entre Futaba et Hirono. En revanche, il y en avait à Sôma ou Minami-Sôma, qui ont été fortement touchées par le tsunami. Il est donc peu probable que leur disparition soit seulement due au tsunami.

Lundi 1er avril, présentation du Prof. Timothy Mousseau et Anders Møller sur l’impact de la radioactivité sur les être vivants des zones contaminées. Comme le précise, avec humour, la diapo 5, les oiseaux ne boivent pas d’alcool, ne fument pas et ne sont pas dépressifs ! C’est donc un bon indicateur de l’impact sanitaire potentiel des radiations. Et cet impact est visible !

-> Lire notre article sur l’impact de la radioactivité expliqué aux enfants.

(Sommaire)

Evacuation ou vie dans les territoires contaminés

Le 11 mars 2012, la zone des 20 km autour de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi est toujours fermée. Il faut un laisser-passer pour y entrer ou passer à pied par des petits chemins. Environ 80 000 personnes y habitaient. Depuis la fin de la phase d’urgence en décembre 2011, les autorités souhaitent pouvoir laisser rentrer les populations dans les zones pas trop contaminées, après avoir réparé ce qui a été endommagé par le séisme et le tsunami.

D’autres zones ont été évacuées à cause de la forte contamination des sols. Il y a ainsi une bande vers le Nord-Ouest jusqu’à une cinquantaine de kilomètres de la centrale. Le critère d’évacuation est basé sur la seule irradiation externe qui ne doit pas dépasser 20 mSv/an, ce qui correspond à la limite des travailleurs du nucléaire en France. A cela s’ajoutent des points chauds évacués jusqu’à 80 km.

De nombreuses personnes sont aussi parties par elles-mêmes. Le nombre total de personnes évacuées est estimé à 150 000 environ.

Pour le retour des populations dans le rayon de 20 km, le nouveau zonage est  :
–    les zones où l’exposition externe peut dépasser 50 mSv sur un an : les autorités ne savent pas quand un retour sera possible ;
–    les zones où l’exposition externe peut entraîner une dose annuelle comprise en 20 et 50 mSv par an : les autorités comptent sur la décontamination pour permettre aux populations de rentrer d’ici quelques années ;
–    les zones où l’exposition externe entraîne une dose inférieure à 20 mSv par an : les autorités s’engagent à y effectuer les travaux nécessaires pour permettre un retour rapide. En effet, les dégâts du séisme et du tsunami n’ont pas pu être réparés dans cette zone.

Il y a en tout 260 000 personnes dans des logements provisoires, dont 110 000 dans des préfabriqués.

Les Amis de la Terre du Japon ont mis en ligne un rapport en anglais présentant les efforts des citoyens japonais pour la reconnaissance d’un droit à l’exil en cas de vie dans les territoires contaminés par la catastrophe de Fukushima.

Mercredi 13 mars 2013, le Maïnichi vient de découvrir que 3 employés municipaux de Futaba qui ont assisté la police à rechercher les corps des victimes du tsunami dans la zone évacuée n’avaient aucune protection ni dosimètre pendant presque un mois. Les policiers étaient protégés contre la contamination et portaient deux dosimètres. Leurs doses ont été enregistrées. 27 500 personnes ont participé à ces recherches dans les communes de Futaba et Minami-Sôma et l’irradiation externe est restée inférieure à 5 mSv pour chacune d’entre elles. C’est plus que la limite habituelle de 1 mSv.
Mais rien de tel pour ces trois employés municipaux, qui ont participé aux opérations de recherche entre le 22 avril et le 19 mai 2011, alors que leur municipalité avait déjà déménagé à Kazo, dans la province de Saïtama.

Vendredi 15 mars, un beau webdocumentaire sur la catastrophe de Fukushima et la vie dans les territoires contaminés.

Samedi 16 mars, nous en avons déjà parlé jeudi 14 mars, de nombreuses communes situées dans un rayon de 30 km d’une centrale nucléaire, qui doivent préparer un plan d’évacuation de leur population pour lundi 18 mars, ne sont pas prêtes.  C’est pourtant une condition nécessaire pour pouvoir redémarrer les réacteurs. Et les plans des communes qui ont rendu leur copie ne sont pas satisfaisants.
La province de Fukui, avec 14 réacteurs nucléaires, est particulièrement concernée. En juin 2012, elle a écrit rapidement un plan d’évacuation autour de la centrale d’Ôï, pour pouvoir la redémarrer. C’est la seule à fonctionner actuellement. Mais le plan est complètement irréaliste. Par exemple, les habitants de Takahama, à l’Ouest, ne doivent pas partir vers la ville de Maïzuru à 20 km de là, mais rester dans la province, en allant à Tsuruga, à 50 km de là, en passant au plus près de plusieurs réacteurs nucléaires… Le gouverneur de Fukui ne semble pas prêt à travailler avec les gouverneurs des provinces voisines. Il se focalise sur les communes à moins de 5 km pour le 18 mars.
Les plans des provinces voisines de Kyôto et Shiga ne sont pas sans critique : la province de Kyôto prévoit d’évacuer ses habitants vivant à moins de 30 km des centrales de Fukui à Maïzuru. Mais, on ne sait pas comment, ni où ces personnes seront hébergées.
Rien n’est prévu, non plus, si le lac Biwa, qui abreuve en eau potable 14,5 millions de personnes, est contaminé.
A Shizuoka, autour de la centrale de Hamaoka, il y a 860 000 personnes dans un rayon de 30 km. Comment trouver les bus et les chauffeurs pour les évacuer ?

Le Japan Times consacre un article intéressant au projet “Shinsai Big Data”, ou base de données de la catastrophe sismique. Les enregistrements des téléphones portables ou des GPS permet de suivre la réaction des gens au moment de la fuite face au tsunami et d’abaisser le nombre de victime la prochaine fois. Il apparaît, par exemple, que les personnes sont commencé à fuir le plus loin possible de la côte, comme elles devaient le faire, puis que de nombreuses voitures ont fait demi-tour pour retourner dans les zones qui seront inondées. Elles seraient aller secourir des proches et cela leur a été fatal. D’autres mouvements montrent un point d’arrêt. Les gens se seraient donc rassemblés dans la zone d’évacuation prévue, qui a été inondée, alors qu’ils auraient eu le temps d’aller plus loin et être sauvés. De nombreuses personnes ont été bloquées dans les embouteillages.
Les mails et autres SMS ont aussi été très utiles pour retrouver des disparus. Il y a eu 180 de tweets au Japon le 11 mars 2011. Comment les exploiter ? Qu’en est-il de l’évacuation due à la catastrophe nucléaire ? Peut-on en tirer des informations similaires ?

Lundi 18 mars, date limite pour soumettre son plan d’évacuation à la NRA en cas d’accident nucléaire. 135 communes et 21 provinces ayant des habitants à moins de 30 km d’une centrale nucléaire sont concernées. Selon le Maïnichi, 59 communes et 13 provinces sont dans les temps. Mais seulement 58 communes et 12 provinces auraient trouvé un lieu d’accueil. Mais il n’y a pas que l’évacuation à prévoir. Et seulement 30 municipalités et 8 provinces sont prêtes.
A Ibaraki, par exemple, où 940 000 personnes vivent à moins de 30 km des installations nucléaires, cela semble impossible d’évacuer toute le monde en cas d’accident. Les autorités locales en appellent au gouvernement. A Shizuoka non plus, il n’y a pas encore de lieu d’accueil pour tout le monde.
Selon le Yomiuri, seulement 29 communes sont prêtes. 120 (ou 80%) pensent avoir fini à l’automne 2013. 7 autres se donnent jusqu’à mars 2014.

Dimanche 14 avril, en juin 2011, plusieurs familles avaient porté plainte pour obtenir l’évacuation des enfants des zones contaminées. La cour d’appel devrait rendre son verdict bientôt. Les familles, qui habitent à Kôriyama, ont saisi la justice au nom de 14 enfants pour obtenir le droit de vivre dans une zone où l’exposition à la radioactivité artificielle ne dépasse pas 1 mSv/an. Elles ont été déboutées en décembre 2011.

Mercredi 24 avril, le maire de Minami-Sôma, K. Sakuraï, a fait le bilan des 3 catastrophes qui ont frappé sa ville en 2011 devant la délégation des 3 CLI du Nord-Cotentin en voyage au Japon :
– il y avait 71 000 habitants avant la catastrophe. Ce nombre est descendu à 10 000 et est actuellement de 46 000. 25 000 autres ne sont pas revenus.
– le tsunami a entraîné le décès de 686 habitants. 406 autres, des personnes âgées essentiellement, sont décédées à cause de l’évacuation forcée qui a fait suite à la catastrophe nucléaire.

Jeudi 25 avril, nous en avions parlé le 14 avril, plusieurs familles avaient porté plainte au nom de leurs enfants pour obtenir le droit à évacuer avec compensations de la ville de Kôriyama, qu’elles considèrent trop contaminée. Elles avaient déjà été déboutées en décembre 2011 et avaient fait appel de la décision. Elles viennent à nouveau d’être déboutées.

Mardi 7 mai, le nombre d’enfants scolarisés à Fukushima a chuté et est passé sous la barre des 100 000. C’est 19 000 de moins qu’avant la catastrophe. L’Asahi rapporte que dans deux écoles, il n’y a plus qu’un seul élève. C’est le cas d’Ônami, située à 57 km de la centrale, où un seul garçon de 11 ans vient en classe (l’école primaire dure 6 ans au Japon) et est en dernière année. Il y avait 41 élèves avant la catastrophe. Trois personnes sont là pour s’occuper de lui…

Samedi 11 mai, le ministère de l’environnement a annoncé qu’il allait revoir les règles d’évacuation pour prendre en compte les animaux de compagnie.

Samedi 25 mai, la limite d’évacuation a fixée à 20 mSv/an par les autorités japonaises. Elle est de 10 mSv/an en France. Aux Etats-Unis, c’est 20 mSv la première année et 5 mSv la suivante. En Biélorussie, c’est 5 mSv qui a été appliquée 5 ans après le début de la catastrophe. 20 mSv/an correspond à la limite pour les travailleurs du nucléaire et c’est 20 fois plus que la limite pour la population générale en temps normal. Cette limite n’a pas été accepté par les populations qui ont tenté d’infléchir la décision gouvernementale. Evacuer à 10 mSv/an aurait entraîné le déplacement de 70 000 personnes supplémentaires selon l’IRSN. Cela a un coût et les autorités doivent choisir entre les finances publiques et la santé publique. Ce sont souvent les finances qui gagnent…
Le quotidien Asahi a eu accès à des documents officiels qui permettent de comprendre cette décision de maintenir une limite d’évacuation à 20 mSv/an. Le 17 octobre 2011, lors d’une réunion informelle de membres du gouvernement, le ministre de l’environnement, en charge de la catastrophe nucléaire, a proposé de baisser la limite d’évacuation à 5 mSv/an et a défendu sa proposition en arguant que le fossé entre 1 et 20 mSv est trop grand. Et puis, au Japon, une zone est classée en “zone contrôlée” à partir de 5,2 mSv/an. Et aussi, un travailleur du nucléaire qui a eu une leucémie après avoir reçu une dose de 5 mSv a pu faire reconnaître sa maladie en maladie professionnelle. Tous ces arguments ont fait pencher les ministres présents en faveur de la limite de 5 mSv/an pour ordonner des évacuations. Mais lors d’une autre réunion qui a eu lieu le 28 octobre 2011, le ministre de l’intérieur et le secrétaire du gouvernement ont refusé de changer la limite. 13% de la surface de la province de Fukushima est à plus de 5 mSv/an, dont une partie des villes de Fukushima et de Kôriyama. “La province ne peut pas survivre avec une évacuation à 5 mSv/an et puis il y a le problème des indemnisations”. Tels ont été les arguments qui ont fait pencher la balance en faveur du maintien d’une limite élevée. Et le 4 novembre, c’est la limite de 20 mSv qui a été adoptée.
Evidemment, ces arguments n’ont jamais été présentés au public qui n’a eu droit qu’à des affirmations qu’en dessous de 20 mSv/an, il n’y a aucun problème.
Maintenant que les autorités veulent que les populations rentrent chez elles pour ne plus à avoir à les indemniser, c’est toujours la limite de 20 mSv/an qui est gardée, même si un objectif d’un retour à 1 mSv/an est annoncé, sans calendrier. Et comme la décontamination n’apporte pas les résultats escomptés, il est peu probable que cette limite soit atteinte rapidement.

Mardi 28 mai, il y a 24 000 réfugiés de la catastrophe nucléaire à Iwaki. Cela ne va pas sans poser des frictions avec les habitants à cause de la congestion des services publics comme l’hôpital ou pour trouver un logement. Et puis, les réfugiés peuvent vivre sans travailler grâce aux compensations de TEPCo, ce qui provoque des jalousies. Ce regard est dur pour les réfugiés qui rêvent donc de pouvoir rentrer ou s’établir ailleurs pour reprendre une vie normale.

Vendredi 7 juin, l’IRSN a remis à jour son bulletin d’information à destination des Français expatriés au Japon.

Lundi 1er juillet 2013, l’ancien maire de Futaba avait emmené son administration et une partie de ses habitants se réfugier dan un lycée désaffecté de la banlieue de Tôkyô, dans la province de Saïtama. La nouvelle équipe municipale a décidé de déplacer les services munisipaux à Iwaki dans la province de Fukushima, mais une centaine de personnes âgées qui continuent de vivre dans un ancien lycée de Kazo ne veulent pas partir. L’âge moyen des 109 personnes est de 68 ans et trente ont besoin de soins. Ces réfugiés préfèrent l’inconfort à la solitude des logements provisoires qui leur sont proposés.
Le maire de Kazo est prêt à continuer à les héberger car sa commune qui a bénéficié de l’énergie nucléaire. Il doit donc continuer à les aider jusqu’à ce qu’ils retrouvent le sourire.
C’est le dernier centre d’évacuation collectif du pays. Tous les autres victimes des 3 catastrophes ont été relogées, parfois dans des mobile homes.

-> Des photos de la zone d’exclusion sont disponibles ici.

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“Décontamination” et déchets radioactifs

 Décontamination et retour des habitants

Les autorités japonaises pensent pouvoir décontaminer de larges portions du territoire. Le gouvernement va prendre en charge la décontamination dans la zone d’exclusion en commençant par les zones où l’exposition externe peut conduire à une dose annuelle comprise entre 10 et 20 millisieverts par an avec comme objectif de passer sous la barre des 10 mSv/an. Pour les lieux accueillant des enfants, c’est la valeur de référence de 5 mSv/an qui est visée.

Pour toutes les autres zones où la contamination des sols peut entraîner une dose annuelle supérieure à 1 mSv et qui n’ont pas été évacuées, le ministère de l’environnement a publié une ordonnance  le 14 décembre 2011 pour les décontaminer. Il revient aux municipalités de proposer un plan et le gouvernement financera. Plus de 100 municipalités sont concernées. Le gouvernement s’est aussi engagé à prendre à sa charge tous les déchets radioactifs issus de ces opérations qui présentent une contamination en césium supérieure à 8 000 Bq/kg.

Les premières expériences ne permettent pas d’être optimiste. Ce sont trois grosses compagnies de BTP qui ont emporté les premiers marchés de décontamination alors qu’elles n’ont aucune compétence particulière. Dans les faits, l’essentiel du travail est effectué par des sous-traitants qui embauchent des journaliers. Les habitants d’Iitaté ont commencé à décontaminer par eux-mêmes avec l’aide d’universitaires. Leur conclusion est qu’il faut commencer par décontaminer les forêts et montagnes avoisinantes, autrement il faut tout recommencer régulièrement.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, alors que l’on approche de la fin de l’année fiscale (31 mars), les autorités régionales des trois provinces les plus touchées, Iwaté, Miyagi et Fukushima, ainsi que 34 communes s’apprêtent à reporter à l’exercice suivant 1 400 milliards de yens (11 milliards d’euros) dédiés à la reconstruction selon un bilan fait par le Yomiuri. A Iwaté et Fukushima, c’est 90% de budget de reconstruction qui va être reporté d’une année.
Qu’est qui freine la reconstruction ? Le manque de main d’oeuvre est un problème crucial. La pénurie de matériau aussi. Le prix du béton a fortement augmenté dans les régions sinistrées.
A Fukushima, s’ajoute le problème de la “décontamination” qui n’avance pas. A Iwaki, la municipalité avait prévu de “décontaminer” 9 000 maison en 2012. Elle n’en a décontaminé que 12 car elle ne sait où mettre les déchets générés.
Selon l’Asahi, 60% des habitants de Fukushima qui ont dû fuir à cause des dangers de la radioactivité ne pourront pas rentrer chez eux avant 2017. Cela représente 54 000 personnes. Il s’agit surtout des habitants d’Ôkuma et Futaba, où est située la centrale, ainsi que de Namié et Tomioka. Et parmi ceux qui pourront rentrer, beaucoup ne le feront pas : 30 à 50% selon les municipalités. Ce sont surtout les familles avec de jeunes enfants.

Le Japan Times consacre un article au millier de réfugiés de Fukushima qui vivent à Kyôto. Ce sont beaucoup de familles monoparentales (la mère et les enfants) car le père est resté pour des raisons professionnelles. Même si le logement est gratuit car au soutien des autorités régionales, le coût financier de la séparation est lourd pour ces familles. A cela s’ajoutent le stress de la séparation et les interrogations sur l’avenir. Le logement gratuit n’est garanti que jusqu’à la fin 2014. Que va-t-il se passer ensuite ? La majorité aimerait pouvoir rentrer dans le Nord-Est (Tôhoku), mais la crainte des radiations rend leur retour difficile, voire impossible.
La branche locale de la Japan Federation of Democratic Medical Institutions, propose des échographies de la thyroïde, ce qui rassure les familles qui n’ont pas confiance dans les tests officiels menés par les autorités régionales de Fukushima.

La province de Fukushima a encore perdu 12 000 habitants en un an. 90% des communes de Fukushima sont touchées par cet exode, mais c’est dans les grandes villes qu’il est le plus fort, bien entendu. A titre de comparaison, Iwaté a perdu 2 500 personnes et Miyagi, a gagné 5 700 habitants.

Mardi 12 mars, plus de 30% des familles qui vivaient dans des communes proches de la centrale sont éclatées : dans la plupart des cas, le père est resté pour le travail alors que la mère et les enfants sont partis pour protéger les enfants. C’est 46,7% à Namié, 39,2% à Futaba, 34,9% à Tomioka et 31,2% à Ôkuma.

Des résidents de Fukushima veulent planter 20 000 sakura (cerisiers à fleur) le long de 190 km de routes côtières afin de rendre les lieux plus accueillants quand un retour sera possible.

Mercredi 13 mars, les autorités avaient tenté de maintenir les établissements scolaires des zones évacuées dans d’autres lieux. Certains réfugiés devaient donc faire de nombreux kilomètres pour pouvoir continuer à aller en classe avec leur camarades. Mais cela n’est pas tenable à long terme et de plus en plus d’écoliers, collégiens et lycéens s’inscrivent dans des établissements plus proche de leur lieu de vie. L’équivalent du rectorat est à la croisée des chemins et il n’a pas pris de décision pour la rentrée 2014 quant au maintien des lycées.

Selon des reporters de Canal+, qui sont allés enquêter sur la décontamination, des déchets radioactifs ont été utilisés pour rebâtir une digue face à la mer. Ils sont simplement empilés dans des sacs plastique sans aucune autre protection. Voir l’émission “effet papillon” du 9 mars 2013. Des photos sont aussi disponibles ici.
On voit aussi dans le reportage les projets d’agriculture hors-sol à Kawauchi, village pionnier dans la “reconquête” des territoires évacués, montré en exemple à Tôkyô. On comprend que les retours soient si peu nombreux.

Lundi 18 mars, TEPCo a proposé aux habitants de Katsurao de creuser des puits pour les alimenter en eau quand ils rentreront après avoir été forcés à évacuer. Le village, situé à une trentaine de kilomètres de la centrale, capte son eau dans une rivière qui est maintenant contaminée. L’eau souterraine ne devrait pas l’être. TEPCo offre se service à titre de dédommagement et les habitants ont accepté.

Samedi 23 mars, selon l’Asahi, qui continue d’enquêter sur les conditions de travail des “décontamineurs”, les employeurs ont ordonné aux ouvriers de mentir sur leur prime en cas d’inspection inopinée. Il publie un fac-similé d’un document de la compagnie Maeda en date du 15 novembre 2012 qui prévient les ouvriers qu’il y aura une inspection “surprise” du ministère du travail. Et de menacer de sanctions financières si les inspecteurs n’étaient pas trompés.
Maeda avait convoqué ses sous-traitants le 12 novembre pour les prévenir de l’inspection et les obliger à ne rien révéler. Et l’inspection a bien eu lieu comme annoncé.
Le quotidien a recueilli les témoignages de deux ouvriers qui ont avoué avoir menti aux inspecteurs.
Il cite aussi un autre cas à Tamura où un ouvrier a enregistré les ordres du sous-traitant qui l’employait, juste avant une inspection “surprise” : “Vous allez être interrogés individuellement. Je serais content si vous déclariez aux inspecteurs la somme que vous êtes supposés recevoir et pas la somme que vous recevez effectivement. Ce que vous rapportez à la maison n’inclut pas le coût de la chambre et les repas. La réponse correcte est 15 700 yens (128 euros), qui correspond au salaire minimum et à la prime”. Et de menacer les ouvriers de perdre leur emploi si l’un d’entre eux dénonçait les pratiques de siphonage. “Vous pouvez avoir votre propre opinion, mais j’espère que vous vous comporterez en pensant à ce qui peut arriver aux autres”.
Ce sous-traitant avait déjà été pris sur le fait, alors qu’il rejetait des déchets radioactifs dans l’environnement.

Lundi 25 mars, certaines zones de Tomioka ont vu leur accès changer lundi 25 mars : les habitants pourront y retourner dans la journée, mais pas y séjourner. 70% de la ville serait passés sous la limite de 50 mSv/an, ce qui reste très élevé. L’accès au célèbre tunnel de sakura (cerisiers en fleur) du parc Yonomori devrait donc être partiellement autorisé cette année. Une partie est encore trop contaminée. Des travaux de décontamination sont en cours pour permettre la visite en bus.
Le retour des habitants ne sera pas possible avant au moins 4 ans. En ce qui concerne les zones où la contamination dépasse encore 50 mSv/an, l’accès sera interdit, sauf avec un laisser passer. Cela nécessitera pas mise en place de 128 barricades.
Il en sera de même pour certaines zones de Namié, à partir du 1er avril prochain.

Jeudi 28 mars, à la demande du maire, Google est allé photographier la ville de Namié et l’on peut se promener virtuellement dans les décombres de la ville abandonnée à cause de la radioactivité grâce à “street view”.

Samedi 30 mars, alors que l’année scolaire vient de se terminer, les écoles, collèges et lycées des communes évacuées ont du mal à recruter et sont menacés de fermeture. C’est donc une institution clé du lien social entre les personnes évacuées qui risque de disparaître. Le lycée de Namié, par exemple, avait environ 300 élèves avant la catastrophe. Relocalisé à Motomiya, 47 élèves de terminale viennent de partir. Ils étaient 22 en 1ère et 7 en seconde. Le nombre d’inscrits en seconde pour la rentrée prochaine ne suffit pas pour dépasser le seuil de 40 élèves nécessaires à l’ouverture du lycée.

Le conseil de radioprotection, qui était présidé par le Prof. Niwa et qui dépendait du ministère de l’éducation, des sciences et technologies, a été rattaché à la nouvelle autorité de sûreté, qui est indépendante depuis septembre 2012. Mais, les critères de sélection sont strictes et personne n’a été recruté. Tous les anciens membres, qui avaient des liens trop étroits avec l’industrie nucléaire, ne peuvent plus être qualifiés.
Le gouvernement, qui compte sur les conseils de ce comité pour définir les règles de retour, va voir ses plans retardés. La limite d’évacuation de 20 mSv/an (qui ne prend en compte que l’irradiation externe) devrait être revue à la baisse (enfin !) avant de permettre un retour, mais quelle limite va être choisie ?

Lundi 1er avril, les restrictions d’entrée viennent d’être levées dans une partie de la municipalité de Namié, la partie Est, près de la côte : il s’agit de la zone la plus peuplée de la ville, avec environ 20 000 habitants avant la triple catastrophe (80% de la population totale de la ville). Les habitants ne sont pas autorisés à y passer la nuit.La mairie va aussi rouvrir durant la journée.
Les derniers relevés de débit de dose dans les zones évacuées au-delà des 20 km sont ici. Les abords immédiats des balises ont souvent été “décontaminés” et les chiffres affichés sont généralement inférieurs à ce que l’on peut mesurer dans la zone.

Jeudi 4 avril, le nombre d’enfants scolarisés à Minami-Sôma n’évolue plus beaucoup, ce qui laisse présager que ceux qui sont partis ne reviendront pas de si tôt. Le 22 avril 2011, peu de temps après la triple catastrophe, il n’y avait que 30% des enfants dans les écoles primaires et 43% dans les collèges. A la rentrée d’avril 2012, un plus tard, il y avait respectivement 50 et 64% des enfants dans les écoles et collèges de la ville. Pour la rentrée 2013, qui aura lieu le 8 avril, l’inspection académique prévoit que ces chiffres passeront à 56 et 67% (2 020 élèves du primaire sur 3 603 et 1 259 collégiens sur 1 873). Les autres restent dans les écoles où ils sont partis se réfugier tout en étant inscrit comme résidents de Minami-Sôma.

Vendredi 5 avril, le Maïnichi revient sur les conditions de travail déplorables sur les chantiers de “décontamination” pilotés par le gouvernement. Ce sont des majors du BTP qui ont remporté les marchés et sur le terrain, ce sont des travailleurs journaliers embauchés tout en bas d’un millefeuilles de sous-traitance. Outre que les salaires sont très bas, les conditions de vie étaient indignes : des maigres repas, un bungalow de 12,5 m2 pour trois pour la nuit… La dame qui fournissait les repas a eu comme instruction de ne pas dépenser plus de 100 yens (0,80 euros) pour le petit déjeuner et 200 yens (1,60 euros) pour le dîner. Tout ça pour un travail physique épuisant. Quant au salaire de la personne de 59 ans qui a témoigné, il était de 11 000 yens par jour (moins de 100 euros) : 10 000 yens de prime de risque due à la radioactivité et 1 000 yens de salaire ! Le salaire minimum est plus de 5 fois plus élevé. En fait, quand il a signé le contrat, la case “salaire” était vide. Mais en consultant le contrat d’un collègue, il s’est rendu compte que la salaire journalier était de 15 700 yens : 10 000 yens de prime et 5 700 yens de salaire. Mais la compagnie prélève 1 000 yens pour la nourriture et 3 700 pour le logement.
Cet exemple était à un troisième niveau de sous-traitance et la prime de risque a été partiellement mangée par les intermédiaires. L’employeur a donc recours à des subterfuges pour justifier la ponction.
Le système est donc fait pour que les majors s’en mettent plein les poches sur le dos des personnes qui font le travail harassant et des contribuables.

Lundi 8 avril, c’est la saison des sakura en fleur à Tomioka, village évacué, où le parc de Yonomori est très célèbre pour ses 2,5 km de route sous un tunnel fleuri. L’an dernier, quelques journalistes s’y étaient rendus dans une combinaison de protection. Cette année, 300 m ont été rouverts au public pendant la journée, après une décontamination partielle, mais les visiteurs sont peu nombreux. Ils étaient 100 000 par an avant la catastrophe.

Vendredi 12 avril, des agriculteurs de Hirono vont reprendre la culture du riz après deux ans d’arrêt dans la moitié des 210 hectares de rizière. Quelques essais avaient été menés l’an dernier et le riz produit ne dépassait pas les limites de contamination. Les 5 200 habitants de la commune ont été évacués. Seulement 10% sont revenus.

Lundi 6 mai, l’Asahi poursuit son enquête sur la décontamination bâclée alors qu’un Yakuza vient d’être condamné à Yamagata pour avoir détourné une partie de la paye des sous-traitants qu’il a envoyé faire le sale boulot. Il est très difficile d’évaluer l’ampleur de la main-mise de la pègre sur ces chantiers très lucratifs. Dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre, les employeurs ne sont pas trop regardants. Il y a des dizaines de milliers de compagnies sous-traitantes impliquées dans les nombreux chantiers. Le cas de Yamagata avec condamnation était à un troisième niveau de sous-traitance.

Mardi 7 mai, c’est au tour de Futaba d’être “rezoné” : la plus grande partie de la commune a une contamination qui entraîne une dose annuelle supérieure à 50 mSv et est donc classée en zone de “retour difficile”. L’accès y est interdit pendant au moins quatre années. Seule une toute petite partie, avec 250 habitants sur 6 520 va rouvrir. C’est la dernière commune située dans un rayon de 20 km à être rezonée. L’entrée en application aura lieu le 27 mai à minuit.

Jeudi 9 mai, une station médicale a ouvert dans la mairie de Namié, dans une zone évacuée. Elle est là pour prendre en charge les résidents qui rentrent chez eux durant la journée et qui en aurait besoin, avec un médecin et une infirmière présents de 9h30 à 15h. C’est le premier centre de ce type à ouvrir à moins de 20 km de la centrale de Fukushima daï-ichi.

Vendredi 17 mai, selon la télévision nationale NHK, la décontamination a très peu avancé. Dans les zones évacuées, c’est le gouvernement qui en la charge et il a délégué le travail à des majors du BTP. Seulement 4% des terrains ont été décontaminés. Ailleurs, ce sont les municipalités qui prennent en charge les travaux, avec une aide financière du gouvernement : seulement 5% des habitations qui devaient être décontaminées ont été nettoyées. Et où les travaux ont eu lieu, ce n’est souvent pas suffisant : il y a toujours plus de 1 mSv/an pour 77% des terrains décontaminés. Bref, le bilan n’est pas concluant et cette toute la politique de retour qui est à revoir.

Mardi 21 mai, environ 500 bénévoles tentent de décontaminer les rues où aura lieu un festival début juin, afin de rassurer les touristes. Il s’agit du Tôhoku Rokkon Saï qui sera célébré les 1er et 2 juin. Le débit de dose aurait baissé dans la plupart des lieux, parfois jusqu’à 90%. Un des organisateurs ne veut pas s’arrêter là et veut continuer après le festival.

Mercredi 22 mai environ 44% des réfugiés des catastrophes du 11 mars 2011 qui se sont installés à Tôkyô veulent y rester. Ils étaient 37% l’an dernier. 32% ont répondu vouloir rentrer, contre plus de 50% l’année précédente. L’enquête a été distribuée à 3 555 foyers par les autorités régionales. 1 139 ont répondu, dont 81% de Fukushima. Parmi les réponses, 26% des foyers ont maintenant un membre avec un emploi stable à Tôkyô, mais pour 50% des foyers, c’est toujours le chômage.

Mardi 28 mai, la commune de Futaba vient d’être rezonée. La plus grande partie restera interdite d’accès car le débit de dose y est trop élevé. L’irradiation externe y serait supérieure à 50 mSv/an en cas de retour. Les habitants pourront retourner pour la première fois chez eux dans les zones moins contaminées situées près du littoral. Il ne sont pas autorisés à y rester la nuit. Seulement 4% des 6 500 habitants vivent dans les trois quartiers côtiers. Un retour définitif nécessitera aussi de nouvelles protection contre les tsunamis.
C’est la dernière commune à être rezonée. Pour les 9 communes de la zone des 20 km, 70% des 77 000 habitants peuvent maintenant rentrer chez eux durant la journée, sans pouvoir y résider. Les sacs de déchets radioactifs issus des travaux de la décontamination s’y accumulent. Les autorités espèrent que les premiers retours seront possibles au printemps prochain, mais les habitants sont pessimistes. Ils craignent aussi qu’il n’y ait plus de jeunes et d’enfants dans ces communes.

Samedi 1er juin, le Tôhoku Rokkon Matsuri qui regroupe des festivals des régions du Tôhoku a eu lieu à Fukushima cette année. Il a été suivi par 120 000 spectateurs environ.

Samedi 8 juin, selon les statistiques du ministère de l’environnement, seulement 25% des 138 700 habitations de sept provinces autres que Fukushima ont été complètement décontaminées en mars dernier. Le gouvernement suit de près 58 communes pour établir ses statistiques. En revanche, 98% des écoles et 80% des parcs et gymnases l’ont été. Du côté des forêts, cela descend à 1%.

Mardi 11 juin, deux grandes routes traversent les zones interdites d’accès où la dose annuelle externe dépasse les 50 mSv. Elles ne sont utilisées que par les personnes autorisées à pénétrer dans la zone. Les autorités veulent faciliter le passage pour éviter de grands détours à partir du lundi 17 juin. Il faudra demander un laisser-passer.
Le gouvernement veut commencer à décontaminer ces zones interdites à partir de septembre 2013.

Vendredi 14 juin, en plus des personnes évacuées par zones, d’autres foyers ont dû quitter leur maison situées à proximité d’un point chaud. L’exposition externe aurait dépassé 20 mSv/an. 485 personnes réparties dans 128 foyers sont concernées à Daté et 3 personnes d’une même famille à Kawauchi. Le gouvernement a déclaré, il y a exactement 6 mois jour pour jour, que les ces personnes pouvaient rentrer sans danger, mais 284 (59%) d’entre elles ne sont pas rentrées. La famille de Kawauchi s’est rapprochée, mais vit toujours dans un logement provisoire.
A Daté, des agriculteurs n’ont pas encore repris la culture du riz, même si l’interdiction a été levée, car ils pensent qu’ils n’arriveront pas à le vendre.

Dimanche 16 juin, c’est un secret pour personne, la décontamination promise par les autorités n’est pas réaliste. Le gouvernement refuse de l’admettre officiellement, mais suggère discrètement aux autorités locales que ses ambitions ne seront pas réalisées. Selon l’Asahi, il fait savoir que les délais ne seront pas tenus. Il va aussi refuser de redécontaminer les zones où la décontamination n’a pas entraîné une baisse significative du niveau de dose.
D’un autre côté, on ne compte plus les déclarations dans les médias où le gouvernement affirme qu’il va accélérer la décontamination. Il l’a encore répété en mars dernier et a prévu de dépenser 1 500 milliards de yens durant cette année à cet effet.
Mais les difficultés s’ajoutent : problèmes pour trouver un site de stockage, retard dans l’avancement des travaux (1% des maisons à Iitaté par exemple), recontamination…
Les élus locaux demandent que le gouvernement l’admette officiellement. C’est important pour les personnes forcées à évacuer. De plus en plus de personnes se demandent s’il est utile de dépenser autant d’argent à des tâches inutiles et qu’il faudrait mieux l’utiliser à reconstruire la vie des réfugiés ailleurs. 40% d’entre eux ne sont pas prêts à rentrer. Ce sont surtout les personnes âgées qui veulent retourner chez elles.
Mais avec l’approche des élections à la chambre haute, il est difficile de changer officiellement la politique affichée.

Lundi 17 juin, la mairie de Futaba, qui était dans un lycée désaffecté de la banlieue de Tôkyô (Saïtama), a fini par déménager à Iwaki, dans la province de Fukushima. C’est le quatrième emplacement des services municipaux depuis le début de la catastrophe (nous avions déjà raconté la saga de cette municipalité et de ses habitants).
3 782 habitants de Futaba se seraient réfugiés à Fukushima et 3 132 dans d’autres provinces. 110 personnes vivent encore dans le lycée désaffecté de Kazo (Saïtama) et ne savent pas où aller. Sur les 89 employés municipaux, 67 vont travailler à Iwaki et 11 restent à Kazo. Les autres sont dans une branche à Kôriyama. Quant à la population, elle pourrait bien rester dispersée malgré les efforts de la mairie de regrouper ses habitants et maintenir le tissu social.

Lundi 24 juin, le ministère de l’environnement a annoncé que la décontamination du district de Miyakoji dans la commune de Tamura était terminée. Les 380 habitants devraient pouvoir rentrer à partir de la mi-août. Par ailleurs, les routes, l’électricité, l’eau ont presque été rétablis. Un centre de soin aussi.
Ce district est à moins de 20 km de la centrale, mais pas dans la zone la plus contaminée. Selon les autorités, le débit de dose aurait baissé de 24 à 56%. Mais sans rien faire, il a baissé de 40% en moyenne depuis le début de la catastrophe. Ces chiffres ne représentent pas une performance exceptionnelle. Le débit de dose y serait de 0,32 à 0,56 microsievert par heure. C’est encore beaucoup plus qu’avant la catastrophe, mais les autorités annoncent sans vergogne que de tels niveaux ne posent pas de problème pour la santé. La dose annuelle dépasse pourtant le millisievert.

Vendredi 28 juin, la décontamination engagée n’est pas aussi efficace qu’espérée. A Kawauchi, par exemple, 1 061 maisons évacuées ont été décontaminées et dans 480, le débit de dose entraînerait une dose annuelle supérieure à 1 mSv/an. La municipalité a lancé sa propre expertise en avril 2013 et envisage de refaire une décontamination. En juin de cette année, elle a contrôlé 160 maisons à l’aide d’une caméra gamma qui permet de repérer les points chauds. Elle espère terminer en avril 2014 et va demander au gouvernement une deuxième campagne de décontamination.
A Hirono, ce sont 1 908 maisons qui ont été décontaminées et le débit de dose n’a quasiment pas baissé dans nombre d’entre elles. La municipalité réclame aussi une deuxième campagne. Mais le gouvernement n’a rien promis pour le moment.

Samedi 29 juin, le gouvernement commence à comprendre que la décontamination est souvent un échec, mais il pousse toujours à un retour rapide des populations évacuées à cause du coût des indemnisations. Lors d’une réunion avec les habitants de Miyakoji dans la commune de Tamura qui a eu lieu le 23 juin, les habitants réclamaient une nouvelle campgne de décontamination et le gouvernement leur a proposé… des dosimètres. Les débits de dose actuels varient de 0,32 à 0,54 microsievert par heure. Les habitants réclament un seuil de 0,23 microsievert par heure, qui correspond à 1 millisievert par an (pour cela, les autorités comptent 8 heures par jour à l’extérieur et le reste du temps à l’intérieur avec un facteur d’écran qui diminue la dose reçue comme si l’intérieur des maisons n’était pas contaminé). Mais les autorités prétendent que l’on peut recevoir moins d’un millisievert par an en contrôlant la dose reçue, même dans les zones les plus contaminées.
L’Asahi, qui rapporte l’affaire, a voulu interroger le ministre de l’environnement, qui a d’abord nié. Mais quand le quotidien lui a fait écouter des enregistrements audio de la réunion, il a refusé de répondre.

Vendredi 12 juillet :
• Le gouvernement a reporté 60% des fonds de 2012 destinés à la décontamination, selon l’Asahi. Dans les zones les plus contaminées, c’est le gouvernement qui a la charge de la décontamination. Ailleurs, ce sont les communes, qui se font ensuite rembourser par le gouvernement, qui enverra ensuite la facture à TEPCo. 36 communes sont ainsi concernées à Fukushima et elles n’ont dépensé que 40% du budget qui leur était alloué.
Les plans de décontamination des communes sont souvent rejetés par le gouvernement car ils satisfont pas exactement au cahier des charges ou parce qu’ils coûtent trop chers. Et puis, il n’y a toujours pas de solution pour les déchets radioactifs engendrés. Un fonctionnaire du ministère de l’environnement a expliqué au Asahi qu’il doit prendre en compte les critères fixés par TEPCo pour espérer se faire rembourser un jour. La compagnie refuse toujours de rembourser 16 milliards de yens sur une facture de 21 milliards.

JDC Corp., une compagnie qui participe aux travaux de décontamination, a rejeté 340 m3 d’eau contaminée dans la rivière Iizaki. Cette rivière est utilisée pour l’irrigation de Minami-Sôma. La compagnie prétend avoir eu le feu vert de la Japan Atomic Energy Agency qui l’a engagée et que l’Etat a prévenu les autorités locales. Ces dernières nient et prétendent n’avoir jamais été informées. La Japan Atomic Energy Agency prétend avoir informé verbalement la mairie et la région du rejet.
Il s’agissait d’un des premiers chantiers tests menés par la Japan Atomic Energy Agency qui a fait appel à la JDC Co.. Il a eu lieu entre décembre 2011 et février 2012 dans l’école primaire de Kanabusa et autour. Le chantier a généré 609 m3 d’eau contaminée. 269 m3 ont été traitées et les 340 m3 restant ont été rejetés dans la rivière qui irrigue les rizières. 16 MBq ou 16 millions de becquerels auraient été rejetés dans la rivière. Pour 60 m3, la contamination de l’eau était de l’ordre de 100 à 121 Bq/L.

Samedi 13 juillet, en lavant la route avec de l’eau sous pression, la JAEA a pu faire baisser le débit de dose de 20 microsieverts par heure à 5 microsieverts par heure. Quand on voit la taille des appareils et que l’on compare à la surface de bitume à décontaminer, c’est un travail sans fin. Le test a eu lieu à Ôkuma.

Lundi 15 juillet, il y a toujours 100 000 personnes qui vivent dans les logements provisoires au Japon suite à la triple catastrophe du 11 mars 2011. Et il y a 300 000 déplacés en tout. Le gouvernement Abe a augmenté le budget dédié à la reconstruction, de 19 000 milliards de yens à 25 000 milliards de yens d’ici 2015, mais c’est sans effet. Seulement 1,2% des projets de construction d’habitation de l’état ont abouti. C’était presque le même chiffre sous le gouvernement précédent.
Une partie de l’argent a été détourné. Mais ce sont surtout les problèmes techniques qui freinent : il n’y a pas assez d’experts pour repenser l’aménagement des sites dévastés. La relance de l’économie espérée par le gouvernement en investissant dans des projets d’infrastructure réduit encore plus la main d’oeuvre utile à la reconstruction.

Jeudi 18 juillet, alors que la campagne électorale bat son plein (et c’est vraiment bruyant au Japon !), la problématique des réfugiés/déplacés semble ignorée des candidats. Même à Fukushima, les candidats se concentrent sur les grandes villes et évitent les villages temporaires dans lesquels sont logés une partie des déplacés.
Evidemment, tous les partis disent vouloir accélérer le processus de reconstruction et réhabiliter Fukushima, mais cela ne dépasse pas la déclaration de bonnes intentions. Comment vont-ils s’y prendre ? Dans un éditorial, l’Asahi réclame des mesures concrètes qui prennent compte des réalités. Que se passera-t-il pour les personnes qui ont dû fuir les dangers de la radioactivité et qui ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer chez elles ? Cela nécessite la mise en place d’un système de soutien qui va au-delà des simples indemnisations pour aider ces personnes à reconstruire leur vie. En particulier, quand l’ordre d’évacuer certaines zones sera levé, les indemnités cesseront rapidement. Pourtant, qu’elles décident de rentrer ou de ne pas rentrer, les personnes évacuées de force auront encore besoin d’aide.

Vendredi 19 juillet, reportage de 8 minutes de la chaine britannique Channel 4 dans la zone interdite autour de Fukushima. TEPCO n’aurait autorisé les journalistes que pendant 5 heures… Cela permet de voir Futaba, devenue une ville fantôme.

Mardi 12 novembre, le premier ministre a accepté le plan élaboré par les membres de la coalition au pouvoir à propos du non retour des populations originaires des zones les plus contaminées, où l’exposition externe peut dépasser les 50 mSv/an. Il a aussi acccepté la prise en charge d’une partie des coûts par l’Etat, et donc le contribuable. Le ministre de l’environnement, Nobuteru Ishihara, fils de l’ancien gouverneur ultra-conservateur de Tôkyô, n’est pas d’accord avec ce deuxième point. Pour lui, c’est à TEPCo de payer la majeure partie des conséquences de la catastrophe, au nom du principe pollueur-payeur.
Quant aux principaux intéressés par le non-retour, ils regrettent que les politiciens leur aient donnés de faux espoirs. On aurait dû leur dire depuis longtemps qu’il y a des zones où les habitants ne rentreront jamais. C’était évident depuis le début.
C’est le cas, en particulier pour 96% du village d’Ôkuma. Que va-t-il devenir ? Les habitants vont-ils se disperser ? Un nouveau village va-t-il être créé ailleurs ? Les autorités n’ont aucune réponse à proposer.
Le gouvernement veut autoriser le retour là où la dose annuelle est inférieure à 20 mSv comme pour les évacuations, mais c’est trop. Qu’en est-il pour ceux qui sont originaires d’une zone où il y a entre 20 et 50 mSv/an. Et pour ceux à qui il sera proposé de rentrer, ce sera un dosimètre par personne pour limiter la dose par rapport aux estimations faites à partir de la contamination ambiante. Mais comment mettre cela en pratique ? Avec quelle limite ? Les individus qui dépassent les doses seront punis ? Réévacués ?
81 000 personnes sont concernées par cette politique de retour et non-retour. Il n’est pas acceptable que le gouvernement se défausse sur les populations pour assurer leur propre sécurité sans leur permettre de donner leur avis. Il y a toujours 280 000 évacués en tout, suite aux trois catastrophes. Ils étaient 470 000 en 2011.

-> Site du ministère de l’environnement dédié à la “décontamination” (en anglais)

(Sommaire)

Déchets radioactifs

La catastrophe a déjà généré d’énormes volumes de déchets radioactifs. Il y a en particulier, les boues de station d’épuration et les cendres des incinérateurs. La décontamination devrait en générer encore plus.

Le gouvernemnt japonais a décidé qu’en dessous de 8 000 Bq/kg pour le césium, les boues et cendres pouvaient être traité comme des déchets ordinaires. Au dessus de 100 000 Bq/kg, les déchets doivent être gérés comme les autres déchets nucléaires. Entre 8 000 et 100 000 Bq/kg, la décision sera prise au cas par cas.

Il n’y a, pour le moment, aucune solution pour gérer ces déchets. C’est aux municipalités de se débrouiller avec, le temps de trouver une solution meilleure. Le gouvernement veut ouvrir un ou plusieurs centres d’entreposage centralisés et espère trouver une solution définitive d’ici 30 ans.

Il y a aussi d’énormes volumes de débris du tsunami. Le gouvernement veut les répartir dans tout le pays, mais les riverains des installations de traitement (incinérateurs) refusent, de peur qu’ils soient contaminés. La situation est bloquée pour le moment. Il y en a plus de 20 millions de tonnes. La province d’Iwaté en a 4,75 millions de tonnes, soit l’équivalent de 11 années d’ordures ménagères. Elle n’a pu en traiter que 8% pour le moment. A Miyagi, c’est 15,69 millions de tonnes, ou 19 années d’ordures ménagères et seulement 5% ont été traités. A Fukushima, il y en a 2,08 millions de tonnes, dont 350 000 à 474 000 tonnes dans la zone interdite de 20 km.
1,3 millions de tonnes de débris ont été emportés par la mer. Parmi eux, 40 000 tonnes devraient arriver sur les côtes Nord américaines d’ici février 2013. Les premiers débris sont déjà arrivés.
Le gouvernement japonais a autorisé le recyclage des débris recyclables si la contamination en césium est inférieure à 100 Bq/kg. A Fukushima, le gouvernement a autorisé l’utilisation de débris de béton pour la construction des routes si la contamination est inférieure à 3 000 Bq/kg. Ces débris doivent être au moins 30 cm sous la surface du sol.

Mercredi 13 mars 2013, selon des reporters de Canal+, qui sont allés enquêter sur la décontamination, des déchets radioactifs ont été utilisés pour rebâtir une digue face à la mer. Ils sont simplement empilés dans des sacs plastique sans aucune autre protection. Voir l’émission “effet papillon” du 9 mars 2013. Des photos sont aussi disponibles ici.
On voit aussi dans le reportage les projets d’agriculture hors-sol à Kawauchi, village pionnier dans la “reconquête” des territoires évacués, montré en exemple à Tôkyô. On comprend que les retours soient si peu nombreux.

Vendredi 29 mars, le ministère de l’environnement a entamé des consultations pour trouver des sites de stockage des déchets radioactifs engendrés par la catastrophe nucléaire. Il a commencé par la province de Miyagi, voisine de Fukushima. Trois autres devraient suivre. Les maires se plaignent de ne plus avoir de place pour entreposer les déchets déjà collectés, mais ils sont peu nombreux à accepter un site définitif sur le territoire de leur commune et demande une aide financière conséquente pour pouvoir accepter.

Samedi 6 avril, la gestion des boues de station d’épuration qui sont devenues radioactives suite à la catastrophe de Fukushima est devenue un casse-tête. Il y en aurait 68 000 tonnes dans la province de Fukushima. Le ministre de l’environnement, vient d’inaugurer, dans la ville de Fukushima, une unité de traitement de ces boues, présentée comme unique. Mais, en fait, il ne s’agit que d’une étuve qui a dessécher ces boues pour en réduire le volume. Chauffées à 450°C, les boues voient leur volume réduit à 20% du volume initial. L’unité peut traiter 30 tonnes par jour. Il y en a donc pour 2 300 jours, rien que pour dessécher le stock.
Aucune indication n’est donnée sur la consommation d’énergie.

Mardi 9 avril, les études préliminaires pour choisir l’emplacement d’un site d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination ont commencé à Naraha. Les études complémentaires avec forage devraient commencer en mai prochain. Il s’agit toujours d’un entreposage provisoire, mais les habitants ne sont pas dupes : ils savent que le gouvernement ne trouvera jamais un autre site.

Jeudi 18 avril, “rumeurs néfastes” : c’est une expression à la mode au Japon. Le Maïnichi rapporte une histoire cocasse à ce propos. Un ancien site industriel d’Aïzuwakamatsu a son sol pollué aux métaux lourds par une industrie d’électronique. Il a été racheté par les autorités régionales, mais la teneur en plomb, qui peut atteindre 0,026 milligramme par litre, dépasse la limite de 0,01 milligramme par litre fixée par les autorités. Il faut donc retirer le sol et le stocker dans une décharge ad-hoc. Comme il n’y en a pas à Fukushima, les autorités régionales se sont retournées vers un site d’accueil dans la ville de Yonézawa à Yamagata. Il y a 150 tonnes en tout. Mais les autorités régionales de Yamagata ont refusé les déchets par crainte de la contamination radioactive et des “rumeurs néfastes” qu’elles pourraient provoquer. La proposition de faire des analyses de la radioactivité dans le sol n’a pas plus convaincu Yamagata. Un responsable de l’environnement explique que ces déchets, tout comme les débris du tsunami, n’empêchent pas la reconstruction. Il continuera donc à les refuser. Ainsi, tenter de protéger Yamagata contre les “rumeurs néfastes” accentue les “rumeurs néfastes” à Fukushima ! Rien n’est dit dans cet article sur la contamination réelle des sols concernés par cette affaire…

Mardi 7 mai, le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 a généré 26 millions de tonnes de débris à Iwaté, Miyagi et Fukushima. Le gouvernement s’est donné pour but de tout ramasser pour mars 2014. L’objectif sera probablement atteint à Iwaté et Miyagi, mais pas à Fukushima où la radioactivité freine les travaux. Le devenir de ses débris n’est pas fixé non plus. Pour Iwaté et Miyagi, d’autres provinces en ont accepté 700 000 tonnes. Pas pour Fukushima.

Lundi 27 mai, dans la ville de Fukushima, on doit séparer les déchets contaminés en deux catégories : les déchets verts d’un côté et la terre de l’autre. La végétation sera brûlée pour réduire les volumes. Trois personnes employées par un sous-traitant basé à Sapporo (Hokkaïdô) le 20 mai dernier ont dû tout mélanger dans des sacs les 21 et 22 mai. Ils se sont plaint auprès de la compagnie qui a remporté le contrat du chantier et ont été licenciés le lendemain. Selon le Maïnichi, le bureau du travail, alerté par les trois ouvriers, a contacté leur employeur qui a admis le licenciement à cause de leur comportement au travail. Il a dû leur payer un mois de travail, conformément à la législation japonaise.

Lundi 3 juin, selon le Yomiuri, 42% des communes concernées par un projet de stockage des déchets radioactifs dus à la catastrophe auraient accepté. Le quotidien a interrogé 194 mairies de Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. 83 d’entre elles seraient d’accord, 37 opposées et les 74 restantes n’auraient pas encore décidé. Les élus locaux et les populations commencent à se résigner car il faut bien trouver une solution pour ces déchets.
Il s’agit surtout de cendre d’incinération de déchets, de boues de station d’épuration et de paille de riz qui ont une contamination en césium qui dépasse les 8 000 Bq/kg. Il y en avait 121 000 tonnes réparties de 10 provinces en mars dernier.
Pour le moment, le gouvernement étudie plusieurs sites par province. L’opinion pourrait changer quand il n’y aura plus qu’une seule commune en lice.

Jeudi 20 juin, la province de Fukushima a confirmé son refus d’accepter des déchets radioactifs provenant d’autres provinces contaminées par les rejets de Fukushima daï-ichi. Le gouvernement est toujours à la recherche de sites d’accueil dans chaque province contaminée, mais a du mal à trouver. Les provinces de Miyagi et de Tochigi ont suggéré d’envoyer leur déchets à Fukushima. Et c’est non.

Samedi 13 juillet, les autorités ont commencé les investigations sur un deuxième site pour entreposer les déchets radioactifs issus de la décontamination. Le premier site est à Ôkuma et le deuxième à Naraha. La municipalité a donné son feu vert à la condition qu’il n’y aura que des déchets provenant de la commune. Un troisième est prévu à Futaba, mais le gouvernement doit encore présenter son projet à la population.
Le gouvernement est en retard sur ses prévisions et le site n’ouvrira pas avant 2015, s’il ouvre.

-> Carte avec les régions qui acceptent et qui refusent les débris potentiellement radioactifs du tsunami

(Sommaire)

Impact sanitaire pour la population

Les autorités locales ont lancé une grande étude de suivi médical des habitants de la province de Fukushima. La première étape consiste à reconstituer la dose reçue à l’aide d’un questionnaire où chacun doit renseigner son emploi du temps lors des premiers jours de la catastrophe. Mais seulement 21,5% des personnes concernées ont répondu. Parmi les obstacles, il y a le fait que cette étude soit dirigée par le tristement célèbre Prof. Shunichi Yamashita, qui prétend partout que le risque principal est la radiophobie et que si l’on sourit, les radiations ne nous affectent pas. L’autre est qu’une partie de la population ne fait pas confiance aux autorités et ne veut pas servir de cobaye.

Mardi 12 mars 2013, selon le Tokyo Shimbun, 789 personnes sont décédées suite à l’évacuation autour de la centrale de Fukushima.

Mercredi 13 mars, le Maïnichi vient de découvrir que 3 employés municipaux de Futaba qui ont assisté la police à rechercher les corps des victimes du tsunami dans la zone évacuée n’avaient aucune protection ni dosimètre pendant presque un mois. Les policiers étaient protégés contre la contamination et portaient deux dosimètres. Leurs doses ont été enregistrées. 27 500 personnes ont participé à ces recherches dans les communes de Futaba et Minami-Sôma et l’irradiation externe est restée inférieure à 5 mSv pour chacune d’entre elles. C’est plus que la limite habituelle de 1 mSv.
Mais rien de tel pour ces trois employés municipaux, qui ont participé aux opérations de recherche entre le 22 avril et le 19 mai 2011, alors que leur municipalité avait déjà déménagé à Kazo, dans la province de Saïtama.

Samedi 16 mars, en décembre dernier, 9 soldats américains avaient porté plainte contre TEPCo. Ils sont maintenant 26 et ils pourraient bientôt être une centaine.

Mercredi 27 mars, selon une étude publiée dans PLOS ONE, menée sur 328 personnes âgées, qui résidaient dans 5 maisons de retraite à Minami-Sôma et qui ont toutes été évacuées, parfois à plus de 200 à 300 km en bus, a montré que 75 d’entre elles sont décédées en moins d’un an, ce qui est 2,7 fois plus élevé que la normale, calculée sur les 5 années précédentes.
L’auteur précise que cette augmentation est plus élevée que ce qui avait été observé aux Etats-Unis après l’ouragan Katrina.
Il y a aussi de grandes différences entre les maisons de retraite. Trois maisons ont évacué rapidement les résidents, dès le début de la catastrophe, sans l’aide du gouvernement, et ils ont donc été accueillis dans de mauvaises conditions. Les soins n’étaient pas toujours disponibles à l’arrivée. Les deux autres ont attendu deux semaines avant d’évacuer les résidents dans de meilleures conditions et avec une mortalité moindre. L’évacuation rapide a entraîné une augmentation d’un facteur 4 à 5 le nombre de décès.
Mais il y a aussi une différence entre ces deux dernières, comme l’explique un des auteurs au Japan Times : dans l’une, les résidents confinés n’ont pas eu assez de repas car les livraisons étaient suspendues et n’avaient pas de chauffage pour ne pas faire entrer la poussière radioactive, alors que dans l’autre, les conditions de vie ont été peu affectées. La cuisine était faite sur place et le chauffage n’y entraînait pas l’introduction de poussières. Cela a eu une forte influence sur le taux de mortalité qui n’a pas augmenté pour la maison de retraite où les conditions de vie n’ont pas changé et a augmenté dans l’autre, d’un facteur 3 à 4.

Lundi 8 avril, selon la directrice d’une crèche de Fukushima, le nombre d’enfants aux pieds plats a été multplié par 2,5 depuis le début de la catastrophe. Elle soupçonne le manque d’activité physique.
La crèche, qui a ouvert en 2003, a photographié les pieds des enfants pour enregistrer leur croissance. En 2009, avant la catastrophe, donc, sur 66 enfants âgés de 3 à 5 ans, 9 (ou 13,6%)  avaient des pieds plats. En mars 2013, ce sont 21 enfants sur 64 qui ont les pieds plats, soit 32,8%. Depuis la catastrophe, les enfants ne sont pas autorisés à jouer plus de deux heures par jour dans la cour, alors qu’il y passaient au moins trois heures auparavant. Surtout, il ne se déplacent plus à pied dans la rue.
La crèche va donc installer des équipements, comme un trempoline, pour permettre aux enfants de faire plus de sport.

Lundi 22 avril, les autorités régionales de Fukushima ont toujours refusé de publier les données détaillées des résultats des échographies de la thyroïde qu’elles effectuent. En particulier, elles refusent de donner les résultats par municipalité pour ne pas stigmatiser une commune plutôt qu’une autre et ses habitants. Cependant, selon le Maïnichi, une ONG a obtenu ces données commune par commune, en s’adressant à la commission d’accès aux documents administratifs, mais ne les a pas publiées. Elles font apparaître de fortes disparités. La proportion d’enfants classés A2, qui ont des nodules inférieurs à 5 mm, varie de 25,2 à 41,6%. Pour les enfants classés B, avec un nodule plus grand que 5 mm, mais qui ne nécessite pas d’examen médical supplémentaire, ce taux varie de 0 à 1,7% selon les communes.
L’ONG a les données depuis janvier 2013, mais en février 2013, lors de la présentation des derniers résultats officiels, le prof. Shin’ichi Suzuki, qui pilote l’étude, a refusé de donner de tels détails.

Samedi 27 avril, le Maïnichi revient sur la surveillance de la thyroïde exercée par les autorités régionales de Fukushima et montre la frustration de la population. Il mentionne le cas d’une mère de Nihonmatsu qui a amené son garçon de 6 ans faire l’échographie officielle de la thyroïde : l’examen n’a duré que deux munite et elle n’a reçu aucune information, même si l’opérateur semblait avoir détecté quelque chose. Elle est donc aller refaire faire une échographie dans un hôpital. L’examen a duré 10 minutes et un nodule de 7 mm a été découvert. Son enfant devrait être classé dans la catégorie B qui implique un autre examen. Cependant, quand, un mois plus tard, elle a reçu les résultats officiel des autorités régionales, son fils était classé dans la catégorie A2, qui signifie qu’un suivi doit être fait, sans rien de plus. Aucune autre information n’est fournie. Elle a donc réclamé le rapport d’examen complet où il est mentionné un kyste de 1,6 mm et pas de nodule.
De plus, il apparaît que les examens officiels ne sont pas complets. L’Association japonaise d’échographie de la thyroïde et du sein préconise de contrôler 12 items lors d’un examen de la thyroïde. Les autorités régionales se sont toujours référées à ce guide dans leur communication, mais il s’avère que 4 items sur 12 ne sont pas contrôlés lors du dépistage officiel. Comme il y a 360 000 enfants à contrôler, le but des échographies est de faire un dépistage des cas les plus graves et pas un examen complet, afin de gagner du temps.
De nombreux parents sont choqués. Lors d’une réunion publique à Aïzuwakamatsu en mars dernier, les autorités ont expliqué que leur but était de rassurer les parents. Une mère a alors clairement expliqué que ce qu’elle attendait, ce n’était pas que les autorités la rassurent, mais la vérité. Elle tirera elle-même ses propres conclusions.
Des citoyens et des mairies commencent donc à s’organiser pour effectuer leurs propres examens thyroïdaux. C’est le cas en particulier de Motomiya et de Namié. Une association qui propose des examens thyroïdaux a aussi été créée à Iwaki. Comme pour la mesure de la radioactivité, les autorités n’ont plus le monopole.

Lundi 27 mai, l’Asahi s’est procuré une version non définitive du rapport de l’UNSCEAR (le comité de l’ONU en charge de la protection contre les rayonnements ionisants) sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Il se veut rassurant mais souligne les grandes incertitudes sur les doses reçues et les effets de la radioactivité.
La dose à la thyroïde pour un enfant d’un an est comprise entre 33 et 66 mSv au-delà de 30 km (8 à 24 mSv pour un adulte) et entre 20 et 82 mSv en-deçà.
Les experts ont calculé la dose collective à la thyroïde et ont trouvé 30 fois moins que pour Tchernobyl. Ils ont trouvé 99 000 sieverts.hommes au Japon avec 130 millions d’habitants et presque 3 millions de sieverts.hommes pour l’ancienne URSS et les pays avoisinants avec 600 millions d’habitants. Cela s’explique partiellement par le fait que 80% des retombées de Fukushima daï-ichi sont allées vers l’océan alors que Tchernobyl est au milieu des terres et a affecté un plus grand nombre de personnes. Le régime alimentaire joue aussi.
Ils en ont déduit une augmentation de 2 cancers de la thyroïde pour 1 000 filles et 0,5 pour 1 000 garçons sur toute la vie.
En ce qui concerne la dose au corps entier, elle serait de 32 000 sieverts.hommes au Japon, environ 10 fois moins qu’après Tchernobyl. Individuellement, la dose reçue en dehors du rayon de 30 km serait inférieure à 4 mSv pour les adultes et 7,5 mSv pour les enfants de 1 an. Ce serait moins et 10 et 20 mSv respectivement dans la zone de 30 km.
Le rapport sera présenté à l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre prochain.

Le rapporteur spécial chargé des droits de l’Homme de l’ONU a rendu son rapport sur les conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Il est disponible ici en anglais. Il mentionne les résultats de l’ACRO (note n°68) sur les analyses d’urine. Il recommande d’étendre la surveillance sanitaire à tous les enfants vivant dans une zone où la contamination entraîne une dose annuelle supérieure à 1 mSv et d’inclure des analyses d’urine. Il recommande aussi de prendre en compte les mesures citoyennes de la radioactivité. Il réclame aussi l’établissement d’un calendrier pour le retour à une limite de dose de 1 mSv par an. Ce document tranche avec ce que l’on peut lire dans les rapports des autres agences de l’ONU.

Vendredi 31 mai, le 27 mai dernier, nous avions parlé du rapport de l’UNSCEAR sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Fukushima. Le rapport n’est pas en ligne, seulement un communiqué de presse rassurant : “pas de risques immédiats sur la santé liés à la catastrophe de Fukushima, prétend un comité d’experts de l’ONU”.
L’évacuation d’urgence a pourtant entraîné plusieurs centaines de décès. Les populations évacuées et non évacuées apprécieront. Les doses reçues seraient faibles par rapport à la radioactivité naturelle. Comme si la radioprotection était basée sur la radioactivité naturelle… Pas un mot dans le communiqué sur les trois enfants qui ont un cancer de la thyroïde avéré. Chiffre provisoire.
Le communiqué parle aussi d’une protection efficace des populations mais ne mentionne pas les villages évacués tardivement où les populations n’ont pas été protégées ou les habitants de Namié qui sont allés se réfugier dans une zone plus exposée aux retombées radioactives.
Le communiqué mentionne aussi qu’il n’y a pas de décès liés aux radiations à déplorer chez les travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima daï-ichi. Combien de malades à long terme ? Quel suivi médical ?
Le rapport du rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme (cf 27 mai 2013) n’a pas plu aux autorités japonaises. Leurs commentaires et corrections sont en ligne. Ce rapport serait “non scientifique” et donc sans fondement. Elles opposent une fin de non recevoir à quelques idées pertinentes (comme, par exemple, prendre en compte les mesures citoyennes de la radioactivité).

Mercredi 5 juin, il y a maintenant officiellement 12 cas avérés de cancer de la thyroïde chez les enfants de Fukushima et 15 autres cas suspects sur 174 000 enfants contrôlés. Selon la presse,
– au 31 mars 2012, 40 000 enfants de Fukushima avaient bénéficié d’une échographie de la thyroïde. 205 avaient dû subir des examens complémentaires qui ont conduit à 4 cas suspects et un enfant qui a eu une intervention chirurgicale pour une tumeur bénigne ;
– un an plus tard, au 31 mars 2013, 134 000 mineurs supplémentaires ont bénéficié d’une échographie. 935 ont dû subir des examens complémentaires. 5 d’entre eux avaient un cancer confirmé et 11 cas étaient suspects.
Les statistiques sur les échographies sont ici en japonais (sans les cancers) et le rapport est ici en japonais. Voir la page 15.

Jeudi 6 juin, le groupe d’experts qui pilote la surveillance sanitaire de la population de Fukushima vient de revoir ses objectifs : ce ne sera plus de “rassurer la population” mais “maintenir et promouvoir la santé des résidents de la province dans le futur”. Un changement énorme, qui, espérons, se traduira dans les faits.
Quatre experts, dont le très célèbre Prof. Yamashita, ont démissionné. Il était très controversé pour ses déclarations sur l’absence de danger de la radioactivité. Les autorités locales espèrent ainsi regagner la confiance de la population.

Dimanche 9 juin, de plus en plus d’initiatives ont été créées pour proposer des échographies de la thyroïde aux enfants exposés au retombées radioactives car de nombreuses familles n’ont pas confiance dans le dépistage effectué par les autorités. Elles veulent aussi plus d’information qu’un simple classement en catégories.

Lundi 10 juin, les familles de quatre patients décédés par manque de soins à la suite de la catastrope nucléaire ont porté plainte contre TEPCo. Ils réclament 125 millions de yens (presque 1 million d’euros).

Mardi 11 juin, selon un sondage, 60% des habitants de Fukushima craignent que leur irradiation ait un impact sur leurs descendants. Les 40% restants pensent que ce risque est faible, voire très faible.

Jeudi 13 juin, la Croix Rouge japonaise n’était pas préparée à faire face à une catastrophe nucléaire. Alors qu’elle était très présente sur le terrain pour aider les victimes du tsunami, elle était plutôt absente de Fukushima. L’organisation a donc décidé de revoir son engagement et a fixé à 1 mSv la dose limite pour les personnes qu’elle envoie dans les zones contaminées. Chaque intervenant sera équipé d’un dosimètre, aura des tablettes d’iode, n’a pas le droit d’aller dans les zones évacuées et doit quitter les territoires contaminés dès qu’il y a un danger ou si la limite de 1 mSv est atteinte.
L’organisation est critiquée pour avoir fixé une limite si basse : en cas de catastrophe nucléaire, elle peut être rapidement atteinte par les secours. D’autres ajoutent que les policiers, pompiers, l’armée vont réclamer une limite similaire et que cela va entraver l’aide aux victimes.
Mais la Croix-Rouge se défend en disant qu’elle a créé ce guide pour pouvoir venir en aide aux victimes d’une catastrophe nucléaire tout en protégeant les secouristes.

Dimanche 16 juin, le 15 mars 2011, l’hôpital universitaire de Fukushima a distribué des comprimés d’iode à son personnel. Les autres secouristes engagés à aider les personnes évacuées, à rétablir l’électricité ou les moyens de transport… n’y ont pas eu droit. De nombreux réfugiés dans la ville de Fukushima faisaient la queue à l’extérieur pour obtenir du ravitaillement. Ils n’en ont pas eu non plus. Cela choque beaucoup de monde au Japon.

Mardi 18 juin, Sanae Takaïchi, qui préside le groupe de réflexion sur la politique du parti au pouvoir, a déclaré, à Kôbé, que la catastrophe de Fukushima n’a pas provoqué de décès direct et qu’il fallait relancer le nucléaire. Cette remarque a beaucoup choqué les milliers de déplacés et les proches des victimes de l’évacuation d’urgence. Face aux critiques, elle a précisé qu’elle voulait dire que personne n’était mort suite à l’exposition aux radiations. C’est assez restrictif comme point de vue.

Jeudi 20 juin, la députée du parti au pouvoir qui avait osé affirmer que la catastrophe nucléaire n’a pas fait de mort, est revenue sur ses propos suite au tollé qu’ils ont provoqué. Elle est maintenue à son poste de chef de la politique de son parti par le premier ministre.
Des membres de son parti, dans la section de Fukushima, ont tenu à lui rappeler que l’évacuation et les suicides ont fait environ 1 400 victimes et qu’il y a environ 150 000 déplacés. Et d’ajouter que la pêche et l’agriculture sont sinistrées.
En août 2012, l’agence pour la reconstruction avait évalué à 1 263 le nombre de décès indirects liés à l’évacuation et le manque de soins médicaux auxquels il faut ajouter 34 suicides. Les autorités régionales, reprises par les médias, parlent d’un total de 1 415 décès maintenant.

Mercredi 26 juin, les autorités de la provinces de Fukushima ont essayé de reconstituer les emplois au temps des habitants lors des quatre premiers mois de la catastrophe pour calculer la dose reçue. Des questionnaires ont été envoyés, mais le taux de retour n’était pas très élevé. Les autorités régionales ont annonce que les doses estimées et transmises étaient erronées pour 16 118 personnes. Le NIRS (National Institute of Radiological Sciences ) qui a fait les calculs pour 420 000 personnes s’est trompé dans les dates et a sous-estimé la dose reçue pour 12 469 personnes. Il faut ajouter jusqu’à 0,4 mSv aux chiffres calculés précédemment. Pour les 3 649 autres, la dose était surestimée jusqu’à 0,2 mSv. Le programme va être corrigé et les nouveaux chiffres corrigés envoyés aux habitants.
Certaines personnes ont reçu plus d’un millisiervert en quatre mois, qui est la dose à ne pas dépasser en un an pour la population en temps normal.

Mardi 2 juillet, l’ACRO a mis en ligne un communiqué de presse pour attirer l’attention sur une étude australienne qui met en évidence une augmentation de 24% de l’incidence des cancers chez les enfants qui ont subi un ou plusieurs scanners. Elle met aussi en évidence l’apparition de ces effets à partir d’une dose voisine de 4,5 millisieverts (4,5 mSv), ce qui est dix fois plus faible que ce qui est communément admis. Cette démonstration, basée sur une grande cohorte (680 000 personnes), vient renforcer notre opinion que la limite de 20 mSv/an fixée par le gouvernement japonais pour décider de l’évacuation des populations n’est pas acceptable.

Samedi 6 juillet, selon la RTBF, les experts de la délégation belge auprès de l’UNSCEAR, l’organisme de l’ONU en charge d’évaluer l’impact des radiations, sont revenus choqués de la dernière réunion à Vienne. Selon eux, tout est verrouillé pour minimiser l’impact de la catastrophe de Fukushima. Les dernières découvertes sur l’impact des radiations ne sont pas prises en compte.
Ces experts sont des universitaires ou des membres du centre de recherche nucléaire de Mol. Article à lire !

Samedi 20 juillet, la NRA a changé ses prescriptions en matière de distribution de comprimés d’iode : ils seront distribués à tout le monde alors qu’avant, seules les personnes âgées de moins de 40 ans étaient concernées. La règle précédente avait été établie par les prédécesseurs de la NRA en 2002 et se basait sur les survivants de Hiroshima et Nagasaki. Mais si le taux de cancer de la thyroïde était plus faible chez les plus de 40 ans, il n’était pas nul.
4,8 millions de personnes vivant à moins de 30 km d’une centrale nucléaire sont maintenant concernées. Il n’y a qu’une compagnie phramaceutique au Japon qui produit ces comprimés, ce qui devrait retarder la distribution.

Dimanche 21 juin, des chercheurs japonais ont contrôlé la contamination de 10 placentas humains entre octobre 2011 et août 2012. 5 femmes vivaient à moins de 50 km de la centrale et 5 vivaient entre 210 et 290 km de la centrale. Tous les placentas étaient contaminés au césium 134 et 137, sauf un, à Tôkyô, qui n’avait que du césium 137. La contamination allait de 0,1 à 1,7 Bq/kg pour la somme des deux césium. Les auteurs de l’étude expliquent que cette contamination est inférieure à la contamination des placentas dans les années 60 au Japon et Canada, au moment des essais atmosphériques et aussi inférieure à la contamination des placentas en Italie du Nord après la catastrophe de Tchernobyl.
L’article scientifique est en accès payant.

(Sommaire)

Doses et conditions de travail à la centrale

Au 31 décembre, ils étaient presque 20 000 travailleurs à être passés sur le site de la centrale. Au début, il n’y avait pas un dosimètre par personne, ce qui a conduit à une évaluation très approximative des doses. Les premières anthropogammamétries n’ont eu lieu que tardivement, ce qui fait que l’estimation de la contamination interne, qui a pu être forte au début, est aussi mal connue. Plusieurs travailleurs n’ont pas pu être retrouvés et n’ont pas été contrôlés a posteriori. Enfin, il n’y a pas ou peu de mesure neutron, alors que le flux a beaucoup augmenté quand les réacteurs se sont vidés de leur eau.

Mardi 12 mars, le gouvernement a annoncé qu’il allait revoir la politique d’embauche à la centrale de Fukushima car il s’avère que 47% des intervenants ont des contrats qui violent le droit du travail : ils seraient recrutés comme intérimaires et envoyés comme spécialistes avec des contrats de travail en bonne et due forme. Mais si le gouvernement est plus regardant, la pénurie de main d’oeuvre risque de s’aggraver.
TEPCo a contrôlé 4 000 travailleurs entre septembre et octobre 2012 et 47% ont déclaré que la compagnie qui leur donne des ordres n’est pas celle qui les paye. Une telle situation est interdite car il y a ambuiguïté sur qui est responsable de la sécurité du travailleur.
L’été dernier, le gouvernement et TEPCo avaient estimé que les travaux à la centrale et la “décontamination” allaient nécessiter 12 000 personnes par jour. En mai, il y avait 24 300 travailleurs enregistrés comme habilités à travailler sous rayonnements ionisants, mais 1 000 d’entre eux avaient déjà dépassé la dose maximale. L’évaluation faite à l’époque étaient qu’il ne devrait pas y avoir de pénurie de main d’oeuvre avant 2017. Mais si l’on applique rigoureusement le droit du travail, la pénurie va arriver beaucoup plus vite. Les sous-traitants n’accepteront jamais d’embaucher les intérimaires et de continuer à les payer une fois la dose limite atteinte. Les autorités risquent donc d’être condamnées à accepter cette situation du “travailleur jetable”.
La pénurie risque d’être aussi cruciale quand les autres exploitants voudront redémarrer leurs centrales nucléaires. Auront-ils assez de personnel qualifié qui n’a pas atteint sa limite de dose ?
Le 30 janvier dernier, nous avions rapporté qu’il n’y avait que 10% des emplois liés à la décontmination qui étaient pourvus.

Vendredi 29 marsTEPCo a mis en ligne un nouveau bilan des doses prises par les intervenants sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi au cours des mois de décembre 2012 et janvier-février 2013. Ce sont toujours les sous-traitants qui sont les plus nombreux et qui prennent les doses les plus élevées. La dose la plus forte en un mois est de 17,44 mSv.
26 308 personnes sont déjà intervenues sur le site de la centrale : 22 653 sous-traitants et 3 565 employés de TEPCo. Je ne pense pas que les pompiers, l’armée, etc… qui sont intervenus au début, mais qui ne sont pas classés parmi les sous-traitants, soient pris en compte dans ce chiffre.

Samedi 20 avril, selon l’Asahi, des ouviers qui sont intervenus sur les fuites ont travaillé sans dosimètre ! 14 personnes sont concernées, selon TEPCo.

Mardi 30 avril, TEPCo a mis en ligne les doses reçues par les personnes qui travaillent sur le site de Fukushima daï-ichi durant les mois de janvier, février et mars 2013. Ce sont toujours les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes car leur statut précaire ne les protège pas. Près de 27 000 personnes sont intervenues à la centrale accidentée.

Mardi 7 mai, la presse japonaise rapporte de nouveaux extraits des enregistrements des visio-conférences des premiers jours de la catastrophe : dans la nuit du 14 mars un débit de dose 3,2 millisieverts par heure est détecté par la balise située au portail d’entrée de la centrale. Pour être sûr d’être bien compris, le directeur de la centrale précise que c’est plus de 3 000 microsieverts par heure. Un des directeurs à Tôkyô demande si c’est bien la plus forte valeur enregistrée jusqu’à présent. Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, répond : “On a déjà eu des valeurs comme 1 500 ou 2 000 microsieverts. Maintenant, on ne fait plus attention”.

Samedi 11 mai, le ministère du travail a mis en garde trois compagnies sous-traitantes basées à Nagasaki pour avoir envoyés illégalement des travailleurs à la centrale de Fukushima. C’est la première fois que le ministère publie les noms des entreprises réprimandées. Les travailleurs s’étaient retrouvés à travailler à Fukushima alors que ce n’était pas mentionné dans le contrat. D’autres ont été moins payés que promis.
Un des travailleurs concernés avait alerté le ministère en juillet 2012 et il a fallu presqu’un an pour que des mesures disciplinaires soient prises et TEPCo n’a pas pu résoudre le problème.

Mardi 21 mai, le Monde mentionne cet appel lancé au gouvernement japonais pour qu’il protège mieux les 3 000 personnes qui interviennent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi et en particulier des sous-sous-traitants qui font le sale boulot avec des CDD. Quand la dose limite est atteinte, c’est le chômage.

Jeudi 23 mai, TEPCo fait face à une pénurie de main d’oeuvre. La compagnie refuse de l’admettre, mais les témoignages des personnes qui sont intervenues mentionnent la forte demande de main d’oeuvre dans le bâtiment pour reconstruire les zones dévastées par le tsunami. De nombreux travailleurs qualifiés ont aussi atteint la limite de dose et ne peuvent plus travailler dans une centrale nucléaire. TEPCo se refuse à donner le nombre de ces personnes qui partent. Si les autres exploitants sont autorisés à redémarrer leurs centrales, ils auront aussi besoin de main d’oeuvre et la situation sera encore plus tendue.
Et comme ce n’est pas TEPCo qui emploie la plupart des 3 000 intervenants quotidiens, mais des sous-traitants, avec parfois 5 niveaux de sous-traitance, la compagnie n’est pas consciente des difficultés et des réalités. Et comme la compagnie semble plus préoccupée par la réduction des coûts que par les conditions de travail, de nombreuses personnes, même très qualifiées, quittent le chantier.
Tous les témoignages sont anonymes car les contrats de travail interdisent tout contact avec la presse.
En ce qui concerne la “décontamination” autour de la centrale, ce n’est pas mieux. Selon l’administration, il y a eu 2 124 emplois publiés durant le premier trimestre 2013 et seulement 312 postes pourvus.

Vendredi 31 mai, TEPCo a mis en ligne les dernières statistiques sur les doses enregistrées des personnes qui sont intervenues sur le site durant les mois de février, mars et avril 2013. Ce sont toujours les intérimaires qui reçoivent les doses les plus fortes. La dose mensuelle la plus forte est de 19,76 mSv.
Il y aurait eu 27 392 intervenants depuis le début des évènements.
Il y a 699 intervenants, tous employés de TEPCo, qui ont une limite de dose relevée à 100 mSv car ils sont indispensables à la gestion de la catastrophe. 122 d’entre eux ont déjà pris plus de 75 mSv.

Mercredi 12 juin, un lecteur nous a signalé le dernier bilan que TEPCo a fait des rejets aériens des trois réacteurs où il y a eu fusion du coeur. C’est en japonais et je n’ai pas trouvé de version anglais. Il date du 30 mai 2013.
Il est écrit que le rejet atmosphérique pour les trois réacteurs est de l’ordre de 10 millions de Bq/h (10 MBq/h). Je pense que cela ne prend en compte que le césium. Si l’on multiplie 24 h et 365 j, on arrive à presque 88 milliards de Bq/an (88 GBq/an). C’est beaucoup plus que les rejets aériens d’une centrale nucléaire en fonctionnement normal et même que les rejets aériens en césium de l’usine de retraitement de La Hague.
Les graphes montrent que ces rejets sont stables depuis un an.
TEPCo évalue l’impact sanitaire à la bordure du site à 0,03 mSv/an. Il n’est pas dit comment ils ont fait le calcul. C’est moins que ce qui dû à la contamination des sols au même endroit, mais ce serait jamais accepté pour une centrale en fonctionnement normal.

Samedi 29 juin, un camion est sorti de la centrale de Fukushima alors qu’il était plus contaminé que permis. Il y avait jusqu’à 22 000 coups par minute alors que cela ne doit pas dépasse 13 000 cpm. Il est allé recharger en béton et est revenu à la centrale un peu plus d’une heure plus tard.

Lundi 1er juillet 2013, TEPCo a mis en ligne, comme tous les mois, les doses enregistrées des travailleurs intervenant sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. Au 31 mai denier, on est à 28 279 intervenants au total dont 24 480 sous-traitants. La dose maximale prise par les sous-traitants ces 3 derniers mois est de 19,3 mSv.

Samedi 6 juillet, 479 travailleurs qui sont intervenus à la centrale de Fukushima daï-ichi aveint des doses internes erronnées dans les dossiers de TEPCo. Pour 452 d’entre eux, la dose a été revue à la hausse et pour les autres, à la baisse. La plus forte hausse est de 48,9 mSv ! C’est dû à des erreurs dans le calcul des doses.
Au 31 mars 2013, 6 personnes ont reçu une contamination interne qui implique une dose supérieure à 100 mSv. 24 autres, une dose supérieure à 50 mSv. La dose maximale admissible est de 100 mSv sur 5 ans. Au moins deux personnes ont continué à travailler à la centrale après avoir dépassé cette limite.

Mardi 9 juillet, le directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi au moment de l’accident est décédé des suites d’un cancer de l’oesophage. Il avait 58 ans. Il est considéré comme un héros au Japon par certains, même si d’autres lui reprochent de ne pas avoir su prévenir la catastrophe.

Vendredi 19 juillet, TEPCo estime à 1 973 le nombre de travailleurs qui ont reçu une dose à la thyroïde supérieure à 100 mSv et qui auront droit à un suivi annuel gratuit de la glande par échographie. On ne sait si elle financera les soins en cas de problème. 976 sont ses propres employés, les autres sont des sous-traitants.
TEPCo n’a fait de mesure que pour 522 travailleurs, pour les autres, il s’agit d’une estimation à partir de mesure sur le césium. Les autorités ne le lui ont jamais demandé non plus. C’est donc très approximatif. Le seuil international à partir duquel il est recommander de prendre un traitement à l’iode est pourtant de 50 mSv (ne pas confondre la dose à un organe particuier, comme la thyroïde, à la dose au corps entier. Les règles ne sont pas les mêmes). TEPCo aurait pu prendre ce seuil au lieu du double. Elle devrait même proposer des contrôles à toutes les personnes présentes sur le site en mars 2011, mais, une fois de plus, elle est limitée par le coût et par l’idéologie concernant de prétendus seuils d’innocuité.
Il lui a fallu plus de deux ans pour arriver à ce résultat alors que l’exposition à l’iode n’au eu lieu qu’au tout début et personne ne va contrôler… C’est la pression internationale et le questionnement des agences de l’ONU qui aurait poussé la compagnie à revoir ses chiffres initialement beaucoup plus bas.
Voir les explications en anglais de TEPCo datées du 22 juillet.

(Sommaire)

Arrêt du nucléaire et situation énergétique

14 réacteurs nucléaires ont été arrêtés par le séisme du 11 mars 2011. Le premier ministre de l’époque a ordonné la fermeture de la centrale de Hamaoka en mai 2011. Tous les autres réacteurs ont été arrêtés normalement au bout de 13 mois pour changer une partie du combustible et faire des contrôles. Mais aucun n’a redémarré ensuite, car les autorités locales demandent des garanties sur le sûreté. Comme l’autorité de sûreté actuelle est discréditée par la catastrophe, la situation est bloquée.

Au 10 mars 2012, il ne restait que deux réacteurs sur 54 en fonctionnement. Tout le parc nucléaire devrait être arrêté fin avril 2012.

Ce taux de disponibilité du parc nucléaire a été de 23,7% sur l’année fiscale 2011 (1er avril 2011 – 31 mars 2012), contre 67,3% l’année précédente. La demande globale d’électricité, et donc la production, toutes sources confondues, a baissé de 5,1% pour la même période par rapport à l’année précédente.
Le taux d’utilisation du parc nucléaire a été de 3,9% durant l’année fiscale 2012 (1er avril 2012 – 31 mars 2013).

Une des raisons des problèmes d’approvisionnement électrique actuels vient du fait qu’une partie du Japon (Kansai) utilise du 60 Hz alors qu’une autre partie (Kanto) utilise du 50 Hz. Il n’y a que trois transformateurs entre les deux régions et il est donc difficile de transférer de l’électricité d’une partie à l’autre. Seuls un million de kilowatts peuvent être transférés entre les deux parties du pays, une fraction de la capacité perdue par TEPCO lors du tremblement de terre du 11 mars qui est de 21 millions de kilowatts.

Si le gouvernement dit vouloir se passer de l’énergie nucléaire, il ne donne pas de calendrier. Par ailleurs, il continue à vouloir exporter cette technologie et n’arrive pas à se décider d’arrêter le surgénérateur Monju, en panne depuis 1995, et l’usine de retraitement, qui aurait dû démarrer il y a 5 ans. Mais ces deux installations ont aussi un intérêt militaire… Enfin, il pousse au redémarrage de quelques réacteurs. Combien ? Personne ne sait. Au moins une quinzaine ne redémarreront jamais. Soit parce qu’ils ont été endommagés le 11 mars 2011, soit parce qu’ils sont trop vieux. Les autorités ont exprimé leur volonté de limiter à 40 ans la durée de vie des réacteurs nucléaires, sauf dérogation.

Les stress-tests ne sont que des simulations informatiques et ne permettent pas de garantir la sûreté des réacteurs réels.

Jeudi 14 mars 2013, les municipalités situées dans un rayon de 30 km autour des centrales nucléaires doivent se préparer à une catastrophe majeure et préparer un plan d’évacuation. La NHK, a sondé les 135 communes et 21 provinces concernées et 46% ont déclaré que leur plan sera prêt pour la date limite fixée au 18 mars. 40% ne seront pas prêts. De nombreuses communes se plaignent que le guide préparé par l’autorité de sûreté est arrivé trop tard et que les explication n’étaient pas suffisantes. Parmi les item qui restent à régler, il y a pour 59% des communes qui sont en retard, l’évacuation des personnes âgées et dépendantes. Pour 50%, il y a les moyens de transport et pour 45% la distribution des pastilles d’iode.
Cela concerne 4,8 millions de personnes en tout.

La consommation d’électricité en février 2013 a baissé de 7,2% par rapport à février 2012. C’est la deuxième baisse consécutive. Les températures moyennes ont été plus clémentes.

Vendredi 15 mars, le premier ministre a confirmé les modifications de la commission qui conseille le gouvernement sur les choix énergétiques qui conduisent à éliminer 6 des 8 conseillers qui sont contre la poursuite de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Le nouveau président, un ancien vice-président du patronat japonais, avait déjà présidé cette commission avant la catastrophe de Fukushima.Retour à l’anormale…
Parmi les nouveaux, il y a le gouverneur de la province de Fukui qui héberge 14 réacteurs nucléaires et un professeur en ingéniérie nucléaire de l’université de Kyôto.
Cette commission, nouvelle mouture, s’est réunie aujourd’hui pour la première fois après deux mois d’inaction.

Samedi 16 mars, nous en avons déjà parlé jeudi 14 mars, de nombreuses communes situées dans un rayon de 30 km d’une centrale nucléaire, qui doivent préparer un plan d’évacuation de leur population pour lundi 18 mars, ne sont pas prêtes.  C’est pourtant une condition nécessaire pour pouvoir redémarrer les réacteurs. Et les plans des communes qui ont rendu leur copie ne sont pas satisfaisants.
La province de Fukui, avec 14 réacteurs nucléaires, est particulièrement concernée. En juin 2012, elle a écrit rapidement un plan d’évacuation autour de la centrale d’Ôï, pour pouvoir la redémarrer. C’est la seule à fonctionner actuellement. Mais le plan est complètement irréaliste. Par exemple, les habitants de Takahama, à l’Ouest, ne doivent pas partir vers la ville de Maïzuru à 20 km de là, mais rester dans la province, en allant à Tsuruga, à 50 km de là, en passant au plus près de plusieurs réacteurs nucléaires… Le gouverneur de Fukui ne semble pas prêt à travailler avec les gouverneurs des provinces voisines. Il se focalise sur les communes à moins de 5 km pour le 18 mars.
Les plans des provinces voisines de Kyôto et Shiga ne sont pas sans critique : la province de Kyôto prévoit d’évacuer ses habitants vivant à moins de 30 km des centrales de Fukui à Maïzuru. Mais, on ne sait pas comment, ni où ces personnes seront hébergées.
Rien n’est prévu, non plus, si le lac Biwa, qui abreuve en eau potable 14,5 millions de personnes, est contaminé.
A Shizuoka, autour de la centrale de Hamaoka, il y a 860 000 personnes dans un rayon de 30 km. Comment trouver les bus et les chauffeurs pour les évacuer ?

Les manifestations anti-nucléaire du vendredi soir devant la résidence du 1er ministre continuent. Ils étaient environ 3 000 manifestants pour la 46ième qui a eu lieu le 15 mars 2013. Ils sont en général entre 2 500 et 13 000 cette année.

Lundi 18 mars, date limite pour soumettre son plan d’évacuation à la NRA en cas d’accident nucléaire. 135 communes et 21 provinces ayant des habitants à moins de 30 km d’une centrale nucléaire sont concernées. Selon le Maïnichi, 59 communes et 13 provinces sont dans les temps. Mais seulement 58 communes et 12 provinces auraient trouvé un lieu d’accueil. Mais il n’y a pas que l’évacuation à prévoir. Et seulement 30 municipalités et 8 provinces sont prêtes.
A Ibaraki, par exemple, où 940 000 personnes vivent à moins de 30 km des installations nucléaires, cela semble impossible d’évacuer toute le monde en cas d’accident. Les autorités locales en appellent au gouvernement. A Shizuoka non plus, il n’y a pas encore de lieu d’accueil pour tout le monde.
Selon le Yomiuri, seulement 29 communes sont prêtes. 120 (ou 80%) pensent avoir fini à l’automne 2013. 7 autres se donnent jusqu’à mars 2014.

L’exploitant de la centrale de Hamaoka a revu à la hausse la hauteur de son mur anti-tsunami et espère finir en décembre prochain : il fera 22 m de haut sur 1,6 km de long. Le mur actuel fait 18 m de haut.

Mercredi 20 mars, l’autorité de sûreté japonaise, la NRA, va donner une période de grâce de 5 ans aux exploitants du nucléaire pour implémenter certaines mesures de sûreté, comme une deuxième salle de contrôle excentrée ou certains systèmes de refroidissement supplémentaires. Les discussions continuent sur le calendrier d’implémentation des nouvelles exigences de sûreté.

La NRA a annoncé qu’elle allait autoriser le fonctionnement des deux réacteus d’Ôï jusqu’en septembre 2013, au-delà de l’adoption de nouveaux critères de sûreté prévus pour juillet. Ils ne s’appliqueront qu’après l’arrêt afin de leur permettre de passer l’été, période où la demande est la plus forte. Après, le Japon sera à nouveau sans aucun réacteur nucléaire en fonctionnement. Leur redémarrage ne sera possible que s’ils satisfont aux nouveaux critères.
La NRA ne veut pas créer de précédent qui impliquerait l’arrêt des réacteurs à chaque fois qu’il y a une modification des règles de sûreté. En janvier dernier, le président de la NRA avait affirmé qu’il pourrait ordonner l’arrêt de ces deux réacteurs en juillet s’ils ne satisfont pas aux nouvelles normes. Ce nouveau point de vue apparaît donc comme un rétro-pédalage et l’exploitant s’en réjouit. En revanche, les deux réacteurs d’Ôï seront inspectés à partir d’avril prochain pendant 3 mois. Si de graves problèmes de sûreté sont détectés, la NRA ordonnera l’arrêt des réacteurs.

Jeudi 21 mars, Areva a confirmé l’envoi de combustible MOx destiné à la compagnie KEPCo, qui avait déjà utilisé ce type de combustible chargé au plutonium dans le réacteur n°3 de Takahama. Pour le moment, personne ne sait si la compagnie pourra l’utiliser. Pour se justifier, KEPCo explique qu’Areva en a marre d’entreposer ce combustible…

Vendredi 22 mars, la compagnie qui tente d’exploiter l’usine de traitement des combustible usés espère pouvoir en traiter 80 tonnes cette année. De quoi extraire 0,6 tonnes de plutonium. Outre le fait que cela démontre le très faible taux de recyclage, comme en France, et que l’usine aurait dû démarrer il y a 5 ans, mais qu’elle ne fonctionne toujours pas, il y a aussi les problèmes de prolifération. Pour rassurer la planète, les compagnies d’électricité doivent donc présenter leur plan d’utilisation de ce plutonium. Alors que la fin de l’année fiscale approche (au 31 mars), elles ne peuvent pas planifier l’utilisation du plutonium et ne vont donc pas répondre.

Samedi 23 mars, le gouvernement japonais veut démanteler les quelques tentes d’indignés anti-nucléaire qui campent devant le ministère de l’industrie. Ils ont été soutenus par 300 manifestants.

Lundi 25 mars, 7 000 personnes se sont rassemblées samedi dernier dans un gymnase de Fukushima pour réclamer l’arrêt définitif de tous les réacteurs de la province.

Le quotidien Maïnichi a enquêté sur les fonds distribués par les compagnies d’électricité pour faire accepter le nucléaire.
Une troupe de marionnettes, officiellement initiée en 2000 par un groupe de mère de famille, pour sensibiliser aux bienfaits de cette énergie, a en fait été créée par le service de communication de TEPCo. Selon le site Internet de la troupe, ces mères veulent sensibiliser leurs enfants aux problèmes énergétiques. En fait, les 5 membres de a troupe appartiennent à une agence de publicité qui travaille pour TEPCo. La troupe essaye de se faire inviter chez des particuliers pour vanter l’énergie nucléaire. Une des membres a organisé 300 séances chez elle. Des employés de TEPCo assistaient parfois aux spectacles, sans se faire connaître.
Un des spectacles met en scène une maman ourse séparée de son petit par la banquise qui fond à cause du réchauffement climatique. Un autre retourne au 19ième siècle pour montrer la vie sans électricité.
La troupe continue à travailler pour l’Atomuseum à Niigata où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCo.
D’autres ONG ont été créées avec le soutien de la fédération des compagnies d’électricité pour faire la promotion du nucléaire. Il s’agit de FORUM Energy Think Together (ETT) et de Shutoken Energy Kondankai (Enekon).
Même après la catastrophe, alors qu’elles sont dans le rouge, les compagnies d’électricité ont continué à arroser ces organisations de promotion. L’ASCA Energy Forum a reçu, en 2012, 18 millions de yens de l’industrie nucléaire (150 000 euros).

Mardi 26 mars, un membre de la commission à l’énergie atomique a défendu l’idée que le retraitement des combustibles usés ne devait être effectué que quand il sera clair que le plutonium extrait pourra être utilisé dans un réacteur. Evidemment, ce sont les risques de prolifération et la réaction de la communauté internationale qui motive ce point de vue. Il devrait en être de même pour le combustible MOx qui doit bientôt partir de France.
Pour le moment, il s’agit essentiellement d’un débat théorique puisque l’usine de retraitement ne fonctionne toujours pas, 5 ans après la fin de sa construction.

Jeudi 28 mars, la compagnie d’électricité du Tôhoku a annoncé avoir renoncé à son projet de centrale nucléaire dans la province de Fukushima. C’est bien la moindre des choses, d’autant plus que le lieu d’implantation était dans la zone contaminée, à une dizaine de kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi. Le site a aussi été submergé par le tsunami.
L’opposition au projet était déjà forte avant la catastrophe nucléaire.
C’est la première annonce officielle d’abandon d’un projet nucléaire depuis le 11 mars 2011. Il en reste 11 autres dans les cartons…

Vendredi 29 mars, pour la première fois, le PDG de TEPCo a déclaré : “Notre culture de sûreté, nos compétences et notre savoir faire étaient insuffisants. Nous devons reconnaître humblement notre échec à prévenir l’accident, qui aurait pu être évité avec la volonté et la préparation des ressources humaines”. Difficile de prétendre l’inverse, même si TEPCo, toujours aussi arrogante, cherchait des boucs émissaires. Mais comme la compagnie veut redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, elle n’a pas d’autre choix que de faire amende honorable pour tenter de convaincre qu’elle a changé.

Le gouvernement japonais a estimé à 1 200 milliards de yens (10 milliards d’euros) le coût annuel de maintien du parc nucléaire arrêté. On ne connait pas ce coût pour chaque compagnie. Ce coût vient s’ajouter au coût de production de l’électricité par d’autres moyens et explique que les compagnies concernées soient dans le rouge. Et ce sont les consommateurs qui, in fine, payeront.

Samedi 30 mars, il y a eu, la veille, la 48ième manifestation anti-nucléaire avec environ 6 000 personnes devant la résidence du premier ministre. C’est aussi le 1er anniversaire de ces manifestations hebdomadaires.

Le premier ministre a reconnu qu’il serait difficile de redémarrer les réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi et les 4 réacteurs de Fukushima daï-ni, même s’il satisfaisaient aux nouvelles règles de sûreté. Comme ils ont été noyés par de l’eau de mer corrosive, c’est une hypothèse très peu probable. TEPCo, quant à elle, n’a pas encore officiellement abandonné ces 6 réacteurs et engagé les procédures administratives pour les arrêter définitivement.

Mardi 2 avril, le gouvernement a décidé de libéraliser le marché de l’électricité à partir de 2016. La loi devrait être soumis au parlement en 2015 et la séparation des activités de distribution et de production de l’électricité devrait avoir lieu entre 2018 et 2020.
Les petits producteurs ne sont pas rassurés pour autant. Ils s’inquiètent du coût de l’accès au réseau qui restera contrôlé par les majors.

Mercredi 3 avril, le gouvernement précédent voulait limiter à 40 ans l’âge des réacteurs nucléaires. Cela ne semble plus à l’ordre du jour. La loi passée en juin 2012, met une limite à 40 ans, mais autorise les exploitants à demander 20 ans de plus, sous réserve d’acceptation par l’autorité de sûreté nucléaire (la NRA). Trois réacteurs ont plus de 40 ans actuellement et trois autres en sont très proches.
La NRA a proposé de nouvelles règles concernant l’extension de la durée de vie : outre un examen approfondi des structures du réacteur, les câbles électriques inflammables seront interdits et un double système d’injection sera recquis. 13 réacteurs ont des câbles inflammables.
Les installations de ce qui est communément appelé le “cycle du combustible”, alors qu’il n’y a pas de cycle, vont voir leur démarrage une nouvelle fois retardé car les nouvelles règles de sûreté ne seront pas établies avant décembre 2013.

Jeudi 4 avril, la NRA veut établir qui critères de sûreté tels que la probabilité qu’un accident grave survienne soit inférieure à 1 tous les 10 000 ans. Par accident grave, elle entend un endommagement du coeur qui conduit à un rejet de 100 Térabecquerels de césium 137. C’est à peu près 100 fois moins ce qui a été rejeté par lors de l’accident de Fukushima.
Pour les accidents plus graves, ce sera moins de 1 tous les 1 million d’années.
Par ailleurs, un groupe de travail de la NRA suggère de prendre en compte le risque volcanique dans un rayon de 160 km autour de la centrale. Presque toutes les centrales sont concernées. Les exploitants doivent envisager une éruption avec écoulement de lave, ou des gaz et roches chaudes qui atteignent les réacteurs nucléaires. En cas de risque élevé, le réacteur pourrait ne pas redémarrer.

Samedi 6 avril, le premier ministre a reconnu qu’il sera difficile de redémarrer la cenrale de Fukushima daï-ni, même si l’autorité de sûreté la juge apte. Mais il se refuse à prendre la décision de l’arrêter définitivement, comme le réclame le gouverneur de Fukushima.

Lundi 8 avril, le ministère de l’industrie a porté plainte contre deux associations d’indignés anti-nucléaire qui campent devant le ministère pour occupation illégale d’un terrain. Il envisage dedéposer une autre plainte et réclamer 11 millions de yens (86 000 euros) pour le loyer. A-t-il porté plainte contre TEPCo pour occupation illégale de terrains avec ses déchets radioactifs ?
Les occupants et leurs trois tentes sont déterminés à rester et se battre pour cela.

Mardi 9 avril, le gouvernement ne devrait pas demander à la population de faire des efforts pour réduire la consommation d’électricité cet été car l’offre devrait dépasser de 6,3% la demande sur tout le pays. Les compagnies d’électricité ont augmenté leur capacités de production et certaines réductions dans l’industrie par exemple sont pérennes. Cela signifie donc que le Japon peut se passer de l’énergie nucléaire s’il le souhaite !
Il devrait, cependant, continuer à demander de faire des efforts pour réduire les émissions de CO2. Mais ce gaz à effet de serre n’est préoccupant que quand il sert à justifier l’énergie nucléaire. Autrement, ni les compagnies d’électricité ni le gouvernement ne semblent s’en préoccuper.

Mercredi 10 avril, l’autorité de sûreté, la NRA, a approuvé les nouvelles règles de sûreté. On ne sait toujours pas ce qui devra être implémenté avant le redémarrage et ce qui va bénéficier d’une période de grâce. Le public a encore un mois pour donner son avis. TOUS les réacteurs actuels sont recalés, même les deux en fonctionnement à Ôï ! Et donc, pour tous les réacteurs, sans exception, des travaux onéreux sont nécessaires. Dans certains cas, les compagnies pourraient décider de ne pas les faire et arrêter définitivement le réacteur.
Nous avions estimé qu’entre un tiers et la moitié du parc ne repartira jamais.

La province de Yamanashi veut devenir autonome énergétiquement (que pour l’électricité, semble-t-il !) à partir de 2050.

Lundi 15 avril, une nouvelle organisation anti-nucléaire vient d’être lancée à Tôkyô. Elle rassemble des scientifiques qui veulent peser sur la politique énergétique du Japon et influencer les décision de la NRA. Elle a reçu un soutien financier du Takagi Fund for Citizen Science.

Mardi 16 avril, 262 résidents du Kansaï avaient porté plainte pour réclamer l’arrêt des deux réacteurs de la centrale d’Ôï. Leur principal argument est que des sismologues avaient estimé que les failles sous les réacteurs sont actives. Ils viennent d’être déboutés par le tribunal d’Ôsaka.

Mercredi 17 avril, le combustible MOx est parti de Cherbourg pour le Japon. Destination, la centrale de Takahama dans la province de Fukui, exploitée par KEPCo. Elle est actuellement arrêtée et personne ne sait quand elle pourra redémarrer et si elle pourra un jour utiliser ce combustible. Arrivée prévue fin juin 2013.

L’autorité de sûreté nucléaire, la NRA, a annoncé qu’elle allait commencer à inspecter la seule centrale en fonctionnement à Ôï à partir de vendredi 19 avril. Le verdict est attendu pour juin. Le Japon devrait pouvoir passer l’été sans problème même si ces deux réacteurs sont arrêtés. Et ils seront arrêtés au plus tard en septembre 2013.

Jeudi 18 avril, la compagnie d’électricité du Tôhoku n’accepte pas le verdict de la NRA à propos des failles qui passent près de sa centrale de Higashidôri (Aomori). Elle prétend toujours qu’il s’agit de zone de déformation et pas de failles actives. Mais elle n’a pas réussi à convaincre la NRA qui a rejeté les arguments de l’exploitant.

Vendredi 19 avril, lors de la première réunion avec l’autorité de sûreté, la NRA, Kansaï Electric ou KEPCo, a affirmé que ses deux réacteurs en fonctionnement d’Ôï satisfont aux nouveaux critères de sûreté qui devraient être inscrits dans la loi à partir de juillet 2013 et que les failles qui passent sous ou à proximité de la centrale ne sont pas actives. Et d’ajouter que si la nouvelle salle de contrôle excentrée n’est pas encore disponible, une salle de réunion à proximité des réacteur peut faire l’affaire en attendant.
La NRA n’a pas pris ces affirmations pour argent comptant : KEPCo doit évaluer l’impact d’un mouvement simultané des trois failles sismiques. Et qu’il n’est pas réaliste d’utiliser la salle de réunion qui est trop proche des réacteurs en cas d’accident.
Pour le risque tsunami, la compagnie a calculé une hauteur maximale de 2,8 m et comme la centrale est située à 9,7 m au dessus du niveau de la mer, KEPCo prétend qu’il n’y a pas de problème.
Un article du Tôkyô Shimbun, traduit ici en anglais, fait le point sur ce qui reste à faire à KEPCo pour que ses réacteurs de la centrale d’Ôï puissent satisfaire aux nouveaux critères de sûreté.

L’avenir est sombre pour la centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de Niigata. Après les réacteurs 1 et 2, qui sont sur des failles maintenant considérées comme actives, c’est au tour des réacteurs 3, 5 et 7 qui sont sur des failles qui sont aussi suspectés d’avoir bougé entre 200 000 et 400 000 ans auparavant. Il ne resterait plus que 2 réacteurs sur 7 et l’exploitant, TEPCo, en faillite et avec une culture de sûreté entièrement à revoir.

Samedi 20 avril, la NRA a précisé à la Japan Atomic Power Co. (JAPC) que ses dénégations n’étaient pas acceptables et qu’elle estime toujours que les failles sous le réacteur n°2 de sa centrale de Tsuruga sont très probablement actives. Ce réacteur est donc fort probablement condamné. Le réacteur n°1 de cette même centrale a dépassé 40 ans. Quant à la centrale de Tôkaï, les élus locaux sont contre son redémarrage. Bref, cette compagnie est en mauvaise posture car elle pourrait perdre tous ses réacteurs.

Dimanche 21 avril, un article du Tôkyô Shimbun, traduit ici en anglais, fait le point sur ce qui reste à faire à KEPCo pour que ses réacteurs de la centrale d’Ôï puissent satisfaire aux nouveaux critères de sûreté.

Lundi 22 avril, des élections municipales ont porté au pouvoir des maires opposés au redémarrage de la centrale de Hamaoka, située dans la province de Shizuoka. Cela porte à 4, le nombre de municipalités officiellement opposées au redémarrage.
La compagnie, Chubu Electric, continue à investir massivement dans sa centrale et espère pouvoir la redémarrer après 2015.

Mardi 23 avril, le maire d’Ôsaka va continuer à plaider la sortie du nucléaire lors de la prochaine AG des actionnaires de KEPCo qui aura lieu en juin. Mais ce ne sera pas lui qui représentera la municipalité, premier actionnaire, à l’AG.

TEPCo a trouvé un repreneur pour le combustible MOx en France prévu pour son réacteur n°3 de Fukushima daï-ichi : une compagnie allemande. En échange, TEPCo aurait récupéré l’équivalent en plutonium au Royaume-Uni où il restera longtemps. Et c’est sans vergogne que TEPCo prétend ainsi oeuvrer en faveur de la “promotion des utilisations pacifiques du plutonium ainsi que d’une utilisation efficace des ressources énergétiques“. C’est beau, un tel dévouement ! 400 kg de plutonium ont été échangés, mais on ne connaît pas le coût de la transaction.
La compagnie possède maintenant 2,1 tonnes de plutonium en France et 5,3 tonnes en Grande-Bretagne.

Mercredi 24 avril, les Etats-Unis font pression contre le Japon à propos de l’usine de “retraitement” qui extrait le plutonium des combustibles usés. Comme il n’y a pas de plan pour utiliser le plutonium, les Etats-Unis s’inquiètent des risques de prolifération. Cela rendrait moins crédibles les pressions vers l’Iran et la Corée du Nord.
L’exploitant prétend pouvoir démarrer son usine en octobre 2013. Mais cela fait plus de 5 ans qu’elle doit démarrer dans six mois… Et comme il lui faudra la renforcer pour satisfaire aux nouvelles règles de sûreté, cette annonce n’est pas plus crédible que les précédentes. Cependant, même à plus long terme, la question de l’utilité de cette usine se pose.
En France, moins de 4% de ce qui sort des centrales est recyclé, le reste est classé en “matières recyclables”, même si ce n’est pas recyclé. C’est donc avant tout une usine de blanchiment qui permet de ne pas classer ce qui sort des centrales en déchets, même si aucune technologie n’existe actuellement pour le recyclage.

Jeudi 25 avril, le Yomiuri croit savoir que Mitsubishi et Areva ont remporté le contrat pour constuire 4 réacteurs nucléaires en Turquie. L’annonce officielle sera faite lors du déplacement du premier ministre japonais sur place. Le contrat pour les 4 réacteurs de moyenne puissance ATMEA serait de 2 000 milliards de yens (15,4 milliards d’euros). La centrale est située à Sinop sur la Mer Noire. Il s’agit d’une zone sismique…

L’Autorité de sûreté nucléaire, la NRA, n’a pas autorisé les tests sur l’usine de “retraitement” des combustibles usés de Rokkashô-mura. Il faut attendre que les nouvelles règles de sûreté pour ce type d’installation soient établies et ce devrait être fait en décembre 2013. L’exploitant, qui n’a jamais réussi à faire fonctionner son usine depuis plus de 5 ans n’est plus à cela près. D’autant plus que le seul réacteur à utiliser du MOx (avec du plutonium recyclé) était le n°3 de Fukushima daï-ichi… 3 autres sont autorisés, mais on ne sait même pas s’ils vont redémarrer.

Vendredi 26 avril, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pour gagner du temps, TEPCo a décidé de fabriquer elle-même les systèmes de filtrage des gaz qui pourraient être relachés en cas d’accident à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). On ne sait pas qui va qualifier le système, ni comment. Elle espère être prête pour cet été et ce serait les premiers réacteurs à eau bouillante du Japon à être équipés.En espérant que le système soit plus robuste que ce qui a été fait à Fukushima…

Dimanche 28 avril, les compagnies d’électricité travaillent sur le dossier de sûreté de certaines de leurs installations nucléaires pour tenter de décrocher un feu vert des autorités le plus rapidement possible. Elles pourraient soumettre leur demande dès juillet, une fois la nouvelle loi votée. KEPCo espère ainsi pouvoir démarrer rapidement deux réacteurs de sa centrale de Takahama (Fukui), Kyûshû Electric, sa centrale de Sendaï (Kagoshima) et Shikoku Electric celle de Ikata (Ehimé). On ne sait pas combien de temps il faudra pour les inspections et si les autorités locales donneront leur feu vert.

Mercredi 1er mai, la campagne “cool biz”, qui consiste à ne plus mettre de cravate et à s’habiller moins chaudement pour aller travailler débute à nouveau au Japon dans le but de réduire la climatisation. La climatisation ne devrait pas descendre en dessous de 28°C.

Jeudi 2 mai, le Japon devrait vendre des réacteurs ATMEA en partenariat avec Areva à la Turquie et a signé un accord de coopération nucléaire avec les Emirats arabes unis. La Turquie est un pays très sismique. Quant aux Emirats, ils n’ont pas besoin de nucléaire pour leur approvisionnement énergétique.

Lundi 6 mai, à peine plus de deux ans après le début de la catastrophe, un tiers des provinces japonaises (17) ont des projets de grosses centrales solaires. C’est une conséquence du nouveau tarif de rachat établi par le précédent gouvernement.

Mercredi 8 mai, un sondage montre que 70% des experts de la Société Japonaise pour l’Energie Atomique sont toujours confiants dans l’énergie nucléaire. C’était 62% en 2011. 92% d’entre eux pensent qu’il faut continuer à exploiter cette énergie.

Jeudi 9 mai, la décision finale de la NRA à propos de la faille qui passe sous le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga, prévue pour le 15 mai, est attendue. Le groupe d’experts mandaté a, à l’unanimité, considéré la faille fort probablement active, ce qui signifie la fin de l’exploitation du réacteur. L’exploitant, Japan Atomic Power Co. (JAPC), qui exploite trois réacteurs pour revendre l’électricité produite aux compagnie d’électricité, est dans une situation critique. Le réacteur n°1 de Tsuruga a plus de 40 ans et celui de Tôkaï fait face à une forte opposition locale. La compagnie a donc fait savoir qu’elle utiliserait tous les moyens possibles pour obtenir l’autorisation de redémarrer le réacteur, y compris aller en justice contre le gouvernement. L’argent semble plus important que la sûreté pour elle…

Samedi 11 mai, l’autorité de sûreté, la NRA, a demandé à KEPCo de revoir la résistance des réacteurs de sa centrale d’Ôï en supposant que les trois failles bougent en même temps lors d’un séisme. La compagnie prétend que c’est inutile car les failles, situées à moins de 30 km de la centrale, ne seraient pas liées. Deux sont sous la mer et une sous terre.

Le marché de l’électricité est libéralisé pour les compagnies qui peuvent choisir leur fournisseur depuis mars 2000. TEPCo a perdu 7 000 clients en 2012, ce qui est la plus forte perte. C’est dû, en partie, à la hausse de ses tarifs de 14,9% en moyenne. Elle a perdu 22 400 clients depuis 2000.

Lundi 13 mai, le surgénérateur expérimental Monju, arrêté depuis 1995, après quelques mois de fonctionnement seulement, suite à une fuite de sodium et que l’exploitant tente de redémarrer, pourrait être définitivement arrêté. L’autorité de sûreté nucléaire pense qu’il ne satisfait pas aux critères de sûreté et elle ne donnera pas d’autorisation de d’exploitation. La décision est attendue mecredi 15 mai.
L’exploitant n’avait pas inspecté plus de 10 000 pièces, dont certaines importantes pour la sûreté comme un détecteur de neutron ou un diesel de secours. Même après un rapport interne sur ce problème, la situation a perduré. La NRA a aussi trouvé des violations des règles internes de l’exploitant.
Bref, tout est à revoir et la Japan Atomic Energy Agency (l’équivalent du CEA) ne peut pas espérer un redémarrage avant 2014, ce qui fera 20 ans d’arrêt ! Et cela avant même que de nouvelles règles de sûreté soient adoptées. Et puis, il y a le problème de la faille qui passe sous le réacteur qui pourrait être active.
Il serait temps d’abandonner ce projet. Les surgénérateurs au sodium ne marchent pas et sont trop dangereux. Et comme l’usine de retraitement qui doit fournir le plutonium ne marche pas non plus, c’est toute la gestion des combustibles usés qui est à revoir. Elle reposait sur des chimères. Il faut maintenant tout reprendre à zéro sur des bases réalistes.
Le Japon a déjà dépensé 1 000 milliards de yens (8 milliards d’euros) sur le projet Monju, pour rien.

Mardi 14 mai, selon le Maïnichi, ce sont maintenant 8 communes (Makinohara, Kikugawa, Kakégawa, Fukuroï, Iwata, Fujiéda, Yoshida et Mori) situées près de la centrale de Hamaoka (Shizuoka) qui s’opposent à son redémarrage. Elles sont toutes situées à moins de 30 km de la centrale, dans le périmètre d’évacuation.

Mercredi 15 mai, la NRA s’est réunie aujourd’hui et a avalisé les rapports de ses experts et inspecteurs. Ainsi, comme cela a déjà été annoncé :
– le redémarrage du surgénérateur Monju (qui n’a fonctionné que quelques mois en 18 ans) est suspendu jusqu’à nouvel ordre car les problèmes de sûreté y sont trop nombreux.
– le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga (Fukui) est bien sur une faille jugée fort probablement active. Cet avis avait déjà été annoncé en janvier dernier. L’exploitant, a apporté des arguments contradictoires qui ont été rejetés par la NRA, car jugés non convainquants. Il va donc continuer les études destinées à prouver que la faille n’est pas active pour sauver son réacteur. Un rapport est attendu en juillet.
Le maire de Tsuruga, qui craint de voir les finances de sa commune fondre, comme d’autres politiciens, a essayé de faire pression, en vain.
Le patron de Japan Atomic Power, l’exploitant, est furieux et a tenu à le faire savoir : il n’aurait pas eu la chance de faire valoir ses arguments, le point de vue de la NRA ne serait pas basé sur des faits et données. Il critique aussi le fait de ne pas avoir été invité à la réunion.
Les travaux de construction de ce réacteur ont commencé en 1982 et il a démarré en 1987.
Comme les deux autres réacteurs de la Japan Atomic Power ont aussi peu de chance de redémarrer, elle va faire faillite. Et ses actionnaires sont les neuf compagnies d’électicité qui exploitent l’énergie nucléaire (Tokyo Electric Power Co. : 28,23%, Kansai Electric : 18,54%, Chubu Electric : 15,12 %, Hokuriku Electric : 13,05%, Tohoku Electric : 6,12%, Electric Power Development Co. : 5,37%, Kyushu Electric Power Co. : 1,49% et Chugoku Electric Power Co. : 1,25%). L’impact financier va donc bousculer tout le Japon. De plus, d’autres centrales pourraient être sur des failles actives et ne redémarreront pas.

Jeudi 16 mai, les indignés, qui campent devant de ministère de l’économie et des finances, ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur expulsion. Elle va durer jusqu’à mercredi prochain, qui la veille du procès suite à la plainte déposée par le gouvernement pour occupation illégale.

Vendredi 17 mai, comme tous les vendredis depuis plus d’un an, les manifestations continuent devant la résidence du premier ministre.

Le groupe d’experts de la NRA a confirmé que certaines zones de déformation sous la centrale de Higashidôri (Aomori) sont actives. Tôhoku Electric, l’exploitant, n’est, évidemment, pas d’accord. Cette compagnie pourrait aussi perdre tous ses réacteurs nucléaires.

Le président de la Japan Atomic Energy Agency qui tente d’exploiter le surgénérateur Monju a démissionné suite à la décision de l’autorité de sûreté de geler tous les travaux pour manquements graves à la sûreté. Il a 70 ans et était en place depuis 2010. La sûreté de l’installation n’en est pas pour autant améliorée. C’est toute la culture d’entreprise et l’organisation qu’il faut revoir.

Samedi 18 mai, la NRA continue ses inspections des deux réacteurs de la centrale d’Ôï en fonctionnement. Elle a notamment demandé à KEPCo, l’exploitant, d’étudier l’impact d’un mouvement simultané de trois failles lors d’un séisme. Mais l’exploitant rejette la demande sous le prétexte que ses recherches ont montré qu’il était peu probable que les trois failles bougent simultanément. Mais des experts de la NRA affirment que cette éventualité ne peut pas être exclue et doit donc être étudiée. Pourtant, quand KEPCo demandait l’autorisation de redémarrer ces deux réacteurs il y a un an, le président de la compagnie avait promis de se plier aux nouvelles normes de sûreté quand elles seraient prêtes. Mais, au Japon aussi, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et la principale leçon de Fukushima est qu’il faut aussi se préoccuper des évènements peu probables s’ils menacent la sûreté des réacteurs. KEPCo ne semble pas avoir compris, comme le dénonce l’Asahi dans un éditorial.

Dimanche 19 mai, TEPCo met les bouchées doubles pour pouvoir demander l’autorisation de redémarrer ses 7 réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa dès la fin juillet, quand le nouveau référentiel de sûreté sera dans la loi. Elle veut doubler ses concurrents pour que les inspecteurs de la NRA, qui ne sont pas assez nombreux pour tout inspecter simultanément, viennent d’abord chez elle. Mais, ce n’est pas gagné pour autant. Il y a le problème des failles dont l’étude peut prendre du temps. Et puis, une partie des autorités locales n’est pas prête à signer un chèque en blanc. Le gouverneur de Niigata a toujours dit qu’il fallait d’abord tirer toutes les conclusions de la catastrophe de Fukushima avant de prendre une décision. Mais TEPCo, qui est en faillite, compte sur ces réacteurs pour espérer voir les profits revenir.
TEPCo a démenti cette information du Yomiuri.

Les Etats-Unis ont donné leur feu vert à l’exportation de gaz de schiste vers le Japon, ce qui va faire baisser les prix du gaz naturel liquide. Les importations de Chubu Electric et Osaka Gas, qui devraient débuter en 2017, représenteront environ 5% des importations de gaz naturel. D’autres compagnies pourraient suivre et les gaz de schiste pourraient représenter 20% des importations, ce qui devrait changer la donne énergétique du pays.

Un groupe de personalités, présidé par Akito Arima, physicien nucléaire, ancien président de l’université de Tôkyô, ancien membre du parlement, ancien ministre de l’éducation et de la recherche, a envoyé un avis de 5 pages au premier ministre en février dernier, demandant le redémarrage rapide des réacteurs nucléaires et critiquant la nouvelle autorité de sûreté, la NRA. Ce texte a été signé par 29 personalités. Si les dirigeants des compagnies d’électricité ne sont pas parmi les signataires, on trouve des personnes affiliées à l’industrie nucléaire.
L’Asahi a découvert que c’est l’Agence des resources naturelles et de l’énergie, qui dépend du ministère de l’industrie, qui a rédigé le texte. Le quotidien a obtenu de nombreux documents électroniques officiels pour appuyer ses dires. Un haut fonctionnaire de la division nucléaire de l’agence a confirmé que le premier jet a été proposé par l’Agence dont des membres étaient présents lors des réunions. Ce sont aussi des membres de cette agence qui ont organisé le rendez-vous entre le groupe et le premier ministre.

Mercredi 22 mai, la NRA a officiellement validé l’avis de son groupe d’experts à propos des failles sous la centrale de Tsuruga. Elle ne va pas l’inspecter et le réacteur n°2, qui a 26 ans, ne pourra donc pas redémarrer. La NRA n’a pas le pouvoir de demander l’arrêt définitif, mais elle peut refuser l’exploitation. Elle joue sa crédibilité dans cette affaire. L’exploitant est furieux. La NRA va lui demander l’étudier la tenue de la piscine de combustibles usés à un séisme impliquant ces failles.
Pour Monju, la décision de la NRA sera officiellement annoncée le 29 mai.

Mardi 28 mai, la NRA va mettre en place 3 équipes d’une vingtaine d’inspecteurs pour analyser les dossiers de sûreté à la lumière des nouvelles normes. Chaque équipe sera constituée d’experts en sûreté nucléaire, sismologie… L’instruction d’un dossier pourra prendre de six mois à un an. La NRA manque de recul pour évaluer le temps requis car des éléments de sûreté qui n’étaient pas pris en compte auparavant doivent maintenant être contrôlés. Et puis, les compagnies d’électricité doivent obtenir le consentement des autorités locales et des plans d’urgence doivent être mis en place dans un rayon de 30 km.
Kansaï Electric (KEPCo) va demander en priorité l’autorisation de redémarrer ses réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Takahama (Fukui). Kyûshû Electric va aussi faire la demande pour deux réacteurs (Sendaï 1 et 2), Shikoku Electric, 1 (Ikata 3) et Hokkaïdô Electric, 3 (Tomari 1, 2 et 3). Ce sont tous des réacteurs à eau sous pression. Les 3 équipes de la NRA ne vont pas suffire.

Mercredi 29 mai ,la NRA a confirmé que Monju ne serait pas autorisé à redémarrer et elle va lancer une inspection de la faille qui passe sous le réacteur à partir du 13 juin prochain. Elle a aussi ordonné à la Japan Atomic Power Company d’évaluer la tenue de la piscine de combustible de sa centrale de Tsuruga face aux séismes.

Jeudi 30 mai, KEPCo a reporté une nouvelle fois la publication des résultats des ses études sismiques à la centrale de Mihama (Fukui). Initialement prévue pour mars, la publication a déjà été reportée à mai 2013. C’est pour juillet cette fois.

Vendredi 31 mai, le gouvernement va nommer Shojiro Matsuura, qui présidait la Nuclear Safety Commission au moment de la catastrophe de Fukushima, à la tête de Japan Atomic Energy Agency engluée dans les scandales à Monju et au niveau de l’accélérateur de J-Parc. C’est quelqu’un du sérail qui a présidé le Japan Atomic Energy Research Institute de 1998 à 2000 et qui préside actuellement le Japan Nuclear Safety Institute, créé l’an dernier par les compagnies d’électricité. Il a 77 ans.

Dimanche 2 juin, il y avait environ 85 000 manifestants contre le nucléaire ce jour à Tôkyô selon les organisateurs, 20 000 selon la police. Une chaîne humaire de 1,2 km a entouré le parlement.

Lundi 3 juin, la campagne “super cool biz” qui autorise de s’habiller légèrement au travail pour économiser sur la climatisation débute au Japon. Elle va durer jusqu’au 30 septembre.

Vendredi 7 juin, 57ième manifestation anti-nucléaire devant la résidence du premier ministre, comme tous les vendredis. Il y avait environ 900 personnes.

Samedi 8 juin, le parti au pouvoir et le principal parti d’opposition se sont mis d’accord pour réformer le marché de l’électricité. Une nouvelle loi sera donc soumise au parlement le 13 juin. Elle vise à libéraliser le marché en séparant la production et le transport.
Areva et l’entreprise japonaise Atox vont créer une filiale commune spécialisée dans le démantèlement des réacteurs nucléaires. C’est plus porteur que la construction en ce moment. Elle sera basée à Kashiwa, dans la province de Chiba, qui est une ville de la grande banlieue de Tôkyô qui a été particulièrement touchée par les retombées radioactives.
La compagnie américaine Edison Co., propriétaire de la centrale nucléaire de San Onofre en Californie a décidé d’arrêter définitivement les réacteurs n°2 et 3 suite à de graves problèmes de sûreté. Elle va demander des indemnités à Mitsubishi Heavy Industry suite à une fuite sur les générateurs de vapeur qui ont été remplacés en 2009 et 2010. C’est Mitsubishi qui est le partenaire d’Areva pour construire une centrale en Turquie…

Dimanche 9 juin, la NRA va inspecter les deux réacteurs d’Ôï (Fukui) en fonctionnement à partir du 15 juin. La question est de savoir s’il est possible de les laisser fonctionner au-delà de juillet, quand les nouvelles règles de sûreté seront entrées en vigueur. Comme c’est en été que la demande d’électricité est la plus forte et que ces réacteurs seront arrêtés en septembre, il y a de fortes chances pour qu’ils obtiennent un feu vert.

Lundi 10 juin, un éditorial cinglant du Japan Times critique les accords nucléaires signés entre la France et le Japon lors de la visite de François Hollande. Il parle de cynisme alors que la crise est loin d’être terminée et que de nombreux Japonais souffrent encore de la catastrophe de Fukushima. Le quotidien critique l’exportation de centrales nucléaires alors que la centrale de San Onofre en Californie, construite par Mitsubishi Heavy Industry, le partenaire d’Areva en Turquie, vient d’être définitivement arrêtée suite à des défauts de construction. Il critique aussi les accords concernant le “recyclage” des combustibles usés qui est un fiasco au Japon et qui s’apparente à du blanchiment en France (plus de 90% de ce qui sort des réacteurs est classé en “matières recyclables”, même si elles ne sont pas recyclées et n’entrent pas dans l’inventaire des déchets nucléaires…).
Les deux pays se sont mis d’accord pour développer un nouveau surgénérateur comme Superphénix ou Monju qui est excessivement dangereux car il est refroidi au sodium liquide qui explose au contact de l’eau et s’enflamme dans l’air. Comme de nombreux pays européens refusent de financer la recherche sur la fission nucléaire qui ne profite qu’à un très petit nombre de pays, la France se retrouve seule et cherche à tout prix des partenaires. Quant au Japon, il veut maîtriser le retraitement pour des raisons militaires. Les deux pays se sont mis d’accord pour coopérer au démarrage de l’usine dite de retraitement, construite par Areva. On n’en est qu’au 19 report… La “maîtrise du cycle”, pour reprendre le vocabulaire de l’industrie nucléaire, a déjà coûté au Japon presque 10 000 milliards de yens (77 milliards d’euros) pour rien.
Bref, ces accords sont un scandale.

Mardi 11 juin, KEPCo a étudié le mouvement simultané des trois failles qui passent sous sa centrale d’Ôï, la seule en fonctionnement, et est arrivé à la conclusion que l’accélération maximale engendrée par une telle secousse serait de 760 gals. La NRA estime cette valeur a priori satisfaisante. Il lui faut maintenant expertiser le dossier. Le tsunami engendré serait au plus de 3,68 m (quelle précision !) et la centrale est à 9,7 m au dessus de la mer.

Alors que le gouvernement espère un redémarrage rapide des réacteurs nucléaires pour des raisons financières, de nombreuses autorités locales se préparent à se passer du nucléaire. La région d’Ôsaka, par exemple, vient de publier un rapport d’experts intitulé “le Japon peut sortir du nucléaire d’ici 2030”. Et de proposer des mesures à mettre en place dès 2017 pour y arriver. Cela passe par une libéralisation du marché plus rapide que ce que prévoit le gouvernement pour faciliter l’émergence de producteurs nouveaux. Le rapport recommande aussi de prendre le temps de bien inspecter les réacteurs avant d’autoriser un redémarrage temporaire, le temps de mettre en place une autre politique énergétique. Cela pourrait prendre 3 ans.
Les autorités régionales vont s’inspirer de ce rapport pour mettre en place leur propre politique énergétique.
Les provinces voisines de Kyôto et de Shiga ont aussi leur plan pour sortir du nucléaire. Plus près de Fukushima, la province de Yamagata va dans le même sens, ainsi que celle d’Ibaraki.
La femme du premier ministre a aussi avoué à sur une chaîne de télévision qu’elle était aussi opposée au nucléaire et à son exportation. Le Japon devrait investir dans d’autres formes de production d’énergie, selon elle.

Kyûshû Electric dépense 10 milliards de yens (77 millions d’euros) par an pour les réacteurs nucléaires n°1 et 2 de sa centrale de Genkaï (Saga) qui ne produisent rien. Pourtant, le réacteur n°1 aura 40 ans en octobre 2015. La compagnie prétend que les coûts du nucléaire sont moins élevés que ceux des énergies fossiles et qu’elle n’a pas encore toute la somme nécessaire au démantèlement (35,8 milliards de yens, 275 millions d’euros).
Inversement, mettre le réacteur aux nouveaux standards de sûreté nécessite un gros investissement qui partira en fumée à partir de 2015. Mais la compagnie se refuse à arrêter définitivement le réacteur n°1. Elle espère peut-être pouvoir aller au-delà de 40 ans. Et en attendant, elle dépense de l’argent à son maintien, même si elle est déficitaire.
Le plus grave est que la cuve du réacteur vieillit plus vite que prévu, sans que la compagnie ne puisse apporter d’explication ni ne puisse garantir sa sûreté. Il est donc peu probable que ce réacteur puisse redémarrer un jour. Mais l’exploitant s’entête, comme s’il n’avait tiré aucune leçon de ce qui s’est passé à Fukushima. Faut dire que la précédente autorité de sûreté, la NISA, avait donné son feu vert jusqu’en 2033. Alors…

Mercredi 12 juin, le précédent gouvernement voulait limiter la durée de vie des réacteurs nucléaires à 40 ans. Une prolongation pouvait être accordée à titre exceptionnel. La NRA vient de décider que la prolongation maximale pourrait être de 20 ans ! Une ralonge de 50% ! En France, l’ASN ne donne des autorisations que par tranche de 10 ans maximum.
Evidemment, la NRA demande que les réacteurs ayant 40 ans satisfassent les règles de sûreté les plus récentes. C’est un changement pour le Japon, contrairement à l’Europe. Les compagnies doivent transmettre les résultats des inspections qu’elles effectuent. 3 réacteurs ont plus de 40 ans au Japon et 4 autres plus de 37 ans. Ces 7 réacteurs vont bénéficier d’un délai de grâce de trois ans pour se mettre aux normes si les compagnies veulent étendre leur durée d’exploitation.
Qu’en est-il du problème des câbles électriques inflammables sur 13 réacteurs ?

La NRA continue à s’intéresser aux deux seuls réacteurs en fonctionnement, les réacteurs n°3 et 4 d’Ôï (Fukui). Il n’y a pas de centre de contrôle d’urgence délocalisé et qui résiste aux séismes pour faire face à un accident. KEPCo va en construire un, mais cela ne sera pas terminé avant 2015. La compagnie a donc proposé d’utiliser une salle de réunion à proximité des réacteurs 3 et 4. Cela a été refusé par la NRA car trop proche des réacteurs. KEPCo a donc proposé d’utiliser une salle de réunion près des réacteurs 1 et 2. La NRA a accepté à la condition que ces deux réacteurs restent arrêtés. Cela signifie aussi que les réacteurs n°1 et 2 ne pourront pas être redémarrés avant 2015 au plus tôt.
Si lors de l’inspection qui débutera la 15 juin, aucun problème grave n’est trouvé, les réacteurs devraient être autorisés à fonctionner jusqu’en septembre 2013. Arrivera alors l’arrêt réglementaire au bout de 13 mois de fonctionnement et l’entrée dans le nouveau régime de sûreté.

Le gouverneur de la province de Fukushima a réitéré sa demande de voir tous les réacteurs de Fukushima arrêtés définitivement. Il l’a fait dans une lettre adressée au ministre de l’économie. Il demande donc au gouvernement de prendre ses responsabilités et de décider la fermeture définitive des réacteurs 5 et 6 de Fukushima daï-ichi et des quatre réacteurs de Fukushima daï-ni. Le ministre ne s’est pas engagé.

Vendredi 14 juin, le gouvernement a adopté le livre blanc sur l’énergie qui ne renonce plus à l’énergie nucléaire.

Samedi 15 juin, alors que le combustible MOx parti de France devrait arriver ce mois-ci au Japon, deux compagnies d’électricité vont demander l’autorisation de redémarrer en utilisant ce combustible au plutonium : il s’agit de KEPCo pour sa centrale de Takahama (Fukui) et de Shikoku Electric pour sa centrale d’Ikata (Ehimé). Mais il leur faut obtenir l’assentiment des autorités locales, ce qui n’est pas gagné.
Le MOx avait déjà été utilisé durant 14 mois dans le réacteur n°3 d’Ikata.
Les autorités prévoyaient que le MOx soit chargé dans 16 à 18 réacteurs, mais pour le moment seuls 4 réacteurs avaient été autorisés, dont le réacteur n°3 de Fukushima daï-ichi… Outre les réacteurs n°3 et Takahama et d’Ikata déjà mentionnés, il y a aussi le n°3 de Genkaï (Saga). On ne sait pas combien de réacteurs pourront redémarrer et encore moins combien pourront utiliser du combustible MOx. Les autorités d’accrochent cependant à leur programme basé sur le plutonium avec des arrières pensées militaires évidentes. Le Japon a actuellement 45 tonnes de plutonium en stock, en partie entreposé à l’étranger.

Comme prévu, la NRA a commencé à inspecter les deux seuls réacteurs en fonctionnement.

Il n’y a pas que la femme du premier ministre japonais : 58,3% des Japonais sont opposés à l’exportation de réacteurs nucléaires par leur pays.

Dimanche 16 juin, le gouverneur de Shizuoka a été réélu. Un des enjeux étaient le redémarrage de la centrale de Hamaoka. Le vainqueur, Heita Kawakatsu, se présentait comme indépendant, mais était soutenu par le principal parti d’opposition, le Parti Démocratique du Japon. Il avait promis un référendum local sur l’avenir de la centrale. Son principal challenger, soutenu par le parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocrate, a dit qu’il s’en remettrait à la décision du gouvernement. Le dernier candidat, du Parti Communiste, avait promis l’arrêt définitif de la centrale.

Lors l’inspection de la veille des deux réacteurs d’Ôï en fonctionnement, la NRA n’aurait rien trouvé de rédibitoire à la poursuite de l’exploitation jusqu’en septembre prochain. A l’issue de l’arrêt programmé en septembre, ce seront les nouvelles règles qui s’appliqueront dans leur ensemble.

Lundi 17 juin, le combustible Mox devrait arriver de France le 27 juin 2013.

Selon le quotidien Asahi, le gouvernement a déjà dépensé 2,48 milliards de yens (20 millions d’euros au cours actuel) pour promouvoir le nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima. Et 66% de cet argent est allé dans l’escarcelle d’organisation qui emploient des bureaucrates ou des cadres de l’industrie nucléaire à la retraite. L’argent provient des taxes sur l’électricité que payent les consommmateurs, même si cette somme a été divisée par deux depuis la catastrophe. Le “village nucléaire” continue à se soigner. Sont visés en priorité, les riverains des installations nucléaires pour qu’ils acceptent le redémarrage.

TEPCo pourrait reporter la demande d’autorisation de redémarrage de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Officiellement, elle aurait peur de braquer les autorités locales et donnant l’impression de leur forcer la main. Elle préfèrerait d’abord les convaincre avant d’entreprendre les démarches. Le gouverneur de Niigata est en première ligne pour réclamer que toute la lumière soit faite sur ce qui s’est passé à fukushima avant de donner son accord.

Le premier ministre japonais est à Varsovie pour rencontrer ses homologues du groupe de Visegrad (Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie) pour leur vendre du nucléaire.

Mardi 18 juin, les fortes chaleurs sont déjà là au Japon et dans la région de Tôkyô, la consommation d’électricité a dépassé les 90% des capacités de production. Les chiffres de TEPCo sont ici en anglais. C’était même 93% le 14 juin dernier.

Jeudi 20 juin, l’autorité de sûreté nucléaire, la NRA, a validé le nouveau référentiel de sûreté pour les réacteurs nucléaires japonais. Il sera appliqué à partir du 8 juillet 2013, après acceptation par le gouvernement. Certains points vont bénéficier d’un délai de grâce de 5 ans.
L’équipe d’inspecteurs, qui est allée inspecter les réacteurs en fonctionnement d’Ôï, a, dans son rapport, donné un feu vert à l’exploitation jusqu’à l’arrêt programmé en septembre. Elle s’est, en revanche, plaint du manque de coopération de l’exploitant, KEPCo.
Il s’agissait d’une inspection express qui n’a pas regardé des problèmes comme celui des failles. Une inspection plus détaillée aura lieu après l’arrêt des réacteurs en septembre.

La consommation d’électricité a baissé de 0,7% par rapport au mois de mai de l’année précédente. C’est le 5ième mois consécutif de baisse.

Vendredi 21 juin, le maire d’Iitaté veut installer une immense centrale solaire sur un terrain qui appartient à la commune : il s’agit d’un ranch qui n’est plus utilisable à cause de la radioactivité. Les bénéfices seront destinés à la réhabilitation du village.

Le ministre de l’industrie, Toshimitsu Motegi, a reconnu que la part du nucléaire dans la production d’électricité allait passer de 30% avant la catastrophe de Fukushima à 10% dans un premier temps. Cela signifie qu’il n’envisage le redémarrage que d’un tiers du parc pendant un certain temps. Les 2/3 restant ne satisferont pas aux nouveaux critères de sûreté avant longtemps…

Samedi 22 juin, le surgénérateur expérimental Monju a démarré en 1994 et s’est arrêté en 1995 suite à une fuite de sodium. Depuis, l’exploitant JAEA tente depuis de le remettre en route. Mais tout le processus a été arrêté récemment par la NRA pour défaut graves de sûreté : l’explotant n’avait pas contrôlé presque 10 000 pièces, dont certaines importantes pour la sûreté. On vient d’apprendre que ce n’est pas fini et qu’il y a 2 300 pièces supplémentaires qui n’ont pas été contrôlées ! C’est le cas par exemple pour une pompe qui fait circuler le sodium liquide de refroidissement.
Le Japon a déjà gaspillé plus de 1 000 milliards de yens (8 milliards d’euros au cours actuel) dans ce projet.

Le 26 juin, ce sont les assemblées générales des compagnies d’électricité du Japon : pour 8 compagnies sur neuf, une proposition d’arrêter l’exploitation des réacteurs nucléaires sera présentée (c’est Hokuriku Electric Power Co. qui fait exception). Dans le cas de Chubu Electric Power Co. et Kansai Electric, il y a aussi une demande d’arrêter de soutenir Japan Atomic Power Co., propriétaire de la centrale de Tsuruga située sur une faille considérée comme active par la NRA.
Mais toutes ces propositions devraient être rejetées car ce sont des compagnies financières qui détiennent la majorité et leurs décisions sont toujours en faveur des profits immédiats. Il faut, en effet, la majorité des 2/3 pour qu’une telle proposition soit acceptée.

Mardi 25 juin, avec l’arrivée prochaine du MOx envoyé par la France, des manifestants anti-nucléaire convergent vers Takahama (Fukui). Tous les gouvernements japonais maintiennent leur volonté d’extraire le plutonium des combustibles usés, même s’ils ne peuvent pas le brûler par la suite. Ce n’est pas sans poser des problèmes de prolifération. Le stock total de plutonium du serait de 44 tonnes, dont neuf au Japon avec cette arrivée. Personne ne sait quand il pourra être utilisé. Le bateau apporte 20 assemblages de MOx qui contiennent 900 kilogrammes de plutonium.
Le combustible MOx coûte 1,3 milliard de yens la tonne (10 millions d’euros), soit 5 fois plus que le combustible classique. C’est le gouvernement qui pousse l’option communément appelée “retraitement”, même s’il n’y a quasiment pas de recyclage. Mais la priorité des compagnies est, pour le moment, de redémarrer leurs réacteurs, pas d’introduire un nouveau combustible. Selon KEPCo, ce serait la France qui aurait forcé la main pour renvoyer le MOx.

Mercredi 26 juin, c’était le jour des assemblées générales des compagnies d’électricité qui ont, sans surprise, rejeté les demandes d’arrêter définitivement la production d’énergie nucléaire déposées par des groupes d’actionnaires. Au contraire, les compagnies ont réaffirmé leur volonté de redémarrer au plus vite leurs réacteurs pour retrouver les profits. En effet, elles payent pour le nucléaire qui ne produit pas et pour les énergies fossiles de remplacement.

Le projet de loi sur la libéralisation du marché de l’énergie, qui va séparer la production de la transmission, et permettre aux consommateurs de choisir leur fournisseur, n’est pas passé à la chambre haute. Les trois principaux partis politiques s’étaient mis d’accord et la loi a été votées le 13 juin dernier par la chambre basse. Mais la chambre haute a adopté une motion de censure contre le premier ministre qui a entraîné un ajournement de la session parlementaire.

Jeudi 27 juin, le combustible MOx est arrivé à Takahama (Fukui) vers 7h. Il ne sera pas utilisé avant longtemps s’il est utilisé un jour. Une centaine de manifestants étaient pour protester.

Samedi 29 juin, pour redémarrer les centrales nucléaires, il faut un plan d’évacuation d’urgence dans un rayon de 30 km et de nombreuses communautés ne sont pas prêtes. 135 communes sont maintenant concernées mais pas forcément consultées… Certaines d’entre elles ont voulu signer des accords avec les compagnies d’électricité, mais elles n’ont pas réussi à s’entendre. Elles doivent réclamer des sous. En revanche, certaines communes qui hébergent les centrales nucléaires ne veulent pas partager la rente et sont réticentes à l’extension de la zone d’évacuation d’urgence. Elles ont aussi peur que cela retarde le redémarrage et les taxes qui l’accompagnent. Cela conduit à des absurdités.
A Fukui, avec 14 réacteurs, la côte est surnommée le Ginza du nucléaire ou les Champs Elysée du nucléaire. Les autorités régionales de Fukui n’ont pas réussi à s’entendre avec les provinces voisines de Kyôto et de Shiga, dont une partie du territoire est à moins de 30 km d’une centrale nucléaire. Et donc Fukui s’est débrouillée toute seule : en cas d’accident à la centrale de Mihama, les habitants de Mihama doivent se réfugier à Ôï où il y a une autre centrale au lieu d’aller plus loin dans les centrales voisines. Et si les deux centrales sont touchées par la même catastrophe naturelle, rien n’est prévu…
Les leçons de l’évacuation de la catastrophe de Fukushima ont-elles vraiment été tirées ?

Le gouverneur de Niigata, où il y a la centrale de Kashiwazaki-Kariwa de TEPCo, doute de l’efficacité des nouvelles règles de sûreté tant que l’on a pas fait toute la lumière sur ce qui s’est passé à Fukushima, ce qui prendre des années.

Dimanche 30 juin, alors que la compagne officielle pour les élections à la chambre haute du 21 juillet va débuter, le premier ministre va tenir son premier meeting à Fukushima le jeudi 4 juillet.
Lors d’un débat entre les 9 partis politiques qui présentent des candidats à Ôsaka la veille, le parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocrate, était le seul à défendre la poursuite de l’exploitation de l’énergie nucléaire.

Lundi 1er juillet 2013, KEPCo a fini de creuser une nouvelle tranchée de 70 m de long et de 40 m de profondeur sur le site de la seule centrale en activité du Japon à Ôï et a conclu que la faille qui menace les réacteurs n’est pas active. Le mot de la fin appartient à la NRA qui est divisée sur la question.

C’est le premier jour de la campagne d’économie de la consommation électrique, même si le gouvernement n’a pas fixé d’objectif cette année. Pour le moment, les températures sont plutôt clémentes (pas trop chaudes) et cela n’est pas difficile. La campagne dure jusqu’à la fin septembre.

Mardi 2 juillet, TEPCo a finalement décidé de demander rapidement l’autorisation de redémarrer ses réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Le gouverneur y est opposé.

Mercredi 3 juillet, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise a présenté les nouvelles règles de sûreté pour les usines liées à la chaîne du combustible qui devraient être effective à partir de décembre 2013. Neuf installations sont concernées au Japon.

Le gouverneur de Niigata est furieux contre TEPCo qui veut redémarrer la centrale de Kashiwazaki-Kariwa sans venir expliquer sa stratégie aux riverains. Il parle de mépris pour la population locale. “Qui peut faire confiance à une telle compagnie ?”.

La NRA a donné son feu vert pour la poursuite de l’exploitation des réacteurs 3 et 4 d’Ôï, jusqu’en septembre. Ils seront ensuite arrêtés au bout de 13 mois et le Japon se retrouvera à nouveau sans nucléaire.

Vendredi 5 juillet, le PDG de TEPCo est allé rencontrer le gouverneur de Niigata et les maires de Kashiwazaki et Kariwa. Il a été mal reçu et a affirmé qu’il faudra d’autres rencontres pour convaincre d’autoriser le redémarrage. Le gouverneur n’a officiellement pas son mot à dire, mais les maires oui. Et comme ils dépendent des taxes de la centrale, ils seront plus faciles à convaincre.
La compagnie a embauché Barbara Judge (c’est son nom), une anglo-américaine, pour superviser la sûreté nucléaire en interne. Elle manie déjà la langue de bois avant de commencer.

Samedi 6 juillet, c’est la fin de la saison des pluies et le début des fortes chaleurs. La consommation d’électricité va augmenter pour la climatisation.

Dimanche 7 juillet, 500 mères de famille ont protesté devant la résidence du premier ministre contre la demande des compagnies d’électricité d’être autorisées à redémarrer certaines de leurs centrales nucléaires. Elles étaient porteuses de 20 000 messages de soutien fixés sur des branches de bambou en ce jour de Tanabata.

Lundi 8 juillet, avec l’entrée en vigueur du nouveau référentiel de sûreté, quatre compagnies de production d’électricité ont soumis un dossier à l’autorité de sûreté pour redémarrer dix réacteurs nucléaires. Il s’agit de
– Hokkaido Electric Power Co. pour les réacteurs 1 à 3 de sa centrale de Tomari ;
– Kansai Electric Power Co. pour les réacteurs 3 et 4 de sa centrale d’Ôï, ainsi que pour les 3 et 4 de celle de Takahama (Fukui) ;
– Shikoku Electric Power Co. pour le réacteur n°3 de sa centrale d’Ikata (Ehimé) ;
– Kyushu Electric Power Co. pour les réacteurs n°1 et 2 de sa centrale de Sendaï (Kagoshima). Elle devrait aussi faire la demande pour les réacteurs 3 et 4 de sa centrale de Genkaï (Saga) d’ici peu.
Les compagnies de Shikoku et du Kansaï ont aussi demandé l’autorisation d’utiliser du MOX dans 3 réacteurs : n°3 d’Ikata et n°3 et 4 de Takahama. C’est le réacteur d’Ikata qui aura probablement le premier feu vert car il est situé en hauteur et il n’y a pas de faille à proximité.
TEPCo, qui s’est fait rabrouer par le gouverneur de Niigata, n’a pas déposé de demande pour les réacteurs 6 et 7 de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Le gouverneur a été intransigeant lors de la rencontre de vendredi 5 juillet. Comme la NRA a des capacités limitées pour inspecter les réacteurs, TEPCo ne peut plus espérer un redémarrage rapide. Elle prévoit pourtant toujours le redémarrage lors de cette année fiscale dans ses comptes.
Aucune compagnie de production d’électricité n’est prête, pour le moment, à arrêter définitivement un réacteur. Pourtant, pour nombre d’entre eux, la remise aux normes va coûter très cher. Mais l’attitude du gouvernement actuel qui fait pression sur l’opinion pour redémarrer le nucléaire rend les compagnies plus arrogantes et convaincues qu’elles pourront à nouveau fonctionner comme avant, comme s’il ne c’était rien passé à Fukushima. Elles espèrent même redémarrer les réacteurs qui ont plus de 40 ans. Rappelons que 13 réacteurs ont des câbles électriques inflammables, ce qui désormais interdit, que d’autres sont des failles reconnues comme actives… Alors que les compagnies qui ont du nucléaire sont dans le rouge, elles ne peuvent pas se permettre d’avouer que certains réacteurs devront être arrêtés. Le coût de démantèlement pourrait faire peur aux banques et investisseurs. Alors, elles préfèrent le statu-quo.
La NRA a annoncé qu’elle allait de nouveau aller examiner la faille qui passe sous la centrale d’Ôï (Fukui), la seule en fonctionnement, dès ce mois-ci. Lors des deux inspections précédentes, il n’y avait pas consensus entre les experts mandatés. La faille passe sous la prise d’eau en mer de la centrale. La compagnie, quant à elle, avait conclu, sans surprise que la faille n’était pas active.
Les élus locaux, quant à eux, ne sont pas encore convaincus. Le Yomiuri, qui défend l’énergie nucléaire, a interrogé 11 gouverneurs et 61 maires concernés par la zone d’évacuation de 30 km autour de sept centrales nucléaires. Seulement quatre maires ont répondu soutenir le redémarrage de la centrale (Kariwa et Izumozaki (Niigata), Genkaï (Saga) et Nagashima (Kagoshima)). 30 autres ont émis des réserves. Plus de la moitié a répondu ne pas avoir les moyens de répondre à la question.
La NRA a, quant à elle, encore une fois insisté pour dire qu’elle a établi le référentiel de sûreté le plus strict du monde. Même si cela était vrai, les médias doutent de ses capacités à les mettre en application. Elle a mis en place 3 équipes, ou 80 personnes au total, pour étudier les dossiers et mener les inspections nécessaires.
Les exploitants, eux ne sont pas prêts. La NRA avait été choquée par l’attitude de KEPCo qui se contentait de faire le minimum requis sans chercher à améliorer la sûreté par elle-même lors de l’inspection des réacteur d’Ôï. Si elle continue ainsi, sa nouvelle demande pourrait être rejetée. La culture de sûreté met du temps à s’établir. Rappelons que ce sont les compagnies qui sont responsables de la sûreté de leurs installations.
A Takahama, KEPCo n’a pas changé la hauteur du tsunami potentiel fixée à 2,6 m, même si les autorités locales ont estimer que la vague pouvait atteindre 3,74 m. A Hokkaïdô, la compagnie a même diminué la hauteur du tsunami potentiel de 9,8 à 7,3 m.

Jeudi 11 juillet, l’exploitant de la centrale de Tsuruga (Fukui), qui, d’après la NRA, est sur une faille active, a fait des études complémentaires qui conduisent à la conclusion voulue : la faille n’est pas active et ne passe même pas sous le réacteur n°2 ! Il a soumis ses conclusions à la NRA.

Le Japon est en train de battre des records de chaleur. Il a eu 39°C à Kôshû pour le 3ième jour consécutif. 39,5 °C à Tatebayashi (Gunma). Mais pas de problème d’alimentation électrique avec seulement deux réacteurs nucléaires en fonctionnement.

Vendredi 12 juillet, les compagnies de production d’électricité ont du mal à admettre les nouvelles règles de sûreté. Avec le retour de la droite conservatrice et pro-nucléaire au pouvoir, elles pensent pouvoir se comporter comme avant et donner des ordres à l’autorité de contrôle. L’exemple le plus édifiant est Japan Atomic Power Co (JAPC) qui a 3 réacteurs : le n°1 de Tsuruga (Fukui) a plus de 40 ans. Son redémarrage ne peut être autorisé qu’à titre exceptionnel. Le n°2 de Tsuruga est sur une faille active, selon la nouvelle autorité de sûreté. Enfin, le réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki) fait face à une forte opposition des élus locaux car le nombre de personnes à évacuer en cas d’accident serait trop élevé. Bref, ses trois réacteurs risquent de ne jamais redémarrer et la compagnie pourrait faire faillite. Mais comme elle a comme actionnaires les compagnies d’électricité auxquelles elle vent sont courant pour le distribuer, cela n’affectera pas la sécurité de l’approvionnement électique.
Tous ces obstacles ne semblent pas affecter le PDG de JAPC qui a annoncé, lors d’une conférence de presse, qu’il allait demander l’autorisation de tout redémarrer ! Il va aussi faire appel des compléments d’étude de sûreté réclamés par la la NRA !
La compagnie joue aussi la montre, pour retarder la faillite. Le ministère de l’économie, qui est conscient qu’il devra faire face à l’arrêt définitif de plusieurs réacteurs nucléaires, pourrait changer les règles financières liées au démantèlement. La fédération des compagnies d’électricité prétend que si le réacteur n°2 de Tsuruga doit être arrêté, c’est dû à un changement de règles et le gouvernement doit mettre la main à la poche.
Le maire de Tôkaï se plaint que le PDG de JAPC n’est jamais venu lui rendre visite pour lui expliquer ses intentions. Quant au maire de Tsuruga, il soutient la compagnie et ses subsides.

Samedi 13 juillet, le gouvernement japonais va dépenser 20 milliards de yens (154 millions d’euros) pour une installation dédiée à la transmutation des déchets à Tôkaïmura. Elle va utiliser les accélérateurs de J-Parc, où il vient d’y avoir une fuite due à de fortes négligences en terme de sûreté. Elle devrait démarrer dans 5 ans, mais il ne faut pas trop en attendre en terme de gestion des déchets.

Selon un sondage, 49,7% des personnes interrogées sont contre le redémarrage des réacteurs nucléaires et 41,1% sont pour.

Kyûshû Electric a déposé une dossier de demande d’autorisation de redémarrage de deux réacteurs supplémentaires. Il s’agit des réacteurs n°3 et 4 de la centrale de Genkaï (Saga). Pour le n°3, la demande inclut l’utilisation de combustible MOx, comme c’était déjà le cas avant le 11 mars 2011. Cette centrale est aussi en hauteur et il n’y a pas de faille à proximité. Elle est donc considérée comme étant parmi les premières à pouvoir être redémarrée.
Cela porte à 12 le nombre de demandes. Tous les réacteurs concernés sont de type à eau sous pression qui ont une enceinte de confinement plus grande et ont donc obtenu un délai de grâce de 5 ans pour installer des filtres qui doivent limiter les rejets radioactifs en cas d’accident.

Mardi 16 juillet, la NRA avait jugé que la faille qui passe sous le réacteur n°2 de la centrale de Tsuruga dans la province de Fukui est active. Il était donc hors de question d’envisager une demande de redémarrage. Elle a aussi logiquement demandé à l’exploitant d’étudier la tenue de la piscine de combustible usé à un séisme où il y a 1 700 assemblages.
L’exploitant, la Japan Atomic Power Co, a fait appel de la demande de la NRA sous le prétexte que la faille n’est pas active et que la demande est donc sans fondement. Mais elle va quand même répondre aux risques liés à une perte de refroidissement de la piscine pour toute autre raison qu’un séisme d’ici la fin juillet car elle ne veut pas être punie.

La NRA a mené ses premières auditions des compagnies d’électricité qui demandent le redémarrage de réacteurs nucléaires.

L’Asahi révèle que TEPCo a poussé un de ses sous-traitants à acheter en secret du terrain près du projet de centre d’entreposage de combustibles usés à Mutsu dans la province d’Aomori en échange de promesse de contrats futurs.

Mercredi 17 juillet, l’Asahi continue ses révélations sur le centre d’entreposage des combustible usés de Mutsu (Aomori) dont TEPCO est actionnaire. La compagnie famiiale de l’ancien maire s’est trouvée en difficultés financières et le sous-traitant de TEPCo, la compagnie de construction Nishimatsu lui a accordé un prêt afin de la sauver, avec l’accord de TEPCo. Comme le maire était favorable au projet de centre d’entreposage… Une partie de la somme n’a jamais été remboursée.

Les élections à la chambre haute approchent (dimanche 21 juillet) et le principal parti au pouvoir, le parti libéral démocrate, ne parle jamais de nucléaire dans sa campagne, même s’il est clair qu’il veut redémarrer au plus vite les réacteurs. Son allié, le nouveau Kômeitô, lié à une branche du boudhisme, est plutôt contre et veut abandonner cette énergie le plus vite possible. Il est aussi contre le retraitement. Il n’en parle donc pas non plus. Tous les autres partis en lice défendent une sortie du nucléaire à plus ou moins long terme.

Le PDG de TEPCo est allé à la rencontre des conseils municipaux de Kariwa et de Kashiwazaki pour leur expliquer que la centrale était plus sûre qu’avant et qu’il fallait redémarrer rapidement deux réacteurs car la compagnie a besoin d’argent.

La NRA a commencé à inspecter les failles sous le surgénérateur Monju (Fukui). Il y a 8 failles sous l’enceinte de la centrale, dont une qui passe sous le réacteur et qui pourrait bouger si la faille active qui est 500 m plus loin se mettait à bouger. L’équipe est constituée d’un commissaire de la NRA, Kunihiko Shimazaki, et de quatre experts extérieurs.
De toutes façons le réacteur est arrêté depuis 1995, moins d’un an après son démarrage, suite à une fuite de sodium, et la tentative récente de redémarrage a tourné court pour de graves problèmes de sûreté. Le réacteur a déjà coûté plus de 1 000 milliards de yens (plus de 10 milliards d’euros) pour 250 jours de fonctionnement en tout.

Avant 2011, les employés japonais allaient travailler en costume cravate et la climatisation était fixée pour quelqu’un de très habillé. En manches courtes, on avait froid dans les restaurants, magasins, surper-marchés et même les transports en commun. Après la triple catastrophe, le gouvernement a allongé la campagne “coolbiz”, qui ne durait que quelques semaines, en encouragent les employés à s’habiller plus légèrement afin de moins climatiser. Avec le “super coolbiz”, c’était devenu plus agréable et raisonnable, même si certains magasins restaient très froids. Surtout des super-marchés. Cet été, le gouvernement a demandé à la population de faire des économies d’énergie sans pour autant fixer d’objectifs chiffrés. C’est sûrement un sentiment subjectif, mais il fait de nouveau froid dans les restaurants, magasins, super-marchés…

Jeudi 18 juillet, après deux jours d’inspection sur place, la NRA a expliqué qu’il faudra du temps et des expertises complémentaires pour évaluer le risque sismique à la centrale de Monju. La question est de savoir si les zones de fracture sous le site de la centrale peuvent bouger avec la faille active située à 500 m.

Dans un éditorial, le Maïnichi se plaint de la nullité du débat électoral concernant l’avenir énergétique du pays. Seul le principal parti au pouvoir soutient la relance du nucléaire et tous les autres sont contre. Mais concrètement, qu’est ce que cela signifie ? Il est clair, et nous l’avons déjà exposé en détails, qu’une partie conséquente du parc nucléaire japonais ne redémarrera jamais et la population n’est pas prête à accepter la construction de nouveaux réacteurs. Inversement, peu de partis sont contre un redémarrage temporaire. Ceux qui sont pour une sortie du nucléaire avec un redémarrage temporaire des réacteurs les moins dangereux ne sont pas plus précis non plus. Qu’est-ce qui différentie ces deux approches dans les faits ?
Et puis se pose la question du démantèlement et des déchets nucléaires qui est loin d’être réglée. Les partis politiques n’en parlent pas.
La Maïnichi appelle donc les partis d’opposition à être plus clair sur leur programme énergétique en soutenant les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Il appelle aussi les électeurs à voir à plus long terme que les simples échéances électorales sur ces sujets.

Suite du feuilleton des magouilles de TEPCo et la compagnie de construction Nishimatsu par l’Asahi : Nishimatsu a prêté 230 millions de yens à la compagnie du fils d’un maire pro-nucléaire de Fukushima. La demande aurait pu venir de TEPCo et Nishimatsu a dû bénéficier de contrats de TEPCo en échange. M. Kusano, maire de Naraha qui accueille Fukushima daï-ni à l’époque, dément toute implication.

Samedi 20 juillet, la centrale de San Onofre en Californie a dû être arrêtée définitivement suite à une fuite radioactive du générateur de vapeur fourni par Mistubishi. Les 4 générateurs du réacteurs étaient garantis 20 ans mais la fuite a eu lieu moins d’un an après l’installation de nouveaux générateurs. Les tubes étaient trop fins et une investigation de l’autorité de sûreté américaine a montré que Mistubishi s’est trompée dans ses modélisations numériques du flux de vapeur, ce qui a conduit à une usure très rapide. Mitsubishi va remplacer les générateurs, mais l’exploitant considère cela comme une faute grave et demande la prise en charge de tous les frais engendré par l’arrêt du réacteur. Evidemment, Mitsubishi conteste ce point de vue.
Dire que c’est avec Mitsubishi que le gouvernement japonais veut relancer l’exportation du nucléaire japonais et que c’est cette compagnie, alliée à Areva, qui a été choisie par la Turquie…

-> Lire notre article faisant le point sur le redémarrage (9 juillet 2012, remis à jour le 18 juillet).
-> Site Internet du gouvernement pour débattre de la politique énergétique à l’horizon 2030 : ici en japonais.
-> Le nouveau référentiel de sûreté des installations nucléaires japonaises est maintenant disponible en anglais, dans ses grandes lignes. Les liens pour accéder aux documents sont ici. Il s’agit de prescriptions provisoires.

(Sommaire)

Coût de la catastrophe nucléaire

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, 1 650 personnes se sont jointes aux plaintes déposées contre TEPCo.

Mercredi 13 mars, la NRA, la nouvelle autorité de sûreté nucléaire, veut revenir sur la limite de 40 ans imposée aux réacteurs nucléaires par le précédent gouvernement, à la condition qu’ils satisfassent aux nouveau critères de sûreté, bien-sûr. Au Japon, 17 réacteurs ont plus de 30 ans et 3 plus de 40 ans. L’impact de cette décision est donc énorme.
Le nouveau référentiel de sûreté a été discuté par des experts lors de réunions ouvertes au public. Mais la NRA veut autoriser le fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans sans discussions ouvertes devant le public. Le Maïnichi, dans un éditorial, dénonce cette procédure.

Dimanche 17 mars, TEPCo avait prévu de consacrer 70 milliards de yens à l’amélioration de la sûreté de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, avec 7 réacteurs. Elle a revu l’addition qui pourrait dépasser les 100 milliards de yens (presque 1 milliard d’euros). Personne ne sait comment elle pourra payer.

Lundi 18 mars, la commission en charge des consommateurs du gouvernement estime que l’augmentation des tarifs de l’électricité demandée par les compagnies du Kansaï et de Kyûshû est trop élevée.

Jeudi 21 mars, la cellule de contentieux créée par le gouvernement pour régler les conflits relatifs aux indemnisations de TEPCo, n’a pu régler, pour le moment, qu’un tiers des dossiers : 1 900 cas sur 5 800.

Vendredi 22 mars, le ministère de l’environnement a envoyé une facture de 14,9 milliards de yens (122 millions d’euros) à TEPCo pour payer une partie des coûts de la décontamination, comme la loi l’y autorise. Mais TEPCo ne paye pas et doit encore plus de 10 milliards de yens à l’Etat. En février dernier, le gouvernement a donc renvoyé une facture de rappel à la compagnie, en vain.
En revanche, TEPCo a accepté de payer une taxe d’entreposage du combustible usé à la ville de Kashiwazaki pendant 5 ans. A 480 yens par kilo (4 euros par kilo), la municipalité devrait toucher 2,87 milliards de yens sur 5 ans (23,4 millions d’euros). La compagnie espère ainsi s’attirer les bonnes grâces de la ville afin qu’elle donne son feu vert au redémarrage de la centrale avec 7 réacteurs.

Dimanche 24 mars, Japan Atomic Power Co., qui a peu d’espoir de voir ses réacteurs nucléaires redémarrer et qui a déjà revendu une partie de l’uranium qu’elle possédait, a annoncé qu’elle ne va pas recruter en 2014.

La compagnie d’Electricité de Hokkaïdô envisage de demander la permission d’augmenter de 10% en moyenne ses tarifs pour les particuliers à partir du 1er septembre prochain.

Lundi 25 mars, TEPCo a annoncé avoir étendu la zone où les agriculteurs, pêcheurs et forestiers peuvent obtenir des indemnisations à cause des “rumeurs néfastes”. Voir le communiqué de TEPCo. Cela va aller jusqu’aux shiitakés de Hiroshima, à l’autre bout de l’île principale. Pour les poissons, cela va jusqu’à Hokkaïdô. Les champignons de Hiroshima ont dû être cultivés sur du bois qui venait du Nord-Est du Japon…
Si la vente de tous ces produits souffre des “rumeurs néfastes”, pour reprendre l’expression consacrée, c’est qu’ils ont été contaminés. Mais ce mot là n’apparaît jamais. Officiellement, TEPCo est prête à payer pour compenser la bêtise humaine. Et on va la croire…

Mardi 26 mars, alors que l’Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Technologiques vient de saisir le Haut Comité pour Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire, à propos de la transparence de la production des données au sein de l’IRSN suite à l’affaire des études cachées sur le coût d’un accident nucléaire, l’IRSN se résoud à mettre en ligne l’étude de 2007 révélée par le JDD.
Rappelons que l’ACRO avait attiré l’attention sur l’étude de 2012.

Vendredi 29 mars, TEPCo a envoyé les formulaires pour l’indemnisation du foncier. 50 000 familles sont concernées.
Elle est en retard. TEPCo et le gouvernement auraient dû le faire à la fin de l’an dernier, mais la procédure d’évaluation de la part des dommages qui sont dus au séisme et au tsunami aurait été plus complexe que prévu. Ces dommages ne seront pas pris en charge par TEPCo.
Le taux d’idemnisation dépend de la date de retour prévue : au bout de 6 ans, la valeur du bien est considérée comme nulle. Pour le mobilier, la compensation sera évaluée de façon forfaitaire en fonction du nombre de résidents et la composition de la famille.
En ce qui concerne les terrains agricoles et les forêts, tout reste à faire.

Le gouvernement japonais a estimé à 1 200 milliards de yens (10 milliards d’euros) le coût annuel de maintien du parc nucléaire arrêté. On ne connait pas ce coût pour chaque compagnie. Ce coût vient s’ajouter au coût de production de l’électricité par d’autres moyens et explique que les compagnies concernées soient dans le rouge. Et ce sont les consommateurs qui, in fine, payeront.

Une enquête du Maïnichi montre que le prix des fruits et légumes produits à Fukushima a encore baissé en 2012 sur le marché de gros à Tôkyô. Le gouvernement avait baissé les limites maximales autorisées de contamination en césium, mais cela n’a pas aidé l’agriculture locale.
En 2011, le prix moyen des légumes produits dans toutes les autres régions du Japon a augmenté de 4% par rapport à l’année 2009. En revanche, les prix des légumes produits dans la province de Fukushima ont baissé de 5% par rapport à 2009. En 2012, les prix ont fléchi en moyenne de 0,2% par rapport à 2009, sauf à Fukushima où la baisse est de 18,7%.
Comme les consommateurs n’achètent plus les produits de Fukushima, officiellement à cause des “rumeurs néfastes”, ils finissent dans les restaurants et l’industrie agroalimentaire.

Dimanche 31 mars, alors que TEPCo réclame de l’argent aux autorités car elle est en faillite, elle continue à payer sa cotisation à la Fédération des Compagnies d’Electricité. L’adhésion annuelle est de 1,8 milliards de yens (15 millions d’euros). La principale activité de cette fédération est de faire du lobbying en faveur de l’énergie nucléaire.
C’est la première fois que le montant de la cotisation d’une compagnie membre est rendue publique. L’Asahi, qui a révélé l’affaire, est surpris par le montant. A quoi sert l’argent ? Les comptes de la fédération ne sont pas publics et TEPCo ne peut pas répondre sur l’utilisation des fonds.
Les experts gouvernementaux qui avaient osculté les comptes de la compagnie quand elle avait réclamé une aide financière avaient tranché : “la cotisation n’est pas essentielle pour maintenir une alimentation électrique stable”.

Mardi 2 avril, le gouvernement a donné son feu à l’agmentation des tarifs de l’électricité vendue aux ménages par Kansaï Electric (KEPCo) et par Kyûshû Electric. Ce sera respectivement 9,75% et 6,23% en moyenne à partir du mois de mai prochain. Pour KEPCo, c’est plus que ce qu’avait obtenu TEPCo sous le précédent gouvernement. Les deux compagnies avaient demandé 11,88% et 8,51% respectivement.
L’électricité du pays est l’une des plus chères des pays occidentalisés. Elle y est presque trois plus chère qu’en Corée du Sud.

Mercredi 10 avril, on l’a déjà rapporté : les compagnies d’électricité du Kansaï et de Kyûshû vont augmenter leurs tarifs à partir du 1er mai. Dans le Kansaï cela va représenter une hausse annuelle de 5 500 yens par an (50 euros) pour un ménage moyen. Et ce n’est pas fini, car les compagnies ont prévu de pouvoir redémarrer rapidement leurs réacteurs, ce qui n’est pas gagné. Elles ont des investissement massifs à réaliser avant pouvoir espérer obtenir un feu vert. Alors que tout le monde doit faire des efforts, les dirigeants des deux compagnies maintiennent des privilèges, comme le dénonce l’Asahi dans un éditorial. Les PDG de Kansaï et Kyûshû Electric gagnaient, respectivement, 41 et 33 millions de yens par an (315 000 et 254 000 euros). le gouvernement a recommandé aux compagnies de s’aligner sur le salaire d’un haut fonctionnaire : 18 millions de yens par an (138 000 euros). Mais elles sont passées outre et versent, respectivement, 21 et 20 millions de yens par an (161 000 et 154 000 euros).

Mardi 16 avril, TEPCo a annoncé à la délégation des trois CLI du Nord Cotentin en voyage au Japon avoir déjà indemnisé plus 1,5 millions de personnes et que cela représente une somme de 17 milliards d’euros.
Et ce n’est pas fini ! Les populations ne vont pas rentrer de si tôt et la compagnie n’a pas encore indemnisé le foncier.

Jeudi 18 avril, TEPCO a reçu 223,5 milliards de yens (1,7 milliards d’euros) du gouvernement pour l’aider à payer les indemnisations. C’est le quinzième apport financier.

Dimanche 21 avril, nous en avions parlé le 22 mars dernier, TEPCo rechigne à payer une facture de 10,55 milliards de yens (81 millions d’euros) au ministère de l’environnement pour financer le coût de la décontamination car elle n’aurait aucune obligation légale à le faire !
Le bras de fer continue. Le ministère n’a pas mis de date limite et il n’y aura donc pas de pénalités de retard.
Si TEPCo ne paye pas, ce seront les contribuables qui payeront. Si TEPCo paye, ce seront les contribuables qui avanceront l’argent… et les consommateurs qui devront payer.
Le gouvernement a engagé 372,1 milliards de yens (2,9 milliards d’euros) en 2012 pour financer la décontamination. Pour 2013, ce sont 497,8 milliards de yens (3,8 milliards d’euros) qui devraient être dépensés. Mais il n’en facture qu’une petite partie à TEPCo et elle ne paye pas !
En novembre 2012, le gouvernement a envoyé une facture de 7,6 milliards de yens (58 millions d’euros) à TEPCo pour couvrir une partie des frais jusqu’à août 2012. Cette somme inclut 1,7 milliard de yens pour les zones spéciales près de la centrale, 2,4 milliards de yens de subventions aux autorités locales engagées dans la décontamination, 1,94 milliards de yens pour financer des recherches sur la décontamination des habitations et 960 millions en publicité sur ces actions. TEPCo n’a payé que la première somme de 1,7 milliard pour les zones spéciales près de la centrale.
En février 2013, le ministère a renvoyé une facture de rappel pour le reste et il a ajouté 7,3 milliards de yens pour la période qui va de septembre à novembre 2012. TEPCo ne devrait payer que 2,65 milliards sur cette nouvelle facture et refuse de payer les 4,65 milliards restants.

Mardi 23 avril, le gouvernement a approuvé un projet de loi qui reporte la date limite pour porter plainte contre TEPCo afin d’être indemnisé. Comme il y a actuellement prescription au bout de 3 ans que la moitié des 6 000 dossiers de réclamation n’ont pas encore été résolus, le gouvernement prévoit d’autoriser les personnes concernées à porter plainte dans un délai d’un mois après l’échec de la demande de compensation. Un mois, c’est court pour préparer un dossier de plainte.

Mercredi 24 avril, la compagnie d’électricité, Tôhoku Electric, prépare une demande d’indemnisation de plus de 20 milliards de yens (154 millions d’euros) suite à la catastrophe nucléaire. Cette compagnie fournit la région de Fukushima et elle a enregistré une baisse de 10% de la demande en 2011. Son projet de centrale nucléaire à Namié-Odaka, à 10 km de Fukushima daï-ichi, a aussi dû être abandonné. Elle y avait déjà investi 18,5 milliards de yens (142 millions d’euros). Elle a aussi perdu deux centres à Tomioka et Namié, villes évacuées.
Alors que les compagnies d’électricité ont promu le nucléaire ensemble, une telle attitude est surprenante. Elles aussi contruit en commun certains réacteurs (le n°1 de Kashiwazaki-Kariwa et le n°1 de Higashidôri). Leurs zones de vente étant contigües, elles se sont souvent échangé de l’électricité.
Suite à un accord avec le syndicat maison, Tôhoku Electric ne donnera pas de prime à ces employés cet été, pour la première fois de son histoire. La compagnie a été créée en 1951.

Jeudi 25 avril, la compagnie Hokkaïdô Electric a demandé l’autorisation d’augmenter ses tarifs de 10,2% en moyenne pour les ménages. Les compagnies et industries, l’augmentation devrait être de 13,46% en moyenne et n’a pas besoin du feu vert du gouvernement.

Mardi 30 avrilTEPCo a présenté ses résultats financiers pour l’année fiscale 2012, qui s’est terminée le 31 mars 2013 : elle est encore dans le rouge avec une perte de 685 milliards de yens (5,3 milliards d’euros). La perte était de 781 milliards de yens lors de l’exercice précédent. Elle a provisionné plus de 1 000 milliards de yens (près de 10 milliards d’euros) d’indemnisation pour cette année, ce qui portera à 3 686,9 milliards de yens (près de 30 milliards d’euros) la totalité des indemnisations depuis le début de la catastrophe.

Mercredi 1er mai, sur les 10 compagnies d’électricité du Japon, qui se sont partagées le territoire, 8 sont dans le rouge lors de l’année fiscale 2012 (1er avril 2012 – 31 mars 2013) : les pertes cumulées s’élèvent à 1 560 milliards de yens (12 milliards d’euros). Pour quatre d’entre elles, il s’agit d’une perte record : Hokkaido Electric Power Co. (132,8 milliards de yens), Kansai Electric Power Co. (243,4 milliards de yens), Shikoku Electric Power Co. (42,8 milliards de yens) and Kyushu Electric Power Co. (332,4 milliards de yens). Le nucléaire représente environ 40% de leur production électrique.
Les seules à faire des bénéfices sont la compagnie d’électricité d’Okinawa qui n’a pas de nucléaire et Hokuriku Electric Power Co. qui n’a qu’une seule centrale nucléaire.
La maintenance des réacteurs nucléaires qui sont presque tous arrêtés a coûté 1 200 milliards de yens (preque 10 milliards d’euros) durant cette même année fiscale et ils n’ont presque rien produit… Les investissements pour mettre les réacteurs qui le peuvent aux nouvelles normes devrait coûter autant selon les compagnies.
Les tarifs d’électricité vendue par les compagnies d’électricité du Kansaï et de Kyûshû augmentent de 9,75% et 6,23% en moyenne pour les ménages à partir de ce jour. Leurs tarifs pour les entreprises ont été augmentés le mois précédent de de 17,26% et 11,94% en moyenne.

Mardi 21 mai, TEPCo a reçu 154,9 milliards de yens (1,2 milliards d’euros) d’argent public.

Les compagnies d’électricité du Tôhoku et de Shikoku ne pourront pas augmenter leur tarifs d’électricité pour les particuliers avant le mois d’août au plus tôt alors qu’elles espéraient un feu vert du gouvernement pour juillet. Le groupe du ministère de l’économie qui étudie leur demande a besoin de plus de temps.

Environ 700 habitants de Hippo, situé à Miyagi, sur la frontière avec la province de Fukushima, ont porté plainte pour obtenir la même indemnisation que celle reçue par les résidants de Fukushima. Ils ont demandé à TEPCo de leur verser 70 millions yens (5,4 millions d’euros) en dommages-intérêts. Les résidants de Hippo ont soutenu que les niveaux de radiation dans leur district dépassaient ceux de Fukushima, mais le plan d’indemnisation de base du gouvernement japonais ne concerne que les habitants de Fukushima.

Jeudi 30 mai, le maire de Namié et des avocats représentant 11 602 personnes, soit plus de la moitié de la population du village, ont déposé une réclamation auprès de la structure en charge des litiges concernant les indemnisations. Ils demandent à être mieux indemnisés : ils recoivent actuellement 100 000 yens par personne et par mois (770 euros) et veulent 350 000 yens (2 700 euros). L’indemnité actuelle, qui sera versée tant que les habitants restent réfugiés, est basée sur ce que versent les assurances aux personnes victimes d’un accident de la route.
C’est la première fois qu’une mairie agit au nom de ses administrés. C’est elle qui finance l’action. C’est aussi le plus gros groupe à porter plainte.

Vendredi 31 mai, TEPCo a demandé 666,255 milliards de yens (5,1 milliards d’euros) supplémentaires au gouvernement, ce qui porte l’aide financière totale à 3 789,334 milliards de yens (presque 30 milliards d’euros). Il ne s’agit que d’une partie du coût de la catastrophe. Cette hausse est justifiée par la compagnie de la façon suivante :
– redéfinition des zones d’évacuation et des indemnisations afférentes : 370 milliards de yens (1,2 milliards d’euros) de plus.
– indemnisation des “rumeurs néfastes” : 43 milliards de yens (331 millions) de plus.
– indemnisation des personnes qui ont besoin de soin : 13 milliards de yens de plus.
– extension des restrictions de mise sur le marché et “rumeurs néfastes” : 240 milliards de yens (1,85 milliards d’euros) de plus.
Pauvre TEPCo qui doit faire face à la “rumeur” la plus chère de l’histoire de l’humanité…

Samedi 1er juin, on en a déjà parlé, TEPCo refuse de payer certains travaux de décontamination au ministère de l’environnement. 16,5 milliards de yens (123 millions d’euros) sont en jeu. Le gouvernement envisage donc de porter plainte contre la compagnie. En cas de procès et de victoire du gouvernement, TEPCo aura aussi à payer des intérêts sur le retard. Le gouvernement espère donc convaincre la compagnie de payer sans passer par la justice.
Le gouvernement a engagé 1 300 milliards de yens (10 milliards d’euros) dans les travaux de décontamination jusqu’à la fin 2013. Il ne réclame le remboursement que d’une toute petite partie. Et TEPCo n’a accepté de payer que 4,4 milliards de yens (34 millions d’euros) sur les 21,1 milliards (162 millions d’euros) que lui réclame le gouvernement. Elle devrait verser prochainement 0,25 milliard de yens.

Lundi 3 juin, Nagadoro est le district le plus contaminé d’Iitaté et le retour n’est pas possible à court et moyen terme. Les 180 résidents avaient réclamé une meilleure indemnisation à la commission en charge des litiges et ils ont gagné. Le village avait été évacué tardivement et les habitants ne s’étaient pas protégés contre les retombées durant les rejets massifs des premiers jours. Ils vont donc recevoir une indemnisation supplémentaire, en plus de celle qu’ils recoivent comme réfugiés, en raison des craintes qu’ils ont pour leur santé à venir : 1 million de yens pour les femmes enceintes (7 700 euros) et les enfants, la moitié pour les autres.
C’est la première fois que les craintes pour la santé sont prises en considération lors de l’indemnisation. D’autres personnes pourraient réclamer la même chose. Pour l’avocat des victimes, c’est une reconnaissance officielle de la responsabilité de l’Etat et de TEPCo. La compagnie va encore parler de “rumeur néfaste”…
La famille d’un agriculteur bio qui s’était suicidé va aussi obtenir plus de 10 millions de yens (plus de 77 000 euros). Mais la famille est choquée que TEPCo ait refusé de présenter ses excuses. Les fils demandent que TEPCo viennent rendre hommage au défunt car ils ne supportent pas d’entendre dire qu’il n’y a pas eu de décès liés à la catastrophe nucléaire.
D’autres familles ont réclamé d’être dédommagées du suicide d’un des leurs suite à la catastrophe nucléaire. Selon les autorités, la catastrophe aurait entraîné au moins 80 suicides.

Vendredi 7 juin, 11 000 personnes sur 160 000 n’auraient pas encore demandé de compensations à TEPCo. Ce droit risque d’expirer en septembre 2014.

Lundi 10 juin, les familles de quatre patients décédés par manque de soins à la suite de la catastrophe nucléaire ont porté plainte contre TEPCo. Ils réclament 125 millions de yens (presque 1 million d’euros).

Vendredi 14 juin, un employé de TEPCo a perdu dans le train les dossiers de demande d’indemnisation de 22 personnes avec de nombreuses informations personnelles.

Samedi 15 juin, TEPCo a reconnu avoir déjà perdu 60 dossiers de demande de compensation avec des données personnelles, en plus des 22 dossiers perdus dans un train le 14 juin.

Lundi 17 juin, selon le quotidien Asahi, le gouvernement a déjà dépensé 2,48 milliards de yens (20 millions d’euros au cours actuel) pour promouvoir le nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima. Et 66% de cet argent est allé dans l’escarcelle d’organisation qui emploient des bureaucrates ou des cadres de l’industrie nucléaire à la retraite. L’argent provient des taxes sur l’électricité que payent les consommmateurs, même si cette somme a été divisée par deux depuis la catastrophe. Le “village nucléaire” continue à se soigner. Sont visés en priorité, les riverains des installations nucléaires pour qu’ils acceptent le redémarrage.

Mardi 18 juin, les demandes d’indemnisation des autorités régionales de Fukushima et des mairies feraient un total de 46,64 milliards de yens (370 millions d’euros) au 30 avril 2013, mais TEPCo n’aurait versé que 5,2 milliards de yens (41 millions d’euros). Les demandes émanent de 45 mairies et 19 groupements de communes alors qu’il y en a respectivement 59 et 29. D’autres demandes pourraient donc encore être faites.
Certaines demandes sont refusées comme le paiement des travaux de décontamination d’une aire de jeu et de sport à Nihonmatsu. TEPCo répond que c’est à l’Etat de payer. Certaines mairies envisagent d’aller en justice.

Mercredi 19 juin, l’agence Bloomberg a obtenu des comptes-rendus de réunions concernant TEPCo concernant la fuite des jeunes cadres de l’entreprise et va poser problème dans l’avenir. Environ 1 200 personnes ont démissionné durant les deux premières années de la catastrophe. La moitié a moins de 30 ans.
La raison principale avancée serait l’argent : les salaires ont été coupés de 25% pour les cadres et de 20% pour les employés.
Il apparaît aussi que TEPCo ne sait pas combien va lui coûter cette catastrophe et qu’il est difficile d’imaginer l’avenir.

Lundi 24 juin, TEPCo a reçu 115,1 milliards de yens (presque 1 milliard d’euros) des autorités pour l’aider à indemniser les victimes de la catastrophe.

Mardi 25 juin, le gouvernement japonais a accepté de verser 666,2 milliards de yens (5 milliards d’euros) supplémentaires à TEPCo. Cela va porter à 3 789,3 milliards de yens (près de 30 milliards d’euros) le total des fonds publics accordés à Tepco pour les indemnisations. A cela s’ajoutent 1 000 milliards de yens injectés dans l’entreprise.

Mercredi 26 juin, le village d’Iitaté, bien que fortement contaminé, a été évacué tardivement. Les habitants, inquiets pour leur santé ont donc réclamé une indemnisation supplémentaire à l’organisme d’arbitrage. La commission a recommandé que les 190 habitants du district de Nagadoro à Iitaté, qui vivaient dans une zone où le retour ne sera pas possible avant longtemps, aient droit à une compensation complémentaire. C’est la première fois que des craintes pour la santé étaient indemnisées. Mais TEPCo a déclaré qu’elle ne suivrait pas cette recommandation, qu’elle qualifie, de “non scientifique”, car les faibles doses seraient sans danger.
Il en sera probablement de même pour les habitants du district de Warabidaïra qui fait la même demande.

Jeudi 27 juin, les 10 compagnies d’électricité du Japon et les 4 compagnies de gaz vont augmenter leur tarifs à partir d’août.

Vendredi 28 juin, on savait déjà que l’argent dédié à la reconstruction des zones touchées par le séisme et tsunami du 11 mars 2011 avait été en partie détourné. L’Asahi révèle qu’une partie a aussi servi à soutenir financièrement les compagnies d’électricité qui ont leurs réacteurs nucléaires à l’arrêt. 10 milliards de yens ont été dédiés à l’aide à la production d’électricité. Ils viennent en grande partie de l’impôt post-catastrophe naturelle. Cet argent peut servir à payer les intérêts des emprunts effectués par les compagnies d’électricité pour redémarrer une centrale thermique. Seule Chubu Electric, qui exploitait la centrale nucléaire de Hamaoka, en a bénéficié et a reçu un total de 1,9 milliards de yens (15 millions d’euros) en 2011 et 2012.
Par ailleurs, la centrale de Hamaoka fournissait gratuitement de l’eau chaude à un élevage de poissons (en France, la centrale de Gravelines fournit aussi de l’eau chaude à un élevage de poissons). Mais avec l’arrêt, il a fallu acheter une chaudière et payer la facture d’électricité. C’est la région de Shizuoka qui a payé : 400 millions de yens (3 millions d’euros).
Interrogé par le quotidien, le ministère de l’industrie a expliqué que Chubu Electric a bénéficié de cette faveur car c’est le gouvernement qui lui a demandé d’arrêter ses réacteurs en mai 2011. Mais cela va s’arrêter en juillet 2013. Les 6 à 7 milliards de yens qui restent dans ce fond vont être réaffectés à la reconstruction.
100 milliards de yens (0,7 milliard d’euros) auraient été détournés au total et le gouvernement va tenter de les récupérer.

Sur les 160 000 personnes qui ont droit à des indemnités suite à la catastrophe nucléaire, 7% n’auraient pas fait la demande. TEPCo va les relancer car, après mai 2014, ce sera trop tard.

Vendredi 12 juillet, le gouvernement a reporté 60% des fonds de 2012 destinés à la décontamination, selon l’Asahi. Dans les zones les plus contaminées, c’est le gouvernement qui a la charge de la décontamination. Ailleurs, ce sont les communes, qui se font ensuite rembourser par le gouvernement, qui enverra ensuite la facture à TEPCo. 36 communes sont ainsi concernées à Fukushima et elles n’ont dépensé que 40% du budget qui leur était alloué.
Les plans de décontamination des communes sont souvent rejetés par le gouvernement car ils satisfont pas exactement au cahier des charges ou parce qu’ils coûtent trop chers. Et puis, il n’y a toujours pas de solution pour les déchets radioactifs engendrés. Un fonctionnaire du ministère de l’environnement a expliqué au Asahi qu’il doit prendre en compte les critères fixés par TEPCo pour espérer se faire rembourser un jour. La compagnie refuse toujours de rembourser 16 milliards de yens sur une facture de 21 milliards.

Vendredi 19 juillet, TEPCo avait coupé de 30% environ le salaire de ses cadres après la catastrophe. Beaucoup partent en retraite plus tôt que prévu : 700 l’an dernier alors qu’ils étaient 130 en 2010. 40% étaient à des postes clé. Pour garder ses cadres plus longtemps, elle va donc verser une prime de 100 000 yens environ à 5 000 d’entre eux. Cela va faire grincer des dents alors qu’elle ne survit que grâce à l’argent public.

-> Rapport de Greenpeace de 2012 avec une partie sur les indemnisations (en français)
-> Rapport de Greenpeace de 2013 avec une partie sur les indemnisations et la responsabilité (en anglais)
-> Rapport de l’OCDE de 2012 : Japan’s compensation system for nuclear damage

(Sommaire)

L’accident nucléaire

Généralités

L’accident a été classé au niveau 7 de l’échelle INES.

Le premier rapport écrit par l’autorité de sûreté nucléaire japonaise sur l’accident pour l’AIEA est disponible ici en anglais (juin 2011).

Le site de la commission d’enquête mise en place par le gouvernement, avec le rapport d’étape en anglais, est ici : Investigation Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations. Le rapport définitif est aussi disponible en anglais.

Le site de la commission d’enquête indépendante d’initiative privée est ici : The Rebuild Japan Initiative Foundation Le rapport est en cours de traduction en anglais. Le résumé et les conclusions sont déjà disponibles.

La commission d’enquête parlementaire sur l’accident de Fukushima a présenté son rapport début juillet 2012. Il est disponible en ligne en japonais ici et ici en anglais. Le résumé est aussi disponible en français grâce à une équipe de traducteurs bénévoles.

TEPCo a mis en place sa propre commission d’enquête interne : le résumé en anglais est ici. Le rapport d’enquête interne complet, en date du 20 juin 2012, est maintenant disponible en anglais. Les autres données de la compagnie sont regroupées ici en anglais.

L’Institute of Nuclear Power Operations (INPO) aux Etats-Unis a mis à jour son rapport sur l’accident nucléaire. Il est disponible en ligne.

TEPCo a mis en ligne 2 145 photos qui datent des premiers jours de la catastrophe. Elles ont été prises, pour la plupart, par des employés. TEPCo a censuré 849 photos sous le prétexte de la protection de données sensibles relatives à la technologie nucléaire.

La CIPR a tiré les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le résumé est disponible en ligne.

Jusqu’au 15 mai pour le réacteur n°1 et au 24 mai 2011 pour le n°2 et 3, TEPCo prétendait que le combustble était partiellement endommagé, avant d’admettre soudainement qu’il y avait fusion complète du coeur dans ces 3 réacteurs.

Outre les réacteurs, les piscines de combustibles ont fait très peur et sont toujours menaçantes. Leur inventaire officiel est sur le site du ministère de l’industrie. La première colonne correspond au n° du réacteur. La deuxième, à la capacité de stockage, la troisième au nombre d’assemblages de combustible usé et la dernière au nombre d’assemblages de combustible neuf. Un assemblage contient 72 barres de combustible. A cela s’ajoute la piscine d’entreposage commune du site avec 6 375assemblages.

La BBC a diffusé un reportage remarquable sur l’accident qui peut être visualisé ici en anglais.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire utilise le mot ‘incident’ pour décrire ce qui s’est passé à Fukushima. Pour Areva aussi, il n’y a eu qu’un incident à Fukushima… Un ACROnaute nous a envoyé par mail un scan du programme 25ième congrès de radioprotection organisé par l’ATSR les 10-11-12 octobre à Orléans : l’IRSN y a fait une présentation intitulée “Conséquence incident FUKUSHIMA”… Sans s à conséquence.
Ce serait bien que tous ces gens expliquent ce qu’est un accident nucléaire si Fukushima n’est qu’un incident.

3 des 4 réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ni (n°2) ont failli suivre ceux de daï-ichi sans une source de courant encore disponible pas trop loin. Heureusement qu’il y avait 2 000 personnes sur le site de la centrale. Cela a permis de tirer un câble sur 9 km. La nuit ou le week-end, avec seulement 400 personnes présentes, cela n’aurait peut-être pas été possible.

Si la centrale d’Onagawa a pu être sauvée, c’est grâce à l’obstination d’un homme, Yanosuke Hirai, qui a obtenu que la digue de protection contre les tsunami fasse 14,8 m. Sa conviction était basée sur l’étude du passé et du tsunami de 869, alors que la plupart de ses collègues se seraient contentés d’une digue de 12 m. Le tsunami du 11 mars 2011 a atteint une hauteur de 13 m… Comme un tsunami provoque d’abord un retrait de la mer, il s’était aussi assuré que la prise d’eau ne serait pas asséchée.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, l’IRSN a mis en ligne une vidéo sur la catastrophe de Fukushima.

Lundi 18 mars, le système de refroidissement des piscines de combustible usé est tombé en panne suite à une coupure de courant vers 19h. TEPCo ne trouve pas l’origine et a mis 3 heures à faire l’annonce. Il y a aussi eu une coupure électrique dans le centre de crise, mais le courant a pu y être rapidement rétabli. Ce n’est pas le cas pour les piscines des réacteurs 1, 3 et 4 qui ne sont plus refroidies.Il y a plus de 2 000 assemblages dans ces piscines.
Le système de traitement de l’eau contaminé est aussi arrêté, ainsi que le refroidissement de la piscine commune avec 6 377 assemblages. Le système de refroidissement des coeurs de réacteurs fondus ne semble pas affecté.
Les piscines peuvent tenir plusieurs jours sans refroidissement, mais si une telle panne arrivait sur le système de refroidissement des coriums (combustibles fondus), ce serait beaucoup plus grave : les cuves étant percées, l’eau partirait assez rapidement et les rejets radioactifs massifs pourraient reprendre.

Mardi 19 mars, retour sur la panne de courant de la veille qui a entraîné l’arrêt du refroidissement des piscines des réacteus 1, 3 et 4, ainsi que de la piscine commune, de la station de traitement des eaux contaminées à partir de 18h57, le 18 mars.
L’injection d’azote, qui doit empêcher toute nouvelle explosion hydrogène, est maintenue, mais une des deux installations de fourniture d’azote a été suspendue.
TEPCo a réussi à rétablir progressivement la situation au cours de la journée. Le système primaire de refroidissement de la piscine n°4 fonctionne depuis 13h20. Le deuxième circuit est reparti à 16h13 grâce à un générateur diesel. Depuis 18h48, il est alimenté par le réseau électrique normal.
A 14h20, les deux circuits de refroidissement de la piscine du réacteur n°1 sont repartis. Pour ceux de la piscine du réacteur n°3, il a fallu attendre 22h43.
Pour la piscine commune, TEPCO a d’abord annoncé le 20 mars, vers 8h. Mais, finalement, le refroidissement a été rétabli à 0h12 le 20 mars. La température de la piscine était de 31,8°C.
Il aura fallu 29 heures et 50 personnes pour rétablir le refroidissement des piscines ! Trois tableaux électriques auraient cessé de fonctionner.
La température de la piscine n°4 était de 25°C avant la panne et de 30,5°C à 10h, puis 31,6°C à 13h. Elle pourrait monter à 65°C en 4 jours.
TEPCo ne semble pas connaître l’origine de la panne, ce qui n’est pas très rassurant.
Les résidents locaux sont choqués que la compagnie ait mis 3 heures à informer le public. Combien de temps faudra-t-il de temps en cas de rejets plus massifs que les rejets continus actuels ? Cet incident a ravivé les plaies de la catastrophe et inquiète beaucoup. Pourront-ils rentrer un jour ?
Voir le dernier communiqué laconique de TEPCo sur le sujet. L’AIEA n’est pas plus locace.

Mercredi 20 mars, TEPCo est en train de chercher pourquoi trois tableaux électriques sont tombés en panne et entraîné l’arrêt de 9 installations. Elle a des doutes sur un panneau situé sur un camion. Un ouvrier a trouvé de la suie sur les parois du local d’un des panneaux. Les pompiers de Futaba sont venus et ont indiqué qu’il n’y a pas eu d’incendie. Communiqué de TEPCo en anglais et photos avec légendes en japonais (16h30) et en anglais.
La compagnie soupçonne qu’une souris a créé un court-circuit. (Photo de la souris ou ce qu’il en reste…)

Jeudi 21 mars, le rat ou la souris qui a provoqué la panne électrique a choqué : comment TEPCo a-t-elle pu se reposer sur un système aussi fragile pour maintenir des fonctions aussi cruciales que le refroidissement de son installation ? Comment, le court-circuit provoqué par le pauvre animal a-t-il pu faire disjoncter un autre circuit alors qu’ils auraient dû indépendants l’un de l’autre ? Ils ont été temporairement inter-connectés pendant des travaux de maintenance. Est-ce permis ?
Pourquoi les animaux peuvent-ils pénétrer et provoquer des courts-circuits ?
Pourquoi TEPCo n’a pas installé des systèmes redondants pour faire face à des pannes ? Pourquoi cela n’a pas été imposé par les autorités ? Comment la compagnie compte-t-elle exploiter sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa sans avoir tiré les leçons de la catastrophe en cours ni amélioré sa culture de sûreté ?

“Tout va très bien,
Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien
Pourtant il faut,
Il faut que l’on vous dise,
On déplore un tout petit rien,
Un incident,
Une bêtise,
La mort d’une souris grise.
Mais à part ça,
Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien”

Lundi 25 mars, TEPCo a confirmé, dans un rapport, que le rat est bien à l’origine du court-circuit qui a provoqué une panne de 29 heures. Une photo du rat kamikaze est en ligne, ainsi que le rapport en japonais.

Mercredi 27 mars, la Société Japonaise pour l’Energie Nucléaire a publié un rapport d’étape sur la catastrophe. Le rapport définitif est pour décembre prochain. D’après les médias, il n’y aurait rien de neuf dans ce rapport, qui souligne le manque de préparation de TEPCo face à la catastrophe.
Par ailleurs, le rapport mentionne une enquête interne auprès de 289 membres qui a montré qu’une partie d’entre eux pensent avoir été trop arrogants et trop sûrs d’eux. Ils reconnaissent qu’il est difficile de contredire l’industrie nucléaire.

Jeudi 28 mars, la NRA, qui est la nouvelle autorité de sûreté, va mener sa propre investigation sur la catastrophe en cours afin de tenter de répondre aux nombreuses questions restées sans réponse. L’Autorité est consciente que cela prendra des décennies.

Vendredi 29 mars, TEPCo teste des robots décontamineurs et a mis en ligne des vidéos.

TEPCo a mis en ligne 113 vidéos d’enregistrements des visioconférences des premiers jours de la catastrophe.

Mercredi 3 avril, fausse alerte sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi : à 15h55, une balise qui mesure la radioactivité des poussières sur les filtres sonne l’alarme près du poste de garde principal de la centrale. L’ordre a été donné d’enfiler un masque intégral. Aucune autre anomalie n’a été trouvée. D’autres mesures sont venues confirmer qu’il s’agissait d’une panne de la balise. L’ordre de porter un masque intégral a été levé à 20h10. Photo.

Trois directeurs de TEPCo vont voir leur salaire baissé de 5% à cause de la panne de courant du mois dernier. Il s’agit du Président Naomi Hirosé, du Vice-Président Zengo Aïzawa et du “Managing Executive Officer” Akio Komori. Quatre autres directeurs ont été réprimandés, dont celui en charge des relations publiques. Communiqué de TEPCo.

Vendredi 5 avril, le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°3 s’est brusquement arrêté. Une alarme a retenti à 14 h 27 et TEPCo a constaté l’arrêt. La température de l’eau était de 15,1°C à 14h. Le système est reparti à 17h20. Communiqué de TEPCo.
Une fourmi ?

Samedi 6 avril, la panne d’électricité de la veille aurait été causée par l’installation de grilles métalliques pour prévenir l’intrustion de rongeurs dans les armoires électriques… C’est lors de l’installation d’une de ces grilles qu’il y a eu une panne électrique. TEPCo aurait dû arrêter le système avant d’installer la grille pour éviter tout problème, mais elle ne l’a pas fait… Des explications en japonais et une photo de la grille anti-intrusion sont ici. Lien en anglais à venir.
Décidément, ce petit rat est une véritable menace !

Dimanche 7 avril, les évènements des dernières semaines sont révélateurs de la situation à la centrale : un simple court-circuit provoqué par un rongeur peut arrêter 9 systèmes sur le site. Deux réseaux électriques étaient inter-connectés alors qu’ils n’auraient pas dû et il n’y avait pas de circuit de secours. La compagnie avait mis trois heures pour alerter.
Dans le cas des fuites, c’est encore plus grave : TEPCo a mis plus de deux jours avant d’alerter. Sans la fuite du réservoir n°2, aurait-elle découvert celle du n°3 ? Qu’en est-il du troisième réservoir qui contient de l’eau contaminée ? Et elle n’envisage pas de vider le réservoir n°3 qui fuit car elle n’en a pas les moyens. Rappelons qu’il y a 7 réservoirs identiques, dont 3 avec de l’eau, et que TEPCo est en train de vider le réservoir n°2 vers le 1 et le 6. Ne vont-ils pas se mettre à fuire aussi ? Quelle garantie la compagnie a-t-elle apportée ?
Elle construit des réservoirs et installe des cuves à la va-vite, tout en étant juste à la limite. Si de nombreuses cuves se mettaient à fuir, suite à un séisme par exemple, la compagnie n’a pas de solution de secours. Cela entraînerait une fuite majeur.
Et c’est cette même compagnie qui veut continuer à exploiter des centrales nucléaires : elle compte redémarrer les réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa à Niigata et n’a pas renoncé à ceux de Fukushima daï-ni, ni même aux n°5 et 6 de Fukushima daï-ichi !
La gravité de la situation pour les 4 réacteurs détruits semble dépasser complètement les capacités de TEPCo. Est-ce bien raisonnable de la laisser gérer seule la situation ?
TEPCo a créé une cellule de crise pour améliorer la sûreté. Est-ce que ce sera suffisant ?

Dimanche 14 avril, un séisme d’une magnitude de 5,2 a secoué la région de la centrale de Fukushima à 22h25. TEPCo annonce qu’aucune anomalie n’a été constatée.

Samedi 20 avril, Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN, sur France-Inter, dans l’émission le “téléphone sonne” du 17 avril :
– Après son désormais célèbre “imaginer l’inimaginable“, il ajoute (7’33) : « Quand les accidents comme cela se produisent, c’est forcément une conjonction tout à fait extraordinaire et peu prévisible de différents facteurs indépendants les uns des autres. Un tsunami + un séisme + une centrale qui avait vieilli prématurément, qui n’avait pas mise à l’état de l’art, tout ça ensemble a créé l’accident. »
Un tsunami n’est pas inimaginable au Japon ! C’est même un mot japonais. Tout comme les séismes, qui ne sont pas des évènements “peu prévisibles”. Et puis, un séisme et un tsunami ne sont pas des facteurs indépendants les uns des autres. La centrale de Fukushima était vieille, mais pas “vieillie prématurément”.
Et d’ajouter, vers 12’30 : “qu’il y aura un faible impact sanitaire”. L’évacuation a fait près de 800 décès prématurés (chiffre officiel). C’est moins que le tsunami (19 000 décès), mais ce n’est pas faible.
Si l’on a besoin de changer la réalité, c’est que l’on a quelque chose de pas très reluisant à cacher…
–  Pierre Franck Chevet, président de l’ASN explique, quant à lui, à propos des niveaux d’accident nucléaire (33’50) : “Tchernobyl 7, Fukushima 6”. Fukushima c’est 7. Ce devrait même être un triple, voire un quadruple 7 (un par réacteur) !
Bon, l’accident est possible en France, cela a été rappelé et répété.
Répéré par P. Fetet.

Lundi 22 avril, l’AIEA a rendu ses conclusions aux autorités japonaises et tenu une conférence de presse. Le communiqué lénifiant est ici en anglais. La presse française, qui reprend l’AFP, et la presse japonaise n’ont pas retenu la même chose. Pour la presse française, « l’eau accumulée sur le site est le plus gros problème (…) il faut une stratégie complète nouvelle pour gérer cette énorme quantité. Il faut renforcer le contrôle des risques de fuites ». Et d’ajouter que « Tepco doit poursuivre ses efforts pour améliorer la fiabilité des systèmes essentiels, pour évaluer l’intégrité des installations et pour élever la protection vis-à-vis des risques extérieurs ». Bref, que des évidences. Pas besoin d’être un expert de l’AIEA pour savoir cela.
La presse japonaise a plutôt retenu qu’« il sera presque impossible de garantir le temps du démantèlement d’une installation si complexe en moins de 30 ou 40 ans, comme cela est actuellement défini dans la feuille de route ». Un autre évidence qui mérite d’être rappelée.

Jeudi 2 mai, la NRA va étudier les dégâts causé par le séisme lors de la catastrophe de Fukushima. Ce sujet est très polémique et les conclusions peuvent avoir un impact énorme sur le reste du parc nucléaire. Elle veut aussi compléter les enquêtes indépendantes sur l’accident qui ont laissé de nombreuses questions en suspend.

Mardi 14 mai, selon simplyinfo.org, une compagnie israélienne, Magna BSP, a installé des caméras de surveillance sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi en 2010 pour la protéger contre les intrusions de personnes malveillantes. Selon la compagnie, ce système aurait dû résister aux séismes et tsunami. Après les explosions hydrogène, peut-être pas. Il est équipé de batteries de secours. Simplyinfo montre des photos du site accidenté où l’on voit des caméras de surveillance.
Où sont les images ? TEPCo ne les a jamais mentionnées. Il se pourrait même que les caméras thermiques soient sensibles à la radioactivité, selon le patron de la compagnie.

Jeudi 30 mai, la NRA va aller inspecter le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima daï-ichi pour voir si le séisme a déjà sévèrement endommagé le réacteur. Ils vont aller en particulier au 3ième étage (4ième niveau) où des fuites auraient été observées pour vérifier si c’est dû à un système de refroidissement ou, comme l’affirme TEPCo, de la piscine de combustibles usés. Mais le niveau de dose est tel que les 5 inspecteurs ne pourront pas rester plus de 10 minutes.

Samedi 8 juin, TEPCo a fini de réparer le système de refroidissement de sa centrale de Fukushima daï-ni (la n°2, située à 12 km de daï-ichi). Des photos avec explications en japonais sont ici. Et ici en anglais.

Mardi 11 juin, TEPCo a publié une nouvelle version de sa feuille de route qui prévoit le retrait du corium (combustible fondu) à partir de 2020 pour les réacteurs 1 et 2, et 2021 pour le 3. C’est 18 mois plus tôt que pour la précédente feuille de route. On ne sait pas encore quel jour…
Ces travaux pourraient ne commencer qu’en 2022 en fonction de la méthode applicable. Comme personne ne peut dire où sont ces coriums, ces prévisions sont à prendre avec recul.

Mardi 18 juin, la NRA est allée inspecter le réacteur n°1 de Fukushima daï-ichi pour voir si le séisme seul a endommagé un système de refroidissement de secours qui peut fonctionner sans électricité. Selon ses premières conclusions, il est peu probable que ce soit dû au séisme. Une telle hypothèse avait été avancée par la commission d’enquête parlementaire.

Lundi 24 juin, un travailleur sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi livre un témoignage très pertinent qui change de la communication lissée de TEPCo. A lire ici en anglais. Pour lui, les fuites à répétition ne sont pas une surprise car tout a été construit à la va-vite avec du matériel provisoir qui a une durée de vie limitée, parfois de l’ordre d’un an. Certaines entreprises sous-traitantes auraient même fait ajouter “sans garantie” dans leur contrat.
Par ailleurs, TEPCo qui est en faillite, rogne sur tous les budgets et choisit des matériaux bon marché, mais peu robustes.
Il dénonce aussi l’approche administrative avec des budgets qui doivent être dépensés avant la fin de l’année fiscale, quitte à bâcler le travail. Pourquoi une catastrophe nucléaire d’une telle ampleur doit être gérée de cette façon ?
Il confirme aussi qu’il est de plus en plus difficile de trouver de la main d’oeuvre. Avec les nombreux niveau de sous-traitance qui prélèvent leur part, les salaires sont bas et les travailleurs qui viennent de loin pour l’appât du gain, découvrent vite qu’on est mieux payé à décontaminer et que c’est moins risqué.
Quant aux travailleurs spécialisés qui viennent des autres centrales, ils ne seront plus disponibles s’il y a un redémarrage du parc nucléaire. Et ceux de Fukushima sont proches ou ont dépassé la limite de dose.

Dans une interview, un travailleur du site de la centrale de Fukushima daï-ichi mentionne le réacteur n°4 où le problème n°1 est la piscine de combustibles irradiés. Mais il y a une autre piscine avec des pièces très irradiantes. Le réacteur était à l’arrêt le 11 mars 2011 et ouvert. Certaines pièces y ont été placées pour réduire le débit de dose, l’eau servant d’écran. Cette piscine tiendra-t-elle ? Quand il a été décidé de retirer les combustibles usés, il a aussi été envisagé de retirer les pièces très irradiantes de l’autre piscine. Mais cela a été abandonné à cause du coût.
Et d’ajouter que l’état du réacteur n°2 reste un mystère. Y-a-t’il eu explosion hydrogène ou pas ? Y-a-t’il eu fusion du coeur avec percement de la cuve comme pour le 1 et 3 ? Si ce n’est pas le cas, comment expliquer les rejets massifs de radioéléments ? Plus massifs que pour les réacteurs 1 et 3 ?

Mercredi 3 juillet, pour l’AIEA, l’accident de Fukushima pourrait donner des idées aux terroristes. Et pour cela, il suffit de couper l’alimentation électrique durant une période prolongée. Pas si difficile…

Jeudi 4 juillet, un rat aurait créé un court-cicuit à Fukushima daï-ni. Décidément !

Jeudi 18 juillet, selon une étude, 94% des Japonais pensent que la centrale de Fukushima daï-ichi n’est pas encore sous contrôle. Et 57% d’entre eux pensent qu’un nouvel accident nucléaire grave est probable. 23% en sont même sûr si les réacteurs sont remis en route.

-> Les résultats de mesure de la radioactivité faits par TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.

(Sommaire)


Gestion de l’eau contaminée

TEPCo injecte continuellement de l’eau dans les cuves des trois réacteurs accidentés. Au contact du combustible fondu, elle se contamine fortement, s’inflitre dans les sous-sols par les fissures, où elle s’accumule et menace de déborder dans la mer. Une partie de cette eau est pompée et partiellement décontaminée (le strontium reste), avant d’être réinjectée. Il est officiellement question de “circuit fermé”. Mais, entre 300 et 500 m3 d’eau souterraine s’ajoutent quotidiennement et TEPCo ne sait pas comment faire face aux volumes d’eau qui ne cessent d’augmenter. Elle espère mettre au point un meilleur système de décontamination pour pouvoir la rejeter en mer.

Vendredi 29 mars 2013, la fin de l’année fiscale et administrative approchant, c’est l’heure des bilans. En ce qui concerne l’eau contaminée qui continue à s’accumuler au rythme de 400 m3 par jour, TEPCo a mis plusieurs documents en ligne :
– son plan d’installation de nouvelles cuves de stockage (en japonais). Une nouvelle zone est en cours d’aménagement pour les mettre.
– les progrès réalisés dans les travaux de génie civil destinés à dévier l’eau souterraine qui pénètre dans les bâtiments réacteur (en anglais). 12 pompes sont en cours d’installation en amont des réacteurs 1 à 4. Cette eau sera, in fine, rejetée en mer. Mais comme il y a un risque certain que l’eau accumulée dans les sous-sols des bâtiments réacteur, qui est très contaminée, s’infiltre dans la nappe et contamine tout, TEPCo prévoit d’analyser cette eau et de l’entreposer dans des cuves tampon avant rejet.
Pour le moment, l’eau pompée dans les 12 puits n’est pas contaminée : moins de 1 Bq/L pour le césium. Des analyses ont aussi été faites par un laboratoire tiers. Il y a une contamination en tritium, très mobile, qui varie de 9 à 450 Bq/L. C’est beaucoup moins que l’autorisation de rejet (avant accident) qui est de 60 000 Bq/L. On retrouve aussi une partie de ce tritium dans l’eau de mer proche, ce qui prouve que les fuites continuent.
– une présentation de son installation de traitement des eaux contaminées avant rejet en mer (en anglais), qui s’appelle Alps. L’installation actuelle ne retire qu’une partie du césium. Le document mis en ligne contient des photos. TEPCo annonce que les tests sont concluants : la contamination résiduelle est inférieure aux objectifs pour 62 radio-éléments. Le tritium ne sera pas retiré. Ni le carbone 14 ou le chlore 36 qui sont des émetteurs bêta purs (si on ne les cherche pas, on ne les voit pas). Le tritium et le carbone 14 sont massivement rejetés par les installations nucléaires.
Le document présente les activités avant et les objectifs après traitement pour les 62 radio-éléments testés. C’est le strontium qui domine avec 122 millions de becquerels par litre avant traitement. Un test de la station va commencer ce week-end, pour vérifier si les performances sont stables. Lors de ce test, 250 m3 (ou tonnes) seront traités quotidiennement. TEPCo espère passer à 500 m3 par jour ensuite.

Mercredi 3 avril, TEPCo a mis en ligne une présentation succinte de la barrière souterraine qu’elle installe pour arrêter les infiltrations officiellement inexistantes des nappes phréatiques vers la mer. La première plaque vient d’être installée, mais il y a encore pour un an de travaux.

Jeudi 4 avril, la nouvelle station de traitement de l’eau contaminée, Alps, en cours de test, s’est arrêtée à 5h23. Comme aucun problème n’a été détecté, le traitement de l’eau restante dans le système a repris à 6h33. Cela devrait durer jusqu’à 17h. Ce serait dû à une erreur d’un opérateur qui n’a pas appuyé sur le bon bouton ! Voir les photos des écrans de contrôle en japonais et en anglais.

Vendredi 5 avril, dans la nuit de vendredi à samedi, TEPCo a annoncé avoir découvert une fuite sur une cuve enterrée. A suivre.

Samedi 6 avril, comme annoncé la veille, un réservoir enterré fuit. TEPCo avait découvert une contamination anormale en strontium et autres radioéléments dès mercredi 3 avril, mais s’est bien gardée de le signaler. C’est finalement au milieu de la nuit de vendredi à samedi qu’elle a convoqué une conférence de presse pour annoncer la fuite. En espérant que les journalistes seront partis en week-end ?
TEPCO a estimé à 120 tonnes (ou m3) la quantité d’eau radioactive qui a fui, en se basant sur la variation de niveau dans le réservoir.
La compagnie a commencé à pomper l’eau de la cuve dans le réservoir n°1 adjacent, à l’aide d’une seule pompe à partir de 5h43. Trois autres pompes ont été installées à partir de 9h38 (communiqué) et arrêtées à 12h07 (communiqué). Une quatrième pompe est ajoutée et elles repartiront à 12h57 (communiqué). Le flux était de 100 tonnes par heure. A ce rythme, TEPCo en a pour au moins 5 jours à vider le réservoir n°2 qui contenait 13 000 tonnes (ou m3) d’eau contaminée. Et, pendant ce temps, cela continue à fuir… 47 tonnes supplémentaires pourraient fuir. Il s’agit donc de la fuite la plus importante depuis que le gouvernement ait annoncé “l’arrêt à froid” en décembre 2011.
Pour accélérer le processus, TEPCo a installé cinq pompes supplémentaires durant la journée de samedi 6 avril qui envoient aussi l’eau dans le réservoir n°6. Elle espère ainsi finir en 3 jours. (Communiqué où TEPCo explique pomper du 1 vers le 2, c’est à dire à l’envers !).
Des photos prises lors de l’installation du réservoir et des explications en japonais sont ici. Lien en anglais à venir.
La “réservoir”, fait 60 m de long, 53 m de large et 6 m de profondeur. Il s’agit plutôt d’un grand trou avec une couche d’argile de 6,4 mm et deux couches de polyéthylène.
TEPCo estime qu’il y a 710 milliards de becquerels (710 GBq) qui ont déjà fui à travers les joints. Ce serait majoritairement du strontium, très radiotoxique. C’est environ 3 fois la limite annuelle de rejet pour toute la centrale (6 réacteurs). La nappe phréatique est contaminée. La mer, à 800 m, ne serait pas atteinte.
Mercredi 3 avril, TEPCo a mesuré 20 000 Bq/L dans de l’eau pompée dans la nappe à proximité du réservoir n°2, alors qu’il n’y avait rien les jours précédents. Le lendemain, il y avait 35 000 Bq/L. A 15h, vendredi 5 avril, un prélèvement d’eau a été fait entre le liner et l’argile et le résultat était connu à 22h : 6 millions de becquerels par litre ! Voir le 1er communiqué et 3ième communiqué en anglais.
Il y aurait 290 millions de becquerels par litre dans l’eau des réservoirs.
Samedi, l’eau de la nappe prélevée à proximité du réservoir n°3 est aussi contaminée : 110 Bq/L. TEPCo prétend que la contamination vient de la fuite du réservoir n°2. Le n°3 contient 11 000 tonnes (ou m3) d’eau contaminée.
Il y a 7 réservoirs comme celui-ci. Et de nombreuses autres cuves en surface. Comme TEPCo est à la limite en terme de capacités de stockage de l’eau contaminée, la perte de cette cuve, d’une capacité totale de 14 000 tonnes, rend la situation tendue et la compagnie va devoir accélérer l’installation d’autres cuves. Les capacités de stockage sont actuellement de 325 300 tonnes et il y a 271 800 tonnes d’eau contaminée.
Le stock total augmente toujours de 400 tonnes par jour. En cas de problèmes sur plusieurs cuves ou réservoirs, suite à un séisme par exemple, TEPCo ne pourrait pas faire face.

Dimanche 7 avril, TEPCo a découvert une deuxième fuite, mais bien moindre au niveau du réservoir n°3. De nouvelles données de contamination en bêta total sont en ligne ici en anglais. Il faut multiplier par 1 000 pour avoir des Bq/L. La contamination bêta est de 6,9 millions de Bq/l dans un trou de contrôle au nord du réservoir n°2. Il y a 110 Bq/L près du réservoir n°3 et 69 Bq/l près du 1.
Plus tard, TEPCo publie une autre mesure sur un échantillon prélevé à 3h45 au Sud Ouest du réservoir n°3, entre le liner du fond et la couche d’argile : 2,2 millions de becquerels par litre en bêta total ! La contamination vient bien de ce réservoir et pas du voisin.
TEPCo n’avait pas encore évalué la quantité d’eau qui a fui du réservoir n°3 en vérifiant la variation de volume, quand elle a fait ses annonces, mais elle prétend que c’est faible. Plus tard, dans la soirée, elle a prétendu que 3 litres auraient fui du réservoir n°3.
Il y a 10 000 tonnes (ou m3) d’eau dans ce réservoir et TEPCo n’a pas l’intention de le vider comme elle le fait pour le n°2.
Les pêcheurs de la région sont très inquiets.

Lundi 8 avril, toujours à propos des fuites : TEPCo va finalement pomper 2 000 tonnes (ou m3) du réservoir n°3 car elle suppute que la fuite est dans la partie haute. Le réservoir contient 10 000 tonnes. TEPCo a suspendu temporairement le pompage du réservoir n°2, qui fuit, vers le réservoir n°1 rempli maintenant à 57% (communiqué en anglais). Le pompage vers le 6 se poursuit.
Elle espère avoir fini de vider le réservoir n°2 mercredi 10 avril. Pour le réservoir n°3, les opérations de pompage vont durer jusqu’à vendredi 12 avril. La compagnie compte le laisser rempli à 80% de ses capacités. Elle a aussi promis d’accélerer l’installation de cuves métalliques.
TEPCo va aussi renforcer sa surveillance en faisant 2 prélèvements par jour dans les 24 puits de contrôle situés autour des réservoirs enterrés. Les données du jour sont ici en anglais.
La compagnie suspecte une mauvaise installation du… détecteur de fuite entre les deux couches de polyéthylène. La soudure n’aurait pas été bien faite à cet endroit. L’ouverture a pu s’élargir sous le poids de l’eau. Et donc, ce problème pourrait être générique et affecter les 7 réservoirs enterrés. Mais TEPCo ne peut pas s’en passer pour le moment car leur volume total est de 58 000 m3.
Sur sa page photos et vidéos, n’a rien d’autre à mettre qu’une vidéo de la visite du ministre des affaires étrangères

Mais pour des experts, TEPCo pourrait avoir largement sous-estimé l’ampleur de la fuite. Pour estimer la quantité qui a fuit, TEPCo s’est basée sur la contamination de l’eau piégée entre le liner et l’argile et a obtenu 710 milliards de becquerels (710 GBq). Mais si TEPCo avait utilisé la concentration de l’eau contenue dans le réservoir, elle aurait abouti à 35 000 milliards de becquerels (35 TBq), soit 50 fois plus. Personne ne comprend pourquoi a pris comme référence cette eau diluée pour estimer l’ampleur de la fuite. Et si de l’eau souterraine a pénétré dans le réservoir, ce sont que les 120 tonnes annoncées qui auraient fui.

Mardi 9 avril, un troisième réservoir fuit ! Il s’agit du réservoir n°1 qui reçoit les eaux contaminées du réservoir n°2 où il y a une grosse fuite.
TEPCo a fait des analyses de la concentration en chloride dans l’équipement de détection des fuites situé au Nord-Est du bassin : elle est passée de 4 ppm à 910 ppm (à 8h35), puis 1 100 ppm (à 13h40), ce qui signe une fuite. L’eau y est aussi très radioactive : 10 millions de becquerels par litre en bêta total pour le prélèvement de 8h35 et 15 millions de becquerels par litre en bêta total pour le prélèvement de 13h40. Ce doit être essentiellement du strontium très radiotoxique.
TEPCo a donc suspendu le pompage du réservoir n°2 vers le n°1 à 12h47.
A 10h, le taux de remplissage des différents réservoirs était : n°1 : 55%, n°2 : 31%, n°6 : 33%. (A noter qu’à 7h, le réservoir n°1 était rempli à 57% mais de l’eau serait retournée dans le réservoir n°2 par effet siphon ! TEPCo aurait résolu le problème.)
Laissons le mot de la fin aux shadoks.
La question qui se pose maintenant qu’il est clair que les défauts des réservoirs souterrains sont génériques : à qui la faute ? A TEPCo qui a fait le design ou à Maeda qui les a construits ? Les deux compagnies se renvoient la faute pour le moment. TEPCo n’a pas renoncé à utiliser ces réservoirs, une fois les fuites colmatées.

Mercredi 10 avril, TEPCo a annoncé qu’elle avait installé des pompes pour récupérer une partie de l’eau contaminée qui a fui des réservoirs 1 et 2… pour la remettre dans les réservoirs percés !
Elle fait déjà la même chose avec les réacteurs, mais elle n’a pas le choix car il faut continuellement les refroidir sinon la fusion et les rejets radioactifs massifs reprendront. Mais pour les réservoirs, on frise l’absurde le plus complet. Et comme de l’eau souterraine vient diluer l’eau qui a fui, le stock va augmenter.
Pourquoi n’inspecte-elle pas les réservoirs souterrains vides pour comprendre l’origine des fuites qui semblent génériques ?
Refaisons un bilan de l’eau :
– réservoir n°1 dans lequel l’eau du n°2 était transférée : à moitié plein et il fuit. 6 250 m3 le 9 avril à 13h.
– réservoir n°2 où la première fuite a été découverte : le pompage vers le réservoir n°1 a été stoppé. Il continue vers le n°6. 3 150 m3 le 9 avril à 13h.
– réservoir n°3 où il y a une petite fuite. Plein à 80%. En attente. 10 430 m3 le 9 avril à 13 h.
– réservoir n°4 : plein, pas de fuite détectée. 3 000 m3
– réservoir n°5 : vide.
– réservoir n°6 : en cours de remplissage avec l’eau du réservoir n°2. Pas de fuite détectée. 3 230 m3 le 9 avril à 13h.
– réservoir n°7 : vide.
Il y a environ 27 000 m3 d’eau très contaminée dans ces réservoirs. TEPCo n’a que 22 000 m3 de disponibles dans les cuves métalliques en surface et elle ne veut pas toutes les remplir car 400 m3 s’ajoutent quotidiennement à cause des infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs. Il n’y a plus qu’à espérer que les réservoirs qui ne fuient pas tiennent !
Le ministre de l’industrie a déclaré devant le parlement qu’il allait demander à TEPCo de ne plus utiliser les réservoirs enterrés et de pomper l’eau dans des cuves métalliques en surface. Mais ce n’est pas possible pour le moment ! TEPCo espère pouvoir installer 15 000 m3 supplémentaires d’ici la mi-avril.
Le président de TEPCo a annoncé que la compagnie allait renoncer aux réservoirs, en commençant par vider ceux qui fuient. Il a promis que ce serait fait pour juin prochain, c’est à dire pour la saison des pluies où les infiltrations vont augmenter.
L’autorité de sûreté, quant à elle, va faire passer le nombre de ses inspecteurs sur le site de 8 à 9 pour surveiller le travail de 3 000 personnes par jour…

Jeudi 11 avril, TEPCo a arrêté à 13h06 le pompage du réservoir n°2, qui a fuit, vers le n°6. Elle a commencé à transvaser le n°3 vers le 6 à 14h. Mais le pompage a été suspendu 3 minutes plus tard après la découverte d’une fuite sur un tuyau. L’eau contaminée a été absorbée par le sol. TEPCo estime à 22 litres la quantité d’eau contaminée qui a fui. La contamination est de 290 millions de becquerels par litre. Des photos commentées en japonais sont ici. TEPCo a trouvé l’origine Mais le débit de dose y est toujours très élevé : 28 mSv/h. Elle va donc enlever plus de terre. de la fuite et a comencé à retirer la terre contaminée. Des photos de la fuite commentées en anglais sont ici et des travaux ici.
Pendant ce temps là, TEPCo continue à pomper une partie de l’eau qui a fui pour la remettre dans les réservoirs percés… Cette eau est toujours contaminée : 25 millions de Bq/L pour le réservoir n°1.

Vendredi 12 avril, TEPCo a mis en ligne des explications de la fuite du tuyau. Pour le réservoir n°2, elle a creusé près du point suspecté de fuir mais n’a rien trouvé.

Le dernier bilan de l’eau contaminée de TEPCo est ici en anglais.
La présentation du PDG de TEPCo à propos de la vidange des réservoirs est ici en anglais.

Dimanche 14 avril, TEPCo a annoncé qu’elle aurait du retard dans la vidange des réservoirs souterrains car il lui faudra plus de temps que prévu pour installer les tuyaux. Communiqué en anglais. La vidange partielle du réservoir n°3 vers le 6 est terminée.
La contamination des eaux collectées à proximité du réservoir n°1 augmente (communiqué en anglais).

Mardi 16 avril, TEPCo a commencé à pomper l’eau contaminée du réservoir n°2 vers une cuve en surface à 12h13 et s’est arrêtée à 15h55. Il n’y a pas eu de fuite détectée le long des tuyaux. La vidange de ce qui reste ne sera effectuée que de jour et va prendre une semaine. Le débit est de l’ordre de 20 m3/h.
La contamination au SO du réservoir n°3 augmente, alors qu’elle diminue au NE.

Mercredi 17 avril, TEPCo a mis en ligne son dernier bilan de l’eau contaminée. Elle y a ajouté un graphe concernant les réservoirs enterrés où il apparaît qu’elle compte les vider d’ici début juin.
La présentation du 17 avril dernier du président de TEPCo à propos des fuites des réservoirs et des solutions apportées est maintenant disponible en anglais. TEPCo a continué de pomper l’eau du réservoir n°2 vers une cuve en surface pendant le jour. Elle s’est arrêtée à 9h53 après avoir transféré 1 070 m3. Elle va bientôt pomper l’eau du réservoir n°1 vers la même cuve.
Elle continue aussi à pomper l’eau qui a fui pour la remettre dans les réservoirs percés.

Mardi 23 avril, TEPCo a commencé à transvaser l’eau contaminée du réservoir n°1 vers une cuve en surface.

Samedi 27 avril, TEPCo a creusé des puits d’accès à la nappe phréatique autour des réservoirs et a commencé à contrôler la contamination à partir du 24 avril. Résultat, elle a trouvé une contamination dans 13 puits sur 22. La valeur maximale est de 48 Bq/L en bêta total. Le 27 avril, il n’y avait plus que 2 puits sur 22 où la contamination dépasse le limite de détection. Puis, c’est passé à 0 puits.

Lundi 29 avril, TEPCo a fini de transférer 4 600 m3 d’eau contaminée du réservoir n°1 vers une première cuve en surface. L’eau restante sera transférée ultérieurement, quand les tuyaux seront installés vers l’autre cuve.

Mercredi 1er mai, TEPCo a mis en ligne son dernier bilan de l’eau contaminée sur le site et a légèrement progressé dans la présentation de ses courbes.

Jeudi 2 mai, TEPCo a trouvé du tritium dans de l’eau souterraine dans deux puits creusés à proximité de la mer. Il y avait du tritium dans deux puits sur huit. La concentration maximale est de 3 800 Bq/L. TEPCo souligne que ce ne doit pas être dû aux fuites dans les réservoirs, même s’il y a aussi du tritium dans l’eau souterraine à proximité des réservoirs.
Ce résultat n’est pas une surprise car l’on trouve régulièrement du tritium dans l’eau de mer à proximité de la centrale qui provient de fuites via l’eau souterraine.

Mercredi 8 mai, TEPCo a creusé douze puits en amont des réacteurs, côté Ouest, afin de pomper l’eau souterraine et de la rejeter en mer. L’idée est d’abaisser le niveau des nappes phréatiques pour réduire les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. En effet, TEPCo estime qu’il y a 400 m3 d’eau souterraine qui s’infiltre chaque jour dans les sous-sols où elle se mélange à l’eau très contaminée qui a servi à refroidir les combustibles fondus (corium). Cette eau est pompée pour éviter les débordements en mer et la compagnie ne sait plus où la mettre ensuite.
Le test a consisté à pomper 200 m3 d’eau phréatique qui n’est, selon TEPCo, pas plus contaminée que celle des rivières voisines. Ce qui ne veut pas dire grand chose. Elle ferait mieux de donner des chiffres.
TEPCo espère obtenir l’accord des coopératives de pêche le 13 mai et commencer à pomper le 14. Le principal risque est que l’eau des sous-sols vienne contaminer les nappes phréatiques.
TEPCo continue à observer une contamination au tritium de l’eau souterraine à proximité de la mer. La contamination la plus forte est de 3 500 Bq/L.

Jeudi 9 mai, nouveau bilan de l’eau contaminée par TEPCo.

Lundi 13 mai, TEPCo a eu une réunion avec les coopératives de pêche pour obtenir leur accord afin de rejeter en mer de l’eau souterraine et limiter ainsi les infiltrations dans les sous-sols des réacteurs. Officiellement, cette eau serait moins contaminée que celle des rivières. TEPCo a mesuré jusqu’à 0,12 Bq/L de césium 137 dans cette eau. C’est moins que pour l’autorisation de rejet, mais cela signifie que la nappe est déjà bien contaminée et confirme l’hypothèses de fuites en mer. Qu’en est-il pour le tritium, beaucoup plus mobile ?
Mais les coopératives de pêches ont refusé de signer un chèque en blanc et demandent plus de temps pour décider. Les prochaines discussions auront lieu en juin, au plus tôt. TEPCo a sous estimé la défiance des pêcheurs. Les leaders des coopératives étaient d’accord, mais pas la base.
TEPCo estime que le volume d’eau quotidien s’infiltrant dans les sous-sols pourrait passer de 400 à 300 m3.
Greenpeace Japon et la Surfrider foundation ont proposé un contrôle citoyen de l’eau souterraine rejetée. Ces deux organisations s’opposent, bien entendu, aux rejets en mer d’eau contaminée.

Jeudi 16 mai, d’après les derniers résultats mis en ligne, les eaux souterraines sont presques toutes contaminées au tritium sur le site de la centrale et c’est proche de la mer, en aval des réacteurs que la contamination est la plus forte : 3 600 Bq/L (puits n°3).
Les autres résultats de mesure de TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.

Vendredi 17 mai, il y a encore eu une fuite d’eau découverte à 8h55. 27 m3 d’eau traitée auraient fui et auraient été absorbés par le sol.
TEPCo a revu à la baisse la quantité d’eau qui a fui des réservoirs. Pour le réservoir n°2, où la première fuite a été découverte,  c’est passé de 120 000 litres (120 m3) à 300 litres ! Pour les réservoirs 1 et 3, ce seraient maintenant 90 litres qui auraient fui. En plus, sur ces 390 litres, seulement 30 litres se seraient infiltrés dans le sol. Le reste serait resté entre les trois couches qui forment le fond des réservoirs. Comment expliquer une telle variation ?
D’après les dernières données mises en ligne, il y a toujours beacoup plus de césium dans l’eau de mer à proximité de la centrale qu’ailleurs, ce qui laisse penser que les fuites vers la mer via l’eau souterraine continuent.

Jeudi 23 mai, TEPCo fait un nouveau point sur l’eau contaminée accumulée. Cela continue à monter sans que la compagnie n’ait de solution en vue.
La vidange des réservoirs qui fuient n’est pas encore terminée. Il y a du tritium dans l’eau à proximité des fuites, jusqu’à 4 900 Bq/L.
Au 7 mai, il y avait 290 000 m3 d’eau contaminée dans 940 cuves, plus environ 94 500 m3 dans les sous-sols des réacteurs. Le stock continue à augmenter de 400 m3/jour. Parmi ces cuves 280 sont considérées comme “temporaires” car elles ne peuvent être utilisées que pendant 5 ans. TEPCo devra commencer à les remplacer au printemps 2016 si elles tiennent bien comme prévu.
TEPCo avait envisagé de construire une barrière souterraine en amont des réacteurs pour dévier les nappes phréatiques. Mais elle y a officiellement renoncé par crainte que l’eau contaminée des sous-sols des réacteurs ne prenne la place. Quant à l’idée de pomper une partie de cette eau en amont et de la rejeter en mer, elle est toujours suspendue, suite à l’opposition des coopératives de pêche. On est sans nouvelle des progrès de la station de traitement des eaux contaminées en cours de test. La fameuse “Alps”. Cette station ne retirera pas tout et la contamination en tritium de l’eau traitée, de l’ordre de 1 à 5 millions de becquerels par litre, dépasse les autorisations de rejet fixées à 60 000 Bq/L. TEPCo veut donc diluer l’eau avant de la rejeter en mer… Mais qui arrivera-t-elle à convaincre ?
Bref, l’eau reste le cauchemar n°1 de TEPCo qui aurait déclaré, lors d’une conférence de presse le 16 mai dernier, qu’elle espère recevoir des suggestions.

Mercredi 29 mai, il y a toujours du tritium dans l’eau souterraine entre les réacteurs et la mer, jusqu’à 3 500 Bq/L et dans l’eau de mer à proximité de la centrale (3,8 Bq/L). C’est moins qu’à La Hague en France, mais cela prouve que les fuites vers la mer continuent.

Vendredi 31 mai, pour diminuer la quantité d’eau souterraine qui s’infiltre quotidiennement dans les réacteurs accidentés, un groupe d’experts mis en place par le gouvernement a suggéré à TEPCo de geler le sol autour des réacteurs. C’est la compagnie Kajima, une des majors du BTP, qui a eu l’idée. Ce “mur gelé” souterrain pourrait être construit rapidement, mais ne durerait pas très longtemps. Et en cas de coupure de courant, le sol resterait gelé plusieurs mois. On ne connaît pas les coûts d’exploitation du système qui va consommer beaucoup d’énergie, ni la fréquence du remplacement des pièces. Cela pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards de yens (centaines de millions d’euros), mais le gouvernement va prendre en charge une partie des fonds de recherche sur le budget de recherche lié au démantèlement.
TEPCo ne semble pas très convaincue par la solution, mais va la tester. Des conduits seront insérés dans le sol tous les mètres sur une profondeur qui peut aller jusqu’à 30 m et un liquide de refroidissement à -50°C va circuler pour geler le sol. Le “mur” pourrait faire 1,4 km de long.
Un groupe de travail conjoint va être créé pour étudier la faisabilité et la fabrication d’un tel procédé qui pourrait être mis en place à partir de la mi-2015. TEPCo continue à espérer pouvoir pomper l’eau souterraine et la rejeter dans la mer.

L’eau des sous-sols des réacteurs reste très contaminée : 5,4 millions de Bq/l pour les deux césiums dans le réacteur n°1 et 53 millions de Bq/l dans le réacteur n°2 (prélèvement du 22 mai 2013). Les niveaux sont similaires dans d’autres bâtiments.
A la sortie de l’installation de traitement des eaux, il reste du césium 137, jusqu’à 2 700 Bq/L au niveau de l’unité de désalinisation. Il y a d’autres éléments radioactifs, comme de l’antimoine 125 ou du tritium. La contamination bêta totale y atteint encore presque 100 millions de Bq/l.

Mardi 4 juin, TEPCo tente toujours de convaincre les pêcheurs que rejeter de l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs et de la rejeter en mer n’aura aucun impact. Une vidéo de l’installation peut être visionnée ici.
Lors de la précédente réunion, TEPCO avait dit que la contamination en césium était sous la limite de détection. Mais une nouvelle analyse effectuée à Fukushima daï-ni a montré que cette eau était contaminée au césium : 0,61 Bq/L. La première mesure avait eu lieu à Fukushima daï-ichi où la contamination ambiante a caché la contamination de l’eau. Cela reste inférieur à la limite que TEPCo s’est fixée pour rejeter de l’eau en mer (1 Bq/L), mais les pêcheurs ont le sentiment que l’on se moque d’eux.
C’est la NRA qui a demandé à TEPCo d’améliorer sa mesure.
Une explication est ici en japonais.

Mercredi 5 juin, TEPCo a trouvé une fuite sur une cuve de stockage d’eau contaminée. Un joint gouttait et TEPCo estime à un litre la quantité d’eau qui a fui. Photos et explications en anglais.
La cuve a été immédiatement vidée et l’eau transférée vers une cuve proche qui était vide. Espérons qu’il ne s’agit pas d’un défaut générique. Il y a 63 cuves du même type… Il y a déjà eu trois fuites similaires en 2012.

Le gouvernement a organisé une réunion publique dans la ville de Fukushima pour convaincre la population d’accepter le rejet en mer de l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle attendait 100 personnes, il y en a eu 20…

Vendredi 7 juin, TEPCo a eu une seconde réunion avec des pêcheurs et n’a pas plus réussi à les convaincre de donner leur accord à rejeter en mer l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs. Même en promettant de faire des mesures avant rejet. Personne n’a confiance en TEPCo. Ce n’est pas à la compagnie de faire les mesures. Comment les autorités ne comprennent pas cela et ne proposent pas des solutions acceptables par tous ?

TEPCo fait le point sur le transvasement de l’eau contaminée des réservoirs souterrains. Elle va aussi creuser de nouveaux puits d’accès pour surveiller les fuites.

Lundi 10 juin, TEPCo aurait fini de vider les réservoirs qui fuyaient. Elle aurait transvasé 24 000 m3 dans des cuves en surface. Il ne resterait que de l’eau “faiblement” contaminée. Il lui reste à trouver la cause des fuites.

Mercredi 12 juin, TEPCo est en train de raccourcir le circuit de refoidissement de fortune qu’elle a mis en place et qui est très fragile. Elle va passer de 4 km de tuyaux à 3 km. Elle TEPCo a fini de couvrir le réacteur n°4 avec une charpente métallique et a organisé un voyage de presse pour montrer le résultat.

Jeudi 13 juin, TEPCo veut rejeter dans la mer l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs accidentés afin de limiter les infiltrations dans les sous-sols. Comme elle peine à convaincre les pêcheurs, elle promet de mettre l’eau dans des cuves tampon et de la contrôler avant de la rejeter. Mais elle a du mal à faire des mesures fiables…
En mai dernier, TEPCo avait affirmé que la contamination en césium était inférieure aux niveaux détectables. Mais comme la mesure avait été faite à Fukushima daï-ichi, qui est contaminée, elle était moins fiable. La NRA a donc demandé de refaire la mesure à Fukushima daï-ni et là, TEPCo a trouvé du césium ! Le 3 juin dernier, elle a annoncé 0,61 Bq/L pour les deux césiums. Mais, TEPCo revient sur ces chiffres (en japonais) et annonce maintenant 0,055 Bq/L pour la même eau !
Cela ne fait pas très sérieux. La seule façon de s’en sortir est que les pêcheurs choisissent un laboratoire tiers qui fera des mesures de la radioactivité dans l’eau de souterraine avant rejet.

Lundi 17 juin, nouvelle fuite d’eau fortement contaminée. C’est la nouvelle station de traitement des eaux, Alps, en cours de test qui est touchée et a dû être arrêtée et c’est une cuve qui goutte. Le débit de dose à proximité de la petite flaque est élevé : plus de 20 fois le bruit de fond et la concentration en césium serait de 6 000 Bq/L et celle en bêta total de 6,7 millions de Bq/L (6,7 Bq/L). Photos avec commentaires en japonais et en anglais.

Mercredi 19 juin, TEPCo a annoncé avoir mesuré 1 000 Bq/L de strontium-90 dans de l’eau souterraine prélevée dans un puits situé à 27 m de la rive. Le strontium est particulièrement radio-toxique, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Il y a 500 000 Bq/l de tritium dans l’eau du même puits.
La contamination de l’eau de mer n’aurait pas changé. TEPCo annonce le forage de puits supplémentaires à proximité.
Les prélèvements du 24 mai dernier et le résultat tritium du 31 mai, il vient seulement d’être rendu public. TEPCo reste TEPCo… et explique que la mesure du strontium prend du temps. C’est vrai, mais rien ne l’empêchait de donner les autres résultats plus tôt.
Les données sont ici en japonais et ici en anglais. On trouve aussi du ruthénium, en moindre quantité. La mesure du strontium prend beaucoup de temps et l’on n’a pas encore les résultats pour juin. En revanche, les niveaux de tritium ne semblent pas baisser.
Cette eau souterraine est vraiment le problème n°1 à la centrale. Les pêcheurs n’accepteront jamais d’autoriser le rejet en mer d’eau souterraine. Pourtant, il faut bien empêcher celle en amont de la centrale de pénétrer dans les réacteurs. Si l’on ne fait rien, les fuites vers les nappes phréatiques, puis la mer, vont s’amplifier. Ce devraient être des laboratoires indépendants choisis par les pêcheurs qui contrôlent l’eau souterraine pompée en amont des réacteurs pour pouvoir être rejetée si elle n’est pas contaminée. Cela urge.
Les autorités régionales de Fukushima ont décidé de faire leur propre surveillance de la contamination marine devant la centrale.
Le denier bilan de l’eau contaminée est ici en anglais.

TEPCo a trouvé les trous à l’origine de la fuite survenue sur la nouvelle station de traitement des eaux contaminées (Alps). C’est la corrosion qui a déjà attaqué…

Vendredi 21 juin, encore une fuite : TEPCo a d’abord annoncé que 360 litres, puis 250 litres auraient fui de l’installation de désalinisation. C’est la onzième fuite sur cette unité. Le césium a déjà été retiré et il ne reste “plus que” 2 300 Bq/L ! Quant aux autres radioéléments, ils sont toujours là et la contamination bêta totale est de 26 millions de Bq/L. L’eau des sous-sols du réacteur n°3 (bâtiment turbine) contient, elle, 46 millions de Bq/l rien qu’en césium… Celle du réacteur n°4, où il n’y a pas eu de fusion du coeur, 36 millions…
L’eau se serait étalée sur une surface de 30 mètres sur 12, mais sans sortir de la structure de récupération. La fuite a été découverte à 3h du matin. Une fois le problème résolu, l’installation a repris ses activités à 19h.
Explications en japonais et en anglais.

Lundi 24 juin, TEPCO a mesuré le tritium dans l’eau de mer à proximité du puits où elle avait trouvé une forte concentration en tritium et strontium dans l’eau souterraine. La contamination en tritium de l’eau de mer augmente ! En un point, c’est passé de 500 Bq/l le 10 juin à 1 100 Bq/l le 21. En un autre point, c’est passé de 600 Bq/l le 14 juin à 910 Bq/l le 21. Mais, officiellement, il n’y a toujours pas de fuite !
Sur ce graphe, on voit que la contamination de l’eau de mer en tritium dans le port dépasse les 100 Bq/l depuis le début de la catastrophe. En 2011, lors de la forte fuite en mer, la contamination était beaucoup plus élevée. On voit aussi l’augmentation récente.
Les concentrations naturelles en tritium sont de l’ordre de 0,1 Bq/l et l’on trouve de l’ordre de 10 Bq/l dans la Manche à cause des rejets des installations nucléaires.
La dernière mesure en strontium 90 dans l’eau de mer indiquée sur ce même document date de novembre 2012 !

Mardi 25 juin, TEPCo a publié de nouvelles données sur la contamination en tritium de la nappe phréatique. Elles sont Bq/l cette fois-ci et non en Bq/cm3. Plus besoin de multiplier par 1 000 les données… Il y a toujours 430 000 Bq/l dans l’eau du puits n°1. Le document contient aussi des données sur la concentration en tritium de l’eau de mer déjà mentionnées la veille avec une contamination qui peut atteindre 1 100 Bq/l.

Mercredi 26 juin, on se souvient que TEPCo avait découvert une forte contamination en tritium et strontium dans l’eau souterraine prélevée dans un puits de contrôle et avait tardé à annoner les résultats. Elle donne de nouvelles valeurs pour les mêmes puits de contrôle, mais avec un prélèvement qui a eu lieu un peu plus tard, le 31 mai dernier. C’est toujours fortement contaminé dans le puits n°1, même si l’on note une très légère baisse : 460 000 Bq/l pour le tritium et 890 Bq/l pour le strontium 90.
Elle a aussi re-mesuré le tritium dans l’eau de mer et confirme les chiffres élevés, de l’ordre de 1 100 Bq/l.

Vendredi 28 juin, l’eau souterraine dans le puits qui inquiète est toujours fortement contaminée en tritium : 450 000 Bq/l selon le dernier relevé. L’eau de mer à proximité de la centrale est aussi systématiquement contaminée à quelques centaines de Bq/l.

Samedi 29 juin, TEPCo a annoncé avoir trouvé une forte contamination de l’eau souterraine dans un autre puits situé à 6 m du rivage : si l’on en croit la presse, il y aurait 3 000 Bq/l en bêta total, hors tritium. Pour le tritium, c’est 430 000 Bq/l.

Lundi 1er juillet 2013, TEPCO a annoncé avoir fini de vider tous les réservoirs souterrains qui contenaient de l’eau fortement contaminée. Certains fuyaient. La première avait été dcouverte le 5 avril dernier. Il a donc fallu 3 mois pour trouver régler provisoirement le problème.

Mercredi 3 juillet, série de photos des trous responsables de fuites dans la nouvelle station de traitement de l’eau contaminée en cours de test. Version en anglais. La corrosion a déjà endommagé l’installation alors qu’elle n’est qu’en phase de test.

Le 29 juin dernier, TEPCo avait trouvé une contamination élevée dans l’eau souterraine prélevée dans un puits situé à 6 m de la mer. Il y avait 3 000 Bq/l en bêta total (hors tritium). Dans le relevé publié ce jour, il y a 4 300 Bq/l. Le tritium est en cours d’analyse, tout comme le strontium.

Vendredi 5 juillet, le 3 juillet, nous avions mentionné que la contamination bêta totale (hors tritium) dans le puits situé à 6 m de la mer était passée de 3 000 à 4 300 Bq/l. La contamination en tritium est maintenant en ligne : elle est passée de 430 000 à 510 000 Bq/l (cf 29 juin). Le puits voisin où TEPCo avait découverte la première forte contamination en tritium est passé à 420 000 Bq/l.
Mais dans un nouveau puits, situé à 25 m de la mer, TEPCo vient de mesurer 900 000 Bq/l en bêta total (hors tritium). C’est un nouveau record.
Dans l’eau de mer tout près de la centrale, il y a jusqu’à 2 200 Bq/l. Et TEPCo ne parle toujours de fuite en mer…
La NRA a mis en ligne une nouvelle carte de la contamination des sédiments marins avec quelques données sur le strontium et le plutonium (2 points).

Samedi 6 juillet, nouvelles valeurs de la contamination en tritium de l’eau souterraine et de l’eau de mer. Il y a une légère augmentation par rapport aux valeurs du 1er juillet.

Dimanche 7 juillet, TEPCo a creusé un nouveau puits à proximité des deux autres puits où l’eau est très contaminée et avait mesuré 900 000 Bq/l en bêta total hors tritium. C’était un record (cf 5 juillet). Elle vient de donner les valeurs pour le tritium : 380 000 Bq/l (puits n°1-2). La situation dans ce puits est pour le moins étrange : la valeur pour la contamination bêta totale est nettement supérieure à celle pour le tritium, alors que c’était toujours l’inverse jusqu’à maintenant. Une erreur de mesure ? Espérons-le.
TEPCo a aussi mesuré 99 Bq/l pour le césium 134, 210 Bq/l pour le césium 137, 95 Bq/l pour le ruthénium 106, 62 Bq/l pour le manganèse 56… dans l’eau souterraine prélevée dans ce puits situé à 25 m de la mer. Ce sont aussi des valeurs très élevées pour de l’eau souterraine.
Dans le puits n°1-1, la contamination en tritium est passée à 600 000 Bq/l, un record. C’était 510 000 Bq/l le 5 juillet dernier dans le même puits !
Voir aussi le communiqué de presse en anglais.

Mardi 9 juillet, nouveau record de contamination de l’eau souterraine dans un puits (n°1-2) situé entre la centrale et la mer : TEPCo a annoncé 9 000 Bq/l pour le césium 134 et 18 000 Bq/l pour le césium 137. C’est 90 fois plus qu’il y a 3 jours ! La contamination bêta totale, extrêmement élevée, n’a, quant à elle, pas beaucoup changé.
Des photos et un plan sont disponibles en japonais.

Mercredi 10 juillet, la contamination en césium de l’eau souterraine du puits 1-2 a encore augmenté : 11 000 Bq/l pour le césium 134 et 22 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total, quant à elle semble rester stable.
La NRA, l’autorité de sûreté a reconnu qu’il y avait fort probablement des fuites en mer. Elle va mettre en place un groupe de travail pour essayer de résoudre le problème. Selon le New-York Times, le chef de l’autorité de sûreté a même affirmé que les fuites en mer durent depuis au moins deux ans, comme le disent de nombreuses personnes dont l’ACRO.
TEPCo ne franchit toujours pas le pas.
Pourtant, depuis au moins le 6 mars 2013, il y a du tritium dans l’eau de mer à proximité de la centrale accidentée. Il ne peut venir que de fuites. Des articles scientifiques tentent d’estimer l’ampleur des fuites. Mais TEPCo n’a rien fait. Maintenant que les fuites deviennent plus graves et voyantes, elle va mettre une rustine provisoire dans l’urgence, avec photos et vidéo pour montrer qu’elle est active. Voir le communiqué en anglais et les explications en anglais plus courtes qu’en japonais.
Les valeurs affichées par TEPCo restent surprenantes : la contamination en césium de l’eau du puits n°1-2 a été multipliée par 100 en quelques jours, mais la contamination bêta total, hors tritium, n’a presque pas variée. Celle en tritium non plus.
TEPCo pense que ce sont des particules de sol qui ont fait augmenter la contamination en césium et qu’après avoir filtré l’eau, la contamination était revenue aux niveaux d’il y a 5 jours. Les données sont ici en anglais.
Cela ne contredit pas le fait que la centrale continue à fuir dans la mer car il y a toujours quelques centaines de becquerels de tritium par litre d’eau de mer à proximité. Voir le dernier tableau de données.
Le dernier bilan de l’eau stockée dans les citernes est ici en anglais. Et les derniers résultats de mesure sont ici en anglais.

Jeudi 11 juillet, l’IRSN vient de publier deux notes sur la gestion de l’eau contaminée à la centrale de Fukushima. Rien de neuf pour les lecteurs fidèles de cette page. Dans la première note, l’IRSN oublie de mentionner la durée de vie des cuves d’entreposage de l’eau contaminée qui est courte devant la durée de leur stockage. Il ne parle pas non plus de la volonté de TEPCo de rejeter en mer l’eau traitée qui restera fortement radiactive à cause du tritium.
Dans la deuxième note, l’IRSN explique que TEPCO “vérifie que cette contamination potentielle ne parvient pas jusqu’à l’océan” sans dire que l’on trouve du tritium dans l’eau de mer qui signe les fuites. Pour l’IRSN, les fuites venant de la centrale seront faibles devant les rejets en mer liés au lessivage des sols contaminés. L’institut mentionne plusieurs térabecquerels rejetés en mer par an dus au lessivage.

Vendredi 12 juillet, suite du feuilleton sur les fuites et la contamination des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer : TEPCo publie des données sur la contamination en strontium. La mesure de cet élément prend un mois et les données concernent donc des prélèvements faits le 7 juin 2013 dans les premiers puits creusés. Dans le puits n°1, il y a 1 200 Bq/l de strontium 90. La contamination bêta totale, hors tritium, était de 1 600 et 1 700 Bq/l. Le strontium représenterait donc plus de 70% de la contamination bêta total. Est-ce transposable aux autres puits, dont le puits n°1-2 qui a jusqu’à 900 000 Bq/l en bêta total ? Le strontium se fixe dans les os et est donc très radiotoxique. Ce serait très inquiétant. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
Quant à la contamination du jour en césium dans le fameux puits n°1-2, elle a légèrement baissé : 8 200 Bq/l pour le césium 134 et 17 000 Bq/l pour le césium 137. La contamination bêta total reste stable avec 890 000 Bq/l. Le communiqué correspondant est ici en anglais.
La contamination en tritium de l’eau du puits 1-1 bat un nouveau record : 630 000 Bq/l. La contamination bêta totale y est de 4 400 Bq/l. Avec 70% de strontium ? Le même document donne aussi des données pour l’eau de mer qui continue à être contaminée au tritium. De nombreux points sont classés ND, pour non détecté, mais la limite de détection est de 120 Bq/l !!!
Le puits n°3 suit aussi ses voisins : la contamination bêta totale est passée de ND le 4 juillet, à 1 400 Bq/l le 11 juillet.
TEPCo n’admet toujours pas qu’il y a des fuites, mais met en place une protection pour empêcher les poissons fortement contaminés du port de s’en aller.

Samedi 13 juillet, TEPCo pense toujours que la forte contamination de l’eau souterraine entre les réacteurs et la mer est due à la fuite qu’il y a eu en avril et mai 2011 et qu’il n’y a pas de fuite nouvelle en mer. Des fosses à proximité de la mer seraient toujours pleines d’eau contaminée qui contaminerait les nappes phréatiques. La contamination ne viendrait pas directement des bâtiments réacteurs. Mais TEPCo n’explique pas d’où vient le tritium dans la mer… Pour la NRA la question de l’origine des contaminations élevées reste ouverte.
Le problème est que TEPCo base toute sa stratégie sur cette seule hypothèse. Elle veut installer une barrière souterraine pour bloquer les écoulements (comme si c’était possible) et pomper l’eau qui est restée dans les fosses (5 000 m3 pour le réacteur n°2 et 6 000 m3 pour le 3). Mais elle risque de faire venir de l’eau contaminée des sous-sols des réacteurs et aggraver la contamination des nappes… Et les niveaux de dose sont élevés, ce qui n’est pas sans conséquence pour les personnes qui travaillent sur ce chantier.
Comme certains indices de radioactivité ne varient pas ou peu et que d’autres varients rapidement, on peut penser que plusieurs origines contribuent à la contamination des nappes phréatiques proches de la mer.

Dimanche 14 juillet, TEPCo a mis de nouveaux résultats en ligne concernant la contamination des nappes phréatiques entre les réacteurs et la mer :
le puits n°3 qui avait vu passé sa contamination bêta totale de ND à 1 400 Bq/l a une contamination en tritium 1 700 Bq/l qui elle est stable : il y avait 1 800 Bq/l le 7 juin et 1 700 Bq/l le 14 juillet. Enfin le puits 1-3 a 290 000 Bq/l en tritium.

Lundi 15 juillet, TEPCo a mis de nouveaux résultats de mesure sur l’eau de mer et il y a toujours une forte contamination en tritium, jusqu’à 940 Bq/l. Il y a aussi 41 Bq/l en césium au même point.

Mercredi 17 juillet, l’eau des puits de contrôle entre les réacteurs et la mer continue à être très contaminée. TEPCo publie plusieurs photos, pour changer. Une carte aurait été plus utile…. Il y a toujours une forte contamination en tritium. L’eau du puits 1-2 est aussi fortement contaminée en bêta total et en césium. Pour le césium C’était presque, TEPCo a filtré l’eau et obtenu une concentration inférieure à une quarantaine de Bq/l pour les deux césium. Cette limite de détection est très élevée. 18 000 Bq/l en césium avant filtration.
L’eau de mer près de la centrale continue aussi à être très contaminée en tritium : il y a jusqu’à 2 200 Bq/l ce qui confirme les fuites. Il y a aussi jusqu’à une cinquantaine de Bq/l en césium.
Les poissons dans le port de la centrale sont toujours aussi contaminés : il y a jusqu’à 212 000 Bq/kg en césium. Au-delà, TEPCO continue à trouver de nombreux poissons avec une contamination qui dépasse les 100 Bq/kg en césium, qui est la limite d’autorisation de mise sur le marché. La pêche commerciale n’est donc toujours pas possible. Il y a jusqu’à 670 Bq/kg dans un poisson pêché à 2 km au large de la centrale de Fukushima daï-ni.
Le dernier bilan de l’eau contaminée dans les cuves et les sous-sols est ici en anglais. Cela continue à s’accumuler sans que TEPCo ne puisse donner de calendrier à propos de sa station de traitement. Il est aussi fort peu probable qu’elle obtienne l’autorisation de rejeter en mer l’eau traitée.

Jeudi 18 juillet, même si les réservoirs qui fuyaient ont été vidés, TEPCo continue quotidiennement à publier les résultats de mesure de l’eau dans les drains. Il y a encore du tritium par endroit, jusqu’à 2 100 Bq/l.

-> Les résultats de mesure de la radioactivité faits par TEPCo peuvent être consultés ici en anglais.

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Réacteur n°1

Le réacteur était en marche avant le séisme. Le combustible dans le coeur a entièrement fondu en quelques heures et a subi une explosion hydrogène le samedi 12 mars à 15h36. Il est recouvert d’un chapiteau pour empêcher l’eau d’y pénétrer et pour retenir une partie des gaz radioactifs.

Mercredi 13 mars 2013, suite au scandale créé par la révélation que TEPCo avait dit à la commission d’enquête parlementaire qu’il n’était pas possible d’aller dans le réacteur n°1 car il était trop sombre, ce qui n’était pas vrai, une commission d’enquête interne de TEPCo a été mise sur pied, avec des membres externes à la compagnie. Elle vient de rendre ses conclusions et a jugé que l’interlocuteur de la commission d’enquête n’avait pas voulu cacher les choses, mais qu’il méconnaissait la situation. Mais elle n’a pas interrogé les membres de la commission d’enquête parlementaires impliqués dans cette affaire. Seuls des salariés de TEPCo ont été interrogés.
Ainsi, TEPCo a choisi quelqu’un qui méconnaissait la situation pour répondre à la commission d’enquête parlementaire !

Vendredi 29 mars, TEPCo a mis en ligne deux vidéos du 3ième étage du bâtiment réacteur n°1.

Mercredi 10 avril, TEPCo a envoyé un robot inspecter une salle d’accès au bâtiment réacteur n°1 située au rez de chaussée : il y a relevé des débits de doses ahurissants allant jusqu’à 2,1 sieverts par heure (il n’y a pas d’erreur d’unité).

Jeudi 9 mai, TEPCo va retirer la structure qu’elle a construite autour du réacteur n°1. Les explications sont ici en japonais et ici en anglais. L’espèce de chapiteau avait été installé en octobre 2011 pour limiter les rejets radioactifs et l’eau de pluie. TEPCo avait alors prévu de faire de même pour les autres réacteurs. Elle a, depuis, revu ses plans. Les travaux commenceront cet hiver. Elle veut démanteler l’enchevètrement de poutrelles, comme pour le réacteur n°3. Puis, une autre structure sera construite dans 4 ans.
Les rejets atmosphériques seraient 100 fois plus faibles qu’au moment où la structure a été installée.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°1

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Réacteur n°2

Le réacteur était en marche avant le séisme. Le combustible dans le coeur a entièrement fondu. Après avoir annoncé une explosion hydrogène dans la bas du réacteur, TEPCo est revenue sur ses affirmations et prétend qu’il n’y a pas eu d’explosion.

Mercredi 13 mars 2013, TEPCo continue à chercher par où passe l’eau contaminée dans le réacteur n°2, mais elle n’a toujours pas trouvé de fuite. Voir son résumé en anglais.

Jeudi 14 mars, Tepco continue son inspection du réacteur n°2 et n’a toujours pas trouvé de fuite.

Lundi 18 mars, TEPCo continue à chercher les fuites dans le réacteur n°2 et ne les a pas encore trouvées. De nouvelles vidéos et images de ses recherches sont en ligne.

Jeudi 28 mars, TEPCo a creusé un trou dans le bâtiment réacteur n°2 afin de pouvoir y glisser une caméra pour inspecter le tore du réacteur. Le débit de dose au rez de chaussée du bâtiment, où a été creusé le trou, est de 4 à 7 mSv/h.

Vendredi 12 avril, TEPCo continue son investigation du réacteur n°2.

Mercredi 17 avril, les robots continuent à inspecter le rez de chaussée du réacteur n°2. TEPCo a mis en ligne quelques images et données.

Lundi 22 avril, TEPCo a trouvé à 10h13 deux cadavres de souris dans un transformateur électrique lié au réacteur n°2. Elle a dû couper le courant pour enlever les cadavres et vérifier le circuit électrique. Le système de refroidissement de la piscine de combustibles du réacteur n°2 a donc été suspendu à 11h36. La température de l’eau est de 13,6°C et TEPCo a du temps avant qu’elle atteigne un température trop élevée. L’échauffement serait de 0,187°C/h. Une présentation avec des photos est ici en anglais. Le refroidissement a repris à 15h48.
Une autre présentation bilan avec photos est ici en anglais.

Mercredi 5 juin, selon le quotidien Asahi, TEPCo s’est trompée le 16 mars 2011 en estimant la pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Son estimation était de 400 kPa alors qu’elle était 10 fois plus faible. C’est moins que la pression atmosphérique et cela signifie qu’une grande quantité de gaz radioactifs s’étaient échappés. Quand TEPCo a trouvé l’erreur, un mois plus tard, elle n’a rien dit. Elle l’a corrigée et cachée dans une grande quantité d’informations diffusées le 16 mai 2011. Aucune des commissions d’enquête n’a noté la manipulation.
TEPCo avait conlu que la pression augmentait et elle a baissé la quantité d’eau injectée pour refroidir le réacteur le matin du 17 mars pour éviter une explosion de l’enceinte de confinement. Le directeur de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, enregistré sur les visio-conférences, avait pourtant conseillé de ne pas réduire l’injection d’eau. Le 17 dans l’après midi, TEPCo a augmenté l’injection d’eau car certains suspectaient que l’eau fuyait par le bas.
Le 16 mars, il ne restait que que 70 personnes environ sur le site de Fukushima daï-ichi. Il leur était impossible d’aller lire la pression à cause du débit de dose. Ils ont donc fait des calculs et se sont trompés.

Vendredi 21 juin, des images et des débits de dose collectés (en japonais) par le robot de Honda qui explore le rez de chaussée du réacteur n°2. Il a mesuré jusqu’à 17 mSv/h (cf p. 3). Ne fait pas bon y aller…

-> Photos de TEPCo du réacteur n°2

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Réacteur n°3

Ce réacteur est chargé en MOx, combustible contenant plus de plutonium que le combustible classique. La température de fusion du MOX est aussi plus basse que celle du combustible classique.  Le combustible dans le coeur a entièrement fondu en quelques heures et a subi une explosion hydrogène. La piscine de combustibles usés a 566 assemblages.

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, TEPCo a rebouché la trappe du réacteur n°2. Voici des photos.

Vendredi 5 avril, le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°3 s’est brusquement arrêté. Une alarme a retenti à 14 h 27 et TEPCo a constaté l’arrêt. La température de l’eau était de 15,1°C à 14h. Le système est reparti à 17h20. Communiqué de TEPCo.
Une fourmi ?

Samedi 6 avril, la panne d’électricité de la veille aurait été causée par l’installation de grilles métalliques pour prévenir l’intrustion de rongeurs dans les armoires électriques… C’est lors de l’installation d’une de ces grilles qu’il y a eu une panne électrique. TEPCo aurait dû arrêter le système avant d’installer la grille pour éviter tout problème, mais elle ne l’a pas fait… Des explications en japonais et une photo de la grille anti-intrusion sont ici. Lien en anglais à venir.
Décidément, ce petit rat est une véritable menace !

Mardi 16 avril, les résultats de l’enquête interne à propos de la dernière panne de courant sur le système de refroidissement de la piscine du réacteur n°3 sont en ligne en anglais.

Mardi 23 avril, contrairement au réacteur n°4 où ce sont des humains qui ont démantelé la partie supérieure du réacteur, ce n’est pas possible pour les autres réacteurs à cause des combustibles fondus qui irradient tout. Le démantèlement du réacteur n°3 se fait donc avec des grues télécommandées. TEPCo a réussi à dégager le haut de la pisicine de combustibles usés et a mis une protection. Des photos et explications en anglais sont en ligne.

Jeudi 25 avril, TEPCo a annoncé qu’elle avait arrêté volontairement le refroidissement de la piscine du réacteur n°3 à 9h39 pour pouvoir effectuer des travaux sur le circuit électrique. La coupure devrait durer 33 heures. La température de l’eau devrait augmenter de 5°C. Mais comme elle est de 16°C, cela ne devrait pas poser de problème. Elle fera de même avec le circuit électrique de la piscine du réacteur n°4 où la coupure devrait être de 9 heures.

Mardi 28 mai, TEPCo continue à démanteler le mikado de poutrelles en haut du réacteur n°3 avec des grues télécommandées car le débit de dose y est trop élevé pour des humains. Elle a aussi commencé à couvrir la piscine de combustibles usés le 22 avril dernier pour éviter que des débris y tombent, comme cela s’est déjà produit. La couverture de la piscine avance et TEPCo a mis en ligne des photos avec des explications en anglais.

Mercredi 5 juin, la NRA est allée inspecter le 4ième niveau du réacteur n°1. Les 5 membres de l’équipe est restée environ 15 minutes et la dose maximale est de 4,8 mSv. Rappelons que la dose maximale à ne pas dépasser pour le public est de 1 mSv/an.

Lundi 17 juin, TEPCo va envoyer un nouveau robot inspcter le réacteur n°2. Voir la photo du robot, qui peut voir en hauteur, avec commentaires en japonais. Il a été construit par Honda et va mesurer les débits de dose dans les endroits inaccessibles aux autres robots.

Jeudi 18 juillet, TEPCo a annoncé avoir découvert de la vapeur d’eau qui s’échappe du 5ième niveau du réacteur n°3 sans pouvoir l’expliquer. Rien d’anormal n’a été détecté. La vapeur a été découverte vers 8h20 par un sous-traitant qui filmait le réacteur pour retirer des débris. Vers 16h, elle était toujours là. On ne voit rien sur la webcam.
Les communiqués successifs en anglais sont là : 1, 2, 3, 4 et 5. Ils ne nous apprennent pas grand chose.
La vidéo et des photos peuvent être consultées en japonais uniquement pour le moment. Et aussi en anglais maintenant.
Le retrait des débris est suspendu et TEPCo est prête à injecter du bore si nécessaire. Le bore absorbe les neutrons et peut arêter ou ralentir une réaction nucléaire en chaîne. Pour le moment, TEPCo soupçonne de l’eau de pluie qui serait entrée en contact avec des pièces chaudes.

Vendredi 19 juillet, selon TEPCo, à 7h55, il n’y avait plus de vapeur d’eau visible au niveau du quatrième étage (5ième niveau) du réacteur n°3. La compagnie va continuer à surveiller. Que fait la NRA ? Pourquoi n’a-t-on pas d’avis ou d’inspection sur place ?
La vidéo et les images de la vapeur de la veille sont maintenant disponibles en anglais.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°3

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Réacteur n°4

Le coeur du réacteur est vide. La piscine de combustibles usés a fait craindre le pire. La bâtiment réacteur a subi une explosion hydrogène. L’hydrogène provenait du réacteur n°3 via leur cheminée commune. La piscine est refroidie en circuit fermé.
La structure soutenant la piscine a été endommagée par l’explosion hydrogène et le séisme. TEPCo l’a renforcée et prétend que cela suffit. Les conséquences d’une fuite dans la piscine entraînant une perte du refroidissement et une fuite sont évaluées ici par holophi en Suisse.
La piscine contient 1 331 assemblages de combustible usé et 202 de combustible neuf. Deux assemblages neufs ont été retirés.

Mercredi 13 mars 2013, la construction de la structure pour recouvrir le réacteur n°4 avance. Voir la dernière photo.

Vendredi 5 avril, TEPCo a commencé à retirer du combustible usé de la piscine commune pour le mettre dans un entreposage à sec, afin de faire de la place au combustible de la piscine du réacteur n°4. Elle a retiré 37 assemblages. Il y en a 6 377 en tout. Voir les explications et photos en anglais.
Pour la piscine n°4, le retrait des 1 533 assemblages ne devrait pas commencer avant novembre 2013.

Jeudi 11 avril, photo de l’avancement du chantier sur le réacteur n°4 (en japonais et en anglais).

Mercredi 29 mai, la construction de la structure autour du réacteur n°4 avance. Les dernières photos commentées sont ici.

Mercredi 12 juin, TEPCo a fini de couvrir le réacteur n°4 avec une charpente métallique et a organisé un voyage de presse pour montrer le résultat.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°4

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Réacteurs 5 et 6

Comme le réacteur n°4, les réacteurs 5 et 6 étaient arrêtés avant le séisme. A la différence du réacteur n°4 où tout le chargement était dans la piscine d’entreposage, il n’y en a qu’un tiers dans les piscines des 2 autres réacteurs arrêtés. Un générateur diesel a pu rapidement être redémarré, ce qui a permi d’éviter la fusion du coeur partiel resté dans la cuve de chacun de ses réacteurs. Ils sont en “arrêt à froid”.

Mercredi 21 mars 2012, un incendie s’est déclaré à proximité des réacteurs 5 et 6 alors que des ouvriers soudaient des canalisations. Ils ont couvert l’incendie avec une couverture anti-feu qui s’est envolée par le vent. 3 m2 d’herbes ont brûlé, mmais le feu a pu être éteint 5 minutes plus tard. Le communiqué de TEPCo en anglais est ici. La photo du lieu ici.

-> Photos de TEPCo du réacteur n°5
-> Photos de TEPCo du réacteur n°6

(Sommaire)

Divers

Lundi 11 mars 2013, jour anniversaire des trois catastrophes, il y aurait eu 9 577 répliques du séisme du 11 mars 2011 en deux ans, selon l’Agence météorologique japonaise.

Dimanche 18 août, le séisme et tsunami a fait de l’ordre de 16 000 victimes, plus les disparus. 2 600 corps n’ont pas été retrouvés et 114 n’ont pas pu être identifiés. Avec le temps qui passe, les chances d’identification sont de plus en plus faibles.

Accident dans un accélérateur de particules à Tôkaï-mura (Ibaraki) :

Lundi 27 mai, un incident a eu lieu après d’un accélérateur de particules de J-Parc à Tôkaï-mura (Ibaraki) le 23 mai lors d’une expérience qui consiste à bombarder une cible d’or avec un faisceau de protons (à une énergie de plusieurs dizaines de GeV). L’alarme s’est déclenchée à 11h55. Les autorités et le public n’ont été prévenus que 30 heures plus tard.
L’intensité du faisceau aurait été 400 fois plus forte que prévu, en raison d’un problème dans l’alimentation électrique. Mais les scientifiques ont ignoré l’alarme et ont repris l’expérience 13 minutes plus tard. Cela a entraîné un échauffement de la cible en or qui s’est vaporisée, dispersant ainsi des gaz radioactifs.
Les détecteurs ont enregistré une augmentation de la radioactivité ambiante à partir de 12h30, jusqu’à 10 fois la normale vers 13h30. L’expérience a été arrêtée à 14h26. Les niveaux de radioactivité ont baissé après la mise en route de ventilateurs à 15h15. Les scientifiques ont repris l’expérience à partir de 15h32. La ventilation a entraîné un rejet radioactif car il n’y avait aucun filtre.
Les niveaux de radiation sont remontés vers 16h et l’expérience a de nouveau été stoppée à 16h15. Une contamination allant jusqu’à 300 000 Bq/m2 a été détectée vers 17h sur le sol. L’accès à l’installation a été interdit et les ventilateurs relancé vers 17h30. Les physiciens ont quitté les lieux entre 17h30 et 23h. Ils ont été contrôlés, mais leur contamination externe ne dépassait pas les niveaux autorisés. Le 24 mai, les scientifiques qui en ont fait la demande ont eu droit à une anthropogammamétrie. Les balises n’ont été contrôlées que le 24 mai et il est apparu que les niveaux ont augmentés à partir du moment où les ventilateurs ont été mis en route. Il a encore fallu attendre plusieurs heures avant que les autorités ne soient prévenues. L’autorité de sûreté sera informée du rejet à 21h20 le 24 mai et les mairies à 21h40.
Au début, il a été question de 4 physiciens contaminés, entraînant une dose interne de 1,6 millisievert. Mais on a rapidement appris qu’il y avait 55 personnes à proximité. Le nombre de personnes contaminées est ensuite passée à 6, puis 30 le 26 mai. Il y a deux femmes parmi les 30 personnes contaminées. La dose interne la plus élevée est de 1,7 millisievert. Le tableau de résultats quelques informations sur les personnes concernées est ici en japonais, complété par deux valeurs supplémentaires.
L’accélérateur est exploité par la Japan Atomic Energy Agency qui a aussi la charge du surgénérateur Monju qui vient d’être arrêté pour manquements à la sûreté. C’est toute la culture de sûreté de l’organisation qui est à revoir. L’expérience en cause avait lieu sous la responsabilité de la High Energy Accelerator Research Organization (KEK).
Le rejet radioactif est estimé à 100 milliards de becquerels en direction du Sud-Ouest. Parmi les éléments émetteurs gamma rejetés, il y aurait du mercure-197, du potassium-43, de l’or-198, du mercure-195 et du sodium-24. Ce sont tous des éléments à vie courte (toutes les demi-vies sont inférieures à 2,7 jours). L’incident a été classé provisoirement au niveau 1 de l’échelle INES des accidents nucléaires.
Un premier rapport en japonais de l’exploitant est en ligne. Un communiqué succinct en anglais est ici.

Mardi 28 mai, il y a maintenant 33 personnes contaminées par l’accident qui s’est produit dans l’accélérateur de particules du Tôkaï-mura (J-Parc). Le ministre de la recherche, des sciences et des technologies va mettre en place un groupe de travail pour réformer la Japan Atomic Energy Agency impliquée dans cet accident et qui rêve de pouvoir exploiter le surgénérateur de Monju.

Mercredi 29 mai, il y a maintenant 34 personnes contaminées à J-Parc, dont 4 étrangers. Selon des simulations, les rejets radioactifs sont allés jusqu’à 1 km vers l’Ouest, c’est à dire vers la terre. La dose maximale à la limite du site aurait été de 0,29 microsievert.
La NRA va revoir la sûreté de tous les accélérateurs du pays. Il y en a 8 000 en tout !

Autres sources d’information :

De nombreux autres sites Internet suivent l’évolution en continu de la catastrophe nucléaire :
– au Japon, mais en anglais, par Greenaction à Kyoto, association avec laquelle nous avons des liens très serrés ;
– au Japon, et toujours en anglais, EX-SKF, qui épluche et traduit la presse japonaise ;
– en France, Enerwebwatch, qui recense tout ce qui apparaît sur internet ;
– en France encore, le blog de Fukushima et génération 4 qui font un suivi régulier avec un oeil critique ;
– en France toujours, Information Fukushima qui ratisse la toile ; fukushima-is-still-news qui collecte les articles de la presse japonaise en anglais
– en France, Dissensus Japan met en ligne des vidéos sous-titrées en français et/ou anglais.
– en Suisse, un suivi est fait par 2000watts.org ;
– au Etats-Unis, le New York Times ;
– en France, l’ASN et l’IRSN ;
– au niveau international, l’AIEA.

La centrale accidentée est déjà visible sur google-earth.
Une webcam permet de voir le site de la centrale.
Les photos fournies à la presse par TEPCo sont ici.
Des images satellites de la centrale avant et pendant la catastrophe sont disponibles ici.
Des photos aériennes de grande qualité sont disponibles ici.
Les photos du quotidien Asahi sont visibles ici et les archives des jours précédents ici.
Une vidéo prise par un drone peut être visualisée en trois parties ici.
Des photos prises par une personne sur place sont disponibles ici.
Photos en ligne de Kazuma Obara sur les environs de la centrale de Fukushima daï-ichi et les manifestations contre le redémarrage des centrales nucléaires.

Les débits de dose sur le site de la centrale sont disponibles ici. Les autres données sont regroupées ici.

Les conditions météo sur place peuvent être consultées en français ici.

Tous les tremblements de terre qui ont eu lieu au Japon depuis le 11 mars sont répertoriés ici. Il y en a eu plus de 1 700.
Une vidéo recense tous les séismes de l’année 2011 en anglais et japonais.
Le site officiel de prévision des risques sismiques est ici en anglais.

De nombreuses données sismiques sont disponibles ici.

Des images satellites et une cartographie de l’impact du tsunami sont disponibles ici.

TEPCo avait falsifié des données importantes pour la sûreté dans la passé. Voir l’article de l’ACRO à ce sujet et un reportage de la télévision japonaise sur Youtube, sous-titré en anglais si l’on clique sur cc.

Articles de l’ACRO en ligne

pour comprendre la radioactivité :
La radioactivité expliquée aux enfants, suivie de la mesure de la radioactivité expliquée aux enfants (2011)
Notions de base de radioactivité, fiche technique
La contamination et l’irradiation, fiche technique
Exposé sur la radioactivité et ses effets (pdf, 2011)
Définition des zones contaminées en Biélorussie (1991) Plus de détails ici

et sur des évènements passés au Japon :
A propos des falsifications de TEPCo dans le passé
A propos de l’accident de Tokai-mura le 30 septembre 1999
A propos du tremblement de terre de 2007 et de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (juin 2008)

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(Sommaire)

An deux de la catastrophe de Fukushima

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