Faut-il sauver l’ACRO ?

Editorial de l’ACROnique du nucléaire n°48, mars 2000


L’ACRO a fini l’année 1999 avec un déficit de trésorerie important. Les dépenses de cette année ont été très nettement supérieures aux recettes. Des études en passe d’être terminées devraient permettre une rentrée d’argent à court terme, mais l’année 2000 s’annonce difficile. Nos recettes proviennent essentiellement de la vente d’analyses et de contrats d’étude. Elles sont très irrégulières et donc difficiles à gérer. A l’exception notable d’une subvention géréreuse du Ministère de l’environnement en 1999, nous n’avons eu aucun soutien public en 13 ans d’existence. Ni la région, ni le département, ni la Communauté Urbaine de Cherbourg n’ont répondu à nos sollicitations.

Les problèmes d’organisation structurelle auquels nous devons faire face sont équivalents à ceux d’une PME. L’équipe de bénévoles qui gère l’association, très impliquée et dévouée, se réduit d’années en années et commence à se fatiguer très sérieusement. Il n’est pas sûr qu’elle ait la force de gérer l’association pendant de nombreuses années encore. Embaucher un responsable de laboratoire, un coordinateur scientifique, un commercial et un financier demande des fonds que nous n’avons pas. Rechercher des contrats, répondre à des appels d’offre, solliciter des subventions demande des forces que nous n’avons pas.

L’ACRO a-t-elle un avenir ? Il semble qu’elle possède un capital de sympathie dans la population et elle est très fréquemment sollicitée par des particuliers, des associations et les pouvoirs publics. D’une manière générale, nous pensons que dans une société de plus en plus dominée par la technoscience, des structures d’expertise scientifique indépendante sont indispensables au bon fonctionnement de la démocratie. En effet, utilisées à des fins productivistes, certaines technologies peuvent devenir des menaces pour l’environnement et la santé publique. Par exemple, pour faire face à la crise qui a fait suite à la mise en évidence d’une augmentation du nombre de leucémies chez les jeunes à La Hague, nous avons assumé nos responsabilités en tant que structure associative compétente pour participer à une expertise pluraliste. La population compte sur notre vigilence lors des enquêtes publiques qui y ont lieu actuellement dans le Nord-Cotentin.

C’est la structure associative de l’ACRO, ouverte à tous, qui est la garantie de son indépendance et fait originalité par rapport aux structures d’expertise officielles. Avec de faibles moyens, mais en contact direct avec la société civile, l’association a mis en évidence de nombreux disfonctionnements qui avaient échappé aux autorités de sûreté. Longtemps méprisée par les pouvoirs publics et les autorités, l’association est maintenant reconnue et le laboratoire est considéré comme fiable. Si nécessaire, ils n’hésitent plus à avoir recours à l’ACRO.

Malheureusement, nous n’avons pas les moyens de nos ambitions. Comme c’est souvent le cas, de nombreuses structures d’initiative citoyenne ne sont viables à long terme qu’avec le soutien des pouvoirs publics. La pérénité de l’ACRO nécessite que ceux-ci prennent leurs responsabilités. La survie de l’association passe aussi par le maintien de son indépendance qui ne sera garantie que si des citoyens s’impliquent.

Nous sommes donc à un tournant et l’avenir de l’association doit être discuté lors de sa prochaine assemblée générale qui aura lieu le 1er avril dans la Manche. Nous sommes obligés de trouver de nouveaux soutiens et de revoir notre organisation. Convaincus de la nécessité de continuer l’aventure, nous comptons sur votre collaboration.

Le bureau de l’ACRO.

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