« Ils disent que notre pays est civilisé et que l’énergie nucléaire en était la preuve »

[1]
ACROnique du nucléaire n°97 – juin 2012


Zéro. C’est le nombre de réacteur nucléaire en fonctionnement actuellement au Japon. Il y avait 54 réacteurs avant la catastrophe de Fukushima, qui fournissaient environ 30% de la production de l’électricité du pays. Les réacteurs doivent être arrêtés tous les 13 mois pour recharger une partie du combustible et faire des contrôles. Le dernier s’est arrêté le 5 mai, jour des enfants au Japon. Aucun n’est autorisé à redémarrer. Les populations et les élus locaux s’y opposent. L’autorité de sûreté japonaise, qui n’a pas su prévenir la catastrophe, est complètement discréditée.

Le gouvernement, les yeux fixés sur les finances du pays, pousse au redémarrage avant l’été, qui correspond à la période avec les plus fortes consommations, à cause de la climatisation. Officiellement, les énergies fossiles coûtent beaucoup plus cher que le nucléaire et le Japon ne peut pas se le permettre. Mais c’est le nucléaire arrêté qui coûte cher ! Outre les investissements énormes qui ne sont pas rentabilisés, il y a la main d’œuvre qu’il faut continuer à payer et l’électricité consommée.

Pour le premier ministre, le mode de vie des Japonais nécessite du nucléaire. Le Japon est donc face à un choix de société. Si le pays passe l’été sans nucléaire et sans incident majeur, il sera très difficile aux autorités de convaincre de la nécessité impérieuse de reprendre l’exploitation. Le gouvernement pousse donc au redémarrage rapide, même si toutes les leçons de la catastrophe de Fukushima n’ont pas été tirées.

Tous les pays nucléarisés sont face au même choix de société. La catastrophe en cours a montré combien un pays, même parmi les plus riches de la planète, pouvait être déstabilisé en cas d’accident. La France avec 80% de son électricité d’origine nucléaire, encore plus que les autres !


[1] Tamotsu Baba, maire de Namié, ville évacuée des environs immédiats de la centrale de Fukushima, ne se remettra probablement jamais d’avoir envoyé une partie de ses résidents dans une zone où ils étaient plus exposés aux retombées radioactives qu’en leur lieu d’origine. (Spiegel on line, 22 décembre 2011, http://www.spiegel.de/international/world/0,1518,805337,00.html)

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