Les enfants de Fukushima sont contaminés

Communiqué de presse du 30 juin 2011
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A la demande de citoyens japonais, l’ACRO a analysé les urines d’une dizaine d’enfants vivant dans la ville de Fukushima, à environ 60 km de la centrale nucléaire. Les résultats sont sans ambiguïté : toutes les urines sont contaminées en césium 134 et césium 137 à des concentrations allant de 0,4 à 1,3 becquerels par litre.

Cela signifie que ces enfants, âgés de 6 à 16 ans, sont tous contaminés en césium 134 et césium 137 et qu’ils l’ont probablement aussi été en iode 131. Ce dernier élément disparaît plus vite et l’on ne le détecte plus.

Il est difficile à ce stade, d’évaluer la contamination du corps entier à partir de ces données. Mais ces résultats devraient inciter les autorités japonaises à mesurer systématiquement la contamination interne des habitants qui ont été exposés aux panaches radioactifs et de ceux qui vivent dans les territoires contaminés et qui sont donc vraisemblablement soumis à une contamination chronique. Cela peut se faire sans difficulté technique (par anthropogammamétrie).

Les résultats de la mesure de la contamination interne devront ensuite être pris en compte dans l’évaluation des doses reçues par la population.

Cela nous conforte aussi dans l’idée que la limite fixée par les autorités japonaises pour déterminer les zones d’évacuation est trop élevée. Elle est de 20 millisieverts pour la première année, ce qui est fortement critiqué par de nombreuses organisations dont l’ACRO. En effet, elle est deux fois plus élevée que la limite française en cas d’accident et 20 fois plus élevée que la limite maximale admissible pour le public en temps normal.

Or, le calcul de dose effectué par les autorités japonaises pour déterminer les zones d’évacuation ne prend pas en compte cette contamination interne qui est due à l’exposition directe au panache radioactif et/ou à l’alimentation contaminée. Et cette contamination interne vient s’ajouter aux autres voies d’exposition aux radiations dues à la pollution radioactive. Il est donc impératif d’abaisser la limite due aux autres voies d’exposition.

L’ACRO a reçu de nouveaux échantillons du Japon qu’elle continue d’analyser gracieusement en attendant de pouvoir ouvrir un laboratoire sur place dès qu’elle aura rassemblé les fonds nécessaires. Toute aide financière est la bienvenue.

Les résultats sont en ligne ici

Version anglaise

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Iitate-mura : un village fortement contaminé à 40 km de la centrale de Fukushima

Communiqué de presse du 11 avril 2011 (Télécharger la version pdf)


La situation des quatre réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima est loin d’être sous contrôle et des rejets dans l’atmosphère et dans la mer se poursuivent. Mais, un mois après le début des quatre catastrophes nucléaires, les conséquences sont déjà dramatiques bien au-delà de la zone d’évacuation des 30 km.

A la demande de citoyens japonais, l’ACRO, laboratoire associatif d’analyse de la radioactivité créé il y a 25 ans, juste après la catastrophe de Tchernobyl, a analysé gracieusement des échantillons de terre et d’eau en provenance des municipalités de Iitate, de Kawamata et de Fukushima, situées entre 40 km et 50 km au Nord Ouest de la centrale accidentée.

Les résultats des analyses effectuées par l’ACRO, dont le laboratoire est agréé, démontrent une situation alarmante : le sol des fermes et des champs de riz est fortement contaminé en tous les points où des prélèvements ont été faits. De l’iode 131, des césiums 134, 136 et 137… et de nombreux autres radioéléments ont été détectés. Les résultats complets sont ici en français et en anglais.

La contamination par l’iode 131 est prépondérante. Les niveaux sont tels qu’il serait prudent d’évacuer le village d’Iitate : au lieu dit Maeda, nous avons détecté 1,9 millions de becquerels par mètre carré.

Malheureusement, cette situation alarmante va perdurer, à l’instar de ce que l’on a observé dans les territoires contaminés de la région de Tchernobyl. Car si l’iode et la plupart des autres radioéléments détectés vont disparaître rapidement par décroissance radioactive quand les rejets auront cessé, ce n’est pas le cas du césium 137 qui a une période radioactive de 30 ans, c’est-à-dire qu’il diminue de moitié tous les 30 ans.

Le sol des fermes et des champs de riz est aussi fortement contaminé en césium 137 partout où des prélèvements ont été faits. A titre de comparaison, le gouvernement japonais vient de fixer à 5 000 becquerels de césium 137 par kilogramme de terre la limite au-dessus de laquelle il ne sera pas possible de cultiver le riz. Tous les sols de Iitate mesurés par l’ACRO sont au-dessus de cette limite. Seul le champ de riz d’Iisaka dans la commune de Kawamata est en dessous. C’est le lieu dit Maeda situé dans la commune d’Iitate qui est plus contaminé avec 39 600 becquerels par kilogramme de terre.

A titre de comparaison avec la situation en Biélorussie, où un droit à la migration avait été instauré à partir d’une contamination radioactive de 185 000 becquerels par mètre carré et un droit au relogement à partir de 555 000 becquerels par mètre carré, nous avons aussi exprimés nos résultats dans cette unité. Presque toutes les zones contrôlées par l’ACRO sont au-dessus de ces limites.

Une cartographie précise des retombées des rejets aériens est impérative.

Cette contamination provient des dépôts secs et des pluies, comme en témoignent les niveaux relevés dans de l’eau de pluie prélevée dans une bassine.

Dès le 12 mars, l’ACRO a mis en ligne un suivi en continu des évènements au Japon. Quand il est devenu évident qu’il s’agissait d’une catastrophe de grande ampleur, nous avons lancé un appel à souscription pour venir en aide aux populations japonaises confrontées à la pollution radioactive. Nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité d’aider au développement au Japon d’une expertise citoyenne similaire à celles exercées par l’ACRO en France et par les habitants des zones polluées en Biélorussie. Nous continuons donc à faire appel à la générosité pour favoriser son émergence.

Enfin, dès l’annonce de l’arrivée des particules radioactives en France métropolitaine, nous avons mis en place une surveillance de tout le territoire national à l’aide de notre réseau de préleveurs volontaires. Les résultats sont aussi en ligne ici.

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Appel à souscription pour le Japon

Par solidarité avec le Japon touché par trois catastrophes simultanées, l’ACRO a lancé une souscription pour réunir un fonds de soutien aux demandes japonaises en termes de surveillance citoyenne de la radioactivité dans l’environnement. Nous avons réuni suffisamment de fonds pour commander le détecteur le plus performant du marché qui va équiper un laboratoire citoyen au Japon.
La souscription est donc arrêtée. Merci de tout coeur à ceux qui nous ont aidé.

Le laboratoire est maintenant opérationnel. Il est situé dans la banlieue Ouest de Tôkyô. L’association qui le gère s’appelle Chikurin (ちくりん舎). Voici quelques photos :

Entrée de Chikurin-sha (竹林舎), la "cabane dans le bois de bambou"

Entrée de Chikurin-sha (竹林舎), la “cabane dans le bois de bambou”

 

Vue de l'intérieur du laboratoire

Vue de l’intérieur du laboratoire

Salle de mesure avec deux détecteurs germanium (un seul est utilisé pour le moment) et le scintillateur NaI.

Salle de mesure avec deux détecteurs germanium (un seul est utilisé pour le moment) et le scintillateur NaI.

Premier détecteur germanium devant le château de plomb. A gauche on voit aussi le détecteur plus simple NaI en place depuis janvier 2012.

Premier détecteur germanium devant le château de plomb.
A gauche on voit aussi le détecteur plus simple NaI en place depuis janvier 2012.

Vue du local qui abrite le laboratoire

Vue du local qui abrite le laboratoire

Château de plomb monté

Château de plomb monté

Installation du château de plomb

Installation du château de plomb

L’ACRO œuvre depuis 25 ans pour permettre aux citoyens de s’approprier la surveillance de l’environnement en mettant à la disposition de tous les moyens matériels et humains d’analyse de la radioactivité. Elle est notamment intervenue dans les territoires contaminés de Biélorussie pour faciliter la mise en œuvre de dispositifs permettant un accès direct à la mesure de la radioactivité aux populations exposées aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Elle a participé au développement d’une culture radiologique pratique utilisable au quotidien.

L’ACRO entretient avec le Japon des relations privilégiées depuis de nombreuses années. Elle est en discussion avec des associations locales pour définir le projet et étudier les moyens nécessaires à sa réalisation. En attendant, vu le caractère d’urgence, les échantillons sont analysés en France.

Il est important de noter que les fonds recueillis qui ne seraient pas utilisés dans le projet seront intégralement reversés à des associations humanitaires qui viennent en aide aux victimes des catastrophes du Japon.

Le bilan financier de cette action sera contrôlé par notre commissaire aux comptes.

Envoyez vos dons par chèque à : ACRO, 138 rue de l’église, 14200 Hérouville-Saint-Clair, France ou par Paypal



Lire le communiqué de presse.

Ce projet a reçu le soutien financier de plus de 100 donateurs individuels, d’une biocoop, d’un concert en Allemagne, d’un collège de Caen, d’une collecte à Dieppe, d’une vente à un marché de Noël près de Genève et de la Région Ile de France.
Merci beaucoup !

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Mesures à proximité du train de déchets à destination de l’Allemagne

Communiqué ACRO du 6 novembre 2010

A la demande de Greenpeace et des élus Verts-Europe-Ecologie du Conseil régional, l’ACRO est intervenue pour procéder à des mesures des radiations émises lors du passage du train transportant les déchets vitrifiés à destination de l’Allemagne.

Cette action s’est déroulée le vendredi 5 novembre au départ du train à la sortie du terminal ferroviaire de Valognes.

L’exploitant a modifié à la dernière minute le lieu de raccordement du train (là où l’ACRO et Greenpeace devaient opérer les mesures) de sorte que nous ne puissions pas faire des mesures statiques (le train à l’arrêt).

Malgré tout, alors que le train était déjà lancé à une certaine vitesse, nos appareils ont très bien détecté ces radiations gamma et neutroniques même si, dans ces conditions de mesures nous ne pouvons donner des chiffres précis.

Pour autant, ce que nous avons détecté nous interpelle et nous incite à douter du respect des limites imposées par la réglementation sur les transports de matières radioactives.

cp061110


Areva et EDF forcées de reconnaître que le taux de recyclage du nucléaire n’est pas de 96 % mais de 12 % !

Communiqué de presse – juillet 2010

Paris, le 13 juillet 2010 – Aujourd’hui le Haut comité sur la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) remet son rapport. Il avait été saisi par Jean-Louis Boorlo et par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques pour faire la lumière sur la gestion des matières et des déchets nucléaires.
Le rapport est consultable en ligne ici.
Le rapport présente (seulement) deux avancées majeures : d’abord le taux de recyclage annoncé dans le rapport est loin, très loin de celui habituellement mis en avant dans la communication d’Areva. Alors que l’industriel communique partout autour d’une énergie recyclable à 96%, le rapport annonce une économie d’uranium liée au recyclage de 12% ! Le collège associatif a même pu établir que sur les dernières années le taux effectif de recyclage se situe entre 3,9 et 1,7% (Voir pages 5 et 6 de ce document). Dans la même veine, la communication des industriels autour du « cycle » nucléaire est condamnée. Le rapport fait la preuve que certains déchets ne sont jamais réutilisés et qu’on ne peut donc pas parler de « cycle fermé ».

« Ces deux exemples prouvent qu’en France le nucléaire ne survit pas à la transparence, déclare Christine Gilloire de FNE. Les industriels ne vont plus pouvoir faire croire que le nucléaire est une énergie propre et renouvelable. Et faire reposer l’avenir des déchets accumulés sur une hypothétique génération 4 est parfaitement illusoire. »

Un rapport basé sur une démarche positive mais perverti par les industriels
Alors que la plupart des participants au Haut comité ont montré une bonne volonté franche, les industriels et les exploitants (EDF et Areva) ont su profiter d’une faille méthodologique pour tourner progressivement le rapport plutôt à leur avantage.
Une partie du collège associatif décide donc de ne pas avaliser le rapport en soulignant que le principe même du Haut comité et sa bonne volonté ne sont pas en cause.
Ils demandent que la diffusion du rapport soit accompagnée d’une note sur leurs points de désaccord, rédigée avec Yves Marignac (WISE-Paris), expert invité du groupe de travail (consultable ici).

« Nous sommes extrêmement déçus par la qualité du rapport, ajoute Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire de Greenpeace France. Le travail a, en majorité, été positif. Nous avons eu accès à des informations inédites et nous avons pu faire avancer la transparence là où l’opacité régnait. Le problème méthodologique que nous avons rencontré a malheureusement permis à EDF et Areva de rester flou sur certains sujets ou de modifier le rapport sans aucune validation. »

Des points de fond pas assez étudiés
Certains sujets évoqués dans le rapport ne sont pas suffisamment traités en profondeur. Par exemple, la dimension historique n’est pas prise en compte, ce qui apparaît comme une aberration : le bilan fait du « cycle » nucléaire est incomplet en ne donnant qu’une synthèse approximative des bilans actuels qui ne reflète ni les difficultés rencontrées dans les années passées ni la question de la gestion de l’accumulation de stocks passés.

« Le rapport est incomplet sur certains points et nous sommes en désaccord sur d’autres. Nous ne pouvions cautionner un tel document. Il ne s’agit pas, pour nous, de condamner le HCTISN mais bien de réclamer plus de moyens et plus de temps pour lui assurer un fonctionnement optimal » conclut Pierre Barbey de l’ACRO.

Contacts :
Yannick Rousselet, Campagne nucléaire Greenpeace – 06 85 80 65 59
Axel Renaudin, Communication Greenpeace – 06 88 88 18 27


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Appel à s’opposer à l’augmentation des rejets radioactifs dans l’environnement

ACRO
138, rue de l’Eglise
14200 Hérouville St Clair
tél : 02 31 94 35 34
acro.eu.org
CREPAN
154, rue d’Authie
14000 Caen
tél : 023138 25 60
CRILAN
10, rte d’Etang Val
50 340 Les Pieux
tél : 0233 52 4559
Greenpeace
9, rue de l’Union
50100 Cherbourg
tél : 02 33 01 77 43

Version pdf avec une annexe technique

Communiqué de presse commun du 16 février 2010

 Les associations de protection de l’environnement participant à la CLI de la centrale de Flamanville se sont regroupées pour lancer un appel à s’opposer à l’augmentation des rejets en tritium de la centrale nucléaire.

En contradiction avec les engagements internationaux de la France et le principe constitutionnel de précaution, les autorités s’apprêtent à autoriser l’augmentation de rejets radioactifs des installations nucléaires pour un radioélément dont la radiotoxicité est revue à la hausse.

Le tritium, hydrogène radioactif, est presque entièrement rejeté dans l’environnement par les installations nucléaires. Réputé « peu radiotoxique », sa nocivité est revue à la hausse au niveau européen. Les autorités britanniques ont même franchi le pas en faisant leurs les conclusions d’un groupe d’experts qui préconisait de multiplier par deux cette radiotoxicité. Certains experts vont jusqu’à proposer un facteur cinq au vu de l’avancement des connaissances scientifiques.

En toute logique, les autorités devraient imposer aux exploitants du nucléaire de rechercher à réduire les rejets en tritium en réduisant les autorisations de rejet. Mais c’est l’inverse qui est en cours ! Et de façon conséquente.

Les associations réunies par ce communiqué demandent donc aux autorités de renoncer à toute augmentation des rejets en tritium et de s’engager avec les exploitants vers une démarche de diminution continuelle des rejets par les installations nucléaires de base (réacteurs et usines).

Une telle démarche est en cohérence avec,
1) – les accords de Sintra de la convention internationale OSPAR, ratifiée par la France le 29 décembre 1999, qui imposent que les concentrations en substances radioactives dans l’Atlantique Nord tendent vers zéro d’ici 2020.
2) – le principe de précaution inscrit dans la constitution française depuis 2004.

L’Association Nationale des CLI (ANCCLI), après avoir organisé un colloque pluraliste et écouté tous les points de vue est arrivée aux mêmes conclusions.

Nous défendons cette démarche de prudence dans toutes les structures de dialogue et concertation locale et nationales où nous siégeons. Malheureusement nous ne sommes pas entendus. Nous appelons donc les citoyens directement exposés aux rejets de faire connaître
leur désaccord par tous les moyens qu’ils jugeront utiles.

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La contre-expertise vue par EdF

Lettre ouverte au président de la CLI de Flamanville du 13 novembre 2009


La Commission Locale d’Information (CLI) de la centrale nucléaire de Flamanville a été saisie d’un projet de protocole visant à encadrer strictement la réalisation de prélèvements et de mesure dans l’environnement que pourrait commander la CLI. Ce texte pourrait bien avoir été rédigé par EdF et proposé à d’autres CLI.

L’ACRO a donc réagit très vite en alertant la CLI et les instances nationales garantes de la « transparence » en matière de nucléaire car ce texte va à l’encontre de notre conception de la transparence. En effet, l’exploitant veut contrôler complètement la surveillance « indépendante » que pourrait effectuer la CLI.

Vous trouverez, ci-dessous, le projet de protocole et la lettre de réponse de l’ACRO :

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Le tritium dans l’environnement, un élément radiotoxique de plus en plus présent

Communiqué de presse du 20 avril 2009

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En 2007, un groupe d’experts scientifiques britannique (AGIR) recommandait de réévaluer la radiotoxicité du tritium en la multipliant par deux. Le tritium est de l’hydrogène radioactif rejeté dans l’environnement en grande quantité par les installations nucléaires. Un autre groupe d’experts au niveau européen (groupe de l’article 31 d’Euratom) est allé dans le même sens. En 2008, les autorités britanniques entérinaient ces conclusions. Certains experts (CERRIE) vont plus loin et proposent de multiplier par un facteur allant de 10 à 30 cette radiotoxicité.

Parallèlement, les rejets contrôlés ou non en tritium des installations nucléaires de la Hague augmentent et la surveillance du tritium dans l’environnement est très insuffisante. Cette augmentation est en contradiction avec la réévaluation de la radiotoxicité. Revue de détail.

Centre de Stockage de la Manche

Les nappes phréatiques sous le Centre de Stockage de la Manche sont fortement polluées en tritium. Il s’agit officiellement des conséquences de fuites survenues dans les années 1970. Ce tritium se retrouve dans la Sainte Hélène et le Grand Bel, ainsi que dans des sources et résurgences du plateau de La Hague.

Selon l’exploitant, depuis la mise en place de la couverture sur le site, en 1996, les fuites auraient cessé et la pollution devrait disparaître par décroissance radioactive et dilution. Ce n’est pas le cas !

A la source du Grand Bel, l’ACRO mesure constamment environ 700 Bq/l depuis plus de 12 ans, soit environ une période radioactive du tritium (T1/2 = 12,3 ans), alors que la contamination aurait dû être divisée au moins par deux (plus si l’on prend en compte la dilution due au renouvellement de l’eau).

Dans certains piézomètres, qui permettent un accès direct à la nappe phréatique, la pollution en tritium ne décroît pas, et augmente même parfois ! C’est le cas, par exemple, des piézomètres n°113, 702, 120, 131 … et 358 en annexe.

 L’ACRO soupçonne fortement l’apport continu de fuites issues du centre Manche. Le tritium, très mobile, annonce-t-il des fuites futures de radioéléments moins mobiles ?

 L’ACRO n’a pas accès directement à la nappe phréatique et doit se contenter des mesures des exploitants, sauf quand Greenpeace effectue le prélèvement…

Pour le piézomètre 113, plusieurs analyses effectuées par l’ACRO à la demande de Greenpeace en mai 2006 ont révélé des teneurs variant de 13000 à 17000 Bq/l en tritium, alors que la valeur maximale ANDRA pour cette même période est de 7700 Bq/l. Environ deux fois moins !

L’ANDRA et AREVA NC prélèvent « à la cuillère », c’est-à-dire à la surface de l’eau dans le puits du piézomètre, alors que la norme ISO 5667-11 impose de pomper 3 à 5 hauteurs d’eau afin d’être sûr de prélever l’eau de la nappe. Peut-on avoir confiance dans les données des exploitants ?

L’ACRO a fait une proposition d’étude à la CLI du CSM il y a plus de deux ans pour estimer l’importance de la divergence due à la méthode de prélèvement, mais cette proposition est restée lettre morte. Pendant ce temps-là, les exploitants continuent à ignorer la norme.

 Considérant que les nappes phréatiques sont un bien commun et relèvent du domaine public, l’ACRO maintient sa demande de libre accès aux piézomètres pour son laboratoire indépendant.

En outre, l’ACRO continue à demander la réalisation d’une étude sur la fiabilité de la méthode de prélèvement utilisée par les exploitants.

 Rappelons que  cette situation est préoccupante car la pollution des nappes dépasse largement les normes de potabilité définies par l’OMS (10 000 Bq/l). L’Union Européenne a défini un niveau d’intervention à 100 Bq/l.

 OSPAR

A Sintra au Portugal en 1998, les pays signataires de la convention OSPAR (pour OSlo – PARis) se sont engagés à une « réduction des rejets radioactifs afin de parvenir à des teneurs dans l’environnement proche de zéro d’ici 2020 »

Pourtant…

A la centrale nucléaire de Flamanville, avec l’introduction de nouveaux combustibles à plus hauts taux de combustion, EdF a fait une demande d’autorisation pour augmenter ses rejets en tritium. A Penly, en Haute Normandie, c’est 25% de rejets en plus qui ont été autorisés (50 TBq par an et par réacteur pour les nouveaux combustibles à hauts taux de combustion, contre 40 avant). Flamanville va-elle suivre ?

A l’usine de retraitement de La Hague, avec des autorisations de rejet en tritium en mer qui s’élèvent à 18 500 TBq par an, AREVA est un des plus gros émetteurs de tritium de la planète, et ces rejets ne diminuent pas.

Le long des côtes de la péninsule de La Hague, l’ACRO mesure régulièrement une concentration en tritium d’une dizaine de becquerels par litre, alors que la concentration naturelle est environ 50 fois inférieure (0,2 Bq/l). Compte tenu du volume de dilution considérable que constitue le milieu marin, ces mesures traduisent l’importance quantitative de ces rejets.

Les exploitants, avec l’aval des autorités, tentent de réécrire la convention d’OSPAR en raisonnant en terme de dose, alors que le texte est bien clair : il s’agit de concentrations dans l’environnement, seule grandeur réellement mesurable. Un vrai tour de passe-passe : il suffira de dire que les doses (résultat d’un calcul discutable) sont négligeables (donc acceptables) pour faire oublier la radioactivité réellement présente.

 L’ACRO demande l’application stricte de la convention d’OSPAR et que les exploitants réduisent leurs rejets tritiés dans l’environnement.

 Tritium dans l’environnement

 Le tritium dans l’environnement marin ne semble pas se comporter comme les modèles le prévoient : autour de Flamanville, des poissons, des mollusques et des crustacés avaient en 1981 d’après EdF des teneurs en tritium organique de l’ordre de 120 à 180 Bq/l d’eau de combustion, alors que les teneurs en tritium dans l’eau de mer se situaient autour de quelques dizaine de Becquerel par litre, comme aujourd’hui. Cette « bioaccumulation » du tritium chez les animaux marins a déjà été observée au large des côtes britanniques et vient contredire les modèles d’impact sanitaire. Le terme même de “bioaccumulation” contesté en France, est pourtant employé par les autorités britanniques.

Notons que, pour la période 1973 – 2003, EdF fait état de moins d’une dizaine de mesures de tritium chez les poissons, mollusques et crustacés. Et les prélèvements n’ont pas lieu dans la zone la plus contaminée ! Pour un radioélément rejeté en grande quantité, cela relève d’une surveillance très insuffisante.

Par comparaison, les autorités britanniques surveillent systématiquement le tritium dans la faune des fonds marins devant chaque installation nucléaire en bord de mer. Dans la zone proche de la canalisation de rejets en mer de Sellafield, plus de 140 analyses dans la faune marine ont été effectuées depuis 1999 (16 par an) alors que dans la zone proche de la canalisation de rejets en mer de la Hague, aucune analyse similaire n’est réalisée.

 L’ACRO demande une surveillance plus complète de l’impact environnemental du tritium (en particulier dans la zone de rejets) et la prise en compte de la bioaccumulation dans les modèles d’impact sanitaire si elle était confirmée.

Annexe technique


Pollution sous le CSM

 Synthèse des mesures effectuées par l’ACRO et l’ANDRA à la source du Grand Bel. La courbe de décroissance prend en compte la disparition du tritium par la seule décroissance radioactive.

image002Synthèse des données de la contamination en tritium dans la nappe phréatique au niveau du puits d’accès du piézomètre n°358 :

image004

Norme internationale pour la qualité des eaux

 Extrait de la norme ISO 5667 concernant les prélèvements d’eau dans les nappes phréatiques

La norme internationale ISO 5667-11 relative à l’échantillonnage des eaux souterraines constitue un guide pour la surveillance générale de la qualité des eaux souterraines. Dans ce guide, il est rappelé la nécessité que « les échantillons soient issus de liquides turbulents » du fait de la possible stratification verticale à l’intérieur de la colonne. Ceci implique un contrôle de la profondeur d’échantillonnage et une connaissance des caractéristiques techniques de chaque ouvrage. En ce qui concerne la technique d’échantillonnage, il est mentionné qu’ « il convient de purger les forages avant de procéder à l’échantillonnage, en pompant et rejetant un volume d’eau, au moins égal à 4 à 6 fois le volume intérieur de la colonne ».

En ne suivant pas ces deux recommandations, l’ANDRA ne peut garantir la représentativité des échantillons collectés et donc la qualité de sa surveillance.

 OSPAR

 « La préoccupation d’OSPAR sur la possibilité de préjudice à l’environnement marin et à ses utilisateurs (y compris les consommateurs de produits de l’environnement marin) par les apports en radionucléides provoqués par les activités humaines est abordée par la stratégie substances radioactives. L’objectif de la stratégie est que d’ici à 2020, la Commission s’assurera que les rejets, les émissions et les pertes de substances radioactives soient réduits aux niveaux où les concentrations additionnelles dans l’environnement marin au-dessus des niveaux historiques, résultant de tels rejets, émissions et pertes, soient proches de zéro. »

http://www.ospar.org/content/content.asp?menu=30220306000000_000000_000000

Données EdF

Mesures de tritium libre
(Bq /l d’eau libre) dans quelques échantillons marins :

Période

1973 – 1985

1997 – 2003

Algues

nm

1,4 – 7,7 (9/11)

Mollusques

26 – 174 (3/3)

non
mesuré

Crustacés

152 – 185 (2/2)

non
mesuré

Poissons

non
mesuré

non
mesuré

Mesures de tritium
organique (Bq /l d’eau de combustion) dans quelques échantillons marins :

Période

1973 – 1985

1997 – 2003

Algues

24 – 41

5,0 – 20

Mollusques

26 – 174 (8/8)

non
mesuré

Crustacés

152 – 185 (4/4)

non
mesuré

Poissons

126 – 174 (2/2)

non
mesuré

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter nos dossiers techniques et rapports disponibles sur notre site Internet : www.acro.eu.org

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Ouverture du site Internet du Réseau National de Mesure de la radioactivité dans l’environnement

Déclaration commune de l’ACRO et du GSIEN

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Communiqué de presse du 4 février 2010

Le GSIEN (Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire) et l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest), en tant qu’organisations membres du comité de pilotage du RNM (Réseau National de Mesure de la radioactivité dans l’Environnement) ont suivi le développement de celui-ci dès sa phase de conception.
Nous nous réjouissons, aujourd’hui, de voir aboutir ces travaux engagés depuis plus de 4 ans et félicitons les équipes de l’ASN et de l’IRSN (et de l’ensemble des intervenants industriels) pour le professionnalisme dont elles ont fait preuve et pour la qualité des relations de travail qui ont marqué ces années de travail commun.
Cet outil, va dans le sens de la charte de l’environnement et de la convention d’Aarhus et, nous l’espérons, sera utile à l’ensemble des acteurs (industriels, autorités publiques, élus, associations et population) concernés par un meilleur contrôle des activités nucléaires.
Mais, si nous avons accepté de participer aux travaux du RNM, cela n’enlève rien aux réserves et critiques que nous avons été conduits ou serions amenés à faire sur cette activité industrielle, son développement, sa gestion et sur les conditions générales de contrôle dont elle fait l’objet.
Nous pensons en particulier, pour ne citer que deux exemples, aux décrets qui restreignent l’accès à l’information pour « cause de secret défense » empêchant un réel contrôle démocratique pluraliste, et au décret et arrêté du 5 mai 2009 relatif aux conditions pour l’addition de radionucléides dans des biens de consommations grand public (arrêté dont la portée est mal explicitée face à un avis défavorable de l’ASN sur le dit arrêté).
Pour le moment, les données transmises par les exploitants des sites sur lesquels s’exercent des activités nucléaires, sont limitées aux seules mesures réglementaires qui sont destinées à vérifier la conformité de l’installation avec ses autorisations de rejets. Ceci est compréhensible pour le démarrage, mais à court terme, ce réseau devrait avoir pour vocation d’être plus exhaustif, pour permettre des analyses d’impact plus détaillées et utilisables pour le suivi sanitaire réclamé par les populations. Les associations (ACRO et GSIEN) sont très attachées à cette extension et la jugent indispensable à un meilleur contrôle de l’état de l’environnement (faune, flore, eau, air, sédiment, …) et donc de l’impact sanitaire des rejets liquide et gazeux.
Ce faisant, le GSIEN et l’ACRO restent disponibles pour poursuivre les travaux d’amélioration au sein du RNM.

Monique SENE, Docteur en Sciences Physiques, Présidente du GSIEN
Marc DENIS, Docteur en Sciences Physiques, GSIEN
Mylène JOSSET, Chargée d’études, ACRO

L’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO) est une association loi 1901, agréée de protection de l’environnement et dotée d’un laboratoire d’analyses de la radioactivité. Elle fut créée en 1986 en réponse à une demande d’informations et de mesures fiables et indépendantes. L’émergence d’une telle organisation est liée à la volonté de la société civile de rendre le citoyen auteur et acteur de la surveillance de son environnement comme de son information.

Le Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire (GSIEN) est une association loi 1901. Il s’est donné pour but de délivrer une information sur le nucléaire (installations nucléaires et leurs rejets, déchets, mines, activités militaires, ..) aussi complète que possible. Pour ce faire le GSIEN publie des documents officiels et l’analyse de ces documents. Le GSIEN réalise des expertises pour le compte des Commissions Locales d’Information. Il participe à diverses instances officielles pour y porter le questionnement des citoyens.