Comment un autocrate, le Pr Aurengo, a trahi une démarche
participative
Communiqué du 5 mai 2006 sur « le rapport sur les
conséquences de l’accident de Tchernobyl en France »
Rapport rédigé par André Aurengo et transmis, le
18 avril 2006, aux Ministres de la Santé et des
Solidarités et de l’Écologie et du Développement
durable.
Le groupe de travail,
présidé par André Aurengo, avait été
constitué à la demande des Ministres chargés de
l'Environnement et de la Santé, de deux gouvernements successifs
: tout d’abord Messieurs Yves Cochet et Bernard Kouchner puis
confirmé par Monsieur Jean-François Mattei et Madame
Roselyne Bachelot en 2002. Ce groupe de travail était
chargé, principalement, d'établir à partir des
données existantes une cartographie de la contamination du
territoire français, suite à l'accident de Tchernobyl, et
devait réunir « de la manière la plus ouverte
possible les experts et les acteurs intéressés par cette
question ».
De fait, M. Aurengo, dont les positions en faveur du nucléaire
sont notoires, (tendant toujours à minorer les effets des
radiations en général, et, en particulier les
conséquences de Tchernobyl) avait réussi à
composer un groupe de travail relativement pluraliste : si des
institutionnels tels que l'IRSN étaient
représentés, étaient également
présents des médecins, des représentants
d’associations et des journalistes.
En réalité, ce groupe a toujours eu un fonctionnement
scandaleux ; quelques réunions ont eu lieu en 2003, une en 2004,
aucune en 2005… En 2006, un certain nombre de participants croyaient la
commission morte et enterrée. Ces réunions
organisées de façon totalement aléatoires
n'étaient pas, pour la plupart, précédées
d'ordre du jour ni ne donnaient lieu à un compte rendu. Elles
étaient totalement soumises au bon vouloir de M. Aurengo qui a
profité de cette commission pour régler ses comptes avec
l'IRSN. Il l’accusait d'avoir, dans sa dernière carte,
donné une vision trop pénalisante de la contamination
post Tchernobyl en France. Un comble !
Les membres de la commission n'ont
jamais donné aucun mandat à M. Aurengo.
C'est après les dernières réunions qui furent
houleuses qu'il a renoncé à réunir cette
commission. M. Miserey, journaliste, avait donné sa
démission. L’ACRO avait également menacé de le
faire devant l’inanité des travaux, la partialité
affichée par M. Aurengo et le manque de moyens donnés
à la commission : là où il aurait fallu un travail
de contre-expertise d’envergure, il n’y avait même pas de quoi
payer les frais de route des participants !
M. Aurengo a donc œuvré, seul, au sein de l'IRSN, sous
prétexte d’agir dans le cadre des travaux du groupe de travail.
Pourtant il n’avait aucun mandat particulier pour agir ainsi, ni
gouvernemental ni de son groupe. L'argumentaire selon lequel, il aurait
été pris par le temps nous paraît totalement
fallacieux. La commission existait depuis 3 ans, mais elle est devenue
fantôme par la volonté de son président, seul
habilité à la convoquer. Souhaitait-il avoir les mains
libres et s’en servir comme paravent pour produire un
énième rapport personnel sur les conséquences de
Tchernobyl ? Probablement, et ce serait une grave imposture.
La mission gouvernementale a été totalement trahie : Le
sens de ce travail reposait sur sa pluralité. Un des objectifs
recherché par les pouvoirs publics était, entre autres,
d'avoir un rapport sur Tchernobyl, un peu moins contesté que
d'habitude.
Le Pr Aurengo a donc
rédigé seul ce rapport. Il a été
remis aux Ministres le 18 avril 2006. Les membres de la commission n’en
ont eu connaissance que le 24 avril au matin par un courrier
électronique accompagné du dit rapport. Le courrier du Pr
Aurengo, aux membres de la commission explique que ce rapport a
été rédigé « en son nom propre, […] avec
l’accord des Ministres et dont j’assume toute la responsabilité
». Or, comble de la malhonnêteté cela
n’apparaît aucunement dans le rapport qui est voué
à être rendu public.
Nous sommes associés de fait à ce rapport remis aux
Ministres par M. Aurengo. Ainsi l'amalgame entre ce document et le
travail de la commission paraît évident au public. Nous
apparaissons comme coauteurs, bien malgré nous. Seule une lettre
privée, qui par ailleurs nous congédiait, explique notre
non-implication dans ce travail. La fourberie est manifeste.
Pour une démarche participative de qualité : La
pluralité, la transparence, la tolérance d’opinions
divergentes sont nécessaires. M. Aurengo n'en a que faire ! Du
mandarinat à l'autocratie, il a largement franchi le pas et dans
ses certitudes n'a que faire de l'avis d'autrui. Ce n’est pas avec ce
genre de conduite que la parole publique retrouvera un minimum de
crédibilité quand il s’agit de nucléaire, en
général et de Tchernobyl en particulier.
Nous sommes scandalisés et tenons à dénoncer les
manœuvres honteuses orchestrées par le Pr Aurengo.
Nous demandons au gouvernement de ne pas tenir compte de ce rapport.
Ce communiqué est signé par les membres, du groupe de
travail « sur les
conséquences de l’accident de Tchernobyl en France »,
suivants :
Pierre-Jacques Provost, journaliste
Michel Deprost, journaliste
Pour l’ACRO : Sibylle Corblet Aznar, Jean-Claude Autret